3)c. La violence, la
guerre
La violence et les dégâts que celle-ci peut avoir,
non seulement sur les populations, mais aussi sur la Nature, sont un sujet que
Miyazaki exploite. Nous pouvons penser que le réalisateur a ce sujet
à coeur en raison d'une enfance passée dans le Japon
d'après-guerre, après les catastrophes nucléaires. Ce
dernier n'oubliera jamais les horreurs que l'Homme est capable d'engendrer et
à quel point il ne craint pas la destruction totale. Le film
Nausicaä de la vallée du vent montre bien ces
idées. Mettant en scène un monde apocalyptique, où l'Homme
a détruit sa planète et pollué chacune de ses ressources
vitales, Miyazaki met son public en garde contre les méfaits de la
pollution, des progrès qui provoquent cette pollution mais aussi contre
la facilité de la violence. En effet, l'héroïne,
Nausicaä, refuse de répondre à la violence des peuples
voisins qui cherchent à détruire la forêt, jugée
responsable de la destruction de la planète. Sachant que ce sont les
Hommes eux-mêmes qui ont détruit leurs terres, Nausicaä
préfère convaincre qu'entrer dans un conflit violent.
L'histoire met ainsi en scène la difficulté de
rester pacifique dans un monde violent, mais en montre les conséquences
positives. Connaissant les traumatismes qu'a laissés la Seconde guerre
mondiale au Japon, il est aisé de voir le lien à faire entre les
films de Miyazaki et les thèmes qui préoccupent la
société japonaise depuis ces évènements. Une
scène de Nausicaä de la vallée du vent montre clairement une
allusion aux dégâts nucléaires. La scène montre une
explosion en forme de « champignon », rappelant l'explosion
de la bombe atomique. L'un des personnages dit aussi :
« Incroyable, alors voici l'arme qui a détruit la
planète ». Miyazaki fait une allusion directe aux dangereuses
conséquences de l'arme nucléaire. Les paroles d'O-baba, vieille
sage du village, maintiennent cette allusion et étoffent le message
anti-guerre du réalisateur : « L'homme ne peut vivre en
harmonie sur cette planète s'il est esclave d'une arme aussi
puissante ».
Scène extraite de Nausicaä de la vallée du
vent, rappelant les explosions atomiques de 1945 (01 : 43 : 04)
Mais sa vision des personnages violents, des différents
partis lors de conflits, est nuancée. Ainsi, par exemple, les
personnages perçus comme négatifs par rapport à la
question de la Nature dans Princesse Mononoké ne sont pas
forcément des êtres mauvais, d'un point de vue social : Dame
Eboshi par exemple, meneuse du village des forgerons souhaitant détruire
les dieux de la forêt, croit réellement aider son peuple et agir
au mieux. Mais derrière ce souhait, se cache aussi le besoin de pouvoir,
à travers son marché de fer et d'armes, lui rapportant argent et
prospérité, au détriment de la forêt.
La façon qu'a Miyazaki de décrire ses personnages
violents nous permet de comprendre sa vision non-violente de ce qu'est un acte
juste. Ces derniers sont en effet souvent ridicules, belliqueux, sûrs de
leurs idées. Miyazaki nous dresse un portrait des défauts de
l'Humain, qui a trop souvent recours à la violence pour résoudre
chaque problème ; et Miyazaki cherche à montrer que la
violence n'est pas une solution. Dans Nausicaä de la vallée du
vent, l'héroïne refuse le combat ; dans Princesse
Mononoké, les combats laissent chaque parti avec des dommages
irréparables (dame Eboshi a le bras arraché, de nombreux hommes
meurent, le Dieu de la Forêt est tué).
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