INTRODUCTION GENERALE
0.1.
Problématique
De nos jours, il est nécessaire de noter que la roue
de l'histoire ne cesse de tourner et celle-ci semble nous ramener vers le
stade du départ. Car les mêmes événements s'en vont
et reviennent (évidemment lorsque cette roue cessera de tourner, ce sera
la fin de l'histoire de notre humanité). Dans cette perspective, notons
que la situation politique du monde présent, sans être parfaite,
connait parfois des moments sombres. Il suffit, pour s'en convaincre, de jeter
un coup d'oeil critique sur l'histoire de notre humanité pour
constater avec regret les désastres politiques enregistrés ici et
là. Certains exemples sont éloquents à ce propos :
opposition entre deux partis rivaux ; revendication d'un même
siège par deux prétendants ; alliance entre deux partis
extrémistes réputés comme frères ennemis ;
revendications de certains groupes pour un retour vers la nature à cause
des dégâts innombrables dû à la mauvaise gestion du
patrimoine naturel, etc. Il est sûr que tous ces événements
constituent des faits habituels.
Face à toutes ces situations politiques, chaque
gouvernant essaye de trouver des solutions par divers moyens : les uns
cherchent à maintenir la concorde intérieure et extérieure
par la force ou la répression armée ; les autres cependant,
s'évertuent à employer des moyens diplomatiques par des
traités tout en hypothéquant certains patrimoines de leur pays;
d'autres encore, en menant une répression armée, laissent en
même temps libre cours à une négociation diplomatique.
Eu égard à ce qui précède, surgit
une question lancinante : qu'est-ce que la politique ?
0.2.
Choix et intérêt du sujet
Par son caractère toujours actuel, nous jugeons
important et judicieux de focaliser notre attention sur l'essence de la
politique. En effet, il est important de saisir le but spécifique du
politique et ses moyens d'agir pour en donner une définition claire,
juste et conséquente. C'est dans cette logique qu'il convient de
comprendre la préoccupation du philosophe français Julien Freund
qui, par ses écrits, fait une étude objective et réaliste
de la politique.
Cette réflexion s'avère donc indispensable, car
la politique réglemente la vie en société. Il est
dès lors impérieux de reconnaître qu'une vraie connaissance
de cette matière nous conduira à une vision objective de l'action
sociale.
0.3.
Méthode et difficulté
En clair, dans notre réflexion, nous ferons une
interprétation analytique de la conception politique de Julien Freund
à travers son livre intitulé Qu'est-ce que la
politique ? Notre méthode se veut
analytico-herméneutique.
Cependant, une difficulté liée au manque
suffisant des commentateurs de notre auteur dans notre bibliothèque de
la place mérite bien d'être signalée. En dépit de
cela, notre travail est resté fidèle à la pensée de
l'auteur.
0.4.
Subdivision du travail
Cette réflexion sur l'essence de la politique chez J.
FREUND se subdivise en deux chapitres. Dans le premier, nous allons
réfléchir sur le niveau téléologique dans la
finalité du politique. C'est l'analyse du but spécifique du
politique qui constituera l'ossature de ce chapitre.
Dans le deuxième chapitre, nous traiterons du niveau
technologique et eschatologique dans la finalité du politique. Il
s'agira donc de montrer que le but spécifique du politique ne se
réalise que dans les objectifs concrets qui tendent vers les fins
ultimes de la vie humaine. Après l'analyse de tous ces différents
aspects, nous proposerons une définition de la politique.
PREMIER
CHAPITRE : LE NIVEAU TELEOLOGIQUE DANS LA FINALITE DU POLITIQUE
I.0.
Introduction
L'homme se réalise dans les diverses activités
qui jalonnent sa vie quotidienne en société. Certes, toutes ces
activités ne concourent pas à la même finalité.
C'est le cas de la politique entendue comme l'une des activités de
l'homme. Au cours de ce chapitre, en effet, nous aborderons la
problématique du bien commun comme but spécifique du politique.
Nous analyserons tour à tour la sécurité et la
prospérité comme éléments constituants du bien
commun. Enfin, interviendra une conclusion. Tout ceci constituera le socle de
notre premier chapitre.
I.1. Le
niveau téléologique de l'action politique (Le bien commun)
I.1.1.Approche définitionnelle
De prime abord, il est indispensable d'expliciter ce qu'on
entend par niveau téléologique pour mieux saisir sa portée
dans notre travail. En effet, selon le vocabulaire technique et critique
de la philosophie d'André LALANDE, la téléologie
désigne l'étude de la finalité en un sens quelconque de ce
mot1(*) ; et la
finalité renvoie au « fait de tendre à un but ;
adaptation de moyens à fins »2(*). Dans ce sens, le niveau téléologique
est celui qui détermine le but spécifique du politique.3(*) Qu'en est-il alors de ce
but ?
I.1.2.
Le bien commun
A ce sujet, notons qu'il est très rare de compter en
grand nombre des actions totalement désintéressées. Car,
toute action semble s'orienter vers un intérêt quelconque. Cette
conception illustre bien le début de l'Ethique à
Nicomaque d'Aristote en ces termes : « tout art, toute
discipline scientifique, et il en va de même de l'action et de
l'intention morale, tendent, de l'aveu de tous, vers quelque
bien »4(*). Dans
cette même perspective, J. Freund estime que l'homme agit toujours en vue
d'un bien, d'un intérêt5(*). Aussi multiples que sont les activités de
l'homme, multiples aussi sont leurs fins. La politique, comme activité
de l'homme sur les autres hommes, est en droit d'avoir un but spécifique
qui la distingue des autres activités de la vie humaine telles que
l'économie, la religion, l'art, etc....il s'agit d'un but qui doit
rester inchangé quel que soit le lieu, le temps, le moment de son
application. Ainsi, le but spécifique du politique se détermine
par rapport à la volonté d'une unité politique à
assurer et à conserver sa probité et son autonomie dans la
concorde intérieure et la sécurité extérieure.
C'est ce que Julien Freund appelle « le sens d'une
collectivité ».6(*) A ce niveau, une question s'avère
indispensable : quel est le but spécifique du politique ?
Selon le professeur NGOMA PHOBA RINGO : « tous
les auteurs s'accordent pour dire que le but propre du politique est le bien
commun »7(*). De
son côté J. Freund paraît très prudent et commence
par régler la difficulté due à l'imprécision de la
terminologie dans la dénomination du but spécifique du politique.
Selon son appréhension, les expressions varient suivant les
époques et l'orientation politique des philosophes. Ce fait se remarque
à travers une esquisse relevée dans la pensée de certains
philosophes :
Dans la tradition scolastique, Saint Thomas d'Aquin, parle du
« bien commun »8(*). Dans son ouvrage `'Du contrat
social'', J. Jacques Rousseau assigne comme but spécifique au
politique « l'intérêt commun »9(*) ; chez T. Hobbes, la notion
du « salus populi » (salut publique ou salut du peuple) est
présentée comme but spécifique de l'activité
politique10(*). Hegel,
quant à lui, trouve dans le « bien de
l'état », le but spécifique du politique11(*). Jean DABIN, contrairement aux
autres, rejette le concept du bien commun et, opte pour celui de
« bien public temporel »12(*). En fait, cette panoplie des termes rejoint la
position de Julien Freund signalée ci-haut concernant la
détermination du bien commun. La diversité de ce dernier semble
en effet dépendre de plusieurs paramètres. Toutefois, toutes ces
dénominations renvoient à une seule et même
réalité : le bien de toute la collectivité. Leurs
différences, à en croire J. Freund, ne résident que sur
des détails ; car, tous ces termes ne respectent qu'une seule et
même intentionnalité propre du politique qui, selon NGOMA PHOBA
RINGO, consiste à : « rendre l'homme heureux, libre, lui
assurer le bien-vivre »13(*).
C'est dans ce fil d'idées que J. Freund choisit les
termes de bien commun et de bien public comme pour désigner le but
spécifique du politique. Il ne tient nullement compte des rapports avec
tous les autres termes. En clair, sa démarche est comparable à
celle de T. Hobbes ou de Machiavel14(*). Celui-ci ne fait intervenir aucun
élément extra politique dans la détermination du but
spécifique du politique. Notons que T. Hobbes résume le bien
commun en deux points, à savoir la sécurité du peuple
et toutes les satisfactions de la vie15(*). J. Freund s'inscrit dans cette perspective ; de
ce fait, il distingue la sécurité de la prospérité.
Ceci nous conduit à l'analyse du premier aspect du bien commun : la
sécurité extérieure.
I.1.2.1. La sécurité extérieure
L'un des aspects du bien commun, répétons-le,
est pour J. Freund la sécurité extérieure. Celle-ci
demeure conditionnée par le présupposé de l'ami et de
l'ennemi16(*). Ce qui veut
dire qu'on ne peut parler de sécurité extérieure sans
connaître au préalable ses amis et ses ennemis. Or, l'histoire
nous enseigne que l'aspect négatif a souvent emporté sur le
positif par la force des choses. C'est pourquoi, nous commençons notre
analyse par le présupposé de l'ennemi.
Par rapport au présupposé de l'ennemi, il sied
de noter qu'il ne peut avoir de paix dans une nation ou dans un Etat sans
l'existence d'un ennemi quelconque ; il s'agit là de l'aspect
négatif de la sécurité. En effet, la notion de paix
renvoie ipso facto à celle d'un ennemi. D'ailleurs la sagesse populaire
ne déclare-t-elle pas que celui qui veut la paix, prépare la
guerre ? Car nier l'ennemi nous conduit à l'irénisme (du
grec Eirèné : la paix. D'après Wikipedia, selon le
sens politique, l'irénisme est une vision politique d'un
enchaînement d'événements lisses, sans accroc et sans
conflit. Plus largement, dans un contexte politique, l'irénisme consiste
à vouloir concilier des idéologies qui le sont
difficilement) 17(*) , qui
selon J. Freund est contraire à l'essence du politique ; car ce mot
suppose une politique sans inimitié, sans antagonisme d'opinions. Ce qui
serait selon l'auteur de Qu'est ce que la politique ? non pas la
paix, mais une falsification, un mensonge.18(*) En effet, l'aspect négatif de la
sécurité peut se comprendre sous trois différents
aspects : l'action militaire, la négociation et l'alliance. Cette
dernière réunit en son sein les deux premiers aspects.
Ø L'action militaire
Point n'est besoin de rappeler que c'est dans le souci de
sécurité, de protection sinon du bien commun qu'une nation
ou un Etat entretient une armée. Celle-ci, contrairement à ce
qu'on peut penser, n'éloigne pas la politique de son essence et de sa
finalité spécifique. C'est même un apport à la
recherche du bien commun. En effet, il n'y a pas de bien sans la paix, or
celle-ci suppose qu'on se l'impose et qu'on la défende par tous les
moyens : « toute nation doit avoir une politique de dissuasion pour
éviter d'être envahie et doit être capable d'assurer
lui-même sa propre défense extérieure »19(*). Et à ce propos, parler
de la politique de dissuasion nous renvoie incontestablement à
l'armée. A côté de l'action militaire, la
sécurité extérieure se joue aussi sous l'angle
diplomatique.
Ø La diplomatie
Il est important d'emblée de rappeler que les Etats
entretiennent de manière réciproque des relations de divers
ordres en vue d'assurer à la fois la protection et la promotion des
peuples. Cet échange des rapports internationaux est
désigné par le concept de diplomatie. Celle-ci est, en fait, cet
organe étatique qui aboutit par ses négociations à la
régulation et la planification des relations entre les Etats. Ainsi, la
diplomatie est la conduite des négociations entre les personnes, les
groupes ou les nations en réglant un problème sans
violence20(*).
Au dire de J. Freund, la diplomatie est la règle qui
essaie de résoudre les différends par des négociations,
souvent sur la base d'un compromis. Comme activité politique, la
diplomatie implique la notion de force et d'intérêt. La
négociation peut ou ne pas être avantageuse ; selon le
respect accordé aux clauses. Néanmoins, la diplomatie donne le
pas à la persuasion sur la violence, à la parole sur l'arme, mais
ces apparences ne constituent pas en elles-mêmes des assurances21(*). Il est nécessaire
d'ajouter aussi que la diplomatie implique nécessairement des moyens de
pressions directs ou indirects ; une diplomatie pure qui cherche
uniquement à convaincre sans aucun recours à des moyens de
pressions directs ou indirects n'est qu'une utopie.
En effet, la charte des nations unies, élaborée
en pleine deuxième guerre mondiale (1940-1945), devait tant soit peu
inspirer confiance à toutes ces nations qui allaient adhérer
à cette organisation. C'est pour cette raison que l'un des articles de
la charte des nations unies (article 2 §4) appelle à la prohibition
du recours à la force dans les relations entre les nations. C'est dans
cette perspective que les Etats usent des moyens de pressions. Parmi ces divers
moyens de pressions, nous pouvons énumérer : les moyens de
pressions psychologiques (qui visent la sensibilisation de l'opinion publique
internationale sur les violations du droit international, par le biais des
médias, de la publication des rapports d'ONG sur les débordements
des états dans la gestions de certaines crises) ; les moyens de
pressions diplomatiques( d'abord par la correspondance entre Etats, puis de
manière plus directe par l'expulsion des diplomates, par la limitation
de leurs mouvements sur le territoire, etc.) ; les moyens de pressions sur
les personnes( refus d `octroie de visas d'entrée ou de sortie,
l'expulsion, etc.); les mesures de rétorsion( c'est le fait de poser un
acte en vue de répondre à un acte licite ou illicite posé
par un autre Etat). Tous ceci sont appelés des moyens de pressions et
les mesures de simples rétorsion. Ces moyens de pressions sont
multiples, mais nous nous arrêtons à celles citées ci-haut.
Ces exemples montrent de façon incontestable que la diplomatie
pure n'existe pas; c'est à travers des moyens de pressions directes
ou indirectes que la diplomatie a son champ d'action.
De ce qui est de la violence en diplomatie, celle-ci se
manifeste sous diverses formes. C'est sûrement sous la forme de
pressions, de menaces et de peur prudemment ménagée qu'elle se
manifeste. C'est dans cette perspective que J. Freund appelle à la
prudence quant au jugement que nous devons porter sur les diverses situations
de l'activité politique. Car certaines situations exigent plus une
intervention armée qu'une négociation. En ce sens, la guerre ne
constitue pas un acte nuisible.
D'après notre auteur, la diplomatie n'a jamais
été elle-même un pur désir de paix, mais une
manière d'assurer une suprématie ou un triomphe22(*); c'est un acte purement
politique. Car ils s'y mêlent ruse, tactique, stratagèmes, etc.
Ainsi, la diplomatie ne doit pas être considérée
comme un acte objectif ou opportun ; mais plutôt une recette,
une tactique au regard du but spécifique du politique. A
côté de la diplomatie, existe un dernier moyen de l'aspect
négatif de la sécurité. Celui-ci, prend corps à la
fois dans l'action militaire et dans la négociation : il s'agit de
l'alliance.
Ø L'alliance
C'est dans le but de se rendre plus fort ou d'accroitre sa
suprématie qu'une nation décide librement de faire une alliance
avec une autre nation sur base d'une aide mutuelle ou d'une garantie
unilatérale. De ce fait, plusieurs alliances sont conclues au cours de
l'histoire de notre humanité (des triumvirats aux alliances entre la
Grande Bretagne et la France lors de la seconde guerre mondiale). Cependant,
ces alliances ne portent pas seulement sur le domaine militaire ; mais
aussi sur d'autres domaines de la vie sociale. Ainsi nous comptons des
alliances portant sur l'économie, les finances, la culture, etc. A cet
effet notons que les regroupements tels que L'OTAN, ONU, SADEC et autres
constituent des institutions issues de certains traités et alliances. A
ce niveau, nous débouchons sur l'aspect positif de la
sécurité qui n'est pas un simple souci de se défendre
contre l'invasion ou la menace extérieure, mais aussi une collaboration
pour un meilleur épanouissement de l'un ou de l'autre. Il ne s'agit pas
de réduire le but spécifique du politique à une simple
autarcie puisqu'il n'existe pas dans l'histoire un peuple ou une nation qui ait
vécu dans l'isolement absolu. Au cas contraire, on ne saurait parler du
but spécifique du politique si nous éludons la question de
l'autre. Il ressort ici l'aspect positif de la sécurité.
En effet, l'aspect positif de la sécurité nous
renvoie au présupposé de l'ami. Il s'agit ici d'une amitié
intelligible qui reste au stade formel. Bien que de temps en temps, elle se
réalise dans telle ou telle autre institution destinée à
garantir la sécurité collective des états23(*). Notre humanité a
toujours aspiré à une « pax universalis »,
une unité pacifique de tous les Etats du monde où la guerre
n'aurait plus son droit de veto. Mais comme on le voit bien, il s'agit d'une
aspiration qui restera sûrement et sans doute idéale et utopique
d'après le dire de Julien Freund.
Selon notre auteur, une seule et même raison, un seul et
même phénomène fonde ces espoirs toujours
déçus et renaissants : c'est l'enivrement du
pouvoir : la plus grande puissance qui devient sa propre ennemie. Il nous
convie à vérifier cette évidence au cours de l'histoire de
l'humanité : Il nous suffit d'ouvrir l'oeil pour constater que
c'est souvent lorsqu'une entité politique est en plein essor que
s'approche son déclin. Il se remarque ici qu'il y a manque
d'adéquation entre la plus grande force et la plus grande
sécurité. Il se produit, certes, en ce moment une rupture qui
aboutit à ce que l'accroissement de la puissance entraine un
affaiblissement, soit que par jalousie ou par peur les amis et alliés se
détachent et rejoignent le camps adverse, soit que le sentiment de la
supériorité suscite une fausse impression de
sécurité à la suite d'un relâchement
intérieur dû à l'absence d'une compétition ouverte,
soit que le calcul de prudence et l'estimation du pire
dégénèrent en précautions pusillanimes, soit enfin
que la griserie de la gloire fasse perdre de vues les objectifs
politiques24(*).
En effet, les grandes civilisations de notre histoire nous en
donnent des exemples éloquents. Le cas de l'empire romain : la
certitude d'être la grande puissance après la chute du royaume de
Macédoine et l'ostentation matérielle amena ce peuple vers un
déclin inéluctable. C'est ce que raconte Polybe dans son
Histoire oecuménique, où il rapporte :
« le premier résultat de l'amitié entre Polybe et
Scipion Emilien fut un enthousiasme dynamique pour les grandes choses qui
s'empara de tous deux et leur inspira l'ambition d'acquérir une
distinction morale et de concourir victorieusement dans ce domaine avec leurs
contemporains. (...), mais malheureusement dans la Rome de cette
génération le niveau du concours était abaissé par
la démoralisation générale de la société.
Certains s'adonnaient entièrement aux femmes, d'autres à des
vices contre nature, (...). Si l'on demande pourquoi cette maladie sociale
« s'enflamma » à ce moment précis, deux
raisons peuvent être données en réponse. La première
était qu'avec le renversement du royaume de Macédoine, les
romains sentaient qu'il ne restait plus de puissance au monde qui pût
défier leur suprématie. La seconde raison était que
l'ostentation matérielle, privée et publique, à Rome,
avait été énormément accrue par le transfert
à Rome des biens de Macédoine »25(*). Plusieurs exemples peuvent
élucider ces contextes d'inadéquation entre la plus grande force
et la sécurité ; mais nous nous en tiendrons qu'à celui du
peuple romain.
De même, les organisations internationales prennent
souvent naissance dans des situations d'après guerre ; un moyen des
états victorieux à conserver leur suprématie. Et, les
petits Etats, faibles économiquement ou militairement adhèrent
presque sans contrainte ou aveuglement dans ces organisations. Mais ces
ambitions des Etats victorieux se heurtent souvent à des
difficultés politiques. J. Freund classe ces tendances en trois
rubriques principales26(*) :
· L'élaboration d'un droit international rationnel
homogène, coercitif et surtout indépendant du rapport de force
chaque fois existant ;
· Institution d'organisations internationales sur la base
d'une reconnaissance qui ne serait pas conditionnelle et d'une parité
totale des grandes et des petites puissances dans le respect des
particularismes propres à chaque Etat.
· Désarmement général et
contrôlé.
Comme souligné ci-haut, toutes ces aspirations se
heurtent parfois à certaines difficultés. Il arrive que le droit
international élaboré dans les institutions telles que l'ONU, ne
rassemble pas le consentement d'un Etat ou d'un dirigeant ; comment
pouvons-nous alors parler de la parité des grandes et petites puissances
tandis qu'affirmer, en ce jour l'égalité des Etats se
révèle presque une utopie, car il existe des grands et petits
Etats, riches et pauvres ? Serait-ce possible de parler d'un
désarmement général tandis que le premier pays qui va
à la recherche de l'arme nucléaire dans un autre pays est
lui-même le premier à en disposer ? Sans entrer dans les
détails, le problème iranien sur l'arme nucléaire est
encore éloquent à ce sujet. Tout cela montre avec certitude que
l'aspect positif de la sécurité se base plus sur le plan purement
théorique de l'amitié formelle, du consensus universel
qu'à celui de la praxis. Car la réalité politique mondiale
nous présente autre chose. Aussi la sécurité
extérieure existe lorsque l'intérieur est apaisé. Cela
nous conduit à réfléchir sur le bien commun sous
l'aspect de la concorde intérieure et la prospérité.
I.1.2.2. La concorde intérieure et la
prospérité
Si pour la sécurité, les
présupposés sont celui de l'ami et de l'ennemi, ici il s'agit
d'abord des présupposés du commandement et de
l'obéissance, enfin viennent ceux du privé et du public. En
effet, c'est par les présupposés du commandement et de
l'obéissance qu'est institué l'ordre ; car le dirigeant est
sensé commander et donner des prescriptions que le peuple doit suivre
dans l'obéissance. Les présupposés du privé et du
public ont pour rôle d'organiser l'ordre dans une perspective non
seulement de la puissance, mais aussi de la jouissance ainsi que d'assurer la
meilleure harmonie entre les groupes internes27(*).
La concorde intérieure et la prospérité
visent comme objectif la vie au sein de la communauté et la
quiétude matérielle et spirituelle de tous les membres. Il est
à signaler que la prospérité n'est pas secondaire à
la concorde intérieure. Mais toutes les deux valeurs vont
ensemble ; Il ne s'agit pas seulement de vivre, mais aussi de bien vivre.
Cette pensée est développée par Aristote dans le livre III
du `'Politique''. Et, selon J. Jacques Rousseau, c'est la conservation
et la prospérité des membres qui constituent la finalité
de l'association politique28(*) . Par rapport à cette conception, Max Weber
fait exception ; chez lui, la lutte est considérée comme une
fin en soi. Il s'exprime en ces termes : « ce n'est pas la paix
et le bonheur de l'humanité que nous avons à procurer aux
générations futures, mais la lutte éternelle pour
la conservation et l'édification de notre caractère
national29(*).
J. Freund n'est pas assez d'accord avec cette position de
Weber sur la lutte éternelle ; car premièrement, selon lui,
cette notion, indépendamment de l'aspect parfois polémique, est
développée dans une leçon qui examine les rapports entre
la politique et l'économie, alors que, sans discussion possible, le bien
constitue un des aspects essentiels du but de l'économie30(*). Il convient de
reconnaître ici que depuis l'antiquité gréco-romaine, la
politique comporte une visée, une tâche: l'organisation de la
cité de la façon la plus harmonieuse possible, pour que chaque
habitant y trouve sa part en vue de satisfaire ses besoins.
Les décisions politiques qui définissent la
structure sociale d'un peuple ou d'une nation reposent sur les
présupposés de la distinction du privé et du public.
Aussi, la division que comporte la politique (c'est-à-dire cette
division entre armée, justice, police, santé, finance, etc.)
repose sur les mêmes présupposés, c'est-à-dire,
celui du privé et du public. Les conditions de prospérité
d'une unité politique dépendent alors de la structure sociale
mise en vigueur par cette unité politique. Car, du point de vue
politique, la prospérité est une question de prévoyance et
de prévision rationnelle, parfois de planification et de
répartition mais aussi d'impulsion dans la mesure où, par
exemple, l'économie intérieure est tributaire des
possibilités qu'offre le marché international31(*). Et, c'est l'existence d'un
ordre, celui qui constitue la dialectique entre le présupposé du
commandement et de l'obéissance subordonnent les possibilités
offertes par la structure sociale. L'ordre ne peut être
considéré comme le but d'une activité, il est la base de
l'unité et de la stabilité d'une unité politique ;
celle-ci sans être simplement un agrégat, un assemblage
quantitatif d'être humain, se propose aussi un ensemble uni en vertu
d'une vocation particulière32(*). C'est en ce moment que la concorde comme l'aspect
intérieur de l'amitié politique devient effective et
réelle.
D'après Aristote, la concorde n'est pas une
identité d'opinions (celle-ci peut se rencontrer même chez des
gens qui ne se connaissent guère). Elle ne consiste pas non plus
à une convergence des points de vue. Elle consiste plutôt à
un accord de vues entre les membres d'une unité politique sur leurs
intérêts, lorsque leurs décisions communes sont
respectées de tous et de chacun. La concorde est de l'ordre pratique et
non idéel. A en croire Aristote : « ces sont donc des
objets d'actions qui sont la matière de la
concorde ».33(*)
Cette conception aristotélicienne de la concorde met en exergue deux
éléments majeurs du bien commun intérieur qui stipule
que34(*) :
1. « la concorde suppose un intérêt
correspondant aux aspirations fondamentales et à l'esprit de la
collectivité ». Ce premier élément fait allusion
non pas à une amitié intime entre membre d'une
collectivité ; mais plutôt une concordance des rapports
extérieurs des individus de la dite collectivité entre eux et,
des rassemblements au groupement dont les objets convergent vers le bien commun
et l'unité de la collectivité.
2. « Du moment que la concorde est amitié,
elle a également pour base une certaine identité des
sentiments qui se concrétise dans la notion de la patrie ».
Le patrimoine commun doit être le moteur qui guide
toute nation. Le sentiment patriotique doit conduire une unité politique
vers sa grandeur. Sans la patrie, l'étranger règne en
`'magister''. Mais de tout oui, une question est susceptible d'être
posée : A quoi devons-nous attribuer la primauté entre
l'aspect interne et l'aspect externe du bien?
I.1.2.3. La primauté entre l'aspect interne et externe
du bien commun.
J. Freund estime que les opinions concernant le sujet sur la
primauté entre l'aspect interne et externe du bien commun varient selon
les idéologies, les époques et aussi selon les
circonstances35(*).
L'opinion publique avait subi pendant la période qui suivit la seconde
guerre mondiale, l'influence de certains courants, tels que le socialisme, le
marxisme ; c'est ainsi que l'aspect interne était plus mis en
exergue par certains états comme la chine. Et cette attention soutenue
à l'égard de l'aspect interne conduisit des tels courants
à bafouer le problème de la sécurité et
reléguer au second plan le problème de la sécurité
et de la protection.
A l'opposé de cette conception, existent certains
auteurs, et surtout ceux qui se disent de l'école réaliste, pour
ne pas citer Machiavel, utilisent la politique étrangère comme
leur premier champ de bataille. Cela constitue pour eux la condition sine qua
non de la paix intérieure et la concorde.
Toutefois, il est important de retenir que la
sécurité et la concorde forment les aspects d'un même bien.
Il n'ya pas de paix à l'intérieur d'un état, si
l'extérieur est en feu, et vice versa. En d'autres termes, on ne peut
avoir une paix stable dans l'extérieur si de l'intérieur
l'unité nationale est bafouée. D'où les aspects du bien
commun à savoir la sécurité et la prospérité
ne sont pas seulement complémentaires ; mais surtout
inséparables. On ne peut préférer l'un et négliger
l'autre.
Ainsi pour J. Freund : « Toute activité et
toute décision politiques sont à la fois de portée
intérieur et extérieur et ce n'est que par opportunité
dictée par les circonstances et les urgences que l'on peut donner
provisoirement la priorité à l'un ou à
l'autre.»36(*) Il est
à noter que le bien commun et le bien public transcendent tous les biens
particuliers des activités humaines. Le bien commun n'est pas la somme
des biens particuliers mais plutôt de toute la collectivité ou de
l'unité politique qu'est la société. Comme
l'activité politique qui n'a pas des termes, le bien commun n'est jamais
atteint dans sa plénitude conceptuelle.
Face à la tache indéfinie des objectifs
politiques (c'est-à-dire d'ordre économique, financier, culturel
et social, etc.), le bien commun est toujours en proie des contestations,
d'approximations dans l'action politique. Il demeure toujours une visée,
non point au sens d'un idéal, mais de la tache indéfinie des
objectifs politiques, d'ordres militaires, économiques, culturels,
sociaux, administratifs et autres. Ce fait souligne le caractère
insatiable, insatisfait du désir de l'homme ; la volonté
d'avoir et de dompter est sans mesure. Cette affirmation rejoint celle de
Raymond Aron affirmant qu': « A l'ombre de l'apocalypse
nucléaire, comme hier à l'ombre des divisions blindées ou
avant-hier à l'ombre des légions ou des phalanges, homme
d'état et simples citoyens doivent agir selon la prudence, sans illusion
ni espoir de sécurité absolue »37(*). Ce constat évoque de
nouveau le présupposé de l'ami et de l'ennemi.
L'unité politique est appelée à faire
régner la paix au sein de son étendue ; elle doit surmonter
les discordes et lutter contre la formation d'un ennemi intérieur,
protéger des membres contre une menace extérieure en se liant
d'amitié avec les autres unités politiques au moyen des
alliances, ou d'une structures internationale pacifique. La promotion de
l'amitié doit être son lot ; car celle-ci est exigée
par la finalité politique est entendue comme la promotion du bien
commun. La diversité des régimes et des constitutions sont
l'expression de la diversité de manière de concevoir paix et
amitié.
Mais, il est important de savoir qu'il n'existe ni une
sécurité absolue ni une prospérité absolue. Croire
en cela c'est se faire passer pour un nihiliste38(*) en politique, selon l'expression de J. Freund
« Aucune sécurité n'est, sans doute,
invulnérable et définitivement consolidée, il n'y en a pas
qui soit à l'abri des contestations, des jalousies, de la
méfiance et de la volonté de puissance des autres
collectivités »39(*).
De son côté Max Weber soutient que
l'activité politique exige non seulement la passion mais aussi une
certaine prudence ; un certain éveil de l'esprit qu'il appelle
par « coup d'oeil »40(*). Donc il ne s'agit pas de s'emballer dans un courant
qui prône le triomphe d'une idée ; ce qui n'arrivera pas
sûrement, car aucune doctrine n'a le monopole de sécurité
et de la prospérité totale qui met son courage, sa foi et sa
lucidité dans ses réalisations au service d'une unité
politique et des rapports avec les autres. C'est dans ce sens que doivent
tendre toutes ces doctrines. Nous nous apercevons maintenant que le but
spécifique de la politique ne peut être atteint de manière
définitive. Mais il se concrétise dans la sécurité,
la concorde et la prospérité. En d'autres termes le but
spécifique de la politique n'appartient pas à l'ordre de
l'idée mais plutôt au concept. Il ne se laisse donc
déterminer de manière définitive que du point de vue
formel.
De même notons que la réalisation concrète
de ce but varie avec les circonstances historiques et les conditions
spatio-temporelles41(*).
Nous aboutissons ainsi au niveau technologique évoqué dans notre
introduction ; il s'agit là des objectifs concrets par lesquels la
politique s'efforce de réaliser son but.
I.2.
Conclusion
Tout compte fait, nous venons d'analyser dans ce premier
chapitre le but spécifique du politique. Le bien commun, comme but
spécifique du politique, a en son sein deux éléments
constitutifs, à savoir : la sécurité et la
prospérité. Par l'analyse du premier élément qu'est
la sécurité, nous nous sommes rendu compte que la
sécurité d'une nation se garantit de trois manières :
par l'action militaire, par la diplomatie, et souvent et parfois par les deux
à la fois, c'est-à-dire par l'alliance.
Dans l'analyse du deuxième élément
constitutif du bien commun, qu'est la prospérité, nous avons
montré que les présupposés qui commandent l'action dans la
prospérité sont d'une part celui du commandement et de
l'obéissance ; et de l'autre, celui du public et du privé.
Aussi avons-nous constaté que la sécurité et la concorde
constituent les aspects d'un même bien et, la possibilité de
réaliser le bien commun varie avec les conditions historiques. Cette
analyse nous conduit incontestablement à réfléchir sur les
niveaux technologique et eschatologique qui concourent à la
réalisation de ce niveau téléologique.
DEUXIEME CHAPITRE : LE NIVEAU TECHNOLOGIQUE ET
ESCHATOLOGIQUE DANS LA FINALITE DU POLITIQUE
II.0.
Introduction
La sécurité et la prospérité d'une
nation se réalisent dans les objectifs concrets qu'elle s'assigne en vue
d'atteindre une fin. Celle-ci, à vrai dire, donne consistance à
l'agir politique. L'agir d'un Etat ne peut donc avoir consistance que lorsque
toutes ces prémices sont respectées et mises en vigueur par
l'acteur politique.
Dans ce deuxième chapitre, il s'agira de parler des
moyens en politique, de la méthode, des conséquences qui en
découlent, du choix et de la compétence qui feront de l'homme
politique responsable ou coupable de l'état de la nation dont il est le
garant. Cette analyse nous conduira à parler des fins en
politique et, nous terminerons par évoquer leurs divers rôles
en politique.
II. 1.
L'objectif, quid ?
Nous pouvons voir dans un objectif un but à atteindre.
Selon notre auteur, un objectif se définit comme la substance
matérielle d'une action empirique visant à réaliser le but
spécifique du politique in concreto. Il s'agit donc d'une
action limitée, particulière, contingente et empirique, à
l'instar d'une dévaluation monétaire, d'un traité
d'alliance, d'un relèvement de salaire, etc.42(*). L'objectif est donc une
action limitée et à reprendre sans arrêt. De même, en
politique, l'objectif désigne une action de grande envergure telle que
la guerre, la révolution. Ces activités se rangent aussi du
côté de la politique dans la même perspective que
l'expédition des affaires courantes telles que le relèvement de
salaire ou le traité d'alliance. Les objectifs constituent les supports
continus de l'activité quotidienne. Car la vie en société
n'est pas toujours aisée. Nous enregistrons toujours et
déjà des problèmes d'ordre social, économique,
financier, etc. La mission du gouvernement consiste à y apporter des
solutions. Ces problèmes peuvent être d'ordre interne ou externe.
L'activité politique, à l'instar de toutes les autres
activités de la vie humaine, est parfois couronnée de
succès ou d'insuccès ; elle n'est pas toujours
satisfaisante, opportune simplement parce qu'elle s'occupe ou vise le bien
commun. Il n'est pas toujours rare de constater que l'acteur politique se
détourne des objectifs lui assignés par la collectivité
politique ; il cherche parfois à assouvir ses désirs
égoïstes et mesquins. Cependant, la multiformité des
objectifs ne nous permet pas de procéder à une analyse
détaillée de tous les objectifs, et de les systématiser.
D'après l'auteur de L'essence du politique, quatre grands
problèmes se posent au niveau des objectifs dans toute activité
politique concrète : moyens et méthodes,
conséquences, choix et compétence et responsabilité.
II.2.
Les moyens en politique
A. Lalande désigne les moyens comme « ce par
quoi une fin déterminée se réalise »43(*). De son côté J.
Freund voit dans les moyens « des ressources matérielles qui
permettent de passer de la conception à
l'accomplissement ».44(*) Certes, la réalisation d'un but exige un
effort, une exécution, un sacrifice. Dans ce sens, un but ne peut
être réalisé de lui-même, parce qu'il est une
conception, un désir de qui veut l'atteindre : c'est pourquoi il exige
tant d'efforts et de sacrifices de la part du sujet voulant. Cette
réalisation exige aussi des moyens qui servent d'intermédiaires
entre le désir et l'accomplissement. Si le but est de l'ordre du
possible, les moyens appartiennent à l'ordre matériel, du
réel; car non seulement ils exigent l'implication du corps, mais aussi
l'esprit y prend part. C'est ainsi qu'il est nécessaire de savoir que ce
n'est pas à l'aide des données éventuelles que nous sommes
en action, plutôt à l'aide des données matérielles
et, qu'un but ne se réalise qu'avec le concours d'autres
éléments que lui-même. En effet, l'analyse des moyens
soulève la problématique de l'altérité. Et celle-ci
fait appel aux problématiques de la négativité et de la
liberté.
Toutefois, notre travail ne consiste pas à analyser
tous ces problèmes, mais nous essayerons de les énumérer
pour faciliter la compréhension. Bien qu'un but ne puisse se
réaliser qu'avec des moyens, ceux-ci ne trouvent leurs sens que
lorsqu'ils sont mis en relation avec un but. Que devient alors un moyen sans
but ? C'est ce qui souligne le caractère
hypothétique45(*)
et conditionnel des moyens. Nous l'explicitons par un fait concret: si vous
voulez gagner les élections, battez campagne. On ne peut battre campagne
que pour un but. Peut-on battre campagne simplement pour le plaisir de le
faire ? La relation entre le but et les moyens est toujours soumise
à des changements. Elle n'est pas invariable ni moins synallagmatique,
c'est-à-dire, plusieurs moyens peuvent concourir à la
réalisation d'un même but. Plusieurs moyens nous aident à
parvenir vers un résultat et celui-ci varie selon qu'on applique une
catégorie des moyens. En d'autres termes, les conséquences sont
variables selon que tel moyen est appliqué par rapport à tel
autre. La pensée logique n'a pas souvent son compte dans les choix des
moyens ; car il est remarquable que plus d'une imprévision y trace
son sillon. Et, un objet sélectionne, de par sa nature, une série
des méthodes. L'agir d'un parti démocratique siégeant au
parlement sera différent d'un parti révolutionnaire. Donc, la
prudence dans l'action par rapport aux moyens est indispensable dans l'agir
politique ; bien sûr, mais aussi agir selon l'objectif visé
est aussi à prendre en compte ; pour donner à ces moyens une
autre mesure, qui n'est nulle autre que celle de l'audace46(*). Un facteur qui vient
renforcer le caractère conditionnel des moyens est que la
quantité et la qualité des moyens n'est pas une assurance
préalable du succès. De même l'ingéniosité,
le tempérament, la valeur et les qualités personnelles de
l'acteur sont aussi à prendre en compte.
L'action politique n'est pas une application mécanique
à partir des données mais une mise en oeuvre intelligente et
judicieuse des moyens47(*). Il n'est pas prudent d'omettre
l'imprévisibilité de l'adversaire, car un adversaire ne se laisse
pas toujours maîtriser. Il développe, en effet, une certaine
protection qui peut aller de la répression à l'oppression. A cet
effet, non pas seulement la perspicacité de l'acteur politique, ses
valeurs personnelles ; mais aussi la méthode est un
problème de la mise en oeuvre des moyens. Dans la méthode, il
s'agit non seulement d'organiser rationnellement dans une organisation et
planification des faits, mais aussi une utilisation moindre des moyens dans une
production grande. Mais avant d'aborder la problématique de la
méthode, une question semble nous pincer le coeur : Quel est le
moyen spécifique du politique ?
II.2.1. Le moyen spécifique du politique
A partir de Machiavel48(*), la force et la ruse sont considérées
comme les deux moyens usuels du politique. En effet, dans le prince,
l'écrivain de Florence (Machiavel) invite l'acteur politique à
agir et en homme et en bête. En bête, l'acteur politique tachera
d'être à la fois renard et lion. Car, « s'il n'est que
lion, il n'apercevra point les pièges ; s'il n'est que renard, il
ne se défendra point contre les loups ; et il a également
besoin d'être renard pour connaître les pièges, et lion pour
épouvanter les loups »49(*). Ce passage met en lumière les deux moyens
dont fait allusion Machiavel, c'est-à-dire, la force et la ruse.
Mais au cours de l'histoire, certains penseurs ont
discrédité la force à l'avantage de la ruse voyant dans
l'une le moyen de l'inculture et dans l'autre celui de la civilisation50(*). G. Gusdorf, dans son La
vertu de force, signale au début de son premier chapitre que
« Quant au mot force, s'il est d'un usage plus courant, il jouit pour
sa part d'une fort mauvaise réputation. Il rappelle à la fois la
contrainte, la brutalité, la terreur dont notre époque ne cesse
de faire à nouveau la triste expérience »51(*). Ce qui nous pousse à
analyser les deux moyens usuels selon Machiavel afin de trouver le moyen
spécifique du politique.
II. 2.
1. 1. La Ruse
Il est assez difficile, selon J. Freund, d'étudier de
manière exhaustive ce qu'est la ruse en politique compte tenu de sa
présence souvent voilée dans l'action et de son
omniprésence dans la presque totalité des actions de l'homme. La
ruse est un champ assez vaste, illimité, ambigüe,
indéterminable ; car tout semble être ruse. Si tout n'est pas
ruse, au moins, toutes les actions semblent avoir un grain de ruse.
La grande difficulté de l'analyse
« réside dans son caractère protéiforme :
elle se tapit sous toutes les actions et tous les aspects de l'intelligence et
de l'activité humaine»52(*). La notion de ruse « semble davantage
être un terme générique rassemblant les
procédés les plus variés et hétéroclites de
cet art subtil qu'un véritable concept correspondant à un
phénomène spécifique»53(*). De l'action la plus simple à celle plus
complexe : du simple fait de cueillir une mangue d'un arbre, à
celui plus complexe d'un travail à l'usine, la ruse intervient d'une
manière ou d'une autre. La ruse « semble n'être l'objet
d'aucune activité caractéristique, mais constituer une
modalité de n'importe qu'elle action, de sorte que l'analyse semble
n'avoir d'autre ressource que de procéder par l'élimination afin
d'isoler les quelques actes exceptionnels qui échappent à son
règne»54(*).
Dans le but de mieux maitriser la diversité qui
caractérise la ruse, J. Freund classifie les ruses en différentes
catégories :55(*)
· La première catégorie comprend toutes les
formes d'action qui sont de pures manoeuvres de la ruse, celle-ci étant
le moyen direct du succès, peu importe la manière. Dans cette
catégorie, nous pouvons énumérer : les pièges,
les stratagèmes, les guets-apens, les subterfuges, les embuscades, les
escroqueries, les trahisons, les conjurations, etc.
· La deuxième catégorie inclut les
activités ou institutions qui ont pour base la ruse,
c'est-à-dire, elles utilisent
« légitimement » la ruse dans la suite de certaines
règles et formalités. Dans ce groupe, nous pouvons citer :
la diplomatie, la stratégie et la tactique, la propagande, la
pédagogie, la publicité, et la politesse.
· La troisième et dernière catégorie
implique les activités et les attitudes qui sont implicitement des
ruses, en ce sens que l'intelligence, même quand elle prétend
à l'objectivité, met en oeuvre toutes les ressources de
l'ingéniosité, de la finesse, du raisonnement, de la dialectique
et de l'éloquence pour persuader les autres, les influencer, les capter,
les séduire. Dans cette catégorie, nous pouvons classifier toutes
les religions et les courants philosophiques tels que le catholicisme, le
protestantisme, le kimbanguisme, positivisme, socialisme, etc.
En politique, chaque pouvoir a besoin de l'adhésion du
plus grand nombre à son programme ou à son idéologie. Il
utilise la force pour contraindre mais la ruse pour convaincre. Par la ruse,
l'acteur politique agit sur l'esprit et le sentiment56(*), pour gagner beaucoup
d'adhérant, c'est-à-dire « faire
croire »57(*)
à tous ce qui n'est pas nécessairement. C'est ainsi que Machiavel
dira : « ainsi donc pour revenir aux bonnes qualités
énoncées ci-dessus, il n'est pas bien nécessaire qu'un
prince les possède toutes, mais il est nécessaire qu'il paraisse
les avoir. J'ose même dire que s'il les avait effectivement, et s'il les
montrait toujours dans la conduite, elles pourraient lui nuire, au lieu qu'il
lui est toujours utile d'en avoir l'apparence. Il lui est toujours bon, par
exemple, de paraitre clément, fidèle, humain, religieux,
sincère ; il est bon d'être tout cela en
réalité ; mais il faut en même temps qu'il soit assez
maitre de lui pour pouvoir et savoir au besoin montrer les qualités
opposées »58(*). Le paraitre du prince prend alors une grande
importance sur l'être du politique. A ce niveau, il semble
nécessaire de tourner notre regard vers la force.
II.2.1.2. La force
Comme nous l'avons signifié dans le point
précédent, aux cours de l'histoire de la pensée, la force
n'a pas souvent fait l'objet d'une bonne réputation. Mais, nous
remarquons que la force intervient dans tous les secteurs de la vie. Et,
« le langage courant indique déjà suffisamment combien
est outrancière et inexacte l'interprétation purement
péjorative du concept de force »59(*). Plus d'une expression
présente la force dans un sens purement laudatif : la force de la
parole, la force morale, la force du style, etc. En politique, une
réalité reste évidente et d'actualité : On ne
peut parler de politique sans la force. L'auteur de Qu'est-ce que la
politique? estime que la question de savoir si on peut ou on doit utiliser
la force en politique est inutile du simple fait que l'homme ne peut se passer
de la force compte tenue de sa nature60(*).
La force est pour l'homme une donnée
intrinsèque qui s'extériorise dans son agir. Etant une
donnée intrinsèque non pas une acquisition de l'homme, celui-ci
peut en tirer parti de manière favorable ou défavorable. La
question de légitimité de l'usage de la force en politique est
inutile. Elle insinue, en effet, « une prise de position subjective
et a davantage un caractère polémique que vraiment philosophique,
parce que l'on cherche à justifier au nom de raisons apparemment neutres
l'appel à la violence d'un parti ou d'un régime pour mieux
accabler, au nom de soi-disant principes philosophiques, le rival
idéologique qui se contente d'utiliser sa force »61(*). A vrai dire, toute
condamnation de la force en politique, semble être motivée par un
intérêt quelconque. Les opposants s'insurgeront contre l'usage de
la force dont fait preuve le pouvoir en place non pas parce que celle-ci n'est
pas fondée sur la raison mais seulement et surtout parce que leur point
de vue ou leur idéologie va à l'encontre des principes du
régime en place. Pareto, dans son Traité de sociologie
générale, remarque que « tous les gouvernements
font emploi de la force, et tous affirment être fondés sur la
raison »62(*).
Et le comble dans tout cela est que les opposants, une fois arrivés au
pouvoir, feront usage de la même force dont ils étaient les grands
contestateurs. La situation politique du monde actuel peut nous servir de grand
exemple : il nous suffit de jeter un coup d'oeil à la situation
politique du Proche-Orient ; les rebelles libyens qui s'insurgeaient
contre la force dont disposait le gouvernement libyen en place en ce temps
là pour repousser les manifestations, ont après avoir
évincé le pouvoir officiel, continué à utiliser la
même force. Et nous pouvons dire que dans le but de promouvoir le bien
commun, c'est-à-dire le niveau téléologique, ils
n'hésiteront pas de faire usage de la force de la même
manière dont le gouvernement précédent en faisait
usage : ainsi va la vie politique.
Ceci montre, sans conteste, que la politique va de pair avec
la force. La force n'est certes pas une suspension du droit ; elle joue un
rôle de jugement ; un jugement qui est juste et fondée sur la
raison. De tout ceci, quel rapport pouvons-nous établir entre force et
ruse ?
II.2.1.3. Rapport entre la force et la ruse
Dans les analyses précédentes, nous nous sommes
rendu compte que la force et la ruse sont effectivement indispensables pour la
vie et la survie du politique et de la collectivité. Et, nous ne pouvons
au nom de n'importe quel principe rejeter l'une au profit de l'autre. Que
serait alors, la force sans l'intelligence ? ou la ruse sans la
force ?
Par rapport aux concepts, nous pouvons affirmer que ni la
force, ni la ruse ne sont mauvaises ou bonnes en elles-mêmes63(*) ; mais c'est
plutôt l'intention de l'acteur politique et l'usage qu'il fait de ces
deux concepts qui donne à l'une ou l'autre un caractère positif
ou négatif. Il ne s'agit pas, certes, de traiter de la
prééminence entre la force et la ruse; mais plutôt du moyen
spécifique du politique. La ruse, de fait, paraît plus comme
« une des modalités spécifiques de l'intelligence et
que comme telle, elle n'est pas spécifique au
politique »64(*).
Dans ce sens, dû à son caractère
protéiforme (qui se manifeste sous des aspects variés), la ruse
est présente dans n'importe quelle activité. Tandis que la force,
comme contrainte est indispensable à l'organisation de la
collectivité ; car, la force constitue un des principes fondateurs
non pas de toute la société, mais des collectivités
particulières. C'est souvent aux prix de sang et des sacrifices qu'une
collectivité acquiert son indépendance ; la force y joue un
grand rôle. La société ne peut subsister sans la force, car
elle a besoin d'une force de contrainte qui puisse réguler la vie en
communauté. L'Etat a besoin d'une police, d'une armée pour
maintenir l'ordre sur le plan interne ou externe. La contrainte politique
parait comme «l'une des formes caractéristiques de la pression
sociale et l'un des aspects typiques de la coercition directe, parce qu'elle
s'appuie sur des institutions et des règlements définis et
qu'elle jouit de l'autorité de la
légalité »65(*). Il apparaît donc, assez clairement que la
force a un caractère inéluctable en politique ; elle
appartient à son essence. Elle est finalement le moyen spécifique
du politique. Et, qu'en est-il de la méthode en politique ?
II. 3. La méthode en politique
En politique, la méthode consiste « à
une réalisation des objectifs sans mobiliser totalement l'ensemble des
ressources matérielles et spirituelles »66(*). La méthode est un
art ; c'est l'élégance dans l'action. Il ne convient pas
toutefois de ne jurer que sur la méthode. Car, son application demande
beaucoup de sagacité intellectuelle et de la souplesse dans
l'expérience et le sens de l'anticipation.67(*) Bien qu'elle soit rigoureuse,
la méthode n'est d'aucun secours au dirigeant si celui-ci ne peut mettre
ensemble en lui l'autorité, l'amour de ce qu'il fait, et la
lucidité capable de juger à sa juste valeur le résultat de
son action ou de celui de son adversaire et sa répercussion sur la
situation générale. Notons ici que l'action politique ne peut
être une simple manipulation mécanique des moyens ; elle doit
toujours tendre vers la réalisation du bien commun. Au contraire, elle
devient vide de sens et arbitraire. C'est donc le succès68(*) qui est visé : le
bien de tout le peuple quel que soit le moyen par lequel on y est
arrivé.
A propos de l'Etat, nous pensons que ce qui compte le plus,
c'est assurer la sécurité du peuple dans la victoire de l'ennemi
par n'importe quelle voie de salut ; lui donner à tout prix la
prospérité. Il s'agit ici d'oublier les exigences de la
pureté morale. Car la politique peut paraitre dure, impitoyable,
sadique au regard de la morale.
A ce niveau, il est important d'établir une
différence entre morale et politique. D'abord, nous devons
reconnaître qu'il s'agit de deux domaines différents, bien qu'il y
ait parfois imbrication des faits dans l'un ou l'autre domaine. La morale,
d'après J. Freund, « répond à
une exigence intérieure et concerne la rectitude des actes personnels
selon les normes du devoir, chacun assumant pleinement la responsabilité
de sa propre conduite. La politique au contraire répond à une
nécessité de la vie sociale et celui qui s'engage dans cette voie
entend participer à la prise en charge du destin global d'une
collectivité »69(*). L'homme politique peut ou ne pas être un homme
de bien ; bien qu'il est souhaitable qu'il le soit. La politique
s'intéresse à la communauté, sans pourtant tenir compte de
la qualité morale des personnes qui y vivent. Beaucoup des
théories peuvent être développée à ce sujet,
mais nous nous limitons à la différence faite par Julien Freund
dans son livre Qu'est ce que la politique ?
Après avoir relevé la différence entre
morale et politique chez J. Freund, rappelons que la politique peut
paraître sadique à l'égard de la morale. Et, l'action en
politique doit s'imprégner de bonne conscience. Celle-ci aide la
collectivité se maintenir devant les autres collectivités bien
que son action soit parfois vouée aux invectives des nations voisines.
Le sentiment de culpabilité s'avère non profitable à la
collectivité, car celle-ci l'empêche d'agir et lui fait perdre
confiance en elle. Le sentiment de faiblesse est échec politique de la
part d'une nation ; un aveu de faiblesse. En effet, les questions de
protection et de paix sont d'une grande importance au sein d'une nation. Les
discours ne suffisent pas pour assurer un Etat de sa
sécurité ; elle se réalise mieux avec l'action. La
collectivité ne supporte pas les hésitations, les
tâtonnements, les erreurs dans l'action ; car, l'activité
politique, comme le dit Julien Freund, n'est pas un champ d'essais70(*). Ce qui implique une
application méthodologique des moyens en vue d'assurer le bien commun du
peuple. L'action doit être réfléchie, conséquente
pour rencontrer les attentes de toute la collectivité. Comme nous le
constatons, l'action politique est un chemin de non retour : toute action
déclenche une série irréversible des faits et des
conséquences.
II.4. Les conséquences en politique
Il s'avère indispensable de commencer d'emblée
par définir le mot « conséquence ». Une
conséquence est un résultat, suite d'une action, d'un
fait71(*). En d'autres
termes, une conséquence est le découlement d'une action, d'un
fait. J. Freund pense que le problème de conséquence est l'un
des problèmes de la philosophie de l'action qui n'a pas souvent fait
l'objet d'intérêt ; paradoxalement à sa place
prépondérante dans l'univers de l'action. Il arrive souvent de
remarquer que l'analyse des conséquences met l'homme devant quelques
évidences : ses limites, son impuissance face à certaines
situations et la non maitrise de son destin. Car, nous nous rendons souvent
compte que « ce à quoi aboutit finalement une action est
rarement conforme aux intentions initiales et au projet, parce que les moyens
mis en oeuvre ainsi que le résultat développent des séries
d'effets inattendus et déconcertants, soit qu'ils majorent ou
affaiblissent la portée du succès, soit qu'ils aggravent ou
limitent l'échec, soit qu'ils créent une situation nouvelle par
un tel bouleversement des conditions que l'objectif recherché,
même s'il a été atteint, perd sa grandeur, son importance,
son utilité et sa raison »72(*). C'est ce fait que Max Weber appelle par le paradoxe
des conséquences73(*) ; c'est-à-dire « qu'en
règle générale il n'y répond jamais et que
très souvent le rapport entre le résultat final et l'intention
originelle est tout simplement paradoxal. »74(*) En politique, les
conséquences d'une action sont souvent imprévisibles ; et
même, cela se remarque dans la vie de chaque jour. Ici nos
prévisions se heurtent souvent contre le mur du destin.
Max Weber souligne que le paradoxe des conséquences ne
doit pas être un moyen d'évasion pour ne pas se mettre à
la suite d'une cause quelconque ; il croit que « l'action
perdrait alors toute consistance interne »75(*). Tout ceci souligne
l'importance de la question de la conséquence pour la philosophie de
l'action. Elle en constitue le noeud. Certes, à moins qu'il ne soit
téméraire, l'homme sensé agit en fonction du possible et
du probable. Son action est orientée par rapport aux conséquences
possibles ; il estime ses chances, pèse ses moyens, et vient
à agir.
Notre auteur distingue deux sortes de
conséquences : les conséquences prévisibles et les
conséquences imprévisibles. Parmi les conséquences
prévisibles, on compte « celles que l'on a effectivement
prévues et qui constituent les raisons d'agir et de vouloir un objectif
déterminé et celles que l'on n'a pas prévues par
négligence, par précipitation ou par imprudence et qui,
lorsqu'elles se manifestent, risquent de nous dérouter au même
titre que les conséquences imprévisibles »76(*). On prévoit par rapport
à la situation générale dans laquelle on se trouve ;
la prévision demande de la rationalité dans le calcul ;
l'intuition qui doit prendre sa source dans la situation
générale ; l'acteur politique doit agir en fonction de la
disponibilité des moyens et des réactions éventuelles de
l'adversaire. Il n'y a pas de coup de chance ou du hasard car ces deux faits
sont inévitables.
D'après J. Freund, il arrive souvent que l'homme
renonce à son entreprise lorsque les conséquences de ses actes
sont défavorables ; à l'exception des cas où l'acteur
n'a plus d'autres ressources que se fier au risque ou au fatalisme dans le cas
où il s'agit de trouver au-delà des conséquences
défavorables, une issue heureuse. En effet, il n'existe pas d'actions
où les conséquences sont toutes favorables ou
défavorables ; il y a toujours un côté comblé
par des fleurs et un autre par des épines. En agissant, l'acteur doit
tout prendre en compte : ce qu'il veut et ce qu'il ne peut vouloir. Pour
bien expliciter notre point, référons-nous aux différents
systèmes qui régissent nos différents pays ; ces
systèmes ne sont pas bons en soi ; ils présentent les
avantages selon les pays dans lesquels ils sont utilisés. Un
système capitaliste ne sera pas vu de la même manière dans
un pays où il est la base de l'économie et dans un autre
où existe le socialisme ou le communisme.
De façon concrète, notre pays se veut
démocratique. La démocratie, selon La philosophie de A
à Z , est « un type d'organisation politique dans
laquelle c'est le peuple, c'est-à-dire, l'ensemble des citoyens sans
distinction de naissance, de richesse ou de compétence, qui
détient ou qui contrôle le pouvoir politique »77(*). Ce type d'organisation
politique, bien qu'il laisse la suprématie au peuple, n'est certes pas,
sans difficultés ou inconvénients. Raymond Aron, dans son
Introduction à la philosophie politique. Démocratie et
Révolution, présente les mérites et les
inconvénients de la démocratie. Il s'appuie sur la conception
platonicienne qui distingue trois types de régimes possibles : la
monarchie, l'aristocratie et la démocratie. Tous les trois
régimes ont des avantages et des inconvénients. Dans les
inconvénients, il présente le régime démocratique,
comme tous les autres régimes, comme des oligarchies; en ce sens que le
pouvoir est toujours entre les mains d'un petit nombre. Dans le régime
démocratique, les conflits entre les partis contribuent à
décomposer l'unité nationale, et à affaiblir les pouvoirs.
Les régimes démocratiques sont pour lui des régimes
instables, faibles ; bien qu'il y ait toujours des exceptions qui
confirment la règle générale 78(*). Mais, il stipule que les
mérites des régimes démocratiques sont immenses en partant
du présupposé selon lequel `'aucun régime n'est parfait''.
Cette conception de Raymond Aron est fondée sur une conception
machiavélienne : « supposer d'avance les hommes
méchants, et toujours prêts à montrer leur
méchanceté toutes les fois qu'ils en trouveront
l'occasion »79(*). De ce présupposé, le régime
démocratique parait comme le meilleur de tous les régimes
possibles ; car, ces régimes démocratiques limitent le plus
la capacité d'action des gouvernants80(*). Ceci souligne le fait qu'un acte ne comporte pas
toujours des inconvénients mais aussi des avantages.
Les conséquences imprévisibles sont
« logiquement, mais non matériellement, de même
nature : Elles constituent l'élément absolument contingent
de toute action puisqu'elles procèdent du hasard, lequel, il est vrai,
se laisse évaluer statiquement dans certains cas par le calcul des
probabilités »81(*). Les conséquences imprévisibles au
même titre que les prévisibles peuvent être
défavorables ou favorables. La tache revient à l'acteur politique
de savoir s'y prendre avec promptitude pour devancer l'adversaire, qui peut
aussi en faire un moyen de déstabilisation. La prise en charge de ces
imprévus est d'une grande importance car elle détermine la suite
de l'action. De fait, la grandeur de l'homme politique et de son oeuvre est
déterminée par sa capacité de prévision qui est un
facteur déterminant pour toute son entreprise et son succès.
C'est cela qui l'aide à prendre en charge les conséquences
prévisibles et imprévisibles de son action. Toute action est
animée par ce que Max Weber appelle par « les puissances
diaboliques »82(*) de l'irrationnel et c'est dans une lignée des
conséquences qu'elle s'inscrit, c'est-à-dire, une
conséquence entrainant une autre. En ce moment, il est à
constater que ce qui parait aujourd'hui comme échec, peut
s'avérer salvateur dans la suite. C'est à ce niveau des moyens et
des conséquences qu'il convient de faire intervenir les options
concrètes qui concourent à la réalisation du but
spécifique du politique : il s'agit des choix de l'acteur politique
qui sont présupposés par une compétence de l'agissant.
II.5. Choix de l'acteur politique
C'est au niveau des moyens et des conséquences que le
but spécifique du politique prend consistance au moyen des options
concrètes. C'est à ce niveau que l'on peut parler de la politique
d'un Etat, d'une nation ou d'une collectivité. Il ne s'agit pas de
porter un choix sur le but spécifique du politique, mais plutôt
sur les objectifs capables de nous amener vers la réalisation de ce but.
Il est clair que nous ne pouvons délaisser la sécurité au
profit de l'insécurité, la concorde au profit de la discorde.
Bien qu'il y ait des choix qui nous conduisent vers la discorde, celle-ci n'est
pas à vrai dire recherchée pour elle-même ; même
si elle s'avère parfois utile. Un choix s'opère toujours en
fonction d'une situation donnée au cours d'une action.
De ce fait, nous comprenons que l'option d'un choix en
politique est « une décision concrète et directe
portant sur une réalité matérielle, celle de la mise en
oeuvre des moyens en fonction d'une situation déterminée, en vue
de produire certaines conséquences destinées à consolider
le but du politique »83(*). Le bien commun, c'est-à-dire la
sécurité et la prospérité, doit normalement
commander le choix de l'acteur. Une action s'inscrit dans une suite d'options
tant que l'objet visé n'est pas atteint. Nous comprenons aussi que
Choisir, « ce n'est pas simplement se donner des raisons ou des
motifs ni préférer, mais c'est porter sa volonté sur un
objet, résoudre ou plutôt essayer de résoudre un embarras,
c'est à proprement parler agir »84(*). Ainsi, le choix n'est pas une
simple préférence ; c'est une action, une décision
concrète qui ouvre le processus ou la chaine des conséquences. Le
choix d'un sujet pensant peut aller à l'encontre des
préférences du même sujet. Certes, les
préférences sont idéelles : elles restent au niveau
du jugement ; tandis que le choix est concret et il se traduit en actes.
En effet, tous les choix n'ont pas vocation d'être durs, nets ou
abrupts.
En politique, face à la multiplicité des points
de vue, les options sont équivoques et se présentent sous la
forme de compromis85(*).
Dans le bien d'une nation, pour sa sécurité et sa concorde, le
consensus semble mieux qu'une méthode unilatérale des
décisions sous la forme d'une imposition. Car chaque parti a son point
de vue et un arrangement à l'amiable avec convention, accommodement et
concession réciproque serait le plus adapté à la
situation. A cet effet, précisons que le compromis n'est pas ici
l'équivalent de l'opportunisme ou du juste milieu86(*). Ce refus de tout compromis
conduit ou bien à l'opportunisme ou bien au totalitarisme : soit parce
qu'on est amené par la force des choses à penser selon les
principes qui sont en contradiction avec ceux qui orientent la vie
pratique ; soit qu'on affirme la prérogative d'un
intérêt particulier de classe, de race ou d'intelligence sur les
autres.87(*)
Au fait, notre objectif n'est pas de faire l'éloge du
compromis ; car il est sans conteste que tout compromis n'est pas bon.
Mais, J. Freund veut nous présenter sa nécessité en
politique avant de nous parler de son utilité dans les circonstances
déterminées.88(*) De fait, il n'y a pas une règle
générale qui statue sur le moment de régler des
différends par des discussions nettes ou par des compromis. C'est une
question de la situation dans laquelle on se trouve ; plusieurs facteurs
entrent en jeu : les circonstances, la situation et même les
tempéraments des acteurs politiques. Dans cette logique, tout
relève de la compétence des acteurs politiques.
II.6. La compétence et la responsabilité en
politique.
II.6.1. La compétence
C'est au niveau technologique que se manifestent la
compétence et la responsabilité de l'acteur politique. Il s'agit
de reconnaître que les capacités d'hommes politiques se
manifestent dans l'action et non dans une série des théories
rocambolesques développées avec fougue et brio. Ainsi, les
intentions peuvent être bonnes, mais la réalisation de ces
intentions compte le plus en politique. D'où, la compétence de
l'acteur politique se mesure à la sagacité, à
l'habileté et à l'intelligence dans le maniement des moyens
matériels, ou dans la prévision des conséquences et non
à la sublimité des fins89(*). C'est à ce niveau technologique que se
manifeste la réussite ou l'échec du politicien ; parce qu'il
est face à l'action.
A ce niveau, J. Freund distingue deux sortes de
succès : le succès de vogue et le succès de gloire.
Le succès de vogue est la réussite passagère de
l'arriviste ou du parvenu90(*). L'arriviste est une personne qui vise à la
réussite sociale ou politique, sans scrupules sur les choix des
moyens ; le parvenu est une personne qui, s'étant
élevée au-dessus de sa condition, en a gardé les
manières.91(*)
Cependant, le succès de vogue est obtenu non pas par l'activité
personnelle de l'acteur, mais par des moyens étrangers à son
personnage. Il s'agit des moyens tels que la publicité, des incidents
fâcheux, des scandales ou l'exhibition de certains avantages physiques ou
matériels dont il est comblé. Dans cette logique, certains hommes
politiques ont le succès de vogue : leur
célébrité ne tient pas de leur personnalité
politique, mais des certains avantages qui font parler d'eux.
Le succès de gloire par contre « se
déploie dans le temps et dans les siècles, il survit à la
personne et parfois il ne prend toute son ampleur qu'après la
mort : réussite de la renommée qui consacre le personnage
illustre92(*) ».
Le succès de gloire est la débouchée de la
compétence d'une personne dans la vie concrète. Il acquiert son
succès grâce à la maîtrise positive et la
supériorité dans quelque activité.
Toutefois cette distinction entre succès de vogue et
succès de gloire se vérifie au cours de l'histoire de
l'humanité : dans toutes les activités de l'homme:
littéraire, politique, économique, etc. L'histoire est donc
parsemée de ces gens qui ont connu le succès de gloire :
Socrate, Galilée, Gandhi, J.F.Kennedy, Nelson Mandela. En outre, notons
que bien qu'il y ait certaine gloire qui commence par la vogue ;
cependant, la vogue n'est pas de ce fait, le critère de la gloire.
Il est nécessaire de préciser que la question de
la vogue ne doit pas nous leurrer sur la nécessité de la
popularité immédiate de l'homme politique. Il est bon à un
homme politique de jouir d'une certaine popularité car, la politique est
une activité publique et spectaculaire qui demande une certaine
renommée. C'est pourquoi l'acteur politique doit posséder les
compétences requises pour répondre aux espoirs de la
collectivité. En effet, comme garant du bien commun, l'homme politique
est appelé à travailler à sa réalisation ; il
gagnera la crédibilité du peuple au moment où la
sécurité et la prospérité seront
assurées ; le conservatisme paraît alors comme la
conséquence immédiate de l'appréciation de la
compétence de l'homme politique par le peuple. Au moment où le
peuple n'aura plus confiance à l'acteur politique : il cessera
d'être conservateur et ne saurait constituer un Etat. C'est à ce
niveau qu'il convient de situer la responsabilité de l'acteur politique
et sa culpabilité dans ses ingérences.
II.6.2. Responsabilité et culpabilité en
politique
La responsabilité est le caractère de celui qui
est responsable ou le fait d'être responsable93(*). D'après La
philosophie de A à Z, la responsabilité désigne une
certaine maturité psychologique, la faculté de bien juger, de
prendre des décisions raisonnables et avisées94(*). Aussi, nous comptons
plusieurs formes de responsabilité : responsabilité morale,
civile, ministérielle, pénale, juridique, publique, politique,
etc.
Sans doute, chaque forme de responsabilité compte une
définition relative à sa nuance. Dans notre étude, nous
nous focaliserons sur la responsabilité politique.
D'après le professeur B. OKOLO OKONDA, c'est sur la
responsabilité civile « que s'ancre la responsabilité
politique, c'est-à-dire, la responsabilité que nous avons lorsque
nous posons des actes ayant trait à l'exercice du pouvoir ou du fait de
vivre en commun ».95(*)La responsabilité civile appartient à
l'ordre communautaire, c'est-à-dire qu'il répond non pas à
sa conscience mais à la société toute entière par
le truchement des ayants-droits ou du juge. Nous pouvons ainsi saisir une
idée sur la responsabilité politique. Celle-ci est totale comme
la responsabilité civile. En d'autres termes, elle concerne toute
action, consciente, libre ou non ; elle concerne également les
suites heureuses ou malheureuses de l'action posée ; elle porte
aussi sur les autres et sur ce qu'ils font ; elle est individuelle et
sociale à la fois ; elle est publique, et l'acteur politique doit
impérativement répondre devant toute la
communauté.96(*)
La conception de la responsabilité politique, telle que
donnée par le professeur B. OKOLO OKONDA ne diffère pas trop de
celle développée par J. Freund. En effet, la
responsabilité comme la compétence trouve sa réalisation
véritable dans l'action. J. Freund commence par élucider
certaines convictions qui mènent souvent vers la perte. A cet effet, il
s'attèle d'abord à ce qui concerne la responsabilité
collective. Selon lui, la responsabilité collective n'est
définissable ni juridiquement ni moralement ni par aucun autre
critère. Car, une collectivité n'agit jamais comme telle, mais
des responsables agissent politiquement en son nom97(*). Une collectivité ne
peut être responsable d'un acte ; les hommes mis à la
tête de cette collectivité agissent et décident au nom de
toute la collectivité. A ce niveau, notre auteur essaye de réagir
contre la thèse de Karl Jaspers qui dans son Die Schuldfrage- Ein
Beitrag zur deutschen Frage présente le peuple allemand comme
un coupable non coupable, parce qu'il ne s'est pas
révolté contre Hitler, qu'il n'est pas descendu dans la rue
pour protester contre l'injustice et la violence. K. Jaspers à cet
effet, l'invite à un effort de lucidité98(*). J. Freund, rejette au
même moment la thèse sartrienne qui, dans l'être et le
néant, soutient que l'homme porte le poids du monde tout entier sur
ses épaules : il est responsable du monde et de lui-même en
tant que manière d'être.99(*) L'auteur de Qu'est-ce que la politique pense
que cette conception annule la distinction entre celui qui pose un acte et
celui qui en subit les conséquences ; car chacun de deux serait
responsable en quelque sorte de l'acte posé par le premier ; dans
ce cas, il n'existe plus de gouvernants et des gouvernés ; plus
d'assistant et d'assisté ; plus de tyran et de tyrannisé.
La thèse de la responsabilité collective selon
J. Freund fait donc bon marché de la volonté des gouvernements et
de la réalité matérielle des instruments, des
institutions, des structures et des organisations sociales pour dissoudre la
responsabilité dans une solidarité vague, et indifférente
d'une faute prétendue commune, mais surtout indiscernable.100(*) Nous ne voulons pas entrer
dans cette polémique, notre tâche a simplement consisté
à les énumérer pour une bonne compréhension.
Il est du devoir de l'homme politique de travailler pour la
sécurité et la prospérité de la
collectivité. Il semble compréhensible qu'on ne peut le
blâmer moralement ou politiquement d'agir pour le bien de sa
collectivité. Une unité politique ne peut renoncer à sa
politique dans le but d'une « pax universalis » ou d'un
amour pour la justice tandis que d'autres collectivités usent de
mêmes moyens pour subvenir à leurs besoins.
De là, nous pouvons affirmer que la
responsabilité politique est à situer au niveau des moyens et des
conséquences c'est-à-dire, au niveau des objectifs. Donc, les
moyens et les conséquences paraissent comme la pierre de touche de la
responsabilité politique. C'est sans doute au non de cette
responsabilité que l'homme politique construit la défense de son
pays, règle les conflits sociaux, oeuvre en faveur de la paix et de la
liberté ou au contraire prend des mesures qui font directement obstacle
à la réalisation du but spécifique du politique ;
Cette responsabilité porte sans doute sur la manière dont on
essaie de transformer une collectivité donnée avec ses structures
et institutions, en réalisant un certain nombre d'objectifs
destinés à consolider la protection et la concorde au service de
l'homme101(*) . Si
juridiquement, comme nous l'avons affirmé auparavant, la
collectivité est mineure, la responsabilité politique ne revient
pas à elle, mais plutôt aux hommes qui en ont la charge ;
ceux là qui possèdent le pouvoir et qui ont choisi de faire
carrière en politique ; ceux qui ont fait de la politique leur
vocation primordiale.
Ainsi, la responsabilité politique est donc une
responsabilité d'état comme toute responsabilité, celle de
l'écrivain face à son oeuvre ou celle du professeur devant ses
élèves102(*) ; leur différence se situe au niveau
où la responsabilité politique d'état parait plus large et
plus pesante ; car une décision politique met en jeu l'avenir de
toute une unité politique et ses conséquences sont plus
considérables parfois terribles. Il apparait clairement par là
qu'il n'est presque pas raisonnable de rejeter à tout un peuple la
tyrannie d'un despote dont ce même peuple est le premier à en
subir les conséquences. Il est souvent d'ailleurs difficile
d'apprécier la responsabilité politique à sa juste
valeur.
De manière générale, l'acteur politique
agit dans le but de réaliser le bien commun. C'est le but
spécifique du politique, même lorsque son agissement semble friser
l'extrême. Or, à ce niveau, il n'y a pas des critères qui
déterminent et séparent la bonne volonté de la mauvaise.
Un acte qui apparemment réprimandable peut aussi rassembler
l'assentiment de tous ; de même cette décision qui semble
être approuvée de tous, peut aboutir à des
conséquences néfastes. L'on comprend mieux que cette question de
responsabilité nous amène souvent et inévitablement sur le
terrain de la morale. Après cette analyse de la responsabilité
politique, nous avons compris que le niveau téléologique exige le
niveau technologique ; et celui-ci sera vide de sens s'il n'est
orienté vers aucune fin. C'est pourquoi nous allons faire allusion au
niveau eschatologique.
II.7. Le niveau eschatologique de l'action politique
II.7.1. Les fins en politique : une approche
sémantique des termes.
De prime abord, il sied de noter que l'eschatologie ici ne
nous renvoie pas à la doctrine de l'Eglise catholique sur les fins
dernières de l'homme. Le niveau eschatologique fait allusion au
règne des fins, qui sont, selon J. Freund, « les valeurs
ultimes que l'homme se propose d'accomplir par son activité individuelle
ou bien par l'action des collectivités et des groupements, en vue de
donner un sens à la vie et à l'histoire »103(*). En réalité,
les fins diffèrent des objectifs ; les objectifs, comme dit un peu
plus haut, sont des données matérielles qui ne peuvent être
accomplies que dans des conditions concrètes et sont voués
à des corrections et amendements intempestifs pour créer une
adéquation entre les objectifs et l'évolution des esprits et
aussi le changement de la condition humaine ; tandis que les fins sont de
l'ordre idéel ; des idées en soi de l'intelligible104(*). Bref, les fins apparaissent
comme des idéales à atteindre.
Au cours des siècles, certains auteurs se sont
attardés au problème des fins : T. Hobbes et Spinoza ont
plus insisté sur le but spécifique du politique,
c'est-à-dire, sur la protection et la concorde intérieure; tandis
que J.J. Rousseau a définit la politique par les fins et
l'espérance suscitée par elles ; en d'autres termes,
« si l'on recherche à quoi consiste précisément
le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système
de législation, on trouvera qu'il se réduit à deux objets
principaux, la liberté et l'égalité. La liberté
parce que toute dépendance particulière est autant de force
ôtée au corps de l'état, l'égalité parce que
la liberté ne peut subsister sans elle »105(*). En clair, les fins ne sont
pas spécifiquement assignées au politique ; car elles
dépassent le politique, c'est-à-dire elles sont extra politiques.
Toutes les activités de l'homme semblent s'orienter vers l'une ou
l'autre fin : la religion, l'économie, l'art, etc. Notons
qu'aucunes de ces activités n'a la priorité par rapport à
d'autres. Certes, ces fins, bien qu'elles ne soient pas spécifiques
à l'activité politique, jouent un rôle de diverses
manières.
II.7.2. Les rôles des fins dans l'action politique
Au premier abord, il est indispensable de retenir que par
rapport à leur signification courante, les fins ont un usage
régulateur106(*).
Ces fins ne se réalisent pas concrètement dans une oeuvre
phénoménale et empirique ; mais plutôt elles ordonnent
l'activité, l'orientent et lui donnent un sens107(*). En ce moment,
l'activité politique n'est pas un simple assemblage d'actions au service
de la sécurité et la prospérité mais aussi et
surtout au service de l'homme lui-même ; car c'est pour une fin au
profit de la collectivité que l'acteur politique se met au travail.
A côté du rôle régulateur, les fins
sont toujours en projet, c'est-à-dire qu'elles constituent des
idées qui servent des normes ou des modèles aux objectifs de
l'activité politique concrète108(*). Cette définition semble souligner la
présence de la politique dans le concert de toutes les activités
humaines. En effet, ces fins sont communes à toutes les activités
de l'homme ; et c'est ce qui fait qu'il y ait toujours imbrications des
faits entre la politique et les autres activités de l'homme. De ce point
de vue, nous pouvons affirmer que la politique, malgré son autonomie,
n'est pas une fin en soi ; et, le but spécifique du politique ne
vaut pas par lui-même, mais par participation au mouvement de l'humaine
condition de l'histoire109(*).
Outre le rôle régulateur et archétypal,
les fins peuvent encore se présenter comme valeurs en vertu desquelles
l'homme peut espérer dépasser le politique et
particulièrement ses divers présupposés (commandement et
obéissance ; l'ami et l'ennemi ; privé et
public)110(*). A cet
effet, signalons que le marxisme pris dans cet aspect paraît ici comme
une eschatologie, car elle appelle l'homme au dépassement du politique
et de ses présupposés au nom des fins ultimes.111(*)
En dernier lieu, les fins ont une définition qui
paraît négative. Elles sont ici définies comme un arsenal
de justifications. Cette manière de définir les fins semble non
seulement négative mais aussi polémique : là
s'embourbent ça et là, pêle-mêle
vérité, visions, expériences, proposition
contrôlée et contrôlable, etc. Dans ce contexte l'on
comprend sans peine que la pensée médiocre cherche un refuge dans
les justifications par les fins112(*). Elles deviennent, en effet, une panacée
pour soutenir tel ou tel autre régime, telle idée sans
réflexion et sans analyse du phénomène politique, tout en
prétendant établir la vérité et dépasser
toute possibilité de conflits113(*). Ces justifications exigent la verve oratoire et la
sagacité intellectuelle. Cette justification des fins semble être
pure démagogie et sophisme.
Certes, les justifications politiques ne tendent pas toutes
vers la tromperie ; surtout qu'en général, les fins ne
paraissent pas mauvaises (la paix, le bonheur, la fraternité, la
liberté, etc.). Mais un parti multiplie les justifications lorsqu'il
est infidèle à ses causes. Ce détournement de jugement
laisse la scène politique non sans conséquences néfastes.
II.8. La définition de la politique
De toutes ces analyses qui précèdent, il est
indispensable de définir la politique. Précisons que cette
définition va se fonder sur les différents rapports
établis entre les divers présupposés cités ci haut
tels que le commandement et l'obéissance, les présupposés
du public et du privé, de l'ami et de l'ennemi. A la suite de J. Freund,
la politique est « l'activité sociale qui se propose d'assurer
par la force, généralement fondée sur le droit, la
sécurité extérieure et la concorde intérieure d'une
unité politique particulière en garantissant l'ordre au milieu de
luttes qui naissent de la diversité et de la divergence des opinions et
des intérêts »114(*).
Nous avons certes remarqué que l'analyse de ces trois
niveaux dans la finalité du politique nous aide à mieux
définir la politique. Car ces niveaux renvoient d'abord à la
sécurité extérieure et la concorde (le niveau
téléologique), à la force (le niveau technologique), enfin
à la diversité et la divergence des opinions (le niveau
eschatologique).
II.9. Conclusion
Tout compte fait, dans ce deuxième chapitre, nous avons
abordé le problème du niveau technologique et eschatologique de
la finalité du politique. Nous avons montré que le but
spécifique du politique ne peut se réaliser qu'au moyen des
objectifs concrets. C'est entre autres par l'analyse des moyens et de la
méthode que nous avons pu déboucher à cette
évidence. Ainsi, l'analyse des moyens et de la méthode nous a
amené à faire allusion au problème des conséquences
qui découlent d'une action politique. Ces conséquences,
avons-nous dit, dépendront du choix posé par l'acteur politique
et de la compétence de celui-ci. Et ces questions de choix et de
compétence ont conduit à celui de la responsabilité et de
la culpabilité de l'acteur politique qui porte la charge de toute la
communauté.
Nous avons traité dans la suite des fins en politique.
Ces fins donnent un sens à l'activité du politique. Concernant
leurs rôles, les fins jouent un rôle régulateur ; elles
sont toujours en projet ou servent de normes. Nous avons également
montré que les fins ont une signification négative lorsqu'elles
sont définies comme un arsenal de justifications. Enfin, nous avons
défini la politique.
CONCLUSION GENERALE
Somme toute, la société est une
communauté d'hommes régis par des institutions. Les institutions
sont surement élaborées afin que chacun prenne sa part de
responsabilité dans la destinée de la communauté. C'est
dans cette optique que l'homme ne peut s'exclure de cette communauté
appelée à vivre toujours et déjà ensemble.
S'exclure serait pour lui un suicide volontaire. C'est dans cette perspective
que nous pouvons comprendre et placer l'homme d'Aristote qui se comprend comme
un « animal politique »115(*). J. Freund n'est pas loin de toute cette
réalité : à la suite de certains auteurs tels que T.
Hobbes ou T. D'Aquin, il fait du bien commun le but spécifique du
politique qui constitue le niveau téléologique de la
finalité du politique. Ce bien commun, constitué d'un aspect
interne et externe, est conditionné par les présupposés de
l'ami et de l'ennemi, du commandement et de l'obéissance, du
privé et du public. Cela étant, la politique est pour J. Freund,
un champ d'actions où on ne peut exclure l'inimitié, car elle y
prend son fondement. Et, la relation entre dirigeant et dirigé y joue un
rôle capital car l'un doit commander et l'autre obéir. C'est ce
que nous avons montré dans le premier chapitre où il s'agissait
du niveau téléologique dans la finalité du politique.
Le bien commun n'est rien en soi! C'est à travers des
objectifs concrets qu'il arrive à se réaliser. Ainsi, il nous a
paru nécessaire d'analyser la dimension technologique où il
s'agissait de mettre en lumière les objectifs concrets du
politique : la force, la ruse, la méthode, les conséquences,
les choix, la compétence, la responsabilité et la
culpabilité du politique. Ce qui nous a conduits à examiner les
fins dernières. Autrement dit, le niveau eschatologique de la
finalité du politique. Ainsi, pouvons-nous définir la politique
comme : l'activité sociale qui se propose d'assurer par la force,
généralement fondée sur le droit, la
sécurité extérieure et la concorde intérieure d'une
unité politique particulière en garantissant l'ordre au milieu de
luttes qui naissent de la diversité et de la divergence des opinions et
des intérêts.
Cette lecture de Qu'est-ce que la politique ? de
J. Freund, nous porte à le placer au rang d'un penseur
machiavélien. Car, sa lecture réaliste de l'action politique nous
porte à considérer la politique telle qu'elle est et non telle
qu'elle pouvait être. Il est l'un des philosophes qui n'ont pas froid aux
yeux de dire ce qu'est réellement la politique : le monde de la
force qui ne navigue pas toujours sur la même barque que la morale.
Qu'à cela ne tienne, ce réalisme politique
variant, c'est-à-dire dépendant de plusieurs paramètres,
souvent imprévues, a besoin de l'apport personnel, du tact et de la
capacité à analyser chaque situation selon ses diverses
dimensions. D'où, estimons-nous prendre avec précaution et recul
l'analyse de J. Freund.
Toutefois, il demeure une référence non
négligeable de la compréhension du politique.
BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages de l'auteur
1. Qu'est-ce que la politique ? Paris, Sirey,
1965.
2. MAX WEBER, Paris, PUF, 1969.
II. Autres ouvrages
3. ARISTOTE, Politique. Livres I et II. Texte
établi et traduit par Jean AUBONNET, Paris, « LES
BELLES LETTRES»,1960.
4. ID., Ethique à Nicomaque. Introduction,
traduction et commentaire par René Antoine Gauthier et Jean Yves Jolif,
Louvain-Paris, Centre De WULF-Mansion, 1970.
5. ARON, R., Introduction à la philosophie politique.
Démocratie et Révolution, Paris, Fallois, 1997.
6. DABIN, J., L'état ou le politique. Essai
de définition, Paris, Dalloz, 1957.
7. DE LA TOUANNE, S., Julien Freund. Penseur
« machiavélien » de la politique, Paris,
L'harmattan, 2004.
8. GUSDORF, G., La vertu de force, Paris, PUF.,
1957.
9. HEGEL, G. W. F., Principes de la philosophie du
Droit ou droit naturel et science de l'état en
abrégé. Présenté, traduit et annoté par
Robert DERATHE, Paris, Librairie Philosophique J.VRIN, 1982.
10. Machiavel, le prince. Notes et commentaires de
Patrick DREPAUEY. Préface d'Etienne BALIBAR, Paris, Nathan, 2008.
11. PARETO, V., Traité de Sociologie
générale, Paris-Lausanne, 1917.
12. ROUSSEAU, J. J., Du contrat social.
Présentation, notes, bibliographie et chronologie par Bruno BERNADI,
Paris, Flammarion, 2001.
13. TOYNBEE, A.J., Guerre et civilisation. Extrait par
Albert V. Fowler de `'A study of History'' Traduit de l'anglais par
Albert COLNAT, Paris, Gallimard, 1953.
III. Articles
14. B. OKOLO OKONDA, la responsabilité éthique
et politique de l'homme, dans Autorité et responsabilité
en Afrique aujourd'hui. Actes des premières journées
philosophiques du philosophât Saint Augustin du 30 Novembre au
1er décembre 1997, Kinshasa, Institut supérieur
de théologie et de philosophie, 1997, p.23.
15. NGOMA PHOBA RINGO, La politique est-elle
immorale ?, dans Philosophie et vie. Actes des
premières journées philosophiques de Boma du 26 au 29 Mai
1993, Boma, Grand Séminaire `'ABBE NGIDI'', 1994, p. 103-112.
16. ONOYA SHUYAKA MULENDA (colonel), Le pourquoi d'une
armée, dans Philosophie et vie. Actes des
premières journées philosophiques de Boma du 26 au 29 Mai
1993. Boma, Grand Séminaire `'ABBE NGIDI'', 1994, p.195-203.
IV. Dictionnaires et encyclopédie en
ligne.
17. LALANDE, A., Vocabulaire technique et critique de la
philosophie, Paris, PUF., 1927.
18. Dictionnaire Hachette encyclopédique, Paris,
Hachette, 2002.
19. E. CLEMENT (dir), La philosophie de A à Z,
Paris, Hatier, 2000.
20. WIKIPEDIA, L' ENCYCLOPEDIE LIBRE, «
Irénisme », (Décembre 2011), http :
// fr. Wikipedia.org/ (31 janvier), 2012.
21. WIKIPEDIA, L' ENCYCLOPEDIE LIBRE, «
diplomatie », (Décembre 2011), http : //
fr. Wikipédia.org/ (1 février), 2012.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHIE................................................................................
I
DEDICACE................................................................................
II
AVANT-PROPOS................................................................................
III
INTRODUCTION GENERALE
1
0.1. PROBLEMATIQUE
1
0.2. Choix et intérêt du sujet 1
0.3. Méthode et difficulté
2
0.4. Subdivision du travail
2
PREMIER CHAPITRE : LE NIVEAU TELEOLOGIQUE DANS
LA FINALITE DU POLITIQUE 3
I.0. Introduction 3
I.1. Le niveau téléologique de l'action
politique (Le bien commun) 3
I.1.1.Approche définitionnelle 3
I.1.2. Le bien commun 3
I.1.2.1. La sécurité extérieure
5
L'action militaire 6
La diplomatie 7
L'alliance 8
I.1.2.2 La concorde intérieure et la
prospérité
11
I.1.2.3. La primauté entre l'aspect interne et
externe du bien commun.
13
I.2. Conclusion
16
DEUXIEME CHAPITRE : LE NIVEAU TECHNOLOGIQUE ET
ESCHATOLOGIQUE DANS LA FINALITE DU POLITIQUE
17
II.0. Introduction
17
II. 1. L'objectif, quid ?
17
II.2. Les moyens en politique
18
II.2.1. Le moyen spécifique du politique
20
II. 2. 1. 1. La Ruse
20
II.2.1.2. La force
22
II.2.1.3. Rapport entre la force et la ruse
23
II. 3. La méthode en politique
24
II.4. Les conséquences en politique
26
II.5. Choix de l'acteur politique 29
II.6. La compétence et la responsabilité
en politique.
31
II.6.1. La compétence
31
II.6.2. Responsabilité et culpabilité en
politique
32
II.7. Le niveau eschatologique de l'action politique
36
II.7.1. Les fins en politique : une approche
sémantique des termes.
36
II.7.2. Les rôles des fins dans l'action
politique
37
II.8. La définition de la politique
38
II.9. Conclusion
39
CONCLUSION GENERALE 40
BIBLIOGRAPHIE
42
TABLE DES MATIERES 44
* 1 A. LALANDE, Vocabulaire
technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1927, p.1107.
* 2 Ib., p.355.
* 3 J.FREUND, Qu'est ce que
la politique ? Paris, Sirey, 1965, p.38.
* 4 ARISTOTE, Ethique
à Nicomaque, Louvain-Paris, Centre De Wulf-Mansion, 1970, p.1.
* 5 J.FREUND, o.c., p.
37.
* 6 Ib.
* 7 NGOMA PHOBA RINGO, La
politique est- elle immorale ?, dans Philosophie et vie.
Actes des premières journées philosophiques de Boma du 26 au
29 Mai 1993, Boma, Grand séminaire `'ABBE NGIDI'', 1994, p.106.
* 8 T. D'AQUIN, Somme
théologique. Ia, IIa, quest.96, art.3, cité par J.FREUND,
o.c., p.39.
* 9 J. J., ROUSSEAU, Du
contrat social, Paris, Flammarion, p.72.
* 10 T. HOBBES, cité par
J. FREUND, o.c., p.39.
* 11 G. W. F. HEGEL,
Principes de la philosophie du Droit ou droit naturel et science de
l'état en abrégé, Paris, Librairie Philosophique
J.VRIN, 1982, p.289.
* 12 J.DABIN, L'état
ou le politique. Essai de définition, Paris, Dalloz, 1957,
p.62.
* 13 NGOMA PHOBA RINGO,
o.c., p. 107.
* 14 Dans un autre de ses
ouvrages, « l'essence de la politique », son opus
magnum, J. FREUND se définit comme un penseur Machiavélien tout
en faisant une distinction entre les termes machiavélien et
machiavélique.
* 15 T. HOBBES,
Léviathan, Paris, Gallimard, Chap. XXX, p.494.
* 16 J.FREUND, o.c.,
p.41.
* 17 WIKIPEDIA, L' ENCYCLOPEDIE
LIBRE, « Irénisme », (Décembre
2011), http : // fr. Wikipedia.org/. (31 janvier),
2012.
* 18 Cfr. J. FREUND,
o.c., p.11.
* 19 ONOYA SHUYAKA MULENDA
(colonel), Le pourquoi d'une armée, dans Philosophie et
vie. Actes des premières journées philosophiques de Boma
du 26 au 29 Mai 1993. Boma, Grand séminaire `'ABBE NGIDI'', 1994,
p.195.
* 20 WIKIPEDIA, L' ENCYCLOPEDIE
LIBRE, « diplomatie », (Décembre 2011),
http : // fr. Wikipédia.org/ (1 février),
2012.
* 21 J.FREUND, o.c.,
p.43.
* 22 Ib., p.44.
* 23 Ib., p. 46.
* 24 Id.
* 25 POLYBE, Histoire
oecuménique, livre XXXI, Ch. 25. Cité par A.J. TOYNBEE,
Guerre et civilisation. Extrait par Albert V. Fowler de `'A study
of History'' Traduit de l'anglais par Albert Colnat, Paris, Gallimard,
1953, p.163.
* 26 J.FREUND, o.c.,
p.46.
* 27 Ib., p.48.
* 28 J.J. ROUSSEAU,
o.c., p. 123.
* 29 M. WEBER, `' Der
Nationalstaat und die Volkswirtschaftpolitik'', dans Gesammelte
politische Schriften, 2ème édit., Tübingen,
1948, p.14, cité par J. FREUND, o.c., p. 48.
* 30 J. FREUND, o.c.,
p.48.
* 31 Ib., p.50.
* 32 Id.
* 33 Ib.
* 34 Ib., p.51.
* 35 Ib., p. 53.
* 36 Ib., p. 54.
* 37 R. ARON, Paix et
guerre entre les nations, p.565, cité par J. FREUND,
o.c., p.56.
* 38 D'après l'auteur
de Qu'est- ce que la politique ? , est nihiliste en politique
celui qui croit en une sécurité et une prospérité
absolues qui nie l'ennemi et, par faiblesse ou imprévoyance, livre une
collectivité politique à la discrétion de ses rivales
parce qu'il s'est laissé tromper par les mirages des fins
dernières.
* 39 J.FREUND,o.c.,
p.59.
* 40 MAX WEBER, Le savant
et le politique, p. 200-201, cité par J. FREUND, o.c., p.
59.
* 41 J.FREUND, o.c.,
p.60.
* 42 Ib., p.61.
* 43 A. LALANDE, o.c.,
p. 659.
* 44 J. FREUND, o.c.,
p.63.
* 45 Suivant l'expression de
Kant.
* 46 Cfr.
J.FREUND,o.c., p.65.
* 47 Cfr. Ib.,
p.65.
* 48 Homme politique et
écrivain né à Florence (Italie) en 1469 et meurt dans la
même ville en 1527. Il est l'auteur du Le Prince (1513,
publié en 1531), Discours sur les premières décades de
Tite-Live (1513-1519), Art de la guerre et autres oeuvres que
nous ne citons pas. Il a une conception réaliste de la politique. Le
réalisme de ses conceptions exposées dans Le prince fut
à l'origine des grandes polémiques.
* 49 Machiavel, le prince.
Notes et commentaires de Patrick Drepauey. Préface d'Etienne
Balibar, Paris, Nathan, 2008, p. 95.
* 50 Cfr. J. FREUND,
o.c., p. 111.
* 51 G. GUSDORF, La vertu
de force, Paris, PUF., 1957, p. 1.
* 52 J.FREUND, o.c.,
p.151.
* 53 Ib.
* 54 Id.
* 55 Ib, p. 152.
* 56 Cfr. V. PARETO,
Traité de Sociologie générale, Paris-Lausanne,
1917, éd. II, §21831, p.1483.
* 57 Selon l'expression de
Machiavel dans Le prince.
* 58 MACHIAVEL, o.c.,
p. 96.
* 59 J. FREUND, o.c.,
p. 112.
* 60 Id.
* 61 Ib., p. 114.
* 62 V. PARETO, o.c.,
p. 1395.
* 63 Cfr J. FREUND,
o.c., p.166.
* 64 Ib., p. 167.
* 65 Ib., p.131.
* 66 Ib., p.68.
* 67 Id.
* 68 Le succès est
entendu ici comme la consolidation du but spécifique du politique.
* 69 J.FREUND, o.c.,
p.6.
* 70 Ib., p.69.
* 71Cfr. Dictionnaire
Hachette encyclopédique, Paris, Hachette, 2002, p.364.
* 72 J.FREUND, o.c.,
p.69.
* 73Cfr. M. WEBER, Le
savant et le politique, p.180-181, cité par J.FREUND, MAX
WEBER, Paris, PUF., 1969, p.108.
* 74 Id.
* 75 Ib.
* 76 J.FREUND, o.c.,
p.72.
* 77 E. CLEMENT (dir), La
philosophie de A à Z, Paris, Hatier, 2000, p.102.
* 78 R. ARON, Introduction
à la philosophie politique. Démocratie et Révolution,
Paris, Fallois, 1997, p.135.
* 79 MACHIAVEL ,
Discours sur la première décade de TITE LIVE, livre I,
chap.III, cité par S. DE LA TOUANNE, Julien Freund. Penseur
« machiavélien »de la politique, Paris,
L'harmattan, 2004, p.11.
* 80 R. ARON, o.c.,
p.136.
* 81 J.FREUND, o.c.,
p.74.
* 82 MAX WEBER, cité par
J. FREUND, o.c., p.75.
* 83 Ib., p.76.
* 84 Ib., p.77.
* 85 Ib., p.78.
* 86 Ib., p.79.
* 87 Id.
* 88 Ib., p.80.
* 89 Ib., p.81.
* 90 Id.
* 91 Cfr. Dictionnaire
Hachette encyclopédique, p.98 ; p.1202.
* 92 J. FREUND, o.c.,
p.82.
* 93 Cfr. Dictionnaire
Hachette encyclopédique, p. 1387.
* 94 E. CLEMENT (dir),
o.c., p. 388.
* 95 B. OKOLO OKONDA, la
responsabilité éthique et politique de l'homme, dans
Autorité et responsabilité en Afrique aujourd'hui. Actes
des premières journées philosophiques du philosophât Saint
Augustin du 30 Novembre au 1er décembre 1997, Kinshasa,
Institut supérieur de théologie et de philosophie, 1997, p.23.
* 96B. OKOLO OKONDA,
A.C, p. 23.
* 97 J. FREUND, o.c.,
p.85.
* 98 Ib., p.84.
* 99 J.P. SARTRE,
l'être et le néant, 1943, p.638-642, cité par
J.FREUND, o.c., p.84.
* 100 J. FREUND, o.c.,
p.92.
* 101 Ib., p. 93.
* 102 Id.
* 103 Ib., p.98.
* 104 Id.
* 105 J.J.ROUSSEAU,
o.c., Liv. II, Chap. IX.
* 106 J. FREUND,
o.c., p.101.
* 107 Id.
* 108 Ib., p. 102.
* 109 Id.
* 110 Ib., p. 104.
* 111 Id.
* 112 Ib., p. 106.
* 113 Id.
* 114 Ib., p.177.
* 115 ARISTOTE, Politique,
Livre I. Texte établi et traduit par Jean AUBONET, Paris,
« LES BELLES LETTRES», 1960, p. 14.
|
|