La baie d'Ambodivahibe : un projet d'Aire
Marine
Protegee dans le Nord de Madagascar
La difficile prise en compte de la dimension
territoriale de la protection de la Nature
PROTEGE.? AmEtaIDIVAHi BE ET AMMO POUR NOS ENFANTS
rARE .1,1.111,S111P11: V,D VOR
Memoire de Master 1 Geographie « Developpement,
territoires et cultures »
Directeur de recherche : M. AMELOT Xavier
Stage effectue en partenariat avec Conservation
International et le Service d'appui a la gestion de
l'environnement (antenne regionale de Diana)
SAINT-GUILY Jean-Xavier 2008/2009
|
|
ilrtiversite Montaigne Michel de lvle'r Bordeaux 3
|
iUMR 5185
|
Sommaire
Introduction 4 p
Partie 1 : Contextualisation problématique 6
p
1. Préoccupations actuelles vis-à-vis de
l'environnement marin 6p
1.1 L'importance des milieux marins et littoraux à
l'échelle mondiale 6 p
1.2 Un environnement marin subissant des pressions croissantes 6
p
1.3 Une mobilisation internationale encore récente 7 p
2. Vers de nouveaux instruments de gestion des
espaces
marins et littoraux : les Aires Marines
Protégées 9 p
2.1 Emergence du concept et cadre théorique 9 p
2.2 Les AMP, un phénomène récent d'une
ampleur mondiale 10 p
2.3 Des enjeux territoriaux importants et spécifiques aux
AMP 10 p
2.4 Les orientations actuelles de la conservation, un constat
qui pousse à la remise en question 13 p
3. La gestion intégrée de l'environnement,
une démarche difficile à mettre en oeuvre 14 p
3.1 Un nouveau paradigme environnemental dans les années
1990 14 p
3.2 La redéfinition théorique des principes de la
conservation 14 p
3.3 Une mise en oeuvre qui rencontre de nombreuses
difficultés 16 p
4. La problématique de l'environnement marin
à Madagascar 16 p
4.1 Littoraux et milieux marins, des richesses menacées
sur l'île rouge 16 p
4.2 Mégadiversité et pauvreté à
l'origine d'un système d'acteurs complexe 18 p
4.3 Les AMP à Madagascar, un choix politique dicté
par l'extérieur 20 p
4.4 Une gestion conflictuelle et souvent difficile 21 p
Partie 2 : Analyse du processus de création de
l'AMP de la baie d'Ambodivahibe 22 p
1. Méthodologie d'une analyse
circonstanciée 22 p
1.1 Approche problématique et critique d'un projet en
pleine effervescence 22 p
1.2 Entretiens informels et observation participante à la
base de la collecte des données 22 p
1.3 Méthode et outils d'analyse 23 p
2. Ambodivahibe, une AMP impliquée dans le
développement régional 24 p 2.1 La Diana, une
région phare pour le tourisme balnéaire et environnemental
malgache 24 p
2.2 Un projet d'AMP sur un territoire aux enjeux forts 25 p
2.3 Une procédure de création complexe où le
local aurait sa place 27 p
2.4 De l'international au local, un projet marqué par
la diversité scalaire des acteurs impliqués 28 p
2.5 Depuis janvier 2009, un pays au coeur d'une crise politique
importante 29 p
3. La création d'une AMP dans la baie
d'Ambodivahibe 29 p
3.1 Déroulement chronologique du processus 29 p
3.2 Focalisation sur les éléments centraux dans
l'établissement de l'AMP 33 p
4. Analyse du projet 38 p
4.1 Une prédominance de l'approche conversationniste et
des critères internationaux 38 p
4.2 La dynamique générale du projet, une preuve du
caractère exogène de l'AMP 39 p
4.3 Une mobilisation d'acteurs à l'origine d'une situation
complexe 40 p
4.4 Des modalités d'action à l'origine d'une
connaissance limitée du territoire 42 p
4.5 La divergence des logiques d'action mise en évidence
par une analyse multiscalaire 42 p 4.7 Les limites de la démarche
d'analytique mise en oeuvre 42 p
5. L'intégration locale, le point faible du
projet 44 p
5.1 De la pensée globale à un blocage local 44
p
5.2 Un état de fait qui semble pouvoir s'expliquer 45
p
6. Quelques orientations pour sortir de l'impasse 46
p
6.1 La diversité de l'information au coeur de la
compréhension du territoire 46 p
6.2 Une nouvelle approche du développement et de
l'intervention technique 47 p
Conclusion 48 p
Annexes
Bibliographie thématique
Introduction
Concernant près de 120.000 sites naturels de par le
monde, les Aires Protégées (AP) sont des instruments
d'aménagement de plus en plus répandus. Mises en place
actuellement par de nombreux Etats, elles ont en partie pour objectifs la
réponse aux enjeux environnementaux mondiaux (Despraz, 2008). Dans la
perspective d'une réflexion générale concernant la gestion
environnementale, il semble nécessaire d'approfondir les connaissances
à leur sujet. La question des interactions entre les AP et les
différents contextes locaux ou nationaux au sein desquels elles
s'insèrent semble primordiale.
Le travail de recherche présenté dans ce
mémoire concerne la mise en place des Aires Marines
Protégées (AMP) à Madagascar. Les AMP reposent comme
toutes les AP sur l'instauration d'un régime de droit spécial
visant à préserver l'environnement et les ressources naturelles.
Elles s'appliquent aux espaces marins et littoraux reconnus pour leur
spécificité et jusqu'alors quelque peu délaissés
par ce type de mesure. On entend par leur mise en place, l'ensemble des
montages institutionnels, des processus d'analyses et d'actions mis en oeuvre
sur les territoires concernés et à tous les autres niveaux
d'intervention. Les notions de gestion environnementale, de
représentation spatiale, de territoire ou encore de jeux d'acteurs se
situent au coeur de cette démarche qui s'inscrit dans les champs de
l'aménagement et de la géographie sociale.
Le phénomène des AMP est encore relativement
récent et actuellement en pleine essor. Associé à
l'avancée conceptuelle que représente le classement d'espaces
maritimes, elles suscitent de nombreuses questions. A Madagascar, la
mégadiversité biologique, la pauvreté et le
surinvestissement des acteurs internationaux dans la gestion environnementale
sont à l'origine d'enjeux considérables. Ces derniers sont
relatifs à la conservation, au développement ainsi qu'aux
influences stratégiques opérantes à l'échelle
mondiale. L'intérêt du sujet choisi réside principalement
dans les spécificités propres aux AMP et au contexte
environnemental malgache. En effet, leurs interactions semblent potentiellement
fortes. Ce travail sur la mise en place des AMP à Madagascar me permet
également d'aborder les dimensions territoriales de la gestion de
l'environnement au travers d'une démarche précise et critique
propre à la recherche scientifique. Elle s'effectue de plus dans un
contexte géographique que j'envisage professionnellement.
La Protection et la gestion des espaces marins se
révèlent particulièrement complexes (Chabou et al, 2008).
Les AMP présentent d'ailleurs des enjeux territoriaux
particulièrement prégnants (Cazalet, Weigel, 2007). Vu les enjeux
liés à la biodiversité ainsi que les relents
conversationnistes observés ces dernières années à
Madagascar (Méral, 2006 ; Rakoto, 2008), on peut s'interroger sur la
façon dont les AMP s'inscrivent dans l'évolution actuelle de la
gestion de l'environnement du pays. Quels sont les acteurs en jeu ? Quelle est
la place réelle de l'échelle internationale qui semble
très impliquée et surtout quels sont au niveau local les
conséquences de ses interactions avec les territoires concernés
?
Dans leur mise en place, les AMP pourraient bien contribuer au
renforcement des concepts conversationnistes stricts à Madagascar.
L'étude détaillée d'un projet de création
actuellement en cours sur la baie d'Ambodivahibe permet de développer
une analyse concrète et contextualisée du sujet. Après la
clarification du phénomène des AMP ainsi que le paradigme
environnemental intégrateur, seront abordées la
problématique marine et les modalités de la gestion
environnementale malgache.
La présentation synthétique de l'analyse du
projet sera suivie d'une réflexion sur son cadre paradigmatique.
L'approche développée par les opérateurs tout comme le
contexte mondial et national de la conservation semble être à
l'origine de nombreux conflits et à mettre en relation
avec un réel renforcement de l'idée de
conservation. La globalité de ce travail fournit une vue d'ensemble
nécessaire à la compréhension des éléments
mis en évidence.
Partie 1 : Contextualisation problématique
1. Préoccupations actuelles vis-à-vis de
l'environnement marin
1.1 L'importance des milieux marins et littoraux à
l'échelle mondiale
Occupant 70% de la surface du globe, les océans sont
d'une importance considérable à l'échelle
planétaire. Ils représentent un système naturel à
l'organisation complexe fonctionnant à l'échelle
planétaire.
De par leur biodiversité et leur productivité
biologique les milieux marins représentent des espaces clefs pour les
sociétés humaines. La concentration démographique et
économique sur les littoraux en est une belle illustration (Miossec et
al, 1998). On parlera en premier lieu du rôle de régulation
écologique que les milieux marins assurent. Le fonctionnement de ses
écosystèmes complexes assure une certaine « stabilité
» de l'environnement local et mondial nécessaire au
développement des sociétés. Leur rôle est
également alimentaire et économique. L'exploitation des
ressources diversifiées et abondantes fournit des protéines et
des matières premières (parfois rares) en quantité
importante. Ces milieux représentent aussi une voie de communication
indispensable au fonctionnement économique mondial (prés de 90%
du tonnage commercial international est transporté par voie maritime
(Macardon, 2008). Enfin soulignons la dimension géopolitique des espaces
marins qui sont en partie appropriés et permettent ainsi aux
états d'asseoir leur stratégie économique, commerciale ou
militaire (Sanguin et al, 1999). Sur leur partie internationale, les enjeux
pour le contrôle sont particulièrement forts.
1.2 Un environnement marin subissant des pressions
croissantes
Au coeur du fonctionnement des sociétés, les
milieux marins sont de plus en plus sollicités. Le développement
industriel, économique et social à l'oeuvre depuis deux
siècles est à l'origine de pressions croissantes sur
l'environnement océanique et littoral (Miossec, 2001).
Les ressources halieutiques longtemps
considérées inépuisables ont été et sont
toujours clairement surexploitées (Sann, 1997). La pêche
industrielle joue un rôle majeur dans cette dynamique. Les
réflexions sur la gestion de la ressource et des stocks y sont longtemps
restées marginales (Guilloux, 2004). Les pêches artisanales et
traditionnelles sont également concernées par la diminution des
ressources disponibles. Principalement pratiquées dans les pays des
Suds, les fortes pressions qu'elles exercent actuellement sont à mettre
en relation avec l'évolution du contexte socioéconomique de ces
derniers (Cormier-Salem, 2006).
Figure 1 : La pêche traditionnelle à
Madagascar, un contexte en mutation à l'origine de nouvelles
pressions (D'après Chaboud, 2006, 2007)
La dégradation des milieux marins est effective et
s'observe à l'échelle mondiale (Sann, 2008). Les scientifiques y
voient en premier lieu une conséquence directe de la surexploitation des
ressources. Mais cette dégradation est aussi une issue de
l'aménagement des milieux naturels et du développement
d'activités fortement impactantes. En tant qu'espaces attractifs aux
dynamiques fortes, les littoraux sont directement concernés :
industries, tourisme, transports (Sanguin et al, 1999). De nombreux
écosystèmes particulièrement fragiles ou rares sont ainsi
menacés de disparition à l'échelle de la planète.
Les récifs de corail dont 10% de la surface totale a déjà
été détruite et dont 52% est considérée en
sursis (Montaggioni, 2007) est un exemple flagrant. Le cas des mangroves est
aussi préoccupant puisqu'on estime que la moitié de leur
répartition a disparu en cent ans (UICN 2005). Les espèces
animales et végétales sont également concernées par
des menaces d'extinction. En 2008 la proportion d'espèces marines dans
la liste rouge de l'UICN est impressionnante si ce n'est majoritaire. La
situation est depuis une trentaine d'années de plus en plus
préoccupante et suscite une réflexion au niveau mondial.
1.3 Une mobilisation internationale encore
récente
Les connaissances concernant le fonctionnement des
écosystèmes marins ainsi que la biodiversité qui y est
associée sont très limitées. Il resterait encore 99% des
espèces marines à découvrir (Brunel, 2005). Les
difficultés d'accès et d'investigation sont en partie
responsables de ce relatif désintérêt de la part de la
communauté scientifique.
La faiblesse et le caractère très restreint des
mesures de protection sont des éléments préoccupants pour
la communauté scientifique. Pendant longtemps la législation
internationale n'a pas cerné réellement le problème et
actuellement le classement d'espace protégé ne concerne que 0,6%
des océans. On peut l'expliquer par les problèmes de
connaissance, d'administration et de gestion des espaces maritimes mais aussi
par une focalisation sur les problématiques environnementales
terrestres.
Les enjeux d'une gestion «durable» des milieux
marins sont nombreux et à mettre en relation avec leur importance pour
nos sociétés. Les conséquences de la modification des
milieux marins sont très bien illustrées par le cas des petits
états insulaires. Vu l'intensité des relations qu'ils
entretiennent avec le milieu marin, ces derniers sont en effet directement
concernés (Bouchard. 2006). En réponse à ces enjeux et
sous la pression des lobbys conversationnistes on observe une prise de
conscience internationale et croissante depuis le début des
années quatre vingt (Koechlin, 2003).
Figure 2 : Chronologie d'une prise de conscience
internationale (D'après l'Agence Française des AMP,
2008)
C'est aussi sous l'effet de la globalisation de la conscience
environnementale, que les océans et les ressources marines sont de plus
en plus reconnue (Ibid). Mettant en avant leur importance vis-à-vis des
nouveaux enjeux planétaires, la mobilisation se concentre sur la
nécessité de mettre en place des actions concrètes
à toutes les échelles : nationale, régionale et mondiale.
Cependant ces accords de principes et d'objectifs sont des conventions
internationales signées dans un contexte particulier et dont la
ratification répond parfois à des enjeux stratégiques.
Qu'en est-il de leur application et de leur intégration dans les
législations nationales ? La création d'Aires Marines
Protégées y est un point particulièrement mis en avant qui
mérite une attention particulière.
2. Vers de nouveaux instruments de gestion des espaces
marins et littoraux : les Aires Marines Protégées
2.1 Emergence du concept et cadre théorique
Depuis plusieurs décennies, les aires
protégées sont considérées par les acteurs de la
conservation comme des instruments efficaces en matière de
préservation de la biodiversité et de gestion de l'environnement.
La nécessité de concrétiser les approches conceptuelles et
de trouver des modes d'action opérationnels concernant l'environnement
marin a est à l'origine du concept d'Aire Marine Protégée
(AMP). L'existence au Kenya depuis 1967 du premier parc national marin ou
encore le célèbre Parc National du banc d'Arguin
créé en 1976 en Mauritanie montrent que de telles structures
existaient cependant depuis bien longtemps. Les avancés conceptuelles
récentes se trouvent par contre dans la reconnaissance de leurs
spécificités, de leur pertinence et de l'urgence d'une
généralisation de leur dynamique de création (Weigel,
2007).
Les acteurs de la conservation ont largement contribué
à la formalisation et la promotion du concept. D'après l'Union
Internationale pour la Conservation de la Nature, les AMP se définissent
comme « Tout espace intertidal ou infratidal ainsi que ses eaux sous
jacentes, sa flore, sa faune, et ses ressources historiques et culturelles que
la loi ou d'autre moyen efficace ont mis en réserve pour protéger
en tout ou en partie le milieu ainsi délimité. » (UICN,
Congrès de Geelong 2005)
On retrouve dans cette définition les principes de base
de toute aire protégée : la mise en réserve d'un espace. A
l'origine se place une volonté éminemment politique et bien
souvent étatique d'orientation et de spécialisation du territoire
dans une optique de préservation des ressources et des espaces naturels.
Cette volonté se traduit concrètement par la délimitation
d'un espace légal permettant des opérations de police
administrative censées assurer la réalisation des objectifs de
gestion déterminés au préalable. (Despraz, 2008)
Une des spécificités des AMP repose sur le
caractère marin des espaces qu'elles concernent, Ces derniers n'ayant
jusqu'alors que très peu été protégés ou mis
en réserve. L'espace d'application est vaste puisqu'il va
théoriquement du littoral jusqu'aux eaux internationales. Ce sont donc
des éléments du domaine public national ou international qui font
l'objet de mesures de protection.
Cette définition très large n'apporte de
précisions que sur l'objet de la mise en réserve qui
s'avère par ailleurs particulièrement complexe. Les niveaux de
protection, les modalités et les objectifs de gestion ainsi que les
réglementations ne sont pas abordés. A ne pas confondre avec un
statut de protection l'AMP est un concept répondant aux enjeux
liés à problématique de la gestion environnementale des
milieux marins. Son application est directement influencée par les
contextes nationaux, régionaux ou mondiaux où il s'applique.
(Cazalet, 2007)
2.2 Les AMP, un phénomène récent d'une
ampleur mondiale
Suite à leurs engagements internationaux, de nombreux
pays ont initié des plans d'action et des politiques nationales de
création d'AMP. Pour certains d'entre eux comme l'Equateur ou
l'Australie, cette mise en protection est déjà bien effective
puisqu'ils possèdent respectivement 12,5% et 7,5% de leur façade
maritime classée en AMP (Lefebvre, 2005). Mais ces derniers font figure
d'exception. Des réseaux régionaux ont vu le jour traduisant
l'implication des états et la globalité de l'approche mise en
place. Comme le montre le programme AMP de la Commission de l'Océan
Indien (COI) concernant Madagascar ou encore la Fondation Internationale pour
le Banc d'Aguin. Des programmes de coopération internationale Nord/Sud
se penchent également sur cette thématique (Weigel, 2007).
Au niveau mondial, le nombre d'AMP a triplé en 30 ans.
Sur les dix dernières années la surface concernée augmente
de 5% an (UICN, 2005), entre 2000 et 2005 le nombre d'AMP est passé de
4600 à 5127 (UICN, 2005). Le nombre de projets est impressionnant et
traduit une volonté clairement affichée de rattraper le retard en
matière de conservation marine. Les objectifs fixés au niveau
mondial sont de l'ordre de 15 % de la surface totale des océans
répartis en un réseau représentatif des différents
habitats marins à l'échelle de la planète.
Les pays en voie de développement sont
particulièrement concernés par le phénomène des
AMP. Majoritairement située en zone intertropicale, la
biodiversité marine de ces états est parmi la plus riche du
globe. Les enjeux liés à la gestion de l'environnement marin y
sont considérables dans un contexte de dégradation et de
surexploitation des ressources dont les populations sont
particulièrement dépendantes. Ce constat associé à
une certaine dramatisation environnementale concernant les pays du Sud, pousse
comme ont peut le voir à Madagascar les acteurs de la conservation
mondiale à surinvestir ces régions. Les projets d'AMP y sont donc
comme nous le verrons par la suite parfois très discutés.
2.3 Des enjeux territoriaux importants et spécifiques
aux AMP
Les projets d'AMP se caractérisent par la
présence sur le même espace de deux modes de constructions
territoriales : le littoral et les aires protégées. Ils
présentent donc des enjeux territoriaux issus des particularités
de chacune de ces constructions et résultants de leurs combinaisons. Il
semble donc que pour être efficaces les projets de conservation doivent
s'intégrer à la dynamique de gestion et de valorisation du
littoral ; d'autant plus que celle-ci ne semble pas toujours être
basée sur une gestion durable de l'environnement. Les
spécificités environnementales et territoriales des milieux
marins sont telles qu'une réflexion méthodologique approfondie
à propos des AMP apparaît indispensable. L'objectif étant
de développer des approches et des outils conceptuels appropriés
plutôt que de s'appuyer sur ceux habituellement utilisés en
conservation terrestre. A ces enjeux s'ajoutent ceux liés au contexte
politico-environnemental. Nous verrons leur importance dans le cas de
Madagascar. L'examen des caractéristiques de chacun des espaces
constituant les AMP apportera un éclairage concernant les enjeux
territoriaux inhérents à ce type de projet.
Les espaces littoraux
Les espaces littoraux sont caractérisés par
leurs singularités environnementales à l'origine d'une
attractivité importante (Miossec. 2001). Ils représentent des
systèmes plus ou moins anthropisés, polyfonctionnels et complexes
(cf : schéma en annexe) Les enjeux d'aménagement et de
développement y sont particulièrement forts. Ils reposent en
premier lieu sur la protection de ressources naturelles fragiles et fortement
sollicitées. Un deuxième enjeu important est la gestion de la
diversité des usages. En effet de nombreux acteurs aux logiques parfois
très différentes agissent sur les littoraux. S'il existe des
synergies entre les activités mises en place, les cas d'antagonisme sont
très fréquents. Ces enjeux placent les
espaces littoraux au coeur des mécanismes de la gestion
territoriale. La dimension politique de leur aménagement est claire :
« Les intérêts des groupes socioprofessionnels que l'on
rencontre sur les littoraux sont très différents et
fondamentalement antagonistes. Dans ce contexte les choix effectués en
matière d'aménagement et de développement du littoral ne
peuvent être que politiques. » (Miossec. 2001). On y
observe en effet une implication importante de nombreux services
étatiques plus ou moins décentralisés, associée
à une mobilisation sérieuse de tous les autres acteurs
concernés.
Les spécificités environnementales et
territoriales des littoraux en font des espaces complexes
caractérisés par un entrecroisement de diverses entités
(terre/mer, espaces naturels/espaces de loisirs) ainsi qu'une superposition
d'échelle d'analyse et d'action relative à l'ampleur et la
prégnance de leurs enjeux territoriaux (Corlay, 1999).
Figure 3 : Le système littoral, une structure
spatiale (D'après Corlay, 1999)
Les aires protégées
Créant une zone de droits spéciaux en vue
d'assurer la conservation d'éléments du patrimoine naturel,
l'Aire Protégée (AP) repose sur un phénomène de
discontinuité spatiale important. (Gay, 2003). La mise en protection
d'un espace par le biais de son classement a des impacts importants sur les
territoires concernés. On observe tout d'abord une recomposition
spatiale : les zonages environnementaux sont des éléments
nouveaux dans le territoire. Ils vont conférer aux différents
espaces des valeurs et des règles particulières. Les interdits
d'accès, d'usages ou de pratiques sont tels que l'on observe une
dépossession territoriale. C'est ainsi que vont fortement évoluer
les systèmes d'activité, d'accès et de
représentation sur le territoire (Giraut, Guyot et Houssay-Holzscuch,
2004).
Figure 4 : La friction territoriale entre un espace
protégé et une société locale (Depraz,
2007, d'après les concepts de Debarbieux, 1995)
L'intervention au niveau local de politiques étatiques
ou internationales génère une perturbation des systèmes de
pouvoir en place. La redéfinition des enjeux et des valeurs liées
à la gestion de l'espace engendre une friction territoriale (Despraz,
2008) ainsi qu'une évolution des potentiels de richesse et
d'autorité pour les acteurs du territoire. Il en résulte une
redistribution des pouvoirs influencée par les normes et les objectifs
de l'AP (Dahou et al, 2004). Les interactions entre les acteurs locaux y jouent
également un rôle important, en effet la restructuration
territoriale est une période de transition, propice au repositionnement
stratégique des acteurs.
Entre les acteurs de la conservation et les
sociétés locales, les perceptions et la nature des relations
vis-à-vis de l'environnement sont divergentes. L'instauration d'une AP
entraîne des donc conflits de représentation. La nature et ses
éléments patrimoniaux sont ainsi redéfinis selon les cas
au travers de différentes orientations : rationalisation,
démystification, cristallisations des conflits et des revendications.
En plus de ce bouleversement des rapports à
l'environnement, l'AP et en particulier sa dynamique de projet active des
mécanismes psychologiques très profonds chez les
populations dont le territoire est concerné (Despraz,
2005). La perception de cette dernière influence le positionnement des
individus. Des sentiments traumatiques et de dépossession symbolique
sont également ressentis. Ils s'accompagnent souvent de relations
conflictuelles, violentes et infantilisantes avec les promoteurs de l'AP. Il en
résulte des attitudes de réactance ou de résignation
influençant le comportement collectif des acteurs locaux et la gestion
de l'Aire protégée en elle même. (Laslaz, 2006)
Figure 5 : Positionnement individuel par rapport
à l'espace protégé(Despraz, 2008)
Figure 6 : Traduction collective et impact sur la
gestion de l'espace protégé (Despraz, 2008)
2.4 Les orientations actuelles de la conservation, un
constat qui pousse à la remise en question
Le recours aux AMP pour répondre aux enjeux
environnementaux marins semble généralisé. Ce constat nous
invite à poser la question des fondements conceptuels de cet instrument
de conservation. Dans les années 1990, l'implication des chercheurs en
sciences sociales sur les problématiques de la gestion de
l'environnement et des relations entre nature et société a permis
une certaine prise de conscience (Blanc-Pamard et Boutrais, 2002).
Les dynamiques et le fonctionnement des
écosystèmes sont d'une grande complexité que la biologie
est bien loin de pouvoir appréhender. Les relations entre les hommes et
leur environnement sont en partie influencées par des facteurs externes
à la sphère environnementale : culture, économie, climat
politique. La gestion de l'environnement a donc évolué
sensiblement vers une prise en compte des dimensions sociales et locales. Les
acteurs de la conservation ont été dans un premier temps
contraints de tenir compte et d'intégrer ces notions dans leurs
discours. Par la suite, on a constaté les nombreux échecs ainsi
que les réels blocages auxquels a abouti cette approche novatrice.
L'efficacité des programmes et des actions de conservation participative
a été très aléatoire (Aubertin et Rodary, 2008).
Les difficultés rencontrées à Madagascar par le programme
GELOSE censé déléguer au niveau local la gestion des
ressources naturelles le montrent bien (Bertrand, 2006).Leur mise en oeuvre est
à l'origine de nombreux conflits territoriaux, identitaires et
fonciers.
Passée cette phase de déstabilisation pour les
conversationnistes radicaux et vu les difficultés rencontrées, on
a vu réapparaître à partir du 5eme Congrès mondial
sur les AP de 2003 des procédures plus administrées, très
orientées vers la conservation stricte (Méral et
Raharinnirina-Douget, 2006). Ce constat soulève des questions relatives
aux orientations réelles et effectives que prend la conservation ?
L'analyse de cette considération passagère du social et local
dans l'environnement ainsi que de ses conséquences permettra de mieux
comprendre le contexte actuel et les orientations que prend la gestion
environnementale.
3. La gestion intégrée de l'environnement,
une démarche difficile à mettre en oeuvre
3.1 Un nouveau paradigme environnemental
intégrateur dans les années 1990
L'évolution du paradigme environnemental repose sur un
élargissement des objectifs de la protection de la nature vers des
considérations non-écologiques et plus largement sociales. A
l'origine se situe un changement dans les représentations liées
à la nature (cf : schéma en annexe). La nouvelle éthique
environnementale consiste à tenter une intégration de l'homme et
de la nature. Les principes du développement durable ont fortement
influencé cette réflexion. Le système « environnement
» doit être pris en compte dans sa globalité
géographique. (Blanc-Pamard et Boutrais, 2002)
Il est important de noter que le passage d'un paradigme
à un autre n'est pas immédiat. Des résistances politiques
et sociales apparaissent. Elles engendrent une situation de cohabitation entre
les deux paradigmes pas toujours évidente.
3.2 La redéfinition théorique des principes
de la conservation
L'approche conversationniste mise en place jusqu'au
début des années 1990 repose sur une perception figée de
l'environnement où la notion d'équilibre des
écosystèmes tient une place centrale. Pour les acteurs de la
conservation, les relations entre la nature et les sociétés
étaient envisagées de manière simple et mécaniste.
L'absence de considération associée à
l'incompréhension des populations locales a abouti à les
considérer comme incapables d'assurer la gestion de leur environnement.
Dans les pays des Suds, l'ethnocentrisme des experts occidentaux a très
longtemps appuyé ces jugements hâtifs. La nature avait donc besoin
d'être protégée pour elle-même et défendue par
rapport aux agressions d'origine anthropique. La dimension
anthropogénique des territoires était expressément
ignorée.
|
L'espace
protégé selon l'approche
radicale avant les années 1990
|
L'espace
protégé selon l'approche
intégrée dans les années
1990
|
Conception De
l'espace protégé
|
Conçu comme une unité Séparé de
gestion est autonome
|
Eléments d'un système de protection
multiscalaire (du régional à l'international)
|
Protège seulement l'existant, de manière
fixiste, sans gestion évolutive
|
Inclut la restauration d'éléments disparus,
selon une approche interventionniste et évolutive
|
Protège la nature et les paysages sans
objectifs d'utilisation
|
Protection multifonctionnelle (écosystèmes,
recherche, tourisme, production, culture)
|
Elément ayant une valeur nationale voire
universelle
|
Elément ayant à la fois une valeur universelle
et une valeur locale
|
Etablissement de l'espace
protégé
|
Etabli de manière technocratique (politique
top down)
|
Etabli de manière concertée voire sur
initiative locale (politique bottom-up)
|
Etabli par un contrôle des populations locales,
sans tenir compte de leurs attentes sociales, sans participation
|
Etabli pour aider au développement local, selon un
principe de cogestion voire de gestion décentralisée
|
Gestion de
l'espace protégé
|
Géré comme un « isolat » de nature
coupé des autres espaces
|
Géré en relation avec d'autres territoires
protégés, liés par des « corridors biologiques
» et des « environnements ruraux »
|
Géré de manière
réactive, à court terme
|
Géré de manière adaptative, à
plus long terme en fonction de l'expérience
|
Géré par des scientifiques exclusivement,
approche sectorielle (écologie)
|
Géré par des personnels ayant plusieurs
compétences, notamment en sciences sociales
|
Avantages de
l'espace protégé
|
Bénéfices écologiques
évidents, non questionnés
|
Bénéfices écologiques
évalués et quantifiés régulièrement
|
Bénéfices sociaux exogènes (visiteurs
exclusivement)
|
Bénéfices sociaux pluriels (profite aux
populations locales)
|
Figure 7 : Concrétisation du changement de
paradigme appliqué aux Aires
Protégées (D'après Borrini-Feyerabend,
2005)
Dans les années 1990, la conservation est
repensée et de nouveaux principes théoriques émergent.
Comme le montre le glissement paradigmatique du radical à
l'intégré, le cadre conceptuel s'élargit aux dimensions
sociales et territoriales des problématiques liées à
l'environnement (Despraz. 2008). Ce retournement stratégique
représente un réel progrès pour les chercheurs en sciences
sociales : « Les populations locales commencent à exister de
manière concrète, on entrevoit leur
hétérogénéité et leur complexité, on
les devine imaginatives, préoccupées de leur propre devenir, on
efface l'image des gens enfermés dans l'immuable, indifférents ou
inaptes au progrès » (Boutrais. 2002).
Les enjeux sociaux et politiques de la gestion de
l'environnement font l'objet de plus d'attention. Les AP se voient
déclinées en plusieurs catégories par l'UICN afin
d'affiner les objectifs de conservation selon les cas (cf :
récapitulatif des catégories en annexe). Les modes de gouvernance
sont au coeur des préoccupations afin de s'assurer du caractère
démocratique des décisions. Ces orientations ont
été largement reconnues et font même partie
intégrante de la conditionnalité des financements alloués
par les bailleurs.
Toutes ces évolutions invitent à
redéfinir les politiques institutionnelles ainsi qu'à imaginer de
nouveaux modes d'action et des outils méthodologiques adaptés.
Elles ont posé beaucoup de problèmes dans leur mise en oeuvre et
sont loin d'avoir été effectives.
3.3 Une mise en oeuvre qui rencontre de nombreuses
difficultés
Malgré tous les discours et les déclarations
d'objectifs qui se sont succédés, force est de constater que la
greffe a eu du mal à prendre. La mise en oeuvre du paradigme
intégrateur est visiblement problématique. Les limites et les
travers de cette démarche sont d'ailleurs actuellement reconnus et de
mieux en mieux appréhendés. Apparaît en premier lieu
l'inefficience du paradigme largement démontrée : une
participation illusoire et instrumentalisée (Fauroux, 2002, 2004, 2006 ;
Blanc-Pamard, 2004 ; Blanc-Pamard et Fauroux, 1997), des travers importants du
concept de patrimonialisation (Joshua, 2008 ;
Weigel, 2007), une déviance de l'autochtonie (Dahou, 2007)
ou encore des défauts conceptuels liés à la participation
(D'Aquino, 2004, 2004).
Ensuite il faut prendre en compte la façon dont le
paradigme est mis en oeuvre concrètement. Même si les bailleurs
veulent que la dimension participative intègre le projet, ils exigent
avant tout des résultats rapides et probants, n'accordant pas toujours
les moyens et surtout le temps nécessaire à cette
démocratisation. Sur le terrain, les opérateurs se trouvent donc
bien souvent démunis et contraints de s'adapter à la
réalité de ces projets. Les diagnostics préalables
semblent encore extrêmement rapides et superficiels. La place faite
à la médiation dans les processus de participation et
concertation reste assez faible. L'approche sociale mise en oeuvre repose
principalement sur la compensation du préjudice local que
représente l'AP.
La mise en pratique du nouveau discours n'est donc pas
automatique pour les acteurs de la conservation ; ce dernier recouvre et
entérine encore des interventions très centralisées voire
dirigistes.
Les nouveaux concepts relatifs à la gestion locale de
l'environnement ont-ils vraiment amené des améliorations en
matière de compréhension des territoires par les acteurs
extérieurs ? Les projets de conservation génèrent toujours
des interactions fortes au niveau local et entre les différentes
échelles d'actions ou de décisions. Dans quelles mesures ces
dernières sontelles gérables et positives ?
Les relations d'assistanat ont-elles réellement
évolué vers des partenariats censés être plus
constructifs ? On doit s'interroger sur la réalité des
projets actuels de conservation. Sontils encore vraiment inspirés par le
paradigme intégrateur ou bien confirment t-ils un certain retour «
aux barrières ». Les problèmes rencontrés
à ce sujet sont-ils d'ordres méthodologiques, idéologiques
? Une analyse précise semble nécessaire pour identifier les
blocages effectifs.
4. La problématique de l'environnement marin
à Madagascar
4.1 Littoraux et milieux marins, des richesses
menacées sur l'île rouge
La grande île est actuellement reconnue comme un hotspot
de la biodiversité mondiale. Appelée aussi l'île «
continent », elle focalise toutes les attentions sur les
particularités de ses milieux terrestres. Mais avec près de
5000km de côte et plus de 250 îlots périphériques, la
dimension littorale et maritime est très présente dans
l'environnement malgache. Elle constitue également un
élément important de l'identité et de l'histoire du
pays.
Figure 8 : Une composante marine importante
associée à des milieux diversifiés (Photo :
Mungabay.com)
Les littoraux malgaches sont variés et
présentent une grande diversité de milieux naturels (Vasseur,
2004). Avec prés de 2.000 km2 de récifs et plus de 32.700 km2 de
mangroves (Cooke et al, 2004), Madagascar dispose encore de vastes superficies
de milieux considérés comme sensibles et menacés à
l'échelle mondiale. Insularité et tropicalité s'y
conjuguent générant une biodiversité marquée par
son endémisme et sa productivité. On y récence de
nombreuses espèces emblématiques des milieux marins tropicaux
(Lebigre, 1999).
Les littoraux et les milieux marins sont très
importants pour le pays. Ces derniers représentent des ressources
alimentaires (consommation locale de produits halieutiques) et
économiques (pêche industrielle à la crevette, pêche
traditionnelle et tourisme) à des niveaux tant locaux que nationaux
(Chaboud, 2002. Lebigre, 2000).
Ces espaces marins et littoraux sont marqués par une
évolution rapide sur les trente dernières années. Comme en
témoigne l'importance prise par la pêche industrielle et les
évolutions de la pèche traditionnelle, les pressions
exercées sur les ressources naturelles sont croissantes. L'accroissement
démographique et la paupérisation constante des populations y ont
également contribué (Chaboud, 2006, 2007). Le
développement de nouvelles activités (tourisme, industrie) et
l'étalement urbain représentent des pressions croissantes sur les
espaces (Vasseur, 2000). De nouvelles logiques de mise en valeur et
d'exploitation de l'environnement marin sont à l'oeuvre (Chaboud, 2007).
Elles semblent être guidées principalement par la
précarité et la rentabilité dans un contexte
d'aménagement et de développement insuffisamment cadré.
Concernant le sujet, un constat particulièrement
alarmiste est dressé par les scientifiques et les acteurs de la
conservation au niveau international. Erosion de la biodiversité,
dégradations des habitats, déséquilibre des
écosystèmes, les milieux littoraux et marins malgaches seraient
gravement menacés et les conséquences à toutes les
échelles devraient être considérées (Rapport COI,
2008).
4.2 Mégadiversité et pauvreté
à l'origine d'un système d'acteurs complexe
Avec 72% de la population vivant en dessous du seuil de
pauvreté (INSTAT, 2004), Madagascar fait partie d'après le PNUD
du groupe des pays les moins avancés. Le pays qui présente
également un fort taux d'endémisme spécifique de 87 %
(CIRS, 2006) présente une biodiversité remarquable. La
surmédiatisation de ces caractéristiques aboutit à une
certaine dramatisation de la situation sur la scène internationale. Les
enjeux liés à la préservation de la biodiversité et
des ressources naturelles face à d'importantes pressions ont
été largement mis en avant au travers d'une approche
particulièrement néomalthusienne (Sarrasin, 2007). Cette
situation alimente également une réflexion qui semble plus
constructive à propos des enjeux d'un développement s'appuyant
sur la valorisation de l'environnement (Méral, 2007).
Les politiques très actives du gouvernement en la
matière pourraient laisser penser que le pays s'est clairement
engagé dans cette voie comme en témoignent le Plan d'action
environnementale, un dispositif précoce et ambitieux de planification
sur 15 ans (Chaboud. 2007). L'état malgache s'est ainsi doté de
nombreuses institutions centralisées et d'agences d'exécution
responsables de la gestion de l'environnement sur le territoire. Le droit de
l'environnement a été développé aboutissant
à une charte et à un Code des Aires Protégés (COAP)
en 2001. La protection de la nature et des ressources naturelles
représente un domaine où l'état semble impliqué
dans une approche qui lui est propre. Les problématiques du feu et de la
déforestation en sont une bonne illustration. En effet on a
observé à ce sujet des mesures de répression parfois
démesurées associées à une propagande
environnementale manichéenne et particulièrement simpliste
(Bertrand, 2006). Plus récemment on a pu constater l'importance
politique de l'environnement à Madagascar au travers de la vision «
Madagascar naturellement » initiée par le président
Ravalomanana pour « guider » le pays dans son
développement.
Cette forte mobilisation étatique est en fait à
mettre directement en relation avec les très forte injonctions
environnementales des instances internationales (Banque mondiale, FAO) et des
ONG de la conservation. On constate une influence et une implication importante
de ces acteurs extérieurs dans la gestion de l'environnement de ce pays
qui bénéficie de nombreux programmes d'aide au
développement (Meral, 2006 ; Andriamahefazafi et Meral, 2004). Cette
aide est clairement conditionnée par la considération et la
préservation de l'environnement de la part du gouvernement. Ces
instances ont donc un droit de regard et par extension un pouvoir d'orientation
sur les politiques environnementales du pays (Sarrasin, 2007). Le PAE se base
sur un diagnostic des experts de la Banque Mondiale et des grandes ONG de
conservation auxquelles elle a fait appel. Il est directement inspiré
des recommandations de ces derniers. En se posant comme référant
technique, ces institutions imposent leurs concepts, leur point de vue,
définissent les problèmes, les objectifs et les moyens d'action.
(ibid)
Figure 9 : La gestion de l'environnement à
Madagascar : système d'influence et de flux
financiers (D'après Sarrasin, 2007 ; Méral, 2006 ;
Rokoto, 2002, 2008; Blanc-Pamard, 2007)
Les ONG de la conservation (WWF, CI, WCS) représentent
également des acteurs moteurs de la conservation. Ce sont elles qui
financent et le plus souvent supervisent la création ainsi que le
fonctionnement de la majorité des AP du pays. Leur implication au niveau
local est forte allant jusqu'à se positionner comme partenaires locaux
auprès des communautés même si elles interviennent en
principe par le biais de structures locales. Elles en tirent une
légitimité et un réel pouvoir leur permettant de faire
pression sur l'Etat malgache jusque dans la ratification des conventions
internationales (Méral, 2006).
Considérant ces politiques publiques d'inspiration
internationale particulièrement dépendantes de l'aide au
développement, on peut se poser la question du degré de
liberté dont le pays dispose quant à la définition de ses
choix de développement et d'action publique. La durabilité et
l'acceptabilité sociale de ces orientations
décrétées au niveau international suscitent
également quelques réflexions (Chaboud. 2007).
4.3 Les AMP à Madagascar, un choix politique
dicté par l'extérieur
Disposant d'un réseau d'AP relativement conséquent,
le pays a pu mettre sous protection plusieurs sites marins et littoraux. Une
des premières réserves sous marines du pays a été
crée à Nosy Tanikely en 1968, il s'en est suivi deux parcs marins
(Masoala en 1997 et Nosy Atafana en 1989) ainsi que deux autres réserves
établies en 1997 (Tampolo et Tanjona).
On constate cependant que depuis 2005 le gouvernement s'est
engagé dans une politique très active de création
d'AMP.
Type d'AP
|
effectif
|
Dénomination et date de
création
|
Parc Marin
|
5
|
Mananara (1989), Masoala (1997), Nosy Ve, (1999), Sahalamanza
(2007)
|
Réserve Marine
|
3
|
Nosy Tanikely (1968), Tampolo, Tanjona (1997)
|
Aire protégée marine et côtière
|
1
|
Velondriake (2005)
|
Réserve de biosphère
|
1
|
Grand Récif de Toliara (2003)
|
En cours de création
|
5
|
Baie d'Ambaro, Baie d'Ambodivahibé, Baie d'Antongil, Nosy
Tanikely, Nosy Ve-Toliara
|
Sites prioritaires pour la création d'AMP (retenues en
2005)
|
10
|
Sahamalaza, Grand Récif de Toliara, Nosy Hara, Nosy Be,
Archipel des Mitsio, Andavadoaka - Baie des Assassins, Baie d'Ambaro, Baie
d'Antongil, Morondava, Lokaro, Sainte-Luce.
|
Figure 10 : Les AMP à Madagascar, état de
lieux en 2009 (D'après la commission Environnement et
Pêche du SAGE, 2008)
Cette mobilisation arrive un peu tardivement par rapport
à l'avancée du phénomène au niveau mondial. Les
engagements pris à Durban en 2003 (triplement de la superficie des aires
protégées) par le président malgache en vue de satisfaire
les bailleurs de fonds sont à prendre en compte à ce sujet. Vu le
nombre de sites potentiels ainsi que la superficie des espaces
concernés, la contribution des AMP à la réalisation des
objectifs fixés s'est rapidement présentée comme
indispensable pour l'Etat malgache. La reconnaissance croissante des enjeux de
la conservation marine au niveau international a aussi joué un
rôle important. Selon les mécanismes d'influences
évoqués précédemment, elle est à l'origine
de pression supplémentaires de la part des instances internationales et
des ONG de la conservation pour que le pays mette enfin en place des actions
concrètes.
On assiste donc depuis 2005 à une dynamique rapide de
création d'AMP appuyée par la vision Durban et concernant
l'ensemble du territoire national (cf : cartographie des sites potentiels en
annexes). Elle implique sur le terrain différents organismes malgaches
(MNP, SAGE) mais surtout les ONG de la conservation qui comme le montre
l'implication du WWF à Nosy Hara ou encore celle de CI à
Ambodivahibé tiennent un place centrale dans les projets de
création. Des sites potentiels ont été dans un premier
temps identifiés, puis parmi une sélection de 10 sites reprenant
parfois des AP existantes les projets de future AMP ont été
initiés. Le programme national de création d'AMP est
planifié à court terme et vise avant tout à attribuer un
statut légal à un nombre suffisant de sites pour répondre
au calendrier politique et financier.
Le contexte environnemental malgache ainsi que les
spécificités du concept d'AMP en font en réalité
des projets qui s'annoncent difficiles et particulièrement longs (Amelot
et al, 2009).
Année
|
Etat d'avancement
|
2005
|
Identification de 29 sites potentiels
|
2006
|
Sélection de 10 sites prioritaires
|
2007
|
3 premières AMP obtiennent un statut de protection
|
2008
|
5 AMP en cours de création
|
2009
|
Finalisation de la création pour les 5 AMP restantes
|
Figure 11 : La mise en place des nouvelles AMP depuis
la vision Durban (D'après la commission Environnement et
Pêche du SAGE. 2008)
4.4 Une gestion conflictuelle et souvent
difficile
En dépit de l'importance du dispositif mis en place, la
gestion de l'environnement à Madagascar s'est toujours posée
comme difficile et potentiellement conflictuelle. Même s'il est loin
d'être figé et imperméable à la modernité, le
contexte local reste marqué par la ruralité, la
prépondérance des activités agricoles et la persistance
des modes d'organisation sociétale traditionnelle. La dépendance
des populations aux ressources naturelles y est donc très importante.
Les conflits ouverts ou larvés entre administrations/ONG/ populations
à propos de l'occupation des nombreuses aires protégées en
sont une bonne illustration (Weber, 1995). La dichotomie importante entre le
droit environnemental moderne et le droit coutumier (Muttenzer, 2006) traduit
bien le manque de relations entre les échelles nationales et locales
(Karpe, 2006). Les problèmes liés à la législation
et son application sont de plus en plus prégnants.
La baie d'Ambodivahibé fait partie des AMP en cours de
création. La procédure est lancée depuis Mars 2007 et
devait initialement aboutir au bout d'un an. Le projet a rencontré comme
beaucoup d'autres à Madagascar des difficultés récurrentes
d'intégration et de réalisation dans un climat de tensions entre
les acteurs (Méral et Raharinnirina-Douget, 2006). La création
définitive a été reportée à plusieurs
reprises et la situation au début de l'année 2009 était
loin d'être évidente. Comment expliquer les blocages que rencontre
la création de cette AMP ? Le manque d'implication et de participation
des acteurs locaux en est peut-être à l'origine. Il est
envisageable que les méthodes de travail des opérateurs ainsi que
le modèle conceptuel de la conservation à l'origine du projet
soient également en cause. Il semble bien qu'à ce sujet des
mesures de conservation directement inspirées des conventions
internationales rentrent en interaction directe avec le fonctionnement
traditionnel ou local du territoire concerné.
Partie 2 : Analyse du processus de création de
l'AMP de la baie d'Ambodivahibe
Cette étude de cas entend analyser la mise en oeuvre
concrète des concepts abordés dans la première partie du
mémoire. L'analyse du contexte et des agissements des différents
acteurs est au coeur de ce travail. Elle permettra d'affiner les enjeux et les
blocages propres à la gestion de l'environnement à Madagascar.
1. Méthodologie d'une analyse
circonstanciée
1.1 Approche problématique d'un projet en pleine
effervescence
Ce travail a pu être réalisé avec la
collaboration du Service d'Appui à la Gestion de l'Environnement (SAGE)
de la région de Diana. Cet organisme malgache chargé de la
création de l'AMP à Ambodivahibe m'a accueilli en tant que
stagiaire pendant un mois et demi durant lequel j'ai mené une
réflexion approfondie sur ce projet. Ce stage s'est
déroulé dans un contexte assez particulier. Il intervenait en
effet lors d'une phase particulièrement active du processus de
création de l'AMP, caractérisée par un climat de tensions
intenses entre les opérateurs du projet et les communautés
locales concernées. En outre, ce travail a été
réalisé durant une période de tension politique
extrême au niveau national, la Haute Autorité de Transition venait
juste de prendre le pouvoir. Durant cette période d'effervescence,
où la totalité des acteurs étaient mobilisés, j'ai
donc pu les observer « en action ». Cela m'a permis de
réaliser un travail particulièrement vivant
caractérisé par la succession d'événements majeurs
et de retournements de situation. Face à des acteurs très
occupés, il a par contre fallu se montrer extrêmement attentif et
réactif pour ne pas laisser passer les informations nécessaires
à mes investigations. La gestion de cette situation a bien souvent
nécessité de la diplomatie et beaucoup de patience.
1.2 Entretiens informels et observation participante au
coeur de la collecte des données
Concernant cette étude, les besoins en termes de
connaissances et de compréhension étaient particulièrement
vastes. Il a fallu d'abord pouvoir appréhender le territoire dans sa
complexité (organisation de l'espace, acteurs, dimensions historiques,
caractéristique du milieu) pour ensuite analyser le projet en cours
(objectifs, enjeux, procédure, conflits). Différentes
méthodes de collecte de données ont été mises en
place. L'objectif étant d'exploiter le plus efficacement toutes les
sources d'information à ma disposition.
Les recherches bibliographiques ont été
relativement vastes. En premier lieu ont été consultés les
documents officiels relatifs aux thématiques et aux territoires
concernés aux différentes échelles : présentation
de la Vision Durban, législation sur le COAP, manuel de procédure
pour la mise en place des AP et des AMP du SAPM, monographie et tableaux de
bord environnemental de la région Diana, Plans Communaux de
développement. Je me suis ensuite intéressé aux rapports
d'activité du SAGE et de Conservation international sur le projet
d'Ambodivahibe ainsi que les autres AP sur lesquelles ces derniers ont
déjà travaillé. Les nombreux rapports et diagnostics sur
l'AMP d'Ambodivahibe et le territoire produits par des consultants
privés ont également été consultés (cf :
bibliographie).
Des entretiens ont été effectués
auprès des acteurs officiels impliqués dans le projet (cf liste
en annexe). Une grille d'entretien préétablie mais largement
adaptable au cas par cas était alors utilisée. Vu la crise
politique que traversait le pays, aucun service de l'Etat n'a pu être
rencontré.
Une grande importance a été donnée aux
entretiens informels semi directifs ou libres menés auprès des
acteurs individuels qui participent ou sont concernés par la
création de l'AMP (cf liste en annexe). La diversité de leurs
statuts et de leur point de vue a été riche d'enseignements.
Aucune grille d'entretien précise n'a été
formalisée à ce sujet. Le climat était tel que j'ai
privilégié le détachement et la discrétion comptant
sur la permanence de ma présence pour pouvoir aborder tous les sujets
nécessaires. Les opportunités de rencontre et de conversation ont
ainsi été largement privilégiées. Un travail
régulier, ouvert et diplomate m'a permis de collecter par ce biais une
grande quantité d'information.
Les techniques d'observation participante se sont
révélées particulièrement pertinentes et
adaptées à mon travail. Je les ai principalement mises en
pratique lors de la campagne d'enquête de terrain menée par SAGE.
Cette campagne d'une semaine avait pour objectifs la collecte des informations
nécessaires à l'élaboration du dossier de création
définitive de l'AMP. Elle couvrait un large spectre thématique :
socio-économie, traditions et culture, étude d'impact
écologique, identification des usages des ressources naturelles. En
participant à l'élaboration et à la réalisation des
enquêtes, j'ai pu m'immerger dans le territoire et établir des
relations avec les agents de terrain tout en saisissant la
réalité de leur travail.
Toujours selon cette approche, j'ai assisté aux
réunions techniques entre l'opérateur et le promoteur de l'AMP.
Ces dernières se sont révélées d'un grand
intérêt car elles ont abordé la totalité des aspects
du projet : préparation de la campagne d'enquête, exploitation des
données recueillies, élaboration du dossier de création,
résolution des conflits avec les communautés ainsi que les
restitutions et les validations publiques. J'ai aussi participé aux
réunions de restitution et de validation auprès des
communautés locales.
Il m'a paru également fondamental de retourner de
nombreuses fois sur le terrain de façon indépendante pour mieux
comprendre ce territoire dans une approche très ouverte et sensible.
1.3 Méthode et outils d'analyse
Les données recueillies ont été
traitées, analysées puis mises en forme afin de fournir une
compréhension à la fois fine et globale de la situation. Pour
cela une approche géographique basée sur un questionnement large
et exhaustif concernant le projet a été
développée.
La contextualisation a pour but d'affiner les enjeux et les
facteurs importants dans le projet. La récapitulation chronologique
permet d'appréhender le processus de création dans le temps,
mettant en évidence la progression et la succession des
différentes étapes. J'ai ensuite choisi de me concentrer sur
l'analyse de quelques éléments aux révélateurs de
l'AMP et aux enjeux particulièrement prégnants pour
caractériser le projet.
L'analyse, sous forme de schémas, du jeu des acteurs
à travers leur positionnement, leur structuration et leurs relations a
aidé à comprendre leur rôle et leur influence sur le
projet. Dans un esprit de synthèse et de dissociation des
échelles d'analyse, l'approche multiscalaire a mis en évidence la
divergence des enjeux et des perceptions. Les difficultés
rencontrées ont été abordées pour montrer et
étudier les points de blocages ainsi que les éléments qui
se sont révélés conflictuels.
2. Une AMP impliquée dans le développement
régional
2.1 La Diana, une région phare pour le tourisme
balnéaire et environnemental malgache
Pour répondre aux objectifs de développement
fixés au niveau national par le MAP (2006), La région de Diana
qui dispose d'un capital environnemental et touristique remarquable
(Monographie de la Diana, Ministère de l'agriculture, de
l'élevage et de la pêche, 2003) compte s'appuyer sur la gestion
rationnelle ainsi que sur la valorisation de la biodiversité et des
ressources naturelles. Les orientations de développement au niveau
régional visent également à positionner cette
région comme une « destination touristique par excellence»
(Plan Régional de Développement, 2005). Cette valorisation de
l'environnement repose en partie et jusqu'à maintenant sur un
réseau important d'aires protégées gérées
par Madagascar National Park (MNP, ex-ANGAP). Dans le cadre de la mise en place
du nouveau SAPM, de nombreux projets de création d'aires
protégées dont celui d'AMP à Ambodivahibe sont
actuellement en cours. Ces projets représentent au niveau
régional prés de 300.000 ha supplémentaires qui devraient
ainsi être classés en AP.
Figure 12 : Tourisme et Aires Protégées
dans la région de Diana (Données : FTM)
Anstiranana, le capital régional polarise
l'activité économique de tout le Nord de Madagascar. La ville et
ses environs représentent un secteur touristique majeur. Le projet d'AMP
à Ambodivahibe s'inscrit dans le contexte d'une vaste AP
dénommée complexe « Ramena » dont font également
partie les AP de la montagne des français et d'Orangea.
L'objectif de ce complexe est d'assurer à
proximité immédiate d'Antsiranana une « stratégie de
développement basée sur la promotion de l'écotourisme et
l'utilisation durable des ressources » (Présentation du complexe
Ramena, CI, 2009).
Figure 13 : Répartition du tourisme et des Aires
Protégées au Nord de Diana (Données : FTM)
2.2 Un projet d'AMP sur un territoire aux enjeux
forts
Le secteur concerné par le projet d'AMP d'Ambodivahibe
se situe sur deux communes : Ramena, où le tourisme est bien
développé et Mahavanona, plus éloignée
d'Antsiranana et encore largement rurale. Le périmètre
initialement défini se répartit sur trois fokontany
(entité administrative locale représentée par un chef lieu
et incluant d'autres villages plus petits) : Ivovona, Ambodivahibé et
Ampondrahazo dont les populations sont respectivement de 330, 151 et 511
habitants. La partie terrestre est occupée par des formations
végétales sèches allant de la steppe à la
forêt (cf : photos en annexe) et quelques bas fonds humides en partie
saumâtres. Les espaces agricoles y sont particulièrement
restreints. La partie marine se montre plus diversifiée alternant des
zones de mangrove, différents faciès de récif, des
côtes rocheuses et de grandes plages de sables. Le système
d'activité local repose en grande partie sur la pêche qui occupe
selon les villages de 80 à 100% des ménages. L'élevage
bovin extensif est également pratiqué de manière
généralisée. L'agriculture ne représente
l'activité principale que d'une faible minorité. Antsiranana
n'est pas loin mais le mauvais état des pistes rend le secteur
difficilement accessible. Les trois fokontany, jusqu'alors quelque peu
délaissés par les pouvoirs publiques (insuffisance des
infrastructures : santé, éducation, communication) sont mal
connus des touristes tout comme de la population d'Antsiranana.
Figure 14 : Emprise spatiale de l'AMP et territoires
administratifs concernés (Données : FTM et CI)
Des paysages et une biodiversité encore bien
préservés associés à la proximité de la
capitale régionale (moins de 30km) confèrent au secteur des
potentiels de développement touristique considérables. Les enjeux
relatifs à l'exploitation et l'appropriation de ces richesses naturelles
le sont tout autant.
Figure 15 : Ampondrafeta, une des plages remarquables
faisant déjà l'objet de spéculation
foncière (Photo : Saint-Guily, 2009)
Figure 16 : Milieux naturels au sein de
l'AMP (Données : FTM et CI)
2.3 Une procédure de création complexe
où le local aurait sa place
La procédure de création d'une AMP du SAPM
repose sur le COAP dont la refonte date de 2008. Relativement complexe, elle
fait intervenir différents acteurs officiels ayant chacun un rôle
précis. Un promoteur est chargé de la gestion du processus et de
la mobilisation des financements (obtenus le plus souvent par le biais d'un
bailleur de fonds extérieur). Un opérateur local, met en place
toutes les actions concrètes (réunions, études et
diagnostics) relatives au processus. Tandis que l'Etat valide le projet et
institutionnalise l'AMP.
L'initiative de création, la mise en protection
temporaire, la création définitive et la réalisation sont
les quatre phases principales qui s'articulent autour de l'obtention successive
de nombreuses autorisations administratives et de la soumission de deux
dossiers au Ministère de l'Environnement de la Forêt et du
Tourisme (cf : procédure complète de création des AMP en
annexe).
Certains éléments relatifs à
l'intégration locale du projet sont remarquables. Dès
l'initiative de création les promoteurs doivent « intégrer
la population locale dans la future gestion de l'AMP » et «
élaborer le schéma d'aménagement avec les parties
prenantes ». Les modalités d'établissement et de
fonctionnement de l'AMP doivent être « définies en
partenariat avec les populations locales » (Manuel de procédure
officielle pour la création des AMP à Madagascar, 2007).
Le principe de participation est clairement annoncé
comme faisant partie intégrante de la l'approche
développée. Cette dimension participative se concrétise
par la réalisation de consultations publiques et de séances
d'information réparties tout au long du processus ((Manuel de
procédure officielle pour la création des AMP à
Madagascar, 2007). Ces consultations concernent la totalité des parties
prenantes et semblent devoir traiter de tous les aspects du projet (ressources
naturelles, gestion des milieux, zonage, mesures de protection, mesures de
compensation, gouvernance). On observe donc une certaine reconnaissance de
l'échelle décisionnelle locale dans la création de l'AMP.
On peu déjà s'interroger sur les effets sur les acteurs locaux,
les résultats envisageables et surtout la façon dont le promoteur
et l'opérateur vont appréhender cette dimension dans leur
travail.
2.4 De l'international au local, un projet marqué
par la diversité scalaire des acteurs impliqués
On définit les acteurs comme tout individu ou groupe
d'individus influençant directement ou indirectement les
décisions dans le cadre d'une action collective (Mermet, 1992).
Concernant le projet d'AMP à Ambodivahibe, les processus
décisionnels sont nombreux, importants et répartis à
différentes échelles. Ce constat laisse déjà
entrevoir des interactions interscalaires et des divergences dans les logiques
d'action.
Il est nécessaire de présenter en premier lieu
les acteurs impliqués au niveau national dans la mise en place du SAPM
au sein duquel s'intègre le projet d'AMP étudié. Peuvent
être cités à ce titre : le Président de la
République qui a pris lors du congrès de Durban des engagements
relatifs à l'augmentation de la surface des AP à Madagascar, le
Ministère de l'environnement de la forêt et du tourisme (MEFT) en
charge d'assurer la mise en oeuvre de ces objectifs au travers de la Vision
Durban, l'Office National de l'Environnement (ONE) responsable du
contrôle de la conformité légale du projet ainsi que l'ONG
nord américaine Conservation international (CI) qui contribue largement
dans cette optique à la création des AP dans tout le pays et se
positionnent d'ailleurs comme le promoteur officiel de l'AMP. Cette ONG
fonctionnant en partie sur des financements externes, les bailleurs de fonds et
les investisseurs privés impliqués sont également à
prendre en compte.
La focalisation sur la création de l'AMP en
elle-même révèle d'autres acteurs : les experts en biologie
ou en conservation (Missouri Botanical Garden, Madagascar National Park) et les
nombreux consultants privés ayant réalisé les
études préliminaires et donc contribué à la
création de connaissance sur le territoire, le Service d'Appui à
la Gestion de l'Environnement (SAGE) de la région Diana qui est
l'opérateur chargé d'animer le processus au niveau local, la
région pour qui cette AMP contribue à des objectifs de
développement et qui est impliquée directement dans la validation
et l'orientation du projet. Les maires, les présidents de Fokontany et
les communautés locales le sont également mais dans une approche
beaucoup plus distante. Le technicien en SIG chargé de réaliser
le zonage et délimitation représente vu l'importance et les
enjeux de son travail également un acteur important à ce
niveau.
Sur les trois fokontany concernés et leurs environs,
l'appréhension de la dynamique territoriale en relation avec le projet
d'AMP met en lumière un nombre important d'acteurs. Ainsi doivent
être pris en considération dans le processus : les leaders locaux
qui ont dans chaque village une grande influence sur l'opinion publique, les
usagers des ressources naturelles (pêcheurs, éleveurs,
agriculteurs) qui assurent jusqu'alors la gestion des espaces exploités
et se sont positionnés par rapport au projet selon leurs
activités, les acteurs d'origine
extérieurs au territoire qui y sont cependant fortement
impliqués tels que les pêcheurs et les charbonniers des villages
voisins et surtout les opérateurs touristiques et les
spéculateurs fonciers d'Antsiranana.
2.5 Depuis janvier 2009, un pays au coeur d'une crise
politique importante
Il semble nécessaire de rappeler la situation de crise
politique que le pays traverse. En tant que projet d'aménagement
impliquant de nombreux organismes gouvernementaux ainsi que les
collectivités décentralisées à différents
niveaux, la création de l'AMP d'Ambodivahibe en est directement
affectée. Dans ce climat d'incertitude et de pressions importantes, on
observe un retrait des responsables administratifs et des services de
l'état qui ne peuvent ou ne veulent plus prendre de décisions
trop politiques. L'implication des acteurs institutionnels pourtant
nécessaires dans le cadre de certains aspects du processus est par
conséquent très limitée. Les populations sont elles
enclines à une attitude de repli par rapport aux interventions
étatiques ou extérieures qui sont dans ce contexte largement
discréditées. L'AMP risque de représenter un projet de
plus en provenance d'un gouvernement caractérisé par son
instabilité et son inefficience.
Pour finir, le relâchement du fonctionnement
étatique associé à diminution des moyens financiers
entraînent une intensification des activités illégales et
de la corruption contribuant ainsi à l'augmentation des pressions sur
les ressources et à la déstabilisation du processus.
3. La création d'une AMP dans la baie
d'Ambodivahibe
3.1 Déroulement chronologique du processus -
Première phase de mise en place
Mars 2006 :
Conservation Internationale (CI) organise un programme
accéléré d'inventaire concernant la biodiversité
marine de la côte nord-est de la région Diana. Ce programme est
financé par ICBG dans le cadre de ses actions de conservation. Dans la
baie d'Ambodivahibe, les biologistes remarquent au cours de leurs
plongées un récif corallien exceptionnel et
particulièrement bien conservé. Il faudra attendre un an pour que
CI lance l'initiative de création d'une AMP sur le site lors d'un
atelier régional sur les AP à Antsiranana. Le projet est
accepté par le comité régional et CI se place comme
promoteur et bailleur de la future AMP.
Mars 2007 :
En conformité avec les objectifs du promoteur, les
partenaires stratégiques au niveau local sont identifiés. Un
accord de partenariat et la répartition des activités sont
réalisés avec le SAGE et MBG.
Juin 2007 :
CI a cependant assuré les premières
réunions d'information auprès des responsables politiques et
coutumiers du village d'Ambodivahibe. Le SAGE n'avait pas encore reçu
son financement et le promoteur souhaitait peut être gardé le
contrôle sur le début du processus. Il a alors été
expliqué que la baie était un site à haute valeur
écologique et qu'elle avait été choisie par l'Etat pour un
projet d'
AP. CI entreprend de sa propre initiative et
en tant que mesure de compensation la construction de deux écoles et de
plusieurs puits sur le territoire. La volontaire « Peace corps »
présente à Ambodivahibe depuis un an pour des actions de
sensibilisation environnementale a alors été
mise à contribution dans le cadre du projet. CI a ensuite
commandité auprès d'experts scientifiques et de consultants
indépendants tout un corpus d'études préliminaires. A
commencer par les diagnostics écologiques de la baie (Maharavo, 2007)
ainsi que de la forêt sèche d'Ampio (MBG, 2008) dont la richesse
biologique avait déjà été remarquée depuis
2003 (MBG). Ont également été menées des
études d'impact environnemental, des études
socio-économiques, écotouristiques et juridiques (cf : liste et
références complètes en bibliographie). A l'issue de ces
premières analyses, une proposition de zonage est établie (cf :
proposition de zonage scientifique en annexe).
Octobre 2007 :
Le processus de création se poursuit dans sa suite
logique par un premier atelier régional de restitution et validation. Un
groupe de travail AMP baie d'Ambodivahibe est mis en place au sein du
comité de pilotage du complexe « Ramena » (comprenant
également l'AP de la Montagne des Français alors au stade de
création définitive et la forêt séche d'orangea
encore en création). Le SAGE reçoit enfin les fonds de la part de
CI et prend alors réellement le processus en main. A l'issue des
premières réunions d'information organisées, Ivovona et
Ampondrahazo, deux villages voisins d'Ambodivahibe vont se montrer très
intéressés. Le Projet qui à l'origine ne concernait que la
baie d'Ambodivahibe et la forêt d'Ampio va donc, sur une volonté
locale être élargi à ces deux localités. Les
réunions d'information se poursuivent et des animateurs locaux sont
nommés pour chacun des fokontany. CI décide de s'occuper
elle-même de la mise en oeuvre des projets de développement locaux
qui doivent accompagner la création de l'AP. Le processus est
volontairement ralenti durant la période des élections communales
afin d'éviter d'être instrumentalisé.
Janvier 2008 :
Vu l'importance que prend leur activités sur la
région, CI installe un bureau régional Antsiranana.
L'échéancier du projet est revu avec SAGE. La création
définitive prévue pour juin 2008, est revue en une
création temporaire.
Février 2008 :
SAGE débute les consultations locales concernant la
délimitation et le zonage de l'AMP. Des réunions villageoises
sont organisées pour recueillir les propositions des communautés.
Les propositions des scientifiques soulèvent un mécontentement
général à Ambodivahibe. La situation est difficile
à gérer pour le SAGE qui n'a pas d'alternative à
proposées dans l'immédiat.
Le vice-président de fokontany d'Ambodivahibe demande
la modification du zonage prenant en compte leur proposition. Il pointe
également du doigt le retard de CI dans la mise en place des mesures
compensatoires et des projets de développement.
- Un projet qui s'avère être de plus en plus
conflictuel
La divergence de propositions entre les scientifiques et les
communautés est à l'origine d'une dégradation des
relations entre les opérateurs et la population locale. Aucune
décision n'a été prise face à la vive opposition
d'Ambodivahibe.
Avril 2008 :
Lors du second atelier régional, la présentation
officielle d'un zonage toujours conflictuel est l'occasion d'une opposition
sans précédent de la part des représentants
d'Ambodivahibe. Le zonage ainsi que la globalité du projet sont
ouvertement contestés et rejetés. La discussion ne s'apaisera
qu'après la rédaction et la signature sur le champ d'une
déclaration commune reprécisant les droits des communautés
sur leurs terres.
L'accalmie n'a été que temporaire puisque
quelques semaines plus tard, le président de fokontany d'Ambodivahibe
adressent lettres d'opposition et pétitions aux chefs de projet
(SAGE et CI) ainsi qu'au président de la région.
Les revendications sont claires et CI est directement visé : le projet
d'AMP représente pour eux le vol de leur terres et il est donc
refusé.
Mai 2008 : le vice-président du fonkontany interdit la
venue sur place de CI et SAGE ainsi que toutes réunions concernant le
projet. Toutes les activités de terrain sont donc arrêtées.
En parallèle, on observe une recrudescence des revendications
foncières au sein du périmètre de la future AMP. Cela
donne lieu à des incohérences dans la régularisation et la
validation des titres en cours de reconnaissance. La situation est tellement
problématique que sur ordre du président de région, la
délivrance des titres fonciers est suspendue sur les trois fokontany.
Juin 2008 :
A l'occasion de la Journée Mondiale de l'Environnement
une fête officielle est organisée à Ambodivahibe. De
nombreux acteurs du projet sont présents et le M. Maharavo est
questionné par SAGE sur le zonage. Il affirme que le zonage des
communautés était scientifiquement acceptable pour la
viabilité de l'
AP. CI se serait donc positionné
contre les propositions de zonage des communautés sans fondement
scientifique ? Malgré la persistance des tensions, le dossier de
création temporaire est quand même déposé
auprès de l'ONE.
Septembre 2008 :
Vu la situation et l'ampleur que l'opposition au projet prend,
le président de région décide de suspendre et de prendre
en main personnellement le processus de création jusqu'à nouvel
ordre. Le dossier pour l'obtention du statut de protection temporaire est
déposé au MEFT et aucune action n'est menée par la
région pendant près de quatre mois.
Janvier 2009 : le président de région convoque
les présidents de fokontany et les maires concernés pour une
réunion. A son issue, l'opposition semble avoir disparu et une
fête de résolution du conflit est même organisée
à Ivovona. Elle est censée marquer la reprise du processus tandis
qu'aucune solution n'a été apportée concernant le zonage.
Inévitablement, de nouvelles manifestations d'opposition en provenance
d'Ambodivahibe (lettres, pétitions et interdictions d'intervention) se
font à nouveaux entendre.
Février 2009 : le statut officiel de protection temporaire
est délivré dans un climat très tendu (cf : article «
l'Express de Madagascar » du 03/02/2009 en annexe)
- Le projet s'engage néanmoins vers la
création définitive de l'AMP
Avril 2009 :
On observe maintenant après plus d'un an de blocage une
déstabilisation générale du projet. Le programme initial
est fortement perturbé, les animateurs locaux ont tous
démissionné tandis que l'opinion des communautés est de
plus en plus instable. L'importance de la problématique foncière
dans les problèmes que rencontre le projet est peu à peu mise
à jour. Les opérateurs se doutent que les spéculateurs ont
influé au niveau local pour remettre en cause L'AMP et s'assurer de
leurs intérêts. En accord avec le Bureau des affaires
foncières, la résolution du problème est envisagée
au travers de l'intégration des opérateurs fonciers au projet
(consultation, sensibilisation). La délivrance des titres fonciers est
à nouveau possible, avec pour les communautés des conditions
préférentielles en gage de dédommagement.
CI estime que vu l'état d'avancement du processus le
dossier doit forcément aboutir. D'autant plus que le 30 mai 2009 le
financement ICBG s'arrête. La pression est mise sur le SAGE pour que le
dossier soit bouclé. CI est prêt à mobiliser ses
compétences techniques et son personnel pour la réalisation de
nouvelles études. Il est également prévu la venue
d'experts du siège de CI à Tananarive. Ces derniers doivent
contribuer à la rédaction du dossier de création. Le temps
disponible est limité, l'élaboration du Plan de Gestion
Environnementale et de
Sauvegarde Sociale ainsi que de l'Etude d'Impact Environnementale
demande des informations actuellement inexistantes.
Mars 2009 :
Une dernière campagne d'enquêtes est
organisée par SAGE. Les éléments concernés sont
tous ceux qui n'ont pas pu être abordés jusqu'alors : gouvernance,
objectifs et stratégie de conservation ou encore les mesures de gestion.
Les données bio-écologiques sur la baie doivent être
également réactualisées. Encadrées par les
techniciens de SAGE et de CI, les enquêtes sont réalisées
dans la précipitation et après une phase de préparations
réduite. Vu le climat sur le territoire, les conditions de travail sont
parfois très difficiles ; à Ambodivahibe, les enquêteurs
ont été refusés par la communauté, ils
opèrent donc dans la clandestinité. La persistance de
l'opposition est à l'origine de nombreuses visites de négociation
de la part du SAGE, de CI Tana, des maires ou encore du SRPRH essayant chacun
de renouer les contacts et d'apaiser les tensions.
Le SAGE travaille ensuite sur la restitution et la validation
locale avant de rédiger le dossier de création (plan de gestion
et de sauvegarde sociale, étude d'impact environnemental, plan
d'aménagement et de gestion). Vu les deux semaines imparties, ce travail
de terrain nécessitant beaucoup de préparation a
été très précipité. Les présidents de
fokontany d'Ivovona et Ampondrahazo sont très pressés de faire
avancer le processus et la réflexion sur les modalités de la
gestion. Cette dernière donne lieu à la rédaction de
conventions collectives traditionnelles concernant la réglementation des
activités de pêche.
Avril 2009 :
La crise politique que traverse le pays, la persistance de
l'opposition à Ambodivahibé ainsi que les contraintes de temps
pour l'élaboration du dossier de création représentent
autant d'éléments contribuant à l'incertitude pour
l'avenir du projet. On constate cependant une certaine ouverture de la part des
opposants ainsi qu'un léger changement d'attitude de la part de CI.
L'ONG envisage maintenant de reporter la création quitte à
rechercher un nouveau financement. L'avis des experts du siège
étant que la précipitation n'y ferait rien. Beaucoup d'erreurs
ont été commises par le passé et la priorité
devient de procéder à nouveau au zonage en partenariat avec les
communautés locales et sur de nouvelles bases plus concertées.
3.2 Focalisation sur les éléments centraux
dans l'établissement de l'AMP
- La délimitation et le zonage interne de
l'AMP
La mise en place d'AP nécessite la délimitation
d'espaces spécifiques sur lesquels vont s'appliquer des régimes
de droits particuliers. Cette opération est donc un acte
juridicopolitique important (Feral, 2007). Il va poser beaucoup de
difficulté à Ambodivahibe. Dans le cadre du COAP, un zonage
interne est réalisé en plus de la délimitation de l'AP.
L'objectif est de répartir spatialement les différentes fonctions
de l'AP Ce zonage constitue la base d'un schéma d'aménagement
indispensable à la création de l'AMP. Le modèle est
prédéfini mais la localisation des différentes zones doit
cependant être abordée lors des consultations locales.
Figure 17 : Schématisation théorique du
zonage de l'AMP (D'après le COAP, 2008)
Concernant la baie d'Ambodivahibe et la forêt d'Ampio
qui lui est attenante, des propositions de zonage ont été
réalisées par les scientifiques responsables des diagnostics
écologiques (Maharavo, 2007 et MBG, 2008). Ces zonages reposent sur des
inventaires biologiques et la sensibilité écologique des
habitats. Ce n'est que dans un deuxième temps que le sujet a
été abordé avec les communautés locales. Il leur a
été demandé de shématiser sur une feuille blanche
leurs propositions concernant la limite externe et le zonage interne de l'AMP
sur leur fokontany. Cette opération de zonage participatif s'est
montrée hasardeuse et difficile. Personne ne voulait prendre la
responsabilité de délimiter les différentes zones, leurs
fonctions n'étant en plus que très vaguement comprises.
Figure 18 : Débat animé entre le
Président et le vice président de fokontany lors du zonage
participatif à Ambodivahibe (Photo : SAGE, 2008)
Dans le fokontany d'Ambodivahibe où la baie
génère des enjeux de conservation très importants ce
travail a été encore plus délicat. La délimitation
du périmètre de l'AMP n'a pas posé trop de
problème. Les propositions locales de zonage interne se sont par contre
heurtées à celles des scientifiques. Le noyau dur de conservation
se situait en fait sur leur principale zones de pêche actuelle (cf :
cartes en annexe). Aucune solution n'a été trouvée sur le
moment car le SAGE devait impérativement consulter CI avant de s'avancer
sur les possibilités de négociation. Durant les mois qui
suivirent, CI n'a pas apporté de réponse claire concernant ce
problème laissant SAGE dans l'expectative et les communautés
commencer à vraiment paniquer sur le devenir de la baie. Il était
pour CI difficilement envisageable de ne pas respecter la proposition de
scientifique. Dans les deux autres fokontany les consultations, on aboutit
à des propositions pour le moment accepté de l'enveloppe externe
et du zonage interne.
La question du zonage interne était toujours
bloquée à Ambodivahibe. Une mission de terrain concernant les
relevés GPS nécessaires à la formalisation de la limite
externe de l'AMP a cependant été menée par un consultant
en SIG de Madagascar National Park. Le modèle de délimitation
utilisé est celui proposé par les scientifiques qui semblaient
respecter les propositions des communautés. Un certains nombre de
modifications sont cependant venues s'ajouter.
Figure 19 : Une délimitation initiale
modifiée par le processus (Données : FTM et CI)
Secteur
|
Contexte et raisons des modifications
|
1
|
CI ne souhaite finalement pas que le village d'Ambodivahibe
fasse partie intégrante de l'AMP. La communauté est d'accord car
elle considère qu'elle ne peut donner « la terre des ancêtre
» à des étrangers.
|
2
|
Une famille d'Ampondrahazo très influente
possède des terrains sur la partie continentale de ce secteur. Elle a
fait pression sur le Président de Région et CI pour que l'AMP ne
les intègre pas.
|
3
|
Pour des raisons de cohérence écologique, CI
décide finalement que l'AMP doit concerner la totalité de la baie
des Français. Ce secteur fait partie du fokontany d'Ambolobozekely qui
n'a été intégré aux consultations locales qu'en
avril 2009.
|
La mission de terrain a été
réalisée très rapidement dans des conditions montrant bien
la controverse qu'elle suscite (travail clandestin de nuit dans les secteurs
les plus sensibles). Avec seulement un ou deux habitants du village,
l'implication de la communauté est restée très
limitée. Ce travail a été en partie assimilé par
les communautés aux opérations de titrage foncier (actuellement
en cours dans le cadre du Programme National Foncier) renforçant ainsi
le sentiment de dépossession déjà bien présent.
Disposant d'un schéma d'aménagement qui n'est
absolument pas accepté par les communautés locales, le projet
reste toujours dans l'impasse. Le zonage fait l'objet du principal blocage et
il n'a pourtant pas été géré convenablement puisque
les problèmes persistent après plus d'un an de conflit. Tous ces
éléments montrent bien le peu de considération
apporté aux propositions de communautés ainsi que les logiques
d'intérêt parfois personnelles à l'oeuvre dans un acte
pourtant si important pour la durabilité de l'AMP.
- Gestion de la participation et de la
communication
En accord avec la procédure officielle du SAPM, les
opérateurs ont cherché à mettre en oeuvre la
participation principalement au travers des réunions d'information et de
concertation. Les
réunions se tenant à Antsiranana, mobilisant les
acteurs institutionnels et concernant les grandes lignes du projet se sont bien
déroulées (cf : déclaration commune de conservation en
annexe). La réalisation du programme de réunions impliquant les
communautés ainsi que les leaders et les responsables locaux a
été plus problématique. Ce programme a été
perturbé par les conflits d'opposition auxquels venaient s'ajouter des
problèmes logistiques. Lorsque les réunions avaient lieu, leur
efficacité a souvent été remise en cause par l'attitude
des différents protagonistes. De même outes les réunions
prévues n'ont pas eu lieu, tous les aspects du projet n'ont donc pas pu
être abordés.
La communication des opérateurs vers les parties
prenantes a été envisagée par le biais d'un plan d'action
visant à sensibiliser les communautés à l'environnement et
à les convaincre de l'intérêt de l'AMP. Sa conception a
été confiée par CI à un groupe de consultants en
communication en entreprise d'Antsiranana. Il en ressort un vaste programme
d'actions comprenant la diffusion de spot tv et radio, la réalisation
d'affiches, la distribution de t-shirt ou encore l'organisation de
festivités.
L'analyse du discours révèle une vision assez
simpliste et réductrice de l'environnement ainsi que des
problèmes qui y sont liés. L'approche naturaliste y est
prédominante alors que les usagers locaux et leurs savoirs ne sont
aucunement abordés. Faute de temps et de moyens, la mise en oeuvre de ce
plan aura été partielle et ponctuelle.
- Définition des modalités de
l'AMP
La définition de certaines modalités relatives
mises en oeuvre du projet de conservation a lieu durant la phase de
création (Manuel de procédure, 2007). Ce travail amorcé
dés le début du projet n'a été abordé avec
les communautés locales uniquement lors de la dernière campagne
d'enquête en Mars 2009. Il est intéressant de noter que la
question du zonage a donc été soumise aux acteurs locaux avant
même la définition des modalités de l'AP.
Le choix du type d'AP s'effectue parmi les différentes
catégories proposées par l'UICN. Vu le contexte et les objectifs
fixés pour la baie d'Ambodivahibe, le classement en Paysages harmonieux
protégés (catégorie V) ou en Réserves de ressources
naturelles (catégorie VI) a été envisagé par le
SAGE. Consultées à propos de ce choix, les communautés
locales restent assez peu engagées. La catégorie VI avec toute la
dimension de préservation et d'exploitation des ressources qu'elle
implique semblait cependant, de leur point de vue être la plus
acceptable. A l'inverse CI appuyait une orientation vers la catégorie V
qui, d'après eux, était la seule à pouvoir assurer la
préservation de la biodiversité au travers de la création
de noyaux durs de conservation.
Le mode de gouvernance est également un
élément qui doit être débattu. Le SAPM en propose
quatre selon un gradient croissant d'implication des communautés
locales. Les modes de gestion gouvernementaux et privés ont
été refusés catégoriquement par les acteurs locaux.
La gestion purement communautaire a été écartée car
ces derniers ont affirmé ne pas se sentir suffisamment compétents
en matière de conservation. Un appui extérieur a
été demandé afin d'assurer la gestion de l'AP. Un
régime de cogestion semble mettre d'accord l'ensemble des parties
prenantes.
Concernant les modes de gestion, les consultations au niveau
local ont très rapidement fait ressortir le souhait de réinvestir
les méthodes de régulation traditionnelles. Les
réglementations de l'AMP reposeront donc sur des conventions collectives
appelées « dina » répandues dans tout Madagascar. Leur
établissement se fera au cours d'assemblées communautaires
rassemblant les leaders et les responsables locaux. Les arguments des
communautés ont été les caractères traditionnels et
locaux de ce type de mesures. Elles pensent pouvoir ainsi déterminer
elles-mêmes les règles les concernant. Les opérateurs y
voient une base culturelle garante de leur efficacité.
- Spatialisation des informations et
représentation de l'espace
Au sein du projet, la production cartographique est
très limitée. Seuls les experts en biologie et le consultant
chargé du zonage ont les moyens de réaliser des cartes. Par
conséquent il n'existe que des documents se basant que sur des
données biologiques (végétation, habitats,
sensibilité) ainsi que sur le zonage de l'AP. Aucune carte ne fait
figurer d'informations plus socio-économiques ou bien en relation avec
les perceptions et les modes de gestion des communautés locales. Les
quelques cartes existantes sont utilisées comme support de communication
et de discussion avec les différentes parties prenantes quelque soient
les sujets abordés. Les communautés ont été
amenées à formuler leur proposition de zonage juste après
que leurs soient montrées des carte figurant la végétation
de la partie terrestre et la sensibilité écologique de la baie
d'Ambodivahibe (cf : figure 15 et cartes en annexe). Une évolution est
cependant à signaler : l'emploi de fonds de cartes vierges a
été envisagé par CI pour la reformulation du zonage par
les communautés prévu en Mai 2009.
4. Analyse du projet
4.1 Une prédominance de l'approche
conversationniste et des critères internationaux
L'étude du cadre conceptuel du projet permet de mieux
en saisir les enjeux ainsi que les motivations à l'origine de l'action.
L'AMP d'Ambodivahibe a pour objectif principal la protection de la Nature.
L'approche développée est bien illustrée par le discours
officiel de CI : « protégeons pour et avec les populations locales
». La conservation de l'environnement et des richesses naturelles de la
baie profiterait donc aux communautés. Elle passerait également
par leur implication dans le projet. Le projet va donc s'articuler autour du
couple développement/environnement dans une relation à double
sens. La gestion de l'environnement selon des critères occidentaux
contribuerait au développement tandis que le développement
limiterait les pressions sur l'environnement.
Le constat de départ est le suivant : d'après
les objectifs établis au niveau international la gestion actuelle de
l'environnement sur le territoire n'est pas satisfaisante. Il faut donc
intervenir pour réorienter cette gestion. Cette intervention repose en
premier lieu sur une réorganisation de l'espace au travers de
l'établissement d'une AP. Le choix de cet instrument
d'aménagement est fortement conditionné par des engagements et
des orientations pris au niveau national. La stratégie du projet se
répartit donc différemment au sein de l'espace concerné.
D'un coté elle s'appuie sur la mise en place de réglementations
et de structures de gestion visant à limiter et cadrer l'exploitation
des ressources naturelles. De l'autre, elle propose ou impose des mesures de
compensation directe (écoles, puits) et indirecte (développement
d'activités alternatives le plus souvent orientées vers une
exploitation dite « durable » de l'environnement :
écotourisme, artisanat, agriculture).
Figure 20 : Le cercle « vertueux » de la
conservation (Conservation Internationale, 2008)
Cette stratégie s'accompagne également d'actions
de sensibilisation et de valorisation de la biodiversité. La
nécessité d'intervenir et de rallier les communautés
à la cause environnementale reste un point central pour le promoteur.
Tout cela repose sur une conception très occidentale d'un environnement
scientifique et rationnelle où les critères d'évaluation
sont exclusivement écologiques (ROSSI.G. 2000).
4.2 La dynamique générale du projet, une
preuve du caractère exogène de l'AMP
Figure 21 : Les grandes étapes du projet
jusqu'à sa confrontation avec l'échelle locale
Le schéma ci-dessus est le produit d'un regard critique
porté sur l'émergence et le déroulement chronologique du
projet. Quelles sont les grandes étapes et leur enchaînement ?
Qu'es ce que cela traduit ? La phase d'intelligence d'un projet consiste
à établir un diagnostic et élaborer des solutions. Pour
l'AMP d'Ambodivahibe, elle a été monopolisée par des
acteurs internationaux et nationaux selon des approches qui leur sont propres.
Par conséquent l'intégration de ce dernier au niveau local
rencontre de nombreuses difficultés. Elle met en confrontation directe
le projet venu de l'extérieur avec le contexte territorial local. Le
respect des objectifs, des engagements et des calendriers propres aux acteurs
exogènes au territoire est une contrainte forte. Les logiques de ces
acteurs fortement impliqués dans le projet rentrent en interaction avec
ce dernier rendant le processus complexe et conflictuel. Véritable
intrusion internationale dans le territoire, la démarche de projet est
alors de plus en plus problématique avec le temps. Les acteurs locaux
réagissent alors par le biais d'une déstabilisation et d'une
instrumentalisation croissante du projet. Les conséquences en sont
tellement importantes que comme le montre l'ampleur de l'opposition et des
manipulations, elles se manifestent jusqu'à l'échelle
régionale. L'objectif devient en fait le blocage du projet ou alors son
détournement à d'autres fins plus personnelles.
4.3 Une mobilisation d'acteurs à l'origine d'une
situation complexe
Figure 22 : Echelles d'action et niveaux d'implication
des acteurs, une logique interventionniste (Adapté de
Barret, 2003)
Quelle est l'implication effective des différents
acteurs dans la création de l'AMP ? Le diagramme ci-dessus positionne
les acteurs autour du projet selon l'intensité de leur implication. On
met en évidence ainsi les acteurs majeurs représentant le coeur
de décision et d'action du projet. La présence du promoteur et de
l'opérateur de l'AMP montre bien à quel point leur action est
nécessaire à un projet qui est principalement le leur, ou du
moins celui que le contexte national impose. Les acteurs produisant la
connaissance et l'expertise selon des critères exogènes au
territoire y sont prépondérants. Ce positionnement
démontre une intégration limitée des perceptions locales
de l'environnement. Quant aux acteurs locaux, ils y trouvent leur place
uniquement au travers de leur opposition au projet. La situation conflictuelle
du projet s'explique par les interactions entre tous ces acteurs
caractérisés par des échelles d'action et de perception
différentes.
En périphérie se situent les acteurs
considérés comme secondaires dont l'implication reste ponctuelle
ou particulièrement distante à l'échelle du projet. Les
communes resté en retrait auraient pu représenter un niveau
intermédiaire dans l'analyse et l'action. La présence du MEFT, de
L'ONE et des bailleurs de fonds ne doit pas occulter leur importance au travers
des pressions qu'ils exercent sur le promoteur vis-à-vis de
l'aboutissement de la procédure.
Figure 23 : Une organisation relationnelle à
l'origine des blocages
L'identification et la caractérisation des relations entre
les acteurs au travers de leur schématisation permettent de mieux
comprendre les jeux d'acteurs opérant.
Il semble que deux grands systèmes soit à
l'origine de la situation problématique. On observe tout d'abord un
système d'influence institutionnel puissant s'exerçant sur le
SAGE. Il a pour origine les bailleurs, le MEFT, CI et la région. Ces
acteurs qui orientent de différents moyens (financement, cadre
législatifs, orientation de développement) le projet vers des
objectifs qui leur sont propres. Ces influences se répercutent sur les
communautés locales au travers de l'action du SAGE. Vu les contraintes
(temporelles, financières et déontologiques) qu'il subit, la
prise en considération de la dimension locale du projet est très
difficile.
Le deuxième système est celui des pressions en
partie clandestine que les opérateurs privés opposés au
projet exercent sur CI et le SAGE. Les communautés et les leaders locaux
constituent dans ce système des intermédiaires entrant en conflit
direct avec CI et SAGE. Les opérateurs privés restent ainsi dans
l'ombre, mobilisant leurs réseaux d'influence et de corruption. Les
conflits entre les communautés et le SAGE sont accentués par le
manque de considération et de pouvoir attribué à
l'échelle locale et inhérent au premier système
décrit.
Le schéma illustre les contraintes très
fortes que les communautés locales subissent dans le processus.
Mises sous pressions et manipulées par les opérateurs
privés, elles sont également victimes d'une exclusion de la part
des opérateurs de l'AP. Dans ces conditions la durabilité sociale
du projet est plus que remise en question. Il manque réellement
une dynamique ascendante et positive de mobilisation des acteurs. Les
communautés devraient pouvoir orienter le projet et pour cela
développer des relations d'échange plus constructives avec les
experts, CI et le SAGE. La prise en considération de tous les
acteurs et surtout des opposants permettra d'éviter les relations
indirectes d'opposition à l'origine de tensions très fortes. Un
réel processus de médiation invitant à redéfinir
les relations entre les acteurs (au moins au niveau local) semble
nécessaire.
4.4 Des modalités d'action à l'origine
d'une connaissance limitée du territoire
Après avoir délégué l'animation du
processus au SAGE, CI a gardé la responsabilité de la
communication générale autour du projet. On note dans l'action du
SAGE un investissement important au niveau régional et administratif.
L'organisation des ateliers régionaux de validation, le montage
institutionnel du projet (comité de pilotage, groupe de travail
scientifique) et l'élaboration des dossiers de création pour le
MEFT représentent les activités les plus importantes.
Les actions au niveau local sont donc pour le SAGE comme pour
CI particulièrement restreintes. Les nombreux blocages, le manque de
moyens et de méthodes n'ont pas facilité leur mise en oeuvre. Ces
dernières sont particulièrement ponctuelles et difficiles
à maintenir dans le temps. Les relations avec les acteurs locaux et le
territoire sont donc limitées.
La plupart des études de terrain et des diagnostics ont
été réalisés par des consultants extérieurs
selon des approches sectorielles, sans concertation ni méthodologie
à l'échelle du projet. Aucune logique d'analyse globale ne semble
présente : les informations sont disparates et
hétérogènes. Elles ne semblent pas faire l'objet de
synthèse ni d'une quelconque capitalisation. La compréhension du
territoire n'a pas pu être développée dans toute sa
complexité. Les représentations de l'espace appuyé en
partie par les seules cartes existantes (carte de végétation,
d'habitats écologique et de sensibilité) sont dominées par
l'approche naturaliste et conversationniste.
L'importance donnée par SAGE et CI au respect
scrupuleux de la procédure montre une certaine focalisation sur les
dimensions environnementales et officielles du projet. Les mesures de
protection concrètes à l'image du zonage et des restrictions
d'exploitation concernant les ressources naturelles ont été
très rapidement et de manière insistante mises sur la table des
négociations avec les communautés locales.
4.5 La divergence des logiques d'action mise en
évidence par une analyse multiscalaire
Le processus de création d'aire protégée
ne peut pas être analysé et interprété de la
même façon à l'échelle nationale, locale ou
régionale. Il répond en effet à des problématiques
et des enjeux différents selon les cadres d'observation. D'autre part,
toutes les échelles sont nécessaires et complémentaires
pour comprendre le phénomène dans sa complexité.
- L'échelle locale
Le projet repose principalement sur la préservation des
ressources naturelles et de la biodiversité. L'objectif étant
d'assurer la conservation d'habitats et d'espèces
considérés comme menacés en vue de leur valorisation
écologique et écotouristique. Des mesures de compensations sont
envisagées pour faciliter l'acceptation par les communautés de
réglementations restrictives visant à limiter leur impact sur
l'environnement. L'origine et la réalisation du projet sont
attribuées à une dynamique exogène menée par des
acteurs extérieurs. Ce projet va donc devoir s'intégrer au sein
d'un contexte local présentant déjà des structures
établies. Il va rentrer en interaction directe avec celles-ci de
manière intense. Les conséquences (déjà
évoqué dans la partie 1) de l'AMP au niveau local sont donc
très importantes : réorganisation territoriale,
redéfinition des espaces et redistributions des pouvoirs. En
réaction, de nouvelles stratégies personnelles ou communautaires
vont voir le jour.
- L'échelle régionale
Au niveau de la région Diana, la création de
cette AP a pour but la valorisation de la biodiversité et la gestion
durable des ressources naturelles. Ces deux aspects correspondent aux
orientations régionales reposant principalement sur l'environnement
comme moteur de
développement (tourisme, production agro-alimentaire).
Il contribue également aux objectifs chiffrés de création
d'AP sur la région. Ce projet est à l'origine de nouveaux enjeux
d'ampleur régionale concernant le territoire. Située à
proximité immédiate d'Antsiranana, la baie d'Ambodivahibe peut
devenir un des sites touristiques phares de la région. Les risques
liés à la sur-fréquentation sont réels. Des enjeux
fonciers et immobiliers sont déjà en train de se manifester au
travers de la spéculation sur les sites les plus attractifs. On observe
une démarcation effective du territoire concerné liée
à la médiatisation et aux difficultés du projet. Ces
conflits locaux se répercutent bien sûr à cette
échelle puisque la mobilisation des responsables et de certains acteurs
importants a été nécessaire.
- L'échelle nationale
Le SAPM et la nouvelle approche de la gestion de
l'environnement à Madagascar constituent le cadre national du projet. Le
projet d'AMP à Ambodivahibe contribue également à la
constitution d'un réseau national censé être significatif
et représentatif à l'échelle du pays. Il permet ainsi de
répondre aux objectifs internationaux en matière de conservation
et de satisfaire à la conditionnalité environnementale des aides
au développement. Les modes d'intervention des ONG de conservation
montrent bien le caractère exogène des politiques de conservation
mises en oeuvre dans le pays. Le contrôle sur les ressources et les
espaces leur est ainsi assuré dans des logiques d'exploitation
économique et de libéralisation de l'économie. Le projet
alimente donc au niveau national un ensemble de jeux d'influence et de flux
financiers.
4.7 Les limites de la démarche d'analytique mise en
oeuvre
Le projet analysé sur une courte période
était dans une dynamique particulièrement active. Il n'a pas
été évident dans ces conditions de prendre le recul
nécessaire à l'exercice d'analyse. Les barrières
culturelles et linguistiques ne doivent pas être négligées.
Toutes les allocutions et les conversations auxquelles j'ai assisté
n'ont pu m'être traduites. Quand elles l'ont été, il faut
prendre en compte les biais liés à cet exercice. La traduction
passe par une réflexion et une reformulation qui peut nuire à
l'authenticité ou la qualité de l'information (Tröger,
2004). Ne disposant pas d'un interprète, les traductions ont
été réalisées selon les situations par une grande
diversité d'individus (Chargé de projet, agent technique ou
stagiaire du SAGE et de CI, membre des communautés locales). Elles
représentaient alors une occasion de plus pour pratiquer une certaine
censure pour des raisons variables et propres à chaque traducteur. Cet
aspect m'a notamment empêché de vraiment pouvoir mener des
enquêtes approfondies auprès de l'ensemble des communautés
locales. Il est aussi clair que vu mon statut de jeune « expert »
occidental, toutes les informations ne m'étaient pas accessibles.
Contribuant pour beaucoup à sa compréhension, la
spatialisation de l'analyse est sûrement un point qui aurait dû
être plus développé. Malheureusement, vu les
difficultés d'obtention auprès des rares techniciens en SIG du
projet et le caractère réduit et imprécis des
données disponibles, la production de supports cartographiques est
restée très limitée.
5. L'intégration locale, le point faible du
projet
5.1 De la pensée globale à un blocage
local
Un projet d'AMP qui rencontre des difficultés en
partie prévisibles
Le déroulement chronologique l'a bien montré, la
création de l'AMP est un processus mouvementé et
particulièrement complexe.
De nombreuses difficultés d'ordre méthodologique
ont pu être identifiées. L'intégration des actions de
terrain au sein du rythme de la vie villageoise n'a pas été
facile. La gestion et la coordination dans le temps des différentes
phases du projet se sont montrées difficiles. Les retards du processus
à Ambodivahibe causé par l'opposition ainsi que les retards dans
la livraison des diagnostics ont handicapé les restitutions et les
validations au niveau local.
L'implication des communautés locales est surtout
restée très limitée. Dans ce contexte, la participation et
l'obtention d'un accord réel sur la définition des
modalités de l'AP entre le SAGE et les acteurs les plus concernés
ont représenté les difficultés majeures du projet. Les
vrais conflits générés par l'AMP n'ont en fait jamais pu
être abordés lors des réunions d'information et de
validation. En effet, particulièrement paisibles sur le moment, ces
dernières étaient très souvent suivies de manifestations
d'opposition dans les semaines qui suivaient.
La réalité du projet révèle
certaines contradictions par rapport à ses objectifs de
développement et d'implication des acteurs locaux. Elle fait
également apparaître des conflits de représentation entre
les différents acteurs impliqués. La complexité
géographique du processus génère également des
déphasages entre les temporalités politiques, économiques,
sociales et environnementales.
Le projet s'est aussi retrouvé devant une situation de
plus en plus complexe qui dépassait largement ses promoteurs locaux.
L'augmentation des pressions sur les ressources, les espaces et les acteurs
clés en sont une bonne illustration.
- Une intégration au niveau local qui reste
très limitée
Globalement ce projet n'est pas bien compris par les
communautés et les leaders locaux. Ses objectifs, les
intérêts qu'il présente ainsi que les modalités du
processus ne sont pas bien cernés et restent flous. Son
interprétation donne lieu aux hypothèses les plus alarmantes qui
sont, bien sûr, reprises par ses détracteurs. Perçu comme
une menace, une remise en cause de leurs droits, le projet n'est absolument pas
investi par les communautés. La dynamique au niveau local est faible.
Des acteurs extérieurs au territoire animent donc le processus qui de
surcroît n'est ni accepté ni approprié par les acteurs
locaux.
Les problèmes générés par la crise
politique concernant le projet traduisent bien la sensibilité et la
fragilité de cette approche venue d'en haut vis-à-vis d'une
conjoncture nationale dont l'instabilité est importante.
- Une réelle distorsion entre le discours officiel
et les perceptions des acteurs
L'ONG Conservation International met en avant concernant ses
objectifs et ses modes d'action un discours reposant sur une approche
dialectique et constructive du couple environnement/développement. Les
documents cadres du SAPM tel que le manuel de procédure de
création des AMP insistent également sur l'importance du
développement engendré à toutes les échelles par le
classement d'espaces protégés. Le projet est donc
présenté comme la solution idéale pour la conservation de
la biodiversité et au développement du territoire. En
réalité, il est principalement porteur de contraintes pour les
communautés locales alors que les opérateurs se rendent compte
que sa mise en oeuvre reste très problématique.
5.2 Un état de fait qui semble pouvoir
s'expliquer
- Une mise en oeuvre partielle et partiale du paradigme
intégrateur
Malgré ses orientations clairement affichées
concernant la place faite aux communautés locales, force est de
constater que le projet d'AMP à Ambodivahibe repose sur une
démarche particulièrement exogène. Avec pour origine la
mobilisation d'une ONG nord-américaine se basant sur des fondements
idéologiques conservateurs (libéraux et conversationnistes), la
question de sa dimension locale reste largement absente. Les modes d'action
sont fortement conditionnés par des facteurs extérieurs
(financement, pressions politiques).
Le projet se veut participatif d'un point de vue
théorique. Dans les faits, on constate que cette approche n'est pas
effective car pour des raisons pratiques et idéologiques les moyens
méthodologiques, humains et financiers qui y sont alloués restent
insuffisants. La compréhension du territoire qui est
développé n'est pas approfondie. Elle repose sur des informations
lacunaires et superficielles ainsi que sur de graves approximations spatiales.
Les relations entre les acteurs sont bien hiérarchisées et
formalisées sur des schémas institutionnels classiques. Les
différents niveaux de réflexion sont compartimentés et
aucune médiation n'est assurée afin de réunir
constructivement les acteurs.
Enfin, le point le plus important semble être l'approche
faite de la participation. Particulièrement réduite et
simplifiée. Elle n'est pas appréhendée dans toute sa
complexité. Les dimensions sociales et surtout territoriales
(multiplicité d'usages sur un même espace, conflits de pouvoirs,
enjeux fonciers) ayant été quasiment oubliées. De nombreux
facteurs l'influençant n'ont ainsi pas été suffisamment
considérés. La participation a donc été
envisagée comme un outil technique de validation représentant en
fait un passage obligé à mettre en oeuvre à minima. Elle
n'a visiblement pas été perçue comme un
élément potentiellement décisif pour la réussite et
la durabilité du projet.
Le caractère simpliste et clairement bio-centré
de l'approche environnementale développée est un
élément à ne pas oublier. La hiérarchisation des
savoirs est très claire. Une analyse très limitée
(inventaires espèces) et spatialement restreinte (récif de la
bais d'Ambodivahibe et forêt sèche adjacente d'Ampio) sert de base
pour de nombreux aspects du projet : perception espace, analyse, orientation et
décisions. Les mesures de conservation et de développement
touristique sont surinvesties tandis que les dimensions développement
local ont du mal à aboutir dans un climat de conflit qui bien sûr
ne les favorise pas.
- Des interactions conflictuelles entre les
échelles d'analyse et d'action
La démarche visant à intégrer la
dimension locale dans la gestion de l'environnement a des conséquences
territoriales considérables. L'analyse du projet à Ambodivahibe
l'a bien montré. Les projets de conservation génèrent des
interactions conflictuelles au niveau local et entre les différentes
échelles d'actions et de décisions. Les opérateurs
investissent et sollicitent de manière contrainte les acteurs locaux qui
n'ont pas toujours fait le choix d'un tel partenariat. Il est important de
noter que cette sollicitation conditionne l'intervention et les actions des
opérateurs, elle est donc davantage obligatoire que volontaire. Dans le
cadre de cette mise en relation quelque peu forcée, les interactions
produites seront donc extrêmement fortes et laissent présager des
blocages de plus en plus problématiques. N'est-il pas possible
d'envisager une approche s'appuyant sur d'autres méthodes
d'interventions. La recherche de la participation serait mise de
côté au profit d'une implication plus pertinente des acteurs
locaux, avant même la définition du projet et des
problèmes.
6. Quelques orientations pour sortir de l'impasse
6.1 La diversité de l'information au coeur de la
compréhension du territoire
- De l'information endogène
Le développement de visions partielles et
focalisées sur la biodiversité d'un territoire est bien souvent
à l'origine d'analyses incohérentes avec la réalité
locale. Une telle situation d'incompréhension entre les acteurs aboutit
rapidement à des conflits importants (Joerin et al, 2001).
Il semble nécessaire de développer une approche
élargie des connaissances visant à rendre compte de la
complexité des dimensions spatiales et temporelles des territoires. La
compréhension des usages et des logiques opérantes au niveau
local apparaît comme un point de départ obligé. Tous ces
éléments de diagnostic permettent aux intervenants de mieux
cerner le cadre de leur intervention. Ils constituent surtout une base pour
ancrer le projet dans le territoire. Pour cela il semble nécessaire de
travailler sur les perceptions locales de l'environnement et de formaliser les
représentations mentales qui y sont attachées. La description et
l'appréhension de l'espace doivent être abordées selon des
critères locaux (Clouet, 1995).
Ces nouvelles considérations s'inscrivent dans une
réévaluation des savoirs opérante au travers de
l'implication des acteurs locaux dans la production de l'information. Il est
important de rappeler que cette étape décisive et
préalable à toutes analyses est trop souvent accaparée par
les intervenants extérieurs et les experts techniques. De nouvelles
méthodes de production et de formalisation de l'information
correspondantes aux besoins locaux doivent être développées
dans cette optique.
- Pour une aide à la décision
intégrée
La diversification et l'augmentation de la quantité
d'informations disponibles génèrent des enjeux importants
concernant leur traitement et leur gestion. L'information sur le territoire se
situe au centre des instruments de gouvernance (Prélaz-Droux, 2001),
cette dernière doit être disponible et accessible à tous
les acteurs. Les besoins en termes de support et de mise en forme sont donc
importants pour pouvoir répondre à toutes les attentes. La mise
en relation, la confrontation ainsi que la modélisation des
données sont indispensables à une production
supplémentaire de connaissance. Cette dernière si elle
intègre la diversité des données et met en relation les
différentes perceptions peut être à la base d'une
représentation commune du territoire nécessaire à une
prise de conscience concertée de la situation et de ses enjeux (Jost,
2001). Dans cette optique, les instruments de l'information tels que les
Systèmes d'Information Géographiques, les systèmes d'aide
à la décision ou les outils d'analyses multicritères
présentent des potentiels importants. Leur remarquable capacité
associée à de nombreuses fonctionnalités facilite tout
à la fois la gestion, la manipulation et l'actualisation de
l'information que la production et la diffusion de supports adaptés
à la réflexion et à la décision (Joerin et al,
2001). Afin d'éviter de renforcer le pouvoir des rares techniciens
capables de les maitriser, la priorité doit être donnée
à des outils simples et accessibles.
6.2 Une nouvelle approche du développement et de
l'intervention technique
La participation ne semble guère en mesure d'assurer
l'efficacité des actions territoriales entreprises ni même
l'émergence d'un processus local de décision responsable (Seck,
2001). Des problèmes conceptuels restent liés au fait que dans
ces démarches, on fait adhérer les acteurs locaux à un
projet qui leur est toujours autant étranger. Ces derniers ne
s'impliqueront réellement que lorsqu'ils seront en capacité et
reconnus à ce titre (D'Aquino, 2004). Le développement des
capacités locales de gestion apparaît indispensable, il a
déjà été formalisé au travers du concept
d'accompagnement à la décentralisation (D'Aquino, 2002). Le
pouvoir et la décision doivent être redonnés aux acteurs
locaux pour permettre l'émergence de réelle dynamique locale
capable d'actions concrètes et pérennes. Au travers de la force
du lien spatial qui assure la diversité sociale et la volonté
d'agir, l'approche territoriale est revalorisée comme gage de
démocratie (D'Aquino, 2002).
Ces évolutions conceptuelles impliquent un
repositionnement de l'intervention technique. Elle doit tout d'abord
désinvestir la phase d'intelligence des projets en arrêtant de
contribuer à l'analyse de la situation et à la définition
des problèmes. Il est aussi préférable que cette
intervention se dégage de toutes entrées thématiques ou
méthodologiques pour se concentrer sur la reconnaissance et la
capacitation des acteurs : conditions nécessaires à l'amorce
d'une réflexion territoriale locale (D'Aquino, 2002).
La mise en oeuvre concrète de cette approche subtile
nécessite du temps et de la diplomatie. Les relations entre intervenants
et acteurs locaux vont passer de l'assistanat forcé à un
réel partenariat. Tout cela passe par la reconnaissance du local
(savoirs, perceptions, logiques, rythmes, légitimités) et un
cadrage négocié de l'intervention extérieure.
L'accompagnement technique répondant aux sollicitations des acteurs
locaux remplace donc les solutions imposées. Les intervenants ont pour
objectif de favoriser l'action locale en lui fournissant des outils
adaptés aux besoins exprimés en termes de gestion territoriale.
Les premiers résultats d'opérations pilotes reposant sur cette
démarche qualifiée d'accompagnement des dynamiques
endogènes sont probants. A titre d'exemple, on signalera la mise en
oeuvre d'un système d'information territoriale de conceptualisation
entièrement locale ayant bénéficié d'une
intervention extérieure indispensable concernant sa réalisation
technique (D'aquino, 2002). Ces expériences ont
révélé une grande richesse concernant les échanges
entre toutes les parties prenantes au projet.
Conclusion
Le présent travail de recherche entend
appréhender la manière dont la création des AMP à
Madagascar s'intègre dans la gestion environnementale du pays. Dans
quelles mesures ces Aires Protégées particulières
contribuent à son évolution et selon quelles orientations ? La
mise en évidence du contexte et des modalités de la
création de l'AMP dans la baie d'Ambodivahibé devait permettre
d'apporter des éléments de réponse à ces questions.
Dans la mesure du possible, la démarche de cette analyse
interactionnelle se veut à double sens, entre le concept d'AMP et le
contexte environnemental malgache.
L'analyse de ces deux éléments a mis en
évidence les enjeux de la situation et permis de soulever des
hypothèses pertinentes. L'étude de cas a, quant à elle,
fourni une compréhension de la réalité de ce type de
projet. Les logiques d'acteurs et les influences contextuelles à
différentes échelles ont été identifiées au
même titre que les origines des difficultés rencontrées. Le
travail sur l'incidence des spécificités propres aux AMP n'a par
contre pas pu être suffisamment développé. Le manque de
recul concernant les AMP à Madagascar a aussi limité
l'évaluation de ses conséquences d'un point de vue global.
Les AMP représentent un phénomène mondial
démontrant l'importance et la pertinence attribuées par les
acteurs de la conservation à l'utilisation des AP dans la gestion de
l'environnement. Au niveau local les enjeux territoriaux associés aux
AMP sont très importants. Dans les années 1990, des
réponses ont déjà été apportées
à ce type d'enjeux concernant les AP. Elles ont rencontré de
nombreuses difficultés et le contexte environnemental malgache actuel
montre que cette démarche y est plus que problématique. La
création de l'AMP à Ambodivaibe représente un processus
qui rencontre des blocages majeurs. Ces derniers sont révélateurs
de l'approche conservatrice développée et montrent bien son
inadéquation vis-à-vis des territoires concernés.
Conditionné par un programme national établie dans l'urgence,
l'opérateur et le promoteur de l'AMP ont été largement
sous estimés les investissements en temps et en préparation. Il
en résulte une certaine précipitation dans le projet
accentuée par les nombreux retards accumulés. La focalisation sur
la préservation de la biodiversité selon des critères
occidentaux et la concrétisation d'un projet répondant à
des engagements internationaux (congrès Durban) se font au
détriment de considération relative au développement local
et à l'appropriation du projet par les communautés
concernées. Il en résulte un projet d'AP mal défini par
les opérateurs et incompris par les acteurs locaux.
Une meilleure compréhension du territoire semble
nécessaire afin d'en développer une intelligence plus
complète, acceptée par toutes les parties prenantes. La
diversification, la spatialisation et la diffusion des données
mobilisées pourraient s'appuyer efficacement sur le potentiel reconnu
des nouvelles technologies de l'information. Face aux difficultés que
rencontre l'intégration du projet à l'échelle locale, une
approche plus ouverte reposant sur la planification territoriale ascendante
pourrait également apporter des solutions. Le pouvoir donné aux
acteurs locaux semble à ce sujet plus efficace que la fenêtre
participative qui leur est timidement ouverte.
Conséquemment, on peut affirmer que la création
des AMP appuie une certaine radicalisation de la conservation à
Madagascar. Les conditions de leur mise en oeuvre traduisent un
éloignement flagrant du paradigme environnemental intégrateur.
Les normes internationales y sont prépondérantes tandis que la
mobilisation nationale révèle une approche contrainte laissant la
place à l'intervention soutenue des ONG et des acteurs exogènes.
La réalité des enjeux locaux relatifs à la gestion de
l'environnement marin et littoral n'est pas réellement prise en compte.
Dans un contexte de détérioration des relations entre les
acteurs, les blocages
sont renforcés par l'absence de médiation dans un
processus qui laisse donc transparaître une certaine violence.
La mobilisation de cette étude de cas a vraiment permis
de mettre en évidence les montages institutionnels et les
mécanismes d'action propres à la vision de la conservation
actuellement opérante à Madagascar. Face à la
prépondérance avérée de l'échelle
internationale dans la gestion de ces territoires, on peut à juste titre
s'intéresser aux moyens d'inverser la tendance. Sur quels outils
méthodologiques pourrait s'appuyer l'accompagnement de dynamique plus
endogène ? La question de l'articulation des différentes
échelles d'analyse et d'action permettant de dépasser les
conflits constatés reste entière et se place également au
coeur des débats.
Index des Figures
Figure 1 : La pêche traditionnelle à Madagascar, un
contexte en mutation
à l'origine de nouvelles pressions 7 p
Figure 2 : Chronologie d'une prise de conscience internationale 8
p
Figure 3 : Le système littoral, une structure spatiale 11
p
Figure 4 : La friction territoriale entre un espace
protégé et une société locale 12 p
Figure 5 : Positionnement individuel par rapport à
l'espace protégé 13 p
Figure 6 : Traduction collective et impact sur la gestion de
l'espace protégé 13 p
Figure 7 : Concrétisation du changement de paradigme
appliqué aux Aires Protégées 15 p
Figure 8 : Une composante marine importante associée
à des milieux diversifiés 17 p
Figure 9 : La gestion de l'environnement à Madagascar :
système d'influence
et de flux financiers 19 p
Figure 10 : Les AMP à Madagascar, état de lieux en
2009 20 p
Figure 11 : La mise en place des nouvelles AMP depuis la vision
Durban 21 p
Figure 12 : Tourisme et Aires Protégées dans la
région de Diana 24 p
Figure 13 : Répartition du tourisme et des Aires
Protégées au Nord de Diana 25 p
Figure 14 : Emprise spatiale de l'AMP et territoires
administratifs concernés 26 p
Figure 15 : Ampondrafeta, une des plages remarquables faisant
déjà l'objet
de spéculation foncière 26 p
Figure 16 : Milieux naturels au sein de l'AMP 27 p
Figure 17 : Schématisation théorique du zonage de
l'AMP 33 p
Figure 18 : Débat animé entre leaders locaux lors
du zonage participatif à Ambodivahibe 34 p
Figure 19 : Une délimitation initiale modifiée par
le processus 35 p
Figure 20 : Le cercle « vertueux » de la conservation
38 p
Figure 21 : Les grandes étapes du projet jusqu'à sa
confrontation avec l'échelle locale 39 p
Figure 22 : Echelles d'action et niveaux l'implication des
acteurs, une logique interventionniste 40 p Figure 23 : Une organisation
relationnelle à l'origine des blocages 41 p
Liste des acronymes utilisés
AMP : Aire Marine Protégée AP : Aire
Protégée
CI : Conservation International
SAGE : Service d'Appui à la Gestion de l'Environnement
MBG : Missouri Botanical Garden MNP : Madagascar National Park
MEFT : Ministère de l'Environnement de la Forêt et du Tourisme
ONE : Office National de l'Environnement
SRPRH : Service Régional de la Pêche et des
Ressources Halieutique
UICN : Union International pour la Conservation de la Nature
COI : Commission de l'Océan Indien COAP : Code des Aires
Protégées
SAPM : Système d'Aires Protégées de
Madagascar
MAP : Madagascar Action Plan
ICBG : International Cooperative Biodiversity Group
Annexes
- Schémas complémentaires
- Les différentes catégories d'Aires
protégées d'après l'UICN
- Cartographie des sites potentiels pour les AMP à
Madagascar - Liste des acteurs enquêtés
- Procédure de création d'une AMP dans le cadre du
SAPM
- Déclaration commune de conservation pour l'AMP
d'Ambodivahibe - Article de presse sur l'obtention du statut temporaire de
protection
- Fiches d'enquêtes (campagne du SAGE en Avril 2009)
- Carte des sensibilités écologiques sur la baie
d'Ambodivahibe - Divergence entre les propositions de zonage
- Photographies
Schémas complémentaires :
Le littoral : un système anthropisé,
polyfonctionnel et complexe (Corlay, 1999)
L'environnement comme système de
représentation politique (Despraz, 2008, adapté
d'après Surel, 1998)
Les AMP à Madagascar un phénomène
d'ampleur nationale appuyé par la vision Durban et les
ONG internationales de la conservation (Source : Wildlife
Conservation Society)
Liste des acteurs enquêtés :
- Directeur de CI Diana
- Chargé du projet AMP Ambodivahibé CI Tombolay
Monica - Stagiaire CI chargé de l'étude d'impact
environnementale
- Responsable du programme CI AMP à Madagascar
- Directeur SAGE Diana
- Chargé d'étude SAGE
- Stagiaire SAGE chargé du plan de gestion
environnementale et de sauvegarde sociale - Consultant technique permanent au
SAGE chargé de l'élaboration du plan de gestion - Consultants
extérieurs recrutés pour la campagne d'enquête
- Directeur du Parc Marin de Nosy Hara (MNP) - Chargé de
projet complexe Ramena MBG
- Président de fokontany Ampondrahazo - Président
de fokontany Ivovona
- Animateur local Ampondrahazo
- Animateur local Ivovona
- Directeur école Ivovona
- Adjoint au maire de Mahavanona
- Habitants d'Ambodivahibé (pro-AMP) - Chauffeur SAGE
Procédure de création d'une AMP dans le cadre du
SAPM
D'après le Manuel de procédure pour la
création des aires marines protégées à Madagascar.
DGEF/SAPM RAP/DRAFT. RESOLVE Conseil. 2007.
Phase 1 : Initiative de création
1. Etude de faisabilité :
Etat des lieux et collecte de données diverses sur la
zone :
- Synthèse connaissances biologiques, données
géologiques, potentiels minier, pétrolier, pêche
- Inventaire opportunité de gestion et de conservation
- Inventaire pressions actuelles et potentielles,
évaluation niveaux de dégradation - Etude démographique et
d'occupation du sol
- Etude socio-économique (activités existantes et
opportunités de valorisation, identification des parties prenantes et
des secteurs engagés)
- Recensement après identification participative des
personnes affectées par le projet, des populations vulnérables et
des communautés éligibles pour les projets communautaires
2. Consultation des parties prenantes :
- Identifier les parties prenantes engagées dans
l'initiative de création
- Délimiter l'aire cible
- Identifier les droits coutumiers, fonciers et maritimes au
niveau de l'aire concernée - Définir les objectifs potentiels de
la NAP ainsi que le mode de gestion potentiel
- Intégrer la population locale dans la future gestion de
la NAP
- Approbation par les responsables régionaux
- vérifier la situation juridique maritime au service de
transport maritime
Résultats : carte de délimitation
approuvée, PV de concertation, Inventaire des droits coutumiers et
fonciers.
3. Etude d'impact environnementale
Evaluation des enjeux et des impacts probables avec la
prescription des alternatives globales probables à propos de la
conservation de la biodiversité, la conservation du patrimoine culturel,
la réduction de la pauvreté et l'utilisation durable des
ressources
Résultats : Rapport Etude Impact Environnementale
4. Elaboration d'un schéma d'aménagement
en partenariats avec les parties prenantes
Phase 2 : Mise en protection temporaire
1. Soumission du dossier d'initiative de création
auprès des services de l'Etat Le dossier d'initiative de
création est soumis au MEFT et au MAEP en vue d'obtenir le statut de
protection temporaire. Il comporte les éléments suivants :
documents de présentation du site, carte de délimitation, Etude
d'impact environnemental et les schémas d'aménagement.
2. Gestion des conflits intersectoriels
Identifier sur le terrain les conflits
Phase 3 : Création définitive
1. Préparation et signature du contrat de
délégation temporaire de gestion
2. Consultations et négociations (en partenariats
avec le futur gestionnaire) - Poursuivre le processus de consultation
au niveau des communes, des villages et des hameaux
- Procéder au zonage de la NAP
- Définir les objectifs de gestion, les règles
minimales d'utilisation, les activités permises, les limitations et les
restrictions d'accès aux ressources naturelles (en partenariat avec les
populations locales).
- Discuter sur la structure de gouvernance possible de la NAP
- Négocier les limites de la NAP d'après les
résultats des zonages potentiels de développement hors AP
- Soumission au service topographique régional du projet
de délimitation -Affichage des projets de délimitation pour
assurer la transparence et recueillir les réclamations
- Ajuster les délimitations
- Collecter des informations sur le mode de gestion locale des
ressources naturelles
- Faire la communication sociale sur la nécessité
de cogestion avant de négocier l'accord de cogestion
3. Elaboration et soumission au MEFT des documents
directeurs nécessaires au classement définitif
- Plan d'aménagement et de gestion
- Plan de gestion environnementale et de sauvegarde sociale
Le projet de décret de création est ensuite soumis
au CSPN
L'institutionnalisation s'effectue au travers de la signature et
de la publication du décret pris en conseil des ministres
S'en suit l'immatriculation du site et sa matérialisation
par bornage et balisage Ce n'est qu'à ce stade que le classement en AMP
est effectif.
Le promoteur est ensuite chargé de former et d'installer
la structure de gestion
Les différentes catégories d'Aires
protégées d'après l'UICN
Afin d'harmoniser l'effort de conservation de la nature entre
les différents pays à travers le monde, l'UICN s'est dotée
en 1994 d'un référentiel permettant de catégoriser les
divers types d'aires protégées en fonction du degré de
protection du patrimoine naturel et culturel qu'elles renferment.
L'UICN définit des aires protégées comme
étant des zones terrestres ou marines spécifiquement
dédiées à la protection et à la conservation de la
diversité biologique, ainsi qu'aux ressources naturelles et culturelles
associées. Ces zones et ressources remarquables doivent être
gérées par des moyens efficaces, de nature juridique ou autre
(contractuelle, pédagogique, financière, etc.). La Commission des
parcs nationaux et des aires protégées (CPNAP) de l'UICN
définit ainsi 6 catégories d'aires protégées.
Catégories d'Aires
protégées
|
Objectifs de gestion
|
Catégorie I
|
Réserves Naturelles Intégrales
|
Aire protégée gérée à des fins
scientifiques et/ou de protection de la faune et de la flore dans un
périmètre qui représente un écosystème
particulier
|
Catégorie II
|
Parcs Nationaux
|
Aire protégée gérée à des fins
de protection d'écosystèmes importants et à des fins
récréatives et éducatives
|
Catégorie III
|
Monuments Naturels
|
Aire protégée gérée principalement
dans le but de préserver un élément naturel ou
naturel/culturel spécifique
|
Catégorie IV
|
Réserves Spéciales
|
Aire protégée gérée principalement
à des fins de conservation et de protection des habitats ou des
espèces avec intervention au niveau de la gestion
|
Catégorie V
|
Paysages Harmonieux Protégés
|
Aire protégée gérée principalement
dans le but d'assurer la conservation de paysages terrestres ou marins et
à des fins récréatives, et où les interactions
harmonieuses Homme/Nature contribuent à maintenir la
biodiversité
|
Catégorie VI
|
Réserves de Ressources Naturelles
|
Aire protégée gérée principalement
à des fins d'utilisation durable des écosystèmes
naturels.
|
DECLARATION COMMUNE POUR LA CONSERVATION DE LA
BIODIVERSITE ET LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES AU
NIVEAU D'AMBODIVAHIBE ET D'AMPIO
Suivant la déclaration présidentielle (DURBAN,
2003) portant sur la nécessité d'augmenter la superficie d'Aires
Protégées,
Tenant compte de l'importance des ressources naturelles et de
la biodiversité présentant une richesse exceptionnelle au niveau
de la Région DIANA, plus particulièrement dans la baie
d'Ambodivahibe et de la Forêt Ampio qui sont des sites
écotouristiques par excellence et, ayant des fonctions
écologiques et de régulation, ainsi que bases des moyens de
subsistance de la population riveraine dont les bénéficiaires
directs sont les 2 Communes Rurales partageant ces sites.
Vu l'importance économique et socio-culturelle des
ressources naturelles et de l'Aire Protégée en création
(développement de l'écotourisme,...) mais en constatant que des
menaces, des pressions et des destructions s'exercent sur les dites ressources
naturelles mettant en cause leur pérennité et hypothéquant
l'avenir socio - économique de la Région DIANA.
Les soussignés de la présente déclaration
commune,
- Le Chef de Région DIANA,
- le Directeur Inter Régional de l'Environnement, des Eaux
et Forêts et du Tourisme,
- le Directeur Régional de Développement Rural,
- le Directeur InterRégional de la Culture
- le Directeur Régional des Transports,
- le Commandant de la Région Militaire N°7,
- le Chef de Service Régional de l'Aménagement du
Territoire
- le Chef de Service Régional des Domaines et de la
Propriété Foncière - le Directeur de l'Office
Régional du Tourisme/Diégo Suarez,
- le Représentant des opérateurs
économiques,
- le Président de la Société Civile,
- le Représentant des Notables d'Antsiranana,
- le Maire de la Commune Rurale Mahavanona
- le Maire de la Commune Rurale de Ramena,
- le Président du Comité du Pilotage
S'engagent à prendre leurs responsabilités
respectives, chacun dans son domaine et d'une manière concertée,
POUR ASSURER LE MAINTIEN DE LA BIODIVERSITE ET LA GESTION DURABLE DES
RESSOURCES NATURELLES, suivant les textes en vigueur, tout en oeuvrant pour le
développement socio-économique de la Région DIANA.
L'express de Madagascar
Antsiranana, 03-02-2009
Ambodivahibe classée aire
protégée
La protection de la flore et de la faune figure parmi les
défis du MAP. La sauvegarde des sites naturels se fait avec la
collaboration de la population.
Malgré des obstacles internes et externes, Ambodivahibe,
à Antsiranana, est classée aire protégée à
titre provisoire, ce deux mois après le dépôt d'une demande
dans ce sens. Cela a été officialisé par
l'intermédiaire de l'arrêté n°18633 du 17 octobre 2008
pris par le ministère de l'Environnement, des forêts et du
tourisme.
« La décision entre dans le cadre de l'augmentation
de la superficie des aires protégées, et conformément au
Madagascar action plan», précisent des responsables au sein du
Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) et de
Conservation international. De fait, les deux entités collaborent dans
l'exécution du projet.
Plusieurs étapes ont été franchies avant
cette classification. Entre autres, les responsables ont dû convaincre et
sensibiliser la population environnante de la nécessité de la
protection d'Ambodivahibe. D'autant que certains opérateurs ont à
coeur de profiter les richesses que recèlent les parties terrestre et
marine d'Ambodivahibe, celle-ci étant incluse dans la deuxième
plus belle baie du monde.
Il est clair que ces personnes font la pluie et le beau temps
dans l'exploitation de cette aire, jusqu'ici. Elles ont peur de perdre ce
privilège. Alors, elles essaient d'induire en erreur la population
locale. Pourtant, cette dernière a tout intérêt à ce
qu'Ambodivahibe soit protégée, ne serait-ce qu'afin de conserver
les richesses naturelles qui s'y trouvent.
« Il ne s'agit pas de déloger les gens de cette aire
protégée. Au contraire, ils prendront en main sa gestion »,
affirme un responsable du SAGE.
Espèces uniques
A noter que certaines espèces uniques de la faune et de la
flore d'Ambodivahibe commencent à se raréfier, dont le
mérou géant.
De même, la forêt d'Ampiho est sous la menace du
charbonnage de bois et de la culture sur brûlis. L'espace renferme aussi
des richesses culturelles de la population locale.
En tout cas, il reste beaucoup à faire avant la
classification définitive d'Ambodivahibe en aire protégée.
Il faudra en particulier mettre en place un plan de communication susceptible
d'éveiller la responsabilité de tous ceux qui sont
concernés par la sauvegarde d'Ambodivahibe.
Raheriniaina
Sensibilité écologique de la baie
d'Ambodivahibe (Maharavo, 2007)
Divergence entre les propositions de zonage :
A gauche le zonage selon la communauté
d'Ambodivahibe (2008), à droite le zonage selon les biologistes
(Maharavo, 2007)
ND : Noyau dur de conservation
ZUC : zone d'utilisation
contrôlée
ZDT : zone de développement
touristique
Réunion communautaire organisée par SAGE
et CI à Ambodivahibe (Photo : SAGE, 2008)
Débats et interrogations lors du zonage
participatif à Ampondrahazo (Photo : SAGE, 2008)
Enquête ménage à Ambavarano pendant
la campagne d'avril 2009 (Photo : Saint-Guily, 2009)
Discussion sur l'évolution des prises avec un
pêcheur d'Ampondrahazo (Photo : Saint-Guily, 2009)
Le fond de la baie et la plage
d'Ambodivahibe (Photo : Saint-Guily, 2009)
La piste entre Ivovona et Ambodivahibe traverse la
remarquable forêt sèche d'Ampio (Photo : Saint-Guily,
2009)
Bibliographie thématique
AMP, protection du littoral et des ressources marines
:
BEAUCHESNE P. et GAUDREAU L. 2002. Les aires
protégées au Québec : portrait et constats. Vertigo.
La revue électronique en sciences de l'environnement. 2002. volume 3. .
n°1. 9 p.
BONNOT-COURTOIS C. 2008. La place des habitats marins et
côtiers dans la gestion intégrée du littoral. Natures
sciences sociétés. Janvier/Mars 2008. vol. 16. no 1. 67-68 p.
BRUNEL P. Visages de la biodiversité marine.
VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 6
Numéro 1 | mai 2005, [En ligne], mis en ligne le 01 mai 2005. URL :
http://vertigo.revues.org/index3017.html.
Consulté le 02 juin 2009.
CAZALET B. Les aires marines protégées à
l'épreuve du sous développement en Afrique de l'Ouest.
Vertigo, la revue électronique en sciences de l'environnement,
2004, vol 5, n°3, 15 p.
CAZALET B., WEIGEL J.Y., FERAL F. 2005. Cohérence des
politiques de conservation et de développement des aires
protégées marines et côtières en Afrique de
l'Ouest.
Université de Perpignan/IRD/PNBA/UICN Bissau/DPN. Octobre
2005. 38 p.
CINNER J. 2005. Socioeconomic factors influencing customary
marine tenure in the Indo-Pacific. Ecology and Society. 2005.vol 10.
n°1. art 36. 10 p.
CINNER J. et al. Periodic Closures as Adaptive Coral
Reef Management in the Indo-Pacific. 2005, 20 p.
CHABOUD C., GALLETTI F. 2006. Y-a-t-il des
spécificités juridiques et économiques des aires
protégées marines et côtières (APMC)? Article
présenté au Colloque international GECOREV : Gestion
concertée des ressources naturelles et de l'environnement, du local au
mondial : pour un dialogue entre chercheurs, société civile et
décideurs. Université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines, 2006.
14 p.
CORMIER-SALEM M-C. 2006. Vers de nouveaux territoires de la
conservation. Exemple des littoraux ouest-africains. Annales de
géographie. 2006. vol. 115. no 651. 597-617 p.
CUQ M. 2008. Analyse comparée des cadres juridiques
relatifs aux Aires Protégées des zones côtières et
marines des pays du PRCM. Janvier 2008. Rapport de stage UICN. 72 p.
FAKOREDE M. 2008. Création d'une aire marine
protégés au Bénin. Rapport de stage.
Université de Moncton. Pêches et Océans Canada. Centre de
Recherches Halieutiques et Océanologiques du Bénin. 20 p.
GUILLOUX B. 2004. Développements récents du
droit international relatif à la biodiversité marine.
Vertigo. La revue électronique en sciences de l'environnement. 2004.
vol5. n°3. 10 p.
KLEIN C. 2007. Le parc marin de Mohéli,
première aire marine protégées des Comores.
Contribution volontaire au 1er colloque sur les aires marines
protégées « Quels stratégies pour quels objectifs
». Boulogne sur mer, 20, 21, 22 novembre 2007. 5 p.
LEBIGRE, J-M., DECOUDRAS P-M., GRENIER C. 2001 "Aires
protégées" insulaires et littorales tropicales : Gestion, enjeux,
perspectives, comparaisons. Nouméa (NouvelleCalédonie).
Livret - Guide Résumés des communications. Nouméa ; Pessac
; Meylan : CPS/SPC ; Transcultures ; UMR DYMSET ; SEPANRIT, 2001. 37 p.
(Actes du Congrès CPS/SPC "Aires protégées"
insulaires et littorales tropicales ». 30-31 octobre 2001)
LEFEBVRE C. 2005. Aire marine protégées, les
enseignements du premier congrès pour la stratégie
nationale. Rapport du Conservatoire du littoral après le
congrès UICN de Geelong- Australie- 24 au 28 novembre 2005. 15 p.
MAINET G. 1998. Iles et littoraux tropicaux. Nantes :
OUEST EDITIONS ; PRESSES ACADEMIQUES, 1998. vol. 2 vol.. 708 p.
(Actes des VIIème journées de géographie
tropicale. 11-13 SEPTEMBRE 1997. BREST.)
MARCADON J. Le transport maritime mondialisé et le
concept de frontière virtuelle. Flux (Noisy-le-Grand), Janvier-Mars
2008, no 71, 37-45 p.
MIOSSEC A. 2001. L'évolution de la
géographie des océans et des littoraux face aux perspectives du
développement durable au XXIe siècle. Quelles hypothèses
envisager ? ANNALES DE GEOGRAPHIE. 2001/09. vol. 110. n° 621. 509-526
p.
MIOSSEC, Alain (dir.) ; CABANNE, Claude (collab.) ; CHAUSSADE,
Jean (collab.) ; CORLAY, Jean-Pierre (collab.) ; MIOSSEC, Jean-Marie (collab.)
; PINOT, Jean-Pierre (collab.). Géographie humaine des littoraux
maritimes. PARIS : CNED-SEDES, 1998. 471 p. MIOSSEC A. (coord.), CHAUSSADE
J., CORLAY J.P., CAZES DUVAT V., PINOT J.P., GUINEBERTEAU T., VIGARIE A.,
MARCADON J. 1996. La gestion intégrée des zones
côtières. GEOGRAPHIES. BULLETIN DE L'ASSOCIATION DE
GEOGRAPHES FRANÇAIS. 1999/06. vol. 76. no 2. 51-220 p.
MONTAGGIONI L. Coraux & Récifs, Archives du
climat. Paris : Editions Vuibert ; Société Géologique
de France, 2007. 310 p.
MONOD K. 2005. Les aires spécialement
protégées d'importance méditerranéenne, Les
Cahiers du CRIDEAU n°13. 2005. Limoges. Pulim. 1 vol. 168 p.
OBERTI P., POLI A.M. 2006. Territoires marins
protégés et enjeux des démarches d'évaluation
éclairant la gouvernance environnementale participative : illustration
aux bouches de Bonifacio. Communication au colloque GECOREV, «
Gestion concertée des ressources naturelles et de l'environnement, du
local au mondial : Pour un dialogue entre chercheurs, société
civile et décideurs », UNIVERSITE DE
VERSAILLES-ST-QUENTINEN-YVELINES. 26-27-28 juin 2006. 29 p.
RASHID S., USSIF., ZELLER D., WATSEON R., ALDER J., PAULY D.
2008. Aires marines protégées : Coûts et
bénéfices. Courrier de la planète, Avril-Juin 2008.
no 86. 48-49 p.
ROBERT P. 2008. Aires marines protégées : Un
sanctuaire méditerranéen. Courrier de la planète.
Avril-Juin 2008. n° 86. 50-51 p
SANGUIN, A.L. ; MARCHAND, H. ; MARCADON, J. ; CHAUSSADE, J. ;
CHABLE, E. ; WACKERMANN, G. (coord.). Enjeux géopolitiques des
littoraux
Maritimes. GEOGRAPHIES. BULLETIN DE L'ASSOCIATION DE
GEOGRAPHES FRANCAIS, 1999/09. vol. 76. no 3. 275-326 p.
SANN A., BRETAUDEAU N., FRANCOIS G., TROYER G. La pêche
: quel avenir ?. ECHOS DU COTA, 1997/10, no 76, p. p. 18-24
SANN A. Biodiversité marine : sans, contre ou avec les
pêcheurs ?. Courrier de la planète, Juillet-Septembre 2008,
no 87, p. 60-61.
VERDUCCI M. et al. 2007. Les aires marines
protégées en Polynésie française. Contribution
volontaire au 1er colloque sur les aires marines
protégées « Quels stratégies pour quels objectifs
». Boulogne sur mer. 20, 21, 22 novembre 2007. 12 p.
WEIGEL J-Y., FERAL F. et CAZALET B. 2007. Les aires marines
protégées d'Afrique de l'Ouest : Gouvernance et politiques
publiques. Perpignan : Presses Universitaires de Perpignan. 208 p.
Aires protégées et patrimonialisation
:
BERTRAND A., MONTAGNE P., KARSENTY A. 2006. L'état et
la gestion locale durable des forêts en Afrique francophone et à
Madagascar. L'harmattan. Paris. 471 p.
BINOT. A et DAOU. V. 2007. Règles d'accès et
gestion des ressources pour les acteurs des périphéries d'aires
protégées : foncier et conservation de la faune en Afrique
subtropicale. Vertigo, La revue électronique en sciences de
l'environnement. Hors Série 4. novembre 2007. 11p.
BLANC-PAMARD C., BOUTRAIS J. 2002. Les temps de
l'environnement. D'un sauvetage technique à une gestion locale en
Afrique et à Madagascar. HISTORIENS ET GEOGRAPHES. 2002. no 381.
389-402 p.
CHABOUD et al., 2008 in RODARY E. et AUBERTIN C., Aires
protégées, espaces durables, Paris, IRD éditions,
p.55-81
CHERUBINI B. 2004. Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la
Construction Identitaire (Saint-Denis, La Réunion). Le territoire
littoral : Tourisme, pêche et environnement dans l'océan Indien.
Paris ; Saint-Denis (La Réunion) : L'Harmattan. Université
de La
Réunion. 2004. 292 p. (Congrès Université de
la Réunion. Faculté des Lettres et des Sciences Humaines)
CHOUX B. 2000. Les parc nationaux : développement de
l'écotourisme et protection de l'environnement, une possible
conciliation, BORDEAUX . TABL. 2000. 103 p.
CILLAURREN E., DAVID G.2003. Le patrimoine, nouveau concept
de gestion halieutique au service du développement durable ? L'exemple
des ressources côtières d'Océanie. In DYMSET CNRS
Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 (Pessac) ; Université
de la Rochelle ; Poitou-Charentes. Conseil Régional. COSAERT P., BART F.
Patrimoines et développement dans les pays tropicaux. Pessac : DYMSET.
2003. 279-288 p.
(Actes des 9e Journées de géographie tropicale, La
Rochelle, 13 et 14 sept. 2001)
CORMIER-SALEM
M-C. et al. 2005.
Patrimoines naturels au Sud, territoires, identités et
stratégies locales. IRD éditions. Paris. 551p.
CORMIER-SALEM M-C et al. 2002. Patrimonialiser la
nature tropicale. Dynamiques locales, enjeux internationaux. PARIS : IRD
EDITIONS. 2002. 467 p.
(Actes du séminaire "Patrimoine et territoire" Paris.
2002)
DEPRAZ S. 2008. Géographie des espaces naturels
protégés, genèse, principes et enjeux territoriaux.
Armand Colin. Paris. 320 p.
MERMET L. 1992. Stratégies pour la gestion de
l'environnement. Collection « Environnement » L'Harmattan.
1992.197p.
ROSSI.G 2003. L'ingérence écologique.
Environnement et développement du Nord au Sud. Espaces et Milieux.
CNRS EDITIONS. Paris. 2003. 227p.
SELMI.A., HIRTZEL. V. 2007. Gouverner la Nature. Cahiers
d'anthropologie sociale. Editions de l'Herne. Paris. 2007. n°3. 135p.
Contexte environnemental Malgache :
ANDRIAMAHEFAZAFY, F. MERAL, P. 2004. La mise en oeuvre des
plan nationaux d'action environnemental, un renouveau des bailleurs de fonds
?. Mondes en développement. Vol 32. n° 127. 2004/3. 29-43
p.
AMELOT, X. et al. Les justes territoires de la conservation :
la délimitation du nouveau réseau d'aires protégées
à Madagascar. Communication au colloques internationale «
Justice et injustices spatiales ». Université de Paris X-Nanterre,
12, 13 et 14 Mars 2008. 1p.
BLANC-PAMARD C., RAMIARANTSOA RAKOTO H. 2007. Normes
environnementales, transferts de gestion et recompositions territoriales en
pays betsileo (Madagascar) : La gestion contractualisée des
forêts. Natures sciences sociétés. Juillet-Septembre
2007. vol.
15, n°3, 253-268 p.
CHABOUD, C., FROGER, G., MERAL, P. 2007. Madagascar face aux
enjeux du développement durable : Des politiques environnementales
à l'action collective locale. Paris : Karthala. 2007. 309 p.
CHABOUD C. 2006. Gérer et valoriser les ressources
marines pour lutter contre la pauvreté. Etudes rurales,
juillet-décembre 2006. n°178. 197-212 p.
LEBIGRE J-M. 2000. Ecotourisme et développement dans
le Sud-Ouest. Potentialités et perspectives. In LEBIGRE
J-M. et al. Tuléar. Environnement,
culture, tourisme. TALILY : REVUE D'HISTOIRE (TOLIARA, MADAGASCAR). 2000.
n° 7-8-9 10-23 p.
MAGNE J. 2006. La conservation des écosystèmes
naturels : un concept tributaire du développement local ? : l'exemple de
la conservation des massifs de la région LokyManambato (Nord-Est
Madagascar). Bordeaux IATU. 2006. 1 vol. 103 p.
(Mémoire MST, Université Michel de Montaigne
Bordeaux 3 : 2006)
MERAL P. et al. 2006. La gestion durable de
l'environnement à Madagascar : enjeux, opportunités et
contraintes. Economie rurale. 2006. no 294-295. 4-89 p.
RAKOTO H. 2008. Madagascar au XXIe siècle : la
politique de sa géographie. EchoGéo, Numéro 7 | 2008,
[En ligne], mis en ligne le 27 octobre 2008. 12p. URL :
http://echogeo.revues.org/index8753.html.
Consulté le 30 avril 2009.
RAJOELINA P. (dir.). Actes du colloque "Madagascar : quelles
années quatre-vingt dix". (Partie II). MADAGASCAR OCEAN INDIEN.
1991/04. n° 6. 11-45 p.
RAMIARANTSOA RAKOTO H. 2002. Politique publique et prise en
charge des territoires : le local, entre reconnaissance et enjeux. Quelques
exemples malgaches. HISTORIENS ET GEOGRAPHES. 2002. no 381. 311-320 p.
RATSIMANDISA, G. Eco-conversion de dette et plan d'action
environnemental, deux nouveaux instruments au service de la protection de
l'environnement naturel de Madagascar. MADAGASCAR OCEAN INDIEN, 1991/01,
no 5, 93-107 p.
RESOLVE Conseil. 2007. Manuel de procédure pour la
création des aires marines protégées à Madagascar.
DGEF/SAPM RAP/DRAFT.
SARRASIN B. 2007. Le plan d'action environnemental malgache :
de la genèse aux problèmes de mise en oeuvre : une analyse
sociopolitique de l'environnement. Revue Tiers monde. 2007. n° 190.
435-454 p.
WEBER J. 1995. L'occupation humaine des aires
protégées a Madagascar : diagnostic et éléments
pour une gestion viable. NATURES SCIENCES SOCIETES. 1995. vol 3. n°
2. 157- 164 p.
Environnement marin et littoral à Madagascar
:
CHUNLAND S. 1998. Les littoraux de Madagascar : les milieux,
les hommes, les activités. BORDEAUX : UNIVERSITE DE
BORDEAUX 3. 1998/10. 82 p.
(Mémoire DEA 1998)
JOSHUA E. Le rôle des tabous dans la conservation des
ressources côtières à Madagascar, Ressources marines
et traditions. Bulletin de la CPS n°22. Mars 2008. 8 p.
LEBIGRE
J-M. et al. 1997
Milieux et sociétés dans le Sud-ouest de Madagascar. In
Ecosystèmes côtiers en danger dans la région de
Tuléar. Bordeaux. CRET. 1997. 97-120 p.
RAMBININTSAOTRA S. 2006. Vers la gestion
intégrée des zones côtières à
Madagascar. CRIDEAU. Centre de Recherches Interdisciplinaires en
Droit de l'Environnement, de l'Aménagement et de l'Urbanisme
Université de Limoges. Faculté de Droit et des Sciences
Economiques. CNRS, INRA. Université de Limoges. 2006. 496 p.
(Thèse, Doctorat : Droit : Limoge : 2006)
Biogéographie et contexte socio-territorial de la
zone d'étude :
IGARUN, 1999. Sillages sur l'Océan Indien. Cahiers nantais
Juillet 1999. n° 52. 229 p.
MANTAUX C.G. 1970. La cote nord-est de Madagascar en 1977
d'après le journal du chevalier de la Serre. BULLETIN DE
MADAGASCAR, vol 20. n° 289. 475-511 p.
ROSSI G. 1976. Problèmes biogéographiques de
l'extrême-nord de
Madagascar. MADAGASCAR REVUE DE GEOGRAPHIE. 1976/00.
n° 28, p. p. 133-154. ROSSI G. 1980. L'extrême-nord de
Madagascar. Thèse de l'Université d'Aix Marseille 2.
Institut de Géographie. Aix-en-Provence : EDISUD. 1980. 440 p.
Gouvernance, gestion intégrée et
implication des acteurs locaux :
D'AQUINO, P. 2002. Le Pouvoir plutôt que la
participation : les principes d'une nouvelle approche de la planification
territoriale décentralisée. Géographie
Économie Société. vol 4. n°1, p. 57-68.
D'AQUINO, P. 2008. Empowerment et participation : comment
mieux cadrer les effets possibles des démarches participatives ?
Proposition d'un cadre d'analyse à partir d'une synthèse
bibliographique. Publication électronique,
http://hal.archives-ouvertes.fr/hal00157747.
CIRAD. 14 p.
D'AQUINO, P. 2004. Pour une expertise participative qui
accompagne l'émergence de territoires citoyens du local vers le global.
CIRAD, Publication électronique, 2007,
http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00157746,
156 p.
D'AQUINO, P. 2002. Le territoire entre espace et pouvoir :
pour une planification territoriale ascendante. L'ESPACE GEOGRAPHIQUE.
vol. 31, no 1, 3-22 p.
D'AQUINO, P., Seck, S., CAMARA, S. 2002. L'acteur local avant
l'expert : vers des systèmes d'information territoriaux
endogènes. Une expérience au Sénégal. NATURES
SCIENCES SOCIETES, vol. 10. no 4, 20-30 p.
BAN, C. et al. 2008. Moving toward spatial solutions
in marine conservation with indigenous communities. Ecology and Society.
vol 13, n°1. art 32, 17 p.
BARRET, P. 2003. Guide pratique du dialogue territorial,
Concertation et médiation pour l'environnement et le
développement local. Fondation de France éditions.
collection : Pratique. 136 p.
BERKES, F. et al. 2007. Collaborative Integrated
Management in Canada's North: The Role of Local and Traditional Knowledge and
Community-Based Monitoring. Coastal Management. vol 35. n°1. 18 p.
BERTRAND, A. 1997. La nature au service de la
décentralisation. COURRIER DE LA PLANETE. no 40. 42-44 p.
BLANC-PAMARD, C., FAUROUX, E. 2004. L'illusion participative.
Exemples ouestmalgaches.
AUTREPART. no 31. 3-19 p.
BONCOEUR, J. 2006. Le projet de création d'un parc
national en mer d'Iroise :
Un exemple de processus participatif ? Communication au
colloque GECOREV. « Gestion concertée des ressources naturelles et
de l'environnement. du local au mondial : Pour un dialogue entre chercheurs,
société civile et décideurs ». Université de
Versailles-SaintQuentin-en-Yvelines. 26-27-28 juin 2006. 18 p.
BOYA BUSQUET, M. 2006. Des stratégies
intégrées durables : savoir écologique traditionnel et
gestion adaptative des ressources. Communication au colloque GECOREV.
Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. 26-27-28 juin 2006.
10 p.
CLOUET, Y. 2005. Aité, bourg sahélien :
aménagement et développement a dire d'acteurs. MAPPEMONDE,
01/10/1995, no 3, 30-34 p.
DAHOU, T., OULD, C., ABDEL, W. 2007. L'autochtonie dans les
aires marines protégées. Terrain de conflit en Mauritanie et au
Sénégal. Paris : Politique africaine. n° 108. 173-190
p.
DAHOU, T., WEIGEL, J-Y. 2005. La gouvernance environnementale
au miroir des politiques publiques : le cas des aires protégées
ouest-africaines. Afrique contemporaine. n° 213. p. 217-231
DAHOU, T. et al. 2004. La gouvernance des aires
marines protégées : leçons ouestafricaines, Vertigo,
la revue électronique en sciences de l'environnement, 2004, vol5,
n°3, 12 p.
DALTON, T. 2006. Exploring Participant's Views of
Participatory Coastal and Marine Resource Management Processes. Coastal
Management. 2006.vol 34 n°4. 16 p.
DEBARBIEU, B. (dir.), LARDON, S. 2003. Les figures du projet
territorial. La Tour d'Aigues : Editions de l'Aube. 269 p.
DIAGNE, M. 2007. La prise en compte des communautés
dans la problématique des Aires Marines Protégées.
Bulletin d'information du projet GIRMAC. 2007. 2p.
FALL, M. 2004. Dynamique des acteurs et négociation
environnementale en réserve de biosphère : le cas du Delta du
Saloum (Sénégal). Communication dans le colloque
« Développement durable : leçons et
perspectives », Ouagadougou, juin 2004, 6 p.
GUENETTE, S. and ALDER J. 2007. Lessons from Marine Protected
Areas and Integrated Ocean Management Initiatives in Canada, Coastal
Management, 2007, Coastal Management, vol 35, n°1, 22 p.
HAZEL F. et al. 2La gestion intégrée
de la zone côtière au Québec : un regard sur 10 ans
de pratique. Vertigo, la revue électronique en sciences de
l'environnement, 2006, vol7 n°3, 10 p.
HELVEY M. 2004. Seeking Consensus on Designing Marine
Protected
Areas: Keeping the Fishing Community Engaged. 2004.
Coastal Management. vol 3. 16 p.
KERVAREC F., PHILIPPE M., QUEFFELEC B. La concertation, pour
quoi faire ?
Jeux et regards croisés des acteurs de la gestion
intégrée des zones côtières. Université
de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. 26-27-28 juin 2006. 15 p.
KEARNEY J. et al. 2007. The Role of Participatory
Governance and Community-Based Management in Integrated Coastal and Ocean
Management in Canada. Coastal Management, 2007. vol 35 n°1. 15 p.
KING A. 1998. The role of local level relationships in marine
resource management. IFRA LES CAHIERS, 1998/05, no 11, 52-73 p.
PIVETEAU A., HUGON P. 2004. Évaluer les ONG.
KARTHALA Editions. Paris. 2004. 384 p.
VAN TILBEURGH V. 2006. Quand la gestion
intégrée redessine les contours d'une aire protégée
: le cas du parc marin en mer d'
Iroise. Vertigo. la
revue électronique en sciences de l'environnement. 2006. vol7. no3. 12
p.
WALMSLEY J. et al. 2007. Development of a Human Use
Objectives Framework for Integrated Management of the Eastern Scotian
Shelf. 2007. Coastal Management. vol 35. n°1. 26 p.
Méthodologie d'enquêtes :
FAUROUX E. 2002. Comprendre une société rurale.
Une méthode d'enquête anthropologique appliquée à
l'Ouest malgache. Paris : Editions du GRET. 2002. 152 p.
TROGER, G. 2004. Contribution à une
épistémologie de la traduction. Pour une explicitation des
présupposés théoriques. Les Presses de
l'Université de Montréal. Journal des traducteurs. Volume 49,
numéro 4, Décembre 2004, p. 747-767.
Apports de la cartographie et des SIG dans les
démarches territoriales :
BRAU F. 2002. Les chorèmes comme outil d'analyse des
besoins exprimés par des gestionnaires du territoire. MAPPEMONDE,
2002. n° 8. 7-10 p.
CLEMENT F. 2004. La cartographie utile aux projets de
territoire. Cahier pédagogique n°2. 2004. Mairie-Conseils.
Paris. 1 vol. 17-27 p.
JOERIN F. et al. 2002. Information et participation pour
l'aménagement du territoire, rôle des instruments d'aide à
la décision. in Numéro spécial de la Revue
internationale de géomatique. vol. 11. n3/4. Paris. Hermès
Science. 2002. 1 vol. 311-329 p.
PENNOBER G. 2005. Planification
côtière en Afrique de l'Ouest. Retour d'expérience SIG en
Guinée-Bissau. Revue en ligne Norois. 2005. n°196. 15 p.
POIDEVIN D. 1999. La carte, moyen d'action. Guide pratique
pour la conception et la réalisation de cartes. Editions Ellipses.
Paris. 192p.
PRELAZ-DROUX R. et THERIAULT M. 2002. SIG et
développement du territoire, in Numéro spécial de la
Revue internationale de géomatique. vol. 11. n3/4. Paris. Hermès
Science. 2002. 1 vol. 300-474 p.
ROCHE S. 1998. L'appropriation sociale des technologies de
l'information géographique. L'ESPACE GEOGRAPHIQUE. 1998. no 4.
317-327 p.
Rapport d'activités du projet d'AMP à
Ambodivahibe
RANDRIANARIVELO, J-V. 2003. Plan communale de
développement de Ramena. Consultant VIC. Version
révisée en 2005. 83p.
MAHARAVO, J., BAKARY, G. et PHILIPE, J. 2007. Cartographie
et diagnostic du complexe récifal d'Ambodivahibe (cote Nord-Est
de Madagascar). Centre National de Recherche sur l'Environnement, Centre
National de Recherche Océanographiques et Conservation International.
Juin 2007. 34p.
ANDRIAMAZAVA, A. et al. 2008. Résultats des
inventaires biologiques dans la forêt d'Ampio. Missouri Botanical
Garden. Juin 2008. 45p.
NENANA TSIOURY, H. 2007. Etude socio-économique du
projet d'AMP à Ambodivahibe. 2007. 41p.
MANANJEAN, N. 2007. Création de l'AMP Ambodivahibe :
état des lieux en éco-tourisme.. 17p.
RARIVOJAONA, J. 2007. Etude juridique à la mise en
place d'une AMP à la baie d'Ambodivahibé. Conservation
International. 66p.
MNP, Saindou. 2008. Rapport de délimitation de la NAP
Ambodivahibe. 20p.
SANTISY, A. et NDRIAMIRAVO, A. 2008. Etat des lieux des
activités éco-touristiques autour de la NAP
Ambodivahibe-Ampio. Consultant en Ecotourisme. 14p.
RAHERIJAONA, S. 2008. Esquisse du schéma
d'aménagement de la baie d'Ambodivahibe, Future nouvelle aire
protégée. 15p.
SAGE. 2008. Appui au processus de création de
l'Aire Marine et côtière d'Ambodivahibe à Antsiranana,
Rapport intermédiaire sur le période de juillet 2007 à
juin 2008. juillet 2008. 31p.
POUJOL, L. 2008. Mise en place d'une aire
protégée à Madagascar : Cas de la nouvelle aire
protégée marine et côtière d'Ambodivahibe.
Rapport de stage BTS GPN. Juillet 2008. 22p.
Conservation International/ SAGE. 2007. Plan de communication
mise en place de la nouvelle aire protégée
Ambodivahibé. Groupe de consultants sur la communication
d'Antsiranana. Novembre 2007. 28p.
PASCAL, B. 2008. Situation juridique des terrains entrant
dans les limites de la nouvelle aire protégée
d'Ambodivahibe. CI. 8p.
|