2. Problématique
Paradoxalement plus d'une trentaine d'années
après le début de la libéralisation
financière2, la dynamique du financement ne semble pas
être enclenchée en faveur des projets du secteur privé. En
effet, certains projets sont pratiquement exclus du système financier,
notamment en ce qui concerne le financement de leurs activités.
Malgré l'intérêt affiché par le gouvernement, les
PME au Burkina Faso éprouvent encore des difficultés au niveau de
leur croissance et de leur développement. Ces difficultés sont
depuis longtemps un enjeu majeur étant donné que le manque de
capitaux demeure problématique dans plusieurs pays, en l'occurrence au
Burkina Faso.
A cet effet, plusieurs études dont celles de Beck et
Demirguc-Kunt(2006), SQW et RAM(2005), Buckvic et Bartlett(2003),
Wattanaparutipaison (2003), Feakins (2004) ont constaté que ces
difficultés représentent un obstacle majeur au
développement des PME, particulièrement dans les pays en
développement où le système financier demeure encore sous
développé.
2
2 Intervenue au début des années 1980
pour les pays Ouest Africains, (rapport OCDE) (c) Fabrice NEZIEN, Mai 2011.
Les statistiques de la Banque mondiale le démontrent
plus clairement (Cull et al, 2006) révélant que dans la plupart
des pays en développement, plus de 50% de l'actif total des PME
étudiées est financé par des capitaux propres, le taux
moyen de financement bancaire n'étant que de 8%.
Qui plus est, le taux de refus des demandes de crédits
bancaires de ces types d'entreprises d'une moyenne de 30% dans la plupart des
pays d'Afrique Subsaharienne selon cette même étude. Un taux en
relative croissance à CORIS BANK soit de 12% en 2009 à 15,21% en
2010(états annuel des crédits 2009 et 2010). Pour une banque qui
se veut être le « partenaire privilégié des PME-
PMI»3, cette situation demeure toutefois inquiétante.
Pour la plupart des établissements financiers bancaires
(dont CORIS BANK), le problème de financement ne se pose pas de la
même façon selon qu'il s'agisse des grandes entreprises ou des
PME. Étant donné qu'au préalable, un financement n'est
accordé qu'après une étude de la santé
financière de l'entreprise, le financement des grandes entreprises ne
constitue pas un véritable problème pour les banques. Ces
entreprises ont régulièrement fait leur preuve en matière
de développement et de pérennité, leur ancienneté
et leur occupation rationnelle du marché en sont le témoignage.
Le dynamisme des relations de ces unités avec les banques est garanti
par une communauté d'intérêts et une forme de caution de la
puissance publique, notamment pour l'intérêt fiscal et pour des
motifs de préservation des « grands pourvoyeurs d'emploi ».
Le cas des PME est tout autre. Au Burkina Faso, nombre de ces
entreprises naissent d'une idée formulée par une ou plusieurs
personnes qui investissent leur propre argent et probablement font appel a
leurs familles, et a leurs amis pour qu'ils les aident financièrement en
échange d'une part dans l'entreprise. Mais une fois le démarrage
rendu possible, toutes ces entreprises en croissance ont à un moment ou
un autre besoin d'investir pour se développer ou innover d'avantage. Si
elles ne peuvent trouver les financements dont elles ont besoin, des
idées brillantes peuvent être délaissées; toute
chose qui représentera une déperdition de croissance
économique.
En général, les besoins financiers des PME
excédent les capacités financières de leurs promoteurs. Le
recours aux capitaux étrangers s'avère donc indispensable.
3L'une des missions de CORIS BANK.
Cependant, 30% seulement de ces entreprises parviennent
à obtenir un crédit dans de bonnes conditions auprès des
institutions financières (rapport doing business de la banque mondiale,
édition 2009).
C'est d'ailleurs ce qui ressort des conclusions des
journées de la banque et de la finance burkinabè (Ouagadougou les
29 et 30 Novembre 2007), en ce sens que : « Les très petites
entreprises ont un accès plutôt facile aux institutions de micro
finances que sont les caisses populaires, les fonds publics et certaines
structures non gouvernementales(ONG) ; Les moyennes entreprises trouvent en
partie des facilitées avec les institutions de micro finances et les
banques classiques. Cependant, certaines d'entre elles n'ont pas de
répondants pour leurs financements ~. Visiblement, il existe un
problème d'adéquation entre l'offre et la demande de
crédit. Que pourrait bien expliquer une telle insuffisance ?
La problématique du financement bancaire nous
paraît d' un sujet a controverse entre les acteurs du système
financier : d'une part les promoteurs d'entreprises qui se plaignent des
conditions rigides des banques, et d'autre part les banques qui évoquent
des insuffisances internes aux entreprises en exigeant d'elles l'affectation de
biens en garantie non toujours détenus. Il semble aussi qu'à
l'origine de ces difficultés se trouve un problème de gestion et
de transmission de l'information entre les micros entreprises et leur
environnement, notamment leurs créanciers (banques). Une information
considérée capitale à CORIS BANK comme dans toutes les
autres institutions financières, étant donné que son
apport constitue le préalable a toute demande de financement, permettant
de ce fait d'estimer le risque encouru. Toute chose qui constitue un obstacle
à une prise de décision optimale, mais aussi à
l'accès au crédit (WAMBA, 1999).
Pourtant, les PME pour se développer ont besoins
surtout, et outre les autres sources de financement, d'un accompagnement
bancaire aussi bien sur le court, moyen et long terme. Elles ont besoin de
satisfaire leurs demandes. Comment donc faire correspondre de manière
durable et soutenable l'offre et la demande de financement des PME ? D'aucuns
pensent que le problème de financement se résume a la question de
garantie. D'autres par contre trouvent qu'il a son fondement dans le rôle
traditionnel des banques consistant essentiellement à la collecte des
fonds, a la prestation de services et a l'octroie de crédit.
Ce rôle d'intermédiaire privilégié
entre offreurs et demandeurs de capitaux a pourtant évolué depuis
les années 1980 face à la libéralisation du secteur
bancaire au Burkina Faso.
Malgré tout, le financement des PME demeure toujours une
activité « risquée », suscitant à cet effet de
vifs débats.
Fort de ce constat, l'on est amené à se demander :
Pourquoi est-il difficile pour les établissements financiers bancaires
(notamment CORIS BANK) de financer certaines PME ?
De cette question principale, découlent les questions
spécifiques suivantes :
- La question de la garantie peut-elle être mise en exergue
pour expliquer le problème de financement ?
- Qu'elles sont les autres facteurs qui contraignent le
financement des PME par CORIS BANK ?
Notre analyse doit donc répondre aux diverses
interrogations suscitées par la problématique.
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