Corrélation genre et participation politique: une analyse des causes et impacts de l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la RDC, avec un regard particulier sur Kindu dans la province du Maniema (1960-2011)( Télécharger le fichier original )par Kalonge GASTON Université de Kindu - Diplôme d'études supérieures en sciences politiques et administratives 2011 |
I.1.1.3. « Trouble dans le Genre »Le sexe précède-t-il le genre, ou est-ce l'inverse ? Certains auteurs, dits « essentialistes », estiment qu'existent en premier lieu des natures féminine et masculine irréductibles, biologiquement données, à partir desquelles se sont édifiées les relations de Genre. À l'inverse, les « anti-essentialistes », s'inspirant notamment des travaux de Michel FOUCAULT sur la sexualité, proposent de renverser le lien entre Sexe et Genre, et considèrent que ce sont avant tout les rapports de forces inégaux entre hommes et femmes, les relations de Genre, qui ont conduit à mettre en avant une bipolarisation sexuelle susceptible de naturaliser et de justifier la répartition des rôles sociaux selon les sexes. 45(*) Ainsi, pour Christine DELPHY, « si le Genre n'existait pas, ce qu'on appelle le Sexe serait dénué de signification, et ne serait pas perçu comme important : ce ne serait qu'une différence physique parmi d'autres ». Les différences de sexe, supposées naturelles, sont donc elles aussi culturellement construites. Avec la multiplication de mouvements et théories Queer (mot anglais signifiant littéralement « bizarre », « étrange », voire « déviant », et de plus en plus associé aux homosexuels), le débat s'oriente, au tournant du XXe siècle, sur l'articulation entre Genre et sexualité.46(*) Certains auteurs, telle que Judith BUTLER, invitent à poursuivre l'effort intellectuel de dénaturalisation ayant permis de conceptualiser la notion de Gender. Il s'agit, selon eux, de renoncer à raisonner à travers l'association des binômes sexe/genre et nature/culture, et de dissocier l'idée de Genre de l'opposition nécessairement binaire entre féminin et masculin. 47(*) De notre part, nous disons que l'injonction à se conformer nécessairement à la norme du féminin ou à celle du masculin révèle une erreur essentielle, consistant à oublier que les identités sexuelles sont elles-mêmes des construits culturels et que le binôme féminin/masculin ne vient pas « épuiser le champ sémantique du Genre ». Le classement hétérosexuel/homosexuel s'avère tout aussi normatif et lié au désir de classifier et de masquer des orientations sexuelles initialement multiples, des identités personnelles bi- ou trans-genre, marquées par des traits et des désirs à la fois féminins et masculins, et non réductibles à l'un ou l'autre. Judith BUTLER Invite à reconnaître le « trouble » qui existe dans le genre et les identités sexuelles et à subvertir les injonctions normatives en matière de sexualité. Il faut cesser de naturaliser et classifier sexes, corps et désirs sexuels, et laisser s'épanouir la multitude de configurations identitaires possibles en matière de sexualité et de genre. * 45 Michel FOUCAUL cité par C. ACHIN et al. (2007), Sexes, genre et politique, Paris, Economica, p.56 * 46 Christine DELPHY, L'Économie politique du patriarcat, Paris, Syllepse, 2000, p.243 * 47 Judith BUTLER, (2006), trouble dans le Genre. Le féminisme et la subversion de l'identité, Paris, La Découverte, p.109. |
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