6.1.3.3. Les connaissances des acteurs communautaires
L'ensemble des acteurs communautaires que sont les ASC et les
présidents de COGES, reconnaissent l'existence du suivi nutritionnel des
enfants de moins de cinq ans. Cependant, les ASC et les présidents de
COGES voient surtout en la SN la prise du poids des enfants et la vaccination.
Cette vision de l'intérêt de la SN rejoint celle des parents et
de certains agents de santé. Une connaissance insuffisante de
l'intérêt que présente la SN pour les enfants de la part
des acteurs essentiels que sont les ASC, les membres de COGES et les agents de
santé influence à n'en pas douter sur la qualité du suivi.
Les parents seront comme l'a montré nos résultats, insuffisamment
informés et le suivi des enfants sera précocement
arrêté.
Pour 53,70% des ASC et 71,43% des présidents de COGES,
la SN doit commencer dès la naissance de l'enfant.
L'âge de cinq ans a été aussi
mentionné comme âge d'arrêt de la SN par 61,00% des ASC et
71,43% des présidents de COGES.
Sur l'ensemble de ces éléments, les acteurs
communautaires que sont les ASC et les présidents de COGES ont
démontré une connaissance insuffisante. Pourtant, presque tous
les ASC (97,56%) ont déclaré avoir été
formés en PCIME communautaire et 53,66% sur la détection de la
malnutrition.
Les acteurs communautaires aidés des agents de
santé sont chargés de transmettre des informations justes aux
populations pour une SN de qualité. Cet objectif ne peut être
atteint si eux mêmes n'ont pas une connaissance suffisante.
6.1.3.4. Les activités de SN réalisées
par les acteurs communautaires
Seulement 9,80% des ASC et 9,52% des présidents de
COGES ont déclaré mener des séances de sensibilisation
à l'endroit des populations.
A Banfora, KIEMDE S.A.27 avait
fait observer qu'aucun ASC n'avait reconnu mener des activités de
sensibilisation ; il en est de même pour 27 des 29 membres de COGES.
Les raisons suivantes justifieraient cette insuffisance de
CCC : une insuffisance d'outils, un manque d'intérêt des
mères et une mobilisation difficile de la population.
Une faible proportion d'ASC (26,83%) organise des VAD sur les
pratiques familiales clefs. Les principales raisons évoquées sont
le manque d'intérêt des parents pour les VAD et l'insuffisance de
motivation des ASC.
Parmi les ASC, seuls 2 ont déclaré faire de la
SN. OUEDRAOGO L.A.22 avait
constaté à Nanoro, qu'aucun ASC n'effectuait le dépistage
de la malnutrition. Pour ces 2 ASC, ils utiliseraient des brassards pour la
SN. Tous les cas dépistés seraient directement
référés au CSPS. De même, le suivi des malnutris
ayant séjourné au CREN est insuffisamment assuré par les
ASC.
La RAPDV est une stratégie qui permet de retrouver et
fidéliser les cibles déjà inscrites. Si un peu plus de la
moitié des ASC (56.10%) ont déclaré mener cette recherche,
elle ne concerne que les PDV de la vaccination.
L'interruption précoce de la SN étant une
entrave à une surveillance de qualité, une RAPDV pourrait
permettre de parer à cette insuffisance.
Parmi les présidents de COGES, seul 90,48% ont
déclaré ordonner des dépenses relatives aux
activités de SN. Il s'agit de dépenses portant sur l'achat de
carburant et d'ingrédients pour les démonstrations culinaires.
Cet achat d'ingrédients pour les démonstrations
culinaires dont a fait mention les présidents de COGES, vient contredire
les affirmations des ICP et des agents en charge de la SN. En effet, le
personnel de santé a évoqué l'insuffisance voire le manque
d'ingrédients comme la raison principale de la non réalisation
des démonstrations culinaires.
Les ASC et les membres de COGES sont des acteurs essentiels de
la participation communautaire aux activités sanitaires. De leur
implication véritable dépend la réussite des interventions
à l'endroit des populations. Une SN de qualité nécessite
de ces acteurs la mobilisation de la communauté. En effet, l'ASC tout
comme le membre du COGES, choisit par la communauté doit être
à même de mobiliser cette population. Pourtant, cette mobilisation
sociale, aux dires de ces acteurs serait difficile à réaliser. Il
se pose alors la question du choix des ASC et des membres COGES. S'ils sont
choisis par la communauté et par conséquent avec l'aval de
celle-ci, ils n'auront pas du mal à mobiliser leur pair pour les
activités de santé. Un autre frein à la mobilisation
sociale pourrait être l'ancienneté de ces acteurs communautaires.
Pour les présidents de COGES, l'étude a
révélé que 95,24% avaient plus de deux ans de fonction et
90,24% des ASC assuraient cette tâche depuis plus de cinq ans. Lorsque
l'on sait que le mandat des membres de COGES est de deux ans renouvelable une
fois, cette grande ancienneté pourrait avoir un impact sur leur
leadership et, partant de leur capacité à mobiliser effectivement
la population autour des activités de santé en
général et de la SN en particulier.
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