QUATRIEME PARTIE
INFLUENCES DES REALITES SOCIOCULTURELLES ET
ECONOMIQUES SUR LES MICRO-CREDITS DANS LA COMMUNE
D'ADJARRA
CHAPITRE IX : IDENTITE SOCIALE DES BENEFICIAIRES DE
MICROCREDITS DANS LA COMMUNE D'ADJARRA
Les premiers résultats des enquêtes de terrain
sont ceux concernant l'identité sociale des groupes de femmes
étudiées dans la commune. Il s'agit surtout de leur statut dans
le ménage, du type de ménage auquel elles appartiennent et de la
taille de leur ménage.
9.1- Statut des femmes bénéficiaires dans
les ménages
Dans le groupe de la première catégorie de
bénéficiaires, les résultats ont
révélé que :
- 63% sont des chefs de ménage[29].
- 10% ne sont pas des chefs de ménage.
- 27% vivent dans des ménages mixtes[30].
Or, dans le groupe de la deuxième catégorie de
bénéficiaires, - 16% seulement des bénéficiaires
sont des chefs de ménage
- 27% ne le sont pas,
- 57% vivent dans des ménages mixtes.
Le statut de chef de ménage implique une grande
responsabilité financière dans la vie du ménage. Les
données ainsi recueillies montrent que la première
catégorie de bénéficiaires c'est-à-dire le grand
groupe des femmes en difficulté présente un fort pourcentage de
femmes chefs de ménage : (63%) contre (16%) pour la seconde
catégorie de femmes. Cette réalité montre à quel
point la charge familiale influence négativement l'activité
économique des bénéficiaires en difficulté qui
sont contraintes à engager presque la totalité
de leur revenu dans la survie du ménage puisque la plupart ont eu
à déclarer :« papa ne donne rien )> ; «
je ne peux pas toujours attendre papa pour que les enfants mangent
)> ; « papa est chauffeur et quant il part, il fait des jours avant
de revenir )>.
[29]Le chef de ménage désigne le conjoint qui
assure les principales dépenses du ménage
[30]les ménages mixtes sont des ménages dans
lesquels les principales dépenses sont assurées conjointement par
les deux époux
En effet, après la dot, la femme reçoit un fonds
de commerce - le « Adjokouè » - pour
conduire une activité économique à vie. Ce sont les
revenus de ce fonds qui servent à couvrir les dépenses du
ménage quelle que soit sa taille. C'est la
rentabilisation de ce fonds qui confère d'ailleurs à la femme
rurale de la localité son statut respectable de bonne épouse,
chef de ménage « yonnou houéssi
» mais pas chef de famille. La responsabilité d'une
bonne femme chef de ménage est de tout faire pour bien nourrir toute sa
famille et de prendre en charge la majeure partie des dépenses du
ménage. Face à cette lourde responsabilité la femme
rurale, déjà analphabète a du mal à se soustraire
à la logique de séparation du crédit des dépenses
du ménage. Il s'ensuit une comptabilité compliquée rendant
difficile le remboursement du crédit à bonne date, le
réinvestissement et la continuité efficace de l'activité.
La répartition de ces femmes suivant leur statut dans le ménage
se présente dans le graphique ci-dessous.
Graphique I : Répartition des
femmes selon leur statut dans le ménage
statut des bénéficiaires dans le
ménage( Groupe 1)
chef de ménage
pas chef de ménage
statut mixte
27%
63%
10%
Statut des bénéficiaires dans le
ménage (Groupe 2)
Chef de ménage
pas chef de ménage
statut mixte
16%
57%
27%
Source : enquête de terrain, septembre
- octobre 2011
La comparaison de ces données recueillies permettent de
conclure que les femmes bénéficiaires qui évoluent
normalement vers la sortie de la pauvreté
extrême(deuxième catégorie de
bénéficiaires) sont celles qui n'ont pas une grande
responsabilité financière dans le ménage.
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