SECTION SECONDE : LES SUGGESTIONS POUR LE
RENFORCEMENT
DE LA MUAS
Le rôle essentiel joué par la MUAS dans la
résolution de la crise du Darfour témoigne la bonne
volonté du CPS de l'Union mais ne peut mettre fin à la crise au
Darfour, parce qu'elle ne possède pas les moyens requis pour
prévenir d'urgence la mort et le massacre des centaines de milliers
soudanais dans ce conflit qui dure depuis trois ans. Ainsi les insuffisances
qu'on a relevées nous amène à faire des propositions pour
corriger les lacunes de la MUAS d'abord (Paragraphe I ) et ensuite nous ferons
des suggestions d'ordre général et technique en vue de trouver
une solution à la crise du Darfour (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : LE RENFORCEMENT DE LA MUAS : UN SOUFFLE
NOUVEAU
Pour donner un nouveau souffle à la Mission de l'Union
Africaine au Soudan afin qu'elle puisse assumer les fonctions à lui
confiées, il est nécessaire de renforcer d'abord son mandat et sa
taille (A), ensuite lui assurer un financement aisé pendant tout son
mandat (B) et enfin lui réserver une plus grande marge de manoeuvre
(C).
A - UNE TAILLE ET UN MANDAT CONSISTANTS
Le renforcement de la MUAS doit obligatoirement passer par la
révision de son mandat et de sa taille afin de lui permettre de prendre
toutes les mesures nécessaires à la protection des civils. Et, si
possibilité y ait, elle devrait pouvoir recourir à des actions
actives sans être dépendante de la coopération du
régime de Khartoum pour des patrouilles. Mais aussi de pouvoir
s'interposer efficacement entre les milices Djandjawids et leurs victimes ainsi
que de protéger les interventions humanitaires vitales aux populations
du Darfour.
Pour répondre à toutes ces exigences il est
important de posséder les capacités humaines et militaires
requises. A l'inverse, son mandat devrait être revue partiellement avant
de l'adapter au cadre du chapitre VII de la charte des Nations Unies. En moyens
humains surtout, nous pensons que le nombre des soldats de la MUAS, aujourd'hui
de 7500 hommes, devrait être porté au minimum à 12 000
hommes et au maximum à 15 000 soldats pour que la MUAS puisse
couvrir approximativement toute l'étendue du territoire du Darfour.
Un renforcement quelconque de la MUAS nécessite aussi
un accroissement ou une augmentation des ressources financières.
B - UNE SOLUTION FINANCIERE EFFICACE
Comme nous l'avons relevé plus haut, le
déploiement d'une mission de maintien de la paix nécessite pour
sa réussite, la réunion de ressources financières
suffisantes afin d'éviter toute surprise désagréable. Les
problèmes financiers auxquels est confronté la MUAS ont des
causes diverses comme nous l'avons dit et pour y remédier nous allons
monter une stratégie pouvant améliorer cette conjoncture.
Bien avant toute chose, nous pensons qu'il serait
sincère de saluer les efforts indéfectibles du Président
de la Commission de l'UA, Son Excellence M. Alpha Omar KONARE, qui n'a cesser
de faire mobiliser les partenaires et donateurs aux fins de pérenniser
l'oeuvre entreprise au Darfour jusqu'à son aboutissement, même si
cela n'a pas arrêté le flux des difficultés
financières. Pour minimiser ces problèmes, la Commission devrait
repenser ses stratégies de mobilisation de fonds. Ainsi, au lieu de
prendre contact avec les partenaires lorsque la MUAS connaît des
problèmes, il serait mieux de réunir l'argent nécessaire
pouvant arriver au terme de la mission et à défaut garder un
contact permanent ou obtenir un gage de financement en cours d'exercice de la
mission.
L'UA peut s'efforcer en vue de renforcer son budget par une
politique incitative, nous entendons par là une sensibilisation active
et lorsque les circonstances l'exigent, mettre en oeuvre les sanctions
prévues à cet effet à l'article 23 al.1 de l'Acte
Constitutif, à savoir le droit de vote, le droit de parole et
d'accès des nationaux aux postes au sein de l'UA. Ces sanctions auront
pour effet, de suspendre l'exercice de ces droits. En sus, le renforcement
financier dépend aussi des contributions au Fonds de la paix qui
méritent d'être appréciées. Les contributions au
Fonds de la paix devraient être imposées aux Etats lorsque le CPS
déploie une mission de paix ; par rapport au poids ou au pouvoir
financier de l'Etat considéré.
Enfin, le CPS peut demander aux Etats pourvoyeurs de
contingents de financer les coûts de leurs soldats comme lui autorise
l'article 21(5) et (6) de son Protocole de création.
En plus de ces propositions en vue de renforcement de la MUAS,
il faut lui laisser une marge de manoeuvre large.
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