SOMMAIRE
SOMMAIRE......................................................................................................................................................
1
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
..........................................................................................................
2
I- Liste des tableaux
......................................................................................................................................
2
II- Liste des figures
............................................................................................................................................
2
INTRODUCTION............................................................................................................................................
3
I-REVUE DE LA LITTERATURE
..................................................................................................................
5
I.1- Aperçu théorique
..........................................................................................................................................
5
I.2- Quelques résultats empiriques
....................................................................................................................
8
I.3- Originalité de l'étude
.................................................................................................................................
13
1.3.1/- Donnees et echantillons
..................................................................................................................................................
13
1.3.2/-Methodologie de l'etude
...................................................................................................................................................
14
II- ANALYSES STATISTIQUES ET RESULTATS
.......................................................................................
15
II.1 Quelques caractéristiques de la population
d'étude
..................................................................................
15
11.1.1/- Connaissance des methodes contraceptives
.................................................................................
1 5
11.1.2/- Utilisation de methodes contraceptives 16
11.1.3/- Milieu de residence 16
11.1.4/- Niveau d'education 17
11.1. 5/- Religion 18
11.1.6/- Statut d'occupation 18
II.2- Analyse des données
................................................................................................................................
19
11.2.1/- Les variables de l'etude 19
11.2.2/-Analyse du nuage des variables 21
II-3 Analyse économétrique
.............................................................................................................................
24
11.3.1/- La connaissance des methodes contraceptives 24
111.3.2/- Le recours a la contraception 27
III- DISCUSSION ET ENSEIGNEMENTS DES RESULTATS
.................................................................. 29
III.1 Les facteurs économiques 29
III.2 Les facteurs culturels 29
III.3 Les facteurs sociaux 30
CONCLUSION...............................................................................................................................................
32
BIBLIOGRAPHIE 33
ANNEXE 34
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
I-
Liste des tableaux
Tableau 1 : Définitions des variables pertinentes de
l'étude 25
Tableau 2 : déterminants de la connaissance des
méthodes contraceptives (Probit) 26
Tableau 3 : déterminants du recours à la
contraception (probit) 27
Tableau 4 : Modèle de l'utilisation des méthodes
avec constante 34
II- Liste des figures
Figure 1: Repartition des femmes en fonction de leur connaissance
des méthodes 15
Figure 2: Repartition des femmes en fonction de l'utilisation des
méthodes contraceptives 16
Figure 3: répartition des femmes en fonction du milieu de
résidence 17
Figure 4: Repartition des femmes selon le niveau d'instruction
17
Figure 5: Répartition des femmes selon la religion 18
Figure 6 : répartition des femmes selon leur statut
d'occupation 19
Figure 7 : nuage des variables issu de l'Analyse en Composantes
Multiples. 22
INTRODUCTION
Le processus de transition des societes traditionnelles
africaines vers les societes modernes a introduit plusieurs changements dans la
vie et dans le fondement mime des familles. Les pulsions sexuelles qui jadis se
heurtaient a des interdits et des tabous divers s'expriment de plus en plus
librement de nos jours et nombreux sont les evenements (scolarisation,
urbanisation, mass-media ...) susceptibles d'avoir modifie le comportement
sexuel des jeunes (Colloque International a Abidjan, Genre, population
et cleveloppement en Afrique, juillet 2001). De toutes les fagons, nos
societes font face aujourd'hui a la recrudescence des cas d'avortement, de
grossesses precoces ou non desirees.
Devant cette situation assez preoccupante, il convient de
mener des reflexions sur les differentes strategies pour pouvoir lutter
efficacement contre ces phenomenes. Interdire les relations sexuelles avant le
mariage pourrait etre une solution a ces problemes. Mais alors quels moyens et
quels artifices pourraient aboutir a la realisation d'une telle resolution? Il
est assez evident que ce serait utopique dans la mesure ou ce phenomene touche
plus specialement la jeunesse. Ainsi, la contraception s'affiche comme l'ultime
recours pour aider les pouvoirs publics dans leur souci permanent de resoudre
les problemes de societe et contribuer au bien-etre social.
C'est alors qu'il devient primordial de mener des etudes
scientifiques afin de degager les facteurs influencant les comportements
contraceptifs des populations et singulierement ceux de la jeunesse.
La presente etude se penche particulierement sur la
contraception avant le mariage qu'elle soit percue de fagon moderne ou encore
dans une logique traditionnelle. La contraception moderne suppose l'utilisation
des condoms, des pilules, du sterilet... et la contraception traditionnelle,
quant a elle, fait reference a l'utilisation des racines, de plantes naturelles
... S'agissant du mariage, il inclut toutes les formes de mariage. Ceux-ci
peuvent etre coutumiers, religieux ou civils pour tenir compte de la
specificite des valeurs africaines.
La population sur laquelle va se porter cette etude est un
echantillon de femmes jamais mariees vivant en Cote d'Ivoire en 1998. C'est en
fonction des caracteristiques individuelles de celles-ci que nous tenterons de
proposer des determinants de la contraception. De fagon assez precise, nous
essayerons d'apporter des reponses a certaines interrogations fondamentales au
nombre desquelles on peut noter :
ü L'education apportee aux femmes a travers l'instruction
leur est-elle d'une utilite en matiere de contraception?
ü Les religions ne constituent-elles pas un frein au
recours a la contraception surtout avant le mariage?
ü Les medias jouent-ils leur role de sensibilisation ou du
moins ont-ils aupres de ces femmes l'audience attendue?
ü Le milieu rural, generalement socle de la tradition
n'est-il pas en marge de l'information sur la contraception et donc de son
utilisation?
Ces interrogations ont deja ete abordees d'une maniere ou
d'une autre par d'autres auteurs. Ces derniers ont trouve que les variables
sociales et culturelles telles que le milieu de vie, le niveau d'instruction et
le contact avec les medias, sont determinantes dans le
comportement contraceptif des africains tous genres confondus
au travers de methodologies diverses.
Pour notre part, nous montrerons que la contraception
pre-maritale est fonction d'un ensemble de variables sociales, culturelles et
economiques par le biais de modeles econometriques.
Pour ce faire, il est important de prime abord de faire
l'horizon des divers ecrits sur la problematique de la contraception en
Afrique. C'est l'objet de la premiere partie de cette etude presentee sous
l'intitule "Revue de la litterature".
Ensuite, un recours aux methodes statistiques permettra de
trouver les determinants de la contraception pre-maritale : une analyse
exploratoire des donnees donnera certaines caracteristiques de la population.
Puis, les correlations entre les differentes variables susceptibles
d'influencer le phenomene etudie seront detectees avec une analyse en
composantes multiples. Et dernierement, deux modeles econometriques viendront
confirmer ou infirmer certaines liaisons apparentes et degager les reels
determinants de la contraception avant le mariage.
Enfin, une synthese des differents resultats obtenus sera
faite et les enseignements qui en decoulent seront presentes dans une derniere
partie intitulee : "Discussion et enseignements des resultats".
I-REVUE DE LA LITTERATURE
I.1- Aperçu théorique
L'on ne peut analyser la contraception avant le mariage et
omettre certains phenomenes socio-demographiques tels que a f~condite
ilregitime, a f~condite pre- marita~e, es comportements se~uers des jeunes,
etc. Ces phenomenes aussi divers et complexes soient-ils, ont ete
abordes par maints auteurs suivant plusieurs approches. Les methodes d'analyses
utilisees par ceux-ci different generalement d'une etude a une autre.
Cependant, elles peuvent se resumer en trois principales categories :
L'analyse descriptive et les correlations croisees
Cette methode d'analyse qui est la plus elementaire, est aussi
la plus usitee. Elle consiste a etudier des correlations lineaires entre des
variables prises deux a deux. Les tests statistiques tels que le test du
Khi-Deux permettent d'aboutir a certaines conclusions plausibles. Elle presente
des analyses de tableaux de frequences, des commentaires de graphiques dans une
perspective descriptive. Le phenomene a etudier etant le recours a la
contraception avant le mariage et tous les phenomenes sous-jacents, cette
approche preconise l'analyse sur un echantillon considerable du phenomene avec
plusieurs variables socioeconomiques et culturelles. Dans cette optique, nous
pouvons retenir les auteurs suivants.
AMEGEE Lambert (2001) dans la 9eme session
intitulee "Structure familiale, Procreation et Genre" du
Colloque international Genre, population et Developpement en Afrique organise
du 16 au 21 juillet 2001 a Abidjan, a utilise cette approche pour explorer les
opinions et les perceptions des parents (hommes et femmes) au sujet des
relations sexuelles des jeunes avant le mariage et l'utilisation de la
contraception par les jeunes. Il a analyse la perception des parents
selon Ce genre, e niveau d'instruction et e comportement des jeunes
(utilisation ou non de la contraception, relations sexuelles) par des
tableaux croises et des correlogrammes.
DELAUNAY Valerie et BECKER Charles (2000) dans une evaluation
de la demande en matiere de maitrise de la fecondite en milieu rural africain,
ont analyse dans leur etude "Tiers une demande reelle de controle de
f~condite en milieu rural sinegalais" le cas de Niakhar, une localite
du Senegal situee au cceur du bassin arachidier d'une zone rurale. Leur
methodologie utilise l'analyse descriptive pour presenter la zone d'etude d'une
part et pour analyser le niveau de connaissance des methodes contraceptives
d'autre part.
Karim MS (1997) dont l'analyse a ete approfondie dans un
article de "Perspectives Internationales sur le Planning Familial" sous
l'intitule "Les femmes qui pratiquent l'islam diff~rent largement dans
leurs attitudes et comportements procreateurs" paru en 1999 dans un
numero special de En Bret: L'etude en question s'est fondee sur les
donnees d'Enquete demographique et de sante (EDS) pour examiner les
caracteristiques socioeconomiques et les comportements contraceptifs et de
fecondite des femmes du Bangladesh, d'Egypte, d'Indonesie, de Jordanie, du
Maroc, du Niger, du Pakistan, du Senegal et de Turquie entre 1990 et 1994. Les
musulmans representent la majorite de la population de ces pays, qui
disposaient du reste de donnees recentes sur la fecondite et les facteurs
socioeconomiques.
L'analyse est essentiellement descriptive et examine dans une
optique unidimensionnelle, les facteurs socioeconomiques tels que le
lieu de residence, le niveau d'instruction ou d'alpftafietisation, l'exposition
aux medias plus singulierement a la television et l' ge
au premier mariage. Dans une seconde phase,
l'etude inspecte les emprises de ces facteurs socioeconomiques sur
l'utilisation passee, presente et future des methodes contraceptives. Mieux,
elle tente d'expliquer la fecondite legitime a l'aide d'une analyse en deux
dimensions en croisant successivement les facteurs socioeconomiques et la
descendance finale des femmes.
Dans un numero special de Perspectives Internationales sur le
Planning Familial, in « En Bref », Althaus F. (1997)
dans son article intitule "Pratique contraceptive accrue et recul du
mariage font baisser le niveau de f~condite au Maroc" examine par le
biais d'une analyse descriptive les phenomenes de mariage et de fecondite, de
la connaissance et de la pratique des methodes contraceptives, des preferences
de fecondite, de la sante des meres et des enfants.
Pour sa part, Kodjovi KOUWONOU (1996) dans un rapport de
synthese intitule "Unites familiales et strategies de reproduction d
Lome " consecutif a une etude realisee dans le cadre du programme de
petites subventions pour la recherche en population et developpement, a explore
deux voies de l'approche descriptive pour analyser les determinants
socioeconomiques et culturels de la fecondite.
L'analyse univariee a ete utilisee dans une perspective
exploratoire. Elle a permis de degager les caracteristiques individuelles des
enquetees et partant, la structure de l'echantillon selon des variables
simples. Pour les variables quantitatives, les premieres frequences issues de
l'analyse univariee ont conduit au calcul et a l'examen de certaines
caracteristiques de tendance centrale et des indices de dispersion. Des
regroupements de modalites ont ete egalement operes a partir de cette
perspective exploratoire. Quant aux variables categorielles, l'analyse de
frequence et des indices d'entropie a ete menee.
Ensuite, l'examen des associations entre variables deux a deux
a ete effectue dans cette etude grace a l'analyse bivariee. Des indices de
Chi-Deux, de Cramer et des coefficients de Pearson ont servi de reperes pour
apprecier les associations et leur intensite.
L'analyse multidimensionnelle des donnees et les approches
factorielles
Ces analyses sont plus poussees que les premieres. Les
variables susceptibles d'expliquer le phenomene donne, pouvant etre en grand
nombre, le recours a une telle approche s'avere avantageux.
C'est ainsi que dans l'etude de Kodjovi KOUWONOU (1996), les
analyses univariees et bivariees n'ont pas permis d'extraire les informations
relatives aux noyaux familiaux. Il n'a pas ete possible non plus, en fonction
du profil social de chacun des conjoints, de degager les caracteristiques des
differents types d'unites familiales. De ce fait, apres les analyses univariees
et bivariees, l'auteur a procede a une analyse factorielle de classification.
Celle-ci a pour but de regrouper les individus (unites d'observation) en un
nombre reduit de classes (groupes) homogenes, de maniere a reunir en classes
les elements semblables et a constituer ainsi les classes differentes les unes
des autres.
Par ailleurs, Raimi FASSASSI (2001), dans une etude des
determinants de la contraception en Cote d'Ivoire, a analyse les donnees de
l'enquete demographique et de sante (EDS) de 1994. Son document utilise une
analyse qui procede d'une demarche
methodologique definie dans un protocole redige dans le cadre
des travaux du Groupe International de Partenaires Population Sante (GRIPPS).
Ce protocole (GRIPPS, 2000) porte sur les methodes d'analyse des donnees de la
pratique contraceptive telles qu'elles ont ete collectees dans les Enquetes
demographiques et de sante (EDS). Son analyse vise a cerner les determinants de
l'utilisation de la contraception moderne en Cote d'Ivoire et est structuree
globalement en deux grandes parties. Dans une premiere partie, une analyse
descriptive a ete faite sur les donnees relatives aux femmes potentiellement
fecondes, c'esta-dire les femmes en age de procreer qui ne sont ni enceintes ni
menopausees a la date de l'enquete. Cette demarche exploratoire a ete suivie,
dans la seconde partie, d'une analyse explicative qui a tente de mieux preciser
les relations entre la variable a expliquer (l'utilisation d'une methode de
contraception moderne) et l'ensemble des variables explicatives telles qu'elles
ont ete definies dans le protocole du GRIPPS.
L'approche econometrique et les modeles de variables
qualitatives
L'analyse econometrique fait suite generalement a l'analyse
factorielle afin d'eviter les problemes de multicolinearite entre les variables
explicatives soupconnees. L'analyse econometrique du recours a la contraception
avant le mariage presuppose une variable endogene qualitative (variable
dichotomique), faisant ainsi appel a l'econometrie des variables qualitatives.
Les deux approches les plus utilisees sont les modeles Probit et Logit.
Dans leur analyse, DELAUNAY Valerie et BECKER Charles (2000)
ont effectue des regressions logistiques pour apprehender les determinants
socioeconomiques du recours a la contraception aussi bien moderne que
traditionnelle dans le village de Niakhar.
De son cote, Raimi FASSASSI (2001) a effectue dans son analyse
deux regressions logistiques pour apprecier les determinants de l'utilisation
d'une methode de contraception moderne ou naturelle chez les femmes
potentiellement fecondes en Cote d'Ivoire dans les annees 1994.
Michel GARENNE et Juliette HALIFAX (2000) dans une etude
intitulee "Fecondite premaritale en Afrique Subsaharienne" ont
evalue l'ampleur de la fecondite avant le premier mariage dans les societes
africaines a travers une modelisation. Cependant leur methodologie se distingue
de la modelisation econometrique. Ils proposent une demarche scientifique de
calcul de la fecondite premaritale en fonction de la nature des donnees.
A cet effet, ils affirment quel : «
Sur le plan technique, la fecondite pre-maritale peut etre mise en evidence et
mesuree de plusieurs manieres d partir de donnees d'enquetes demographiques
retrospectives.
Si on dispose d'une histoire genesique et d'une
histoire matrimoniale des femmes, comme dans les enquetes de type
EMF/ WFS +Enquete mondiale de fecondite/
World Fertility Survey), il est simple de determiner la situation
matrimoniale d chaque naissance et donc de calculer directement la fecondite
premaritale.
Si on dispose de l'histoire genesique et de l' 'ege au
premier mariage, comme dans les enquetes de type EDS/DHS
+Enquete demographique et de sante/Demographic and
Health survey), on peut faire de mime puisque les calculs
necessitent seulement de connaitre l' 'ege d chaque naissance et l' 'ege au
premier mariage.
1
Cf. Michel GARENNE et Juliette HALIFAX (2000). On lira l'encadre
propose par les auteurs a la page 2 de leur document.
0n peut encore estimer la fecondite pre-maritale dans
le cas oil on ne dispose que de l'etat matrimonial ei la date (t) et de la
fecondite passee, en ayant recours ei une modelisation. 0n ajuste les
proportions de femmes dejei mariees (le complement des femmes jamais mariees)
par un modele de Coale-McNeil, puis la fecondite
maritale par un modele de Coale-Trussell et on deduit
la fecondite premaritale par difference. L'avantage de la methode utilisant des
modeles est de gommer les irregularites dues ei l'echantillonnage et donc de
lisser les courbes de fecondite maritale etpremaritale. »
C'est le resultat de cet exercice de modelisation effectue sur
les donnees d'Agincourt (Afrique du sud), des pays d'Afrique singulierement
ceux d'Afrique subsaharienne et, les pays d'Amerique precisement sur les
populations afro-americaines, qui a constitue l'essentiel de l'etude de ces
auteurs.
En somme, les methodes statistiques d'analyses des phenomenes
sociodemographiques sont de plusieurs types et leur usage reste fonction des
objectifs assignes . chaque etude. Aussi les differentes analyses qui les ont
utilisees, ont-elles abouti respectivement a des conclusions plausibles et
statistiquement rigoureuses.
I.2- Quelques résultats empiriques
Les analyses du recours a la contraception avant le mariage et
celles des phenomenes socio-demographiques qui lui sont directement rapproches
telles qu'abordees par les auteurs susmentionnes ont conduit a des resultats
edifiants qu'il convient d'exposer dans un esprit de revue de la litterature
empirique.
DELAUNAY Valerie et BECKER Charles (2000) dans leur analyse,
sont arrives A trois types de conclusions. Ils ont observe premierement une
deterioration des systemes d'information traditionnels ; deuxiemement ils
remarquent un interet suivant le sexe de la pratique de la contraception
moderne et troisiemement, ils font ressortir un nouveau modele d'adoption de la
contraception. Ceux-ci aboutissent dans leur etude a d'importants resultats
relatifs a la contraception.
Selon les resultats de ces auteurs, il semble que l'on assiste
a une modification du systeme de transmission du savoir traditionnel en matiere
de contraception, qui se traduit par une information plus diversifiee,
empruntant de moins en moins ses canaux traditionnels qu'etaient l'initiation
et le mariage.
Mais les nouveaux canaux d'information echappent au controle
social traditionnel et touchent des groupes qui autrefois ne l'etaient pas. Ce
sont en effet les jeunes, plus scolarises et ayant frequente la ville, qui
paraissent les mieux informes. L'information, plus disponible en ville, semble
se diffuser rapidement aupres des jeunes femmes restees au village par
l'intermediaire des jeunes migrantes.
Par contre, la motivation pour une utilisation future ne
serait pas systematiquement transmise. Les auteurs trouvent que ce sont aussi
les groupes les plus instruits qui ont la plus grande experience de la
contraception moderne. La contraception apparait pour les femmes comme un enjeu
de plus grande importance et de nature differente.
Elles ont en effet une meilleure connaissance de la
contraception traditionnelle et moderne, une plus grande pratique et un plus
grand desir de contraception future. Les auteurs ont egalement pu constater que
la contraception concerne plutot les femmes dans le mariage. Leur objectif
serait surtout d'espacer les naissances, pour limiter la fatigue liee a la
maternite, mais elles souhaitent aussi une contraception d'arret, pour
eviter
les grossesses tardives. Dans cette meme enquete, 30 % des
femmes ont declare une descendance ideale de 6 enfants. Les femmes, qui, dans
la plupart des societes africaines, subissent le coUt physique et economique
des enfants, mais ne prennent pas les decisions en matiere de reproduction
semblent dans l'etude afficher un plus grand role de decideurs, du moins dans
les intentions declarees.
Les hommes, quanta eux, paraissent plus concernes par les
problemes de contraception avant le maria ge, leur objectif etant surtout
d'eviter les grossesses hors mariage ; ils semblent peu se preoccuper des
difficultes rencontrees par les femmes.
Dans l'article publie par Perspectives Internationales sur le
Planning Familial en 1999, l'auteur fait etat de ce que les facteurs
socioeconomiques n'etaient pas uniformement associes aux differences observees
dans les connaissances feminines de la contraception.
Au Bangladesh, en Egypte, en Jordanie, au Maroc et en Turquie,
par exemple, ces connaissances ne variaient guere suivant le lieu de
residence, le niveau d'instruction ou l'exposition a la
television. Au Niger et au Senegal, par contre, la residence en milieu
rural, le faible niveau d'instruction et l'exposition peu frequente a la
television etaient autant de facteurs associes a une faible connaissance
generale de la contraception, et a une familiarite moindre encore a l'egard des
methodes modernes.
L'auteur souligne que malgre la population principalement
musulmane des pays soumis a son etude, le developpement socioeconomique, la
prevalence contraceptive et l'effort du programme de planning familial de
chacun varient largement. Il en resulte une variation considerable, d'un pays a
l'autre, quant au succes de la transition de fecondite. L'auteur conclut que la
pratique de l'islam ne represente, au niveau mondial, ni un obstacle, ni un
facteur de stimulation du declin de la fecondite.
L'etude enrichissante de Michel GARENNE et Juliette HALIFAX
(2000), rappelle d'abord l'historique de l'evolution de la nuptialite en
Afrique avant de cerner par la suite certaines variables qui expliquent la
fecondite premaritale. Pour ces derniers, la nuptialite des femmes africaines
etait, a l'epoque, precoce et quasi universelle : presque toutes les femmes se
mariaient. Une proportion importante de celles-ci se mariait avant l'age de 20
ans (HERTRICH Veronique et PILON Marc, 1997). Cette forte intensite de la
nuptialite etait souvent renforcee par les regimes de polygamie, frequents en
Afrique, qui permettaient a toutes les femmes d'etre mariees meme si tous les
hommes ne l'etaient pas ou ne l'etaient que plus tardivement.
Certes, la definition du mariage n'est pas imposee par un acte
legal comme dans les pays europeens, mais dans pratiquement toutes les societes
africaines il existe une forme de mariage reconnue socialement, associee a une
ceremonie et a un echange de biens, ce qui permet d'utiliser ce concept dans
les enquetes demographiques.
Jusque vers 1960, continuent les auteurs, periode a laquelle
la plupart des pays africains ont accede a l'independance, la limitation des
naissances etait peu pratiquee, la fecondite des jeunes femmes etait tres
valorisee et l'essentiel de la fecondite se produisait apres le premier
mariage. Certes on notait des exceptions et dans certains groupes ethniques le
premier mariage n'etait celebre qu'apres que la jeune femme ait prouve sa
fecondite, mais ces cas restaient dans l'ensemble assez rares et cette
fecondite avant le premier mariage (fecondite premaritale) etait valorisee,
souhaitee par la femme et prise en charge par le groupe familial.
Leur analyse aboutit aux conclusions selon lesquelles le
premier mariage est retarde pour un ensemble de raisons : urbanisation rapide
et emploi des femmes (la demande pour le travail feminin augmente en milieu
urbain), scolarisation de plus en plus tardive des jeunes filles (bien au-dela
des ages traditionnels au mariage) et nouveaux modeles de vie souvent imites
des pays developpes grace a la diffusion des medias. Les jeunes femmes
expriment de nouvelles preferences pour l'activite economique moderne,
l'independance financiere, un mariage plus tardif et un choix personnel du
partenaire au lieu des mariages arranges par les familles. D'autre part, la
fecondite commence a etre mieux maitrisee, surtout en milieu urbain, grace a la
contraception moderne et au recours plus frequent a l'avortement. Cependant ce
contrOle de la fecondite touche peu les adolescentes : il est surtout le fait
des femmes plus agees, souvent mariees, ayant deja eu un ou plusieurs enfants
ou ayant atteint la descendance souhaitee.
Par ailleurs, les auteurs trouvent que la fecondite avant le
premier mariage n'est en general pas desiree, surtout chez les adolescentes et
les jeunes femmes scolarisees. Pour ces dernieres, la fecondite avant le
mariage signifie l'arr0t des etudes et de serieuses difficultes financieres.
Mime s'ils resistent a l'urbanisation et a la montee de l'individualisme, les
reseaux de solidarite familiale ne sont plus aussi structures et puissants
qu'autrefois et une naissance hors mariage exige de plus en plus que la mere
dispose d'un revenu independant pour subvenir aux besoins de l'enfant.
Apres avoir reconnu que la fecondite premaritale n'est pas un
phenomene propre . l'Afrique et qu'on le trouve dans certains pays europeens,
ainsi qu'aux Etats-Unis, surtout dans la population afro-americaine, les
auteurs exposent une serie de conclusions concernant l'Afrique.
Ils decouvrent que dans les pays pour lesquels les donnees
sont disponibles, la fecondite premaritale en Afrique est peu liee (au sens
statistique) aux principaux facteurs socio-demographiques : elle est cependant
positivement correlee au niveau d'instruction des femmes (r = 0,27) et a la
prevalence de la contraception (r = 0,47) ; elle est negativement correlee a
l'urbanisation (r = -0,13) et a l'islamisation (r = -0, 51).
Elle n'a pas de correlation significative avec la prevalence
du VIH/sida dans la population generale. Ce phenomene de forte fecondite
premaritale semble assez recent, datant d'une quinzaine d'annees en Afrique du
Sud en milieu rural par exemple. De ce fait les auteurs suggerent que
l'expansion geographique, la dynamique recente et les determinants de la
fecondite premaritale doivent faire l'objet d'etudes plus approfondies.
La rigoureuse analyse de Raimi FASSASSI (2001) aboutit sur des
conclusions tres enrichissantes que l'auteur expose comme suit. Les pratiques
contraceptives en Cote d'Ivoire sont encore faibles au regard des succes qui
ont pu etre atteints dans certains pays leaders d'Afrique subsaharienne moins
avances economiquement.
Alors qu'au Kenya, au Zimbabwe, au Botswana et en Afrique du
Sud, les progres de la contraception sont remarquables, en 1994, la
contraception totale n'etait en Cote d'Ivoire que de 16, 5% pour l'ensemble de
la population feminine en age de procreer ; la prevalence des methodes modernes
ne s'elevant qu'a 5,7% (N'Cho et al., 199 5).
Lorsque, de la population totale des femmes en age de
procreer, on retranche les femmes enceintes et celles qui sont en menopause, on
obtient la population designee ici comme potentiellement feconde. Pour
celles-ci, l'emploi de la contraception au moment de l'enquete se justifie
davantage. La prevalence contraceptive totale est alors de 19% tandis
que celle des methodes modernes remonte a 6,3%. Ces taux
restent insuffisants meme si l'environnement tres longtemps pronataliste et la
deficience de l'offre de moyens efficaces ont pu jouer un role important dans
le peu d'interet que la population a manifeste jusque la a la contraception
notamment moderne.
En Cote d'Ivoire, la contraception emergente peut encore etre
qualifiee de contraception d'elites meme si les besoins emanent de differentes
categories socioeconomiques. Les differentes variables retenues comme facteurs
explicatifs de la pratique contraceptive moderne rendent compte de niveaux
divers d'insertion des femmes dans la logique contraceptive.
En tout etat de cause, l'instruction de la femme, son milieu
de vie et son lieu de socialisation mais aussi l'a ge et l'activite sexuelle
sont des variables cles dont les combinaisons rendent le plus compte de la
pratique contraceptive. La femme utilisatrice des methodes modernes de
planification familiale appartient a la frange superieure de la classe plus
large des utilisatrices d'une methode non populaire de contraception.
L'utilisatrice d'une methode de contraception est une femme
plutOt jeune et instruite, socialisee et residant a Abidjan ou dans une grande
ville de Cote d'Ivoire. Elle vit dans un logement de bon standing avec un
conjoint egalement instruit et favorable a la planification familiale qui est
d'ailleurs souvent leur sujet de conversation. Elle retire une remuneration
monetaire d'une occupation qu'elle exerce dans son milieu de vie, le milieu
urbain, et elle est ouverte a l'ensemble des medias. Elle est dans la phase de
sa vie feconde oil les risques de grossesse sont importants. La contraception
lui sert d'ailleurs a espacer ses naissances qu'elle souhaite assez
limitees.
La femme non utilisatrice est quant a elle issue du milieu
rural. Elle est agricultrice tout comme son conjoint et n'a pas ete scolarisee.
Si elle regarde parfois la television ou ecoute la radio, la presse ecrite lui
est interdite du fait de son eloignement de la ville et de sa meconnaissance de
la langue frangaise. Elle n'a aucune envie de limiter sa descendance car elle
considere que cela relive de Dieu seul. Elle est issue d'un milieu pauvre et
habite un logement de bas standing.
Lorsque l'on prend l'odds ratio comme critere de
classification, la conjonction de la situation matrimoniale et de l'activite
sexuelle met en exergue le groupe des femmes non mariees mais sexuellement
actives pour qui la pratique contraceptive est tres elevee. Les variables qui
sont liees a l'accumulation du capital social emergent egalement. C'est le cas
des femmes qui ont acces a la presse ecrite ou qui s'informe aux travers des
emissions de television. C'est aussi le cas des femmes instruites dont le
statut social autorise une ouverture plus large sur le monde exterieur, le
monde occidental en particulier qui est la reference pour cette categorie de
femmes.
Lorsque par contre le pourcentage d'inhibition de la fecondite
cumulee sert de base a la classification des femmes, le niveau d'instruction
eleve de la femme, celui de son conjoint, l'insertion de l'homme ou de la femme
dans la sphere moderne de l'economie et le recours a la presse ecrite, sont les
principaux facteurs contributifs a l'adhesion de la femme a la planification
familiale.
Par ailleurs, AMEGEE Lambert (2001) a trouve que les jeunes en
Afrique sont plus exposes au risque d'accouchement en dehors du mariage et au
risque de contracter une IST/VIH/SIDA a cause du recul de l'age au mariage et
surtout a cause de la precocite des rapports sexuels.
En effet, les relations sexuelles se passaient jadis,
generalement dans le mariage surtout chez les femmes et la survenue d'une
grossesse entraine souvent l'entree en mariage. Dans son etude, l'auteur releve
que 44% des adolescents celibataires ages de 1 5-19 ans et 48% des adolescentes
celibataires de meme age sont sexuellement actifs. Les resultats de l'EDS
Togo-1998, revelent quanta eux que 20% des femmes de 1 5-19 ans ont eu leur
premier rapport sexuel a 1 5 ans exactement, alors que seulement 1 5% des
femmes ages au moment de l'enquete de 4 5-49 ans l'ont eu a ce meme age.
L'auteur note qu'au fil des generations, des changements sont intervenus dans
les comportements des hommes et des femmes.
En outre, les perceptions des individus sur la possibilite ou
non d'avoir des relations sexuelles avant le mariage et sur l'utilisation de la
contraception different d'une generation a l'autre, les programmes visant les
adolescents risquent ainsi de ne pas atteindre leurs objectifs si les parents
se constituent en barrieres pour l'adoption des pratiques sexuelles saines par
les jeunes. Jusqu'. nos jours, l'auteur fait remarquer qu'on connait tres peu
sur les perceptions parentales des comportements sexuels des adolescents. Alors
que ces informations sont tres importantes dans la conception meme des
programmes en Sante Reproductive en direction des jeunes.
Dans cette perspective, l'etude originale de cet auteur
s'avere interessante puisqu'elle prouve que les perceptions des parents sur les
comportements sexuels des adolescents different selon le genre. En outre, elle
montre que les declarations des enfants en matiere de communication avec leurs
parents au sein du menage different, selon le sexe de l'enfant par rapport au
pere ou a la mere, des declarations des parents sur le meme sujet.
Dans une certaine mesure l'article publie par KOUWONOU Kodjovi
(1996) fait ressortir d'importants resultats relatifs a la pratique de la
contraception. Celui-ci releve que la constitution des couples se fait selon
des regles tenant compte surtout des conditions sociales de chacun des
conjoints.
Le "marche matrimonial" est ainsi regi par des "lois" qu'il
faut bien comprendre pour mieux expliquer les differentes strategies
individuelles et collectives en matiere de procreation. C'est ainsi qu'en
combinant le milieu de socialisation et le niveau de scolarisation des
conjoints, son analyse a permis de degager quatre grands groupes d'unites
familiales. Chaque groupe d'unites familiales elabore des strategies
specifiques de reproduction.
Les conjoints (tous deux) instruits sont les plus enclins a
conclure leurs unions par une ceremonie coutumiere, une ceremonie civile et une
ceremonie religieuse. Par contre, dans les groupes de familles oil seul le mari
a ete a l'ecole et a passe au moins ses douze premieres annees de vie en ville,
les unions dites consensuelles representent une proportion relativement
importante. En outre, ces formes d'alliance sont doublees de la non
co-residence des conjoints.
Mieux l'etude montre que malgre les efforts consentis ici et
lA par les institutions de planification familiale, l'utilisation des methodes
modernes de contraception ne mobilise qu'une petite frange de la population,
meme dans les agglomerations urbaines. Il a ete observe que le niveau
d'instruction des parents joue un role important dans l'utilisation des
contraceptifs modernes.
Au sein des differentes unites familiales, il apparait
clairement que le niveau de la prevalence contraceptive est de loin plus
important dans les couches sociales oil les deux
conjoints ont ete scolarises. En fait, la scolarisation
influence beaucoup les comportements individuels. Ainsi, ce sont les femmes non
scolarisees qui sont davantage soumises aux traditions.
La litterature relative a la contraception avant le mariage et
les phenomenes sociodemographiques sous-jacents abondent aussi bien en
approches theoriques qu'en resultats empiriques. La principale remarque qui
peut se degager de prime abord de ces resultats signifies supra, est leur
diversite et/ou leur pluralite. Les auteurs semblent tout de mime s'accorder
sur l'influence sans faille de l'instruction et des facteurs de socialisation
dans l'etude des determinants des phenomenes de la contraception.
Les voies d'analyses, hormis celles empruntees dans quelques
etudes, explorent generalement les methodes statistiques les plus rigoureuses
et les mieux adaptees. Il convient toutefois de mener une reflexion approfondie
sur les phenomenes sociodemographiques et singulierement sur le phenomene de la
contraception pre-maritale, comme l'ont si bien signifie Michel GARENNE et
Juliette HALIFAX.
I.3- Originalité de l'étude
La presente analyse s'interesse a l'explication de la
contraception pre-maritale. Elle est fondee sur une methodologie purement
statistique et sur un echantillon qu'il serait interessant de presenter.
1.3.1/- Donnees et echantillons
Les donnees qui ont permis de realiser cette analyse trouvent
leurs sources dans les Enquetes Demographiques et de Sante (EDS)2.
Cette enquete a ete realisee sur 8 099 femmes Agees de 15 a 49 ans et habitant
la Cote d'Ivoire en 1998.
Dans la presente analyse, l'echantillon retenu touche les
femmes n'ayant jamais ete mariees. Pour ce faire, l'on a procede a une
selection d'echantillon en utilisant le statut matrimonial des femmes. Les
femmes mariees ou veuves au moment de l'enquete n'ont pas ete selectionnees. En
outre, toutes les femmes en union libre ont ete incluses dans la population des
femmes mariees pour tenir compte de la conception traditionnelle du mariage
comme mentionne par Michel GARENNE et Juliette HALIFAX (2000). L'echantillon
final se chiffre a 2 462 individus. On peut s'apercevoir clairement qu'en Cote
d'Ivoire, il y a une faible proportion des femmes n'ayant jamais contracte de
mariage.
Il aurait ete interessant d'eliminer les femmes infecondes ou
steriles afin d'etudier effectivement le comportement des femmes
potentiellement fecondes. Mais, la variable qui devrait renseigner sur
l'aptitude des femmes a feconder (la fertilite) n'est pas renseignee pour la
plupart des individus de l'echantillon.
Sous reserve de la fiabilite des donnees fournies, la base
peut renseigner sur des variables socioeconomiques telles que l'occupation de
l'enquetee, son milieu de vie, son niveau d'instruction et sa situation de
socialisation. Mais aussi, on peut y trouver des facteurs culturels tels que la
religion, l'ethnie ou le pays d'origine et la region d'origine. Tous ces
facteurs peuvent etre importants dans l'explication du recours a la
contraception avant
2 Les EDS sont des enquêtes à modules
standardisés développées par l'Institute for
Resource Development/Macro Systems inc, Calverton, USA. Les
données de ces enquêtes sont disponibles pour de nombreux pays en
développement, dont plusieurs pays africains.
le mariage. Par ailleurs, on peut noter que ces variables sont
en majorite des variables qualitatives a deux ou plusieurs modalites. Elles
imposent donc une methode specifique d'analyses statistiques qu'il importe
d'elucider.
I.3.2/-Methodologie de /'etude
La presente etude concilie les trois pistes d'analyses
statistiques telles que mentionnees dans la revue de litterature. Elle s'appuie
essentiellement sur l'analyse des donnees et la regression econometrique, deux
methodes rigoureuses de recherche des determinants des phenomenes
socioeconomiques.
Les caracteristiques de la population d'etude et certains
points peuvent etre abordes avec une approche descriptive sans toutefois devier
de l'objectif de l'etude. Ainsi, la connaissance et la pratique des methodes
contraceptives, la religion, le milieu de socialisation, le niveau
d'instruction ont ete decrites.
L'analyse des donnees, quant a elle, cherchera les differentes
liaisons entre les differentes variables de l'etude. La plupart des variables
etant categorielles, une analyse en composantes multiples (ACM) sera la mieux
indiquee. Toutefois, nous prendrons la precaution de transformer les variables
quantitatives en variables qualitatives en les partitionnant en classes. C'est
l'exemple de l'age.
Dans la modelisation econometrique, nous presenterons deux
modeles "probit". Ceci est du au fait que les variables a expliquer sont toutes
dichotomiques. Le premier modele cherchera a expliquer la connaissance des
methodes contraceptives et le second se penchera sur leur utilisation
effective. La conception de deux modeles tient au fait que la connaissance des
methodes contraceptives est un prealable a leur utilisation.
II- ANALYSES STATISTIQUES ET RESULTATS
II.1 Quelques caractéristiques de la population
d'étude
Dans cette partie, une vue generale sur la variable d'interet
a savoir le recours a la contraception materialisee par l'utilisation effective
des contraceptifs, sera presentee. Il serait aussi interessant d'avoir les
statistiques sur la connaissance de la contraception et quelques variables
susceptibles d'influencer le phenomene etudie. Ainsi, nous aborderons
successivement la connaissance des methodes contraceptives, l'utilisation des
methodes contraceptives, le milieu de residence, le niveau d'education, la
religion et le statut d'occupation.
II.1.1/- Connaissance des methodes contraceptives
Figure 1: Repartition des femmes en fonction de leur
connaissance des méthodes
Moderne
81,7%
Ne connait aucune
16,7%
Traditionnel
1,6%
Source: EDSFEMCI98, nos calculs
Les modalites "ne connait aucune", "Traditionnel", et
"Moderne" correspondent respectivement aux enquetees ne connaissant aucune
methode contraceptive, connaissant seulement des methodes contraceptives
traditionnelles et connaissant obligatoirement au moins une methode moderne et
eventuellement les methodes traditionnelles. On se rend a l'evidence que les
femmes jamais mariees connaissant les methodes contraceptives modernes sont
majoritaires. Elles representent en effet plus de 80% de la population. Celles
qui n'en connaissent pas du tout ne representent que 16,7% de la population.
Ces chiffres sont tres differents de ceux proposes par d'autres auteurs pour
des annees anterieures. Ceci peut etre explique non seulement par le fait que
la population que nous choisissons ici est restreinte aux femmes jamais mariees
mais aussi et surtout par le fait qu'au fil des annees, l'information
s'ameliore.
L'analyse de la connaissance des methodes contraceptives
laisse ainsi apparaitre la disparition des canaux traditionnels de
communication et de transmission d'informations en matiere de sexualite que
sont le mariage et l'initiation. Elle fait ressortir, comme on peut
le constater sur la figure 1, une relative forte vulgarisation
des methodes modernes mais aussi un taux d'ignorance de methodes contraceptives
non negligeable.
11.1.2/- Utilisation de methodes contraceptives
La question qu'on peut se poser a ce niveau est de savoir si
les femmes bien que connaissant les methodes contraceptives en general les
utilisent dans leur vie de tous les jours. Meme si plus de 80% des femmes
connaissent les methodes contraceptives seulement 44% les utilisent. Parmi
celles qui les utilisent 31,4% ont recours aux methodes modernes et 12,6%
utilisent uniquement les methodes traditionnelles.
Dans la sous population des femmes n'utilisant aucune methode
contraceptive figurent celles qui sont infecondes et celles qui n'ont jamais eu
de relation sexuelle. Ces deux classes contiennent des femmes qui n'ont
certainement aucune raison d'en utiliser.
Figure 2: Repartition des femmes en fonction de
l'utilisation des méthodes contraceptives
Moderne
31,4%
Traditionnel
12,6%
Aucune
56,0%
Source: EDSFEMCI98, nos calculs
11.1.3/- Milieu de residence
Le milieu de residence est une des variables qui par
excellence permet de capturer les differences de comportement entre les
personnes des milieux ruraux et celles des milieux urbains dans les analyses de
donnees. L'echantillon que nous etudions contient 88, 5% d'individus dans les
zones urbaines et seulement 11, 5% dans les zones rurales. Ces chiffres sont en
conformite avec la realite selon laquelle la Cote d'Ivoire connait une forte
urbanisation depuis de nombreuses annees.
Figure 3: répartition des femmes en fonction du
milieu de résidence
11,5%
Rural
88,5%
Urbain
Source: EDSFEMCI98, nos calculs
11.1.4/- Niveau d'education
Figure 4: Repartition des femmes selon le niveau
d'instruction
Superieur
1,1%
Sans niveau
Secondaire
51,6%
21,1%
26,2%
Primaire
Source: EDSFEMCI98, nos calculs
La contraception est souvent abordee dans les programmes
scolaires en Cote d'Ivoire au secondaire. Cette variable nous permet donc de
voir si effectivement cet
enseignement est effectif dans nos structures scolaires.
D'autre part, elle nous permettra de savoir si le recours a la contraception
des femmes jamais mariees ne depend pas de leur niveau scolaire. Ici encore,
force est de reconnaitre que le niveau scolaire des femmes en Cote d'Ivoire
reste bas. En effet, environ 80% de notre population cible ne depassent pas le
niveau primaire et plus de 55% n'ont jamais frequente des etablissements
scolaires. En outre, seulement 1,1% des femmes concernees ont atteint le niveau
superieur. Ce qui s'accorde avec le probleme de l'instruction de la fille en
Afrique. Ce fait peut naturellement avoir des repercussions sur le comportement
sexuel de ces dernieres.
11.1.5/- Religion
Figure 5: Répartition des femmes selon la
religion
36,1% 16,5%
Islam Protestant
18,3%
Autre
Catholique
29,1%
Source: EDSFEMCI98, nos calculs
La pratique d'une religion suppose le respect de certaines
institutions et l'acquisition de certaines valeurs morales pouvant influencer
considerablement le comportement sexuel. A ce titre la variable « Religion
» est indispensable dans l'etude de la sexualite. Dans la population de
femmes retenue, l'on note 4 5,6% de chretiennes dont 29,1% catholiques et 16,
5% protestantes. Les femmes pratiquant l'islam representent 36,1% de la
population et sont suivies par celles pratiquant d'autres religions ou n'ayant
pas de religion. Ces dernieres constituent plus de 18% de la population
d'etude. Cette analyse revele que les religions etaient assez diversifiees et
presque equilibrees en Cote d'Ivoire en ce qui concerne les femmes en 1998.
11.1.6/- Statut d'occupation
Figure 6 : répartition des femmes selon leur
statut d'occupation
Occupée
64,9%
35,1%
Non occupée
Source : nos calculs
En raison de l'absence d'autres variables economiques c'est
seulement le statut d'occupation qui sera utilise. On constate que la majorite
des femmes sont occupees. Seulement 3 5,1% des femmes qui n'ont aucune
occupation. Parmi elles, doivent certainement figurer des eleves et des
personnes inaptes au travail.
Les caracteristiques des femmes ont ete presentees pour des
variables suggerees par la revue de litterature comme des facteurs
incontournables dans l'explication de la contraception. Cependant, ne serait-il
pas interessant d'introduire d'autres variables et de tester leur influence sur
les variables caracterisant la contraception par le biais d'une analyse de
donnees.
II.2- Analyse des données
L'analyse descriptive ne pouvant pas cerner les correlations
multiples, l'approche factorielle s'avere necessaire. Les variables de l'etude
etant toutes qualitatives ou pouvant etre regroupees en classes, l'analyse en
composantes multiples (ACM) est la methode d'analyses des donnees la mieux
indiquee.
11.2.1/- Les variables de /'etude
Le nuage des variables nous permet de determiner les variables
socioeconomiques et culturelles qui influencent la contraception pre-maritale.
Ce phenomene est capte par les variables "Utilisation des methodes
contraceptives" et "Connaissance des methodes contraceptives". Ces deux
variables sont dichotomiques et traduisent respectivement l'utilisation et la
connaissance des methodes contraceptives dans la sous population des femmes non
mariees en age de procreer vivant en Cote d'Ivoire en 1998. En plus de
cellesci, l'on peut regarder une troisieme variable "la frequence d'utilisation
des methodes" pour etudier le comportement sexuel de ces femmes.
Ces trois variables qui constituent les variables endogenes de
la contraception premaritale sont susceptibles d'etre expliquees par certaines
variables (variables exogenes) qu'il convient de decrire.
· Les variables d'ordre social
Au nombre des nombreux facteurs sociaux susceptibles
d'influencer le recours a la contraception avant le mariage, l'on peut
mentionner les six variables suivantes :
ü Le milieu de vie ou de residence de l'enquetee : c'est
une variable a deux modalites (Urbain, Rural). Dans les pays sous-developpes,
le milieu urbain est l'unique centre d'informations et d'acces aux produits
modernes. Elle permet aussi de mesurer le poids de la tradition sur le
phenomene.
ü Le type de ville habit*e par l'enquetee : la notion de
ville est administrative, la realite et l'experience africaine montrent que les
capitales sont les centres de toutes les activites et de toutes les
informations.
ü Le niveau d'education ou d'instruction de l'enquetee :
c'est une variable capitale en ce sens qu'elle est suggeree par la revue de la
litterature et l'education constitue aujourd'hui la clef de voilte de
l'individu. Plus il est instruit mieux il s'adapte facilement aux nombreuses
difficultes qui se posent A lui. Par ailleurs, les filles qui vont a l'ecole
ont le souci d'eviter au maximum les grossesses pour pouvoir continuer leurs
etudes.
ü Le niveau d'alphabetisation : l'alphabetisation
conditionne tout comme l'instruction l'existence de l'individu dans la societe
moderne et peut influencer considerablement ses comportements quotidiens.
ü Le sexe du chef de menage : cette variable peut cerner
l'influence des parents sur les comportements des enfants en periode
d'adolescence et donc d'exposition a la sexualite. Dans les societes
traditionnelles africaines, les jeunes filles discutent rarement de la
sexualite avec leurs parents surtout leur pere.
ü L'education du partenaire : dans la mesure ou les
hommes semblent jouer le role de decideurs en Afrique, le niveau d'education du
partenaire est indispensable pour expliquer le comportement de la jeune
fille.
· Les variables culturelles
Elles sont plurielles et peuvent varier d'une societe a
l'autre. Dans le cas des pays en voie de developpement, l'on peut retenir :
ü Lire le journal, *couter la radio et re garder la
television : ces trois variables peuvent influencer le niveau de connaissance
de l'enquetee dans le domaine de la contraception et peser considerablement sur
son comportement sexuel.
ü Re garder une emission du planning familial A. la
television ou en *couter A. la radio : ce sont des variables dichotomiques
capturant le niveau de connaissance de l'enquetee sur la planification
familiale et les mesures contraceptives sous-jacentes. Ces mesures, si elles
sont correctement cernees, peuvent influencer le comportement de la femme.
ü La religion : les pratiques religieuses induisent
generalement des externalites positives car elles permettent de par les valeurs
morales qu'elles prenent d'influencer les comportements sexuels des jeunes.
· Les variables d'ordre economique
Elles sont liees a la situation economique et financiere de
l'enquetee. Les facteurs economiques peuvent conditionner le recours a la
contraception afin d'eviter les grossesses et preserver ainsi son emploi. On
peut citer :
ü Le statut d'occupation de l'enquetee : on peut
supposer que le fait d'etre occupee reduit le champ d'une femme de prendre des
grossesses non contrOlees et peut inciter au recours a la contraception.
ü Le type d'occupation : il vient parfaire le premier
facteur car le fait d'etre occupee ne suffit pas pour affirmer que la femme
aura recours a la contraception. Il faut que le travail effectue pose des
contraintes. En outre, le type de l'occupation permet de savoir la capacite
financiere de la femme et peut lui permettre de s'approprier facilement les
contraceptifs modernes les plus efficaces.
A cote de ces variables socioeconomiques et culturelles, on
peut retenir comme variable explicative, "l'age de l'enquetee" et d'autres
variables caracteristiques du comportement sexuel de la femme3. L'on
peut ainsi dresser un panorama aussi complet que possible des variables
socioeconomiques et culturelles determinant le recours a la contraception avant
le mariage. De toutes ces variables, quelles sont celles qui ont pese
lourdement sur le recours a la contraception des femmes vivant en Cote d'Ivoire
au cours de l'annee 1998?
11.2.2/-Analyse du nuage des variables
Le nuage des variables en ACM permet d'interpreter la
proximite entre les modalites des variables de l'etude. Il faut rappeler que la
proximite entre les modalites d'une meme variable s'interprete comme une
ressemblance des individus qui les possedent. Par contre, la proximite entre
deux modalites de deux variables differentes s'interprete comme une association
de modalites.
3 On peut par exemple retenir l'âge à
la première relation sexuelle, le nombre d'enfants avant la
première utilisation de méthodes contraceptives, le nombre
idéal d'enfants, la connaissance du cycle menstruel....; Autant de
variable qui feront l'objet de vérification
économétrique.
Figure 7 : nuage des variables issu de l'Analyse en
Composantes Multiples.
Source : nos calculs
La figure 6 nous presente les proximites entre les modalites
des variables de notre etude et nous permet de trouver certains determinants de
la contraception pre-maritale en Cote d'Ivoire.
Les modalites en couleur rose constituent les 70% des
modalites les mieux representees par les facteurs 1 et 2 (leurs cosinus carres
sont eleves et leurs contributions a la formation de ces axes sont fortes.). Ce
sont donc ces modalites qui seront interpretees.
Nous pouvons noter a l'aide de la figure ci-dessus qu'il
existe deux groupes d'association de modalites ou de ressemblance d'individus.
Ces deux groupes sont situes de part et d'autre de l'axe vertical (facteur
2.).
Dans le premier groupe situe a droite du facteur 2, on observe
une proximite entre les modalites suivantes:
ü C9=3 correspondant aux femmes qui ont le niveau
secondaire,
ü C10=1 qui correspond aux femmes qui savent lire
aisement,
ü C11=2 designant les femmes qui lisent les journaux au
moins une fois par semaine,
ü =1. C'est la modalite des femmes utilisant couramment les
contraceptifs,
ü 3=1 et 2=1 representent les femmes ne travaillant pas,
ü "Utilise" est la modalite des femmes utilisant des
methodes contraceptives,
ü C9= 2 indique les femmes ayant le niveau primaire,
ü C13=2 represente l'ensemble des femmes ecoutant la radio
au moins une fois par semaine,
ü 1=1 indique les femmes ayant un partenaire sans
niveau,
ü "Connait" est la modalite indiquant les femmes qui
connaissent des methodes contraceptives,
ü "Urbain" indique les femmes citadines,
ü C12=2 correspond aux femmes regardant au moins une fois
par semaine la television,
ü 1=4 designant les femmes dont les partenaires ont le
niveau superieur,
ü C9=2 est la modalite des femmes ayant le niveau
primaire.
Dans le deuxieme groupe qui est a gauche du facteur 2, on
retrouve les modalites suivantes :
ü C12=1. Ce sont les femmes ne regardant pas la
television,
ü "Ne connait aucune". Ce sont les femmes qui n'ont
connaissance d'aucune methode contraceptive,
ü "Autre religion" fait reference aux femmes qui ne sont
pas chretiennes ni islamistes,
ü "N'utilise pas" designe les femmes qui n'utilisent pas de
methodes contraceptives,
ü C13=1. Cette modalite designe les femmes n'ecoutant pas
la radio,
ü 1=3. Ce sont les femmes dont les partenaires ont un
niveau secondaire,
ü C11=1 fait reference aux femmes ne lisant pas les
journaux,
ü 2=2. Ce sont les femmes qui travaillent,
ü C10=3 designe les femmes ne sachant pas lire du tout,
ü "Islam" correspond aux femmes islamistes,
ü 3=4. Ce sont des femmes qui menent de petites activites a
leur propre compte a domicile.
Ce sont en general, les femmes qui ont un niveau secondaire,
qui savent lire aisement. Ce sont encore elles qui lisent les journaux et qui
utilisent couramment les contraceptifs.
Les femmes citadines ont en general le niveau primaire et un
partenaire sans niveau. Ces dernieres ecoutent la radio, regardent la
television et connaissent les methodes contraceptives.
Les femmes qui ont le niveau secondaire ont beaucoup de
ressemblances avec celles qui ont le niveau primaire. Elles s'informent, que ce
soit par la radio, par les journaux que par la television. Enfin, elles ont
recours aux methodes contraceptives.
Les femmes islamistes menent en general une petite activite a
leur propre compte a domicile. Elles ne savent pas lire du tout, donc
naturellement ne lisent pas les journaux.
Elles ne s'informent guere mais elles ont souvent des partenaires
ayant le niveau secondaire. En definitive, elles n'utilisent pas les
contraceptifs.
En outre, les femmes n'ayant pas de religion ou pratiquant des
religions autres que les religions chretienne et musulmane ne regardent pas la
television et ne connaissent aucune methode contraceptive. Ainsi, tout comme
les femmes islamistes, elles n'auront pas recours aux contraceptifs.
L'analyse des donnees via l'analyse en composantes multiples
(ACM) nous aura permis de detecter quelques variables pouvant influencer la
connaissance ou l'utilisation des methodes contraceptives. Elle suggere que le
milieu social de la femme, son niveau d'instruction et certains aspects
culturels tels que sa religion et ses sources d'informations peuvent etre
determinants dans le comportement face a la contraception avant le mariage.
Mais l'analyse factorielle a pour but essentiel de ramener dans le champ visuel
les correlations entre plusieurs variables. Les conclusions tirees de la
proximite de ces variables peuvent souffrir de la subjectivite dans
l'appreciation des proximites. Il serait donc interessant d'inspecter d'autres
methodes qui fournissent des estimateurs ideaux des degres de proximites entre
les variables.
II-3 Analyse économétrique
Dans cette partie, nous allons proposer deux modeles ; le
premier tentera d'expliquer la connaissance des methodes contraceptives par les
variables suggerees par l'analyse des donnees et le second relevera les
facteurs socioeconomiques et culturels qui influencent la contraception
pre-maritale.
TT.3.1/- La connaissance des methodes contraceptives
La variable dependante ou a expliquer est la "connaissance des
methodes contraceptives". A cette variable sont associees deux modalites qui
sont 0 et 1. Si l'enquetee ne connait aucune methode contraceptive alors elle
prend la valeur 0 et 1 sinon. La nature dichotomique de cette variable impose
l'econometrie des variables qualitatives. Nous ne presenterons que les
resultats du modele "probit" etant donne que la regression logistique fournit
presque les memes resultats. L'estimation est faite sur la probabilite de
posseder la modalite 1 de la variable dependante.
Pour les estimations econometriques, nous engendrons de
nouvelles variables. Celles-ci decoulent des variables qualitatives ayant au
moins trois modalites. Ainsi, si une variable qualitative a m modalites, on la
transforme en m-/ variables dichotomiques basees sur ses modalites. Les
definitions des variables pertinentes sont regroupees dans le tableau suivant
:
Tableau 1 : Définitions des variables pertinentes
de l'étude
VARIABLES
|
MODALITES
|
DEFINITIONS
|
CHRETIENNES
|
0
|
Femme non chretienne
|
1
|
Femme chretienne
|
JOURNAL
|
0
|
Femme lisant le journal au moins une fois par semaine
|
1
|
Femme ne lisant pas le journal
|
MILIEU
|
0
|
Femme vivant en milieu urbain
|
1
|
Femme vivant en milieu rural
|
BAS NIVEAU
|
0
|
Femme n'ayant pas excede le niveau primaire
|
1
|
Femme ayant excede le niveau primaire
|
PF RADIO
|
0
|
Femme n'ayant jamais entendu parle de planning familial a la
radio
|
1
|
Femme ayant ecoute des emissions de planning familial a la
radio
|
RADIO
|
0
|
Femme n'ecoutant pas la radio
|
1
|
Femme ecoutant la radio au moins une fois par semaine
|
TRAVAIL
|
0
|
Femme occupee
|
1
|
Femme non occupee
|
TV
|
0
|
Femme qui ne regarde pas la television
|
1
|
Femme qui regarde la television
|
CYCLE
|
0
|
Femme qui ne connait pas son cycle menstruel
|
1
|
Femme qui connait son cycle menstruel
|
ISLAM
|
0
|
Femme non islamiste
|
1
|
Femme islamiste
|
SERE DU CM
|
0
|
Chef de menage homme
|
1
|
Chef de menage femme
|
Source : les auteurs
Les resultats obtenus dans le cas des femmes jamais mariees,
agees de 1 5 a 49 ans vivant en Cote d'Ivoire en 1998 sont consignes dans le
tableau suivant :
Tableau 2 : déterminants de la connaissance des
méthodes contraceptives (Probit)
Variable Dépendante : CONNAISSANCE METHODE
|
Nombre d'observations : 2462
|
Variables
|
Coefficients
|
Erreur type
|
Proba
|
CHRETIENNES
|
0,378998
|
0,0869 54
|
0,0000
|
JOURNAL
|
0,8 53997
|
0,181666
|
0,0000
|
MILIEU
|
-1,36796 5
|
0,106116
|
0,0000
|
BAS NIVEAU
|
-1,017472
|
0,248848
|
0,0000
|
PF-RADIO
|
0,414282
|
0,1749 52
|
0,0179
|
RADIO
|
0,334782
|
0,090 554
|
0,0002
|
TRAVAIL
|
0,241060
|
0,083347
|
0,0038
|
TV
|
0,436202
|
0,08 5910
|
0,0000
|
C
|
1,360008
|
0,260383
|
0,0000
|
Statistique LR
|
812,3839
|
R2 de McFadden
|
Probabilite (LR stat)
|
0,000000
|
0,36 5822
|
Source : nos calculs
Dans ce modele, la constante est significative et permet
d'interpreter le R2 de Mc Fadden. Ce R2 est a peu pres de
0,37 ; ce qui est faible mais la statistique LR est significative au seuil de
1%. Ce qui signifie que le modele est globalement significatif et donc
acceptable. On peut ainsi interpreter les resultats obtenus.
L'on peut noter de prime abord que toutes les variables du modele
sont statistiquement significatives au seuil de 2%.
La constante est positivement significative et suggere qu'il y
a une probabilite a priori non nulle qu'une femme de notre echantillon
connaisse des methodes contraceptives. En absence de tout autre phenomene, une
femme en age de procreer, n'ayant jamais ete mariee, a des chances non
negligeables de connaitre des methodes contraceptives. Le milieu naturel dans
lequel evolue toute femme lui donne ainsi une chance au premier abord de
connaitre une methode contraceptive.
Etre chretienne augmente la chance d'une femme de connaitre
les methodes de contraception. Ceci pourrait s'expliquer de plusieurs facons
dont certaines seront presentees dans la partie discussion de notre analyse.
La lecture des journaux apporte plus de chances aux femmes de
connaitre au moins une methode contraceptive. Il en est de meme pour les femmes
qui ecoutent la radio ou celles qui regardent la television. Ainsi, les
contacts avec les medias donnent des chances assez elevees aux femmes de
connaitre des methodes contraceptives.
Les emissions de planning familial s'accompagnent de fa9on
incontournable de propositions de methodes permettant soit de limiter ou
d'espacer les naissances. Il est alors assez evident qu'ecouter les emissions
de planning familial augmente chez la femme les possibilites de connaitre ces
methodes.
Vivre en milieu rural ou urbain n'est pas sans importance sur
la disponibilite des certaines informations en particulier la connaissance des
methodes contraceptives. De
fa9on plus precise, le milieu rural agit negativement sur la
connaissance des methodes contraceptives.
Le niveau d'instruction ou d'education de la femme elargit son
champ de connaissance singulierement sur l'ensemble des methodes de
contraception. En effet, celles dont le niveau n'excede pas le primaire ont
tendance a ignorer ces methodes.
L'occupation de la femme a des repercussions positives sur son
niveau d'informations. Pour preuve, elle augmente la chance d'une femme de
connaitre au moins une methode contraceptive.
La connaissance des methodes contraceptives depend a la fois
des facteurs socioeconomiques et culturels. Si le milieu de residence, la
religion, le niveau d'instruction, le contact avec les medias et l'occupation
de la femme influencent considerablement son niveau de connaissance des
methodes contraceptives, en est-il de meme en ce qui concerne l'utilisation
effective de ces dernieres?
~~~~~~~~~ Le recours a la contraception
La variable dependante est ici "l'utilisation des
contraceptifs". Elle prend la valeur 1 si l'enquetee utilise des contraceptifs
et 0 sinon. Les chances d'utilisation des contraceptifs dans la sous population
des femmes jamais mariees, en age de procreer et vivant en Cote d'Ivoire, ont
ete relevees par le biais d'un modele "probit" dont les resultats sont les
suivants :
Tableau 3 : déterminants du recours à la
contraception (probit)
Variable Dépendante: UTILISATION METHODE
|
Nombre d'observations : 2462
|
Variables
|
Coefficients
|
Erreur type
|
z-Stat
|
Probabilité
|
CYCLE
|
-0,374318
|
0,08 5188
|
-4,394031
|
0,0000
|
ISLAM
|
-0, 52 58 55
|
0,060208
|
-8,734023
|
0,0000
|
JOURNAL
|
0, 58441 5
|
0,0703 58
|
8,306307
|
0,0000
|
MILIEU
|
-1,184294
|
0,132978
|
-8,90 5914
|
0,0000
|
PF-RADIO
|
0,380209
|
0,083624
|
4, 546664
|
0,0000
|
RADIO
|
0,2 5640 5
|
0,063111
|
4,062742
|
0,0000
|
SEXE DU CM
|
0,2 50390
|
0,067317
|
3,719 569
|
0,0002
|
BAS NIVEAU
|
-0,429626
|
0,0 5542 5
|
-7,7 51 529
|
0,0000
|
TV
|
0,128441
|
0,06 5444
|
1,962607
|
0,0497
|
Source : nos calculs
La constante est omise car elle n'est pas statistiquement
significative meme au seuil de 10%. La Statistique LR qui joue le role de la
statistique de Fisher de significativite globale du modele est statistiquement
significative au seuil de 1%. Donc le modele du recours a la contraception est
globalement significatif, ce qui rend interpretables les resultats obtenus.
Toutes les variables du modele sont significatives au seuil de 5%.
On peut noter qu'il y a quatre (4) variables ayant un impact
negatif sur la probabilite d'utiliser les contraceptifs chez les femmes. Ce
sont en occurrence, la maitrise du cycle d'ovulation, la pratique de l'islam,
la residence en milieu rural et le bas niveau d'instruction.
La maitrise du cycle d'ovulation par la femme diminue ses
chances de recourir a la contraception. Ceci est previsible car elle peut
penser qu'elle n'a pas besoin de precautions supplementaires.
Si l'islam n'influence pas significativement la connaissance des
methodes contraceptives, on ne peut en dire de meme de leur utilisation.
Etre en milieu rural diminue les chances de la femme
d'utiliser les contraceptifs. On pouvait s'attendre a ce resultat. En effet,
dans le modele precedent il a ete constate que le milieu rural influait
negativement sur les chances de connaitre ces methodes. L'utilisation d'une
methode devant supposer sa connaissance au prealable.
Le bas niveau d'instruction d'une femme affecte negativement ses
comportements contraceptifs.
Par ailleurs, des variables telles que "avoir un chef de
menage femme" ou "lire les journaux" ou "ecouter la radio" ou "suivre des
emissions de planning familial" ou encore "regarder la television" ont des
impacts significativement positifs sur la probabilite d'utilisation des
contraceptifs chez la femme.
Le contact avec les medias s'affirme encore determinant dans
les facteurs incitatifs du recours a la contraception. La connaissance etant un
prealable naturel a l'utilisation, le role stimulateur des medias s'avere
justifie.
Le sexe du chef de menage a un impact certain sur
l'utilisation des contraceptifs. Ici, etre dans un menage avec comme chef de
menage une femme, augmente ses chances d'utiliser les methodes
contraceptives.
En plus des variables habituellement rencontrees dans les
autres etudes de ce genre a savoir les variables socioeconomiques et
culturelles, notre etude a tenu compte de plusieurs autres variables dont le
sexe du chef de menage dans lequel reside l'enquetee et la connaissance ou la
maitrise du cycle d'ovulation. Ces dernieres se sont averees significatives.
En outre, les differents resultats obtenus depuis l'analyse
exploratoire des donnees jusqu'a ce dernier modele comportant une originalite,
en passant par l'analyse des donnees, suggerent quelques reflexions. Il
convient de les presenter sous forme de discussions et d'enseignements.
III- DISCUSSION ET ENSEIGNEMENTS DES RESULTATS
Cette partie va essayer de concilier les differents resultats
obtenus depuis le debut de l'etude. Elle va aussi tenter d'apporter des
explications plausibles aux differents constats techniques des methodes
statistiques.
La connaissance des methodes contraceptives est presqu'un
acquis en Cote d'Ivoire au regard des chiffres de 1998. En effet, plus de 80%
des femmes connaissent au moins une methode contraceptive. De surcroit, la
plupart des methodes connues sont modernes. Mais, c'est au niveau de leur
utilisation effective que le probleme se pose. On a pu le constate, plus de 55%
des femmes n'utilisent pas de contraceptifs. C'est un taux assez eleve compare
aux resultats d'autres pays comme le Zimbabwe, le Kenya. On peut alors se poser
la question de savoir les principaux facteurs qui conditionnent ce
comportement.
III.1 Les facteurs économiques
Ici, il faut souligner que seuls le statut et le type
d'occupation etaient correctement renseignes dans la base pour servir de
variables economiques. Le revenu aurait ete plus pertinent. Mais, comme il ne
figurait pas dans la base, ce sont ces variables qui pouvaient representer au
mieux les facteurs economiques. Le type d'occupation n'ayant pas d'influence
sur la contraception en general, c'est le statut d'occupation qui sera evoque
dans toute la suite.
Force est de constater que le statut d'occupation influence la
connaissance des methodes contraceptives. On le sait, le monde du travail est
le lieu d'emulation des competences et de l'activite intellectuelle donnant
lieu tres souvent a des discussions. Ces divers contacts favorisent la
circulation de l'information. C'est ainsi qu'on peut augmenter ses chances de
tomber sur des debats concernant la contraception, y participer et en tirer des
lecons. Ces connaissances acquises peuvent profiter a d'autres femmes (femmes
ne travaillant pas eventuellement) et par un effet "boule de neige" ou "toile
d'araignee", l'information peut atteindre presque toutes les femmes memes
celles les plus reculees (eloignees de l'information.).
Cependant la pratique de la contraception est loin d'etre le
fait du statut d'occupation d'une femme. Disposer de l'information est bien
plus aise que pouvoir profiter de celle-ci en matiere de contraception. En
effet, d'autres facteurs tels que la morale, le comportement du partenaire, et
l'environnement social ont souvent beaucoup plus d'effets sur le comportement
de l'individu.
C'est donc dans d'autres types de variables qu'il faudra
rechercher les determinants de l'utilisation des methodes contraceptives.
III.2 Les facteurs culturels
L'exposition aux medias, faisant partie integrante de la
culture de l'individu, a ete ajoutee a la religion pour percevoir l'influence
des facteurs culturels sur la contraception pre-maritale.
L'exposition aux medias influence aussi bien la connaissance
que la pratique des methodes contraceptives. Les medias presentant des
emissions sur le planning familial et la
contraception amenent les individus a reviser leurs positions
sur certains points. A la difference de l'information apprise sur les lieux de
travail, l'information mediatique a plus de poids, c'est-A-dire est plus fiable
et mieux acceptee par les populations. En outre, l'information que propagent
les medias a une plus grande envergure et permet de toucher le maximum
d'individus. Il serait alors assez interessant de produire plus d'emissions
d'informations sur le planning familial, la contraception pour permettre aux
femmes de plus s'impregner de leurs bienfaits en vue de leur mise en ceuvre
effective. Par ailleurs, la consideration des moyens d'informations comme
produits de grande necessite est importante pour avoir une population mieux
informee et plus receptive aux actions a mener pour lutter efficacement contre
les problemes de societe.
La religion quant a elle agit differemment sur la connaissance et
la pratique des methodes contraceptives selon qu'on est chretien ou
musulman.
Pratiquer la religion catholique augmente ses chances de
connaitre au moins une methode contraceptive. Cela peut etre l'effet induit par
la presence de la plupart des chretiennes dans les milieux urbains. Et quand on
se rend a l'evidence que le milieu urbain est par excellence l'espace de
divulgation rapide de l'information, il devient naturel que les chretiennes
aient plus de chance d'avoir entendu au moins une fois parler de contraception.
Toutefois, etre catholique n'influence pas ses chances d'utiliser des methodes
contraceptives. Cette religion interdit les relations sexuelles avant le
mariage religieux. Elle ne peut donc pas conseiller a ces fideles d'utiliser
des contraceptifs avant le mariage. Seule l'abstinence est de facon implicite
exigee.
Quant a la religion musulmane, elle n'a pas d'effet net sur la
connaissance des methodes contraceptives. Ceci peut etre du au fait que la
plupart des femmes musulmanes ne sont pas instruites, donc ont peu acces aux
informations en langue frangaise et ont donc peu de chance de discuter des
methodes contraceptives entre elles. Pis encore, etre musulmane reduit ses
chances d'utiliser les methodes contraceptives. Cela peut etre du au fait que
ces genres de pratique restent un tabou pour ces dernieres ou qu'elles ignorent
totalement leur existence.
A cote de ces facteurs culturels, on peut noter d'autres
facteurs qui influencant la contraception pre-maritale relevent des
considerations sociales dans lesquelles vit la femme.
III.3 Les facteurs sociaux
Le milieu de residence, le niveau d'instruction et le sexe du
chef de menage ont ete les variables sociales les plus pertinentes de l'etude
de la contraception.
Le milieu rural qui reflete les pratiques traditionnelles
s'est signale de facon indefectible comme un milieu refractaire et hostile a la
connaissance et a la pratique de la contraception. La femme residant en milieu
rural est tres loin d'etre informee sur les methodes contraceptives. Et
partant, elle ne les utilise guere. La proportion des femmes ayant connaissance
des methodes contraceptives est elevee et suggere que les femmes rurales sont
en faible nombre. Il convient donc de les cibler et de mettre en place des
programmes d'information et de sensibilisation pouvant toucher cette frange de
la population.
Les femmes ont un bas niveau d'instruction. En effet, environ
78% de celles-ci n'ont pas atteint le niveau secondaire et pres de 57%
demeurent sans aucun niveau d'education.
Cette situation defavorise aussi bien la connaissance des
methodes contraceptives que leurs pratiques effectives. En outre, le niveau
d'education des hommes n'a aucune influence significative sur le comportement
des femmes. Or on s'attendait a ce que les hommes d'un plus haut niveau
puissent guider leur partenaire. Face a cette situation, il serait preferable
de donner plus de chance a la femme de poursuivre le plus loin possible ses
etudes car elle est la mieux placee pour apprecier son comportement face a la
contraception.
L'environnement familial dans lequel vit la femme est tres
important dans l'analyse de ses comportements sexuels. Mieux, vivre dans un
menage oil le chef est du meme sexe augmente les chances de la femme d'etre
utilisatrice des methodes contraceptives. Certainement que l'homme ne constitue
pas en soi un frein a la contraception mais sa presence dans le menage peut
etre un facteur dissuasif des debats de sexualite entre filles et meres.
Dans la recherche des determinants de la contraception
pre-maritale, le niveau d'instruction, l'exposition aux medias et le milieu de
residence se sont averes comme des variables universelles. Une des originalites
de notre etude est d'avoir introduit des variables telles que le sexe du chef
de menage et la connaissance du cycle d'ovulation. Elles ont ete significatives
sur le phenomene et constituent ainsi une nouvelle gamme de variables pour les
etudes anterieures.
CONCLUSION
Cette etude avait pour but de cerner les differents facteurs
socioeconomiques et culturels conditionnant le recours a la contraception avant
le mariage. Se basant sur les donnees de l'Enquete Demographique et de Sante
(EDS) realisee sur un echantillon de femmes vivant en Cote d'Ivoire en 1998,
notre analyse s'est articulee autour de trois points essentiels.
Le premier point s'est attele a presenter quelques
caracteristiques essentielles de la population d'etude. Ainsi l'on a pu
constater que la majorite des femmes avait connaissance des methodes
contraceptives (83,3%). Cependant, beaucoup d'efforts restent a faire quant .
l'utilisation effective de celles-ci. En effet, seulement 56% des femmes jamais
mariees avaient recours a la contraception. Par ailleurs, on peut noter que la
majorite des femmes avaient un niveau d'instruction bas. Moins de 23% des
femmes atteignent le cycle secondaire. La plupart des femmes interrogees
vivaient en milieu urbain (88, 5%). Plusieurs autres caracteristiques telles
que la religion, le statut d'occupation... ont ete decrites. De ces
caracteristiques, peut-on ressortir les facteurs agissant de fa9on
significative sur le comportement des femmes face a la contraception?
Le deuxieme point a tente de degager dans une perspective
multidimensionnelle les proximites entre les differentes modalites des
variables retenues. Il en est ressorti que deux grandes tendances semblaient se
professer. D'une part, on pouvait distinguer les femmes instruites, vivant en
milieu urbain et etant en contact avec les medias. C'est cette categorie de
femmes qui connait et utilise les methodes contraceptives. D'autre part, les
femmes musulmanes exergant pour la plupart une petite activite a domicile,
etaient non instruites et n'avaient pas recours aux methodes contraceptives.
C'est aussi le cas des autres femmes non chretiennes. Cette analyse en
composantes multiples suggerait ainsi une idee de modeles a postuler qu'il
aurait ete interessant de tester.
Le dernier point a donc consiste a proposer deux modeles
"probit" de la contraception pre-maritale. Le premier modele a explique la
connaissance des methodes par le milieu de vie de la femme, son statut
d'occupation et son contact frequent avec les medias. Par ailleurs, les femmes
chretiennes avaient plus de chance de connaitre au moins une methode de
contraception. En outre, une femme quelle qu'elle soit avait de fa9on naturelle
une chance de connaitre au moins une methode. Le second modele suggerait quanta
lui que l'utilisation effective des methodes contraceptives dependait
negativement du milieu de residence (rural), de la connaissance du cycle
d'ovulation et d'un niveau d'instruction bas (n'excedant pas le primaire). En
plus, les femmes musulmanes n'avaient pas recours a la contraception. Le
contact avec les medias et la presence dans un menage oil le chef de menage est
une femme se sont pour leur part affiches comme les principales variables dont
l'impact sur le recours a la contraception etait positif.
De fa9on pertinente, notre analyse confirme que la
contraception pre-maritale peut s'expliquer avec une combinaison de variables
sociales, economiques et culturelles. Toutefois l'utilisation effective des
contraceptifs ne depend aucunement des caracteristiques economiques des
individus. Ces resultats ne s'eloignent alors pas des conclusions d'etudes
anterieures sur cette problematique. S'il est vrai que les pouvoirs publics
peuvent agir sur certaines variables telles que l'education, l'acces aux
medias...pour le bien etre social, en est-il de meme pour les variables
culturelles telles que la religion?
BIBLIOGFtAPHIE
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«Les femmes qui pratiquent l'islam largement dans leurs attitudes
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DELAUNAY Valerie et BECKER Charles, « Vers une demande
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pre-maritale en Afrique Subsaharienne, une evaluation de son ampleur d
partir des donnies d'enquetes demographiques et de sante », ISSN
11 57-4186, n°39, octobre-decembre 2000, 4 p.
ANNEXE
Tableau 4 : Modèle de l'utilisation des
méthodes avec constante
Dependent Variable: UTMETH
|
Included observations: 2462
|
Variables
|
Coefficient
|
Std. Error
|
z-Statistic
|
Prob.
|
CYCL
|
-0.379066
|
0.085546
|
-4.431133
|
0.0000
|
ISLAM
|
-0.534065
|
0.061827
|
-8.638022
|
0.0000
|
JNAL
|
0.568819
|
0.075331
|
7.550968
|
0.0000
|
MIL
|
-1.202458
|
0.136538
|
-8.806758
|
0.0000
|
PFRADIO
|
0.378920
|
0.083724
|
4.525828
|
0.0000
|
RADIO
|
0.247469
|
0.064981
|
3.808325
|
0.0001
|
SEXCM
|
0.239789
|
0.069762
|
3.437243
|
0.0006
|
PASNIV
|
-0.463745
|
0.080799
|
-5.739486
|
0.0000
|
TV
|
0.110750
|
0.072166
|
1.534647
|
0.1249
|
C
|
0.060530
|
0.104257
|
0.580583
|
0.5615
|
Mean dependent var
|
0.440292
|
S.D. dependent var
|
0.496523
|
S.E. of regression
|
0.419614
|
Akaike info criterion
|
1.053422
|
Sum squared resid
|
431.7381
|
Schwarz criterion
|
1.077015
|
Log likelihood
|
-1286.762
|
Hannan-Quinn criter.
|
1.061994
|
Restr. log likelihood
|
-1688.932
|
Avg. log likelihood
|
- 0.522649
|
LR statistic (9 df)
|
804.3408
|
McFadden R-squared
|
0.238121
|
Probability(LR stat)
|
0.000000
|
|
|
Obs with Dep=0
|
1378
|
Total obs
|
2462
|
Obs with Dep=1
|
|
1084
|
|
Source : nos calculs