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Déterminants des investissements extérieurs au maroc: approche analytique et empirique sur le secteur industriel

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par Mustapha MAGHRITI
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Rabat-Agdal - Thèse de Doctorat en Economie Internationale 0000
  

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4. L'analyse synthétique des investissements étrangers

L'analyse synthétique des investissements étrangers, élaboré par J.L.Mucchielli combine trois niveaux d'analyse63(*):

-Le niveau macro-économique (avantage comparatif du pays) ;

-Le niveau micro-économique (avantage compétitif de la firme) ;

-Le niveau méso-économique (structure du secteur)64(*).

Plusieurs différences sont à l'origine de la délocalisation. Elles concernent:

· La technologie du pays d'origine et du pays d'accueil ;

· Les dotations des facteurs ;

· Les goûts des consommateurs ;

· Les marchés de produits ;

· Les économies d'échelle ;

· Les rémunérations sur les marchés des facteurs.

D'après J.L.Mucchielli, les avantages liés à la spécialisation commerciale « sont les plus importants lorsque les avantages compétitifs et les avantages comparatifs se trouvent en phase »65(*). Au contraire, c'est le « décalage entre ces types d'avantages qui engendre la délocalisation »66(*). Ces décalages peuvent être illustrés par plusieurs exemples. Ainsi, la firme qui a une forte demande pour un facteur de production et qui ne peut la satisfaire car l'offre dans son pays d'origine est insuffisante, ira s'implanter à l'étranger (implantation de firmes textiles américaines ou européennes en Asie du Sud Est). De même, il peut y avoir dans un pays une offre excédentaire et une demande insuffisante. Il y aura, là encore, délocalisation (implantations de firmes électroniques sud-coréennes aux Etats-Unis). Cette analyse insiste sur les facteurs déterminant les échanges internationaux de biens, de technologies, et les investissements directs à l'étranger. Elle ne suffit cependant pas à expliquer les implantations dans le secteur des services67(*).

B. Les nouvelles théories des IDE

1. Théories basées sur la multinationalisation exogène :

L'étude des FMN ne pouvait se faire dans le cadre des théories traditionnelles du commerce international, car la nature même de ces firmes suppose quelques imperfections de la concurrence. Une firme devient multinationale pour exploiter des différences de coût entre pays, essentiellement parce qu'elle a des actifs à valoriser (savoir-faire, brevets, qualité de gestion ...) et qu'elle préfère le faire d'une façon interne plutôt que dans un cadre de marché (incorporation des rentes monopolistiques dans les prix, licences accordées à des firmes étrangères...).

A ce niveau d'analyse, la multinationalisation est exogène. Autrement dit, si la firme choisit de produire à l'étranger, elle doit exercer elle-même cette activité et aucune licence n'est supposée. Dans cette optique, nous allons présenter cette expansion multinationale dans le cadre traditionnel des avantages d'Ownership et de Location de Dunning en suivant Helpman et Markusen considérés comme les premiers auteurs à avoir proposé des modèles d'équilibrer général afin d'analyser les activités des FMN.

Dans le modèle de Helpmann les firmes disposent d'une seule unité de production. Cette dernière peut être localisée dans un pays différent du pays d'origine. L'absence des tarifs et des coûts de transport implique que la firme ne doit en aucun cas avoir plus d'une unité de production68(*).

Le modèle traite en réalité, une firme intégrée horizontalement ou verticalement. Par contre, dans le modèle de Markusen, l'entreprise nationale doit installer des unités de production dans les deux pays. Elle devient une multinationale intégrée horizontalement69(*).

1-1 La description du modèle de Helpman :

Le modèle présenté par Helpman analyse des firmes avec un simple produit, en supposant qu'il existe des biens différenciés, des économies d'échelle, une concurrence monopolistique et un input spécifique (du type management, marketing, R&D)70(*). Ce dernier peut servir à la production sans être obligatoirement localisé dans la même implantation. Les firmes maximisent leurs profits et choisissent la localisation qui minimise les coûts de production. Ainsi, l'émergence des multinationales apparaît comme le résultat de la différence entre les pays dans la rémunération des facteurs. En dehors de la description des conditions sous lesquelles la firme décide de devenir une multinationale, Helpman analyse les structures et le volume de l'échange qui découle sous ces conditions.

L'article de Helpman utilise une version simplifiée du modèle standard de l'échange international, à deux secteurs et deux biens : un bien homogène, Y et un bien différencié X. Dans ce cas, il existe n firmes produisant chacune une des n variétés du bien différencié et un seul producteur du bien homogène. Les préférences sont identiques entre les deux pays et peuvent être représentées par une fonction d'utilité u(y, Ux) où y désigne le niveau de consommation du bien homogène et Ux=ux (.) désigne le niveau de sous utilité émanant de la consommation des biens différenciés. La fonction ux (.) peut être, par exemple du type DIXTI-Stiglitz (1977) ou bien du type (1979) 71(*) .

Il existe deux facteurs de productions : le travail L et un input plus général H qui joue un rôle spécifique dans la production des biens différenciés. Le bien homogène est produit au moyen d'une fonction de production homogène, linéaire et standard (rendements constants) avec un coût unitaire associé cy(wl ,wh) où wi désigne la rémunération du facteur i (i=H, L).

Dans l'équilibre concurrentiel, le prix du bien homogène est considéré comme numéraire. Il est égal au coût unitaire :

(I-1) cy (wl , wH) = 1

La structure de production des biens différenciés est plus complexe. Chaque firme produit une variété de données. Elle doit utiliser l'input H et l'adapter, avec un coût positif, pour le rendre plus conforme à la production de cette variété. Une fois adaptée, l'input H devient un actif spécifique à la firme et peut servir plusieurs unités de production (implantées dans des pays différents) en étant localisé dans une implantation unique. Soit l(x, hx) la quantité de travail nécessaire dans la production de x unités d'une variété de bien différenciés (dans une simple implantation) lorsque hx unités de H ont été adaptées. Une forme possible de cette fonction est : l(x, hx) = fp + gl (x, hx) où fp > 0 et gl(.) est une fonction linéaire et homogène. On suppose que l(x, hh) est l'inverse de la fonction de production caractérisée par des rendements croissants et dans laquelle Hh est nécessaire à la production. Soit g(wL , hx) le coût minimum.

La fonction de coût d'une firme simple est donnée par :

Cx (wL , hx)=min [wL l(x, hx) + g(wL , wH , hx) + wHhx]

Il faut noter que toutes les variétés des biens différenciés ont la même structure de coût et qu'il existe des coûts fixes spécifiques à la firme72(*) .

De même, des coûts fixes et des coûts variables spécifiques à l'implantation.

Ce modèle a été développé dans le cadre d'une concurrence monopolistique à la chamberlin (dans le secteur des biens différenciés). Les firmes égalisent le revenu marginal au coût marginal, et la libre entrée engendre des profits nuls,. Ainsi, deux conditions doivent être vérifiées 

(I-2) R (p, n) = (wL, wH, hx)

(I-3) px = Cx (wL , wH, hx)

Où p désigne le prix d'une variété de biens différenciés, R(.) désigne le revenu moyen divisé par le revenu marginal et mesure le degré de pouvoir de monopole73(*), n désigne le nombre de variétés disponibles pour les consommateurs, et (.) représente le coût moyen divisé par le coût marginal et mesure le degré des rendements d'échelle dans le processus de production des biens différenciés. Par ailleurs, il est supposé que les facteurs de production sont internationalement immobiles.

1-1-1 Equilibre dans le cas d'une économie intégrée :

En analysant l'équilibre symétrique d'une économie mondiale intégrée, Helpman a essayé d'identifier la distribution (entre les pays) des facteurs de production, L et H. Cette distribution particulière fournit une information capitale du fait des différences dans les dotations factorielles.

Dans l'équilibre symétrique de l'économie mondiale intégrée, les prix des facteurs sont les mêmes et les conditions d'équilibre sur le marché des facteurs sont :

(I-4) aLY (wL, wH)y + ALX(wL, wH, x)n = L

(I-5) aHY (wL, wH)y + ALX(wL, wH, x)n = H

Où aiY (wL, wH) = cY(wL, w)/ Wi, (i = H, L) désigne le coût minimum du facteur i par unité d'output du bien homogène,

AiX (wL, wH, x) = Cx (wL, wH, x) / Wi, (i = H, L) est le coût minimum du facteur i dans une implantation représentative de l'industrie des biens différenciés. n désigne le nombre de variétés des biens différenciés (ou de manière équivalente le nombre d'unité de production). Enfin, L et H désignent les quantités totales disponibles (au niveau mondial) des facteurs de production.

Les conditions (I-1) - (I-5) ainsi, que les conditions d'équilibre su le marché du bien homogène (l'offre de Y est la demande) fournissent les valeurs d'équilibre :

1- Des rémunérations facteurs (wL et wH) ;

2- Du prix des biens différenciés (p) ;

3- De l'output d'une variété donnée des biens différenciés (x) ;

4- Du niveau d'output du bien homogène (y) ;

5- Du nombre d'unités de production dans l'industrie des biens différenciés (n).

Il est supposé que dans cet équilibre, le bien homogène est plus intensif en travail que le bien différencié, X. Cela se traduit par :

aLH / aHY > ALX / AHX

Sous cette hypothèse, la distribution à l'équilibre du plein emploi des facteurs entre deux secteurs peut être représentée dans la figure I-1. le vecteur OE représente les dotations totales des facteurs de production, OQ représente l'emploi des facteurs dans l'industrie des biens différenciés et QD représente l'utilisation des facteurs dans l'industrie du bien homogène. La droite BB' représente la frontière d'égalisation des coûts des facteurs est sa pente égale au rapport des rémunérations (wL , wH). Au point d'intersection avec OQ', elle est tangente à l'isoquant du bien homogène. De même, au point d'intersection avec OQ', elle est tangente à un isoquant pour les biens différenciés. Ce dernier isoquant peut être retrouvé à partir de la fonction de coût par :

(LX , HX) pour lequel (wL , wH) tel que (LX , HX) = [ ALX(wL, wH, x), AHX (wL, wH, x)]

Le long de la droite OQ, on retrouve une famille entière d'isoquants, chacun représente un nombre croissant d'unités de production et connaissant une même pente au point d'intersection avec la droite OQ. Ainsi, en utilisant l'isoquant d'une simple implantation (n=1), on peut calculer le nombre d'implantation à l'équilibre 74(*) : avec les inputs représentés par un point sur OQ, il faut diviser la distance qui sépare ce point de l'origine, par OEX (où le point EX caractérise les dotations factorielles utilisées dans le cas d'une unique implantation). De façon similaire sur OQ', on peut calculer l'output du bien homogène (y).

E

Facteur L

Q

Q'

EX

n= 1

EY y = 1

y = y'

WL / WH

B

B'

Facteu H

Fig. 1-1

1-1-2 Modèle de l'échange :

Considérons le modèle standard du type Heckscher-Ohlin (2 x 2 x 2) avec deux pays, deux biens et deux facteurs, et dans lequel il n'y a pas de renversement des intensités factorielles. Dans le pays i (i = 1,2), il existe ni firmes qui produisent le bien différencié (avec n1 + n² = n) et un seul producteur du bien homogène (d'un niveau yi , avec y1 + y² = y). Les préférences dans les deux pays sont identiques. L'ensemble des points de dotations peut être divisé en deux sous ensembles. Dans le premier (le parallélogramme Q1QQ2Q' sur la figure I-2), il y a égalisation des prix de facteurs et aucune spécialisation dans la production. Chaque pays exporte le bien qui utilise de façon intensive le facteur de production qu'il a en abondance relative. A l'intérieur du second (le complément (Q1QQ2Q') chaque pays paie un prix faible pour le facteur de production qu'il a en abondance et un prix plus élevé pour l'autre facteur de production. Ainsi, au moins un pays se spécialise dans la production d'un bien, qui utilise de façon intensive, le facteur de production le moins cher. Le modèle d'échange qui en découle est le même que dans le sous ensemble précédent.

En raison de la symétrie des structures (par rapport à la diagonale O1O2), il est suffisant d'analyser les points de dotations en dessous de la diagonale O1O2. Dans ce sens le pays I est relativement abondant en H et le pays 2 est relativement riche en travail. Prenons par exemple le point E de dotations factorielles pour lequel il y a égalité des prix des facteurs. Dans ce cas, les firmes d'un pays n'ont pas d'incitations, induite par les différences des prix des facteurs, à installer des filiales dans l'autre pays.

Etant donné que les profits sont nuls, la totalité du revenu correspond aux rémunérations H et L. ainsi, au moyen de la droite BB' passant par E et de pente wL / wH, on peut retrouver la distribution de revenu entre les pays. Soit C l'intersection de BB' avec la diagonale. Dans ce sens, le revenu relatif du pays I est égal à O1C / CO2 (avec un choix adéquat de l'unité de mesure, O1C représente le niveau de revenu du pays 1 et CO2 représente celui du pays 2). Si les deux pays possèdent le même modèle de dépense, le pays 1 consomme une proportion de S1 de l'output mondial y (du bien homogène), où s1 désigne sa part du revenu mondial. En menant la droite passant par C parallèle à O1Q, sa consommation de produit homogène est représentée par O1CY est l'intersection de cette droite avec O1Q'. Si la production en bien homogène du pays 1 (y1) est donnée par O1Py, alors ce dernier importe le bien homogène. Finalement si l'échange est balancé, cela signifie que le pays 1 est exportateur des biens différenciés.

Dans l'ensemble O1QQ2, d'allocation des facteurs, le modèle d'échange intersectoriel est similaire à celui d'Heckscher-Ohlin. Mais, dans le cas présent il y a aussi un échange intra-sectoriel dans les produits différenciés. Le pays j produit les n variétés de biens différenciés et les exporte vers son partenaire. En résumé, pour les dotations factorielles correspondant à l'ensemble O1QQ2, le libre échange n'engendre aucune incitation à la formation de multinationales. La structure d'échange est similaire à celle des modèles traditionnels d'échange des biens différenciés. L'échange intra-sectoriel s'explique par la concurrence monopolistique dans les biens différenciés.

Considérons le complément de O1QQ2 par rapport à la diagonale (c'est-à-dire O1IQQ2). Dans cet ensemble, les prix des facteurs ne sont pas égaux si les firmes doivent utiliser les inputs des facteurs dans le même pays. Dans ce cas, le facteur H est moins cher dans le pays 2 et le travail est moins cher dans le pays2. Ce sous ensemble peut, à son tour, être divisé en trois sous ensembles, à savoir O1QD, O2QDF et DIF (voir la figure I-2).

Considérons le sous ensemble O1QD. Il est évident que pour les points correspondant à ce dernier sous ensemble, il n'existe aucun équilibre dans lequel les prix des facteurs sont égaux et, chaque firme utilise ses facteurs de production dans la même localisation. Cependant, les FMN doivent émerger. L'une des questions qui se posent, consiste à savoir si cette émergence va provoquer l'égalisation des prix des facteurs. Soit, par exemple, le point E' appartenant à O1QD. Supposons que toutes les ressources du pays 1 soient employées dans al production de biens différenciés et que les filiales dans le pays étranger utilisent un montant de travail donné par E'E'm où E'm est le point d'intersection avec O1Q de la droite horizontale passant par E'. Ainsi, l'équilibre mondial agrégé correspond à l'équilibre mondial intégré. L'existence des firmes internationales permet de séparer le point d'utilisation des facteurs (E'm) et celui des dotations (E'). la distance O1E'm représente le nombre de firmes installées dans le pays 1 (n') et la distance E'mQ représente le nombre des firmes installées dans la pays j, nj, et l'emploi du travail dans le pays 2 par les filiales du pays 1 (installées par les multinationales), Lf, sont obtenues par les conditions suivantes :

ALX n1 = L1 + Lf aLY y+ ALX n2 = L² - Lf

AHX n1 = H' aHY y + AHX n2 = H²

Cependant, le nombre de variétés produites dans le pays j n'est pas égal à nj : le nombre de variétés produites dans le pays 1 est plus faible que n1 et, dans le pays 2, ce nombre est plus grand que n2. Cette différence dépend de la quantité de travail Lf employée par les filiales. En effet le nombre de variétés produites dans le pays j, Mj, j = 1,2 est :

MI = n 1 - Lf / AHX M²= n² + Lf / AHX

En résumé, l'ensemble O1QD est caractérisé par un équilibre avec égalisation des prix des facteurs en raison de l'émergence des FMN. La structure d'échange est identique à celle des modèles traditionnels de l'échange des biens différenciés.

D'une façon similaire, Helpman a démontré que tous les points du sous ensemble O2QDF conduisent à un équilibre avec égalisation des prix des facteurs en raison de l'émergence des FMN. Par contre, pour les points appartenant à DIF, toutes les firmes qui produisent des biens différenciés appartiennent au pays 1 et, leur activité de production est localisée dans le pays 2 75(*) . Ainsi, le pays 1 exporte l'input H et importe toutes les variétés des biens différenciés en provenance du pays 2. il peut importer ou exporter le bien homogène.

1-1-3 Volume de l'échange :

Il est clair que la localisation des points représentatifs des dotations factorielles en sous ensemble selon les différences permet de montrer que le modèle d'échange dépend de deux variables principales :

1- La taille relative du pays en terme de P.I.B ;

2- Les différences de dotations factorielles relatives.

Dans cette optique, si le pays 1 est de taille faible et il est bien doté en facteur H, alors le point des dotations appartient au sous ensemble O1QD, et il existe des multinationales basées dans le pays 1. Ce dernier exporte les biens différenciés ainsi que le bien homogène.

Par ailleurs, cet article montre comment de grandes différences dans les dotations factorielles relatives sont associées avec de grands volumes d'échanges. Par contre, les différences dans les tailles relatives des pays sont associées avec des effets ambigus sur le volume d'échange. De même, avec l'émergence des multinationales, la part d'échange intra- firme peut être positivement ou négativement liée aux différences dans les dotations factorielles. D'une façon générale, cette théorie présente un grand intérêt car elle permet d'identifier et d'analyser les circonstances dans lesquelles les firmes considèrent rentable d'installer des unités de production à l'étranger. Dans cette optique, Helpman intègre l'investissement international dans des modèles en concurrence monopolistique ; celui-ci intervient sous la forme d'un transfert d'actifs spécifiques. L'investissement est ainsi un bien intermédiaire de la maison mère, exporté vers une unité de production intensive en travail délocalisé dans un pays d'accueil. On retrouve là une délocalisation verticale liée aux différences d'abondances factorielles, avec investissement univoque et réimportation de la production vers le pays d'origine.

1-2 La description du modèle de Markusen :

Dans la littérature économique, il existe un large débat sur les effets provenant de l'observation des FMN. La théorie de l'échange international essaie de donner quelques explications à l'existence de ces multinationales. A partir de l'observation empirique, elle suggère que le niveau d'activité d'une multinationale dans une industrie particulière est liée à l'importance de l'intangible 76(*) dans une industrie. Ces intangibles offrent à la firme un actif spécifique qui lui donne un avantage de propriété. Ce dernier, peut être centralisé dans une simple localisation et peut servir une ou plusieurs unités de production. Cela peut inciter la firme à devenir une multinationale en installant un ou plusieurs unités de production supplémentaires. Ces unités peuvent être géographiquement dispersées.

L'article de Markusen présente une analyse basée sur la présence de ce type d'avantage associé à l'avantage de localisation77(*). Il distingue d'une façon claire les économies d'échelle au niveau de l'implantation de celles au niveau global de la firme. La firme nationale peut choisir d'installer des unités de production dans deux pays. Elle devient une multinationale intégrée horizontalement.

Le modèle comprend deux biens (X et Y) et deux pays (m désigne le pays domestique et h désigne le pays hôte). X et Y sont produits à partir du travail et du capital spécifique à chaque secteur. Les dotations totales des facteurs sont fixes. Les pays m et h ont des dotations factorielles absolues identiques, des technologies de production identiques et des fonctions d'utilité identiques.

L'output de Y est produit par une industrie concurrentielle avec des rendements d'échelle constants. Par contre, l'output de X est le produit de deux activités : l'activité C (pour le contrôle) et l'activité F (pour la manufacture ou la fabrication). C et F peuvent être séparés géographiquement dans le processus de production du bien X. le capital spécifique au secteur de production du bien X est utilisé dans F et non dans C (c'est-à-dire, C utilise uniquement le travail).

L'activité C doit être centralisée dans un seul pays, les facteurs de production sont immobiles et il n'y a aucune barrière à l'échange. Dans le processus de production du bien X, l'activité C désigne la R&D, le marketing et le management. Par contre, F représente la transformation physique d'input en output. En effet, F est caractérisé par des rendements constants 78(*) et, par conséquent, X = C.F est caractérisé par des rendements croissants. Ces derniers ont supposés être relativement faibles par rapport aux effets de l'intensité des facteurs tel que l'ensemble de production de chaque pays est strictement convexe. Cela assure que le monopoleur maintient des implantations dans les deux pays (il devient une firme multinationale) plutôt que servir les deux pays à partir d'une implantation unique.

Jusqu'ici, on a supposé qu'il n'y a aucune différence dans les dotations factorielles et qu'il existe des économies d'échelle au niveau de l'implantation. Par la suite, nous allons développer deux versions de ce modèle de base. Dans la première, il existe deux firmes nationales indépendantes produisant dans les deux pays. Dans la seconde, la production est monopolisée par une FMN. Ensuite, nous allons comparer les deux versions en présentant les principaux résultats du modèle.

1-2-1 Equilibre avec deux firmes nationales (duopole international) 

Il s'agit du cas où il existe un monopole (ou bien duopole international) indépendant produisant le bien X dans chaque pays. La liste des équilibres avec une simple firme nationale n'est pas présentée de façon complète 79(*) . Le cas présent est choisi pour illustrer le compromis entre l'efficacité technique et le pouvoir de marché, lorsque la FMN remplace deux firmes domestiques (nationales). On part de l'hypothèse que le producteur de X considère les prix des facteurs comme donné. Soit p le prix du bien X en terme de Y. les conditions d'autarcie dans lesquelles il y a un simple producteur (monopoleur) du bien X dans chaque pays sont données par : (I-6) pi (1 / xi) = TMTi xi = - P/Y dX/dp i = m, h

Où TMTi désigne le taux marginal de transformation le long de la frontière de production du pays i et xi désigne l'élasticité de la demande du bien X dans le pays i. pi étant le prix du bien X dans le pays i. les conditions de second ordre sont satisfaites si xi est inférieure à l'unité et est une fonction décroissante de X (ou bien X/Y). Markusen (1981) a montré que ces conditions sont satisfaites pour une fonction d'utilité « C.E.S » (élasticité de substitution constante) avec une élasticité de substitution supérieure à l'unité. Sous les hypothèses de technologies et de dotations factorielles identiques, il devient évident qu'il s'agit d'un équilibre symétrique avec autarcie. Cela est présenté par le point A sur la figure 1-3. YXn représente la frontière de production et Ua la courbe d'indifférence.

Si les deux firmes (duopole) s'engagent dans une collision de prix pour maximiser les profits communs ou biens si elles s'engagent dans une concurrence à la Cournot Nash l'équilibre est défini par la production (le point B sur la figure 1-3) . Aucun gain n'est réalisé dans le cas de collusion, si la condition d'équilibre est donnée par l'équation (I-6) avec pi et xi identiques dans les deux pays. Dans ce modèle, la concurrence à la Cournot fournit des résultats analogues. Enfin, lorsque les firmes s'engagent dans une tarification égale au coût moyen, le bien être et la production peuvent être améliorés (point D sur la figure 1-3).

X

Figure 1-3

Dans tous les cas précédents, chaque pays doit avoir les mêmes outputs, part de marchés, niveau de consommation, prix des facteurs, etc.... Il peut y avoir des gains de l'échange dans le sens où le bien-être d'un niveau plus élevé que dans le cas d'autarcie. On peut imaginer un équilibre, avec des firmes nationales, non symétriques.

1-2-2 Equilibre avec une firme multinationale :

Supposons, par exemple, qu'il soit optimal de centraliser l'activité C dans le pays m. les conditions qui caractérisent la frontière de production efficace peuvent être déterminées en maximisant l'output de X pour un niveau donné de la production de Y. le programme de maximisation de la FMN s'écrit :

Max C (Lmc) [ F (LmÉ) + F (LhÉ)]

Sous les contraintes : (I-7) Y= G ( L - Lmc - LmÉ) + G (L - LhÉ)

(I - 8) G m'/Cm' (Fm + Fh) = G m'/Cm Fm = Gh'/Cm Fh = TMT

Où L désigne la dotation totale en travail de chaque économie avec Y = G(Ly)80(*). Soit w1 le taux du salaire en terme de Y.wi = Gi' découle de l'hypothèse selon laquelle les marchés des facteurs et de l'industrie Y sont concurrentiels ( G i' est égal à la production marginale du travail dans la production de Y).

Selon les conditions de premier ordre, l'équilibre de la FMN se trouve, par conséquent sur la frontière d'efficacité de production. Cette frontière se trouve en dessus de celle des firmes nationales, à l'exception du point situé sur l'axe des ordonnées (voir figure I-3)

Dans cet équilibre centralisé (avec une FMN), le pays m a moins de ressources affectées à la production de Y et F tel que Gm, et Fm, sont supérieurs à Gh , et Fh, , respectivement. Par contre, le pays m a davantage de ressources affectées à la production de X (Lmy.< Lhy ), mais la distribution de ces ressources entre C et F diffère de celle observée dans le pays h. Chaque pays possède un prix relativement élevé pour les facteurs utilisés d'une façon intensive dans l'activité prédominante (C pour le pays m et G et F pour le pays h). Par contre, la relation entre les outputs dans les deux pays dépend des propriétés générales des activités G et F. Le fait que (Gm'/Fm') = (Gh'/F h') selon l'équation (I-8) ne doit pas signifier que (Xm/Ym') = (Xh/Yh) ou bien que (Gm/Fm) = (Gh/F h). Cette dépendance des propriétés de G et F, signifie que la direction et le volume de l'échange entre les deux pays ne sont pas prévisibles.

Cela suggère que l'activité multinationale (présentée ci-dessus) affecte l'allocation intersectorielle de l'activité économique dans un pays (par exemple Lmy.< Lhy) et fournit une idée sur l'échange entre les deux pays. Par contre, elle ne fournit pas une prédiction simple sur la direction de l'échange. Toutefois, il existe toujours un échange dans ce type d'équilibre. Il peut être au moins égal au rapatriement des profits d'un pays à l'autre. Ceci est opposé au cas de l'équilibre avec des firmes nationales sans échange.

1-2-3 Comparaison des équilibres et principaux résultats :

Deux versions du modèle de base ont été développées. Dans la première, il existe une seule firme nationale indépendante produisant le bien dans chaque pays. Dans la seconde, la production pour les deux pays est monopolisée par une FMN qui produit avec une grande efficacité technique qui favorise le pouvoir de marché qu'elle peut exercer.

Dans ce cas, il n'est pas évident que la multinationale puisse augmenter le bien-être mondial (relativement à celui observé avec les deux firmes nationales) est simplement qu'elle augmente l'output du bien en question.

De même, la condition suffisante pour que le pays local profite de la présence de la multinationale est simplement que les profits de cette dernière soient supérieurs à ceux qui seraient observés en situation de firme nationale avec une seule implantation.

Lorsque la multinationale trouve qu'il est plus efficace de concentrer au mois une de ses activités C et F dans le pays d'origine, l'équilibre du modèle comporte des pays identiques dans des activités différentes et produisant des paniers de biens différents. Ainsi, la multinationale peut conduire à la création d'échange et à la division internationale du travail81(*) .

L'activité multinationale peut créer une base de l'échange. Ces résultats montrent donc l'investissement direct peut agir plutôt comme un complément que comme un substitut à l'échange de marchandises.

Par ailleurs, l'équilibre avec la présence d'une FMN suppose des prix différents des facteurs entre les pays. Par contre, l'équilibre avec multinationale, chaque pays possède un prix relativement élevé pour les facteurs utilisés de façon intensive dans activités prédominantes (C pour le pays m et G pour le pays h). Il faut signaler que si les facteurs sont internationalement mobiles, ils doivent se déplacer de manière à augmenter le degré de spécialisation internationale ainsi que le volume de l'échange.

Des travaux précédents Krugman et Markusen avaient montré qu'avec une concurrence imparfaite et / ou des rendements croissants, l'équilibre peut entraîner la spécialisation entre deux économies identiques et une complémentarité entre l'échange des facteurs et l'échange des biens.82(*)

Il convient de rappeler que l'analyse de cet article a été développée en l'absence de barrières à l'échange. En effet, la présence d'un tarif doit créer une incitation supplémentaire à la création par les firmes de nouvelles implantations.

2. Théories basées sur la multinationalisation endogène :

La théorie de l'investissement direct à l'étranger s'est enrichie de plusieurs modèles ou les FMN apparaissent de façon endogène.

Ces travaux sont basés principalement sur les avantages d'ownership et de location. L'avantage spécifique est défini par l'avance technologique (la R&D), le savoir-faire, la compétence managériale et les économies d'échelle. L'avantage de localisation est défini par le niveau des prix des coûts de transport et des barrières douanières.

Dans ces nouvelles formes de multinationalisation, on retiendra en particulier l'article de Horstmann et Markusen (1992). Dans ce modèle, la décision de devenir une FMN (intégrée horizontalement) est endogène et l'investissement direct à double sens est l'une des caractéristiques observées entre pays développés. Les variables principales de ces modèles sont :

1. Le niveau de l'activité spécifique à la firme (comme la R & D) qui joue le rôle d'un input commun pour les implantations ;

2. Les économies d'échelle ;

3. Le tarif et le coût de transport entre les pays83(*).

Le modèle de Horstman et Markusen traite des biens homogènes84(*). En outre, les FMN sont observées à l'équilibre lorsque les niveaux des coûts fixes, du tarif et des coûts de transport sont relativement plus élevés que les économies d'échelle. De même, elles apparaissent à l'équilibre lorsque les tailles des marchés sont importantes et lorsque les pays ont des dotations similaires. De façon plus générale, l'IDE (à double sens) apparaît lorsque les pays sont riches et similaires (pays développés). La similarité entre les pays est appréciée du point de vue des dotations factorielles, prix des inputs, taille des marchés, l'avance technologique...etc. Ainsi en raison de l'importance de ces résultats85(*), il est opportun de présenter les principaux résultats de ce modèle.

2-1 Horstmann et Markusen, et le modèle à biens homogènes :

Dans l'article de Horstmann et Markusen a été développé un modèle simple dans lequel les structures des marchés (avec concurrence imparfaite) sont déterminées de façon endogène. Le modèle comprend deux pays identiques de sorte que l'échange ne peut s'effectuer sur la base de l'avantage comparatif. Chaque pays produit un premier bien homogène avec des rendements constants en concurrence parfaite, et un second avec des rendements d'échelle croissants. Les structures d'implantation à l'équilibre sont déterminées par les décisions de localisation des firmes. Chaque firme fait le choix du nombre d'implantation à installer dans deux pays. La technologie de production considérée est similaire à celle présentée par Markusen. Il existe des coûts fixes spécifiques à la firme et à l'implantation. Les coûts marginaux de production sont identiques dans les deux pays.

2-1-1 Technologie de production et structure des marchés :

L'industrie comprend deux pays : le pays domestique, h et le pays étranger, É. Chaque pays produit un bien homogène, Z, avec des unités choisies tel que Z = L-Z. Autrement dit, le travail est le numéraire. Par ailleurs, une firme du pays h produit un bien X avec des rendements d'échelle croissants et une firme du pays É produit un bien substituable, Y. les économies d'échelle sont supposées être suffisamment élevées pour que le marché ne compte plus qu'un producteur de X en h et qu'un producteur de Y en É. Les deux producteurs ont des technologies identiques avec les coûts suivants :

F : coût fixe spécifique à la firme ;

G : coût fixe spécifique à l'implantation ;

m : coût marginal de production ;

s : coût unitaire de transport.

Dans ce cas, les économies d'échelle apparaissent du fait que le coût fixe d'une firme avec deux implantations est de 2G+ F, par contre, celui de deux firmes avec chacune une implantation unique est de 2G + 2F. La multinationale dispose, ainsi, d'un avantage dans sa production mondiale. Il reste à démontrer que la FMN apparaît dans les structures de l'industrie à l'équilibre.

Les consommateurs dans les deux pays ont des fonctions d'utilité quadratiques et identiques de la forme :

(I-9) U (X ,Y,Z) = aX - (b/2)X² + aY - (b/2)Y² - cXY + z

Soient, respectivement, px et py les prix unitaires de X et de Y en termes de Z. soit L la dotation totale du travail dans chaque pays, et (respectivement) le profit du producteur du bien X (respectivement de Y) en termes de Z. la contrainte budgétaire dans le pays domestique h est donnée par : (I-9- a) L + x = px X + pYY + Z

La maximisation de (I-9) sous la contrainte définie par (I-9-a) nous donne les fonctions inverses de demande :

(I-10) px = a-bX-cY et py = a-bY-cX

Avec des fonctions similaires pour le pays É. On suppose b> c ; b = c correspond au cas où X et Y sont parfaitement substituables. La technologie définie par (I-9), les fonctions inverses de demande définies par (I-10) et la contrainte de ressources L = Lx + Ly + Lz achèvent la spécification de l'équilibre général du modèle. Par ailleurs, on suppose que L est assez élevé pour permettre la production de X et de Y.

Le nombre de firmes (dans chaque pays) à l'équilibre sur les deux marchés sont les résultats d'un jeu simple à deux étapes. Dans la première étape, les deux firmes font un choix parmi trois options :

1- Rester en dehors des deux marchés (stratégie de 0 implantations) ;

2- Servir le marché étranger et le marché domestique à partir d'une seule implantation (stratégie de 1 implantation) ;

3- Devenir un FMN par l'installation d'une implantation dans chaque pays (stratégie de 2 implantations).

Dans la seconde étape, en fonction des choix effectués à la première, les deux firmes sont en concurrence à la Cournot (sur les deux marchés). Autrement dit, elles décident, en fonction des choix qu'elles ont fait lors de la première étape, des quantités d'output à produire (et à vendre) dans chaque implantation. Elles sont supposées avoir une information complète sur les fonctions de demande et de coût. A noter, que le choix de la première étape se fait d'une façon simultanée, et une fois réalisés, elles sont « irrévocables ».

L'accès au marché étranger est considéré uniquement du point de vue de l'avantage qu'offre la proximité des consommateurs étrangers et non du bénéfice apporté par les autres avantages de production. Autrement dit, le processus de multinationalisation défini par la troisième option n'est pas lié à un avantage technologique ou à l'exploitation d'un avantage spécifique au pays d'accueil (comme une main d'oeuvre moins chère ou bien l'utilisation de certains inputs spécifiques ou non échangeables). Cela signifie que chaque firme ne possède pas d'avantage en coût remarquable par rapport à sa rivale.

a. Investissement direct à double sens (deux multinationales) :

Il s'agit du cas où chaqu'une des deux firmes choisit deux unités de production (une dans chaque pays). La fonction de profit de la firme domestique est par exemple :

(I-11) x (2,2) = (a-bX-cY) X + (a - bX*- cY*)X* - m(X+X*) -2G - 2F

Où X et Y (respectivement, X et Y (désignent les quantités, des biens substituables, vendues sur le marché domestique (respectivement étranger). Le couple (2,2) désigne les nombres d'implantations installées par les deux firmes dans les deux pays. Une fonction de profit similaire (2,2) est relative à la firme du pays étranger. Les conditions de maximisation (de premier et second ordre) des fonctions des deux firmes nous donnent les outputs de Cournot suivants :

(I-12) X = X* = Y = Y* = (a - m) / (2b + c)

On obtient les profits optimaux :

(I-13) x (2,2) = y = b(X² + X*2) - 2G - F = 2b [a-m/2b+c] -2G - F

Où « ^ » désigne les valeurs prises à l'optimum.

b. Deux firmes nationales (duopole à l'exportation) :

Il s'agit du cas où le producteur de X et le producteur de Y exploitent chacun une seule implantation (chacun exporte vers l'autre marché). Les profits du producteur de X, par exemple, sont donnée par :

(I-14) x(1,1) = (a-bX-cY)X + (a-bX*-cY*)X*-mX-(m+s)X*-G - F

L'exploitation de la symétrie entre les firmes et les conditions de maximisation des fonctions de profits des deux firmes nous donne :

(I-14-1) X=Y = (a - m + cd) / (2b + c) où d = s / (2b - c)

(I-14-2) X*=Y = (a - m - 2bd) / (2b + c)

(I-15) x (1,1) = b(X² + X*2) - G - F et x (1,1) = b(Y² + Y*2) - G - F

Par rapport au cas de la combinaison d'implantation (2,2), on remarque que les profits variables ont baissé en raison de la présence des coûts du transport (sX* et sY). Par contre, les coûts fixes ont diminué d'une valeur égale à G (on est passé de 2G + F à G+F). Selon la relation qui existe entre G et s, le duopole avec multinationales ou le duopole à l'exportation engendre des profits supérieurs.

c. Une firme nationale et une firme multinationale :

D'autres configurations de structures des marchés peuvent être obtenues en utilisant les résultats donné par (I-12), (I-14-1) et (I-14-2). Par exemple, dans le cas de la configuration (2,1), X est donné par (I-14-1) et X par (I-12). Autre exemple, Y est donné par (I-12) et Y par (I-14-). Cette procédure nous permet de déterminer les profits optimaux pour les différentes combinaisons des implantations possibles.

L'équilibre de Nash est présenté sous forme d'une combinaison (i, j) où i désigne le nombre d'implantions installées par le producteur de X et j désigne le nombre d'implantations installées par le producteur de Y (avec i, j=0, 1,2)86(*).

2-1-2 Solutions numériques :

Afin d'obtenir une idée plus précise sur les structures des marchés à l'équilibre et de mieux identifier les facteurs qui influencent les résultats, Horstmann et Markusen ont présenté quelques exemples numériques. Les biens sont supposés imparfaitement substituables (c=b/2) et le coût marginal est supposé nul (m=0).

Quatre exemples ont été présentés avec un coût unitaire du transport constant (s=2), F et G pouvant prendre des valeurs alternatives.

Dans le premier cas (F+27 et F=7), il existe un équilibre unique de Nash où chaque firme sert les deux marchés à partir d'une seule unité de production. Aucune firme ne peut améliorer son profit par l'installation d'une unité de production supplémentaire. La solution d'équilibre est ainsi spécifiée par la combinaison (1,1).

Dans le second cas, le coût spécifique à la firme passe à 28 et G reste constant à 7. Cependant, il existe trois combinaisons d'équilibre de Nash : un duopole à l'exportation (la combinaison (1,1)) et deux autres situations dans lesquelles il y a une seule FMN (soit le producteur de X soit celui de Y) implantée dans les deux pays (les combinaisons (2,0) et (0,2). Dans le troisième cas, F passe à 29 et G est réduit à 6. L'effet de ces changements consiste à augmenter l'efficacité d'une firme ayant deux unités de production et à laisser inchangée celle d'une firme ayant une seule implantation. Ainsi, l'équilibre se présente sous forme d'une FMN, en situation de monopole sur les deux marchés (les combinaisons (2,0) et (0,2)). Enfin, si on continue d'augmenter F =30 et de baisser G = 5, on observe alors un équilibre unique avec deux firmes multinationales : c'est la combinaison (2,2).

A travers la présentation de ces deux exemples, on voit que le résultat dépend de la relation entre les structures des marchés, d'une part, et les tailles relatives des coûts fixes spécifiques à la firme et les coûts spécifiques à l'implantation, d'autre part. Une valeur relativement faible de F et une valeur relativement élevée de G donnent une structure à l'équilibre qui correspond à un duopole à l'exportation. L'augmentation de F relativement à la valeur de G, nous conduit à une structure des marchés où on observe une seule firme multinationale (la combinaison (2,0) ou bien (0,2)). Par contre, un duopole symétrique avec deux firmes multinationales apparaît suite à une augmentation supplémentaire de F relativement à G. il faut signaler qu'une analyse analogue (résolution numérique) peut être faite avec les variables F et s.

2-1-3 Impact des barrières aux échanges sur l'équilibre des marchés :

Nous allons nous intéresser aux effets d'un droit de douane et d'une taxe sur la production appliquée dans le pays domestique. L'analyse est faite en partant, à chaque fois de l'équilibre observé dans l'un des quatre exemples numériques (sous-section précédentes). Il s'agit respectivement, du premier et du dernier exemple numérique. On essayera de dégager les effets de chaque politique sur le bien-être dans le pays h et d'indiquer si on observe des changements dans les structures des marchés ou bien dans la combinaison des implantations.

a. Droit spécifique à l'importation dans le pays domestique :

Soit T un droit spécifique appliqué à l'importation du bien Y dans le pays domestique. Considérons, par exemple, les valeurs des paramètres du premier exemple numérique où un duopole symétrique à l'exportation est l'unique équilibre de Nash. Les fonctions d'utilité, de revenu et de profit sont donnés par :

U =U(X) + U(Y) - cXY + Z

(I - 16) L+x + TY = px X + py Y + z

= px + px*X* - m(X + X*) - sX* - G - F

Désignons par W la fonction de bien-être dans le pays domestique. Elle est égale à la somme des trois fonctions précédentes (d'utilité des consommateurs, de revenu lié au droit à l'importation et de profit de la firme locale). Les marchés sont segmentés, le coût marginal est constant et le prix et les ventes à l'étranger ne sont pas affectées par le droit de douane. La différenciation nous donne :

(I-17) dW/dT = (a-bX-cY)dX/dT+(a-bY-cX)dY/dT-mdX/dT-(py-T)dY/dT-Y dpy / dT + YdT/DT

Etant donné que les fonctions inverses de demande (px et py) sont définies dans (I-10) et que py - T = py, on peut écrire l'équation (I-17) sous la forme réduite suivante :

(I-18) dW / dT = (px - m) dX / dT + T dY / dT - Y dpy / dT

Le premier terme du second membre, désigne l'excès du prix par rapport au coût marginal (ce dernier est nul dans l'exemple numérique) multiplié par la variation d'output de X. du fait que le prix est strictement supérieur au coût marginal, une augmentation de l'output de X est bénéfique. Le second terme, mesure l'effet du volume de l'échange. En effet, avec un prix domestique qui dépasse le coût d'importation (T= py - py), une augmentation des importations améliore le bien-être de l'échange constants. Enfin, le dernier terme mesure l'effet des termes de l'échange.

Ainsi, on peut déterminer le niveau du droit de douane qui maximise le bien-être dans le pays domestique. Il suffit que la somme des droits termes précédents soit nulle (dW/dT=0 avec (d²W / dT²) < 0). Il faut signaler qu'on peut observer un changement dans les structures des marchés à l'équilibre. En effet, un droit assez élevé peut inciter la firme étrangère à abandonner les exportations et s'orienter vers l'investissement direct. Elle installe une unité de production à changer sa stratégie. Ainsi, on passe d'une structure d'équilibre avec la combinaison (1,1) à une structure différente avec la combinaison (1,2). Si le coût spécifique d'implantation est élevé, la firme du pays É, peut abandonner son pays (pour éviter le droit) et aller s'installer dans le pays h pour servir les deux pays à partir de ce dernier. La nouvelle structure d'équilibre est à nouveau la combinaison (1,1) mais contrairement à la situation de départ, les deux firmes sont localisées dans le pays h.

b. Taxe spécifique sur la production dans le pays domestique :

Supposons qu'une taxe spécifique soit appliquée à la production dans le pays h. la structure de départ est similaire à celle présentée dans le dernier exemple numérique (la combinaison (2,2)).

Les producteurs de X et de Y supportent cette taxe, les importations de Y n'étant pas taxées. En faisant augmenter le niveau de la taxe, on observe au début un désistement de la part du producteur de Y : on passe à la combinaison (2,0). Si on continue d'augmenter le niveau de la taxe, l'output de X baisse et le bien être diminue. Mais cette réduction en X augmente le prix de Y. Ainsi, la firme étrangère peut (avec un profit positif) produire chez elle et exporter vers le pays h. l'équilibre se présente sous forme de la combinaison (2,1).

Cela provoque un effet défavorable sur le bien-être car la perte dans la fonction de profit de la firme domestique est supérieure au gain engendré dans le surplus des consommateurs.

Une nouvelle augmentation du niveau de la taxe continue à réduire le profit de la firme domestique et du bien-être. Ensuite, la firme domestique peut abandonner son pays local pour aller s'installer dans le pays É. Le nouvel équilibre se présente sous forme de la combinaison (1,1) où les deux firmes sont localisées dans le pays É.

Par ailleurs, il convient de souligner que ces modèles de Horstmann et Markusen ont été développés en l'absence de toute analyse mettant en exergue l'arbitrage entre IDE et cession de licence d'exploitation. En effet, lorsque la firme dispose d'un avantage relatif à son processus de production ou bien à son produit (comme la qualité de produit) et qu'il est avantageux de produire à l'étranger (à cause d'un tarif ou des coûts de transport), il n'est pas toujours rentable d'installer une unité de production supplémentaire (investissement direct à l'étranger). Une alternative possible consiste à accorder une licence de production à une firme étrangère.

Cela nous amène à analyser le cas où une firme doit décider de servir localement un marché étranger soit en construisant des installations sur place, soit en concédant une licence de fabrication à un producteur local.

2-2 Arbitrage entre IDE, exportation et licence d'exploitation :

Tous les modèles qui analysent le choix entre IDE et licence d'exploitation partagent le même point de départ. La firme qui envisage de concéder une licence (à cause des droits supplémentaires auxquels elle fait face) rencontre deux principales difficultés. La première est le fait de ne pas révéler la totalité de son processus ou de sa technologie de production.

En effet, la firme à laquelle on accorde une licence, peut rejeter le contra, copier la technologie à moindre coût et devenir une concurrente de la FMN. Cette dernière perd, par conséquent, une part de son pouvoir de marché.

La seconde réside dans l'asymétrie d'information entre la FMN et celle à qui elle accorde une licence. L'existence de la réputation du produit (par exemple la qualité du bien), fait que, tout accord doit donner des incitations à maintenir la réputation du produit pour ceux à qui on concède la licence.

Cela crée une incitation à internationaliser les transactions en établissant des filiales à l'étranger (investissement direct à l'étranger). D'autres problèmes sont associés au cas où le licencié dispose d'une information supérieure (i) sur son marché local ; (ii) sur l'apparition d'un nouveau produit, (iii) sur le coût de transfert de la technologie, ...etc.

Notons que l'approche OLI offre un cadre d'analyse systématique des conditions nécessaires à l'apparition de L'IDE. Elle reste cependant très floue sur les conditions suffisantes : dans quel environnement précis la firme choisira-t-elle L'IDE plutôt que l'exportation? L'IDE plutôt que la licence à une entreprise locale ? Dans ce sens, comme le suggère Markusen dont nous nous inspirons ci-dessus, il existe un moyen de rendre l'approche OLI plus synthétique, en insistant sur le rôle joué par le capital humain, ou plus précisément sur la corrélation positive décelée entre niveau d'IDE et indicateurs de complexité technologique au niveau sectoriel.

En termes d'avantages spécifiques, cette régularité empirique peut être interprétée comme reflétant l'importance d'avoirs en connaissances « knowledge-based assets » tels les méthodes de production, l'expérience en matière de management,...etc. la particularité de ces avoirs en capital, est qu'ils peuvent être mis à disposition d'autres unités de production (filiales) pratiquement sans coût supplémentaire (non rivalité dans l'utilisation).Celle-ci va alors avoir un conflit entre les « économies de dispersion » autorisées par la mise à disposition simultanée d'avoirs en connaissance à plusieurs filiales (« economies of multiplant » et les économies d'échelle traditionnelles, basées sur la présence de capital physique, et qui militent, elles, en faveur de la concentration de la production en un seul endroit. C'est de la résolution d'IDE. Illustrons ces effets à l'aide de deux exemples très simplifiés.

2-2-1 Choix entre IDE et exportations

Intéressons-nous à la situation d'une firme du pays H qui, par hypothèse, ne fait face à aucune concurrence, et envisage de lancer un produit dans le pays H et F. Le coût marginal (m) est constant, de même que les coûts de transports unitaires (t). Une part - des frais fixes (f) représente des dépenses en R&D exploitables sans coût supplémentaires par une filiale éventuelle dans le pays f. l'avantage de la multinationale par rapport aux exportations est qu'elle évite les coûts de transports. Son inconvénient est qu'elle implique des frais fixes supplémentaires, (1 - )F, dus à l'établissement de la filiale.

Si l'on note R(t) les rentes (recettes nettes des coûts variables) réalisées par l'exportation (R'=dR / dt<0,et R(0) les rentes avec production en H, la firme sera indifférente entre les deux solutions si les valeurs de t et vérifient la condition suivante :

(I - 19) R(t) - R(0) - (1 - ) = 0

Cette condition, représentée par la courbe MM' (de pente R'/f <0)dans la figure I- 4, délimite les zones de choix de la firme, tout point en dessous (au-delà) de cette frontière conduisant à l'exportation (l'établissement d'une filiale).

Ce graphique met en lumière deux sources d'IDE. Par exemple, lors du passage du point a au point B, c'est l'introduction d'un tarif qui permettrait d'expliquer la multinationalisation, alors que du point a au point C, elle serait plutôt due à un accroissement de l'importance relative des économies de dispersion par rapport aux économies d'échelle.

Ce modèle suggère donc que les multinationales auront tendance à se trouver concentrées dans des industries ou les avoirs en connaissances sont importants, les économies d'échelle réduites conformément aux observations empiriques, L'IDE (bilatéral) sera d'autant plus important que les économies sont similaires en termes de taille, de revenu par tête et de dotations factorielles87(*).

les pays à bas salaires d'aise du sud est en particulier par les firmes

multinationales à travers les IDE et la sous-traitance

internationale : logique verticale = d »composition internationale

des processus productifs à large échelle

(extension du taylorisme à l'échelle mondia

les pays à bas salaires d'aise du sud est en particulier par les firmes

multinationales à travers les IDE et la sous-traitance

internationale : logique verticale = d »composition internationale

des processus productifs à large échelle

(extension du taylorisme à l'échelle mondiale

le

Figure 1-4 IDE versu

industriels et augmentation du commerce

régionale

nale

rtations

Cet angle d'approche entend ainsi fournir un modèle qui montre que les FMN se concentrent dans les industries ou les avoirs en connaissances sont importants, les économies d'échelle réduites et les barrières à l'entrée relativement faibles par rapport aux barrières au commerce.

2-2-2 Choix entre IDE et licence d'exploitation

Imaginons pour simplifier que des coûts de transports très élevés écartant la possibilité d'exporter88(*), mais que la firme pourrait octroyer une licence d'exploitation, moyennant le déboursement des frais fixes relatifs à la connaissance de l'exposer au risque de défection de l'entreprise locale qui pourrait, une fois assimilés les « avoirs en connaissances », renier le contrat et produire pour son propre compte.

Envisageons ce problème de défection dans un modèle à deux périodes. Au début de la seconde période, l'entreprise du pays H et le détenteur de la licence d'exploitation du pays F décident simultanément, soit de poursuivre leur association, soit de faire défection. Par hypothèse, le producteur faisant défection supporte des coûts fixes supplémentaires de (1 -)F (la firme de H n'ayant plus à débourser G), mais accapare toutes les rentes du marché (R). Si les deux firmes font défection (la firme du pays H conservant tout le capital physique dans se cas), elles s'engagent dans un duopole à la Cournot, avec des rentes totales de D (D<R).

Si l'on note L2 les droits d'exploitation encaissés par la firme H en deuxième période, les stratégies des deux firmes conduisent aux profits suivants en deuxième période:

Tableau N° 3 : Matrice des profits

 

Firme de F

Firme de H

 

Défection

Non-défection

Défection

(1/2D ; 1/2D-(1-)F)

(R-(1-)f ; 0)

Non-défection

(0 ; R-(1-)F)

(L2 ; R-L2)

Si ; 1/2D- (1-)f > 0, ce que l'on supposera, on constate que chaque firme a intérêt à rompre ses engagements si l'autre firme fait défection. Par ailleurs, si R-(1-)F> L2 et que R-(1-)F>R-L2, ce qui implique que R>2(1-)F, chaque firme a intérêt à faire défection même lorsque l'autre firme honore ses engagements. En d'autres termes, si les rentes sont suffisamment élevées par rapport aux frais fixes,  « la tentation est trop grande », et la stratégie dominante pour chacune des deux firmes est de faire défection, le cas où la firme du pays H sait qu'elle ne peut compter sur celle du pays F que sur une période. Elle exigera comme droits d'exploitation dans la période 1 le montant maximal que l'autre firme est prête à débourser, soit L1=R-(1-)F+1/2D-(1-)F (en supposant un taux d'actualisation nul pour simplifier). Au total, les profits de la firme en F seront nuls que ceux de la firme en seront égaux à R+D-2(1-)F, inférieurs, sous notre hypothèse concernant G, à ceux qu'elle aurait obtenus en établissant une filiale dés la première période

(2R-(1-)(F - G). le choix qui s'impose est donc celui de la multinationalisation.

Si par contre R<2(1-)F, il n'y a plus de stratégie dominante pour les deux firmes, mais la firme en H peut choisir le patron de droits d'exploitation qui lui assure les plus élevées et la fidélité de son correspondant local. Le montant maximum qu'elle peut fixer en période 2 est, L2 = (1-)F, ce qui assure à la firme de F une rente nette au moins égale à celle qu'elle aurait obtenue en faisant défection. Ce montant peut cependant être récupéré par la firme de H en l'incorporant aux droits d'exploitation de la période 1, qui peuvent être portés au maximum à L1=2R-2(1-)F pour que la firme en F enregistre un profit net juste nul. Au total, les rentes nettes extraites par la firme H s'élevant à L1+L2 = 2R-(1-)F, ce qui la conduit à préférer l'octroi d'une licence à la multinationalisation.

Partant de ces constats, L'IDE sera préféré aux licences d'exploitation lorsque les rentes à extraire sont élevées par rapport aux frais fixes et que le risque d'une dissipation des rentes au travers de défection est élevé.

CONCLUSION DU CHAPITRE I

La définition de l'IDE fait l'objet d'une polémique dans la mesure où il est très diversifié, multiforme et qu'il existe plusieurs définitions (FMI, Banque mondiale, CNUCED, ...etc.).

Quant à sa décomposition, ce n'est qu'à partir de 1991 que le Maroc (Office des Changes) a commencé à procéder à la décomposition de l'investissement étranger en investissement direct étranger , investissement de portefeuille, prêts et avances en comptes courants d'associés.

Au niveau mondial, il existe plusieurs sources de l'IDE (FMI, Banque mondiale, OMC, CNUCED, ...etc.)

Dans le cas du Maroc, le système bancaire, les enquêtes annuelles du département du commerce et de l'industrie portant sur les entreprises à participation étrangère dans le secteur industriel, les déclarations des investisseurs étrangers auprès de l'office des changes, la direction des investissements extérieurs, la commission des investissements et la cellule du Fond Hassan II pour le développement économique sont considérés comme les principales sources statistiques de l'IDE. 

Sa mesure est difficile à comptabiliser (les réinvestissements qui ne figurent dans le compte de la balance de paiement, problème d'identification de la nationalité de l'entreprise dans le contexte de la mondialisation etc....).

Sur le plan théorique, de nombreux arguments théoriques ont été développés pour expliquer et approcher les déterminants des investissements directs étrangers. La diversité des situations rencontrées favorise la multiplication des explications du phénomène étudié. De plus, les situations rencontrées ont tendance à évoluer dans le temps en modifiant l'importance des différents facteurs explicatifs.

Dans ce sens, les approches réalisées durant les années 50 et 60 (les barrières aux échanges et à la mobilité, l'imperfection des marchés réels et financiers des coûts de production entre pays, les risques de change, les avantages spécifique des firmes, ... etc) avaient été développées pour expliquer la présence des entreprises multinationales et en corollaire les IDE.

Les analyses se référant à la théorie du commerce international s'intéressent davantage aux flux physiques de capitaux et aux conséquences qu'ils peuvent avoir sur les rémunérations des facteurs de production et sur les gains en termes de bien être. Les analyses s'appuyant sur l'économie de la finance internationale, centrent leur argumentation sur la diversification des risques que permettent L'IDE et l'asymétrie d'information entre les FMN et les autres investisseurs internationaux, les premières disposant d'une meilleure information sur l'environnement économique étranger que les seconds.

Les approches proposées dans le cadre de l'économie industrielle portent principalement leur attention sur les caractéristiques des marchés où les FMN opèrent sur leur comportement face à la concurrence nationale et étrangère. Dans cette optique, l'application d'une approche d'organisation industrielle à la nouvelle théorie de l'échange, a permis d'obtenir une meilleure compréhension des déterminants de L'IDE.

Cela résulte principalement de l'addition d'éléments comme la concurrence imparfaite, la différenciation des produits et les rendements d'échelle croissants. Dans ce sens, les nouveaux résultats sont obtenus en dehors de l'avantage comparatif de la théorie traditionnelle de l'échange international.

En basant notre présentation sur les combinaisons binaires des avantages Ownership-Localisation-Internalisation OLI, nous sommes amenés à considérer, d'une part, la théorie de la multinationalisation exogène où l'émergence des multinationales apparaît comme le résultat de la différence entre les pays dans la rémunération des facteurs, et d'autre part, la théorie de la multinationalisation endogène qui introduit une dimension stratégique plus complexe.

Dans ce dernier cas, la théorie traite principalement du cas de l'investissement direct horizontal à double sens dans lequel la FMN produit le même bien dans au moins deux pays différents. De plus, l'endogénéité des choix (IDE, exportations et licence) permet d'expliquer le cas d'une firme localisée dans un pays qui désire accéder au marché d'un pays étranger : elle doit effectuer, soit, un choix entre exportation et investissement direct (installation d'une filiale), soit, un choix entre IDE et licence d'exploitation. Autrement dit, les décisions d'investir à l'étranger sont modélisées comme le résultat d'un jeu qui introduit une dimension stratégique tenant compte des structures de coûts, des stratégies des rivaux et de la politique commerciale des pays.

Dans cette optique, l'un des résultats fondamentaux de l'étude de la multinationalisation endogène des firmes est le suivant : l'observation des FMN (ou bien de l'investissement direct à double sens) est liée à la similarité entre les pays du point de vue des marchés, des dotation factorielles relatives et de la technologie.

II faut signaler que ce résultat est opposé à ceux de la théorie traditionnelle. En effet, cette dernière considère principalement l'investissement direct vertical basé sur les différences dans les dotations factorielles ou dans les prix des facteurs.

Qu'il s'agisse de la multinationalisation exogène ou de la multinationalisation endogène, les pays en développement ne sont pas explicitement pris en compte. En effet, il est maintenant établi que l'essentiel des flux d'IDE, qui ont explosé au cours des quinze dernières années, fait intervenir avant tout des pays industrialisés (comme émetteurs et comme récepteurs), très similaires en termes de revenu par tête et de dotations factorielles.

Cela semble évident dans la théorie endogène de la multinationalisation qui vise des pays semblables et également développés. Cette théorie montre que les chances d'observer l'investissement direct dans un pays en développement sont faibles. II est toutefois important de remarquer que plus de 90% des flux d'IDE orientés vers les pays d'Asie du sud-est 89(*) à croissance rapide qui offrent des potentiels de débouchés locaux attractifs et des dotation en infrastructures de communication très performantes permettant de concilier délocalisation pour motif de minimisation des coûts et impératifs de flexibilité et de réactivité aux fluctuations de la demande (versatilité). Ainsi, cette théorie basée sur la multinationalisation endogène explique mal la forte croissance des flux d'IDE destinés aux pays asiatiques en dehors du fait qu'il s'agit de marchés à fort potentiel de croissance.

La théorie de la multinationalisation exogène peut s'appliquer aux pays en développement puisque les dotations factorielles sont supposées différentes 90(*) des gains technologiques transmis par L'IDE.

Il s'agit de voir, d'un point de vue réel : Quelles sont les principaux pays émetteurs et récepteurs des IDE dans le monde ? Quelles sont les régions les plus attractives dans le monde ? Quelle est la part détenue par les PED ? Quelle est la part détenue par le continent africain  et en particulier le Maroc ? Ce ceci fera l'objet du second chapitre qui sera consacré aux grandes tendances des IDE dans le monde.

* 63 Peyrard.J 1988, op cit P : 99.

* 64 Mucchieli J-L et Thuiller J.P, Multinationales et investissements croisés, Paris, Economica,1982 P : 45-56. 

* 65 Idem, P : 75-59.

* 66 Idem, P : 60-65.

* 67 Peyrard.J 1988, op cit P : 100, voir également Mucchieli J-L, les firmes multinationales, Paris, Economica, 1985, Mucchielli, J.L. Multinationales et mondialisation,Editions du Seuil, 1998, Mucchielli, J.L., « Les délocalisations d'activités industrielles et de services », Problèmes politiques et sociaux, n° 729, 1994.

* 68 Helpman E., " A sipmle theory of international with multinational corporations ", Journal of Political Economy, 1984, Vol.92, n°3, pp.451-471.

* 69 Markusen J.R, "The boundaries of multinational entreprises and the theory of international trade ", Journal of Economic Perspectives, Vol.9, n°2, 1995, pp. 169-189.

* 70 Helpman E 1984, op cit p.472-475.

* 71 Dans le premier cas, l'élasticité de substitution entre les variétés est constante et dans la seconde elle est supérieure à l'unité (échelle dépend du prix du bien et du nombre de variétés disponibles pour les consommateurs).

* 72 Il s'agit du coût des hx unités de l'input H.

* 73 Dans la spécification des préférences du type Dixit-Stiglitz (1977), le degré de pouvoir de monopole est constant.

* 74 Dans ce modèle, les variables n et y sont endogènes.

* 75 C'est le cas d'une intégration verticale dans le pays 2.

* 76 Ces intangibles représentent toutes les activités qui ne sont pas liées directement à la production. Cela peut comprendre des activités comme la R&D, la publicité, le marketing, les chaînes de distribution, le management, ...etc.

* 77 Markusen J.R, op cit P 190-195.

* 78 Cela élimine la possibilité de plusieurs implantations dans le même pays.

* 79 En effet, chaque peut installer 0 ou bien 1 unité de production (localisée chez elle ou bien à l'étrange). Elle a trois possibilités pour servir les deux marchés. Au total, il existe 9 (3 x 3) possibilités au niveau mondial. La situation des 2 unités de production (firme multinationale) fera l'objet de la sous section qui suit.

* 80 A ce titre, Liz désigne la quantité de travail utilisée dans le pays i (i=m,h) et secteur du bien z (z=X,Y).

* 81 Hymer S 1976, op cit p 80-88.

* 82 Markusen J.R, op cit P 196-202.

* 83 Horstmann, I. et Markussen, J. 1987, « Strategic investemnts and the developement of multinationals », Review of Economics and statistics, vol 28, N°1, in Casson, M. 1990, Multinational Corporations, Edition Edgar.

* 84 A ce propos le modèle de Brainard (1992) considère des biens différenciés et le coût du transport est une fonction croissante de la distance qui sépare les deux pays. Malgré cette différence par rapport au modèle de Hostmann et Markusen, les résultats sont similaires.

* 85 Dans ces travaux, on retrouve l'un des résultats fondamentaux de la nouvelle théorie de la géographie économique. Il s'agit d'observer une force (les économies d'échelle) qui pousse à la concentration de la production (cas de l'exportation) et une autre force (les coûts de transport) qui pousse à la dispersion de la production (cas de l'IDE ou bien des FMN avec deux unités de production), Krugman P, Geography and trade, Cambridge mass, the MIT Press, 1991.

* 86 Le nombre total de combinaisons d'implantation (réalisé par les deux firmes) sur les deux marchés est égal à 9 (9=3x3).

* 87 Un autre résultat intéressant du modèle de Markusen et Venables est que la croissance donne d'abord lieu à un accroissement du commerce intra-branche (comme dans les modèles en concurrence imparfaite traités par Grossman et Helpman (1991), mais que celui-ci est progressivement remplacé par L'IDE ce qui permettrait d'expliquer pourquoi la croissance de L'IDE a été nettement plus prononcée que celle du commerce au cours de vingt dernières années.

* 88  Pour un modèle plus riche endogéneisant les trois choix simultanément (IDE, exportations et licence), voir Ethier W.J, the multinational firm, quarterly journal of economicx N°101 1986, pp 805-883.

* 89 L'Asie du sud-est a reçu en 1995, 12,7% du total mondial du stock d'investissements CNUCED 1996.

* 90 Lorsque les dotations sont similaires, il existe une différence liée au capital spécifique à l'un des secteurs. En effet, l'introduction du capital spécifique au secteur est cohérence avec l'argument selon lequel les FMN possèdent des actifs qui leur sont propres (caves, 1982). Au-delà, on peut rappeler que sous l'impulsion d'auteurs tels que Samuelson et Jones, l'hypothèse de parfaite mobilité inter-sectorielle des facteurs de production est remise en cause dans le modèle d'Heckscher-Ohlin. Pour ces auteurs, si dans le long terme, une parfaite mobilité du facteur capital entre secteurs est facilement justifiable, en court terme, cette hypothèse est beaucoup plus contestable. Ainsi, il existe des barrières technique et/ou physique à la mobilité. Par conséquent, le facteur capital est fixe dans le court terme. Il est donc spécifique au secteur dans lequel il est employé.

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