L'image de la femme japonaise dans le cinéma de Miyazaki( Télécharger le fichier original )par Joanna PHILIPOT Université de Nice Sophia Antipolis - Master 1 Information et Communication 2011 |
II/A-Evolution du cinéma d'animation japonais1) Historique1)a. Débuts de l'animation japonaiseL'histoire de l'animation au Japon débute en 1910, avec la diffusion des premiers dessins animés américains de John Randolph Bray à Tokyo. Les cinéastes japonais, fascinés par ce nouveau procédé, se mettent eux aussi à l'animation, avec des premières expériences fructueuses104(*). Le premier artiste à s'y essayer est Seitaro Kitayamo, en 1913. Son film Le Garçon des pêches, une expérimentation entièrement réalisée à l'encre de Chine, est diffusé en France en 1918 et marque la fondation du premier studio d'animation japonaise, « Kitayama Eiga Seisakujo ».105(*) Suivent alors d'autres réalisateurs : Junichi Kouchi, qui introduit des nuances de gris, Noburo Ofuji, qui réalise ses films avec des découpages de papier (le « chigoyami ») apposés sur des plaques de verre, puis réalise les premiers films sonores et en couleur. Mais c'est Yasuji Murata qui introduit la technique de l'animation totale sur cellulo, à la manière des Etats-Unis, en 1927 ; il crée également les premiers personnages zoomorphes, comme dans sa principale oeuvre, Le sabre flambant neuf de Hanawa Henokai, réalisé en 1917. Les personnages zoomorphes vont par la suite fortement marquer le style visuel japonais, comme on le constate dans les dessins animés pour enfants. 106(*) Durant la Seconde Guerre mondiale, l'animation connait une baisse de production ; ne sont alors diffusés que des films de propagande, dont le tout premier long-métrage animé, Momotaro le divin soldat de la mer, réalisé par Mitsuyo Seo en 1945.107(*) Dans le Japon de la reconstruction, l'animation tente de passer du niveau individuel et artisanal au niveau industriel. La « Nihon Doga » est crée en 1947, pour plus tard devenir la « Toei Doga », à ne pas confondre avec la «Toei », autre studio qui devient plus tard, dès 1956, le plus grand studio du Japon. D'autres studios suivent le mouvement : la « Otogi » est crée en 1955 par Ryuichi Yokohama, considéré comme le père de l'animation japonaise après la guerre.108(*) La notion de spectacle se développe : l'animation en couleur se popularise ; la reconnaissance internationale commence, notamment grâce au film La Baleine réalisé par Noburo Ofuji en 1952, qui remporte un succès d'estime au festival de Cannes en 1953. Le studio de production de la Toei crée en 1956 son secteur d'animation et signe son premier grand succès en 1958, avec Le Serpent Blanc de Taiji Yabushita. Cet engouement provoque le début d'une nouvelle ère : celle de l'industrialisation du dessin animé, qui va marquer les trente années suivantes. Les studios se multiplièrent : le studio Kyodo, la Nihon Eiga, le studio Toho. En 1960, les productions de dessins animés pour la télévision se mettent en marche, marquées par l'arrivée d'Astro Boy en 1963, création d'Osamu Tezuka, le « dieu du manga ». La Toei devient alors le plus grand studio d'animation, produisant des milliers de dessins animés, dont les premiers en couleur pour la télévision, durant les années 1979 et 1980. En 1985, l'animation est devenue une telle industrie que l'on trouve plus de mille artistes à la Toei de Tokyo, et plus de dix mille professionnels de l'animation uniquement dans la ville de Tokyo.109(*) En parallèle, des studios indépendants s'ouvrent, avec des oeuvres auto-financées, telles que le Temple Dojoji de Kawamoto, en 1976, au style plus artistique et artisanal, et aux thèmes plus traditionnels. La particularité de Kawamoto est d'utiliser des marionnettes dans ses animations. Parmi les studios s'éloignant du modèle industriel de masse, nous pouvons noter la présence du studio Tezuka Prod, et la Mushi, fondés par Tezuka en 1961 et en 1973, qui organisent des festivals présentant des films internationaux.110(*) En 1960, la Kuri Sikken Manga Kobo produit des courts-métrages uniquement, avec une forte notion d'un « anti-cinéma », anti-conformiste et anti-industriel. Il faut également noter la présence de l'une des rares réalisatrices d'animation, Matsue Jinbo, qui réalise le film La petite marchande d'allumettes, produit par le studio Gakken et récompensé en 1967 au Prix de Copenhague.111(*) 1)b. Les séries téléviséesLes années 1970 et 1980 ont été l'époque du règne de la série d'animation japonaise, diffusée en Europe également, mais pas aux Etats-Unis, qui ferme à l'époque son marché à l'exportation de dessins animés japonais112(*). La promotion commerciale est indispensable : les chaînes de télévision vendent une plage horaire aux agences publicitaires ; celles-ci cherchent alors des sponsors parmi les fabricants de jouets, de friandises, et autres. Les épisodes à réaliser sont alors confiés à un studio sur la base des éléments nécessaires à sa promotion commerciale. Le marché de la cassette vidéo contribue à la prolifération de séries animées et longs-métrages ; une grosse partie esst alors sous-traitée par des studios souvent situés en Corée. Les revues de presse spécialisées voient le jour : Animage, Animac, Animedia, etc. Cette ère de l'industrialisation de masse du dessin animé a commencé avec Osamu Tezuka et Astro Boy dans les années 1960. Tezuka a en réalité appliqué les principes de production des grosses sociétés américaines, telles que Hanna Barbera : le principe est d'améliorer la vitesse de production en réduisant le nombre d'images par secondes à 5 au lieu de 15. Le résultat est alors d'améliorer la rentabilité, mais cela se fait au détriment de la qualité des productions. Comme l'écrit Giannalberto Bendazzi sur ce sujet, dans son ouvrage Cartoons, le cinéma d'animation de 1892 à 1992 : « Tous les studios vont adopter ces principes et la compétition à la plus grande productivité (au détriment de la qualité) devient la norme »113(*). La haute rentabilité, les grosses productions deviennent donc la norme, et le succès est au rendez-vous. Le plus gros producteur de séries télévisées de l'époque est la Toei. 114(*)Suivant l'exemple d'Osamu Tezuka et son studio Mushi, le studio d'animation de la Toei commence la production de dessins animés inspirés des mangas à succès de l'époque dès les années 1960.115(*) Parmi les plus grosses productions de la Toei, connues à l'échelle internationale, citons quelques exemples de séries diffusées sur les chaînes de télévision japonaises116(*) : -Calimero, réalisé par Yugo Serikawa, 47 épisodes diffusés sur les chaînes japonaises du 15 octobre 1974 au 30 septembre 1975. -Candy-Candy, de la scénariste Kyoko Mizuki et la dessinatrice Yumiko Igarashi, série diffusée sur les chaînes télévisées japonaises entre le 1er octobre 1976 et le 2 février 1979, en 115 épisodes. - Capitaine Flam, série réalisée par Tomoharu Katsumata, 52 épisodes diffusés sur les chaînes télévisées japonaises de 1977 à 1978. -Albator, réalisé par Rintarô, série diffusée sur les chaînes télévisées japonaises entre le 14 mars 1978 et le 13 février 1979. D'autres studios, tels que la Moshi ou la TMS, sont également auteurs de séries à succès. La TMS diffuse, entre autres, la série Lupin III, créée en 1971, diffusée jusqu'en 1972, puis sont diffusés de nouveaux épisodes entre 1977 et 1980. La série raconte les aventures de l'arrière petit-fils d'Arsène Lupin ; à la mise en scène, travaillent Isao Takahata et Hayao Miyazaki.117(*) Citons encore les séries Goldorak, Princesse Sissi, L'île au trésor, Rémi sans famille, Sherlock Holmes, Conan le fils du futur ou encore Tom Sawyer, emblématiques de cette ère de production massive du dessin animé, et de la domination des chaînes internationales par les studios japonais. A la fin des années 1970, le regain d'intérêt pour le long-métrage cinématographique permet d'adapter de nombreuses séries pour le cinéma, propulsant certains réalisateurs issus du gros studio de la Toei dans cette voie: c'est le cas, entre autres, d'Hayao Miyazaki. Mais la véritable reconnaissance de l'animation japonaise en tant qu'oeuvre cinématographique doit se faire à la fin des années 1980.118(*) * 104 Bellefonds Francis, Histoire de l'anime, paru en janvier 2000, page consultée le 11 février 2011, revue Chronicart, <www.chronicart.com/webmag/article.php?page=1&id=1067> * 105 Bendazzi G. Cartoons, le cinéma d'animation de 1892 à 1992, Mayenne, éd. Liana Lévi, 1991, p.131 * 106 Ibid, p. 132 * 107 Bellefonds Francis, Histoire de l'anime, paru en janvier 2000, page consultée le 11 février 2011, <www.chronicart.com/webmag/article.php?page=1&id=1067> * 108 Bendazzi G. Cartoons, le cinéma d'animation de 1892 à 1992, Mayenne, éd. Liana Lévi, 1991, p.133 * 109 Ibid, p.580 * 110 Ibid, p.584 * 111 Ibid, p 581 * 112 Ibid, p.580 * 113 Bellefonds Francis, Histoire de l'anime, paru en janvier 2000, page consultée le 11 février 2011, <www.chronicart.com/webmag/article.php?page=1&id=1067> * 114 Bendazzi G. Cartoons, le cinéma d'animation de 1892 à 1992, Mayenne, éd. Liana Lévi, 1991, p.275 * 115 Jetblack, Historique : les séries télévisées Tôei Animation, paru en décembre 2008, page consultée le 14 février 2011, <www.mata-web.com/anime-manga/index.php> * 116 ibid * 117 Jetblack, Historique : TMS et Madhouse, la qualité avant tout, paru en février 2009, page consultée le 14 février 2011 <www.mata-web.com/anime-manga/index.php> * 118 Bellefonds Francis Histoire de l'anime, paru en janvier 2000, page consultée le 11 février 2011, <www.chronicart.com/webmag/article.php?page=1&id=1067> |
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