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Microfinance et problématique de réduction de la pauvreté au Bénin: expérience des femmes du programme de Micro Crédits aux Plus Pauvres(mcpp) dans la commune rurale d'Adjarra

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par Dègnon Benjamin GOGAN
Université d'Abomey-Calavi - Diplôme d'études approfondies en socio-anthropologie du développement 2012
  

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CONCLUSION

La microfinance constitue aujourd'hui un instrument non moins négligeable dans la démarche de réduction de la pauvreté dans les pays en développement. En fonction de ses performances dans d'autres pays, il a été question ici de savoir pourquoi au Bénin et particulièrement dans les zones rurales comme la commune d'Adjarra, les résultats de la microfinance sont encore peu significatifs face à la croissance de la pauvreté monétaire en dépit des efforts manifeste d'accessibilité aux crédits déployés par le Gouvernement depuis 2006. Se fondant sur la théorie de « l'embeddedness » de Polanyi, c'est-à-dire du fait économique « prise au filet » par des réalités socioculturelles et anthropologiques, deux hypothèses explicatives ont été émises et se sont révélées vérifiées aux termes des investigations et des analyses. D'une part, il s'est agit du fait que certaines réalités socioculturelles et anthropologiques liées à la maternité (baptême traditionnel, détermination de l'ancêtre incarné dans le nouveau-né, ses signes du fâ...), et au veuvage (long rituel de deuil et de séparation de l'âme du défunt avec son épouse) constituent des freins au développement des activités économiques entreprises par les femmes bénéficiaires de microcrédits dans la commune d'Adjarra. D'autre part, il a été aussi vérifié que l'approche d'économie de marché associé à la solidaritégroupe adoptée par le programme de microcrédits aux plus pauvres est encore incompatible au système de société paysanne et traditionnelle de la commune rurale d'Adjarra. Ce système socio-économique est fortement dominé par des pratiques de l'économie de subsistance entretenu par des liens évidents de la parenté, la polygamie et des exigences de statut de chef de ménage porté par la majorité des bénéficiaires. Ce qui maintient la majorité des bénéficiaires dans un cycle permanent d'endettement et d'appauvrissement continu. Ces réalités endogènes et traditionnelles constituent des limites au

développement des « capabilités » des femmes rurales en termes de leur insertion dans un système d'économie de marché. La principale connaissance théorique à laquelle le présent travail de recherche a conduit est que la pauvreté monétaire galopante en milieu rural béninois est due à la rencontre hétérogène des dynamiques rationnelles du système économique marchand avec les rationalités du système d'économie de subsistance dans les zones rurales dominées par des réalités socio-anthropologiques locales. En termes de perspectives pratiques découlant de cette étude, on peut retenir la recherche de l'harmonisation continue des stratégies de réduction de la pauvreté avec les réalités endogènes et les attentes des populations dans les programmes et projets de développement. La présente analyse des limites de la microfinance face à la pauvreté est un champ de recherche difficile mais qui pourra permettre l'amélioration des pratiques interventionnistes et contribuer à modérer les positions excessives de certains décideurs. Certes, la microfinance est capable de réduire la pauvreté, tout en faisant preuve de rentabilité. Mais comment aboutir à la croissance de richesse dans des sociétés africaines majoritairement non capitalistes avec des méthodes et processus de l'économie formaliste fondée sur la monétarisation excessive de l'échange et du profit ? Face à une forte tendance à la mondialisation de l'économie aujourd'hui, il est évident que la microfinance peut conduire au meilleur comme au pire. L'essentiel c'est de pouvoir identifier quelles stratégies mènent à tel ou tel scénario surtout dans les sociétés africaines en développement car, comme le souligne le paysan sénégalais Mamadou Cissokho « pour que le développement soit local, il faut que la force du développement soit locale. Le système actuel donateurs-récepteurs n'est pas éternel. Pour que nous soyons indépendants, il nous faut un moyen puissant de financement, d'organisation et de gestion rigoureuse»[44].

[44]Fernand V.,(1987), Manuel de gestion pratique des associations de développement rural du tiers monde. Tome II, l'Harmattan, Paris

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