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Déterminants socioéconomiques et culturels du recours à  la contraception avant le mariage: cas de la Côte d'Ivoire

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par MM. KOUADIO Yao Mathias et KOUAME Haccandy Yves
Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée de la Côte d'Ivoire - Ingénieur statisticien économiste 2003
  

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    SOMMAIRE

    SOMMAIRE...................................................................................................................................................... 1

    LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX .......................................................................................................... 2

    I- Liste des tableaux ...................................................................................................................................... 2

    II- Liste des figures ............................................................................................................................................ 2

    INTRODUCTION............................................................................................................................................ 3

    I-REVUE DE LA LITTERATURE .................................................................................................................. 5

    I.1- Aperçu théorique .......................................................................................................................................... 5

    I.2- Quelques résultats empiriques .................................................................................................................... 8

    I.3- Originalité de l'étude ................................................................................................................................. 13

    1.3.1/- Donnees et echantillons .................................................................................................................................................. 13
    1.3.2/-Methodologie de l'etude ................................................................................................................................................... 14

    II- ANALYSES STATISTIQUES ET RESULTATS ....................................................................................... 15

    II.1 Quelques caractéristiques de la population d'étude .................................................................................. 15

    11.1.1/- Connaissance des methodes contraceptives ................................................................................. 1 5

    11.1.2/- Utilisation de methodes contraceptives 16

    11.1.3/- Milieu de residence 16

    11.1.4/- Niveau d'education 17

    11.1. 5/- Religion 18

    11.1.6/- Statut d'occupation 18

    II.2- Analyse des données ................................................................................................................................ 19

    11.2.1/- Les variables de l'etude 19

    11.2.2/-Analyse du nuage des variables 21

    II-3 Analyse économétrique ............................................................................................................................. 24

    11.3.1/- La connaissance des methodes contraceptives 24

    111.3.2/- Le recours a la contraception 27

    III- DISCUSSION ET ENSEIGNEMENTS DES RESULTATS .................................................................. 29

    III.1 Les facteurs économiques 29

    III.2 Les facteurs culturels 29

    III.3 Les facteurs sociaux 30

    CONCLUSION............................................................................................................................................... 32

    BIBLIOGRAPHIE 33

    ANNEXE 34

    LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX

    I-

    Liste des tableaux

    Tableau 1 : Définitions des variables pertinentes de l'étude 25

    Tableau 2 : déterminants de la connaissance des méthodes contraceptives (Probit) 26

    Tableau 3 : déterminants du recours à la contraception (probit) 27

    Tableau 4 : Modèle de l'utilisation des méthodes avec constante 34

    II- Liste des figures

    Figure 1: Repartition des femmes en fonction de leur connaissance des méthodes 15

    Figure 2: Repartition des femmes en fonction de l'utilisation des méthodes contraceptives 16

    Figure 3: répartition des femmes en fonction du milieu de résidence 17

    Figure 4: Repartition des femmes selon le niveau d'instruction 17

    Figure 5: Répartition des femmes selon la religion 18

    Figure 6 : répartition des femmes selon leur statut d'occupation 19

    Figure 7 : nuage des variables issu de l'Analyse en Composantes Multiples. 22

    INTRODUCTION

    Le processus de transition des societes traditionnelles africaines vers les societes modernes a introduit plusieurs changements dans la vie et dans le fondement mime des familles. Les pulsions sexuelles qui jadis se heurtaient a des interdits et des tabous divers s'expriment de plus en plus librement de nos jours et nombreux sont les evenements (scolarisation, urbanisation, mass-media ...) susceptibles d'avoir modifie le comportement sexuel des jeunes (Colloque International a Abidjan, Genre, population et cleveloppement en Afrique, juillet 2001). De toutes les fagons, nos societes font face aujourd'hui a la recrudescence des cas d'avortement, de grossesses precoces ou non desirees.

    Devant cette situation assez preoccupante, il convient de mener des reflexions sur les differentes strategies pour pouvoir lutter efficacement contre ces phenomenes. Interdire les relations sexuelles avant le mariage pourrait etre une solution a ces problemes. Mais alors quels moyens et quels artifices pourraient aboutir a la realisation d'une telle resolution? Il est assez evident que ce serait utopique dans la mesure ou ce phenomene touche plus specialement la jeunesse. Ainsi, la contraception s'affiche comme l'ultime recours pour aider les pouvoirs publics dans leur souci permanent de resoudre les problemes de societe et contribuer au bien-etre social.

    C'est alors qu'il devient primordial de mener des etudes scientifiques afin de degager les facteurs influencant les comportements contraceptifs des populations et singulierement ceux de la jeunesse.

    La presente etude se penche particulierement sur la contraception avant le mariage qu'elle soit percue de fagon moderne ou encore dans une logique traditionnelle. La contraception moderne suppose l'utilisation des condoms, des pilules, du sterilet... et la contraception traditionnelle, quant a elle, fait reference a l'utilisation des racines, de plantes naturelles ... S'agissant du mariage, il inclut toutes les formes de mariage. Ceux-ci peuvent etre coutumiers, religieux ou civils pour tenir compte de la specificite des valeurs africaines.

    La population sur laquelle va se porter cette etude est un echantillon de femmes jamais mariees vivant en Cote d'Ivoire en 1998. C'est en fonction des caracteristiques individuelles de celles-ci que nous tenterons de proposer des determinants de la contraception. De fagon assez precise, nous essayerons d'apporter des reponses a certaines interrogations fondamentales au nombre desquelles on peut noter :

    ü L'education apportee aux femmes a travers l'instruction leur est-elle d'une utilite en matiere de contraception?

    ü Les religions ne constituent-elles pas un frein au recours a la contraception surtout avant le mariage?

    ü Les medias jouent-ils leur role de sensibilisation ou du moins ont-ils aupres de ces femmes l'audience attendue?

    ü Le milieu rural, generalement socle de la tradition n'est-il pas en marge de l'information sur la contraception et donc de son utilisation?

    Ces interrogations ont deja ete abordees d'une maniere ou d'une autre par d'autres auteurs. Ces derniers ont trouve que les variables sociales et culturelles telles que le milieu de vie, le niveau d'instruction et le contact avec les medias, sont determinantes dans le

    comportement contraceptif des africains tous genres confondus au travers de methodologies diverses.

    Pour notre part, nous montrerons que la contraception pre-maritale est fonction d'un ensemble de variables sociales, culturelles et economiques par le biais de modeles econometriques.

    Pour ce faire, il est important de prime abord de faire l'horizon des divers ecrits sur la problematique de la contraception en Afrique. C'est l'objet de la premiere partie de cette etude presentee sous l'intitule "Revue de la litterature".

    Ensuite, un recours aux methodes statistiques permettra de trouver les determinants de la contraception pre-maritale : une analyse exploratoire des donnees donnera certaines caracteristiques de la population. Puis, les correlations entre les differentes variables susceptibles d'influencer le phenomene etudie seront detectees avec une analyse en composantes multiples. Et dernierement, deux modeles econometriques viendront confirmer ou infirmer certaines liaisons apparentes et degager les reels determinants de la contraception avant le mariage.

    Enfin, une synthese des differents resultats obtenus sera faite et les enseignements qui en decoulent seront presentes dans une derniere partie intitulee : "Discussion et enseignements des resultats".

    I-REVUE DE LA LITTERATURE

    I.1- Aperçu théorique

    L'on ne peut analyser la contraception avant le mariage et omettre certains phenomenes socio-demographiques tels que a f~condite ilregitime, a f~condite pre- marita~e, es comportements se~uers des jeunes, etc. Ces phenomenes aussi divers et complexes soient-ils, ont ete abordes par maints auteurs suivant plusieurs approches. Les methodes d'analyses utilisees par ceux-ci different generalement d'une etude a une autre. Cependant, elles peuvent se resumer en trois principales categories :

    L'analyse descriptive et les correlations croisees

    Cette methode d'analyse qui est la plus elementaire, est aussi la plus usitee. Elle consiste a etudier des correlations lineaires entre des variables prises deux a deux. Les tests statistiques tels que le test du Khi-Deux permettent d'aboutir a certaines conclusions plausibles. Elle presente des analyses de tableaux de frequences, des commentaires de graphiques dans une perspective descriptive. Le phenomene a etudier etant le recours a la contraception avant le mariage et tous les phenomenes sous-jacents, cette approche preconise l'analyse sur un echantillon considerable du phenomene avec plusieurs variables socioeconomiques et culturelles. Dans cette optique, nous pouvons retenir les auteurs suivants.

    AMEGEE Lambert (2001) dans la 9eme session intitulee "Structure familiale, Procreation et Genre" du Colloque international Genre, population et Developpement en Afrique organise du 16 au 21 juillet 2001 a Abidjan, a utilise cette approche pour explorer les opinions et les perceptions des parents (hommes et femmes) au sujet des relations sexuelles des jeunes avant le mariage et l'utilisation de la contraception par les jeunes. Il a analyse la perception des parents selon Ce genre, e niveau d'instruction et e comportement des jeunes (utilisation ou non de la contraception, relations sexuelles) par des tableaux croises et des correlogrammes.

    DELAUNAY Valerie et BECKER Charles (2000) dans une evaluation de la demande en matiere de maitrise de la fecondite en milieu rural africain, ont analyse dans leur etude "Tiers une demande reelle de controle de f~condite en milieu rural sinegalais" le cas de Niakhar, une localite du Senegal situee au cceur du bassin arachidier d'une zone rurale. Leur methodologie utilise l'analyse descriptive pour presenter la zone d'etude d'une part et pour analyser le niveau de connaissance des methodes contraceptives d'autre part.

    Karim MS (1997) dont l'analyse a ete approfondie dans un article de "Perspectives Internationales sur le Planning Familial" sous l'intitule "Les femmes qui pratiquent l'islam diff~rent largement dans leurs attitudes et comportements procreateurs" paru en 1999 dans un numero special de En Bret: L'etude en question s'est fondee sur les donnees d'Enquete demographique et de sante (EDS) pour examiner les caracteristiques socioeconomiques et les comportements contraceptifs et de fecondite des femmes du Bangladesh, d'Egypte, d'Indonesie, de Jordanie, du Maroc, du Niger, du Pakistan, du Senegal et de Turquie entre 1990 et 1994. Les musulmans representent la majorite de la population de ces pays, qui disposaient du reste de donnees recentes sur la fecondite et les facteurs socioeconomiques.

    L'analyse est essentiellement descriptive et examine dans une optique unidimensionnelle, les facteurs socioeconomiques tels que le lieu de residence, le niveau d'instruction ou d'alpftafietisation, l'exposition aux medias plus singulierement a la television et l' ge

    au premier mariage. Dans une seconde phase, l'etude inspecte les emprises de ces facteurs socioeconomiques sur l'utilisation passee, presente et future des methodes contraceptives. Mieux, elle tente d'expliquer la fecondite legitime a l'aide d'une analyse en deux dimensions en croisant successivement les facteurs socioeconomiques et la descendance finale des femmes.

    Dans un numero special de Perspectives Internationales sur le Planning Familial, in « En Bref », Althaus F. (1997) dans son article intitule "Pratique contraceptive accrue et recul du mariage font baisser le niveau de f~condite au Maroc" examine par le biais d'une analyse descriptive les phenomenes de mariage et de fecondite, de la connaissance et de la pratique des methodes contraceptives, des preferences de fecondite, de la sante des meres et des enfants.

    Pour sa part, Kodjovi KOUWONOU (1996) dans un rapport de synthese intitule "Unites familiales et strategies de reproduction d Lome " consecutif a une etude realisee dans le cadre du programme de petites subventions pour la recherche en population et developpement, a explore deux voies de l'approche descriptive pour analyser les determinants socioeconomiques et culturels de la fecondite.

    L'analyse univariee a ete utilisee dans une perspective exploratoire. Elle a permis de degager les caracteristiques individuelles des enquetees et partant, la structure de l'echantillon selon des variables simples. Pour les variables quantitatives, les premieres frequences issues de l'analyse univariee ont conduit au calcul et a l'examen de certaines caracteristiques de tendance centrale et des indices de dispersion. Des regroupements de modalites ont ete egalement operes a partir de cette perspective exploratoire. Quant aux variables categorielles, l'analyse de frequence et des indices d'entropie a ete menee.

    Ensuite, l'examen des associations entre variables deux a deux a ete effectue dans cette etude grace a l'analyse bivariee. Des indices de Chi-Deux, de Cramer et des coefficients de Pearson ont servi de reperes pour apprecier les associations et leur intensite.

    L'analyse multidimensionnelle des donnees et les approches factorielles

    Ces analyses sont plus poussees que les premieres. Les variables susceptibles d'expliquer le phenomene donne, pouvant etre en grand nombre, le recours a une telle approche s'avere avantageux.

    C'est ainsi que dans l'etude de Kodjovi KOUWONOU (1996), les analyses univariees et bivariees n'ont pas permis d'extraire les informations relatives aux noyaux familiaux. Il n'a pas ete possible non plus, en fonction du profil social de chacun des conjoints, de degager les caracteristiques des differents types d'unites familiales. De ce fait, apres les analyses univariees et bivariees, l'auteur a procede a une analyse factorielle de classification. Celle-ci a pour but de regrouper les individus (unites d'observation) en un nombre reduit de classes (groupes) homogenes, de maniere a reunir en classes les elements semblables et a constituer ainsi les classes differentes les unes des autres.

    Par ailleurs, Raimi FASSASSI (2001), dans une etude des determinants de la contraception en Cote d'Ivoire, a analyse les donnees de l'enquete demographique et de sante (EDS) de 1994. Son document utilise une analyse qui procede d'une demarche

    methodologique definie dans un protocole redige dans le cadre des travaux du Groupe International de Partenaires Population Sante (GRIPPS). Ce protocole (GRIPPS, 2000) porte sur les methodes d'analyse des donnees de la pratique contraceptive telles qu'elles ont ete collectees dans les Enquetes demographiques et de sante (EDS). Son analyse vise a cerner les determinants de l'utilisation de la contraception moderne en Cote d'Ivoire et est structuree globalement en deux grandes parties. Dans une premiere partie, une analyse descriptive a ete faite sur les donnees relatives aux femmes potentiellement fecondes, c'esta-dire les femmes en age de procreer qui ne sont ni enceintes ni menopausees a la date de l'enquete. Cette demarche exploratoire a ete suivie, dans la seconde partie, d'une analyse explicative qui a tente de mieux preciser les relations entre la variable a expliquer (l'utilisation d'une methode de contraception moderne) et l'ensemble des variables explicatives telles qu'elles ont ete definies dans le protocole du GRIPPS.

    L'approche econometrique et les modeles de variables qualitatives

    L'analyse econometrique fait suite generalement a l'analyse factorielle afin d'eviter les problemes de multicolinearite entre les variables explicatives soupconnees. L'analyse econometrique du recours a la contraception avant le mariage presuppose une variable endogene qualitative (variable dichotomique), faisant ainsi appel a l'econometrie des variables qualitatives. Les deux approches les plus utilisees sont les modeles Probit et Logit.

    Dans leur analyse, DELAUNAY Valerie et BECKER Charles (2000) ont effectue des regressions logistiques pour apprehender les determinants socioeconomiques du recours a la contraception aussi bien moderne que traditionnelle dans le village de Niakhar.

    De son cote, Raimi FASSASSI (2001) a effectue dans son analyse deux regressions logistiques pour apprecier les determinants de l'utilisation d'une methode de contraception moderne ou naturelle chez les femmes potentiellement fecondes en Cote d'Ivoire dans les annees 1994.

    Michel GARENNE et Juliette HALIFAX (2000) dans une etude intitulee "Fecondite premaritale en Afrique Subsaharienne" ont evalue l'ampleur de la fecondite avant le premier mariage dans les societes africaines a travers une modelisation. Cependant leur methodologie se distingue de la modelisation econometrique. Ils proposent une demarche scientifique de calcul de la fecondite premaritale en fonction de la nature des donnees.

    A cet effet, ils affirment quel : « Sur le plan technique, la fecondite pre-maritale peut etre mise en evidence et mesuree de plusieurs manieres d partir de donnees d'enquetes demographiques retrospectives.

    Si on dispose d'une histoire genesique et d'une histoire matrimoniale des femmes, comme dans les enquetes de type EMF/ WFS +Enquete mondiale de fecondite/ World Fertility Survey), il est simple de determiner la situation matrimoniale d chaque naissance et donc de calculer directement la fecondite premaritale.

    Si on dispose de l'histoire genesique et de l' 'ege au premier mariage, comme dans les enquetes de type EDS/DHS +Enquete demographique et de sante/Demographic and Health survey), on peut faire de mime puisque les calculs necessitent seulement de connaitre l' 'ege d chaque naissance et l' 'ege au premier mariage.

    1

    Cf. Michel GARENNE et Juliette HALIFAX (2000). On lira l'encadre propose par les auteurs a la page 2 de leur document.

    0n peut encore estimer la fecondite pre-maritale dans le cas oil on ne dispose que de l'etat matrimonial ei la date (t) et de la fecondite passee, en ayant recours ei une modelisation. 0n ajuste les proportions de femmes dejei mariees (le complement des femmes jamais mariees) par un modele de Coale-McNeil, puis la fecondite maritale par un modele de Coale-Trussell et on deduit la fecondite premaritale par difference. L'avantage de la methode utilisant des modeles est de gommer les irregularites dues ei l'echantillonnage et donc de lisser les courbes de fecondite maritale etpremaritale. »

    C'est le resultat de cet exercice de modelisation effectue sur les donnees d'Agincourt (Afrique du sud), des pays d'Afrique singulierement ceux d'Afrique subsaharienne et, les pays d'Amerique precisement sur les populations afro-americaines, qui a constitue l'essentiel de l'etude de ces auteurs.

    En somme, les methodes statistiques d'analyses des phenomenes sociodemographiques sont de plusieurs types et leur usage reste fonction des objectifs assignes . chaque etude. Aussi les differentes analyses qui les ont utilisees, ont-elles abouti respectivement a des conclusions plausibles et statistiquement rigoureuses.

    I.2- Quelques résultats empiriques

    Les analyses du recours a la contraception avant le mariage et celles des phenomenes socio-demographiques qui lui sont directement rapproches telles qu'abordees par les auteurs susmentionnes ont conduit a des resultats edifiants qu'il convient d'exposer dans un esprit de revue de la litterature empirique.

    DELAUNAY Valerie et BECKER Charles (2000) dans leur analyse, sont arrives A trois types de conclusions. Ils ont observe premierement une deterioration des systemes d'information traditionnels ; deuxiemement ils remarquent un interet suivant le sexe de la pratique de la contraception moderne et troisiemement, ils font ressortir un nouveau modele d'adoption de la contraception. Ceux-ci aboutissent dans leur etude a d'importants resultats relatifs a la contraception.

    Selon les resultats de ces auteurs, il semble que l'on assiste a une modification du systeme de transmission du savoir traditionnel en matiere de contraception, qui se traduit par une information plus diversifiee, empruntant de moins en moins ses canaux traditionnels qu'etaient l'initiation et le mariage.

    Mais les nouveaux canaux d'information echappent au controle social traditionnel et touchent des groupes qui autrefois ne l'etaient pas. Ce sont en effet les jeunes, plus scolarises et ayant frequente la ville, qui paraissent les mieux informes. L'information, plus disponible en ville, semble se diffuser rapidement aupres des jeunes femmes restees au village par l'intermediaire des jeunes migrantes.

    Par contre, la motivation pour une utilisation future ne serait pas systematiquement transmise. Les auteurs trouvent que ce sont aussi les groupes les plus instruits qui ont la plus grande experience de la contraception moderne. La contraception apparait pour les femmes comme un enjeu de plus grande importance et de nature differente.

    Elles ont en effet une meilleure connaissance de la contraception traditionnelle et moderne, une plus grande pratique et un plus grand desir de contraception future. Les auteurs ont egalement pu constater que la contraception concerne plutot les femmes dans le mariage. Leur objectif serait surtout d'espacer les naissances, pour limiter la fatigue liee a la maternite, mais elles souhaitent aussi une contraception d'arret, pour eviter

    les grossesses tardives. Dans cette meme enquete, 30 % des femmes ont declare une descendance ideale de 6 enfants. Les femmes, qui, dans la plupart des societes africaines, subissent le coUt physique et economique des enfants, mais ne prennent pas les decisions en matiere de reproduction semblent dans l'etude afficher un plus grand role de decideurs, du moins dans les intentions declarees.

    Les hommes, quanta eux, paraissent plus concernes par les problemes de contraception avant le maria ge, leur objectif etant surtout d'eviter les grossesses hors mariage ; ils semblent peu se preoccuper des difficultes rencontrees par les femmes.

    Dans l'article publie par Perspectives Internationales sur le Planning Familial en 1999, l'auteur fait etat de ce que les facteurs socioeconomiques n'etaient pas uniformement associes aux differences observees dans les connaissances feminines de la contraception.

    Au Bangladesh, en Egypte, en Jordanie, au Maroc et en Turquie, par exemple, ces connaissances ne variaient guere suivant le lieu de residence, le niveau d'instruction ou l'exposition a la television. Au Niger et au Senegal, par contre, la residence en milieu rural, le faible niveau d'instruction et l'exposition peu frequente a la television etaient autant de facteurs associes a une faible connaissance generale de la contraception, et a une familiarite moindre encore a l'egard des methodes modernes.

    L'auteur souligne que malgre la population principalement musulmane des pays soumis a son etude, le developpement socioeconomique, la prevalence contraceptive et l'effort du programme de planning familial de chacun varient largement. Il en resulte une variation considerable, d'un pays a l'autre, quant au succes de la transition de fecondite. L'auteur conclut que la pratique de l'islam ne represente, au niveau mondial, ni un obstacle, ni un facteur de stimulation du declin de la fecondite.

    L'etude enrichissante de Michel GARENNE et Juliette HALIFAX (2000), rappelle d'abord l'historique de l'evolution de la nuptialite en Afrique avant de cerner par la suite certaines variables qui expliquent la fecondite premaritale. Pour ces derniers, la nuptialite des femmes africaines etait, a l'epoque, precoce et quasi universelle : presque toutes les femmes se mariaient. Une proportion importante de celles-ci se mariait avant l'age de 20 ans (HERTRICH Veronique et PILON Marc, 1997). Cette forte intensite de la nuptialite etait souvent renforcee par les regimes de polygamie, frequents en Afrique, qui permettaient a toutes les femmes d'etre mariees meme si tous les hommes ne l'etaient pas ou ne l'etaient que plus tardivement.

    Certes, la definition du mariage n'est pas imposee par un acte legal comme dans les pays europeens, mais dans pratiquement toutes les societes africaines il existe une forme de mariage reconnue socialement, associee a une ceremonie et a un echange de biens, ce qui permet d'utiliser ce concept dans les enquetes demographiques.

    Jusque vers 1960, continuent les auteurs, periode a laquelle la plupart des pays africains ont accede a l'independance, la limitation des naissances etait peu pratiquee, la fecondite des jeunes femmes etait tres valorisee et l'essentiel de la fecondite se produisait apres le premier mariage. Certes on notait des exceptions et dans certains groupes ethniques le premier mariage n'etait celebre qu'apres que la jeune femme ait prouve sa fecondite, mais ces cas restaient dans l'ensemble assez rares et cette fecondite avant le premier mariage (fecondite premaritale) etait valorisee, souhaitee par la femme et prise en charge par le groupe familial.

    Leur analyse aboutit aux conclusions selon lesquelles le premier mariage est retarde pour un ensemble de raisons : urbanisation rapide et emploi des femmes (la demande pour le travail feminin augmente en milieu urbain), scolarisation de plus en plus tardive des jeunes filles (bien au-dela des ages traditionnels au mariage) et nouveaux modeles de vie souvent imites des pays developpes grace a la diffusion des medias. Les jeunes femmes expriment de nouvelles preferences pour l'activite economique moderne, l'independance financiere, un mariage plus tardif et un choix personnel du partenaire au lieu des mariages arranges par les familles. D'autre part, la fecondite commence a etre mieux maitrisee, surtout en milieu urbain, grace a la contraception moderne et au recours plus frequent a l'avortement. Cependant ce contrOle de la fecondite touche peu les adolescentes : il est surtout le fait des femmes plus agees, souvent mariees, ayant deja eu un ou plusieurs enfants ou ayant atteint la descendance souhaitee.

    Par ailleurs, les auteurs trouvent que la fecondite avant le premier mariage n'est en general pas desiree, surtout chez les adolescentes et les jeunes femmes scolarisees. Pour ces dernieres, la fecondite avant le mariage signifie l'arr0t des etudes et de serieuses difficultes financieres. Mime s'ils resistent a l'urbanisation et a la montee de l'individualisme, les reseaux de solidarite familiale ne sont plus aussi structures et puissants qu'autrefois et une naissance hors mariage exige de plus en plus que la mere dispose d'un revenu independant pour subvenir aux besoins de l'enfant.

    Apres avoir reconnu que la fecondite premaritale n'est pas un phenomene propre . l'Afrique et qu'on le trouve dans certains pays europeens, ainsi qu'aux Etats-Unis, surtout dans la population afro-americaine, les auteurs exposent une serie de conclusions concernant l'Afrique.

    Ils decouvrent que dans les pays pour lesquels les donnees sont disponibles, la fecondite premaritale en Afrique est peu liee (au sens statistique) aux principaux facteurs socio-demographiques : elle est cependant positivement correlee au niveau d'instruction des femmes (r = 0,27) et a la prevalence de la contraception (r = 0,47) ; elle est negativement correlee a l'urbanisation (r = -0,13) et a l'islamisation (r = -0, 51).

    Elle n'a pas de correlation significative avec la prevalence du VIH/sida dans la population generale. Ce phenomene de forte fecondite premaritale semble assez recent, datant d'une quinzaine d'annees en Afrique du Sud en milieu rural par exemple. De ce fait les auteurs suggerent que l'expansion geographique, la dynamique recente et les determinants de la fecondite premaritale doivent faire l'objet d'etudes plus approfondies.

    La rigoureuse analyse de Raimi FASSASSI (2001) aboutit sur des conclusions tres enrichissantes que l'auteur expose comme suit. Les pratiques contraceptives en Cote d'Ivoire sont encore faibles au regard des succes qui ont pu etre atteints dans certains pays leaders d'Afrique subsaharienne moins avances economiquement.

    Alors qu'au Kenya, au Zimbabwe, au Botswana et en Afrique du Sud, les progres de la contraception sont remarquables, en 1994, la contraception totale n'etait en Cote d'Ivoire que de 16, 5% pour l'ensemble de la population feminine en age de procreer ; la prevalence des methodes modernes ne s'elevant qu'a 5,7% (N'Cho et al., 199 5).

    Lorsque, de la population totale des femmes en age de procreer, on retranche les femmes enceintes et celles qui sont en menopause, on obtient la population designee ici comme potentiellement feconde. Pour celles-ci, l'emploi de la contraception au moment de l'enquete se justifie davantage. La prevalence contraceptive totale est alors de 19% tandis

    que celle des methodes modernes remonte a 6,3%. Ces taux restent insuffisants meme si l'environnement tres longtemps pronataliste et la deficience de l'offre de moyens efficaces ont pu jouer un role important dans le peu d'interet que la population a manifeste jusque la a la contraception notamment moderne.

    En Cote d'Ivoire, la contraception emergente peut encore etre qualifiee de contraception d'elites meme si les besoins emanent de differentes categories socioeconomiques. Les differentes variables retenues comme facteurs explicatifs de la pratique contraceptive moderne rendent compte de niveaux divers d'insertion des femmes dans la logique contraceptive.

    En tout etat de cause, l'instruction de la femme, son milieu de vie et son lieu de socialisation mais aussi l'a ge et l'activite sexuelle sont des variables cles dont les combinaisons rendent le plus compte de la pratique contraceptive. La femme utilisatrice des methodes modernes de planification familiale appartient a la frange superieure de la classe plus large des utilisatrices d'une methode non populaire de contraception.

    L'utilisatrice d'une methode de contraception est une femme plutOt jeune et instruite, socialisee et residant a Abidjan ou dans une grande ville de Cote d'Ivoire. Elle vit dans un logement de bon standing avec un conjoint egalement instruit et favorable a la planification familiale qui est d'ailleurs souvent leur sujet de conversation. Elle retire une remuneration monetaire d'une occupation qu'elle exerce dans son milieu de vie, le milieu urbain, et elle est ouverte a l'ensemble des medias. Elle est dans la phase de sa vie feconde oil les risques de grossesse sont importants. La contraception lui sert d'ailleurs a espacer ses naissances qu'elle souhaite assez limitees.

    La femme non utilisatrice est quant a elle issue du milieu rural. Elle est agricultrice tout comme son conjoint et n'a pas ete scolarisee. Si elle regarde parfois la television ou ecoute la radio, la presse ecrite lui est interdite du fait de son eloignement de la ville et de sa meconnaissance de la langue frangaise. Elle n'a aucune envie de limiter sa descendance car elle considere que cela relive de Dieu seul. Elle est issue d'un milieu pauvre et habite un logement de bas standing.

    Lorsque l'on prend l'odds ratio comme critere de classification, la conjonction de la situation matrimoniale et de l'activite sexuelle met en exergue le groupe des femmes non mariees mais sexuellement actives pour qui la pratique contraceptive est tres elevee. Les variables qui sont liees a l'accumulation du capital social emergent egalement. C'est le cas des femmes qui ont acces a la presse ecrite ou qui s'informe aux travers des emissions de television. C'est aussi le cas des femmes instruites dont le statut social autorise une ouverture plus large sur le monde exterieur, le monde occidental en particulier qui est la reference pour cette categorie de femmes.

    Lorsque par contre le pourcentage d'inhibition de la fecondite cumulee sert de base a la classification des femmes, le niveau d'instruction eleve de la femme, celui de son conjoint, l'insertion de l'homme ou de la femme dans la sphere moderne de l'economie et le recours a la presse ecrite, sont les principaux facteurs contributifs a l'adhesion de la femme a la planification familiale.

    Par ailleurs, AMEGEE Lambert (2001) a trouve que les jeunes en Afrique sont plus exposes au risque d'accouchement en dehors du mariage et au risque de contracter une IST/VIH/SIDA a cause du recul de l'age au mariage et surtout a cause de la precocite des rapports sexuels.

    En effet, les relations sexuelles se passaient jadis, generalement dans le mariage surtout chez les femmes et la survenue d'une grossesse entraine souvent l'entree en mariage. Dans son etude, l'auteur releve que 44% des adolescents celibataires ages de 1 5-19 ans et 48% des adolescentes celibataires de meme age sont sexuellement actifs. Les resultats de l'EDS Togo-1998, revelent quanta eux que 20% des femmes de 1 5-19 ans ont eu leur premier rapport sexuel a 1 5 ans exactement, alors que seulement 1 5% des femmes ages au moment de l'enquete de 4 5-49 ans l'ont eu a ce meme age. L'auteur note qu'au fil des generations, des changements sont intervenus dans les comportements des hommes et des femmes.

    En outre, les perceptions des individus sur la possibilite ou non d'avoir des relations sexuelles avant le mariage et sur l'utilisation de la contraception different d'une generation a l'autre, les programmes visant les adolescents risquent ainsi de ne pas atteindre leurs objectifs si les parents se constituent en barrieres pour l'adoption des pratiques sexuelles saines par les jeunes. Jusqu'. nos jours, l'auteur fait remarquer qu'on connait tres peu sur les perceptions parentales des comportements sexuels des adolescents. Alors que ces informations sont tres importantes dans la conception meme des programmes en Sante Reproductive en direction des jeunes.

    Dans cette perspective, l'etude originale de cet auteur s'avere interessante puisqu'elle prouve que les perceptions des parents sur les comportements sexuels des adolescents different selon le genre. En outre, elle montre que les declarations des enfants en matiere de communication avec leurs parents au sein du menage different, selon le sexe de l'enfant par rapport au pere ou a la mere, des declarations des parents sur le meme sujet.

    Dans une certaine mesure l'article publie par KOUWONOU Kodjovi (1996) fait ressortir d'importants resultats relatifs a la pratique de la contraception. Celui-ci releve que la constitution des couples se fait selon des regles tenant compte surtout des conditions sociales de chacun des conjoints.

    Le "marche matrimonial" est ainsi regi par des "lois" qu'il faut bien comprendre pour mieux expliquer les differentes strategies individuelles et collectives en matiere de procreation. C'est ainsi qu'en combinant le milieu de socialisation et le niveau de scolarisation des conjoints, son analyse a permis de degager quatre grands groupes d'unites familiales. Chaque groupe d'unites familiales elabore des strategies specifiques de reproduction.

    Les conjoints (tous deux) instruits sont les plus enclins a conclure leurs unions par une ceremonie coutumiere, une ceremonie civile et une ceremonie religieuse. Par contre, dans les groupes de familles oil seul le mari a ete a l'ecole et a passe au moins ses douze premieres annees de vie en ville, les unions dites consensuelles representent une proportion relativement importante. En outre, ces formes d'alliance sont doublees de la non co-residence des conjoints.

    Mieux l'etude montre que malgre les efforts consentis ici et lA par les institutions de planification familiale, l'utilisation des methodes modernes de contraception ne mobilise qu'une petite frange de la population, meme dans les agglomerations urbaines. Il a ete observe que le niveau d'instruction des parents joue un role important dans l'utilisation des contraceptifs modernes.

    Au sein des differentes unites familiales, il apparait clairement que le niveau de la prevalence contraceptive est de loin plus important dans les couches sociales oil les deux

    conjoints ont ete scolarises. En fait, la scolarisation influence beaucoup les comportements individuels. Ainsi, ce sont les femmes non scolarisees qui sont davantage soumises aux traditions.

    La litterature relative a la contraception avant le mariage et les phenomenes sociodemographiques sous-jacents abondent aussi bien en approches theoriques qu'en resultats empiriques. La principale remarque qui peut se degager de prime abord de ces resultats signifies supra, est leur diversite et/ou leur pluralite. Les auteurs semblent tout de mime s'accorder sur l'influence sans faille de l'instruction et des facteurs de socialisation dans l'etude des determinants des phenomenes de la contraception.

    Les voies d'analyses, hormis celles empruntees dans quelques etudes, explorent generalement les methodes statistiques les plus rigoureuses et les mieux adaptees. Il convient toutefois de mener une reflexion approfondie sur les phenomenes sociodemographiques et singulierement sur le phenomene de la contraception pre-maritale, comme l'ont si bien signifie Michel GARENNE et Juliette HALIFAX.

    I.3- Originalité de l'étude

    La presente analyse s'interesse a l'explication de la contraception pre-maritale. Elle est fondee sur une methodologie purement statistique et sur un echantillon qu'il serait interessant de presenter.

    1.3.1/- Donnees et echantillons

    Les donnees qui ont permis de realiser cette analyse trouvent leurs sources dans les Enquetes Demographiques et de Sante (EDS)2. Cette enquete a ete realisee sur 8 099 femmes Agees de 15 a 49 ans et habitant la Cote d'Ivoire en 1998.

    Dans la presente analyse, l'echantillon retenu touche les femmes n'ayant jamais ete mariees. Pour ce faire, l'on a procede a une selection d'echantillon en utilisant le statut matrimonial des femmes. Les femmes mariees ou veuves au moment de l'enquete n'ont pas ete selectionnees. En outre, toutes les femmes en union libre ont ete incluses dans la population des femmes mariees pour tenir compte de la conception traditionnelle du mariage comme mentionne par Michel GARENNE et Juliette HALIFAX (2000). L'echantillon final se chiffre a 2 462 individus. On peut s'apercevoir clairement qu'en Cote d'Ivoire, il y a une faible proportion des femmes n'ayant jamais contracte de mariage.

    Il aurait ete interessant d'eliminer les femmes infecondes ou steriles afin d'etudier effectivement le comportement des femmes potentiellement fecondes. Mais, la variable qui devrait renseigner sur l'aptitude des femmes a feconder (la fertilite) n'est pas renseignee pour la plupart des individus de l'echantillon.

    Sous reserve de la fiabilite des donnees fournies, la base peut renseigner sur des variables socioeconomiques telles que l'occupation de l'enquetee, son milieu de vie, son niveau d'instruction et sa situation de socialisation. Mais aussi, on peut y trouver des facteurs culturels tels que la religion, l'ethnie ou le pays d'origine et la region d'origine. Tous ces facteurs peuvent etre importants dans l'explication du recours a la contraception avant

    2 Les EDS sont des enquêtes à modules standardisés développées par l'Institute for Resource Development/Macro Systems inc, Calverton, USA. Les données de ces enquêtes sont disponibles pour de nombreux pays en développement, dont plusieurs pays africains.

    le mariage. Par ailleurs, on peut noter que ces variables sont en majorite des variables qualitatives a deux ou plusieurs modalites. Elles imposent donc une methode specifique d'analyses statistiques qu'il importe d'elucider.

    I.3.2/-Methodologie de /'etude

    La presente etude concilie les trois pistes d'analyses statistiques telles que mentionnees dans la revue de litterature. Elle s'appuie essentiellement sur l'analyse des donnees et la regression econometrique, deux methodes rigoureuses de recherche des determinants des phenomenes socioeconomiques.

    Les caracteristiques de la population d'etude et certains points peuvent etre abordes avec une approche descriptive sans toutefois devier de l'objectif de l'etude. Ainsi, la connaissance et la pratique des methodes contraceptives, la religion, le milieu de socialisation, le niveau d'instruction ont ete decrites.

    L'analyse des donnees, quant a elle, cherchera les differentes liaisons entre les differentes variables de l'etude. La plupart des variables etant categorielles, une analyse en composantes multiples (ACM) sera la mieux indiquee. Toutefois, nous prendrons la precaution de transformer les variables quantitatives en variables qualitatives en les partitionnant en classes. C'est l'exemple de l'age.

    Dans la modelisation econometrique, nous presenterons deux modeles "probit". Ceci est du au fait que les variables a expliquer sont toutes dichotomiques. Le premier modele cherchera a expliquer la connaissance des methodes contraceptives et le second se penchera sur leur utilisation effective. La conception de deux modeles tient au fait que la connaissance des methodes contraceptives est un prealable a leur utilisation.

    II- ANALYSES STATISTIQUES ET RESULTATS

    II.1 Quelques caractéristiques de la population d'étude

    Dans cette partie, une vue generale sur la variable d'interet a savoir le recours a la contraception materialisee par l'utilisation effective des contraceptifs, sera presentee. Il serait aussi interessant d'avoir les statistiques sur la connaissance de la contraception et quelques variables susceptibles d'influencer le phenomene etudie. Ainsi, nous aborderons successivement la connaissance des methodes contraceptives, l'utilisation des methodes contraceptives, le milieu de residence, le niveau d'education, la religion et le statut d'occupation.

    II.1.1/- Connaissance des methodes contraceptives

    Figure 1: Repartition des femmes en fonction de leur connaissance des méthodes

    Moderne

    81,7%

    Ne connait aucune

    16,7%

    Traditionnel

    1,6%

    Source: EDSFEMCI98, nos calculs

    Les modalites "ne connait aucune", "Traditionnel", et "Moderne" correspondent respectivement aux enquetees ne connaissant aucune methode contraceptive, connaissant seulement des methodes contraceptives traditionnelles et connaissant obligatoirement au moins une methode moderne et eventuellement les methodes traditionnelles. On se rend a l'evidence que les femmes jamais mariees connaissant les methodes contraceptives modernes sont majoritaires. Elles representent en effet plus de 80% de la population. Celles qui n'en connaissent pas du tout ne representent que 16,7% de la population. Ces chiffres sont tres differents de ceux proposes par d'autres auteurs pour des annees anterieures. Ceci peut etre explique non seulement par le fait que la population que nous choisissons ici est restreinte aux femmes jamais mariees mais aussi et surtout par le fait qu'au fil des annees, l'information s'ameliore.

    L'analyse de la connaissance des methodes contraceptives laisse ainsi apparaitre la disparition des canaux traditionnels de communication et de transmission d'informations en matiere de sexualite que sont le mariage et l'initiation. Elle fait ressortir, comme on peut

    le constater sur la figure 1, une relative forte vulgarisation des methodes modernes mais aussi un taux d'ignorance de methodes contraceptives non negligeable.

    11.1.2/- Utilisation de methodes contraceptives

    La question qu'on peut se poser a ce niveau est de savoir si les femmes bien que connaissant les methodes contraceptives en general les utilisent dans leur vie de tous les jours. Meme si plus de 80% des femmes connaissent les methodes contraceptives seulement 44% les utilisent. Parmi celles qui les utilisent 31,4% ont recours aux methodes modernes et 12,6% utilisent uniquement les methodes traditionnelles.

    Dans la sous population des femmes n'utilisant aucune methode contraceptive figurent celles qui sont infecondes et celles qui n'ont jamais eu de relation sexuelle. Ces deux classes contiennent des femmes qui n'ont certainement aucune raison d'en utiliser.

    Figure 2: Repartition des femmes en fonction de l'utilisation des méthodes contraceptives

    Moderne

    31,4%

    Traditionnel

    12,6%

    Aucune

    56,0%

    Source: EDSFEMCI98, nos calculs

    11.1.3/- Milieu de residence

    Le milieu de residence est une des variables qui par excellence permet de capturer les differences de comportement entre les personnes des milieux ruraux et celles des milieux urbains dans les analyses de donnees. L'echantillon que nous etudions contient 88, 5% d'individus dans les zones urbaines et seulement 11, 5% dans les zones rurales. Ces chiffres sont en conformite avec la realite selon laquelle la Cote d'Ivoire connait une forte urbanisation depuis de nombreuses annees.

    Figure 3: répartition des femmes en fonction du milieu de résidence

    11,5%

    Rural

    88,5%

    Urbain

    Source: EDSFEMCI98, nos calculs

    11.1.4/- Niveau d'education

    Figure 4: Repartition des femmes selon le niveau d'instruction

    Superieur

    1,1%

    Sans niveau

    Secondaire

    51,6%

    21,1%

    26,2%

    Primaire

    Source: EDSFEMCI98, nos calculs

    La contraception est souvent abordee dans les programmes scolaires en Cote d'Ivoire au secondaire. Cette variable nous permet donc de voir si effectivement cet

    enseignement est effectif dans nos structures scolaires. D'autre part, elle nous permettra de savoir si le recours a la contraception des femmes jamais mariees ne depend pas de leur niveau scolaire. Ici encore, force est de reconnaitre que le niveau scolaire des femmes en Cote d'Ivoire reste bas. En effet, environ 80% de notre population cible ne depassent pas le niveau primaire et plus de 55% n'ont jamais frequente des etablissements scolaires. En outre, seulement 1,1% des femmes concernees ont atteint le niveau superieur. Ce qui s'accorde avec le probleme de l'instruction de la fille en Afrique. Ce fait peut naturellement avoir des repercussions sur le comportement sexuel de ces dernieres.

    11.1.5/- Religion

    Figure 5: Répartition des femmes selon la religion

    36,1% 16,5%

    Islam Protestant

    18,3%

    Autre

    Catholique

    29,1%

    Source: EDSFEMCI98, nos calculs

    La pratique d'une religion suppose le respect de certaines institutions et l'acquisition de certaines valeurs morales pouvant influencer considerablement le comportement sexuel. A ce titre la variable « Religion » est indispensable dans l'etude de la sexualite. Dans la population de femmes retenue, l'on note 4 5,6% de chretiennes dont 29,1% catholiques et 16, 5% protestantes. Les femmes pratiquant l'islam representent 36,1% de la population et sont suivies par celles pratiquant d'autres religions ou n'ayant pas de religion. Ces dernieres constituent plus de 18% de la population d'etude. Cette analyse revele que les religions etaient assez diversifiees et presque equilibrees en Cote d'Ivoire en ce qui concerne les femmes en 1998.

    11.1.6/- Statut d'occupation

    Figure 6 : répartition des femmes selon leur statut d'occupation

    Occupée

    64,9%

    35,1%

    Non occupée

    Source : nos calculs

    En raison de l'absence d'autres variables economiques c'est seulement le statut d'occupation qui sera utilise. On constate que la majorite des femmes sont occupees. Seulement 3 5,1% des femmes qui n'ont aucune occupation. Parmi elles, doivent certainement figurer des eleves et des personnes inaptes au travail.

    Les caracteristiques des femmes ont ete presentees pour des variables suggerees par la revue de litterature comme des facteurs incontournables dans l'explication de la contraception. Cependant, ne serait-il pas interessant d'introduire d'autres variables et de tester leur influence sur les variables caracterisant la contraception par le biais d'une analyse de donnees.

    II.2- Analyse des données

    L'analyse descriptive ne pouvant pas cerner les correlations multiples, l'approche factorielle s'avere necessaire. Les variables de l'etude etant toutes qualitatives ou pouvant etre regroupees en classes, l'analyse en composantes multiples (ACM) est la methode d'analyses des donnees la mieux indiquee.

    11.2.1/- Les variables de /'etude

    Le nuage des variables nous permet de determiner les variables socioeconomiques et culturelles qui influencent la contraception pre-maritale. Ce phenomene est capte par les variables "Utilisation des methodes contraceptives" et "Connaissance des methodes contraceptives". Ces deux variables sont dichotomiques et traduisent respectivement l'utilisation et la connaissance des methodes contraceptives dans la sous population des femmes non mariees en age de procreer vivant en Cote d'Ivoire en 1998. En plus de cellesci, l'on peut regarder une troisieme variable "la frequence d'utilisation des methodes" pour etudier le comportement sexuel de ces femmes.

    Ces trois variables qui constituent les variables endogenes de la contraception premaritale sont susceptibles d'etre expliquees par certaines variables (variables exogenes) qu'il convient de decrire.

    · Les variables d'ordre social

    Au nombre des nombreux facteurs sociaux susceptibles d'influencer le recours a la contraception avant le mariage, l'on peut mentionner les six variables suivantes :

    ü Le milieu de vie ou de residence de l'enquetee : c'est une variable a deux modalites (Urbain, Rural). Dans les pays sous-developpes, le milieu urbain est l'unique centre d'informations et d'acces aux produits modernes. Elle permet aussi de mesurer le poids de la tradition sur le phenomene.

    ü Le type de ville habit*e par l'enquetee : la notion de ville est administrative, la realite et l'experience africaine montrent que les capitales sont les centres de toutes les activites et de toutes les informations.

    ü Le niveau d'education ou d'instruction de l'enquetee : c'est une variable capitale en ce sens qu'elle est suggeree par la revue de la litterature et l'education constitue aujourd'hui la clef de voilte de l'individu. Plus il est instruit mieux il s'adapte facilement aux nombreuses difficultes qui se posent A lui. Par ailleurs, les filles qui vont a l'ecole ont le souci d'eviter au maximum les grossesses pour pouvoir continuer leurs etudes.

    ü Le niveau d'alphabetisation : l'alphabetisation conditionne tout comme l'instruction l'existence de l'individu dans la societe moderne et peut influencer considerablement ses comportements quotidiens.

    ü Le sexe du chef de menage : cette variable peut cerner l'influence des parents sur les comportements des enfants en periode d'adolescence et donc d'exposition a la sexualite. Dans les societes traditionnelles africaines, les jeunes filles discutent rarement de la sexualite avec leurs parents surtout leur pere.

    ü L'education du partenaire : dans la mesure ou les hommes semblent jouer le role de decideurs en Afrique, le niveau d'education du partenaire est indispensable pour expliquer le comportement de la jeune fille.

    · Les variables culturelles

    Elles sont plurielles et peuvent varier d'une societe a l'autre. Dans le cas des pays en voie de developpement, l'on peut retenir :

    ü Lire le journal, *couter la radio et re garder la television : ces trois variables peuvent influencer le niveau de connaissance de l'enquetee dans le domaine de la contraception et peser considerablement sur son comportement sexuel.

    ü Re garder une emission du planning familial A. la television ou en *couter A. la radio : ce sont des variables dichotomiques capturant le niveau de connaissance de l'enquetee sur la planification familiale et les mesures contraceptives sous-jacentes. Ces mesures, si elles sont correctement cernees, peuvent influencer le comportement de la femme.

    ü La religion : les pratiques religieuses induisent generalement des externalites positives car elles permettent de par les valeurs morales qu'elles prenent d'influencer les comportements sexuels des jeunes.


    · Les variables d'ordre economique

    Elles sont liees a la situation economique et financiere de l'enquetee. Les facteurs economiques peuvent conditionner le recours a la contraception afin d'eviter les grossesses et preserver ainsi son emploi. On peut citer :

    ü Le statut d'occupation de l'enquetee : on peut supposer que le fait d'etre occupee reduit le champ d'une femme de prendre des grossesses non contrOlees et peut inciter au recours a la contraception.

    ü Le type d'occupation : il vient parfaire le premier facteur car le fait d'etre occupee ne suffit pas pour affirmer que la femme aura recours a la contraception. Il faut que le travail effectue pose des contraintes. En outre, le type de l'occupation permet de savoir la capacite financiere de la femme et peut lui permettre de s'approprier facilement les contraceptifs modernes les plus efficaces.

    A cote de ces variables socioeconomiques et culturelles, on peut retenir comme variable explicative, "l'age de l'enquetee" et d'autres variables caracteristiques du comportement sexuel de la femme3. L'on peut ainsi dresser un panorama aussi complet que possible des variables socioeconomiques et culturelles determinant le recours a la contraception avant le mariage. De toutes ces variables, quelles sont celles qui ont pese lourdement sur le recours a la contraception des femmes vivant en Cote d'Ivoire au cours de l'annee 1998?

    11.2.2/-Analyse du nuage des variables

    Le nuage des variables en ACM permet d'interpreter la proximite entre les modalites des variables de l'etude. Il faut rappeler que la proximite entre les modalites d'une meme variable s'interprete comme une ressemblance des individus qui les possedent. Par contre, la proximite entre deux modalites de deux variables differentes s'interprete comme une association de modalites.

    3 On peut par exemple retenir l'âge à la première relation sexuelle, le nombre d'enfants avant la première utilisation de méthodes contraceptives, le nombre idéal d'enfants, la connaissance du cycle menstruel....; Autant de variable qui feront l'objet de vérification économétrique.

    Figure 7 : nuage des variables issu de l'Analyse en Composantes Multiples.

    Source : nos calculs

    La figure 6 nous presente les proximites entre les modalites des variables de notre etude et nous permet de trouver certains determinants de la contraception pre-maritale en Cote d'Ivoire.

    Les modalites en couleur rose constituent les 70% des modalites les mieux representees par les facteurs 1 et 2 (leurs cosinus carres sont eleves et leurs contributions a la formation de ces axes sont fortes.). Ce sont donc ces modalites qui seront interpretees.

    Nous pouvons noter a l'aide de la figure ci-dessus qu'il existe deux groupes d'association de modalites ou de ressemblance d'individus. Ces deux groupes sont situes de part et d'autre de l'axe vertical (facteur 2.).

    Dans le premier groupe situe a droite du facteur 2, on observe une proximite entre les modalites suivantes:

    ü C9=3 correspondant aux femmes qui ont le niveau secondaire,

    ü C10=1 qui correspond aux femmes qui savent lire aisement,

    ü C11=2 designant les femmes qui lisent les journaux au moins une fois par semaine,

    ü =1. C'est la modalite des femmes utilisant couramment les contraceptifs,

    ü 3=1 et 2=1 representent les femmes ne travaillant pas,

    ü "Utilise" est la modalite des femmes utilisant des methodes contraceptives,

    ü C9= 2 indique les femmes ayant le niveau primaire,

    ü C13=2 represente l'ensemble des femmes ecoutant la radio au moins une fois par semaine,

    ü 1=1 indique les femmes ayant un partenaire sans niveau,

    ü "Connait" est la modalite indiquant les femmes qui connaissent des methodes contraceptives,

    ü "Urbain" indique les femmes citadines,

    ü C12=2 correspond aux femmes regardant au moins une fois par semaine la television,

    ü 1=4 designant les femmes dont les partenaires ont le niveau superieur,

    ü C9=2 est la modalite des femmes ayant le niveau primaire.

    Dans le deuxieme groupe qui est a gauche du facteur 2, on retrouve les modalites suivantes :

    ü C12=1. Ce sont les femmes ne regardant pas la television,

    ü "Ne connait aucune". Ce sont les femmes qui n'ont connaissance d'aucune methode contraceptive,

    ü "Autre religion" fait reference aux femmes qui ne sont pas chretiennes ni islamistes,

    ü "N'utilise pas" designe les femmes qui n'utilisent pas de methodes contraceptives,

    ü C13=1. Cette modalite designe les femmes n'ecoutant pas la radio,

    ü 1=3. Ce sont les femmes dont les partenaires ont un niveau secondaire,

    ü C11=1 fait reference aux femmes ne lisant pas les journaux,

    ü 2=2. Ce sont les femmes qui travaillent,

    ü C10=3 designe les femmes ne sachant pas lire du tout,

    ü "Islam" correspond aux femmes islamistes,

    ü 3=4. Ce sont des femmes qui menent de petites activites a leur propre compte a domicile.

    Ce sont en general, les femmes qui ont un niveau secondaire, qui savent lire aisement. Ce sont encore elles qui lisent les journaux et qui utilisent couramment les contraceptifs.

    Les femmes citadines ont en general le niveau primaire et un partenaire sans niveau. Ces dernieres ecoutent la radio, regardent la television et connaissent les methodes contraceptives.

    Les femmes qui ont le niveau secondaire ont beaucoup de ressemblances avec celles qui ont le niveau primaire. Elles s'informent, que ce soit par la radio, par les journaux que par la television. Enfin, elles ont recours aux methodes contraceptives.

    Les femmes islamistes menent en general une petite activite a leur propre compte a domicile. Elles ne savent pas lire du tout, donc naturellement ne lisent pas les journaux.

    Elles ne s'informent guere mais elles ont souvent des partenaires ayant le niveau secondaire. En definitive, elles n'utilisent pas les contraceptifs.

    En outre, les femmes n'ayant pas de religion ou pratiquant des religions autres que les religions chretienne et musulmane ne regardent pas la television et ne connaissent aucune methode contraceptive. Ainsi, tout comme les femmes islamistes, elles n'auront pas recours aux contraceptifs.

    L'analyse des donnees via l'analyse en composantes multiples (ACM) nous aura permis de detecter quelques variables pouvant influencer la connaissance ou l'utilisation des methodes contraceptives. Elle suggere que le milieu social de la femme, son niveau d'instruction et certains aspects culturels tels que sa religion et ses sources d'informations peuvent etre determinants dans le comportement face a la contraception avant le mariage. Mais l'analyse factorielle a pour but essentiel de ramener dans le champ visuel les correlations entre plusieurs variables. Les conclusions tirees de la proximite de ces variables peuvent souffrir de la subjectivite dans l'appreciation des proximites. Il serait donc interessant d'inspecter d'autres methodes qui fournissent des estimateurs ideaux des degres de proximites entre les variables.

    II-3 Analyse économétrique

    Dans cette partie, nous allons proposer deux modeles ; le premier tentera d'expliquer la connaissance des methodes contraceptives par les variables suggerees par l'analyse des donnees et le second relevera les facteurs socioeconomiques et culturels qui influencent la contraception pre-maritale.

    TT.3.1/- La connaissance des methodes contraceptives

    La variable dependante ou a expliquer est la "connaissance des methodes contraceptives". A cette variable sont associees deux modalites qui sont 0 et 1. Si l'enquetee ne connait aucune methode contraceptive alors elle prend la valeur 0 et 1 sinon. La nature dichotomique de cette variable impose l'econometrie des variables qualitatives. Nous ne presenterons que les resultats du modele "probit" etant donne que la regression logistique fournit presque les memes resultats. L'estimation est faite sur la probabilite de posseder la modalite 1 de la variable dependante.

    Pour les estimations econometriques, nous engendrons de nouvelles variables. Celles-ci decoulent des variables qualitatives ayant au moins trois modalites. Ainsi, si une variable qualitative a m modalites, on la transforme en m-/ variables dichotomiques basees sur ses modalites. Les definitions des variables pertinentes sont regroupees dans le tableau suivant :

    Tableau 1 : Définitions des variables pertinentes de l'étude

    VARIABLES

    MODALITES

    DEFINITIONS

    CHRETIENNES

    0

    Femme non chretienne

    1

    Femme chretienne

    JOURNAL

    0

    Femme lisant le journal au moins une fois par semaine

    1

    Femme ne lisant pas le journal

    MILIEU

    0

    Femme vivant en milieu urbain

    1

    Femme vivant en milieu rural

    BAS NIVEAU

    0

    Femme n'ayant pas excede le niveau primaire

    1

    Femme ayant excede le niveau primaire

    PF RADIO

    0

    Femme n'ayant jamais entendu parle de planning familial a la radio

    1

    Femme ayant ecoute des emissions de planning familial a la radio

    RADIO

    0

    Femme n'ecoutant pas la radio

    1

    Femme ecoutant la radio au moins une fois par semaine

    TRAVAIL

    0

    Femme occupee

    1

    Femme non occupee

    TV

    0

    Femme qui ne regarde pas la television

    1

    Femme qui regarde la television

    CYCLE

    0

    Femme qui ne connait pas son cycle menstruel

    1

    Femme qui connait son cycle menstruel

    ISLAM

    0

    Femme non islamiste

    1

    Femme islamiste

    SERE DU CM

    0

    Chef de menage homme

    1

    Chef de menage femme

    Source : les auteurs

    Les resultats obtenus dans le cas des femmes jamais mariees, agees de 1 5 a 49 ans vivant en Cote d'Ivoire en 1998 sont consignes dans le tableau suivant :

    Tableau 2 : déterminants de la connaissance des méthodes contraceptives (Probit)

    Variable Dépendante : CONNAISSANCE METHODE

    Nombre d'observations : 2462

    Variables

    Coefficients

    Erreur type

    Proba

    CHRETIENNES

    0,378998

    0,0869 54

    0,0000

    JOURNAL

    0,8 53997

    0,181666

    0,0000

    MILIEU

    -1,36796 5

    0,106116

    0,0000

    BAS NIVEAU

    -1,017472

    0,248848

    0,0000

    PF-RADIO

    0,414282

    0,1749 52

    0,0179

    RADIO

    0,334782

    0,090 554

    0,0002

    TRAVAIL

    0,241060

    0,083347

    0,0038

    TV

    0,436202

    0,08 5910

    0,0000

    C

    1,360008

    0,260383

    0,0000

    Statistique LR

    812,3839

    R2 de McFadden

    Probabilite (LR stat)

    0,000000

    0,36 5822

    Source : nos calculs

    Dans ce modele, la constante est significative et permet d'interpreter le R2 de Mc Fadden. Ce R2 est a peu pres de 0,37 ; ce qui est faible mais la statistique LR est significative au seuil de 1%. Ce qui signifie que le modele est globalement significatif et donc acceptable. On peut ainsi interpreter les resultats obtenus.

    L'on peut noter de prime abord que toutes les variables du modele sont statistiquement significatives au seuil de 2%.

    La constante est positivement significative et suggere qu'il y a une probabilite a priori non nulle qu'une femme de notre echantillon connaisse des methodes contraceptives. En absence de tout autre phenomene, une femme en age de procreer, n'ayant jamais ete mariee, a des chances non negligeables de connaitre des methodes contraceptives. Le milieu naturel dans lequel evolue toute femme lui donne ainsi une chance au premier abord de connaitre une methode contraceptive.

    Etre chretienne augmente la chance d'une femme de connaitre les methodes de contraception. Ceci pourrait s'expliquer de plusieurs facons dont certaines seront presentees dans la partie discussion de notre analyse.

    La lecture des journaux apporte plus de chances aux femmes de connaitre au moins une methode contraceptive. Il en est de meme pour les femmes qui ecoutent la radio ou celles qui regardent la television. Ainsi, les contacts avec les medias donnent des chances assez elevees aux femmes de connaitre des methodes contraceptives.

    Les emissions de planning familial s'accompagnent de fa9on incontournable de propositions de methodes permettant soit de limiter ou d'espacer les naissances. Il est alors assez evident qu'ecouter les emissions de planning familial augmente chez la femme les possibilites de connaitre ces methodes.

    Vivre en milieu rural ou urbain n'est pas sans importance sur la disponibilite des certaines informations en particulier la connaissance des methodes contraceptives. De

    fa9on plus precise, le milieu rural agit negativement sur la connaissance des methodes contraceptives.

    Le niveau d'instruction ou d'education de la femme elargit son champ de connaissance singulierement sur l'ensemble des methodes de contraception. En effet, celles dont le niveau n'excede pas le primaire ont tendance a ignorer ces methodes.

    L'occupation de la femme a des repercussions positives sur son niveau d'informations. Pour preuve, elle augmente la chance d'une femme de connaitre au moins une methode contraceptive.

    La connaissance des methodes contraceptives depend a la fois des facteurs socioeconomiques et culturels. Si le milieu de residence, la religion, le niveau d'instruction, le contact avec les medias et l'occupation de la femme influencent considerablement son niveau de connaissance des methodes contraceptives, en est-il de meme en ce qui concerne l'utilisation effective de ces dernieres?

    ~~~~~~~~~ Le recours a la contraception

    La variable dependante est ici "l'utilisation des contraceptifs". Elle prend la valeur 1 si l'enquetee utilise des contraceptifs et 0 sinon. Les chances d'utilisation des contraceptifs dans la sous population des femmes jamais mariees, en age de procreer et vivant en Cote d'Ivoire, ont ete relevees par le biais d'un modele "probit" dont les resultats sont les suivants :

    Tableau 3 : déterminants du recours à la contraception (probit)

    Variable Dépendante: UTILISATION METHODE

    Nombre d'observations : 2462

    Variables

    Coefficients

    Erreur type

    z-Stat

    Probabilité

    CYCLE

    -0,374318

    0,08 5188

    -4,394031

    0,0000

    ISLAM

    -0, 52 58 55

    0,060208

    -8,734023

    0,0000

    JOURNAL

    0, 58441 5

    0,0703 58

    8,306307

    0,0000

    MILIEU

    -1,184294

    0,132978

    -8,90 5914

    0,0000

    PF-RADIO

    0,380209

    0,083624

    4, 546664

    0,0000

    RADIO

    0,2 5640 5

    0,063111

    4,062742

    0,0000

    SEXE DU CM

    0,2 50390

    0,067317

    3,719 569

    0,0002

    BAS NIVEAU

    -0,429626

    0,0 5542 5

    -7,7 51 529

    0,0000

    TV

    0,128441

    0,06 5444

    1,962607

    0,0497

    Source : nos calculs

    La constante est omise car elle n'est pas statistiquement significative meme au seuil de 10%. La Statistique LR qui joue le role de la statistique de Fisher de significativite globale du modele est statistiquement significative au seuil de 1%. Donc le modele du recours a la contraception est globalement significatif, ce qui rend interpretables les resultats obtenus. Toutes les variables du modele sont significatives au seuil de 5%.

    On peut noter qu'il y a quatre (4) variables ayant un impact negatif sur la probabilite d'utiliser les contraceptifs chez les femmes. Ce sont en occurrence, la maitrise du cycle d'ovulation, la pratique de l'islam, la residence en milieu rural et le bas niveau d'instruction.

    La maitrise du cycle d'ovulation par la femme diminue ses chances de recourir a la contraception. Ceci est previsible car elle peut penser qu'elle n'a pas besoin de precautions supplementaires.

    Si l'islam n'influence pas significativement la connaissance des methodes contraceptives, on ne peut en dire de meme de leur utilisation.

    Etre en milieu rural diminue les chances de la femme d'utiliser les contraceptifs. On pouvait s'attendre a ce resultat. En effet, dans le modele precedent il a ete constate que le milieu rural influait negativement sur les chances de connaitre ces methodes. L'utilisation d'une methode devant supposer sa connaissance au prealable.

    Le bas niveau d'instruction d'une femme affecte negativement ses comportements contraceptifs.

    Par ailleurs, des variables telles que "avoir un chef de menage femme" ou "lire les journaux" ou "ecouter la radio" ou "suivre des emissions de planning familial" ou encore "regarder la television" ont des impacts significativement positifs sur la probabilite d'utilisation des contraceptifs chez la femme.

    Le contact avec les medias s'affirme encore determinant dans les facteurs incitatifs du recours a la contraception. La connaissance etant un prealable naturel a l'utilisation, le role stimulateur des medias s'avere justifie.

    Le sexe du chef de menage a un impact certain sur l'utilisation des contraceptifs. Ici, etre dans un menage avec comme chef de menage une femme, augmente ses chances d'utiliser les methodes contraceptives.

    En plus des variables habituellement rencontrees dans les autres etudes de ce genre a savoir les variables socioeconomiques et culturelles, notre etude a tenu compte de plusieurs autres variables dont le sexe du chef de menage dans lequel reside l'enquetee et la connaissance ou la maitrise du cycle d'ovulation. Ces dernieres se sont averees significatives.

    En outre, les differents resultats obtenus depuis l'analyse exploratoire des donnees jusqu'a ce dernier modele comportant une originalite, en passant par l'analyse des donnees, suggerent quelques reflexions. Il convient de les presenter sous forme de discussions et d'enseignements.

    III- DISCUSSION ET ENSEIGNEMENTS DES RESULTATS

    Cette partie va essayer de concilier les differents resultats obtenus depuis le debut de l'etude. Elle va aussi tenter d'apporter des explications plausibles aux differents constats techniques des methodes statistiques.

    La connaissance des methodes contraceptives est presqu'un acquis en Cote d'Ivoire au regard des chiffres de 1998. En effet, plus de 80% des femmes connaissent au moins une methode contraceptive. De surcroit, la plupart des methodes connues sont modernes. Mais, c'est au niveau de leur utilisation effective que le probleme se pose. On a pu le constate, plus de 55% des femmes n'utilisent pas de contraceptifs. C'est un taux assez eleve compare aux resultats d'autres pays comme le Zimbabwe, le Kenya. On peut alors se poser la question de savoir les principaux facteurs qui conditionnent ce comportement.

    III.1 Les facteurs économiques

    Ici, il faut souligner que seuls le statut et le type d'occupation etaient correctement renseignes dans la base pour servir de variables economiques. Le revenu aurait ete plus pertinent. Mais, comme il ne figurait pas dans la base, ce sont ces variables qui pouvaient representer au mieux les facteurs economiques. Le type d'occupation n'ayant pas d'influence sur la contraception en general, c'est le statut d'occupation qui sera evoque dans toute la suite.

    Force est de constater que le statut d'occupation influence la connaissance des methodes contraceptives. On le sait, le monde du travail est le lieu d'emulation des competences et de l'activite intellectuelle donnant lieu tres souvent a des discussions. Ces divers contacts favorisent la circulation de l'information. C'est ainsi qu'on peut augmenter ses chances de tomber sur des debats concernant la contraception, y participer et en tirer des lecons. Ces connaissances acquises peuvent profiter a d'autres femmes (femmes ne travaillant pas eventuellement) et par un effet "boule de neige" ou "toile d'araignee", l'information peut atteindre presque toutes les femmes memes celles les plus reculees (eloignees de l'information.).

    Cependant la pratique de la contraception est loin d'etre le fait du statut d'occupation d'une femme. Disposer de l'information est bien plus aise que pouvoir profiter de celle-ci en matiere de contraception. En effet, d'autres facteurs tels que la morale, le comportement du partenaire, et l'environnement social ont souvent beaucoup plus d'effets sur le comportement de l'individu.

    C'est donc dans d'autres types de variables qu'il faudra rechercher les determinants de l'utilisation des methodes contraceptives.

    III.2 Les facteurs culturels

    L'exposition aux medias, faisant partie integrante de la culture de l'individu, a ete ajoutee a la religion pour percevoir l'influence des facteurs culturels sur la contraception pre-maritale.

    L'exposition aux medias influence aussi bien la connaissance que la pratique des methodes contraceptives. Les medias presentant des emissions sur le planning familial et la

    contraception amenent les individus a reviser leurs positions sur certains points. A la difference de l'information apprise sur les lieux de travail, l'information mediatique a plus de poids, c'est-A-dire est plus fiable et mieux acceptee par les populations. En outre, l'information que propagent les medias a une plus grande envergure et permet de toucher le maximum d'individus. Il serait alors assez interessant de produire plus d'emissions d'informations sur le planning familial, la contraception pour permettre aux femmes de plus s'impregner de leurs bienfaits en vue de leur mise en ceuvre effective. Par ailleurs, la consideration des moyens d'informations comme produits de grande necessite est importante pour avoir une population mieux informee et plus receptive aux actions a mener pour lutter efficacement contre les problemes de societe.

    La religion quant a elle agit differemment sur la connaissance et la pratique des methodes contraceptives selon qu'on est chretien ou musulman.

    Pratiquer la religion catholique augmente ses chances de connaitre au moins une methode contraceptive. Cela peut etre l'effet induit par la presence de la plupart des chretiennes dans les milieux urbains. Et quand on se rend a l'evidence que le milieu urbain est par excellence l'espace de divulgation rapide de l'information, il devient naturel que les chretiennes aient plus de chance d'avoir entendu au moins une fois parler de contraception. Toutefois, etre catholique n'influence pas ses chances d'utiliser des methodes contraceptives. Cette religion interdit les relations sexuelles avant le mariage religieux. Elle ne peut donc pas conseiller a ces fideles d'utiliser des contraceptifs avant le mariage. Seule l'abstinence est de facon implicite exigee.

    Quant a la religion musulmane, elle n'a pas d'effet net sur la connaissance des methodes contraceptives. Ceci peut etre du au fait que la plupart des femmes musulmanes ne sont pas instruites, donc ont peu acces aux informations en langue frangaise et ont donc peu de chance de discuter des methodes contraceptives entre elles. Pis encore, etre musulmane reduit ses chances d'utiliser les methodes contraceptives. Cela peut etre du au fait que ces genres de pratique restent un tabou pour ces dernieres ou qu'elles ignorent totalement leur existence.

    A cote de ces facteurs culturels, on peut noter d'autres facteurs qui influencant la contraception pre-maritale relevent des considerations sociales dans lesquelles vit la femme.

    III.3 Les facteurs sociaux

    Le milieu de residence, le niveau d'instruction et le sexe du chef de menage ont ete les variables sociales les plus pertinentes de l'etude de la contraception.

    Le milieu rural qui reflete les pratiques traditionnelles s'est signale de facon indefectible comme un milieu refractaire et hostile a la connaissance et a la pratique de la contraception. La femme residant en milieu rural est tres loin d'etre informee sur les methodes contraceptives. Et partant, elle ne les utilise guere. La proportion des femmes ayant connaissance des methodes contraceptives est elevee et suggere que les femmes rurales sont en faible nombre. Il convient donc de les cibler et de mettre en place des programmes d'information et de sensibilisation pouvant toucher cette frange de la population.

    Les femmes ont un bas niveau d'instruction. En effet, environ 78% de celles-ci n'ont pas atteint le niveau secondaire et pres de 57% demeurent sans aucun niveau d'education.

    Cette situation defavorise aussi bien la connaissance des methodes contraceptives que leurs pratiques effectives. En outre, le niveau d'education des hommes n'a aucune influence significative sur le comportement des femmes. Or on s'attendait a ce que les hommes d'un plus haut niveau puissent guider leur partenaire. Face a cette situation, il serait preferable de donner plus de chance a la femme de poursuivre le plus loin possible ses etudes car elle est la mieux placee pour apprecier son comportement face a la contraception.

    L'environnement familial dans lequel vit la femme est tres important dans l'analyse de ses comportements sexuels. Mieux, vivre dans un menage oil le chef est du meme sexe augmente les chances de la femme d'etre utilisatrice des methodes contraceptives. Certainement que l'homme ne constitue pas en soi un frein a la contraception mais sa presence dans le menage peut etre un facteur dissuasif des debats de sexualite entre filles et meres.

    Dans la recherche des determinants de la contraception pre-maritale, le niveau d'instruction, l'exposition aux medias et le milieu de residence se sont averes comme des variables universelles. Une des originalites de notre etude est d'avoir introduit des variables telles que le sexe du chef de menage et la connaissance du cycle d'ovulation. Elles ont ete significatives sur le phenomene et constituent ainsi une nouvelle gamme de variables pour les etudes anterieures.

    CONCLUSION

    Cette etude avait pour but de cerner les differents facteurs socioeconomiques et culturels conditionnant le recours a la contraception avant le mariage. Se basant sur les donnees de l'Enquete Demographique et de Sante (EDS) realisee sur un echantillon de femmes vivant en Cote d'Ivoire en 1998, notre analyse s'est articulee autour de trois points essentiels.

    Le premier point s'est attele a presenter quelques caracteristiques essentielles de la population d'etude. Ainsi l'on a pu constater que la majorite des femmes avait connaissance des methodes contraceptives (83,3%). Cependant, beaucoup d'efforts restent a faire quant . l'utilisation effective de celles-ci. En effet, seulement 56% des femmes jamais mariees avaient recours a la contraception. Par ailleurs, on peut noter que la majorite des femmes avaient un niveau d'instruction bas. Moins de 23% des femmes atteignent le cycle secondaire. La plupart des femmes interrogees vivaient en milieu urbain (88, 5%). Plusieurs autres caracteristiques telles que la religion, le statut d'occupation... ont ete decrites. De ces caracteristiques, peut-on ressortir les facteurs agissant de fa9on significative sur le comportement des femmes face a la contraception?

    Le deuxieme point a tente de degager dans une perspective multidimensionnelle les proximites entre les differentes modalites des variables retenues. Il en est ressorti que deux grandes tendances semblaient se professer. D'une part, on pouvait distinguer les femmes instruites, vivant en milieu urbain et etant en contact avec les medias. C'est cette categorie de femmes qui connait et utilise les methodes contraceptives. D'autre part, les femmes musulmanes exergant pour la plupart une petite activite a domicile, etaient non instruites et n'avaient pas recours aux methodes contraceptives. C'est aussi le cas des autres femmes non chretiennes. Cette analyse en composantes multiples suggerait ainsi une idee de modeles a postuler qu'il aurait ete interessant de tester.

    Le dernier point a donc consiste a proposer deux modeles "probit" de la contraception pre-maritale. Le premier modele a explique la connaissance des methodes par le milieu de vie de la femme, son statut d'occupation et son contact frequent avec les medias. Par ailleurs, les femmes chretiennes avaient plus de chance de connaitre au moins une methode de contraception. En outre, une femme quelle qu'elle soit avait de fa9on naturelle une chance de connaitre au moins une methode. Le second modele suggerait quanta lui que l'utilisation effective des methodes contraceptives dependait negativement du milieu de residence (rural), de la connaissance du cycle d'ovulation et d'un niveau d'instruction bas (n'excedant pas le primaire). En plus, les femmes musulmanes n'avaient pas recours a la contraception. Le contact avec les medias et la presence dans un menage oil le chef de menage est une femme se sont pour leur part affiches comme les principales variables dont l'impact sur le recours a la contraception etait positif.

    De fa9on pertinente, notre analyse confirme que la contraception pre-maritale peut s'expliquer avec une combinaison de variables sociales, economiques et culturelles. Toutefois l'utilisation effective des contraceptifs ne depend aucunement des caracteristiques economiques des individus. Ces resultats ne s'eloignent alors pas des conclusions d'etudes anterieures sur cette problematique. S'il est vrai que les pouvoirs publics peuvent agir sur certaines variables telles que l'education, l'acces aux medias...pour le bien etre social, en est-il de meme pour les variables culturelles telles que la religion?

    BIBLIOGFtAPHIE

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    DELAUNAY Valerie et BECKER Charles, « Vers une demande reelle de contrOle de la fecondite en milieu rural senegalais », in Pilon Marc et Guillaume Agnes (eds.), Maitrise de la planification familiale au sud, Collection Colloques et Seminaires, Paris, IRD Editions, 2000, pp. 127-146.

    AMEGEE Lambert, « Structures familiales, relations intergenerationnelles et rapports de genre : le cas des jeunes de Lome », Colloque International Genre, Population et Developpement en Afrique, 9eme session : Structure familiales, procreation et genre, UEPA/UAPES, INED, ENSEA, IFORD, Abidjan, 16-21 juillet 2001, 1 5 p.

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    GARENNE Michel et HALIFAX Juliette, « La fecondite pre-maritale en Afrique Subsaharienne, une evaluation de son ampleur d partir des donnies d'enquetes demographiques et de sante », ISSN 11 57-4186, n°39, octobre-decembre 2000, 4 p.

    ANNEXE

    Tableau 4 : Modèle de l'utilisation des méthodes avec constante

    Dependent Variable: UTMETH

    Included observations: 2462

    Variables

    Coefficient

    Std. Error

    z-Statistic

    Prob.

    CYCL

    -0.379066

    0.085546

    -4.431133

    0.0000

    ISLAM

    -0.534065

    0.061827

    -8.638022

    0.0000

    JNAL

    0.568819

    0.075331

    7.550968

    0.0000

    MIL

    -1.202458

    0.136538

    -8.806758

    0.0000

    PFRADIO

    0.378920

    0.083724

    4.525828

    0.0000

    RADIO

    0.247469

    0.064981

    3.808325

    0.0001

    SEXCM

    0.239789

    0.069762

    3.437243

    0.0006

    PASNIV

    -0.463745

    0.080799

    -5.739486

    0.0000

    TV

    0.110750

    0.072166

    1.534647

    0.1249

    C

    0.060530

    0.104257

    0.580583

    0.5615

    Mean dependent var

    0.440292

    S.D. dependent var

    0.496523

    S.E. of regression

    0.419614

    Akaike info criterion

    1.053422

    Sum squared resid

    431.7381

    Schwarz criterion

    1.077015

    Log likelihood

    -1286.762

    Hannan-Quinn criter.

    1.061994

    Restr. log likelihood

    -1688.932

    Avg. log likelihood

    -
    0.522649

    LR statistic (9 df)

    804.3408

    McFadden R-squared

    0.238121

    Probability(LR stat)

    0.000000

     
     

    Obs with Dep=0

    1378

    Total obs

    2462

    Obs with Dep=1

     

    1084

     

    Source : nos calculs






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