L'armée dans la stabilisation politique d'un état: cas de la RDC( Télécharger le fichier original )par Anicet BOLONGI EKOTO NZOWU Université pédagogique nationale - Licence en sciences politiques 2009 |
INTRODUCTION GENERALE1. Présentation du sujetL'Etat doit rester un sujet du Droit International suffisamment puissant et rare pour prétendre occuper une place privilégiée dans la conduite des Relations Internationales (1(*)). La RDC est depuis ses origines coloniales un pays où la politique a toujours été fortement militarisée, et ce, de la conquête coloniale jusqu'aux temps actuels. La Force Publique, appellation de l'Armée Coloniale fut une armée d'occupation, au service du colonisateur pour la meilleure prise de possession et l'occupation effective de la colonie. Elle fut politisée afin de mieux permettre à l'envahisseur de mieux tirer profit de sa colonie. A son accession à indépendance en 1960, la Force Publique fut transformée en Armée Nationale Congolaise, « ANC » en sigle. L'indépendance sombra dans la confusion autour de la nouvelle armée que la hiérarchie militaire belge voulut cantonner dans la Force Publique. Cette crise de l'indépendance conduisit à la militarisation de la vie publique : rébellion à travers presque tout le territoire national, mercenaires semant la panique au sein de la population, et en fin de compte coups d'Etat militaire qui marqueront profondément la jeune république. Le coup d'Etat du 24 novembre 1965 portera les militaires au pouvoir. Celui-ci sera l'un des plus longs d'Afrique et le plus sanguinaire. L'armée y jouera un rôle clef dans la mesure où elle sera l'un des piliers du régime. Elle sera l'une des branches de la politique qu'elle soutiendra jusqu'au bout. Très politisée, l'Armée Nationale, devenue Forces Armée du Zaïre (FAZ) avec la politique de l'Authenticité, l'Armée Nationale sera le socle et le bras sécuritaire de la politique dont elle va assurer la stabilité et la rigueur durant plusieurs décennies. Avec la chute du Parti-Etat (MPR) et surtout à la suite de la guerre dite « de libération » de 1996, le processus de démocratisation mis en place depuis la Conférence Nationale Souveraine (CNS) connu un blocage par le retrait des militaires de la Conférence Nationale et par les agresseurs et les rébellions armées. Ceux-ci devinrent des composantes politiques et plus tard des partis politico-militaires. Ce sont eux qui gèrent l'Etat et la politique nationale de la RDC. 2. ProblématiqueLa société internationale demeurant largement interétatique, la souveraineté de chaque Etat se heurte à celles, concurrentes et égales d'autres Etats. Dès lors, contrairement à ce qu'écrivaient les auteurs volontaristes, la limitation de la souveraineté ne découle pas de la volonté de l'Etat, mais de la nécessité de la coexistence des sujets du droit international. Il convient de souligner que l'ordre international actuel est en principe garanti par les moyens militaires et que l'état d'équilibre dans les rapports internationaux consiste, pour un Etat d'accumuler une certaine puissance ; c'est cette dernière qui détermine la place et le rôle d'un acteur dans le système international (1(*)). De ce qui précède, nous voulons voir dans quelle mesure les Armées Nationales des Etats de la communauté économique des pays des Grands Lacs ont su jouer ce rôle à travers certains événements qui ont été à la base de la réaction de la Communauté Internationale. En fait, la guerre de 1998 issue du malentendu entre le pouvoir de Président L.D. KABILA et ses alliés qui aujourd'hui posent de sérieux problèmes de sécurité nationale en franchissant à tout moment les frontières et en contrôlant tout ce qui se passe dans la partie Est de la RDC a produit non seulement de l'instabilité politique au niveau régional mais aussi la quasi faillite de l'Etat congolais. L'Armée Congolaise semble avoir perdu son rôle de soutien à la diplomatie régionale. Et au moment où on parle de sa restructuration et de sa réintégration, nous pensons qu'il faut en même temps discuter de son rôle et de sa place aux côtés de la diplomatie congolaise dans la mesure où le gouvernement est engagé dans les efforts de stabilisation régionale à la suite de pacte de Nairobi, et, qu'il s'engage dans la normalisation avec le Rwanda. Il faut relever dans ce cas que les moyens diplomatiques utilisés par la RDC n'arrivent pas à maintenir l'intégrité territoriale et à sécuriser la population et ses biens dans cette partie du pays et peut-on dire dans l'ensemble du pays. La RDC peut-elle jouer un rôle géopolitique sans son armée ? Face à cette situation accablante, la RDC doit renforcer sa diplomatie par des dispositions militaires capables de faire face aux menaces extérieures. Aussi la préoccupation centrale est de voir cette étude gravitée autour des propos interrogatifs ci-après : - Que doit faire la RDC pour permettre à l'armée (les FARDC) de jouer un rôle important dans l'accomplissement diplomatique ? - Dans leur rôle d'agent de sécurisation, de la protection et de la sauvegarde de l'intégrité territoriale, les FARDC peuvent-elles s'impliquer dans les efforts de normalisation régionale ? - Quelles sont les perspectives militaires pouvant permettre aux FARDC de jouer un rôle important dans la réalisation des objectifs du gouvernement de la 3ème République? Cette série d'interrogations nous amène à aligner un certain nombre de réponses qui font l'objet du point suivant. * 1 DAILLER, P. et PELLET, A., Droit international public, 7ème éd. Dalloz, Paris, 2002, p.407. * 1 DAILLER, P. et PELLET, A., Op. cit., p.424. |
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