4.2. C onnaissances empiriques des apicultures et
resultats d'enquetes ethn omellis ol ogiques
a. Emplacement des ruches :
Les ruches étaient placées selon
certaines stratégies en rapport avec le relief. Ainsi l'endroit
élevé et les montagnes étaient des cibles. En rapport avec
les différents biotopes, les ruches sont placées soit dans les
champs de culture, soit dans des petites forets ou même dans les
plantations d'arbres.
Dans les îlots forestiers, il convient de signaler
que les espèces comme : Harungana madagascariens, Harungana montana,
Galiniera coffeoides et Chassilia subocreata étaient les
espèces dominantes et les plus fréquentées.
Dans les plantations, on pouvait signaler la dominance
des espèces comme : Cinchona ladgeriana, Coffea, Eucalyptus,
Grevillea comme des espèces habituellement visitées par les
abeilles.
Par ailleurs dans les champs de culture, les ruches sont
placées dans des champs à Phaseolus vulgaris et
Sorghum bicolor.
Il faut noter que la récolte du miel correspond
à la floraison de toutes les espèces ci haut
cités.
Les ruches
Les ruches anciennes (1ere ruche) ont
été sous forme « sauvage » c'est à dire faites
à l'intérieur des troncs d'arbres par les abeilles elles
mêmes. Actuellement ce genre des ruches ne sont plus d'usages et ont
été remplacées par les ruches traditionnelles, celles ci
sont très utilisées en ce sens que la majorité de tous les
apiculteurs se trouvant à Idjwi utilisent souvent des ruches
traditionnelles. ( Annexe2)
Les dites ruches, ont une forme cylindrique ou conique et
dans la plupart de cas avec des capacités ou dimensions
différentes.
Les matériaux utilisés sont les rachis
d'Elaeis guinensis et les tiges de Pennissetum et les
écorces de Macaranga pour lier les divers rachis et tiges. De
l'argile ou de la bouse des vaches servent à boucher les
différents trous entre les rachis ou les tiges reliés par des
écorces et aussi à fournir de la chaleur aux abeilles se
trouvant
dans la ruche. Les ruches sont également
enveloppées par les bractées de l'espèce Musa ou
par des herbes de la famille Poaceae (Hyparrhenia,...) pour
empêcher le contact direct de la ruche avec les intempéries, la
pluie et même le soleil accablant. La ruche fabriquée par les
autres types d'espèces n'ont pas une longue durée
Une ruche fabriquée par les rachis
d'Elaeis est plus consistante car elle peut être
réutilisée deux ou trois fois sans qu'elle ne se détruise,
tandis que celle faite avec Pennisssetum ne peut être
utilisée qu'une seule fois et rarement deux fois. Cela s'explique par le
fait que les rachis d'Elaeis sont pourvus de la lignine alors que les
tiges de Pennisssetum sont creuse entrecoupées par des noeuds
fragiles.
Une fois la ruche fabriquée, l'apiculteur se
choisit un endroit approprié sans la mettre par terre. A cet endroit les
abeilles viendront habiter la ruche. Celle ci est suspendue sur les arbres pour
éviter tout contact avec l'humidité du sol et d'autres agents
susceptibles de la décomposer.
b. Durée de la production du miel
Une fois les abeilles habitent déjà la
ruche, elles peuvent produire les miels dans une échéance de 3
à 5 mois (après leur installation). Une fois
dépassée cette période les miels peuvent être
recueillis par les producteurs et la cire servira pour loger les larves de la
ruche. Des larves grandissent, elles nourrissent d'autres jeunes abeilles
sorties des alvéoles.
c. Différentes castes d'abeilles
Les abeilles sont des insectes sociaux organisés
en caste ou . polymorphisme. (Annexe 6).Dans chaque ruche, on trouve
:
- la Reine appelée Mwami en dialecte « Havu
» : dans une famille d'abeille il y
a seulement une reine qui constitue le fondement de la
famille des abeilles.
C'est une abeille deux fois plus longue que les autres,
son rôle fondamental est la ponte des larves. La reine n'est pas
agressive.
- des abeilles de grande taille et très noires
; leur rôle est de construire et ce sont elles qui apportent les
matériaux de construction de la cire et amènent de la propolis.
Elles sont appelées « Nyenzi » en dialecte « Havu »
;ce sont des Faux bourdons.
- les petites abeilles, très agressives de
couleur jaunâtre, elles sont appelées « Nyakajuki » en
langue vernaculaire ou ouvrière, elles sont les plus nombreuses de la
famille des abeilles. Elles récoltent le nectar et pollen pour la
fabrication du miel.
Une fois la ruche devient incapable de supporter toute
la colonie d'abeilles suite à leur nombre, la colonie se scinde en deux
de façon mutuelle : c'est l'essaim. La nouvelle famille quitte le nid
à couvrir avec l'ancienne mère. La famille se démultiplie
donc non seulement quand il y a trop d'abeilles mais aussi quand il y a trop de
miel dans une ruche ou à la mort d'une reine. C'est donc une
séparation ou division naturelle et amicale.
d. S ortes des miels
Le miel est un produit sucré fabriqué
par les abeilles grâce à diverses substances
récoltées sur des plantes et des endroits souillés. Dans
une ruche les produits suivants ont été distingués sur le
terrain à Idjwi :
Le miel liquide appelé « Buki » :
c'est le meilleur produit fabriqué par les abeilles. C'est le miel qui
est consommé par une multitude des personnes, il est mis en boîte
et vendu sur le marché. Il se conserve pendant longtemps. C'est un miel
de meilleure qualité, de couleur brun foncé.
Le miel coagulé appelé « Sinde
» : c'est un produit de couleur jaunâtre. Il est
préparé avec de l'huile et mangé par la population locale.
On le consomme avec de la banane ou de la patate douce. Ce genre de miel ne se
conserve pas pendant longtemps et ne se vends pas car étant
considéré comme déchet. Tout passant peut le consommer sur
place pendant la récolte.
La cire appelée « Bishoko » : c'est
la plaquette dans laquelle l'abeille garde tous les fruits de ses
récoltes et dans laquelle naissent les larves. La cire est bien connue
à Idjwi. L'apiculteur sait qu'elle sert à la fabrication des
bougies bien qu'il ne le met pas sur le marché et ne le valorise pas sur
place.
f. Réc olte :
La récolte des miels se fait actuellement deux
fois par an : durant la saison sèche au mois de Juin, de Juillet,
Août et Septembre et pendant la saison de pluie en Février et en
Mars. La récolte se fait d'une manière traditionnelle car les
apicultures n'ont pas des matériels nécessaires pour cette
pratique. Ils utilisent un trousseau d'herbes (Fumba) contenant du feu qui joue
le rôle de la pompe à fumée (enfumoir). Son rôle est
de pousser les abeilles à se diriger vers la partie inférieure de
la ruche et non le chasser de la ruche. Il y a aussi un couteau ou une machette
qui sert à séparer la cire
des rachis ou tiges se trouvant attachés à
la ruche. Un bassin ou une casserole sert à garder le produit
récolté.
Il est conseillé d'utiliser les récipients
en plastiques pendant la récolte et non ceux en Aluminium ou en
Fer.
g. Usages
A Idjwi e miel est utilisé pour diverses
raisons:
- Alimentation humaine ;
- Mélangé avec certaines boissons locales
il en améliore la qualité ; - Fabrication des
vins (Hydromel) ;
- Traitement des maladies : plaies buccales chez les
enfants, bronchite, maladies d'estomac, cardiaque, hépatique,
tuberculose, toux, crampe, verminose, hémorragie, angines,
etc.
- Il est un recalcifiant osseux et dentaire
;
- Il élimine les tâches sur la peau
;
- Chez le bébé, il est un aliment qui
facilite la solidité musculaire ;
- Chez le sportif, il est énergétique et
fortifiant ;
- Il est sources des rvenues
h. Dangers
Les abeilles présentent des grands risques car
elles piquent et tuent les apiculteurs. Les apiculteurs d'Idjwi sont
exposés aux piqûres des abeilles car ils n'ont pas des
matériels propres à cette pratique : pas des casques, pas des
gants ni de pompe à fumée (enfumoir).
La population n'est pas épargnée car
parfois les ruches sont placées au voisinage des habitations et les
enfants ou les bétails provoquent de fois les abeilles. Parfois les
abeilles en déplacement se vont dans des quartiers à la recherche
de la nourriture et causent des dégâts énormes.
i. Inquiétudes et stratégies
Comme la forêt de Nyamusisi a été
complètement détruite et que les espaces boisées sont en
pleine menace ; les abeilles d'Idjwi risquent de fuir à la recherche
ailleurs des espaces boisés, des forêts ou des
plantations.
Ainsi par manque des forêts, certains
apiculteurs sont contraints de placer les ruches dans des
propriétés privées en se fixant des conditions de louages
de ces biotopes.
Avant la destruction de Nyamusisi, un apiculteur
produisait 6 à 8 bouteilles par ruche. Actuellement l'apiculteur produit
3 à 4 bouteilles suite à la destruction des
forêts.
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