UNIVERSITTE D'ETAT D'HAITI
INSTITUT NATIONAL D'ADMINISTRATION DE GESTION DE HAUTES
ETUDES INTERNATIONALES
(INAGHEI)
Le mouvement syndical haitien :luttes et conquetes
dans le secteur de l'education 1986-2000
Mémoire de sortie prepare et soutenu par l'etudiant
Leonel PIERRE
Sous la direction du Docteur Anski Mabango
Kitubu
Pour l'obtention de son grade de licencie en Administration
Option :Administration Publique
Port-au-prince,haiti
Juillet 2004
LE MOUVEMENT SYNDICAL
HAÏTIEN:
Luttes et Conquêtes dans le secteur de
l'Éducation
1986 -2000
Aux Enseignants
et
aux autres professionnels
`' Si tu refuses ton propre combat, on fera de toi le
combattant d'une cause qui n'est pas la tienne. ''
(Jean ROSTAND)
`' Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des
syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses
intérêts `'
(Article 23-4 de la charte
internationale des droits de l'homme proclamé en
1948)
Remerciements
____________________________
Au terme de la réalisation de ce travail nous
tenons à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à rendre ce travail possible. Leur soutien à un
niveau ou à un autre nous a permis de venir à bout des
difficultés de toutes sortes. C'est pourquoi nos remerciements sont
adressés à nos parents Monsieur et Madame Léonard PIERRE
qui, même dans les moments les plus difficiles, ne se sont jamais
découragés à nous prodiguer les soins les plus
nécessaires. Sans leurs efforts associés aux nôtres nous
n'aurons pas pu arriver là où nous sommes.
Mes remerciements sont adresses au Docteur Saliou Ladjouan
pour sa ferme volonté et détermination de nous diriger
inlassablement dans l'étude de ce sujet intitulé: « Le
mouvement Syndical Haïtien : luttes et conquêtes dans le secteur de
l'Education de 1986 à 2000.» Malheureusement son départ
pour le pays ne nous a pas permis d'achever le travail avec lui.
Mes remerciements sont aussi adressés au Docteur
KITUBU, Anskis Mabango qui a accepté de nous accompagner en vue
d'achever ce travail. N'était-ce pas son dévouement et sa
patience ce travail n'aurait pu être ce qu'il est aujourd'hui ? Une fois
de plus, Merci Docteur KITUBU.
Il convient aussi d'adresser mes remerciements :
§ à mes anciens professeurs de tous les
niveaux du Système Educatif Haïtien
§ à mes frères et soeurs pour leur
dévouement et leur soutien
§ à mes anciens camarades de classe
(élèves et étudiants)
§ aux camarades syndicalistes
§ aux responsables des différentes
Bibliothèques qui ont mis à notre disposition les
différents documents qui nous ont permis à mener à bien
cette recherché particulièrement de l'INAGHEI, de la Nationale,
de la Faculté de droit et des sciences économiques, de la
Commission Nationale de Coopération avec l'UNESCO, de la FONHEP, de la
Faculté des Sciences Humaines.
§ à Marilène, Yanick,
Pépé, Laforêt pour leur soutien et collaboration.
§ aux enseignants et enseignantes qui ont compris que
la lutte pour la défense de leur métier est un combat.
A tous ceux dont la préparation de ce travail
m'oblige à les priver de ma présence. Je profite de leur dire
aujourd'hui j'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course. Qu'ils
soient, tous, enfin, vivement remercier pour leur compréhension, leur
collaboration active et éclairée.
METHODOLOGIE
I- LES RAISONS DU CHOIX DU SUJET
A l'heure actuelle, l'éducation en Haïti
connaît des problèmes, présentés sous diverses
facettes. Ces problèmes nous les avons vécus au cours de notre
passage dans l'enseignement primaire, secondaire, professionnel et
supérieur; nous les avons retrouvés plus tard dans le cadre de
notre statut d'enseignant et de nos différentes visites dans
différentes régions du pays. Il nous est apparu alors que ces
problèmes affectent l'ensemble du pays.
Face à l'incapacité du pouvoir à
résoudre ces problèmes, les enseignants se sont regroupés
en syndicat((*)1) pour
tenter de trouver des solutions à ces graves problèmes qui mitent
le monde de l'éducation en Haïti. En même temps qu'ils posent
les problèmes de l'éducation ils en profitent aussi pour faire
passer leurs propres révendications axées sur la valorisation de
leur métier. Ces révendications s'inscrivent dans un processus de
lutte continue et permanente pour les faire aboutir.
Notre statut d'enseignant et notre compréhension de
l'importance du métier nous ont obligé de nous impliquer
davantage dans cette lutte.
Les diverses actions syndicales qui ont paralysé en
1995 et 1997 le fonctionnement de l'école haïtienne pendant
plusieurs semaines par des organisations syndicales du secteur de
l'Éducation ont révélé au public haïtien la
détermination des enseignants de résoudre définitivement
ces problémes. Les syndicats à cette époque ont fait usage
d'une double stratégie : la pression et la négociation.
Les pressions qui les ont conduit à la
négociation ont abouti à des accords qui malheureusement
aujourd'hui n'ont été suivi d'aucun effet. Face à cet
échec les actions syndicales n'ont cessé de se multiplier dans le
secteur de l'éducation. Et dans une période marquée par la
fin d'une dictature et l'émergence d'un siècle nouveau
(1986-2000). La société haïtienne a été
démobilisée dans ses choix pour le développement du
pays.
C'est pourquoi il nous est apparu indispensable d'accorder
une attention soutenue aux différentes luttes et conquêtes du
mouvement syndical haïtien dans le secteur de l'éducation.
II- PROBLEMATIQUE
Haïti est un pays qui a longtemps été
colonisé, il faudrait donc remonter à l'époque coloniale
pour retracer l'évolution de son système éducatif qui
comprend deux grands axes:
- l'éducation coloniale avec la mission de socialiser
et de qualifier la main d'oeuvre noire.
- l'éducation marron qui, dans la clandestinité
la plus complète, s'adresse aux esclaves et aux Noirs en
général. Elle avait une double fonction mystique et politique et
dont l'objectif était la libération des esclaves et la fondation
de la nation haïtienne.
Il est à souligner que ces deux éducations ne
sont pas en contradiction, elles participent d'une lutte féroce et sans
merci entre deux ordres sociaux: l'un caractérisé par le
régime esclavagiste et l'autre par la volonté de
libération des esclaves et des travailleurs noirs, hommes de couleurs
libres et affranchis((*)1).
Avec le temps, l'Éducation en Haïti devient catastrophique; elle
fait retarder le pays quel que soit le critère de performance
considéré puisqu'elle est en opposition avec les aspirations
réelles de toutes les couches sociales de la nation et exprime une crise
profonde de la société.
Tenant compte des caractéristiques principales du
système éducatif qui a révélé les carences
de l'Etat au niveau pré-scolaire qui, il y a peu de temps encore
comptait à travers la République seulement 210 centres
pré-scolaires publics (C P P), tous attachés à des
écoles nationales primaires. Face à cette carence du secteur
public, le secteur privé comptait quant à lui, plus d'un millier
d'écoles maternelles. Cette situation s'est aggravée avec le
temps puisque les centres pré-scolaires publics ont diminué de
plus en plus alors que le secteur privé est à la hausse, c'est le
cas de la section «KINGDERGARTEN».
- Au niveau primaire c'est la désorganisation;
le cadre physique n'est pas toujours approprié. En effet certaines
écoles n'en possèdent pas et fonctionnent à la belle
étoile. Les élèves sont en grande majorité des
sur-âgés. Les professeurs récrutés sont
inqualifiables, sans vocation, sans spécialité aucune puisqu'ils
sont respon-sables de toutes les matières enseignées. Cette
situation catastrophique du primaire a des incidences graves sur le
secondaire.
- Au niveau du secondaire les problèmes sont
multiples. Ils concernent la faiblesse des ressources allouées à
l'éducation, l'expansion spontanée de l'effectif scolaire au
niveau du secteur privé, l'incompétence des éducateurs,
l'absence de contrôle réel et le manque de motivations
pédagogiques. Tous ces problèmes ont engendré le
phénomène de «Borlétisation»(#) au
niveau secondaire.
- Au niveau technique et professionnel c'est encore
la faiblesse de l'Etat qui frappe. Le secteur privé assure seul la
quasi-totalité des établissements techniques et professionnels
dépendant de l'INFP, qui brille par son incapacité. Souvent, les
techniciens ne possèdent pas le niveau de scolarité exigé
à l'entrée dans ces établissements. Cela est notamment
imputable au fait que certains parents ne croient pas à
l'intérêt de l'enseignement technique qu'ils considèrent
comme un recours en cas de l'inaptitude de leurs enfants à suivre
l'enseignement classique. Ils déclarent souvent: «Timoun nan
pa ka apran-n li map mete-l nan metyé».
- Au niveau supérieur les centres
universitaires sont prolifiques et plafonés au niveau de la licence
à l'exception de quelques rares centres universitaires privé,
ayant un programme de maîtrise comme l'Académie Nationale
Diplomatique et Consulaire (ANDC) et l'Université
Quisqueya. Il est à souligner que seule la faculté de
médecine possède un doctorat sans présentation de
thèse.
- A chacun de ces niveaux, les conditions de travail
sont difficiles, les objectifs ne sont pas clairement définis, les
progrès ne se manifestent pas au sein du système.
«Dans une société démocratique
recherchant le progrès, les finalités de l'éducation
doivent être clairement définies(*) et tendre à
trois grands objectifs: Premièrement relever le standard de vie de la
nation; deuxièmement augmenter les capacités agricoles et
industrielle et troisièmement préparer les masses à la
participation politique et former l'élite nationale ( Moton
1931)((*)1).
Aussi, l'éducation devient-elle une charge. Cette
charge incombe à l'Etat. Lui seul possède la
légitimité ainsi que la puissance administrative pour
reconstruire un nouveau système éducatif et le rendre
opérationnel en mobilisant une part importante de la richesse nationale
pour financer la scolarisation massive de la population et améliorer la
qualité de l'enseignement.
Face à tous ces problèmes, les professionnels
de l'éducation ne se sont pas démobilisés,
obéissants aux préscrits constitutionnels((*)1), ils s'associent et ces
associations portent le nom de syndicats.
Les étapes marquantes de l'évolution du
mouvement syndical dans le domaine de l'Éducation peuvent se
résumer de la manière suivante:
Pour la première fois, vers les années 50,
l'histoire nous rapporte que le monde de l'éducation a connu l'existence
de deux syndicats. Il s'agit de l'Union des Instituteurs Haïtiens
(UIH) en décembre 1957 et de l'Union Nationale des
Maîtres de l'Enseignement Secondaire (UNMES) au cours du
mois de janvier de la même année.
· 1957: marque l'avènement de
François DUVALIER au pouvoir
politique, le mouvement syndical continue à faire son chemin.
· 1961: malgré la
repression exercée par le régime des Duvaliers
les centrales syndicales continuent à exister.
· 1963 : c'est l'extinction de
toute activite syndicale indépendante et progressiste dans le pays par
le pouvoir duvaliériste. Seuls subsistent les syndicats
créés par le régime.
· 1980 : c'est la
répression qui plonge les syndicats combatifs dans la
létargie.
· 1986 : marque la chute de la
dictature musclée qu'a connue le pays pendant 29 ans. Duvalier n'est
plus au pouvoir; Cette année a été celle du foissonnement
des syndicats et du réveil de leur sommeil forcé. De nouvelles
créations ont ainsi vu le jour dans les différents secteurs de la
vie nationale.
Au cours de cette période marquée par l'euphorie
de la victoire de tout un peuple, tous les secteurs s'organisent, les
enseignants eux se réunissent en Avril 1986 à
Léogâne, pour créer la Confédération
Nationale des Enseignants d'Haïti (CNEH) qui, plus tard, deviendra la
Confédération Nationale des Educateurs d'Haïti avec comme
objectif de défendre et de protéger les droits et les
intérêts des Educateurs.
En 1991, prenant acte de la démission de l`État
face aux nombreux problèmes de l'éducation. Les professeurs
normaliens du pré-scolaire, du primaire et du secondaire se
réunissent à Port-au-Prince pour créer l'Union Nationale
des Normaliens d'Haïti (UNNOH) avec l'objectif de:
- valoriser la fonction
enseignante
- Contribuer à
l'amélioration du système éducatif.
· 1992 : de nombreuses associations
d'enseignants dans les diverses régions du pays se sentent
isolées; Pour vaincre cet isolement, elles se réunissent à
Port-au-Prince et décident, après maintes discussions, de
créer la Fédération Nationale des Travailleurs en
Éducation et en Culture (FENATEC) dans l'objectif de :
- défendre la cause des
associations enseignantes, des employés de l'Éducation et des
travailleurs sociaux en insistant sur les meilleures conditions de travail.
- contribuer à la mise en
oeuvre d'un plan de réforme du système éducatif
haïtien à tous les niveaux.
· 1995 : le malentendu, les
problèmes de principe opposant le MENJS et les enseignants
engagés dans le processus d'évaluation des copies des bacheliers.
conduisent à la création du Corps National des Evaluateurs
Haïtiens; qui quelques années plus tard se Transforme en Corps
National des Enseignants d'Haïti (CONEH) avec l'objectif de
défendre et protèger les droits de ses membres toutefois cette
organisation a été doté d'une structure
collégiale.
· 1996 : suite à la
déclaration du Ministre de l'Éducation Nationale visant à
revoquer massivement les inspecteurs et les enseignants en commençant
par ceux intégrés à partir d'Octobre 1995. Le motif
évoqué par le Ministre pour justifier ces révocations est
libélé comme suit : « c'est une lourde charge de
l'État.'' A la suite de cette décision 76 agents
éducatifs y compris enseignants, inspecteurs et autres concernés
par la question de l'éducation des dix départements scolaires du
pays se donnent rendez-vous à l'Ecole Normale Supérieure (ENS).
Après délibération ils décident de créer une
association dénommée Groupe d'Initiative des Enseignants de
Lycée (GIEL) dans l'objectif de :
- travailler pour la promotion du
secteur public.
- encourager le développement
de la pensée en Haïti.
Il n'y a pas que ces syndicats.
D'autres associations ont aussi marqué le monde éducatif. Il
s'agit de:
- l'Association de Solidarité
des Parents des Élèves Haïtiens (ASPEH)
- le Zafè Elev Lekol (ZEL)
Suite aux journées de grèves, de manifestations,
dès scènes de violence et de négociations vers les
années 95, les syndicats ont, enfin, obtenu, sans un accord formel, un
ajustement de salaire de 120% sur les 300% reclamés.
En 1997, une autre étape marque la lutte des
enseignants. Mobilisés autour du mot d'ordre de l'UNNOH, du CONEH, du
GIEL, de la FENATEC et de l'ASPEH qui, plus tard, inviteront le ZEL et la CNEH
à emboîter le pas. Les nuits de négociations entre eux et
l'Etat les ont conduit à la signature conjointe des accords suivants:
1. Le protocole d'Accord du 17
janvier 1997 signé avec la Commission d'Éducation du Sénat
de la République à travers lequel, la Commission s'engage
à entreprendre dans l'immédiat, des démarches
nécessaires auprès de toutes les autres instances
concernées en vue d'arriver à l'ouverture des travaux permettant
d'apporter satisfaction aux differentes revendications des Enseignants. En
réalité, cet Accord n'a fait qu'initier le processus de
négociation et rien d'autre dans le concret
2. Le protocole d'Accord en date du
17 février 1997 signé au palais National.
A travers cet accord, les
engagements fermes ont été pris au nom du Gouvernement et en
présence du chef de l'État, le Ministre de l'Éducation
Nationale a signé. Devant la résistance et le non respect de sa
signature les organisations d'enseignants remontent au créneau.
3. L'Addendum au protocole d'accord
en date du 23 Mai 1997 et d'autres actes officiels tels: l'acte
d'adhésion de la chambre des députes...etc.
Ce ci fut en réalité un supplément au
protocole d'accord du 17 février réalisé sous l'initiative
du président de la chambre des députés. Cette fois les
engagements sont repris et accompagnés d'échéanciers.
Quatres années après, ces échéanciers
n'étaient pas toujours respectés. La lutte syndicale continue.
Les syndicats continuent à réclamer l'application et le respect
de ces Accords que le quotidien Nouvelliste, en date du 10 Mars 1999, qualifie
de `'Patrimoine National de l'Education.''
Comme nous pouvons le constater, la lutte syndicale dans le
secteur éducatif est marquée par différentes
étapes. Quels sont les facteurs défavorables à la marche
progressive de la lutte syndicale dans le secteur éducatif ?
Ces facteurs se situent à trois niveaux:
1) Au niveau Éducationnel
2) Au niveau Conjoncturel
3) Au niveau des Syndicats
AU NIVEAU EDUCATIONNEL
: les facteurs de blocage de la lutte syndicale sont les
suivants:
- le mode de récrutement des enseignants lié au
profil et au grade.
- le manque de concertation entre les enseignants
- la faible qualification des enseignants
- le problème d'information facilitant l'analyse des
syndicalistes
- l'absence de partenariat entre l'état et les
syndicats.
- le secteur privé de l'éducation dans son
fonctionnement anarchique
- les articles publiés dans les colonnes du journal
l'éducation en action et les autres journaux de la place
- les menaces de révocation des enseignants
grévistes
- la révocation des leaders syndicaux par le MENJS
- les associations parallèles créés par
le MENJS.en vue de mater la lutte syndicale
- les déclarations et actions des dirigeants de l'Etat
a effets démobilisants
- l'insatisfaction des enseignants bénéficiant
d'un mauvais traitement salarial ce qui les poussent à abandonner le
métier et de ne pas imaginer un plan de carrière
- l'absence de vocation
- la non valorisation du métier d'enseignant
- l'etiquette sacerdotale accrochant au métier
d'enseignant
- le réfus du dialogue et de concertation par le
MENJS
- le désaccord du MENJS avec les syndicats du
secteur.
AU NIVEAU CONJONCTUREL
: les facteurs de blocage de la lutte
syndicale sont les suivants:
- les mouvements de protestation des différentes
organisations de la société civile recherchant la satisfaction de
leurs revendications
- l'absence de plan de lutte
- la fréquence élevée du mouvement avec
la même tactique et la même formulation des revendications
- le manque de moyen matériels et logistiques des
syndicalistes
- le non respect du droit syndical par les autorités en
place
- la vision négative de la population face aux
différentes actions syndicales qu'elles soient à caractère
politique ou à caractère économique et sociale.
- l'inexistence du contrebalancement au niveau du pouvoir
politique
- l'instabilité politique et sociale
- la non intervention du ministère des affaires
sociales et du travail.
AU NIVEAU DES SYNDICATS
: les facteurs défavorables sont les suivants:
- l`émiettement des syndicats de diverses tendances et
influencé chacun par un courant idéologique
- le problème financier des syndicats
- le problème de la formation des membres et dirigeants
du mouvement syndical
- les formes de luttes traditionnelles
- l'absence de culture syndicale
- l'influence gouvernementale
- l'absence d'action concertée
- la réticence de la population d'accompagner les
syndicalistes dans certains mouvement de lutte.
- le problème produit par la législation
haïtienne en la matière (code du travail, les différentes
conventions...etc)
Ces différentes étapes analysées nous a
permis de cerner le sujet et de construire la problèmatique suivante:
Quelles sont les luttes et les conquêtes du mouvement
syndical haïtien dans le secteur Éducatif de 1986 à 2000
?
Notre problèmatique, ainsi défini, nous a permi
de construire l'hypothèse de travail que voici:
III - Hypothese de Depart
L'Évolution de la lutte syndicale dans le
secteur Éducatif caractérisée par la recherche de
l'amélioration des conditions de travail des enseignants se trouve
confronter à certains obstacles majeurs au niveau éducationnel et
au niveau conjoncturel et au niveau des syndicats.
IV - Hypotheses Secondaires
1- La concertation entre l'Etat et les syndicats, l'existence
de moyens humains et financiers sont indispensables pour obtenir de
l'école haïtienne une certaine rentabilité et seul un
partenariat réel lié à la mission de l'Etat en cette
matière peut nous aider à renover notre système Educatif
capable de promouvoir le progrès Socio-Politico-Economique. Il est du
devoir de la puissance publique.
2- L'amélioration des conditions de travail des
enseignants et la valorisation de leurs revenus constituent des facteurs
importants dans la résolution des problèmes qui paralysent le
monde de l'Education en Haïti.
V - Objectif Principal
Identifier et Analyser les facteurs qui ont limité les
luttes et les conquêtes du mouvement syndical dans le secteur de
l'Éducation de 1986 à 2000.
VI - Objectifs Spécifiques
1) Rechercher la définition des concepts et de
l'Évolution du syndicalisme
2) Étudier le système Educatif Haïtien
3) Identifier et Analyser les divers problèmes de
l'Éducation en Haïti
4) Identifier certains problèmes majeurs de
l'Éducation en Haïti
5) Etudier le mouvement syndical Haïtien dans sa
structure et son fonctionnement
6) Analyser les différentes étapes
revendicatives, les luttes et les conquêtes du mouvement syndical
7) Identifier certains facteurs de blocage majeur à la
lutte syndicale.
VII - L'état de la Question
Dans le cadre du traitement de ce sujet, les documentations
sont quasiment inexistantes.
- Il n'existe pas suffisamment de données et
d'informations sur le fonctionne-ment du mouvement syndical haïtien
(absence d'archives). La plupart des établissements de l'enseignement
supérieur visités ne sont pas en mesure de produire des
informations à jour sur leur fonctionnement faute d'un système
interne pour organiser et traiter les informations.
- Malgré les difficultés d'accès à
certaines informations, l'inexistence pour le moins insuffisance
d'écritures sur cette période qui a profondément
marquée par les activités syndicales dans le secteur de
l'Education. Les maigres ressources dont nous disposons, nos contacts avec
certains dirigeants du mouvement syndical et les différentes
bibliothèques fréquentées nous ont permis de mieux cerner
le sujet et de le traiter.
Notre approche sera donc historique et fonctionnelle. Elle
nous permettera de rechercher et d'analyser les données relatives
à notre étude.
VIII - L'Aire du Sujet
Notre sujet porte sur le syndicalisme Haïtien dans le
secteur de l'Education et s'étend sur toute l'étendue du
territoire haïtien par conséquent, Haïti sera notre champ
d'études.
IX - Période de l'Etude
Notre étude s'étend sur une période de
quatorze (14) ans c'est-à-dire de 1986 à 2000.
X -PLAN DE L'ETUDE
Notre travail est realisé en deux parties. La
première partie traite de la définition de quelques concepts sur
le syndicalisme et de l'Education en Haïti: son histoire et sa
rentabilité. Elle s'étend sur trois (3) chapitres
subdivisés en quatre (4) sections. Elle correspond aux objectifs
spécifiques Nos 1, 2, 3 et 4.
La deuxième partie traite de la recherche des
solutions aux problèmes de l'Education par le Mouvement Syndical
Haïtien.
Elle s'étend sur deux (2) chapitres subdivisés
en cinq (5) sections.
Elle correspond aux objectifs spécifiques Nos
5, 6 et 7.
PREMIERE PARTIE
DE LA DÉFINITION DE QUELQUES
CONCEPTS SUR LE SYNDICALISME ET DE L'EDUCATION EN
HAÏTI:
SON HISTOIRE ET SA RENTABILITÉ.
CHAPITRE 1
DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
Section 1 : Definition conceptuelle du syndicalisme.-
D'un auteur à un autre le
syndicalisme fait l'objet de divers points de vue. Que ce soit dans le milieu
ouvrier que ce soit dans le milieu non ouvrier (travailleur intellectuel) le
syndicalisme continue à faire l'objet de profondes réflexions
où chaque auteur expose en ses propres termes des définitions,
qui sont fonctions de son mode de pensée, de son école et de son
idéologie. Mais, ils ne se démarquent point de l'origine du
syndicalisme. Voilà pourquoi, notre thème de recherche ne
saurait être constitué sans un cadre théorique et
conceptuel où seront définis les concepts de base de notre
recherche. Pour ce faire, nous partirons des concepts généraux
auxquels le syndicalisme ne peut se détacher ce qui constitue l'univers
théorique dans lequel s'est insérée la
problèmatique posée dans le cadre de notre thème de
recherche. Ainsi la formulation des hypothèses préalablement
établies trouveront leur fondement théorique dans la lecture des
pages historiques du syndicalisme, dans un travail d'observations des faits, de
consultations, de compilation, d'analyses sur la base de données
récueillies, de témoignages d'époque et de textes
où seront puisés un ensemble de concepts comme syndicalisme,
syndicat, action syndicale et conquêtes syndicales.
D'après le dictionnaire Larousse le syndicalisme se
définit comme une doctrine visant à faire jouer un rôle aux
syndicats dans la vie organique d'une nation.
Cette définition du Larousse à part de mettre
en évidence l'aspect utilitaire a aussi abordé son aspect
fonctionnel et étend le syndicalisme à la nation
c'est-à-dire à toutes les couches sociales c'est bien là
une vision globale du concept.
Cette vision se retrouve dans l'oeuvre de Léon Diguit
pour qui le syndicalisme ouvrier n'est pas une transformation de la seule
classe ouvrière. Si pour lui, il est plus avancé que pour les
autres, il s'étend à toutes les classes sociales[...], il faut
voir dans le syndicalisme un mouvement qui tend à donner une structure
juridique définie aux différentes classes sociales,
c'est-à-dire aux groupes d'individus qui sont déjà unis
par une similitude de besogne dans la division du travail social et en
même temps à une communauté plus étroite
d'intérêt((*)1).
Dans la définition de Diguit notre attention est
attirée par deux grandes idées l'extension du syndicalisme aux
autres groupes sociaux de manière implicite il fait
référence à l'origine et à l'évolution du
syndicalisme: le regroupement des individus par catégorie profesionnelle
d'où la question de l'unité.
Ces mêmes idées se retrouvent dans la
définition de Paul Durand qui présente le syndicalisme en ces
termes: le syndicalisme répond à une loi générale
d'aprés laquelle des individus placés dans la même
situation économique et sociale et trop faibles isolément pour
améliorer leurs conditions se groupent afin de se prêter une
assistance mutuelle. Cette tendance sera d'autant plus puissante que les
individus seront plus nombreux d'où la forme particulière du
syndicalisme((*)1).
Faudrait-il faire remarquer que cette définition est partagée par
Chenier Gourdet dans son ouvrage « le syndicat haïtien son
histoire et son régime». Nous estimons que les idées de
Durand sont partagées par Gourdet.
Ainsi Larousse et tous les auteurs prè-cités
définissent-ils le syndicalisme dans un cadre utilitaire ou du moins
dans son aspect fonctionnel. Si pour eux, le syndicalisme est ainsi
envisagé d'autres vont l'envisager dans un cadre structurel. Ainsi par
exemple pour Pierre Rosanvallon, le syndicalisme est l'un des principaux
acteurs dans la formation des politiques économiques et sociales
à travers les conflits directs avec le patronat et par leur action sur
l'État((*)2) Cette
définition se retrouve entièrement dans celle d'Alain Touraine
qui néanmoins remplace syndicalisme par salarié et patronat par
chef d'entrprise. Alain Touraine écrit: « Le syndicalisme
apparaît d'autant plus important qu'il est d'avantage capable de
mobiliser une classe sociale définie par sa position dans la production,
soit par des conflits face-à-face avec les maîtres de l'entreprise
et de l'économie, soit pour un groupe politique d'action
révolutionnaire soit par des négociations collectives qui peuvent
aller jusqu'à un objectif social. Ces trois formes d'action syndicale
ont en commun d'affirmer le rôle des salariés comme un des acteurs
principaux dans la formation des politiques économiques et sociales
à travers leurs conflits directs avec les chefs d'entreprise et par leur
action sur l'État »((*)3)
Ces définitions nous permettent de découvrir
l'implication direct des syndicats dans des activités politiques
économiques et sociales.
Cependant, d'autres auteurs présentent le syndicalisme
dans une perspective marxiste et abordent le mouvement syndical dans le milieu
spécifiquement ouvrier. Guy Caire écrit: « Le
syndicalisme est un levier de la lutte proletarienne ((*)1)». Cette définition
nous permet de voir le caractère instrumental du syndicalisme chez les
prolétaires; Laquelle est susceptible d'avoir plusieurs visages. Marx a
montré que le syndicalisme est indispensable et même
nécessaire à la lutte prolétarienne. Marx précise
que : « quand les travailleurs commencent à s'appercevoir que leurs
fonctions d'instruments de mise en valeur du capital devient plus
précaire à mesure que leur travail et la richesse de leurs
maîtres augmentent, dès qu'ils découvrent que
l'intensité de la préssion exercée par les
surnuméraires dès qu'afin d'affaiblir l'effet funeste de cette
loi «naturelle» ils s'unissent pour arganiser l'entente et l'action
commune entre les occupés et les non-occupés » ((*)2)
De son côté, Griffuelhes écrit: «
le syndicalisme est le mouvement de la classe proletarienne qui veut
parvenir à la pleine possession de ses droits sur l'usine et sur
l'atelier » ((*)3) .
Cette approche du syndicalisme est plongée dans le
système capitaliste où Guy Caire a fait un découpage en
distinguant deux phases essentielles: la première correspondant à
l'émergence progressive du système capitaliste, phase durant
laquelle la doctrine juridique proclamée est celle de la négation
de l'intérêt de groupe. La seconde qui coïncide avec
l'épanouissement du système capitaliste voit au contraire la
doctrine et l'idéologie consacrer les intérêts de groupe.
Dans notre interprétation, la vision marxiste fait du
syndicalisme l'élément régulateur dans le conflit opposant
la classe ouvrière et la bourgeoisie. E. Outkin dans son ouvrage:
« Qu'est ce que les syndicats ? » retrace
l'agressivité du capitalisme face au syndicalisme en des termes
clés et nous citons:
- « Ces dernières années on assiste
à une offensive particulierement vigoureuse contre les droits et
libertés syndicales conquis par les travailleurs au cours d'une lutte
opiniâtre et soutenue ».
- il en résulte que le nombre des organisations
syndicales aux États-Unis et en Grande Bretagne, de même que dans
plusieurs autres pays capitalistes industrialisés, a nettement
diminué ces dernières années.
- à l'heure actuelle 95% des patrons combattent
ouvertement la création d'organisations syndicales dans les entreprises
aux États-Unis. Et près de 75% dépensent tous les ans
jusqu'à 100 millions de dollars pour rétribuer les conseillers
« anti-syndicaux ».
Donc, le capitalisme est un obstacle au développement
du syndicalisme. Les travailleurs ripostent au capital et de plus, les
conditions dans lesquelles se trouve la classe ouvrière l'incitent
à lutter energiquement pour préserver ses droits. Ainsi, aux
États-Unis, en Europe occidentale et dans d'autres pays
développés, les travailleurs résistent efficacement
à l'offensive du capitalisme et tentent de prendre l'initiative dans ce
combat livré pour leurs droits ((*)1).
Alors que, dans les pays socialistes la loi garantit aux
syndicats le droit de prendre des décisions en toute indépendance
car, l'État dans ces pays ne s'ingèrent pas dans leurs
activités. C'est bien là le signe d'un fonctionnement
démocratique, et ils s'acquittent des fonctions suivantes:
- Fonction économique (action exercée sur
l'organisation de l'économie et sur la solution des problèmes
économiques de la production ce qui est le résultat du
développement des principes démocratiques de gestion de la
production et de l'activité accrue des masses)
- Fonction de protection (action deployée en vue de
perfectionner les rapports sociaux dans le souci d'assurer les
intérêts et les droits légitimes des travailleurs,
d'améliorer leurs conditions de vie et de travail)
- Fonction d'éducation (activite visant a
élever le niveau d'instruction générale de culture et de
connaissances techniques des travailleurs)
- Fonction internationale (lutte pour la paix et le
développement de la coopération internationale, participation au
mouvement ouvrier et syndical international.)
Dans ce système la fonction de protection des
travailleurs demeure nécessaire. Il faut les protéger contre : le
bureaucratisme, la violation de la législation du travail par certains
responsables par exemple les travaux injustifiés, les insuffisances de
la protection du travail, l'examen trop tardif des plaintes et des
requêtes des travailleurs.
Le système communiste, de l'avis des Marxistes, selon
Outkin, le développement de la société passe
successivement par des étapes déterminées et que le
communisme est le dégré suprême du développement de
la société. Le caractère régulier de ce processus
indique que le passage à la société communiste est une
étape historique inévitable, que c'est là le seul moyen
permettant de surmonter réellement les contradictions inhérentes
au mode de production capitaliste. Ce passage ne peut s'effectuer qu'à
travers la lutte des classes engagée par la classe ouvrière
contre la bourgeosie((*)1). Aujourd'hui, cependant après l'implosion de
l'URSS, l'Etat le plus puissant du système socialiste, cette
définition du syndicalisme dans les pays socialistes doit être
revisée. Même pour la Chine, l'actuel meneur des pays socialistes,
le principe retenu : « un pays et deux systèmes »,
après la restitution de Hong-Kong (1997) et de Macao (1999), le
système économique chinois a ouvert ses portes au système
capitaliste, pour cohabiter avec le système socialiste.
Ainsi, à partir des définitions des
différents auteurs, que ce soit dans un cadre fonctionnel ou structurel
mais aussi selon l'approche du syndicalisme dans les systèmes
capitaliste, socialiste et communiste. « Le Syndicalisme nous
apparaît comme étant une doctrine dotée des syndicats
caractèrisés fondamentalement par l'union des
travailleurs comme étant un instrument de régulation
sociale». Nous estimons que cette vision du syndicalisme se
rapproche de celle de Paul Durand et le concept syndicalisme sera
utilisé dans la présente recherche dans le même sens de
cette approche ce qui nous aidera à comprendre la réalité
du syndicalisme en Haïti.
Après cette définition du syndicalisme nous
allons essayer de voir son contenu dans les lignes qui suivent. D'après
le petit dictionnaire Larousse, le syndicat se définit comme groupement
formé pour la défense d'intérêts communs : syndicat
ouvrier; syndicat patronal.
De leurs côtés, les auteurs comme Raymond
Boudon, Philippe Besnard, Mohamed Cherkaoui, Bernard Pierre Lécuyer
présentent les syndicats comme des associations chargées de
défendre les intérêts de leurs membres (syndicats ouvriers
et potronaux, syndicats d'intérêts locaux)((*)2).
Dans son acception communiste, les auteurs comme Guy Hermet,
Bertrand Badie, Pierre Birnbaum , Phillippe Braid indiquent que : « Les
syndicats, ne sont dans la théorie Léniniste, que la courroie de
transmission du parti communiste »((*)3).
Dans le même esprit du communisme, E. Outkin dans son
ouvrage «qu'est ce que les syndicats ?,» reprend
les mots de Lenine en écrivant: « Les syndicats, disait
Lénine, ce n'est pas une organisation d'État coercitive; son but
est d'éduquer, d'entraîner, d'instruire, c'est une école du
communisme» ((*)1).
A cet effet, Jean Frédéric Salès dans
son ouvrage intitulé: «Code du travail de la
République d'Haïti» écrit: «Est un
syndicat, toute association permanente de travailleurs, d'employeurs ou de
personnes exerçant une profession ou une activité
indépendante groupés exclusivement aux fins d'études de
coordination, de défense et d'amélioration de leurs communs
intérêts économiques sociaux et moraux»
((*)2). Guy Caire pour sa
part, parle des syndicats en des termes clés: « Le syndicat est
une institution dans laquelle la classe ouvrière trouve son incarnation,
totale ou fragmentaire au gré des interprétations antagonistes;
mais il est aussi ce que rend mieux l'expression action syndicale un instrument
de la lutte ouvrière « ((*)3).
A partir de l'ensemble de ces définitions nous pouvons
définir le syndicat comme une organisation de travailleurs.
Il est caractèrisé par l'action orientée vers un objectif
précis: défense des droits et de l'amélioration des
conditions de vie des travailleurs.
Le concept action syndicale a été
étudié par Alain Touraine et Guy Caire qui parlent des formes de
l'action syndicale comme les « révendications et
négociations ». Et de plus en étudiant les rapports
entre la conscience ouvrière et le mouvement ouvrier touraine
écrit: « L'action syndicale est une forme pratique du mouvement
ouvrier. La révendication et la négociation, qui constituent les
deux faces de l'action syndicale, ne s'expliquent pas seulement par
l'état des relations collectives de travail, par la situation
économique de l'entreprise et de l'économie, la capacité
de résistance du patron ou de l'État, le mouvement des prix, ect;
elles manisfetent une volonté d'action, elles portent en elles une
certaine conception, des rapports sociaux dans le travail et dans la
société. Ces deux formes que nous venons de citer indiquent
clairement que l'action syndicale n'est pas seulement une stratégie et
une tactique; elle est d'abord une politique; elle construit un champ d'action
au lieu de chercher à tirer le maximum d'avantages dans un champ
défini par la structure et la conjoncture économique.
L'étude de l'action ouvrière est donc étroitement
lièe à celle de la conscience ouvrière. Elle en fait
même apparaître avec une netteté particulière son
évolution((*)4)
.
De leurs côtés Griffuelhes et Georges Lefranc
parlent de l'action syndicale, tout en définissant le rôle du
syndicalisme en ces termes « l'action ouvrière se donne comme
but l'émancipation ouvrière; elle se donne comme outil le
syndicat, et comme moyen la grève, qu'est la lutte portée
à son maximum d'acuité » ((*)1).
Ainsi, à partir de ces points de vue, nous arrivons
à comprendre que l'action syndicale est un contenu du mouvement
syndical. Elle est liée aux différentes pratiques des
organisations syndicales. Ces différents auteurs que nous venons de
citer ont rescensé, les revendications, le conflit, la grève et
la négociation.
Guy Caire, dans son ouvrage «les syndicats
ouvriers» écrit que « La revendication est la
fonction primaire du syndicat, à tel point que, pour des personnes
extérieures au mouvement ouvrier, le syndicalisme se définirait
aisément par un toujours plus» ((*)2). Cette définition
montre le caractère extrémiste du syndicalisme et le combat
incessant auquel se rattache le syndicalisme. Comme l'a écrit Jean Bron
« L'histoire du mouvement ouvrier est essentiellement l'histoire d'un
combat permanent » ((*)3).
De ce fait, la satisfaction aux différentes
révendications syndicales doit nécessairement passer par les
différentes étapes de l'action syndicale à savoir, la
négociation et la grève.
Lorsque le rapport patronat-syndicat devient conflictuel
le conflit peut être identifié comme
conséquence d'un mauvais fonctionnement d'un système. Il surgit
entre groupe d'intérêt ou entre classes sociales (Guy Caire,
1971). De son côté, Jean Michel Morin écrit que «
le conflit est un affrontement où chacun cherche à faire
céder l'autre. Si violence et les heurts qui marquent les combats
où les débats conflictuels sont souvent condamnés, le
conflit semble inhérent à la vie en société.
Certains y voient même un moyen de résoudre des tensions et de
progresser dans la régulation des rapports sociaux» ((*)4).
Dans le langage marxiste, le conflit est synonyme de lutte,
au lieu de conflit de classes on parle plutôt de luttes de classes. Le
conflit est alimenté par diverses sources qui vont constituer
l'essentiel des revendications que les syndicats tentent de faire triompher
à travers leurs luttes. Bien souvent, la lutte passe par un
extrême qui est la grève.
GRÈVE : Les
différentes définitions de la grève que nous pouvons
recenser complètent l'action syndicale. Pour Rivéro et Savatier,
la grève se définit comme «une cessation
concertée du travail par les salariés en vue de contraindre
l'employeur par ce moyen de pression, à accepter leur point de vue sur
la question qui fait l'objet du litige» ((*)1)
La Grève apparaît donc comme la forme la plus
achevée du conflit de travail. Pour reprendre le mot de Griffuelhes
«c'est la lutte portée à son maximum
d'acuité.» De son côté, Jacques Dumornay parle de
« la Grève comme mode de règlement du conflit de
travail »((*)2).
Jean Frédéric Salès a pour sa part
écrit que « La Grève est une cessation de travail
concertée et réalisée au sein d'un établissement
par un groupe de travailleurs en vue d'obtenir la satisfaction de
revendications presentées à leurs employeurs et dont ils font
conditions de reprises du travail»((*)3).
Ainsi, dans l'histoire du mouvement syndical, la grève
a une très grande utilité. Le syndicaliste français
Alfred Charpentier eut à dire que la grève est un mal
nécessaire dans la lutte entre le capital et le travail. Il faut bien
reconnaître aujoud'hui encore qu'elle reste l'ultime moyen dont disposent
les travailleurs pour faire entendre raison au patronat (Alfred, Charpentier;
1918).
A partir de ces définitions nous pouvons
considérer la grève comme l'action extrême parmi les formes
d'action syndicale dont les travailleurs de tous les pays ont eu recours pour
combattre la situation de malaise que provoque les conditions de leur
travail.
NÉGOCIATION
: Le concept de négociation, dans le langage
syndicaliste, est synonyme de dialogue, de concertation. Alain Touraine parle
de la négociation comme « forme d'action
syndicale.»((*)4) Jacques Dumornay, de son
côté écrit que « La négociation est un
rapport de forces et aucune des parties ne doit s'attendre à gagner sur
toute la ligne» ((*)5).
Pour Louis Fournier dans son ouvrage, intitulé
«solidarité Inc, un nouveau syndicaliste
créateur d'emploi» a parlé de concertation et il
écrit: « La concertation si difficile soit-elle, reste la
meilleure voie non seulement pour sortir de la crise mais, surtout, pour
maintenir un climat viable par la suite »((*)1).
Bien souvent, certains syndicalistes établissent une
distinction entre négociation et négociation collective. Le
premier pouvant aboutir à un accord ou une convention, ((*)2) le second pouvant conduire
à une convention collective. Selon le Bureau Internationnal du travail
(BIT). « La négociation collective est un mode de fixation des
conditions de travail et d'emploi. C'est aussi le moyen de régler
à certains égards les relations entre employeurs et travailleurs.
La négociation peut être considérée comme une
rencontre périodique, officielle en quelque sorte, entre employeurs et
représentants des travailleurs. Elle peut être aussi un
procéssus continu où interviennent chefs d'entreprises, les
agents d'encadrement les délégués du personnel et les
représentants syndicaux.((*)3)
Ainsi, à partir de ces différentes
définitions nous pouvons dire que la négociation, en plus de la
grève, est une arme redoutable pour le mouvement syndical. Elle le
conduit, fort souvent à des accords comme étant une
conquête partielle dans la recherche de la satisfaction des
revendications syndicales.
Donc, «le mouvement syndical destiné à
défendre et promouvoir les intérêts matériels et
moraux des salariés est un facteur essentiel de la vie
démocratique»((*)4) De son côté, Diguit déduit que
«le mouvement syndicaliste est un fait social d'importance primordiale. Il
semble que c'est la préparation d'une organisation des classes sociales,
un effort tendant à les coordonner et peut être à les
hiérarchiser en tout cas faire naître entre elles une série
de pouvoirs et de devoirs réciproques» ((*)5). Partant de ces
définitions, nous pouvons dire que le mouvement syndical est un
mouvement qui regroupe les travailleurs (manuels et intellectuels) avec des
revendications axées fondamentalement sur l'amélio-ration de vie
et des conditions de travail.
Les différentes définitions conceptuelles
étant rescensées, le cadre méthodologique relaté,
en un mot le cadre théorique et conceptuel étant établis,
nous possédons des instruments nécessaires nous permettant de
cerner et de résoudre la problématique posée par le sujet
que nous avons choisi de traiter .
CHAPITRE 2
BREF HISTORIQUE DU SYSTEME EDUCATIF HAITIEN
Les Indiens, qui peuplaient Haïti avant sa
découverte par Christophe Colomb ne possèdaient pas
d'écriture ni aucun enseignement organisé. La situation ne
changea pas avec l'arrivée des Espagnols en 1492 et des premiers Noirs
en 1503. Ce n'est qu'en 1685 avec les lois règlementant les rapports
des trois classes de la colonie (le code Noir) que les affranchis furent plus
ou moins sensibilisés à l'instruction et même les plus
riches envoyèrent leurs enfants étudier en France. Pour les
esclaves, l'instruction se transmettait clandestinement. Cette situation a
prévalu jusqu'à l'indépendance en 1804.
Les premières démarches pour établir une
structure éducative dans le pays ont été entreprises par
Henry Christophe dans la République du Nord en 1807. Il voulait
créer des écoles dans tous les arrondissements, mais il manquait
de professeurs préparés. Dès son avènement, il
résolut d'appliquer dans le royaume du Nord les méthodes de
l'École Lancastérienne, alors en vogue en Angleterre. Il fit
appel à des instructeurs anglais, ce qui constituait une réaction
contre l'emprise culturelle française.
Douze écoles de garçons soumis à une
discipline très sévère contrôlées de
très près par Christophe lui même furent ainsi
créées, le régime disciplinaire était
compensé par une apparente non discrimination sociale.
Dans la partie Ouest du pays avec Pétion comme
président fut fondé en 1816 le lycée de Port-au-Prince,
qui porte actuellement son nom, le pensionnat des demoiselles, l'école
lancastérienne, une école secondaire avec le concours de
professeurs Haïtiens et étrangers.
Avec la loi du 4 juillet 1820, Boyer décida qu'il
serait établi aux frais de l'État, quatre écoles primaires
destinées à l'instruction gratuite élémentaire des
enfants des citoyens qui auront rendu des services à la patrie.
Cependant, ces intentions s'arrêtent au discours. Après
l'annexion de la partie Est de l'île, Boyer fera fermer les
Universités de la République Dominicaine, qu'il occupa
militairement pendant vingt cinq années parce qu'il voyait une menace
pour son pouvoir.
En janvier 1844, le gourvenement de Rivière
Hérard crée un ministère de l'Instruction Publique et en
confie la direction à Honoré Fery. Il fait appel au Pasteur
Wesléyen Bird, pour créer une école primaire communale
mixte. L'institution fonctionnera de 1846 à 1858 et sa
fréquentation atteindra jusqu'à trois cents
élèves.
Sous le règime de Faustin 1er, le ministre
de l'Éducation Francisque fit voter la loi du 29 décembre 1848
sur le règlement scolaire. Des écoles primaires rurales furent
fondées et la loi prévoyait des écoles de médecine,
de droit, des écoles normales pour la formation des professeurs.
Une autre loi du 2 juillet 1852, complétant celle de
1848, faisait obligations aux chefs de famille, fermiers propriétaires
ou locataires d'envoyer au moins un de leurs enfants à l'école
primaire de leur paroisse sous peine d'amendes. L'administration de Geffrard
se signala par la présence d'éminent ministre tels que: Elie
Dubois et J.B. Damien. L'enseignement supérieur était
réorganisé et furent créées l'École de
Droit, les Lycées de Gonaïves et de Jacmel, ainsi que des
écoles primaires, laïques et religieuses, à travers tout le
pays. Par exemple les Frères de l'Instruction Chrétienne
débarqués à Port-au-Prince en mai 1864, les soeurs de St
Joseph de Cluny en juin 1864, le pensionnat de Lalue s'ouvre en mai 1865.
En 1879 seules les institutions congréganistes avaient
conservé un certain niveau d'études. Dans le même temps
l'État ne se donne pas les moyens d'organiser un système
d'éducation nationale malgré la révolution de 1843 qui
prendra l'allure d'un mouvement des lumières favorables à
l'éducation populaire, à l'application des méthodes
dynamiques et efficientes dans l'administration publique et à l'appel
aux capacités intellectuelles de la jeunesse haïtienne.
En 1919, le ministre de l'Instruction publique, Etienne
Mathon, signe avec l'Archevêque d'Haïti J. Conan, une convention
créant des écoles presbytérales à travers les
campagnes.
Les «révolutions» de 1946 ( le
peuple réclame un peu plus de justice sociale et moins de
ségrégation entre Mulâtres privilégiés et
Noirs) et de 1957 (l'idéologie noiriste) proclament par des textes les
victoires populaires en matière d'éducation prolongeant et
recréant un discours mystificateur. Mais la réalité des
faits montre que la volonté exprimée par le pouvoir de faire de
l'éducation un domaine destiné à la jeunesse
haïtien-ne de tout bord ne peut se concrétiser. En effet on assiste
à la multiplication des écoles non-haïtiennes dans la
plupart des villes haïtiennes et qui perpétuent le choix d'un
système éducatif réservé aux classes
privilégiées.
Alors que Duvalier cherche à renverser cet ordre par la
force, des groupes importants de la classe moyenne dont est issu le chef de
l'Etat haïtien, lui-même obtempère pour maintenir le statu
quo c'est-à-dire, une école élitiste.
De 1956 à 1985 sous le règne des Duvaliers, des
groupes importants des classes moyennes forcent les portes de l'école
haïtienne, mettant en question les termes des rapports élitistes
sans pour autant chercher à les renverser, et surtout sans remettre en
question les contenus pédagogiques. Face à cette
difficulté, les Duvaliers se contenteront de domestiquer les
institutions d'enseignement formel et organiseront des structures non-formelles
pour disseminer leur propagande politique sous le couvert de l'éducation
populaire à l'intention des masses de la classe moyenne et de
l'arrière pays.
Ainsi de la période esclavagiste au gouvernement des
Duvaliers jusqu'à nos jours une constante se dégage nettement de
la lecture historique des faits, tous les gouvernements, tous les responsables
politiques et tous les maîtres à penser s'intéressent
à l'éducation comme instrument privilègié de
socialisation et de formation à l'usage du pouvoir d'État conquis
ou à conquérir du système économique et des
structures de production.
Enfin, pour les 193 années de gestion, 140
responsables avec rang de ministre se sont succèdés à ce
porte feuille, avec une durée moyenne de 16,7 mois de gestion par
responsable il est très difficile d'imaginer une quelconque
continuité administrative et idéologique.
Après le bref historique du système
éducatif de 1685 à 1957, nous allons analyser son
évolution de 1957 à nos jours à travers les objectifs
fixés par les différents gouvernements qui se sont
succédés et, procèder à l'analyse statique du
système éducatif et surtout du rendement observé pour la
période considérée.
Section 1 : Analyse Statique du Systeme Educatif
Haitien.-
Une des conditions du progrès
économique et social d'un pays est la valorisation de ses ressources
humaines. Il est reconnu dans le monde entier qu'une population non ou
insuffisamment éduquée a un effet négatif sur la
rentabilité des investissements, quelque soit le secteur
considéré.
Ainsi à l'heure actuelle, 80% des haïtiens
âgés de 10 ans et plus sont analphabètes tandis que 52,56%
de la population ont pu fréquenter le niveau primaire, 43,9% le niveau
secondaire et 12% les niveaux professionnel (technique) et supérieur.
La population scolarisée demeure toujours très
faible à 60% bien que Haïti figure parmi les premiers à
proclamer à l'aube de son indépendance l'enseignement primaire
obligatoire. Par delà, cette position officielle, on ne peut comprendre
la réalité scolaire haïtienne sans s'arrêter
à l'organisation spécifique du secteur éducatif du pays:
Une des images fortes, surtout à Port-au-Prince, celle laissée
par les «écoles borlettes». Celles-ci sont diverses
et, dans certains cas, il est difficile de savoir si l'on a réellement
affaire à une école ou non (durée d'enseignement
très variable, programmes peu contrôlés, enseignants peu
formés, cadres physiques non-appropriés... etc.)
Pour l'enseignement traditionnel, la séparation entre
le pré-scolaire et le primaire n'est pas toujours explicite en raison
des sections enfantines. Certains prétendent que ces sections peuvent
être considérées comme une première classe de
l'enseignement primaire puisque l'on y commence l'apprentissage scolaire alors
que d'autres les considèrent comme partie intégrante du primaire.
Aujourd'hui les statistiques tendent à décomposer les deux
niveaux, toutefois des problèmes liés à la taille de
l'école à plusieurs niveaux; laissent demeurer le problème
d'enregistrement statistique.
Au niveau primaire, le système de
certification, c'est-a-dire l'attestation, par les autorités scolaire
que tel enfant a acquis un niveau de connaissances qui lui fait passer un
certain seuil, est beaucoup trop limité en Haïti. Après un
cycle d'études de 6 ans auquel n'accède qu'une proportion
d'élèves, ce qui laisse la majorité des enfants sans une
formation de base fonctionnelle qu'ils puissent utiliser dans la vie
politique.
Le cycle complet d'éducation prè-Universitaire
s'ètend en moyenne sur 13 ans dont 6 ans en primaire et 7 ans en
secondaire.
Depuis des années, des critiques fusent de partout:
parents, élèves, professeurs, directeurs d'écoles sont
unamines à reconnaître la nécessité d'une remise en
question de ce sous-système. Les buts ne sont pas définis, les
programmes se résument à des contenus notionnels sans objectifs
généraux, spécifiques ni suggestions d'activités
sont pour la plupart lourds et frisent l'anachronisme. Ils ne facilitent point
le développement intégral du jeune Haïtien. Les deux plus
grands problèmes de ces ordres d'enseignements primaires et secondaires
résident dans la carence en professeurs compétents et la
précarité des salaires offerts au personnel enseignant. Les
enseignants du secondaire qui détiennent un diplôme
représentent 43% de l'effectif du secteur privé et 18% du secteur
public. La plupart de ceux qui travaillent dans les institutions d'État
ne recevaient jusqu'à récemment que des salaires de famine
(500gdes / mois). A cela, il convient d'ajouter le caractère
élitiste du système: l'adoption du français
(jusqu'à récement) comme langue exclusive d'enseignement dans un
pays créolophone, le caractère livresque de l'enseigne-ment
dispensé sur un fond de mémorisation et une concentration des
enseignants environ la moitié dans les zones urbaines. Le niveau
professionnel est peu performant dans l'ensemble, les institutions qui existent
dispensent un enseignement n'ayant aucune prise sur le vécu
Haïtien. Bien qu'il y ait dans la région de Port-au-Prince un
tissu industriel relativement dense, les techniciens qualifiés capables
de faire marcher les usines font énormement défaut. Il est
triste de souligner le faible intérêt que manifeste le pays pour
ce type d'enseignement. Pendant environ deux siècles, les jeunes n'ont
jamais été amenés à accorder de l'importance aux
métiers manuels en raison du manque de prestige qui y est
attaché. C'est pourquoi les artisans qualifiés ( maçons,
menuisiers, charpentiers, tailleurs etc.) constituent de plus en plus des
espèces rares dans le pays. Une fois de plus l'école
privée est majoritaire dans ce secteur et les provinces sont nettement
défavorisés, sur le plan du nombre d'institutions ou de la carte
scolaire par rapport à la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
Comme les autres niveaux d'enseignements la formation
Universitaire est dispensée dans les établissements publics et
privés. Ainsi d'après le décret loi du 27 Décembre
1944 qui fixa l'acceptation moderne du concept
«Universitaire» c'est à dire celle d'un organisme
technico-administratif englobant uniquement les institutions
supérieures. Ce décret a, sans doute, influencé tout
l'enseignement supérieur qui, dès lors ne cessa de prendre des
proportions de plus en plus importantes.
On en est actuellement à repenser la structure du
système universitaire haïtien, public et privé et à
définir son rôle dans le développement du pays. Les
troubles politiques des dernières années ont été
ressenties avec une accuité particulière dans ce secteur et ont
entraîné une baisse significative de la qualité de
l'enseignement supérieur dispensé en Haïti et ce, même
si les effectifs sont en constante augmentation.
Par contre, les besoins sont immenses, l'économie
haïtienne n'a pas les moyens d'employer les diplômés
universitaires. Aussi, un nombre significatif de médecins,
spécialistes des sciences humaines, dentistes, agronomes se
retrouvent-ils en état de chômage?
Dans une telle conjoncture le Ministre de l'Éducation
Nationale n'est pas resté inactif. Il a mis en route vers la fin des
années 70 un projet de réforme dont l'objectif est de
préparer un système éducatif qui, d'une part permettra
l'insertion de l'enfant haïtien dans son environnement
socio-économique et, d'autre part, formera à toutes les
étapes du système scolaire non seulement des salariés mais
des êtres responsables et capables de devenir eux-mêmes des
accélérateurs du développement économique et social
de l'ensemble de leurs concitoyens. Réforme que nous allons analyser
dans les pages qui vont suivre.
1-1 LES OBJECTIFS GÉNÉRAUX.-
En vue de faire du système éducatif haïtien
l'un des instruments fondamentaux du développement économique et
social de la Nation, le gouvernement de la République et par le biais du
Ministère de l'Éducation Nationale s'est fixé les
objectifs suivants :
§ l'école haïtienne est nationale, elle se
doit d'affirmer l'identité de l'homme haïtien.
§ réconcilier l'haïtien avec sa culture et
son environnement et constituer un facteur de cohésion et
d'intégration.
§ former et développer le sens de la
responsabilité et de l'esprit communautaire chez les jeunes.
§ mettre en place un système d'enseignement
unique mais qui respecte les spécificités propres à chaque
région ou zone urbaine et rurale.
§ assurer à tous l'accès au savoir et
à la science en adoptant notamment une structure et un mode de
fonctionnement donnant l'égalité des chances à tous.
§ l'école haïtienne doit être un
instrument de développement économique et social et elle
constitue un investissement planifié et rentable pour la nation.
§ élaborer des contenus et des programmes
à partir des données de la réalité haïtienne
tout en demeurant ouverte sur le monde extérieur.
§ favoriser la formation de citoyens capables de
modifier les conditions physiques matérielles, morales et spirituelles
du milieu pour créer plus de richesses, de bien et de services et
contribuer à l'amélioration de la qualité de la vie.
L'école haïtienne est un processus global et
harmonieux de formation humaine et individuelle qui prend également en
compte les aspects suivants : la formation physique et sportive, la formation
morale et religieuse, le développement de la conscience nationale et
patriotique, l'initiative à la science et à la technologie,
orientée vers le développement économique et social.
L'orientation et les contenus de tous les aspects de la formation seront
définis par le Département de l'Éducation en concertation
avec les Ministres concernés.
A tous les niveaux du système éducatif les
rapports enseignants-enseignés sont fondés :
§ sur la nécessité; pour le maître,
de se pénétrer de ses devoirs et de ses responsabilités
vis-à-vis de l'enfant: respect de la personne physique et de la
personnalité morale de l'enfant, pratique sociale fondée
essentiellement sur la justice et l'équité;
§ sur la participation active de l'élève
à sa formation;
§ sur la valorisation des activités
d'apprentissages, développement des capacités applicables
à des situations réelles et pratiques au service du
développement continu de l'individu et de la communauté;
Ces objectifs ont été fixés sous le
gouvernement de Jean Claude Duvalier vers l'année 1970.
Plusieurs raisons ont contraints les autorités
haïtiennes à faire cette réforme. L'école
traditionnelle est jugée archaïque, inadaptée, incapable de
faire face aux besoins du pays en matière de développement
économique et social.
Ce système scolaire reste prisonnier des schémas
importés de France et produit une élite intellectuelle
étrange à sa propre réalité; à sa propre
culture, incapable d'appréhender comme elles sont les données
socio-culturelles de notre sous-développe-ment économique.
L'utilisation du français comme langue d'enseignement
dès le début de la scolarité fait que l'enseignement
adopte des schémas de pays développés.
Enfin, le rendement au sein du système scolaire est
très mauvais : les taux de redoublement sont élevés et les
abandons sont nombreux. De plus, des élèves d'âges
très avancés, par rapport aux normes habituelles,
fréquentent le système scolaire primaire.
Ce qui est considèré comme une faillite de
l'école traditionnelle a conduit peu à peu à l'idée
d'une réorientation complète des objectifs de l'école et
de son organisation. Ainsi, depuis 1979 jusqu'à nos jours la
réforme rencontre beaucoup de problèmes dans sa mise en
application. Avec l'utilisation du créole comme langue d'enseignement,
les couches aisées des villes ont considéré ce changement
comme une volonté de bannir le français du curriculum et ont
cherché à stopper cette réforme en s'adressant notamment
aux établissements privés qui à cette date, dans leur
grande majorité avaient réfusé d'appliquer la
réforme.
Les curricula et les manuels scolaires sont d'un haut niveau
pédagogique. Ils posent l'énorme problème de leur
utilisation par un corps enseignant dont le niveau de compétence est
insuffisant pour utiliser correctement un matériel aussi
sophistiqué. Le niveau de formation des enseignants est tellement
faible de telle sorte qu'il est très difficile pour les autorités
de faire passer des modifications ambitieuses de la réforme dans les
actes.
Le personnel de supervision et d'encadrement est insuffisant
pour assurer la qualité de l'enseignement dans les écoles et les
moyens de déplacements permettant aux agents de supervision d'effectuer
leur travail. La réforme a été élaborée en
déhors du secteur privé et sans concertation avec celui-ci,
devant les difficultés rencontrées par le secteur public dans la
mise en place de la réforme, le secteur privé s'est montré
très sévère, jouant même des
phénomènes de rejet par une partie de la population pour attirer
une nouvelle clientèle.
Aujourd'hui il est difficile de faire un bilan de la
réforme 20 ans après son succès ou son échec ? peu
importe finalement ce qui est sûr, c'est que la réforme à
introduit des changements importants et des innovations dans le fonctionnement
du système scolaire au point que la distinction entre enseignement
traditionnel et enseignement réformé se vide peu à peu de
son sens.
Et avec le peu de données disponibles nous analysons
l'évolution des effectifs concernant les quatres (4) ordres
d'enseignements.
1-2 LES STRUCTURES PAR ORDRES D'ENSEIGNEMENT.-
Avant la réforme du système d'enseignement
entreprise vers la fin des années 1970 sous le gouvernement de Jean
Claude Duvalier, le système éducatif haïtien comprenait :
- un enseignement primaire urbain et rural
théoriquement de six ans chacun comme toutefois dans beaucoup
d'écoles primaires rurales, le cycle d'enseignement d'une durée
de sept ans qui était en place avant la fusion de l'enseignement
primaire rural en 1975 continuait à prévaloir.
- un enseignement secondaire de sept ans;
- un enseignement supérieur de trois à 5 ans
suivant les options suivies;
- un enseignement professionnel dont l'entrée est dans
certains cas subor-donnée à l'achèvement de l'enseignement
primaire (CEP);
- un enseignement supérieur conduisant à
diverses licences ou diplômes
universitaires.
Cet enseignement était dispensé en
français, langue officielle, bien que la grande majorité de la
population rurale ne parle que le créole. C'est ainsi qu'en 1979 le
Ministre de l'Éducation Nationale Joseph Bernard, lança la
réforme de l'Éducation. D'après cette réforme, il
est crée quatre (4) ordres d'enseignement et une structure para,
péri et post scolaire.
§ le premier ordre d'enseignement est constitué
par l'enseignement Maternel d'une durée de trois (3) ans qui se dispense
exclusivement dans les jardins d'enfants et les centres intégrés
de Nutrition et d'Éducation Communautaire (CINEC).
§ le deuxième ordre d'enseignement est
constitué par l'enseignement Fondamental d'une durée de dix (10)
ans et sanctionné par le diplôme d'Études Fondamentales.
Il est subdivisé en 3 cycles dont le 3ème
comporte un jeu d'options permettant d'orienter les élèves
en fonction de leurs aptitudes et des besoins de la nation, vers les formations
générales, techniques ou professionnelles. Ces dernières
constituent les enseignements professionnelles du premier dégré,
sanctionné par un certificat ou un diplôme de technicien.
§ le troisième ordre d'enseignement est
constitué par les Enseignements secondaires comprenant les lycées
et collèges d'enseignement classique ou technique, les écoles
normales primaires et les écoles professionnelles du
2ème degré sanctionné par un certificat de fin
d'étude secondaire, ou professionnel et / ou technique.
§ le quatrième ordre d'enseignement est
constitué par les facultés et les instituts universitaires
regroupés au sein de l'Université d'État d'Haïti ou
de centres universitaires reconnus par l'UEH et sanctionné par la
licence.
1-2-1 L'ÉDUCATION
PRÉ-SCOLAIRE.-
Elle a pour l'objet :
§ de contribuer au développement de la
personnalité de l'enfant sous toutes ses formes (corporelle, affective,
intellectuelle et scolaire), en l'entrainant à l'usage de ses
différents moyens d'expression
§ de préparer l'enfant à recevoir ensuite
la formation donnée par l'École Fondamentale.
L'Éducation pré-scolaire a également pour
but de favoriser l'égalisation des chances tout au long de la
scolarité ultérieure. Elle dure en principe 2 ans. L'enfant y
entre à l'âge de 4 ans et en sort en principe à 6 ans.
L'Éducation pré-scolaire est dispensée
dans les jardins d'enfants et les écoles maternelles, ainsi que dans les
Centres Intégrés de Nutrition et d'Éducation
Communau-taire (CINEC). L'Éducation pré-scolaire ne comporte
d'initiation ni à la lecture, ni à l'écriture.
1-2-2 L'ÉCOLE
FONDAMENTALE.-
Elle remplace l'école primaire et les trois
premières années des lycées et collèges de l'ancien
système. Ces derniers sont au terme de l'application intégrale de
la Réforme Educative, réduits aux classes de secondes,
Rhéto et Philo. L'École Fondamentale a pour but de permettre aux
élèves de recevoir sur les mêmes bases, une formation
générale de dix ans qui doit les conduire à un niveau de
connaissances générales à leurs accessions aux
établissements de niveau secondaire ou à leur entrée dans
un processus de production.
Les dix années sont organisées en trois
cycles.-
· Les quatres premières années constituent
le premier cycle de l'Enseignement Fondamental. L'Enseignement qui y est
dispensé crée une intégration des apprentissages en
introduisant des inter-relations entre les contenus et les méthodologies
des principales disciplines. C'est le cas en particulier, pour le langage, les
mathématiques, les activités d'éveil.
· Les trois années suivantes constituent le
deuxième cycle de l'Enseignement Fondamental. L'Enseignement qui y est
dispensé porte d'une part sur les mêmes domaines vue le premier
cycle qu'il consolide et complète et pour part, sur les disciplines ou
activités à caractère pré-professionnel. Cet
enseignement prépare l'orientation prévue à la fin du
cycle.
Les trois dernières années constituant le
troisième cycle de l'Eseignement Fondamental offrent un jeu d'options
conduisant les élèves, soit vers une formation
générale appuyée par des activités de
caractères pré-professionnelles préservant et
renforçant au besoin les acquis en matière de connaissances
générales.
Les dix années d'études à l'École
Fondamentale sont sanctionnées par le diplôme d'Études
Fondamentales.
Le créole est langue d'enseignement et langue
enseignée tout au long de l'École Fondamentale. Quant au
français, il est enseigné tout au long de l'École
Fondamentale et constitué la langue d'enseignement à partir de la
6ème année fondamentale.
C'est pour cela qu'en 5ème année de
l'Enseignement Fondamental, l'enseignement du français est
renforcé en vue de son utilisation comme langue d'enseignement en
6ème année.
1-2-3 L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE.-
Les titulaires du Diplôme d'Études Fondamentales
peuvent accéder aux établisse-ments de niveau secondaire
constitué par les nouveaux lycées et collèges à
trois classes (2ème, 1ère, terminale), les
écoles professionnelles du 2ème degrés et les
écoles normales.
Les enseignements du niveau secondaire ont pour objectif,
l'acquisition au terme des trois années de scolarité, soit des
connaissances générales indispensables à l'entrée
dans le cycle universitaire, soit des connaissances théoriques et des
compétences indispensables à l'exercice d'une activité
dans le domaine de la production.
1-2-4 L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR.-
Cet enseignement, par la diversité des domaines qu'il
étudie, doit permettre de répondre aux besoins de la
communauté haïtienne et en particulier sa jeunesse qui cherche
à transformer son milieu le plus immédiat et participer ainsi, au
processus de changement souhaité par tous.
Ainsi, l'enseignement Supérieur public compte huit (8)
Facultés, quatre (4) Écoles, les Instituts, les
Département et Centres.
LES FACULTÉS
1) Faculté de Médecine
:
nombre d'années d'études
: six (6) ans
diplôme délivré
: Docteur en Médecine
Les Écoles affiliées à cette
faculté :
- École de Pharmacie
:
nombre d'années d'études
: trois (3) ans
diplôme délivré
: Pharmacien
- École de Technologie
Médicale :
nombre d'années d'études
: deux (2) ans
diplôme délivré
: Technicien Médical
2) Faculté d'Odontologie :
nombre d'années d'études
: cinq (5) ans
diplôme délivré
: Chirugien Dentiste
3) Faculté des Sciences
:
nombre d'années d'études
: cinq (5) ans
diplôme délivré
: Ingénieur civil
Ingénieur Architecte
Ingénieur
électro-mécanique
École affiliée à cette
faculté :
- École de Topographie:
nombre d'années d'études
: deux (2) ans
diplôme délivré
: Topographe
4) Faculté d'Agronomie et de Médecine
Vétérinaire
nombre d'années d'études
: cinq (5) ans
diplôme délivré :
Agronome (équivalent du grade d'Ingénieur Agronome
conféré dans les Universités latino-Américaines et
du B.S Américains)
mention de l'option
: Economie rurale, Genie rural, Physiotechnie, Ressources
Naturelles, production animale, technique alimentaire.
5) Faculté des Sciences Humaines
:
nombre d'années d'études
: cinq (5) ans
diplôme délivré
: Licence en Psychologie, Service Social, Communication,
Sociologie.
6) Faculté d'Ethnologie
:
nombre d'années d'études
: six (6) ans
diplômes délivrès
: Licence (4) ans, maîtrise (2) ans
Licence en Antropologie, en Sociologie et maîtrise en
Science du Développement.
7) Faculté de Droit et des Sciences
Économiques
nombre d'années d'études
: quatre (4) ans
diplôme délivré
: Licence en Droit et / ou en Sciences Économiques.
8) Faculté Linguistique Appliquée
:
nombre d'années d'études
: quatre (4) ans
diplôme délivré
: Licence en Linguistique.
LES ÉCOLES
1) Ecole Normale Supérieure :
nombre d'années d'études
: quatre (4) ans
diplôme délivré
: Licence en lettres, langues vivantes, Philosophie, Sciences
sociales, Mathématiques, Physiques, Chimie- Sciences Naturelles.
2) Ecole Nationale des Arts :
nombre d'années d'études
: quatre (4) ans
diplôme délivré
: Licence en Arts plastiques, Danse, Musique, Art dramatique,
histoire de l'art.
3) Ecole Supérieurede technologie :
nombre d'années d'études
: trois (3) ans
diplôme délivré
: diplôme en Gestion
4) Les Ecoles Nationales d'infirmières des
Cayes de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien :
nombre d'années d'études
: Trois (3) ans
diplôme délivré
: Licence d'Infirmière-Nursing
LES INSTITUTS, DEPARTEMENTS et CENTRES
1) Institut National d'Administration de Gestion et
des Hautes Etudes Inter- nationales (INAGHEI) :
nombre d'années d'études
: quatre (4) ans
diplôme délivré
: Licence en Administration
mention de l'option
: Gestion des affaires, Administration publique et Sciences
Comptables.
Licence en science politique
spécialisée en relation internationales
Diplôme en sciences
comptables
Des certificats en gestion des affaires en
Administration publique et en science politique.
2) Département des Sciences du
Développement (affilié à la faculté
d'Éthnologie) :
nombre d'années d'études
: deux (2) ans
diplôme délivré
: Maîtrise en Science du Développement
3) Institut d' Études et de Recherches
Africaines d'Haïti (IERAH) :
nombre d'années d'études
: quatre (4) ans
diplôme délivré
: Licence en Études Africaines, Afro-américaines et
Caraïbéennes.
4) Centre Technique de Planification et
d'Économie Appliquée :
nombre d'années d'études
: quatre (4) ans
diplôme délivré
: Licence en Statistique, Planification, et en Economie
appliquée.
1-3 ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DES ORDRES
D'ENSEIGNEMENTS.-
L'analyse des données des
ordres d'enseignements nous indique clairement que les effectifs ont connu un
accroissement spectaculaire lié à une forte demande au cours de
ces 25 dernières années.
1-3-1 L'ENSEIGNEMENT
PRÉ-SCOLAIRE.-
Le programme du pré-scolaire a été
fixé par le MENJS en 1984 comme un ensemble de conditions
préréquises aux apprentissages scolaires du primaire
réformé. Cet enseignement est tout particulièrement
impulsé par la coopération internationale (CARE, UNICEF).
Actuellement, son importance est croissante en Haïti, car il fait l'objet
d'une demande sociale relativement forte, l'éducation
pré-scolaire apparaît aux familles haïtiennes comme la
clé d'entrée la plus efficace dans l'enseignement.
La tutelle de fait de cet enseignement n'est pas toujours
très claire à établir entre le Ministère de
l'Éducation Nationale, le Ministère des Affaires Sociales et
celui de la Santé publique et de la population. Les informations
relatives à ce niveau d'enseignement sont rares et éparses. En
1988-1989, on estimait à 328 000 le nombre d' enfants dans les classes
pré-scolaires et enfantines dont 89% dans les écoles
privées. Et selon les statistiques publiés par le MENJS
l'effectif total est de 452ll3 (1993-1994) soit une moyenne de 45
élèves par salle de classe l'effectif total des
élèves du pré-scolaire se répartissait comme suit:
50 000 pour le public et 402 113 pour le privé, soit une augmentation de
l'ordre de 27%. Si l'on considère la période comprise entre 1988
à 1994 les Écoles Publiques étant beaucoup moins
nombreuses, il est fort probable que le taux général de
fréquentation des enfants d'âges pré-scolaire ne
dépasse pas 25%.
1-3-2 L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.-
On estime que trente ans après
l'Indépendance d'Haïti, le taux de scolarisation primaire
atteignait à peine 1% avec une population scolaire primaire de 1000
élèves. Et en seconde moitié du 19e siècle, la
population scolaire est passée à environ 45 000
élèves en 1900, soit un taux de fréquentation pour la
tranche d'âge proche de 15%. Mais durant les premières
années du siècle, l'instabilité politique allait gravement
influencer la population scolaire, celle-ci chutant à 27 000
élèves autour de 1905 pour remonter à 47000 après
1913. Durant la période d'occupation américaine, des
progrès sensibles furent enregistrés avec une population scolaire
primaire proche de 100 000 en 1929.
Comme l'indique le tableau No.1 ci-dessous publié par
le MENJS / DPCE l'effectif dans l'enseignement primaire est passé de 741
313 à 1 156 937 (1988 / 1989 et 1994 / 1995 soit un accroissement de
56% en six ans seulement. Les proportions des élèves en milieu
rural (42,1% du total) et des filles (48,2% du total) sont restées
constantes, ainsi que la proportion fréquentant les écoles
primaires du secteur privé de 66,5% à 68,5% des effectifs
seulement pendant cette même période. En trois ans, entre 1988 /
1989 et 1991 / 1992, selon les chiffres disponibles, le taux net de
scolarisation des enfants âgés de 6 à 12 ans est
passé de 37,2% à 44,1%. Dans l'ensemble nous pouvons noter une
augmentation de l'ordre de 2,3% par an. En milieu rural ce progrès de
19,5% à 23,3% était modeste, de moins de 1,3% par an; alors qu'en
milieu urbain, il était fort spéctaculaire, montant de 78,1%
à 90,8% soit une croissance de 4,2 % l'an.
TABLEAU 1
EFFECTIFS DES ELEVES AUX ECOLES PRIMAIRES
PAR SECTEUR, 1988 / 1989 à 1994 /
1995.
|
88/89
|
89/90
|
90/91
|
91/92
|
92/93
|
93/94
|
94/95
|
Ensemble
|
741313
|
808712
|
865415
|
926095
|
1024409
|
1073916
|
1156937
|
Public
|
2411361
|
267211
|
285946
|
305996
|
358157
|
358376
|
387818
|
Privé
|
499952
|
541501
|
579469
|
620099
|
666252
|
715540
|
769119
|
% Privé
|
0.7
|
0.7
|
0.7
|
0.7
|
0.7
|
0.7
|
0.7
|
Source: Annuaire Statistique de
MENJS, 1987 / 88 à 1991 / 92, Annuaire
FONHEP, 199 3 / 94, MENJS 1994 / 95.
En effet, malgré une croissance économique
négative depuis les années 60, la République d'Haïti
a vu durant les dernières années ses effectifs scolaires
multipliés par trois (3) et son taux de scolarisation primaire
passé de 47,8% en 1981-82 à 52,56% en 1994-95. Au cours de la
période allant de 1981-82 à 1994-95 l'Enseignement primaire a
connu un élan considérable au niveau de la scolarisation. Les
effectifs sont passés de 658.102 à 1.156.937 avec un taux brut de
scolarisation variant de 73,2 à 88,69%. Par contre, nous avons
assisté à une baisse au cours de l'année 88/89, où
l'effectif qui était 780.658 en 87/88 est passé à 741.313
en 1988 / 89. Cette baisse s'explique par la dégradation de la
situation économique des parents et également de la crise
politique qu'a connu le pays. Les estimations relatives à
l'année 1989 / 90 laissent voir un rétablissement des effectifs
des élèves de l'enseignement primaire.
1-3-3 L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE.-
La progression au niveau de l'enseignement
secondaire a été relativement assez rapide. L'effectif dans
l'enseignement secondaire est passé de 7.308 en 1950 à 55.212 en
1975 (secondaire générale). Les effectifs de l'enseignement
secondaire sont passés de 98.570 en 1981 / 82 à 195.418 en 1994 /
95, ce qui représente une augmentation globale de 13,79% soit
approximativement 3,2% par an, avec un taux d'accroissement dans les
lycées publics légèrement plus élevé que
dans les établissements privés. Plus de 81% des
élèves du secondaire fréquentaient alors des
établissements privés.
TABLEAU 2
EVOLUTION DES EFFECTIFS DES ELEVES DANS LES
ETABLISSEMENTS
D'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE PAR SECTEUR, 1987/88 À
1991/92
|
81 / 82
|
87 / 88
|
88 / 89
|
89 / 90
|
90 / 91
|
91 / 92
|
94 / 95
|
Croissance
87 / 88 - 91 / 92
|
Ensemble
|
98570
|
160608
|
166474
|
171786
|
176368
|
181230
|
195418
|
1.13
|
Public
|
15868
|
28225
|
30655
|
31632
|
32476
|
33372
|
35207
|
1.18
|
Privé
|
82702
|
132383
|
135819
|
140152
|
143892
|
147858
|
160211
|
1.12
|
% Privé
|
82%
|
81.6%
|
81.6%
|
81,6%
|
81.6%
|
81.6%
|
82%
|
|
Source : Annuaire Statistique de
MENJS, 1987/88 à 1991/ 92
1-3-4 L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET
PROFESSIONNEL.-
Les effectifs des enseignements techniques et professionnels
sont restés par contre stables entre 1950 et 1960 avec environ 4000
élevés dans les établisements publics ou privés
reconnus et un peu plus de 4000 dans les établissements privés en
attente de reconnaissance. Actuellement, les écoles de formation
professionnelle rélevant du secteur public et du secteur privé
reconnu donc sous la tutelle de l'Institut National de Formation
Professionnelle (INFP) ont été classés en 6
catégories comme l'indique le tableau ci-après.
TABLEAU 3
NOMBRE D'ÉCOLES PAR CATEGORIE
D'ÉTABLISSEMENT D'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE OU PROFESSIONNEL
1995
Catégorie
|
Type d'École
|
Nombre d'École
|
Effectif
|
Élèves en % du Total
|
Catégorie 1
|
École d'Énseignement
Technique
|
5
|
110
|
0,2
|
Catégorie 2
|
Ecole d'Enseignement
Moyen
|
0
|
0
|
-
|
Catégorie 3
|
Centre de Formation
Professionnelle
Ecole d'Enseignement
Professionnel
|
|
|
|
Catégorie 4
|
23
|
3588
|
0.6
|
Catégorie 5
|
Ecole de Formation
Agricole
|
0
|
0
|
-
|
Catégorie 6
|
Centres Menagères
|
10
|
1085
|
0,2
|
TOTAL
|
-
|
38
|
5783
|
1.0
|
Source : INFP, 1995
L'INFP a mis en place en 1987 un annuaire statistique qui
montre que dont l'effectif des élèves est de 3148 en 1986/1987 et
de 3610 en 1987/88 et passe à 5783 1994 / 1995.
Le système de collecte d'informations statistiques sur
l'enseignement technique et professionnel n'est pas fiable pour ne dire
inexistant. Présentement les services de la planification de l'INFP ont
du mal a produire les informations les plus élémentaires sur les
activités des Écoles professionnelles publiques et
privées.
1-3-5 L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR.-
En 1981-1982 l'effectif au niveau de l'enseignement
supérieur se chiffrait à 3597 étudiants dans les 11
facultés, écoles et instituts supérieurs de
l'université d'État en 1982-1983 l'effectif des étudiants
a connu une légère diminution des inscrits soit 3464 inscrit.
TABLEAU 4
EFFECTIFS DE L'UEH PAR FACULTÉS, ÉCOLES
ET INSTITUTION,
1981 / 1982 A 1996 / 1997.
Institution
|
EFFECTIFS
|
1981 / 1982
|
1989 / 1990
|
1994 / 1995
|
1995 / 1996
|
1996 / 1997
|
Agronomie
|
|
282
|
309
|
309
|
318
|
Droit et Sciences
Economiques
|
|
1024
|
2491
|
2491
|
3900
|
Ecole Normale
Supérieure
|
|
538
|
689
|
757
|
730
|
Ethnologie
|
|
366
|
1000
|
708
|
950
|
Linguistiques appliquées
|
|
166
|
279
|
218
|
500
|
Médecine et Pharmacie
|
|
645
|
757
|
700
|
689
|
Odontologie
|
|
84
|
125
|
116
|
115
|
Sciences
|
|
310
|
441
|
442
|
426
|
Sciences Humaines
|
|
447
|
932
|
720
|
734
|
INAGHEI
|
|
2226
|
3180
|
3180
|
2650
|
IERAH
|
|
190
|
243
|
141
|
225
|
TOTAL
|
3597
|
6278
|
10446
|
9782
|
11237
|
Source : Note dans les calculs
présentés, par les différentes facultés,
écoles et institutions de l'UEH.
L'étude du tableau montre que l'accroissement des
effectifs reflète une évolution importante de la demande sociale
dont la pression sur les structures de l'enseignement supérieur ne peut
que s'accroitre sur les prochaines années. Ainsi, les effectifs des
étudiants de l'UEH sont passés de 6278 étudiants en 1989 /
90 à plus de 9782 inscrits en 1995 / 96, une légère
réduction par rapport à 1994 / 95 (formation courtes de 2
années en Facultés des sciences et en médecine exclues) et
enfin à 11.237 inscrits pour 1996 / 97. Cette augmentation est
considérable, 56% en 10 ans alors que la capacité d'accueil n'a
pas augmenté. L'INAGHEI, la Faculté de Droit et des Sciences
Economiques, la Faculte d'Ethnologie, la Faculté des sciences Humaines
et de linguistique Appliquée reçoivent 76 % des étudiants.
A elle seule, L'INAGHEI abrite 33% de l'effectif total. La proportion des
étudiants en sciences, médecine, odontologie, sciences et
disciplines scientifiques de l'ENS ne représente que 18% du total. Si
l'on suppose que la répartition dans les sections scientifiques de l'ENS
n'a pas changé cela représente une réduction par rapport
aux 24 % en sections scientifiques qui prévalent en 1989-1990.
A coté de l'Université d'État s'est
développé de façon remarquable depuis 1918 un secteur
privé au niveau de l'enseignement supérieur. Les effectifs des
étudiants inscrits dans l'enseignement privé sont passés
de 2053 en 1984 / 85 à plus de 8000 soit une augmentation de
290%((*)1). On
considère qu'une moyenne variant entre 8000 et 10.000 étudiants
fréquentent aujourd'hui l'enseignement supérieur privé, le
dénombre-ment précis étant rendu difficile par le
caractère volatile d'un grand nombre des établissements du
secteur particulièrement frappées par la crise des
dernières annèes. Les ètudiants de l'Enseignement
supérieur privé sont répartis sur une cinquantaine
d'établis-sements, mais en réalité une demi-douzaine dont
les effectifs vont de 500 à 1000 étudiants regroupent l'essentiel
de la population étudiante inscrite dans le secteur privé.
1-4 PHÉNOMÈNE DES SUR-AGES.-
La présence d'adolescents dans les classes
pré-scolaires ou primaires pose un problème. En effet, leur
expérience de la vie et leur maturité physique rendent le
curriculum complètement inapproprié et inadapté.
L'enseignant aura tendance à utiliser le curriculum de première
année en lieu et place de celui du pré-scolaire proprement dit.
Il convient d'étudier les options non formelles pour des enfants
d'âge non conventionnels afin qu'ils puissent s'épanouir en
compagnie de leurs pairs. Selon les statistiques disponibles en 1993/94,
environ 14% seulement des enfants d'âge prescolaire
fréquen-taient les établissements prescolaires privés avec
un pourcentage équivalent de sur-âges. En Haïti, le taux net
est de 52 %. Alors que le taux brut est de 88 % de scolarisation. En moyenne,
60 % des élèves inscrits dans le primaire sont en retard. Le
nombre d'élèves en retard influe considérablement sur les
méthodes et conditions d'enseignement et sur les capacités
d'apprentissage des élèves.
Les sur-âges représentent la moitié des
effectifs de l'enseignement fondamental. Ce fait réduit la
capacité d'accueil des établissements et entraine des
problèmes pédagogiques sérieux. Le cas des
élèves sur-âges constitue un phénomène
particulier du système d'éducation et explique en grande partie
l'écart important constaté entre le taux net et le taux brut de
scolarisation. La distance trop longue à parcourir amènent les
parents à différer l'entrée des enfants à
l'école et explique en partie le phénomène des
sur-âges.
La présence d'enfants en âge théorique de
fréquentation de cette classe n'est pas un phénomène
exceptionnel dans la plupart des systèmes éducatifs du monde
notamment ceux des pays pauvres, mais nulle part ce phénoméne
n'atteint des proportions aussi étendues qu'en Haïti. Il concerne
en effet 70% des élèves au classe Pré-scolaire 1 et 88,7%
dans le classe Moyen deux si l'on retient une définition large
c'est-à-dire si l'on considère que l'âge normal est de 7
ans en CPI et de 12 ans en CM2 et de 96,2% en
CM2 et si l'on retient la définition stricte (entrée
à 6 ans en CPI et à 11 ans en CM2). Le
phénomène est donc bien massif, l'âge moyen en
CM2 étant de 15,3 ans soit 3-4 ans de plus que l'âge
théorique. Ce système se caractérise par une proportion
élevée d'enfants en retard dans tout le secteur. C'est ainsi que
la deuxième enquête sur la mortalité, la morbidité
et l'utilisation des services réalisés en 1994 / 95 indique que
parmi les enquêtés, 73% des enfants âges de 6 à 15
ans, 61% des 16 à 20ans et 30 % des 21 à 24 ans
fréquentaient l'école (sans précision sur le niveau).
Cela laisse à penser que de nombreuses personnes âgées de
16 à 20 ans sont en fait inscrites dans une école primaire et non
secondaire.
1-5 ACCROISSEMENT DU NOMBRE
D'ÉCOLES.-
Au cours de ces vingt cinq (25) dernières
années nous avons constaté une expansion impressionante du nombre
d'établissements d'enseignement pré-scolaire, primaire,
secondaire et supérieur dans le pays. En un mot nous pouvons dire que
cet accroissement des structures d'accueil s'explique sur la forte demande en
éducation au niveau des 4 ordres d'enseignement.
1-5-1 L'ENSEIGNEMENT PRÉ-SCOLAIRE.-
L'accroissement du nombre d'écoles au niveau du
pré-scolaire apparaît visible à Port-au-Prince et
dominé par le secteur privé. Ainsi ce programme d'enseignement
qui en réalité a commencé depuis 1987 avec l'ouverture des
six premiers centres CINEC se poursuit avec l'action conjuguée du
Ministère des Affaires Sociales et de celui de l'Éducation
Nationale avec un effectif de 317 centres en 1994 / 95 pour le secteur public
et entre 1982 / 83 et 1994 / 95 pour le secteur privé et l'effectif du
nombre d'écoles pré-scolaire est passé de 96 à
1018.
1-5-2 L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.-
Si nous remontons depuis 1875, Haïti comptait 165
écoles primaires urbaines publiques et 200
écoles rurales. A la veille de l'occupation américaine de 1915,
730 écoles publiques fonctionnaient. Au cours des années 80, la
très forte poussée du taux de scolarisation sans
différence significative entre les effectifs de garçons et de
filles explique l'évolution du nombre d'établissements tant dans
le milieu urbain que dans le milieu rural. En effet, dans l'ensemble du pays,
au cours de la période allant de 81/82 à 94/95, le nombre
d'établissements primaires est passé de 3.221 à 10.071.
TABLEAU 5
EVOLUTION DU NOMBRE D'ÉCOLES PRIMAIRES SELON LE
SECTEUR,
1987 / 1988 A 1991 / 1992.
Secteur
|
81 / 82
|
87 / 88
|
88 / 89
|
89 / 90
|
90 / 91
|
91 / 92
|
94 / 95
|
Ensemble
|
3221
|
4799
|
5103
|
5412
|
5747
|
6111
|
10.071
|
Public
|
1000
|
986
|
1005
|
1005
|
1005
|
1005
|
1100
|
Privé
|
2.221
|
3813
|
4098
|
4407
|
4742
|
5106
|
8971
|
% Privé
|
0.7
|
0.8
|
0.8
|
0.8
|
0.8
|
0.8
|
0.8
|
Source : Annuaire Statistique du
MENJS, 1987 / 88 à 1991 / 92.
Dans le secteur privé le nombre d'écoles
primaires a connu une progression plus marquée passant de 2.221 à
8971 contre 1000 à 1100 dans le public. Cela traduit un accroissement de
2% du nombre d'écoles et des effectifs du primaire avec une augmentation
annuelle de 6% du nombre de salles, imputables essentiellement au secteur
privé.
Cette prolifération des écoles privées
constitue un phénomène sociologique assez exceptionnel et peut
être une chance pour Haïti d'arriver assez rapidement à la
scolarisation universelle. L'évolution du nombre de salles de classe
d'après l'annuaire statistiques du MENJS 1987 / 1988 à 1991 /
1992 est passé de 15.736 à 19.088 soit une croissance de 82 %
(public et privé). Globalement, le rapport élèves / classe
s'est amélioré sur la période passant de 49,61
élèves par salle à 46,28 en 1988 / 1989. mais le niveau a
connu une progression en 1989 / 90 et en 1991 / 92, passant de 47, 60 à
48 élèves par classe. Ce niveau peut être
considéré comme tout à fait convenable dans un pays
où les ressources allouées à l'éducation sont
modestes.
TABLEAU 6
RAPPORT ELEVES / SALLE DE CLASSE DE L'ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE
SELON LE SECTEUR, 1987 / 1988 A 1991 /
1992.
Secteur
|
87 / 88
|
88 / 89
|
89 / 90
|
90 / 91
|
91 / 92
|
Ensemble
|
49.61
|
46.28
|
47.60
|
47.97
|
48.28
|
Public
|
47.56
|
46.81
|
48.87
|
49.25
|
49.56
|
Privé
|
50.61
|
46.03
|
47.01
|
47.37
|
47.67
|
Source : Annuaire Statistique du
MENJS, 1987 / 88 à 1991 / 92.
Cependant, l'absence de données récentes a
handicapé notre analyse.
Ces données montrent une répartition de plus de
quatre établissements primaires, privés pour chaque
établissement public (1100) pour l'année 1994 / 95, ainsi qu'une
répartition urbain/rural de 6 sur 4. Les écoles primaires en
milieux urbains et ruraux représentent 75% des effectifs du secteur
privé. Grâce aux missions protestantes, aux églises
catholiques et au secteur laïc communautaire, la demande
d'éducation reçoit une réponse dans les milieux
défavorisés, ce qui contribue à accélérer le
processus de scolarisation universelle. En effet, déjà à
la fin des années 70, une enquête menée par le MENJS,
L'UNESCO et la Banque Mondiale avaient révélé que le taux
de croissance de l'école privée était de 11% alors que
celui de l'école publique était de 5%. Cette capacité de
croissance rapide de secteur privé est encore confirmée par les
récentes enquêtes menées par la FONHEP. Et en 1993 une
enquête diagnostic réalisé par cette instution a
relevé l'existence de 8400 écoles primaires privées.
L'actualisation de ces données en 1996 montre qu'il existe aujourd'hui
plus de 10.000 écoles primaires privées à travers le
pays.
1-5-3 L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE.-
En ce qui concerne le niveau secondaire, on a observé
aussi l'ouverture de plusieurs établissements publics et
privés.
Ainsi, de 1981/82 à 1994/95 le nombre
d'établissements secondaire est passé de 244 à 776 dont
116 pour le public et 660 pour le privé. Près de la moitié
des établissements sont situés à Port-au- Prince. Cinq ans
plus tard, soit en 1987/88 avec un total de 33 lycées, le secteur public
ne représente que 7%. Pendant cette période, le secteur
privé a considérablement augmenté, le nombre de ses
établissements passant de 219 à 509 soit 93% des écoles et
un taux moyen d'accroissement de 12,1%.
TABLEAU 7
EVOLUTION DU NOMBRE D'ÉTABLISSEMENTS
SECONDAIRES
1987 / 1988 à 1994 / 1995.
Croissance
|
87 / 88
|
88 / 89
|
89 / 90
|
90 / 91
|
91 / 92
|
94 / 95
|
Croissance
87 / 88- 91 / 92- 87 / 88-94 / 95
|
Ensemble
|
542
|
562
|
548
|
607
|
630
|
776
|
1.16
|
1.34
|
Public
|
33
|
40
|
49
|
58
|
67
|
116
|
2.03
|
3.52
|
Privé
|
509
|
522
|
535
|
549
|
563
|
660
|
1.11
|
1.2
|
% Privé
|
93.9 %
|
92.9 %
|
91.6 %
|
90.4 %
|
89,4 %
|
85.0%
|
|
|
Source : Annuaires Statistique du
MENJS, 1987/88 à 1991/92.
MENJS/DES,1995.
En analysant ce tableau nous voyons que le secteur public est
passé de 25 établissements en 1981/82 à 116 en 1994/95
soit un accroissement de 3.52%. Le secteur privé a
considérablement augmenté, le nombre de ses établissements
passant de 219 en 1981 / 82 à 660 en 1994 / 95 soit 85 % des
établissements et un taux moyen d'accrois-sement de 1.20%, environ 7
fois celui du secteur public.
Le nombre de salles de classe pour le secteur public et
privé est passé de 1.836 en 1981/82 à 4556 en 1991/92.
L'analyse rapport-élève par salle de classe de
l'enseignement secondaire suivant le secteur d'après ce tableau, est
passé de 42.53 élèves par salle à 39.78 de 1987 /
88 à 1991 / 92.
TABLEAU 8
RAPPORT ELÈVES / SALLE DE CLASSE DE
L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
SELON LE SECTEUR, 1987 / 88 A 1991 / 92.
|
87/ 88
|
88 / 89
|
89 / 90
|
90 / 91
|
91 / 92
|
Ensemble
|
42.53
|
42.08
|
41.42
|
40.55
|
39.78
|
Public
|
64.29
|
71.29
|
70.14
|
68.37
|
67.28
|
Privé
|
39.67
|
38.52
|
37.92
|
37.14
|
36.42
|
Source : Annuaires Statistique du
MENJS, 1987 / 88 à 1991 / 92.
Pour l'enseignement secondaire technique et professionnel le
nombre d'écoles est passé de 26 en 1988 / 89 à 38 en 1994
/ 95 répartis en 6 catégories. (voir tableau 3)
A côté de cet enseignement technique reconnu, il
est vraisemblable qu'il existe un enseignement technique privé. La
présence de ce secteur dans l'offre de formation est une
réalité visible et même si les statistiques ne sont pas
disponibles la plupart des responsables du sous-système estiment que le
nombre des écoles privées sont déjà plus importants
que dans le public.
1-5-4 L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR.-
Les circonstances historiques dans lesquelles Haïti a eu
son indépendance, en 1804 ne lui ont pas permises de
bénéficier de la colonie de St Domingue d'un certain
héritage institutionnel sur le plan de l'Enseignement supérieur,
De 1880 à nos jours l'UEH compte huit (8) Facultés, quatre (4)
Ecoles et deux (2) Instituts. D'après le diagnostic technique du
système éducatif haïtien réalisé par Research
Triangle Institute, the Academy for Educational Development Educat SA en
Juillet 1995, pour le secteur privé au niveau du Droit et des Sciences
Economiques on compte huit (8) pour les sciences commerciales vingt (20) en
santé communication et religion et huit (8) institutions polyvalentes.
Ce qui donne un total de 50 institutions d'enseignement
supérieur public et privé. Le rectorat ne possède pas
d'informations sur les établissements privés à l'exception
des données transmises spontanément par les établissements
pour appuyer leur demande de licence de fonctionnement.
TABLEAU 9
EFFECTIFS DE L'UEH PAR INSTITUTION 1989 / 90 à
1994 / 1995 AVEC RÉPARTITION DES INSCRITS EN PREMIÈRE ET EN
DERNIÈRE ANNÉE, 1994 / 1995
|
Effectif
|
% du Total inscrits
1994 / 1995
|
INSTITUTION
|
1989 / 90
|
1993 / 94
|
1994 / 95
|
en Première / en dernière
Année Année
|
Agronomie
|
282
|
309
|
309
|
25 %
|
19,4 %
|
Droit et Sciences Economiques
|
1024
|
2491
|
2491
|
48 %
|
12,2 %
|
Ecole Normale Supérieure
|
538
|
689
|
757
|
37 %
|
20,3 %
|
Ethonologie
|
366
|
1000
|
708
|
23 %
|
31,8 %
|
Linguistiques appliquées
|
166
|
279
|
218
|
38 %
|
9,2 %
|
Médecine
|
645
|
757
|
700
|
20 %
|
18,3 %
|
Pharmacie
|
|
|
|
35 %
|
|
Odontologie
|
84
|
125
|
116
|
22 %
|
16,4 %
|
Sciences
|
310
|
441
|
442
|
41 %
|
11,5 %
|
Sciences humaines
|
447
|
932
|
720
|
33 %
|
23,5 %
|
INAGHEI
|
2226
|
3180
|
3180
|
n.d
|
n.d
|
IERAH
|
190
|
243
|
141
|
n.d
|
22 %
|
TOTAL
|
6278
|
10446
|
9782
|
|
|
Note Dans les calculs
présentés, les formations courtes de 2 années en
faculté des sciences et en Médecine, ainsi que les internes en
Medecine ( qui ne suivent pas de cours ) sont exclus du total.
Source : UEH, 1995
1-6 EVOLUTION DU NOMBRE DE MAITRE.-
L'évolution du nombre de maître
s'exprime, pour chaque niveau d'enseignement, de la manière suivante.
1-6-1 AU NIVEAU DU
PRÉ-SCOLAIRE.-
Le nombre d'enseignants dans le secteur public au niveau du
Pré-scolaire est actuellement difficile à déterminer avec
exactitude, les sources que ce soit le MEF, la fonction publique, ou les
différents services du MENJS (personnel), les données
statistiques (services de paiements) se révelant
hétérogènes quant aux taux. Jusqu'à présent
de nombreux instituteurs enseignent simultanément à des
élèves du pré-scolaire et à des
élèves du primaire.
Le tableau ci-dessous présente le nombre d'instituteurs
au niveau du Pré-scolaire privé par département.
L'éffectif total est de 9997 instituteurs pour les 9 départements
du pays.
TABLEAU 10
NOMBRE D'INSTITUTEURS DANS LES PRES-COLAIRES PRIVES,
1993/ 94.
Département
|
Urbain
|
Rural
|
Bidonvil
|
Total
|
Artibonite
|
540
|
1515
|
24
|
2079
|
Centre
|
216
|
577
|
14
|
805
|
Gd Anse - Nippes
|
73
|
268
|
4
|
345
|
Nord
|
345
|
777
|
31
|
1153
|
Nord- Est
|
99
|
132
|
0
|
231
|
Nord-Ouest
|
133
|
517
|
10
|
660
|
Ouest
|
1235
|
969
|
601
|
2805
|
Sud
|
269
|
926
|
15
|
1210
|
Sud-Est
|
104
|
600
|
3
|
707
|
TOTAL
|
3014
|
6281
|
702
|
9997
|
Source : Annuaires Statique de la
FONHEP, 1993/94.
1-6-2 AU NIVEAU PRIMAIRE.-
Au niveau primaire, au cours de la période allant de
1980/81 à 1994 / 95 l'effectif des enseignants du primaire est
passé de 14581 à 30.205. En l'année scolaire 1993 / 94,
les statistiques officielles indiquent qu'il y avait 29174 enseignants
travaillant dans le niveau primaire, dont 71,7% dans le secteur privé.
Depuis 1987 / 88, on assiste à un fort accroissement du corps enseignant
à ce niveau, de plus de 30%. Cet accroissement a pu maintenir un taux
d'encadrement dans le secteur privé de 33 à 35
élèves par enseignant 1987 / 88 jusqu'à 41
élèves par enseignant en 1993 / 94. La plupart des Normaliens
préfèrent, à l'issue de leur formation dans les
écoles Normales, servir plutôt dans les centres urbains et les
zones rurales d'accès relativement aisé. Ainsi, l'effectif est
passé de 6934 en 1980 / 81 à 11855 en 1992 / 93 (enseignants dans
les zones rurales) d'après l'analyse du tableau 10.
TABLEAU 11
EVOLUTION DU NOMBRE DES ENSEIGNANTS DES ECOLES
PRIMAIRES
SELON LE SECTEUR ET LE MILIEU, 1980 / 81 à 1994
/ 95.
Secteur / Milieu
|
80 / 81
|
87 / 88
|
88 / 89
|
89 / 90
|
90 / 91
|
91 / 92
|
92 / 93
|
93 / 94
|
94 / 95
|
Ensemble
|
14581
|
22421
|
21381
|
22676
|
24079
|
25604
|
24935
|
29174
|
30205
|
Public
|
5359
|
6333
|
6058
|
6425
|
6823
|
7255
|
4115
|
8772
|
8192
|
Privé
|
9222
|
16088
|
15323
|
16251
|
17256
|
18349
|
20820
|
20402
|
22013
|
% Privé
|
0.6
|
0.7
|
0.7
|
0.7
|
0.7
|
0.7
|
0.8
|
0.7
|
0.7
|
Urbain
|
7647
|
12578
|
11987
|
12713
|
13500
|
14355
|
13080
|
|
|
Rural
|
6934
|
9843
|
9394
|
9963
|
10579
|
11249
|
11855
|
|
|
% Rural
|
0.4
|
0.4
|
0.4
|
0.4
|
0.4
|
0.4
|
0.5
|
|
|
Source : Annuaires Statistique du MENJS, 1987/88
à 1991/92; Annuaire FONHEP, 1993/94,
MENJS, 1995.
1-6-3 AU NIVEAU SECONDAIRE.-
Les effectifs enseignants du secondaire ne permettent pas de
distinction entre le premier et le second cycle du secondaire. Le tableau
ci-dessous retrace l'évolution du corps enseignant sur la période
de référence ainsi que le taux d'encadrement en distinguant les
secteurs d'enseignement.
TABLEAU 12
EVOLUTION DU NOMBRE DE PROFESSEURS DES ETABLISSEMENTS
SECONDAIRES SELON LE SECTEUR, 1980 / 1981 à 1994 / 1995.
|
80 / 81
|
87 / 88
|
88 / 89
|
89 / 90
|
90 / 91
|
91 / 92
|
Croissance
87 / 88
91 / 92
|
94 / 95
|
Ensemble
|
4031
|
10290
|
10898
|
11541
|
12222
|
12945
|
1.26
|
15275
|
Public
|
730
|
1288
|
1284
|
1360
|
1438
|
1527
|
1.19
|
1712
|
Privé
|
3301
|
9002
|
9614
|
10181
|
10784
|
11418
|
1.27
|
13563
|
% Privé
|
82%
|
87.5%
|
88.2%
|
88.2%
|
88.2%
|
88.2%
|
|
|
Source : Annuaires Statistique du
MENJS, 1987 / 1988 à 1991 / 1992.
Ainsi l'évolution des effectifs enseignants n'a pas
parfaitement suivi celle des élèves. De 1980 / 1981 à 1994
/ 1995 l'effectif est passé de 403l à 15.275. En 1987 / 88 le
personnel enseignant a augmenté de 26% soit 10290 à 12949 en 1991
/ 1992. Cette évolution plus forte dans le secteur privé a permis
au taux d'encadrement de rester assez stable à 22 élèves
par enseignant dans le public, et même de s'améliorer
légèrement dans le privé de presque 15
élèves par enseignant en 1987 / 1988 à moins de 13 en 1991
/ 1992. Vu que les enseignants sont souvent des vacataires ou ne travaillent
pas à temps plein, ces chiffres ne devraient pas être
interprétés comme indicateurs de la taille des classes. La vie
à la campagne est pénible sans possibilité culturelle,
maigre salaire, les professeurs préfèrent rester en ville cela
accasionne une grande disparitée entre les ratios enseignants
élèves en milieu urbain et élève / enseignant en
milieu rural.
1-6-4 AU NIVEAU DE L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET
PROFESSIONNEL.-
Pour l'ensemble de l'enseignement technique et professionnel,
on recensait en 1987 / 1988, 298 enseignants et sept ans plus tard
c'est-à-dire en 1995 on a un effectif total de 552. Si l'on
considère que les enseignants à temps partiel étaient en
moyenne à mis-temps, on obtient un taux d'encadrement de 15,8 soit un
taux d'encadrement un peu meilleur que dans l'enseignement secondaire classique
(30 %) trente pour cent des enseignants ont un niveau de formation égale
ou supérieure au baccalauréat 2ème partie.
Les données relatives au corps enseignant se limitent
aux informations provenant des états d'émargement du
ministère relatif aux montants des salaires perçus. Ainsi
d'après le tableau ci-dessous, sur l'effectif de 552 enseignants
seulement 390 sont payés par l'Institut National de Formation
Professionnelle (INFP).
TABLEAU 13
EFFECTIFS DES EMPLOYÉS DES ENSEIGNANTS ET DES
ENSEIGNANTES PAYÉS PAR L'INFP PAR CATÉGORIE
D'ÉTABLISSEMENT, 1995
Catégorie
|
Employés
Total
|
Enseignants
Total
|
Dont payés par
l'INFP
|
Ecoles d'enseignement Technique
|
192
|
120
|
85
|
Ecoles d'enseignement Moyen
|
0
|
0
|
0
|
Centres de Formation Professionnelle
|
35
|
18
|
14
|
Ecoles d'enseignement Professionnel
|
447
|
352
|
257
|
Ecole de Formation Agricole
|
0
|
0
|
0
|
Centre ménagères
|
40
|
62
|
34
|
TOTAL
|
714
|
552
|
390
|
Source : INFP, 1995
1-6-5 AU NIVEAU DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.-
Vers la première moitié des années 80,
l'enseignement supérieur était assuré par un ensemble de
108l professeurs environ dont 926 hommes et 155 femmes. Des 1081 enseignants se
détachaient environ 59 étrangers qui prétaient leurs
concours dans la formation académique. Ces étrangers de
nationalités différentes enseignaient particulière-ment
aux facultés de médecine et de pharmacie, d'Ethnologie,
d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire, des sciences,
à l'École Normale Supérieure à l'Institut National
d'Administration de Gestion et des Hautes Etudes Internationales, à la
faculté de Linguis-tique Appliquée, au séminaire
Théologique Baptiste d'Haïti et à d'autres institutions. Ces
étrangers se recrutent souvent parmi les experts d'organisations
internationales et non gouvernementales.
TABLEAU 14
EVOLUTION DU NOMBRE DE PROFESSEURS A L'UNIVERSITE
D'ÉTAT D'HAITI.
|
80 / 86
|
93 / 94
|
94 / 95
|
96 / 97
|
Public
|
1 081
|
871
|
871
|
905
|
Privé
|
N.d
|
N.d
|
N.d
|
N.d
|
Total
|
1081
|
871
|
871
|
905
|
Source : Rectorat. 1998
Ainsi, après le renversement de Jean Claude Duvalier en
Février 1986, la plupart des professeurs étrangers ont
laissé le pays. On peut citer à titre d' exemple l'INAGHEI.
L'effectif qui était de 1081 de 1980 à 1986 est passé
à 905 en 1996 / 97 dont 63 à temps plein et 842 à temps
partiel ce qui équivaut à l professeur pour 12 étudiants
d'après les fichiers de rénumération du Rectorat de l'UEH.
Un examen plus approfondie de l'état d'emargement montre que les
enseignants sont comptabilisés par chaire d'enseignement, une chaire
d'enseignement équivalent à une charge horaire variant entre 3 et
5 heures selon le cas en raison de la présence du même personnel
dans les établissements différents.
Concernant les enseignants privés, le Rectorat ne
possède pas d'information à l'exception des données
transmises spontanément par les établissements pour appuyer leur
demande de licence de fonctionnement.
Section 2 : Étude de rendement du systeme
éducatif haitien.
Le fait que pour chaque année
d'études un certain nombre d'élèves soient obligés
de doubler ou de quitter l'école produit directement une diminution dans
la promotion scolaire.
2-1 LE RENDEMENT DE L'ENSEIGNEMENT
PRÉ-SCOLAIRE.-
Les études à l'échelle
internationale indiquent que les enfants qui ont eu une expérience
Pré-scolaire redoublent ou abandonnent plus rarement et sont en
général mieux équipés pour la vie.
L'éducation pré-scolaire contribue au développement des
aptitudes cognitives; linguistiques; sociales et physiques requises dans
l'enseignement primaire. C'est aussi à ce niveau que les pratiques de
justice, de démocratie et de participation peuvent s'apprendre le plus
aisément.
2-2 LE RENDEMENT DE L'ENSEIGNEMENT
FONDAMENTAL.-
En prenant en compte les trois
évènements : le passage, le redoublement, ou l'abandon nous
pouvons obtenir le suivi d'une cohorte d'élèves tout au long de
leur scolarité selon le tableau ci dessous qui présente le taux
d'évenement en fin d'année scolaire de 1979 / 1980 à 1990
/ 1991.
TABLEAU 15
TAUX DE TRANSITION DANS LE PRIMAIRE, 1979/ 1980 A 1990
/ 1991.
Année
|
Taux
|
1e
AF
(CP1)
|
2e
AF
(CP2)
|
3e
AF
(CE1)
|
4e
AF
(CE2)
|
5e
AF
(CM1)
|
6e
AF
(CM2)
|
1979-80
|
Passage
|
0.72
|
0.76
|
0.77
|
0.79
|
0.88
|
0.67
|
Redoublement
|
0.21
|
0.20
|
0.18
|
0.18
|
0.13
|
0.06
|
Abandon
|
0.08
|
0.04
|
0.04
|
0.03
|
0.04
|
0.27
|
1980-81
|
Passage
|
0.72
|
0.69
|
0.69
|
0.66
|
0.71
|
0.57
|
Redoublement
|
0.16
|
0.17
|
0.18
|
0.17
|
0.14
|
0.05
|
Abandon
|
0.12
|
0.14
|
0.13
|
0.16
|
0.14
|
0.09
|
1981-82
|
Passage
|
0.69
|
0.76
|
0.78
|
0.75
|
0.80
|
0.63
|
Redoublement
|
0.11
|
0.15
|
0.16
|
0.16
|
0.14
|
0.09
|
Abandon
|
0.20
|
0.09
|
0.06
|
0.08
|
0.06
|
0.28
|
1982-83
|
Passage
|
0.88
|
0.85
|
0.80
|
0.76
|
0.77
|
0.55
|
Redoublement
|
0.10
|
0.12
|
0.14
|
0.14
|
0.13
|
0.36
|
Abandon
|
0.02
|
0.03
|
0.06
|
0.10
|
0.10
|
0.39
|
1983-84
|
Passage
|
0.85
|
0.77
|
0.70
|
0.70
|
0.69
|
0.60
|
Redoublement
|
0.11
|
0.13
|
0.13
|
0.13
|
0.12
|
0.07
|
Abandon
|
0.05
|
0.11
|
0.17
|
0.17
|
0.19
|
0.33
|
1984-85
|
Passage
|
0.88
|
0.80
|
0.72
|
0.72
|
0.72
|
0.63
|
Redoublement
|
0.09
|
0.11
|
0.12
|
0.12
|
0.11
|
0.05
|
Abandon
|
0.03
|
0.40
|
0.16
|
0.16
|
0.17
|
0.32
|
1985-86
|
Passage
|
0.61
|
0.58
|
0.61
|
0.67
|
0.70
|
0.68
|
Redoublement
|
0.10
|
0.12
|
0.14
|
0.15
|
0.14
|
0.07
|
Abandon
|
0.29
|
0.30
|
0.26
|
0.19
|
0.16
|
0.25
|
1986-87
|
Passage
|
0.66
|
0.65
|
0.60
|
0.59
|
0.60
|
0.63
|
Redoublement
|
0.10
|
0.12
|
0.13
|
0.12
|
0.11
|
0.06
|
Abandon
|
0.24
|
0.23
|
0.27
|
0.29
|
0.29
|
0.31
|
1987-88
|
Passage
|
|
|
|
|
|
|
Redoublement
|
|
|
|
|
|
|
Abandon
|
|
|
|
|
|
|
1988-89
|
Passage
|
0.75
|
0.78
|
0.78
|
0.77
|
0.72
|
0.65
|
Redoublement
|
0.10
|
0.13
|
0.15
|
0.15
|
0.14
|
0.08
|
Abandon
|
0.14
|
0.09
|
0.08
|
0.08
|
0.14
|
0.28
|
1989-90
|
Passage
|
0.74
|
0.77
|
0.77
|
0.76
|
0.72
|
0.65
|
|
Redoublement
|
0.10
|
0.13
|
0.15
|
0.15
|
0.14
|
0.08
|
Abandon
|
0.16
|
0.11
|
0.10
|
0.10
|
0.15
|
0.31
|
1990-91
|
Passage
|
0.74
|
0.77
|
0.77
|
0.77
|
0.72
|
0.59
|
Redoublement
|
0.09
|
0.12
|
0.13
|
0.13
|
0.13
|
0.07
|
Abandon
|
0.16
|
0.11
|
0.10
|
0.10
|
0.15
|
0.34
|
Moyenne
|
Passage
|
0.75
|
0.74
|
0.72
|
0.72
|
0.73
|
0.62
|
Redoublement
|
0.12
|
0.13
|
0.15
|
0.14
|
0.13
|
0.07
|
Abandon
|
0.14
|
0.12
|
0.13
|
0.13
|
0.14
|
0.29
|
Source : Chiffres 1979 / 80 - 1986 / 87,
Rapport IREDU p20: Chiffres 1988/89 - 1990 / 91, Annuaires Statistiques du
MENJS. Les taux de transition 1987 / 88 ne sont pas inclus car leur
déviation par rapport aux taux des autres années les rend
suspects.
N.B : le terme passage nous apparu
plus approprié que le terme promotion utilise par le rapport IREDU.
AF : Année Fondamentale.
L'aspect le plus marquant dans l'évolution
récente du rendement dans l'enseigne-ment fondamental concerne les
comportements opposés des taux de redoublement et d'abandon
particulièrement au niveau du CPI. Les taux de redoublement qui
étaient de l'ordre de 15-20 % il y a 10 ans sont tombés de 10
à 15 % soit 5 points de moins en moyenne, à partir du milieu des
années 80. En conséquence, la baisse des entrées,
conjuguée à l'augmentation des abandons devrait se traduire pour
les années futures par une contraction des effectifs scolaires, à
moins que l'on assiste à des reprises de scolarité comme cela
s'est déjà vu à partir des années 80 jusqu'à
la période 84-85.
Pour le CEI, les taux de redoublement
s'infléchissent sur la période passant de 18 - 20 % en 1979 /
1980 à 13 % en 1990 / 1991 mais dans des proportions moindres qu'au
CP1 là aussi, on remarque une forte progression des abandons
depuis 1986 de l'ordre de 270 %.
Pour le CMI les conclusions relevées pour
les cours élémentaires s'appliquent aussi, mais les abandons
n'augmentent qu'en 1990. De manière générale les taux
d'abandon en CMI restent élevés proches de ceux
enregistrés en CE2 : l'absence de certificats en fin de
l'enseignement primaire pouvant expliquer ces abandons tardifs durant la
scolarité primaire.
Pour le CM2, on constate des taux de redoublement
plus faible que 7 % pour les autres niveaux, ce qui est logique en abscence de
certificat de fin d'études. Contrairement aux autres niveaux les
évènements de 1986 n'ont pas eu de repercussion sur les taux
d'abandon en CM2.
2-2-1 ANALYSE DE L'EFFICACITÉ INTERNE DU PRIMAIRE
.-
La disponibilité de la matrice de transition (taux de
passage, taux de redoublement et taux d'abandon) nous a permis d'avoir une
idée sur l'efficacité interne du système
éducatif.
Une analyse effectuée par l'équipe du Research
Triangle Institute a produit les indicateurs suivants : sur 1000
élèves admis au CPI, 434 seulement atteindraient le
CM2 288 de ceux-ci passeraient en premier cycle du secondaire
(3ème cycle de l'école fondamentale), et de ces 288
élèves seulement 131 auraient parcouru sans redoublement le cycle
primaire. Des 712 qui n'ont pas réussi, 696 auraient abandonné
l'école avant ou pendant le CM2, et 16 n'auraient pas
continué après le CEP pour des raisons diverses(1).
______________________
(1) Diagnostic technique du Système Educatif
haïtien P. 30
Enfin, ces résultats montrent clairement que dans
l'enseignement réformé la règle du passage automatique
entre le CPI et CP2 d'une part et entre le CE1
et le CE2 d'autre part n'est absolument pas respectée, les
redoublements étant aussi fréquents à ces niveaux qu'aux
autres.
Les pratiques en matière de transition au sein du
système éducatif entre l'enseigne-ment traditionnel et
l'enseignement réformé semblent donc assez uniformes.
2-2-2 L'EXAMEN DU CERTIFICAT D'ÉTUDE
PRIMAIRE.-
Au niveau primaire, taux de réussite à l'examen
du certificat d'études primaires CEP est passé de 462 % en 1995
à 525 % en 1996. Le nombre absolu de reçus passant de 52269
à 74460 soit une augmentation de 37 % et celui des reçus de 43 %.
C'est dans le département de l'Ouest que l'on enregistre le plus grand
nombre de candidats et de reçus (environ 44 % pour les deux
années). On a cependant constaté des variations marquées
au niveau des performances selon les départements.
En 1995, les Nippes et le Centre ont eu les deux taux
d'admission les plus élevés 61,9 et 61,4 %, respectivements. En
1996 , ces mêmes départements ont eu les taux d'admission les plus
bas (31,1 et 32,4%). En revanche, le Nord-est enregistrant les taux
d'admission les plus élèves ces deux mêmes années
(66,8 et 74 % 1995/96) et le Nord a eu l'un des taux les plus bas les deux
années (35 et 47%).
2-3 LE RENDEMENT DE L'ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE.-
L'enseignement secondaire est actuellement en pleine
transition et en crise curriculaire car c'est maintenant qu'il subit les ombres
de la reforme éducative de l'enseignement fondamental. Les effectifs
d'entrants en sixième ont cru en moyenne de 5,8% par an. Sachant que la
croissance démographique est d'environ 2,5% environ les deux tiers des
élèves de CM2 passent dans l'enseignement secondaire,
ce pourcentage étant quasi constant sur la période.
D'après le tableau ci-dessous, on remarque une progression des abandons
au niveau de la 7ème année fondamentale et un
redoublement presque constant.
TABLEAU 16
TAUX DE TRANSITION DANS LE SECONDAIRE, 1979 / 80 A 1990
/ 91.
Année
|
Taux
|
6e
AS
(7e Fond)
|
5e
AS
(8e Fond)
|
4e
AS
(9e Fond)
|
3e
AS
/
|
2e
AS
/
|
Rhéto
|
Philo
|
1979-80
|
Passage
|
0.77
|
0.90
|
0.88
|
0.84
|
0.92
|
0.26
|
0.56
|
Redoublement
|
0.06
|
0.05
|
0.05
|
0.05
|
0.06
|
0.13
|
0.09
|
Abandon
|
0.17
|
0.05
|
0.07
|
0.11
|
0.03
|
0.60
|
0.35
|
1980-81
|
Passage
|
0.73
|
0.84
|
0.78
|
0.72
|
0.74
|
0.24
|
0.54
|
Redoublement
|
0.07
|
0.04
|
0.06
|
0.07
|
0.07
|
0.12
|
0.08
|
Abandon
|
0.20
|
0.12
|
0.16
|
0.21
|
0.19
|
0.64
|
0.39
|
1981-82
|
Passage
|
0.81
|
0.94
|
0.85
|
0.84
|
0.84
|
0.38
|
0.93
|
Redoublement
|
0.10
|
0.09
|
0.10
|
0.10
|
0.08
|
0.23
|
0.05
|
Abandon
|
0.09
|
0.03
|
0.05
|
0.06
|
0.08
|
0.39
|
0.02
|
1982-83
|
Passage
|
0.71
|
0.88
|
0.89
|
0.90
|
0.90
|
0.34
|
0.90
|
Redoublement
|
0.10
|
0.10
|
0.10
|
0.13
|
0.16
|
0.23
|
0.04
|
Abandon
|
0.18
|
0.02
|
0.01
|
0.02
|
0.06
|
0.43
|
0.06
|
1983-84
|
Passage
|
0.70
|
0.80
|
0.72
|
0.65
|
0.71
|
0.22
|
0.53
|
Redoublement
|
0.08
|
0.08
|
0.07
|
0.07
|
0.07
|
0.13
|
0.16
|
Abandon
|
0.23
|
0.12
|
0.21
|
0.29
|
0.23
|
0.65
|
0.31
|
1984-85
|
Passage
|
0.77
|
0.85
|
0.84
|
0.80
|
0.90
|
0.25
|
0.63
|
Redoublement
|
0.08
|
0.09
|
0.08
|
0.08
|
0.08
|
0.14
|
0.18
|
Abandon
|
0.15
|
0.07
|
0.08
|
0.12
|
0.02
|
0.62
|
0.20
|
1985-86
|
Passage
|
0.80
|
0.86
|
0.82
|
0.76
|
0.78
|
0.55
|
0.99
|
Redoublement
|
0.08
|
0.08
|
0.08
|
0.08
|
0.08
|
0.07
|
0.15
|
Abandon
|
0.12
|
0.06
|
0.09
|
0.16
|
0.14
|
0.39
|
0.13
|
1986-87
|
Passages
|
0.70
|
0.78
|
0.77
|
0.76
|
0.83
|
0.34
|
0.31
|
Redoublement
|
0.70
|
0.07
|
0.70
|
0.08
|
0.09
|
0.16
|
0.05
|
Abandon
|
0.23
|
0.15
|
0.16
|
0.17
|
0.08
|
0.50
|
0.65
|
1987-88
|
Passage
|
|
|
|
|
|
|
|
Redoublement
|
|
|
|
|
|
|
|
Abandon
|
|
|
|
|
|
|
|
1988-89
|
Passage
|
|
|
|
|
|
|
|
Redoublement
|
|
|
|
|
|
|
|
Abandon
|
|
|
|
|
|
|
|
1989-90
|
Passage
|
0.71
|
0.81
|
0.79
|
0.72
|
0.81
|
0.33
|
Nd
|
|
Redoublement
|
0.09
|
0.09
|
0.09
|
0.08
|
0.10
|
0.15
|
0.09
|
Abandon
|
0.20
|
0.11
|
0.13
|
0.20
|
0.09
|
0.51
|
Nd
|
1990-91
|
Passage
|
0.71
|
0.81
|
0.79
|
0.72
|
0.81
|
0.33
|
Nd
|
Redoublement
|
0.09
|
0.09
|
0.09
|
0.08
|
0.10
|
0.15
|
0.09
|
Abandon
|
0.20
|
0.11
|
0.13
|
0.20
|
0.09
|
0.51
|
Nd
|
Moyenne
|
Passage
|
0.75
|
0.86
|
0.82
|
0.78
|
0.83
|
0.32
|
0.67
|
Redoublement
|
0.08
|
0.08
|
0.08
|
0.08
|
0.09
|
0.15
|
0.10
|
Abandon
|
0.17
|
0.07
|
0.10
|
0.14
|
0.09
|
0.53
|
0.23
|
Source : Chiffres 1979 / 80 - 1986 / 87,
Rapport IREDU p 60: Chiffres 1989 / 90 - 1990 / 91, Annuaires Stastistiques du
MENJS. Les taux de transition 1987 / 88 et 1988 / 89 ne sont pas inclus car
leur déviation par rapport aux taux des autres années les rend
suspects. A.S : Ancien Système
2-3-1 ANALYSE DE L'EFFICACITÉ INTERNE DU
SECONDAIRE.-
L'analyse des chiffres concernant l'enseignement secondaire
montre que ce cycle a un rendement très faible. En effet, sur 1000
élèves admis au CPI, 288 seulement passeraient en 1er cycle du
secondaire (1). Et les 288 entrant en 7e Année
Fondamentale, 164 seraient admis en première année du cycle
secondaire (3ème cycle du fondamental) et 38 seraient admis
au cycle suivant (2ème cycle du secondaire). Les autres
auraient abandonnés leurs études pendant le premier cycle du
secondaire. En moyenne, on aura 7,61 années-élèves
passées dans ce premier cycle du secondaire pour produire un admis au
3ème année secondaire, chiffre qui donne, compte tenu
de la durée de trois années du cycle, un rapport « imput /
output » pas très impressionnant de 2,54.
Le coefficient de gaspillage confirme cette analyse et nous
remarquerons que le gaspillage est davantage dû à l'abandon qu'au
redoublement. Pour le second cycle de l'enseignement secondaire, on a repris le
même type de calcul, cependant, pour le passage au terme de la classe de
philosophie (réussite à la deuxième partie du
baccalauréat) nous avons enregistré un taux moyen de
réussite de 65% compte tenu des grandes fluctuations enregistrées
les années antérieures.
Sur 1000 enfants d'une génération, 26 obtiennent
leur diplôme de Bac.II soit 2,6%. Jugée globalement
l'efficacité du second cycle secondaire paraît notoirement plus
faible que celui du premier cycle, mais ceci est causé pour l'essentiel
par le passage de la première partie du baccalauréat. Là
aussi la durée moyenne de scolarité de 3,3 années pour les
diplômes montre que le gaspillage vient de l'abandon et non du
redoublement.
2-3-2 L'EXAMEN DU BACCALAURÉAT.-
L'examen du baccalauréat se déroule en deux
parties : la première partie à l'issue de la classe
rhétorique, la seconde à l'issue de la classe de philosophie.
Pour chacune de ces deux parties, il y a une session en juin et une en
septembre. Les statistiques ci-dessous retracent l'évolution des admis
des deux parties et le pourcentage de réussite.
___________________
(1) Voir page 53.
TABLEAU 17
TABLEAU DES INSCRITS ET DES ADMIS AU BAC DE 1983
À 1997
ANNÉE
|
INSCRITS
|
ADMIS
|
RÉUSSITE EN %
|
1983
|
13176
|
7486
|
56.8
|
1984
|
13177
|
4197
|
25.9
|
1985
|
18701
|
5369
|
28.7
|
1986
|
20484
|
12973
|
63.3
|
1987
|
6243
|
5891
|
94.3
|
1988
|
27180
|
10680
|
39.2
|
1989
|
30368
|
10345
|
34.06
|
1990
|
33498
|
14350
|
42.83
|
1991
|
39967
|
22457
|
56.18
|
1992
|
48073
|
26949
|
56.05
|
1993
|
57689
|
25007
|
43.34
|
1994
|
65196
|
40081
|
61.98
|
1995
|
74367
|
20124
|
27.06
|
1996
|
76150
|
14001
|
16.39
|
1997
|
79200
|
5348
|
6.7
|
Source : MENJS.
L'Éducation en Action N° 1. Juillet à Septembre 1997. Page 7.
En Juin 1986, on remarque une augmentation sensible de la
réussite aux différentes parties du baccalauréat qui
s'explique par une volonté gouvernementale de rendre cet examen plus
facile. En juin 1987, on constate que le nombre d'inscrits aux deux parties du
baccalauréat est très nettement inférieur aux
élèves inscrits dans les classes correspondantes «il y a eu
cette année là une abstention des élèves des
lycées. Par contre, en 1988, il y a eu rattrapage, à savoir que
ceux qui ne s'étaient pas présentés l'année
précédente, cette année là ils s'étaient
présentés en candidats libres. Globalement, les taux de
réussite en rhétorique sont très bas environ 40 % des
inscrits réussissent, un peu plus si l'on rapporte les reçus aux
effectifs inscrits dans la classe correspondante. En classe de philosophie, les
taux de réussite sont encore plus fluctuants qu'en rhétorique,
avec des taux s'étageant de 91,6 % à 42,9 %.
Le plus fort taux de succès enregistré au bac
entre 1983 et 1997 reste 94,3 % sous Namphy, en 1987. Tout le monde exigeait
l'annulation de ces épreuves puisqu'elles n'étaient ni plus ni
moins qu'un exercice de copie.
Viennent ensuite 63,3% en 1986, 56, 18% en 1991, 61, 98% en
1994 et enfin 6,7% en 1997, l'échec le plus catastrophique qu'on a
enregistré dans les annales du bacca-lauréat dont l'origine
remonte en l'année 1908. Ces résultats étaient vraiment
choquants. Ce fut la première fois qu'une telle catastrophe était
produite. Les réactions ont été vives et multiples. Le
système éducatif haïtien était sur la sellette.
2-4 LE RENDEMENT DE L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET
PROFESSIONNEL.-
Pour les écoles d'Enseignement Technique et
d'Enseignement Professionnel, le redoublement est exceptionnel et concerne
moins de 0,5% de l'effectif total. Cette proportion est aussi très
faible dans les autres catégories, avec un pourcentage de 2,5%.
De même, dans les écoles des catégories 1
et 2, les abandons sont rares (environ 5% d'une année sur l'autre). A
l'inverse, pour les centres Ménagères les abandons sont plus
fréquents et approchent pour certaines écoles, le tiers des
effectifs inscrits d'une année sur l'autre (Réf. Tableau
3).
2-5 LE RENDEMENT DE L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR.-
Les diplômes de l'enseignement supérieur public
avoisinent un millier par an, les disciplines les plus prolifiques étant
le Droit (33%), l'Ethnologie et les sciences humaines (42%). Les disciplines
comme les sciences, la linguistique et l'odontologie accusent les performances
les plus faibles avec respectivement 5,5%, 2,1% et 2%. En l'absence
d'informations sur la capacité du marché du travail, il est
difficile d'apprécier ces chiffres en termes relatifs
appropriés.
Ainsi motivée par un ensemble de facteurs liés
aux conditions de vie de l'étudiant, la déperdition est un
phénomène vécu dans le système d'enseignement
supérieur haïtien. Presque toutes les unités
supérieures d'éducation sauf quelques exceptions comme les
séminaires de Théologie, la faculté de Médecine et
de pharmacie, les sciences, l'Agronomie et FLA, les étudiants des autres
établissements sortent presque tous sans diplômes. A l'issue de
leur cycle d'études, les étudiants doivent présenter un
travail personnel généralement sous forme de mémoire en
vue de l'obtention du diplôme. Ce mémoire exige un exercice
académique personnel auquel le cursus académique n'a pas
préparé l'étudiant.
CHAPITRE 3
LE SYSTEME EDUCATIF HAITIEN UNE INDUSTRIE NON
RENTABLE.
La société haïtienne investit des
ressources énormes dans l'éducation. Les efforts des parents
représentent un peu plus de 85% en 1994 / 95 des contributions
financières injectées dans le système. L'absence d'une
politique de l'enseignement (pré-scolaire, primaire, secondaire,
supérieur) qui en définirait la mission générale
explique que les acteurs s'adonnent à une exploitation anarchique et
irrationnelle de la demande sociale de formation. Et une des principales
caractéristiques du système éducatif haïtien est
donc sa faible qualité, qui se traduit par un taux élevé
de redoublement, un nombre important d'élèves âgés,
et une performance aux examens de fin détudes qui laisse à
désirer.
Mais face à ce problème, quelles sont les
causes de cette non rentabilité du système ?
Section 1 : Les Facteurs qui ont limite le Developpement du
Systeme Educatif Haitien.
L'éducation est devenue beaucoup plus
accessible dans toutes les régions du monde et cependant elle est loin
d'être à la portée de tous surtout dans le cas
d'Haïti. Ainsi, plusieurs facteurs sont à la base du
mal-développement de ce système. Ils se résument de la
manière suivante:
§ l'absence de politique éducative
§ la faiblesse de la carte scolaire
§ l'inadaptation du contenu de l'Enseignement
§ le manque de materiel pédagogique
§ la faible qualification des maîtres
Après avoir identifié ces facteurs nous essayons
de les analyser .
1-1 L' ABSENCE DE POLITIQUE EDUCATIVE.-
La politique de l'éducation en Haïti s'inspire
toujours du décret-loi de 1982 concernant la réforme de
l'Enseignement. La généralisation de la réforme, avant
l'obtention d'un concensus national, a été marquée,
dès le début malgré de longs travaux de préparation
par une certaine précipitation, laquelle a parfois entraîné
un certain désarroi chez les parents, les directeurs d'école et
les fonctionnaires du ministère de l'éducation nationale. Tous
les sous-systèmes du système éducatif présentent
les empreintes de cette déficience de la politique éducative
d'alors.
Ainsi, la structure éducationnelle, c'est-à-dire
l'enchaînement des filières et des programmes définie par
la Réforme de 1982 qui visait à éliminer la
rigidité de la structure traditionnelle en ouvrant des options vers
l'emploi à différents niveau du système, n'a pas
été mise en place comme prévu. La confusion autour de
l'École Fondamentale, tantôt perçue comme unité
administrative, tantôt comme structure pédagogique, est encore
très grande, les messages contradictoires envoyés par le
ministère quant à la durée de chaque cycle, le manque de
clarté dans les objectifs assignés aux filières
pré-professionnelles et professionnelles augmentent le malaise et
retardent le consensus sur une vision commune et partagée par les
acteurs. Les faibles performances et le fonctionnement anarchique du
système trouvent leur origine dans la faiblesse de sa gouvernance
publique. Celle-ci s'explique en partie par les ressources limitées des
institutions gouvernementales mais surtout par le mode de gestion, avec pour
effet un manque de politiques éducationnelles ou de planification
stratégique, l'absence de continuité dans l'application des
politiques de la réforme éducative des systèmes
opératoires. Qu'en est-il de la carte scolaire ?
1-2 LA FAIBLESSE DE LA CARTE SCOLAIRE.-
Alors que nous célébrons le Bicentaire de notre
Indépendance, la première République noire du monde, le
deuxième pays indépendant de l'amérique après les
USA en 1776; il est paradoxal de constater la faiblesse de la carte scolaire de
ce pays. Il existe environ 1335 centres Pré-scolaires (CPI) à
travers les neufs départements du pays répartis comme suit : 317
pour le public et 1018 pour le secteur privé.
TABLEAU 18
NOMBRE D'ÉTABLISSEMENTS PAR NIVEAU
D'ENSEIGNEMENT ET SECTEUR
(chiffres de 1993 / 1994 et 1994
/1995)
Niveau d'Enseignement
|
Public
|
Privé
|
Total
|
% Privé
|
Prescolaire (a)
|
317
|
1018
|
1335
|
76.3%
|
Primaire (a)
|
1100
|
8971
|
10071
|
86.4%
|
SECONDAIRE
|
|
|
|
|
Général (b)
|
116
|
660
|
776
|
84.0%
|
Technique (b)
|
62
|
-50
|
-112
|
44.6%
|
ENI (b)
|
11
|
7
|
18
|
39.9%
|
SUPERIEUR GENERAL
|
|
|
|
|
Université (b)
|
16
|
54
|
70
|
87.0%
|
Ecole / Institut (b)
|
|
|
|
|
Sources : (a) Public : MENJS, 1994/95,
privé : FONHEP 1993/94.
(b) Enquête du Diagnostic du Secteur
Educatif, 1995.
Pour le primaire on est à 10.071 écoles
(publiques et privées), 776 pour le secondaire (publiques et
privées), 112 pour la formation technique et 70 pour l'enseignement
supérieur général (public et privé). En analysant
le tableau ci-dessus nous voyons que la situation est déplorable. Et
pourtant la constitution haïtienne prévoit que l'école est
obligatiore et gratuite entre 7 et 24 ans. L'un des obstacles majeures, c'est
surtout la mauvaise planification de la carte scolaire à travers le
pays.
Même quand l'école existe dans les zones
rurales, l'état de délabrement du matériel ne facilite
guère l'acquisition de connaissances. L'école revêt le plus
souvent de la forme d'un hangar assez bas de plafond, recouvert de tôles
ondulées, plaques chauffantes qui sous un climat tropical facilitent la
propagation de la chaleur. Le plus souvent les élèves n'ont pas
de pupitre et sont serrés comme des sardines sur des bancs et chaises
où les punaises ne sont pas absentes. Un tableau noir, une chaise
délabrée du maître, quelques bancs branlants composent
parfois tout le mobilier. Souvent la cour de récréation
poussièreuse ne compte pas un seul arbre, l'ombre y est rare et les
forces d'aisance aussi. La carence de l'Etat dans ce domaine donne l'occasion
à l'existence de nombreuses écoles privées. La plupart de
ces écoles non publiques ne sont pas à proprement parler le fruit
de l'initiative privée individuelle mais plutôt le résultat
d'une action communautaire, soit d'une église catholique ou protestante,
soit d'une 0NG, soit d'une collectivité à la recherche d'une voie
de sortie pour ses enfants.
La grande majorité des écoles privées
fonctionnent dans des conditions déplorables. D'après une
enquête de la FONHEP réalisée en 1993 sur les écoles
primaires privée des 8000 recensées, 70% ont un état
physique jugé inadéquat, 82% ne disposent pas d'une carte de
géographie 72% n'ont pas de règles pour les maîtres.
Parmi les écoles secondaires visitées, celles
qui possèdent une bibliothèque ou un laboratoire sont
réellement minimes. Sur un échantillon de 200 il n'y a que 20 qui
possèdent une petite bibliothèque (surtout les écoles
congréganistes) et 5 possèdent un embryon laboratoire par
exemple, Catts Pressoir, Roger Anglade, Canado, St Louis de Gonzague.
Quelques Lycées visités n'ont pas de
bibliothèque ni de laboratoire, excepté le Lycée
d'Alexandre Pétion qui possède un embryon de laboratoire mais
dans un état déplorable. Il existe très peu
d'écoles techniques. Selon les enseignants contactés à
partir du «groupe focus» l'État ne s'intéresse pas
à l'enseignement technique. L'INFP dispose de moins de 10 personnes pour
assurer l'encadrement des 62 établissements placés dans son
orbite.
L'Université d'État d'Haïti est fort mal
logée, elle est dispersée dans des locaux épars,
plutôt exigüs. Il n'existe pas à proprement parler de campus
universitaires en Haïti. La Faculté Agronomie est l'un des
établissements de l'Université d'État les mieux pourvus
sur le plan des ressources physiques. Cependant, bien qu'elle soit logée
sur la vaste ferme de Damien s'étendant sur plus de 10 hectares, elle ne
dispose pas vraiment d'un campus.
Parmi les Facultés d'État visitées il
n'y a que les Facultés d'Agronomie et de Médecine
Vétérinaire avec la Faculté de Médecine qui
possèdent des laboratoires de recherches plus ou moins adéquats.
Et parmi les Facultés dotées d'une bibliothèque, il a
été fait mention toujours de la Faculté d'Agronomie et de
Médecine Vétérinaire (5276 titres scientifiques), de
l'Institut National d'Administration de Gestion et des Hautes Etudes
Internationales (INAGHEI) (3200 titres) de la Faculté et Écoles
Supérieures de l'Université d'État ont plutôt des
embryons de laboratoire et de bibliothèque.
Au niveau des Institutions d'enseignement supérieurs
privés, l'on peut mentionner parmi celles qui disposent de ressources
physiques importantes : Le grand Séminaire Notre-Dame qui occupe deux
grands immeubles sur un terrain de plus de 4 hectares de superficie, l'Institut
de Technologie Electronique, l'Institut Polytechnique, le GOC,
l'université Quisqueya, qui s'étendraient chacun sur des
superficies variant entre 1.000 à 2.000 m2.
Enfin, il convient de faire remarquer que beaucoup
d'établissements supérieurs en Haïti sont logés dans
des immeubles de location. Souvent ces locaux ne sont pas appropriés
à l'enseignement, vu la mauvaise distribution et la superficie des
salles, leur localisation et autres inconvénients. De plus, une
institution d'enseignement fonctionnant dans un immeuble de location est
vouée à une certaine instabilité en ce sens qu'elle est
susceptible d'être transférée d'un moment à
l'autre.
En analysant la carte scolaire au niveau des quatre (4)
ordres d'enseignement, nous voyons qu'il existe une grande disparité
entre les zones urbaines et rurales. En effet, le nouveau découpage
territoirial l'a fait passer un certain nombre de localités des zones
rurales dans les zones urbaines, ce qui explique ainsi l'augmentation du nombre
d'établissements dans le milieu urbain et la baisse dans le milieu
rural.
Face à cette situation alarmante l'État
Haïtien doit prendre ses responsabilités.
1-3 L'INADAPTATION DU CONTENU DE
L'ENSEIGNEMENT.-
La faiblesse du rôle régulateur de l'État,
en laissant le champ libre à la multiplicité des initiatives
privées, a eu pour effet le résultat une grande
variété d'interprétations de la réforme, et surtout
le maintien d'un secteur traditionnel important. Ce secteur a cherché
à préserver des conceptions pédagogiques
éprouvées mais souvent archaïques et a toujours
considèré avec méfiance les contenus et les
méthodes véhiculés par la réforme.
Au niveau pré-scolaire, le curriculum national n'a pas
été revisé depuis 1982 ensemble avec son guide de
l'enseignement «Premye konesans mwen». Ce curriculum national a
été préparé par l'Institut Pédagogique
National (IPN) pour l'éducation Pré-scolaire des enfants entre 3
et 5 ans.
Il comprend 6 objectifs généraux et 2
thèmes: activités préparatoires et expérientielles.
Ce curriculum est utilisé à la fois dans les centres de
formations publics formels et non formels, ces activités sont
ventilées entre trois groupes d'âges. Dans le secteur privé
bien que l'ensemble des centres privés ou publics sont supposés
suivre le curriculum national d'après le projet d'Élaboration du
plan National Education 2004, rapport de synthèse (sept 1995) nous
indique que l'étude de la FONHEP relate que la grande majorité
des centres ne l'utilisent pas et le degré d'utilisation du curriculum
National n'excèdent pas 20% dans les écoles
défavorisées et 9% dans le cas des plus
désavantagées à cause des confusions sur la classification
des classes Pré-scolaires et en ce qui touche le niveau d'instruction
requis. Il y aurait une tendance soit à utiliser le curriculum de
première année fondamentale, soit à instaurer un
mélange de matériels de première année avec du
matériel pré-scolaire.
Il est aussi indique dans l'étude de la FONHEP la
tendance dans les programmes mentionnés, particulièrement dans le
cas des classes «maternelles», à utiliser pour le groupe
d'âge de 5 ans des livres de lectures d'arithmétique et des
manuels de communi-cation en français, développés à
l'intention des classes primaires.
Au niveau de l'enseignement fondamental, il existe six
documents de programme, un par niveau, pour les 6 années des deux
premiers cycles du fondamental et couvrant toutes les matières
enseignées datant de 1987/89 et promulgués en 1990 et vingt-six
documents pour le troisième cycle du fondamental soit les
7ème, 8ème et 9ème
années.
Dans l'ensemble des centres publics, le MENJS a relevé
les problèmes et les contraintes dans l'application du curriculum, la
mauvaise compréhension du contenu et l'accentuation sur les
activités de lecture des difficultés rencontrés par les
enseignants du fait de leur niveau académique insuffisant mais aussi du
manque de ressources humaines et matérielles disponibles sur le terrain
reticence de la part des parents qui sont habitués aux modèles
traditionnelles de l'école primaire d'accepter les nouveaux
modèles du curriculum national est une nécessité si l'on
veut que ces enseignants l'utilisent réelle-ment et ne retournent pas
à l'apprentissage par coeur.
Jusqu'à présent, s'il existe un programme ou
document préparé pour le secondaire, il n'est pas diffusé.
C'est le plus souvent le professeur qui dans sa classe décide du
programme à appliquer. L'annonce des examens officiels en 1990 a
déclenché un mouvement de conformité aux nouveaux
programmes. Ceci s'est traduit par la recherche des documents de programme.
C'est d'ailleurs le secteur privé qui a consenti les plus importants
efforts pour mettre en application les nouveaux programmes.
L'absence d'une instance de contrôle au niveau de
l'administration centrale favorise la prolifération de matériel
didactique allant des compilations polycopiées aux manuels vraiment
sérieux visant la mise en application des programmes. Actuellement le
professeur fait lui-même son petit commerce de matériel didactique
polycopié et entériné par le directeur d'école.
L'enseignement technique et la formation professionnelle sont
des processus de formation très différenciés dotés
de finalités différentes et faisant appel à des
modalités opérationnelles distinctes. Le fait de confier à
un seul organisme (en l'occurrence d'INFP) la double mission de gérer le
sous-système d'enseignement technique et de mettre en place un
système national de formation professionnelle est créateur de
confusion et aboutit, comme c'est souvent le cas, au fait que l'une des
missions phago-cyte l'autre.
A partir du «groupe focus avec des anciens
élèves des programmes d'en-seignement technique ou professionnel,
on a pu recueillir par perception de la qualité ou de l'utilité
de ces études. Ceux qui travaillent pensent que leur formation est
insuffisante et qu'il leur manque des travaux pratiques. Certains
déplorent ne pas avoir été familiarisés avec le
monde du travail avant de commencer à travailler. Pour d'autres
étudiants au chômage ou à l'université, la formation
technique a été un élément indispensable de leur
culture. Ils apprennent mieux et plus vite et puis ça peut toujours
servir un jour. La formation est bonne mais il n'y a pas débouché
selon les employeurs, la plupart des cours offerts sont à cause des
contenus inadaptés soit à cause de la mauvaise qualité de
formation. Ils doivent faire venir des Philippines ou de la République
Domini-caine de spécialistes en réfrigération, des
contrôleurs de qualité, des superviseurs et des mécaniciens
d'entretien. Les secrétaires sont mal formées sur le plan
technique et surtout dans le domaine des connaissances générales,
principalement pour ce qui est de la communication écrite.
L'Enseignement supérieur et l'Université
d'État en particulier semblent continuer d'exister dans
l'indifférence par rapport aux besoins en qualifications de
l'administration et du secteur privé. Ce dernier fait de plus en plus
appel à des cadres étrangers pour des formations que le secteur
est pourtant en mesure d'organiser sans investissements nouveaux significatifs
alors que, à l'inverse, les diplômés des facultés et
écoles supé-rieures ont du mal à trouver du travail dans
leur spécialité. Par ailleurs, l'Université a
traditionnellement été indifférente par rapport au
développement du système éducatif dans son ensemble. Elle
s'est trouvée exclue de la conception et de la mise en oeuvre de la
Réforme Educative de 1982 en dépit de l'énorme potentiel
humain dont elle disposait. Il existe des domaines ( par exemple en sciences
humaines) dans lesquels les universités haïtiennes pourraient
développer des programmes de recherche susceptibles de leur accorder une
reconnaissance et une compétence spécifique sur le plan
international.
Le matériel didactique et les laboratoires font
cruellement défaut sans qu'une bibliothèque puisse compenser
l'effet de cette pénurie, les rares volumes disponibles dans
l'établissement ne sont pas mis à la disposition des
étudiants.
Enfin, cette apparente anarchie qui fait cohabiter dans le
même système des institutions traditionnelles
réformées en totalité et des institutions qui combinent,
selon les dosages différents, certains élèments de la
réforme dans un cadre traditionnel, va poser de plus en plus de
problèmes, notamment au regard de l'harmonisation de la durée des
cycles, des modalités de transition d'un cycle à l'autre et des
procèdures de certifica-tion.
1-4 LE MANQUE DE MATERIEL PEDAGOGIQUE.-
Le matériel pédagogique nécessaire et
approprié n'existe pas non plus au niveau des 4 ordres d'enseignement.
En effet, qu'au niveau primaire, l'école haïtienne dispose d'un
nombre de titres de livres scolaires produits localement, même s'ils ne
correspon-dent pas au curriculum. Au secondaire, il en existe très peu.
La Production de tels livres est coûteuse, vu les recherches qu'ils
nécessitent, le nombre de pages et la quantité de papier qu'ils
demanderaient, et le nombre limité de copies que pourraient absorber un
marché des élèves du secondaire jusqu'ici habituellement
envahi par des polycopies mal présentées.
Au niveau supérieur et technique la majorité des
ouvrages sont en anglais et ne correspondent que partiellement au curriculum et
sont extrêmement chers. Quelques très rares établissements
privés (Quisqueya) offrent en conséquence des programmes
difficilement gérés de location de titres importés. Dans
certaines villes de province, des livres étrangers reçus en don
sont loués à bas prix par des institutions communautaires.
Cette rareté d'ouvrage oblige le professeur à
utiliser la plus grande partie du temps à dicter ou à
écrire au tableau et les élèves à prendre de notes.
Il n'y a pas de discours pédagogique pour l'accès au sens ou pour
la vérification de la compréhension. La progression des
étudiants dans l'assimilation des programmes s'en trouve très
ralentie. Corrélativement à tout cela, les évaluations
consistent en général à la restitution d'un texte appris
par coeur. Une autre source d'handicape dans l'assimilation des programmes
tient à la faiblesse générale des étudiants en
français, qui ne pallie pas suffisamment le recours au créole
pour des explications en classe.
1-5 LA FAIBLE QUALIFICATION DES
MAITRES.-
Quand on considère le profil des candidats aux
écoles normales le tableau n'est guerre plus brillant.
Déjà 1982, l'on notait que quoique le profil d'entrée en
1ère année se situait en grande partie au niveau du
Brevet élémentaire (3ème secondaire) le niveau réel
des recrues était très faible. Au concours d'entrée pour
l'année 1982-83,55 candidats sur 982, soit 5,6% arrivaient à
obtenir la moyenne 10/20. Dans le souci d'améliorer la qualité
des ressources humaines, les écoles Normales du secteur public ont
depuis quelques années décidé de réhausser le
niveau de récrutement des candidats ; le Baccalauréat 1ère
partie est actuellement requis selon les directeurs des Écoles Nornales
d'Instituteurs (ENI).
La qualification des enseignants varie selon le secteur
d'enseignement. Un peu moins d'un enseignant sur deux n'a pas un niveau
d'étude suffisant dans l'enseignement public alors que ce taux
dépasse 80% dans l'enseignement privé rural. Le pourcentage de
normaliens est également plus élevé dans l'enseignement
public, notamment urbain.
La qualification des enseignants ne s'est pas
améliorée puisqu'en 1993-94, les données, venant du MENJS
nous montrent dans les qualifications du corps des enseignants dans le secteur
public étaient recrutés sans qualification. L'annuaire
statistiques de la FONHEP indique que pour l'année 93 / 94 le taux de
normaliens pour le secteur privé est de 0,42% et que le niveau
d'étude de la grande majorité des enseignants (67,1%)
était inférieur au Brevet d'études primaires.
Au niveau secondaire les informations disponibles sont plus
limitées mais, selon les estimations de la Direction de l'Enseignement
secondaire, approximativement 59% des professeurs sont bacheliers pour un
pourcentage de 12% de normaliens. D'une manière générale,
les enseignants ne sont pas qualifiés et ceux qui le sont ne
possèdent pas une connaissance approfondie des matières à
enseigner et une technique pédagogique adéquate.
Les tests administrés aux différents contingent
de maîtres ont révélé une situation encore plus
catastrophique réelle étant inférieur au niveau de
formation déclaré. En 1991, un échantillon de 2000
maîtres d'écoles défavorisées du secteur
privé a été soumis à un test diagnostique couvrant
les objectifs des trois premiers cycles de l'enseignement Fondamental. La
grande majorité de ces maîtres n'ont pas atteint le niveau de
perforrmance correspond au 2ème cycle de l'école
Fondamentale. Cette tendance se vérifie pour la plupart des
matières de base, sauf en créole ou 39,6% dépassent la
moyenne de 50 / 100.
Ainsi des circulaires du Ministère (mai 1995)
préscrivent la priorité aux normaliens dans les prochains
récrutement et prévoient la mise à la retraite
anticipée des enseignants dont l'incompétence serait
prouvée et qui auront 15 ans ou plus de vie professionnelle. Il est
à noter qu'un grand nombre d'étudiants de diverses
facultés dispensent des cours dans des institutions secondaires sans les
qualifications profession-nelles requises.
Plusieurs maîtres ruraux ne sont jamais passés
par une école normale, n'ont pas la qualification réquise.
Certains ne prennent cet emploi d'instituteur que pour être
fonction-naires, alors qu'ils n'ont que peu ou pas de vocation pour
l'enseignement. Le récrutement des agents de l'éducation de
l'école souffre d'un manque de rigueur qui se manifeste plus fortement
entre les écoles de milieu rural et celles de milieu urbain. Dans
beaucoup de cas les critères utilisés ont fort peu à voir
avec la compétence pédagogique; ils ne sont pas clairement
identifiés et appliqués systématiquement.
Dans le cas des lycées nouvellement crées, il
n'y a pas eu de sélection réelle. Le personnel y a
été assigné par des populations elles-mêmes, ou dans
d'autres cas, le MENJS s'est vu communiquer des listes de postulants sans
compétences. Certains directeurs se plaignent du niveau des enseignants
secondaires en langue française et disent préférer
actuellement recruter des instituteurs de français formé pour
dispenser ces cours dans les années du 3ème cycle
fondamental en lieu et place des diplômés de l'Ecole Normale
Supérieure.
L'École Normale Supérieure qui assure la
formation des professeurs de l'enseignement secondaire se limite aux
professeurs d'enseignement classique, et le ministère non plus n'a pas
une politique pour la formation initiale des formateurs pour l'enseignement
technique et professionnel. Les professeurs au niveau supérieur ne
possèdent pas une haute qualification afin de mener à bien les
activités d'enseignement et de recherche. Moins de 10% des
professeurs dénombrés possèdent un doctorat.
Ainsi, la faible qualification des maîtres et des
professeurs ont des répercussions sévères sur le rendement
des élèves. Ce qui explique aisément le mauvais rendement
qu'on enregistre dans l'enseignement général.
A notre avis, ces mauvais résultats indiquent fortement
au Ministre de l'Éducation qu'il faut agir vite c'est-à-dire
prévoir des mesures importantes dans le cadre des aména-gements
pour le système éducatif haïtien.
DEUXIEME PARTIE
LA RECHERCHE DES SOLUTIONS AUX PROBLÈMES DE
L'EDUCATION PAR
LE MOUVEMENT SYNDICAL HAÏTIEN
CHAPITRE 4
BREF HISTORIQUE DU MOUVEMENT SYNDICAL HAITIEN.
Les réflexions sur la vie sociale en
Haïti d'une part, sur le concept de travail d'autre part, nous conduisent
à des constats selon lesquels les gens de même profession,
confrontant les mêmes problèmes ont compris la
nécessité de s'orgnaniser en vue de se constituer en groupe de
pression pour défendre leurs intérêts. Fort souvent, ces
organisa-tions qui fonctionnent, portent souvent le nom de syndicats. Pendant
que dans de nombreux pays le mouvement ouvrier notamment le syndicalisme plus
que tout autre, est chargé de mémoire et fait l'objet d'une
attention particulière; en Haïti c'est le contraire qui se produit.
Dans une histoire qui nous enserre et nous conditionne nous ne pouvons penser
le contraire. Car les structures actuelles du mouvement syndical haïtien
sont le produit d'une maturation des institutions d'hier qui puisent leur force
dans un passé lointain.
Les perspectives d'évolution du mouvement syndical
haïtien vont donc se faire dans les différentes périodes
à partir des actes des divers gouvernements qui se sont
succédés. Il conviendra dans ce chapitre de retracer l'histoire
du mouvement. Nous allons distinguer : les étapes marquantes de
l'évolution du mouvement syndical haïtien et les difficultés
internes et externes de ce mouvement.
Section 1 : Les étapes marquantes de
l'évolution du mouvement syndical.-
L'année 1946 est considérée comme une
référence dans l'histoire du mouvement ouvrier en Haïti. En
tant que telle, toute étude sur le mouvement syndical doit être
positionnée par rapport à elle. Pour mieux comprendre le
mouvement syndical haïtien nous porterons un regard retrospectif sur la
période d'avant, pendant et après 1946.
Les étapes marquantes de l'évolution du
mouvement syndical en Haïti portent l'empreinte des divers gourvenements
qui se sont succédés au pouvoir et peuvent se résumer de
la manière suivante:
Soulignons d'abord qu'avant 1946, on ne parlait pas encore de
mouvement syndical en Haïti mais ceci n'exclut pas l'existence des
syndicats dans le pays. Déjà en 1870, sous le Gouvernement de
Nissage Saget, il existait dans le Nord d'Haïti une organisation
dénomée «Coeurs unis des Artisans» qui ne portait pas
encore le nom de syndicat. Cette organisation regroupe les artisans, les petits
fonctionnaires de l'État et quelques intellectuels.
De 1870, en passant par l'occupation Américaine en
Haïti en 1915 et la formation du Parti Communiste Haïtien,
très favorable au mouvement ouvrier jusqu'à la chute du
président Elie Lescot à la faveur des mouvements du 7 au 11
janvier 1946. Les syndicats qu'on pourrait dénombrer étaient au
nombre de 11 et répondent au nom de :
§ syndicats ouvriers cordonniers d'Haïti(*)
§ l'union des syndicats du corps de santé,
§ l'association du corps de l'enseignement
§ le collège de avocats
§ l'association nationale des ouvriers et salariés
haïtiens
§ l'association fraternelle des travailleurs
haïtiens
§ sydicats des chauffeurs
§ l'union des ouvriers de la construction
§ la confédération nationaliste des
ouvriers et des paysans
§ l'union syndicale haïtienne.
Au cours de l'année 1946, considérée
comme une période marquée par la chute de Lescot et
l'avènement de Dumarsais Estimé au pouvoir, le mouvement syndical
allait être non seulement constitué mais encore prendre sa vitesse
de croisière. Si le président Lescot a été
sevèrement critiqué pour son esprit de sectarisme, de
discrimination sociale et enfin pour ses mesures anti-démocratiques et
anti-populaires qui affaiblissent le mouvement syndical, le président
Dumarsais Estimé quant à lui, allait être
considéré comme celui qui renforcera le mouvement syndical. La
liste des syndicats de l'époque comprenait :
§ des syndicats des Électriciens, des
mécaniciens, des travailleurs de la Hasco et de l'industrie de Cuir qui
revendiquent les salaires et le respect de la dignité humaine.
§ de la Fédération des Travailleurs
Haïtiens (FTH) dirigée par Edriss St Armand, Victor Vabre et Cameau
qui regroupe 17 Syndicats.
§ du Mouvement Ouvrier Paysan (MOP) de Daniel
Fignolé qui regroupe 11 Syndicats.
§ de l'Union Nationale des Ouvriers Haïtiens (UNOH)
dirigé par Nathanaël Michel, Milfort Josaphat qui regroupe 6
Syndicats.
§ du Groupe des Syndicats Indépendants (GSI) de
Alexandre Anoual, Molière Compas qui regroupe les syndicats des
chômeurs, les employés de la Panam, des employés du
commerce et de la construction, les syndicats des chauffeurs, de la
coopérative de Transport.
Cependant, Après 1946, il se produit une grave
détérioration dans l'orientation démocratique
initiée en janvier 1946. Les syndicats qui existaient étaient
:
§ l'Intersyndical qui se transforme plus tard en Union
Intersyndicale d'Haïti (UIH)
§ la Fédération Haïtienne des
Syndicats Chrétiens (FHSC)
§ la Fédération Ouvrière Paysanne
(FOP)
Mais il faut également souligner que le mouvement
syndical connaissait des temps difficiles. La tendance anti-démocratique
a triomphé; le mouvement se trouve sous le contrôle du
Gouvernement. Certains syndicats comme la FTH, le MOP sont dissous par le
gouvernement. A la même époque, une loi anti-communiste est
promulguée. Cette triste situation accompagnée de la politique
anti-démocratique et anti-populaire favorise le coup d'État du
colonel Paul Eugène Magloire le 6 Décembre 1950.
En 1957, Après les éléctions qui
mettaient en face les quatres (4) principaux candidats : Louis Déjoie,
François Duvalier, Daniel Fignolé et Clément Jumelle. Le
22 septembre de la même année les éléctions
présidentielles qui portèrent le Docteur François Duvalier
au pouvoir eurent lieu(1). Un mois après soit le 22 octobre
1957, dans l'enthousiasme général et l'allégresse de
nombreux partisans amis et adeptes de première heure; il prêta le
serment constitutionnel.
En 1963, dans le cadre de son projet de présidence
à vie, Duvalier croyait que c'était nécessaire et
même urgent de vaincre toute force capable de faire échouer son
projet. C'est dans ce contexte que le mouvement syndical s'est vite
heurté à sa politique repressive.
En effet, en Décembre 1963 la dissolution de l'UIH est
prononcée pour n'avoir pas apporté son appui au chef de
l'État, du même coup la FHSC est interdite de fonctionner pour
avoir manifesté sa solidarité à l'UIH(2). Ainsi
s'achevait la seconde poussée du syndicalisme.
_____________________
(1) Dorsainvil J.C : Histoire d'Haïti cours
supérieur, Ed H. Deschamps, 1934 PP 306-307
(2) Hector Michel : Syndicalisme et Socialisme en Haïti, Op.
Cit P 121.
Cette situation affectait considérablement le mouvement
syndical mais les ouvriers n'ont pas baissé l'échine. Car,
diverses formes d'expressions de mécontentement ouvrier
éclataient entre 1965 et 1968; des luttes sporadiques
extériorisaient la volonté des ouvriers dans les usines : la
SEDREN et Haïti Métal.
En avril 1971, le président François Duvalier
meurt. Son fils Jean-Claude Duvalier hérite du pouvoir. Cinq (5)
années après, soit en 1976, le mouvement syndical tente de se
réorganiser et déclenche une grève au ciment d'Haïti.
Depuis, la flamme de la mobilisation du mouvement ouvrier a été
rallumée, mouvement qui durera quatre (4) années
consécutives. Mais en 1980, le mouvement commençait à
être victime des actes arbitraires du régime. La Centrale Autonome
des Travailleurs Haïtiens (CATH) est frappée d'interdiction de
fonctionner et le mouvement syndical tombe à nouveau en
léthargie. Cependant, le travail de mobilisation de plusieurs
organisations continue dans la clandestinité.
Vers la fin de l'année 1985 et au début de 1986
une vague de manifestation contre la politique anti-populaire et
anti-démocratique de Jean-Claude Duvalier secoue tout le pays. Elle
l'ébranlait dans toute sa structure sociale et politique. Les syndicats
assoiffés de mener ouvertement leurs activités accompagnent le
peuple haïtien dans ses démarches visant à divorcer d'avec
la dictature. Le 7 février 1986, le président Jean-Claude
Duvalier était obligé de laisser le pouvoir à un Conseil
National de Gouvernement (CNG).
Dès les premiers jours de cette victoire, les ouvriers
se révoltent contre les superviseurs et les patrons liés au
président renversé. Ils en ont profité de crier d'une
seule voix avec le peuple : «Haïti libéré.» Le 14
février, les ouvriers de la HASCO entrent en grève pour hausser
le ton. Durant cette même période, plusieurs centrales syndicales
apparaissent sur le terrain : La CNEH, la FOS, la CATH et la CATH / CLAT.
Mais n'est on pas en droit de dire qu'après 1986 ce
n'était que le Duvaliérisme sans Duvalier ? Car, avec les
gouvernements militaires continuent les pressions enclen-chées par le
régime des Duvalier contre le mouvement syndical. Malgré tout,
dans la longue période de transition démocratique, les
revendications pour un changement et pour un mouvement syndical pullulaient.
1991, à l'avènement du Président Jean
Bertrand Aristide au pouvoir le mouvement allait connaître des temps
forts; malheureusement ce grand rêve allait s'estomper avec les coup
d'État du 30 septembre 1991.Une fois de plus des ombres noires planaient
sur le mouvement syndical haïtien. Et de plus c'était très
difficiles pour les syndicats de s'organiser et de se mobiliser pendant l'exil
du Président.
Au retour du président de l'exil, seuls les syndicats
d'enseignants ont pu créer une mobilisation effective à
caractère national en 1995. Jusqu'à l'avènement du
président René G.Préval le mouvement syndical n'a pas
connu un grand essor, seuls les syndicats du secteur Éducatif, une fois
encore, ont pu entrer en grève pour faire respecter ses revendications.
A cet effet, ils ont signé un accord qui jusqu'à date n'est pas
respecté et depuis le mouvement syndical chancelle.
En 1998, plusieurs organisations syndicales, et centrales ont
donné, dans la recherche de l'unité, naissance à une
coordination dite Coordination Syndicale Haïtienne (CSH) qui est le
porte-parole des travailleurs et travailleuses auprès de l'opinion
nationale et internationale. La CSH a présenté son agenda
syndical en l'an 2000 Agenda qui a notre avis charrie la plupart des
revendications des travailleurs et des travailleuses son programme
définit quatre axes d'action prioritaires : le renforcement des
institutions, la lutte contre la chèreté de la vie, la
création des conditions de travail appropriées et la mise en
oeuvre d'une politique de justice sociale.
La mission de la CSH est claire:
§ défendre les droits des travailleurs et
travailleuses et leur garantir de meilleur condition de vie et de travail
§ travailler à l'unification, au renforcement et
au rayonnement du mouvement syndical haïtien
§ contribuer à la lutte pour le respect des
valeurs démocratiques et le progrès socio-économiques du
pays.
1-1 LES DÉBUTS DU MOUVEMENT.-
Dès la création du travail pour le compte d'un
employeur, on ne parlait pas encore de syndicalisme, mais cela ne veut point
dire que les travailleurs n'avaient pas des intérêts particuliers
à défendre. Les corporations qui existaient à
l'époque relèvent malgré tout d'une autre logique que
celle du syndicalisme. «on peut donc, vers les années 1830,
où apparaissent les sociétés de résistance qui
entendent s'opposer à un patronat tentant de diminuer les salaires
à la faveur du développement du machinisme et de l'éxode
rural situer l'apparition du syndicalisme(1). Celui-ci est né
en Europe. Chez-nous, il n'est qu'une importation et qui se manifeste dans
presque toutes les branches d'activités. De petites et moyennes
entreprises installées, à l'époque, dans le pays pouvaient
embaucher entre 10 et 50 ouvriers. D'autres de plus grandes envergures,
allaient au delà, elles pouvaient utiliser la main d'oeuvre allant de
deux cents (200) à trois cents (300) ouvriers dans les activités
de cabotage, de construction, de l'imprimerie... Il s'agissait là d'une
classe embryonnaire très faiblement organisée. Devant les
difficultés causées par les différentes tentatives
d'organisation de la classe ouvrière en syndicat, il a fallu attendre
1946 pour que les ouvriers puissent se regrouper librement en syndicat pour
donner un essor au syndicalisme et de l'éclosion réelle du
mouvement syndical en Haïti.
1-2 LE MOUVEMENT SYNDICAL À PARTIR DE 1946 :
son évolution.-
Comme nous l'avons souligné plus haut c'est à
partir de 1946 que le mouvement syndical est né en Haïti et prend
sa vitesse de croisière. Il grandit et se développe; tantôt
dynamique, tantôt plongé dans la léthargie forcée,
car, le mouvement porte la marque des divers gouvernements qui se sont
succèdés au pouvoir. C'est ainsi qu'il a connu des moments de
conquêtes comme ceux de répressions. Les lignes qui suivent vont
relater les différentes phases de son évolution.
1-2-1 LE MOUVEMENT DE 1946 - 1950.-
L'année 1946 commence avec la chute du président
Lescot le 11 janvier 1946 qui ne pouvait pas résister à une
grève d'étudiants qui a commencé le 7 janvier 1946 et
l'arrivé au pouvoir de Dumarsais Estimé au cours de la même
année. Si le président Lescot a été reproché
parcequ'il croyait que la direction des affaires du pays était
strictement réservée à dix familles haïtiennes et
leurs alliés sans se soucier de l'éxistence d'un peuple qui
aspirait à un peu plus d'humanité, pour son insouciance à
cerner les graves problèmes qui se réposaient devant la
conscience nationale, pour le peu d'attention qu'il accorde aux intellectuels
noirs et en général les plus compétents sont
considérés comme des parias et enfin pour ses mesures
anti-démocratiques et anti-populaires qui affaiblissent le mouvement
syndical. Dumarsais Estimé paraît être l'homme tant attendu
capable de prouver le contraire de ce que faisait Lescot.
_____________________
(1) Guy Caire : Les syndicats ouvriers Op. Cit P. 39
Au cours des mois séparant sa chute et
l'éléction de Dumarsais Estimé à la
présidence, la classe ouvrière fait son entrée en
scène. Une trentaine d'organisations syndicales font leur apparition
dont onze (11) concernant les salariés de très petites et
moyennes entreprises dans lesquelles parfois les travailleurs sont saisonniers
et bénéfi-cient d'aucune stabilité.
Ces trente (30) organisations étaient affiliées
à des courants syndicaux respective-ment :
§ à la FTH qui évoluait sous la l'influence
du Parti Communiste Haïtien (PCH) et du Parti Socialiste Populaire (PSP)
elle regroupe 17 Syndicats
§ à l'UNOH qui représentait une base du
syndicalisme Américain (AFL-CIO). Elle regroupe 6 Syndicats
§ au MOP qui évoluait sous l'orientation politique
du Fignolisme. Elle regroupait 11 Syndicats
§ au GSI qui, selon Jean Jacques Doubout et Ulrick Joly,
n'était que des valets du gouvernement dans le mouvement syndical. Elle
regroupait les syndicats des chômeurs, les employés de la Panam,
des employés du commerce et de la construction, les syndicats des
chauffeurs de la coopérative du Transport. Tous ces syndicats ne
totalisent qu'un effectif de 20.000 ouvriers.
Cette période très mouvementée,
paraît prometteuse d'espoir puisque le mouvement syndical touchait
presque tous les secteurs et toutes les branches d'activités. Bien de
conquêtes ont été arrachées : La reconnaissance du
droit de réunion et de revendication; du droit de constituer
légalement des syndicats, la limitation de la journée de Travail,
la fixation du salaire minimum, le paiement des congés et de certaines
prestations sociales, le paiement du préavis, de licenciement, la
conciliation obligatoire en cas de conflit, la mise sur pied de l'Institut
Social d'Assurances et enfin la création d'un bureau du travail dans le
cadre du département du Travail.
Cependant, toutes ces conquêtes allaient être
remises en question. Devant la division la corruption, la trahison,
l'espionnage et la répression par exemple la loi anti-communiste de
1947, le mouvement syndical fraîchement constitué tombe en
léthargie. Aussi, la menace que constituait le mouvement syndical
automne, combatif et démocra-tique est ecartée. Cette situation
allait persister jusque vers les années 50; seul l'UNOH et le GSI
subsistent déjà sous le contrôle du gouvernement.
C'était bien une confusion. De cette dernière, le pays allait
enregistrer un coup d'État militaire ayant porté au pouvoir le
Colonel Paul E. Magloire; mettant fin au régime d'Estimé qui
représente un espoir pour le pays.
Comme le mouvement syndical porte l'empreinte des
gouvernements qui se sont succèdés au pouvoir. Ainsi, la chute du
Président Estimé sera dominée par la présidence de
Paul E. Magloire jusque vers les années 56 et même deux
années après.
1-2-2 LE MOUVEMENT DE 1950 - 1958.-
Cette période commence avec le coup d'État de
Magloire. Elle bouleverse l'ordre des choses et change le jeu
démocratique et populaire de 1946. Jusqu'à la chute de Magloire
en 1956 les syndicats connus sont : la Fédération des Ouvriers
Haïtiens (FOH), l'Union Nationale des Ouvriers Haïtiens (UNOH) et la
Fédération des Syndicats du Nord (FSN), mais il n'y avait pas de
luttes syndicales actives. Quelques organisations de chauffeurs, les
travailleurs de la Hasco reprennent timidement leurs activités. Se
référant au mouvement de 1946 nous disons que le mouvement,
à cette époque était bel et bien en difficulté.
Elle s'explique par le fait que certaines revendications
formulées ont rarement fait l'objet d'une mobilisation effective; la
corruption qui avait commencé sous le gouvernement
précédent est certe généralisée sous la
dictature militaire qui parvient à vider toute conscience de lutte et de
classe. Tout se passe entre la bureaucratie et le département du
travail. Comme conséquence, les conditions de vie de la classe
ouvrière s'aggravent considérablement, les prix augmentent de
manière exponentielle, les salaires restent stables, les emplois ne sont
pas sécurisés, les patrons devenaient arrogants, les conditions
de travail devenaient très mauvaises. Tout ceci constituait le lot de
misère du mouvement syndical particulièrement les travailleurs au
cours de cette période.
A la chute de Magloire en 1956, le mouvement syndical se
réanime dans l'objectif de reconquérir les positions perdues et
des acquis de 1946. Une réforme s'est opérée au sein des
syndicats : les dirigeants corrompus sont chassés, une bonne partie de
la bureaucratie syndicale qui monopolisait le mouvement est balayé.
Ainsi les conditions semblent être réunies pour
la reprise des luttes syndicales démocratiques. Une année
après, soit en 1957, de nouveaux syndicats sont créés, il
s'agit de l'Action Catholique Ouvrière (ACO), le Syndicat du secteur
Hôtel, bar, restaurant, Hasco, ciment d'Haïti, agence maritime,
administration Portuaire, construction, chauffeur guide, compagnie
électrique, l'Union Nationale des Maîtres de l'Enseignement du
Secon-daire (UNMES), la formation de l'Intersyndical permanent qui regroupe les
employés de la Banque nationale devenue plus tard l'Intersyndical. En
effet, dès les premiers jours du mois de Décembre 1957, le
syndicat des travailleurs des Hôtels, bar restaurant, les
délégués de plusieurs syndicats et associations ont
décidé de former une organisation denomée comité
Intersyndical en vue de coordonner les differents aspects de l'activité
syndicale. Cette organisation cesse ses activités après
l'échec du 1er Mai 1958.
1-2-3 LE MOUVEMENT DE 1958 - 1963.-
Après l'échec du 1e Mai 1958,
certains militants comme Ulrick Joly, André Leroy, Henry Merceron ont
convaincu de ce qu'est la liberté syndicale qui ne peut être en
aucun cas une faveur octroyée par un gouvernement mais le fruit des
luttes menées par les travailleurs pour imposer et faire respecter leurs
droits. C'est ainsi qu'ils se réunissent et forment Intersyndical
d'Haïti (IH) dans l'objectif d'arriver à la constitution d'une
organisation syndicale unitaire afin de faire la résistance aux
activités de sabotage du patronat contre le syndicalisme
indépendant et actif.
Cette organisation occupe le devant de la scène
syndicale alors que les autres Fédérations comme l'UNOH et la
force ouvrière n'étaient pas dissoutes mais, pour le malheur des
ouvriers, elles maintiennent des relations étroites avec le gouvernement
en place.
En Avril 1960, l'Intersyndical se transforme en Union
Intersyndical d'Haïti (UIH). Les luttes de l'époque sont
dominées par ses activités. Elle a connu de nombreux
succès qui lui a valu non seulement l'intégration de 14 nouveaux
syndicats mais encore la possibilité de dominer la scène
politique et de s'affirmer de plus en plus sur le plan national et
international.
A partir de 1963, les diverses formes de luttes comme la
grève, les manifestations des ouvriers paysans ont été
d'une réussite considérable pour la plupart et ne
manquèrent de causer de nombreuses difficultés au gouvernement en
place. Cependant, à la suite d'une marche organisée le
1er Mai 1963, après les diverses manifestations, la machine
répressive est mise en marche et va à l'encontre de toutes les
lois nationales et internationales et l'UIH est dissoute par le gouvernement
Duvalier. Et une année après la présidence à vie
est proclamée; Cette dissolution était nécessaire pour le
régime car, l'UIH représentait en effectif le syndicat le plus
imposant, environ 10.000 membres lui étaient adhérés
c'était une organisation syndicale combative avec une couverture
nationale qui se manifestait dans le milieu urbain comme dans le milieu rural.
Avec lui, la lutte des travailleurs manifeste beaucoup de vitalité
d'autant plus que ses différentes activités étaient
inscrites dans un processus de renforcement qui consolide chaque jour
davantage. Pour toutes ces raisons, le Président Duvalier
s'inquiète de l'avenir de son régime. Comme nous venons de le
dire, l'UIH est dissoute et c'était bien là le signal de
départ du déclin du mouvement syndical.
Ainsi le mouvement syndical Haïtien a connu des moments
difficiles. Il était pour le moins quasiment inexistant durant cette
période jalonnée par très peu de luttes face à la
démagogie et à la machine répressive des Duvalier.
1-2-4 LE MOUVEMENT DE 1963 - 1985.-
La période allant de 1963 à 1985 a
été très difficile pour les syndicats. Le mouvement
syndical était victime de nombreux actes arbitraires du régime
des Duvalier soutenant à l'exemple la dissolution de l'UIH et la FHSC.
Devant cette situation qui avait pour objectif le renforcement du
régime, le mouvement syndical était vite tombé en
déclin et de plus un terme est mis à toute forme de luttes
révendicatives.
En 1971, à la mort de Duvalier père, son fils
Jean-Claude hérite du pouvoir, le mouvement syndical continue à
être victime de l'arbitraire de ses actes et plonge dans les profondeurs
du silence. Mais en 1976 le mouvement syndical tente de refaire surface et
déclenche une grève à l'usine ciment d'Haïti et
depuis le flambeau de la mobilisation est à nouveau allumé durant
quatres (4) années consécutives. Cependant, la répression
continue; et en Novembre 1980 la CATH est frappée d'interdiction de
fonctionner, mais entre temps d'autres syndicats continuent, dans la
clandestinité et le travail de la mobili-sation. Le mouvement syndical
se trouve, en effet, tomber en léthargie jusqu'en 1985, pour reprendre
vie en 1986 à la chute du régime.
1-2-5 LE MOUVEMENT DE 1986 - 1995.-
Au lendemain du 7 février 1986, qui correspond à
la chute de la dictature, le mouvement syndical rebondit avec force, de
nombreuses conquêtes ont été arrachées comme le
droit effectif à la parole et à la liberté de la
presse..etc. Et de plus les syndicalistes exilés reviennent au pays afin
de redonner un élan au mouvement syndical.
De nouveaux syndicats naquirent et en plus de trois centrales
syndicales qui font leur apparition : la CATH, la CATH / CLAT et la FOS.
Cependant, il est important de souligner que la CATH / CLAT a
connu une nouvelle appelation c'est bien la Confédération des
Travailleurs Haïtiens (CTH); de la CATH de 1980 est issu la
Confédération Générale des Travailleurs (CGT). De
plus, la scission au sein de la FOS donnera d'une part la FOS et l'Organisation
Générale Indépendante des Travailleurs Haïtiens
(OGITH) fondée en 1988.
Cependant le mouvement syndical a connu un certain
succès. Malgré la répression des gouvernements militaires
les syndicats ont pu entrer en grève, faire usage de la liberté
d'expression, protester contre les mauvaises conditions sociales. En leur
propre sein, ils ont aussi mené une lutte celle d'enlever le monopole de
la réprésentation syndicale à Genève entre les
mains de la FOS qui depuis sous le gouvernement de Jean-Claude Duvalier
representait le secteur syndical. Ils ont, ensemble, opté pour le
principe de la rotation et de la participation de toutes les centrales dans
l'élaboration du message destiné à la conférence
annuelle du Bureau International du Travail (BIT) .
Aussi, comme on peut le constater, cette période marque
un tournant dans le monde syndical et une nouvelle page commençait
à s'écrire dans l'histoire du mouve-ment ouvrier en
Haïti.
Il n'est pas superflu de souligner, pendant cette
période l'influence des syndicats dans le secteur Éducatif comme
la CNEH, l'UNNOH, le CONEH, le GIEL, la FENATEC qui ont grandement agité
le monde Éducatif dans ses prises de position. Il est important de
demander pourquoi leur mouvement s'était tourné uniquement dans
leur secteur sans être généralisé ?
Section 2 : LES DIFFICULTÉS
INTERNES ET EXTERNES.-
La situation du mouvement syndical Haïtien n'est dans
l'ensemble rien de réjouissant. Le mouvement fait face à
d'énormes difficultés qui font souvent échec à
certaines de leurs actions et contribuent même jusqu'à affaiblir
le mouvement. Elles se manifestent à deux niveaux.
Au Niveau Interne:
Les difficultés rencontrées par le mouvement
syndical au niveau interne peuvent se résumer de la manière
suivante :
§ Pour être syndicaliste il faut être
syndiqué, pour être syndiqué, il faut être
travailleur, pour être travailleur il faut travailler. Le mouvement
syndical est un mouvement de travailleurs, alors que, chez-nous, le taux de
chômage est très élevé. A partir de ce constat nous
sommes en droit de poser la question suivante : Peut-il exister un
mouvement syndical efficace avec des chômeurs ?
§ Le mouvement syndical n'est pas unitaire, les syndicats
sont divisés parfois en deux et pourquoi pas en trois ? De nombreux
syndicats ne sont pas nés à partir de l'initiative de la masse
des travailleurs mais plutôt d'un schisme syndical. Le cas de la CATH /
CLAT, de la CGT, de l'OGITH est un exemple clair. Ils sont tous nés des
malentendus.
§ Le problème de la formation syndicale est un
facteur clé d'affaiblissement du mouvement. Parfois, certains syndicats
s'engagent dans des mouvements de protestations, sans tactique et sans
stratégie. Souvent, certains dirigeants syndicaux ne savent même
pas comment négocier et n'attendent même pas le moment favorable
d'enclencher une lutte revendicative.
§ La faiblesse financière des syndicats
liée à l'absence de travail et au refus de ceux qui travaillent
pour intégrer la coopération des syndiqués et à
l'absence de travail et à la non cotisation de la masse des
travailleurs.
§ L'embourgeoisement de certains dirigeants syndicalistes
qui se complaisent dans les privilèges accordés par les patrons.
Ce comportement fait souvent obstacle à la lutte syndicale,
détruit chez les syndiqués l'esprit de combativité et
enlève toute énergie leur permettant d'avoir une initiative
courageuse d'où le mépris à l'objet même des
syndicats.
§ L'analphabétisme diminue l'apport du mouvement
syndical et met un point d'arrêt à son efficacité. Dans
certains syndicats, il peut arriver, en plus des syndiqués, même
le dirigeant syndicaliste n'est pas alphabetisé. Comment peut on arriver
à un mouvement syndical combatif, autonome sans combler le fossé
entre les syndicalistes alphabetisés et non alphabetisés ?
§ La prise en otage du mouvement par les syndicalistes
non travailleurs car, pour eux, il semblerait que être syndicaliste c'est
un métier. Ils ne sont pas des démo- crates, est-ce- pourquoi au
sein du syndicat, il n'y aurait pas de démocratie ? Le dirigeant
syndicaliste est à vie à la tête du syndicat.
§ L'usage du mouvement syndical, par certains dirigeants
à des fins personnels. Souvent comme tremplin politique, dans notre
histoire, nombreux sont ceux qui s'étaient déguisés en
syndicalistes afin de devenir décideurs politiques en d'autres termes
d'arriver au timon des affaires de l'État.
Au Niveau Externe:
Les difficultés au niveau externe
viennent souvent des brèches créées par les syndicats et
aussi par la force des choses. Nous les envisageons d'un triple point de vue et
elles peuvent se résumer de la manière suivante:
§ Au point de vue économique le mouvement syndical
fait face à des difficultés énormes. Ces
difficultés peuvent se manifester sous diverses formes : l'inflation,
le chômage, la misère, les termes de l'échange, le fardeau
de la dette, le salaire minimum... etc.
§ Au point de vue politique le mouvement syndical a
toujours été l'objet de persécution de la part des divers
gouvernements qui ont dirigé le pays. Ces persécutions peuvent
se manifester par la violation des droits des travailleurs, l'ingérence
dans les affaires intérieures des syndicats, l'interdiction de
fonctionne-ment d'un syndicat, la création de syndicats
parallèles dans le souci de combattre la lutte des travailleurs, la
corruption des dirigeants syndicalistes...etc
§ Au point de vue social, le mouvement syndical continue
à connaître de nombreuses difficultés. De telles
difficultés pourraient être attribuées au
dévelop-pement de la technologie car, de nombreux travailleurs sont en
mal de formation pour pouvoir se tenir sur le marché du travail.
§ Cependant, toutes ces difficultés tant internes
qu'externes ne sont pas sans incidences sur le mouvement syndical. En effet si
elles ont permis de contribuér au déclin du mouvement syndical,
elles ont néanmoins permis la renaissance du mouvement syndical par
l'adoption d'une nouvelle forme de lutte.
2-1 : Le Déclin du Mouvement.-
Le déclin du mouvement syndical commence avec l'acte
arbitraire du gouvernement de Duvalier en passant par la dissolution de l'Union
Intersyndicale d'Haïti (UIH) et la Fédération Haïtienne
des Syndicats Chrétiens (FHSC) en Décembre 1963. Cet acte, selon
Michel Hector, dépasse le cadre même du mouvement revendicatif
proletariat(1). Il revêt un double visage; comme le mouvement
a connu un élan dans la conjoncture politique de 1956-1957. Il ne vise
qu'à détruire purement et simplement cet élan et les
syndicats afin de détruire toutes forces qui pourraient contribuer
à faire échec aux mécanismes dictatoriaux.
L'on comprend bien, que ce n'est pas du hasard, si
après quelques mois de la fermeture des locaux par le gouvernement des
Fédérations Syndicales Indépendantes, la présidence
à vie s'instaure au pays. Car, le gouvernement avait travaillé
dans le but de poursuivre cet objectif. A cet effet, le mouvement syndical fait
face à deux obstacles : les patrons et les tontons macoutes. Ces
obstacles conduisent au démantèlement d'un mouvement fort,
combatif, dotant au mouvement syndical une structure fortement
centralisée comme le cas se présente parfois dans les
régimes autoritaires. Il est important de souligner l'apport du
1e Mai dans les activités syndicales.
Le 1e Mai de chaque année est
considéré comme la fête du travail. Mais cette date ne
cesse de causer des difficultés au mouvement syndical. Souvent, le
Gouvernement contribue à mettre les syndicats dans des conditions
difficiles; parfois il arrive même à les diviser autour d'une
allocation qui n'a rien de justificative. Cette situation crée souvent
de malaise entre syndiqué et syndiqué; entre dirigeant syndical
et syndiqué, et enfin entre syndicats et syndicats et les met en
défi d'arriver à la constitution d'un mouvement unitaire,
autonome, capable de donner plus de force au mouvement et d'être mieux
armé pour remplir sa mission. Quand il s'agit des salaires n'en parlons
pas ? Car la baisse des salaires affaiblit en nombre et en efficacité le
mouvement syndical. Le comportement des salaires et des prix est
expliqué par une serie de facteurs nationaux et internationaux. La crise
de l'emploi, l'explosion inflationniste, le coût de la vie
évoluant à un rythme effréné ne sont pas sans
incidences sur le mouvement syndical. Cette situation ne fait qu'aggraver les
conditions de la masse des travailleurs et a également pour toile de
fond l'inéxistence de tout mouvement syndical digne de ce nom.
____________________
(1) Michel, Hector : Syndicalisme et socialisme en
Haïti, et ed H. Deschamps, Port-au-Prince, 1989. P 129.
Si l'année 1946 a été pour le mouvement
syndical une période de conquêtes et de combats. Les années
1957 à 1970 n'ont pas permis au mouvement de briller. Au contraire,
c'était pour lui une période de déclin et de plus
l'étouffement des luttes démocratiques. Les syndicats
étaient identifiés comme obstacle. Il faut les surmonter pour
mieux asseoir le régime, avait compris le gouvernement à
l'époque. Chaque coup d'envergure porté aux forces
démocratiques est suivi d'un pas en avant dans le renforcement des
mécanismes dictatoriaux. L'action du Gouvernement de François
Duvalier est un exemple clair. D'abord il proclame la dissolution du mouvement
démocratique, ensuite il remplace son mandat par la présidence
à vie de la République, frayant la voie de la dynastie.
C'est ainsi que la dynamique de la répression,
l'anihilation des derniers cadres institutionnels légaux du combat
démocratique et la grande déterioration des conditions de vie et
de travail des masses laborieuses posent au mouvement la
nécessité chaque fois plus urgente non seulement de donner la
priorité à la lutte politique directe, mais aussi de chercher de
nouvelles formes d'action susceptibles de stimuler, d'accélérer
et de radicaliser la mobilisation contre la dictature(1(*)).
Comme la lutte doit continuer, le mouvement n'a d'autres
choix que de redéfinir ces stratégies.
Est-ce pour cela qu'il attendait le départ des
Duvalier pour rebondir avec force et manifester pleinement son existence ? Mais
le coup d'État du 30 Septembre 1991 n'a fait qu'empirer le chômage
à la suite de l'embargo décrété par l'organisation
des États Américains (OEA). Les travailleurs se sont
désunis, des milliers d'ouvriers, surtout ceux de la sous-traitance ont
perdu leur emploi et le mouvement s'affaiblit en nombre. Car, il est
évident que la force du nombre est annulée par la
désunion.
Ainsi, à l'heure actuelle si on se refère au
mouvement syndical dans les années antérieures, tenant compte des
différentes actions syndicales. Par rapport à la politique du
gouvernement de l'heure le mouvement syndical est non seulement en
déclin mais encore il semble disparaître pour céder le pas
aux organisations dites populaires. Mais cela n'exclut point des tentatives
visant à faire renaître le mouvement.
2-2 : LA RENAISSANCE DU MOUVEMENT.-
L'histoire du mouvement syndical retient l'année 1946
comme l'année de départ de l'éclosion réelle du
mouvement syndical haïtien. Selon Michel Hector, les années de
1958-1963 délimitent un autre moment important dans l'évolution
du mouvement ouvrier. C'est ainsi qu'on assiste à la seconde
poussée du syndicalisme démocratique.
Entre 1958-1960, la lutte revendicative ouvrière se
déroule dans un cadre où d'autres organisations
démocratiques comme celles des professeurs, des instituteurs, des
employés de la banque, et des étudiants livrent également
la bataille pour la sauvegarde de leurs intérêts et
l'élargissement de leurs droits(1(*)). Tout le poids de la lutte pour la défense
des droits des travailleurs vont se reposer sur le syndicalisme
démocratique. Cette réapparition du syndicalisme
démocratique paraît se renforcer avec l'installation de nouvelles
entreprises. Car, leur fonctionnement va provoquer une augmentation en nombre
des ouvriers. De nouveaux syndicats apparaissent; un nouveau concept
apparaît; celui de l'unité.
Mais dans le contexte politique de la renaissance du
mouvement les organisations nouvellement créées, à cause
de leur jeunesse, disposent encore de force très limitées et
peuvent difficilement mettre à profit toutes les potentialités
offertes par la situation.
Les organisations les plus combatives au cours de ce premier
moment étaient celles des professeurs et surtout des étudiants.
Les grèves les plus importantes prove-naient de ces secteurs.
Leurs luttes revêtissaient une double signification pour
le développement du mouvement syndical démocratique. Tout
d'abord, elles permettent de dépasser définitive-ment la tendance
manifestée depuis 1959, à donner la priorité aux
intérêts des anciens groupes éléctoraux dans les
activités des organisations de masses. L'unité se réalise
sur une base de revendications démocratiques.
L'unité syndicale à l'époque faisant la
une, l'UIH était au rendez-vous. Elle contribuait, dans une certaine
mesure, à l'épanouissement du mouvement syndical
démocratique. Diverses mesures ont été prises, diverses
activités ont été réalisées. L'UIH domine la
scène syndicale, en Août 1963, elle réfuse de signer un
manifeste en appui au chef de l'État. En Décembre 1963, la
dissolution de l'UIH est prononcée. Son local saccagé, le
matériel pillé plusieurs militants et dirigeants syndicaux sont
emprisonnés. Au même moment, la Fédération
Haïtienne des syndicats chrétiens (FHSC) est également
interdite de fonctionner pour avoir manifesté son appui à l'UIH.
Ainsi, prend fin la seconde expérience du syndicalisme
démocratique. Les syndicalistes croyaient ferme-ment que la lutte pour
la défense des droits des travailleurs est une lutte permanente. L'UIH
disparaît, mais la lutte doit continuer. Les syndicalistes
considéraient le gouverne-ment comme un obstacle à
l'évolution de la lutte syndicale démocratique. Diverses
organisations syndicales ont compris la nécessité de surmonter
l'obstacle que constituait le gouvernement . Aussi, ont-elles
décidé d'adopter de nouvelles formes de luttes capable de faire
avancer la cause des travailleurs ?
2-3 ADOPTION D'UNE NOUVELLE FORME DE
LUTTE.-
Après la dissolution de l'UIH, le
combat démocratique allait dépasser le cadre même de
l'action syndicale. La dictature devient de plus en plus musclée
c'était bien l'idée, dans le projet de présidence à
vie et les syndicalistes se replièrent en vue de donner une
réponse.
De nombreuses organisations syndicales dans la
détermination pour un combat démocratique, s'allient aux
organisations politiques et adoptent de nouvelles tactiques. Dans cette
bataille de conquête, de liberté, démocratique, les
organisations politiques porteuses de l'idéologie socialiste
étaient au rendez-vous en se mettant à l'avant-garde des luttes
ouvrières afin de les amplifier et de les faire progresser. L'arme de la
dialectique cède la place à la dialectique des armes. Les
communistes entrent en scène et la lutte ne sera autre que celle d'une
lutte armée contre la dictature. En réponse, le régime de
François Duvalier fait la chasse aux sorcières et réussi
à tenir le pouvoir.
Il convient de signaler, en tout premier lieu, que la
nouvelle tactique n'est pas déterminée par une intensification de
lutte des masses populaires urbaines et rurales. C'est au contraire la
stagnation et même l'échec de la mobilisation politique à
travers les organisations clandestines de types revendicatifs qui, dans une
grande mesure, provo-quent le changement. Elle n'est pas sans incidences sur le
mouvement syndical. Incidences qui peuvent être à la fois
positives et négatives. Mais, selon Michel Hector, la nouvelle tactique
charrie une nette propension à sous estimer et même à
ignorer l'action spécifique de la classe ouvrière(1).
Sans vouloir analyser cette nouvelle tactique, il nous
paraît intéressant de nous demander si les organisations
d'avant-garde avaient les moyens de leur politique. En effet, Michel Hector
fait ressortir le moment de transition entre l'épuisement des
possibi-lités de luttes pacifiques et celui du passage aux actions
armées. Pour un mouvement qui traverse encore cette transition, il
s'avère insdispensable de déterminer avec prudence et
précision le type et le rythme de ses actions sur la base d'une
appréciation correcte du rapport des forces(2). Comme
souligne Jean Bruhat et cité par Michel Hector : «on ne combat
bien un ennemi que si on apprécie avec exactitude sa signification et
les forces dont il dispose». La lutte armée était
nécessaire. Elle est présentée comme un même combat
anti-dictatorial, anti-féodal et anti-impérialiste. Il s'agit
donc de parvenir, par la voie armée, non seulement au renversement de la
dictature mais aussi à la destruction de tout le système
semi-féodal et néo-colonial.
_______________________
(1)- Michel Hector : Syndicalisme et Socialisme en
Haïti, OP. Cit. P149.
(2)- Michel Hector : Syndicalisme et Socialisme en
Haïti, OP cit P152 .
Il est important de souligner, que cette nouvelle forme de
lutte adoptée par le mouvement syndical ne lui a pas permis d'aboutir ou
du moins de faire avancer la cause des travailleurs. L'échec de cette
lutte qui visait essentiellement au renversement de la dictature a permis au
président François Duvalier de renforcer son pouvoir en
instaurant une dynastie. La repression n'a pas été
ménagée vis-à-vis des syndicats, certaines organisations
comme la CATH apparaît à l'époque de la dictature. Mais
les dirigeants sont réprimés; les ouvriers engagés dans
les tentatives de réanimation des syndicats sont licenciés et
arrêtés. C'était bien là, la dure période
qu'a connue le mouvement syndical pour rebondir au grand jour aprés la
chute des Duvalier en 1986. Depuis, la lutte syndicale reprend vie les formes
de luttes deviennent beaucoup plus démocratiques. Le concept
unité est ressuscité mais cette fois c'est par rapport à
la globalisation ajoutée à d'autres comme société
juste, emploi décent, syndicalisme fort...etc mais devant la division
qui ronge le mouvement. Il reste encore rachitique.
CHAPITRE 5
LA LUTTE SYNDICALE DANS LE SECTEUR ÉDUCATIF
Le 24 Mars 1903, Haïti enregistre dans
les pages de son histoire la première organisation portant le nom de
syndicat 1946 soit quarante-trois (43) années après, le mouvement
gagne du terrain et a connu un très grand essor. De grandes
conquêtes ont été arrachées, toutes
rattachées à des luttes d'ampleur considérable. Presque
tous les secteurs sont touchés dans presque toutes les branches
d'activités. Le secteur de l'Éducation, lui aussi, bien que
touché par le mouvement syndical vers les années 50
n'était pas épargné. C'est pour cela dans les lignes qui
suivent nous allons relater et analyser :
- les étapes marquantes de la lutte syndicale
- les retombées de la lutte (les conquêtes)
- la position du gouvernement face aux retombées.
Section 1 : Les Etapes Marquantes de la Lutte.-
Les étapes marquantes de la lutte syndicale dans le
secteur de l'Éducation seront déterminées à partir
de l'existence des différents syndicats, de leurs objectifs et de
l'évolution de leurs luttes.
Syndicat, comme le définit, Guy Caire,
société de résistance qui assure la défense des
intérêts matériels((*)1). Le syndicat existe à partir de ses actes
et de ses activités.
Le monde de l'Éducation a connu les differentes
étapes du syndicalisme; deux organisations syndicales ont marqué
le mouvement en Haïti : l'Union des Instituteurs Haïtiens (UIH) et
l'Union Nationale des Maîtres de l'Enseignement du Secondaire (UNMES).
L'expérience douloureuse de cette dernière en 1965 face à
la répression des Duvalier et le sort tragique des professeurs
entreprenant ont influencé négativement la création de
l'Association Nationale des Enseignants Haïtiens (ANEH) en 1979 qui
voulait se donner une couverture nationale.
Le mouvement syndical porte l'empreinte des divers
gouvernements qui se sont succedés au pouvoir et de plus, le
régime des Duvalier a duré 29 années soit 1957 à
1986. Il a fallu attendre la chute de ce régime soit le 7
Février 1986 pour poser des actions syndicales dans le secteur de
l'Éducation et enclencher une lutte capable de faire avancer la cause de
l'Éducation et de propulser les syndicats.
Les perspectives d'évolution de la lutte vont se faire
non seulement à partir de l'action syndicale mais encore des
différents changements de Gouvernements que nous avons tous connus.
Même l'histoire nous enseigne que les activités syndicales sont
liées parfois au rapport de force et favorisent l'accord et
l'enttente.
1-1: LES DIFFERENTS SYNDICATS DU SECTEUR
ÉDUCATIF.-
La liberté syndicale est garantie. Tout travailleur des
secteurs privés et publics peut adhérer au syndicat de ses
activités proféssionnelles pour la défense exclusive de
ses intérêts de travail((*)1). Ainsi, les différents syndicats du secteur
Éducatif peuvent être classés dans l'ordre chronologique
suivant, en fonction de leur date de création comme nous l'avons
déjà souligné.
Pour la première fois, vers les années 50, on
assiste à la formation de l'Union Nationale des Maîtres de
l'Eseignement Secondaire (UNMES) et la réanimation des activités
de L'Union des Instituteurs Haïtiens (UIH).
§ 1979: C'était la
création de l'Association Nationale des Enseignants Haïtiens
(ANEH). Une Association qui n'a duré que l'espace d'un matin ou du
moins c'était un projet mort-né.
§ 1986: C'est la création de la
Confédération Nationale des Enseignants d'Haïti (CNEH) qui,
après quelques années de fonctionnement a remplacé le
terme Enseignant par Éducateur.
§ 1991: Les normaliens au niveau du
Pré-scolaire, du primaire et du secondaire estiment que leurs
problèmes ne sont pas réellement posés. Ils se
réunissent et donnent naissance à l'Union Nationale des
Normaliens d'Haïti (UNNOH).
§ 1992: C'est la création de la
Fédération Nationale des Travailleurs en Éducation et en
Culture (FENATEC).
§ 1995: C'est la création du
Corps National des Evaluateurs d'Haïti (CONEH) qui, après quelques
années de fonctionnement a remplacé le terme évaluateur
par Enseignant.
§ 1996: La tentative de
révocation massive des inspecteurs et Enseignants surtout ceux
intégrés à partir d'octobre 1995. Les Enseignants se
réunissent et décident de créer le Groupe d'Initiative des
Enseignants de Lycée (GIEL).
Depuis lors, il est la dernière création en
date, mis à part l'exsitence des associations de parents,
d'élèves et d'Étudiants... etc.
Cependant, il est important de souligner que depuis les
années 50 jusqu'à date, le monde de l'Éducation a connu
l'existence de huit (8) syndicats. Faute de données et d'informations
nous ne sommes pas en mesure de préciser le nombre de
syndiqués.
1-2: ORIGINE, OBJECTIF ET ÉVOLUTION DE CETTE
LUTTE.-
La lutte syndicale dans le secteur de l'Éducation tient
son origine dans les divers problèmes générés par
la dégradation du système Éducatif ou du moins dans la
crise du système Éducatif Haïtien. Certains facteurs peuvent
être identifiés comme élément de la crise. Il
s'agit, entre autres de :
- l'irresponsabilité et le
désintéressement de l'État
- l'insatisfaction et la qualité des Enseignants
- la faiblesse des structures de supervisions et
d'encadrement
- la confusion qui existe dans l'application de la
réforme de l'Éducation
- absence de partenariat entre syndicat d'enseignants et
responsable de l'État en matière de l'Éducation.
- la non valorisation du métier d'enseignant.
En consèquence, ils donnent naissance à la lutte
syndicale dont l'objectif fondamental est de valoriser le metier d'Enseignant
qui passe forcément par:
- la définition véritable de l'Enseignant car,
tout le monde est Enseignant qu'il soit formé ou non.
- la mise sur pied d'un programme de formation continue au
profit des Enseignants
- l'attribution des salaires équitables et
décent aux enseignants
- l'adoption d'une politique de sécurité
sociale par l'État
- l`amélioration des conditions de travail.
Après avoir relaté les objectifs, nous pouvons
souligner que plusieurs actions ont marqué l'évolution de ce
mouvement. Elle a demarré avec la tentative de constituer les syndicats
dans le secteur vers les années 50 : l'Union des Instituteurs
Haïtiens (UIH) et l'Union Nationale des Maîtres de l'Enseignement
Secondaire (UNMES). L'expérience douloureuse de ce drenier n'a fait
qu'engendrer la peur. Est-ce pour cela qu'en 1979 l'Association Nationale des
Enseignants Haïtiens (ANEH) n'a pas pu réaliser son grand
rêve celui de se donner une couverture nationale ? c'est ainsi que le
projet de l'ANEH n'a pu être excuté.
1965 à 1986 marque une période importante et
difficile. Parler des syndicats n'était pas à l'ordre du jour
dans aucun débat; la répression Duvaliériste ne l'a pas
permis. La lutte syndicale se trouvait étouffer. Le 7 Février
1986, le régime des Duvalier s'éffondre et une lueur d'espoir
s'annonça pour le pays et la lutte syndicale refait surface. Les
syndicats se créent dans presque tous les secteurs d'activités.
Dans le secteur de l'Éducation, le premier en date fut la CNEH, vient
l'UNNOH, la FENATEC, le CONEH et le GIEL. Avec eux, les problèmes de
l'Éducation sont profondément agités, la lutte
s'intensifie alors que la résistance du côté de
l'État tente de la faire échouer par certaines manoeuvres. Mais
du côté des syndicats diverses activités sont
envisagées afin de faire triompher la cause des Enseignants. Les
actions sont : conférences de presse, déclarations de presse,
conférence-débats, «Sit-in», marches pacifiques,
grèves sous toutes les formes, émission de radio et de
télévision ... etc.
Cependant, de 1986 qui marque aussi l'année de la
création de la CNEH où Presque tous les enseignants
obéissaient a son mot d'ordre passant par l'année 1991 qui
marquait la création de l'UNNOH la lutte allait connaître une
réorientation pour prendre son élan en 1995; des moments forts
allaient marquer l'évolution de la lutte dans le secteur. Si en 1995
c'était l'affrontement entre lycéens et collégiens, les
manifestations conjointes entre professeurs, étudiants et
élèves pour faire aboutir leurs revendications. En 1997, les
stratégies de lutte ont été plus ou moins changées.
Les syndicats n'ont pas pliés l'échine sous de simple promesse
verbale faite par les dirigeants de l'Etat mais sur la base de plusieurs
accords. Deux concepts étaient d'actualité: la mobilisation et
le syndicat Jaune*(*).
Mais de part et d'autre l'usage de la grève s'affirmait comme arme de
combat. Dans cette situation, les syndicalistes ont lancé et
géré le mouvement en stratège. Certains actes le
témoignent. D'un côté, les organisations comme l'UNNOH, le
CONEH, la FENATEC et le GIEL se coalisent en laissant la CNEH de l'autre
côté. Ils lancent une grève illimitée un (1) mois
à l'avance pour le 5 Mai 1997 c'était bien là une
véritable leçon politique. Ils exploitent la conjoncture
(Situation Conflictuelle primature-Présidence-Parlement) et enfin ils
font une sorte de «timing» conjoncturel par rapport aux autres
organisations de la société civile qui brandissent leurs
revendications.
Les syndicalistes croyaient que le travail étant
inhérent à l'espèce humaine, le combat syndical pour la
défense des intérêts matériels est donc permanent.
Il faut de toute évidence lutter pour faire aboutir leurs
revendications. C'est ainsi que l'année 1997 allait être
considérée comme une date importante dans l'histoire du
syndicalisme dans le secteur Éducatif en Haïti. Les syndicats, aux
yeux de presque tous les secteurs, allaient être considérés
comme une référence. Mais au cours de l'année 1998, les
organisations comme l'UNNOH, le CONEH, le GIEL ont mené une lutte visant
à empêcher la réalisation du Baccalauréat
allégé; ils ont accusé un échec et depuis le mythe
de l'invincibilité des syndicats commençait à tomber pour
achever avec la chute d'un mouvement conjoint de l'UNNOH et de la CNEH en 1999.
Depuis lors, le mouvement est frappé par ce que nous pourrions appeler
une crise.
Jusque vers l'an 2000, la lutte syndicale connaît une
stagnation. La campagne de diffamation et l'usage permanente de la
grève comme arme de combat par certains syndi-calistes et organisations
syndicale contribuent à faire de ce mouvement ce qu'il est. Ils ont
travaillé inconsciemment à mener le mouvement là où
il est. Les syndicats ne repré-sentent plus une force capable de
constituer une menace pour le gouvernement et ne constitue en rien un contre
pouvoir réel.
Si certains syndicalistes ont choisi de laisser le pays
d'autres ont préféré d'abandonner la lutte d'autres encore
cessent d'être acteurs pour se convertir en observa-teurs d'autres enfin
réflechissent autour d'une relance du mouvement sous une base unitaire.
La lutte syndicale dans le secteur est étouffée.
Les organisations dites populaires créées indirectement par le
gouvernement à la faveur de la mouvance politique consti-tuent une
menace pour les syndicats. Comme il ne peut y avoir de syndicats sans
syndica-liste et sans moyens. Certaines activités syndicales dans le
Secteur Éducatif sont bloquées. Même la menace du CONEH du
GIEL de la FENATEC de mener l'État Haïtien par devant les tribunaux
depuis le 11 octobre 1999 n'a pu être opérationnalisée.
C'est, enfin, de cette manière qu'a évolué la lutte
syndicale.
1-3: LES SYNDICATS DU SECTEUR ÉDUCATIF:
LES MÊMES COMBATS.-
Syndicalistes, historiens du travail et autres militants ne
s'accordent pas sur le fait que le mouvement syndical haïtien qui touche
quelque soit le secteur fait face à d'énormes difficultés;
mais ils s'entendent sur le fait que la lutte pour la satisfaction des
revendications syndicales est un combat et que les syndicats du secteur
Éducatif l'ont compris.
Comme ils mènent très souvent des luttes
communes (lutte de l' UNNOH, du CONEH, de la FENATEC et du GIEL et de la CNEH)
tout en accentuant sur leurs revendications. Nous estimons qu'ils mènent
un même combat et ce dernier se crystallise autour de leurs
revendications qui constituent la toile de fond de la lutte.
1-3-1: DES REVENDICATIONS.-
Les revendications des organisations syndicales dans le
secteur éducatif sont articulées autour des problèmes de
l'éducation. Ces organisations les ont formulées en vue de
rechercher de la satisfaction dans un document conjoint de l'UNNOH du CONEH de
la FENATEC et du GIEL intitulé extrait des cahiers de revendications
constituées en Cinquante (50) points. Ces organisations ont
déclaré qu'elles sont plus que jamais déterminées
à obtenir de la satisfaction. Cependant, la CNEH, de son
côté, réclame à cor et à cri l'application de
la loi du 24 Octobre 1984.
Les revendications, formulées à partir des
divers problèmes de l'Éducation, les organisations syndicales ont
demandé, en toute priorité, à l'État d'intervenir
en toute urgence afin de :
- réparer et équiper toutes les écoles
publiques dans le meilleur délai
- allouer des indemnités de déplacement
à tous les enseignants envoyés en poste loin de leur domicile.
- élaborer et mettre à exécution un plan
d'éclairage à l'échelle nationale en vue de permettre aux
jeunes de faire des recherches, d'étudier et de préparer leurs
devoirs
- nommer sans délai des professeurs qualifiés
et compétents à toutes les chaires vacantes
- payer sans délai tous les arriérés de
salaires à tous les Enseignants munis ou non de lettre de nomination en
tenant compte de la date effective de leur entrée en fonction
- introduire dans le budget 1996-1997 des provisions en vue
de l'exécution d'un programme de formation des maîtres.
- introduire dans le budget 1996-1997, d'une part, des
provisions en vue du paiement du reste d'ajustement d'avril 1995 soit 180%
(base salaire du mois d'Avril) soit 82% (base nouveaux salaires) et d'autres
part des provisions en vue d'instaurer des fonds de crédit et d'autres
avantages sociaux (logement, taux préférentiels sur achats...
etc) au profit des enseignants.
Il est impotant de souligner que même les organisations
syndicales ont mis l'accent sur le caractère incomplet de leurs
revendications. Mais, pour celles élaborées, elles sont
classées et portées sur les salaires et autres facteurs capables
de faire de l'école haïtienne une école digne de ce nom.
Dans cette logique, les revendications sont, d'un côté,
accentuées sur le revenu des Enseignants qui doit comprendre un salaire
direct et un salaire indirect constitué par l'ensemble des avantages
sociaux; de l'autre, les organisations, syndicales revendiquent leur
participation dans les grands dossiers qui concernent le système
Éducatif et veulent affirmer leur existence dans le secteur d'où
deux aspects des revendications à la fois quantitatives et qualitatives.
Section 2 : LES RETOMBEES DE LA LUTTE SYNDICALE.-
Les retombées de la lutte syndicale se manifestent
soit dans le sens positif soit dans le sens négatif. Celles-ci
étant postérieures à toute lutte, elles sont
considérées comme des conséquences. Si dans le sens
positif elles sont liées à la satisfaction des revendications
syndicales en provoquant la joie des syndicalistes (dirigeants syndicaux et
syndiqués) dans le sens négatif elles sont liées à
la répression en passant par la révocation jusqu'à
même l'élimination physique. De toute façon, dans un sens
comme dans l'autre, les retombées de la lutte syndicale dépendent
de la planification, de la conjoncture, de l'action syndicale et de la
formulation des différentes revendications. Au nombre de ces
retombées nous pouvons citer :
- l'ajustement Salarial en 1995 sous le gouvernement de Jean
Bertrand Aristide
- le protocole d'Accord du 17 janvier 1997 sous le
gouvernement de René G. Préval
- le protocole d'Accord du 17 février 1997 sous le
gouvernement de René G.Préval
- l'Addendum au protocole d'Accord du 17 février 1997
en date du 23 Mai 1997 sous le gouvernement de René G. Préval.
2-1 L'AJUSTEMENT SALARIAL.-
En 1995, la lutte syndicale qui a été
redémarrée dans le secteur éducatif avec la
création de la CNEH en 1986, a été intensifiée.
Elle était axée essentiellement sur les salaires directs. Les
organisations d'avant-garde étaient la CNEH d'un côté qui
revendiquent l'application de la loi du «24 Octobre 1984» qui
prévoit une augmentation salariale par ordre d'ancienneté et de
qualification. Alors que les organisations comme l'UNNOH et le CONEH
réclamaient purement et simplement un ajustement salarial de 300%.
Trois syndicats, faisant deux groupes dominaient la scène et
revendiquaient tous, à leur manière les salaires pour les
enseignants.
Pour chacun de ces groupes la forme de lutte était
différente; la CNEH, de son côté, négocie des
Accords avec le MENJS alors que l'UNNOH et le CONEH, de leurs
côtés, déclenchaient une grève de protestation
contre les Accords salariaux négociés entre la CNEH et le
ministère et ont obtenu du gouvernement une tranche de 120% des 300%
reclamés des salaires des Enseignants primaires et secondaires.
Comme les retombées de la lutte sont fonction de
l'action syndicale, la lutte a connu une certaine évolution. C'est dans
ce sens que la période allant de 1995 à 1997, les revendications
cessent d'être essentiellement salariales pour rassembler presque tous
les problèmes du système Éducatif Haïtien, des
négociations entre l'État et les syndicats ont donné
naissances à des Accords.
2-2: LES ACCORDS DE 1997.-
Deux années après l'ajustement salarial de
1995, les syndicats du secteur de l'Éducation ont repris activement la
lutte et a connu une certaine évolution. Si en 1995, l'ajustement de
120% étaient l'oeuvre de deux syndicats (l'UNNOH et le CONEH),
L'année 1997 allait marquer un tournant dans la lutte : grève
illimitée des Enseignants et l'inter-vention du parlement. Deux
éléments importants sont à souligner:
- le nombre de syndicats augmente; car, les acquis sont
l'oeuvre de plus de deux (UNNOH, CONEH, GIEL, FENATEC) accompagnés des
associations de parents (ASPEH) et d'élèves (ZEL)
- le lutte passe de l'informel au formel c'est-à-dire
nous avions l'habitude de parler à nos interlocuteurs sans les textes
dès à présent toutes les formes de luttes que nous menons
étaient accompagnés des textes.
C'est de cette logique que sont nés trois Accords
connus sous la rubrique «Accords de 1997». Le nouvelliste dans son
éditorial allant plus loin les qualifie de patrimoine national de
l'Éducation((*)1).
2-2-1: PROTOCOLE D'ACCORD DU 17 JANVIER
1997.-
Après des journées de
grèves nationales lancées par les organisations syndicales du
secteur Éducatif et des échanges entre la commission
d'Éducation du sénat de la République et les organisations
UNNOH, CONEH, GIEL, FENATEC, ASPEH; il a été convenu un accord en
4 points capable:
- de créer une Commission Multipartite composée
des représentants de la présidence, de la primature, du parlement
et du Ministère de l'Éducation Nationale de la Jeunesse et des
Sports (MENJS) des organisations sus-citées et d'autres
impliquées dans le dossier de l'Éducation telles le ZEL et la
CNEH.
- d'ouvrir dans l'immédiat des pourpalers devant
aboutir à l'adoption des propositions de solutions viables et durables
à la crise que traverse le secteur Éducatif
- d'entamer des discussions dès le samedi 18 janvier
1997 à 11 heures AM, vu l'urgence de la question
- d'engager la commission d'Éducation du sénat
à entreprendre les démarches nécessaires auprès de
toutes les autres instances concernées en vue d'arriver à
l'ouverture des travaux à la date sus-mentionnées.
2-2-2 PROTOCOLE D'ACCORD DU 17 FÉVRIER
1997.-
Il est à se demander que si l'année 1997 a
été pour les organisations une année florissante; dans
l'espace d'une année les syndicats ont signé trois Accords avec
l'État, tous inspirés de leurs cahiers de revendications. La
recherche des Accords étaient inscrite dans le cadre d'une
stratégie de lutte et les syndicalistes ont fait usage de deux
tactiques:
- la tactique de persuasion axèe sur toute une serie
d'arguments comme étant des facteurs de sensibilisations tels : Le
coût de la vie, les conditions de travail, les salaires. A ce niveau les
syndicats sont considérés comme instrument de combats. Pour eux,
le succès importe plus que sur les conditions dans lesquelles il est
emporté.
- la tactique de coercition pondérée sur la
menace de la grève, la mobilisation permanente et autres facteurs
capable d'emmener les syndicats à la consécration d'une
négociation; c'est dans la consécration de celle-ci qu'ils
arrivent à la réalisation de cet Accord. Deux questions sont
prises en ligne de compte : La stratégie du compromis et la forme qui
sera donnée à sa réalisation.
L'objectif général de la stratégie a
été de coopérer pour faciliter de part et d'autre les
dernières concessions et faire aboutir l'ensemble de la
négociation. Mais il faut que le jeu de la négociation comporte
une sorte de délai limite c'est ainsi qu'après les séances
de Travail tenue le mercredi 12, le jeudi 13, le dimanche 16 et le lundi 17
février 1997 sous la Présidence du chef de l'État
René G. Préval entre les représentants de la Commission
d'Éducation du Sénat, les membres du Gouvernement et les
représentants des organisations d'enseignants de parents et
d'élèves (UNNOH, CONEH, GIEL, FENATEC, ASPEH, ZEL, CNEH) ils ont
réalisé un accord dit «Protocole d'Accord.» A travers
la recherche de cette réalisation comme étant un compromis, les
partenaires se sont efforcés à ne pas perdre la face, ils ont
recherché à travers la forme donnée à ce compromis
un renforcement de leur prestige.
Dans le texte de l'accord les parties en présence ont
réaffirmé la place fonda-mentale de l'Éducation pour le
développement du pays et le gouvernement a renouvelé son option
comme un secteur stratégique et de lui accorder un traitement
prioritaire. Il s'engage à mener les actions suivantes réparties
en 5 grands points :
1- Actions immédiates comprenant :
§ le paiement des arrières de salaires
§ la nomination des professeurs qualifiés aux
postes vacants
§ la livraison des chèques des Enseignants au plus
tard le 25 du mois
§ le recul d'une semaine de la date des examens oficiels
pour l'année 96-97
§ l'élimination des chèques
«Zombis»
§ l'ouverture de la négociation collective
§ la définition d'un cadre en vue de la poursuite
des négociations.
2- Des Actions débutants immédiatement
dont l'execution se prolongera dans le temps comprenant :
§ la fourniture des écoles publiques en eau,
électricité, pupitres, livres et autres matériels
didactiques.
§ la construction ou la réféction des
toilettes des écoles publiques
§ l'achèvement des écoles publiques en
construction
§ la réhabilitation des écoles publiques
délabrées
§ l'émission de la carte d'identification des
Enseignants
3- Des Actions urgentes devant faire l'objet d'un
examen comprenant :
§ la délivrance aux professeurs et aux
personnels concernés de leurs lettres de nomination après
examens de leurs dossiers
§ l'ajustement salarial de 82%, base salaire
février 1997
§ l'application de la loi du 24 Octobre 1984
§ l'intégration de tous les inspecteurs et autres
personnels concernés dans le budget national 1996-1997
§ la mise à exécution d'un programme de
formation pour les enseignants
§ l'augmentation du budget de l'Éducation
Nationale
§ la mise a exécution d'un plan d'assurance au
Profit des Enseignants et élèves.
4- La création d'une commission multipartite -
l'exécutif, la commission de l'Éducation du Sénat et les
organisations représentées - pour assurer le suivi de
l'éxecution des points sus- cités.
5- La création d'une Commission Supérieure
de l'Éducation.
Cependant, il est important de souligner que le protocole
d'Accord a été signé sans aucune date limite (deadline) ou
du moins sans écheancier. Les syndicalistes croyaient en la bonne foi
des dirigeants de l'État; deux mois après rien n'est fait et
l'Accord reste comme une simple feuille de papier. Comme la flamme de la
mobilisation restait toujours allumée, les syndicalistes d'avant-garde
remontent au créneau. Toutes les formes de luttes ont été
envisagées. En pleine grève illimitée, créant une
crise qui paralyse le fonctionnement de l'école haïtienne dans sa
totalité; le Parlement, comme branche des trois pouvoirs, intervient en
vue de dénouer la crise. Après l'exposé de la situation
par les syndicalistes il manifeste la volonté de jouer sa partition.
Dans ce cas, il a signé un acte d'adhésion comme preuve de son
engagement à la poursuite de la négociation de laquelle est issue
un Addendum au protocole d'Accord du 17 février.
2-2-3 ADDENDUM AU PROTOCOLE D'ACCORD DU 17
FÉVRIER 1997.-
L'addendum au Protocole d'Accord est un document
considéré comme l'une des retombées de la lutte syndicale
dans le secteur Educatif. Il est né en référence aux
facteurs suivants :
- le protocle d'Accord du 17 février
- l'Acte d'Adhésion de la chambre des
députés en date du 22 Mai 1997 au dit Protocle
- la crise qui traverse le secteur Educatif
- les journées de grèves et de marches
pacifiques des organisations d'en-seignantes et de parents : CONEH, FENATEC,
UNNOH, GIEL, ASPEH
- la possibilité d'accorder une priorité
à l'Éducation et d'appliquer le protocole d'Accord du 17
février1997 dans le but d'apporter des réponses urgentes et
appropriées aux problèmes de l'Éducation et de satisfaire
aux revendications légitimes des organisations.
- les séances de travail tenues au Palais
législatif; les Mardi 20 et Mercredi 21 Mai 1997 entre les
députés et les représentants des organisations sous la
direction du Président de la chambre des députés
l'honorable Kely C. Bastien
- les négociations tenues le jeudi 22 Mai avec la
médiation du président de la chambre des députés,
assisté des parlementaires des deux chambres entre le Gouvernement
representé par certains de ses ministres et les organisations
d'enseignants de parents d'élèves.
Cependant sans vouloir établir une comparaison entre le
Protocole d'Accord et l'Addendum mais de signaler une différence
fondamentale entre les deux textes; C'est le delai limite ou du moins les
échéanciers qui accompagnent les points de l'Addendum. Le
salaire, à travers les différentes écoles de gestion,
celle de Taylor le considère comme facteur de motivation par excellence.
Est-ce pour cela que de toutes les revendications celle des salariales
attirent l'attention de tous et l'accent est mis sur le paiement des
arriérés de salaire qui fait couler beaucoup d'encre ? Un
calendrier est de toute évidence établi pour le paiement.
TABLEAU 19
LES MODALITÉS DE PAIEMENT DES
ARRIÈRES.
CATÉGORIE
|
MONTANT DU EN MILLION DE GOURDES
|
DATE DU PAIEMENT
|
Nommés non budgetisés
|
|
|
Ex: 93-94 / 94-95 / 95-96
|
123.0
|
Mai 96 - Mai 97
|
Ex: 95-96
|
27.0
|
La 1e Semaine de Juin
|
Oct 96 / Dec 96
|
40.0
|
3e - 4e Semaine de Juin
|
Janvier 97 / Mai 97
|
70.0
|
1e et 2e Semaine de Juillet
|
AUTORISÉS
|
|
|
Ex: 93-94 / 94-95
|
40.0
|
3e - 4e Semaine de Juin
|
Ex: 95-96 / 96-97
|
40.0
|
1e- 2e Semaine de Juillet
anticipation de paiement du mois de Juillet, Août,
Septembre 97
|
TOTAL
|
340.0
|
|
Source : Texte de l'addendum du 23
Mai 1997 Signé par l'État et les organisations.
Ce tableau n'est autre qu'un calendrier de paiement que les
syndicats ont forcé l'État à établir. Comme, il
n'existait pas encore seulement des Enseignants qui sont concernés par
les arrièrès de salaires. C'est pourquoi au lieu d'utiliser les
professeurs nommés non budgetisés et les professeurs
autorisés, ils ont préfére utiliser les nommés non
budgétisés et les autorisés.
Les nommés non budgétisés, sont ceux
qui détiennent en leur possession une lettre de nomination et qui
n'émargent pas au budget de la République. Le montant de leurs
arriérés s'élevait à 260.000.000 gourdes
réparti sur les exercices 93-94; 94-95; 95-96; et sur les mois de
Janvier 97 à Mai 97 que l'État a promis de les payer en quatre
(4) tranches de Mai 96 à Mai 97, de la 1e semaine de juin, de
la 3e semaine et la 4e semaine de juin et enfin de la
1e et 2e semaine de juillet dans l'odre respectif de 123
000 000, 27 000 000. 40 000 000 et 70 000 000 de gourdes. Les
autorisés sont ceux qui ne détiennent en leur possession une
lettre de nomination mais d'une simple autorisation sans le respect des normes.
Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de préciser le nombre mais
le montant de leur dette s'élève à 80.000 000 gourdes
répartis sur les exercices 93-94; 94-95; 95-96; 96-97 que l'État
a convenu de payer en deux tranches de 40.000 000 gourdes chacune les
3eme et 4eme semaine du mois de juin, les 1er
et 2ème semaine du mois juillet avec anticipation de paiement
du mois de juillet août et septembre 1997.
Cependant, l'Addendum au Protocole d'Accord ne concerne pas
seulement les salaires. Comme le problème des salaires faisait couler
beaucoup d'encre à l'époque. Il est donc important de souligner
la balance de l'ajustement salarial réclamé par les syndicats
.
L'ajustement salarial est une revendication syndicale depuis
les années 95 qui a nécessité diverses actions syndicales
comme la lutte, la négociation ... etc. L'ajustement salarial
reclamé était de l'ordre de 300%. En 1995 les enseignants ont
bénéficié effective-ment de 120% des 300%
réclamés avec la promesse du chef de l'État d'alors
d'obtenir les 180% restant. Par inexpérience et par manque de vigilance
peut être il n'y avait aucun Accord écrit pas même un
procès verbal, il a fallu reprendre les actions syndicales pour exiger
à l'État d'honorer sa promesse. Les syndicalistes au lieu de
reclamer les 180% restant prefèrent actualiser 180% sur la base des
salaires déjà ajustés en 1995. De là ils parlent de
82%, comme il est inscrit dans l'Addendum et nous citons : « Les parties
s'entendent autour d'un ajustement de 50% (base salaire février 97) sur
les mois de Juin, Juillet, Août et septembre 1997.
A partir d'Octobre 1997, les salaires seront ajustés
de 82 % toujours sur base des salaires de février 1997 ». Cet
ajustement est donc réparti en deux tranches. Une tranche de 50 % et une
autre de 32%. Le tableau suivant établi les modalités du paiement
de 50%.
TABLEAU 20
MODALITÉS DE PAIEMENT DES 50%
d'AJUSTEMENT
CATÉGORIE
|
MONTANT DU EN MILLION DE GOURDES
|
DATE DU PAIEMENT
|
Nommés non budgetisés
|
|
|
Juin - Septembre 97
|
74.0
|
Septembre 97
|
BUDGETISES
|
|
|
Juin - Septembre 97
|
92,3
|
Septembre 97
|
TOTAL
|
166,3
|
|
Source: Texte de l'Addendum au
Protocole d'Accord du 17 Février 1997.
Ce tableau établit les catégories de
concernés par l'ajustement de 50%. Ce sont ceux qui sont nommés
et n'émargent pas encore au budget de la République et ceux qui
sont déjà nommés qui émargent au budget de la
République. Pour ces deux catégories le montant à payer
est de 166,3 millions de gourdes répartis en deux tranches respectives
de 74 000 000 et 92,3 millions de gourdes pour le mois de Sept 97. Les 32%
seront payés à partir d'Octobre 1997 jusqu'au moment où
nous parlons les Enseignants malgré la signa-ture de l'Accord, n'ont pas
reçu le reliquat et c'est ce qui pousse les syndicats à mettre
l'État en demeure de leur payer les 32%.
Il n'est donc pas inutile de signaler la portée des
Accords dans laquelle nous soulignons deux paramètres : le contenu et la
diffusion. Chaque partie perçoit l'accord suivant ses
intérêts de groupe. Pour tous les dirigeants de l'État
l'intérêt est le même puisqu'il s'agit d'opposer un rempart
à toute modalité de contrôle des syndicats du secteur et
d'empêcher que leur lutte n'arrive pas à influencer d'autres
secteurs. Alors que pour les syndicats c'est le contraire. Ils
préfèrent accentuer la lutte sur les facteurs qui attirent
l'attention de tous en se référant à une dimension qu'on
peut appeler conjonctu-relle tout en mettant l'accent surtout sur les salaires
et les avantages immédiats auxquels s'attachent les syndiqués.
C'est pour cela que le salaire allait être considéré comme
la toile de fond de la lutte. Ces Accords signés et diffusés sont
capables de contribuer à redresser l'image de l'école
haïtienne qui se trouve dans l'impasse. N'est-ce-pas cette diffusion qui
a influencé négativement et les Enseignants, eux aussi, n'ont pas
bénéficié des 10% d'ajustement de la masse salariale
donnée sous la présidence de René G. Préval?
Après avoir essayé de cerner les
retombées de la lutte syndicale dans le secteur éducatif, nous
allons tenter de donner avec plus de détails la position du gouvernement
face à ses retombées.
Section 3 : Le comportement du gouvernement face aux
retombées de la lutte syndicale dans le secteur
éducatif.
En même temps que la lutte syndicale évolue dans
le secteur Éducatif le gouvernement ne reste pas dans
l'indifférence. Si dans certains secteurs d'activités
l'État n'est pas considéré comme patron mais comme un
recours en cas d'échec de négociation avec leurs patrons, dans le
secteur de l'Éducation c'est le contraire. Car, les syndicats du secteur
Éducatif négocient directement avec l'État. Les
résultats des négociations sont considérés comme
étant des retombées, le gouvernement, faisant partie de
l'État ne reste pas indifférent. Sa position est
manifestée sous diverses formes. D'un côté, il fait
semblant de prendre en compte les revendications des Enseignants alors que les
engagements pris ne sont pas respectés et il essaie par certaines
manoeuvres de corrom-pre et de récupérer le mouvement en
profitant des dissensions internes liées à l'essouf-flement de
la lutte.
3-1: LA PRISE EN COMPTE DES REVENDICATIONS DES
ENSEIGNANTS.-
Malheureusement, le Gouvernement n'a pas ce qu'on pourrait
appeler un programme syndical dans le secteur Éducatif et de plus
même le pays n'est pas doté d'une politique syndicale. C'est au
même moment que les syndicats du secteur éducatif enclenchent la
lutte crystallisée autour de leurs revendications que le gouvernement
feint de les prendre en compte. Elles sont inscrites dans un document
intitulé extrait de ses cahiers de revendications constitué en 50
points.
Si nous essayons de faire une comparaison entre les textes
des cahiers de revendications des syndicats et les textes des accords
signés avec l'État Haïtien une grande différence
s'observe. Tous les points revendiqués ne s'inscrivent pas dans le texte
des accords. D'autant plus que les Accords sont liés à un
processus évolutif de 17 janvier 1997 jusqu'au 23 Mai de la même
année. Tout ce processus était inscrit dans le cadre d'un combat
et que le syndicalisme dans le secteur avait conquis une place dans le pays. Le
Gouvernement d'alors, agissant au nom de l'État accepte de voir dans le
syndicalisme de ce secteur le moyen d'expression naturelle des Enseignants.
C'est sur eux que les Enseignants comptent pour obtenir satisfaction;
d'ailleurs l'essentiel de leurs revendica-tions constitue la revendication de
chaque Enseignant et de plus les syndicalistes d'avant-garde étaient
effectivement des Enseignants. Ils étaient, les seuls, mieux
armés à poser véritablement le problème de chaque
Enseignant, en général le problème du système
Éducatif. Le point fort souligné dans leurs revendications c'est
la défense du métier d'enseignant.
Devant tous les arguments évoqués et la
multiplication des actions syndicales; le gouvernement était contraint
de signer les Accords pouvant contribuer à la rénovation de notre
système Éducatif : Que sont-ils devenus ?
3-2: LES ENGAGEMENTS NON
RESPECTES.-
A chacun son métier ! nous dit le
vieil adage. C'est ce que nos ancêtres n'ont cessé de nous
claironner et c'est également ce que nous avons cru. Dans toute
société où l'on veut éviter les frustrations
diminuer le charlatanisme, d'encourager le mélange des rôles et
des genres on doit faire usage de cet adage. En Haïti, l'Enseignant,
semble-t-il a cessé d'être un métier pour devenir un abri
sûr où se cachent les canailles, un simple refuge où se
cachent les chômeurs dans sa grande majorité.*(*)
Pour la première fois dans l'histoire de
l'Éducation en Haïti, syndicats d'enseignants et l'État
s'engagent dans des accords. Si tous les points des accords arriveraient
à être respectés ce serait dans l'intérêt de
la nation car l'école haïtienne ferait un bond en avant. Pour le
malheur de notre pays, le Gouvernement à signé au nom de
l'État qui, quelque mois après, a niè sa signature. Nous
étions témoin et artisan du document publié par les
syndicats en réaction aux manoeuvres du gouvernement pour ne pas honorer
la première tranche de 50% en évoquant l'illégalité
d'une loi rectificative sous pretexte que le Gouvernement était
démissionnaire. Comme il s'agissait des décaissements qui
concernaient les enseignants l'illégalité tentait être de
mise mais quand il s'agissait des décaissements dans d'autres cas, point
d'obstacle. Ce peut-être la raison d'État !
Aux grands maux les grands remèdes déclarent
les syndicalistes. Les dirigeants de l'État pensent qu'ils sont plus
intelligents au contraire ils s'illusionnent. Ils pensaient qu'une fois la
promesse de l'ajustement faite, les syndicats lèveront leur mot d'ordre
de grève, les enseignants ne seront plus en position de combat et enfin,
ce sera la reprise de toutes les activités scolaires. Et de plus
c'était bientôt les vacances.
Au contraire un enjeu était là peut être
les dirigeants de l'État n'y pensaient pas et n'étaient pas assez
perspicaces, la correction du Baccalauréat au lycée Marie Jeanne
de Port-au-Prince et d'autres centres de correction à travers le pays
étaient les lieux de rendez-vous; et une arme redoubtable entre les
mains des syndicalistes. Les syndicalistes ont réagi en
stratèges. Au moment où ils lançaient leur mot d'ordre de
grève aux correc-teurs, ils faisaient sortir un document
réflétant leurs positions autour de la loi rectifi-cative
prônée par le gouvernement.
Devant le temps qui est imparti à la correction par
rapport à l'ouverture des classes le gouvernement a consenti à
accorder aux enseignants un ajustement de 50%. Jamais les 32% de
l'ajustement.
Cependant, l'ajustement de salaire n'était pas le seul
point qui figurait dans les accords mais il était un point très
litigieux. C'est pour cela que nous insistons là dessus. Dans
l'ensemble, les engagements pris par l'État à travers les accords
signés conjointement avec les syndicats ne sont pas respectés.
Les syndicalistes le disent assez souvent et n'ont cessé de reclamer le
respect de ces Accords. La commission que prévoient ces accords pour le
suivi et le contrôle publie son rapport deux années après
et fait ressortir que l'absence de moyen limite son fonctionnement face
à cette situation la commission a cessé de se réunir.
Au grand rendez-vous de l'histoire nous pensons que les
dirigeants de l'État qui ont signé ces accords et même ceux
qui les ont succédés auront des comptes à rendre à
la Nation quand elle demandera des comptes pour avoir aggravé le
côté moral de l'État.
3-3: LES TENTATIVES DE CORRUPTION ET RECUPERATION DU
MOUVEMENT.-
Il est d'une vérité absolue que l'objectif de
tout patron c'est d'arriver à contrôler tout syndicat capable de
faire obstacle à son projet. L'État bien que patron de fait,
partage l'idée de contrôle par le biais du gouvernement.
Deux éléments sont d'importance capitale : la
formation d'une commission multi-partite de suivi et de contrôle et le
texte des accords pris comme engagement. Le gouvernement, de son
côté, pensait qu'une fois la commission formée, surtout
avec des dirigeants syndicalistes, il sera mieux armé pour
anéantir la force des syndicats et de freiner la lutte dans le secteur.
Irronie du sort ! ce sont les mêmes dirigeants membres de la commision
qui se trouvaient à l'avant-garde du mouvement des enseignants contre le
baccalauréat allégé en 1998. Le 27 Mai 1998, la marche
des enseignants qui réunissait une infirme quantité de
participants était très significative car, il permet au
gouvernement de continuer avec sa tentative de contrôle. De ce fait, il
pense que les Enseignants ont désaprouvé leurs dirigeants
syndicaux. Dans la recherche de cette victoire, le MENJS l'a emporté.
L'échec du côté des syndicats était très
favorable au Ministre de l'Éducation d'alors puisqu'il est devenu le
premier Ministre ou du moins le chef du gouvernement. S'il n'avait pas pu
réaliser son projet par le biais de la CMSC (Commission Multipartite de
Suivi et de Contrôle). Il ne l'a pas perdu de vue. L'objectif est
là.
Il faut, de toute évidence, affaiblir les syndicats,
enlever toutes leurs capacités de mobilisation. Le président
Préval n'a-t-il pas déclaré à des proches qu'il a
choisi M. Alexis parce que celui-ci est, selon lui, un fonceur, l'homme qui a
neutralisé et même anéanti les organisations syndicales
d'enseignants((*)1). Donc
le gouvernement à travaillé de manière à
récupérer le mouvement non seulement en créant ses propres
syndicats mais aussi en cherchant à les faire exister de nom et de ne
constituer aucun contre pouvoir réel capable de faire la
résistance au Gouvernement.
Conclusion et Recommandations
Les problèmes du système Educatif haïtien
ne datent pas d'aujourd'hui. Ces problèmes sont liés au
passé colonial du pays. En effet, dans la société
coloniale l'esclavage était le pivot de la philosophie coloniale, il
permet aux colonisateurs d'amasser d'immenses fortunes. L'on comprend bien, une
société où l'esclavage est dominant ne peut se doter d'un
système Educatif qui irait à l'encontre des intérêts
du pays colonisateur, ce qui risquerait d'être un instrument de
libération au lieu d'être un instrument de domination.
En effet, dans la composante sociale de la
société coloniale il n'y avait pas
d'homogénéité car cette société était
formée de colonisateurs et de colonisés. Si pour les
colonisateurs l'Education a été bien charpentée et
utilisée comme instrument de domination, pour les colonisés
l'Education était au rabais dans l'unique souci de perpetuer le
système colonial, de renforcer l'inégalité, de maintenir
le statu-quo donc une éducation qui allait plonger, beaucoup plus, les
colonisés dans la servitude. Ce n'est du hasard si le nombre
d'écoles était très limité dans la colonie car,
l'éducation était sous l'emprise des colonisateurs. C'est
pourqoui tout ce qui se faisait à l'époque se faisait en
référence à la colonisation. Il est important de souligner
qu'Haïti a connu différents types de colonisateurs et chacun d'eux
a orienté l'Education suivant ses intérêts. Lors de la
colonisation française, le gouvernement français a reconnu que la
nécessité d'étendre et de généraliser
l'instruction convenable sans doute à l'éducation d'un peuple
libre est incompatible avec l'existence de nos colonies qui reposent sur
l'esclavage et la distinction de couleur ce serait donc une imprudence bien
dangéreuse de tolérer les écoles pour les nègres et
pour les gens de couleur (Fouchard 1963 : 67)((*)1) .
Ainsi le système Educatif depuis sa création n'a
fait que renforcer les inégalités criantes de la
société et conserver le caractère élitiste. Il est
important de souligner avec force l'inexistence du syndicalisme à
l'époque, l'on comprend bien, que les colonisateurs ne font face
à l'existence d'aucune organisation syndicale dans son dessein de
pérénniser le système en vigueur à l'époque.
A l'époque coloniale la lutte syndicale n'existait donc pas.
Après l'indépendance le 1e Janvier
1804 il était juste de penser que les leaders qui avaient conduit le
pays à enrayer la colonisation auraient mis en place un système
de justice sociale pour promouvoir le bien être de tous les citoyens
Haïtiens. Malheureusement, il n'en a pas été ainsi et on a
même vu l'éducation utilisée comme procédé
culturel de reconquête de l'idéologie élitiste. Nous avons
vu également que l'Education telle qu'elle avait été
conçue nous a conduit à un type de société dont les
prévisions du développement étaient difficile à
faire et cela d'autant plus que le passé colonial dans notre pays avait
développé des mentalités et des reflexes
d'infériorités. L'Education avait donc pour rôle de
transformer l'Haïtien et d'en faire un homme nouveau capable de
transformer son pays pour son propre bien. Donc le maintien de l'Education dans
le but d'en faire un instrument de mise en place d'une société
élitiste comme au temps colonial avait marqué un retour en
arrière. Tardieu confirme cette assertion en faisant remarquer que pour
Haïti à peine libéré de l'esclavage, l'Education et
principalement celle réalisée dans les sillons de
l'idéologie judéo-chrétienne instrument
privillègié et efficace de reconquête : le
néo-colonialisme naissait là même où le colonialisme
avait subit la plus retentissante défaîte((*)1). Ainsi malgré
l'indépendance le pays n'avait pas divorcé avec le
modèle d'éducation coloniale.
Et pour mieux quadriller le secteur éducatif le pouvoir
a réussi à empêcher la création du mouvement
syndical qui aurait pû libérer et rendre plus autonome ce secteur.
Mais contrairement au quadrillement du secteur éducation on a rapidement
assisté à la création du premier syndicat dans le milieu
ouvrier comme par exemple « le Coeurs Unis des Artisans » crée
en 1870 soit 66 années à peine après
l'indépendance. Le secteur Educatif, quant à lui, a parcouru un
long chemin avant de créer son premier syndicat. Il a fallu attendre
les années 50 soit plus qu'un siècle après
l'indépendance pour assister à la création du premier
syndicat dans ce secteur. Ce retard assez considérable est dû au
fait que le secteur de l'Education est hautement politisé. Et jamais,
jusqu'à présent l'Education n'a cessé d'être mise au
service de la politique pour réaliser les objetifs des dirigeants.
D'ailleurs la création du ministère de l'instruction publique
à été un acte politique. Ce Ministère crée
seulement quarante ans après l'indépendance confié
à Honoré Fery sous le gouvernement populiste de Rivière
Hérard a justifié cette politisation. Malgré tout, ce
pouvoir, bien que populiste, n'a pas donné à ce ministère
des moyens en vue d'organiser un système d'Education nationale
crédible et efficace. Cette négligence du secteur éducatif
est mise en évidence par le caractère
éphémère des ministres au sein de ce ministère. En
effet, de 1844 qui correspond à la création de ce
ministère jusqu'en 1900 soit une période de 56 années on a
vu défiler à ce poste le nombre impressionnant de 47 ministres,
soit en Moyenne 14 mois de durée pour chaque ministre. Cette situation
n'a pas permis de mener en matière éducative une politique de
continuité susceptible de permettre la réalisation des objectifs
de promotion et de développement de la société
haïtienne. Face à cette carence du pouvoir public, les professeurs
se sont mobilisés pour changer cet état de fait. Cette
mobilisation se justifie par le fait que :
1- les professeurs sont réfractaires à
l'orientation donnée au système Educatif
2- l'Etat qui essaie de maintenir le système avec une
rectitude absolue pour pouvoir orienter sa politique
3- L'Etat est conservateur et tente d'enfermer la population
notamment les professeurs dans un système isolé de toute
possibilité d'ouverture qui ne serait autre que celle de sa
politique.
Cette lutte est évidente car tout pouvoir est
animé de l'instinct de conservation pour prenniser son regime et pour ce
faire, le pouvoir utilise le système éducatif. Car si l'Etat
avait crée des ouvertures, des possiblités de remise en question
ce ne serait pas dans l'intérêt de sa politique; si on avait
donné des marges de liberté aux professeurs pour faire des
analyses le régime serait fragiliser et risquerait de s'effondrer. C'est
ainsi, que le pouvoir joue à double face et sur les professeurs et sur
les syndicats. S'il avait tenu les syndicats en isolement parfois de les
maintenir de manière ferme ce dans le but de ne pas désorienter
la politique mise en place par le régime.
Cependant, malgré toutes les précautions prises
par les différents régimes au pouvoir certaines circonstances ont
joué en faveur du mouvement syndical qui a ainsi pu connaître un
certain épanouissement. Si 66 années après
l'indépendance le signal de la tendance au regroupement syndical avait
été donné soit 1870 avec le « Coeurs Unis des
Artisants » ; la première organisation portant le nom de syndicat
allait créer le 24 Mars 1903, depuis lors, le concept syndicat est
définitivement intégré dans notre vocabulaire. C'est ainsi
qu'en 1946 soit 43 années après, avec la chute du
président Elie Lescot et l'élection du président Dumarsais
Estimé on allait assister à un tournant dans le monde syndical.
Si Lescot a été identifié comme celui qui retarde le
développement réel du mouvement syndical par ses mesures
anti-démocratiques et anti-populaires, avec Dumarsais Estimé,
grandement perçu comme allié du mouvement syndical c'est le
contraire, la liste des syndicats allait s'allonger considérablement et
les questions ouvrières allaient marquer une avancée
considérable. Mais malgré tous ses efforts le mouvement syndical
ne s'est pas bien développé en Haïti parceque le pouvoir a
cherché toujours à le cadenasser et à le mettre au service
de ses intérêts. Il faut ajouter à cela certains moments
douloureux qui ont profondément marqué le mouvement par exemple
les arrestations, les répressions et la mise à sac de ses
locaux... etc. Cependant les luttes socio-politiques et les guerres civiles qui
ont plongé le pays dans le chaos et la misère donnent lieu
à un sauve qui peu général ont exercé des
influences négatives sur l'Education et les dirigeants n'avaient
d'autres choix que d'adopter des mesures de reformes. Ces reformes n'avaient
pas apportés de bon résultats.
En effet, les vrais problèmes de l'éducation
n'avaient pas pu être résolu : l'enseignant continuait toujours
à être mal payé, le taux d'analphabetisme reste toujours
elevé, le cas des sur-âges qui fréquentent les
établissements scolaires officiels reste toujours à la hausse, la
carte scolaire reste toujours très faible, les infrastructures scolaires
ne sont pas adaptées, le contenu de l'enseignement
véhiculé est obsolète et n'arrive pas à former de
hommes capables de concevoir une économie moderne. En plus de cela, les
enseignants continuent toujours à être mal formés, la
majorité de nos écoles continuent à ne pas avoir de
bibliothèques sans parler de laboratoire d'informatique alors que nous
sommes aujourd'hui à l'ère de l'informatique.
Malgré les tentatives de reforme le système
Educatif continue à conserver son caractère élitiste,
à agrandir le fossé de l'inégalité sociale.
L'enseignant reste le citoyen le plus mal payé dans l'administration
publique, il reste un incompri. Son métier ne garantit pas la
réussite dans la vie. Le système éducatif ne favorise pas
l'excellence, les promotions sont très rares, le métier
d'enseignant est méprisé au profit d'autres. L'Etudiant sortant
d'une école normale avec sa licence perçoit un salaire de
misère par rapport à un autre fonctionnaire dans l'administration
publique ayant même niveau de qualification. La pire des choses est qu'un
licencié de l'école normale se trouve sur le marché du
travail en compétition avec des gens qui n'ont aucune qualification
d'éducateur. Parfois, l'influence politique domine à un point tel
quelqu'un qui se trouve à la solde d'un leader politique influent
pourraît être admis à un poste de travail dont la
qualification et la compétence lui font totalement défaut. La
recherche est négligée, l'enseignement n'est pas planifié
en d'autres termes, les planifications, si elles existent, ne sont pas
sérieuses, elles sont sans cadre de référence.
L'enseignant continue à être toujours maltraité. Ce mauvais
traitement est manifesté par un salaire dérisoire, un
environnement de travail inappropriée et enfin par l'absence d'un
programme de logement sociaux. Très souvent il entre dans une
interminable question d'arriérés de salaries qui le conduit
parfois au découragement. Alors que pour ceux qui sont extérieur
au système ils le considérent comme un apatride parceque,
l'enseignant, dans ses prises de position peut ne pas continuer à
travailler et on le fouette avec la conscience professionnelle. Il est
considéré comme quelqu'un qui n'a pas de loyer à
payer*(*) qui n'a pas
d'enfant à envoyer à l'école, qui n'a pas de retraite
à préparer parce qu'on le paie toujours en retard. Avec un maigre
salaire, il doit payer les conséquences du jeu du marché. Quoi de
plus inhumain un enseignant peut travailler pour un minimum de 5 années
consécutives sans recevoir de salaires. Tous ces facteurs
démotivants s'accumulent et conduisent à un constat
d'échec. C'est à partir de ce constat que nous sommes en droit de
poser la question suivante : peut on parler d'une industrie rentable
c'est-à-dire une école rentable ?
Face à ce constat d'échec des tentatives de
réformes, la situation du système Educatif accusant un taux de
rendement très faible, un Plan National d'Éducation et de
Formation en instance de trépasser ne pouvant générer
aucun programme réel, les syndicats comme le GIEL, l'UNNOH, le CONEH la
FENATEC et la CNEH formés avec des gens avisés du pays se sont
sentis concernés par la degradation du système Educatif. Ils ont
formulé leurs révendications autour de ces problèmes que
nous venons de citer pour mettre l'Etat devant ses responsabilités
constitutionnelles pour stopper la dégringolade du système
Educatif qui implique l'intervention de nombreux acteurs. Cependant les
syndicats se trouvent confronter à des problèmes majeurs. Ils ne
sont pas vraiment présent dans le secteur privé de l'Education
alors que c'est un secteur qui est de taille il n'y a pas de
développement culturel du syndicalisme ce qui entraîne un
sous-développement qui handicape son développement. Les
intérêts que défendent les syndicats sont à
l'encontre de l'intérêt patronal surtout dans le domaine de
l'éducation par exemple les directeurs d'écoles borlettes ne font
pas un rapport de bon voisinage avec les syndicats car, ils identifient
l'école à un marché où le seul souci c'est le
profit à quelque soit le prix. Ils embauchent des gens qui ne sont pas
qualifiés et les paient de manière dérisoire d'ailleurs
dans l'embauchage il n'y a aucune instance de supervision et de contrôle.
Ainsi, ces gens profitent du mode d'organisation du système Educatif
pour mettre en place ces écoles qui ne sont autre qu'un aspect de la
démocratisation scolaire qui aboutit à la formation des cadres au
rabais. Il ne nous est pas étonnant car, notre travail nous a permi de
comprendre que dès la mise en place du système Educatif le
problème était bien visible.
Etant le produit de ce système nous croyons qu'il faut
sortir ce cercle vicieux. Pour en sortir, il faut doter le pays d'une profonde
reforme intellectuelle et morale, d'une révolution culturelle
susceptible de pousser les Haïtiens à utiliser leur intelligence.
Cette réforme, dans son contenu, doit mettre l'accent sur l'acquisition
par le jeune Haïtien d'une vaste culture générale
doublée de fortes connaissances scientifiques et d'un savoir faire
technique par le travail manuel ne saurait aller sans de nouvelles
méthodes pédagogiques conciliant le souci de développer
l'esprit critique et le besoin de connaissances chez l'élève. Il
faut qu'il y ait une volonté politique, celle de faire en sorte que les
intérêts de la communauté passent avant les
intérêts individuels et de ses alliés. Il faut rechercher
le développement intégral qui ne peut être obtenu que par
l'éducation.
La bataille pour le développement est une lutte
implacable où le facteur premier est la formation des hommes capables de
découvrir et d'inventer dans des conditions de libre discussion. Il faut
une large vision de l'éducation et préciser la finalité de
l'école haïtienne qui doit cesser de reproduire le taux
d'échec considérable. Il nous faut une éducation dans un
cadre Communautaire d'abord adaptée à notre réalité
et ensuite ouverte au monde extérieur.
A partir de l'analyse des différents documents
élaborés par les syndicats nous déduisons qu'ils ne sont
en réalité que des cris d'alarmes pour sauver l'école
haïtienne en périle. Compte tenu de la mission de l'Etat en
matière de l'Education garantie par la constitution du 29 Mars 1987,
nous pensons qu'il est plus qu'urgent d'agir sur le revenu des enseignants
d'établir un partenariat réel avec les syndicats, de faire
exister des moyens humains et financiers afin de partir à la
conquête de la rentabilité du système. Tels sont les points
essentiels qui ont guidé notre hypothèse de travail dans le cadre
du devoir de la puissance publique. Ainsi les efforts consentis par les
syndicats du secteur de l'Education sont donc louables, les conquêtes
sont partielles car la lutte syndicale est une lutte permanente.
Le présent travail nous a permis non seulement de
retracer l'histoire de l'Education et du syndicalisme en Haïti mais encore
de cerner les différentes actions syndicales et les retombées de
la lutte syndicale ce que nous appelons luttes et conquêtes du mouvement
syndical. Nous avons essayé de comprendre non seulement l'importance du
syndicalisme dans le secteur éducatif mais encore d'analyser les
manoeuvres des dirigeants de l'Etat pour ne pas construire un partenariat
réel avec les syndicats et ont préféré de chercher
à les décourager dans la lutte pour le renforcement de
l'Education en un mot toucher du doigt la plaie de l'Education.
Fort de ces constats et de ces considérations tant sur
l'Education et sur le syndicalisme nous proposons et recommandons.
1- la reforme du système Educatif haïtien en vue
de préciser la finalité de l'éducation axée sur le
développement socio-économique du pays.
2- La définition de l'enseignant tout en
précisant sa place et son rôle dans la société
3- La plaidoirie en faveur d'une véritable reforme du
système éducatif haïtien avec des objectifs clairement
définis
4- La prise en charge de l'Education par un Etat
coopératif pour établir un partenariat réel avec les
syndicats.
5- Le changement de stratégie de lutte des syndicats
toujours orientée dans le sens du développement du pays.
6- La création d'une plate-forme des syndicats
d'enseignants inscrite dans le cadre d'un combat permanent avec des
revendications à la fois quantitatives et qualitatives bien
élaborées dans le souci d'une renovation du système
éducatif haïtien et au renforcement du mouvement syndical.
7- Le respect intégral des Accords de 1997
signés entre l'Etat et les syndicats en vue d'inspirer la confiance,
base d'un partenariat réel.
8- La concertation dans les actions syndicales.
9- La mise en place d'un véritable plan National
d'Education qui sera la synthèse des idées de tous les fils et
filles de la nation pour une renovation du système Educatif dans la
perspective d'enrayer le sous-développement en d'autres termes
d'arrêter le développement du sous développement.
10- La dépolitisation de l'école
haïtienne.
11- La création et le fonctionnement des syndicats dans
le secteur privé de l'Education
12- La ratification et l'application de tous les accords et
conventions signés par l'Etat haïtien en matière
syndicale.
13- Le renforcement financier des organisations syndicales
dans le cadre du budget national.
14- La signature, la ratification et l'application de la
convention 135 du BIT de l'année 1971 sur l'immunite syndicale.
15- Le respect du droit et de la liberté syndicale.
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NOUVELLISTE No. 34983 22 Juin 1995. Les élections
du Mois de Juin 1993 Représentent-elles un enjeu de grande importance
pour les syndicats ?
NOUVELLISTE No. 35818 Du vendredi 15 au dimanche 17
Octobre 1999 pages écrits dans la rubrique `' Les remous de
l'actualité''
HAITI en Marche Edition du 26 Avril au 2 Mai 1995 Vol IX
No 11 Article paru sous la plume de Klébert Vielot intitulé `'
S.O.S pour l'éducation Nationale en Haïti.''
TEXTE du Protocole d'Accord entre les syndicats
enseignants et la Commission d'éducation du Sénat de la
République de 17 Janvier 1997
.
TEXTE du Protocole d'Accord signé entre les
syndicats d'enseignants et le gouvernement le 17 février 1997.
TEXTE de la déclaration d'Adhésion au
protocole d'Accord du 17 février 1997 en date du 22 Mai 1997 de la
chambre des députés.
TEXTE de l'addendum au Protocole d'Accord du 17
février 1997
TEXTE de la constitution du 29 Mars 1987
ORGANE de la Fédération des Ouvriers
Syndiques (FOS) : Force Ouvrière,
1986 Bulletin # 1,2,3.
ANNEXE 1
L'ASSURANCE DES AGENTS DE LA FONCTION PUBLIQUE: UNE
RETOMBÉE DE LA LUTTE DES SYNDICATS D'ENSEIGNANTS.
Comme nous l'avons déjà souligné, en
1997 la lutte des syndicats d'enseignants a marqué une avancée
considérable. Les différents points constituant les cahiers de
charges des syndicats d'enseignants sont puisés dans la
réalité haïtienne, dans le vécu quotidien.. Les
problèmes n'étaient pas différents d'un secteur à
un autre. Si sur la question des salaires la disparité a
été grande sur la question des avantages sociaux notamment
l'assurance, la situation était la même. Toutes les
catégories des fonctionnaires publics n'ont pas connu l'existence d'un
plan d'asssurance. Il a fallu attendre la lutte des syndicats d'enseignants
pour que l'État soit conscientisé et mette au profit de tous les
agents de la fonction publique un programme d'assurance. Celui-ci est effectif
depuis le 1er Janvier 1999; mais il n'a cessé d'engendrer des
difficultés de toutes sortes. Les prélèvements sont faits,
certes, à la source et mensuellement mais les
bénéficiaires n'ont pas vraiment reçu les services en
retour. Les compagnies d'assurances concernées repondaient au nom de:
Capital Life, INASSA et
IBASA.
Par ailleurs, la Commission Multipartite de Suivi et de
Contrôle (CMSC ) dont sa mission consistait à
suivre et à contrôler l'application des accords de 1997
qualifiés de « Patrimoine National de l'Education» selon le
nouvelliste, a publié son rapport dans lequel elle a
inséré le constat fait par les différentes
délégations envoyées dans les différentes
régions du pays ils sont les suivants (1)
1- Les compagnies d'Assurances ayant signé le contrat
avec l'Etat haïtien ne sont pas présentes sur le terrain. Elles
sont absentes dans les grandes villes, les petites villes, les communes et les
sections communales. Elles ne font que cumuler des millions de gourdes ou de
dollars sans avoir le moindre souci de donner un minimum de service aux
employés victimes de risques qui ont été couverts depuis
le 1er janvier 1999.
2- (1) Rapport final de la commission
multipartite de suivi et de contrôle octobre 1999 Pages
76-77
En dehors de l'absence de formation sur le comportement
à adopter quand ils sont assurés, les employés n'ont pas
les informations necessaires leur permettant de passer le cap
d'enrôlement. C'est cette situation qui explique qu'environ 90% des
prétendus assurés ne comprennent même pas ce plan.
Voilà pourquoi il est permis de dire que toutes les fiches
d'enrôlement sont viciées au départ et le sont à
dessein pour empêcher que les bénéfices soient repartis aux
employés qui seront frappés de risques de toutes sortes.
3- Le guide explicatif et les fiches d'enrôlement sont
partiellement distribués. Dans plusieurs départements et
plusieurs communes les enseignants s'en sont plaints amèrement.
4- Les responsables des bureaux administratifs
déclinent leurs responsabilités face aux nombreux cas
d'employés morts, malades, revoqués etc... ces derniers ne
connaissent même pas l'adresse des compagnies sus-citées.
5- Les huit ( 8) délégations ont visité
huit (8) départements scolaires. Aucun employé public
assuré ne detient la carte de l'assuré dans le cadre des contrats
passés entre l'État haïtien et les compagnies
sus-citées.
6- Les représentants des organisations d'enseignants
(le GIEL, le CONEH, l'UNNOH la
FENATEC et la CNEH ) s'en inqiuètent,
alors que les responsables du gouvernement ne prennent pas leurs
responsablilités.
7- Les enseignants ont envie de rejeter le plan d'assurance
parcequ'il est vicié au depart. Ils ont convenu de le remplacer par une
mutuelle de santé pour les enseignants.
8- Le secteur éducatif ( enseignants, parents,
éleves , directeurs, censeurs, inspecteurs et les associations
correspondantes ) est très intéressé à
contrôler entièrement l'exécution des projets concernant
les avantages sociaux ce, en vue de prendre des initiatives
économiques.
Cependant, les organisations syndicales n'ont cessé de
se plaindre et ont questionné d'une part la capacité de la
compagnie et les qualités de services qu'elle a offerte d'autres part. A
cet effet, elles ont produit des remarques qui ont été
partiellement prise en compte. Par exemple, le transfert de compagnie a
été fait mais la qualité de service n'a pas
amélioré. Car, les agents de la fonction publique sont en grande
majorité des gens de petites bourses plus particulièrement les
enseignants. Il est presqu'impossible pour eux de leur demander de payer un
médecin après la compagnie lui remboursera l'argent versé
alors que les agents n'épargnent presque pas et tandis que l'assurance a
été demandée pour permettre aux enseignants de
bénéficier, au besoin, avec la plus grande facilité, des
soins de santé. La compagnie s'est contentée de recevoir la
contribution mensuelle des assurés sans penser à améliorer
la qualité de ses services. Il est important d'attirer l'attention de la
compagnie « Groupe santé plus « sur ce-ci: les enseignants
sont les premières victimes de l'assurance.
Il est à noter que l'assurance collective rentre en
ligne droite dans la rubrique couverture sociale que l'Etat doit à la
population. Mais, c'est bien malheureux, que l'assurance concerne simplement
les agents de la fonction publique, un nombre très restreint par rapport
à une population très dense. Les syndicats d'enseignants ont
revendiqué et obtenu de l'assurance. Il faut crier bravo!.
Mais les irrégularités concernant l'assurance
sont trop grandes. Ainsi faut-il apporter les corrections necessaires à
l'assurance que les syndicats d'enseignants ne cessent de reclamer. Les agents
de la fonction publique dans d'autres secteurs sont concernés. Il
serait interessant s'ils accompagnent les syndicats d'enseignants à
cette lutte qui,à notre avis,fait avancer la société et
pourquoi pas de s'impliquer à cette lutte de manière à
demander à l'Etat de trouver une formule pour étendre un plan
d'assurance à toute la population.
TITRE IV
ANNEXE 2
LOI PORTANT CREATION DES SYNDICATS
Loi No 6 du Code du Travail haïtien
Art 225.-
Le droit des travailleurs de s'associer pour la
défense de leurs légitimes intérêts est garanti et
protégé par l'Etat dans le cadre de la loi.
L'Institution légale des Organisations syndicales est
d'ordre public.
Art 226.-
Est un syndicat toute association permanente
de travailleurs, d'employeurs ou de personnes exerçant une profession ou
une activité indépendante groupés exlusivement aux fins
d'études, de coordination, de défense et d'amélioration de
leurs communs intérêts économiques, sociaux et moraux.
Art 227.-
Tous les travailleurs ou patrons d'une même profession
ou de professions similaires ou connexes, d'une même entreprise ou
d'entreprises différentes, pourront s'associer librement pour la
défense de leurs intérêts communs, sans autorisation
préalable, à condition de remplir dans le délai
fixé, les formalités légales prévues dans le
présent Code.
Article 228.-
Nul ne peut être contraint de faire partie ou de ne pas
faire partie d'un syndicat. Toute clause ou convention contraire sera
considérée comme nulle de plein droit.
Article 229.-
Ne pourront faire partie d'un syndicat les mineurs de moins
de 18 ans, les interdits et les personnes purgeant une peine afflictive ou
infamante.
Ne pourront non plus être membres d'un syndicat
formé par les travailleurs d'une entreprise, les directeurs,
gérants, administrateur de cette entreprise et les représentants
du patron qui exercent en son nom des fonctions de direction et
d'administration.
Les organisations d'employeurs et de travailleurs
bénéficieront d'une protection adéquate contre tous actes
d'ingérence des unes à l'égard des autres.
Sont notamment assimilées à des actes
d'ingérence au sens du présent article des mesures tendant
à créer des organisations de travailleurs par des moyens
financiers ou autrement, dans le dessein de placer ces organisations sous le
contrôle d'un employeur ou d'une organisation d'employeurs.
Tout employeur ou organisation d'employeurs ou de
travailleurs reconnu coupable d'actes d'ingérence tels que
définis par ce présent article, sera passible d'une amende de
1.000 à 3.000 gdes à prononcer par le Tribunal de Travail.
Article 230.-
Aucun syndicat de travailleurs ne pourra se constituer avec
moins de 10 membres.
Article 231.-
Aucun syndicat d'employeurs ne pourra se constituer avec
moins de 5 membres.
Article 232.-
Pour que les syndicats soient considérés comme
légalement constitués, ils devront se conformer aux dispositions
du présent chapitre et se faire enregistrer à la Direction du
travail dans un délai de 60 jours ouvrables à partir de leur
constitution. La demande d'enregistrement du syndicat sera faite sur papier
libre et devra être accompagnée de deux copies de ses statuts, de
son acte constitutif, de la liste des membres du Comité. Directeur,
ainsi que du procès-verbal de l'élection des membres de ce
Comité.
Article 233.-
Les mineurs de moins de 18 ans peuvent adhérer aux
syndicats avec l'autorisation de leurs parents ou des personnes responsables.
Cependant, ils ne peuvent participer à l'administration ou à la
Direction de ces Associations.
Article 234.-
Les syndicats légalement enregistrés jouiront
de la personnalité civile. Ils auront le droit d'ester en justice,
d'acquérir ou de vendre des biens meubles et immeubles et d'exercer tous
les droits inhérents à la possession de cette
personnalité.
Article 235.-
Les syndicats peuvent affecter une partie de leurs ressources
à la création d'habitation à bon marché, à
l'acquisition de terrains pour jardins ouvriers, centres d'hygiène,
centres de perfectionnement, journaux, revues, postes de radiodiffusion.
Ils peuvent librement créer et administrer des caisses
de secours ouvrier, des bureaux de renseignements pour les offres et les
demandes d'emploi, fonder et subventionner des activités telles
que : Centres de formation classique et professionnelle, institutions de
prévoyance, mutualités, coopératives, laboratoires,
oeuvres d `éducation scientifique, agricole ou sociale, cours et
publications intéressant la profession, groupements de
développement communautaire, centres d'artisanat, programmes de
logements sociaux, centres de loisirs culturels, sportifs ou
éducatifs.
Article 236.-
Les syndicats sont répartis en quatre
catégories :
a) Les " syndicats professionnels "
quand ils sont formés d'individu exerçant une même
profession, un même métier ou une même
spécialité
b) Les " syndicats d'Entreprise "
lorsqu'ils sont formés par des personnes de professions,
spécialités ou métiers différents occupées
dans une même entreprise :
c) Les " syndicats Industriels "
lorsqu'ils sont formés par des individus de professions,
spécialité ou métiers différents occupés
dans plusieurs entreprises de même nature :
d) Les " syndicats Mixtes " ou
d'Emplois divers lorsqu'ils sont formés par des travailleurs appartenant
à des professions et branches d'activités différentes et
sans connexion. De tels syndicats pourront se constituer seulement dans le cas
où dans une localité ou une région
déterminée, le nombre de travailleurs appartenant à la
même branche professionnelle n'atteint pas le minimum légal.
Article 237.-
Quiconque exercera une occupation ou profession dans une
localité où il n'existe pas de syndicats pour une occupation ou
profession similaire ou connexe à la sienne pourra s'affilier au
syndicat de la même profession ou profession similaire ou connexe
existant dans la localité la plus proche.
Article 238.-
Les statuts des syndicats
indiqueront :
a) leur dénomination distinctive et leur
objet ;
b) leur siège ;
c) les conditions d'admission de leurs membres ;
d) les obligations de leur comité directeur et des
délégués qui auront à les représenter
auprès des organismes officiels ou patronaux ;
e) le mode d'élection de leur comité-Directeur
et des délégués qui auront à les représenter
auprès des organismes officiels et patronaux ; de même que la
procédure à suivre pour le remplacement en cours de mandat d'un
ou des membres du dit comité ;
f) les motifs et procédures d'expulsion et les
sanctions disciplinaires contre leurs membres ;
g) la fréquence minimum des réunions ordinaires
de l'Assemblée Générale et le mode de
convocation ;
h) la forme de paiement des cotisations, leur montant, le mode
de perception et les membres ou organismes auxquels incombe leur
gestion ;
i) l'époque de la présentation des comptes
à l'Assemblée Générale avec les détails des
recettes et des dépenses des fonds ;
j) les cas pour lesquels la dissolution volontaire du syndicat
est prévue et les modalités de la liquidation ;
k) toutes autres stipulations qui seront jugées
nécessaires.
Article 239.-
Pour être membre du Comité Directeur d'un
syndicat il faut :
a) être citoyen haïtien ;
b) être majeur ;
c) savoir lire et écrire ;
d) n'être pas sous le coup d'une peine afflictive ou
infamante.
Article 240.-
Le Comité Directeur exercera la représentation
légale du syndicat et pourra la déléguer à son
président ou à son Secrétaire Général ou
à tout autre membre du Comité. Il sera responsable envers le
syndicat et envers les tiers dans les mêmes conditions que les
mandataires de droit commun. Cette responsabilité sera solidaire entre
les membres du Comité Directeur. Néanmoins, échappe
à cette responsabilité, le membre qui aura émis vote de
minorité et l'aura fait constater sur le registre des
procès-verbaux.
Les obligations civiles contractées par le
Comité Directeur d'un syndicat lient celui-ci à condition qu'il
ait agi dans les limites de sa compétence.
Article 241.-
Les syndicats ont l'obligation :
a) de tenir des registres de procès-verbaux,
d'inscription des membres et des livres de comptabilité ;
b) d'informer la Direction du Travail dans les quinze jours
suivant l'élection, des changements survenus dans la composition du
comité directeur ;
c) d'informer dans le même délai, la Direction du
Travail de toutes modifications apportées aux statuts par
l'Assemblée Générale ;
d) d'informer chaque année la Direction du Travail du
nombre des membres inscrits au syndicat ;
e) de maintenir une représentation permanente par la
désignation d'un délégué au moins, pour leurs
relations avec les patrons et avec la Direction du Travail.
Article 242.-
Il est interdit à tout
Syndicat :
a) d'user de violence manifeste contre des personnes pour les
obliger à adhérer au syndicat ou pour entraver leur travail
licite ;
b) d'inciter ou se livrer à des actes délictueux
contre les biens ;
c) de fournir intentionnellement de fausses informations
à la Direction du Travail ;
d) de se livrer à des activités commerciales et
de s'occuper de questions étrangères à son objet.
Lorsqu'un syndicat est reconnu coupable de l'un des
délits prévus précédemment, le Ministère des
Affaires Sociales pourra, après enquête contradictoire, s'adresser
au Tribunal de Travail pour les sanctions à prendre contre ce syndicat.
Toutefois, les enquêtes requises par le Ministère des Affaires
Sociales ne pourront porter que sur les activités syndicales concernant
l'application des dispositions légales relatives au fonctionnement des
syndicats.
Article 243.-
Seront nuls, les actes accomplis par le syndicat après
sa dissolution à moins que ces actes ne concernent sa liquidation.
Article 244.-
En cas de dissolution d'un syndicat, son actif servira aux
fins prévues dans les statuts, mais en aucun cas ne sera réparti
entre les membres. A défaut de dispositions spéciales des statuts
l'actif sera versé à la fédération à
laquelle appartient ce syndicat. S'il n'est pas fédéré,
son actif sera versé à une oeuvre sociale de son choix et le
reçu enregistré sera déposé à la Direction
du travail.
Article 245.-
Plusieurs syndicats de même catégorie pourront
fusionner pour former un nouveau syndicat.
Article 246.-
Plusieurs syndicats pourront former une
fédération et plusieurs fédérations pourront former
une confédération. Les fédérations et
confédérations seront régies par les dispositions du
présent chapitre en tant qu'elles leur sont applicables.
Article 247.-
Les fédérations et confédérations
doivent communiquer à la Direction du Travail :
a) leur acte constitutif et leurs statuts. Dans ces statuts,
ils devront déterminer les conditions d'adhésion et la forme dans
laquelle les syndicats qui les composent seront représentés aux
assemblées générales ;
b) la liste complète des syndicats adhérents
avec leur dénomination propre et la désignation de leur
siège ;
c) les noms de personnes composant leur Comité
Directeur.
Article 248.-
Tout syndicat affilié à une
fédération et toute fédération affilié
à une confédération pourra s'en retirer à n'importe
quel moment pourvu que la majorité de ses membres en ait ainsi
décidé. Toutes dispositions contraires qui seraient
stipulées dans les statuts, seront considérées comme
nulles de plein droit.
Article 249.-
Aucun syndicat ou fédération de syndicats ne
pourra décréter la grève ou la suspension du travail de
ses membres à moins qu'il ne s'agisse :
a) d'une grève légale, c'est-à-dire
conforme aux prescriptions du présent Code :
b) d'appuyer des grèves légales
déclarées par d'autres syndicats et fédérations
Article 250.-
Tout syndicat, toute fédération ou
confédération de syndicats devra être assisté d'un
Conseiller Juridique, celui-ci ne pourra en même temps représenter
une organisation patronale et un syndicat, fédération,
confédération en conflit. Il peut faire partie des
délégations.
Article 251.-
Tout employeur qui, pour empêcher un salarié de
s'affilier à un syndicat, d'organiser une association syndicale ou
d'exercer ses droits de syndiqués, le congédiera ou le suspendra,
le rétrogradera ou réduira son salaire, sera passible d'une
amende de 1.000 à 3.000 gdes à prononcer par le Tribunal de
Travail, sans préjudice de la réparation à laquelle le
salarié aura droit.
Article 252.-
Les sanctions prononcées par les syndicats contre leurs
membres seront l'amende, la suspension ou la radiation.
Article 253.-
Le syndicat, la fédération ou la
confédération qui ne se sera pas conformé aux
prescriptions du présent Code, sera passible, après avertissement
écrit de la Direction du Travail et notifié avec avis de
réception, d'une amende de 200 à 500 gourdes chaque infraction
sur jugement prononcé par le Tribunal de Travail, cela à
l'expiration d'un délai de quinze jours francs après l'envoi de
cet avertissement.
ANNEXE 3
LISTE DES ABREVIATIONS UTILISÉES
MENJS : Ministère de l'Education Nationale de la
Jeunesse et des Sports
MAS : Ministère des Affaires Sociales
CINEC : Centre Intégré de Nutrition
d'Éducation Communautaire
CEP : Certificat d'Étude Primaire
CARE : Committee for American Relief Every where
UNICEF : United Nation Children's Fund
FONHEP : Fondation Haïtienne de l'Enseignement
Privé
INFP : Institut National de Formation
Professionnelle
CP1 & CP2 : Cours
Préparatoire I & II
CE1 & CE2 : Cours
Élémentaire I & II
CM1 & CM2 : Cours Moyen I &
II
UEH : Université d'État d'Haïti
ONG : Organisation non Gouvernementale
ENI : École Normale d'Instituteurs
ENS : École Normale Supérieure
INAGHEI : Institut National d'Administration de Gestion et
de Hautes Études
Internationales
DPCE : Direction de la Planification et de la
Coopération Externe /
(MENJS)
PNEF : Plan National d'Éducation et de
Formation
IERAH : Institut d'Études et de Recherches Africaine
d'Haïti
MEN : Ministère de l'Education Nationale
UNESCO : United Nations Educational Scientific, and Cultural
Organization
FLA : Faculté Linguistique Appliquée
OEA : Organisation des Etats Américains
ANEH : Association Nationale des Enseignants
Haïtiens
ASPEH : Association Solidarité des Parents des
Elèves Haïtiens
CMSC : Commission Multipartite de Suivi et le
Contrôle
FTH : Fédération des Travailleurs
Haïtiens
MOP : Mouvement Ouvrier Paysan
UNOH : Union Nationale des Ouvriers Haïtiens
GSI : Groupe des Syndicats Indépendants
UIH : Union Intersyndical d'Haïti
FHSC : Fédération Haïtienne des
Syndicats Chrétiens
FOP : Fédération Ouvrière
Paysanne
CNG : Conseil National de Gouvernement
HASCO : Haytian Sugar Company
CNEH : Confédération Nationale des
Éducateurs d'Haïti
FOS : Fédération des Ouvriers
Syndiqués
CATH : Centrale Autonome Travailleurs Haïtiens
CATH/CLAT : Centrale Autonome de Travailleurs Haïtien
/Centrale Latino-
Américaine des
Travailleurs
CSH : Coordination Syndicale Haïtienne
PCH : Parti Communiste Haïtien
PSH : Parti Socialiste Haïtien
ACO : Action Catholique Ouvrière
UNMES : Union Nationale des Maîtres de l'Enseignement
du Secondaire
CGT : Confédération Générale
des Travailleurs Haïtiens
OGITH : Organisation Générale
Indépendante des Travailleurs Haïtiens
BIT : Bureau International du Travail
ZEL : Zafé Elev Lekol
UNNOH : Union Nationale des Normaliens d'Haïti
CONEH : Corps National des Enseignants d'Haïti
GIEL : Groupe d'Initiative des Enseignants de
Lycée
FENATEC : Fédération Nationale des
Travailleurs en Éducation et en Culture
Table des Matières
Page
Remerciements
.............................................................................
2
Sujet
........................................................................................
4
Méthodologie
..............................................................................
5
Les raisons du choix du sujet
........................................................... 6
La
problèmatique..........................................................................
7
Hypothèse de départ
..................................................................... 13
Hypothèses secondaires
................................................................. 14
Objectif principal
........................................................................
14
Objectifs Spécifiques
.................................................................... 14
L'état de la question
..................................................................... 14
L'aire du sujet....
......................................................................... 15
Période de
l`étude.........................................................................
15
Plan de l'étude...
..........................................................................
15
PREMIERE PARTIE :
DE LA DÉFINITION DE QUELQUES CONCEPTS SUR LE
SYNDICALISME ET DE L'EDUCATION EN HAÏTI : SON
HISTOIRE ET SA RENTABILITÉ ........................16
Chapitre 1
Définition de quelques
Concepts..............................................17
Section 1 : DÉFINITION
CONCEPTUELLE DU SYNDICALISME ..........................17
Chapitre 2
Bref historique du système Educatif
haïtien................................ 27
Section 1 : ANALYSE STATIQUE DU
SYSTÈME EDUCATIF HAÏTIEN.................... 29
1-1: Objectifs généraux
......................................................... 32
1-2: Les Structures par ordre
d'enseignement...................................34
1-2-1: L'Education pré-
scolaire...............................................35
1-2-2: L'Ecole
Fondamentale..........................................................36
1-2-3: L'Enseignement
secondaire....................................................37
1-2-4: L'Enseignement
supérieur......................................................37
1-3: Evolution des effectifs des 4 ordres
d'enseignements............. 40
1-3-1: L'Eseignement
pré-scolaire.............................................40
1-3-2: L'Eseignement
primaire........................................................ 41
1-3-2: L'Eseignement
secondaire..................................................... 43
1-3-3: L'Enseignement Technique
professionnel.................................... 43
1-3-4: L'Enseignement
supérieur...............................................44
1-4: Le Phénomène des
Sur-Ages........................................... 46
1-5: Accroissement du nombre
d'écoles.................................... 47
1-5-1: L'Eseignement
pré-scolaire.............................................48
1-5-2: L'Eseignement
primaire........................................................48
1-5-3: L'Eseignement
secondaire.....................................................50
1-5-4: L'Enseignement
supérieur......................................................51
1-6: Evolution du nombre de
maîtres........................................52
1-6-1: Au niveau du
pré-scolaire.............................................. 52
1-6-2: Au niveau du
primaire......................................................... 53
1-6-3: Au niveau du
secondaire.......................................................54
1-6-4: Au niveau de l'enseignement Technique et
professionnel.................55
1-6-5: Au niveau de l'enseignement
supérieur..................................... 56
Section 2 : ETUDE DU RENDEMENT DU
SYSTÈME ÉDUCATIF HAÏTIEN.................57
2-1: Le rendement de l'enseignement
pré-scolaire..........................57
2-2: Le rendement de l'enseignement
fondamental.............................. 57
2-2-1: Analyse de l'efficacité interne du
primaire......................... 58
2-2-2: L'examen du certificat d'études
primaire....................................60
2-3: Le rendement de l'enseignement
Secondaire.......................... 60
2-3-1: Analyse de l'efficacité interne du
secondaire............................. 62
2-3-2: L'Examen du
Baccalauréat................................................... 62
2-4: Le rendement de l'enseignement Technique et
professionnel.... 64
2-5: Le rendement de l'enseignement
supérieur.......................... 64
Chapitre 3
Le système Educatif haïtien : Une industrie non
rentable................ 65
Section 1 : LES FACTEURS QUI ONT
LIMITÉ DE DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME EDUCATIF
HAÏTIEN...............................................................65
1-1: L' absence de politique éducative
..................................... 65
1-2: La faiblesse de la carte
scolaire................................................ 66
1-3: L'inadaptation du contenu de
l'enseignement........................ 69
1-4: Le manque de matériel pédagogique
....................................71
1-5: La faible qualification des maîtres.
...........................................72
DEUXIEME PARTIE
LA RECHERCHE DES SOLUTIONS AUX PROBLÈMES DE
L'ÉDUCATION PAR LE MOUVEMENT SYNDICAL
HAÏTIEN.........................................................75
Chapitre 4
Bref historique du mouvement syndical
haïtien........................................76
Section 1 : LES ÉTAPES
MARQUANTES DE L'ÉVOLUTION DU MOUVEMENT SYNDICAL HAÏTIEN
.....................................................................................76
1-1: Les débuts du
mouvement....................................................... 80
1-2: Le mouvement syndical à partir de 1946 :
son évolution.................. 81
1-2-1: Le mouvement de
1946-1950...................................................81
1-2-2: Le mouvement de
1950-1958...................................................83
1-2-3: Le mouvement de
1958-1963...................................................84
1-2-4: Le mouvement de
1963-1985...................................................85
1-2-5: Le mouvement de
1986-1995...................................................85
Section 2 : LES DIFFICULTÉS
INTERNES ET EXTERNES ............................ .. 86
2-1: Le déclin du
mouvement............................................................89
2-2: La renaissance du
mouvement............................................. 90
2-3: L'Adoption d'une nouvelle forme de lutte
............................ 92
Chapitre 5
La lutte syndicale dans le secteur
éducatif.................................94
Section 1 :LES ÉTAPES
MARQUANTES DE L'ÉVOLUTION DU MOUVEMENT
SYNDICAL.....................................................................................94
1-1: Les différents syndicats du secteur
Educatif..................................95
1-2: Origine objectif et évolution de cette
lutte.............................96
1-3: Les Syndicats du secteur éducatifs : les
mêmes combats.............99
1-3-1: Des
révendications...........................................................99
Section 2 : LES RETOMBÉES DE
LA LUTTE SYNDICALE DANS LE SECTEUR........100
2-1: L'Ajustement salarial de
1995................................................. 101
2-2: Les Accords de
1997........................................................101
2-2-1: Le protocole d'Accord du 17 Janvier
1997.........................102
2-2-2: Le protocole d'Accord du 17 Fevrier
1997........................ 102
2-2-3: L'Addendum au protocole d'Accord du 17
février 1997................105
Section 3 : LE COMPORTEMENT DU
GOUVERNEMENT FACE AUX RETOMBÉES DE LA LUTTE SYNDICALE DANS LE SECTEUR
EDUCATIF........................ 108
3-1: La prise en compte de la revendication des
Enseignants.................. 109
3-2: Les engagements non
respectés.......................................... 110
3-3: Les tentatives de corruption et
récupération du mouvement......111
Conclusion et
Recommandations.....................................................113
LES
ANNEXES................................................................121
Annexe 1: l'assurance des agents de la fonction publique : une
retombée de la lutte des syndicats
d'enseignants..................................122
Annexe 2: Loi N° 6 du code du travail Haïtien
portant creation des
syndicats..................................................................125
Annexe 3: Liste des abréviations
utilisées......................................133
* (1) En
référence à l'article 35-3 de la constitution
Haïtienne du 29 Mars 1987 qui garantit la liberté syndicale.
* (1) TARDIEU
Déhoux Charles : l'Éducation en Haïti de la
période coloniale à nos jours P89.
* (#) Ecoles qui fonctionnnent
sans le respect des principes établis.
(*) H. De Ronceray 1971.
(1)Cité par TARDIEU D. Charles in l'Education
en Haïti de la période coloniale à nos jours (1980). P
44.
* (1) Constitution du 29 Mars
1987: Art. 32 et suivant.
* (1) Léon Diguit : Traité
de droit constitutionnel, 3ème ed, Paris 1927, Tl P664. Cité par
Pierre Rosanvallon in la question syndicale, France 1988, P103.
(1) Cité par Jean Chenier Gourdet in le
syndicat haïtien -son histoire et son regime P9
(2) PIERRE. Rosanvallon : Question syndicale. France
1988. P 103
* (3) Alain Touraine : La parole
et le Sang. Politique et Société en Amérique Latine,
Édition Odile Jacob. 1988, PP. 282-283.
* (1) Guy Caire : les syndicats
ouvriers PUF. 1971. P 19
* (2) Citée par Guy
Caire in les syndicats ouvriers Op. Cit. P19
(3) Citée par Georges Lefranc in le
syndicalisme en France PUF, 1964; P33
* (1) E. Outkin : Qu'est ce que
les syndicats, ed du Progrès Moscou 1988; PP 31-40.
* (1) E. Outkin dans:
Qu'est-ce les syndicats, ed du progrès Moscou, 1988, P 11; René
Mouriaux : Syndicalisme et politique, ed ouvrières, Paris 1985.
(2) Les auteurs cités : Dictionnaire de
Sociologie P 230.
(3) Les auteurs cités: Dictionnaire de la
science politique et des institutions politiques, 3ème
édition P125
* (1) V. Lenine: oeuvres T 32,
P12. Cité par E. outkin: Qu'est-ce que les syndicats? Op. Cit P93
* (2) Jean
Frédéric Salès: Code du travail de la République
d'Haïti Art 226, P114.
(3) Guy Caire: Les Syndicats ouvriers op. Cit P19
* (4) Cité par Guy
Caire : les syndicats ouvriers Op. Cit. P 17
* (1) Cité par Guy Caire
: Les syndicats ouvriers, PUF, 1971, P. 12
(2) Cité par Guy Caire : les syndicats
ouvriers, Op. Cit P. 459
(3) Cité par Guy Caire : les syndicats ouvriers
Op. Cit. P 501
(4) Jean Michel Morin : Précis de sociologie
P44
*
* (1) Guy Caire : Les Syndicats
ouvriers, Puf, 1971 P 519
* (2) Jacques Dumornay :
comment Gerer la Fonction Publique P125
(3) Jean Frédéric Salès : Code du
travail de la République d'Haïti P 108
(4) Alain Touraine dans la Parole et le Sang,
politique et société en Latine P284
(5) ) Jacques Dumornay : comment Gerer
la Fonction Publique P125
*
* (1) Fournier :
solidarité Inc. un nouveau syndicalisme créateur d'emplois
édition Québec P 21
(2) Les conventions sont généralement
désignés comme des Accords conclus entre salariés et
employeurs pour
règler les conditions de travail.
(3) BIT : la négociation collective Manuel
d'Éducation ouvrière P95
(4) Rene Mouriaux : le syndicalisme dans le monde,
PUF, P128
(5) Cité par Pierre Rosanvallon in la question
syndicale ed caleman - Levy, France 1998, P103
*
* (1) Diagnostic technique du
système Educatif Haïtien P 65
* La première organisation qui
porte le nom de syndicat créée le 24 Mars 1903 sous le
Gouvernement de Nord Alexis et qui regroupait 46 ouvriers.
* (1)- Michel, Hector :
Syndicalisme et Socialisme en Haïti op. Cit. P140.
* (1). Michel, Hector :
Syndicalisme et Socialisme en Haïti op. Cit P 97.
* (1) Guy Caire : Les Syndicats
Ouvriers, PUF 1971, P 39
* (1) - Constitution
Haïtienne du 29 Mars 1987 : Art 35-3; P17
* *- On parlait de syndicat
jaune à l'époque pour identifier tout syndicat
considéré comme obstacle à la lutte ou du moins tout
syndicat qui se rangeait du côté du patron.
* (1)- Nouvelliste # 35668 du
10 Mars 1999.
* * Ce paragraphe fait suite au
PNEF qui parle d'un nombre d'enseignant du secondaire sans les qualifications
professionnelles requises.
* (1) L'Éduquer : Magazine
Trimestriel du CONEH. P13
* (1) Cité par TARDIEU
D. Charles : Op. Cit P 91.
* (1) TARDIEU D. Charles : Op.
Cit P 39.
* * aucun programme de
logements sociaux n'est mis à la disposition des enseignants
constitués, dans sa grande majorité, des gens de petites
bourses.