Corrélation genre et participation politique: une analyse des causes et impacts de l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la RDC, avec un regard particulier sur Kindu dans la province du Maniema (1960-2011)( Télécharger le fichier original )par Kalonge GASTON Université de Kindu - Diplôme d'études supérieures en sciences politiques et administratives 2011 |
II.3. REGARD SUR LES MOUVEMENTS FEMININS CONGOLAISLes mouvements féminins congolais, en raison de leur proximité avec les populations, jouent un rôle fondamental et déterminant dans la lutte pour la promotion féminine et du Genre. Ils permettent d'intensifier le dialogue entre l'Etat et les populations à travers le plaidoyer et la sensibilisation, la vulgarisation et le suivi de l'application effective des textes juridiques nationaux et des traités internationaux sur les droits des femmes, ainsi que l'identification des obstacles qui entravent la pleine jouissance de ces droits. Cette indentification des obstacles qui entravent la jouissance de droits des femmes a progressivement pris conscience de son rôle au fil du temps et ses actions évoluent avec le contexte politique, économique et socio politique de la RDC. Ses configurations ne sont pas restées les mêmes, et elle peut être identifiée à travers plusieurs formes dans la trajectoire historique de la RDC. Avant 1960, en la période coloniale, émergent les mouvements syncrétiques et messianiques en opposition à la politique coloniale. Ceux-ci seront relayés par la jeune élite congolaise à la veille de l'indépendance. Outre ces mouvements, il est à noter qu'il a aussi existé des associations civiles non-revendicatives à caractère culturel et tribal. Celles-ci subsistèrent jusqu'après l'indépendance, entre 1960 et 1965 et se transformèrent, surtout en ce qui concerne les associations tribales, en partis politiques. Sous le régime dictatorial de Mobutu, entre 1965 et 1990, l'instauration du Mouvement Populaire de la Révolution comme parti unique conduit à l'hibernation et à l'inféodation des associations, encore subsistantes après l'indépendance. Tout congolais était membre du MPR et devait par ce fait obéir à l'idéologie unique du Parti-Etat. Il se développa un militantisme de soutien en cette période. La succession des régimes répressifs et de conflits armés où les injustices historiques et violations systématiques des droits humains ont prévalu, l'incapacité de l'Etat à les résorber et à assurer aux populations avec qui il forme système. La jouissance substantielle de la citoyenneté, enclenche l'alternative non étatique de gestion de la vie sociale. II.3.1. Les mouvements des femmes pendant la période coloniale jusqu'en 1965.Une périodisation de l'évolution des mouvements des femmes en RDC depuis l'époque coloniale sera l'occasion de mettre en relief les moments déterminants de leur participation politique et certains enjeux auxquels elles font face aujourd'hui. Les femmes ont exploité le changement de contexte politique post conflit pour promouvoir leurs droits et se rendre plus visible dans les espaces de prise de pouvoir, mais sans pour autant être arrivées à des résultats satisfaisants. Les dynamiques sociales, économiques et politiques tant au niveau national qu'international ont contribué à mettre en exergue ou encore à constater le déséquilibre de genre, dans la mesure où les logiques de développement insistaient déjà sur le rôle potentiel de la femme comme actrice, instrument et moteur du développement au même titre que l'homme. L'inadaptation à l'évolution globale, les repères de développements extravertis, l'internationalisation du féminisme, etc. ont suscité une prise de conscience des acteurs sociaux et politiques au niveau national pour un processus d'intégration de la femme dans plusieurs sphères de la vie nationale. La prise de conscience d'une oppression spécifique est au coeur de la lutte que les femmes à travers le monde mènent. Cette prise de conscience a permis un début de repositionnement de la femme dans les rapports selon le genre. Avec l'évolution des contextes, les femmes prennent conscience de leurs conditions, et par le biais des associations, vont tenter de lutter pour leurs droits en tant que « citoyens » et de les conquérir. Elles se considèrent dans ces conditions comme « premiers forgerons » de leur propre statut et de leur dignité dans la société. Les actions collectives, menées souvent du dehors, ne suffisent pas pour assurer pleinement la promotion des femmes. Elles sont ainsi de plus en plus conscientes que la véritable émancipation vient, avant tout, de dedans, des femmes elles-mêmes. A l'aube de l'indépendance, le statut de la femme est resté presque identique à celui d'avant 1960. C'était la pérennisation d'une société patriarcale, dans laquelle la gestion de la chose publique et des structures sociales était dans la plupart des cas assurée par l'homme. Les initiatives prises par les femmes ont permis à certains moments la connexion des femmes pour un idéal commun qu'est la promotion de genre. Seulement des défis majeurs ont émaillé la lutte des femmes avec comme conséquences, l'effondrement de certains piliers pour plus d'efficacité dans l'action. L'auto - prise en charge des femmes dans ce processus est manifeste car par leur prise de conscience, elles se sont pensées autrement, ont participé à côté de l'Etat et des organisations internationales à refaire le genre et ont activé des stratégies pour que soient prises en compte leurs revendications. Il sied donc de souligner qu'en RDC, certaines initiatives étaient entreprises par les femmes pour leur participation politique dès l'époque coloniale. Les femmes ont fourni un effort pour revendiquer leurs droits, mais ne se sont pas vues représentées lors de grands événements de 1960. Quelques Associations (71(*)) féminines ont marqué de leurs empreintes la trajectoire historique des mouvements féminins en RDC. - Femmes ABAKO (FABAKO) : c'était une section féminine de l'ABAKO. Celle-ci fut fondée par Madame Julienne MBENGI en 1958. Le but proposé restait l'émancipation de la femme. - l'Union Nationale des femmes Congolaises : fondée en février 1960 par Madame DJAMBO et présidée par Madame Joséphine SOLDE. Ses objectifs étaient : promouvoir l'entente et l'unité entre les femmes congolaises, mobiliser l'opinion, développer le sentiment de communauté parmi les femmes congolaises, la formation civique, patriotique, sociale et politique. - Le Groupement pour l'Emancipation de la Femme Africaine (GEFA). Créée en 1958 après la tenue du congrès de la femme africaine à Lomé du 15 au 18 juillet 1958, cette association fut dirigée par Pauline LISANGA. Les buts poursuivis étaient l'encadrement des jeunes délinquants, l'aide aux vieillards et aux orphelins, la formation des femmes pour l'action politique. - Le Mouvement des Femmes Nationalistes : c'est une section du Mouvement National Congolais fondé en Février 1960 par Mademoiselle Sonise KAPAMBA. Il prônait l'émancipation de la femme congolaise. En 1964, les femmes nationalistes réclamèrent la participation de la femme aux élections. - L'Union Progressiste Féminine Congolaise créée à Léopoldville en Mars 1960 par Mademoiselle Francine TSIMBA. - En 1965, différentes associations féminines se sont regroupées pour former l'Union Révolutionnaire des femmes du Congo. Elle ne fit pas long feu à cause des divergences qui surgirent entre leaders de différentes associations. Madame Sophie KANZA fût sollicitée pour régler les conflits de leadership et proposa une base de l'unification qui fût nommée l'Union Nationale des Femmes Congolaises avec comme activité : l'éducation civique, la couture et l'alphabétisation (72(*)). La particularité de ces mouvements réside dans le fait que les femmes congolaises étaient en contact avec les femmes d'autres pays africains qui étaient en avance par rapport à elles, notamment les femmes Togolaises, Nigérianes et Ghanéennes. Ils ont servi de cadres d'apprentissage politique pour certaines femmes qui exercèrent des postes de responsabilité pendant la deuxième République. * 71 Catherine ODIMBA, (2009), l'histoire des Associations féminines congolaises, Kinshasa, CEP-UNIKIN, p. 23 * 72 Catherine ODIMBA, op.cit, p. 43 |
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