INTRODUCTION
Ce mémoire analyse les bénéfices
d'adduction d'eau potable à ADJOHOUN dans le village de TOGBOTA-OUDJRA.
Le résultat le plus important est que les ménages
enquêtés ont révélé un CAP moyen de 19.2
FCFA par bassine de 25 litres. Les résultats obtenus par l'analyse
économétrique montrent que ce montant est influencé par le
temps mis pour chercher l'eau et les coutumes traditionnelles liées
à son utilisation. Ce montant représente, en terme
monétaire, les bénéfices d'adduction d'eau potable et,
permettra aux ménages d'accéder à une eau salubre. Les
bénéfices de la consommation d'une eau potable sont assez
importants parce que, outre la réduction du nombre de maladies
véhiculées par l'eau insalubre, un meilleur accès à
l'eau potable permet aux ménages de gagner du temps et
d'économiser des ressources financières.
L'eau est indispensable à la vie et au
développement social et économique d'un pays et un accès
plus large à une eau potable peut se révéler
décisif dans la réduction de la pauvreté.
Nous avons choisi de travailler sur ce terme parce que, les
habitants de TOGBOTA ne disposent pas d'une source d'eau potable ; et donc
le fait d'assurer un bon approvisionnement en eau salubre constitue une
action préventive dont le principal effet est de réduire la
fréquence des maladies hydriques, et, de ce fait, de diminuer le nombre
de décès dans le rang des enfants. Nous avons adopté la
méthode d'évaluation contingente pour enquêter les
ménages afin d'obtenir des données nécessaires pour notre
l'analyse.
L'analyse des résultats de l'étude menée
sur le village de TOGBOTA, a été faite suivant deux approches.
Une approche descriptive qui nous a permis de faire une synthèse de
l'ensemble des données recueillies. Ensuite, l'approche
économétrique nous a permis de déterminer les facteurs
explicatifs du montant du CAP à travers un modèle
linéaire.
Le premier chapitre expose les fondements théoriques de
l'analyse des bénéfices d'eau potable et aborde le cadre
méthodologique utilisé pour l'analyse des données. Le
deuxième chapitre analyse les résultats de l'enquête et
propose des recommandations issues de cette analyse.
Chapitre I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE
L'ETUDE
Section 1 : Cadre théorique
Paragraph1 : Problématique
La satisfaction des besoins en eau est fonction de la
disponibilité de la ressource et surtout de la qualité de ces
eaux, des activités humaines, du niveau de développement
économique, de la démographie et du taux d'urbanisation. Offrir
de l'eau de bonne qualité pour tous les usages à la population, a
constitué de tout temps de part le monde un défi à relever
par les pouvoirs publics. L'atteinte de cet objectif passe
inévitablement par la maîtrise de la ressource et sa
répartition entre les populations.
L'eau est le bien environnemental qui se distingue par la
multifonctionnalité. Cette ressource peut servir parallèlement ou
d'une manière séquentielle à des usages divers tels que la
consommation domestique, industrielle, agricole, ainsi que des usages
récréatifs, de génération électrique ou de
transport. Ce besoin croissant en eau de la population et le
développement des activités économiques et humaines
entrainent sont épuisement ou sa dégradation et constitue de ce
fait une menace pour l'équilibre écologique nécessaire au
développement et à la préservation des espèces
vivantes. Cette rareté de l'eau interpelle les responsables
chargés de son allocation à une maitrise de la ressource et
à une gestion plus rigoureuse. L'eau est indispensable à la vie
et au développement social et économique d'un pays. Les avantages
de la consommation d'une eau potable sont multiples ; et pour cela, les
pouvoirs publics doivent tout mettre en oeuvre pour assurer aux populations
l'accès pérenne à une eau salubre. Pour atteindre cet
objectif, l'une des issues serait de concevoir des mécanismes
économiques permettant une allocation qui garantisse le bien être
général optimal et surtout la conservation de la ressource.
C'est dans cette optique que beaucoup d'organismes internationaux militent avec
les états afin d'assurer aux populations une eau de bonne
qualité. Au Bénin, de nombreux efforts sont consentis par le
gouvernement afin d'assurer aux habitants une eau potable quelque soit les
modes d'approvisionnement. Ainsi, de 1980 à 1990, la Décennie
Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (DIEPA), a permis au
gouvernement du Bénin d'améliorer son taux de couverture par la
construction d'environ 430 points d'eau par an. La stratégie de
l'alimentation en eau potable en milieu rural adoptée par le
gouvernement du Bénin en 1992 et mise en oeuvre par les Projets
d'Assistance au Développement du secteur de l'alimentation en Eau
potable et de l'Assainissement en milieu Rural (PADEAR) a permis de mobiliser
environ soixante cinq milliards de francs CFA ( soit 114 millions $) et de
réaliser 6000 installations hydrauliques : forages
équipés de pompes à motricité humaine, puits
cimentés à grand diamètre, adduction d'eau villageoises
(AEV). Ainsi, les mécanismes mis en place par cette stratégie
ont permis de passer de 430 points d'eau par an avant 1990 à environ 550
points d'eau de 1990 à 2001. Aussi en tenant compte de la
répartition géographique des populations et pour faciliter
l'accès pérenne à l'eau potable, la norme
d'équipement est passée de un (01) point d'eau pour 500 habitants
à un (01) point d'eau pour 250 habitants (Direction
Générale de l'Hydraulique, octobre 2005).
Malgré ces efforts en matière d'assainissement
et de desserte en eau potable, force est de constater qu'il existe encore
plusieurs localités qui n'ont toujours pas accès à l'eau
potable. Il faut remarquer que le niveau d'approvisionnement en eau potable de
la population du Bénin est encore insuffisant à l'heure actuelle.
Moins de 50% de la population des villes a accès à l'eau potable.
C'est évidemment bien pire en milieu rural où le taux de desserte
est évalué actuellement à 45,4%( BDI/DGH/DDMEH). De fait
l'accès à l'eau potable n'est pas une priorité pour de
nombreux villages vivant le long d'un cour d'eau. Certaine frange de la
population villageoise s'alimente en eau à partir des mares ou d'autres
plans d'eau insalubres, sans connaitre le plus souvent les risques d'une eau
impure pour la santé. La conséquence est que les maladies
induites par l'eau impure figurent en tête de liste des maladies
hydriques répertoriées. La persistance de ces problèmes
est liée à de nombreuses causes : le faible réseau
d'extension de la SONEB, un volume d'investissement trop faible par rapport
à la croissance démographique et l'absence d'une stratégie
de long terme dans le secteur de l'eau. Ce problème se pose avec
acuité dans la commune d'ADJOHOUN de la vallée de l'OUEME qui
constitue, pourtant, l'un des réservoirs d'eau les plus importants au
Bénin. Malgré cette richesse en eau, les populations
environnantes sont confrontées aux problèmes d'approvisionnement
en eau potable. Dans le village de TOGBOTA d'une population de plus de trois
milles habitants, situé dans la commune d'ADJOHOUN, les habitants n'ont
pas accès à l'eau potable. Ils utilisent l'eau d'une source
traditionnelle, appelée communément «OUDJRA-GA'', comme eau
de consommation et de ce fait ne font pas le lien entre la qualité de
l'eau qu'ils boivent et les nombreuses maladies hydriques liées à
l'eau contaminée telles que : l'ulcère de buruli, le
choléra, la typhoïde, la bilharziose, l'angine, le paludisme, la
toux, la diarrhée qui sont la cause de 60% de la mortalité
infantile. Le village de TOGBOTA-OUDJRA est durement touché par ces
maladies souvent diarrhéiques qui peuvent être
évitées par un accès à une eau saine et des
règles d'hygiène simple. L'accès à l'eau potable
dans cette localité serait d'une importance capitale à la survie
de ces populations.
La question fondamentale au centre de cette recherche est
celle de la détermination des bénéfices
d'approvisionnement d'eau potable dans la commune d'ADJOHOUN et principalement
dans le village de TOGBOTA-OUDJRA. Pour l'évaluation de ces
bénéfices, nous nous interrogerons sur les modes
d'approvisionnement en eau, les usages de l'eau et enfin la valeur que
les habitants de TOGBOTA-OUDJRA accordent au fait de posséder l'eau
potable.
Cette étude permettra aux autorités
municipales de disposer des informations nécessaires pour la mise en
oeuvre des décisions en matière d'adduction d'eau potable dans
le village d'une part, et de confronter les connaissances théoriques
acquises à la réalité, d'autre part.
Paragraphe 2 : Objectifs et hypothèses de la
recherche
2.1 Objectifs
Le principal objectif poursuivi par la présente
étude est d'évaluer les bénéfices d'eau potable
à ADJOHOUN dans le village de TOGBOTA-OUDJRA.
De façon spécifique, il s'agira de :
- Faire le point sur les modes d'approvisionnement et les
usages d'eau dans cette localité ;
- Déterminer le CAP des usagers pour disposer
localement d'eau potable ;
- Identifier les facteurs explicatifs des montants du CAP.
2.2 Hypothèses
Pour atteindre les objectifs fixés ci-dessus, quatre
hypothèses ont été formulées :
H1 : La consommation d'eau
des ménages de TOGBOTA-OUDJRA est faible.
H2: Les ménages de TOGBOTA sont prêts
à acheter l'eau à un montant élevé.
H3 : La différence entre le CAP moyen
des femmes et des hommes n'est pas significative.
H4 : Les valeurs du consentement à
payer sont influencées par la durée d'approvisionnement et les
coutumes traditionnelles liées à l'utilisation de l'eau.
Paragraphe 3: Fondements théoriques de l'analyse des
bénéfices d'eau potable
3.1 Les bénéfices de l'approvisionnement
en eau potable
Les avantages liés à un approvisionnement en eau
potable sont nombreux et sont avant tout d'ordres sanitaires et humains mais
également sociaux et économiques. Le rôle important que
joue l'eau potable dans le processus du développement durable
nécessite que des investissements importants soient
réalisés en vue de desservir les populations en eau de bonne
qualité. Au nombre des Objectifs de développement du
Millénaire, figure la cible 10 de l'objectif 7 qui vise `'à
réduire de moitié d'ici à 2015, la
proportion de personnes n'ayant pas durablement accès à l'eau
salubre et à des installations sanitaires de base''.
L'atteinte de cet objectif renferme d'énormes avantages
pour les populations notamment les plus démunies : il s'agit des
bénéfices en termes de santé publique, d'économie
des ressources financières pour les ménages et de gains de temps
(SOGLO, 2006). En effet, l'accès à une eau salubre contribue
à préserver l'état de santé des individus, en
particulier chez les enfants. Dans les pays en voie de développement,
les maladies transmises par l'eau constituent la première cause de
maladie et de décès parmi les populations démunies. Selon
l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), 1,6 million d'enfants meurent chaque
année en raison de l'insalubrité de l'eau, l'absence de services
d'assainissement de base et le manque d'hygiène. Les dépenses
engagées par les différentes institutions, aussi bien nationales
qu'internationales, en charge de la lutte contre les maladies hydriques
s'élèvent à plusieurs milliards de dollar us. Dans ces
conditions, l'accès à une eau potable permettra d'une part, la
réduction de ces dépenses, et d'autres parts, l'orientation de
ces fonds vers d'autres dépenses beaucoup plus importantes ;
notamment les dépenses d'éducation des filles et des
garçons et l'alphabétisation des adultes. Selon l'OMS, la
disponibilité de l'eau peut contribuer à la création ou le
développement de petites entreprises, et par conséquent
améliorer le revenu disponible qui peut être utilisé pour
la consommation.
Enfin, les ménages réaliseront des
économies de temps significatives qui résulterait de la
proximité des infrastructures d'adduction en eau ; car les
ménages ne disposant pas de point d'eau à proximité
mettent parfois plusieurs kilomètres pour s'approvisionner en eau.
3.2 : Valeur économique totale des biens
d'environnement
La valeur économique de l'environnement présente
des aspects multiples. La notion de valeur économique totale de
l'environnement permet de spécifier ces aspects en distinguant entre
valeur d'usage, valeur d'option, valeur de non-usage de même qu'entre
usage présent et usage futur.
La valeur d'usage désigne à la fois les
prestations directement consommables (nourritures, bois...) que l'environnement
met à la disposition de l'homme et celle indirectement utilisée
telle les fonctions de protection, de régulation que l'environnement
remplit (valeur d'usage indirecte). La valeur d'option désigne celle
attribuée à un usage potentiel futur.
Les valeurs de non usage de l'environnement peuvent
être différenciées en valeur de legs (ou d'héritage)
et en valeur d'existence. La première désigne la valeur
accordée à des caractéristiques environnementales
(paysage) conservées pour les générations futures (qui en
feront usage ou non). Enfin, la valeur d'existence est celle placée sur
l'existence même (indépendamment de tout usage) d'une composante
de l'environnement.
La tangibilité de ces valeurs diminue à mesure
que l'on se déplace vers l'usage futur et le non usage. Elle aboutie,
à l'extrême, à la reconnaissance d'une valeur d'existence
de l'environnement découlant du simple fait que l'homme à
conscience de son existence.
Tableau1 : Décomposition
de la valeur économique totale
Valeur économique totale
|
Valeur d'usage
|
Valeur de non usage
|
Valeur d'usage directe
|
Valeur d'usage indirecte
|
Valeur d'option
|
Valeur de legs
|
Valeur d'existence
|
Prestations directement consommables
|
Avantages fonctionnels
|
Usage potentiel futur
|
Conservation pour génération future
|
Valeur placée sur le non usage
|
Face à l'incapacité de la théorie
économique classique à résoudre les problèmes
liés à la détermination de la valeur des actifs
environnementaux, l'on a assisté depuis quelques années à
un développement de nouvelles techniques d'évaluation de ces
actifs. Ces méthodes visent essentiellement à amener l'individu
à révéler son consentement à payer ou recevoir
quant à la valeur de l'actif ; car face à un bien
d'environnement, l'on a estimé que seul l'individu est capable d'en
révéler la vraie valeur d'après les
bénéfices qu'il en tire et non le marché.
3.3 Les méthodes d'évaluation des biens
environnementaux
L'évaluation économique des biens
environnementaux requiert l'utilisation de techniques d'évaluation
particulières. Le développement de ces méthodes est
étroitement lié à la prise en compte de l'environnement
par les pouvoirs publics et les économistes et ceci pour pallier au
caractère non marchant des biens environnementaux. Dans la
littérature économique, il existe deux grandes familles de
méthodes : Les méthodes indirectes et les méthodes
directes.
3.3.1 Les méthodes indirectes
Les méthodes indirectes d'évaluation sont
principalement la méthode des coûts de transport, la
méthode des prix hédoniques et la méthode des
dépenses de protection.
3.3.1.1 La méthode des coûts de
transport
La méthode des coûts de transport (MCT) est
utilisée pour évaluer les valeurs d'usage d'un site en
quantifiant les dépenses engagées pour se rendre sur le site. On
doit ses fondements à HOTELLING(1947). La MCT consiste à
évaluer les différents coûts que les ménages sont
prêts à payer pour profiter d'un lieu à usage
récréatif.
Principe de la méthode
Visiter un parc, un plan d'eau ou un site exceptionnel en
montagne, demande la plupart du temps de se déplacer et de payer pour un
mode de transport choisi. Les visiteurs d'un site doivent en effet acheter un
billet de train ou de bus pour les transports publics ou supporter les
coûts (essence, entretien, assurance...), liés à
l'utilisation de leur voiture. Ils doivent également passer du temps
(voyage) pour atteindre le site.
Cette méthode peut être utilisée pour
estimer les bénéfices ou les coûts issus de :
Changement dans la qualité environnementale d'un lieu
à usage récréatif ;
ü Usage récréatif ;
ü La création d'un lieu à usage
récréatif ;
ü La suppression d'un lieu à usage
récréatif ;
ü Changement dans les coûts d'accès d'un
lieu à usage récréatif.
L'idée de base consiste à estimer le
consentement à payer des individus pour l'aménagement des sites
naturels de loisirs d'après le montant de monnaie et le temps qu'ils
ont consacrés à se rendre sur le site. On suppose, en
général, que les individus supportent un ensemble de coûts
pour se rendre sur le site. Ces coûts comprennent : le coût du
transport (essence, prix du billet de taxi,...), le droit d'entrée
éventuel, le temps passé pour y rendre et séjourner sur
place.
Cette méthode a été utilisée dans
le Common, M.(1988) pour évaluer les bénéfices des usages
récréatifs d'une vallée. L'objectif était d'estimer
les coûts de la construction d'un barrage qui inonderait la
vallée.
Grâce à une enquête on détermine le
nombre de visiteurs de la vallée ainsi que leur provenance.
Nous pouvons retenir de façon générale,
que la méthode consiste à évaluer la valeur d'usage
récréative d'un site en reliant la demande pour ce site,
mesurée par le nombre de visites au site, à son prix,
mesuré par les coûts supportés pour une visite. On
établit une fonction V=f(C, X) dans laquelle V est le nombre de
visites sur le site, C le coût de visite et X d'autres variables
significatives expliquant V.
L'avantage essentiel de la méthode des coûts de
transport réside dans le fait que les mesures de l'avantage
environnemental reposent sur l'observation de comportements d'agents
observés sur le marché. Les inconvénients sont en revanche
nombreux. Tout d'abord la méthode ne s'applique par définition
qu'à des valeurs d'usage puisqu'elle repose sur des coûts de
trajet effectivement pratiqués et exclut donc toute évaluation de
valeur de non usage.
3.3.1.2 La méthode des prix
hédoniques(MPH) ou des prix implicites
La MPH conduit des analyses comparées de prix
d'habitations pour lesquelles seule la composante environnementale est
différente (Ridker et Henning, 1967, pour une première
application à la pollution de l'air).
La MPH appliquée aux prix des maisons est l'une des
méthodes couramment utilisée par les économistes pour
évaluer les pertes ou les gains monétaires liées à
la qualité de l'environnement. Elle repose sur l'idée que la
variabilité observée du prix des maisons selon leur localisation
permet d'estimer la valeur que les consommateurs attribuent à un
changement dans la qualité de leur environnement. Le différentiel
de prix entre des maisons de caractéristiques environnementales
différentes peut alors constituer une information sur le prix implicite
ou prix hédonique de cette caractéristique. En effet, il est
possible d'envisager que, lorsque la qualité de l'environnement varie et
les consommateurs préfèrent une meilleur qualité, le prix
de la maison sera, ceteris paribus, affecté par le niveau de
qualité de l'environnement. L'information sur la qualité sera
reflétée par le prix.
De façon spécifique, cette méthode est
principalement utilisée dans le secteur de l'immobilier. L'idée
de base est assez simple. Lorsqu'un agent achète une habitation, le prix
de celle-ci est déterminé par un certain nombre de
caractéristiques telles que : la qualité de la maison, la
proximité au lieu de travail et aux commerces, mais également la
qualité du cadre de vie, qui comprend entre autres des
caractéristiques environnementales telles que le niveau de la
qualité de l'air, le bruit du trafic et la proximité des zones
vertes.
Enfin, la méthode des prix hédoniques tente,
dans un premier temps, d'établir la part de l'environnement dans les
différences de prix des biens immobiliers et dans un second temps, de
déterminer le coût d'une dégradation de l'environnement ou
l'avantage résultant de son amélioration, sous forme de
consentement effectif à payer pour les caractéristiques ou les
attributs environnementaux exercé par les agents économiques sur
le marché immobilier.
La
méthode convient assez bien dans le cas de la pollution
atmosphérique ou dans celui du bruit, en tout cas quand les effets sont
faciles à observés par les individus concernés, se
répercutent par conséquent sur les prix de marché, ce qui
est aisé à observer et à mesurer. Plus
précisément, la validité de la méthode des prix
hédoniques supposent que les agents aient une information
complète, soient capables d'acheter exactement l'ensemble de
caractéristiques qu'ils désirent, et que le marché
immobilier soit en équilibre (Sylvie FAUCHEUX, Jean-François
Noël, 1995).
La méthode a été appliquée, entre
autres problèmes, à la qualité de l'air dans les villes
(Jansen, van der Meer, Opschoor, Stapel, 1972 ; Brookshire, Thayer,
Schulze, d'Arge, 1982) et à la qualité de l'eau (d'Arge et
Shogren, 1988).1(*)
3.3.1.3 La méthode des dépenses de
protection
Cette méthode quantifie les dépenses de
protection contre une baisse de qualité de l'environnement (Blomquist,
1979, Dardis, 1980).
Elle repose sur la théorie du choix du consommateur, et
plus précisément, sur l'observation de la fonction de production
des ménages. On peut calculer, de façon indirecte, des
coûts de la pollution en considérant des dépenses faites
par les ménages pour se protéger d'une dégradation
environnementale. Ces dépenses de protection représentent le
consentement minimal à payer d'un ménage pour maintenir constant
le niveau d'utilité de ses inputs (Desaigues & Point, 1993). Cette
méthode a par exemple été utilisée pour
l'évaluation du coût de la contamination de l'eau souterraine dans
le sud de la Pennsylvanie par C. Abdalla et al (1992). Il existe
également d'autres méthodes qui comptabilisent des
dépenses liées à la ressource et qui permettent de
calculer indirectement le coût de la pollution :
- Le coût de purification
- Le coût de remplacement
- Le coût des matériaux de substitution
- Le coût des mesures d'évitement
(prévention, interdiction)
Le problème de ces méthodes est qu'elles
évaluent indirectement le consentement à payer d'un individu. On
peut donc rencontrer des difficultés comme le biais d'inclusion. En
effet, la valeur du coût de purification peut regrouper plusieurs biens
environnementaux et donc ce coût n'estime pas uniquement le bien
recherché.
De plus le lien entre ces différents coûts et le
bien environnemental que l'on souhaite évaluer peut être complexe
et difficile à établir.
Par ailleurs, il est difficile de percevoir l'ensemble des
bénéfices d'une amélioration à travers la
réduction des dépenses de protection. En effet, les
ménages ne disposent pas forcément de toute l'information
nécessaire. Autrement dit, ils ne connaissent pas l'origine des effets
qu'ils subissent et ils ne sont pas toujours capables de lutter contre ces
effets par des dépenses de protection. Par ailleurs, il n'est pas
toujours possible de réaliser des dépenses de protection
efficaces pour se préserver contre certains effets. Dans ces deux cas,
la réduction des effets ne se traduit pas par une réduction des
dépenses de protection alors qu'il y a des bénéfices. La
méthode peut donc être parfois réductrice. Cependant
Laughland et al. (1996) ont démontré l'existence de comportements
de protection des consommateurs faces à une eau contaminée. C'est
Courant et Porter (1981) qui ont développé le cadre
théorique d'un comportement de protection en réponse à la
pollution. Ils ont montré que les dépenses de protection
constituaient un consentement à payer pour la réduction de la
pollution. Cette méthode est donc souvent utilisée, notamment
dans le cadre de la contamination des eaux souterraines.
Abdalla et al. (1992) dans une étude sur les
dépenses de protection des ménages desservis par le réseau
public de distribution d'eau potable en Pennsylvanie central et du sud est. Au
centre, 96 % des ménages sont informés de la présence de
matières organique dans l'eau distribuée par le réseau,
parmi lesquels 76 % adoptent des comportements de protection. Au sud-est,
seulement 43 % des ménages sont au courant de la contamination,
cependant 44 % des ménages adoptent des comportements de protection. En
moyenne, les dépenses pour éviter la contamination
s'élèvent à 252 et 123 dollars respectivement au centre et
au sud-est. Collins et Steinback (1993) ont réalisé une
étude sur les dépenses de protection en cas de contamination des
eaux dans l'ouest de la Virginie. Dans cette ville, 85 % des ménages
sont au courant des problèmes de contamination et investissent
régulièrement dans des actions de protection. Les actions les
plus fréquentes sont le nettoyage et la réparation des
systèmes de canalisation ainsi que le traitement des eaux. Une
enquête réalisée par téléphone et Internet a
révélé des dépenses moyennes de 320, 357 et 1090
dollars respectivement pour les problèmes de pollution
bactérienne, minérale et organique.
En Géorgie, Abrahams et al. (2000) ont
réalisé une étude sur le comportement de protection des
ménages face à un risque de pollution de l'eau de robinet. La
perception de la qualité de l'eau par les Géorgiens est
basée sur le goût, l'odeur et l'apparence de l'eau de robinet. Ils
ont évalué deux types de protection : le recours à
l'eau de bouteille ou l'installation de filtres. Sur 232 personnes
interrogées, 38 % utilisent l'eau en bouteille et 8 % ont
installé des filtres pour l'eau de robinet les dépenses moyennes
pour l'achat d'eau en bouteille s'élèvent à 4,32 dollars
par ménage et par semaine.
Cette méthode qui est basée sur l'observation du
comportement des individus permet de mesurer le Consentement minimal à
payer (Abdalla et al, 1996).
3.3.2 Les méthodes directes
Dans cette section, nous allons développer seulement la
méthode d'évaluation contingente . Une recherche
menée par la Water Research Team de la Banque mondiale (The World Bank
Water Demand Research Team,1993), The demand for water in rural areas:
determinants and policy implications a démontré, sur un cas
précis, que les prévisions du choix des ménages
fondés sur une enquête de volonté de payer peuvent
atteindre une grande précision, à condition toutefois que soient
rigoureusement suivies certaines règles méthodologiques.
3.3.2.1 La méthode d'évaluation
contingente
La méthode d'évaluation contingente (MEC)
consiste à interroger directement les individus par le biais
d'enquête. Il s'agit d'évaluer, à l'aide de questions
appropriées, combien les individus sont prêts à payer
ex-ante pour une modification donnée d'un bien environnemental.
L'idée générale de cette technique est la suivante. Comme
ce sont les préférences des individus qui sont à la base
de l'évaluation économique, mais qu'il n'existe pas de
marché évident pour l'environnement, la MEC consiste à
construire un marché hypothétique (contingent) d'une
modification de la qualité environnementale. Le développement de
cette méthode a été favorisé par de nombreux
évènements dont le plus célèbre fût la
catastrophe provoquée par le naufrage de l'Exxon-Valdez en Alaska qui
a suscitée de nombreuses réflexions sur la validité et
l'utilisation de la méthode d'évaluation contingente. Elles ont
débouché sur un ensemble de recommandations retranscrites dans le
National Oceanic and Atmospheric Administration(NOAA) panel (Arrow et al...
1993), rapport d'un groupe d'experts réunissant des économistes
renommés dont plusieurs prix Nobel, qui avait pour vocation de statuer
sur la validité de la MEC et de définir un certain nombre de
contraintes pour sa bonne mise en oeuvre. Ce rapport devient donc une
référence incontournable pour tout utilisateur de la MEC. Ces
recommandations proposent d'effectuer des enquêtes par interview
plutôt que par téléphone ou par courrier, et d'interroger
les individus sur leur consentement à payer par une question
fermée (car la technique d'interview minimise les non réponses).
Cette méthode a connu de nombreuses applications,
notamment dans les domaines du tourisme, de la gestion forestière, de
l'accès aux services de santé, de l'immobilier...etc. Anne
Stenger-Letheux (1997) a utilisé cette méthode pour
« l'Estimation de la valeur de préservation des eaux
souterraines de la nappe phréatique d'Alsace ».
L'objectif de son étude était d'estimer le consentement
à payer des ménages pour la préservation de la nappe
phréatique en Alsace.
N'GUESSAN et BOUAFFON (2006) ont utilisé cette
méthode pour évaluer la contribution des ménages ruraux au
financement de l'Assurance Maladie Universelle en Côte d'Ivoire.
L'objectif de leur étude était d'estimer les dispositions des
ménages à cotiser pour l'assurance maladie universelle et
d'identifier les facteurs explicatifs de ces cotisations.
L'efficacité de la méthode contingente
dépend en grande partie de la conception et de la mise en oeuvre de
l'enquête. Par ailleurs, Il existe de nombreux biais liés à
l'utilisation de cette méthode. Parmi ceux-ci nous pouvons
citer :
· le biais de l'échantillon, qui doit être
construit avec beaucoup de précaution ;
· le biais de l'entretien: apparaît lorsque
l'enquêté attribut une valeur supérieure au bien
considéré dans le souci de plaire à
l'enquêteur ;
· le biais stratégique : qui apparaît
quand les individus pensent que leur réponse peut influer sur la
décision finale ;
· le biais hypothétique : survient lorsque
l'individu ne peut pas se projeter dans la situation d'une transaction
hypothétique. Il est dû au manque de familiarité avec le
marché hypothétique et le manque d'informations sur le bien ou le
service. Mais selon WHITTINGTON et al. (1990) la possibilité que ce type
de biais apparaisse dans la plupart des services publics des pays en voie de
développement n'est pas significative.
· Effet revenu : enfin un autre biais,
provient de l'effet revenu. En effet le consentement à payer pour les
biens environnementaux dépend de la situation courante de l'individu, et
donc de ses dotations. En particulier les agents plus riches ont
généralement un consentement à payer plus important que
les agents plus pauvres, ce qui a pour conséquence de leur donner un
poids plus important dans les évaluations que ce que donnerait une
mesure directe du bien-être.
3.4 Les propriétés de l'eau
L'eau a des propriétés physiques assez
particulières par rapport aux autres liquides. Elle apparaît comme
un liquide «structuré'' et non désordonné par le
fait que ses constituants élémentaires sont
associés.
L'état physique de l'eau dépend de la
température et de la pression. Le passage liquide-gaz de l'eau se fait
classiquement à 100% à la pression normale. La température
de fusion de la glace décroit avec la pression : sous l'effet d'une
pression, la glace redevient liquide.
L'eau est, enfin, un excellent solvant qui sert de
véhicule à la plus part des ions à la surface du globe.
C'est un excellent solvant qui dissout un très grand nombre de sels, de
gaz, de molécules organiques. Les réactions chimiques de la vie
se passent en milieu aqueux ; les organismes sont très riches en
eau jusqu'à 90%.
L'eau se présente dans la nature sous deux formes
principales: les eaux de surface (les lacs, les cours d'eau et les bassins de
rétention d'eau) ou les eaux souterraines qui s'accumulent dans les
nappes phréatiques (les vides, le sable, les graviers...). Quelque soit
la forme sous laquelle elle se présente, l'eau a des attributs physiques
et économiques qui la distinguent des autres biens environnementaux. On
peut distinguer trois grandes caractéristiques selon la classification
de Bower (1963).
· La mobilité et les propriétés de
solvant,
· La variabilité et économie
d'échelle
· Utilisation séquentielle et
complémentarité des produits
3.5 Les usages de l'eau
L'homme à un besoin vitale d'eau et, outre le fait
qu'il l'absorbe (boisson, aliment), il l'utilise pour des activités
domestiques, industrielles, agricoles auxquelles correspondent des usages de
l'eau bien différents les uns des autres et souvent incompatibles entre
eux.
De façon générale, on peut regrouper les
usages de l'eau en deux grandes catégories : les usages hors
circuit et les usages en circuit (solley et al. 1983)
3.5.1 Les usages hors circuit
Il s'agit de toutes les utilisations qui se font de l'eau en
dehors de son milieu naturel.
Ainsi l'eau est canalisée ou prélevée
à des fins précises. Nous pouvons citer comme exemples :
- L'eau du robinet pour la consommation domestique,
- L'irrigation des cultures,
- La baignade,
- L'eau utilisée dans la production industrielle...
3.5.2 Les usages en circuit
Il s'agit ici de toutes les utilisations qui se font de l'eau
sans que celle- ci ne soit prélevée ou canalisée. En
d'autres termes l'eau est utilisée dans son milieu naturel sans aucun
détournement. On peut citer quelques usages à savoir :
- Les barrages hydroélectriques,
- La pêche
- Le transport
- La dilution des eaux usées...
Section 2 : Méthodologie de la
recherche
L'objectif de la présente étude est
d'évaluer le consentement à payer des habitants du village
TOGBOTA-OUDJRA dans le but d'améliorer l'approvisionnement en eau
potable. Pour ce faire la MEC a été jugée la mieux
indiquée pour évaluer un tel bénéfice.
Paragraphe 1 : Présentation de la zone
d'étude
L'objectif de la présente étude est d'estimer le
consentement à payer des ménages dans un village n'ayant
bénéficié d'aucune infrastructure d'adduction d'eau afin
d'aider la municipalité à doter ce village de ces installations.
Le village de TOGBOTA -OUDJRA répond donc à ce critère.
TOGBOTA est un arrondissement de la commune d'Adjohoun,
située au centre du département de l'Ouémé,
à 32 Km de Porto-Novo, capitale du Bénin. TOGBOTA-OUDJRA est un
village enclavé dont les superficies cultivables sont importantes
malgré la flambée démographique. Les terres sont riches en
limon grâce à la position géographique de la
localité et l'eau est disponible en abondance à proximité.
Le climat est de type subtropical avec deux saisons pluvieuses : une
grande d'Avril à Juillet et une petite de Septembre à Novembre,
et deux saisons sèches : une petite d'Août à
Septembre, la grande de décembre à Mars. Cela permet deux cycles
de cultures, aussi bien sur le plateau que dans la plaine inondable. Le second
cycle de culture (culture de contre saison) est pratiquée pendant la
grande saison sèche dans la plaine inondable grâce au retrait des
eaux de la crue (la décrue). Les précipitations d'une hauteur
moyenne de 1122.19mm en 50 jours par an sont irrégulièrement
réparties tout au long des saisons pluvieuses, ce qui constitue une
entorse pour l'agriculture pluviale, faute d'aménagement
approprié susceptible de favoriser la maitrise de l'eau. Les
principales activités sont : l'agriculture, la pêche,
l'élevage, le commerce, l'exploitation de bois de feu.
Les cultures de subsistance (manioc, maïs...) permettent
aux familles de disposer de réserves pour les périodes de crues.
Les cultures destinées à la revente (tomates, piments, arachides)
sont convoyées à l'aide de barques motorisées par voie
fluviale à Cotonou, capitale économique du Bénin et
revendues, entre autre, à Dantokpa, le plus grand marché de
l'Afrique de l'Ouest. Ces cultures sont produites sur toute l'année. La
culture de légume de contre saison constitue la principale voie d'essor
économique du village. Les infrastructures sanitaires du village sont
très déficientes et l'équipement médical est
presque inexistant. Toute structure hospitalière se trouve aujourd'hui
à plus d'une journée d'accès et les moyens techniques et
humains sont très limités sur place.. Ce sont essentiellement les
guérisseurs qui « soignent » les villageois qui font appel au
dispensaire en dernier recours. Les populations les plus atteintes sont les
enfants et les femmes. L'équipe médicale est trop réduite,
donc pas assez disponible. Des infections sérieuses sont souvent
détectées trop tard. L'accès à l'eau
potable dans la commune d'Adjohoun est assuré par les services de la
Direction Générale de l'Hydraulique et quelques puits
forés par la SBEE (les pompes, les puits aménagés, les
puits non aménagés, les citernes-eau courante). Il est important
de rappeler que la Société Nationale des Eaux du Bénin
(SONEB) n'intervient que dans les zones urbaines et
périurbaines puisque les interventions de la SONEB sont
guidées par la logique de la rentabilité. Le village de
TOGBOTA-OUDJRA n'a bénéficié d'aucune de ces
infrastructures d'adduction d'eau. Les branchements individuels sont
inexistants car les habitations sont construites sur des pilotis et ne
favorisent pas ces types de branchement. Seuls les branchements
collectifs : les bornes fontaines, les puits... restent les seules
possibilités d'approvisionnement en eau du village.
Paragraphe 2 : Caractéristiques de
l'étude de cas
Cette section aborde les principales modalités de
l'enquête contingente à travers la période de
l'enquête et la technique d'échantillonnage.
2.1 Période de l'enquête
Les traditions d'utilisation de l'eau ne sont pas
influencées par les saisons ; l'eau étant disponible aussi
bien en saison sèche qu'en saison pluvieuse, elle est utilisée
pour tous les usages (boisson, cuisine, douche, lessive, vaisselle.). Il faut
remarquer que l'eau est principalement prélevée de la source
pour la boisson et la cuisine ; les autres usages se font directement
à la source. Et donc le besoin de disposer d'une eau potable est
permanent tout au long de l'année. L'enquête s'est
déroulée durant le mois de Novembre 2008, seule période
favorable car il y a eu retrait considérable des eaux des crues.
2.2 L'échantillon
Les problèmes d'eau potable se posent à tous les
habitants du village de TOGBOTA-OUDJRA qui utilisent comme eau de consommation,
l'eau venant de la source traditionnelle « OUDJRA-GA ».
L'enquête s'est intéressée uniquement à cette
population qui ne dispose d'aucune infrastructure moderne d'approvisionnement
en eau potable, parce que le problème d'eau potable est plus important
pour eux que d'autres localités de la commune. L'approvisionnement en
eau potable étant un problème majeur dans tout le village
l'unité statistique retenue est le `'Ménage''. La taille de
l'échantillon est donc fixée à 50 ménages choisis
parmi ceux qui utilisent l'eau de la source `'OUDJRA-GA `'. La population de
base est constituée de 52% de femmes et de 48% d'hommes. Nous avons
interrogé 64% de femmes et 36% d'hommes parce que ce sont les femmes qui
s'occupent de la corvée d'eau et de sa gestion.
Nous avons procéder par des interviews directs et avons
questionné plus d'une personne par ménage, c'est-à-dire
que l'enquêté est toujours au moins avec deux membres du
même ménage afin de l'amener à donner des réponses
fiables.
Paragraphe 3 : Le questionnaire et la technique de
questionnement
Avant d'établir notre questionnaire, nous avons
effectué des visites dans le village. Ceci nous a guidé dans
l'établissement de notre questionnaire.
Le questionnaire est structuré de manière
à recueillir le maximum de réponses fiables auprès du
répondant. En effet, le questionnaire doit permettre d'installer un
climat de confiance entre l'enquêté et l'enquêteur en
commençant par des questions relatives à la quantité et la
qualité de l'eau avant de passer aux questions relatives aux
consentements à payer et aux caractéristiques
socioéconomiques. Le questionnaire comporte plusieurs parties.
La première partie du questionnaire nous a permis de
mieux connaitre les modes d'approvisionnement, les quantités
consommées, les principaux usages et la qualité de l'eau
consommée. La deuxième partie constitue la partie la plus
importante du questionnaire car elle présente le scénario. Dans
cette partie du questionnaire, l'individu est préparé à
révéler son consentement à payer. A cet effet nous lui
montrons les avantages liés à la consommation d'une eau potable
et l'opportunité de disposer d'une source d'approvisionnement d'eau
salubre. Il est donc amené à répondre aux questions
suivantes :
-Supposons que la municipalité envisage installer
dans votre village une infrastructure d'adduction collective qui permettra
à chaque ménage de disposer d'eau potable. Seriez-vous
prêts à payer pour participer à ce programme ?
La personne qui répond `' OUI'' se voit adresser une
carte de paiement comportant les montants suivant :
5
|
10
|
15
|
20
|
25
|
30
|
35
|
40
|
45
|
50
|
55
|
60
|
65
|
70
|
75
|
80
|
85
|
90
|
95
|
100
|
Les montants sont exprimés en FCFA.
Les questions A9 ; A10 ; A11 permettent de faire
apparaitre d'une part les perceptions traditionnelles et d'autre part la notion
de microbes et de péril fécal.
Paragraphe 4 : Les limites du travail
Dans ce paragraphe, nous allons passer en revue les limites de
notre travail de recherche. L'étude serait plus intéressante si
les données d'enquête nous permettaient d'utiliser le
modèle probit. Dans ce cas on expliquerait la décision de
participer au programme d'adduction d'eau potable. De plus, compte tenu de nos
moyens financiers dont nous disposons pour cette étude, nous avons
enquêté quelques ménages, alors qu'on aurait pu
l'étendre à tous les ménages de TOGBOTA-OUDJRA.
Chapitre II: ANALYSE DES RESULTATS DE L'ENQUETE ET
RECOMMANDATIONS
Section1 : ANALYSES DES RESULTATS DE L'ENQUETE
L'analyse des données issues de l'enquête va
s'effectuer suivant deux étapes : l'analyse descriptive et
l'analyse économétrique.
Paragraphe 1 : Statistiques descriptives
Dans ce paragraphe, nous présentons un bref
aperçu des statistiques descriptives des variables retenues pour
l'analyse.
2.1.1.1 : les modes d'approvisionnement et les
usages
Les ménages de TOGBOTA-OUDJRA ont comme unique source
d'approvisionnement la source naturelle appelée communément
« OUDJRA-GA ». (50%) des enquêtés utilise
des bassines de 25 litres pour chercher l'eau à la source, située
à environ 7 minutes des habitations, et consomme en moyenne 122 litres
par jour. Le transport de l'eau est assuré par les femmes et les
enfants (94%) et les hommes qui vont chercher l'eau eux même sont des
célibataires (6%). L'eau de la source s'utilise principalement
pour la cuisine, la boisson, la douche, la vaisselle et la lessive. Par
ailleurs l'eau transportée à la maison s'utilise uniquement pour
la cuisine et la boisson ; et le reste des usages s'effectue directement
à la source ; ce qui représente une source de contamination
directe pour l'eau et confirme la position des 94% des ménages
enquêtés qui affirme que l'eau est de mauvaise qualité. En
ce qui concerne la purification, certains ménages utilisent l'alun et
d'autres faute de moyen consomment directement l'eau sans aucun
traitement ; ce qui les exposent à différentes maladies tels
que : angine, toux, paludisme, diarrhée, rougeole, bilharziose,
ulcère de burili, choléra, fièvre typhoïde,
tuberculose, urticaire. Pour le traitement de ces maladies les ménages
font recours à la médecine traditionnelle (tisanes,
guérisseur traditionnel...) et, en cas d'échec, à la
médecine moderne.
Tableau 2 : Fréquences des
variables
Mapprov Freq. Pourcent.
Cum
10 1 2.00
2.00
15 2
4.00 6.00
20 9
18.00 24.00
25 25 50.00
74.00
30 10 20.00
94.00
40 3
6.00 100.00
Total | 50
100.00
Treau | Freq.
Percent Cum.
0 3
6.00 6.00
1 47
94.00 100.00
Total | 50
100.00
Source : Nos calculs à partir des
données d'enquêtes
2.1.1.2 : Caractéristiques
socioéconomiques
Tableau 3 : Résultats
descriptifs
Variables Moyenne Ecart type Minimum
Maximum
|
Mapprov 25.3 5.661 10
40
Qteau 122.4 85.405 20
480
Treau 0.94 0.238 0
1
Tps 7.04 4.58 3
30
Qleau 0.06 0.239 0
1
Purific 0.9 0.303 0
1
Age 36.72 11.873 20
72
Sexe 0.36 0.484 0
1
Educ 0.14 0.35 0
1
Revenu 55298 55742.5 9000
240000
Coutume 0.38 0.49 0
1
Taille 4.98 2.637 1
18
|
La particularité de notre étude est que les
ménages enquêtés ont accepté à
l'unanimité de participer au programme d'adduction d'eau. Le montant
moyen du consentement à payer est de 19.2 FCFA la bassine de 25 litres,
soit 768FCFA/m3 ; ce qui représente plus trois fois la
tarification pratiquée par la SONEB qui est en moyenne de 250FCFA le
m3 pour ce qui est de la tranche sociale (SOGLO, 2002). La moyenne
d'âge des enquêtés est de 37 ans. Les ménages
enquêtés sont en majorité analphabètes (86%) et les
chefs de ménages les plus instruits ont à peine le niveau
primaire. Les activités des ménages sont variables et
dépendent fortement des saisons ce qui leur procure des revenus
très variés. Dans le souci d'obtenir des revenus mensuels, nous
avons converti les revenus trimestriels ou semestriels en revenus mensuels.
Les chefs de ménages sont en majorité des cultivateurs et des
pêcheurs. Ces ménages ont un revenu moyen de 55298 FCFA et sont
composés en moyenne de 5 personnes. Signalons que 38% des
enquêtés affirme l'existence d'une divinité du nom de
`'TÔ Dan'' liée à cette source traditionnelle.
Tableau 4 : Cap moyen par sexe
Sexe = 0
Variable | Obs Moyenne
Min Max
cap | 32 20.15
5 50
Sexe = 1
Variable | Obs Moyenne
Min Max
cap | 18 17.5
5 40
Commentaire:
Nous constatons que les hommes ont un CAP moyen
inférieur à celui des femmes (17.5 contre 20.15). Doit-on prendre
en compte cet écart et conclure directement quant à la
différence entre les deux moyennes ? La réponse est non.
Pour conclure, nous allons procéder à un test de
comparaison de moyennes. (Voir le test ci-dessous)
Tableau 5 : Test de comparaison des
moyennes
Group | Obs Mean Std. Err.
[95% Conf. Interval]
0 | 32 20.15625 2.014118
16.04843 24.26407
1 | 18 17.5
2.564527 12.08932 22.91068
combined | 50 19.2 1.580235
16.0244 22.3756
diff | 2.65625 3.304103
-3.987095 9.299595
diff = mean(0) - mean(1)
t = 0.8039
Ho: diff = 0
degré de liberté = 48
Ha: diff < 0 Ha: diff != 0
Ha: diff > 0
Pr(T < t) = 0.7873 Pr(|T| > |t|) =
0.4254 Pr(T > t) = 0.2127
Commentaire :
Le principe de ce test est de voir si la différence
entre les deux moyenne est nulle (Ho). Pour cela, on va tester si la
différence est différente de zéro (Ha) ; si c'est le
cas, on rejettera l'hypothèse Ho au seuil de 10% sinon, on l'acceptera.
Ici on a Pr(|T| > |t|) = 0.4254, cela signifie qu'on a
42.54% de chance de se tromper si on affirme que la différence (2.65625)
entre le CAP moyen des femmes et celui des hommes est comprise entre
-3.987095 et 9.299595. On peut donc retenir qu'il n-y a pas de
différence significative entre le CAP moyen des femmes et celui des
hommes.
Paragraphe 2 : Analyse
économétrique
2.1 Justification du choix du modèle
La modélisation des variables qualitatives
nécessite l'utilisation des modèles particuliers tels que :
les modèles Logit et Probit, qui sont des cas particuliers des
modèles dichotomiques uni variés, et le modèle Tobit,
modèle intermédiaire entre les modèles qualitatifs et le
modèle linéaire général.
Les modèles dichotomiques probit et logit admettent
pour variable expliquées non pas un codage quantitatif associé
à la réalisation d'un évènement (comme dans le cas
de la spécification linéaire), mais la probabilité
d'apparition de cet évènement conditionnellement aux variables
exogènes (C. HURLIN, Jan 2003). L'application de ces modèles,
tient compte de la nature dichotomique de la variable expliquée. Dans le
cadre de la valorisation des actifs environnementaux, il est important de faire
la distinction entre la décision de participer ou non au programme de
valorisation de l'actif et le montant proposé en cas d'acceptation. A
l'issu de notre enquête, nous avons constaté que tous les
ménages enquêtés ont accepté participer au
programme, tout en révélant un montant. Cette situation rend
inappropriée l'utilisation des modèles à variables
qualitatives, car la probabilité d'adoption du programme d'adduction
d'eau est certaine. En conséquence, nous utiliserons le modèle
linéaire général pour expliquer le montant du CAP.
2.2 Forme générale du modèle
Cap= f (Mapprov
Qteau Treau Tps Qleau Purific Age Sexe Educ Revenu
Coutume Taille) (1)
Avec : Cap le montant du consentement à payer
2.3 Résultats de l'estimation
L'estimation de l'équation (1) a permis
d'identifier les facteurs qui influencent la valeur du CAP pour disposer
localement d'eau potable. Le tableau 6 ci-dessous donne les résultats de
l'estimation du modèle de régression linéaire
générale par la méthode des moindres carrés
ordinaires sous le logiciel STATA version 9. La statistique de Fisher montre
que le modèle est globalement significatif au seuil de 5%.
Les tests individuels sur les coefficients montrent que
seules les variables telles que le temps mis pour chercher l'eau à la
source (Tps) et les coutumes traditionnelles liées à la
l'utilisation de l'eau (Coutume) affectent significativement la valeur du CAP
en vue de participer au programme d'adduction d'eau dans le village.
Le coefficient négatif et significatif du Temps(Tps)
suggère que plus le temps est élevé et plus le montant du
CAP est faible. Ce résultat montre que l'accessibilité à
l'eau plus que la qualité constitue le critère le plus important
pour les ménages, étant donné que leur souci majeur est la
distance de marche entre leur domicile et le point d'eau le plus proche. Par
conséquent, l'eau traitée ou de meilleure qualité (eau
potable) doit être plus rapprochée des domiciles que la source
d'eau traditionnelle. L'eau de rivière traitée comme nouvelle
source d'eau est susceptible par exemple d'être tout de suite
acceptée si la distance à parcourir jusqu'à la
rivière peut être réduite substantiellement par
l'installation d'un système d'alimentation en eau.
Le coefficient positif et significatif de la coutume montre
que plus les ménages lient l'utilisation de l'eau à des coutumes
plus ils sont disposé à offrir un montant élevé.
Ceci révèle l'importance de l'eau dans les pratiques religieuses
et culturelles ou dans des évènements essentiels de la vie comme
les naissances.
Cependant les autres variables ne l'affectent pas
significativement. Il s'agit des variables comme le sexe, le niveau
d'éducation (Educ), le revenu, la taille du ménage(Taille), la
quantité consommée (Qteau) et la qualité de
l'eau(Qleau).
Le coefficient positif du sexe signifie que les femmes sont
plus disposées à payer un montant élevé que les
hommes. Ceci pourrait s'expliqué par le fait que ce sont les femmes qui
assistent directement les enfants, premiers victimes des maladies hydriques et
sont donc les plus touchées.
L'âge, le niveau d'éducation, la taille du
ménage et la qualité de l'eau ont également un signe
négatif. Ces résultats impliquent que plus l'individu est
âgé et moins il veut offrir un montant élevé. Le
coefficient négatif de la variable éducation signifie que plus
le niveau d'éducation est élevé, plus le montant est
faible. Cette situation met en exergue l'épineux problème de
l'analphabétisme de la population. Plus de 90% des enquêtés
sont analphabètes et sont en majorité des femmes. Les plus
instruits ont à peine fréquentés ; ce qui ne fait
pas de différence entre eux et les analphabètes. Ce
problème d'analphabétisme serait pour beaucoup dans l'explication
des résultats obtenus. Ainsi, certains individus ignorent que l'eau
consommée est de mauvaise qualité et leur perception de la
qualité de l'eau se limite à sa seule couleur souvent
jaunâtre. Pour cela, il utilise comme seule méthode de
désinfection l'alun et de plus ne respectent aucun dosage de cette
substance chimique ; ce qui pourrait être la source d'autres
maladies. Aussi, le coefficient négatif de la taille suggère que
plus il y a d'individu dans le ménage, et moins le montant du CAP est
élevé.
Le coefficient positif mais faible du revenu montre que le
revenu n'est pas déterminant dans la révélation du CAP.
Ceci pourrait s'expliqué par le fait que le village n'ayant jamais
bénéficié d'aucune infrastructure d'eau, les
ménages n'ont pas la culture d'achat de l'eau ; et par
conséquent n'affectent aucune ressources à l'achat de ce bien
pourtant indispensable à la vie. En somme, les variables qui expliquent
d'habitudes les CAP à savoir : le revenu, le niveau
d'éducation, l'âge et le sexe sont ici non significatifs. En
effet, on s'attendait à ce que ces variables soient déterminantes
dans l'explication du montant du CAP.
(page suivante pour résultats de régression)
Tableau6 : Résultats du modèle
de régression linéaire
cap | Coef.
P>|t|
mapprov 0.2596094
0.479
qteau -0.015792
0.584
treau 6.930467
0.233
tps -0.8648517
0.011**
qleau -0.6995748
0.927
purific 0.5692924
0.884
age -0.14168
0.527
sexe 3.327577
0.490
educ -4.33037
0.335
revenu 0.0000644
0.132
Coutume 13.15505
0.013**
taille
-0.7345878 0.364
cons 13.37899
0.329
Nombre d'observations = 50
F (12, 37) = 2.36
Prob > F = 0.0224
R2 = 0.3192
Source: Nos calculs à partir des données
d'enquêtes
Note : ** indique que le coefficient est significatif au
seuil de 5%
2.5 Tests sur le modèle
Afin de juger du pouvoir explicatif de notre modèle,
nous procéderons ici à quelques tests classiques à
savoir : le test d'hétéroscédasticité, le test
d'homogénéité et le test d'autocorrélation des
erreurs.
2.5.1Test
d'hétéroscédasticité de Breush-Pagan
On test :
Ho : homoscédasticité des erreurs
Contre
H1 : hétéroscédasticité des
erreurs
La statistique de Khi-deux est de 5.62 avec une
probabilité de 0.0178
(Prob > Khi2). On accepte alors l'hypothèse
d'homoscédasticité des erreurs au seuil de 5% (voir annexe). Cela
signifie que la marge d'erreur est identique en tout point de
l'échantillon.
2.5.2 Test de Chow : test
d'homogénéité des comportements
Ce test permet d'examiner si les coefficients d'une
régression sont stables par rapport aux observations utilisées.
Il porte sur la somme des carrées des résidus.On veut
tester :
Ho :SCR=SCR1 +SCR2 (modèle
stable)
Contre
H1 : SCR ?SCR1+SCR2(modèle
instable)
La statisrique F*= de Fisher suit une loi F(k, n-2k)
Avec k : nombre de paramètres du
modèle ;
SCR1 : pour le sous-groupe des femmes«0''
SCR2 :pour le sous- groupe des hommes«1''
· Si F*>Fluá alors on
rejette H0, avec á le risque d'erreur
Les résultats de l'estimation nous donnent :
SCR= 4165.30829 ; SCR1=3014.39938 ;
SCR2=182.414033 ; n=n1+n2=32+18=50 ; k=13
F*=
F*=0.559304004 ; Flu0.05=F(13,
24)=2.25
On constate que F*<Flu ; alors on accepte H0
c'est-à-dire SCR=SCR1+SCR2
Conclusion : Le modèle est stable au risque
d'erreur de 5%. Ainsi donc ; on peut maintenir le modèle
complet.
2.5.3 : Test
d'autocorrélation des erreurs
A partir de la série des résidus de
l'estimation du CAP, on fait une représentation graphique (graphique1).
Ce dernier montre que les résidus sont alternés ; on a donc
un risque d'autocorrélation négative.
Nous corrigeons l'autocorrélation par la
procédure de Cochrane Orcutt. La probabilité 0.0021
associée au coefficient estimé de la variable AR(1) est
significative au seuil de 5%. (voir le détail du test à l'annexe)
Graphique1 : Représentation graphique des
résidus
Paragraphe3 : Vérification des
hypothèses
3.1 : Vérification de l'hypothèse
H1
De l'analyse descriptive, il ressort que 100% des
ménages enquêtés s'approvisionnent à partir d'une
source naturelle appelée « OUDJRA-GA » ; ils
utilisent pour cela des bassines de capacités variables dont la plupart
sont des bassines de 25L .En revanche l'eau est utilisée pour la
boisson, la cuisine, la vaisselle, la douche et la lessive et, la
quantité moyenne d'eau consommée par ménage est de 122.4
litres par jour ; soit une consommation de 24.48 litres par personne.
Cette quantité d'eau est largement inférieure à la norme
requise pour un individu qui est de 100 litres d'eau par jour selon l'OMS.
De tout ce qui précède nous pouvons conclure que
l'hypothèse selon laquelle « La quantité d'eau des
ménages est faible » est vérifiée.
3.2 : Vérification des hypothèses H2
et H3
De l'analyse descriptive, on constate que le CAP moyen
proposée par les ménages enquêtés
s'élève à 19.2 FCFA soit 768 FCFA/ m3 ; ce
qui représente plus de trois fois la tarification de la SONEB. De
surcroît le CAP moyen des hommes et celui des femmes
s'élèvent respectivement à 17.5 et 20.15 FCFA et,
l'analyse révèle qu'il n'existe pas de différence
significative entre ces deux montants. Nous pouvons en définitive
conclure que les hypothèses H2 et H3 sont vérifiées.
3.3 : Vérification de l'hypothèse
H4
De l'analyse économétrique, il ressort
que le montant du CAP est influencé de façon significative par le
temps mis pour chercher l'eau et les coutumes traditionnelles montrant
l'existence de divinités liées à cette source.
Nous pouvons donc qu'à l'issue de ces résultats
que l'hypothèse selon laquelle : « Les valeurs du CAP
sont influencées par la durée d'approvisionnement et les coutumes
traditionnelles liées à l'utilisation de l'eau» est
vérifiée.
Section 2 : RECOMMANDATIONS
Les résultats de l'étude que nous venons de
présenter indiquent que les montants du CAP pour la participation au
programme d'adduction d'eau potable ne sont pas le fait du hasard mais sont
plutôt expliqués par les valeurs sociales. Les montants que les
chefs de ménages du village de TOGBOTA-OUDJRA consentent à payer
sont influencés par le temps et la coutume. Les variables
sociodémographiques et économiques telles que l'âge, le
niveau d'éducation, le revenu, n'influencent pas de manière
importante la valeur du CAP pour la participation au programme.
L'étude suggère un certain nombre de
recommandations pour la mise en oeuvre du programme d'adduction d'eau potable
dans ce village.
La première recommandation suggérée par
l'étude, va à l'endroit des élus locaux qui doivent mettre
en oeuvre des actions de sensibilisation, d'information et de communication
dirigées, sans distinction, vers tous les ménages afin de les
informer des risques auxquels ils s'exposent en consommant l'eau de cette
source et les nombreux avantages liées à la consommation de l'eau
potable. Ainsi donc, en attendant l'installation d'un système
d'alimentation en eau potable, ils pourront leur proposer des méthodes
de désinfection et de traitement préalable de l'eau avant toute
consommation.
Deuxièmement, même si de façon unanime les
ménages sont prêts à payer l'eau potable, la
municipalité en collaboration avec les services de la DGE devront faire
attention à la fixation du prix et éviter la discrimination par
les prix, puisque certaine frange de la population serait toujours prêt
à maintenir leur ancienne habitude de consommation ; et dans ce
cas, l'objectif de l'eau pour tous n'est pas atteint. En ce qui concerne le
recouvrement des coûts, le prix de l'eau doit permettre d'assurer
l'entretien des installations et leur renouvellement dans le souci de respecter
le principe de « l'eau paie l'eau » retenu par la
stratégie nationale d'approvisionnement en eau dans les milieux
ruraux.
Troisièmement, quelque soit le coût de
l'installation des infrastructures, la municipalité doit tout mettre en
oeuvre pour doter ce village des points d'eau, afin de permettre à tout
individu d'y accéder.
Quatrièmement, la construction des infrastructures doit
s'accompagner par des installations sanitaires adéquates pour
éviter la contamination des sources d'eau.
Enfin, les services de la DGE en collaboration avec la
municipalité, doivent installer les points d'eau le plus proche possible
des habitations.
CONCLUSION
L'objectif de cette étude était de faire un
diagnostic et de proposer des outils d'aide à la décision et de
déterminer le prix que les habitants de TOGBOTA sont prêts
à payer pour disposer localement d'eau potable. A cet effet, la
méthode d'évaluation contingente a été
utilisée par le biais de la technique de la carte de paiement sur un
échantillon complet de 50 ménages ruraux. Cette enquête a
permis d'obtenir un ensemble d'informations utiles à la mise en oeuvre
du programme d'adduction d'eau potable. Deux techniques d'analyse ont
été utilisées. Une première purement descriptive et
une seconde basée sur le modèle linéaire
général. L'analyse descriptive nous a permis d'obtenir le
montant médian du CAP proposé par les ménages. Les
résultats économétriques ont abouti aux conclusions selon
lesquelles les variables temps et coutume influencent significativement les
valeurs du CAP. En outre, les variables telles que l'âge, le niveau
d'éducation et le revenu n'affectent pas significativement le montant du
CAP.
Les recommandations faites sur la base de ces résultats
vont dans le sens de la mise en oeuvre d'action d'information et de
communication en direction de tous les ménages du village et sur la
proximité des points d'eau afin de faire gagner du temps aux
ménages.
BIBLIOGRAPHIE
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Haiti''. Economic Development and cultural Change.
- www.who.int/water_sanitation_health/en/shs0404resf.pdf
Table des matières
INTRODUCTION..........................................................................1
Chapitre I : cadre théorique et
méthodologique de l'étude........................3
Section 1 : Cadre
théorique.................................................................................3
Paragraphe
1 : Problématique
......................... ........................ 3
Paragraphe 2 : Objectifs et hypothèses de la
recherche..........................6
2.1
Objectifs.....................................................................6
2.2
Hypothèses..................................................................6
Paragraphe 3:Fondements théoriques de l'analyse
des bénéfices d'adduction
d'eau
potable..............................................6
3.1 Les bénéfices
de l'approvisionnement en eau potable................6
3.2 Valeur économique totale des biens
d'environnement..................8
3.3 Les méthodes
d'évaluation des biens
environnementaux .............9
3.3.1 Les méthodes
indirectes.................................................9
3.3.1.1 La méthode des coûts de
transport..................................9
3.3.1.2 La méthode des prix
hédoniques ou des prix implicites.....11
3.3.1.3 La méthode des dépenses de
protection............................12
3.3.2 Les méthodes
directes...................................................15
3.3.2.1 La méthode d'évaluation contingente
..............................15
3.4 Les propriétés de
l'eau.....................................................17
3.5 Les usages de
l'eau.........................................................18
3.5.1 Les usages hors
circuit...................................................18
3.5.2 Les usages en
circuit......................................................19
Section 2 : Méthodologiques de la
recherche.........................................19
Paragraphe 1 : Présentation de
la zone d'étude .................................19 Paragraphe
2 : Caractéristiques de l'étude de
cas.................................21
2.1 Période de
l'enquête.........................................................21
2.2
L'échantillon.................................................................21
Paragraphe 3 : Le questionnaire et la technique de
questionnement............22
Paragraphe 4 : Les limites du
travail...................................................23
Chapitre II: analyse des résultats de
l'enquête et recommandations...........24
Section1 : analyses des résultats de
l'enquête..........................................24
Paragraphe 1 : Statistiques
descriptives........................................... 24
2.1.1.1 les modes d'approvisionnement et les
usages.....................24
2.1.1.2 Caractéristiques socio
économiques.................................26
Paragraphe 2 : Analyse
économétrique...........................................29
2.1 Justification du choix du
modèle.........................................29
2.2 Forme générale du
modèle................................................29
2.3 Résultats de
l'estimation...................................................29
2.4 Tests sur le
modèle...........................................................33
2.5.1 Test
d'hétéroscédasticité de
Breush-Pagan..............................33
2.5.2 Test d'homogénéité de
Chow.............................................33
2.5.3 Test d'autocorrélation des
erreurs.......................................34
Paragraphe3 : Vérification des
hypothèses.......................................35
3.1 Vérification de l'hypothèse
H1.............................................35
3.2 Vérification des hypothèses H2 et
H3......................................35
3.3 Vérification de l'hypothèse
H4............................................36
Section 2 :
recommandations.............................................................37
CONCLUSION........................................................................39
BIBLIOGRPHIE...........................................................................40
TABLE DES
MATIERES ...............................................................42
* 1 Ces exemples sont
cités par Sylvie F. et J.F. Noël dans ECONOMIE DES RESSSOURCES
NATURELLES ET DE L'ENVIRONNEMENT, éd : ARMAN COLIN, 1995.
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