Analyse de l'impact des investissements en
infrastructures publiques sur la production agricole au Benin
INTRODUCTION
Le potentiel agricole de la République du Bénin
est immense et présente des conditions agro-écologiques
favorables et variées. Il demeure encore sous exploité pour
diverses raisons dont, l'analphabétisme pour adopter les innovations
modernes et les techniques et méthodes archaïques de production et
surtout l'insuffisance des investissements directs dans le secteur tels que les
retenues d'eau, les aménagements hydro-agricoles etc. Ainsi, la
revitalisation de ce secteur est donc un point important dans la
stratégie de développement du Bénin. Pour faire
croître réellement l'agriculture, il faut non seulement toute une
gamme d'investissements dans ledit domaine mais aussi dans les infrastructures
économiques et sociales. Actuellement, Il semble qu'au Bénin le
mauvais état des infrastructures publiques notamment routières
soit le plus gros obstacle pour la croissance de l'agriculture (BAD, 1999).
Face à cette contre performance du Bénin et des pays africains en
général, il a été identifié dans le plan du
Nouveau Partenariat pour le Développement Économique en Afrique
(NEPAD), adopté en 2001 que l'insuffisance des infrastructures est l'un
des obstacles clés au développement de l'Afrique et il fut alors
conçu un programme prioritaire d'investissement dans les infrastructures
afin de réduire le fossé entre l'Afrique et les pays
développés dans ce domaine (NU, RAPPORT 2009). La perception du
rôle des infrastructures publiques comme facteur de croissance
économique a remarquablement évolué ces dernières
années et a donné place aujourd'hui à un renouveau de
l'analyse des effets des investissements en infrastructures publiques sur la
croissance économique. À cet effet, les théories de la
croissance endogène mettent l'accent sur les externalités
positives qu'engendrent certains aménagements publics d'infrastructures.
Des études ont montré que les investissements publics, notamment
en infrastructures rurales, contribuent fortement à la croissance de la
production agricole et à la réduction de la pauvreté
à la base (MIDRAND, 2009). Ces infrastructures rurales améliorent
les conditions de production et d'écoulement
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publiques sur la production agricole au Benin
des produits à travers la réhabilitation des bas
fonds, la réhabilitation des pistes rurales et la réhabilitation
des infrastructures sociales.
À travers son Programme d'Investissement Public (PIP),
sa Stratégie de Croissance pour la Réduction de la
Pauvreté (SCRP) et ses Orientations Stratégiques de
Développement (OSD), le Bénin essaie donc d'améliorer
l'accessibilité et la qualité de ses infrastructures.
Avec ces nouveaux élans dans le développement
des infrastructures, il est impérieux d'examiner l'impact de ces
derniers sur la production agricole qui constitue le secteur levier pour le
développement économique du pays.
Ainsi, le présent travail est structuré en trois
chapitres.
ü Le premier comportera essentiellement une
présentation du cadre théorique et méthodologique de
recherche.
ü Le deuxième fait l'état de la production
agricole et des infrastructures publiques au Benin.
ü Et le troisième dresse l'évolution des
variables, la présentation et l'analyse des résultats de notre
étude avant d'aboutir sur des recommandations de politique
économique qui en découlent.
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publiques sur la production agricole au Benin
CHAPITRE1 : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE DE
RECHERCHE
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Dans ce chapitre nous avons le cadre théorique de
l'étude qui est composé de la problématique, des
objectifs, des hypothèses et de la revue de littérature et du
cadre méthodologique de recherche
1- CADRE THÉORIQUE
1-1- PROBLÉMATIQUE
Globalement, l'agriculture occupe au Bénin, plus de 70
% de la population active, contribue à 40 % du produit intérieur
brut en 2009(MAEP, 2009), contre 39% en moyenne annuelle au cours de la
période 1990-1999 et assure plus de 90 % des recettes d'exportation
(MAEP, 2009). Malgré le poids prépondérant de
l'agriculture dans l'économie du pays, les niveaux de revenus du secteur
demeurent bas. Pourtant, dans son ensemble, le secteur rural recèle
encore d'importantes potentialités qui ne sont pas totalement
exploitées. A peine 40 % de la superficie agricole exploitable est
cultivée et les niveaux de productivité restent encore
très faibles (MAEP, 2009). En moyenne et sur les périodes
1980-1989; 1990-2005 et 2006-2009, la croissance agricole est respectivement de
4,58%; 5,10% et 4,3% (MEF,2010).Les raisons majeures de ces contre performances
sont d'une part la mauvaise gestion des différentes filières
agricoles, le faible niveau d'organisation du monde paysan utilisant encore, de
nos jours, des technologies relativement rudimentaires, sans la maîtrise
de l'eau, la gestion inefficiente des ressources allouées aux
activités agricoles et d'autre part du manque d'infrastructures des
marchés (les magasins, les Hangars),de transport (notamment les pistes
rurales), de santé et d'éducation des populations. Par ailleurs,
la faible exploitation des potentialités agricoles, le retard
technologique du pays et le déficit en infrastructures
socio-économiques ont eu raison du commerce extérieur dont la
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caractéristique principale est le déficit
chronique de la balance des biens et services dont la valeur en moyenne
annuelle s'élève à -162,35 milliards de FCFA pour la
période 1990-2009 (FINANSTAT, 2010). Cette situation est aussi en grande
partie imputable à la monoculture d'exportation (coton) et à
l'importation massive des produits alimentaires. En 2007-2008 l'activité
économique s'est raffermie mais ne s'est pas poursuivie en 2009. En
effet, l'activité économique en 2009 est marquée par un
ralentissement de la croissance qui ressort à 2,7% contre 5,0% en 2008
suivie d'une légère amélioration de 0,2 point en 2010
(NOEBGE, 2011). Ainsi, outre les facteurs notoires de la croissance
économique, les infrastructures n'ontelles pas un rôle
significatif aussi bien dans le processus de la croissance économique
que dans celui de la croissance de la production agricole ?
La Banque Mondiale (1994), dans son rapport sur le
développement dans le monde consacré aux infrastructures et le
Sommet des Nations Unies sur l'adoption des Objectifs du Millénaire pour
le Développement en 2006, ont fait des infrastructures un défi
majeur pour le développement de l'économie et
l'amélioration de la production agricole. L'infrastructure constitue ce
qu'on appelle le capital de l'économie moderne et ses insuffisances
ralentissent visiblement la croissance économique (Banque Mondiale,
1994). De même, une récente étude réalisée
dans 24 pays africains dont le Bénin, fait un réquisitoire du
déficit d'infrastructures sur le continent africain (MIDRAND, 2009).Les
conclusions auxquelles l'étude est parvenue sont sans appel :
l'Afrique possède l'infrastructure la plus faible au monde alors que
les Africains paient deux fois plus les services de base que les autres
régions.
Au Bénin, d'abord sur la période 1980-1989
caractérisée par des crises où l'économie est
dirigée par l'État, la part des infrastructures dans le PIB
réel notamment celle de transport, de l'éducation et de
santé est respectivement de 1,30%, 1,32% et 2,86%. Ensuite, sur la
période 1990-2005 considérée comme période de la
mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurels, des
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reformes économiques basées sur le
libéralisme et la mise en oeuvre des documents de stratégie pour
la réduction de la pauvreté, cette part est respectivement de
4,01%, 2,24% et 5,26%. Et enfin sur la période 2006-2009
considérée comme période de mise en oeuvre des
stratégies de croissance pour la réduction de la pauvreté,
cette part est respectivement de 3,37%, 1,74% et 1,87% (MEF,
2010).Malgré ces efforts non reluisants dans les infrastructures
publiques, le pays souffre toujours d'une carence dans le domaine.
Au niveau de transport, la comparaison avec certains pays
d'Afrique de l'Ouest montre d'énormes insuffisances. Le Bénin
dispose du plus faible réseau routier et ferroviaire, de la plus faible
densité routière (7,0 km pour 10000 habitants ou 0,05 km par
km2), un seul aéroport répondant aux normes
internationales situé à Cotonou et un seul aérodrome
à Parakou. Les pistes rurales constituant le principal réseau de
collecte et d'évacuation des produits agricoles sont dans un état
dégradé et demeurent insuffisantes (INSAE/TBS, 2009 et SCRP,
2009). Quant à la santé et l'éducation, l'état des
infrastructures n'est pas des plus reluisants et le constat demeure le
même.
À travers son Programme d'Investissement Public (PIP),
le Bénin essaie donc d'améliorer son niveau en infrastructures.
En effet, le taux d'investissement public en 2009 est de 11,5% du PIB. Ce
niveau élevé du taux d'investissement public est dû aux
grands chantiers entrepris par les autorités béninoises
(INSAE/TBS, 2009). Par ailleurs, les besoins de financement en infrastructure
routière, dans l'optique de l'atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) se chiffrent à
1521,3 Milliards de FCFA, de 2006 à 2015, dont 20% sur ressources
propres et 80% sur financement extérieur (MEF, 2006).
Étant donné la place centrale que les
autorités béninoises accordent au financement des infrastructures
à travers la Stratégie de Croissance pour la Réduction de
la Pauvreté (SCRP) et les Orientations Stratégiques de
Développement (OSD), il nous parait important de répondre
à la question suivante :
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publiques sur la production agricole au Benin
Quel est l'impact des investissements en infrastructures
publiques sur la production agricole au Bénin ?
Analyse de l'impact des investissements en infrastructures
publiques sur la production agricole au Benin
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