d) Rôle de la jeunesse : quelle place pour la
jeunesse féminine sur la scène publique?
Pourtant ces conditionnements ne constituent pas des
déterminismes. En effet, il est possible de se libérer de leurs
entraves, du moins partiellement dans la mesure où ces femmes ont
conscience du poids des coutumes et du rôle social qu'on leur inflige
ainsi que les limites que ce système leur impose. Cette conscience
politique et cette implication féministe concernent donc une
catégorie de femme appartenant à une tranche d'âge allant
de 30 à 45 ans voir plus...La notion de mobilité et de
liberté de mouvement que requière l'engagement politique ne
pouvant être admis que chez les femmes jouissant d'un certain statut
sociale ( mariée et ayant un certain âge avancé...), les
jeunes filles sont très peu présentes voir totalement absentes du
paysage politique. En effet, l'accès à cet espace est soumis
à des conditions implicitement établies mais qui conditionne la
légitimité de l'insertion féminine dans le pouvoir
politique. Cette analyse nous amène à comprendre la faible
participation de la jeunesse féminine à la vie politique du pays,
de plus cette génération se trouve confronté aux
prérogatives de la modernité dont l'éducation qui devient
un besoin fondamental à l'intégration des sphères
décisionnelles. L'effectif de la
scolarisation des filles étant assez faible surtout dans
l'enseignement supérieur accentue ce phénomène.
Il est important de noter par ailleurs qu'une
ambigüité se crée dans ce pays qui vacille entre les besoins
de l'ère moderne et la place importante qu'occupent la tradition et les
coutumes. En effet, deux mondes se chevauchent : Les institutions
socio-politiques traditionnelles et modernes se côtoient et
s'interpénètrent. Une telle situation creuse un fossé
entre les principes d'une éducation traditionnelle assurée par la
collectivité ayant des fonctions précises (solidarité
ethnique, communisme primitif, savoir faire traditionnel, transmission des
croyances et des coutumes locales, etc.) et l'éducation moderne qui elle
met en place un système basé essentiellement sur l'acquisition de
connaissances dans une perspective de compétence et de réussite
individuelle fondé sur des critères totalement différents.
Ce phénomène constitue un frein supplémentaire à la
participation des jeunes filles à la vie active et publique du pays. Le
statut personnel de la femme étant intimement lié à une
multiplicité de rôles sociaux qu'elle doit assurer, l'enjeu de
l'éducation des filles ne lui permet pas d'intégrer pleinement
des responsabilités sur un plan politique et économique.
Cet état de fait explique la tendance informelle des
engagements politiques féminins en Mauritanie. Dans le chapitre suivant
nous tenterons de déceler à travers les champs d'actions de ces
femmes, l'espace qui lui est réservé et l'influence de la culture
nomade berbère sur les rapports de genre dans la société
et en matière de politique, comment ces deux univers s'articulent de
manière à dessiner un paysage socio-politique particulier
caractérisant ce pays.
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