INTRODUCTION GENERALECONTEXTE DE L'ETUDE
Le monde connait des changements importants et profonds dans
les relations internationales dont les plus marquants sont les relations
sino-africaines. En tant que force montante tant sur le plan politique que
sur le plan économique, la Chine ne cesse de renforcer et
d'élargir ses relations d'amitié et de coopération avec
les pays africains. Ceci implique des effets non négligeables dans
l'évolution de l'ordre international. Très tôt, la Chine a
manifesté un grand intérêt pour l'Afrique lors de la
conférence de BANDOENG en 1955. C'est avec l'avènement des
indépendances que les Etats africains ont commencé à
établir des relations diplomatiques avec ce géant d'Asie.
Les dirigeants africains se sentent compris par les Chinois et
les prennent comme partenaires
économiques attrayants. La Chine est devenue le
deuxième plus grand récepteur d'investissements étrangers
au monde et le deuxième investisseur sur le continent africain. Depuis
les années 90 l'économie chinoise s'est de plus en plus
internationalisée avec le commerce extérieur et les
investissements comme facteurs significatifs de la croissance rapide de
l'économie. Depuis lors le commerce sino-africain a connu une
évolution fulgurante. Estimés à 10 milliards de dollars
en 2000 les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont atteint
en 2008 le chiffre de 106,8 milliards de dollars dépassant ainsi
l'objectif fixé avant 2010 (de 100 milliards).
L'Afrique constitue une source d'approvisionnement en
matières premières pour la Chine (cuivre, chrome, en bois et
surtout en pétrole...). Les matières premières que la
Chine importés du continent noir sont estimées à 25% de
l'ensemble en 2004. En retour, les africains importent des produits
manufacturés chinois, notamment des produits textiles, des machines, des
biens électroniques etc.
Par ailleurs le Tchad, pays enclavé de l'Afrique
centrale, est l'un des pays les plus pauvres et les moins stables d'Afrique
à cause des troubles politiques récurrents et souvent violents
depuis son indépendance en 1960. Bien que doté de nombreuses
ressources minières, l'économie du Tchad est basée sur la
culture du coton, la gomme arabique et l'élevage jusqu'en 2000. Ce n'est
qu'à partir de cette date que la Banque Mondiale a décidé
de financer à hauteur de 4,2 milliards de dollars (Américain)
l'exploitation du pétrole du bassin de Doba (au sud du pays). Cet
investissement a nécessité la construction d'un oléoduc de
1 070 Kilomètres qui débouche au port Camerounais de Kribi
sur la côte de l'océan atlantique. Depuis la fin de cette
construction en 2003, le Tchad a vu son taux de croissance faire un bond
spectaculaire passant de - 0,9% en 2000 à 33,6% en 2004 et 7,9% en
20051(*). En 2004 la
contribution du secteur pétrolier à la croissance du PIB
s'élève déjà à 33,4%. Malheureusement, le
poids croissant du pétrole dans l'économie tchadienne ne se
traduit pas encore dans le quotidien de la population Tchadienne. La
majorité des Tchadiens (54%) continuent de vivre en dessous du seuil de
la pauvreté2(*).
La Chine quant à elle, est considérée
aujourd'hui comme une grande puissance mondiale sur le plan économique.
L'un des aspects les plus marquants de l'évolution de l'économie
chinoise, est l'ouverture internationale. En réalité, la Chine
fonctionnait pratiquement en autarcie jusqu'en 1979. Depuis, elle a connu une
large vague de réforme sous la direction de Deng Xiaoping et sous son
mot d'ordre : « enrichissez-vous! ». La Chine
croit depuis la fin des années 1990 dans les échanges
commerciaux. En fait, depuis la fin des années 1970 la Chine a mis
la modernisation de son économie au premier rang des priorités et
elle a tout fait pour y parvenir : elle a abandonné progressivement
le plan pour le marché, elle a mobilisé ses immenses ressources
en main d'oeuvre et a ouvertement tiré parti de la mondialisation en
devenant l'usine du monde.
Les relations diplomatiques entre le Tchad et la Chine qui
datent de 1972 ont été marquées par une période de
rupture en 1997 à cause de la reconnaissance de Taiwan par N'Djamena. En
juillet 2006, les circonstances politiques (les menaces de la rébellion
à l'Est) ou économique (exportation du pétrole Tchadien)
ont conduit le Tchad à renouer avec la Chine populaire en rompant avec
Taiwan. Ce réchauffement s'inscrit dans le cadre de la politique
lancée en janvier 2006 par le gouvernement chinois et qui est
précisé dans le livre blanc sur la politique africaine de la
Chine : « la Chine oeuvre à établir
et développer un nouveau type de partenariat stratégique
marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan
politique, la coopération dans un esprit gagnant -gagnant sur le plan
économique ». Cette nouvelle relation lui permettra de
diversifier ses partenariats commerciaux.
Les flux commerciaux entre la Chine et le Tchad concernent
principalement les importations. Selon les services de statistiques du commerce
extérieur tchadien, la Chine ne figure pas parmi les pays de destination
des exportations du Tchad. Les principaux pays de destination des produits
tchadiens hors pétrole en 2005 sont le Nigeria (39%), la France (28%) et
le Soudan (18%), le pétrole étant supposé être
exporté exclusivement à destination des Etats-Unis. Selon
Chaponnière (2006), 21% des exportations du Tchad ont été
faites à destination de la Chine en 2004. Mais cette information issue
des données miroirs du Département des Statistiques du Commerce
du Fonds Monétaire International (IMF/DOTS) ne peut s'expliquer que par
l'existence de réexportations de produits tchadiens. Selon les
données disponibles fournies par l'INSEED (2006 et 2007), les
importations d'origine chinoise ont doublé en un an passant de 6 045 711
dollars en 2004 à 12 574 333 dollars en 2005.
Le 12 janvier 2007est une date importante dans la nouvelle
relation économique entre le Tchad et la Chine. Cette dernière a
en effet racheté par l'entremise de China National Petroleum
Corporation (CNPC) le permis d'exploitation pétrolière
détenu par la société Canadienne ENCANA. Ce permis couvre
une superficie d'environ 220 000 Km2 et englobe les bassins
ci-après : Le bassin des Erdis, une partie du bassin du lac Tchad,
le bassin de Madiago, le bassin de Bongor, le bassin à l'ouest de
Moundou, le bassin de Pala à la frontière du Cameroun, une partie
du bassin à la frontière de la République Centrafricaine
et tout le bassin de Salamat.
Depuis cette date, la coopération économique
entre la Chine et le Tchad s'est intensifié, donnant la
possibilité à cette dernière de trouver de nouveaux
financements. L'aide chinoise en faveur du Tchad est estimée à
plus de 100 millions de dollars depuis cette date. La Chine, cherchant à
sécuriser par tous les moyens ses approvisionnements en pétrole
pour ne pas freiner une économie en pleine croissance, a accru le
montant de ses investissements dans les secteurs stratégiques de
l'économie tchadienne tels que les télécommunications; la
cimenterie de Baoaré et la raffinerie à 50 km au nord de
N'Djamena.
A côté de ces apports positifs, on note aussi
des risques potentiels de la coopération économique chinoise sur
l'économie tchadienne. On peut citer par exemple la structure
inégale des échanges (matières premières
tchadiennes contre produits manufacturés chinois) le risque de
désindustrialisation parce que les industries locales n'ont pas la
capacité nécessaire pour faire face à la concurrence
chinoise, et le risque de surendettement. Certains pays pauvres très
endettés, notamment africains, ayant été
désendettés par la communauté internationale, se
ré-endettent auprès de la Chine. D'où
l'intérêt de faire une étude sur La
coopération commerciale entre la Chine populaire et le Tchad :
enjeux et perspectives.
PROBLEMATIQUE
La Chine et le Tchad ont décidé de renouer les
relations diplomatiques après une rupture de 9 ans (1997- 2006). Cette
reprise s'est accompagnée de retombées économiques, parmi
lesquelles la construction d'un des deux plus grands hôpitaux qui existe
au Tchad, la construction du palais du peuple (actuel Palais du 15 janvier) et
d'un stade Omnisport dans la capitale Ndjamena ainsi que l'encadrement des
casiers rizicoles A et B dans le Sud-ouest du pays.
La Chine représente 20% de la population mondiale et
constitue un marché potentiel de plus d'un milliard d'acheteurs. L'aide
Chinoise au Tchad peut donc constituer un atout important qu'il se doit de
capitaliser en vue d'en maximiser les effets et de lutter efficacement pour la
réduction de la pauvreté.
C'est ainsi que dans le cadre de la présente recherche,
on se propose d'étudier : l'impact de la coopération
renouvelée entre la Chine et le Tchad sur le commerce extérieur
du Tchad. Cette problématique suscite en effet cette question
principale : la coopération commerciale entre la Chine et
le Tchad peut-elle changer le mode d'insertion de ce dernier dans le commerce
international ?
OBJECTIF DE LA RECHERCHE
L'objectif de cette recherche est d'analyser les enjeux et
perspectives de la coopération commerciale sino-tchadienne.
De manière plus spécifique elle vise
à présenter :
- le mode d'insertion traditionnel du Tchad dans
l'économie internationale ;
- évaluer l'impact de la coopération
renouvelée avec la chine sur le développement économique
du Tchad.
REVUE DE LA LITTERATURE
Notre étude arrive à la suite de plusieurs
recherches menées par des spécialistes, chercheurs et
universitaires africains et occidentaux sur les problèmes de
coopération commerciale Sino-africaine. Pour le juriste français
POTIER (1932)3(*), la
coopération est « la situation dans laquelle
deux ou plusieurs nations dialoguent, échangent et construisent une
oeuvre commune qui leur profite»
Plus généralement, les médiocres
performances globales de l'Afrique peuvent être attribuées en
grande partie à des facteurs bien connus (baisse du prix des
matières premières, problèmes macro-économiques,
etc.) GROS J-B (et al 2002), ceci n'explique pas pourquoi certains pays
arrivent à accroître leurs exportations et d'autres non (le
Tchad). Les sources potentielles de croissance du Tchad en dehors du secteur
pétrolier sont le coton et le bétail. Après avoir
été le pays africain exportateur de coton jusqu' au milieu des
années 70, le pays aurait la capacité de produire le coton en
plus grande quantité et de meilleure qualité si les conditions
locales de production s'amélioraient4(*). Bien que l'intégration du Tchad dans les
marchés régionaux et mondiaux souffre principalement des
contraintes pesant sur l'augmentation de la production des biens et services,
beaucoup reste à faire pour soutenir le commerce extérieur
à travers la diversification des exportations.
L'Afrique, la Chine ont une longue tradition de commerce
vieille de plusieurs décennies. L'échelle et le rythme de
développement des flux d'échange et d'investissement entre le
géant asiatique et l'Afrique se sont nettement améliorés.
Ainsi certaines études récentes telles que celle de Harry
Broadman (2006) ont analysé les flux d'échanges commerciaux
entre ces deux partenaires indiquant que les exportations de l'Afrique vers
l'Asie ont triplé ces cinq dernières années, faisant de
celle-ci le troisième partenaire commercial des pays africains (avec une
part de 27 %) derrière l'Union européenne (32 %) et les
États-Unis (29 %). Les apports d'investissement direct étranger
de l'Inde et de la Chine ont également progressé : ceux en
provenance de Chine s'élevaient ainsi à 1,18 milliard de dollars
au milieu de 2006, indique l'étude.
Une autre étude récente de Sanjev Gupta et
Yang Yongzheng (2005) a montré que la part des exportations africaines
aux pays en développement a plus que doublé depuis 1990. A mesure
que l'Asie s'industrialise, sa demande de ressources naturelles augmente et
l'Afrique a saisi cette occasion. L'Asie reçoit aujourd'hui 25% des
exportations africaines. La Chine et l'Inde qui procèdent à
d'importants investissements sur le continent africain, absorbent à
elles deux 10% des importations et exportations des pays subsahariens, soit 25%
de plus que la part de ces deux pays dans les échanges mondiaux.
La progression des échanges entre les géants
asiatiques et l'Afrique s'accompagne d'une offensive diplomatique. Les visites
ministérielles se multiplient : le Président chinois a
été accueilli au Nigéria en avril 2006 et les chefs d'Etat
africains ont participé à un sommet à Pékin au
cours de la même année (Chaponnière, 2006). Au début
de l'année 2006, le gouvernement Chinois a publié un document sur
sa politique africaine qui met l'accent sur l'égalité, la
souveraineté et la non-ingérence. Le « consensus de
Pékin » (Ramo, 2004) propose une alternative au « consensus de
Washington » : car si les priorités chinoises (stabilité,
développement et réforme) sont les mêmes, elles se
conjuguent selon un ordre différent, Pékin donnant la
priorité à la stabilité et Washington aux réformes.
C'est dans ce contexte que les entreprises chinoises opèrent en
Afrique. Les plus grandes entretiennent directement ou indirectement des liens
avec l'Etat, elles s'engagent dans des pays à risque où elles
poursuivent des stratégies à long terme.
Ces leaders asiatiques, et plus particulièrement la
Chine, en modifiant leur comportement vis-à-vis du continent Africain
auront un impact croissant sur la façon d'agir des grandes institutions
internationales. En effet, alors que la Banque Mondiale assortit ses
prêts de conditions de bonne gouvernance (mise en place de lutte contre
la corruption, réglementations...), la Chine n'impose aucune contrainte
aux pays qu'elle aide : on parle de « dumping démocratique ».
En plus, la Chine est le second partenaire commercial de l'Afrique. En
2002/2003, le commerce entre la Chine et l'Afrique a augmenté de 50%. En
2004, l'augmentation était de 60%. Concernant le Tchad, les exportations
vers la Chine sont passées de 0 % en 2000 à 21 % en 2004 et les
importations de 0 % en 2000 et 1 % en 2004 (J R Chaponnière, 2006).
L'intensification des relations commerciales entre la Chine
et l'Afrique sub-saharienne a coïncidé avec une
accélération de la croissance africaine. En contribuant au
redressement des cours des matières premières, l'appétit
chinois a été plus efficace que les projets de stabilisation.
L'analyse d'Eichengreen (2005) sur les conséquences de la croissance
chinoise montre que les pays spécialisés dans la production et
l'exportation de composants, de biens d'équipement et de matières
premières en bénéficient alors que ceux qui sont
engagés dans la production de biens de consommation subissent les effets
de la concurrence chinoise. Ces conclusions rejoignent celles de Laal (2004,
2005) qui a analysé l'impact des exportations chinoises sur l'Asie et
l'Amérique latine. Ces résultats suggèrent que les pays
africains bénéficient de l'émergence chinoise. Selon les
statistiques du FMI (DOTS), une dizaine dégage un surplus dans leurs
échanges avec la Chine (l'Angola et le Soudan étant les
principaux bénéficiaires) alors que pour les 20 autres pays, ces
échanges sont déficitaires. L'impact est important pour les pays
miniers mais beaucoup moins pour les pays exportateurs de produits agricoles.
Les conséquences de l'émergence de la Chine sur l'Afrique peuvent
être appréciées du côté de la demande et du
côté de l'offre (J R Chaponnière, 2006). La forte demande
de matière première peut pousser les prix à la hausse,
alors que l'accroissement des exportations peut faire baisser 5(*) les prix.
La forte demande d'énergie et de minerais par la Chine
et l'Inde a poussé à la hausse les prix internationaux des
matières premières, ainsi que le volume et la valeur des
exportations africaines (Andrea Goldstein, Nicolas Pinaud et Helmut Reisen,
2006). La Chine notamment est devenue le partenaire principal de plusieurs
pays africains: elle leur fournit des produits manufacturés bon
marché et réduit leur dépendance à l'égard
de leurs partenaires commerciaux traditionnels. En devenant des importateurs
importants des produits primaires, la Chine et l'Inde ont permis
d'améliorer les termes de l'échange profitable aux pays d'Afrique
sub-saharienne grands exportateurs de matières premières. Par
contre, l'exploitation abusive des ressources naturelles de l'Afrique peut
à la longue aboutir aux « syndrome hollandais ». En effet, si
l'exploitation abusive des ressources naturelles peut permettre
d'accroître le revenu national des pays, à l'opposé, elle
entraine moins de création d'emploi. Aussi, toute stratégie de
développement fondé sur ce principe peut avoir à la longue
des effets négatifs sur les économies des pays en
développement. L'intervention chinoise réduit à la baisse
le coût de l'investissement (transport, agriculture, travaux publics).
L'inconvénient est que l'investissement est souvent
réalisé avec la main d'oeuvre chinoise. Ce qui annule l'impact de
l'investissement sur la création d'emploi. Dans beaucoup de pays
africains, la présence chinoise occasionne une concurrence rude qui
entraîne la disparition d'entreprises locales (Chaponnière, 2006).
On peut relever d'autres effets négatifs de
l'émergence de la Chine et de l'Inde. Selon, Gumisai Mutume (2006), la
libéralisation de la filière textile après 30 ans de
protection au profit des pays africains pauvres a occasionné des pertes
d'emploi estimée à 250 000 avec l'avènement de
l'entrée de la Chine à l'OMC. Selon la Fédération
internationale des travailleurs des industries du textile, de l'habillement et
du cuir (FITTHC), la plupart des emplois ont été
supprimés au Lesotho, en Afrique du Sud, au Swaziland, au
Nigéria, au Ghana, à Maurice, en Zambie, à Madagascar, en
Tanzanie, au Malawi, en Namibie, au Kenya et au Tchad. L'ancien régime
des quotas, connu sous le nom d'Arrangement multifibres (AMF), limitait les
exportations de textiles et de vêtements vers les plus grands
marchés du monde Etats-Unis, Canada et Union européenne (UE) dans
le but de protéger les producteurs des pays industrialisés de
leurs concurrents plus performants d'Asie. Ce faisant, ce régime a
involontairement avantagé les petits exportateurs de textiles des pays
en développement, moins gênés par les restrictions ou
bénéficiant d'accès préférentiels aux
marchés de l'UE ou des Etats-Unis. Leurs exportations vers les
principaux pays industriels ont prospéré. L'abandon des quotas
risque de chasser des grands marchés ces fabricants, incapables de
rivaliser avec la concurrence effrénée de pays comme la Chine ou
l'Inde.
Ensuite, bien que favorisant à court terme
l'accroissement des revenus de gouvernements africains, le renforcement de la
présence chinoise en Afrique pourrait contribuer à
perpétuer des gouvernances politique et économique ayant
constitué un frein majeur à la croissance durable de ce continent
(OCDE, 2006). De même, s'il est communément admis que la
croissance de la Chine et de l'Inde constitue un défi et une source
d'opportunités pour les pays développés, son impact sur
les pays en développement et les politiques appropriées qui
peuvent être mises en place pour y faire face demeurent beaucoup plus
incertains car les conséquences pour les économies africaines de
l'intégration des géants asiatiques au sein de l'économie
mondiale ont en particulier été très peu
explorées.
Enfin, selon Broadman (op cit), même si la progression
des flux d'échanges et d'investissements de l'Asie incite à
l'optimisme, il existe des asymétries majeures au niveau des relations
économiques entre les deux régions. Les droits comparativement
élevés que la Chine et l'Inde appliquent aux produits
d'exportation de pointe de l'Afrique, ceux d'une valeur maximum,
empêchent les pays africains d'exploiter totalement leurs
marchés. C'est ainsi que les exportations de l'Afrique ne
représentent que 1,6 % de celles que l'Asie reçoit du reste du
monde.
HYPOTHESES DE LA RECHERCHE
Pour asseoir notre problématique, les hypothèses
ci-dessous sont formulées :
- H-1. Le mode d'insertion traditionnelle du Tchad
dans le commerce international ne favorise pas l'économie
Tchadienne.
- H-2. La nouvelle coopération Sino-tchadienne
exerce un impact positif sur le commerce international du Tchad.
INTERET DE LA RECHERCHE
La coopération commerciale est la situation dans
laquelle deux ou plusieurs nations dialoguent, échangent et construisent
une oeuvre commune qui leur profite. De ce fait, une étude
orientée sur ce mécanisme comporte sans doute un
intérêt à la fois théorique et pratique.
Sur le plan théorique, une telle recherche au Tchad
viendra tout d'abord en complément d'autres travaux déjà
menés dans le domaine et surtout pourra constituer un point de
départ important pour les études avenir, car elle consiste
à analyser l'impact de la coopération renouvelée sur le
commerce extérieur.
Sur le plan pratique, Elle permettra aussi au gouvernement
Tchadien de savoir si le commerce avec la Chine est susceptible de lui garantir
des avantages en terme économique. Il sera précisé si
à travers cette coopération, le Tchad pourrait accumuler les
fonds nécessaires pour financer son processus de
développement ; de savoir si véritablement la
coopération chinoise est une solution de rechange après un
demi-siècle de coopération infructueuse avec l'Europe ou si par
contre il s'agit d'une autre forme de domination économique qui ne
permet pas d'espérer.
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
La méthodologie d'analyse de la présente
étude s'est appuyée sur la collecte documentaire, sur
internet et la collecte de données sur le commerce entre le Tchad
et la Chine auprès des institutions spécialisées, par la
suite nous les avons traités en se servant de l'outil statistique
descriptible (pour calculer les moyennes et les pourcentages) pour
apprécier cette relation commerciale.
Il s'agit dans une première étape de
déterminer les effets de la coopération commerciale du Tchad avec
ses partenaires traditionnels. Dans une deuxième phase, des
investigations ont été menées pour récolter toute
la documentation sur l'intervention des deux pays. La collecte a pris en compte
tant la documentation administrative, les conventions et partenariats publics
et privés au niveau des différents secteurs d'intervention. Ces
différentes informations ont été collectés dans
les différents Ministères et autres structures de coordination.
Au niveau des dons et prêts à faible taux, les
informations statistiques ont été collectées au
Ministère de l'Economie et des Finances. Enfin, les données sur
la structure du commerce internationale ont été collectées
à la Direction de L' INSEED.
PLAN ADOPTE
D'une manière générale, pour la
rédaction notre travail de recherche nous suivrons un plan qui comporte
deux parties : la première partie nous permettra de faire la
présentation des effets de la coopération commerciale du Tchad
avec ses partenaires traditionnels. Dans cette partie, nous aurons deux
chapitres pouvant nous donner les éléments essentiels à la
compréhension des spécificités du commerce
extérieur du Tchad ; la deuxième partie quant à elle,
nous permettra de voir l'impact potentiel de la coopération
Sino-tchadienne et ses perspectives. Egalement dans cette partie, nous aurons
deux chapitres précisant d'une part les opportunités offertes
par la coopération commerciale Sino-tchadienne et d'autre part
d'analyser l'impact de la coopération chinoise sur le
développement économique Tchadien.
PREMIERE PARTIE :
LES EFFETS DE LA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD AVEC
SES PARTENAIRES TRADITIONNELS
Désavantagé par l'absence de littoral et son
enclavement, le Tchad est un pays sahélien pauvre. Il est
localisé en Afrique centrale avec un accès insuffisant aux
principaux marchés d'exportation ainsi qu'à ses principales
sources d'approvisionnement. Son intégration dans les marchés
mondiaux doit passer par l'accroissement de la production et la promotion des
exportations des produits traditionnels et non traditionnels. Son mode
d'insertion traditionnelle dans le commerce internationale souffre de plus en
plus du fait de sa structure commerciale.
Dans cette première partie du travail, nous allons
analyser les effets sur la structure du commerce extérieur du Tchad
(chapitre 1). Notamment en identifiant les limites de la coopération
commerciale du Tchad avec ses partenaires traditionnels (chapitre 2).
CHAPITRE I :
LES EFFETS SUR LA STRUCTURE DU COMMERCE
EXTÉRIEUR DU TCHAD.
Traditionnellement, le Tchad est un pays essentiellement
importateur car ses besoins alimentaires et énergétiques, et
certains de ses produits manufacturés proviennent de l'extérieur.
Le Tchad exporte des matières premières (le coton fibre et le
bétail) et certains produits à l'état brut ou
semi-finis, en particulier la gomme arabique, l'arachide, le sésame, le
poisson etc.
En effet, pour étudier l'impact potentiel de la
coopération commerciale sino-tchadienne, il nous est judicieux d'une
part de connaitre la structure du commerce extérieur du Tchad (section
I) et d'autre part les effets sur le développement économique du
Tchad (section II).
SECTION I : STRUCTURE DU COMMERCE EXTÉRIEUR DU
TCHAD
Le commerce extérieur regroupe l'ensemble des agents
économiques résidents à l'étranger ayant des
relations avec l'économie nationale (notamment au niveau des
importations et des exportations).
Afin de mieux cerner la structure du commerce
extérieur du Tchad, il est important pour nous de la situer dans le
temps et de comprendre ses évolutions récentes.
A- Structure du commerce extérieur du Tchad de
1972-2005
Malgré son isolement géographique,
l'économie tchadienne s'ouvre de plus en plus vers l'extérieur.
1. Nature des produits échangés
Depuis l'indépendance, la nature des produits
échangés est essentiellement agro-pastorale avec une consommation
dépendant fortement de l'extérieur.
1.3 Nature des produits exportés
- Les produits agricoles : Le Tchad dispose de sources
potentielles de croissance dans le domaine agro-pastoral (exportations
traditionnelles et non traditionnelles). Après avoir été
premier pays africain exportateur de coton jusqu'au milieu des années
70, le coton constitue avec la canne à sucre et le tabac les seules
cultures industrielles du pays. Il représente en ce moment le produit
dont l'achat et le prix sont garantis aux producteurs et dont la culture
bénéficie d'un effort d'intensification. Parmi ces trois
cultures, seul le coton est exporté vers l'extérieur en cette
période. Compte tenu de nombreuses contraintes liées à la
filière, la production à l'exportation fluctue. la moyenne
était de 120 000 tonnes en mauvaises périodes et
255 000 tonnes en période d'euphorie. La part du coton dans les
produits d'exportation était estimée à environ 45% des
exportations tchadiennes.
- Filière spiruline ou Algue Bleue est connue des
populations du lac-Tchad et du Kamen depuis des années 70. Sa production
est estimée à 80% soit 100 tonnes par an dont une partie est
vendue dans la sous région (1000 à 2000Fcfa/kg) procurant des
revenus substantiels, notamment aux femmes rurales de ces zones.
- Concernant l'élevage, le Tchad est un pays
agro-pastoral caractérisé par un climat évoluant du nord
vers le sud en fonction de la pluviométrie. Les espèces
exportées sont les bovins, ovins et les porcins.
- La gomme arabique : Le marché mondial est
principalement approvisionné par les Etats de l'Afrique centrale,
orientale et australe. La plupart des exportations mondiales proviennent de
trois pays (Soudan, Tchad et Nigeria), en raison des caractéristiques
tropicales de la plante à partir de laquelle la gomme arabique est
extraite. En 1995, 56% de gomme arabique a été exporté
vers le Soudan contre 29% vers le Tchad et du Nigeria 10%. D'autres pays tels
que le Burkina Faso, la Mauritanie, le Cameroun et l'Erythrée produisent
également de petites quantités (l'INSEED, 2004). On peut aussi
citer les arachides décortiquées (plus 5000 tonnes selon le BNF)
et le haricot (niébé) qui sont généralement
exportés vers les pays voisins.
En 2003 l'économie tchadienne bénéficie
des effets d'entraînement des investissements pétroliers
nécessaires à la mise en exploitation des champs de Komé,
Miandoum et Bolobo (les effets « Doba »). Avant que ces travaux ne
commencent, beaucoup d'opérateurs camerounais et tchadiens ont cru que
ce projet allait stimuler leurs économies respectives, et que beaucoup
de marchés seraient à prendre soit directement soit indirectement
par des effets d'entraînement (développement de la
sous-traitance).
Les exportations du Tchad sont restées autour de
la moyenne de 132 milliards FCFA jusqu'en 2003. C'est à partir de 2003,
et notamment avec la production pétrolière que le niveau des
exportations a doublé en 2003 et triplé en 2004 et 2005
Tableau 1 : Exportations des biens et services et
du pétrole du Tchad entre 1970 et 2005 (en milliards)
Années
|
1970-1975
|
1976-1980
|
1981-1986
|
1987-1998
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
Exportations des biens et services (en milliards
FCFA)
|
19,4
|
23,6
|
36
|
37 ,9
|
49,56
|
52,7
|
54,6
|
48,25
|
43
|
75,2
|
Exportation du pétrole brut (milliards
FCFA)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Source : rapport de banque de France pour la zone franc de
1980, 1985, 1990, 2005 et INSEED
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Exportations des biens et services (en milliards
FCFA)
|
168
|
152
|
182
|
212
|
172
|
197
|
240
|
242
|
402
|
1177
|
1690
|
Exportation du pétrole brut (milliards
FCFA)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
115
|
584,4
|
588,5
|
Source : INSEED
L'évolution des importations et des exportations du
Tchad nous permet d'observer que le solde de la balance commerciale passant
d'un déficit de 800 milliards de FCFA (1 379,7 millions de dollars)
dans les années 70 à un excédent de 260,4 milliards de
FCFA (492 millions de dollars) à l'ère pétrolière.
Ainsi le pétrole devient le premier poste d'exportation, comptant
désormais pour près de 90% des recettes d'exportation. Les
exportations pétrolières sont ainsi passées de 8,6
millions de barils en 2003 à 61,3 millions de barils en 2004,
correspondant à un bond exceptionnel des ventes, qui décollent de
115 milliards FCFA (224,2 millions de dollars) en 2003 à 588, 5
milliards FCFA en 20056(*).
Le niveau des exportations est vite relevé par
l'introduction des exportations pétrolières dans le schéma
traditionnel du circuit économique.
On comprend ainsi l'importance de la faiblesse des
exportations tchadiennes influencées par le secteur agro-pastorale avant
le pétrole et l'importance des exportations pétrolières
dans la nouvelle structuration. Le pétrole a donc permis une
augmentation considérable du niveau des exportations du Tchad. Les
années 2004 et 2005 sont celles qui ont changé
véritablement le comportement des exportations (atteignant 1690
milliards FCFA en 2005)7(*).
C'est pourquoi, les exportations occupent une place
très importante dans la structure économique du pays même
si elles ne lui permettent pas de sortir de l'auberge de la pauvreté.
L'injection de la rente pétrolière a provoqué une
très forte croissance du PIB.
1.2- Nature des produits importés
Elles comprennent l'ensemble des biens et services fournis par
les non résidents à des résidents. Les importations
regroupent la valeur de l'ensemble de biens et services destinés
à l'étranger. Cette donnée inclut la valeur des
marchandises, du fret, des assurances, transports, etc. En effet, la division
internationale du travail implique qu'une partie des biens de consommation
finale et d'équipement fasse l'objet d'importations et d'exportations.
Et il en va naturellement de même pour les consommations
intermédiaires. Dès lors, l'accroissement du produit et du revenu
total se traduit en général par une croissance des importations.
Au Tchad, avec l'implantation des sociétés
pétrolières et sous traitantes, une attention mérite bien
d'être prêtée aux importations.
Dépourvue d'industrie de transformation et
enclavé de surcroît, c'est vers les pays voisins que le Tchad va
chercher une bonne partie des produits nécessaires à la
satisfaction des besoins les plus élémentaires de sa population.
En effet, 43% des importations tchadiennes sont constituées de biens de
consommations courants contre 17% seulement de biens d'investissement. La
mauvaise répartition des importations par rapport aux produits se double
d'une répartition très inégale au niveau des sources
d'approvisionnement.
Depuis les années 70 jusqu'en 2005, les produits
pétroliers sont les produits les plus importés en volume tout
comme en valeur. Toujours en quantité, en seconde place se trouvent la
farine, le ciment, les engrais, les céréales et le sucre. Ensuite
viennent les machines et appareils mécaniques, les véhicules, les
produits du papier et les produits pharmaceutiques.
Parmi les biens de consommation courante des ménages,
il faut citer les produits alimentaires divers, qui sont pour la plupart des
produits manufacturés, les boissons, le tabac, dont une partie entre
dans la fabrication des cigarettes (MCT) et le textile. Les biens
d'équipement entrés sur le territoire, en dehors des admissions
temporaires, ont également un poids important dans les importations
(15%).
Le Nigeria fournit à lui seul les 80,22 % du carburant
consommé au Tchad8(*). Il est évident que si le Tchad avait la
possibilité d'acheter son carburant à plusieurs autres
fournisseurs que le Nigeria, le problème se poserait avec beaucoup moins
d'acuité. Un autre exemple concerne les matériaux de construction
dont le ciment qui est fourni exclusivement par le voisin camerounais. Le prix
pratiqué sur le marché n'est ni plus ni moins qu'un prix de
monopole.
Tableau 2 : Importation des biens et services 1972
et 2005 du Tchad (en
milliards de Fcfa)
Années
|
1970-1975
|
1976-1980
|
1981-1986
|
1987-1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
Importations des biens et services (en milliards
FCFA)
|
24
|
32
|
48
|
67,96
|
70,45
|
64,32
|
58,24
|
117,7
|
114,5
|
131,1
|
Source : INSEED et rapport de banque de France
pour la zone franc.
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Importations des biens et services (en milliards
FCFA)
|
270
|
307
|
341
|
379
|
375
|
421
|
637
|
901
|
778
|
744
|
825
|
Source : INSEED
Les importations ont chuté d'environ 20% en passant de
900 milliards FCFA à 778 milliards FCFA pour 2003. Cette baisse
coïncide avec la fin du projet pétrolier et le retrait des
investisseurs, (le secteur pétrolier constituant à lui seul 63 %
du total des importations)
Les données en volume du commerce extérieur,
recueillies auprès des entreprises enquêtées et de
l'administration, font ressortir une évolution mitigée des
exportations et des importations des biens et services en fin décembre
2005, par rapport à la même période de l'année 2006.
En ce qui concerne les importations, celles des hydrocarbures, des biens de
consommation alimentaires et des matériaux de construction ont
baissé respectivement de 4,1%, de 6,6% et de 3%. Parallèlement,
celles des équipements industriels et de transport chutent de 47,8%. En
revanche les entrées des autres produits ont progressé.
Les importations devraient également croître de
3,6%, en termes réels, en liaison avec la hausse des dépenses
publiques.
2. Orientation
géographique des échanges du Tchad de 1972-2005
Il est question de voir les clients et les fournisseurs du
Tchad.
2.1- Clients du Tchad
Le Tchad, tout comme une grande partie des pays de la zone
franc à des degrés divers, entretient des relations commerciales
non négligeables avec la sous région et le reste du monde. Deux
types de déterminants se dégagent et peuvent jouer ensemble. Le
premier, plus immuable dans le temps, concerne la spatialisation naturelle de
zones géographiques, qui constitue d'ailleurs, la base du commerce
précolonial de longue distance.
Le second type de déterminants repose sur des
différentiels de prix induits par l'adoption de politiques
économiques différentes de chaque coté des
frontières. Par exemple, les restrictions commerciales imposées
par le gouvernement nigérian au cours des années 1980 ont eu pour
effet de développer le commerce informel avec les pays voisins au lieu
de diminuer les importations de biens.
Les principaux pays partenaires à l'exportation du
Tchad sont d'abord les pays frontaliers que sont le Cameroun, le Nigeria, le
Soudan, la Libye et le Niger. Les autres pays sont la France, la Belgique -
Luxembourg, les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne, les Pays-Bas, le
Royaume Uni et la Chine populaire. Pour les hydrocarbures par exemple, le Tchad
n'entretient de relations qu'avec ses voisins les plus proches.
En somme, les années 1972-2005 n'étaient pas
favorables pour le commerce extérieur du Tchad en termes de la balance
commerciale, dans la mesure où son importation est plus
intéressant que son exportation du fait de la diversification de ses
produits (on ne peut citer que le coton et le bétail dans les
années 80).
2.2- Fournisseurs du Tchad
La part des importations de la CEMAC et du reste des pays de
l'Afrique Sub-saharienne est supérieure à celle des exportations
du reste monde, soit respectivement 7% et 15%. Les importations formelles de
la CEMAC englobent essentiellement les produits alimentaires, notamment les
légumes. Plus de la moitié des importations du Tchad viennent de
l'Europe. Ce taux est croissant avec le projet de Doba, tout comme les
importations en provenance des Etats-Unis. La France est la plus grande source
des importations, suivie des pays voisins (Nigeria, Cameroun) et les
Etats-Unis. Les autres partenaires commerciaux sont: l'Allemagne, la Belgique,
l'Arabie Saoudite, et la Russie.
Graphique 1 : les principaux fournisseurs du
Tchad.
En somme dans les années 1972-1997, la France, le
Cameroun et le Nigeria sont des gros fournisseurs du Tchad avec la moyenne
respective 44%, 17% et 13%. La tendance est la même jusqu'en 2005.
B- La structure du commerce extérieur du Tchad
depuis 2006
La structure reste inchangée jusqu'à nos jours,
ses exportations se basent toujours sur trois (3) produits primaires : le
pétrole (85,7% des exportations nationales), le bétail (7,4 %
des exportations nationales), le coton fibre (2%) et dans une moindre mesure la
gomme arabique et les autres produits agricoles dans la sous-région et
le reste du monde. Bref sa consommation dépend de plus en plus de
l'extérieur.
1. Nature des produits échangés
Il s'agit dans cette partie de voir la nature des produits
importés et les produits exportés.
1.1- Nature des produits exportés
Pays essentiellement importateur de par son enclavement
géographique, le Tchad regorge pourtant d'un potentiel indéniable
à l'
exportation. Les principaux
produits à l'exportation susceptibles de connaître un potentiel
accroissement sont notamment la gomme arabique et le bétail. En ce qui
concerne la gomme arabique dont le Tchad figure en deuxième position des
pays producteurs derrière le
Soudan, les
perspectives sont réjouissantes.
Aujourd'hui, le Tchad continue à exporter du
bétail en raison des vastes pâturages dont bénéficie
exceptionnellement ce pays, ainsi que d'autres produits tel que les peaux, du
niébé, les oignons. Le tableau ci-dessous nous montre
l'évolution des exportations du Tchad de 2006-2008.
Tableau 3 : Evolution des exportations du Tchad
de (2006-2008).
Années(en milliards de FCEA
|
2006
|
2007
|
2008
|
Bétail
|
267
|
264
|
272
|
Coton
|
44
|
36
|
41
|
Gomme arabique
|
14
|
15
|
15
|
Autres
|
51
|
56
|
63
|
Total des exportations hors pétrole
|
376
|
371
|
391
|
Tableau 4 : Evaluation des exportations en
pourcentage % (2006-2008)
|
|
2006
|
2007
|
2008
|
Bétail
|
71
|
71
|
70
|
Coton
|
11
|
10
|
10
|
Gomme arabique
|
4
|
4
|
4
|
Autres
|
14
|
15
|
16
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
Source: Autorités tchadiennes, base de données
des Perspectives de l'économie mondiale du FMI. Rapport février
2009 :
Les volumes d'exportations ont progressé pendant
quelques années mais ont ensuite reculé (voir Tableau 5&6).
En termes de PIB, les exportations non pétrolières atteignaient
environ le niveau de 20% en 1994 et 19% en 2008. Le bétail et le coton
sont les principaux produits d'exportation non pétroliers du Tchad.
L'importance relative du coton est en baisse alors que celle de la gomme
arabique est en net progression.
Quant au bétail dont le Tchad peut se targuer
d'être le premier producteur dans la sous région CEMAC, il
suffirait de maîtriser le circuit de commercialisation qui
échappe, pour l'heure, en grande partie aux statistiques commerciales.
Qu'à cela ne tienne selon notre analyse, le secteur de l'élevage
a un fort potentiel d'exportation dans l'avenir. A ces produits d'exportations
s'ajoutent aussi l'arachide, les peaux de bête et la cigarette.
Il convient aussi de ne pas perdre de vue que depuis octobre
2003, le Tchad a fait son entrée dans le cercle des pays exportateurs du
pétrole. Sa production qui d'après les experts durera environ 30
ans, est estimée à 80 millions de barils par an à partir
de 2009. L'exportation commerciale des gisements pétroliers de Doba dans
le sud du pays à partir des années 2003 a un impact profond sur
la vie économique.
Les activités commerciales sont supposées
endogènes et fortement déterminées par la conjoncture
générale, qui dépend essentiellement de la production
agricole et des prix payés aux producteurs du coton. Le coton constitue
une source marginale de revenu pour l'Etat, dans la mesure où les
coûts de transport vers le port de Douala sont assez élevés
réduisant fortement la compétitivité du coton tchadien.
Une taxe trop importante à l'exportation mettrait en péril
l'équilibre de la filière. La filière du coton est en
repli (-50% de la production en deux ans) ; elle pourrait être mieux
soutenue, notamment en raison du facteur d'équilibre social qu'elle
représente dans le sud du pays.
2.1- Nature des produits importés
Comme dans les années 2004 et 2005, les importations en
combustibles minéraux, huiles minérales constituent la part la
plus importante du total des importations. Elles représentent 13 % de
l'ensemble des importations en 2006-2008 en moyenne et sont
évaluées à plus de 70 milliards de Fcfa dont 64%
concernent le seul produit gaz oïl dont la facture s'est
élevée à plus de 44 milliards de FCFA.
Les produits sucriers secondent l'énergie avec une part
de 11% de l'ensemble des importations en 2006, soit environ 60 milliards de
FCFA.
Viennent ensuite par ordre d'importance les Machines,
appareils et matériels électriques (9%), les Réacteurs
nucléaires, chaudières, machines (9%), les automobiles,
tracteurs, cycles et autres véhicules (4%), les Matières
plastiques et ouvrages en ces matières (3%), la navigation
aérienne ou spatiale (2%), les produits pharmaceutiques (2%).
Source : INSEED
Graphique 2 :
Principaux groupes de produits importés de 2006 à
2008
Une analyse détaillée des importations
révèle que les produits gaz oïl, sucre raffiné,
matériels, médicaments, farine de froment sont les plus
importants à avoir été importés entre 2006 à
2008 en moyenne.
La grosse facture que présentent les importations en
sucre peut en effet susciter quelques inquiétudes par rapport à
la capacité de la production locale en sucre par la Compagnie
sucrière du Tchad (CST) pour répondre à la demande locale
ou au niveau des prix pratiqués qui pousseraient les consommateurs vers
des sucres d'origine étrangère.
Par contre, la future réalisation d'un projet de
raffinerie pétrolière et la cimenterie au Tchad pourraient
contribuer significativement à alléger la charge afférente
aux importations en produits énergétiques et en ciment.
2- Orientation géographique des
échanges du Tchad depuis 2006
Il est question de voir les clients et les fournisseurs du
Tchad.
2.1- Clients du Tchad (voir annexe 1 tableau
1)
Comme en 2005, les principaux pays destinataires des produits
d'exportation hors pétrole du Tchad sont par ordre d'importance la
France (37%), le Nigeria (31%) et le Soudan (15%) en moyenne dans les
années 2006-2008.
Le Nigeria achète principalement le bétail (80%
de l'ensemble de ses achats au Tchad), le coton (10%) tandis que la France
importe du Tchad le coton (71% de ses importations du Tchad), les moyens
roulants (9%) et la gomme arabique (3%). Le Tchad alimente le Soudan qui est le
troisième plus grand importateur des produits tchadiens en produits
alimentaires. En effet, la farine de maïs constitue environ 100% de
l'ensemble des importations soudanaises du Tchad.
Le Cameroun qui est le premier pays fournisseur du Tchad en
2006 ne se trouve qu'au septième rang des pays destinataires des
produits tchadiens. Il en est de même pour les Etats-Unis, premier pays
producteur des produits d'origine importés au Tchad qui se trouve au
sixième rang des pays destinataires des produits tchadiens hors
pétrole. Ce déséquilibre commercial appelle une
réflexion pour en comprendre les déterminants.
Le Cameroun achète essentiellement au Tchad les arachides
(33%), le bétail (5%) et les gommes arabiques (4%).Le pétrole
brut est exporté exclusivement vers les Etats-Unis.
En termes de balance commerciale c'est grâce à
l'exploitation du pétrole que le Tchad comptabilise une balance
commerciale positive. Mais s'il ne faut tenir compte que des produits hors
pétrole, sa balance commerciale est nettement déficitaire, ce qui
veut dire qu'il dépend toujours du monde extérieur jusqu'à
nos jours.
2.2-Fournisseurs du Tchad
Le Cameroun et les Etats Unis continuent d'être en
tête des pays qui alimentent le Tchad depuis 2006. Le Tchad a
importé de ces deux pays pour plus de 210 milliards de FCFA Ils sont
suivis par la France (80 milliards de FCFA) et le Nigeria (68 milliards de
FCFA) (voir graphique 3).
Les principaux continents d'où viennent les
importations du Tchad sont par ordre d'importance l'Afrique (179 milliards de
FCFA), l'Amérique (178 milliards de FCFA), l'Europe (135 milliards FCFA)
(voir graphique 3). Toutefois, en soustrayant les importations du sucre et des
hydrocarbures, les importations du Tchad du continent africain deviennent
insignifiantes et le continent ne viendra qu'au troisième rang
après l'Amériques et l'Europe.
source : INSEED du Tchad et autorité tchadienne.
Graphique 3 : Origine
des importations depuis 2006
source : INSEED du
Tchad et l'autorité tchadienne
Graphique 4 : Continents d'origine des
importations depuis 2006
L'analyse des importations par pays d'origine indique que le
Cameroun alimente le Tchad essentiellement en sucre raffinés (33%),
Gazoles (16%), ciments (8%) et savons (6%). Ces trois produits
représentent plus de 60% de l'ensemble des importations des produits
d'origine camerounaise vers le Tchad depuis 2006.
Les importations des produits d'origine américaine
depuis 2006 portent essentiellement sur les matériels
d'équipements et précisément, les outils d'exploration
pétrolière ou de forage. Ces produits représentent plus de
30 % de l'ensemble des importations d'origine américaine en moyenne
entre 2006-2008.
Les importations des produits d'origine françaises
depuis 2006 ont porté essentiellement sur la farine de froment (13%),
avions ou hélicoptères (12%), véhicules (4%),
Médicaments (3%).
Quant au Nigeria, plus de 50% des produits importés (en
valeur) concernent les hydrocarbures, montrant à quel niveau le Tchad
est dépendant de ce pays en matière énergétique.
Sous l'angle des regroupements économiques, l'Union
Européenne (100 milliards de FCFA) alimente le Tchad plus que la zone
CEMAC (87 milliards de FCFA). Elle alimente le Tchad principalement en produits
agro-alimentaires dont la farine de froment, les produits
électroménagers tandis que la CEMAC alimente le Tchad en sucre,
savons, boissons et autres (voir annexe 1 graphique 1).
Tableau 5 : la balance commerciale du Tchad de
1970-2005 (en milliards de Fcfa)
Années
|
1970-1975
|
1976-1980
|
1981-1986
|
1987-1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
|
1994
|
Exportations
|
19
|
24
|
36
|
38
|
50
|
53
|
55
|
48
|
43
|
|
75
|
Importations
|
24
|
32
|
48
|
67,96
|
70,45
|
64,32
|
58,24
|
117,7
|
114,5
|
|
131,1
|
Balance commerciale
|
-5
|
-8
|
-12
|
-29,96
|
-20,45
|
-11,32
|
-3,24
|
-69,7
|
-71,5
|
|
-56,1
|
Source : rapport de banque de France pour la zone franc de
1980, 1985, 1990, 2005 et INSEED
|
|
De l'année 1995
à 2005
|
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
X
|
168
|
152
|
182
|
212
|
172
|
197
|
240
|
242
|
517
|
1761,4
|
2278,5
|
312,52
|
270
|
307
|
341
|
379
|
375
|
421
|
637
|
901
|
778
|
744
|
825
|
319,35
|
-102
|
-155
|
-159
|
-167
|
-203
|
-224
|
-397
|
-659
|
-261
|
1017,4
|
1453,5
|
-6,83
|
Source : rapport de banque de France pour la zone franc de
1980, 1985, 1990, 2005 et INSEED ; X= moyenne
En somme on constate la dépendance du Tchad de ses
importations par rapport à ses exportations ce qui entraine un
déficit de sa balance commerciale de 1972-2003. C'est avec
l'exploitation du pétrole que sa balance commerciale devient positive,
sa structure commerciale se dégrade au fur et à mesure du fait de
manque d'une politique d'industrialisation. Mais le Tchad est toujours
dépendant des importations.
SECTION II : LES EFFETS SUR LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE DU TCHAD
Les théories du commerce considèrent le commerce
international comme facteur important dans la croissance économique d'un
pays. Dans cette section, nous allons montrer le fondement (A) et les avantages
de modes d'insertion du Tchad (B).
A- FONDEMENT DU
COMMERCE DU TCHAD
Le Tchad comme la plupart des autres pays africains exportent
principalement les matières premières. Certains pays comme le
Tchad sont fortement tributaire d'un nombre restreint de produits d'exportation
qui sont généralement retravaillés à
l'étranger (tel que le coton, la gomme arabique, pétrole
brute...), si bien que la valeur ajoutée locale reste faible ainsi la
faible part de l'Afrique dans le commerce mondial est due à la structure
et la nature des biens qu'elle exporte. C'est essentiellement des
matières premières issues de l'industrie extractive et des
produits agricoles qui ne peuvent pousser que sous le climat tropical humide
comme le café, le cacao, huile de palme, la canne à sucre et le
coton.
B- AVANTAGES DES PAYS
DANS LA SPÉCIALISATION DU COMMERCE DE PRODUITS PRIMAIRES
La croissance fondée sur les produits primaires offre
trois (3) catégories d'avantages, en améliorant l'emploi des
facteurs de production disponible, en étendant les dotations de facteurs
et en assurant des effets de liaison.
1- Amélioration
de l'emploi des facteurs
Le modèle statique portant sur les apports des
échanges partent d'un pays fermé au commerce international et
montrent les effets de son ouverture commerciale. Les échanges assurent
une exploitation plus intensive du facteur de production abondant. Le pays
qui, à l'inverse possède des ressources inexploitées avant
son ouverture commerciale peut tirer des profits encore plus substantiels des
échanges et ses échanges pourront stimuler l'économie de
manière à assurer le plein emploi de tous les facteurs de
production. De ce fait, le pays, opte pour l'accroissement de la production de
l'un et l'autre bien. (Michael Roemer et al, 1998)
L'économiste Briman Hla Myin en 1959 a observé
que les régions d'Afrique et d'Asie soumises à la colonisation
européenne ont pu grâce à l'expansion du commerce
international qui en résulte, assurer un emploi plus intensif de leur
sol ou de leur actif pour produire des produits alimentaires (le riz, le cacao
et l'huile de palme) pour les exportations. Myint (1959) applique à ces
exemples l'expression d'Adam Smith, le potentiel de surplus de production,
notion qui implique qu'une partie du sol ou d'actif sont oisifs avant les
échanges et que ceux-ci permettent aux pays concernés d'exploiter
plus intensivement leurs terres et leurs actifs.
2- Expansion des
dotations des facteurs
Une fois mis en évidence, le potentiel de
rentabilité de l'agriculture tropicale ou des ressources naturelles, les
investisseurs étrangers s'intéresseront probablement au pays
d'abord pour exploiter l'avantage comparatif et pour s'implanter
peut-être en fin de compte dans d'autres secteurs.
L'afflux des investisseurs étrangers a constitué
un processus classique dans les industries exportatrices des produits
minéraux et dans beaucoup de secteurs de production tropicale où
l'agriculture de plantation était la norme : ESSO au Tchad, CONOCO
n'offrent que quelques-uns des cas les plus visibles sur une masse
d'exemples.
L'apparition de nouveaux secteurs d'exportation aura
également des chances d'ouvrir, dans les activités exportatrices
ou dans des industries connexes, de nouveaux créneaux d'investissement
rentables que les capitaux étrangers n'occuperont pas
intégralement. Ces créneaux représentent une ouverture
vers l'extérieur de la demande de financement internes et ils doivent
encourager un développement de l'offre et par la suite des
investissements dans l'économie.
C'est dire que l'expansion des créneaux commerciaux des
produits primaires peut entraîner l'accroissement de l'offre
d'investissement étrangers et le financement interne de main d'oeuvre
ainsi que du personnel qualifié. Ces investissements permettront de
compléter les facteurs de production fixés (terre et ressources
naturelle) Roemer (1998)
Outre cette aide économique progressive vers sa
limite de production il s'en suit que les échanges peuvent
également élargir la frontière vers l'extérieur et
permettra à l'économie de produire tous les biens en plus grande
quantité qu'avant.
3- Les effets de
liaison
La notion d'une croissance fondée sur l'exportation
suppose en effet une stimulation pour d'autres secteurs d'activités
apparemment stagnants. En occurrence, l'industrie textile peut permettre
d'illustrer dans le cas sa création d'une demande suffisante pour un
facteur de production (coton ou colorant). Ce qui permettra de stimuler la
production nationale de celle-ci. Hirschman (1958) nomme cet effet de
stimulation par l'expression « liaison en
amont »
Les liaisons en amont sont particulièrement efficaces
quand le secteur d'activité bénéficiaire atteint une
dimension telle que les industries qui l'approvisionnent peuvent
réaliser leurs propres économies d'échelle. Cela permettra
de réduire leurs coûts de production et d'augmenter leur
compétitivité sur le marché interne, voire à
l'exportation. Trois conditions peuvent favoriser ce type de liaison :
- La production devra, au départ, s'effectuer dans
de petites unités faisant appel à des techniques simples, ce qui
donnera à l'industrie d'équipement naissante la
possibilité de maîtriser les techniques de fabrications et
d'apprendre le métier par production répétitive ;
- L'industrie exportatrice devra connaitre une croissance
régulière au fil des années, ce qui ouvrira à ses
fournisseurs les perspectives d'un marché constant ;
- De plus, elle devra posséder une dimension suffisante
pour permettre aux fabricants de matériel de réaliser en fin de
compte des économies d'échelle.
Ces conditions peuvent l'être dans plusieurs
activités agricoles mais ce n'est généralement pas le cas
du secteur minier.
Les secteurs d'exportations des produits primaires peuvent
également encourager dans le pays, l'essor des entreprises et du
personnel qualifié. La liaison peut être aussi fiscale.
La liaison fiscale offre de meilleur exemple dans les secteurs
pétrolier (cas du Tchad) et minier ainsi que pour certaines cultures
agricoles traditionnelles. Les pouvoirs publics peuvent s'accaparer sous forme
de taxes ou dividendes, une proportion important de rente tirée de ces
exportations et affecter les recettes au financement du développement
d'autres secteurs.
A l'évidence, le gouvernement qui
bénéficie de ce type de revenus est en meilleure posture que
celui qui n'en a pas. Mais l'efficacité avec laquelle ces recettes
stimulent un développement autonome du reste de l'économie
dépend, au plus haut point des types de programme et d'intervention
entrepris par les pouvoirs publics (Baldwin, 1966).
Mais tous ses effets positifs citer ci-dessus ne se fait pas
sentir au niveau des principaux indicateurs de croissance économique du
Tchad. Le PIB du Tchad n'a augmenté que de 0,2% en 2008 en raison de la
performance médiocre du secteur pétrolier et des conflits
persistants entre les forces gouvernementales et les groupes de rebelles. Le
fléchissement de la demande et des cours mondiaux de pétrole ont
conduit à une récession en 2009 qui pourrait se résorber
en 2010.
Le Tchad a engagé un processus de privatisation afin
d'améliorer l'ensemble de son économie. Ainsi en 2008, le Tchad a
adopté avec le FMI une nouvelle Stratégie nationale de
réduction de la pauvreté (SNRP II), établissant un
programme de réformes structurelles pour 2008-11. L'accent est mis sur
une politique fiscale soutenable et une dépense raisonnée des
revenus pétroliers pour promouvoir la diversification
économique.
Le Tchad est un des pays les plus pauvres du monde.
L'espérance de vie à la naissance est de 51 ans seulement, la
malnutrition touche un tiers des enfants de moins de 5 ans, le niveau
d'éducation est faible. Aux trois-quarts rural, supportant de fortes
disparités de développement entre les villes et les campagnes, le
Tchad est un pays aux déficiences structurelles réelles. La
faiblesse de son PIB par habitant et de son IDH (170ème/179)
vérifie l'hypothèse d'une économie fragile.
Tableau 6 : Les indicateurs de la croissance du
Tchad
Indicateurs de croissance
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
PIB (milliards USD)
|
8,39
|
6,85
|
7,98e
|
8,47
|
9,11e
|
PIB (croissance annuelle en %, prix constant)
|
-0,4
|
-1,6e
|
4,4
|
3,9e
|
5,5e
|
PIB par habitant (USD)
|
862
|
687e
|
780
|
809
|
848
|
Taux d'inflation (%)
|
8,3
|
10,1
|
6,0
|
3,0e
|
3,0e
|
Balance des transactions courantes (en % du PIB)
|
-13,7e
|
-32,5
|
-29,7e
|
-26,3
|
-7,4e
|
Source : FMI - World Economic Outlook Database (pour plus de
détail voir annexe 7)
Note : (e) Donnée estimé
Il était question pour nous dans ce chapitre de
présenter les effets de la coopération du Tchad avec ses
partenaires. Pour tirer le rideau sur le commerce extérieur au Tchad, il
en résulte qu'il est soumis traditionnellement à la logique de la
répartition sectorielle des branches d'activité où le
secteur primaire occupe une place prépondérante dans la structure
des exportations. Notamment le commerce du coton et du bétail est
resté jusqu'à la veille de la mise en oeuvre du projet
d'exploitation des champs pétroliers de Doba la manne nourricière
de l'économie tchadienne dont l'exportation a changé ce
schéma classique depuis 2003. Ainsi, le pétrole acquiert une
primauté dans les postes d'exportation, comptant désormais pour
près de 90% des recettes d'exportation. De plus, les importations ont vu
leur rythme évoluer surtout pendant la phase d'installation sur le sol
tchadien des sociétés pétrolières et des
différents partenaires. Il est vrai que le pétrole tchadien a
contribué à adopter une nouvelle lecture du commerce
extérieur, mais ne perdons pas surtout de vue le fait que le commerce
extérieur tchadien rencontre des difficultés depuis quelques
années. Il s'avère primordial d'adapter des politiques tant
préventives que curatives de part et d'autre part voir les limites de
cette politique basée sur l'exportation des produits primaires.
CHAPITRE II :
LIMITES DELA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD
AVEC SES PARTENAIRES TRADITIONNELS
Le commerce est une activité économique au cours
de laquelle s'effectuent des opérations de vente et/ou d'achat d'une
marchandise. Quant au commerce international c'est l'ensemble des
échanges internationaux de biens et services.
Tout pays commerce avec le reste du monde. La nature de ces
échanges et le type de marchandise qu'un pays exporte vers les autres
jouent un rôle capital dans la détermination du caractère
du développement.
Dans ce chapitre nous allons analyser les limites relatives
à la production et à l'exportation des matières
premières (section I) et par la suite nous nous intéresserons aux
limites spécifiques liées à la production et l'exportation
pétrolière (section II).
SECTION I : LIMITES LIEES A LA PRODUCTION ET A
L'EXPORTATION DES MATIERES PREMIERES
Dans
cette section nous verrons les limites liées à la croissance
fondée sur l'exploitation des produits primaires d'une part et la
dépendance du Tchad vis-à-vis de certains pays d'autre part.
A- LIMITES LIEES A LA
CROISSANCE FONDEE SUR L'EXPORTATION DES PRODUITS PRIMAIRES
Les variations des prix des produits exportés et
importés ainsi que celles du volume et de la composition des
échanges ont des incidences sur les gains qu'un pays peut tirer du
commerce international.
Dans la présente partie, nous allons mettre en
évidence les effets de la détérioration des termes de
l'échange, la croissance léthargique de la demande et la
fluctuation des recettes d'exploitation.
1- Détérioration des termes de
l'échange
En économie internationale, les termes de
l'échange représentent le rapport de l'indice des prix à
l'exportation à l'indice des prix à l'importation. L'importance
de la notion de terme de l'échange est admise depuis longtemps dans la
théorie du commerce international (Benham, 1940). Au départ, dans
le cas des pays en développement, il s'agissait essentiellement
d'étudier les variations des prix des produits primaires à ceux
des produits manufacturés.
Ainsi, Samuel Longfield indique en 1835 comment les termes de
l'échange peuvent varier en fonction de la demande des
importations d'un pays. James Pennington (1840) montre que
le domaine de variation des termes de l'échange est borné par les
rapports entre les coûts relatifs de production, qui servent à
calculer l'avantage comparatif. Les travaux de Prebish (1950, 1952) et Singer
(1950) ont élargi le débat. Ils ont été
appuyés par des recherches empiriques qui ont débouché sur
ce qu'on appelle couramment la thèse de Prebish et Singer (1950) du
déclin séculaire des termes de l'échange des produits
primaires par rapport aux produits manufacturés (dégradation des
termes de l'échange).
La dégradation des termes de l'échange est une
thèse employée pour exprimer des situations de baisse
inéluctable des prix des produits des pays du sud face à ceux des
pays du nord, ou plus objectivement et précisément entre les
produits industrialisés et les produits des pays du tiers-monde.
La dégradation des termes de l'échange des
produits primaires bousculait également l'idée des classiques
que sur le long terme, le prix de ces biens avait tendance à monter
relativement à celui des biens industriels à cause de la
rareté naturelle des ressources du sol. Un grand nombre de PVD et PMA
particulièrement ceux d'Afrique, sont encore très tributaires de
l'exportation de produits primaires et leurs termes de l'échange sont
toujours étroitement liés aux prix relatifs des produits
primaires et des produits manufacturés (CNUCED, 2003).
Pour Raoul Prebish (1950) et Hans Singer (1950), les effets
du progrès technique sont dissemblables dans les pays industriels et
dans les PVD et PMA sur le prix des produits à cause du mode de
détermination de prix des facteurs : dans les premiers, les
structures de marché sont moins concurrentielles que dans les seconds,
si bien que les prix ne baissent pas dans la même proportion.
Singer (1950, 312p) ajoute des explications sur la demande en
soulignant la faible-élasticité-revenu des produits
primaires : la demande des produits alimentaires augmente moins vite que
le revenu ; avec le progrès technique, l'absorption de
matières premières par unité de produits industriel tend
à se réduire. La détérioration des termes de
l'échange a été aggravée par la protection du
secteur primaire dans les pays développés (cas des termes de
l'échange des exportations de coton des pays tels que le Benin, le Tchad
et le Burkina Faso)9(*).
D'autre part, la croissance des pays en
développement dépend en grande partie de mesure de l'importation
des produits manufacturés (essentiellement des biens
d'équipement) nécessaires à la création ou
l'expansion des capacités de production et des infrastructures. Si de
nombreux pays en développement ayant des ressources naturelles
similaires cherchent simultanément à accroître leurs
exportations de produits primaires pour financer l'importation de produits
manufacturés, cela tend à faire baisser les prix des produits
primaires (CNUCED, 2002).
Le déclin du prix des produits manufacturés
à faible intensité de compétences est
généralement accompagné d'une forte croissance du volume
des exportations, alors que dans le cas des produits primaires le volume des
exportations stagne parce que l'élasticité-prix de la demande est
très faible.
La dégradation des termes de l'échange est
affaire de produits. Par ailleurs les produits de base souffrent d'une
infériorité fondamentale par rapport aux biens
manufacturés au regard de la demande. Côté offre, les
producteurs peuvent réagir à la baisse des prix en augmentant les
volumes des produits pour maintenir leur revenu, ce qui tend à
déprimer les cours.
Au XXe siècle, cette dégradation
était devenue de plus en plus défavorable pour les pays du sud.
Cette thèse est liée à la théorie de la
dépendance.
2- Croissance léthargique de la demande
Dans un monde à la croissance équilibrée,
les exportations de produits primaires pourraient s'attendre à ce que
leurs ventes à l'étranger croissent au même rythme que les
revenus nationaux des importateurs de ces produits et à ce qu'il en
aille de même pour leurs propres revenus. L'accélération de
la croissance des revenus des exportations de produits primaires impliquerait
des évolutions structurelles, telle la substitution des importations.
Toutefois, le monde ne connaît pas un équilibre de ce type, et les
économistes peu convaincus du potentiel des exportations de produits
primaires ont fait état de mutations structurelles dans le monde
industriel qui semblent condamner les exportations de produits primaires
à une croissance plus lente que celle des revenus du monde
industriel. En outre, l'évolution technique dans l'industrie
manufacturière va à l'encontre de la consommation de
matières premières, les producteurs s'attachant à
réduire leurs coûts en élevant le rendement des produits
finis obtenus à partir d'un apport en matières premières
donné. Exemples : les métiers à tisser modernes
gaspillent moins de filets de coton et utilisent davantage de fibres
synthétiques, les tuyaux en plastique remplacent les tubes de fer ou de
cuivre etc. l'innovation technologique ou les fortes élasticités
de la demande par rapport au revenu-facteurs précisément
invoqués à l'encontre des exportations de matières
premières ont donné une forte impulsion à la demande de
pétrole, de caoutchouc, de cuivre, d'aluminium, de l'huile
végétales etc.
3- Fluctuation des
recettes
Il est couramment admis que l'instabilité des recettes
d'exportation qui se transmet à l'économie intérieure,
provoque l'instabilité de la demande interne et augmente les risques de
l'investissement. Dés lors, les fluctuations de la demande interne,
associées à un approvisionnement incertain en matériaux
importés, décourageront les investisseurs et réduiront la
croissance économique. Les variations des exportations risquent
également de brouiller les signaux envoyés par les prix relatifs,
ce qui met les investisseurs dans l'incapacité de choisir les
implantations les plus rentables. Ce brouillage des signaux élève
le rapport capital-production et diminue le taux de croissance pour tout niveau
donné d'investissement.
B-
DÉPENDANCE COMMERCIALE VIS-À-VIS DE QUELQUE PAYS
La théorie de la dépendance est une
théorie du champ des
sciences sociales (
sociologie,
histoire,
économie et
science politique
) qui soutient que la pauvreté, l'instabilité politique et le
sous-développement des
pays du Sud est la
conséquence de processus historiques mis en place par les
pays du Nord ayant
comme résultat la dépendance économique des pays du Sud
(Yotopoulos, 1966). Cette théorie avance que les pays les plus riches
ont besoin des plus pauvres afin de s'assurer de la continuité de leur
croissance.
Conçue dans les années 1950, lors d'une phase de
radicalisation de la compréhension des
rapports
internationaux et du
développement,
cette théorie s'oppose alors à la
théorie
de la modernisation ou de l'industrialisation qui prétend que les
pays sont à un stade inférieur de leur développement ou
que ces pays ne sont pas intégrés dans l'économie globale.
Pour la théorie de la dépendance, ces pays sont
intégrés mais sont structurellement mis en état de
dépendance continue en appliquant, par exemple, l'interdiction de la
production nationale de produits devant être achetés auprès
des compagnies coloniales.
La dépendance des pays du Sud s'explique
historiquement par la colonisation (
Asie,
Afrique,
Amérique
latine par exemple) et par les échanges commerciaux inégaux
(par les compagnies comme la
Compagnie
néerlandaise des Indes orientales ou encore la
Compagnie
anglaise des Indes orientales). Pour l'économiste argentin
Raúl Prebisch (1950), l'enrichissement des pays
développés est inversement proportionnel à celui des pays
pauvres. Pour les théoriciens de la dépendance, il est
actuellement impossible que les pays du Sud se développent sans se
libérer des liens de dépendance entretenus avec le Nord puisque
le développement des pays du Nord repose sur le
sous-développement de ceux du Sud. Prenons l'exemple du commerce dont
les firmes multinationales sont souvent contrôlées par
l'étranger et les décisions sont prises à
l'extérieur du pays. Les PVD sont dépendants de la conjoncture
des pays développés, puisque leurs recettes d'exportation
dépendent de ces derniers. Certains pays (le Tchad) ne peuvent produire
suffisamment d'aliments pour les besoins de leurs populations. Ils importent
massivement des biens agricoles (céréales) et dépendent
des grands producteurs (USA, Union européenne).
Les pays Africains du fait de leur insuffisance de moyens
financiers se retrouvent dépendants de l'aide financière des pays
développés, des organismes internationaux et des prêts des
grandes banques internationales. Cette aide et ces prêts sont souvent
assortis de conditions économiques et politiques, accentuant ainsi la
dépendance. Les pays du sud sont aussi dépendants de la
technologie des pays du centre.
Quant au Tchad, il est tributaire des exportations de produits
de base. La diversification de ses produits d'exportation est
extrêmement faible. La forte dépendance à l'égard du
commerce extérieur résultant de la structure des exportations
rend défavorable les conditions de la croissance du pays et menace de
manière permanente sa stabilité monétaire et
financière. Car, la réduction du pouvoir d'achat extérieur
contraint à rechercher une source de financement extérieur si
l'on ne veut pas réduire les investissements et les dépenses
productives.
Malgré le fait que la part des produits de base dans le
commerce international baisse sans cesse, le Tchad est fortement
dépendant des matières premières à l'exportation
(coton, gomme arabique, pétrole et les bétails).
Pour la théorie de dépendance, le commerce
international maintient les écarts entre pays pauvres et pays riche, par
la dégradation des termes de l'échange inégal, par le
rapatriement des profits des firmes multinationales dont le mode de
consommation des classes favorisées est calqué sur les pays du
centre et imposé par les firmes multinationales, ce qui implique une
concentration extrême du revenu.
C-
FAIBLE DIVERSIFICATION DE L'ÉCONOMIE DES PAYS EXPORTATEURS DES PRODUITS
PRIMAIRES
La structure sectorielle des exportations est un handicap pour
la grande majorité des pays (PVD et PMA) : elle est fortement
concentrée autour de produits primaires dont la demande augmente moins
vite que celle des autres biens. En outre, les fluctuations observées
sur les cours des marchés des produits primaires rendent
extrêmement vulnérables les gains à l'exportation.
Une diversification des exportations ne se traduit pas
nécessairement par un recul de la part des produits primaires ou de
simples transformations dans le total. Certes, il s'agit à priori de
développer des activités dont les flux marchands sont en pleine
expansion. Néanmoins, un autre objectif peut être poursuivi :
rendre la valeur des exportations moins vulnérables aux fluctuations des
prix des matières premières et réduire leur
volatilité en se positionnant sur différents marchés,
même s'il s'agit toujours de biens primaires.
De manière générale, la diversification
semble s'enclencher difficilement dans la plupart des économies
africaines. Pour certaines d'entre elles, on assiste même à un
mouvement inverse de concentration à la fin des années
quatre-vingt-dix. Il est vrai que le processus de diversification est souvent
fragile.
SECTION II : LIMITES SPECIFIQUES LIEES A LA PRODUCTION ET
L'EXPORTATION PETROLIERE
Dans cette section nous allons présenter le
syndrome hollandais (A) et la liaison inefficace des pays exportateurs
de produits de base (B).
A- MALADIE
HOLLANDAISE
La maladie hollandaise inspirée du cas des
Pays-Bas des années
1960 (ou mal hollandais, ou syndrome hollandais) désigne la
malédiction qui serait attachée pour une économie
nationale à la découverte de ressources naturelles. Elle est
aussi un
phénomène
économique qui relie l'exploitation de
ressources
naturelles et le déclin de l'
industrie
manufacturière locale. Le terme "maladie hollandaise" est
utilisé par extension pour désigner les conséquences
nuisibles provoquées par une augmentation significative des
exportations de
ressources naturelles par un pays (Corden et al, 1982).
Les économistes se sont mis à réaliser
que la maladie hollandaise constituait peut être un
phénomène très général, subi par tous les
pays bénéficiant d'une forte hausse de leur exportations de
produits primaires (Near et al, 1985).
Le syndrome hollandais peut se déclarer dans une
économie dont les recettes tirées de loyers, par exemple des
ressources minérales ou d'autres sources extérieures telles que
l'aide étrangère, s'emballent soudainement. Dans la mesure
où la demande agrégée accrue n'est pas orientée
dans sa totalité vers un accroissement des importations, on assiste
à un surenchérissement des biens non échangeables par
rapport aux biens échangeables, qui peuvent être importés.
La production privilégie alors les biens non échangeables
plutôt que les biens échangeables, ce qui est préjudiciable
au secteur des exportations.
Il est difficile d'évaluer les effets au Tchad du
syndrome hollandais car les données sont insuffisantes mais aussi parce
que le secteur non pétrolier est sous-développé. Avant le
pétrole, le secteur économique le plus important était
l'agriculture, le coton et le bétail (les principales exportations).
Le risque de syndrome hollandais cause une augmentation des
prix des biens non échangeables (matériaux locaux de
construction, services, production alimentaire pour la consommation locale) qui
pourrait évincer les biens échangeables clés et
potentiels, privant ainsi l'économie d'une importante source d'emplois
et de changements technologiques. La priorité d'une économie non
pétrolière doit être d'éliminer les obstacles
à la croissance pour améliorer le climat des affaires dans lequel
évolue le secteur privé. Même avant le démarrage de
la production pétrolière, le coton était enlisé
dans des problèmes qui n'ont pas été aggravés par
le pétrole. Toutefois, il est possible que les redevances
pétrolières aient modéré les incitations à
lancer la réforme de la filière coton.
À l'examen des prix des biens non échangeables,
on ne constate aucun signe de syndrome hollandais. La seule variable qui
pourrait jouer est l'augmentation de la masse salariale, qui est passée
de 5 % du PIB non pétrolier en 2000 à 9¼% en 2008; la
moitié de cette augmentation s'explique par le relèvement de la
solde des militaires. Le nombre total d'emplois de la fonction publique est
passé de 57 000 en 2001 à 117 000 en 2008 et le salaire moyen en
termes réels a progressé d'environ 47 % (voir annexe 4 tableau
2). Bien que la production pétrolière constitue une
économie enclavée qui n'a que peu d'effets sur les mouvements de
main-d'oeuvre, l'augmentation des dépenses de l'État pendant
l'expansion pétrolière, qui a alimenté la hausse de la
masse salariale, pourrait se traduire par un mouvement de la main-d'oeuvre des
autres secteurs vers le secteur public. Rien ne prouve, néanmoins, que
ces ressources proviennent de secteurs non pétroliers actifs
plutôt que d'un vivier de main-d'oeuvre précédemment
inactive.
Même si la qualité des investissements n'est pas
optimale, le risque du syndrome hollandais est neutralisé par le recours
aux ressources pétrolières pour construire les infrastructures
nécessaires et investir dans l'éducation et la santé, ce
qui contribue à renforcer le secteur non pétrolier. Il semble que
la disponibilité et les coûts de la main-d'oeuvre dans les
secteurs agricoles, notamment l'élevage, n'aient pas été
touchés par l'émergence d'un secteur pétrolier ni par
l'élargissement de la fonction publique. L'augmentation des
dépenses de l'État a au contraire aidé l'agriculture en
fournissant des infrastructures essentielles.
B- LIAISONS INEFFICACES
La relative lenteur dans la croissance économique des
pays exportateurs de produits de base peut s'expliquer par un autre facteur,
à savoir le non fonctionnement de liaison avec le reste de
l'économie. Par exemple, l'industrie pétrolière et avec
de rares exceptions, l'industrie minière, demeurent
généralement des enclaves éloignées des autres
centres de production et peu adaptées à des liaisons avec le
reste de l'économie (Roemer, 1998). La liaison en amont avec les
fournitures de matériaux et d'équipement de production n'ont pas
plus de chance de fonctionner que les liaisons de consommation. Dans certains
cas, les chemins de fer et les ports construits pour les mines apportent un
soutien à d'autres secteurs d'activité en abaissant les
coûts et en stimulant l'investissement, mais on peut également
trouver des exemples d'infrastructures lointaines ou
spécialisées.
En fin de compte, nous avons constaté que les limites
de l'exportation des produits primaires pour les États du Sud non encore
industrialisés, les termes de l'échange se dégradent donc
progressivement, ce qui correspond à une réduction du pouvoir
d'achat national en termes de produits étrangers. En effet, pour une
même quantité de matière première produite et vendue
aux "États du Nord", ils ne peuvent acheter qu'une quantité de
plus en plus réduite de produits manufacturés. Le Tchad dont
l'économie repose essentiellement sur l'agriculture, peut
également craindre les possibles conséquences des Accords du
Cycle d'Uruguay sur l'évolution des prix agricoles étant
donné qu'il est un petit acteur sur la scène international, il ne
peut que subir les fluctuations des cours mondiaux.
Enfin, en tant qu'importateur net de produits alimentaires, le
Tchad peut légitimement craindre un renchérissement des prix des
denrées agricoles importées (céréales, lait etc.).
Notamment les pays moins avancés (exemple du Tchad) devraient
diversifier leur économie et diminuer leur dépendance aux
exportations en développant leur propre industrie manufacturière.
Aussi nombreuses soient-elles, les limites liées au commerce
extérieur du pays sont d'origines diverses
Conclusion de la première partie
Parvenus au terme de la première partie de notre
étude dans laquelle nous avons présenté les effets sur la
structure du commerce extérieur du Tchad qui est dominé par
l'évolution du secteur agro-pastoral (1970-2003) et le pétrole
depuis l'année 2003. La balance commerciale est vulnérable aux
effets de la structure économique du pays dont la confirmation de
l'hypothèse (H1). La diversification économique est la solution
à la fois aux problèmes de l'importation et aux défis
à long terme que présente l'épuisement progressif des
ressources actuelles de pétrole.
Nous nous proposons dans la deuxième partie de
présenter les impacts et les perspectives de la coopération
commerciale Sino-tchadienne sur le développement économique.
DEUXIEME PARTIE :
IMACTS ET PERSPECTIVES DE LA COOPÉRATION
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU TCHAD
La précédente partie nous a permis de passer en
revue le mode d'insertion traditionnelle du Tchad dans le commerce
internationale et ses limites.
Afin de lever les équivoques sur les différentes
hypothèses formulées, les développements qui vont suivre
seront principalement axés sur la présentation de l'ensemble de
coopération commerciale Sino-tchadienne. Enfin, s'en suivra la
présentation des impacts de la coopération Sino-tchadienne sur le
développement économiques.
En clair, la présente et dernière partie est
constituée de deux grands ensembles. Le premier sera axé sur les
opportunités offertes par la coopération commerciale
Sino-tchadienne (chapitre III). Le second sera consacré à
l'impact de la coopération chinoise sur le développement
économique du Tchad et ses perspectives (chapitre IV).
CHAPITRE III :
OPPORTUNITÉS OFFERTES PAR LA COOPÉRATION
COMMERCIALE ENTRE LA CHINE ET LE TCHAD
Pour soutenir la croissance quasi- exponentielle de son
économie qui est boulimique en matières premières, la
Chine a besoin de l'Afrique. C'est dans la même logique que le Tchad est
devenu un pays stratégique pour la Chine.
Dans ce chapitre, il est nécessaire et même
profitable de présenter les gains potentiels pour le Tchad dans sa
coopération avec la Chine d'une part et d'autre part les
expériences de la coopération chinoise vécues par les
autres pays africains.
SECTION I : GAINS POTENTIELS POUR LE TCHAD DANS LA
COOPERATION AVEC LA CHINE
Afin de mieux cerner les gains potentiels que tire le Tchad
dans sa coopération avec la Chine, il est important pour nous de faire
ressortir les fondements de cette coopération (A) et les
différents gains potentiels auquel elle peut bénéficier
(B).
A- FONDEMENTS DE LA
COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE
Il est question ici de présenter d'abord les principes
fondamentaux de la coopération sino-tchadienne et ensuite les
différents axes de la coopération Sino-tchadienne.
1- Principes fondamentaux de
la coopération Sino-tchadienne
Depuis 1953, la Chine fonde ses relations extérieures
sur cinq principes qualifiés de « principes de la coexistence
pacifique »10(*) qui sont le respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale, la non agression mutuelle, la non
ingérence mutuelle dans les affaires intérieures,
l'égalité et la réciprocité des avantages et la
coexistence pacifique. Parmi ces principes, il ressort que trois (3) sont les
plus fréquemment évoqués dans les relations
sino-tchadiennes : il s'agit notamment des principes de la non
ingérence ; le respect mutuel de la souveraineté ainsi
que le principe de l'égalité et des avantages
réciproques.
1.1 Les principes de la non
ingérence
Ce qui
caractérise la coopération sino-tchadienne et la distingue des
autres axes de coopération, est la non intervention dans les affaires
intérieures des Etats. La Chine n'a jamais tenté d'imposer sa
vision politique, sociale ou idéologique, contrairement aux pays
occidentaux qui posent de multiples conditions dont entre autres, la bonne
gouvernance et la démocratie depuis la disparition du bloc de l'Est.
Pour Jiang Zemin, ex-Président de la RPC « aucun pays n'a
le droit d'imposer aux autres son système social et son idéologie
et encore moins, de les accuser à tord et à travers pour ce qui
est de leurs affaires intérieures »11(*).
1.2 Le respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale
Dans ses relations avec le Tchad, la Chine respecte la
particularité de chaque pays, les aidants à aller vers le
développement sans pour autant leur indiquer ou leur imposer une voie
à suivre. Elle laisse ainsi à ses partenaires la liberté
de définir leurs priorités en fonction de leurs besoins et de
leurs réalités sociales12(*). Elle s'est toujours
opposée, dans les arènes multilatérales, à toute
forme d'ingérence dans les affaires intérieures des pays
pauvres.
Pour la Chine, la souveraineté est sacrée et
elle n'hésite pas à placer son respect comme l'un des paradigmes
dominants de son rapport avec le Tchad. Les principes de la souveraineté
et de la non ingérence sont le prolongement d'un autre principe, celui
de l'égalité et des avantages réciproques.
1.3 Le principe de
l'égalité et des avantages réciproques
Le respect de ce principe d'égalité par la
Chine dans ses rapports avec le Tchad, tranche avec l'orthodoxie habituelle des
relations internationales. Pour la Chine « le nouvel ordre
politique et économique international doit garantir aux divers pays le
droit de participer, sur un pied d'égalité, aux affaires
internationales »13(*).
Le respect par la Chine du principe d'égalité
dans sa coopération avec le Tchad donne à celui-ci le sentiment
que la Chine est beaucoup plus sincère. En effet, la Chine s'inscrit
dans une approche `'gagnant gagnant'' ou `'win-win'' qui permet d'escompter des
avantages mutuels et réciproques.
Le livre blanc sur la politique africaine de la Chine
publié par le Gouvernement chinois au mois de Janvier 2006 le
précise. Cette approche favorise le développement rapide de la
coopération sino-africaine. Ainsi, « La Chine oeuvre
à établir et à développer un nouveau type de
partenariat stratégique avec l'Afrique, marqué par
l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la
coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan
économique ».
2-
Les grands axes de la
coopération Sino-tchadienne
Dans le souci du renforcement de l'amitié
traditionnelle et de la solidarité entre les deux pays en
développement, la République populaire de Chine, avec ses
ambitions clairement affichées de devenir collaborateur du
développement du Tchad, n'hésite pas un seul instant à
établir des accords spécifiques.
Ainsi, animés du désir de promouvoir une
coopération multiforme sino-tchadienne, de développer et
d'intensifier les relations amicales entre eux, le Gouvernement de la
République du Tchad et le gouvernement de la République populaire
de Chine ont signé des accords d'une importance capitale qui vont servir
de cadre juridique dans la relance de leurs relations diplomatiques
stratégiques.
Le 06 août 2006 à Beijing, est convenu de
reprendre à compter de cette date du rétablissement de leur
relation diplomatique, tous les accords signés avant la suspension des
relations diplomatiques et de relancer leur partenariat dans tous les domaines
notamment :
- l'éducation et la formation des ressources
humaines ;
- les échanges culturels ;
- la santé ;
- l'industrie et le commerce ;
- l'agriculture ;
- les ressources naturelles et
énergétiques ;
- les affaires militaires ;
- les autres secteurs de développement économique
et social.
Les dispositions de l'article 2 dudit Protocole d'Accord
apportent une précision en ce sens que « pour donner corps
à leur coopération les deux parties (le Tchad et la Chine)
mettront l'accent sur la réalisation des projets d'infrastructures dans
les secteurs économique et social définis par le présent
Accord » (voir annexe 6). C'est dans cette logique que les deux
pays se sont engagés à développer leur coopération
sur le plan commercial en signant un Protocole d'Accord cadre à
Ndjamena le 04 janvier 2007.
Cependant, il n'est pas inutile de supposer que le Tchad
n'aura pas d'opportunité dans cette coopération.
B-
DIFFERENTS GAINS POTENTIELS DE LA COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE
Dans le cadre de la coopération sino-tchadienne, les
deux (2) Etats ont des intérêts partagés. Si la Chine gagne
beaucoup de cette coopération, le Tchad n'en attend pas moins. Cette
coopération lui offre l'avantage d'avoir des ressources additionnelles
pour financer son développement. Elle permet également le
contournement des circuits commerciaux traditionnels.
1- Contournement des circuits commerciaux
traditionnels
L'indépendance du Tchad en 1960
devrait lui permettre de discuter d'égal à égal avec ses
partenaires sur la scène internationale et beaucoup plus sur le
marché international.
Tel n'est cependant pas le cas. Le Tchad se retrouve dans un
schéma de fidélisation du colonisateur d'hier devenu aujourd'hui
son client privilégié (ceci explique le fait qu'en 2004 la France
est le deuxième pays dans les importations du Tchad avec
55 335,8 millions de FCFA et occupe le premier rang dans les
exportations avec 47 342 millions de FCFA pour les produits hors
pétrole)14(*).
Certes, il est souvent reproché à l'Afrique et
particulièrement au Tchad de n'exporter que des matières
premières sans réelle valeur ajoutée mais la vente de ces
matières aurait pu être rentable s'il lui était
donné de discuter librement les cours sur le marché international
et de les vendre à qui il voudrait.
Il s'est au contraire instauré des circuits commerciaux
qui lient chacun des pays africains à son ancienne puissance
colonisatrice ; ce qui n'est pas à l'avantage de ces pays. La
France par exemple est le premier partenaire commercial du Tchad. Non pas que
le Tchad n'a pas la volonté d'essayer d'autres partenaires mais il
pèse sur lui une sorte d'épée de Damoclès qui
menace la stabilité des régimes en place.
L'arrivée de la Chine au Tchad offre au pays la
possibilité de choisir ses partenaires et de contourner ainsi ces
circuits commerciaux traditionnels qui ne sont libéraux que de
façade. Ceci est plus ou moins profitable pour le Tchad que de vendre
son coton à un pays comme la France qui dicte elle-même son prix
d'achat (plus de 71% de coton du Tchad est vendu à la France et aussi la
gomme arabique). Avant l'arrivée du dragon asiatique sur le continent
noir, le Tchad n'avait d'autres choix que ceux offerts par les occidentaux qui
ont en réalité un véritable monopole sur le commerce
africain. Ces derniers achètent les matières premières
telles que : le coton, la gomme arabique... au prix qu'ils arrêtent
eux-mêmes. Aujourd'hui, l'entrée de la Chine15(*) sur le marché tchadien
permet au Tchad de pouvoir comparer les offres (puisqu'ils continuent à
nous dicter les termes du commerce et de la
«Coopération»). Comme cela se dit
vulgairement, "c'est dans la multiplicité que le choix est possible".
Cette situation contribue à la réelle indépendance
économique des pays africains.
Le commerce sino-tchadien a eu pour conséquence majeure
d'entraîner une hausse sensible des prix des matières
premières et offre la chance aux ménages tchadiens de s'offrir
certaines marchandises qu'ils ne pourraient avoir même s'ils accumulaient
les économies de toute une vie de travail.
Pour le Tchad, la Chine constitue une nouvelle destination
pour les matières premières dont la hausse des coûts est
liée à la forte demande de l'économie chinoise.
Aujourd'hui, la Chine figure parmi les premiers partenaires commerciaux du Tchad.
On peut illustrer ses propos par des
contrats signés entre le Tchad et les sociétés chinoises
dans le cadre du pétrole. Dés le
12 janvier 2007, la Chine s'est intéressée au
pétrole tchadien et rachète par l'intermédiaire de la
China National Petroleum Corporation (CNPC), l'ensemble des permis
d'exploitation pétrolière de la société canadienne
ENCANA. Ce permis couvre une superficie de 220 000 km² et compte une
partie du bassin du lac Tchad, le bassin de Madiago, le bassin de Bongor, une
partie du bassin à la frontière de la République
centrafricaine et aussi tout le bassin du Salamat.
Outre le pétrole, la Chine peut acheter
également d'autres matières premières à savoir le
cuivre, le cobalt, l'uranium, la bauxite, le fer, l'or etc. Ce que la France avait refusé
d'exploiter. Mentionnons aussi les effets induits de
l'appétit de la Chine pour les matières premières
tchadiennes, ce qui tire leurs prix à la hausse. La Chine se pose de
surcroît en prêteur de premier ressort pour leur exploitation,
notamment le cas du Gabon où elle a misé entre 4 et 8 milliards
de dollars pour le gisement de fer de Belinga, en RDC où elle a investi
plus de 5 milliards de dollars dans le domaine minier.
2- Apport de ressources additionnelles pouvant
financer le développement
Depuis son accession à l'indépendance, le Tchad
cherche des pistes pour amorcer son processus de développement mais les
résultats obtenus jusque là sont décevants, du moins pas
très concluants. L'aide publique au développement octroyée
par les pays occidentaux et qui a été présentée
comme devant apporter au pays les ressources financières indispensables
à sa relance économique n'ont accouché que d'une souris.
Elle a été insuffisante ou dans certains cas, tellement
liée et accompagnée de conditionnalités qu'elle n'a
près que pas profité aux pays bénéficiaires. Selon
Antoine Glaser, Directeur du journal la Lettre du
continent : « jusqu'en 2000, sur 100 francs
français donnés à un pays africain, 61 reviennent dans
l'hexagone sous forme de commande »16(*).
La percée chinoise est aussi perceptible dans le
secteur financier. Par l'entremise de certaines de ses institutions
financières, pour la plupart nées en 1994 dans la foulée
de la réforme du système bancaire, la Chine s'est imposée
dans le financement d'importants besoins tchadiens. C'est ainsi qu'en 2005, la
banque d'export import Exim a financé pour 15 milliards de dollars de
projets, soit plus de trente fois que ses partenaires occidentaux, ont pu
offrir. D'ici l'an 2011 la même institution s'engage à investir 20
milliards de dollars dans des infrastructures africaines. La Banque de
développement de Chine, elle aussi née il y a moins de quinze ans
dispose avec 440 milliards de dollars de plus d'actifs que la banque mondiale
et la banque asiatique réunies.
Dans ce contexte, l'aide chinoise est la bienvenue au Tchad
qui du reste, est en rupture de paiement vis-à-vis des institutions
financières internationales. En effet, les investissements de la Chine
au Tchad s'accroissent de façon régulière et les champs de
la coopération sino-tchadienne ne cessent de s'élargir. Durant
les six premiers mois de l'année 2007, quelques investissements ont
été lancés.
Producteur du brut depuis 2003, le Tchad produit actuellement
environ 8 millions de tonnes de pétrole chaque année. Faute de
raffinerie, ce pays de l'Afrique centrale dépend de l'importation de
produits pétroliers. Ainsi, la Chine souhaitant exploiter le
pétrole tchadien, construit actuellement une raffinerie ( dont un
créancier commercial qu'elle a financé à un prêt de
232 millions d'euros au taux du LIBOR majoré de 3 %, avec un
différé de 5 ans et une échéance de 10 ans.) qui se
trouve à 40 kilomètres de N'Djamena (Djarmaya). Cette raffinerie
sera la propriété de la CNPC à 60% et de la
Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT) à 40%. Elle sera
alimentée par la production des gisements de Sédigui et du
Mayo-Kebbi en phase d'exploration par la CNPC.
Cette raffinerie doit permettre d'intégrer sur le
marché local des produits finis à bas prix, de favoriser la
consommation domestique de butane (souvent importé du Cameroun et du
Nigeria) et d'électricité à des tarifs susceptibles de les
substituer au bois de chauffe dont l'exploitation intense accroît les
problèmes de désertification, et aussi de réduire
substantiellement le prix du kWh d'électricité. Elle est une
avancée pour le développement de ce pays. Elle sera
équipée d'une centrale électrique autonome, qui pourra
satisfaire non seulement sa propre consommation, mais aussi de distribuer
environ 20 mégawatts pour la ville de N'djamena qui est souvent dans le
noir.
Tableau 7 : Estimation moyenne par an de gain
potentiel de la coopération sino-tchadienne (cas de la construction de
la raffinerie) en 2006.
|
Importations
|
Production nationale future
|
|
Tonnes
|
valeur en millions FCFA
|
Tonnes
|
valeur en millions FCFA
|
Essence, Gaz oïl
|
126 266
|
52 777
|
700 000
|
280 000
|
Pétrole lampant
|
1 492
|
554
|
20 000
|
7 400
|
TOTAL
|
127 758
|
53 331
|
720 000
|
287 400
|
Source : INSEED du Tchad
Le tableau ci-dessus nous permet d'explorer les importations
totales de carburant consommé au Tchad, soit 127 758 tonnes/an avec une
valeur de 53 331 000 FCFA/an estimé en moyenne. La
capacité de la production nationale est estimé à
720 000 tonnes/an soit 287 400 000 FCFA. Une partie de cette
production sera exportée soit une estimation de 592 242 tonnes/an et
rapportera des revenus supplémentaires pour le développement du
pays.
La cimenterie, récipiendaire d'un investissement de la
China CAMC Engineering Ltd, dispose d'un atout majeur dans la perspective
économique actuelle. En effet, le gouvernement tchadien a retenu, entre
autres, de renforcer le cadre macroéconomique par la diversification de
l'économie et surtout l'intensification des investissements dans les
secteurs porteurs de la croissance. Le développement des infrastructures
de base (routes, habitats, écoles, centres de santé,
aménagements hydro-agricoles...) est donc fortement recherché, ce
qui constitue un atout majeur pour la future cimenterie. Le démarrage
officiel des travaux de construction de cette usine a eu lieu le 17
décembre 2007. Nous pouvons illustrer ses propos par tonnes de ciments
importés en moyennes à 175 999 tonnes/an et la production
nationale qui est estimée à 200 000 tonnes/an pour le futur.
Le Tchad peut déjà escompter plus de 24 000 tonnes/an pour les
exporter etc.
Le Fonds de Développement Chine-Afrique, qui est devenu
opérationnel depuis juin 2007, vise à encourager les entreprises
chinoises performantes et crédibles à investir au Tchad et
à s'engager dans les projets permettant d'élever son niveau
technologique, de créer des emplois et de promouvoir le
développement socio-économique de ce dernier (dont un
créancier officiel à un prêt de 300 millions de dollars EU
lui a été accordé en 2009 à titre d'appui
budgétaire, comportant un élément don de 15 % environ,
avec un différé d'amortissement de 2½ ans et une
échéance de 6 ans)17(*). Le gouvernement chinois a mis à la
disposition de ce fonds 5 milliards de dollars.
Pour ce qui est de l'aide publique au développement, il
y a lieu de mentionner que le gouvernement de la RPC a fait des dons
considérables au Tchad (dons estimé à 433,39 millions de
dollars). Toutes ces aides constituent des moyens avec lesquelles le Tchad
pourrait se servir pour relancer son économie et amorcer son
développement.
Le risque de surendettement du Tchad reste
modéré, pour autant que les autorités alignent
l'orientation budgétaire sur la baisse de la production de
pétrole. Un tel scénario de référence ne provoque
pas de dépassement des seuils d'endettement. Mais si les politiques
actuelles sont maintenues, la trajectoire de la dette monterait en
flèche, aboutissant à un niveau de dette et de service de la
dette non viable. Si le risque de surendettement reste modéré,
l'augmentation des ratios d'endettement plus rapide que celle des projections
de la précédente est préoccupante.
SECTION II : QUELQUES EXEMPLES UTILES POUR LE
TCHAD DE LA COOPERATION CHINOISE
Il est
question dans cette section de montrer les gains de la coopération
chinoise dont quelques pays africains ont eu à
bénéficier. Ces gains seront illustrés par les flux
commerciaux (A) et les IDE (B).
A- LES FLUX COMMERCIAUX
En
1978, les réformes économiques et sociales menées par Deng
Xiaoping engagent la Chine sur le chemin de la mondialisation. Le pays tire
aujourd'hui sa croissance (10 % par an en moyenne depuis plus de 20 ans) des
exportations de marchandises à bas prix. La compétitivité
de ses produits à l'exportation et ses besoins en matières
premières modifient les paramètres de l'économie mondiale.
Même si elle ne représente pas un enjeu essentiel pour
l'économie chinoise, les pays africains tirent bénéficie
de ces bouleversements.
Prenons l'exemple de quelques pays d'Afrique de
l'Ouest, la quasi-totalité des exportations vers la Chine sont
constituées de pétrole et de coton. Ces deux produits n'ont
cependant pas le même statut : le coton est une source
d'approvisionnement stratégique pour l'industrie textile chinoise alors
que le pétrole ouest-africain occupe une place marginale dans les
sources d'approvisionnement de la Chine. Depuis 2002, c'est entre 15 et 20 %
des importations chinoises de coton qui sont originaires des pays de l'Afrique
de l'Ouest. Les exportations de coton de l'Afrique de l'Ouest s'orientent
naturellement vers les zones industrielles les plus dynamiques. Du point de vue
Ouest-africain, on estime qu'en 2004 près de la moitié du coton
de la région était exportée en Chine. En 2004, plus de 50
% du coton du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du
Ghana et du Togo était exporté vers ce pays. Par ailleurs,
près d'un tiers du coton du Cameroun, du Mali était acheté
par la Chine et seulement 10 % pour le coton sénégalais et
nigérian. La demande chinoise a donc contribué à
réorganiser les flux de commerce de coton. Au-delà de la
réorganisation des flux internationaux, la demande chinoise a
tiré les exportations ouest-africaines de coton à la hausse (ce
qui serait le cas pour les autres produits primaires). Au niveau
régional, on estime qu'entre 2002 et 2004, les importations chinoises de
coton ont contribué à 41 % au taux de croissance des exportations
agricoles de l'ensemble des pays producteurs. Plus largement, elles ont aussi
contribué à 2,5 % au taux de croissance des exportations totales
et à 1,1 % au taux de croissance économique des pays cotonniers.
Au niveau des pays, les impacts macro-économiques les plus visibles sont
au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Togo. En effet, les
importations chinoises de coton ont contribué à 7 % au taux de
croissance économique de ces quatre pays.
Dans
le domaine du pétrole, la Chine est toutefois confrontée à
un problème à ne pas sous-estimer en Afrique, la majorité
des gisements prolifiques sont dans les mains des sociétés
occidentales. Il ne reste souvent que les seconds choix. Face à ce
problème Pékin utilise trois méthodes :
- veiller à ce que les pays africains
renégocient les contrats déjà attribués en faveur
des Chinois ;
- obtenir la majorité des parts des
sociétés minières africaines (cas du RDC) ;
- enfin racheter des entreprises occidentales pour
pénétrer les marchés africains.
Quelques exemples illustrent ces propos. Le groupe
Forrest International, investisseur et employeur privé important en
RDC conclut en février 2008, un accord de rétrocession à
la société congolaise Gécamines (propriétaire du
sous-sol congolais et partenaire obligé des sociétés
occidentales). Les deux gisements de minerais de la province du Katanga
(Machamba et Kikuluwe), qui ne devaient pas être exploités avant
2020. En échange, Katanga Mining (propriété à
hauteur de 24,5% du groupe Forrest) recevra, au plus tard en 2015, soit des
gisements de cuivre et de cobalt soit un versement de 825 millions de
dollars. L'exploitation des deux gisements en question est confiée
à des entreprises chinoises, qui en échangent s'engageront dans
des travaux publics. Des sociétés chinoises, telles qu'Anhua
Mining Investment, Titan Mining ou Covec ont conclu des joint-ventures avec des
sociétés locales congolaises, en particulier dans la
région du Katanga.
B- FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS
Dans de nombreux pays africains, la Chine finance par ailleurs
des travaux publics (routes, stades, palais, etc.) par le biais entre autres de
la société Bejing Urban Construction Groupe. En
Algérie, ce sont les entreprises chinoises qui construisent des
immeubles de logement et l'aéroport Boumediene. En RDC, la
réfection de l'axe routier qui relie la capitale du Katanga à la
Zambie et qui se prolonge vers l'Afrique du Sud et la Tanzanie est
également construite par les Chinois. La société
CNCCTPC est fortement ancrée en RDC et construit de nombreuses routes :
Béni/ Komanda, Béni/Kisangani, aéroport de
N'Djili-Kinshasa, etc. La Chine finance encore la ligne ferroviaire de 1300 km,
qui relie l'Est à l'Ouest de l'Angola. Elle y construit
l'aéroport de Luanda, des hôpitaux, des infrastructures
électriques et télécommunications. A Brazzaville, elle est
dans la construction des routes, des voies ferrées, les
infrastructures et les immeubles.
Depuis longtemps, les entreprises chinoises investissent
également les secteurs prometteurs : secteur de la
télécommunication (installation de la fibre optique au Nigeria,
Mali et même en projet au Tchad) et aussi le secteur bancaire (le cas de
l'Afrique du Sud). A cela, il faut ajouter que la Chine a consenti un
prêt à taux préférentiel de 260 millions de dollars
pour l'extension de l'aéroport à l'île Maurice. On
relèvera aussi les 5 ou 6 milliards de dollars investis par la Banque
industrielle et commerciale de Chine (ICBC) pour acquérir 20% des
actions de la banque Sud africaine Standard Chartered, soit le plus gros
investissement extérieur jamais réalisé en Afrique du Sud.
Pour Philippe Richer « ICBC détient désormais un nouveau
canal d'intervention et une expertise locale qui lui faciliteront d'une part
l'accès aux matières premières et d'autre part le
développement d'activités bancaires (assurances, marché
des actions,...) »18(*).
En somme, la présence chinoise au Tchad peut être
un moteur de croissance au développement. Le premier constat pourrait
inciter à adopter une vision optimiste. La croissance économique
de la Chine s'est traduite notamment par une hausse de la demande de
matières premières et donc de leur prix de vente. Les relations
sino-tchadiennes préoccupent nombre d'analystes qui planchent sur ses
impacts et les perspectives qu'elles réservent pour le Tchad notamment
en termes de développement.
CHAPITRE IV : L'IMPACT DE LA COOPÉRATION
CHINOISE SUR E DEVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU TCHAD.
Dans ce chapitre, nous allons présenter nos principaux
résultats. Il s'agit plus précisément de vérifier
les hypothèses formulées pour cette recherche. Pour ce faire,
aucune prospection du futur ne saurait cependant être faite si on ne
dressait un impact de la coopération sino-tchadienne (Section I). Il
faut s'assurer du présent avant de se projeter dans l'avenir. Ceci dit,
une radioscopie de la coopération sino-tchadienne révèle
que si elle a de nombreux atouts ou forces, elle recèle aussi plusieurs
faiblesses et insuffisances qui peuvent l'empêcher d'avoir des
perspectives prometteuses (Section II).
SECTION I : EVALUATION DE LA
COOPERATION CHINOISE SUR LE BIEN ÊTRE ECONOMIQUE
Le nouveau dynamisme de la coopération sino-tchadienne
suscite des réactions contrastées. Certains analystes y voient un
créneau favorable pour le développement économique du
Tchad. D'autres mettent en avant ces multiples insuffisances ou faiblesses
pour conclure qu'elle est purement pernicieuse.
Dans un premier temps il sera question pour nous d'examiner
la place de la Chine dans les flux des investissements et commerciaux (A) et
dans un second temps montrer l'impact sur le mode d'insertion traditionnelle
du Tchad dans le commerce international (B).
A-
ANALYSE DES RELATIONS COMMERCILES ET DES INVESTISSEMENTS DE LA CHINE ET
DU TCHAD
Il est question ici pour nous d'examiner le commerce
Sino-tchadien et évaluer les investissements et les aides chinoises.
1- Relations commerciales de la Chine et du
Tchad
Il est question ici d'examiner les flux commerciaux
entre le Tchad et la Chine en termes d'exportations et des importations.
1.1- Les exportations
Les exportations du Tchad vers la Chines sont essentiellements
nulles. Selon les services de statistiques du commerce extérieur
tchadien, la Chine ne figure pas parmi les pays de destination des exportations
du Tchad. Depuis 2006 le potentiels acheteurs des produits tchadiens mis
à part le pétrole sont : la France (37,02%), le Nigeria
(31,73%) et le Soudan (15,76%), le pétrole étant supposé
être exporté exclusivement à destination des Etats-
Unis.
Cette situation se justifie par deux raisons
principales :
- La première raison est que le Tchad offre
pratiquement très peu de produits au marché mondial ( le coton
fibre, le bétail, la gomme arabique) et depuis 2003, le pétrole
brut. Les trois premiers produits intéressent très peu le
Géant chinois en raison soit des coûts d'acquisition, soit de la
production locale suffisante ;
- La deuxième raison découle de la rupture des
relations diplomatiques avec le Tchad en 1997 qui a eu des effets
négatifs sur les flux commerciaux. En effet, n'eut été
cette rupture, la Chine populaire déjà présente au Soudan
voisin dans l'exploitation de l'or noir aurait été fortement
intéressée par le projet pétrole de Doba qui aujourd'hui
est exporté vers les Etats-Unis environ, 200 000 barils de
pétrole par jour.
Toutefois, selon Chaponnière (2006), 21% des
exportations du Tchad ont été faites à destination de la
Chine en 2004. Mais cette information issue des données miroirs du
Département des Statistiques du Commerce du Fonds Monétaire
International (IMF/DOTS) ne peut s'expliquer que par l'existence de
réexportations de produits tchadiens, ce qui ne peut être
mesuré sur place au Tchad (voir annexe 5 tableau 5). Nous estimons que
l'existence de telles réexportations ne concernerent que le
pétrole parce qu'en réalité le consortium pétrolier
produisant sur le Bassin de Doba achemine le produit hors du territoire
tchadien (à Kribi, au Cameroun) pour le vendre, ce qui échappe
à toute vérification de la destination à partir du Tchad.
En outre, la base de données de Farooki (2007) qui est une compilation
de plusieurs sources ne fait ressortir aucun produit tchadien exporté
à destination de la Chine, ce qui renforce notre argument du fait que
cette base de données prend toutes les matières premières
en compte hormis le pétrole.
1.2- Les
importations
En 2004, les importations d'origine chinoise concernent
principalement les produits alimentaires (avec 47% du total des importations
d'origine chinoise) et les machines et matériels de transport (avec
39%). Il faut relever que les produits alimentaires et animaux dont il est
question renferment essentiellement le thé et les céréales
(riz). Quant aux machines et matériels de transport, il s'agit
essentiellement des motocyclettes. Cependant, les produits alimentaires et
animaux vivants d'origine chinoise ne représentent que 4% du total des
importations du Tchad en ces produits. Pour ce qui est des machines et
matériels de transport, la Chine ne représente que 1%. Le tableau
8 ci-dessous donne les dix premiers postes des importations du Tchad provenant
de la Chine pour l'année 2004.
La structure des importations de produits d'origine chinoise
s'est profondément modifiée en 2005. Les machines et
matériels de transport deviennent prédominants dans les
importations tchadiennes d'origine chinoise (52%), suivis des articles
manufacturés classés principalement d'après la
matière (26%, dominés par les articles en fer et acier
utilisés dans les bâtiments et travaux publics), les produits
alimentaires et animaux vivants n'arrivent plus qu'en troisième position
(13%). Mais, une fois encore la part de la Chine dans les importations
tchadiennes en qui concerne ces différents produits reste minime (3%
pour les machines et matériels de transport ainsi que pour les articles
manufacturés, classés principalement d'après la
matière). Le tableau 9 ci-dessous donne les dix premiers postes des
importations du Tchad d'origine chinoise pour l'année 2005.
Tableau 8 : Les dix premiers postes des
importations tchadiennes d'origine chinoise en 2004
|
Produits
|
Valeur (en milliers de dollars)
|
Part (%) du produit
dans les importations
d'origine chinoise
|
1
|
Café, thé, épices et produits
dérivés
|
2 142,92
|
37,9
|
2
|
Machines et appareils électriques, et leurs parties et
pièces détachées électriques (y compris les
équivalents non électriques, de machines et appareils
électriques à usage domestique
|
1 718,88
|
30,4
|
3
|
Céréales et préparations à base de
céréales
|
581,66
|
10,3
|
4
|
Produits chimiques organiques
|
297,11
|
5,3
|
5
|
Instruments et appareils professionnels, scientifiques et de
contrôle,
|
208,45
|
3,7
|
6
|
Machines et appareils de bureau ou pour le traitement automatique
de l'information
|
205,51
|
3,6
|
7
|
Machines et appareils industriels d'application
générale, et parties et pièces détachées,
de
machines, d'appareils et d'engins
|
183,98
|
3,3
|
8
|
Véhicules routiers (y compris les véhicules
à coussin d'air)
|
121,16
|
2,1
|
9
|
Caoutchouc manufacturé
|
95,41
|
1,7
|
10
|
Fer et acier
|
95,05
|
1,7
|
Source des données : INSEED
Tableau 9 : Les dix premiers postes des importations
tchadiennes d'origine chinoise en 2005.
|
Produits
|
Valeur
(en milliers
de dollars)
|
Part (%) du produit
dans les importations
d'origine chinoise
|
1
|
Huiles et graisses animales ou végétales,
préparées; cires d'origine animale ou végétale;
mélanges ou préparations non alimentaires de graisses ou d'huiles
animales ou végétales,
|
4 513,18
|
40
|
2
|
Engrais bruts, autres que ceux de la division 56, et
minéraux bruts (à l'exclusion du charbon, du pétrole et
des pierres précieuses)
|
2 710,68
|
24
|
3
|
Huiles et graisses d'origine animale
|
613,45
|
5,4
|
4
|
Machines et appareils de bureau ou pour le traitement automatique
de l'information
|
554,13
|
5
|
5
|
Véhicules routiers (y compris les véhicules
à coussin d'air)
|
551,83
|
5
|
6
|
Produits chimiques inorganiques
|
514,02
|
4
|
7
|
Matières plastiques sous formes primaires
|
494,20
|
4,3
|
8
|
Instruments et appareils professionnels, scientifiques et de
contrôle
|
489,02
|
4,3
|
9
|
Houilles, cokes et briquettes
|
437,53
|
4
|
10
|
Produits pour teinture et tannage et colorants
|
436,24
|
4
|
Source des données : INSEED
Selon les données disponibles fournies par l'INSEED
(2006 et 2007), les importations d'origine chinoise ont plus doublé en
un an passant de 6 045 711 dollars en 2004 à 12 574 333 dollars en
2005. Les tableaux 10 et 11 ci-dessous donnent des informations sur la part de
la Chine dans les importations du Tchad pour les années 2004 et 2005
respectivement. Sur ces tableaux, est donné pour chaque groupe de
produits, le montant en milliers de dollars ainsi que la part chinoise dans les
importations du produit par le Tchad.
Tableau 10: Part des produits d'origine chinoise dans
les importations du Tchad en 2004.
|
Groupes de produits
|
Chine
(en milliers de
dollars)
|
Total
(en milliers de dollars)
|
Part de la Chine (en % du total)
|
1
|
Produits alimentaires et animaux vivants
|
2 834,18
|
72 896,26
|
4
|
2
|
Boissons et tabacs
|
0,45
|
22 213,88
|
0
|
3
|
Matières brutes non comestibles à l'exception des
carburants
|
0,00
|
25 561,17
|
0
|
4
|
Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes
|
2,61
|
106 448,90
|
0
|
5
|
Huiles, graisses et cires d'origine animale et
végétale
|
0,00
|
1 548,53
|
0
|
6
|
Produits chimiques et produits connexes,
|
304,49
|
67 920,76
|
0
|
7
|
Articles manufacturés classés principalement
d'après la matière
|
258,16
|
93 417,90
|
0
|
8
|
Machines et matériels de transport
|
2 356,58
|
179 692,49
|
1
|
9
|
Articles manufacturés divers
|
289,23
|
35 701,18
|
1
|
Note : Le taux de change moyen FCFA/$US de 2005 utilisé
pour les conversions est celui de la Banque de
Etats de l'Afrique Centrale (527,6).Source des données :
INSEED
Tableau 11 : Part des produits d'origine chinoise
dans les importations du Tchad en 2005.
Groupes de produits
|
Chine
(en milliers de
dollars)
|
Total
(en milliers de dollars)
|
Part de la Chine (en % du total)
|
Produits alimentaires et animaux vivants
|
1594,97
|
102739,57
|
2
|
Boissons et tabacs
|
0,00
|
32912,83
|
0
|
Matières brutes non comestibles à l'exception des
carburants
|
0,00
|
21848,82
|
0
|
Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes
|
4,28
|
137639,38
|
0
|
Huiles, graisses et cires d'origine animale et
végétale
|
0,00
|
3602,60
|
0
|
Produits chimiques et produits connexes,
|
437,15
|
96395,09
|
0
|
Articles manufacturés classés principalement
d'après la matière
|
3254,88
|
123164,10
|
3
|
Machines et matériels de transport
|
6558,07
|
255397,88
|
3
|
Articles manufacturés divers
|
840,90
|
45239,05
|
2
|
Note : Le taux de change moyen FCFA/$US de 2005 utilisé
pour les conversions est celui de la Banque des Etats
de l'Afrique Centrale (526,5).
Source : INSEED
Globalement, les importations de produits d'origine chinoise
ne constituent encore qu'une très petite part des importations totales
du Tchad. De 1% en 2004, la part de la Chine dans les importations du Tchad est
passée à environ 2% en 2005, en 2006 les importations
étaient de 15 958 millions de FCFA soit 3%. Selon les sources
nationales et le rapport The Central Intelligence Agency (CIA) la Chine
occupe la troisième place dans les importations du Tchad avec 9,8% en
2008 (tableau 12).
Vu du Tchad, le solde bilatéral entre la Chine et le
Tchad est largement déficitaire pour ce dernier, puisque, comme nous
l'avons signalé plus haut dans cette section, il n'existe pas
d'exportations à destination de la Chine selon les sources nationales.
Cependant, selon Chaponnière (2006), le solde bilatéral du Tchad
avec la Chine a atteint 13% du PIB tchadien, ce qui est à remettre une
fois de plus sur le compte des réexportations.
Tableau 12 : L'évolution
des importations chinoises au Tchad (en milliers de dollars)
Année
|
Part de la chine
|
Total des importations
|
%
|
2004
|
6 045,70
|
605 401,07
|
1%
|
2005
|
12 690,25
|
818 939,32
|
2%
|
2006
|
15 958
|
556 820
|
3%
|
2008
|
|
|
9.8%
|
Source des données : INSEED et The Central Intelligence
Agency (CIA)
Le tableau 13 ci-dessous présente les
bénéficiaires et les perdants des relations commerciales entre le
Tchad et la Chine. Le quadrant en haut à gauche présente comme
bénéficiaires mais potentiels perdants les producteurs locaux,
notamment ceux des PME/PMI. Ils gagnent en acquérant des inputs à
bas coût provenant de la Chine mais ne peuvent faire concurrence avec les
bas prix des produits chinois sur le marché. Le cas typique est celui de
la Cyclo-Tchad, entreprise spécialisée dans la construction de
bicyclettes qui est finalement en régression malgré le prix
favorable des tuyaux et autres pièces utilisés dans le montage
des bicyclettes. Ainsi, les producteurs ont un statut de perdants à long
terme à moins que le gouvernement tchadien n'encourage les producteurs
chinois à la création de joint-ventures avec leurs homologues
tchadiens.
Les grands perdants des relations commerciales
sino-tchadiennes sont présentés dans le quadrant en bas à
gauche. Ce sont les travailleurs locaux et les syndicats. En effet,
l'accroissement des importations de produits d'origine chinoise est synonyme
d'opportunités croissantes d'emploi en Chine, ce qui est
équivalent à des pertes d'emploi au Tchad, à moins que les
produits concernés ne soient pas du tout produits localement.
Tableau 13 : Classification des groupes
de bénéficiaires et de perdants des échanges commerciaux
du Tchad avec la Chine
|
Bénéficiaires
|
|
Perdants
|
Producteurs locaux
|
. Commerçants
. Consommateurs
. Exportateurs chinois
. Gouvernement
|
|
Travailleurs locaux
Syndicats
|
|
Source : nous même
Le cadrant en haut à droite présente les
bénéficiaires du commerce entre le Tchad et la Chine. Grâce
aux bas prix des produits chinois, les consommateurs tchadiens ont accès
à des produits qui leur était difficile d'acquérir il y a
encore quelque années (téléphones cellulaires,
télévisions, ordinateurs, le Générateur...). Les
commerçants bénéficieront de la potentielle croissance de
la demande de la part des consommateurs qui se retrouveront avec beaucoup plus
d'argent à dépenser. Avec la croissance de leurs exportations
vers le Tchad, les exportateurs chinois sont aussi des
bénéficiaires. Le gouvernement tchadien gagne à partir des
taxes et droits de douanes qui croissent et à partir de la satisfaction
occasionnée par le bénéfice des ménages. Une
potentielle perte du Gouvernement pourrait provenir de la baisse des
impôts sur les entreprises et les salaires s'il y a faillite des
entreprises tchadiennes à cause de la concurrence chinoise.
En somme, il ressort indiscutablement que le commerce entre la
Chine et le Tchad prend un tournant décisif à partir de ces
dernières années avec une consolidation des échanges entre
les deux pays. Le commerce bilatéral évolue de manière
exponentielle pour la Chine qui en la matière devient le
véritable partenaire du Tchad. En faisant un rapprochement des
importations et exportations du Tchad à l'endroit de la Chine, la
dépendance en ce qui concerne le Tchad paraît plus nette. Cette
situation joue négativement sur le la balance commerciale du Tchad.
Ainsi, le commerce sino-tchadien est une lame à double
tranchant, car le Tchad arrive certes à gagner de nouveaux
marchés, à saisir des opportunités dans le cadre du
processus de mondialisation, à satisfaire le bien-être de sa
population et à relancer sa croissance. Mais, en sens inverse, les
importations chinoises qui provoquent la disparition des pans entiers de
l'économie et engendrent le chômage, tuent en partie les
initiatives économiques du pays.
2- Les
investissements directs et les aides de la Chine au Tchad
L'investissement direct étranger (IDE) est devenu
depuis quelques années une source de financement très importante
pour les pays à faible revenu.
Avec leur niveau d'épargne et d'investissement
intérieurs souvent très bas, combiné au déclin des
prêts qui leur sont alloués ces dix dernières
années, l'IDE est devenu une source de financement
privilégiée pour un grand nombre de pays en voie de
développement. En tant que source de capitaux d'investissement, l'IDE
est un stimulant pour l'emploi, et en plus de cela, il est perçu comme
un moyen permettant aux pays en développement ou les pays moins
avancé d'acquérir la technologie de pointe, les nouvelles
méthodes de gestion, et d'avoir accès aux marchés des pays
développés.
2.1 Evaluation des investissements.
La Chine, cherchant à sécuriser par tous les
moyens ses approvisionnements en pétrole pour ne pas freiner une
économie lancée à pleine vitesse et dévoreuse
d'énergie, a progressé dans sa coopération avec le Tchad
en investissant dans trois secteurs: les télécommunications avec
le projet CHAD CDMA 2000 (Code Division Multiple Access,
Téléphonie fixe sans fil) et la téléphonie mobile
au sein de la Société des Télécommunications du
Tchad (SOTEL-TCHAD), une entreprise paraétatique ; la construction de la
cimenterie de Baoaré et la construction d'une raffinerie à 50 km
au nord de N'Djamena. Le Tchad étant un pays à haut risque pour
les investisseurs occidentaux, à cause des situations
d'insécurité récurrentes dont il est l'objet, les
investissements de grande envergure sont rares, voire inexistants. Ainsi, nous
n'examinerons pas les investissements chinois en termes de parts relatives mais
nous analyserons leur portée. Une autre raison importante est que nous
ne disposons pas des parts d'investissement de la Chine en valeur. Seuls
certains montants de prêts préférentiels ou de dons
attachés à ces investissements sont disponibles, ce que nous
aborderons dans la section relative à l'aide.
Le projet CDMA 2000 est une technologie reposant sur le
réseau radioélectrique de 3ème
génération, introduite par le biais de la ZTE Corporation. Ses
avantages sont entre autres, la réduction des coûts
d'investissement, la rapidité d'installation et la facilité
d'extension, ce qui doit concourir à la réduction de la fracture
numérique.
La cimenterie, récipiendaire d'un investissement de la
China CAMC Engineering Ltd, dispose d'un atout majeur dans la perspective
économique actuelle. En effet, le gouvernement tchadien a retenu, entre
autres, de renforcer le cadre macroéconomique par la diversification de
l'économie et surtout l'intensification des investissements dans les
secteurs porteurs de la croissance. Le développement des infrastructures
de base (routes, habitats, écoles, centres de santé,
aménagements hydro-agricoles...) est donc fortement recherché, ce
qui constitue un atout majeur pour la future cimenterie. Le démarrage
officiel des travaux de construction de cette usine a eu lieu le 17
décembre 2007. Cette cimenterie aura une capacité de production
de 200 000 tonnes de ciment portland par an et de 700 tonnes de clinker par
jour. Il a été affirmé par le gouvernement tchadien que la
main d'oeuvre sera essentiellement locale et qu'à la fin du projet, le
prix du ciment va diminuer de moitié19(*).
Pour ce qui est de la raffinerie, elle sera
propriété à 60 % de la CNPC et à 40 % de la
Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT). Elle sera
alimentée par la production des gisements de Sédigui (au nord du
lac Tchad) et du Mayo-Kebbi (sud-ouest du pays), en phase d'exploration par la
CNPC. Découvert par un consortium américain en 1974 mais jamais
exploité, le champ de Sédigui disposerait de réserves
avoisinant 500 millions de barils. La réalisation de ce projet marquera
la consécration de la Chine comme grand concurrent des Etats-Unis et de
la France au Tchad puisque ces deux pays par le passé ont refusé
de financer le projet de raffinerie qu'ils ont jugé non rentable. Les
travaux d'aménagement du site de la raffinerie ont débuté
en novembre 2007. Il est attendu que cette raffinerie permette au Tchad
d'assurer la consommation locale en produits pétroliers raffinés
puisque jusqu'à ce jour le pays les importe du Nigeria et du Cameroun.
"La raffinerie de Ndjamena aura une capacité annuelle de
traitement d'un million de tonnes de brut. Chaque année, elle
produira environ 700.000 tonnes de l'essence et du gasoil, 20.000
tonnes du pétrole lampant et bien d'autres sous-produits tels que
kérosène et polypropylène", a annoncé Jiang
Wen, directeur général ajoint de la Chinese National
Petroleum Company Incorporation (CNPCI).
Le tableau 14 nous permet d'identifier les perdants et les
bénéficiaires des investissements chinois au Tchad . Le quadrant
en haut à gauche présente les Organisations de la
Société Civile (OSC) comme perdantes mais possibles
bénéficiaires. L'investissement chinois est
caractérisé par l'implication directe du Gouvernement chinois au
niveau des autorités tchadiennes avec les compagnies chinoises qui sont
directement sous la tutelle de leur Gouvernement. Il y a comme corollaire
à cette façon d'agir sans l'implication des organisations de la
société civile dans les négociations et même un
déficit d'information pour celles-ci. Or, les organisations de la
société civile peuvent indirectement influencer l'action
gouvernementale à travers leurs activités de défense des
intérêts de la population. Leur engagement est donc inhibé
par cette situation mais si le Gouvernement tchadien les implique, cela
constituera un bénéfice pour eux.
Tableau 14 : Classification des groupes de
bénéficiaires et de perdants des investissements chinois au
Tchad
|
Bénéficiaires
|
|
Perdants
|
Organisations de la Société Civile
|
. Consommateurs
. Entrepreneurs Chinois
. Investisseurs chinois
. Entreprises paraétatiques
|
|
Travailleurs locaux
Syndicats
|
. Gouvernement
. Travailleurs locaux
|
Source : nous même
Le quadrant en bas à gauche montre les grands perdants
des investissements chinois que sont les entrepreneurs locaux et les syndicats.
Les entrepreneurs locaux perdent du fait que les différents travaux
accompagnant l'investissement chinois sont effectués par des
entrepreneurs chinois, notamment l'aménagement des voies d'accès
aux sites de la cimenterie et de la raffinerie, à cause des conditions
accompagnant les accords. La perte des syndicats provient du fait que les
travailleurs chinois qui sont engagés dans la réalisation des
investissements ne sont pas leurs membres.
Le quadrant en haut à droite montre les
bénéficiaires des investissements chinois. Il y a d'abord les
ménages qui bénéficient déjà dans le domaine
des communications (internet sans fil, téléphonie mobile) avec
les bas prix occasionnés par l'investissement chinois. Ils
bénéficieront encore plus lorsque la cimenterie et la raffinerie
seront fonctionnelles. D'autres bénéficiaires sont les
entrepreneurs et investisseurs chinois, à partir de leur implication
dans les projets, ainsi que les entreprises paraétatiques.
Le quadrant en bas à droite montre ceux qui à la
fois perdent le plus et gagnent le plus. Le Gouvernement tchadien gagne en
renforçant l'entreprise paraétatique de
télécommunication et en permettant à sa population d'avoir
accès à des produits bon marché mais il perd à
travers l'exonération de taxes accordée pour les
équipements accompagnant les investissements et à travers le gap
d'impôts des travailleurs tchadiens qui sont engagés dans les
entreprises concernées par les investissements avec un niveau de salaire
relativement bas. Pour les travailleurs tchadiens de manière globale, il
y a des opportunités effectives d'emploi avec les investissements
chinois mais le revers de la médaille est que le rythme de travail est
très harassant et certains standards de sécurité sont
négligés. Cependant, l'amélioration de conditions de
travail avantagera les travailleurs.
2.2 Les aides chinoises au Tchad
L'aide chinoise est essentiellement idéologique et
s'articule autour des huit principes exposés par Zhou Enlai20(*). Les huit principes reposent
sur : l'égalité et les bénéfices mutuels entre les
partenaires, le respect de la souveraineté, l'absence de conditions,
l'utilisation de dons ou de prêts sans intérêts, le
renforcement de terme, la fourniture d'équipement et de matériel
de qualité aux prix du marché, l'assistance,
l'indépendance et de l'autonomie du pays bénéficiaire, la
réalisation de projets qui nécessitent des investissements
restreints et qui peuvent être réalisés dans le court terme
et l'engagement de payer les experts au tarif local. Il est à noter que
la rhétorique officielle chinoise déclare encore s'inspirer de
ces principes pour élaborer sa politique d'aide actuelle.
La nouvelle coopération économique entre la
Chine et le Tchad semble être conduite par les deux parties avec grand
intérêt. Dans cette coopération, la Chine cherche à
profiter du pétrole tchadien pour satisfaire sa demande sans cesse
croissante et le Tchad cherche à assurer sa stabilité politique
ainsi que son développement économique. Une série
d'accords signés le 04 janvier 2007 à N'Djamena, a permis au
Tchad d'engranger les dividendes de ces relations. Il y a eu, outre la
conception d'un vaste programme de perfectionnement des cadres de
l'administration tchadienne et l'octroi à des jeunes tchadiens en phase
d'entrée à l'Université d'une soixantaine de bourses
d'études en Chine :
- L'annulation totale de la dette (y compris les
arriérés) de prêts de la Chine vis-à-vis du Tchad,
pour un montant total de 34 millions de dollars ;
- Un don d'un montant de 66 millions de dollars ;
- L'envoi d'une mission médicale chinoise à
l'Hôpital de la Liberté de N'Djamena pour une durée de deux
ans ;
- L'envoi d'une mission technique agricole avec un projet
rizicole dans la région du Mayo-Kebbi Est et un projet maraîcher
à Koundoul (à 25 kilomètres au sud de N'Djamena).
En septembre 2007, des prêts préférentiels
ont été accordés par la Chine dans les
télécommunications (45 millions de dollars), pour la construction
d'une cimenterie (92 millions de dollars) et pour la construction d'une
raffinerie. Ces prêts sont caractérisés par un délai
de grâce d'au moins 5 ans et un taux d'intérêt annuel de
1,5%.
Tableau 15 : L'aide chinoise au Tchad
Secteur
Récipiendaire
|
Projet
|
Valeur
(en millions de dollars)
|
Type d'aide/ Institution donatrice
|
Agriculture
|
Projet rizicole de Mayo-Kebbi Ouest
|
Non disponible
|
Assistance technique
|
Projet maraîcher de Koundoul
|
Non disponible
|
Assistance technique
|
Activités de
Fabrication
|
Cimenterie de BAOARE
|
92,33
|
Prêt préférentiel de la China EXIM Bank
|
Raffinerie
|
232
|
Prêt préférentiel de la China EXIM Bank
|
Construction
|
9,7 km de routes urbaines à
N'Djamena avec assainissement et éclairage public
|
30
|
Don du Gouvernement chinois
|
Deux écoles primaires
|
Non disponible
|
Don du Gouvernement chinois
|
Electricité et eau
|
Amélioration de la production d'électricité
à N'Djamena
|
Non disponible
|
Don du Gouvernement chinois
|
Télécommunications
|
CHAD CDMA 2000 (Téléphonie fixe sans fil)
|
25,06
|
Prêt préférentiel de la China EXIM Bank
|
Téléphonie mobile
|
20
|
Prêt préférentiel de la China EXIM Bank
|
Education
|
Bourses de perfectionnement des cadres et d'études
universitaires
|
Non disponible
|
Don du Gouvernement chinois
|
Santé et action sociale
|
Assistance médicale à l'Hôpital de la
Liberté de N'Djamena
|
Non disponible
|
Assistance technique
|
(Annulation de la dette)
|
|
34
|
Don du Gouvernement chinois
|
Source : Ministère de l'Economie et du Plan/Direction des
Ressources Extérieures et de la Programmation
Le tableau 16 ci-dessous donne la classification des
bénéficiaires et perdants de l'aide chinoise au Tchad. Le
quadrant à gauche en bas présente les entrepreneurs locaux et les
syndicats en perdants de cette aide, pour les mêmes raisons que dans le
cas des investissements.
TABLEAU 16 : Classification des groupes de
bénéficiaires et de perdants de l'aide chinoise au
Tchad.
|
Bénéficiaires
|
Perdants
|
|
Ménages
Entrepreneurs chinois
Investisseurs chinois
Gouvernement
Travailleurs
|
Entrepreneurs locaux
Syndicats
|
|
Source : nous même
Le quadrant en haut à droite présente les
bénéficiaires de cette aide. Les ménages
bénéficient des retombées de l'aide comme
conséquence de leur utilisation des biens publics produits et de leur
accès à des biens et services à bon prix qui sont obtenus
par les entreprises où l'Etat a contracté des dettes pour y
investir. Les entrepreneurs et investisseurs chinois sont aussi des gagnants.
Le gouvernement bénéficie du fait d'avoir obtenu des
infrastructures à bas prix et des prêts pour investir dans des
secteurs porteurs d'espoirs pour sa population. Il y a enfin des
opportunités d'emploi pour les travailleurs tchadien.
B- IMPACT DE LA
COOPERATION CHINOISE SUR LE MODE D'INSERTION TRADITIONNEL DU TCHAD DANS LE
COMMERCE INTERNATIONAL
Il est question ici de voir les impacts positifs et
négatifs.
1- Impact positif
la présence de la Chine en Afrique subsaharienne et
particulièrement au Tchad est définie en termes
d'opportunité historique, de catalyseur de développement, de
partenaire économique, d'investisseur et de "nouveau joueur" permettant
de desserrer l'étau des bailleurs de fonds traditionnels. Les aspects
tels que l'investissement, échanges commerciaux sont également
jugés de façon positive au Tchad à d'énormes
besoins en capitaux, technologie et infrastructure de la Chine répondent
à ces besoins contrairement à l'Occident qui est dans une logique
d'extraction des dividendes. Le cas de la raffinerie nous permet
d'illustrer : le Tchad avait sollicité la Banque Mondiale afin
qu'elle soutienne le projet de raffinerie de Sédigui, dans le cadre de
recherches de solution aux problèmes énergétiques.
Rappelons que la France et les États-Unis avaient refusé de
financer un tel projet estimant qu'il ne serait pas rentable. De plus, les
coûts des entreprises occidentales sont supérieurs de 50% à
ceux des entreprises chinoises. Les entreprises occidentales achètent le
pétrole en Afrique et le raffinent ailleurs, en raison de contraintes
environnementales et de la faible rentabilité de ce secteur sur place.
Les Américains ou les Européens refusent de participer à
ces projets parce qu'ils ne veulent pas transmettre leur savoir-faire et parce
qu'ils soutiennent leur prix de vente élevé du prix
pétrole raffiné. Cette raffinerie doit permettre
d'intégrer sur le marché local des produits finis à prix
bas, de favoriser la consommation domestique de butane et
d'électricité à des tarifs susceptibles de les substituer
au bois de chauffe dont l'exploitation intense accroît les
problèmes de désertification, de réduire substantiellement
le prix du kWh, et de limiter les importations de carburants et pourra
être exporté du fait de sa capacité.
La structure des investissements chinois confirme ce statut de
partenaire de développement. Premièrement, ce sont les
investissements chinois qui expliquent en majeure partie les taux de croissance
des pays africains ces dernières années. Deuxièmement, les
investissements chinois ne se sont pas uniquement portés vers les
matières premières (pétrole), ils se sont aussi
dirigés vers des secteurs générateurs de
développement (infrastructures, la cimenterie télécoms,
textiles, tourisme, industrie alimentaire, etc.). Le cas de la cimenterie est
crucial car le Tchad qui importe du ciment de l'extérieur produira
lui-même.
On estime également que la présence chinoise a
contribué à améliorer le niveau de vie des populations les
plus pauvres (sur plus du consommateur): l'impact le plus évident est
l'accessibilité à des biens de consommation bon marché (de
qualité variable) comme jamais auparavant.
2- Impact
négatif
Trois aspects sont à prendre en compte dans la relation
Sino-tchadienne :
- Le premier aspect est celui d'un certain détournement
des économies de ces pays qui se concentrent aujourd'hui sur la
production de pétrole et de minerais dont la Chine est gourmande. Tout
en répondant à cette demande, le tissu économique de ces
pays se trouve affaibli par une polarisation des investissements locaux sur ces
gisements au détriment de la diversité des productions rendant
ainsi ces pays bien plus dépendants de leurs clients étrangers.
Une certaine méfiance se fait sentir en raison du
coût économique et social sur le long terme. Les entreprises
chinoises sont accusées d'inonder les marchés locaux avec des
contrefaçons ou des produits de mauvaise qualité, notamment
dans le domaine du textile et celui des mobylettes nuisant ainsi aux
entreprises tchadiennes. Les boutiques chinoises inondent la ville de N'Djamena
et concurrencent directement les marchés locaux.
Plus de 30 000 chinois seraient aujourd'hui installés
en Algérie (restaurants, textiles). Au Cameroun, les vendeurs des
beignets (tradition locale) sont concurrencés par les vendeurs
chinois.
- Le deuxième aspect est d'ordre social car si en
échange de matière première la Chine construit
effectivement un certain nombre d'infrastructures routières ou autres,
la main d'oeuvre local n'est que peu ou pas concernée, les entreprises
chinoises fournissant bien souvent la plus grande partie de celle-ci. En
aggravant un taux de chômage initialement élevé cette main
d'oeuvre venue des régions pauvres de la Chine, est souvent mal vue par
la population locale qui à déjà bien du mal à
survivre ;
- Une autre dérive sociale concerne les chantiers sur
lesquels une part des travailleurs sont des locaux, ceux-ci sont soumis au
même condition de travail que leur homologue chinois c'est-à-dire
sans trop de garanties ou de respect des condition de travail normalement en
vigueur dans ce pays ou la réglementation internationale du travail.
SECTION II : LES PERSPECTIVES DE LA
COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE
Aucune coopération n'est a priori avantageuse ou
désavantageuse. Tout dépend des ambitions de chacun des acteurs,
des moyens qu'il met en oeuvre pour atteindre ses objectifs et surtout de sa
capacité à concevoir et à mener une stratégie
efficace dans les négociations. Il va sans dire que le Tchad
espère de son partenariat avec la Chine, la possibilité d'une
relance de son développement (A). Cependant, pour que la
coopération sino-tchadienne soit un moteur de la relance
économique du Tchad, elle doit relever d'importants défis afin de
ne pas répéter les erreurs du passé (B).
A- L'ACCOMPAGNEMENT DU TCHAD PAR LA CHINE DANS SON
PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT
La Chine a réussi son pari de sortir du
sous-développement pour faire de son économie l'une des plus
dynamiques du monde. Ayant fait cette expérience, elle pourrait
valablement aider le Tchad dans son processus de développement à
travers le renforcement de son soutien à l'industrialisation et de sa
coopération dans le domaine agricole.
1- Le renforcement de soutien de la Chine à
l'industrialisation du Tchad
Le sommet sur la coopération sino-africaine des 4 et 5
novembre 2006 a débouché sur deux textes d'une importance
capitale. D'abord, la Déclaration de Beijing et le Plan d'Action de
Beijing21(*). Ce dernier définit avec précision les
principaux domaines dans lesquels la coopération va se renforcer pour
les années avenir. Parmi ceux-ci, figure la coopération dans le
domaine des sciences et technologies, ainsi que de l'informatique22(*). Les
deux parties se sont engagées à développer leur
coopération en matière d'application des acquis scientifiques et
technologiques et de transfert du savoir. La Chine s'est
particulièrement engagée à organiser, en faveur du Tchad,
des stages de formations sur les techniques pratiques, à lancer des
programmes de démonstration de technologies et surtout à l'aider
à augmenter ses potentiels industriels. Pour éviter que les deux
parties ne fassent litière de ses beaux engagements, des
mécanismes de suivi23(*) ont été mis en
oeuvre pour veiller à l'application de ces mesures. Avec cette
volonté affirmée de part et d'autre, l'on peut raisonnablement
avancer que la Chine entend accompagner le Tchad sur la voie de
l'industrialisation.
D'ores et déjà, on peut se féliciter de
quelques expériences réussies : en 2007, la Chine a
procédé au lancement d'un satellite de communication au profit du
Nigeria. Certains investisseurs africains ont mis sur pied avec succès
des industries en Chine24(*). Ayant réussi en Chine, ils vont ramener en
Afrique les expériences acquises que le Tchad pourra bien imiter.
Par ailleurs, avec la hausse du prix du carburant et
l'augmentation du coût des transports y consécutive, la Chine sera
obligée, pour réduire les coûts de productions, de
construire au Tchad des industries pour transformer sur place les
matières premières.
Les constructeurs chinois d'appareils
électroménagers Shinco, Haier ou Hisense ont ainsi conçu
de nouveaux plans de développement en Afrique, passant de la simple
exportation de produits finis à l'établissement des usines de
production sur le continent25(*) (exemple du
téléphone ZTE au Tchad qui est en projet). Sur ce fleuron
industriel naissant, viendront se greffer d'autres industries, vecteurs du
développement et du renforcement du partenariat sino-tchadien dans le
domaine agricole.
2- Le renforcement de la coopération
sino-tchadienne dans le domaine agricole
Que ce soit dans le Plan d'Action d'Addis-Abeba26(*) ou
dans le Plan d'Action de Beijing adopté lors du 3ème
sommet du forum sur la coopération sino-africaine de novembre 2006, un
accent particulier a toujours été mis sur le renforcement de la
coopération agricole.
L'agriculture a une place très importante dans le
développement économique et le progrès social de tous les
pays. Les dirigeants africains et chinois semblent l'avoir compris, même
si les initiatives des premiers en la matière ne sont pas
encourageantes. Le point 3. 1 de la déclaration de Beijing est
entièrement consacré à la coopération dans le
domaine agricole. Les deux parties y ont souligné « le
rôle important de l'agriculture dans leurs économies
respectives », estimant que le renforcement de leur
coopération agricole « contribue à l'élimination
de la pauvreté...et à la garantie de la sécurité
alimentaire ».
Il est à noter que dans le domaine agricole, la Chine a
fait des avancées considérables dont le Tchad peut
s'inspirer : une réforme agraire réussie, la
révolution verte, des avancées scientifiques et technologiques en
matière de production céréalière, de
l'élevage, de l'irrigation, de la pêche, de la mécanisation
et de la transformation des produits. Cette avancée de la Chine
contraste nettement avec la situation au Tchad où l'on utilise encore
des outils aratoires qui n'ont connu aucune amélioration depuis des
siècles, où l'autosuffisance alimentaire ne relève que de
l'ordre du discours27(*) et où les politiques agricoles nationales
laissent à désirer. Consciente de cette situation, la Chine s'est
engagée à envoyer en Afrique 100 experts agronomes de niveau
supérieur et à y créer 10 centres pilotes
caractéristiques des technologies agricoles, à encourager les
entreprises chinoises à augmenter leurs investissements dans le secteur
agricole en Afrique à travers la construction d'infrastructures
agricoles (le projet rizicole dans la région du Mayo-Kebbi Est et un
projet maraîcher à Koundoul à 25 kilomètres au sud
de N'Djamena permet d'illustrer), à renforcer sa coopération
avec le Tchad dans le cadre du programme spécial pour la
sécurité alimentaire de la FAO28(*), etc.
Toutefois, il y a lieu de relever que cette offre chinoise ne
saurait à elle seule suffire pour rattraper le grand retard
accusé par le Tchad en matière d'agriculture sans une
réelle volonté politique des dirigeants tchadiens de faire de ce
secteur un véritable moteur du développement. Avec la conjoncture
actuelle de hausse quasi exponentielle du prix des denrées alimentaires,
l'adoption de politiques hardies en matière d'agriculture n'est plus une
option, c'est une nécessité et tout laisse croire que le Tchad
jouera à fond la carte chinoise pour mettre son agriculture sur l'orbite
de la modernisation.
En vérité, il ne s'agit là que d'une
infime partie des grands défis que le Tchad doit nécessairement
relever afin de tirer un maximum d'avantages de sa coopération avec la
Chine.
B- DEFIS A RELEVER PAR LE TCHAD
Les défis qui attendent le Tchad sont aussi nombreux
que variés et vont de la nécessité d'investir dans la
recherche et développement et l'adoption d'un système de
transparence de gouvernance.
1- Investir dans Recherche et
Développement
L'essor de l'activité de standardisation en Chine est
un exemple intéressant de l'importance stratégique de
développer des activités de R&D en Chine. Les standards sont
le moyen le plus efficace de mettre en place des barrières non
douanières pour protéger l'économie d'un pays des
importations et ne pas avoir à payer de droits de licence. La Chine en
est consciente comme le montre le développement de normes nationales
comme le WAPI, l'EVD, l'IGRS ou le TD-SCDMA... Cependant, les standards sont un
domaine sur lesquels la Chine semble avoir évolué
résolument vers une plus grande intégration au monde.
La Chine a choisi de jouer le jeu du commerce mondial tout
comme les autres pays industrialisés, jouent un rôle dans la
définition des standards. Elle se place sur ce créneau comme
l'égal des autres pays développés. Il est ainsi important
pour un pays, que pour les entreprises étrangères d'être
présent en Chine pour pouvoir suivre de l'intérieur les efforts
de standardisation et influencer ces développements. Siemens, Ericsson
et Alcatel ont ainsi noué des partenariats avec des entreprises
chinoises pour développer le TD-SCDMA.
La recherche du développement est devenue
incontournable dans l'évolution des technologies. La Chine semble avoir
montré la voie au Tchad. Les réalités de la mondialisation
veulent que notre pays se hisse au niveau des pays industrialisés. Les
idées que nous développons sont loin d'être utopistes, la
Chine, le Japon, l'Inde... sont passés par ce stade. Il faudrait surtout
beaucoup de volonté politique et d'abnégation populaire pour y
arriver. Déjà, des efforts, sont entrain d'êtres faits,
même s'ils sont par ailleurs timides. L'essentiel serait
d'accroître les compétences en Recherche et Développement,
mais surtout, orienter la recherche vers les secteurs clés tels que les
nanotechnologies, l'énergie nucléaire (civile), la biotechnologie
etc. qui s'avèrent des créneaux porteurs de développement.
Les Universités existantes ainsi que les centres
universitaires régionaux peuvent être les réceptacles des
activités de recherche et développement.
2- Adoption d'un système transparent de
gouvernance
La coopération du Tchad avec la Chine ne peut
déboucher sur une heureuse perspective si le Tchad ne s'impose pas des
mutations au plan interne.
En effet, quelle que soit l'importance de l'aide chinoise,
elle ne pourra être utile que si elle est bien gérée, dans
l'intérêt de tous les citoyens. De même, les investisseurs,
les entrepreneurs et même les touristes chinois ne viendront pas vers le
Tchad si elle ne mettait pas fin au chaos et conflits qui y règnent.
Le Tchad est souvent pointé du doigt par la
communauté internationale à cause de la mal gouvernance et de
l'absence de transparence dans la gestion des affaires publiques. Cette
situation sert de prétexte aux pays occidentaux qui, fréquemment,
interviennent dans les affaires intérieures des pays africains et
contrôlent parfois leurs régimes. Cette interférence, si
elle peut, à certains égards, se justifier de par son
objectif `'proclamé'', n'a cependant pas donné
jusqu'à ce jour des résultats satisfaisants. Elle a plutôt
donné lieu à une situation inqualifiable, qui n'est ni une
véritable démocratie, ni une réelle dictature. De plus en
plus, des consciences s'éveillent en Afrique qui comprennent que les
exigences de l'Europe et des USA en matière de bonne gouvernance
répondent plus à leur désir de manipulation des
régimes des pays pauvres afin de s'assurer leur loyauté,
qu'à leur attachement à l'obéissance des principes
moraux.
Le Tchad doit s'appuyer sur sa coopération avec la
Chine pour relancer son processus de développement. Elle ne pourra
toutefois y parvenir que si elle se donne les moyens conceptuels et
programmatiques pouvant lui permettre de répondre à l'urgente
nécessité de dégager une perspective concrète pour
éviter que la coopération sino-tchadienne ne soit une relation
dirigée unilatéralement par Pékin.
Conclusion de la deuxième partie
En définitif, cette deuxième partie a permis de
mettre en évidence les impacts et les perspectives de la
coopération Sino-tchadienne. Pour y parvenir, nous avons exposé
dans un premier temps les opportunités qu'offrent la coopération
chinoise. Cela nous a conduit à identifier les gains potentiels de la
coopération Chinoise et les exemples de coopération chinoise avec
les autres pays africains.
Dans un second temps, il a fallu d'abord procéder
à la description de la structure du commerce Sino-tchadien, de
l'échantillon de quelques années qui nous permis de calculer la
part de la Chine dans le commerce Tchadien. Le résultat nous a
montré que les flux commerciaux se passent dans un sens unique (le Tchad
importe les produits chinois, mais n'exporte pas vers la Chine). Mais les
perspectives de leur coopération sont prometteuses dont
l'hypothèse (H2) est vérifiée avec la montée des
différents investissements chinois au Tchad.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude qui a pour thématique
« coopération commerciale entre la RPC et le Tchad :
enjeux et perspectives » il serait judicieux de faire le bilan et des
propositions à l'endroit de l'Etat tchadien. Rappelons que dans cette
étude. Nous avons voulu analyser : « l'impact de la
coopération renouvelle entre la Chine et le Tchad sur le
développement économique ». De cette
problématique, découle la question principale de
recherche : la coopération commerciale entre la
Chine et le Tchad peut-elle changer le mode d'insertion de ce dernier dans le
commerce international ?
Pour répondre à cette question nous nous somme
fixés un certain nombre d'objectifs :
- Analyser les enjeux et les perspectives de la
coopération commerciale Sino-tchadienne ;
- Présenter le mode d'insertion traditionnel du Tchad
dans le commerce international ;
- Evaluer l'impact de la coopération renouvelée
avec la Chine sur le développement économique du Tchad.
Ces objectifs ont servi de guide dans la revue de la
littérature. Ainsi, l'analyse a été construite autour des
différentes théories commerciales. Cette revue de la
littérature nous a permis d'aboutir aux hypothèses
suivantes :
H-1 Le mode d'insertion traditionnel du Tchad dans le commerce
international ne favorise pas l'économie tchadienne.
H-2 La nouvelle coopération Sino-tchadienne exerce un
impact positif sur le commerce international du Tchad.
Afin de bien mener cette étude, le choix d'une
démarche hypothético-déductive était
nécessaire. Pour ce faire, nous avons collecté des informations
auprès des institutions spécialisées nous permettant
d'atteindre nos objectifs. Ces données recueillies ont été
traité à l'aide de l'outil statistique pour calculer les moyennes
et les pourcentages.
En effet, le Tchad étant l'un des pays les plus pauvres
au monde, avec une économie basé exclusivement sur les produits
primaires. Depuis l'indépendance, il est un pays essentiellement
importateur car ses besoins alimentaires et énergétiques, et
certains de ses produits manufacturés proviennent de l'extérieur.
Son commerce extérieur dépend du secteur primaire (agriculture et
élevage) qui constituait une part importante du Produit Intérieur
Brut (PIB) puisqu'il occupait environ 80% de la population totale.
Déjà en 1983, ce secteur représentait 43% du PIB.
Malgré le recul observé dans l'économie, il demeure
encore important avec 38% du PIB jusqu'en 1998. Avec l'avènement de
l'exploitation du pétrole, la structure commerciale du Tchad a
changé : le pétrole est aujourd'hui le secteur clé de
son économie (85,7% exportations nationales) en suite vient le
bétail (7,4 % des exportations), le coton fibre (2%) et dans une
moindre mesure la gomme arabique. Ses principaux partenaires commerciaux sont
le Cameroun, le Nigeria, la France et les Etats-Unis...
En effet, après la collecte des statistiques, nous
avons eu la validité de la première hypothèse. Ce qui
signifie que le mode d'insertion traditionnel du Tchad dans le commerce
international ne favorise pas le développement économique. Pour
mieux asseoir son économie dans le commerce international, le Tchad doit
diversifier son économie et diminuer sa dépendance aux
exportations en développant ses propres industries
manufacturières.
Ainsi, la reprise de sa coopération avec la Chine a
été jugée importante par le gouvernement, surtout avec le
lancement de la politique Sino-africaine en 2006. L'intervention de la Chine au
Tchad peut être un atout pour la population tchadienne si l'on se fie
à cette politique qui est diversifiée, allant de la politique
à l'économie en passant par la sécurité et le
développement des ressources humaines, tout en cherchant à
assurer une coopération pour un bénéfice mutuel entre la
Chine et ses partenaires africains. Cette étude, en se basant sur une
vue des relations commerciales avec la Chine à partir du Tchad tour
à tour exploré l'investissement, les flux commerciaux et l'aide.
L'investissement chinois a été bien accueilli
par les autorités tchadiennes surtout qu'il est orienté vers
certains secteurs que les partenaires traditionnelles n'ont pas eu à
investir par le passé, notamment la construction d'une cimenterie et la
raffinerie. Cependant, il faudrait tenir garde de la menace que cet
investissement porte pour les travailleurs tchadiens car la négligence
de certaines conditions de sécurité engendre de grands risques
pour eux. Il faudrait alors que les autorités tchadiennes s'assurent que
la réglementation du travail en vigueur au Tchad soit respectée
par les entrepreneurs chinois.
Selon les sources statistiques officielles, les relations
commerciales entre les deux pays ne se faisaient que dans un seul sens, le
Tchad n'exportant pas vers la Chine. Les importations des produits d'origine
chinoise, malgré qu'elles ne représentent 1% en 2004, est
passée à environ 2% en 2005, en 2006 les importations
étaient de 15 958 millions de FCFA soit 3%. Selon les sources
nationales et le rapport "The Central Intelligence Agency (CIA)" la Chine
occupe la troisième place dans les importations du Tchad avec 9,8% en
2008. Ces importations concernaient principalement les huiles et graisses
animales ou végétales (36%) et les engrais (21%). Bien que
favorable aux consommateurs, un démantèlement total et brutal des
frontières douanières peut être une menace pour certaines
entreprises locales.
L'aide chinoise au Tchad est importante surtout par rapport
à ses objectifs et son taux d'intérêt qui défie
toute concurrence, courant l'assistance technique médicale et agricole,
l'éducation et la formation et l'octroi de prêts
préférentiels (plus de 150 millions de dollars
déclarés) pour des investissements et des dons pour la
construction d'infrastructure. Seulement, le problème crucial est la
menace qui pèse sur les travailleurs tchadiens dans l'exécution
des différents projets de développement financés par la
Chine, en terme de perte d'emploi et de conditions de travail.
La deuxième hypothèse selon laquelle la nouvelle
coopération Sino-tchadienne exerce un impact positif sur le commerce
international du Tchad a également été confirmée.
Nous précisons ici le cas de la raffinerie et la cimenterie et les
autres projets dans les domaines d'agriculture et de la communication servent
des exemples.
L'exemple chinois rappelle simplement, à un moment
où l'espoir tend de plus en plus à devenir une denrée rare
sur le continent, que le développement est une affaire de volonté
qui se fait d'abord à domicile. Comme le note froidement Lu Guozen,
Directeur Afrique au Ministère Chinois des Affaires Etrangères,
« le développement de l'Afrique ne pourra être que
le fait des efforts des Africains eux-mêmes »29(*)
Par delà les grands défis que le Tchad se doit
de relever au plan interne, il lui faut faire face aux confrontations des
grandes puissances jalouses des performances de l'Empire du Milieu. D'un point
de vue purement politique, l'avenir de la relation sino-tchadienne
dépend en partie de la façon dont le Tchad va gérer ses
affrontements des grandes puissances. Sera-t-il à même de relever
ce double défi de mutation interne et d'adaptation à la nouvelle
donne internationale ? L'avenir nous édifiera sans doute sur ce
point.
Recommandation :
A l'issu de ces travaux, une recommandation serait de prendre
des mesures par rapport aux conditions d'investissements et de
réalisations des grands travaux exécutés par la Chine en
termes d'utilisation de la main d'oeuvre qualifiée locale et
l'instauration de normes minimales de traçabilité quant à
l'accès des produits chinois aux marchés des pays en
développement. En terme de compétitivité, il reste que nos
économies doivent réviser la nature des produits exportés
afin d'équilibrer la balance commerciale. Cela n'est possible que si des
efforts et des stratégies de diversification des produits
exportés sont mis en place.
Les gouvernements du Tchad et de la Chine sont conjointement
appelés à rendre plus transparents les contrats, les conventions
et les accords qui les lient. Cela éviterait des interprétations
et spéculations, parfois outrancières de corruption et de
détournement des autres acteurs non impliqués. Des aspects
qualitatifs, sociaux et environnementaux sont à intégrer dans ces
différents accords en vue de protéger les populations les plus
vulnérables. Dans les différents contrats, des points sur
l'utilisation de la main d'oeuvre locale doivent aussi être inscrits pour
répondre à la demande sociale, notamment des personnes au
chômage dont le nombre va croissant.
Au niveau du commerce extérieur, le vent de la
libéralisation qui souffle, a pour effet positif direct sur le pouvoir
d'achat des ménages et l'annulation ou la baisse des droits et taxes
d'importation est fortement encouragé, sauf pour certains produits qui
pourraient menacer la survie de certaines sociétés nationales
à forte main d'oeuvre locale.
Les opérateurs privés locaux doivent
réviser leurs stratégies de marketing en vue d'être
à la hauteur de l'assaut chinois. La protection venant des
autorités publiques est une solution conjoncturelle et la solution
durable passe par la refonte totale du système d'organisation, de
production et de commercialisation en vue de rendre les entreprises plus
productives et plus concurrentielles.
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3-
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développement économique de l'Amérique latine et ses
principaux problèmes ».
ANNEXES
Annexe 1 tableau 1 :
Destination des produits d'exportation Hors pétrole en
2006
Pays de destination
|
Poids Net de la marchandise (tonnes)
|
valeur (millions de FCFA)
|
Unité complémentaire
|
proportion
|
Total
|
347 523
|
127 884
|
201 325
|
100,00%
|
France
|
151 351
|
47 342
|
21
|
37,02%
|
Nigeria
|
103 167
|
40 573
|
195 600
|
31,73%
|
Soudan
|
47 523
|
20 153
|
123
|
15,76%
|
Pays Indéterminé
|
26 052
|
8 402
|
150
|
6,57%
|
République Centrafricaine
|
1 402
|
2 850
|
|
2,23%
|
USA
|
3 909
|
2 133
|
|
1,67%
|
Cameroun
|
4 478
|
1 997
|
3 449
|
1,56%
|
Union Européenne
|
6 207
|
1 394
|
|
1,09%
|
GABON
|
84
|
619
|
|
0,48%
|
Emirats Arabes Unis
|
101
|
418
|
|
0,33%
|
Libye
|
1 668
|
392
|
146
|
0,31%
|
Burkina Faso
|
118
|
346
|
4
|
0,27%
|
Angola
|
5
|
344
|
|
0,27%
|
CONGO BRAZZAVILLE
|
1 303
|
323
|
40
|
0,25%
|
Pays Bas
|
41
|
245
|
|
0,19%
|
Guinée Equatoriale
|
16
|
133
|
|
0,10%
|
Grande Bretagne
|
5
|
88
|
|
0,07%
|
Afrique du Sud
|
38
|
45
|
|
0,04%
|
Sénégal
|
3
|
38
|
|
0,03%
|
Algérie
|
3
|
31
|
|
0,02%
|
Allemagne
|
50
|
21
|
|
0,02%
|
Graphique 1: Importations
par Zone Economique d'Origine (en millions de FCFA)
Annexe 2 tableau 2 :
Importations par Pays d'Origine par ordre d'importance en
2004
|
N° ordre
|
pays d'origine
|
Poids (tonnes)
|
Valeur CAF (millions de CFA)
|
|
|
Total
|
588 363
|
319 426
|
|
|
1
|
Etats-Unis
|
27 725
|
60 462
|
|
|
2
|
CAMEROUN
|
211 937
|
54 928
|
|
|
3
|
NIGERIA
|
175 769
|
49 232
|
|
|
4
|
FRANCE
|
40 608
|
46 364
|
|
|
5
|
ALLEMAGNE
|
9 366
|
8 018
|
|
|
6
|
JAPON
|
4 983
|
7 238
|
|
|
7
|
PAYS-BAS
|
2 881
|
6 475
|
|
|
8
|
Grande-Bretagne
|
1 817
|
4 881
|
|
|
9
|
GABON
|
644
|
4 795
|
|
|
10
|
BRESIL
|
10 967
|
4 588
|
|
|
11
|
BELGIQUE-Luxembourg
|
11 148
|
4 071
|
|
|
12
|
CHINE POPULAIRE
|
7 207
|
3 755
|
|
|
13
|
Emirats Arabes Unis
|
5 986
|
3 586
|
|
|
14
|
ITALIE
|
3 212
|
2 969
|
|
|
15
|
SINGAPOUR
|
318
|
2 861
|
|
|
16
|
AFRIQUE DU SUD
|
5 325
|
2 341
|
|
|
17
|
SUEDE
|
282
|
2 262
|
|
|
18
|
SENEGAL
|
574
|
1 734
|
|
|
19
|
DANEMARK
|
474
|
1 631
|
|
|
20
|
PAKISTAN
|
2 142
|
1 607
|
|
|
21
|
NORVEGE
|
396
|
1 254
|
|
|
22
|
Esthonie
|
7 082
|
1 220
|
|
|
23
|
INDE
|
6 107
|
1 179
|
|
|
24
|
ESPAGNE
|
8 428
|
1 114
|
|
|
25
|
Ukraine
|
7 743
|
1 099
|
|
|
26
|
AUTRICHE
|
2 254
|
1 083
|
|
|
27
|
COTE D'IVOIRE
|
582
|
1 070
|
|
|
|
AUTRES PAYS
|
32 408
|
37 611
|
|
|
source: INSEED, 2004
|
|
|
|
|
Annexe 3 : Tableau 3
: Importations par Pays d'origine par ordre d'importance selon les principaux
produits en 2005
PAYS D'ORIGINE
|
POIDS 2005 (tonne)
|
VALEUR 2005 (millions FCFA)
|
UC
|
pourcentage valeur 2005
|
Total
|
722 945
|
431 172
|
|
100%
|
Etats-Unis
|
66 140
|
93 589
|
|
22%
|
Parties de pompes pour liquides
|
298
|
8 657
|
2
|
9%
|
Autres tubes, tuyaux et profilés creux, sans soudure
|
8 893
|
7 115
|
|
8%
|
Tubes et tuyaux, sans soudure, en fer ou acier, pr
oléoducs et gazoducs
|
5 381
|
5 375
|
|
6%
|
Tubes et tuyaux, pr oléoducs ou gazoducs, à l'arc
immergé
|
6 301
|
4 390
|
|
5%
|
Parties des machines de sondage ou forage des n° 8430.41 et
8430.49
|
729
|
4 102
|
5
|
4%
|
Sorgho à grains
|
16 002
|
2 883
|
|
3%
|
Autres instruments de régulation ou contrôle auto
|
24
|
2 403
|
1
|
3%
|
Autres tubes et tuyaux en matières plastiques
|
1 000
|
2 259
|
|
2%
|
Farine de froment
|
8 016
|
1 769
|
|
2%
|
Autres polymères acryliques, sous formes primaires
|
658
|
1 414
|
|
2%
|
FRANCE
|
43 678
|
70 903
|
|
16%
|
Autres parties d'avions ou d'hélicoptères
|
215
|
19 352
|
1
|
27%
|
Farine de froment
|
27 740
|
4 727
|
23625
|
7%
|
Insecticides présentés en emballages d'une
contenance nette de 1 kg ou moins
|
600
|
2 384
|
|
3%
|
Autres médicaments du n° 30.04, conditionnés
pour la vente au détail
|
206
|
2 335
|
1840
|
3%
|
VTMMD, poids > 5 et < 20 tonnes
|
470
|
2 022
|
28
|
3%
|
Autres parties des véhicules des n° 87.01 à
87.05
|
100
|
1 303
|
248
|
2%
|
Parties des machines de sondage ou forage des n° 8430.41 et
8430.49
|
145
|
1 202
|
|
2%
|
CAMEROUN
|
257 148
|
70 856
|
|
16%
|
Gazoles
|
52 695
|
21 206
|
|
30%
|
Sucres raffinés de canne ou de betteraves
|
50 501
|
17 617
|
|
25%
|
Bière de malt, titrant 6,5% blanc d'alcool
|
22 379
|
6 149
|
|
9%
|
Autres ciments portland
|
33 865
|
3 213
|
|
5%
|
Savons de ménage, en barres, en morceaux, etc.
|
14 590
|
2 907
|
|
4%
|
Super carburant
|
3 931
|
2 027
|
|
3%
|
Riz semi-blanchi ou blanchi..., conditionné pour la vente
au détail
|
14 398
|
1 972
|
|
3%
|
Ciments portland blancs
|
15 685
|
1 676
|
|
2%
|
Autres sucres du n° 17.01
|
2 999
|
1 075
|
|
2%
|
NIGERIA
|
188 387
|
57 417
|
|
13%
|
Gazoles
|
81 615
|
33 009
|
|
57%
|
Super carburant
|
15 743
|
8 120
|
|
14%
|
Farine de froment
|
21 530
|
3 359
|
28 536
|
6%
|
Autres ciments portland
|
32 148
|
2 262
|
84 568
|
4%
|
Pétrole lampant
|
1 820
|
676
|
|
1%
|
CHINE POPULAIRE
|
12 657
|
8 296
|
|
1,92%
|
Annexe
4
Annexe 5
Tableau tiré de l'article de Jean-Raphaël
Chaponnière (2006) économiste à l'Agence Française
de Développement (AFD).
Annexe 6 Tchad: Exportations non pétrolières
(1994-2008)
TABLE DES MATIERES
Sommaire I
DEDICACE :
II
REMERCIEMENTS :
III
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS : IV
LISTE DES FIGURES ET
TABLEAU : V
Résumé :
VI
Abstract :...............................................................................................VII
INTRODUCTION GENERALE.
1
Contexte de l'etude.
2
Problematique.
5
Objectif de la recherche.
5
Revue de la litterature
5
Hypotheses de la recherche
9
Interet de la recherche.
9
Demarche methodologique.
10
PREMIERE PARTIE : LES EFFETS
DE LA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD AVEC SES PARTENAIRES TRADITIONNELS
11
CHAPITRE I : LES
EFFETS DE LA STRUCTURE DU COMMERCE EXTÉRIEUR DU TCHAD.
13
SECTION I : STRUCTURE DU COMMERCE
EXTÉRIEUR DU TCHAD.
13
A- Structure du commerce extérieur du
Tchad de 1972-2005.
13
1. Nature des produits
échangés.
13
1.3 Nature des produits exportés.
14
1.2- Nature des produits importés.
16
2. Orientation géographique des
échanges du Tchad de 1972-2005.
18
2.1- Clients du Tchad.
18
2.2- Fournisseurs du Tchad.
18
B-La structure du commerce extérieur du
Tchad depuis 2006.
19
1. Nature des produits
échangés.
19
1.1- Nature des produits exportés
20
2.1- Nature des produits importés.
21
2- Orientation géographique des
échanges du Tchad depuis 2006
23
2.1- Clients du Tchad.
23
2.2-Fournisseurs du Tchad.
23
SECTION II : LES EFFETS SUR LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE DU TCHAD.
26
A- FONDEMENT DU COMMERCE DU TCHAD.
26
B- AVANTAGES DES PAYS DANS LA
SPÉCIALISATION DU COMMERCE DE PRODUITS PRIMAIRES.
26
1- Amélioration de l'emploi des
facteurs.
26
2- Expansion des dotations des facteurs.
27
3- Les effets de liaison.
28
CHAPITRE II : LIMITES
DE LA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD AVEC SES PARTENAIRES
TRADITIONNELS
.
30
SECTION I : LIMITES LIEES A LA PRODUCTION ET
A L'EXPORTATION DES MATIERES PREMIERES.
30
A- LIMITES LIEES A LA CROISSANCE FONDEE SUR
L'EXPORTATION DES PRODUITS PRIMAIRES.
30
1) Détérioration des termes de
l'échange.
30
2) Croissance léthargique de la
demande.
30
3) Fluctuation des recettes.
30
B- DÉPENDANCE COMMERCIALE VIS-À-VIS
DE QUELQUE PAYS.
30
C- FAIBLE DIVERSIFICATION DE L'ÉCONOMIE DES
PAYS EXPORTATEUR DES PRODUITS PRIMAIRES.
30
SECTION II : LIMITES SPECIFIQUES LIEES A LA
PRODUCTION ET L'EXPORTATION PETROLIERE.
30
A- MALADIE HOLLANDAISE.
30
B- LIAISONS INEFFICACE.
30
Conclusion de la première
partie.
30
DEUXIEME PARTIE : IMPACTS ET
PERSPECTIVES DE LA COOPERATION COMMERCIALE SINO-TCHADIENNE SUR LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE DU TCHAD
30
CHAPITRE III :
OPPORTUNITÉS OFFERTES PAR LA COOPÉRATION COMMERCIALE ENTRE LA
CHINE ET LE TCHAD.
30
SECTION I : GAINS POTENTIELS POUR LE TCHAD DE
LA COOPERATION AVEC LA CHINE.
30
A- FONDEMENTS DE LA COOPÉRATION
SINO-TCHADIENNE.
30
1- Principes fondamentaux de la
coopération Sino-tchadienne.
30
1.1 Les principes de la non
ingérence
30
1.3 Le principe de l'égalité
et des avantages réciproques
30
2- Les grands axes de la coopération
Sino-tchadienne
30
B- DIFFERENTS GAINS POTENTIELS DE LA
COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE.
30
1- Contournement des circuits commerciaux
traditionnels.
30
2- Apport de ressources additionnelles
pouvant financer le développement.
30
SECTION II : QUELQUES EXEMPLES UTILES POUR LE
TCHAD DE LA COOPERATION CHINOISE.
30
A- LES FLUX COMMERCIAUX
30
B- FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS
30
CHAPITRE IV :
L'IMPACT DE LA COOPÉRATION CHINOISE SUR LE DEVELOPPEMENT
ÉCONOMIQUE DU TCHAD.
30
SECTION I : EVALUATION DE LA COOPERATION
CHINOISE SUR LE BIEN ÊTRE ECONOMIQUE DU TCHAD.
30
A- ANALYSE DES RELATIONS COMMERCIAUX ET DES
INVESTISSEMENTS DE LA CHINE ET DU TCHAD.
30
1- Relations commerciaux de la Chine et du
Tchad
30
1.1- Les exportations
30
1.2- Les importations
30
2- Les investissements directs et les aides
de la Chine au Tchad.
30
2.1 Investissements.
30
2.2 Les aides chinoises au Tchad.
30
B- IMPACT DE LA COOPERATION CHINOISE SUR LE
MODE D'INSERTION TRADITIONNEL DU TCHAD DANS LE COMMERCE INTERNATIONAL.
30
1- Impact positif.
30
2- Impact négatif.
30
Section II : LES PERSPECTIVES DE LA
COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE.
30
A- L'ACCOMPAGNEMENT DU TCHAD PAR LA CHINE
DANS SON PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT.
30
1- Le renforcement de soutien de la Chine
à l'industrialisation du Tchad :
30
2- Le renforcement de la coopération
sino-tchadien dans le domaine agricole.
30
B- DEFIS A RELEVER PAR LE TCHAD.
30
1- Investir dans Recherche et
Développement
30
2- Adoption d'un système transparent
de gouvernance
30
Conclusion de la deuxième partie :
30
CONCLUSION
GENERALE :
30
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
30
ANNEXES
30
TABLE DE
MATIERE................................................................................92
* 1 Rapport 2004 de l'Institut
National de la Statistique des Etudes Economiques et Démographique du
Tchad
* 2 Idem
* 3POTIER R., in
ESPRIT, Revue mensuelle fondée en 1932 par E. MOUNIER
* 4 Gobind T. Nankani et
al : Rapport de l'Etude diagnostique sur l'intégration commerciale
du Tchad, DRAFT, 18 Octobre 2006
* 5 Comme le constate Lennon
(2005), il est plus prudent d'être fournisseur de minerais que la Chine
ne produit pas plutôt que d'être engagé dans le traitement
de minerais que la Chine produit pour partie
* 6 Source: INSEED.
* 7 Idem
* 8 Idem
* 9 Rapport sur le commerce et
le développement, 2005
* 10 Il faut signaler que ces
principes ont été exprimés pour la première fois
par Chou En-lai, alors Premier Ministre de la RPC, lorsqu'il recevait une
délégation indienne. Il les a réitérés deux
ans plus tard à la conférence de Bandoeng
* 11 Allocution
prononcée à la cérémonie d'ouverture du forum sur
la coopération sino-africaine à Beijing, le 10 Octobre 2000.
* 12 La non ingérence
et l'absence de conditionnalité de l'aide chinoise sont souvent
décriées par la communauté internationale et surtout par
les pays occidentaux, comme une prime ou un encouragement de la mal gouvernance
en Afrique. Cependant, il est permis de se demander si
la `'démocratisation à pas forcé'' et l'imposition
d'un modèle stéréotypé de gouvernance occidentale
à l'Afrique, n'est pas pour quelque chose dans la déstructuration
des sociétés africaines. Les conditionnalités de l'aide
publique au développement (APD) occidentale ne sont-elles pas un moyen
pour l'Europe d'avoir à sa merci les dirigeants des pays
africains ?
* 13 Allocution du
Président Jiang Zemin, Op.Cit
* 14 INSEED op, cit
* 15 Non seulement elle mais
aussi l'Inde, le Brésil, bref, tous les pays émergents.
* 16 Antoine Glaser et Stephen
Smith, Comment la France a perdu l'Afrique, Ed. Hachette
Littérature, col. Pluriel, Paris, 2006, p. 103
* 17 Rapport des services du
FMI sur les consultations de 2010 au titre de l'article IV
préparé par la mission des services du FMI au terme d'entretiens
menés, jusqu'au 27 avril, 2010, avec les autorités tchadiennes
sur l'évolution et la politique économiques du pays, no 10/196 du
Juin 2010
* 18 Richer, Ph, L'offensive
chinoise en Afrique, Karthala, 2008, pp. 119-120
* 19 En décembre
2007, le sac de ciment portland de 50 kg coûte environ 16 dollars.
* 20Ces principes ont
été énoncés au Mali, lors de sa tournée
africaine de 1964. Chaponnière, J.-P. (2006). « Les
échanges entre la Chine et l'Afrique : Situation actuelle, perspectives
et sources pour l'analyse ». STATECO N°100. p.10.
* 21 Voir le document
intitulé Sommet de Beijing du forum sur la coopération
sino-africaine : documents et discours, Ed. des Affaires mondiales,
Pékin 2006, Volume III, p. 79-116.
* 22Voir point 3.7 de la
Déclaration de Beijing du Forum sur la coopération
sino-africaine.
* 23 Il faut citer entre
autres, les conférences ministérielles, les réunions des
hauts fonctionnaires, les commissions mixtes paritaires, etc.
* 24 Par exemple SABMILLER, une
société sud-africaine qui a acheté la Resource Snow
Breweries Ltd est le plus grand vendeur de bière en Chine, avec 15% du
marché ; la Bateman Engineered Technologies qui s'occupe
d'équipements spécialisés pour minéraux, ciment,
charbon, fer et acier ainsi que de la machinerie industrielle lourde. Voir
CHINAFRIQUE, n° 5, Vol.2, mai 2007, pp. 6 et 7.
* 25La Jiangsu Shinco
electronics group a commencé par fabriquer depuis 2007 des climatiseurs
au Nigeria.
* 26 Ce plan a
été adopté lors du 2ème sommet du forum
sur la coopération sino- africaine, des 15 et 16 décembre
2003.
* 27 Alors que les conditions
naturelles y sont très favorables à l'agriculture.
* 28 Voir le plan d'action de
Beijing, point 3. 1. 3.
* 29 Lu Guozen, cité
par Adama Gaye, Chine-Afrique : le dragon et l'autruche, Op. cit,
p. 277.
|