INSTITUT
D'ÉTUDES POLITIQUES DE PARIS (IEP)
CYCLE SUPÉRIEUR DE RELATIONS INTERNATIONALES
MÉMOIRE
Pour l'obtention du DEA de Relations Internationales
DIPLÔME D'ÉTUDES APPROFONDIES DE RELATIONS
INTERNATIONALES
La Coopération Multilatérale et la
Question de l'Eau
au Bassin du Nil
Par Christine ABDALLA ISKANDAR BOCTOR
Mémoire réalisé sous la direction de
Monsieur le Professeur Bertrand BADIE
Professeur des Universités à l'IEP de Paris
Paris
2002
TABLE DES MATIÈRES
Page
- REMERCIEMENTS
........................................................................
5
- TABLE DES ABRÉVIATIONS
..................................................... .....
6
- INTRODUCTION
.........................................................................
7 - 15
- La Théorie des Jeux : de la
co-opération à la coopération ..................
9
- Vers le multilatéralisme
.......................................................... 10
- Les théories sur le multilatéralisme
............................................. 10
- Néo-régionalisme versus
multilatéralisme .....................................
11
- PREMIÈRE PARTIE : L'accord de 1959 :
du point de vue des Etats riverains
nilotiques et du droit international des bassins fluviaux
................................ 16 - 36
A. L'accord entre la République du Soudan
et la RAU sur la pleine utilisation
des eaux du Nil de 1959
........................................................... 16 - 24
a) La sécurité
nationale hydraulique ................................ 16
b) Les droits acquis et le
partage des eaux du Nil ................. 21
c) La Commission Technique
Permanente Mixte ................. 22
B. L'attitude égyptienne envers les
réactions des pays en amont .............. 24 - 28
a) Les arguments de l'Ethiopie : un pays aux
sources éthiopiennes 25
b) Les arguments de l'Ouganda : un pays aux
sources équatoriales 27
c) Le refus égyptien de la
révision de l'accord de 1959 ........... 27
C. Le droit international des bassins fluviaux
.................................... 29 - 36
a) La Doctrine de Harmon
............................................. 30
b) Les Règles d'Helsinki de 1966
.................................... 31
c) La Convention sur le droit relatif aux
utilisations des cours d'eau internationaux à des fins autres
que la navigation de 1997 ........ 32
- DEUXIÈME PARTIE : Les
stratégies des pays riverains envers les défis
internes et externes
.......................................................................
37 - 69
A. Les défis internes
................................................................. 37 -
50
a) L'instabilité
politique et la politisation de l'eau ................ 38
a. Le Canal
de Jonglei .................................... 38
b. La
Nouvelle Vallée « Tochka » .......................
40
b) La croissance
démographique ..................................... 42
c) L'idée de la Guerre
de l'Eau ....................................... 45
B. Les défis externes
.................................................................. 50 -
63
a) L'Afrique comme cible, après la fin de
la Guerre froide, entre les
Etats-Unis et la France
..................................................... 50
b) L'aspect transnational de l'eau
...................................... 53
a. Les initiatives internationales
......................... 54
(1) La décennie de l'eau potable et de
l'assainissement (1980-1990)..................... 54
(2) La Conférence de
Dublin..................... 54
(3) Le Sommet de Rio et Agenda 21............
55
(4) La Conférence de
Noordwijk................ 55
(5) La Conférence de
Paris....................... 56
(6) Les travaux de la CDD de l'ONU...........
57
b. Les organisations internationales, les forums
et
les réseaux
.................................................... 58
(1) Le système des Nations
Unies............... 58
(2) Les institutions
multilatérales................ 59
(3) Le Conseil mondial de
l'eau.................. 59
(4) Le Partenariat global de
l'eau................. 60
(5) Le Secrétariat international de
l'eau......... 61
c) La tarification et les marchés de
l'eau ................................ 61
a. La structure de
marché.................................... 61
b. Les modes de
tarification................................. 62
c. Les obstacles d'un
marché de l'eau..................... 62
C. Les stratégies des pays riverains
................................................... 63 - 69
a) Une gestion plus rigoureuse des eaux
................................ 63
b) Une gestion juste et équitable avec un
appel au partenariat ....... 66
c) Une gestion interdépendante d'un bien
commun d'après une participation effective et transparente
................................... 67
- TROISIÈME PARTIE : La coopération
multilatérale entre les pays nilotiques
et les institutions internationales
....................................................... 70 - 97
A. L'Initiative du Bassin du Nil (IBN)
................................................72 - 86
a) Les objectifs de
l'Initiative.............................................. 72
b) Le cadre institutionnel
................................................... 74
a. Le
Conseil des Ministres du Nil (Nile-COM)............ 74
b. Le
Comité Consultatif Technique (Nile-TAC)........... 74
c. Le
Secrétariat du Bassin du Nil (Nile-SEC)............... 75
d. Le
Consortium International pour la Coopération dans
le Bassin
du Nil (ICCON)..................................... 75
c) Les projets
régionaux au Bassin et aux bassins subsidiaires......... 76
a. Le
Programme de Vision Commune (SVP)............... 76
b. Le
Programme d'Action Subsidiaire (SAP)............... 80
B. Le partenariat avec les institutions
internationales .............................. 86 - 94
a) La Banque mondiale
.......................................................... 86
b) Le Programme des Nations Unies pour le
Développement ......... 90
c) L'Agence Canadienne pour le
Développement International ....... 92
C. Quelles perspectives pour l'avenir
?................................................94 - 97
a) L'IBN réussira-t-elle d'éviter la politisation
de l'eau, autrement dit,
de résoudre la méfiance réciproque entre les
pays
riverains?........................................................................
94
b) L'IBN réussira-t-elle de
résoudre le problème du partage des quotas? 95
c) La coopération dans la région
MENA : Quel avenir ?.................. 96
- CONCLUSION
......................................................................
98 - 101
- TABLE DES ANNEXES
..........................................................
102 - 149
- BIBLIOGRAPHIE
..................................................................
150 - 160
REMERCIEMENTS
Ce travail n'aurait pas pu voir le jour sans le concours de
nombreuses personnes qui ont permis de le mener à bien. Ces
remerciements trop courts leur sont adressés.
Ils vont tout d'abord à mon directeur de recherche,
Monsieur le Professeur Bertrand BADIE dont les suggestions de lectures et les
conseils ont relancé, à plusieurs reprises un travail de
recherche quelques fois découragé par le manque de
références spécifiques sur les acteurs et leurs
stratégies, afin de réaliser la coopération
multilatérale au bassin du Nil.
Ils vont également à mon Professeur à la
Faculté d'Economie et de Sciences Politiques, Université du
Caire, Monsieur Abd El Malek OUDA dont les suggestions de lectures et les
conseils sur la situation actuelle des évènements et sur
l'Initiative du Bassin du Nil.
Je tiens également à remercier le chercheur
politique à la revue égyptienne Al-Siyassa El-Dawlya
« la Politique internationale », Monsieur Malek AWNY dont
les facilitations d'accès aux références publiées
par l'institution journalistique Al-Ahram et son archive, et celles qui
existent à la Bibliothèque du Centre d'Etudes Politiques et
Stratégiques, Al-Ahram.
Aussi remercie-je beaucoup la Directrice de la
Bibliothèque de la Faculté d'Economie et de Sciences Politiques,
Université du Caire, Madame Affaf OMAR dont des facilitations
d'accès aux bases de données concernant la question de l'eau dans
la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, ainsi qu'au personnel
à la Bibliothèque du Centre d'Etudes et de Documentation
Economique, Juridique et Sociale (CEDEJ), établi au Caire.
Bien sûr, je tiens à remercier le
secrétariat du Cycle Supérieur de Relations Internationales,
ainsi qu'au personnel à la Bibliothèque du Troisième Cycle
et à la Bibliothèque du Saint-Guillaume, résidées
à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.
Enfin merci à ma famille et aux amis égyptiens
et étrangers qui m'ont témoigné leur grande patience et
persévérance pendant la période de la recherche et la
rédaction.
Faute de pouvoir exhaustif, encore une fois sincèrement
merci à tous ceux qui ont contribué directement ou indirectement
à ce travail.
TABLE DES ABRÉVIATIONS
ACDI Agence Canadienne de Développement
International
ACRF African Crisis Response Force
AIBN Association Internationale du Bassin du Nil
APLS Armée Populaire de Libération du Soudan
AWRMI Africa Water Resources Management Initiative
CAEZAD Centre Arabe des Études des Zones Arides et
Désertiques
CAPMAS Central Agency for Public Mobilization and
Statistics
CCP Cadre de Coopération avec les Pays
CDD Commission du Développement Durable des Nations
Unies
CESAO Centre d'Études Economiques et Sociales de
l'Afrique de l'Ouest
CIA Central Intelligence Agency
COMESA Common Market for Eastern and Southern Africa
ENCOM Eastern Nile Council of Ministers
ENSAPT Eastern Nile Subsidiary Action Program Team
ENSAP Eastern Nile Subsidiary Action Program
FAO Food and Agriculture Organization of the United
Nations
FDRPE Front Démocratique Révolutionnaire du
Peuple Éthiopien
GEF Global Environment Facility
GTM Grands Travaux de Marseille
NBI Nile Basin Initiative
ICCON International Consortium for Cooperation on the
Nile
ICCON-CG ICCON-Consultative Group
IDEN Integrated Development of the Eastern Nile
MENA Middle East and North Africa
NBTF Nile Basin Trust Fund
NEPAD New Partnership for Africa's Development
NELSAP Nile Equatorial Lakes Subsidiary Action Program
NEL Nile Equatorial Lakes Region
NEL-COM Nile Equatorial Lakes Council of Ministers
NEL-TAC Nile Equatorial Lakes Technical Advisory Committee
Nile-COM Council of Ministers of Water Affairs of the Nile
Basin States
Nile-TAC Nile Basin Initiative Technical Advisory Committee
Nile-SEC Nile Basin Initiative Secretariat
NPDA Nouveau Partenariat pour le Développement de
l'Afrique
NRBAP Nile River Basin Action Plan
NWRC National Water Research Center
OAA Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et
l'Alimentation
ONU Organisation des Nations Unies
OUA Organisation de l'Unité Africaine
PIB Produit Intérieur Brut
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Développement
RAU République Arabe Unie
RDC République Démocratique du Congo
SVP Shared Vision Program
SAP Subsidiary Action Program
TECCONILE Technical Cooperation Committee for the Promotion of
the Development & Environmental Protection of the Nile Basin
UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural
Organization
INTRODUCTION
Le bassin du Nil se caractérise par une crise
de surplus, celle-ci nécessite une gestion commune. Cette
nécessité reflète l'importance de l'existence d'une
coopération multilatérale entre tous les Etats riverains et pas
entre deux ou trois des pays, c'est-à-dire le dépassement de
l'accord bilatéral de 1959 vers une coopération
multilatérale entre tous les Etats nilotiques, afin de résoudre
la question des quotas et réaliser la gestion commune. Selon ces
résultats, la question de départ cherche
à savoir comment le passage d'une coopération bilatérale
(l'accord égypto-soudanais) de 1959 vers une coopération
multilatérale (l'Initiative du Bassin du Nil) de 1999 a
été affecté par l'évolution de la question de l'eau
au bassin du Nil ?
Nous considérons que l'évolution de la question
de l'eau est la variable principale, et le passage vers la coopération
multilatérale est la variable dépendante de cette
évolution. Donc, les hypothèses essayent de
répondre à la question de départ en proposant des
réponses, restent à vérifier :
Hypothèse I : La finalité de la
coopération multilatérale est de favoriser l'action collective
pour la réalisation de buts communs du développement
durable.
Hypothèse II : Le recours à la
coopération conduit les élites à préférer le
scénario préventif à celui de l'affrontement en cas de
différends, et aide à dissoudre les tensions entre les
acteurs concernés.
Hypothèse III : La coopération
multilatérale oblige à réfléchir aux
possibilités de participation commune entre acteurs pluriels
autour de problèmes d'intérêts collectifs.
Hypothèse IV : Le principe de
coopération devient prédominant, par le droit international
des bassins fluviaux, en ce qui concerne la gestion des problèmes
hydrauliques.
Tout au long de la période transitoire entre les deux
accords, bilatéral et multilatéral, la question de l'eau a connu
plusieurs défis internes et externes,
considérés comme un élément
révélateur pour les pays nilotiques vers une coopération
multilatérale, regroupant tous les Etats riverains. Un fleuve
international qui passe par dix pays ne peut pas être géré
d'après un accord bilatéral, il faut le consensus de tous les
pays pour régler les problèmes de la gestion et des quotas. Ce
but ne se réalise qu'après une coopération
multilatérale sinon ce sont les différends qui dominent comme le
cas entre l'Egypte et l'Ethiopie1(*).
De cette situation inacceptable de la part de tous les
riverains, la problématique consiste à montrer
pourquoi l'épuisement de l'accord égypto-soudanais de 1959 qui a
été tellement refusé de la part de l'Ethiopie, et pourquoi
la nécessité d'une coopération multilatérale, voire
l'Initiative du Bassin du Nil de 1999. Mais ces deux pourquoi
vont être traités d'après la question
comment. Comment l'évolution de la question de l'eau au
bassin du Nil a poussé vers cette Initiative ?. Quel est le rôle
de l'effet de contexte pendant et après la fin de la Guerre froide,
l'effet de transnationalisation de la question de l'eau, et l'effet des
défis internes et externes ?. Pendant les périodes, dites de la
guerre de l'eau, comment les Etats ont-ils réussi de les
dépasser, selon le choix rationnel d'Allison, vers une période de
coopération ?. Comment cette initiative arrivera-t-elle à
résoudre le problème initial de ce bassin, celui du partage des
quotas ?, se transformera-t-elle vers un accord-cadre pour ce bassin ?. Comment
cette Initiative incarne-t-elle la réaction des pays nilotiques envers
les nouvelles normes adoptées par les bailleurs de fonds, voire la
tarification de l'eau par la Banque mondiale ?
La question de l'eau fait ainsi intervenir les
ambitions politiques des Etats, les perceptions de la menace, leurs
priorités spatiales de développement, et à ce titre
constitue une véritable question géopolitique et
géoéconomique, au sens de rivalité portant sur des enjeux
territoriaux. Tous les défis internes se mêlent avec les
défis externes, pour faire sortir des stratégies
coopératives de la part des pays riverains. « En devenant un
bien rare, gaspillé par certains, trop cher pour d'autres,
convoité par beaucoup, l'eau prend à l'horizon du
XXIème siècle, un caractère stratégique
potentiellement déstabilisateur » a écrit le
journaliste Jean-Paul BESSET un article intitulé l'eau,
enjeu de la paix et de la prospérité du XXIème
siècle, dans Le Monde daté du 20 mars 1998, au
moment où se tient la Conférence Internationale de Paris sur
l'eau et le développement durable du 19 au 21 mars 1998.
L'eau sera-t-elle l'enjeu de futures guerres, comme le
pétrole a pu l'être ? L'eau : le choc pétrolier du
XXIème siècle ?. Il ne faut pas oublier l'idée
de la guerre de l'eau. Si rien n'est fait pour lutter contre la menace du
stress hydrique, les prochains conflits pourraient avoir lieu autour de la
question de la maîtrise de l'eau. Comme le pétrole, elle pourrait
devenir aussi un motif de guerre ou de paix dans la mesure, où, en 2025,
les 2/3 de la population mondiale vont être en situation de stress ou de
contrainte hydrique2(*).
Le partage de l'eau dans cette région, non
seulement du Nil, mais aussi du MENA3(*), est une condition préalable à la
stabilité et à la paix entre les Etats riverains.
Désormais, tout le monde en convient : la question de l'eau est devenue
l'un des enjeux géopolitiques et géoéconomiques
déterminants pour l'avenir du Moyen-Orient et l'Afrique du Nord
déjà hautement instable. C'est le cas du Nil où les
projets d'infrastructures en Ethiopie inquiètent les pays de l'aval, en
Mésopotamie où l'Irak et la Syrie ne contrôlent pas les
sources des grands fleuves qui irriguent, au Proche-Orient où la
question est centrale dans le conflit israélo-arabe. Cette situation
s'explique par l'absence de traité régissant les modalités
de partage des eaux des fleuves multinationaux entre les pays de
la région, toutes les tentatives de négociations lointaines ayant
échoué en raison de la volonté de chacun des pays de
garder le contrôle entier sur l'eau, préoccupation essentielle
d'aujourd'hui et enjeu primordial pour demain.
Si le règlement paraît une question de
coopération, le schéma explicatif sera les théories de la
coopération4(*), qui
cherchent à expliquer pourquoi les acteurs coopèrent5(*) ?. La question introductive du
débat théorique sur la coopération concerne les conditions
de possibilités de sa mise en oeuvre : A quelles conditions la
coopération entre Etats peut-elle émerger ?. Des théories
ont essayé à répondre à ces questions. Les acteurs
coopèrent car, pour eux, la coopération est comme absence de
guerre et comme gestion raisonnable des conflits. Ils choisissent la
coopération plutôt que le conflit, par réelle
rationalité. La coopération est alors le fruit d'un comportement
raisonnable. La seconde insiste au contraire sur l'intérêt des
acteurs à la coopération. L'absence de conflit réduit
l'incertitude, le comportement coopératif à l'égard
d'autrui apporte une avantageuse stabilité.
Cette hypothèse montre la coopération
comme résultat d'un calcul d'intérêt, comme un moyen
d'obtenir une chose dans une relation « donnant donnant »
plutôt que comme une fin en soi6(*). Quant à la théorie du comportement
coopératif7(*),
donnant donnant8(*), un
excellent moyen de promouvoir la coopération est d'apprendre aux acteurs
à se préoccuper du bien-être d'autrui. L'altruisme est donc
une motivation pour agir. Le critère moral de « donnant
donnant » est la règle d'or : ne fais pas aux autres ce que tu
n'aimerais pas qu'ils te fassent. Il devrait toujours coopérer, puisque
la coopération est ce que l'on attend de l'autre joueur. Il existe trois
manières d'encourager la coopération mutuelle : augmenter
l'importance de l'avenir par rapport au présent ; modifier les gains des
acteurs et leur enseigner des valeurs, des faits et des savoir-faire qui
favoriseront la coopération.
L'analyse de Robert AXELROD montre qu'une bonne
stratégie donnant donnant est caractérisée par quatre
qualités qui en garantissent le succès. Une bonne
stratégie doit être courtoise : confrontée à un
joueur coopératif, il est nécessaire de répliquer. Elle
doit aussi pouvoir répondre aux provocations : face à une action
hostile non sollicitée, il faut réagir. Elle doit être
indulgente : après avoir ainsi réagi, il faut revenir à la
coopération. Enfin, elle doit être facilement
compréhensible : les autres joueurs doivent pouvoir anticiper les
conséquences de leurs actions. Elle coopère tant que l'autre
coopère, et dès que l'autre trahit alors les représailles
sont immédiates.
Donc, nous avons choisi cette théorie pour les
raisons suivantes :
- La coopération n'est pas un jeu à
somme nulle ;
- La coopération commence par le bas, par la
participation de la société ;
- La coopération réalise des buts
communs ;
- La coopération reflète
l'interdépendance des biens collectifs, voire l'eau ;
- La coopération est le scénario
préférable en cas de différends ;
- La coopération incarne la participation
commune entre acteurs pluriels autour de problèmes
d'intérêts collectifs ;
- La coopération cherche à affaiblir
l'ennemi, car c'est un facteur de survie, en le contournant par la
coopération ;
- La coopération n'est ni moins noble, ni moins
intelligente ou moins efficace que la compétition ;
- La coopération n'est pas possible lorsque
chaque acteur cherchait un meilleur profit que l'autre à tout prix
;
- La coopération signifie rechercher une
définition partagée du travail de chacun.
Sans doute l'ennui avec donnant donnant, c'est qu'une
fois qu'une querelle naît, elle peut continuer
indéfiniment9(*).
Donnant donnant, dans le cadre de la Théorie des Jeux, il s'agit d'un
jeu où un joueur commence par coopérer puis répète
systématiquement ce qu'a fait l'autre joueur au coup
précédent (coopération, s'il y a eu coopération,
défection, s'il y a eu défection). Mais si le programme est
à la fois bienveillant, susceptible, indulgent et transparent10(*), alors, bien que non
idéale, la stratégie du donnant donnant conduise à faire
émerger des comportements coopératifs.
La Théorie des Jeux : de la co-opération
à la coopération11(*)
La coopération désigne une
opération de co-opération particulière, dont l'issue
résulte d'une action résolument conjointe de plusieurs agents :
une coopération constitue du reste l'enjeu caché de nombreuses
situations de co-opération. Il s'agit, en effet, du dernier degré
d'un mode d'organisation de la co-opération qui commence par la
coordination et dont la réalisation peut être le fruit de ce
Schelling appelle une coopération tacite, c'est-à-dire la
préférence d'un comportement peu coopératif qu'un conflit
militaire. Un germe de coopération existe dans toute co-opération
volontaire. Co-opérer signifie mettre en oeuvre des opérations
finalisées qui interfèrent dans un espace commun.
Le passage de la co-opération à la
coopération nécessite d'introduire ce que Schelling appelle
une stratégie indirecte de coopération. L'introduction
des stratégies indirectes est obtenue en modifiant la définition
du concept de stratégie. Dans sa définition classique, une
stratégie directe est un plan d'action dont la mise en oeuvre
dépend du choix du joueur au moment où débute le jeu,
indépendamment de toute autre considération. Une stratégie
indirecte s'entend également comme un plan d'action complet
décidé au début du jeu mais dont la réalisation se
trouve soumise à conditions. La proposition conditionnelle peut
être la suivante : « Si le joueur 2 choisissait sa
stratégie, alors je choisirais ma
stratégie »
Donc, mon comportement coopératif dépend
de ce qui est pris à l'initiative par l'autre partenaire. Ainsi,
apprenons-nous que la co-opération engendre la coopération et
même la renforce. Si la mutation d'une stratégie non
coopérative vers une stratégie coopérative peut
paraître moins facile et par conséquent moins probable que
l'inverse, tout dépend enfin de compte de la comparaison entre la valeur
d'un paiement certain associée au comportement non coopératif et
la variation de la valeur du paiement associée à la
coopération. Bref, les deux concepts majeurs de la théorie des
jeux sont les solutions et les stratégies12(*).
Vers le multilatéralisme
Selon Marie-Claude SMOUTS, le multilatéralisme est un
discours13(*)qui n'a pas seulement une valeur descriptive mais qui
exprime également un projet politique. Le multilatéralisme
véhicule une valeur, un constat et un projet : la valeur
« universaliste » postule l'égalité et
l'unité ; le constat relève l'indivisibilité de l'espace :
le territoire des Etats s'avère désormais trop étroit pour
traiter des problèmes communs ; le projet consiste à
« construire du sens commun » entre tous les acteurs
insérés dans les mécanismes de coopération
multilatérale.
Selon Robert COX, son projet de `nouveau
multilatéralisme' est de ne plus construire le
multilatéralisme par le haut mais poser la question du comment vivre
ensemble. Sa finalité est normative : justice,
équité, connaissance et
respect de l'autre14(*). Le moyen privilégié est la
représentation et la prise en considération de tous les acteurs,
y compris les plus faibles.
Selon Susan STRANGE15(*), le grand défi à relever pour la
coopération multilatérale, est la construction d'un
consensus sur des questions politico-économiques que le
système interétatique est désormais incapable de
gérer, dans un contexte d'asymétrie croissante entre les forces
dominantes et les groupes dépendants. Donc, le multilatéralisme
est une forme institutionnelle élémentaire de la
vie internationale moderne, une forme que les Etats ne créent que
lorsque leurs attitudes et comportements se conforment à certains
critères ou principes. Ces principes sont au nombre de
trois, soit la non-discrimination,
l'indivisibilité et la
réciprocité16(*).
Les théories sur le
multilatéralisme
Les réalistes conçoivent
traditionnellement le multilatéralisme comme un ensemble d'ententes plus
ou moins provisoires entre Etats souverains ayant temporairement les
mêmes intérêts, pour la réalisation de leurs
objectifs communs. Dans cette optique, les institutions multilatérales
ne sont pas indépendantes des Etats qui leur ont donné naissance.
Elles en dépendent pour leurs ressources et elles leur servent
d'instruments pour la mise en oeuvre de leurs politiques communes.
Un certain nombre de paradigmes, en opposition avec le
réalisme, peuvent être rangés sous le chapeau de
l'institutionnalisme libéral. Ces paradigmes distinguent tous
l'avènement d'institutions multilatérales qui
transformeraient l'ordre mondial en amenant progressivement le système
étatique sous une forme quelconque de réglementation
autoritaire17(*). C'est
ainsi que selon David MITRANY, par exemple, la source par excellence du
multilatéralisme se trouve non pas dans les organisations à
caractère politique, mais dans les organismes fonctionnels et techniques
qui s'occupent activement de questions économiques, sociales et
culturelles (Low Politics)
Les néo-fonctionnalistes et les
partisans du transactionnisme ont apporté une autre contribution
importante à la théorie sur la multilatéralisme : ils
estiment que les Etats ne sont pas les seuls acteurs importants du
multilatéralisme puisque, selon eux, il faut tenir compte
d'éléments de la société civile. Les
néo-fonctionnalistes ont inventé le concept de débordement
(Spillover) pour rendre compte de l'importance et de l'autorité accrue
des institutions multilatérales.
Bref, nous pouvons reconnaître au moins huit
caractéristiques18(*) du multilatéralisme :
1. Le besoin de relations sociales réciproques
et de coopération ;
2. Une infrastructure ou un fondement
idéologique ;
3. Des coutumes, des normes et des attentes ;
4. Des dispositifs réglementaires et des lois ;
5. Des réunions ou ligues (forums) ;
6. Des vecteurs d'échanges par le biais
desquels les activités multilatérales concrètes s'exercent
;
7. Un élément normatif moteur
(l'évitement des conflits, l'amélioration du bien-être
collectif) ;
8. Le leadership des grandes puissances ou
hégémoniques.
Néo-régionalisme19(*) versus
multilatéralisme
Le régionalisme peut être compris comme
l'ensemble des actions destinées à constituer ou à
conforter la dimension régionale des interactions socio-politiques, en
particulier en affirmant leur cohérence et leurs
spécificités culturelles, et en renforçant leur
capacité de régulation en accédant à une forme
d'autonomie politique. Les coopérations inter-régionales prennent
des formes bilatérales ou multilatérales ; elles regroupent un
nombre limité de régions ou répondent au contraire
à une vocation plus générale.
Le néo-régionalisme se distingue en
premier lien par un principe de légitimité fondé sur
l'internationalisation économique. Ses modalités d'action se
déplacent également du terrain législatif
(fédéralisme) ou partisan (régionalisme politique) vers le
registre des politiques publiques, plus proche en cela du régionalisme
fonctionnel. Mais les relations intergouvernementales ont cédé la
place à des réseaux d'action collective, associant des acteurs
privés et des autorités publiques de statuts différents
dans des coopérations se jouant des frontières. Les formes
d'identification sont plus cumulatives qu'exclusives, et les identités
régionales, nationales et transnationales tendent à s'assembler.
C'est le régionalisme qui fait les régions, et non
l'inverse20(*).
Plusieurs phénomènes influencent le
développement de la coopération multilatérale en
matière de sécurité hydraulique. Le retrait ou la
diminution potentielle de la rivalité Est-Ouest dans la région
africaine, due à la fin de la Guerre froide ; l'émergence de la
doctrine coopérative rationnelle chez la plupart des dirigeants
africains ; la volonté d'assurer la stabilité hydraulique pour
favoriser la croissance économique sont autant des facteurs qui
influencent positivement sur le choix de la coopération
multilatérale. La persistance de la bipolarité dans le
système international expliquait l'absence d'une coopération
multilatérale jusqu'à tout récemment en Afrique de l'Est.
Les relations bilatérales servant mieux les intérêts
américains, les Etats-Unis s'opposaient à toute forme de
multilatéralisme21(*).
De ce panorama théorique sur la
coopération multilatérale, nous concluons que la stabilité
d'une région dépend de l'obtention des gains mutuels par ses
acteurs, surtout s'il y a des tensions sur un bien considéré
collectif ou commun, comme l'eau. Ces gains demeurent l'objectif ciblé
par une coopération, voire multilatérale regroupant tous les
partenaires concernés. Cette coopération n'est pas un jeu
à somme nulle. Généralement, tous les acteurs doivent
obtenir des résultats honorables ou, au contraire, modestes. Car le
choix de coopérer ou non, même au premier coup, dépend de
la stratégie adoptée par l'autre. Elle révèle
quatre propriétés qui contribuent à la réussite
d'une stratégie coopérative : éviter les conflits inutiles
en coopérant aussi longtemps que l'autre acteur coopère, faire
preuve d'indulgence et avoir un comportement transparent afin que l'autre
acteur puisse s'adapter à votre mode d'action. Une fois établie
sur la base de la réciprocité, la coopération
peut se protéger contre l'invasion d'autres stratégies moins
coopératives.
Mais il faut prendre en considération qu'il
n'est pas nécessaire que les bénéfices des acteurs soient
comparables, mais mutuelles. Il n'est pas du tout nécessaire que les
profits soient symétriques. Il n'est pas nécessaire de supposer
que les acteurs sont rationnels, parfois l'effet de contexte est le
déterminant. Il n'est pas nécessaire que ceux-ci cherchent
à maximiser leurs récompenses. Une analyse définitive
selon des équations mathématiques n'existait et n'existe jamais
dans les sciences sociales, et surtout, si nous étudions le comportement
des acteurs dans les Relations Internationales, toujours des résultats
relatifs.
Notre ambition ici n'est tant d'évaluer les
théories de coopération, mais davantage de fournir un cadre
théorique aux éléments qui composent notre approche
empirique qui guident l'évolution de la coopération hydraulique
au bassin du Nil, voire du bilatéralisme vers multilatéralisme.
Nous n'oublions cependant pas que les capacités prédictives des
sciences sociales sont pour le moins limitées et ne visons ici
qu'à fournir les clés d'une meilleure compréhension du
comment le passage vers une coopération multilatérale a
été affecté par l'évolution de la question de l'eau
au bassin du Nil.
Pour aborder la question de ce mémoire, nous
allons évoquer, tout d'abord, l'accord égypto-soudanais de 1959,
comme exemple de la première coopération bilatérale au
Bassin après la décolonisation de ses pays riverains, et les
points de vue étatique et juridique internationale envers cet accord ;
en passant ensuite en revue les stratégies des pays riverains envers les
défis internes et externes ; et enfin, en étudiant l'Initiative
du Bassin du Nil (IBN), la première expérience d'une
coopération multilatérale entre les pays riverains du Bassin,
ainsi le rôle des partenaires internationaux.
Le partage de ce mémoire dépend de deux
types de références (primaires et secondaires) :
Les références primaires
- Document de l'accord entre la
République du Soudan et la République Arabe Unie sur la pleine
utilisation des eaux du Nil (connu sous le nom de l'accord
égypto-soudanais de 1959) ;
- Documents des règles d'Helsinki de
1966 et de la convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d'eau
internationaux à des fins autres que la navigation de 1997 ;
- Dossier de presse et un rapport national
abordant l'exemple du Projet de Tochka « la Nouvelle
Vallée » ;
- Documents de l'Initiative du Bassin du Nil
(IBN) et ses projets régionaux et sub-régionaux.
Les références secondaires
- Articles de périodiques : En
français, il y a Afrique 2000, Cahiers français, Etudes, Etudes
internationales, Futuribles, le Courrier UNESCO, les Cahiers de l'Orient, Limes
: revue française de géopolitique, Monde arabe / Maghreb -
Machrek, Politique africaine, Problèmes économiques, Politique
étrangère, Politique internationale, Politique internationale
« Québec », Ramsès 2001, Revue internationale
et stratégique. En anglais, il y a Canadian Water Resources Journal,
Foreign Policy, Orient, Review of International Studies, The Journal of Modern
African Studies. Enfin, en arabe, il y a Al-Siyassa Al-Dawlya
« Politique internationale », Hewarate wa Monakashate
« Dialogues et Discussions », Roaa Afrikiya
« Perspectives africaines »
Nous avons consulté les périodiques qui
sont en français à la Bibliothèque du Troisième
Cycle et celle du Saint-Guillaume de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.
Pour celles qui sont en anglais, nous les avons consultées à la
Bibliothèque du Centre d'Etudes Africaines (EHESS). Finalement, pour
celles qui sont en arabe, nous les avons consultées à la
Bibliothèque de la Faculté d'Economie et de Sciences Politiques -
Université du Caire.
- Ouvrages : Ils étaient
consultés à la Bibliothèque du Troisième Cycle et
celle du Saint-Guillaume de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, à
la Bibliothèque de la Faculté d'Economie et de Sciences
Politiques - Université du Caire, à la Bibliothèque de
l'Institut du Monde Arabe (IMA), à la Bibliothèque du Centre
d'Etudes Politiques et Stratégiques Al-Ahram, et à la
Bibliothèque du Centre d'Etudes et de Documentation Economique,
Juridique et Sociale (CEDEJ) au Caire.
- Thèses et mémoires : Ils
étaient soutenus soit à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris,
soit à la Faculté d'Economie et de Sciences Politiques -
Université du Caire.
- Congrès : Ils traitaient les sujets
suivants COMESA 2000 au Caire, l'Afrique et la Mondialisation au Caire, la
Politique Etrangère Egyptienne dans un Monde Changeant au Caire, et le
Droit de l'Eau au Liban.
- Rapports : Nous avons traité deux
rapports du gouvernement québécois sur l'aspect transnational de
l'eau, le rapport annuel de 1996 de la Banque mondiale, le rapport annuel de
2001 des indicateurs du développement de la Banque mondiale, et le
Factbook de 2001 du Central Intelligence Agency.
- Sites de l'Internet : L'Initiative du
Bassin du Nil (
www.nilebasin.org),
la Banque mondiale (
www.worldbank.org),
l'Agence Canadienne pour le Développement International (
www.acdi-cida.gc.ca),
le Programme de Coopération FAO / OAA (
www.fao.org),
les Nations Unies (
www.un.org),
le Cabinet des Ministres égyptiens (
www.sis.gov.eg),
le Ministère québécois des Relations Internationales
(
www.mri.gouv.qc.ca),
le Central Intelligence Agency (
www.cia.gov),
et d'autres sites.
- Entretiens : Nous avons interviewé
Dr Abd El Malek OUDA, professeur africaniste à la Faculté
d'Economie et de Sciences Politiques - Université du Caire ; et M. Ayman
El Sayed ABD EL WAHAB, chercheur africaniste au Centre d'Etudes Politiques et
Stratégiques, journal Al-Ahram.
En mobilisant les références, plusieurs
obstacles ont été rencontrés. D'un côté, la
difficulté de trouver les stratégies de tous les pays riverains
en amont, ce qui est valable et riche concerne seulement l'Egypte, le Soudan et
l'Ethiopie, rarement pour le reste des pays riverains. De l'autre
côté, la difficulté de rencontrer les acteurs politiques
soit au Ministère de l'Irrigation et des Ressources hydrauliques en
Egypte, ainsi au Ministère des Affaires étrangères ; soit
aux ambassades du reste des pays riverains établies en Egypte. Deux
entretiens avaient été organisés, avec Dr Abd El Malek
OUDA, professeur africaniste à la Faculté d'Economie et de
Sciences Politiques, Université du Caire ; et avec M. Ayman El Sayed ABD
EL WAHAB, chercheur africaniste au Centre d'Etudes Politiques et
Stratégiques, journal Al-Ahram. En plus, il n'y a plus d'études
analytiques concernant l'Initiative du Bassin du Nil, sauf un seul
exposé a été présenté par le chercheur Ayman
El Sayed ABD EL WAHAB dans un congrès intitulé l'Afrique
et la Mondialisation, tenu au Caire du 12 au 14 février 2002.
A la fin de cette introduction théorique, nous voyons
l'importance de présenter la topographie du bassin du
Nil22(*), le fleuve autour
duquel tourne le sujet principal de ce mémoire. La fameuse phrase
d'Hérodote, qui dit que l'Egypte est le don du Nil, n'est vraie
que dans la mesure où l'Egypte peut garantir les sources du Nil. Le Nil
est un des fleuves internationaux les plus importants du monde, il est le plus
long fleuve du monde. Ces eaux baignent les territoires de dix
Etats africains : la République Démocratique du Congo, le Rwanda,
le Burundi, l'Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, l'Erythrée, l'Ethiopie, le
Soudan et l'Egypte. La distance entre les sources les plus lointaines du Nil,
les affluents du Lac Victoria-Nianza, et la cité égyptienne de
Rosette sur la rive méditerranéenne est d'environ 6.700 km. Le
bassin du Nil s'étend sur près de 2.900.000 km2 soit
environ un dixième de la superficie totale de l'Afrique.
Les sources du Nil23(*) peuvent être divisées en
deux groupes. Le premier groupe est
composé du lac Victoria et de ses affluents (15%). Le second groupe est
composé du lac Tana, du Nil bleu et des rivières Sobat et Atbara,
dont les eaux ont toutes pour origine le Plateau éthiopien (85%). Les
sources équatoriales du Nil se décomposent en
deux groupes : a- Il comprend le lac Victoria-Nianza, le lac
Edouard, le lac Albert, le lac Kioga et leurs affluents, débouchant tous
les territoires du Congo, du Rwanda, de l'Ouganda et de la Tanzanie. Ils
fournissent au cours du Nil 30 milliards de mètres cubes d'eau par an.
b- Le groupe du fleuve Simliki, dont la plus grande partie
débouche sur le territoire du Congo et de l'Ouganda.
Le Simliki traverse le lac Albert, puis rejoint le premier
groupe ajoutant au cours du Nil, au Nord du lac Albert, 8.5 milliards de
mètres cubes d'eau. Au Nord du lac Albert, le Nil blanc traverse le
fameux Sudd24(*)
« Régions marécageuses » qui fait presque
complètement stagner le cours du Nil. Cette stagnation, avec la
très forte évaporation équatoriale, fait perdre au fleuve
la plupart des eaux qu'il avait accumulées. Dès 50 milliards de
mètres cubes accumulés seulement 14 milliards de mètres
cubes arrivent à remonter vers le nord dans le tronc du Palmier,
c'est-à-dire le Nil blanc au Soudan.
Les sources du Plateau éthiopien se
décomposent en trois groupes : a- La source principale
est le Nil bleu lui-même, prenant son origine au lac Tana. Plusieurs
autres affluents du Nil bleu forment son cours quand il atteint Roseires au
Soudan, un agrégat de 54 milliards de mètres cubes. C'est la
source principale du Nil, parce que rien n'est perdu par évaporation ni
dans les marécages. b- La rivière Sobat et ses
affluents apportent une masse de 13.5 milliards de mètres cubes.
c- La rivière Atbara rejoint le Nil blanc à
Atbara, au Soudan, avec une contribution de 12 milliards de mètres
cubes.
A la lecture de la carte du Nil, nous pouvons faire quelques
remarques géopolitiques : le débit du Nil tout
au long de l'année provient de la région du lac Victoria, tandis
que la crue d'été annuelle provient de la
région du Plateau éthiopien. La nature a voulu que les sources du
Nil se situent dans des pays non arabes. L'Ethiopie peut
exercer une pression sur le soudan et surtout vis-à-vis de l'Egypte, car
86% du débit du fleuve proviennent de la branche éthiopienne. Une
puissance périphérique (l'Ethiopie) a la haute main sur une
partie de la sécurité alimentaire en eau des pays arabes. Cette
situation est ressentie et vécue par les Etats comme une
menace, la sécurité hydraulique, voire la
sécurité alimentaire, constituant une pierre angulaire de la
sécurité nationale arabe25(*). Cette menace ne touche non seulement le cas du Nil
mais, aussi celui de l'Euphrate et du Tigre, avec la Turquie, et celui du
Jourdain, avec Israël.
Il reste à signaler que cela ne veut pas dire
pour autant que notre neutralité soit inévitable, car il serait
illusoire, bien sûr, de penser qu'une analyse peut se faire sans prise de
position même implicite au préalable : la neutralité de
l'analyste est un des buts difficiles, voire inaccessibles.
PREMIERE PARTIE : L'accord de 1959 : du point de vue
des Etats riverains nilotiques et du droit international des bassins fluviaux
L'analyse géopolitique de l'eau impose de prendre en
considération un certain nombre d'éléments. Des
éléments dont la signification se renforce au
Moyen-Orient :
- Premier élément : Le besoin pour
toute nation, de maintenir, de regagner ou d'étendre ses droits sur
l'eau. Ce qui explique que la possession ou le contrôle de l'eau en
abondance est synonyme, sinon de pouvoir, du moins de sécurité
nationale, de prospérité et de bien-être.
- De là bien sur deuxième
élément : Le besoin de contrôler les stratégies
des Etats voisins, et au premier chef, des Etats situés en amont de ses
propres ressources. Un des leitmotivs des États arabes est que l'une des
caractéristiques des ressources hydriques fluviales de l'ensemble des
pays "arabes" est de dépendre de territoires qui relèvent de
Etats "non-arabes". Le Nil comme le système Tigre-Euphrate et Jourdain
sont des exemples symptomatiques.
- A cela s'ajoute un troisième
élément : La crainte de plus en plus actuelle des risques de
pollution et la question de la qualité de l'eau.
- Le cas du Moyen-Orient impose enfin la prise en compte d'un
quatrième élément : L'importance d'une
agriculture, fortement consommatrice d'eau, mais considérée non
pas en tant que telle mais en tant que politique sociale peu coûteuse,
assurant un emploi et un niveau de vie à toute une partie de la
population.
Dans la première partie de ce mémoire, nous
traitons l'exemple de l'accord égypto-soudanais de 1959, la
première coopération bilatérale entre les pays riverains
du Nil pendant l'ère de la décolonisation. Quel était
l'effet de contexte poussant vers cet accord ?. Etant un accord entre deux pays
en aval, quelles étaient les réactions des pays en amont ?. Cet
accord consistait une pierre angulaire de la sécurité nationale
hydraulique égyptienne, comment se réagissait-elle ?. Quelles
sont les principes promulgués par le droit international ? son point de
vue envers la légitimité de cet accord ?. Et n'oublions que la
situation du Nil se répète avec d'autres fleuves au Moyen-Orient,
comme l'Euphrate et le Tigre, et le Jourdain, ce qui nous encourage de faire un
petit rappel comparatif.
A. L'Accord entre la République du Soudan et la RAU26(*) sur la pleine utilisation des eaux
du Nil de 195927(*)
La dépendance de l'Egypte à l'égard du Nil
est une des composantes essentielles de ses relations avec le soudan.
L'idée de complémentarité entre l'Egypte
surpeuplée et un Soudan à faible densité
démographique et riche en ressources hydrauliques et agricoles est un
des postulats de la diplomatie du Caire. En considérant que l'accord sur
les eaux du Nil conclu en 1929, entre l'Egypte et le Soudan,
représentés par la Grande-Bretagne, ne prévoyait que
l'utilisation partielle (48 milliards
m3 pour l'Egypte et 4
milliards m3 pour le
Soudan) des eaux du Nil et ne comprenait pas le contrôle total
des eaux du Nil. L'accord entre la République du Soudan et la RAU sur la
pleine utilisation des eaux du Nil28(*) est un accord technique sur la coopération
totale entre les deux Républiques afin de
réglementer les avantages qui leur reviennent et d'utiliser les eaux du
Nil de manière à assurer les besoins présents et futurs
des deux pays.
a) La sécurité nationale hydraulique
Avant d'aborder l'aspect pratique de la sécurité
hydraulique, il faut savoir le développement théorique du concept
de la sécurité. La pierre angulaire des approches traditionnelles
se nomme sécurité nationale et implique une
préoccupation unique pour la préservation de l'État en
tant qu'unité principale des relations internationales et,
conséquemment, l'accent sur les menaces militaires qui pourraient
remettre en question sa souveraineté et l'intégrité de son
territoire. Cette perspective est privilégiée par les
études stratégiques qui ont mobilisé ce corpus tout au
long de la Guerre froide.
Celles-ci embrassent les propositions réalistes et
rationalistes qui font de la sécurité un enjeu
essentiellement politico-militaire en postulant que la survie
d'un État exige le maintien d'une puissance militaire relativement plus
importante que celles de ses voisins. Postulant que l'absence d'une
autorité supra-étatique, soit l'
anarchie,
contraint les États à privilégier avant toutes choses la
préservation de leur souveraineté et la maximisation de leurs
propres intérêts.
Dans ce monde d'où on ne peut compter que sur
soi-même, la survie d'un État dépend donc de sa
capacité à accumuler de la puissance et à dissuader tous
les autres États du système de l'agresser par l'expansion de ses
forces militaires. La source de la menace est donc de nature matérielle
et s'appréhende objectivement par l'évaluation des
capacités d'un État. L'escalade de l'armement qui en
découle est ainsi le produit de la compréhension des
relations internationales comme un jeu à somme nulle
puisque le gain d'un État représente invariablement une perte
pour tous les autres États ce qui justifie, selon les réalistes
et les néoréalistes, la conduite prudente d'une politique
pragmatique nommée « realpolitik ».
C'est ainsi qu'ils ne traitent pas les menaces
comme des faits objectifs issus de conditions matérielles comme la
distribution de la puissance dans le système international, une notion
chère aux réalistes qui misent sur l'évaluation des
capacités militaires et économiques ou de la situation
géostratégique d'un État pour évaluer sa puissance
et, donc, sa vulnérabilité. Pour eux, le « processus de
sécurisation » tout comme celui de la politisation relèvent
plutôt de dynamiques intersubjectives. Bien que relevant d'une logique
interne propre le distinguant des processus politiques, le « processus de
sécurisation » d'un enjeu est également compris comme une
version extrême de la politisation, la sécurisation relevant
d'actes d'énonciation. C'est pourtant dans le corps de la conception
militaro-politique traditionnelle de la sécurité qu'ils disent
puiser l'essentiel de ce qui fait d'un enjeu, un problème de
sécurité proprement international : « Dans ce contexte, la
sécurité est une question de
survie »29(*).
Depuis la fin de la Guerre froide, plusieurs
spécialistes parfois informés par certaines propositions
constructivistes
ont contesté ce primat des questions militaro-politiques en soulignant
la nécessité d'élargir les études de
sécurité pour y inclure des menaces de nature
économique, environnementale ou sociétale
ignorées par les études stratégiques. Barry BUZAN se donne
donc pour objectif de préserver la cohérence du concept de
sécurité ainsi que celle du champ des études
de sécurité tout en tenant compte de la nouvelle conjoncture du
système international issue de la fin de la Guerre froide exigeant un
élargissement des menaces considérées. C'est en tentant de
répondre à la question : « Qu'est-ce qui fait d'un
problème un enjeu de sécurité en relations
internationales ? »30(*).
Les menaces ne sont donc plus que de nature
exclusivement militaire, en fait la sécurité se présente
dans leur optique comme un concept englobant ayant une signification
spécifique mais prenant différentes formes selon le secteur
considéré. Dans le secteur sociétal, par exemple, ce sont
les menaces existentielles à la sécurité des
identités collectives, tels que les mouvements migratoires, qui sont
considérées. En outre, les objets référents de la
sécurité varient selon le niveau d'analyse qui est
emprunté. C'est ainsi qu'en s'intéressant toujours au secteur
sociétal ; nous pourrons considérer soit la nation, le clan,
la tribu, la civilisation, la collectivité ou la race.
Les menaces envisagent donc le dépassement
du dilemme de la sécurité des réalistes à condition
que soient développées des identités et des
intérêts communs et que soient répandues entre les acteurs
des obligations morales et politiques garantes de pratiques pacifiées
pour lesquelles la promotion de la coopération régionale et
multilatérale, de la démocratie, du désarmement ou encore
du renforcement des sociétés civiles sont des outils
déterminants.
Donc, l'agenda de recherche des études
critiques de la sécurité se joue à trois niveaux. Le
premier est d'exposer comment les menaces et leurs réponses sont
construites plutôt que naturelles et déterminées par des
conditions matérielles objectives, ce qui leur confère ainsi une
nature proprement sociale, politique et historique. De plus, les approches
critiques entreprennent de démontrer comment les objets
référents de la sécurité sont également des
construits sociaux et non des entités durables, essentiels et
donnés par une lecture empirique du système international. Pour
les tenants des études critiques de sécurité, l'un et
l'autre sont inséparables puisque dans la construction de la menace se
situe implicitement l'objet référent de la
sécurité. Enfin, leur troisième niveau est de transcender
le dilemme de sécurité, cet incontournable des approches
réalistes et néoréalistes, en le contextualisant, en
l'historicisant et en y réintégrant les pratiques des acteurs
sociaux.
La reconceptualisation de la
sécurité a évolué d'une sécurité
militaire vers une sécurité globale humaine. Les nouvelles
approches sécuritaires voient la sécurité nationale non
seulement dans l'autosuffisance militaire mais dans le contrôle des
ressources dites souverainistes, voire l'eau. La sécurité
nationale hydraulique est la pierre angulaire de la sécurité
alimentaire, celui qui ne possède pas sa nourriture ne détient ni
sa sécurité nationale ni sa liberté.
Là, nous commençons le volet pratique, pour
l'Egypte, la fameuse phrase d'Hérodote, qui dit que l'Egypte est le don
du Nil, n'est vraie que dans la mesure où l'Egypte peur garantir les
sources du Nil. Il ne s'agit pas seulement de protéger les sources du
Nil mais de passer des accords avec les Etats riverains sur la distribution des
eaux du Nil, comme l'Egypte l'a fait avec le Soudan. Or, il était
nécessaire de trouver un minimum de consensus concernant les projets
hydrauliques du Nil. Chaque année, le peuple égyptien a les yeux
rivés sur le niveau du lac Nasser en amont du Haut Barrage : la
quantité d'eau qu'il emmagasine, dicte en effet les volumes d'eau que
les paysans égyptiens pourront utiliser pour cultiver leurs terres et
donc décidera si la récolte sera abondante ou pas. La presse
égyptienne publie d'ailleurs chaque jour le montant des eaux du lac
Nasser au moment de son remplissage annuel, témoignant ainsi du
rôle essentiel de l'eau dans l'existence des populations de la
vallée du Nil.
Le fleuve du Nil est la première source, sinon
l'unique, des eaux de la vallée d'Egypte. Le Nil assure en Egypte 55
milliards ½ de mètres cubes par an, alors que les
eaux souterraines ne fournissent que 0.5 milliards de mètres cubes par
an ; quant aux pluies, elles ne fournissent qu'une quantité
négligeable. Les eaux du Nil gardent leur importance non seulement comme
source unique pour l'irrigation agricole (de 85% à 90%31(*) de ses eaux sont
consacrées à la production agricole), mais également pour
leur usage dans d'autres buts, telle la navigation commerciale
intérieure, le tourisme, la production de l'énergie
électrique, en plus des usages industriels. Le Nil pourvoit l'Egypte en
eau à hauteur de 97% de ses ressources et 95% de la population
égyptienne vit exclusivement sur ses rives. Bref, le fleuve du Nil
représente le principal pilier de tous les plans futurs, un
développement agricole, industriel ou économique. Le Nil est
l'artère vitale sans laquelle aucun développement n'est possible.
Nous pouvons dire que l'Egypte a vraiment intérêt à
sécuriser les eaux du Nil qui lui arrivent.
Tout cela explique pourquoi la sécurité des eaux
du Nil avait été un des principes importants sur lequel a
été fondée la théorie de la sécurité
nationale égyptienne à travers les diverses époques de
l'histoire. Cela explique également les multiples tentatives, anciennes
et nouvelles, d'employer les eaux du Nil comme arme politique dans le conflit
contre l'Egypte. Donc, l'Egypte dépend des eaux du Nil pour sa survie,
d'où l'enjeu fondamental d'une bonne gestion des eaux du Nil. Le dilemme
fondamental pour l'Egypte, c'est qu'elle n'est pas maîtresse du fleuve.
Peu après la Seconde Guerre mondiale, un
ingénieur agronome égyptien d'origine grecque, Andrien DANINOS, a
eu l'idée d'élaborer le plan de construction d'un grand barrage
sur le Nil en territoire égyptien. Il proposait officiellement son
projet au Ministère des Grands Travaux en 1948. Quand les Officiers
Libres sont arrivés au pouvoir en 1952, ils se rendaient à
l'évidence très rapidement que l'indépendance du Soudan,
et donc la fin du Condominium anglo-égyptien datait depuis le 19 janvier
1899, était inévitable. Cela avait l'inconvénient majeur
de couper l'Egypte de l'amont du Nil et de la priver de cette maîtrise
directe de sa crue. Plus tard, craignant que, à partir du Soudan, les
« impérialistes32(*) » ne veuillent retenir les eaux du Nil,
privant ainsi l'Egypte de leur apport vital, le gouvernement Nasser
décidait de réaliser le projet de Daninos et de construire le
Haut Barrage d'Assouan « El Sudd El Aali en arabe » de 5
kms de longueur et 100 mètres de hauteur.
L'Egypte par cette réalisation visait à
accumuler toute l'eau excédentaire allant à la mer ; le
réservoir d'Assouan était supposé contenir 130 milliards
de mètres cubes d'eau, c'est-à-dire 1.5 fois le total du
débit moyen annuel du Nil. Le but de la construction du Haut Barrage
était d'assurer en Egypte une maîtrise totale de ses ressources
hydrauliques, indépendamment des changements politiques éventuels
des pays de l'amont, et mettre l'Egypte à l'abri des variations
pluviométriques. Cette initiative réveillait alors les craintes
du Soudan et de l'Ethiopie et conduisait l'Egypte à une épreuve
de force avec les puissances régionales et internationales.
Nasser déclare alors : « Avec la
construction du Haut Barrage, l'Egypte ne serait plus l'otage des pays
situés en amont du bassin du Nil ». L'Egypte se sent
menacé : elle souffre de ce que John WATERBURY nomme « Down
Stream Complex »33(*), sentiment dont la construction du Haut Barrage
d'Assouan ne serait que l'émanation : « Le sens de
vulnérabilité des Etats situés en aval comme l'Egypte et
la peur qui en résulte dictent toutes les décisions concernant le
choix des projets et des techniques destinés à maîtriser le
fleuve ». Aucun autre fleuve de cette importance n'est
partagé par tant d'acteurs autonomes et aucun pays situé en aval
d'une voie d'eau n'est aussi dépendant de son existence que l'Egypte
vis-à-vis du Nil.
Les premières réactions à l'annonce du
projet du Haut Barrage venaient du Soudan qui avait accédé
à l'indépendance le 1er janvier 1956, après un
référendum d'autodétermination par lequel la
majorité de la population soudanaise avait refusé son
rattachement en Egypte. Les nouveaux dirigeants au Soudan, soucieux de
développer les ressources agricoles du pays, réclamaient la
révision de l'accord de partage des eaux du Nil signé entre
l'Egypte et la Grande-Bretagne en 1929. Afin de forcer l'Egypte à
négocier sur des nouvelles bases, le Soudan entreprenait les
préparatifs de la construction du barrage de Roseires sur le Nil bleu.
L'arrivée au pouvoir à Khartoum, à la suite d'un coup
d'état militaire du 17 novembre 1958, du Maréchal Abboud marquait
une amélioration des relations avec Le Caire et facilitait la
conclusion, en 1959, d'un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil34(*).
Le Nil en Egypte, c'est aussi presque un stress
national35(*),
comme l'a expliqué John WATERBURY. Il est bien certain que le Nil
représente le point essentiel de la politique de sécurité
de l'Egypte, parce qu'elle est un Etat en aval du fleuve et que 95% du
débit du Nil proviennent des Etats en amont, hors de ses
frontières. C'est dans ce cadre que les Egyptiens construisaient, avec
les Soudanais, le canal de Jonglei pour détourner le Nil des marais du
Sudd où l'évaporation des eaux était très
élevée. Aujourd'hui, comme hier, la situation en aval de l'Egypte
fait peser une menace sur un approvisionnement en eau, et l'amène donc
à vouloir garantir l'écoulement de l'eau par tous les moyens.
Pour Nabil ABD EL FATAH36(*), chercheur au Centre d'Etudes Politiques et
Stratégiques, journal Al-Ahram au Caire, il existe un lien organique
entre le Nil et la sécurité nationale égyptienne ; cet
état de choses est profondément enraciné dans
l'inconscient collectif du peuple égyptien. Tout part du Nil et tout y
revient. C'est pourquoi, averties du rôle vital du Nil dans l'existence
de l'Egypte, les autorités du Caire observent avec vigilance
l'évolution des pays situés en amont du fleuve. Ces Etats, en
exécutant des travaux hydrauliques importants, pourraient menacer
directement l'approvisionnement en eau de l'Egypte.
Dans cette optique, nous pouvons affirmer qu'en construisant
le Haut Barrage d'Assouan, les Egyptiens ont d'une certaine manière
voulu créer artificiellement une nouvelle source du fleuve afin de
limiter leur dépendance hydraulique vis-à-vis des autres pays du
Bassin. Le Barrage jouant le rôle de compteur
permettant de vérifier en permanence si le débit du fleuve
correspond bien à la quote-part d'eau attribuée en Egypte, en
l'occurrence 55 milliards ½ de mètres cubes par an,
conformément à l'accord égypto-soudanais de 1959.
Craignant qu'un jour l'Egypte se soit privée d'une partie de l'eau du
Nil, les autorités de Caire se sont assurées
unilatéralement une marge de sécurité grâce à
l'immense réservoir d'eau que constitue le lac Nasser.
De même, pour comprendre les enjeux du partage des eaux
du Nil, il faut aussi évoquer l'environnement
psychologique de cette question, est un élément
essentiel des problèmes politiques liés au fleuve. La
connaissance aiguë de cette juxtaposition de facteurs géopolitiques
est au coeur de la réponse psychologique égyptienne pour tout ce
qui se passe en amont. Pour l'Egypte, deux pays principaux sont sous haute
surveillance et Le Caire suit avec la plus extrême attention
l'évolution de leur situation intérieure. Il s'agit du Soudan,
que l'Egypte considère comme « son arrière-cour
naturelle » et de l'Ethiopie.
L'Ethiopie est le principal pourvoyeur d'eau du Nil avec 86%
d'eau du fleuve en provenance de ce pays alors qu'elle n'en utilise que
0.3%37(*). Cette situation
déséquilibrée et le besoin vital de l'eau pour des pays
comme le Soudan et l'Egypte font aisément comprendre l'inquiétude
de ces derniers depuis qu'ils ont connaissance des projets hydrauliques de
grande envergure programmée par l'Ethiopie « le Master Plan en
1964 ». Cela se traduirait, pour les Egyptiens, par une baisse
importante du volume d'eau nilotique utilisable. Les responsables à
Addis-Abeba demandent toujours l'utilisation rationnelle, optimale et
équitable des ressources en eau du Bassin.
L'Egypte se tient toujours à l'idée du maintien
de l'accord de 1959. C'est de cette évidence « un acte de
piraterie pour renforcer la légitimité de ce qui est
illégitime », selon le point de vue éthiopien.
« Désormais l'agriculture éthiopienne ne peut plus
prendre le risque de compter sur des pluies annuelles
irrégulières pour nourrir sa population qui croit à un
rythme alarmant ». Il est évident qu'il faut
élaborer un cadre institutionnel général réglant
l'utilisation des eaux. « Le Nil n'est pas un conflit actif
mais il constitue un conflit latent », déclare le Dr
Kinfe ABRAHAM, Directeur de l'Institut International pour la Paix et le
Développement38(*).
Ces différends existent car l'Ethiopie ne fait pas
membre de l'accord de 1959, cette situation nécessite une
coopération qui regroupe tous les pays riverains. L'Ethiopie
réclame toujours une part équitable de ses
propres eaux. Nous pouvons dire que la non-adhésion de l'Ethiopie
à l'accord de 1959 incarne la situation de la polarisation, pendant la
Guerre froide, entre régimes libéraux et socialistes. Par contre,
après la fin de la Guerre froide, la situation a changé ce qui
facilitait le rapprochement entre les riverains nilotiques, vers un
comportement coopératif. Les Etats riverains attendent une
coopération plutôt que des gestes unilatéraux. Ils se
rendent compte que la façon dont les eaux du Nil sont utilisées,
est d'une injustice épaisse et ils réclament de nouvelles
législations internationales et de nouvelles négociations
auxquelles devront participer tous les pays riverains. Enfin, bien que des
divergences subsistent, elles concernent notamment les quotas. Faut-il les
calculer en fonction de la superficie du pays, de sa démographie ou des
autres ressources en eau disponibles ?.
b) Les droits acquis et le partage des eaux du Nil
L'accord égypto-soudanais, signé le 8 novembre
1959, annonce que la quantité des eaux du Nil utilisée par la RAU
jusqu'à ce que cet accord soit signé, sera son droit acquis avant
l'obtention des avantages qui découlent des travaux pour le
contrôle du Nil et des travaux qui accroîtront son rendement. Le
montant total de ce droit acquis est de 48 milliards de mètres cubes par
an, mesurés à Assouan. La quantité d'eau utilisée
par la République du Soudan sera son droit acquis avant l'obtention des
avantages qui découlent des travaux pour le contrôle du Nil. Le
montant total de ces droits acquis est de 4 milliards de mètres cubes
par an, mesurés à Assouan39(*).
Pour régulariser les eaux du Nil et de contrôler
son écoulement dans la Méditerranée, les deux
Républiques conviennent que la RAU construira le Haut Barrage à
Assouan, le premier d'une série de travaux sur le Nil pour le stockage
des eaux sur une année. Et afin de permettre au Soudan d'utiliser sa
part d'eau, les deux Républiques conviennent que la République du
Soudan construira le Barrage de Roseires sur le Nil bleu ainsi que tout autre
ouvrage que le Soudan jugera nécessaire pour l'utilisation de sa part,
comme dans les marais de Bahr El Jebel, Bahr El Zaraf, Bahr El Ghazal et ses
tributaires, au Sobat et ses tributaires et au bassin du Nil blanc.
Les avantages nets découlant du réservoir du
Haut Barrage seront calculés sur la base du débit naturel du
fleuve à Assouan, pris sur les années du vingtième
siècle, qui est estimé être 84 milliards de mètres
cubes par an. Ce qui signifie que si le rendement moyen restait le même
que la moyenne des années précédentes du siècle, et
qui est estimé à 84 milliards de mètres cubes, et si les
pertes dues au stockage sur l'année restent les mêmes que les
estimations présentes de 10 milliards, l'avantage net du
réservoir sera du 22 milliards de mètres cubes, l'avantage net du
réservoir sera partagé entre les deux Républiques à
raison de 14½ pour le Soudan et de 7½ pour la RAU. L'Egypte a
essayé de partager, en réalisant la justice pour le partenaire
soudanais, selon la proportion 1 : 3, et pas 1 : 12 comme selon
l'accord de 1929. En ajoutant ces parts aux droits acquis, la part totale du
rendement net du Nil sera de 18 milliards ½ pour la
République du Soudan et de 55 milliards ½
pour la RAU40(*). Mais si le rendement moyen augmente, l'avantage net
qui résultera de cette augmentation sera divisée entre les deux
Républiques à parts égales. Bref, l'accord de 1959 n'a pas
créé une nouvelle position juridique de l'Egypte relativement aux
eaux du Nil, il a toutefois institué un cadre juridique plus global de
la régulation des relations entre les deux pays, outre la confirmation
des droits historiques acquis de l'Egypte dans les eaux du
Nil41(*).
Un cas parallèle se voit dans le Tigre et
l'Euphrate42(*), Il
n'existe aucun accord tripartite (entre la Turquie, la Syrie et l'Iraq) sur
l'exploitation et la répartition des eaux entre les Etats riverains des
deux fleuves. Le traité de Lausanne de 1923 contenait une clause
stipulant que la Turquie devait consulter l'Irak avant d'entreprendre des
travaux hydrauliques. En 1962, la Syrie et l'Irak créèrent une
Commission Mixte mais son rôle est limité du fait de l'absence de
travaux hydrauliques importants. Vers 1972-73, les deux même pays
faisaient des tentatives inefficaces pour négocier un accord sur
l'Euphrate. Le seul arrangement consenti pour la Turquie, en 1987, est un
accord bilatéral avec la Syrie portant sur les quotas, la Syrie
reçoit 15 milliards ¾ de mètres cubes, alors que le
débit naturel de l'Euphrate à l'entrée en Turquie est de
28 milliards de mètres cubes. Un autre accord bilatéral
syro-irakien, en avril 1990, prévoit une répartition
proportionnelle des eaux de l'Euphrate entre les deux pays (42% pour la Syrie,
58% pour l'Irak) quel que soit le débit du fleuve soit en année
« normale » 6.6 milliards de mètres cubes pour la
Syrie et 9 pour l'Irak43(*).
Dans ces deux bassins, la situation est un peu
renversée en comparaison avec le Nil. La Turquie, pays en amont, fait
partie d'un accord bilatéral pas comme l'Ethiopie qui refusait de
participer. Le premier, pays en amont, présente un cas rigide envers la
révision de l'accord de 1987 ce qui a été adopté
par l'Egypte, pays en aval, envers l'accord de 1959. Et ce sont, l'Irak et la
Syrie, pays en aval, qui insistent à le réviser comme l'Ethiopie,
pays en amont, au bassin du Nil. Mais reste toujours un point commun, il
n'existait jamais un accord commun entre tous les pays riverains des trois
bassins.
Et la situation est assez compliquée au bassin du
Jourdain44(*), source
indéfinie de tensions entre la Syrie, Israël et la
Jordanie45(*), le partage
des eaux du Jourdain n'a pu encore faire l'objet d'un compromis, en
dépit des plans successifs, pas moins de 17, qui, depuis 1939, ont
tenté de combler le vide juridique. A la suite de la médiation de
l'Américain E. JOHNSTON46(*), en 1955, un accord s'était dessiné :
tous les riverains en avaient admis le principe, mais, pour des raisons
politiques, aucun des pays arabes concernés ne l'a signé. Ce
« Plan Johnston47(*) » allouait notamment 565 hm3/an
en provenance du Jourdain en Israël, et 720 hm3/an en Jordanie.
La question de l'eau se trouve aussi au coeur de
l'échec du plan de partage en 1947 dressé par les
autorités britanniques sur l'initiative de l'ONU. Ce plan de partage
devait diviser la Palestine britannique en deux entités, l'une sous le
contrôle de l'autorité juive, l'autre sous le contrôle
arabe. Or, en regardant la carte, il est bien évident qu'il était
pratiquement impossible pour les organisations sionistes de l'accepter puisque
tout le bassin du Jourdain devait passer aux mains de la Palestine arabe,
Israël ne disposant en matière d'eau que de la région du lac
de Tibériade. En l'an 2000, soit plus de 50 ans après sa
création, le problème de l'eau demeurait au coeur de l'ensemble
des questions géopolitiques d'Israël. Celles-ci se déclinent
autour de trois axes : la relation avec le Sud Liban,
l'éventuelle restitution du plateau du Golan en Syrie et la formation
d'un Etat palestinien48(*).
c) La Commission Technique Permanente Mixte
La création de la Commission Technique Permanente Mixte
était en fait le premier pas concret et codifié vers la
coopération hydraulique conjointe des deux pays à l'époque
moderne. L'accord égypto-soudanais de 1959 encourage et considère
l'importance du fait que la Commission Mixte arrive à un accord avec les
autres Etats riverains sur la recherche et l'étude ou la mise en oeuvre
d'autres projets communs. Cette Commission existe jusqu'aux nos jours, mais
elle est dépendante de la situation politique entre les deux pays comme
au cas de la tentative de l'assassinat du Président Moubarak en juin
1995 par des mains soudanaises en Ethiopie.
Afin d'assurer une coopération technique entre les
gouvernements des deux Républiques, dans le but de poursuivre les
recherches et les études nécessaires aux travaux de
contrôle du Nil et à l'accroissement de son rendement et afin de
poursuivre les études hydrologiques de ses plans d'eau
supérieurs. Les deux partenaires ont signé un Protocole le
janvier 1960 qui affirme la création de cette Commission, avec un
secrétariat technique, et un rapport annuel résumant ses
activités tout au long de l'année, le premier a été
publié en 1960 / 1961. Elle contient le même numéro de
membres de chaque partenaire et dont les fonctions49(*) sont :
1. L'élaboration des projets de base des travaux
destinés à accroître le rendement du Nil ainsi que du
contrôle des études nécessaires à la mise au point
de ces travaux avant de les présenter, pour approbation, aux
gouvernements des deux pays ;
2. La surveillance de l'exécution des travaux
approuvés par les deux pays ;
3. La mise au point du mode opératoire pour tous les
travaux qui seront entrepris sur le Nil à l'intérieur des
frontières du Soudan, ainsi que pour ceux qui seront construits hors des
frontières du Soudan, en accord avec les autorités
concernées dans les pays dans lesquels tels travaux seront entrepris
;
4. La surveillance de l'application dans tous les modes
opératoires relatifs aux travaux entrepris à l'intérieur
des frontières du Soudan et relatifs au réservoir du Haut Barrage
est assurée par les ingénieurs officiels
délégués par les deux pays ; ainsi que la surveillance du
fonctionnement des ouvrages construits sur le Haut Nil comme il est
prévu dans les accords conclus avec les pays dans lesquels de tels
ouvrages sont construits ;
5. Comme il est probable que les deux Etats seront
confrontés à une série d'années à bas
niveau, la Commission Technique est chargée de prendre des dispositions
équitables qui seront suivies par les deux pays, les recommandations de
la Commission seront soumises à l'approbation des deux Gouvernements.
Si les négociations sur les eaux du Nil devaient
s'imposer avec un autre Etat riverain, hors des frontières des deux
pays, le Soudan et la RAU épouseront un point de vue commun après
que le problème a été étudié par la
Commission Technique. Ce point de vue commun servira de base à toute
négociation entre la Commission et les dits Etats. Si les
négociations résultent en un accord permettant la construction de
travaux sur le Nil, hors des frontières des deux pays, après
avoir consulté les autorités des gouvernements des Etats
concernés, la Commission Mixte mettra au point tous les détails
techniques de la mise en oeuvre des travaux ainsi que du fonctionnement et de
l'entretien.
Chaque fois que les Etats riverains autres50(*) que les deux
Républiques font valoir leur droit à une part des eaux du
Nil, les deux Républiques ont convenu qu'elles examineront
ensemble ces demandes et arriveront à un point commun en ce qui les
concerne. S'il résulte de cet examen que les deux Etats doivent accorder
une partie des eaux du Nil à l'un ou l'autre des dits Etats, la
quantité acceptée sera déduite de la part des deux
Républiques à parts égales, calculée à
Assouan. La Commission Technique prendra les dispositions nécessaires
avec les Etats concernés en vue d'assurer que la consommation d'eau ne
dépassera pas les volumes convenus.
Le fait de mentionner la nécessité des projets
communs incarne deux aspects : d'un côté, ces
projets demandent une coopération commune ce qui a été
refusé par les riverains. Donc, l'obstacle du manque d'une
volonté politique, avec la peur construite d'une influence
égyptienne sur ces pays récemment indépendants, et
n'oublions pas le rôle joué par les rapports de force pendant la
Guerre froide. De l'autre côté, ces projets incarnent la vision
hydraulique égyptienne envers le Bassin. Elle voit le bassin sous une
forme unie « Bassin Uni », pas un bassin
décomposé en sous-bassins et affluents, c'est-à-dire un
barrage construit dans un pays en amont influence directement sur le pays en
aval. Ceci explique pourquoi la Commission planifiait pour des projets en
Ouganda (dans les chutes Oyen), pour produire de l'électricité en
amont et emmagasiner de l'eau pour l'aval. De plus, le Haut Barrage
était le dernier ouvrage hydraulique à l'intérieur des
frontières égyptiennes, au-delà, il faudrait une
coopération entre tous les riverains du Nil.
Nous pouvons conclure les activités de la Commission
dans deux groupes à savoir : d'une
part, elle fait des études techniques sur les projets proposés ;
surveiller la situation hydraulique du Nil et de ses affluents ;
réétudier les précédents projets existaient en
Egypte et au Soudan avant sa création ; surveiller la construction
du Haut Barrage en Egypte et du Roseires au Soudan. D'autre part, elle vise
à se développer d'une commission bilatérale vers une
commission collective regroupant tous les pays indépendants51(*) à ce temps là.
Bref, l'accord égypto-soudanais de 1959 encourage et
considère l'importance du fait que la Commission arrive à un
accord avec les autres Etats riverains sur la recherche et l'étude ou la
mise en oeuvre d'autres projets communs. Parce que construire un barrage ou un
réservoir sur le Nil, creuser un canal ou un système d'irrigation
chez n'importe lequel des dix pays
bénéficiaires exige une consultation commune et l'approbation de
tous les partenaires sur l'intérêt de tous sans exception afin que
se maintiennent l'harmonie et les relations de bon voisinage. Mais, en fait,
l'intérêt commun de tous les pays riverains ne se réalisent
qu'avec le passage d'une coopération bilatérale vers une
coopération multilatérale regroupant tous les Etats. Et pour
évaluer un peu sa position politique et juridique, la Guerre froide
était un catalyseur de soutien pour cet accord, mais après sa
fin, il a été mis en question, et en plus, par les défis
internes et externes.
B. L'attitude égyptienne envers les réactions
des pays en amont
L'Egypte et le Soudan, sensibles aux besoins futurs des riverains
supérieurs du Nil, n'oubliaient pas de s'occuper de la sauvegarde de
leurs intérêts. Il est à constater que ces deux riverains
d'aval reconnaissaient dans leur accord de 1959 les droits des autres riverains
et définissaient les modalités par lesquelles les deux parties
contractantes aborderaient cette question. Et il suffit de dire que l'accord de
1959 reconnaît l'existence du droit des autres riverains d'une
façon explicite et stipule que chaque fois qu'une revendication est
faite par les riverains non-signataires, les deux parties contractantes
(l'Egypte et le Soudan) prendront en considération celle-ci et se
mettront d'accord sur la politique commune qu'il convient de prendre à
leur égard.
Tout volume d'eau que les deux Gouvernements ont convenu
d'attribuer aux nouveaux demandeurs sera déduit en parts égales
des attributions de l'Egypte et du Soudan telles qu'elles seront
mesurées à Assouan. Cette clause est sans doute l'une des plus
dignes d'être notée puisqu'elle ouvre la voie à un
règlement multilatéral que d'autres traités sur le Nil
ignoraient. Mais aux yeux des riverains non-signataires, l'accord du 8 novembre
1959 n'est qu'une initiative unilatérale où aucun des deux Etats
contractants ne peut revendiquer imposer à l'obligation de
reconnaître un fait sans son consentement.
En l'absence d'une convention générale reconnue
à l'échelle régionale, les traités relatifs au Nil,
sont l'objet, de différentes interprétations, qui varient en
fonction des intérêts des riverains d'amont du Nil (autres que
l'Egypte et le Soudan). Nous pouvons résumer comme suit leurs
propositions : ne rien accepter des Etats de l'aval (Egypte et Soudan), ne rien
leur accorder, tant qu'eux-mêmes n'ont pas réalisé leurs
propres projets sur le cours supérieur du Nil. Et au cas où
l'Egypte et / ou le Soudan viendraient à entreprendre des travaux
d'aménagement sur le cours inférieur du Nil, ils devraient tout
faire (détourner les eaux du Nil) pour les en empêcher, pour
éviter tout fait accompli susceptible de se transformer en un
« droit acquis ». C'est que, au coeur de la question du Nil
qui oppose d'une part l'Egypte et le Soudan, et les autres riverains d'autre
part, nous trouvons une interrogation juridique : Les traités de
l'ancienne puissance administrante sont-ils ou non, toujours valables ?
a) Les arguments de l'Ethiopie : un pays aux sources
éthiopiennes
L'Ethiopie évoque toujours la question de « ses
droits naturels » sur une partie des eaux du Nil qui viennent de son
territoire. Le gouvernement éthiopien est allé jusqu'à
revendiquer le titre de « possesseur originel » du Nil, et
par conséquent le droit prioritaire d'utilisation de ses eaux pour les
besoins de l'expansion de son économie et de sa population. Dans une
note envoyée le 23 septembre 1957 par le gouvernement éthiopien
aux gouvernements égyptiens et soudanais, il affirmait ses droits
prioritaires quant au partage des eaux du Nil pour ses projets d'irrigation. De
plus, cette note attirait l'attention des deux Gouvernements sur le
communiqué officiel publié par le Ministère des Affaires
étrangères éthiopien, le 6 février 195652(*), par lequel il faisait
état de sa pleine liberté d'action dans les discussions en cours
concernant les eaux venant de son territoire et à propos desquelles il
n'était pas consulté.
Il ne faut pas oublier que le Bureau américain pour la
Bonification des Terres53(*) a publié une étude, le Master
Plan, en 1964, dans laquelle il y avait une proposition de construire
36 ouvrages hydrauliques sur les affluents du Nil au Plateau éthiopien
pour emmagasiner 51 milliards de mètres cubes par an (équivalent
avec le niveau minimum du débit du Nil bleu annuellement), ces ouvrages
visent à augmenter le pourcentage des terres cultivées de 17%,
dans le cadre d'un programme visant à passer de l'irrigation agricole
à partir de l'eau des puits à l'irrigation par immersion. Parmi
eux, il y a 16 barrages sur le Nil bleu pour irriguer 400 mille hectares et
produire 38 milles kws.
La proposition américaine incarne comment l'effet
de contexte influence directement sur la question de l'eau au bassin
du Nil à savoir :
- Son but était de diminuer le quota égyptien de
5.2 milliards mètres cubes par an, ce qui représente 9% de la
part égyptienne ;
- L'instabilité sur la scène internationale
était l'un des traits principaux de la période de la Guerre
froide. D'un côté, l'Egypte se rapprochait de l'Union
soviétique après le contrat des armements tchèques en
septembre 1955 et puis la signature de l'accord de construction du Haut
Barrage. De l'autre côté, les relations
égypto-américaines se perturbait lors du refus de la Banque
mondiale de financer la construction du Haut Barrage. Nasser participait
à la fondation du Mouvement de Non-alignement à Bandoeng, en
avril 1955 ;
- Son but était de développer les ressources
hydrauliques et les terres cultivées. Mais il a donné
préférence aux terres situant au bassin du Nil bleu par contre,
il existe d'autres fleuves éthiopiens (12 fleuves) ;
- Le revenu de cette proposition était très
faible par rapport à ses coûts. En 1964, les coûts
économiques étaient de 7.9 milliards dollars par contre ses
revenus visaient d'irriguer 433.7 milles hectares et produire 6.9 millions kws.
De plus, ce qui montre la politisation de l'eau comme carte de jeu, l'Ethiopie
l'a eu recours après le chassement des experts russes de la part de
l'Egypte pendant la période sadatienne. Et l'histoire se
répète avec le Tigre et l'Euphrate, pendant la Deuxième
Guerre du Golfe, nous avons vu comment la Turquie a eu recours à l'eau
comme arme politique pour influencer sur l'Irak.
Dès lors, il n'est pas étonnant, dans ces
conditions, que l'Ethiopie a exprimé sa désapprobation du
prêt soviétique pour la construction du Haut Barrage d'Assouan ;
l'Empereur Hailé SELASSIE rappelait, dans une interview accordée
au Daily Express « Que les sources du Nil bleu se trouvent en
Ethiopie et fournissent plus de 80% du débit du fleuve ; nous autres,
Ethiopiens, avons également nos propres projets en vue de la
construction de barrages et de l'utilisation des eaux du Nil pour l'irrigation
et la fourniture des forces électriques. Que cela soit bien clair, on
aurait grand tort de nous oublier54(*) ».
Lors de la construction du Haut Barrage, les relations
égypto-éthiopiennes se détérioraient un peu plus.
Les Ethiopiens reprochaient aux Egyptiens de ne pas avoir été
consultés sur ce dossier et, ce faisant, d'avoir violé les
conventions internationales. En coopération avec l'aide du bureau
américain pour la bonification des terres agricoles,
Israël55(*) a
participé à deux reprises, en 1959 et 1964, aux travaux du
barrage de Fincha sur l'un des affluents du Nil bleu. L'Ethiopie
considérait donc l'accord de 1959 comme nul et non
avenu. L'opposition de principe de l'Ethiopie enlève une grande
part de la portée qu'un accord sur le Nil devrait avoir dans l'ensemble
de la région. Celle-ci entend en effet ne jamais reconnaître le
Nil comme fleuve international de manière à se réserver
d'une manière unilatérale l'aménagement du Nil Bleu et de
ses affluents. Elle voit que l'accord de 1959, qui n'a pas annulé
l'accord de 1929, date de la période coloniale ce qui annule sa
crédibilité. Mais du point de vue juridique, les accords
concernant les frontières et les sources communes sont des accords
d'héritage international, signifie applicable dans toutes les
périodes historiques56(*).
Depuis sa création, Israël57(*), pour sa part, a toujours
cherché à se rapprocher de l'Ethiopie, comme d'ailleurs de
l'Ouganda car elle voyait là un moyen de prendre à revers le
monde arabe sur le plan géopolitique et économique. Nous pouvons
avancer le rôle joué par Israël avec qui l'Ethiopie a
rétabli ses relations diplomatiques depuis 1990. Les deux Etats
s'efforcent de contrecarrer l'encerclement arabo-islamique dans cette partie de
la corne de l'Afrique. Un marché a été conclu entre les
deux Etats stipulant une aide israélienne pour la construction d'une
série de barrages sur le Nil bleu et ses affluents en contre-partie d'un
accord de l'Ethiopie pour l'émigration des juifs Falachas vers
Israël.
L'Ethiopie fait valoir que, si plus de 80% des débits du
Nil égyptien se forment sur son territoire, elle n'utilise que
0.3%58(*) du débit
correspondant. Elle fait tout pour empêcher la réalisation de
projets qui transformeraient en droits acquis. Elle reste opposée
à toute entreprise d'aménagement hydraulique commune du Nil tant
qu'un partage des eaux n'est négocié entre les trois Etats
principaux de la vallée. L'Ethiopie est quant à elle
désireuse de prendre part à la convention (elle prévoit
d'utiliser à terme au moins 12 milliards de mètres cubes par an)
et de construire une série de barrages sur la partie du Nil qui
l'irrigue. Selon le point de vue éthiopien, si l'Egypte et le Soudan
veulent réellement négocier les questions relatives à
l'eau du Nil, ils doivent le faire avec l'Ethiopie seule, et non avec les
autres pays riverains du Nil, car l'eau qui arrive en Egypte et au Soudan vient
de l'Ethiopie, et les autres pays de la vallée du Nil n'en profitent
pas.
Et tout récemment (?), le Vice-ministre des Affaires
étrangères de l'Ethiopie a déclaré :
« Premièrement et avant tout, il faut que l'Egypte annule
l'accord inéquitable de 1959 avec le Soudan concernant l'utilisation des
eaux du Nil où l'Ethiopie a été exclue59(*) ». Il
considère que l'état de non-égalité ne peut
continuer car les pays d'amont du Nil, comme l'Ethiopie, ont besoin de leur
part des eaux du Nil pour les besoins de leur population.
Au Tigre et à l'Euphrate, étant un pays en amont,
la Turquie soutient que les deux fleuves constituent un seul bassin et qu'ils
sont transfrontaliers et non internationaux. Elle accepte pourtant de ne pas
porter atteinte aux droits acquis antérieurs aux nouveaux projets
hydrauliques. Pour l'avenir sa position est nette : elle accepte de
coopérer pour la gestion des eaux du Tigre et de l'Euphrate, à
condition de se limiter à des projets précis. Mais elle n'est pas
prête d'accéder à la demande de ses co-riverains de
conclure un accord multilatéral sur des quotas de répartition.
Elle soutient que l'accord de 1987 sur les quantités allouées en
Syrie est définitif et rejette les demandes conjointes de la Syrie et de
l'Irak pour une augmentation des quotas à 700 m 3/s.
Bref, la position éthiopienne, pendant la Guerre
froide, se résume en quatre
principes60(*) :
- Ne jamais accepter l'accord de 1959 signé entre
l'Egypte et le Soudan ;
- Saboter toute tentative égyptienne ou soudanaise
d'entreprendre un quelconque chantier hydraulique sur les sources du Nil, et
particulièrement sur les sources du Nil blanc ;
- Refuser toute coopération qui ne lui apporterait pas
un quota-part substantiel des eaux du fleuve ;
- Tout mobiliser, y compris ses relations diplomatiques et ses
positions stratégiques dans la région, pour mettre en chantier,
dans des conditions optimales, ses nombreux projets d'ouvrages hydrauliques.
b) Les arguments de l'Ouganda : un pays aux sources
équatoriales
Comme conséquence de la situation éthiopienne, du
refus, envers l'accord de 1959, la Tanzanie, et puis l'Ouganda et le Kenya, ont
déclaré la Doctrine de Nyréré61(*). Cette dernière refuse
l'approbation de l'accord sous prétexte qu'il a été
signé en absence de ces pays et pendant la période colonisatrice.
Ceci a empêché la mise en oeuvre des projets
développementalistes aux sources équatoriales. En 1953, les deux
gouvernements, Egyptiens et Ougandais, se sont mis d'accord sur la construction
d'un barrage et réservoir sur les chutes Oyen au lac Victoria, dans le
but de produire de l'électricité pour l'Ouganda et
réserver de l'eau pour l'Egypte et le Soudan au lac Victoria62(*). Mais selon cette doctrine,
inventée par ces pays, tous les projets ont été
bloqués.
Pour conclure, la plupart des pays riverains se rendent compte
que la façon dont les eaux du Nil sont utilisées actuellement est
injuste, et ils réclament de nouvelles législations
internationales et de nouvelles négociations auxquelles devront
participer tous les pays riverains. Ils voient que cet accord bilatéral
de 1959 traite la question hydraulique du point de vue technique et il ne
présente pas une régulation régionale fondée sur
l'intégration économique dans les divers domaines, c'est ce que
nous allons le voir avec l'Initiative du Bassin du Nil.
c) Le refus égyptien de la révision de l'accord
de 1959
L'Egypte, à travers les siècles, a
été préoccupée, par le problème du
contrôle des eaux du Nil. L'une des raisons de cette préoccupation
est la nature irrégulière du cours d'eau. Durant les cents
dernières années, le débit total annuel du Nil a
varié entre 150 milliards de mètres cubes à son maximum et
42 milliards à son minimum63(*). L'Egypte voit que pas de sécurité
militaire d'une nation au-delà de sa sécurité
économique, et ce dernier signifie la sécurité alimentaire
qui dépend essentiellement aux eaux. Pour chaque Etat, la production
alimentaire locale fait partie de sa défense, prise dans son sens large
; car, même si cela coûte plus cher que des produits d'importation,
cela ne contribue pas moins à renforcer son indépendance
politique ; dans cette optique, la sécurité des
approvisionnements en eau acquiert une importance considérable, quand
bien même cette eau est utilisée dans une agriculture
rémunératrice. Bref, la sécurité alimentaire et
hydraulique soutiennent la sécurité nationale.
Pour réaliser sa sécurité nationale, la
politique égyptienne nilotique se fonde sur le principe des
droits acquis, sur la nécessité de
négocier avec l'Egypte concernant la construction des ouvrages qui
peuvent influencer sur les débits du Nil, et sur le besoin vital
d'augmenter le quota égyptien d'après des projets et des
réservoirs hydrauliques au cas où la diminution des débits
du bassin. Au Tigre et à l'Euphrate, l'Irak, pays en aval, estime que
les deux fleuves sont internationaux et demande le respect des droits acquis.
Il demande aussi que soit reconnue l'indépendance des bassins versants
et s'oppose à la position turque mais aussi syrienne qui
considère que le Tigre et l'Euphrate constituent deux branches d'un
même bassin hydrographique, avec un partage équitable des eaux de
chacun d'eaux doit être envisagé entre les trois Etats riverains.
Pour la Syrie, l'Euphrate est un fleuve international et il doit y avoir
respect des « droits acquis » et interdiction de tout
aménagement qui modifierait le débit sans l'accord de l'ensemble
des Etats riverains. Elle soutient « l'unicité » du
bassin versant du Tigre et de l'Euphrate.
De plus, la géographie du fleuve a imposé des
limites et des restrictions au cadre de l'existence égyptienne : la
longueur du fleuve a imposé une certaine diversité humaine et
politique sur les Etats du bassin. Le géographe Gamal HAMDANE64(*) l'avait divisée en
trois régions aquatiques à
savoir : la source, le cours d'eau et le débouché. La
première région est celle du plateau, des lacs et de l'Ethiopie ;
le deuxième, le Soudan ; et le troisième, l'Egypte. Il soutient
la règle qui dit que l'Egypte en tant qu'Etat du débouché,
est la plus faible géographiquement en comparaison aux autres Etats qui
disposent de la source et que celui qui possède la maîtrise sur
les sources du Nil pourrait nuire l'Egypte. Il était logique donc que
l'Egypte veille toujours à garantir le flux des eaux et à
s'assurer de leur non exposition à la menace, ou à la
maîtriser des sources du Nil ou du flux de ses eaux vers l'Egypte, de la
part d'une force hostile quelconque. Le but de sécuriser les eaux du Nil
a été toujours une des constantes de directives suprêmes de
tout régime politique. Le fait que l'Egypte dépende des eaux du
Nil et les autres Etats ne sont pas des sociétés nilotiques, tout
ça a encouragé ces Etats à employer le Nil comme enjeu
politique contre l'Egypte.
Vraiment, il est très difficile d'arriver à un
accord car la nature unidirectionnelle des externalités amont-aval fait
qu'il est nécessaire de rechercher la coopération de biens
multiples (l'eau et l'hydroélectricité par exemple) comme moyen
de concrétiser ce jeu à somme positive. Mais, introduire des
questions secondaires qui peuvent aider dans le cas d'un degré important
d'externalités dans le sens où il existe des récompenses
nécessaires à la coopération et des sanctions pour les
défections, nécessite un cadre institutionnel plus
élaboré, pendant cette période, inexistant.
Bref, la position de l'Egypte est claire et se résume
par un refus pur et simple de toute remise en question de l'accord de 1959. Le
Ministère égyptien des Affaires étrangères
reconnaît l'existence d'un ensemble de droits et de devoirs, qui ne
peuvent être que favorables aux pays riverains situés en aval d'un
fleuve :
1. Distribution et utilisation équitable des eaux ;
2. Protection des intérêts des autres pays contre
toutes actions dommageables ;
3. Recours à la coopération ;
4. Respect des droits acquis ;
5. Juste compensation en cas de préjudice.
La notion de droits acquis est le facteur-clé de la
reconnaissance par les pouvoirs publics égyptiens des conventions et
autres instruments du droit international.
C. Le droit international des bassins fluviaux
Le partage des eaux des fleuves
« multi-nationaux65(*) » est, depuis de nombreuses années,
un objet de dispute entre les pays du Moyen-Orient, qui s'accusent mutuellement
d'arrière-pensées politiques quant à l'utilisation de
l'eau. Cette situation s'explique par « l'absence » de
traité régissant les modalités de partage des eaux de
fleuves « multi-nationaux » entre les pays de la
région. Si nous cherchons l'élément juridique nous le
trouvons au fond du problème ; il y a avant tout un point de Droit
à résoudre. En le résolvant, que nous réglons du
même coup toutes les difficultés politiques et économiques
qui en constituent l'environnement et qui, bien qu'étant d'essence
extra-juridique, soient en étroite relation avec lui.
Nous définissons la question du Nil en disant qu'il y a
un fleuve dont les eaux sont revendiquées par les Etats riverains ; il
faut donc dire à qui appartiennent ces eaux. Il serait évidemment
nécessaire de définir les « données
matérielles » avant de les confronter avec le Droit. Ainsi la
solution « praticable » est celle qui serait la plus
conforme à ces données. Dès lors, comment conduire cette
approche. La question étant en soi un problème de Droit, le
« dispute » est posé en termes juridiques, il
relève du droit international public, puisqu'il met en présence
des Etats souverains, et que l'objet en est un fleuve « que nous
pourrions qualifier de multi-national ».
La tentation d'exploiter les cours d'eau au seul profit des
économies nationales, et l'absence d'un climat politique et
idéologique favorable à la coopération, favorisant
certainement les actions unilatérales menées par les Etats en
amont pour aménager les sections de cours d'eau relevant de leur
souveraineté. L'utilisation des cours d'eau est toujours suspendue
à des impératifs de caractère politique, et il est assez
rare que les comportements étatiques se définissent en fonction
de principes directeurs plus ou moins ambigus du droit international
fluvial66(*).
D'une manière générale, la
coutume internationale67(*) a permis de dégager certains principes
importants en matière d'utilisation partagée de la ressource en
eau, au nombre desquels :
- L'obligation de coopérer et de négocier avec
l'intention d'aboutir à un accord ;
- L'interdiction de réaliser des aménagements
susceptibles d'avoir des conséquences dommageables appréciables
et durables au détriment d'autres États ;
- L'obligation de consultation préalable ;
- L'utilisation équitable des ressources
partagées y compris s'agissant des eaux souterraines.
Parmi les principes généraux du
droit international en matière d'eau :
- L'obligation de ne pas abuser de ses droits ou plus
précisément d'utiliser son bien de telle sorte qu'il ne nuise pas
à autrui ;
- Les règles de bon voisinage aux termes desquelles un
État partageant un bassin avec un autre État ne doit rien
entreprendre qui soit de nature à avoir des répercussions
négatives sur le territoire de l'autre État ;
- La bonne foi.
En effet, il est nécessaire de trouver un
équilibre entre l'indépendance des États riverains et leur
souveraineté sur les ressources naturelles ; un équilibre
également entre les États d'amont et les États d'aval mais
aussi entre les différentes utilisations de l'eau. En essayant de
trouver un règlement juridique, le droit international des bassins
fluviaux a passé par plusieurs étapes : tout
d'abord, la doctrine de Harmon de 1895 voit l'utilisation hydraulique selon le
principe de la souveraineté territoriale absolue ; et puis, les
règles d'Helsinki de 1966 reconnaissent les droits de tous les Etats
riverains aux parts égales de quotas, et finalement la convention sur le
droit relatif aux utilisations des cours d'eau internationaux à des fins
autres que la navigation, adoptée par les Nations Unies en 1997, insiste
sur le fait de coopérer et de régler pacifiquement les
différends.
a) La Doctrine de Harmon68(*)
Lorsque les Etats-Unis, à la fin du
XIXème siècle, entreprenaient la mise en valeur
agricole du sud-ouest, ils commençaient à dériver le cours
du Rio Grande afin d'irriguer les terres mises en culture. En 1895, le Mexique
protestait officiellement, rappelant que les droits d'usage des agriculteurs
mexicains en aval étaient beaucoup plus anciens que ceux des
américains. Le gouvernement américain conçu alors la
doctrine Harmon, du nom du juge Judson HARMON, chargé d'élaborer
la position officielle des Etats-Unis, et selon laquelle « le
principe fondamental du droit international est la souveraineté absolue
de chaque Etat, par opposition à tous les autres, sur son
territoire »69(*).
La doctrine de la souveraineté territoriale absolue,
appelée également Doctrine Harmon, consiste à
reconnaître à l'entité étatique, l'entière
souveraineté sur les ressources hydriques présentes sur le
territoire dont elle assure l'administration. Cette doctrine affirme la
souveraineté absolue d'un Etat sur la portion du fleuve international
traversant son territoire. La souveraineté territoriale absolue proclame
qu'un Etat peut user des eaux sur son territoire de la façon qu'il
estime la plus conforme aux intérêts nationaux,
indépendamment des conséquences externes.
La doctrine dit "Harmon" de la souveraineté absolue
explicitement formulée lors du différend qui a opposé les
États-Unis au Mexique en 1895 (Déclaration de l'Attorney
général des États Unis Harmon du 12 décembre 1895
à propos du Rio Grande) et implicitement mise en oeuvre par la Turquie
dans le GAP70(*), devrait normalement s'effacer au profit de la
"souveraineté limitée" impliquant que le droit souverain pour un
État d'utiliser les eaux situées dans son territoire est
limité par le devoir de ne pas porter préjudice de ce fait
à d'autres États. Cette doctrine a de fait été
abandonnée vers les années 50 et n'est plus invoquée que
dans les situations de perturbations diplomatiques. Dès lors que l'Etat
abandonne une partie de cette souveraineté territoriale absolue, il
entre dans une logique de restriction acceptée à sa
souveraineté, faisant de l'eau une ressource partagée :
émerge alors le principe d'un « usage raisonnable et
équitable », qui revient à considérer que les
Etats ne peuvent faire qu'une « utilisation non dommageable de leur
territoire »
La mise en oeuvre de la "Doctrine Harmon" est
généralement défendue par les gouvernements des pays en
amont, tels que la Turquie ou l'Éthiopie, qui reconnaissent dans cette
doctrine le meilleur moyen d'éviter toute ingérence dans leurs
affaires internes. Pour le moment, la Turquie défend le droit de
« souveraineté absolue de Harmon » sur l'eau
présente sur son territoire tandis qu'en aval, la Syrie et l'Irak, ils
parlent de « droits historiques » et du « cours
naturel de l'eau ».
Par contre, l'Egypte préfère la doctrine de
l'intégrité territoriale, selon laquelle le pays
d'aval a un droit indiscutable à un débit fixe, et
refuse71(*) celle de
Harmon pour les raisons suivantes :
- Politiquement, elle provoque des perturbations dans les
relations des pays riverains ainsi que dans les intérêts nationaux
divergents ;
- Techniquement, c'est impossible de l'appliquer au cas de
produire de l'électricité d'un bassin international qui forme
les frontières entre deux pays ou plusieurs ;
- Cette doctrine est contre le principe de
l'égalité entre les pays riverains d'un seul fleuve, ainsi celui
de la justice ;
- Elle ignore la réalité de
l'interdépendance entre les riverains d'un seul fleuve, et ne convient
pas avec le besoin de coopérer.
La doctrine Harmon introduit dans l'utilisation des eaux
internationales un germe d'incertitude, voire d'anarchie. Car la
souveraineté d'un riverain s'oppose à celle d'un voisin.
Totalement opposée à cette thèse se trouve celle de
l'intégrité territoriale, favorable à l'Etat
d'aval72(*).
b) Les Règles d'Helsinki de 196673(*)
L'Association pour la Législation Internationale
parvenait à son Congrès d'Helsinki de 1966 à
établir un ensemble de règles fournissant des principes
directeurs pour l'utilisation et l'administration des fleuves internationaux et
la solution des différends. Les règles d'Helsinki qui
définissent un fleuve international par un Bassin de
Drainage International, ce dernier est
défini `comme une zone géographique s'étendant sur deux ou
plusieurs Etats et déterminée par les limites de l'aire
d'alimentation du système hydrographique, eaux de surface et eaux
souterraines comprises, s'écoulant dans un collecteur commun'74(*), insistent sur les
principes75(*) suivants
:
1. La distribution équitable est le facteur dominant
des relations entre les pays riverains ;
2. Equité n'est pas forcement synonyme de distribution
en parts égales, mais en parts justes qui peuvent être
déterminées par les facteurs suivants :
a. La topographie du bassin et, en particulier, la dimension
de la zone de drainage du fleuve dans chaque Etat riverain ;
b. Les conditions climatiques générales du
bassin ;
c. Les précédents se rapportent à
l'utilisation passée des eaux du bassin jusqu'à l'utilisation
actuelle ;
d. Les besoins économiques et sociaux de chaque Etat du
bassin ;
e. La population ;
f. Les coûts comparatifs des différents moyens de
satisfaire les besoins économiques de chaque Etat du bassin ;
g. La disponibilité d'autres ressources hydrauliques
;
h. Eviter tout gaspillage injustifié et tout
préjudice inutile aux autres Etats riverains.
3. La coopération est la règle entre les Etats
riverains pour l'amélioration des sources et du débit du fleuve,
et son utilisation comme un ensemble ;
4. Respect des droits acquis des Etats riverains sur la base
des besoins de chaque Etat et de son degré de dépendance à
l'égard des eaux du fleuve ;
5. Juste compensation en cas de préjudice.
Article IV stipule que tout Etat du bassin a droit, pour son
territoire, à une part raisonnable et équitable de l'utilisation
avantageuse des eaux du bassin de drainage international. Et l'article V
précise la détermination de ce qu'est une part raisonnable et
équitable au sens de l'article IV se fait à la lumière de
tous les facteurs pertinents dans chaque cas particulier. Selon l'article VII,
un Etat du bassin ne peut se voir refuser, à un moment donné,
l'utilisation raisonnable des eaux du bassin de drainage international, dans le
seul but de réserver ces eaux pour un usage futur par un autre Etat du
bassin. L'article VIII enfin tente de clarifier les notions d'utilisation
« raisonnable », d'utilisation
« opérante » et d'utilisation
« existante », ainsi que de fixer divers paramètres
qui permettraient de les apprécier : modification des situations et
apparition de nouveaux besoins, valorisation de la ressource par tout moyens
déjà opérationnels, ou en cours, jusqu'à
notification de leur abandon76(*). L'article X déclare que tout Etat a droit,
à l'intérieur de son territoire, à une part raisonnable et
équitable de l'utilisation avantageuse des eaux d'un bassin de drainage
international.
La plupart des traités déjà conclues,
voire l'accord égypto-soudanais de 1959 et celui entre la Syrie et
l'Irak de 1962, relatifs à des systèmes hydrographiques
internationaux prévoient la création de commissions conjointes
pour l'inspection, la surveillance, le contrôle, et la maîtrise des
ressources en eau communes, de façon à garantir aux parties
concernées le respect effectif de tous les termes de l'accord.
L'Association a fourni la première définition du fleuve
international fondée sur trois principes:
la navigabilité, le fait que le fleuve traverse au moins deux Etats
et qu'il les relie à la mer. Selon ces critères, le Nil, le Tigre
et l'Euphrate sont des fleuves internationaux.
La mise en oeuvre de la « doctrine
Harmon » est généralement défendue par les
gouvernements des pays en amont, tels que la Turquie ou l'Ethiopie, qui
reconnaissent dans cette doctrine le meilleur moyen d'éviter toute
ingérence dans leurs projets hydrauliques internes. Tandis que la
doctrine défendue par l'Egypte, pays en aval, se réfère
aux « règles d'Helsinki » de 1966 dont l'article IV
stipule que « tout Etat du bassin a droit, sur son territoire,
à une part raisonnable et équitable de l'utilisation avantageuse
des eaux du bassin hydrographique international »77(*).
Bref, l'ensemble des juristes internationaux s'est mis
d'accord sur des principes de base que doivent respecter les
Etats riverains, bénéficiaire d'un fleuve ou d'un Bassin de
Drainage International : distribution et utilisation équitable des
eaux ; les Etats riverains s'abstiendront de tout détournement du cours
du fleuve ou de construire des barrages de retenue ou des réservoirs sur
le fleuve de réduire ou d'affecter la part des autres Etats riverains,
sans consultation et accord préalable.
c) La Convention sur le droit relatif aux utilisations des
cours d'eau internationaux à des fins autres que la navigation de
199778(*)
La Commission du Droit International de l'ONU a soumis
à l'Assemblée générale, en avril 1992, un projet
sur l'utilisation des voies d'eau internationales en dehors de la navigation.
Ce projet, mis en chantier en 1971, la convention des Nations Unies sur le
droit relatif aux utilisations des cours d'eau internationaux à des fins
autres que la navigation, a été adoptée le 21 mai 1997 par
104 voix contre 3 et doit déterminer le partage international des eaux
douces quand elle aura été ratifiée par 35 pays (ce qui
devrait prendre plusieurs années).
Elle vise à formaliser une nouvelle approche du
problème qui, d'un point de vue juridique, serait
révolutionnaire79(*). Il s'agirait de promulguer le remplacement de la
notion de « souveraineté » que chaque Etat entend
exercer sur ses cours d'eau par celle de « Bassin de Drainage
International ». L'usage fait par chaque pays concerné par le
cours d'eau serait apprécié selon le critère de
« l'utilisation raisonnable » des ressources communes. Elle
arriverait ainsi à une notion de « souveraineté
territoriale limitée » sur des ressources partagées.
Quoi de neuf selon cette convention ? Cette définition, proposée
en 1997, a été déjà reconnue par les principes
d'Helsinki en 1966. Y-a-t-il de nouveaux principes, présentés par
cette convention, à l'occasion de la gestion des eaux des bassins
fluviaux ?
Selon l'article III, à moins que les Etats du cours
d'eau n'aient convenu autrement, la convention-cadre ne
modifie en rien les droits ou obligations
résultant pour ces Etats d'accords en vigueur à la date à
laquelle ils sont devenus parties à la présente Convention.
Nonobstant les dispositions précédentes, les parties à des
accords visés peuvent envisager de mettre lesdits accords en
harmonie avec les principes fondamentaux de la présente
Convention. Cet article met en question l'abstention égyptienne envers
cette Convention. Nous pouvons expliquer sa situation selon ses principes de
ses droits acquis issus de l'accord de 1959, mais la Convention déclare
que ces dispositions sont prises toujours en considération. Et la prise
de compte des anciennes dispositions interprète pourquoi l'Ethiopie
refusait la Convention, elle veut que cette Convention modifie les dispositions
précédentes et elle est contre l'article VII qui insiste sur le
principe de ne pas nuire à autrui pour ne pas causer de dommages
significatifs.
Cet accord a inclus des
règles80(*) très claires sur l'exploitation commune des
sources des fleuves ou des cours d'eaux internationaux, entre les Etats du
cours d'eau unique :
1. La définition du Bassin de Drainage : « Un
bassin de drainage international est une zone géographique
s'étendant sur deux ou plusieurs Etats et déterminée par
les limites de l'aire d'alimentation du système hydrographique, eaux de
surface et eaux souterraines comprises, s'écoulant dans un collecteur
commun » ;
2. Tout Etat du bassin a droit sur son territoire à une
part raisonnable et équitable à l'utilisation avantageuse des
eaux du bassin de drainage international ;
3. Les Etats du cours d'eau81(*) participent à l'utilisation, à la mise
en valeur et à la protection d'un cours d'eau international82(*) de manière
équitable et raisonnable. Cette participation comporte à la fois
le droit d'utiliser le cours d'eau et le devoir de
coopérer à sa protection et à sa mise en valeur
;
4. La détermination de ce qu'est une utilisation
raisonnable et équitable, il faudrait
prendre en considération aussi bien les avantages que les
inconvénients de l'utilisation considérée. Selon l'article
VI, ces deux critères se font à la lumière des
données suivantes :
a. Les facteurs géographiques, hydrographiques,
hydrologiques, climatiques, écologiques et autres facteurs de
caractère naturel ;
b. Les besoins économiques et sociaux des Etats du
cours d'eau intéressés ;
c. La population tributaire du cours d'eau dans chaque Etat du
cours d'eau ;
d. Les effets de l'utilisation ou des utilisations du cours
d'eau dans un Etat du cours d'eau sur d'autres Etats du cours d'eau ;
e. Les utilisations actuelles et potentielles du cours d'eau
;
f. La conservation, la protection, la mise en valeur et
l'économie dans l'utilisation des ressources en eau du cours d'eau ainsi
que les coûts des mesures prises à cet effet ;
g. L'existence d'autres options, de valeur comparable,
susceptibles de remplacer une utilisation particulière, actuelle ou
envisagée.
Tous ces facteurs découlent de principes
fondamentaux reconnus internationalement dont en particulier :
1. Tout fleuve international ou cours d'eau internationale
devient, selon la convention des Nations Unies de 1997, un service public
international aux Etats donnant sur son bassin ;
2. Le principe de l'exploitation juste ou équitable par
tous les Etats fluviaux est le principe prédominant en vertu duquel tout
différend ou litige entre Etats sera tranché ;
3. Le principe de ne pas nuire à autrui pour ne pas
causer de dommages significatifs83(*), des Etats situés dans le bassin du fleuve ou
du cours d'eau, est l'un des principes fondamentaux sur lequel se base le droit
international relatif aux fleuves ou le nouveau droit international des cours
d'eau internationaux, outre qu'il représente une base
générale reconnue dans l'ensemble des systèmes juridiques
:
Le principe de coopération pour
trouver un genre d'organisation commune relativement à l'exploitation
des ressources aquatiques, de sorte que cette coopération soit
juste et équitable84(*), doit être le principe prédominant en ce
qui concerne la gestion85(*) des problèmes hydrauliques pouvant
naître dans l'avenir. Les Etats du cours d'eau coopèrent sur la
base de l'égalité souveraine, de l'intégration
territoriale, de l'avantage mutuel et de la bonne foi en vue de parvenir
à l'utilisation optimale et à la protection du cours d'eau
international. Et la Convention86(*) insiste sur le fait de, pour encourager la
coopération, créer des mécanismes ou commissions mixtes
touchant les mesures et procédures compte tenu de l'expérience
acquise de la régulation87(*) à la faveur de la
coopération dans le cadre des mécanismes88(*) et commissions mixtes89(*) existant dans diverses
régions.
4. Pour renforcer la coopération, la
Convention90(*) a
déclaré la nécessité des Etats du cours d'eau
d'échanger régulièrement les données et les
informations disponibles sur l'état du cours d'eau, en
particulier celles d'ordre hydrologique, météorologique,
hydrogéologique, écologique et concernant la qualité de
l'eau, ainsi que les prévisions s'y rapportent, donc elle est contre la
politique de tarification de l'eau. Aussi échangent-ils des
renseignements, se consultent et, si nécessaire, négocient au
sujet des effets éventuels des mesures projetées
sur l'état d'un cours d'eau international. Et avant q'un Etat du cours
d'eau mette en oeuvre ou permette que soient mises en oeuvre des mesures
projetées susceptibles d'avoir des effets négatifs significatifs
pour les autres Etats du cours d'eau, il en donne notification à ces
derniers en temps utile. Nous pouvons dire que la mise en oeuvre de ces
recommandations coopératives a été adoptée à
l'Initiative du Bassin du Nil entre les dix pays riverains, ce qui renforce
l'idée que les solutions unilatérales ou partielles dans la
gestion de l'eau sont toujours inacceptables.
Selon le point de vue juridique de Dr Seemaan Boutrous
FARAGALLAH91(*), la
Convention a changé la valeur de la coopération d'un comportement
mental facultatif imposée par la réalité de
l'interdépendance, vers un atout juridique. La coopération n'est
plus un jeu à somme nulle, mais elle vise à réaliser les
intérêts communs de tous les pays, en basant sur le fondement d'un
compromis entre les intérêts nationaux. Aussi règle-t-elle
les tensions selon les moyens pacifiques, renforce l'aspect coopératif
de la Convention, voire les bons offices et la médiation ou la
conciliation. L'évolution du droit international des bassins fluviaux
joue-t-il un rôle catalyseur vers le comportement coopératif
hydraulique multilatéral ?. Il ne faut pas oublier que l'Initiative du
Bassin du Nil, en 1999, un an après la Convention, a
présenté une application de cette régulation
coopérative mentionnée par la Convention.
Ainsi, en l'espace de quelques années, le partage des
eaux du Nil est passé d'un aménagement hydraulique quelque peu
concerté à une entreprise purement nationale à
implications internationales. L'aménagement national ne doit pas pour
autant priver les autres Etats riverains de l'exercice du même droit, car
l'eau d'un cours d'eau international est aussi une ressource naturelle commune
- res communis, shared property - dont tous doivent disposer au même
titre. Il s'agit donc pour les Etats de concilier les exigences du principe de
leur souveraineté et la nature juridique des eaux d'un cours d'eau
international, autrement dit, de conjuguer la souveraineté des Etats sur
leurs ressources hydrauliques au présent du droit international.
De plus, pour des raisons hydroélectriques, elle n'a
cessé d'appuyer sa position sur un principe juridique de droit
international. Si pour le Caire, le Nil est un fleuve international puisque
navigable, pour l'Ethiopie qui alimente directement le Nil bleu, le Nil blanc
et leurs affluents, le Nil n'est pas juridiquement un fleuve international. Car
il n'est pas navigable sur d'importantes portions de son cours. Si le Nil n'a
pas le statut de fleuve international alors les pays riverains sont tenus de
pratiquer une coopération en matière de partage des eaux. En
revanche si le Nil devenait un fleuve international, la doctrine et la pratique
laisseraient chacun des riverains libres de faire ce qu'il veut. Cette question
est compliquée par le fait qu'il n'existe pas, contrairement en Europe,
d'instance susceptible de trancher ce problème au niveau régional
ou international. Par exemple, l'Egypte et le Soudan s'accordent pour
considérer le Nil comme un fleuve international92(*). Ils ont donc conclu un accord
bilatéral pour le partage des eaux en 1959.
Dans ce contexte, tout projet de nouvelles irrigations ou de
construction de barrages, qui, à terme, modifierait le débit du
Nil pour les pays riverains, peut-être ressenti comme une menace vitale
par ces derniers. L'Ethiopie refuse le statut international du Nil pour garder
la non-reconnaissance de l'accord de 1959 et son droit de construire des
ouvrages sur ses affluents. L'Egypte garde le statut international qui
reconnaît ses droits acquis et sa surveillance sur les projets en
Ethiopie. L'objectif de l'Ethiopie est de maintenir une pression permanente sur
le Soudan et l'Egypte pour les amener à soutenir l'Etat éthiopien
dans sa politique locale, régionale et même internationale.
Envers cette Convention, le statut des riverains nilotiques
était le suivant : l'Egypte, l'Ethiopie, le Rwanda et la Tanzanie
(abstention) ; le Soudan et le Kenya (acceptation) ; le Burundi (contre) ;
l'Erythrée, l'Ouganda et la RDC (absence à la session de vote).
Pour l'Ethiopie93(*), le
refus était sur l'article VII de ne pas nuire à autrui, ainsi que
l'Egypte voit l'existence déjà d'un système juridique
(accords de 1929 et de 1959) qui règle le bassin du Nil, et celui-ci ne
s'oppose pas avec les moeurs internationales de la distribution
équitable94(*).
Le même dilemme existe au niveau du Tigre et de
l'Euphrate, pour Bagdad, ces deux fleuves sont des fleuves internationaux. A
cet égard, Ankara considérant que ni l'Euphrate, ni le Tigre ne
sont navigables, ils ne peuvent être réputés fleuves
internationaux et qu'en conséquences chacun des pays riverains est libre
d'utiliser l'eau comme il l'entend. Face à cette position, Damas et
Bagdad insistent sur le fait que ces deux fleuves traversent plusieurs Etats et
ils sont navigables sur une grande partie de leurs cours. De cette position
découle tant pour les Syriens que pour les Irakiens, l'idée d'un
partage des eaux du fleuve. Damas à l'instar d'Ankara considère
que le Tigre et l'Euphrate constituent les deux branches d'un même
système et qu'ils forment un seul bassin. En choisissant la
théorie de l'unicité du bassin, ils excluent l'Irak d'une gestion
de l'Euphrate pour obliger Bagdad à se contenter de la gestion des eaux
du Tigre plus difficilement aménageable.
Depuis la rupture entre les deux pays, Irak et Syrie, rupture
ancienne, la question de l'eau a été au coeur de tensions
incessantes entre Damas et Bagdad. Bagdad considère d'un point de vue
juridico-géographique qu'il y a deux fleuves distincts qui doivent faire
l'objet d'un partage spécifique entre les trois pays du bassin. La
situation d'Ankara s'explique comme un motif de conserver cette eau pour sa
propre utilisation et de proposer à titre de dédommagement de
cette situation une sorte d'accord grandiose entre Bagdad et Ankara. La
question de l'Euphrate et du Tigre est sur fond de droit international
concernant le statut de ces deux fleuves. La discorde porte sur deux points :
le statut international ou non des fleuves (qui oppose la Turquie d'une part en
Syrie et l'Irak d'autre part) et l'unité ou la dissociation du Tigre et
de l'Euphrate (l'Irak et la Syrie s'affrontent sur cette distinction qui
implique les pouvoirs des pays sur chaque fleuve).
Le plus grand problème est celui de la
souveraineté, la Turquie revendique sa souveraineté absolue sur
les eaux issues de son territoire et qualifie le Tigre et l'Euphrate de fleuves
« transfrontaliers ». Elle refuse l'idée qui
considère les bassins des fleuves comme un tout, en se plaçant
au-dessus de la souveraineté des Etats. La position turque n'est
acceptée ni par la Syrie, ni par l'Irak, ni par aucune instance
juridique internationale95(*). Le problème fondamental de
l'approvisionnement en eau de la région du Tigre et de l'Euphrate, vient
de la nature ambitieuse des politiques hydrauliques nationales, qui se
concentrent sur des projets d'irrigation à grande échelle. En
outre, l'absence de bonne volonté politique entre les Etats ne facilite
pas la recherche d'une solution pragmatique aux problèmes, leurs
relations politiques étant salies de méfiance mutuelle. Aussi
bien pour la Turquie et la Syrie, que pour l'ensemble des pays du bassin du
Jourdain, la question de l'eau est un exemple direct de l'instrumentalisation
des facteurs géographiques au service de préoccupations
géopolitiques.
Tout au long de ce panorama présenté à la
première partie de ce travail, nous concluons que le bassin du Nil est
aggravé par une crise de surplus et pas de
pénurie. Elle a été réglée par une
gestion partielle, voire une gestion bilatérale entre deux pays
seulement des dix riverains du Bassin, autant que cette crise nécessite
une coopération régulatrice multilatérale
intégrante tous les partenaires. La politisation de l'eau, par les
grandes puissances pendant la période de la Guerre froide, comme carte
de jeu, était l'élément révélateur de
l'évolution du système coopératif au bassin du Nil. C'est
vrai que l'accord de 1959 incarnait la pierre angulaire de la
sécurité nationale hydraulique égyptienne, et il a
été la conséquence de l'effet de contexte, mais le refus
absolu éthiopien de non-adhésion reflète cette
politisation. Le type du régime politique jouait un rôle
très important dans le déclenchement de ces différends :
dans les années 70, nous voyons un régime libéral sadatien
en Egypte soutenu par les Etats-Unis et un régime socialiste mingestiuen
en Ethiopie soutenu par l'Union soviétique. Ensuite, l'évolution
de la législation internationale encourageait les riverains d'un bassin
multinational vers un aspect coopératif, afin de régler les
tensions. A l'égard de la nécessité de coopération,
les défis internes et externes ont joué un rôle catalyseur
et révélateur vers cette coopération, c'est ce que nous
allons les traiter à la deuxième partie de ce mémoire.
Elle s'intéresse aux défis internes touchant les pays riverains
et les défis externes aidant à découvrir l'aspect
transnational de la question de l'eau.
DEUXIEME PARTIE : Les stratégies des pays
riverains envers les défis internes et externes
Le rôle croissant de l'eau dans les politiques
internationales contemporaines remonte à un ensemble de
considérations96(*)
à savoir :
· Le phénomène de la
sécheresse qui a envahi plusieurs Etats durant les deux dernières
décennies, et surtout le continent africain ;
· L'aggravation du problème de la
nourriture dans nombre d'Etats de la moitié sud du globe terrestre
imposant en conséquences l'extension agricole, horizontale et verticale
pour faire face à ce problème ;
· La croissance continue de l'usage des eaux dans
les objectifs industriels en plus des besoins croissants en eaux pour les
usages domestiques, en conséquence de l'évolution des habitudes
sociales en général ;
· Le phénomène de l'explosion
démographique dans nombre de pays, surtout dans le monde en
développement, explosion qui a rendu favorable la
nécessité de l'expansion des projets du développement
économique pour absorber la croissance démographique et assurer
des sources d'alimentation et des chances d'emploi convenables.
La conception de « sécurité des
eaux » a acquis de nouvelles dimensions : elle concerne le domaine
économique : la sécurité de l'eau et de la nourriture. De
nombreux facteurs confirment l'importance du problème
de l'eau dans le monde arabe :
- Les principaux fleuves (bassins97(*)) du monde arabe ont tous leur
source à l'extérieur. Elles sont donc contrôlées par
des puissances étrangères. C'est un point faible de la
sécurité arabe ;
- Toutes les études confirment l'existence d'une crise
réelle d'eau dans le monde arabe. La plupart des territoires arabes
souffrent de sécheresse et de désertification. Avec la croissance
démographique et l'évolution économique et sociale, le
problème se fait sentir encore davantage ;
- Le projet sioniste menace les eaux arabes. Israël
octroie son aide à la construction de barrages aux sources du Nil, ce
qui constitue une carte de pression sur le Soudan et l'Egypte. Et ce
conformément à un plan mis au point il y a des dizaines
d'années, lorsque l'ancienne Premier ministre israélienne, Golda
MEIR, a dit : « L'alliance avec la Turquie et l'Ethiopie signifie
que les deux plus grands fleuves de la région, le Nil et l'Euphrate,
seront entre nos mains98(*) » ;
- Sachant que la sécurité des eaux arabes fait
partie intégrante de la sécurité nationale arabe. C'est
pourquoi la cause de l'eau est toujours inscrite à l'ordre du jour des
gouvernements arabes.
Cette deuxième partie du mémoire démontre
comment les pays riverains du bassin du Nil, ainsi les pays arabes, envisagent
des défis hydrauliques, internes et externes. Ils les
poussent vers des stratégies préventives,
luttant contre le stress hydrique, et encourageant vers une diplomatie
hydropolitique.
A. Les défis internes
Tout au long de cette partie traitant la question des
défis internes, ces derniers se décomposent en trois grands
thèmes à savoir : l'instabilité politique, ainsi la
politisation de l'eau et l'explosion démographique. Et nous les
considérons comme des raisons déclencheurs pour le
troisième, celui de la guerre de l'eau.
Selon le Centre arabe des études des zones
arides et désertiques99(*) (CAEZAD), « le déficit en eau
dans le monde arabe, ressenti déjà actuellement, devrait se
situer entre 160 et 260 milliards de mètres cubes en l'an
2030 », et rappelle que « les ressources du monde
arabe oscillent entre 300 et 350 milliards de mètres cubes par
an ». Et dans son rapport, le Conseil Economique et Social des
Nations Unies, janvier 1992100(*) soulignait les dangers de l'évolution
démographique : « Le fossé entre des ressources
aquifères limitées et la rapide augmentation de la population
(...) s'élargit de façon inquiétude et pourrait mettre en
danger la sécurité en matière d'eau dans la région
du Proche-Orient », atteint le seuil de pénurie
hydraulique, selon les chiffres de la Banque mondiale. Le quota d'eau par
individu et par an a enregistré une chute radicale de 150 m3
en 1986 à 665 m3 en 1998.
La population mondiale a doublé de 1950
à 1997, passant de 2.5 à 5.7 milliards d'habitants, mais la
consommation d'eau globale a quadruplé sur la même période,
pour s'élever à environ 761 mètres cubes par an et par
personne. Les experts de l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et
l'Alimentation (OAA / FAO) évaluent à 2000 mètres cubes
d'eau par an et par personne le seuil au-delà duquel l'eau est
considérée comme abondante, et à 1000 mètres cubes
le seuil critique en deçà duquel l'approvisionnement est remis en
cause. Ce souci est désormais celui des Nations Unies, selon M. Wally
N'DOW, Secrétaire général de la seconde Conférence
des Nations Unies sur les villes, tenue en 1996, à Istanbul pour qui
l'eau « pourrait être un facteur de déclenchement de
conflit, comme le pétrole l'était dans le
passé101(*) ».
Donc, les défis internes envisagés par
les pays nilotiques, voire arabes, tournent autour deux grands volets : d'une
part, un aspect politico-militaire comme l'instabilité politique, la
politisation de l'eau et la guerre de l'eau. D'autre part, un aspect
socio-économique, il évoque le phénomène de
l'explosion démographique.
a) L'instabilité politique (Ex : le Canal de
Jonglei au Soudan) et la politisation de l'eau (Ex : la Nouvelle
Vallée en Egypte « Tochka »)
a. Le Canal de Jonglei102(*)
L'idée originale revient aux Britanniques, ancienne
puissance coloniale occupante du Soudan, qui, dès 1904,
étudiaient un projet visant à détourner le cours du Nil
afin d'éviter que d'importantes quantités d'eau ne se perdent
dans les zones marécageuses de Sudd et afin d'améliorer la
navigation fluviale. Ce canal est apparu à l'époque d'une
nouvelle coopération égypto-soudanaise en 1974, entre les
présidents, Sadate et Nemeyri. L'Egypte et le Soudan se sont mis
d'accord sur le projet du canal de Jonglei, dans la région de Sudd du
Bahr El Gabal. C'est alors que Jonglei I (première
phase) est formellement approuvé par les deux Gouvernements, et puis
Jonglei II (période 1985-1990).
Son but est de construire un canal de
diversion autour des marécages pour activer le débit du Nil
à cet endroit et donc éviter ou réduire
énergiquement la perte d'eau par évaporation. Le canal doit
suivre une ligne droite de Jonglei au sud jusqu'à un point de la Sobat
au nord, juste avant qu'elle n'entre dans le Nil blanc, en amont de Malakal.
Ainsi, le canal capterait les eaux d'inondation qui sont normalement perdues
dans les marécages et s'évaporent progressivement. Il
délivrerait les eaux au Nil blanc, leur permettant de couler librement
vers l'Egypte. Au bout du compte, le canal permettrait de
« sauver » 7 milliards de mètres
cubes par an103(*).
L'Egypte apparaît comme la principale bénéficiaire directe
de Jonglei, car c'est elle qui absorberait la quasi-totalité de
l'accroissement net du débit du Nil blanc. Mais le Soudan serait
indirectement bénéficiaire dans la mesure où de cette
façon l'Egypte diminuerait ses exigences sur le débit du Nil /
Atbara et donc permettrait au Soudan d'augmenter l'utilisation de ces sources
d'eau.
Après l'approbation du projet en 1974, et sa mise en
forme définitive en 1979, l'Egypte et le Soudan ont signé en 1980
un contrat avec un Consortium français (GTM : Grands Travaux de
Marseille) pour le creusement du canal. Mis en chantier sans consultation des
peuples nilotiques de la région (Dinka et Nuers),
considéré comme un nouveau symbole de l'exploitation des
richesses du Sud-Soudan par les dirigeants nordistes et par l'Egypte,
accusé de conduire à la destruction de l'écosystème
et d'un mode de vie ancestral, le canal était critiqué par
l'opinion sudiste et les milieux écologistes occidentaux. Les travaux
avancent rapidement, jusqu'au 15 mai 1983, le Soudan est dévasté
par une guerre civile qui oppose le Nord du pays, musulmans et arabophone, au
Sud, majoritairement chrétien et noir. La proclamation de la Charia, la
loi islamique, sur l'ensemble du territoire soudanais, en septembre 1983, met
le feu aux poudres.
Une mutinerie éclate à la garnison de Bor et
dans d'autres garnisons de l'armée soudanaise : 2.000 à 3.000
hommes armés et à leur tête le Colonel John GARANG forment
l'Armée Populaire de Libération du Soudan (APLS ou mouvement du
sud). Ils reprochent au gouvernement l'absence de concentration réelle
avec le Sud à propos des grands projets de développement
économique, dont le creusement du canal de Jonglei. Une série
d'attaques était couronnée le 15 novembre 1983 par
l'enlèvement de 9 employés de la compagnie des Grands Travaux de
Marseille par l'APLS. Financés par l'Egypte, le Soudan, les Etats-Unis
et la Communauté européenne, sur les 360 km prévus, 280
sont creusés, et le reste est en suspend, attendant la fin de la guerre
civile. Ils ne pourront être repris qu'après la signature
d'un accord de paix durable au Sud, et lorsque les
préoccupations à son sujet auront été entendues
à Khartoum.
La guerre civile a débuté en 1983. Il en existe
trois104(*) raisons principales :
- Dans le Sud, du pétrole avait été
découvert. Or, au lieu de l'exploiter sur place pour lancer
l'industrialisation au Sud, Nemeyri, le président soudanais
décide d'abord de le faire raffiner dans le nord, puis même de
faire transporter le brut par Oléoduc jusqu'à la Mer rouge pour
l'exporter. Cette décision ne peut que faire enrager les sudistes qui se
sentaient frustrés et maintenus en situation
d'infériorité.
- Sous la pression des nordistes, le Sud avait
été divisé en trois
provinces administrées par Khartoum. En faisant cela,
Nemeyri violait l'accord d'Addis-Abeba de 1972 qui avait permis une trêve
avec les autonomistes du Sud. Parmi les plus importants sujets d'opposition
figurait l'aide constante que Khartoum apportait à la guérilla
érythréenne et celle qu'Addis-Abeba fournissait aux rebelles du
Sud du pays, rebelles des régions noires chrétiennes ou animistes
du Sud Soudan. En ce sens, depuis cette époque, la question du Nil n'a
cessé à fonctionner comme un facteur aggravant d'antagonismes
géopolitiques profonds qui opposent le Soudan et l'Ethiopie.
- En 1983, la loi islamique (la Charia) est introduite par le
gouvernement central qui cédait ainsi aux pressions des
intégristes musulmans (Front National Islamique et Frères
Musulmans). De cette façon, il obtenait un soutien intérieur (les
Frères Musulmans) et extérieur (l'Arabie Saoudite), et aussi
détournait l'attention de la désagrégation des conditions
de vie. Or, comme le Sud était profondément chrétien ou
animiste, c'était une mesure de trop qui déclenchait la guerre
civile.
Tout au long de cette histoire, les intérêts
hydrauliques des pays nilotiques en aval, Egypte et Soudan, étaient un
facteur dépendant de l'instabilité politique. Nous ne pouvons pas
nier l'existence des raisons provocantes externes, celle du rôle
éthiopien, mais l'instabilité politique et la guerre civile au
Sud du Soudan demeurent une carte bien jouée. Tous ces projets
étaient captés par l'instabilité politique au Sud du
Soudan. La guerre civile était la barrière contre la mise en
oeuvre de tous ces travaux. C'est vrai que la guerre civile est un défi
interne, et la politique du gouvernement soudanais aidait à l'aggraver
mais il y avait des éléments catalyseurs externes : le soutien
éthiopien et britannique au Sud, le rôle passif de l'Egypte.
Addis-Abeba veut « partitionner » le
Soudan, en favorisant la sécession du sud animiste et chrétien.
L'Ethiopie de son côté voyait dans la mise en échec du
projet de Jonglei un moyen de contrer l'éternelle poussée
égyptienne vers les hauts plateaux éthiopiens et les rivages
érythréens de la Mer rouge. Si, selon les chiffres, ce canal
Jonglei I seulement, sauve 7 milliards de mètres cubes par an, les
quantités emmagasinées seront, en l'an 2002, [ 7 milliards de
mètres cubes par an x (2002 - 1985 « fin
de Jonglei I » = 17 ans) = 119 milliards de
mètres cubes ].
b. La Nouvelle Vallée105(*) « Tochka106(*) »
Si le canal de Jonglei incarne l'instabilité
politique comme défi interne, la Nouvelle Vallée
« Tochka » présentera le défi de la
politisation de l'eau comme carte de jeu bien jouée par les
différents acteurs. Un nouveau chantier gigantesque vient de s'ouvrir en
Egypte : le creusement d'un canal de près de 800 km de long, joignant le
Nil à la « Nouvelle Vallée »,
inaugurée le 9 janvier 1997, vers le nord-ouest. Parallèlement,
le canal de Tochka vient d'être mis en oeuvre, il relie le canal Nasser
à un déversoir de 6000 km2, pouvant être
transformé en lac artificiel d'une contenance de 120 milliards de
mètres cubes d'eau. Ce canal était un ancien affluent du Nil. Ce
sera la plus forte augmentation des terres agricoles depuis Mohamed ALI
(1807-1849), le fondateur de l'Egypte moderne107(*).
Reflétant l'ambition hydro-stratégique
de l'Egypte moderne, ce projet de conquête du désert consiste
à construire un canal pour détourner l'eau du Nil dans le
désert occidental égyptien. Alors que l'Egypte cherche encore les
financements nécessaires, l'Ethiopie affiche sa volonté de nuire
à ce projet de main basse sur l'eau du Nil. Le bassin du Nil est donc un
« terrain miné », où les perturbations entre
les armes des pays riverains menacent à longueur d'année de
s'aggraver. Le gouvernement égyptien se lance dans le projet de Tochka :
déplacer 5 millions de personnes sur vingt ans dans le Désert
occidental. De fait, la bande de la terre cultivable (4% du pays) est à
son maximum d'exploitation et sa concentration démographique à un
seuil critique avec, plus de, 65 millions de personnes actuellement, et 85
millions dans vingt ans108(*). Le projet consiste à détourner 5
milliards de mètres cubes d'eau par an à partir du lac Nasser,
par un canal à creuser (Canal Cheikh Zayed), vers les oasis
situées dans le désert occidental (oasis de Kahrga, Dakhla et
finalement Farafra)109(*).
Le projet Tochka exprime le chemin parcouru entre le
socialisme populiste de Nasser et le libéralisme économique
inauguré par Sadate au lendemain de la guerre de 1973 et continué
sous l'égide du Fonds monétaire international et de la Banque
mondiale par le président Moubarak110(*). Son but est de pomper les eaux du Nil avant
qu'elles n'atteignent Assouan, et les acheminer dans une région
désertique à l'ouest du Nil. Le but avoué de cette
nouvelle vallée est d'irriguer de 1.5 à 2 millions de feddans,
conçu à la fin des années 70 pour absorber le surplus des
eaux du Nil emmagasiner dans le lac Nasser. L'Egypte a décidé
d'augmenter les terres cultivées dans le désert de l'ouest. Pour
économiser l'eau, ce nouveau programme de culture sera fondé sur
une nouvelle technologie moderne : au lieu d'arroser la terre par
immersion, il utilisera les nouvelles méthodes de goutte à goutte
de l'arrosage dirigé.
Par ailleurs, Mahmoud ABU ZEID, dans son étude
intitulée l'eau ; source de tensions au XXIème
siècle, assure que la consommation en eau par individu atteindra une
moyenne de 630 mètres cubes en 2025, alors que le minimum vital est de
1300 mètres cubes. Semblable à un serpent géant gisant sur
le sable à 800 km au sud-ouest d'Assouan, c'est l'ébauche du
canal artificiel de Tochka. Au creux d'un bassin de 48 mètres de
profondeur, en 2002, cet endroit sera complètement rempli
d'eau.
Deux axes majeurs composent ce projet : le canal
Cheikh Zayed et la station de pompage. Le président des Emirats arabes
Unis, Cheikh Zayed, a offert 1.3 milliards de Livres égyptiennes pour ce
canal et qui porte son nom. Le trajet principal du canal, lui, il est
totalement creusé, à 50% doublé par l'entreprise publique
Al-Béheira. Il se divise ensuite en deux branches dont une est
elle-même prolongée en deux sections de 24 km. Les travaux de
creusement et de terrassement de la première section ont
été réalisés pour 350 millions de Livres
égyptiennes par la société Holding du développement
agraire, qui dépend du ministère de l'agriculture et
possède elle-même 150.000 feddans autour de cette section.
La compagnie publique, elle aussi, creuse la
deuxième pour un coût d'environ 215 millions de Livres
égyptiennes. Les 120.000 feddans qui l'entourent seront cultivés
par la société saoudienne (KKADCO), dont l'actionnaire
majoritaire est le prince Walid BEN TALAL. Les coûts de la
deuxième branche sont estimés à 270 millions de Livres. La
station de pompage amènera l'eau au niveau du canal à partir
d'août 2002. Prévu sur quatre ans, ce projet induit un
investissement de 1.48 milliards de Livres égyptiennes.
« Depuis mi-1998, date du début des travaux, nous avons
dépensé 251 millions de Livres pour le creusement et 66 millions
de dollars (environ 220 millions de Livres égyptiennes) pour payer les
trois premières pompes spécialement fabriquées au
Japon111(*) », explique Sayed ABD EL SALAM,
responsable local du projet. Trois cents millions seront également
investis pour la construction de la station de générateurs
électriques.
Dès le lancement de ce projet, des menaces
répétées en provenance de l'Ethiopie112(*) ont provoqué des
craintes et constitué un casse-tête permanent pour les
autorités égyptiennes. L'Ethiopie réouverte la
construction de 36 ouvrages sur les affluents du Nil au Plateau
éthiopien, dans le cadre d'un programme visant à passer de
l'irrigation agricole à partir de l'eau des puits à l'irrigation
par immersion. Le Premier ministre éthiopien, Meles ZENAWI, a
reproché en Egypte de ne pas avoir consulté les autres pays du
bassin du Nil avant d'engager dans ce grand travail
« Tochka », alors que « C'est une question
qui concerne toutes les nations riveraines du Nil, puisqu'il s'agit de retirer
l'eau du fleuve113(*) ». Addis-Abeba a même exigé
que soit réduite la part de l'Egypte en eau du Nil après ce
projet.
Le Président114(*) du Centre national égyptien de recherches
hydrauliques (NWRC) a affirmé que la consommation d'eau de ces projets
ne dépasse pas les quotas d'eau fixés par l'accord
égypto-soudanais de 1959. De cette façon, l'Egypte souligne que
son projet n'exige pas un surplus d'eau, mais vise plutôt à tirer
partie de l'eau qui se perd. Le projet est envisagé dans le cadre de la
part de l'Egypte et n'affecte pas celles des autres. Aussi, Addis-Abeba
accusait l'Egypte d'avoir un quota très élevé
comparé à celui des autres pays du bassin du Nil. Le volume total
des eaux du Nil est de 1680 milliards de mètres cubes, ce qui prouve que
l'Egypte ne reçoit, effectivement, qu'environ 3% de ce total. Donc, le
quota est fixe, selon l'accord signé avec le Soudan en 1959. Il s'agit
de 55.5 milliards de mètres cubes.
De plus, le droit international fait la distinction
entre les territoires situés à l'intérieur du bassin, qui
sont prioritaires, et les territoires extérieurs à ce bassin des
Etats riverains. Les limites extérieures du bassin fluvial sont
tracées par des chaînes de montagnes constituant une
« ligne de partage des eaux ». Néanmoins, le
règlement n'exclut pas le droit d'un Etat riverain à
détourner une partie de sa part d'eau vers ses propres territoires
situés hors du bassin115(*), comme le cas de Tochka..
Ces accusations éthiopiennes reflètent
le recours à la politisation de l'eau comme carte de jeu. A chaque
perturbation dans les relations entre les deux pays, Egypte et Ethiopie, le
second réouvre le sujet de la construction des barrages sur le Nil bleu,
sachant que ça bouleverse le premier. Tout ça montre qu'avec les
relations du bon voisinage, entre les deux, la question du quota reste calme,
mais avec quelques perturbations dans les relations, l'eau est une arme de
pression sur l'Egypte. L'Ethiopie a eu recours à cette arme pendant le
lancement du projet du Haut Barrage, pendant la période sadatienne et le
rapprochement avec les Etats-Unis ainsi que l'Ethiopie était d'un
côté soviétique, et finalement, pendant le lancement du
projet de Tochka. Mais il ne faut pas oublier que cette attitude
éthiopienne est considérée ancienne, par rapport à
son nouveau comportement après le lancement de l'Initiative du Bassin du
Nil en 1999, c'est-à-dire dès le recours à la
coopération multilatérale entre les dix pays nilotiques.
b) La croissance démographique116(*)
La règle mise en évidence par Malthus,
dite de la « progression géométrique »
(doublement de la population tous les 25 ans), trouve son point d'application
dans nombre de pays du Moyen-Orient. En effet, cette région est l'une
des zones au monde la plus dynamique sur le plan démographique. Tous les
Etats connaissent des taux de croissance démographique très
rapide de, dans certains cas, nous pouvons même parler d'explosion
démographique. Toutes les populations arabes ont, sans exception, une
croissance supérieure de la moyenne des pays développés
(19% par an117(*)). Dans
les pays pauvres de la région où le contrôle des naissances
commence à se développer, seuls les groupes sociaux les plus
favorisés recourent au planning familial.
Les statistiques fournies par les grandes
organisations internationales (Banque mondiale, Conseil mondial de l'eau,
Office d'analyse et de prévision de l'UNESCO, et l'ONU) sur les
ressources en eau potable à l'échelle de la planète sont
alarmantes. Selon les derniers chiffres rendus publics, 1.4 milliards
d'êtres humains n'ont pas, aujourd'hui encore, d'accès direct
à l'eau potable ; près de 80 pays connaissent des
difficultés d'approvisionnement en eau, représentant 40% de la
population mondiale ; l'accroissement de la demande mondiale en eau potable
devrait atteindre 82% pour la période 1995-2025118(*).
Par ailleurs, l'Organisation des Nations Unies pour
l'agriculture et l'alimentation (OAA / FAO) a développé une
échelle permettant d'évaluer la situation hydrique de
différents États. Une situation hydrique suffisante a
été fixée à 1700 m3 d'eau par personne
et par an. En deçà de 1000 m3 d'eau par personne et
par an, le consommateur se retrouve en pénurie hydrique. Dans cette
situation, nous multiplions les obstacles au développement, et
l'exploitation des sols faite incorrectement risque de mener à une
sérieuse dégradation de l'environnement. Entre ces deux
extrêmes, nous considérons que les États sont en stress
hydrique, c'est-à-dire que la situation est préoccupante. En
1950, six États souffraient de pénurie hydrique
(hormis la Libye, tous les autres étaient des îles ou des micros
États) En 1995, la situation est devenue beaucoup plus
inquiétante : nous retrouvions dix-neuf États en situation de
pénurie hydrique, représentant environ 160 millions de personnes
et principalement situés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En
outre, onze autres États avec une population de 270 millions de
personnes sont victimes de stress hydrique. Les projections moyennes pour
2050 sont encore plus alarmantes : 2.3 milliards de personnes
devraient souffrir de stress hydrique et 1.7 milliards se retrouveront dans un
contexte de pénurie hydrique.
La population du Nil atteindrait aujourd'hui (juillet
2001) 333.952.233 millions de personnes119(*). Si le taux actuel d'accroissement se maintient,
elle atteindra près d'un milliard en 2050, tirait en mars 1998, le
quotidien économique britannique « Financial Times »
dans ses colonnes consacrées à l'actualité
internationale120(*).
L'Egypte et le Soudan réaliseront ensemble plus de 220 millions de
personnes en 2051121(*).
Face à une demande croissante, les ressources
en eau ne sont pas renouvelables et tendent à s'épuiser. Ainsi,
en 1972, un Egyptien disposait de 1600 mètres cubes d'eau par an (pour
sa consommation, l'industrie et l'agriculture). En 1992, nous étions
descendus à 1200 et nous sommes déjà arrivés
à 950 mètres cubes d'eau par an en l'an 2002, et ça sera
500 mètres cubes par an en l'an 2025122(*) pour l'Egypte, l'Ethiopie, la Syrie et la Tanzanie.
Les conséquences inquiétantes ont suivi dans certains pays une
politique inconsidérée de gestion de l'eau : en fait, les
différents pays de la région ont davantage géré
l'eau en termes de distribution qu'en termes de maîtrise et
d'économie. Face à une croissance démographique rapide
combinée à un développement économique et social
qui avale les ressources hydrauliques, le fossé se creuse
inexorablement123(*).
L'utilisation des eaux du Nil par l'Ethiopie, le
Soudan et l'Egypte est devenue, en raison de l'explosion démographique
et de l'urbanisation croissante, une question de survie pour ces
sociétés124(*). Le complexe de l'aval est souvent, de façon
plus ou moins légitime, à l'origine des nombreuses discordes
opposant ces Etats sur ce sujet. La peur de voir réduire le volume d'eau
du Nil, à cause de l'utilisation massive par les pays en amont du
fleuve, est généralisée à l'ensemble des Etats du
bassin nilotique. Il y a en Egypte une course entre l'eau, la terre et la
population dont nul ne peut prévoir aujourd'hui l'issue. Elle est la
troisième nation importatrice de céréales dans le
monde.
Donc, des facteurs obligent Le Caire à centrer
sa politique de sécurité sur un approvisionnement constant des
eaux du Nil125(*): elle
fait face à une pression démographique constante, elle
possède une superficie agricole faible et le pays a connu une forte
hausse de consommation d'eau depuis 1959. Le Caire et Khartoum se verraient
alors sans doute dans l'obligation de renégocier un partage des eaux du
Nil en vue des nouvelles exigences formulées par le Soudan, qui
évalue ses besoins réels entre 27 et 30 milliards de
mètres cubes d'eau par an126(*) (sa quote-part actuelle pour les eaux du Nil
étant de 18.5 milliards de mètres cubes).
L'Ethiopie est confrontée par une forte
explosion démographique passant de 18 millions à 65 millions
d'habitants entre 1950 et 2001, ce malgré la perte de l'Erythrée
en 1993. Pour ces raisons, Addis-Abeba considère qu'elle est
fondée à utiliser à sa volonté propre les eaux du
Nil pour ses besoins croissants et elle envisage d'augmenter sa surface
cultivable ainsi que sa capacité hydroélectrique. La population
de l'Ouganda est passée de 8 millions d'habitants en 1950 à 23
millions de nos jours. La population de la Tanzanie s'est accrue de 8 millions
d'habitants en 1950 à 36 millions aujourd'hui. C'est dire si ces pays
qui connaissent des déficits alimentaires majeurs, envisagent eux aussi
d'irriguer d'importantes surfaces pour l'agriculture : environ 200
km2 pour la Tanzanie, 150 km2 pour l'Ouganda et 50
km2 pour le Kenya.
L'augmentation rapide de la population et les
exigences croissantes pour le développement économique en Egypte,
au Soudan, et en Ethiopie, rendent plus pressant le besoin de
réalisation d'un plan nouveau pour l'exploitation et la conservation des
eaux du Nil. Aujourd'hui, le débit du Nil est réglé par
six barrages (réservoirs) ; un en Ouganda sur le Nil blanc ; un autre en
Egypte - Haut Barrage d'Assouan ; enfin les quatre derniers au Soudan. Comme
tous les pays de la zone arabe, l'Irak est aussi confronté à une
augmentation importante de la population. Il est passé d'un million
d'habitants à sa création en 1920, à 24 millions
aujourd'hui malgré deux guerres dont celle avec l'Iran où il a
perdu d'un million d'hommes.
La Jordanie, avec une population passée de 400
milles à presque 5 millions d'habitants entre 1925 et l'an 2000, la
Jordanie, qui est retournée à ses frontières d'avant 1948
en abandonnant son autorité sur la Cisjordanie, connaît des
problèmes dramatiques d'approvisionnement en eau. Dans les
différents accords et traités passés entre la Jordanie et
Israël, le volet hydrologique est très important car il porte non
seulement sur un partage des eaux du Jourdain et leur utilisation mais encore
sur l'engagement d'Israël à livrer et à fournir de l'eau en
Jordanie. Israël devra trouver 80 millions de mètres cubes
supplémentaire de la Jordanie pour sa part environ 500 millions.
Toutes les analyses prospectives montrent que
l'ensemble géopolitique formé par Israël, la Syrie du Sud,
le Liban du Sud, la Jordanie et les territoires palestiniens sont d'ores et
déjà dans un état de pénurie extrêmement
alarmant en matière d'eau. D'un point de vue géopolitique, la
question se pose de savoir si ce problème était la source de
nouveaux conflits ou si au contraire, il ne contraignait par les protagonistes
à trouver des solutions régionales à un problème
déterminant qui dans 30 ans risque de devenir un problème
quasiment obscur. La comparaison de la consommation moyenne d'un
Israélien est de 300 m3 par personne et par an
(m3/p/an), et de celle d'un Palestinien est de 100
m3/p/an dans les Territoires occupés127(*).
Nous pouvons retenir, pour le nombre d'habitants en
2020, les estimations suivantes128(*): 10 millions pour les Israéliens, et 5
millions pour les Palestiniens ; à partir de là, nous pouvons
suggérer des quantités d'eau propres à garantir la
sécurité d'approvisionnement de chaque partenaire, et
principalement à partir de ressources situées dans chaque
territoire respectif. Nous considérons que 65% des fournitures d'eau
à usage urbain peuvent être recyclés pour être
réutilisées dans l'agriculture, l'industrie, et pour les besoins
urbains en eau non potable. Après 2020, avec l'augmentation de la
population et de la demande de l'eau, il ne sera aucun doute nécessaire
d'augmenter les importations d'eau et / ou le dessalement de l'eau de mer.
A l'égard de l'explosion démographique,
les pays du Moyen-Orient souffrent d'une distribution inégale entre les
pays. Ces pays peuvent être classés en trois129(*) groupes différents :
ceux qui disposent de ressources renouvelables qui peuvent subvenir aux besoins
de leur développement économique comme le Liban et la Turquie,
ceux qui disposent d'une disponibilité hydraulique assez satisfaisante
mais qui dépendent surtout de ressources renouvelables externes
provenant de pays voisins, le cas de l'Egypte, de la Syrie et de l'Irak. Et
enfin ceux où la situation paraît véritablement dramatique,
c'est le cas d'Israël, la Jordanie, la Cisjordanie et Gaza, ils
souffraient de l'an 2000 d'un déficit permanent en eau de l'ordre de
30%. Or, l'Etat hébreu et la Jordanie utilisent déjà la
totalité de leurs ressources hydrauliques propres. Israël, la
Jordanie, la Syrie et l'Irak ont ainsi des taux d'utilisation de leurs
ressources internes compris entre 100 et 200 % (2000% pour l'Egypte)130(*).
Bref, l'eau et le partage de l'eau apparaissent de
plus en plus tant comme des motifs de guerre que comme des enjeux politiques
d'une importance croissante, du fait de la mauvaise répartition de la
ressource, mais aussi de la nécessité de garantir un
approvisionnement au moins constant, sinon en augmentation, afin de garantir
l'avenir de populations en expansion encore rapide.
c) L'idée de la Guerre de l'Eau
Au Moyen-Orient, l'eau représente un enjeu
primordial. Le problème affecte tous les pays de la région sans
exception, même si les situations sont différentes d'un cas
à l'autre. « Les ? des pays arabes disposent de moins de
1000 m3 d'eau par habitant et par an, ce qui est
considéré comme le seuil de pénurie131(*) », il devient
urgent de trouver des solutions. Les ressources en eau vives dont disposent les
régions arabes du Moyen-Orient proviennent pour les deux tiers de
l'extérieur de la zone (Taurus pour les bassins de l'Euphrate et du
Tigre, Afrique Orientale et Ethiopie pour le bassin du Nil). Un conflit sur
l'eau n'est pas encore une guerre d'eau. Une guerre de l'eau aurait comme
objectif des sources d'eau ou du moins de territoires traversés par un
fleuve ou une rivière, d'où nous pouvons s'assurer un
contrôle unilatéral sur la totalité ou une partie de ses
eaux.
Au lendemain de l'invasion du Koweït, la question
de l'eau est envisagée sous un angle nettement plus conflictuel,
« guerre de l'eau », « eau et
conflit », « crise hydraulique »,
« rivières de sang », comme toute idée de
coopération en matière hydraulique au Moyen-Orient. Se donnant
comme date fatidique le tournant du XXIème siècle, les
plus pessimistes envisagent des scénarios sanglants où la lutte
pour le contrôle de l' « or bleu » remplacerait celle pour
l' « or noir ». Il reste que le règlement de la question
de l'eau au Moyen-Orient est avant tout un problème politique132(*). Bien sûr, le
débat ne sera jamais clos entre ceux qui considèrent que l'eau
est de ce fait un générateur de conflits, et ceux qui,
prônant la « diplomatie de l'eau », y voient un
formidable outil diplomatique pour réguler des conflits et
égaliser les différends. Pas de paix sans répartition
d'eau, et pas de solution aux problèmes d'eau sans paix.
À cet égard, dans un article publié en
1991 dans Foreign Policy, Joyce STARR affirmait que les services de
renseignements américains croyaient probable que l'eau deviendra l'une
des raisons principales de conflits dans au moins dix endroits dans le monde,
particulièrement en Asie, en Afrique du Nord et au
Moyen-Orient133(*). Avec
la raréfaction progressive de l'eau, les conflits nationaux et
internationaux s'intensifieront, et donc les négociations visant
à les régler. Dans un monde qui a soif, l'eau ne peut plus
être simplement considérée comme un « atout
stratégique », les conflits sur l'eau mettent en jeu toutes
sortes de considérations politiques, économiques, sociales et
scientifiques. Tout le problème consiste à trouver et à
maintenir un équilibre entre les priorités politiques et
techniques.
L'axe nilotique, le coeur du Monde arabe, est devenu
un enjeu géopolitique. Le Nil est un bassin générateur de
différends. « Les guerres du XXIème
siècle éclateront à cause de l'eau134(*) » : cette
effrayante prédiction, très médiatisé, ne se
justifie pas, estime le géographe américain Aaron WOLF135(*), qui se réfère
à l'histoire des conflits sur l'eau. La dernière et unique
« guerre de l'eau » a eu lieu il y a plus de 4500 ans. Il
n'existe aucune histoire de violence liée à l'eau mais seulement
que ces incidents ont lieu à un niveau non national,
généralement entre tribus, entre secteurs utilisateurs de
ressources en eau, ou à l'intérieur des Etats. Quant aux
incidents plus sérieux, 80% se sont limités à des menaces
verbales de chefs d'Etat, sans doute avant tout destinées à leur
électorat.
Toutefois, cette arme de l'eau ne pourra être
utilisée comme moyen de pression que dans un cadre régional et
non plus sur la scène internationale comme l'a été le
pétrole. Les Etats intégreraient alors une
« géopolitique de l'eau136(*) » pour bâtir des
« hydropolitiques137(*) ». Une notion qui traduit bien
l'intérêt des pays du Proche-Orient pour rationaliser
l'utilisation des ressources aquifères et surtout pour élaborer
des stratégies de l'eau138(*). L'eau deviendra-t-elle source de paix et de
développement pour les peuples ou encore une fois la cause de futurs
conflits armés?. Nous ne pouvons pas isoler l'eau comme facteur
décisif de conflits armés, ni pour les affrontements
passés, ni pour les conflits actuels. L'eau est le choc pétrolier
du XXIème siècle?139(*). L'idée d'un « chantage à
l'eau » ou de l'utilisation de l'arme hydraulique, un peu à
l'instar du pétrole après les crises de 1973 et de 1979, est
apparue : plus que jamais la question de l'eau est dominée par des
rapports de force.
L'hypothèse d'un conflit sur les eaux n'est pas
à écarter, tant que le conflit persiste au lieu de la
coopération. Les aspects négatifs et les différends
politiques qui réduisent les chances d'entente et d'action commune que
la majorité de ces Etats restent exposés à la
sécheresse périodique qui menace le continent africain, à
la détérioration et à l'intégrité du niveau
des eaux, et également aux dangers des guerres civiles, et des famines,
outre la croissance démographique et le mauvais usage des
eaux.
Tout au long de la dernière décennie, la
crise de l'eau a atteint une ampleur inquiétante. L'ancien
secrétaire général de l'ONU, Boutros BOUTROS GHALI, a
été l'une des premières personnalités
internationales à tirer la sonnette d'alarme : « Le
prochain conflit dans la région du Proche-Orient portera sur la question
de l'eau (....) L'eau deviendra une source plus précieuse que le
pétrole », assurait-il dès 1992. Peut-être
parce qu'il vient d'un pays - l'Egypte - qui n'existerait sans le Nil, il
connaît la valeur et la rareté de ce nouvel « or
bleu ». Sans aller jusqu'à parler de l'eau comme d'une arme,
nous pouvons la considérer comme un formidable moyen de pression
géopolitique. La maîtrise des ressources hydrauliques est une
question de vie ou de mort140(*).
L'ensemble des pays du bassin nilotique connaît
la même inquiétude, les mêmes ambitions et la même
menace : avoir de l'eau, la garder pour soi et éviter que les autres ne
la prennent. Ce schéma simpliste engendre pourtant des tensions
dramatiques s'ajoutant sur des conflits géopolitiques déjà
anciens : la vallée du Nil est bien la vallée de la
discorde141(*). Le
barrage du lac Tana, sur le Nil bleu, en Ethiopie, a été souvent
l'occasion de tensions entre l'Egypte et l'Ethiopie. C'est un projet
très ancien142(*). Les premières études remontent
à 1913, mais le projet fut abandonné en 1936 à cause de
l'invasion italienne en Ethiopie.
En 1977, la question de ce barrage fut
réouverte à l'occasion de nouvelles études de
faisabilité entreprises par des techniciens soviétiques et
éthiopiens. Or, Sadate menaçait aussitôt l'Ethiopie de
guerre si elle entreprenait les travaux. En fait, les Egyptiens craignaient
qu'en cas de crise, le Nil bleu soit bloqué par les Ethiopiens. L'Egypte
et l'Ethiopie se sont aggravés durant la période de la Guerre
froide : en effet, lorsque l'Egypte était pro-soviétique,
l'Ethiopie était pro-américaine et quand l'Ethiopie devenait
pro-soviétique, l'Egypte redevenait pro-occidentale.
Le Président égyptien Anouar EL
SADATE143(*) disait en
1978 : « (...) toute action qui mettrait en danger les eaux du
Nil bleu (...) rencontrera une ferme réaction de la part de l'Egypte,
même si cela doit mener à la guerre ».
« L'Egypte est prête à entrer en guerre si
l'Ethiopie entreprend de construire un barrage sur le lac Tana, où prend
sa source le Nil bleu ». Le président Anouar EL SADATE
formulait en mai 1978 cette mise en garde. Et l'Ethiopie avait laissé le
doute s'installer144(*).
En 1978, Le Caire exprime son inquiétude en apprenant l'existence du
projet éthiopien Tana Beles, financé par l'Italie et
confié à la Compagnie Salini Constrattori. Ce projet d'irrigation
doit permettre de mettre en valeur une région destinée à
accueillir les paysans affamés du Ouollo et du Tigré,
éprouvés par la famine. La deuxième phase du projet,
suspendu depuis pour des raisons de sécurité, prévoit le
détournement par un tunnel d'une partie des eaux du lac Tana vers la
rivière Beles.
La tension montait avec l'Egypte, et comme pour faire
écho au Président Sadate, le Ministre d'Etat égyptien des
Affaires étrangères Boutros BOUTROS GHALI assura en 1978 au
Financial Times londonien que « La prochaine guerre dans notre
région portera sur les eaux du Nil, non sur des questions
politiques... ». L'attitude d'Addis-Abeba à
l'égard du Caire est confortée par le complexe de l'encerclement
arabo-islamique qu'a toujours éprouvé l'Empire des Négus.
Presque entièrement entourée par des Etats membres de la Ligue
arabe (Soudan, Somalie, Djibouti et Yémen) ; menacée par une
dissidence érythréenne soutenue dès 1961 par quelques
régimes arabes, y compris l'Egypte ; l'Ethiopie avait
été contournée par le soutien de l'Egypte en Somalie lors
du conflit de l'Ougadeen (1977-1978).
Et puis, en 1979, le Nil devenait même un enjeu
prioritaire de sécurité nationale. En réponse au projet
éthiopien d'exploiter sa plus précieuse ressource naturelle, le
Président égyptien Anour El Sadate déclarait145(*): « Seule la
question de l'eau pourrait conduire l'Egypte à entrer de nouveau en
guerre ». Nous ne pouvons pas ignorer le caractère
explosif du problème, près de 95% de la population
égyptienne s'accumulent sur la bande fertile qui borde le Nil et son
delta, seule ressource en eau du pays. Pauvre et sous-développée,
l'Ethiopie subit, depuis les années 70, des sécheresses
régulières qui ont causé des millions de
morts.
Si le plan global d'aménagement des sources
éthiopiennes du Nil venait à être mis en oeuvre, il
exigerait au total un prélèvement de 5.4 milliards de
mètres cubes par an sur les eaux du Nil : ce serait évidemment
une catastrophe pour l'Egypte et le Soudan, déjà aux prises avec
de sérieuses difficultés pour trouver toute l'eau
nécessaire à l'ensemble de leurs projets agricoles. Nous
constatons que la position de l'Ethiopie est la plus forte en droit comme en
fait. C'est d'elle, Etat d'amont, que le Nil bleu immerge, elle fournit 86% des
eaux du Nil : et il n'existait aucune autorité qui l'obligeait à
exploiter le fleuve de la manière demandée par les autres
riverains d'aval et donner la priorité à leurs besoins
hydrauliques, et c'est une conséquence normale de son
non-adhésion à l'accord de 1959.
Depuis le début des années 90, le Nil a
cependant continué de susciter des querelles diplomatiques. An
début de la décennie, l'Egypte accusait le régime
soudanais de chercher à déstabiliser le régime du
président Hosni MOUBARAK. Alors que les relations entre les deux pays
étaient au plus bas, le Soudan et l'Ethiopie formaient l'Organisation de
la vallée du Nil bleu, pour étudier plusieurs projets
d'infrastructures importants, sans concertation avec l'Egypte. Ce qui provoque
de la part de cette dernière de nouvelles menaces d'intervention
militaire.
L'Ethiopie a déjà entrepris la
construction d'une série de petits barrages pour exploiter les eaux du
Nil bleu. Selon les responsables du projet, ces barrages protégeront
aussi le Soudan des inondations et réduiront l'accumulation de limon
dont souffre le barrage de Nasser, en Egypte. Mais Rushdie SAID n'est pas
convaincu par ces arguments. Selon lui, il est plus dangereux de retenir le
limon que de le laisser s'écouler avec l'eau, car le fleuve pourrait
alors augmenter en puissance et endommager la zone nordique du Nil. Il conteste
aussi l'argument selon lequel les nouveaux barrages permettront de vendre de
l'électricité aux pays voisins, « Aucun de ceux-ci
n'étant industrialisé ou grand consommateur d'énergie,
observe-t-il, on voit mal de quels voisins il s'agit146(*) ».
Aujourd'hui, le conflit sur l'eau le plus criant est celui
concernant le partage des eaux du bassin du Jourdain. Dans cette
région, où la tension est très forte depuis la
déclaration d'indépendance d'Israël en 1948, l'eau fait
partie intégrante du conflit et était au coeur du processus de
négociation qui a abouti aux accords d'Oslo en 1993. Déjà
en 1919, à l'issue de la déclaration Balfour, le Président
de l'Organisation sioniste mondiale, Chaim WEIZMANN, a adressé une
lettre au Premier ministre britannique, David Lloyd GEORGE, dans laquelle il
affirme que « Tout l'avenir économique de la Palestine
dépend de son approvisionnement en eau [...] Nous considérons
qu'il est essentiel que la frontière nord de la Palestine englobe la
vallée du Litani sur une distance de près de 25 miles, ainsi que
les flancs ouest et sud du mont Hermon ». Weizmann ajoutait : «
En ce qui concerne la frontière nord, l'objectif premier
était d'ordre économique, et `économique' signifie, dans
ce contexte, approvisionnement en eau »147(*).
En 1965, le Premier ministre israélien, Levi ESHKOL,
avait déclaré qu' « Israël [pourrait être
amené] à se battre pour son eau ». Encore en 1992,
Shimon PERES déclarait qu' « Israël [avait] plus besoin
d'eau que de terre ». Lorsque Israël déclenche la guerre
des Six Jours de 1967, un des objectifs militaires prioritaires était
d'assurer l'approvisionnement en eau du pays : la Syrie avait entrepris de
barrer deux affluents du Jourdain sur les hauteurs du Golan. Les
conquêtes israéliennes changeaient complètement la
situation hydraulique de la région : Israël avait augmenté
son accès au Jourdain et au Yarmouk, contrôlait les sources de
nombreux affluents du Jourdain, et avait pris le contrôle des nappes de
Cisjordanie. Aujourd'hui, près de 40% de l'eau israélienne
provient des deux territoires, occupés pendant la guerre, le Golan et la
Cisjordanie, dont un tiers du seul Golan.
Le Jourdain est l'artère vitale d'Israël.
Son existence est primordiale du fait de l'extension de l'agriculture
irriguée dans le Néguev, l'expansion industrielle et
l'accroissement démographique. Dans un tel contexte, il est clair que
pour Israël, la formule « la terre contre la paix »
est limitée par une condition : conserver le contrôle de
l'eau. Selon la Banque mondiale, 90% de l'eau de Cisjordanie sont
utilisés au profit d'Israël, les Palestiniens ne disposant que des
10% restants. L'hypothèse suivant laquelle c'est la paix et non la
guerre qui procurera en Israël les ressources en eau indispensables
à la réalisation de ses ambitions. De même, dans les
Territoires occupés de Cisjordanie, un colon israélien consomme
260 litres par jour contre 70 litres pour un Palestinien. Le problème
majeur des déficits en eau qui en résultent réside dans la
surexploitation des ressources et dans leur caractère cumulatif : ainsi,
par exemple pour Israël, la ressource même devrait être de 15%
inférieure au niveau actuel en 2015. La population jordanienne
croît au rythme de 3.6% par an148(*).
La caractéristique du bassin
mésopotamien réside à l'origine non arabe de ses
eaux fluviales qui prennent leur source dans les montagnes turques et
iraniennes. La Turquie est un pays très riche en eau et, à
cet égard, il semble bien que l'objectif final d'Ankara soit de
contraindre ses voisins arabes à une dépendance hydraulique,
inaugurant ainsi dans cette région un nouveau type de pouvoir
géopolitique : le pouvoir de l'eau. De son côté, l'Iran
joue un rôle de moindre importance, puisque son "pouvoir hydraulique"
concerne uniquement l'Irak, constituant toutefois un des pôles le plus
conflictuel de la région.
Ankara non seulement ne respecte pas l'accord de
débit minimal signé avec la Syrie, mais les Turcs viennent de
mettre en route le GAP qui vise à réaménager le cours
supérieur de l'Euphrate, ce qui pourrait modifier la quantité et
la qualité d'eau de l'Euphrate disponible en aval. Le débit
restant à disposition de la Syrie serait vraisemblablement réduit
de 30 à 40% et celui restant en Irak ne serait qu'un part de ce qu'il
est en ce moment. Ankara souhaite pouvoir faire pression sur l'Irak et la Syrie
afin de les obliger à cesser tout soutien aux séparatistes
kurdes. Pour la Turquie, Suleymen DEMIREL, l'ex-Premier ministre turc, a
souvent rappelé que l'eau est une ressource qu'elle entend exploiter
à, sa convenance, comme d'autres, tels ses voisins arabes, exploitent
leurs ressources pétrolières à leur seul profit149(*).
Actuellement, tous les experts conviennent que, dans
le contexte de raréfaction croissante de l'eau dans la région,
seuls les mécanismes de coopération régionale peuvent
sinon régler les déséquilibres hydrauliques, du moins
atténuer les situations de pénurie. Les Etats vont devoir adopter
une gestion des ressources en eau transcendant les frontières nationales
et intégrant les « frontières hydrauliques ».
Mais encore faut-il, pour que cette entente se réalise, que les
différends territoriaux de la région trouvent des solutions. Or,
le litigieux sur l'eau étant un point de blocage important de toute
négociation, la région se trouve dans un cercle vicieux.
Faire progresser les connaissances scientifiques
autour de la question de l'eau n'est pas suffisant car ici intervient un
facteur essentiel : dans un contexte compétitif, voire conflictuel,
comme celui du Moyen-Orient, la « guerre de l'eau » se
déroule d'abord sur le plan de l'information où elle prend les
formes les plus sophistiquées. Car il ne s'agit pas seulement de la
transmission d'informations imprécises ou fantaisies ; chaque
protagoniste cherche à composer un corpus qui conforte ses thèses
et appuie ses prétentions. Par exemple, un Etat peut refuser de publier
les données relevées sur son sol national, comme cela a longtemps
été le cas de la Syrie ; il peut en empêcher un autre ;
c'est ce qui se passe au Liban Sud ; il peut aussi transmettre
consciemment des informations détournées, afin de renforcer sa
position diplomatique, et nous en voyons les effets dangereux dans la
difficulté mise en place d'un système d'observation du bassin du
Nil commun à ses riverains.
Le problème de la
« bataille » des chiffres150(*) montre que les renseignements hydrologiques sont des
moyens militaires d'une très forte importance dont il importe de garder
le secret. En temps de paix, les chiffres ne perdent pas pour autant leur
importance et encore moins pendant la période de négociations de
la paix dans la région. Il importe pour chacune des parties en conflit
de faire prévaloir les chiffres qui lui seraient les plus favorables en
cas de partage. Pour limiter les quantités d'eau à libérer
vers l'aval, l'Etat de l'amont tente de réduire l'importance de la
contribution annuelle moyenne du cours d'eau.
Certains Etats de l'amont pour justifier le
détournement de grandes quantités d'eau, auraient plutôt
tendance à gonfler le volume de la crue du fleuve. Au contraire, les
Etats de l'aval vont tenter de faire valoir des chiffres beaucoup plus faibles
pour tenter de limiter la consommation d'eau de l'Etat de l'amont. Par exemple,
en ce qui concerne les crues et les débits moyens du Jourdain,
il est très difficile de trouver dans les publications officielles ou
officieuses des données exactes. Les écarts entre les
différents auteurs peuvent atteindre 10% à 20%.
Toutes ces tensions restaient et restent au niveau des
querelles vocales, jamais des vraies guerres. La théorie du Choix
Rationnel d'Allison151(*) explique pourquoi et comment les dirigeants
évitent le recours à la force, considérée
irrationnelle du point de vue de cette théorie. La rationalité
des choix résulterait d'une analyse utilitariste en termes de
coûts-bénéfices. Des multiples options s'offrent et
à partir d'une information très complète et d'une
capacité d'anticiper les conséquences de ces décisions, le
dirigeant suprême dégagerait le choix le plus conforme à
l'intérêt national. Pendant la période sadatienne,
c'était lui, le Président égyptien, qui prend la
décision avec une présence négative des appareils
bureaucratiques. En comparant entre coûts et bénéfices de
cette guerre de l'eau, certain que l'Egypte paye plus que gagne une guerre avec
l'Ethiopie, un pays en amont du Nil et producteur de plus de 85% du
débit égyptien. Pendant le déroulement de cette dite
guerre, c'est vrai que militairement l'Egypte gagne, mais selon les ressources
hydrauliques, l'Ethiopie a la longue main de couper l'eau ou de la polluer.
Autre facteur externe mais qui compte bien, les deux blocs Est-Ouest, si la
guerre déclenche, ça ne sera pas entre deux pays régionaux
mais avec l'aide des deux grandes puissances, les Etats-Unis avec l'Egypte et
l'Union soviétique avec l'Ethiopie, ce qui signifie
l'élargissement de cette guerre vers d'autres régions.
La première lecture suivait ce qu'Allison
appelait le "modèle de l'acteur rationnel152(*)". S'inspirant pour
l'essentiel des théories réalistes en relations internationales,
cette lecture montrait que dans les termes d'une analyse coûts-avantages
des différentes solutions envisagées par un acteur rationnel, la
solution finalement choisie, était effectivement une solution
rationnelle qui dans les limites d'un objectif affiché, minimisait les
risques et maximisait les avantages, notamment ceux d'éviter une guerre
de l'eau égypto-éthiopiennes.
Dans la forme la plus simple du modèle de
l'acteur rationnel, l'homo economicus devient en relations
internationales le polis strategicos. La politique
étrangère d'un Etat vise à assurer à la fois la
sécurité de cet Etat, et la stabilité des autres Etats
importants pour le maintien de celle-ci. Ce double souci de
sécurité et de stabilité, aussi bien économiques
que politiques, implique un intérêt dans la réduction des
conflits avec et dans d'autres Etats153(*). C'est vrai que cette théorie a subi
plusieurs critiques mais ce qui nous intéresse c'est comment elle a
montré que le décideur ressemble à un joueur
d'échecs menant plusieurs parties, où les gains ou les pertes ne
s'évaluent que sur le long terme.
Donc, l'idée de la guerre de l'eau est la
conséquence des perturbations géopolitiques plus qu'hydrauliques.
Au bassin du Nil, les deux blocs ont joué un rôle primordial dans
les relations entre l'Egypte pro-américaine et l'Ethiopie
pro-soviétique. Aux bassins mésopotamiens, l'objectif turc de
maximiser leur puissance régionale est la raison derrière le
recours à l'eau comme arme, ainsi le problème des kurdes, la
division du Ba'th en 1966, et la souveraineté turque sur Alexandrette.
Enfin, pour le Jourdain, la situation est un peu compliquée, l'eau
était un facteur déterminant de la guerre de 1967 et de
l'invasion du Liban par Israël en 1982. Il faut reconnaître que les
problèmes de l'eau au Moyen-Orient restent dominés par des
rapports de force.
B. Les défis externes
Si nous disons que l'idée de la guerre de l'eau
était la conséquence normale des défis internes, voire
l'instabilité politique et la croissance démographique. Nous
pouvons dire que les défis externes ont poussé les pays riverains
vers un aspect plus paisible, celui de la coopération.
C'est-à-dire les diplomaties des riverains demeuraient balancer entre
les deux extrêmes, guerre et paix, mais selon leurs intérêts
communs ils ont suivi la diplomatie coopérative.
a) L'Afrique comme cible, après la fin de la Guerre
froide, entre les Etats-Unis et la France
Chacun connaît les paradoxes des relations
franco-américaines. Il y a un peu de moins de trente ans, le
Général De GAULLE se heurtait aux Etats-unis sur beaucoup de
fronts : mise en cause de la « double
hégémonie154(*) », formule par laquelle il paraissait
presque établir une symétrie entre l'Union soviétique et
les Etats-Unis, critique de la politique américaine au Vietnam, et
prises de positions fermes sur le conflit israélo-arabe. Les buts de la
France, en Afrique sont le soutien à la construction de l'Etat
de droit et à la poursuite de la démocratisation. Au terme d'un
survol des différentes facettes de la politique africaine de la France,
l'impression dominante est celle de l'absence de marques et de
références précises. Certes, le maintien d'une
présence française en Afrique est réaffirmé avec
force mais le ton et les attendus sont différents suivant les
responsables politiques.
Aujourd'hui dans la politique africaine de la France, la
raison en tient moins à sa complexité qu'à la confusion
des buts et à l'absence de projet qui la sous-tendent. La
sobriété et la vacuité de la formule ministérielle,
citée par Jacques GODFRAIN, Ministre français de la
Coopération, " soyons prudents et modestes155(*)" résume bien la
vision et la situation. La coopération française en Afrique n'a
jamais été définie pour l'essentiel par les termes de la
Guerre froide mais par ses intérêts nationaux : son but a toujours
été d'empêcher Américains et Soviétiques de
prendre pied dans sa zone d'influence « l'Afrique de
l'Ouest ». La présidence de Valery Giscard D'ESTAING avait
été celle d'une ouverture vers les anciennes colonies belges,
notamment Zaïre et Rwanda, la France de François MITTERRAND a,
quant à elle, pris pied sur l'ensemble du continent en étendant
le champ d'intervention du Ministère de la Coopération à
des pays lusophones et anglophones156(*).
Depuis que, en 1989, l'Union soviétique de
Gorbatchev a commencé un mouvement significatif de désengagement
militaire du continent africain, la France, se trouve être, dans cette
région du monde, la puissance extérieure qui exerce la plus
grande influence militaire. Aujourd'hui, l'Afrique est moins vulnérable
aux effets de la rivalité Est-Ouest, et se trouve ainsi plus libre de
faire évoluer ses systèmes politiques. A l'occasion de la
16ème Conférence des chefs d'Etat de France et
d'Afrique qui s'est tenue à la Baule du 19 au 21 juin 1990,
François MITTERRAND a précisé les grandes lignes de la
doctrine française : « Chaque fois qu'une menace
extérieure poindra qui pourrait attenter à votre
indépendance, la France sera présente à vos
côtés. Elle l'a déjà démontré
plusieurs fois et parfois dans des circonstances très difficiles. Mais
notre rôle à nous, pays étranger, fut-il ami, n'est pas
d'intervenir dans des conflits intérieurs157(*) ». Dans ce
cas-là, la France en accord avec les dirigeants, veillera à
protéger ses concitoyens, ses ressortissants ; mais elle n'entend pas
arbitrer les conflits.
Jusqu'à la chute du mur de Berlin, la France,
en y jouant le rôle de « gendarme », a maintenu son
influence tutélaire en Afrique francophone. Dès
l'après-Guerre froide, cette sous-traitance géopolitique a pris
fin. Des tueries génocidaires en Afrique centrale ayant heurté la
conscience universelle, la communauté internationale a collectivement
assumé, après une brève rivalité
franco-américaine, la responsabilité de mettre à niveau le
continent du sous-développement. La « guerre de
succession » dans l'ex-Zaïre, l'emprise sur les matières
premières du continent, les concurrences commerciales dans le domaine
des télécommunications, les stratégies
pétrolières conflictuelles, les positons politiques des
« anciens » et des « modernes »
élites, leurs « agendas cachés »,
voilà le terrain africain de la rivalité
franco-américaine.
Les nouveaux leaders158(*) d'Afrique australe et
orientale, bien qu'attachés à prendre leur destin en main, se
tournent naturellement vers les Etats-Unis, poussés autant par leur
appartenance à un espace anglophone que par les erreurs de la diplomatie
française. La politique africaine de la France évolue, c'est bien
parce que les temps ont changé. L'environnement international a connu en
quelques années d'importantes mutations. La fin de la Guerre froide a
balayé l'argument d'une présence française ayant pour
objet de contrer l'influence soviétique, remettant par-là
même en question sa fonction de « sous-traitance
géopolitique159(*) » et son corollaire, la notion de
« classe gardée ». Autre évolution majeure,
l'accélération de la mondialisation et la recherche de nouveaux
marchés sur d'autres continents tendent de plus en plus à
détourner la France de l'Afrique, la construction européenne
conduit à un renforcement de la coopération Europe-Afrique au
détriment, à terme, du maintien de relations étroites sur
le plan bilatéral.
Il est vrai qu'après des décennies de
complémentarité au temps de la confrontation Est-Ouest, lorsque
Washington reconnaissait à Paris la faculté d'être le
« gendarme de l'Afrique », la France et les Etats-Unis se
trouvent maintenant plutôt en situation de concurrence. A la Guerre
froide a succédé la « paix froide ». Non
seulement les divergences franco-américaines se manifestent quant
à leurs politiques régionales, mais chaque part de marché
fait désormais l'objet d'une sévère compétition.
Les propos de l'ancien Secrétaire d'Etat, Warren CHRISTOPHER, lors de sa
tournée en Afrique en octobre 1996, ont le mérite de la
clarté : « Le temps est révolu où l'Afrique
pouvait être découpée en zones d'influence, où des
puissances extérieures considéraient des groupes de pays comme
leur domaine réservé160(*) ». Il convient toutefois de noter la
« passion subit » pour l'Afrique subsaharienne concomitante
au voyage africain du président Clinton au printemps 1996. En raison de
ses opportunités commerciales, l'Afrique pourrait devenir une
région-cible de la « diplomatie du négoce »,
nouvel axe majeur de la politique étrangère américaine. Et
les meilleures armes idéologiques dont dispose cette "diplomatie du
négoce" pour promouvoir les exportations sont les programmes
audiovisuels (cinéma et télévision).
Ce projet, intitulé African Crisis Response Force
(ACRF), a été formellement exposé en octobre 1996
lors de la tournée en Afrique du Secrétaire d'État
américain Warren CHRISTOPHER. Sa formulation, à laquelle
l'administration américaine réfléchissait sous la pression
de l'aggravation de la crise burundaise, marquait le point d'aboutissement d'un
long travail diplomatique et se substituait au projet français
débattu depuis 2-3 ans avec plusieurs pays africains et au sein de l'OUA
[ les deux projets incarnent la concurrence franco-américaine ]. L'ACRF
reposait à la fois sur un engagement américain ferme et
précis (calendrier et budget) et une adhésion de plusieurs pays
anglophones de la sous-région (la Tanzanie, l'Ouganda et
l'Éthiopie principalement) mais aussi de certains alliés
traditionnels de Paris (comme le Mali et le Sénégal).
Au sortir de la Guerre froide, l'Afrique vit une
rupture décisive, un changement d'époque sur fond de
rivalité franco-américaine. Après la disparition de
l'Union soviétique, Washington n'a plus besoin du « gendarme
de l'Afrique161(*) ». En acceptant des concessions de pure
forme ou de simple circonstance, les fameuses « mesures
d'accompagnement », les Etats-Unis et, plus globalement, les
institutions internationales (Banque mondiale, Fonds Monétaire
International, Nations Unies) ont obtenu gain de cause sur le principe de la
« connexion de l'Afrique à l'économie
monde ». Les Etats-Unis ne déclenchent pas non plus une
« agression », politique ou commerciale, mais tirent
simplement profit d'une ambiguïté inhérente à toutes
les victoires du « monde libre ».
Nous devons également signaler la
rivalité américano-française et le rôle de
l'Erythrée dans cette région en plus des conflits
prolongés, à l'exemple du problème du Sud du Soudan, du
conflit entre les Hutu et les Tutsi à Rwanda162(*). L'administration Clinton a
déterminé des pays où la réalité a peu
changé par rapport au passé, des gouvernements dotés d'une
certaine légitimité, celle par exemple de la lutte à un
moment donné comme en Erythrée, en Ouganda et au Rwanda. Entre la
France et les Etats-Unis, il s'agit plus d'une bataille pour le positionnement
et les concessions, donc la libre concurrence. « Aider les Africains
à se débrouiller par eux-mêmes163(*) ».
Face à cette montée en puissance de l'Ouganda,
parallèle à la déstabilisation zaïroise et qui
laissait découvrir des ouvertures ou des bouleversements décisifs
des équilibres régionaux, nous relèverons qu'à la
différence des Américains qui surent en tirer profit sans qu'ils
puissent dégager a priori une stratégie à long terme, les
Français demeuraient crispés sur leurs bases et positions
traditionnelles : Rwanda, Burundi et le Zaïre de Mobutu. La France peut
trouver auprès du Kenya un pays à la fois plutôt favorable
à ses thèses quant à la résolution des conflits
dans la région des Grands lacs et largement hostile à la
volonté d'hégémonie économique supposée de
l'Afrique du Sud164(*).
La nouvelle politique américaine165(*) vise à
réaliser deux objectifs : reconstruire la situation régionale au
centre de l'Afrique, lutter contre le courant islamique au Soudan. Pour les
réaliser, elle a eu recours à deux outils : soutenir les
nouvelles élites africaines « Nouveaux
Leaders166(*) », présenter le projet pour une
grande Corne de l'Afrique qui vise à créer une infrastructure
pour l'intérêt des entreprises américaines. Le projet de
Clinton de créer la « grande Corne de
l'Afrique », avait le but de construire un bloc
politico-économique englobant l'Ethiopie, l'Erythrée, la Somalie,
le Djibouti, la Tanzanie, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Sud du
Soudan et la RDC. Sa principale force étant d'apparaître comme un
gagnant et de ne provoquer que les moyens additifs qui encouragent une
politique qui va dans le sens de la modernité politique (Good
Governance) selon l'optique américaine.
Bref, la Guerre froide et la polarisation des pays
nilotiques entre pro-soviétque et pro-américain étaient
l'obstacle principal devant n'importe quelle politique coopérative.
Mais, avec la dislocation de l'Union soviétique et l'émergence de
la concurrence franco-américaine, le seul chemin était la
coopération de tous les riverains au lieu de tomber sous une nouvelle
polarisation. L'accord de 1959 incarnait une coopération technique entre
deux partenaires et pas une volonté politique de la part des autres
riverains. Ce manque était une conclusion normale de la polarisation
Est-Ouest qui a partagé les pays nilotiques. Et la disparition de cette
polarisation considérait une variable essentielle derrière
l'application d'une politique coopérative.
b) L'aspect transnational167(*) de l'eau
L'eau est considérée comme une ressource
multifonctionnelle. Cette complexité est considérée dans
le développement des politiques et des plans d'action dans le domaine de
l'eau. Cette reconnaissance mène inévitablement à la
recherche d'un équilibre entre les multiples fonctions et les usages de
l'eau et constitue une condition de base du développement durable des
ressources en eau. La reconnaissance de l'eau, comme ressource
multifonctionnelle, constitue la base d'une intégration de sa gestion
puisqu'elle permet de gérer en commun l'ensemble des usages, y compris
ceux des écosystèmes. L'unité de base de cette gestion
intégrée se situe au niveau du bassin versant, y compris dans les
bassins multinationaux.
a. Les Initiatives Internationales
La communauté internationale a lancé plusieurs
initiatives pour résoudre les problèmes de l'eau depuis vingt
ans. Cette activité multilatérale s'est
accélérée et approfondie au cours des années 1990,
permettant à la communauté internationale d'énoncer une
série d'objectifs et de principes qui doivent assurer la cohésion
des interventions dans le domaine de l'eau.
(1) La décennie de l'eau potable et de
l'assainissement (1980-1990)
La première Conférence des Nations unies sur
l'eau s'est tenue en 1977 à Mar Del Plata, en Argentine. Cette
conférence a contribué à renforcer la coopération
internationale et à activer les activités internationales dans le
domaine de l'eau. Les travaux de la conférence ont permis
d'établir un consensus sur le principe suivant : « Tous les
peuples, quels que soient leurs niveaux de développement et leurs
conditions socioéconomiques, ont le droit d'avoir accès à
de l'eau potable dans des quantités et d'une qualité rencontrant
leurs besoins essentiels ».
Dans ce cas, l'Assemblée générale des
Nations unies lançait, en 1980, la décennie de l'eau potable et
de l'assainissement. Durant cette décennie, 100 milliards de dollars
sont investis dans des projets destinés à l'eau potable et
à l'assainissement, permettant de servir 1.3 milliards de personnes en
eau potable et de fournir des services d'assainissement à 750 millions
de personnes.
En 1990, le constat du fait que 1.3 milliards d'êtres
humains n'avaient toujours pas accès à une eau potable et que 2.6
milliards de personnes ne bénéficiaient toujours pas de services
d'assainissement adéquats ont mené à la tenue d'une
Consultation mondiale sur l'eau potable et l'assainissement dans les
années 1990. La consultation, qui s'est tenue à New Delhi, en
Inde, a souligné la nécessité de fournir, de
manière durable, un approvisionnement suffisant en eau potable et des
services d'assainissement convenables à tous et a mis l'accent sur
l'approche consistant à assurer « un minimum pour tous,
plutôt qu'un maximum pour quelques-uns ».
(2) La Conférence de Dublin
La Conférence de Dublin sur l'eau et
l'environnement a réuni, en janvier 1992, plus de 500 participants
comprenant les représentants d'une centaine de pays et de 80
organisations internationales. La conférence a produit la
Déclaration de Dublin sur l'eau dans la perspective d'un
développement durable, qui constitue une étape importante dans
l'orientation des initiatives internationales.
La déclaration de Dublin contenait
quatre168(*) principes directeurs. Le premier
principe favorise une gestion intégrée de l'eau à
l'échelle du bassin versant en tenant compte de l'ensemble de ses usages
et des milieux naturels qui la composent. Le second principe soutient la
participation active et démocratique des communautés à la
définition et à la mise en oeuvre des solutions liées aux
problèmes de l'eau. Le troisième principe souligne le rôle
central que jouent les femmes dans la gestion et la préservation des
ressources en eau. Il vise à s'assurer qu'elles sont parties prenantes
des décisions et qu'elles se voient allouer les ressources pour mettre
en oeuvre des pratiques durables.
Finalement, le quatrième principe de
la déclaration de Dublin appelle à la reconnaissance de l'eau
comme bien économique. Ce principe s'oppose à une conception de
l'eau en tant que bien public, comme l'air par exemple. L'eau est une ressource
finie, caractérisée par une rareté grandissante. La
reconnaissance de sa valeur économique est un des fondements de son
exploitation durable dans le respect de l'ensemble de ses usages. Le
débat engendré par ce principe provient du fait qu'il confond,
d'une part, la reconnaissance de l'eau comme bien économique,
c'est-à-dire un bien caractérisé par la rareté dont
il faut assurer une gestion efficace avec, d'autre part, la tarification et la
privatisation de l'eau qui sont deux questions distinctes.
(3) Le Sommet de Rio et Action
« Agenda » 21
La seconde Conférence des Nations unies sur
l'environnement et le développement, tenue à Rio en juin
1992, a repris plusieurs des principes et recommandations de la
conférence de Dublin dans le domaine des ressources en eau. Le chapitre
XVIII169(*) d'Action
21, le plan d'action adopté lors du sommet, traite
spécifiquement des ressources en eau douce de la planète. Ce
chapitre est un ambitieux programme d'actions comportant sept
domaines d'activités complémentaires, pour lesquels sont
définis des principes orienteurs et des mesures concrètes : mise
en valeur et gestion intégrée des ressources en eau ; bilan des
ressources hydriques ; protection des ressources en eau, de la qualité
de l'eau et des écosystèmes aquatiques ; approvisionnement en eau
de boisson et assainissement ; l'eau et l'urbanisation durable ; l'eau et la
production vivrière et le développement rural durables ; l'impact
des changements climatiques sur les ressources en eau.
Le chapitre XVIII d'Action 21 favorise une gestion
intégrée de l'eau à l'échelle des bassins versants.
Cette gestion intégrée doit tenir compte du caractère
multifonctionnel de la ressource et intégrer les eaux souterraines aux
eaux de surface. L'eau y est présentée comme une ressource
naturelle, un bien social et un bien économique, tout en étant un
milieu naturel vivant dont il faut assurer la protection. Les projets
définis dans ce cadre doivent donc établir un équilibre
entre ces fonctions de la ressource, c'est-à-dire être
économiquement rentables, socialement adaptés et durables au plan
environnemental. Sur les plans politique et légal, la fragmentation des
responsabilités et des lois est considérée comme un
obstacle à une gestion intégrée et durable. Nous
soulignons dans le chapitre XVIII d'Action 21 le développement
de mécanismes de coordination et d'application efficaces à
l'intérieur des pays et pour les bassins internationaux.
Reconnaissant les défis posés par l'urbanisation
croissante de la planète, Action 21 proclame une approche
durable au développement urbain. La pression du développement
urbain sur les ressources en eau y est jugée particulièrement
problématique. La répartition efficace et équitable des
ressources en eau y est jugée primordiale.
Le chapitre XVIII d'Action 21 souligne que la
durabilité de la production alimentaire passera nécessairement
par un recours à des pratiques rationnelles et efficaces en
matière de conservation et d'utilisation de l'eau. Ceci est
particulièrement pertinent dans le cas des techniques d'irrigation, de
l'utilisation des sols et des retraits en eau dans le cadre d'une
intensification de l'agriculture. La préservation des espèces de
pêche commerciale constitue aussi un enjeu fondamental dans la
sécurité alimentaire de plusieurs régions.
Le Programme d'Action 21 précise au paragraphe
18(8) que l'eau est une ressource naturelle, un bien social et un bien
économique. Les paragraphes 18(15), 18(17) et 18(68) font
référence à l'eau comme bien social et économique.
Au contraire, dans les rapports officiels préparés pour le Second
Forum mondial de l'eau170(*), La Haye mars 2000, l'eau apparaît beaucoup
plus comme un bien économique que comme un bien social. La
déclaration ministérielle du Second Forum se réfère
explicitement aux valeurs économiques, sociales, environnementales et
culturelles de l'eau et insiste sur la protection des pauvres chaque fois qu'il
est fait référence à la récupération des
coûts.
(4) La conférence de Noordwijk
La Conférence ministérielle sur l'eau
potable et l'assainissement s'est tenue à Noordwijk, aux Pays-Bas,
en 1994. Le but de la conférence était de mettre en oeuvre les
mesures définies dans le chapitre XVIII d'Action 21. La
conférence a produit un plan d'action en cinq
chapitres171(*). Le premier chapitre traite des questions relatives
à l'eau et aux populations et vise, à favoriser la
sensibilisation des populations à l'utilisation rationnelle des
ressources en eau. Il a également comme objectif de favoriser la
participation des communautés locales dans le développement et la
mise en oeuvre de plans d'action relatifs à l'eau, ainsi que dans la
gestion des services d'eau. L'éducation et la formation y sont
encouragées. Sur le plan institutionnel, le développement de
cadres décisionnels participatifs est recommandé, ainsi que la
transparence dans la prise de décisions.
La conférence appelle les États à
développer des stratégies de développement durable telles
que préconisées dans Action 21. Des politiques de
tarification appropriées et équitables doivent également
être développées en tenant compte de la capacité de
payer des populations, en intégrant des considérations de gestion
de la demande et en appliquant le principe du pollueur-payeur. La
préservation de la qualité des eaux de surface et des eaux
souterraines, notamment par la gestion intégrée des bassins, est
favorisée.
Le programme d'actions de Noordwijk souligne le renforcement
du rôle de l'État comme facilitateur et régulateur des
services d'eau. La surveillance des services à l'échelle
internationale est un rôle fondamental de l'État. Dans
l'éventualité d'une implication du secteur privé,
l'État doit s'assurer de la qualité du service par une
réglementation appropriée et faire en sorte que la tarification
appliquée soit économiquement efficace et socialement
équitable. Les gouvernements doivent favoriser l'intégration de
la gestion de l'eau et soutenir les investissements dans ce secteur.
L'autonomie des agences, gérant les services d'eau à
l'échelle locale, doit être renforcée.
Le programme d'action de Noordwijk énonce une
série de mesures de coopération internationale devant soutenir
les objectifs qu'il fixe. La mobilisation de ressources financières
appropriées, le transfert de technologies et le partage d'expertises en
matière de gestion des services d'eau potable et d'assainissement sont
énoncés comme priorités d'action. Un appel est
lancé aux institutions de l'Organisation des Nations unies (ONU) afin
qu'elles soutiennent activement la mise en oeuvre des mesures
relatives à l'eau contenues dans Action 21. Finalement,
les participants à Noordwijk en appellent à la Commission du
développement durable des Nations unies (CDD), afin qu'elle se penche
sur la mise en oeuvre d'Action 21 dans le domaine de l'eau et
suggèrent la création d'un forum ou d'un conseil mondial de l'eau
permettant de traiter de l'ensemble des problèmes de l'eau en un seul et
même forum.
(5) La conférence de Paris
La Conférence internationale sur l'eau et le
développement durable s'est tenue à Paris, en mars 1998,
à l'initiative de la France et de l'UNESCO. La conférence a
réuni 600 participants provenant de 84 pays, incluant des
représentants d'organisations internationales et d'organisations non
gouvernementales (ONG) actives dans le domaine de l'eau. Des ateliers ont
été tenus sur les usages des ressources en eau, sur le
développement institutionnel et sur la gestion et les ressources
financières.
La conférence a également produit une
déclaration ministérielle et un plan d'action en trois
chapitres172(*). Le plan d'action de Paris vise à soutenir la
gestion intégrée de l'eau en soutenant le développement
des capacités institutionnelles à plusieurs niveaux. Une
réforme des législations et des réglementations doit
être entreprise, de manière à favoriser une approche
intégrée. Sur le plan institutionnel, des agences de l'eau ayant
des responsabilités claires et bénéficiant de ressources
financières définies doivent être mises sur pied. Les
institutions et les procédures de prise de décisions doivent
être conçues de manière à permettre la participation
des autorités locales, des usagers et de la société civile
en général.
Il préconise l'établissement de systèmes
intégrés de surveillance des ressources en eau, de leurs usages
et des écosystèmes. Il vise à mieux comprendre et
anticiper les tendances en matière de pollution et d'usages, en vue d'en
mesurer les impacts sur un certain nombre d'indicateurs. Parmi ces indicateurs,
il retrouve notamment les sources de pollution diffuses. La condition des
écosystèmes aquatiques des lacs et des rivières, des zones
humides et des eaux souterraines ainsi que les mesures et connaissances
concernant les événements météorologiques et
hydrologiques extrêmes font aussi partie des indicateurs à
surveiller.
Les institutions ainsi créées doivent
étudier et planifier le développement des bassins versants dans
une perspective à long terme. Des programmes d'investissement nationaux,
basés sur des plans d'investissement reposant sur les principes
d'utilisateur-payeur et de pollueur-payeur, doivent être mis en place.
Finalement, des outils de gestion des ressources transfrontalières
doivent être développés, afin de mettre en oeuvre ces plans
d'utilisation durable des ressources en eau.
(6) Les travaux de la CDD des Nations unies
Lors de sa sixième session annuelle en 1998, la
Commission du développement durable des Nations unies (CDD) a
abordé le thème de la gestion stratégique des ressources
en eau douce. La CDD a également pris acte des orientations
adoptées lors de la conférence de Paris et des conférences
précédentes. La CDD a produit une série de
décisions visant à poursuivre la mise en oeuvre des engagements
pris au Sommet de Rio.
Reprenant plusieurs des éléments
identifiés dans les conférences précédentes, la CDD
concentre ses décisions dans quatre
domaines :
- L'information et les données pour la prise de
décisions : La CDD prône l'établissement de
réseaux d'information et de surveillance sur les ressources en eau. Elle
soutient également l'implication des communautés locales dans la
surveillance des ressources en eau et des écosystèmes. Le
développement d'indicateurs quantitatifs et qualitatifs sur
l'évolution des ressources en eau, constitue une piste d'action
privilégiée par la CDD. A l'occasion des changements climatiques,
elle propose de développer des mécanismes de consultation et de
préparation aux inondations, aux sécheresses et aux autres
événements climatiques extrêmes, incluant
l'élaboration de mesures d'urgence, de systèmes avancés
d'alerte et de mesures de diminution des impacts.
- Les institutions, le renforcement des
capacités et le financement : La CDD encourage la
révision des cadres législatifs, de manière à
faciliter une gestion intégrée des ressources en eau. Elle
favorise la création de mécanismes nationaux de coordination de
l'ensemble de la gestion des ressources en eau. La CDD propose également
de déléguer les responsabilités de la gestion de l'eau aux
échelons les plus bas, afin que les décisions soient prises le
plus près possible de la ressource concernée. La participation
effective des communautés locales et des populations est
favorisée, ainsi que le développement de partenariats entre le
secteur public, le secteur privé et les organisations non
gouvernementales, afin de renforcer les capacités locales et de
réunir le financement nécessaire aux travaux exigés.
- La coopération en matière de transfert
de technologies et de recherche : La CDD préconise une
intensification de la recherche, afin de développer de nouvelles
technologies et de nouvelles pratiques qui permettront de satisfaire les
besoins futurs. Elle souligne, notamment, le potentiel prometteur d'une
réutilisation des eaux usées, de la désalinisation de
l'eau de mer, du traitement des eaux usées, de nouvelles techniques
d'irrigation. La CDD fait appel aux pays développés et aux
industries, afin qu'elles transfèrent les technologies
appropriées aux pays en développement selon des termes qui leur
soient acceptables. Elle souhaite également un renforcement des
programmes d'assistance technique soutenus par les organismes de
développement et les institutions financières internationales.
- Les ressources et les mécanismes financiers
: Le rapport de la CDD souligne que la priorité doit être
accordée à l'aspect social de la gestion des ressources en eau,
c'est-à-dire que celle-ci doit être centrée en premier lieu
sur les besoins des populations. Il appelle, une fois de plus, à la
mobilisation des ressources financières internationales
nécessaires, afin d'offrir des services d'eau potable et
d'assainissement aux populations les plus démunies. La CDD prône
une meilleure coordination du financement international dans ce domaine.
L'usage d'instruments économiques, afin de recueillir le financement
nécessaire aux infrastructures, doit être acceptable du point de
vue des couches défavorisées des populations
concernées.
Finalement, la CDD rappelle les engagements pris en vertu des
conventions environnementales internationales et encourage les États
à mettre en oeuvre les dispositions de ces conventions. Parmi celles-ci,
mentionnons la Convention internationale sur la diversité
biologique, la Convention cadre des Nations unies sur les changements
climatiques et la Convention de Ramsar sur les zones humides qui
contiennent toutes trois des dispositions relatives aux ressources en eau.
b. Les organisations internationales, les forums et
les réseaux
Il existe plusieurs centaines d'organisations et de
réseaux dont les missions couvrent un ou plusieurs aspects de la gestion
des ressources en eau. Plusieurs organisations de coopération oeuvrent
également dans le secteur de l'eau, bien qu'il ne s'agisse pas de leur
spécialisation. Ces organisations, réseaux et forums offrent des
ressources statistiques et documentaires variées sur de multiples
aspects des problèmes de l'eau. Ils organisent également des
ateliers, séminaires et congrès permettant une mise à jour
constante des connaissances dans leurs champs de spécialisation. Nous
nous limiterons ici à résumer brièvement les
activités des organisations faisant partie du système de l'ONU,
des institutions multilatérales de financement et de trois forums
mondiaux consacrés à l'eau.
Deux organisations, créées en 1996, se sont
données comme mission d'agir à titre de forums mondiaux de
l'eau. Il s'agit du Conseil mondial de l'eau et du Partenariat
global de l'eau. La première organisation vise à traiter de
l'ensemble des problèmes relatifs à l'eau, en vue de promouvoir
une meilleure coordination des politiques nationales et internationales. La
seconde vise à coordonner les activités de plus de 50
organisations internationales et gouvernementales actives dans le domaine de
l'eau.
(1) Le système des Nations unies
La plupart des institutions de développement des
Nations unies ont des activités reliées à l'eau. Parmi les
plus actives, notons le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD), le Programme des Nations unies pour
l'environnement (PNUE), le Secrétariat général des Nations
unies, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (OAA / FAO),
l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la
culture (UNESCO), la Commission du développement durable (CDD), le
Conseil économique et social (ECOSOC), l'Organisation
météorologique mondiale (OMM), l'Organisation mondiale de la
santé (OMS), ainsi que plusieurs autres organisations sectorielles ou
régionales.
Les activités et les programmes de ces organisations
sont concentrés dans la collection d'informations, la recherche
et l'analyse, ainsi que la réalisation d'études diverses. La
plupart d'entre elles organisent également des conférences et des
séminaires dans le but de diffuser les connaissances permettant de
renforcer les capacités nationales. Finalement, le PNUD et le PNUE
développent des projets à l'échelle mondiale,
régionale ou locale favorisant le développement local, la
coopération technique et le renforcement des communautés locales.
Ces programmes offrent également un soutien financier limité
permettant de mettre sur pied certaines initiatives.
En plus de leurs activités courantes, plusieurs agences
des Nations unies ont mis en commun leurs expertises dans la création de
programmes et projets communs reliés à l'eau. À titre
d'exemple, une initiative majeure à ce niveau a consisté à
la publication, en 1997, par l'OMM, d'un inventaire exhaustif des ressources
mondiales en eau douce auquel l'ensemble des organisations
précédemment citées ont contribué. Les grandes
conférences internationales organisées par les Nations unies
abordent également les problèmes liés à l'eau dans
leurs travaux. Ainsi, Habitat II, du nom de la conférence des
Nations unies sur les villes qui s'est tenue en 1996, à Istanbul, en
Turquie, a abordé le problème des services urbains.
(2) Les institutions multilatérales de
financement
Les grandes institutions multilatérales de financement
sont très impliquées dans les problèmes liés
à l'eau, particulièrement en ce qui concerne les services urbains
d'acheminement de l'eau potable et d'assainissement. Leurs activités se
concentrent dans les infrastructures d'eau et leur gestion. Elles participent
également à des projets en zones rurales et à des projets
d'ouvrages de retenue, d'irrigation ou d'hydroélectricité.
Les institutions les plus actives sont la Banque mondiale, la
Banque interaméricaine de développement, la Banque asiatique de
développement et la Banque africaine de développement. La Banque
mondiale a mis sur pied une section traitant spécifiquement des projets
urbains reliés à l'eau ainsi qu'un programme de réforme
des politiques de l'eau. La Banque mondiale a approuvé plus de 150
projets dans ce secteur pour la période 1998-2003, dans plus de 50 pays.
La Banque mondiale investit 2.5 milliards par année dans ce secteur. De
son côté, la Banque interaméricaine de développement
a accordé annuellement près de 1 milliard de dollars
américains en financement pour des projets reliés à l'eau
depuis 1961. À une échelle plus limitée, la Banque
interaméricaine de développement est active dans des projets
d'infrastructure d'eau potable et d'assainissement dans un rayon de 100 km au
Nord et au Sud de la frontière américano-mexicaine où ces
problèmes sont criants.
Les institutions multilatérales de financement
accordent des fonds aux projets de développement. Les projets en
question peuvent être publics, privés ou mixtes. Dans le secteur
de l'eau, la Banque mondiale soutient un nombre grandissant d'initiatives
privées ou mixtes. Les organisations multilatérales de
financement soutiennent également les villes des pays en
développement en créant et en diffusant des outils de gestion, en
offrant des formations aux cadres et aux techniciens, en aidant les
autorités publiques à réaliser les montants financiers
nécessaires et, de manière générale, en
accompagnant les promoteurs dans la mise sur pied et la réalisation de
leurs projets.
(3) Le Conseil mondial de l'eau
Le Conseil mondial de l'eau a été
créé en 1996, répondant aux appels lancés depuis 25
ans lors des conférences internationales sur l'eau. Il a tenu sa
première assemblée générale à
Montréal, en 1997. L'organisation constitue un forum international
indépendant traitant des problèmes et des politiques relatives
à l'eau d'envergure mondiale. L'organisation compte 152 organisations
membres dans 34 pays, incluant 23 organisations internationales et plusieurs
organisations non gouvernementales. Son secrétariat est établi
à Marseille, après avoir été à
Montréal pendant un an sur une base intérimaire. Un bureau
hémisphérique de l'organisation a été mis sur pied
en 1998, à Montréal.
Le Conseil mondial de l'eau alimente des réseaux
favorisant la coordination des politiques et les échanges d'information.
Il organise des ateliers, séminaires, conférences et
congrès sur divers thèmes reliés aux problèmes de
l'eau d'envergure mondiale. Il produit également des publications dont
le Water Policy Journal et organise des formations. Il projette la
création d'un fonds mondial de l'eau. Le conseil est responsable de
l'organisation du forum mondial de l'eau qui se tient tous les trois ans. Le
premier a eu lieu à Marrakech173(*), en 1997, et a regroupé des participants de
60 pays et de plusieurs grandes organisations internationales. Le second forum
mondial de l'eau s'est tenu à La Haye, aux Pays-Bas, en 2000, et le
troisième se tiendra à Tokyo174(*), au Japon, en 2003.
La Déclaration de Marrakech, produite à
l'occasion du Premier Forum mondial de l'eau, a mandaté le Conseil
mondial de l'eau à lancer une démarche visant à produire
une vision globale de l'eau, de la vie et de l'environnement pour le
XXIème siècle. Il s'agit d'une démarche de
trois ans, comprenant des consultations extensives avec les divers intervenants
internationaux dans le dossier de l'eau, qui dominait en mars 2000 avec le
dépôt d'une vision globale de l'eau175(*).
Le Second Forum mondial sur l'eau tenu à La
Haye176(*) a
certainement justifié le travail préparatoire extensif, dans la
mesure où il a attiré des milliers de personnalités et de
participants. Des documents écrits ont été produits ainsi
que de nombreuses expositions, présentations de films,
échanges sur Internet, qui visaient à attirer l'attention du
monde entier sur les problèmes liés à l'eau,
c'est-à-dire sa bonne et mauvaise utilisation, la pollution hydrique,
satisfaction des besoins en eau pour la consommation humaine, animale,
industrielle, et environnementale. Quelles sont alors les leçons que
nous tirons du Second Forum mondial sur l'eau ?.
Il nous faut par conséquent procéder à un
changement total d'attitude à l'endroit de la gestion de l'eau si nous
voulons réussir une utilisation et un développement durables des
ressources en eau. Quels sont donc les ingrédients d'une
utilisation et d'un développement durable des ressources en eau ?.
Tout d'abord, il nous faut mettre à jour notre base de données
sur l'eau. Nous devons aussi adopter une gestion intégrée
de manière à assurer une répartition équitable de
l'eau pour toutes ses utilisations, y compris les besoins en eau pour soutenir
les écosystèmes. Enfin, les menaces qui pèsent sur
l'eau potable à cause de la pollution et autres phénomènes
naturels tels que la sécheresse doivent être
identifiées.
(4) Le Partenariat global de l'eau
La démarche qui a mené à la
création du Partenariat global de l'eau177(*) a été
initiée par la Banque mondiale et le PNUD, en 1993. L'organisation a
été inaugurée en 1996 et a pour mission
générale de transformer les principes de Dublin en outils
pratiques. Son secrétariat est assuré par l'Agence
suédoise de développement international. L'organisation est
ouverte à toutes les institutions impliquées dans la gestion des
ressources en eau. Elle ouvre ses portes aux gouvernements, aux agences des
Nations unies, aux institutions multilatérales de financement, aux
associations professionnelles, aux organismes de recherche, au secteur
privé et aux organisations non gouvernementales.
Le Partenariat global de l'eau n'est pas une institution de
financement mais plutôt un forum de coordination des activités et
du financement des projets dans le domaine de l'eau. Il organise des
séminaires, des rencontres techniques sur des thèmes
variés et sont particulièrement actifs dans le secteur de l'eau
potable et de l'assainissement. Il supporte également l'initiative de la
vision globale de l'eau en définissant les mesures, instruments et
priorités d'investissement qui permettront sa mise en oeuvre.
(5) Le Secrétariat international de l'eau
Le Secrétariat international de l'eau178(*) est une organisation non
gouvernementale basée à Montréal, qui a été
constituée en 1991 afin de favoriser la mise en pratique des principes
énoncés dans la Charte de Montréal179(*) sur l'eau potable et
l'assainissement élaborée à la suite d'un forum
international tenu en 1990. Sa mission est de réaffirmer et renforcer le
rôle de la société civile dans l'accès et l'usage
durable de l'eau et de l'assainissement. Il favorise, en outre, l'interaction
entre la société civile et les gouvernements sur les plans local,
national et international.
Le Secrétariat international de l'eau construit des
alliances et des réseaux, et maintient des activités de
sensibilisation et d'éducation. Il produit des documents de
référence dont des lignes directrices sur les politiques de
l'eau. Il offre un soutien technique et financier aux initiatives locales, ce
qui a donné lieu à la création du Fonds international
communautaire de l'eau180(*) (FICE), en collaboration avec le Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec (FTQ) et Mennonite Economic
Development Association.
L'importance d'étudier toutes ces initiatives,
organisations, forums et réseaux, montre d'un part l'aspect
transnational de l'eau, l'eau est un bien collectif, sa pénurie touche
tous les peuples. D'autre part, cet aspect a ouvert la voie devant des
concepts, des normes et des principes qui favorisent, en général,
la coopération au niveau du fleuve multinational afin de réaliser
une gestion commune et intégrée.
c) La tarification et les marchés de l'eau181(*)
La Ministre française de l'Environnement, Mme Corinne
LEPAGE, déclarait au début de la décennie que
« l'eau deviendra le marché de demain ».
Cette déclaration fait écho à de nombreuses autres depuis
une vingtaine d'années, qui annoncent la naissance d'un marché de
l'or bleu qui pourrait paraître le pétrole du
XXIème siècle. Ce marché a deux axes : la vente
d'eau embouteillée ou en vrac et la réalisation de projets
d'infrastructures et de services d'eau potable et d'assainissement en milieu
urbain. Actuellement, 1.4 milliards de personnes n'ont pas accès
à des services d'eau potable et près de 3 milliards n'ont pas
accès à des services d'assainissement. Ces services devront
rejoindre 5 milliards de personnes en 2025, ce qui crée des besoins
énormes sur le plan des infrastructures et des technologies. Le
financement et la gestion de ces services font aussi l'objet de
développements importants qui voient s'ouvrir de nouveaux
marchés.
a. La structure de marché
Les contraintes financières associées aux
services d'eau potable et d'assainissement des eaux urbaines ont
contribué à la formation d'un oligopole mondial des services
d'eau, qui s'articule autour de quelques grands groupes mondiaux
français, britanniques et américains. L'expansion de ces groupes,
sur le plan international, est reliée à l'expertise
développée dans ces trois pays où le secteur privé
joue un rôle central, bien qu'il soit moins important aux
États-Unis qu'en France ou au Royaume-Uni.
En effet, la France a délégué à de
grands groupes privés la gestion de ses services d'eau à la fin
du XIXème siècle. Les entreprises françaises
desservent 85% de la population du pays en eau potable et assurent
l'assainissement des eaux usées pour 35% de la population
française. Au Royaume-Uni, il a confié à 22 entreprises
l'acheminement d'eau potable et à 10 entreprises l'assainissement des
eaux usées lors d'une privatisation des services amorcée à
la fin des années 1980. À l'opposé, aux États-Unis,
85% de la population est toujours desservie par des systèmes publics,
mais ils notent depuis quelques années une tendance à la
privatisation, alors qu'ils ont vu se former plusieurs groupes d'envergure
majeure. Les groupes français dominent le
marché des services d'eau à l'échelle mondiale. À
titre d'exemple, en 1996, 23 contrats sur les 75 actifs dans le monde
impliquaient la Lyonnaise des eaux et la Générale des eaux
(groupe Vivendi), les deux plus grandes sociétés
françaises. Les deux entreprises desservent plus de 75 millions de
clients chacune à travers le monde.
Les groupes américains et britanniques
se sont également lancés sur le marché international,
souvent en partenariat avec des groupes français. Les groupes les plus
actifs sur le plan international sont Severn-Trent, Anglian Company, Thames
Water (Royaume-Uni), Bechtel et American Water Works Company
(États-Unis). Les compagnies américaines ont
généralement plus de difficultés à
pénétrer le marché international en raison de
l'éclatement du marché américain qui rend difficile la
formation de groupes dominants.
b. Les modes de tarification
La tarification des usages de l'eau constitue un puissant
outil pouvant être utilisé à des fins de conservation de la
ressource et de protection des écosystèmes. La tarification peut
être reliée au volume consommé ou non et peut s'appliquer
de manière différente182(*) selon les usages visés :
- Le premier principe, connu sous la
dénomination « l'eau paye l'eau »,
correspond à la nécessité de récupération de
l'ensemble des coûts associés aux usages de l'eau, des coûts
à récupérer doivent tenir compte de la nature
économique, sociale et environnementale des usages de l'eau. Le principe
"l'eau paye l'eau" oblige les collectivités locales à
gérer les services d'eau et d'assainissement dans le cadre d'un budget
spécifique, où les dépenses et les recettes doivent
s'équilibrer sans faire appel au budget général de la
commune.
- Le deuxième principe
d'utilisateur-payeur : Il s'agit de mettre en place des
politiques tarifaires tenant compte de payer les divers utilisateurs. Selon ce
principe utilisateur-payeur («full cost recovery» ou «full cost
pricing»), l'eau est vendue sans subvention et les utilisateurs couvrent
l'ensemble des coûts de production, de distribution et d'assainissement.
La mise en oeuvre de ce principe par la majorité des usagers est
très souhaitable pour favoriser une bonne gestion de la ressource mais,
ceci ne devrait se faire qu'à la condition que des dispositions
spéciales soient prises pour protéger la minorité des
usagers qui ne peuvent faire face à l'augmentation considérable
du prix de l'eau qu'implique souvent la mise en oeuvre du principe
utilisateur-payeur.
- Le troisième principe de
pollueur-payeur : Il affecte les secteurs
économiques et industriels surtout les secteurs les plus
vulnérables notamment le secteur agricole. La réforme de la
politique de l'eau vise en priorité au renforcement du principe
pollueur-payeur, dans le cadre de la mise en oeuvre progressive de la
fiscalité écologique. Cette politique s'applique sur deux
piliers : d'une part, la création de
« pollu-taxes » sur certains produits polluants ; d'autre
part, une réforme en profondeur des redevances des agences de l'eau
« ce principe est appliqué en France ».
c. Les obstacles d'un marché de
l'eau
Les « marchés de l'eau »
n'existeront jamais au même titre que ceux de l'énergie, car l'eau
est un bien difficile à transporter et chargé de multiples
dimensions non marchandes. Mais l'acceptation de certains mécanismes de
marché dans les échanges entre utilisateurs peut faciliter la
flexibilité sans laquelle aucune gestion intégrée ne
pourra se réaliser.
Lorsque l'eau est abondante par rapport à la demande,
la législation concernant son utilisation est la plus souvent simple, et
n'est pas appliquée très systématiquement. En revanche,
lorsque l'eau est rare, des systèmes institutionnels plus complexes
apparaissent. Les caractéristiques de l'offre et de la demande d'eau
portent les coûts transactionnels à un niveau relativement
élevé, et la valeur de l'eau à un niveau relativement bas
par rapport à d'autres ressources ou produits.
Le concept de capacité de payer est par
définition subjectif, et des pressions politiques influencent souvent la
formule dans le sens d'une redistribution de la richesse des contribuables vers
les usagers de l'eau. Le principe de la capacité de payer se fonde
principalement sur un critère d'équité. Les redevances
d'eau sont fonction du revenu ou de la richesse plutôt que des
coûts. Les économistes qui considèrent l'eau comme un
produit se montrent souvent critiques vis-à-vis de cette approche. Les
redevances étant fortement dissociées des coûts, elles ne
permettent pas de tester le consentement différentiel à payer.
Le choix d'un marché de l'eau résulte en
définitive d'un compromis entre la nature physique de la ressource et
les objectifs sociaux concurrents. Nous constatons que les pays recherchent des
moyens différents pour équilibrer l'efficacité
économique (valoriser au plus haut les produits tirés d'une base
de ressources donnée) et l'équité (assurer à tous
un traitement égal). Liberté individuelle, équité,
participation populaire, maîtrise locale et résolution des
conflits en bon ordre sont parmi les autres objectifs importants avec lesquels
les sociétés doivent habilement utiliser lorsqu'elles
déterminent le marché de l'eau.
Considérer l'eau comme bien économique est le
défi principal devant les acteurs étatiques. Choisir entre
satisfaire les besoins vitaux et réaliser les bénéfices
est difficile à décider. Ce principe a bouleversé les
politiques des gouvernements et l'ont poussé vers une diplomatie
coopérative pour avoir un mot uni devant ces propos transnationaux.
C. Les stratégies des pays riverains
Face à une demande en forte croissance, il faudra aussi
trouver de nouvelles sources d'approvisionnement : le recours à des
ressources de l'eau « non conventionnelles » ; le
dessalement de l'eau de mer, le recyclage de l'eau usée. La
rareté croissante des ressources en eau douce, dans diverses
régions de la planète, pousse plusieurs consommateurs à se
tourner vers des sources d'approvisionnement autres. La plupart de ces
alternatives ne sont encore utilisées que de façon marginale, en
raison des coûts excessifs qu'elles impliquent, mais des essais sont tout
de même effectués dans un certain nombre de pays, comme l'Arabie
Saoudite.
Autre possibilité. Les pays qui sont incapables
financièrement et techniquement d'appliquer ces ressources
« non conventionnelles », pensent à la solution
coopérative. L'intégration régionale pour un bassin
multinational est la bonne voie pour une meilleure gestion commune.
a) Une gestion plus rigoureuse des eaux
En Egypte183(*), l'extension extraordinaire de l'espace vitale du
pays a passé de 4.5 millions de feddans en 1887 à environ 7
millions actuellement (presque 3.5 millions d'hectares). Le CAPMAS donne le
chiffre global de 2.261 millions de feddans de toutes catégories
considérées pour la période entre 1952-53 et
1992-93184(*). Cette
augmentation de la surface cultivée du pays,
accélérée depuis la construction du Haut Barrage d'Assouan
(mis en eau en 1964), s'est accompagnée d'une intensification du
système de production agricole en passant d'une récolte par an
à presque deux en moyenne, voire trois, dans certaines zones du pays.
Depuis la fin des années quatre-vingts, un énorme effort a
été entrepris pour rendre la gestion des eaux plus rationnelle
dans l'ensemble des secteurs et postes de consommation : l'agriculture,
l'industrie, les services et enfin la consommation domestique d'eau potable.
Entre 1987 et 1998, plus de la moitié de la surface agricole a
été équipée en système de drainage
souterrain.
Le recours à des ressources
non-conventionnelles185(*): la réutilisation des eaux usées
après traitement offre des perspectives plus intéressantes. Pour
l'instant, leur emploi est faible : pas plus de 200 millions de mètres
cubes par an. La situation pourrait changer dans des dizaines d'années
si les chantiers d'assainissement des grandes villes sont menés à
bien. Quand ces travaux seront achevés c'est 2 milliards de
mètres cubes par an d'eau retraité qui pourraient être
utilisables. L'exploitation des nappes souterraines comme le grand
aquifère nubien est au courant. L'aquifère nubien est de 50
milliards de mètres cubes dont 20 dans le sous-sol égyptien.
Seuls 5 millions de mètres cubes par an sont exploités
actuellement.
Le dessalement, solution au problème de l'eau :
tous les spécialistes en eau affirment que le dessalement pourrait
être une des solutions pour pallier la pénurie d'eau qui frappe le
Moyen-Orient. Déjà les monarchies du Golfe ont adopté
cette voie pour subvenir à leurs besoins en eau potables ; plus de 100
unités de dessalement fournissent aujourd'hui près de 70% de
cette eau, l'Arabie Saoudite186(*) occupant la première place mondiale dans ce
secteur. La plupart des villes saoudiennes sont approvisionnées en eau
dessalée grâce à un réseau de conduites qui
amène l'eau des unités situées sur la Mer rouge et le
Golfe vers les milieux urbains (la Capitale est approvisionnée à
60%, Dammam à 95%, Jeddah à 90% et la Mecque à 40%). Pour
le moment, le coût élevé (entre 1.10$ et 1.50$), constitue
le principal obstacle à la généralisation du dessalement
dans d'autres pays qui subissent des pénuries d'eau. De plus ces usines
nécessitent une maintenance et un entretien particulièrement
lourds.
L'expansion hors de la vallée du Nil, en
Egypte, est indispensable. Le Ministère de l'Irrigation a
présenté en 1998 au gouvernement un plan à long terme pour
apporter une plus grande quantité d'eau. Ce plan187(*) est axé sur trois
points fondamentaux concernant le rationnement et l'usage de l'eau disponible :
amélioration du système d'irrigation, changement de la structure
agricole et recyclage des eaux usées. Tout cela apportera vers l'an 2017
une quantité de près de 8 milliards de mètres cubes en
plus. En outre, le plan vise à étendre l'utilisation des eaux
souterraines à 7 milliards de mètres cubes, contre 4 milliards
actuellement. L'unité des études stratégiques du
ministère se prépare aux plus mauvais scénarios. En
particulier celui de ne pas trouver un accord avec les pays du bassin du Nil
pour augmenter les quotas de l'Egypte en eau, ou encore le cas où les
travaux du canal de Jonglei au Soudan ne soient pas achevés avant l'an
2017. L'étape à achever en 2017 sera d'irriguer 540.000 feddans
(230.000 hectares188(*)). Il existe aussi le dessalement de l'eau de mer.
Cette option est pour l'instant exclue pour cause de coûts
élevés. Mais le progrès technologique pourrait
bientôt mener à la réduction de ses coûts.
Le projet de la Nouvelle Vallée,
commencé en janvier 1997 dans le Sud-Ouest du pays, est certainement
celui qui l'exprime le mieux. A plus long terme (15 à 20 ans), les
responsables égyptiens envisagent la mise en culture d'une superficie
totale de 1.5 à 2 millions de feddans irrigués par les eaux du
Nil et par celles de la grande nappe fossile du désert occidental. Or,
le grand projet de Tochka soulève le problème suivant : où
trouver l'eau nécessaire pour la mise en culture de ces nouvelles terres
?. Pour mieux trouver les 5 milliards de mètres cubes des eaux du Nil
nécessaire à la première étape du projet, certains
responsables envisagent de réduire la consommation en aval en limitant
les surfaces cultivées en riz (Nord du Delta) et canne à sucre
(Haute Egypte), toutes deux fortement consommatrices d'eau. L'Egypte est de
plus en plus exposée aux conséquences du
déséquilibre, déjà, visible entre les ressources
hydrauliques et la démographie : la population égyptienne
continue d'augmenter à un rythme moyen estimé, pour les 18 ans
qui viennent, à 1.9% par an et qui se traduira par une augmentation
totale de 25.41 millions de personnes d'ici l'an 2015. La question est alors de
savoir comment l'Egypte peut développer sa disponibilité
hydraulique pour répondre aux besoins de la population à
l'horizon des années 2015189(*).
Autre registre, c'est de diminuer l'agriculture du riz
et du Bersim (trèfle d'Alexandrie) très exigeants en eau. Les
autorités estimaient à 800.000 feddans. Quant au Bersim, il
occupe près de 70% de la superficie des cultures d'hiver (3.500.000
feddans). Tôt ou tard, le pays devra adopter des systèmes de
culture plus compatibles avec les ressources dont il dispose. Le pays songe
à revenir à l'irrigation nocturne afin de diminuer les rotations.
L'entretien des dizaines de milliers de kms de canaux de toutes (y compris les
canaux secondaires) qui constituent la chaîne hydraulique de l'Egypte est
de ce point de vue une priorité. Partout s'observent les signes de
laisser-aller : canaux mal curés, ouvertures mal
contrôlées, perte en tout genre. Les Jacinthes du Nil couvrent des
canaux entiers : elles activent l'évaporation et constituent des foyers
où pullulent toutes sortes de parasites.
Autre que le recours aux sources dites non
conventionnelles, de substantielle économies d'eau sont possible :
promouvoir une société économe en eau, promouvoir
l'éducation relative à l'eau, harmoniser des valeurs relatives
à l'eau pour une meilleure coopération entre le peuple. De fait,
en règle générale, plus le pays est pauvre et plus il
consomme d'eau pour irriguer ; les pays du Tiers-Monde utilisent deux fois plus
d'eau par hectare que les pays industrialisés pour une production
agricole trois fois inférieure190(*). « Un genou bien noyé, c'est un
champ bien irrigué », ce vieux proverbe égyptien
valable pour les cultures de crue est appliqué où l'eau est en
permanence à la disposition du fellah. Les paysans utilisent l'eau sans
aucune limite.
En première approche, 51 milliards de
mètres cubes sont actuellement consacrés à l'irrigation
pour une superficie de 7 millions de feddans : soit, en principe, 17000
mètres cubes hectares par an, une quantité énorme. Les
études de terrain montrent que les charges d'irrigation réelles
se situent entre 7 et 8000 mètres cubes par an. Le nombre de rotations
d'irrigation est par ailleurs très élevé : entre 10 et 20
par an. Il y a donc un évident gaspillage de l'eau. Il faut aussi
prendre en compte les techniques utilisées. Sur les vieilles terres de
la vallée, le fellah pratique uniquement l'irrigation par l'inondation
des parcelles. Le recours à l'aspersion et surtout au goutte à
goutte permettrait d'importantes économies en réduisant des ? les
consommations d'eau. Mais cela suppose l'adoption par les fellahs
égyptiens de nouvelles technologies qui ne sont pour l'instant,
pratiquées que sur les terres récemment bonifiées.
Actuellement l'aspersion n'est utilisée que sur le 1/5 des terres
seulement191(*).
En ce qui concerne le bassin du Jourdain192(*), la région manque
d'eau et manquera de plus en plus d'eau car les ressources sont limitées
et la demande ne fera qu'augmenter. La population pour l'ensemble du bassin du
Jourdain pourrait avoisiner 20 millions d'habitants en 2020 contre 9
actuellement. Un rapport de la Banque mondiale (1994) prévoit que la
demande vers 2040 pour Israël, les Territoires actuellement
occupées et la Jordanie pourrait s'élever à 7 milliards de
mètres cubes. De toute évidence les ressources du bassin du
Jourdain sont insuffisantes. Le règlement ne peut être que
régional par de transferts d'eau ou par le recours coûteux
à des ressources non-conventionnelles, dessalement de l'eau de mer,
recyclage des eaux usées.
En Jordanie, dans le domaine des
réseaux d'assainissement et conformément aux recommandations de
la Banque mondiale, des efforts d'investissement ont été
consentis par les pouvoirs publics. Depuis 1988, 70% de la population urbaine
est reliée au réseau d'égouts, ce taux atteignant 90% de
la région d'Amman. Treize stations de traitement des eaux usées
sont actuellement en service, dans les villes d'Amman, Aqaba, Irbid, Jerash,
Madaba, Salt, Tafilah et Zarqa. Au total, 33 hm3 d'eau ont
été traités en 1988, dont plus de 60% par la station
Khurbet as-Samra, située au nord-est d'Amman. La Jordanie importe,
déjà, 63% de ses besoins en produits alimentaires193(*).
Bref, la gestion plus rigoureuse des eaux comme une
stratégie hydraulique au niveau national venait au premier degré.
Si cette stratégie représente l'aspect interne de la politique,
n'importe quel Etat riverain est d'accord sur l'aspect externe de sa politique
: éviter la politisation de l'eau comme carte de jeu, encourager la
coopération sous l'égide de la multiforme topographie du bassin,
mettre en évidence une vision complète d'une politique
hydraulique de tous les Etats, et refuser la tarification de l'eau.
b) Une gestion efficace et équitable avec un appel au
partenariat194(*)
Selon une gouvernance de l'eau au service du
développement, les pays nilotiques se sont convaincus à Dar'
Es-Salam, en 1999, que la coopération, selon un cadre institutionnel,
réalisera les objectifs visés d'une gestion équitable au
service du développement du Bassin du Nil. Donc, cette deuxième
stratégie reflète l'aspect régional d'une gestion efficace
et équitable selon un partenariat. Elle présente ces propositions
qui convergent vers des nouvelles approches :
- Le concept de gestion efficace de la ressource en eau par
bassin hydrique ;
- Le principe de l'accès équitable de tous
à une eau saine ;
- La solidarité et la coopération en ce qui
concerne le bassin hydrique ;
- Et un cadre institutionnel permettant l'information et la
participation.
La gestion des eaux partagées et des bassins versants
doit être renforcée par des coopérations régionales
et par un cadre légal approprié, efficace et
équitable. Gérer efficacement et équitablement
est, en matière de gouvernance, au coeur de la
question, c'est que rien ne remplace l'eau. Equité et efficacité
vont de pair. Contrairement à d'autres ressources déjà
rares ou qui s'amenuisent, l'eau ne peut être remplacée par une
invention ou la découverte d'un autre produit. Nous avons besoin d'eau ;
et elle n'a pas de substitut. Il y a des questions plus profondes auxquelles il
faut s'arrêter : qui décide ? par quelles
procédures ? quelle forme de gouvernance est la plus susceptible de
donner lieu à des décisions justes et efficaces?195(*). Ce n'est,
inévitablement, que par la gouvernance que les questions de gestion
efficace et équitable pourront se résoudre. En fin de compte,
gérer des ressources en eau de plus en plus limitées exige la
création d'institutions ouvertes, informées, participatives et
responsables.
L'accès à l'eau doit nécessairement faire
appel au partenariat. La rareté des ressources, par
définition, oblige aux compromis. D'abord, l'eau est en mouvement. Et le
mouvement de l'eau fait naître d'autres rivalités qu'il faut
résoudre. Lorsque les gens qui vivent en amont détournent ou
polluent un cours d'eau, ceux qui se trouvent en aval en souffrent.
Il est acquis ( et fondé ) de dire que,
généralement, la question de la pénurie d'eau
déborde les frontières communautaires et politiques ; c'est un
problème qui touche tous les pays de tous les continents. De fait, pour
plusieurs pays, le plan d'eau est la frontière. Environ 40% de la
population mondiale vit dans des bassins hydrographiques communs à plus
d'un pays. Un grand nombre de pays ( que nous pensons à Israël
et à la Palestine ) sont tributaires des mêmes
aquifères surexploités. Voilà pourquoi la pénurie
d'eau, lorsqu'elle est mal gérée, est si souvent cause de
conflit. Voilà aussi pourquoi, plus souvent encore, les gens trouvent
moyen de gérer cette eau partagée davantage par la
coopération et le partenariat que par la guerre. Bref, la gestion de
l'eau n'exige pas seulement que les instances nationales, régionales et
internationales passent à l'action coopérative : elle les incite
à le faire.
La gouvernance est ouverte, participative, responsable. Et il
lui faut de bonnes informations, du genre de celles qu'une recherche
consciencieuse peut fournir. La gouvernance exige des capacités
institutionnelles : la capacité, notamment, de recueillir et
d'évaluer l'information pertinente, de délibérer, de
mettre en application des politiques et de rendre compte de façon
responsable aux membres de la collectivité. C'est la reconnaissance que
la gestion efficace de l'eau comporte des tâches d'ordre administratif et
financier aussi bien que technique, que l'entretien régulier entre les
pays riverains est aussi important que la construction initiale sans accord et
que, de temps en temps, la mise en application de règlements puisse
être nécessaire. Le renforcement des capacités
institutionnelles est un des principaux thèmes des organisations
internationales qui encouragent le changement, dont la Banque mondiale, le
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le
Partenariat mondial de l'eau. Pour renforcer la capacité, il faut
prendre les mesures196(*) suivantes :
· Evaluer les besoins nationaux de renforcement
de la capacité. Il est essentiel, à titre de
première étape dans le sens d'une amélioration, que les
gouvernements sachent quelles sont les capacités de leurs organismes du
secteur eau.
· Créer des structures administratives et
juridiques compétentes. Il faut renforcer, avant de pouvoir
faire des progrès en matière de gestion de l'eau, la
compétence technique et administrative des organismes nationaux,
régionaux et locaux qui sont responsables de la gestion de l'eau.
· Rendre les institutions mieux
sensibilisées et plus efficaces. Les organismes de gestion de
l'eau, aussi bien publics que privés, doivent aussi être en mesure
de réagir à l'évolution des situations (politiques et
sociales, et aussi en matière d'environnement) Il faut
réaménager les organisations statiques et modifier les
méthodes dépassées, notamment quand les pays passent dans
les catégories de pays à difficultés ou à manque
d'eau.
· Former les cadres supérieurs
chargés de la gestion de l'eau. Peu d'hydrauliciens ont
reçu une formation qui leur enseigne comment envisager les ressources en
eau dans un large contexte. Donc, c'est la nécessité du besoin de
se placer dans une optique orientée vers la demande, et de pratiquer en
ingénierie une gestion de l'eau qui tienne compte des besoins et de la
façon de les satisfaire.
· Etablir des liens étroits avec les
universités et les établissements de recherche. Comme
les problèmes de l'eau font intervenir aussi bien des questions de
société que des valeurs culturelles, les organismes de gestion
doivent rechercher la collaboration de services qui se situent en dehors des
circuits ordinaires de l'Etat et faire appel à une large gamme
d'opinions et de conseils techniques pour évaluer les problèmes
de l'eau et y trouver des solutions.
c) Une gestion interdépendante d'un bien commun
d'après une participation effective et transparente
Une approche axée sur l'écosystème pour
gérer un bassin multinational tient compte de
l'interdépendance de toutes ses parties et des limites
au stress qu'elles peuvent tolérer avant de subir une dégradation
irréversible. La gestion interdépendante se fonde sur la
reconnaissance de l'eau en tant que bien vital patrimonial commun mondial.
L'eau n'est pas une ressource naturelle comme les autres. Elle est une
ressource irremplaçable, non-substituable, ce qui en fait plus qu'une
ressource, c'est-à-dire un bien vital pour tout être vivant et
l'ensemble de la planète. Tout être humain a le droit,
individuellement et collectivement, d'avoir accès au bien vital.
L'accès à l'eau et l'obligation de sa conservation pour la survie
"appartiennent" à l'humanité, collectivement ; ils ne sauraient
pas faire l'objet d'une appropriation individuelle "privée". Son
utilisation et sa conservation sont le produit de l'histoire de l'homme, un
"patrimoine" de connaissances, de pratiques, d'outils, d'organisations sur
lequel aucun individu ne peut avoir de titre de propriété
personnelle privé, d'où le caractère patrimonial commun du
"bien-eau". Les conditions et les moyens d'accès à l'eau et de sa
conservation ne sont pas non plus une question "individuelle" mais une
tâche et une responsabilité de l'ensemble des êtres humains,
interdépendante commune.
La gestion communautaire des ressources naturelles, et plus
précisément la gestion de l'eau, doit faire partie
intégrante des vastes approches adoptées pour résoudre les
problèmes de pénurie. Gérer localement permet de
démocratiser et de décentraliser la prise de décisions et
l'obligation de rendre compte. Bien orchestrée, la gestion locale donne
aux gens ( surtout aux pauvres et aux défavorisés ) la
possibilité de prendre part à des décisions qui
façonnent leur avenir. Et elle encourage l'intégration du savoir
traditionnel aux avancées scientifiques afin de favoriser une gestion
efficace et équitable des ressources. La gouvernance suppose une
administration publique participative qui associe les citoyens
à l'élaboration, à l'exécution et au contrôle
de l'action publique, dans tous les domaines de la vie nationale.
Elle privilégie la concertation avec tous les acteurs
du développement économique et social et la recherche de
l'adhésion de ces derniers aux décisions des pouvoirs publics. Il
n'y a pas de gouvernance sans la mobilisation volontaire de citoyens actifs
conscients de leurs droits et responsabilités. Il n'y a pas non plus de
développement sans la participation de populations averties des enjeux
de leur environnement et cadre de vie. La formation, l'information et la
mobilisation du citoyen sont les moyens majeurs pour y parvenir. Cette
dimension renvoie à l'importance de la société civile dans
la promotion d'une conscience citoyenne et dans la sensibilisation des
citoyens.
La prise en charge financière de l'eau doit être
faite au niveau de l'individu et au niveau de la communauté selon les
principes de responsabilité et d'utilité et dans le respect de
l'éthique et de la démocratie. Or, si l'eau est un bien vital
patrimonial commun évident pour toute communauté humaine "locale"
(le village, la ville, la région et le pays), les modalités, les
conditions et les moyens de son utilisation, promotion et conservation sont
structurellement liés à son caractère de bien vital
interdépendant pour l'ensemble de l'écosystème Terre. Le
sujet primaire de la patrimonialité commune de l'eau est
l'humanité, la communauté mondiale, d'où
inévitablement le caractère de "bien mondial" de l'eau. Les
droits et les devoirs vis-à-vis de l'eau sont des
droits / devoirs collectifs, et non pas individuels privés. Il
nécessite une participation effective et transparente de tous les
partenaires concernés. À l'heure actuelle, les sujets reconnus
comme étant des sujets "juridiques" de droits et de devoirs sont des
individus, des organisations publiques et privées, des États, des
organisations internationales et intergouvernementales.
Le caractère interdépendant de l'eau
démontre la faillite de l'idée de l'eau comme une marchandise
à vendre. C'est vrai que les pays nilotiques n'ont pas pris des mesures
pour lutter contre cette idée mais le manifeste de l'eau pour un
contrat mondial considérait un exemple. C'est un contrat qui
défend quatre principes fondamentaux,
selon Riccardo PETRELLA197(*). D'abord, l'eau est un bien commun. Ensuite,
l'accès à l'eau est un droit. Il faut aussi une
responsabilité collective dans la gestion de cette ressource
limitée, et essentielle à l'humanité. Ce qui veut dire,
enfin, que le financement nécessaire pour approvisionner le monde en eau
est l'affaire de chacun. Avec la privatisation, nous risquons un marché
de l'eau comme nous avons un marché du pétrole. Or, nous ne
pouvons pas soumettre l'eau à une logique de marché. Qui
assurerait l'accès à l'eau pour ceux qui ne peuvent pas payer ?.
Il faut distinguer la propriété de l'eau, qui est publique et
appartient au peuple, et les services de l'eau, qui peuvent être entre
les mains d'une entreprise privée, mais doivent être
surveillés par l'Etat.
A Rio en 1992, l'eau avait été reconnue comme un
droit de l'homme. En mars 1996, le Conseil mondial de l'eau et les
gouvernements, Etats-Unis et Canada entre autres, avec l'accord de la Banque
mondiale et des multinationales, ont refusé que l'accès à
l'eau soit inscrit comme un droit humain dans la déclaration finale. Ils
ont reconnu l'eau seulement comme un besoin vital. Cela laisse entendre qu'elle
peut être considérée comme un bien économique, dont
la valeur serait déterminée en fonction du marché. La
pression est aussi de plus en plus forte pour reconnaître que l'eau doit
devenir une «marchandise» au même titre que d'autres ressources
ou biens.
Dès lors, nous pourrions s'en remettre au marché
afin de réguler sa demande, tant pour réduire globalement sa
consommation que pour arbitrer entre ses divers usagers, au plan national mais
aussi international. Cette approche a son intérêt : valoriser une
ressource toujours plus précieuse et réduire son gaspillage.
Mais, si les mécanismes du marché en venaient à
régner sans partage, qu'adviendrait-il du rôle de la puissance
publique? comment pourrait-elle exercer sa responsabilité en
matière de justice sociale, en particulier vis-à-vis de tous ceux
dont la soif d'eau potable n'est toujours pas asséchée ?.
L'eau : droit ou marchandise ? si l'eau est un droit, il faut
assurer le respect du droit de tous à l'eau qui dès lors est
considérée comme faisant partie du patrimoine commun de
l'humanité. C'est le droit des gens qui passe avant tout. Mais si l'eau
est un besoin, elle devient une marchandise comme les autres, quelque chose
qu'on achète si on en a les moyens ; et personne n'a de droit sur une
marchandise. Le client satisfait son besoin, moyennant paiement. Bref, cette
troisième stratégie détermine l'aspect régional
d'un bien interdépendant selon une participation effective et
transparente, mais aussi montre l'avis commun envers le refus de
considérer l'eau comme un bien économique.
En premier lieu, il n'est pas toujours évident de
décider qui doit y participer. Les gouvernements ont souvent tendance
à traiter l'eau comme un problème de politique
étrangère et, de ce fait, à charger leurs diplomates de
l'élaboration d'accords bi- ou multilatéraux. Or, exclure de ces
négociations toute une série d'acteurs non gouvernementaux
(agriculteurs, industriels, écologistes, femmes, etc.), dont les
activités influent directement sur l'état des bassins versants,
et dont la survie dépend de cette ressource, est une erreur. Ces
groupes, de même que les autorités locales ou les populations
indigènes, peuvent apporter de précieux savoirs techniques et
traditionnels. Identifier les acteurs clés n'est qu'une première
étape.
Ensuite, il faut encourager les « expertises communes
», c'est-à-dire trouver les experts susceptibles d'être
acceptés par tous les intéressés et délimiter leur
domaine d'étude. Il n'existe pas de tribunal international de l'eau et
ceux qui en réclament la création ont peu de chances d'être
entendus à court terme. Quant à l'extension de «
casques verts »198(*) qui seraient une sorte de contrepartie
écologique aux casques bleus des Nations unies, chargés du
maintien de la paix, il nous semble une nouvelle idée possible. Enfin,
pour qu'un accord soit suivi d'effet, il faut que les acteurs de terrain
s'engagent. Les négociations sur l'eau ne peuvent plus être de la
seule responsabilité des élus politiques. Le dialogue doit
être élargi. Une plus grande transparence est aussi
nécessaire au niveau de la prise de décision, et une plus grande
rigueur au niveau des données scientifiques sous-tendant les accords
conclus.
Pour conclure, tout au long de ce chapitre, nous avons
essayé de montrer l'évolution de la question de l'eau, en ce qui
concerne les défis internes et externes et les stratégies. Les
défis internes, voire l'instabilité politique et l'explosion
démographique, ont mené vers une situation instable dite d'une
guerre de l'eau. Ensuite, les défis externes étaient un
élément accélérateur vers l'idée de la
coopération. La tombée de l'Afrique comme cible, dans la
concurrence franco-américaine, pousse les pays africains de penser
à se coopérer au lieu de recommencer une nouvelle période
de polarisation. L'aspect transnational de l'eau, le fait de la traiter comme
un bien commun à l'humanité, et le besoin de coopérer pour
la bien gérer que de faire la guerre pour la contrôler, toutes ces
évolutions aident les riverains à repenser leurs
stratégies. Les stratégies, considérées comme des
réponses aux défis, se divisent, tout d'abord, entre
stratégies nationales. C'est vrai nous avons cité celles de
l'Egypte mais nous n'avons pas réussi de trouver les stratégies
nationales du reste des pays nilotiques. Ensuite, les stratégies
régionales visant à réaliser la gouvernance de l'eau, se
fonde sur un propos coopératif avec des capacités
institutionnelles. Etant donné que la diplomatie coopérative est
le sujet principal du troisième chapitre, elle demeurait la solution la
plus rationnelle après la mise en cause et en question de l'accord de
1959, d'une part, et la multiplication des défis internes et externes,
d'autre part.
TROISIEME PARTIE : La coopération
multilatérale entre les pays nilotiques et les institutions
internationales
A mesure que la confiance mutuelle s'installe, que
certaines questions semblent toucher toutes les parties et qu'une action
organisée peut permettre de la traiter efficacement, la
coopération s'accroît graduellement au point où les pays
participants ressentent le besoin de mener une telle action ou d'affecter
davantage de ressources199(*). La coopération sur le développement
du Nil n'est pas un fait nouveau. Des efforts ont été
menés pour donner aux pays le droit d'exploitation du fleuve, par le
biais d'institutions communes telles que l'Undugu200(*) et le TeccoNile201(*). Cependant, ces tentatives
se sont soldées par des échecs, principalement parce qu'elles
n'ont pas réussi à gagner la confiance des États riverains
ni à gagner leur participation. Beaucoup, dont l'Éthiopie, ont
refusé de s'associer à ces programmes considérant qu'ils
avaient pour but d'institutionnaliser le statu quo injuste sur les eaux du Nil,
tel que l'attestait l'accord de 1959. Pendant la période de la Guerre
froide, il n'avait jamais existé un degré de confiance minimum
nécessaire pour assurer une coopération. Mais, sa fin a ouvert la
porte devant une démarche vers la coopération.
Avant d'évoquer l'Initiative du Bassin du Nil, il ne
faut pas oublier le rôle de l'adhésion de l'Egypte au
Marché commun des Etats d'Afrique orientale et australe
« COMESA », le 29 juin 1998202(*). Elle a aidé à
dissoudre les anciennes tensions, surtout avec l'Ethiopie. Le COMESA est
né de la Zone d'échanges préférentiels (ZEP) des
Etats de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe, créée en
1981. Conçu en 1981 avec la signature par 20 pays d'un accord commercial
préférentiel, le COMESA s'est transformé en 1994 en
marché commun, avec une représentation permanente dans la
capitale zambienne. C'est en novembre 1993, qu'a été signé
l'accord de fondation du COMESA à Kampala, en Ouganda, et en
décembre 1994, l'accord entre en vigueur. Les membres du COMESA sont
l'Angola, le Burundi, les Comores, la République démocratique du
Congo, le Djibouti, l'Egypte, l'Erythrée, l'Ethiopie, le Kenya,
Madagascar, le Malawi, Maurice, la Namibie, le Rwanda, les Seychelles, le
Soudan, le Swaziland, l'Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe203(*).
La Zone de libre échange a été
inaugurée le 31 octobre 2000 par 9 pays du COMESA (l'Egypte, le
Djibouti, le Kenya, le Malawi, le Madagascar, la Mauritanie, le Soudan, la
Zambie et le Zimbabwe). D'ici 2004, le COMESA devrait préparer une union
douanière qui prévoit la libre circulation de personnes, de la
main-d'oeuvre et des services et faciliter l'obtention de permis de
séjour pour les citoyens des pays membres. Le COMESA compte 380 millions
d'habitants. Son produit intérieur brut s'élève à
166 milliards de dollars. Les relations commerciales intérieures des
États membres atteint 4.2 milliards de dollars, pour un volume total
d'échanges de 63 milliards de dollars par an204(*).
La principale mission du COMESA est de renforcer la
coopération économique entre les Etats membres par l'application
des politiques communes et les programmes visant la réalisation d'une
croissance et d'un développement durable, ainsi que l'intégration
du marché. Les programmes principaux sont le commerce, la douane et
l'harmonisation monétaire, le développement des infrastructures
(y compris le transport et les communications), la gestion de réseaux,
la promotion de l'investissement et le développement du secteur
privé (y compris les sous-secteurs agricole et industriel), ainsi que
les affaires juridiques et institutionnelles. Le COMESA vise à
créer une zone de libre circulation des marchandises et des capitaux. En
outre, l'objectif est d'élever la compétitivité des
produits régionaux pour garantir un meilleur niveau de vie aux
populations. Pour réaliser ces objectifs, le COMESA suit les
stratégies205(*) suivantes : - Libérer complètement
le commerce entre les pays membres ; - Encourager la
complémentarité industrielle à travers la planification de
la production et des projets communs ; -
Renforcer les infrastructures et lier les réseaux routiers,
maritimes et aériens ; - Coopérer dans les
domaines de la science et des technologies.
L'adhésion de l'Egypte au COMESA est reliée
à la sécurité nationale égyptienne, surtout la
sécurité hydraulique. Puisque la plupart des Etats du bassin du
Nil sont membres au COMESA, l'adhésion de l'Egypte renforce leur
rôle vital entre ces pays206(*). L'adhésion de l'Egypte au COMESA resserre
ses relations avec les pays riverains du Nil, et lui favorise un
mécanisme dont la mission est de traiter les problèmes
susceptibles de surgir dans les cadres des relations hydrauliques. Donc, la
période de coopération a commencé dès
l'adhésion de la majorité des pays nilotiques au COMESA.
L'adhésion à ce groupe a donné à l'eau un aspect
géoéconomique207(*), c'est-à-dire pas seulement les
intérêts politiques qui influencent sur les décisions
hydrauliques mais aussi les intérêts économiques.
Si l'adhésion égyptienne au COMESA
aidait à dissoudre les tensions avec les nilotiques, l'Ethiopie
connaîtrait des bouleversements propres à influer sur l'avenir de
la région comme sur celui du Nil. Le renversement du régime
socialiste du Mengistu Haïlé MARIAM en mai 1991 par un
régime libéral tenu par le chef du gouvernement Meles ZENAWIE,
chef du FDRPE, a ouvert la voie à des changements structuraux dans la
politique extérieure aussi bien que dans la société
éthiopienne. Le nouveau maître de l'Ethiopie, originaire du Nord
du Tigré, n'a ni le désir ni la possibilité de
négliger le développement de sa propre région208(*). Or, développer le
Nord, cette province attaquée par une terrible famine, par la
sécheresse, les pousse à adopter une attitude nouvelle pour
pouvoir profiter des eaux du Nil et du lac Tana.
Selon le point de vue du Dr Abd El Malek
OUDA209(*), le
changement dans l'attitude de l'Egypte et de l'Ethiopie consiste le pas
principal vers l'adhésion à l'Initiative du Bassin du Nil. D'une
part, l'Ethiopie de Zenawi a quitté l'idée de pas de
coopération qu'après la révision de l'accord de 1959. Et
d'autre part, l'Egypte voit que plus de coopération avec l'Ethiopie
n'influence pas négativement sur sa sécurité nationale
hydraulique. L'Egypte a abandonné l'idée d'un bassin uni, c'est
ce que nous allons le voir avec l'accord égyptien sur le Programme
d'Action Subsidiaire et ses projets aux sous-bassins dans les deux sources
éthiopiennes et équatoriales. En plus, les nouveaux
leaders des pays nilotiques cherchent la crédibilité et la
légitimité de leurs pouvoirs, celles-ci ne se réalisent
que par la stabilité et le développement agricole. Ce
développement signifie la sécurité alimentaire qui
nécessitent des projets d'infrastructure et d'électricité.
Ces projets ont besoin d'une gestion commune des eaux du Nil selon une
coopération entre tous les partenaires concernés.
Les nouveaux leaders apparaissent sur l'ensemble du
continent. Pragmatiques et soucieux de résultats concrets, ils sont
déterminés à améliorer la vie quotidienne de leurs
compatriotes et à prendre des décisions difficiles qui auraient
été impossibles dans le contexte idéologique, il y a dix
ans. D'une manière générale, la plupart d'entre eux
conviennent de la nécessité d'une croissance
accélérée et multisectorielle à laquelle devront
être associées les populations et les régions
restées à l'écart de la vie nationale. Pareil
progrès doit être inspiré par les gouvernements, mais
induit par le secteur privé. À l'instar des nouveaux responsables
nationaux, le secteur privé et les organisations non gouvernementales
sont aujourd'hui plus dynamiques. En bref, les Africains prennent en main leur
destin.
La coopération multilatérale constitue
un mur contre les tensions, les guerres et les perturbations régionales,
et il faut par conséquent la développer ou, à tout le
moins, la maintenir en état. Elle signifie paix et
stabilité210(*)
ou, au moins, un effort valable en ce sens. Bref, si les Etats
coopèrent, c'est par simple opportunisme, lorsqu'il est dans leur
intérêt de le faire. Le cas du Nil, bassin de discorde, a
longtemps été dominé par des conflits entre les
utilisateurs de l'aval Soudan, de l'Egypte et de l'Ethiopie. La gestion de ce
fleuve a commencé à progresser vers une meilleure entente entre
les dix pays riverains avec d'abord, en 1995, la mise en place d'une structure
de coopération « Nile River Basin Action Plan »
NRBAP, grâce à l'appui de la Banque mondiale, du PNUD et du Canada
avec l'ACDI. Cela a abouti à l' « Initiative du Bassin du Nil
» (IBN), lancée en février 1999, à Dar' Es-Salam, en
vue du développement durable du bassin s'appuyant sur un Consortium
financier (ICCON), pour les bénéfices de tous.
Dans ce dernier chapitre, nous traitons l'Initiative
du Bassin du Nil (IBN) comme exemple de la première coopération
multilatérale entre tous les riverains nilotiques, ainsi ses objectifs,
son cadre institutionnel et ses projets régionaux et
sub-régionaux. Ensuite, nous abordons le partenariat avec les
institutions internationales et les bailleurs de fonds, et leurs
stratégies. Enfin, nous terminons notre travail par quelques
perspectives pour l'avenir coopératif au bassin du Nil et au MENA.
D. L'Initiative du Bassin du Nil211(*) (IBN)
L'Initiative du Bassin du Nil est un arrangement transitionnel
qui aide à passer vers un cadre permanent de coopération. Bassin
du Nil : « Du Désaccord à la Coopération :
depuis l'engagement en 1999 de la coopération pour l'Initiative du
Bassin du Nil, les discussions entre les dix212(*) pays signataires ont
fait preuve d'un esprit de coopération et non de
conflit », a dit M. Mohamed HAGOS, Président du
Comité Technique Consultatif ; « nous travaillons sur une
base d'intérêts communs contrairement à l'esprit
antérieur ». Cette initiative a profité bien de la
volonté politique213(*), ce qui manquait dans les précédents
exemples de coopération. Cette Initiative discute les problèmes
liés à l'environnement, à la conservation de l'eau, aux
priorités de développement de la région nilotique
(ex : la sécurité alimentaire), à la gestion des eaux
transfrontalières, à la restauration de la paix et de la
solidarité ainsi qu'à l'établissement des aspects
institutionnels. Du point de vue du Dr Abd El Malek OUDA214(*), l'accord de 1959 a
réussi au niveau bilatéral pendant la période de la Guerre
froide, mais dès sa fin, l'Accord a été remis en cause et
en question.
a) Les objectifs de l'Initiative
Cette Initiative a été lancée à
Dar' Es-Salam, en Tanzanie, en février 1999. Elle s'inscrit à
l'occasion du prolongement des efforts antérieurs de coopération.
En mai 1999, elle a été reconnue officiellement sous le nom de
l'Initiative du Bassin du Nil (IBN). Pour la première fois de
leur histoire, les pays riverains ont sérieusement pris conscience de la
nécessité d'agir conjointement. Ils se sont mis d'accord pour
organiser leur coopération jusqu'à la mise en place d'un cadre
institutionnel permanent. L'Initiative procède de la volonté
partagée de « promouvoir un développement
économique durable pour une utilisation équitable des eaux du
bassin du Nil, avec une juste répartition des avantages de cette
ressource commune ». L'IBN adopte les
objectifs215(*) suivants :
· Développer les ressources du bassin du Nil d'une
façon durable et équitable pour réaliser la
prospérité, la sécurité et la paix ;
· Garantir une gestion efficace de l'eau selon une
coopération entre tous les pays riverains du fleuve ;
· Assurer la coopération et l'action conjointe
entre les pays riverains dans le but de voir chacun des acteurs tirer profit de
cette coopération ;
· Lutter contre la pauvreté et réaliser
l'intégration économique de tous les partenaires ;
· Garantir la transformation de ses programmes de la
planification vers l'application.
Aujourd'hui, le bassin du Nil est caractérisé
par la pauvreté, l'instabilité, la croissance
démographique galopante et la dégradation environnementale. Il y
a quatre pays du Bassin parmi les dix pays les plus pauvres du monde, avec un
revenu annuel de 100 à 200 dollars par personne216(*). Bref, le Bassin a besoin de
ce développement selon une gestion coopérative entre tous les
riverains.
Les dix pays visent à réaliser une
vision commune217(*) pour tout le bassin du
Nil. Cette vision commune cherche
à effectuer un « développement socio-économique
durable selon une utilisation équitable des ressources pour bien
profiter de ces ressources communes en eau du Bassin ». Pour traduire la
vision commune à un plan d'action, les pays riverains ont
développé un Programme218(*) d'Action
Stratégique, fondé sur deux idées
complémentaires : Vision commune (au sommet) et plan d'action (sur le
terrain)219(*). De la
vision commune sort un cadre d'actions concrètes pour la bien
réaliser. Pour bien appliquer le plan d'action, l'initiative a mis
deux programmes complémentaires : un Programme de
Vision Commune (SVP) et un Programme d'Action Subsidiaire (SAP).
Pendant l'étape de la mise en oeuvre du Programme
d'Action Stratégique, nous voyons le rôle des gouvernements du
Danemark, de la Finlande, de l'Allemagne, de l'Italie, des Pays-Bas, de la
Hollande, de la Norvège, de la Suède, de la Grande-Bretagne et
des Etats-Unis, avec l'OAA / FAO et la Banque Mondiale.
Le Programme de Vision Commune220(*) vient de finaliser des
fiches de projets tant au niveau national qu'au niveau sous régional
dans sept secteurs jugés prioritaires,
ainsi que le domaine de la communication. Ils ont le but de bien établir
un cadre coopératif entre tous les riverains nilotiques. Ce cadre
coopératif qui a pour but le développement du bassin du Nil, est
fondé sur les mécanismes suivants :
1. Etablir le dialogue et la confiance entre tous les
nilotiques ;
2. Mettre en oeuvre des stratégies communes et des
cadres d'analyses ;
3. Construire les capacités humaines et
institutionnelles ;
4. Adopter des moyens d'application et de
démonstration.
A côté de ce Programme de Vision Commune, il
existe un Programme d'Action Subsidiaire221(*) pour développer les
sous-bassins. Ce programme se décompose en deux
sous-programmes de travail :
1. Le Programme d'Action Subsidiaire de l'Est du
Nil222(*) regroupe l'Egypte, le Soudan et
l'Ethiopie. Ils ont distingué sept sous-projets dont les
responsables investissent dans la gestion des ressources de l'eau, la gestion
des inondations, l'interconnexion de l'énergie, l'irrigation et le
drainage.
2. Le Programme d'Action Subsidiaire des Lacs
Equatoriaux du Nil223(*) regroupe le Burundi, la RDC,
l'Egypte, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, le Soudan et l'Ouganda. Ces pays se
sont mis d'accord sur douze sous-projets pour investir dans la lutte
contre la pauvreté, le développement économique, le
développement agricole et le développement de l'énergie
hydraulique.
b) Le cadre institutionnel : le Nile-COM, le Nile-TAC, le
Nile-SEC et l'ICCON
En visant à réaliser une gouvernance de
l'eau, l'Initiative adoptait un cadre institutionnel. Créer un cadre
institutionnel capable et responsable a pour but de faciliter la coordination
entre les partenaires, de suivre l'application des objectifs visés, et
d'évaluer la mise en oeuvre des projets. C'est la reconnaissance que la
gestion efficace de l'eau comporte des tâches d'ordre administratif aussi
bien que technique, que l'entretien régulier entre tous les partenaires
est aussi important que la construction initiale sans accord et que, de temps
en temps, la mise en application de règlements puisse être
nécessaire.
a. Le Conseil des Ministres du Nil
(Nile-COM)
Le Conseil des Ministres du Nil (Nile-COM), composé des
ministres chargés des ressources en eaux dans les pays nilotiques, est
l'organe suprême de l'Initiative du Bassin du Nil. Il est l'instance de
la décision politique de l'Initiative. Il surveille tous les aspects de
la procédure de l'Initiative. Sa présidence est par rotation
annuelle, commencée par l'Ethiopie et puis le Soudan. Lors de la
réunion extraordinaire du Conseil des Ministres chargés des
ressources en eaux dans les pays nilotiques, organisé du 28 au 29 mars
2001 à Khartoum, au Soudan, le Comité Consultatif Technique
(Nile-TAC) a présenté une liste des projets du Programme de
Vision Commune dont le but était d'obtenir la recommandation du
Nile-COM. Le Nile-COM les a recommandés lors de sa réunion au
Caire, le 14 février 2002224(*). Ces projets sont :
1. L'action environnementale transfrontalière de l'eau
du Nil
2. Le commerce de l'énergie régionale du bassin
du Nil
3. L'utilisation efficace de l'eau pour la production
agricole
4. La planification et la gestion des ressources de l'eau
5. La construction de confiance et l'insertion des enjeux
(communication)
6. Les formations appliquées
7. Le développement socio-économique et
les bénéfices communs
b. Le Comité Consultatif Technique
(Nile-TAC)
Le Comité Consultatif Technique (Nile-TAC) où
siègent deux conseillers de chaque Etat membre, forme un comité
des conseillers techniques. Le Comité contient un représentant de
chaque pays riverain et un alterné dont les membres sont 18. La Banque
mondiale, le PNUD et l'ACDI peuvent participer comme observateur sous
invitation. Le Nile-TAC qui a été établi par le Nile-COM,
a tenu sa première réunion à Dar' Es-Salam, en Tanzanie du
13 au 16 juillet 1998, et sa 5ème réunion a
été tenue à Entebbe, en Ouganda du 30 août au 3
septembre 1999.
Son premier Président pour la période ( mars
1998 - mai1999) était M. Meraji O. Y. MSUYA, le Directeur du
Département des Ressources en Eaux en Tanzanie. Le deuxième pour
la période (mai 1999 - juillet 2000), était Dr Mohamed AHMED
HAGOS du Ministère de l'Eau en Ethiopie. Le troisième, juillet
2000 - février 2002, était Dr Osman EL TOM HAMAD du
Ministère de l'Irrigation et des Ressources en Eaux au Soudan. Le
quatrième et l'actuel est M. Ahmed Fahmy ABDALLA du Ministère des
Ressources en Eaux et de l'Irrigation en Egypte. Toutes ses activités et
ses fonctions dérivent des instructions données par le Nile-COM.
Ses fonctions sont d'établir la procédure des projets
recommandés par l'Initiative. Aussi la responsabilité de
co-ordination entre les activités de l'Initiative et la direction de
travail par le Nile-SEC. En plus, le Comité a le rôle de
préciser les projets prioritaires établis par le Programme de
Vision Commune, pour être présentés au Nile-COM et puis
à l'ICCON225(*).
Donc, ses fonctions tournent autour : la préparation
des projets prioritaires pour être présentes au Nile-COM ; la
coordination entre tous les projets de tous les programmes ; la coordination
entre les activités de l'Initiative au niveau national ; la
préparation des plans de travail, concernant les programmes et les
projets du bassin et des sous-bassins, au Nile-COM.
c. Le Secrétariat du Bassin du Nil
(Nile-SEC)
Le secrétariat du Bassin du Nil (Nile-SEC) qui
réside à Entebbe en Ouganda, gère la planification des
activités de l'Initiative du Bassin du Nil, selon une coordination entre
le Comité Consultatif Technique (Nile-TAC) et le Conseil des Ministres
du Nil (Nile-COM). Il fonctionnait dès le premier juin 1999 sous
l'autorité du Nile-COM. Pendant les six premiers mois, il a
été financé par l'ACDI et puis son financement a
été remplacé par les contributions des pays riverains du
Bassin du Nil. Son premier Directeur exécutif est M. Meraji O. Y. MSUYA,
le Directeur du Département des Ressources en Eaux en Tanzanie.
Ses fonctions sont de rendre les services administratifs au
Nile-COM, au Nile-TAC et aux projets. Il est le bras exécutif de
l'Initiative du Bassin du Nil. Il est responsable de faciliter les logistiques
de soutien pour les projets, le Nile-TAC et le Nile-COM. Il clarifie les
différents rôles des institutions de l'Initiative. Il soutient les
activités relatives à l'initiative comme la série de
Conférences Nile 2002226(*). De plus, il est responsable de financement de
l'Initiative et du cadre communicatif avec les peuples nilotiques227(*).
d. Le Consortium International pour la
Coopération dans le Bassin du Nil (ICCON)228(*)
L'objectif du Consortium International pour la
Coopération dans le Bassin du Nil (ICCON) est d'organiser le partenariat
entre les pays riverains du bassin du Nil et la communauté
internationale. Il coordonne le financement229(*) bilatéral, multilatéral et
privé, pour soutenir la coopération de la gestion des ressources
des eaux et le développement des projets de l'Initiative du Bassin du
Nil. Aussi vise-t-il à créer un forum regroupant les pays
riverains d'un côté, et les bailleurs de fonds de l'autre
côté. Donc, la structure de l'ICCON regroupe des
représentants des pays riverains, de la Banque mondiale, et de chaque
partenaire donateur public ou privé.
La première conférence de l'ICCON a
été organisée du 26 au 28 juin 2001, à
Genève. Et la deuxième aura lieu à Entebbe, en Ouganda du
15 au 17 octobre 2002. C'était un forum qui a lancé la
coopération entre les dix pays riverains du bassin du Nil et les
bailleurs de fonds de la communauté internationale (la Banque mondiale,
le PNUD et l'ACDI) sous forme d'un partenariat de longue durée. Ce forum
a encouragé le dialogue sur la coopération, le
développement durable et la pauvreté. La Conférence
cherchait à déterminer les modes de financement pour les
programmes actuels de l'Initiative et pour les futurs investissements. La
Conférence garantissait 200 millions de dollars pendant les six
prochaines années pour la mise en oeuvre des projets de la Vision
commune.
Le Groupe Consultatif de L'ICCON
(ICCON-CG)230(*) créé à la demande du Nile-COM,
est un sous-groupe de l'ICCON. Ses membres incarnent le partenariat entre la
Banque mondiale et les autres partenaires coopératifs. Comme il regroupe
des membres donateurs, il contient aussi des représentants des pays
riverains pour faciliter la coopération entre les deux partenaires. Les
mécanismes de financement, proposés par l'Initiative du Bassin du
Nil, reflètent plusieurs objectifs :
· Augmenter la surveillance des pays riverains sur la
procédure de financement ;
· Organiser des réunions entre les
représentants des bailleurs de fonds et les responsables financiers des
pays riverains ;
· Etablir un statut de capacité dans les pays
riverains vis-à-vis de la Banque mondiale.
Le Cartel des Fonds du Bassin du Nil
(NBTF)231(*) contrôle le cadre financier
du Groupe Consultatif de l'ICCON. Il soutient le Programme de Vision Commune,
la préparation du Programme d'Action Subsidiaire et la procédure
de l'Initiative du Bassin du Nil concernant le Nile-SEC. Les fonds vont avoir
onze fenêtres : sept fenêtres pour les sept projets du Programme de
Vision Commune, deux fenêtres pour le Programme d'Action Subsidiaire (une
pour l'ENSAP et une autre pour le NELSAP), une fenêtre pour faciliter les
activités d'autres initiatives complémentaires, et une
fenêtre finale pour les soutiens non encore attribués à
l'Initiative du Bassin du Nil.
Le Comité de l'NBTF232(*) regroupe des membres du
Nile-COM ainsi qu'un représentant de la Banque mondiale. Ce
Comité oriente le financement vers les projets ciblés. Selon la
première conférence de l'ICCON, les besoins financiers sont de
122 millions de dollars pour la mise en oeuvre des projets du Programme de
Vision Commune, de 79 millions de dollars pour la préparation des
projets du Programme d'Action Subsidiaire, et de 10 millions de dollars pour la
facilitation de la gestion de l'Initiative du Bassin du Nil233(*).
c) Les projets régionaux au Bassin et aux bassins
subsidiaires234(*)
Après la fin réussite de la conférence de
l'ICCON à Genève, les activités actuelles de l'Initiative
du Bassin du Nil se concentrent sur la préparation de la mise en oeuvre
de ses programmes initiaux. Il y a deux grands types d'activités : les
projets du Programme de Vision Commune qui couvrent tous les pays riverains,
et ceux qui touchent les deux sous-programmes du Programme d'Action Subsidiaire
(ENSAP et NELSAP).
a. Le Programme de Vision Commune (SVP)235(*)
L'objectif principal du Programme de Vision Commune (SVP) est
de créer un environnement favorable à la gestion
coopérative, à l'engagement et au dialogue, avec des moyens
pratiques à la construction et des capacités institutionnelles et
humaines au bassin du Nil. Ce programme contient sept projets ; quatre
concernant les thèmes suivants : la gestion de l'environnement, le
commerce d'énergie, l'utilisation de l'eau sanitaire pour l'agriculture,
la planification et la gestion des ressources en eaux. Les trois autres sont
facilitatifs et de soutien comme : la construction de confiance,
l'insertion des parties prenantes, les formations appliquées, le
développement socio-économique et les bénéfices
partagées. Chacun a un objectif différent tant par la nature de
la cible que par son envergure236(*) :
1. L'action environnementale transfrontalière de l'eau
du Nil établit un cadre convenable pour le développement
durable au bassin du Nil.
2. Le commerce de l'énergie régionale du bassin
du Nil évoque un cadre institutionnel pour coordonner le
développement des marchés régionaux de l'énergie
avec les pays riverains du Bassin.
3. L'utilisation efficace de l'eau pour la production agricole
augmente l'efficacité de l'utilisation de l'eau pour la production
agricole.
4. La planification et la gestion des ressources de l'eau
analysent la gestion commune et la protection des eaux du Nil pour un
développement durable du Bassin.
5. La construction de confiance et l'insertion des enjeux (la
communication) renforcent la confiance entre tous les partenaires, sous
l'égide de l'Initiative du Bassin du Nil et assurent la
réalisation des enjeux de l'Initiative et de ses projets.
6. Les formations appliquées donnent corps à
l'Initiative dans les divers domaines de l'eau au niveau du secteur public et
privé, et créent des centres pour développer des
programmes permanents pour le développement du Bassin.
7. Le développement socio-économique et les
bénéfices communs harmonisent les choix des priorités du
développement coopératif, et développent les
critères, les méthodes et les cadres de bénéfices /
coûts, ainsi que la gestion des risques.
Ces projets préparés par le Nile-COM et le
Nile-TAC, vont être gérés par le Nile-SEC. Leur mise en
oeuvre est fondée sur une large participation des experts nationaux des
pays riverains. Il y a huit experts nationaux de chaque pays riverain qui
représentent l'environnement, le commerce de l'énergie,
l'agriculture, l'irrigation, les ressources de l'eau, les stages et les
communications.
(1) L'Action Environnementale Transfrontalière
de l'Eau du Nil
L'objectif : Réaliser un cadre
stratégique pour le développement durable du bassin du Nil.
Créer une relation harmonieuse entre le développement des
ressources en eau et l'environnement.
Les résultats visés :
Créer des liens entre le niveau macro et le niveau micro des
secteurs concernés pour faciliter la prise de décision dans le
domaine de l'environnement. Augmenter la conscience de la société
civile avec des programmes éducatifs environnementaux à
l'université et dans des instituts de recherche. Réaliser une
capacité régionale pour la gestion durable des marais.
Les éléments principaux :
· Le développement institutionnel pour faciliter
la coopération régionale
o Des politiques au niveau macro et micro des secteurs
concernés
o Un système de prise de décision fondé
sur les aspects écologiques
· Les terres au niveau communautaire et la conservation
de l'eau
o Des outils prioritaires pour lutter contre la
dégradation des sols
o Des liens avec des ONG pour la conservation des eaux
· La prise de conscience de l'éducation
environnementale
o La création d'une prise de conscience publique
d'après l'éducation
o L'établissement des liens entre les instituts de
recherche et l'opération éducative
· La conservation de la diversité biologique dans
les marais
o Une gestion effective des aires protégées
o La prise en conscience du rôle joué par les
marais dans la conservation environnementale
· L'évolution de la qualité de l'eau
o La création d'un cadre institutionnel national pour
vérifier la qualité de l'eau
o La surveillance de la qualité sanitaire de l'eau
(2) Le Commerce de l'Energie Régionale du
bassin du Nil
L'objectif : Etablir une base
institutionnelle pour coordonner le développement des marchés
régionaux de l'énergie tout au long des pays riverains du Nil.
Les résultats visés :
Organiser un forum pour obtenir la coordination de tous les Etats riverains.
Présenter toutes les opportunités de l'offre et de la demande de
l'énergie.
Les éléments principaux :
· Un forum pour l'énergie
o La facilitation de dialogue entre les pays riverains
o Des commissions pour les études de cas
o La coordination entre les différentes analyses
énergétiques
o Des programmes de stages
· Des analyses pour bien comprendre les mécanismes
de marché de l'énergie
o Ces analyses se fondent sur les besoins de l'offre et de la
demande
(3) L'Utilisation Efficace de l'Eau pour la
Production Agricole
Les objectifs : Augmenter l'efficacité
de l'utilisation de l'eau pour la production agricole.
Les résultats visés : Augmenter
la productivité de l'eau et de la production agricole. Assurer un
environnement convenable pour une gestion durable de l'irrigation.
Développer le système d'irrigation dans tous les pays
riverains.
Les éléments principaux :
· Consultations régionales et stages
o L'organisation des stages et des séminaires
o La coordination entre les différentes consultations
au niveau national de chaque pays riverain
· Démonstrations de l'expérience du
développement de l'irrigation
o L'échange des bonnes expériences
o L'échange des résultats avec les organisations
d'irrigation et les institutions de recherche
(4) La Planification et la gestion des Ressources de
l'Eau
Les objectifs : Etablir une capacité
analytique pour réaliser le développement durable. Gérer
les eaux du Nil d'une façon équitable, optimale, intégrale
et durable.
Les résultats visés : Soutenir
les politiques nationales hydrauliques et aider à mettre en oeuvre les
projets nécessaires. Coordonner entre la préparation et la
gestion des projets conjoints. Faciliter l'application des projets au niveau
national, sous-régional et régional.
Les éléments principaux :
· La procédure en ce qui concerne le
développement des politiques hydrauliques
o Des indices pour une bonne application des politiques de la
gestion des ressources hydrauliques
· La planification et la gestion des projets
o Des indications pour la préparation des projets et
leurs plans d'application
o Des indications pour la gestion des projets
o Des indications techniques en ce qui concerne les projets
communs entre plusieurs pays riverains du Bassin
· Un système de soutien à la prise de
décision dans le bassin du Nil
o L'établissement des capacités humaines et
institutionnelles
o Le développement des stages techniques
o La mise en oeuvre d'une modélisation pour le
Bassin
(5) La Construction de Confiance et l'Insertion des
Enjeux (communication)
Les objectifs : Assurer la
confiance entre les pays nilotiques concernant la mise en oeuvre des projets au
niveau national et régional.
Les résultats
visés : Créer une base de données pour l'Initiative et ses
projets. Faciliter l'accès aux informations au public dans les pays
riverains. Créer une unité de communication avec le
Secrétariat Nile-SEC pour faciliter le dialogue entre tous les
partenaires.
Les éléments
principaux :
· La création d'une base de données pour le
public
o Le développement et la mise en application des
campagnes d'information pour le public
o Le développement des capacités des
informations des médias
· L'établissement des capacités
communicatives
o La préparation des plans pour le développement
des capacités communicationnelles
o La création des politiques de dialogue
o L'orientation du Nile-SEC et des gouvernements vers la
communication développementaliste
o L'évaluation des communications nationales pour
réaliser le développement
o L'évaluation des communications régionales
pour réaliser le développement
(6) Des Formations Appliquées
Les objectifs : Etablir des
capacités institutionnelles pour la gestion des ressources hydrauliques
dans les secteurs public et privé.
Les résultats
visés : Créer un réseau de formation pour les institutions
concernées. Faire Intervenir des experts techniques et professionnels.
Augmenter le rôle de la capacité institutionnelle dans la prise de
décision.
Les éléments
principaux :
·
L'établissement d'un réseau pour le bassin du Nil
o Le soutien et la mise en oeuvre d'un réseau pour le
bassin du Nil sur l'Internet
· Le
développement des ressources humaines
o
L'organisation des cours pour les experts techniques
o Des
degrés de Mastères pour les stagiaires
·
L'augmentation des capacités institutionnelles
o L'adoption
de nouvelles méthodes pour l'éducation
o L'adoption
de nouvelles méthodes pour la recherche
·
L'établissement de l'échange au niveau du Bassin
o L'échange des informations
o L'échange des étudiants
(7) Le Développement Socio-économique
et les bénéfices communs
Les objectifs : Réaliser
la coopération et l'intégration socio-économique en ce qui
concerne le bassin du Nil.
Les résultats
visés : Etablir des scénarios de développement et de
consolidation des formations dans le Bassin. Organiser des forums
régionaux pour maximiser le partenariat au niveau des investissements
entre les secteurs public et privé. Evaluer la capacité de la
macro-économie de la région du Bassin.
Les éléments
principaux :
· L'établissement des bases de données
socio-économiques
o Une stratégie pour le développement
coopératif
o Des bases d'informations socio-économiques
· La création d'un dialogue entre les pays
riverains concernant la coopération avec le secteur privé
o La surveillance des capacités régionales pour
les analyses politiques de cette coopération
· L'évaluation du Programme de Vision Commune
o L'évaluation de la mise en oeuvre de ses projets
o L'évaluation des conséquences humanitaires et
environnementales de ses projets
b. Le Programme d'Action Subsidiaire (SAP)
Parallèlement au Programme de Vision Commune, les
groupes d'Etats ont fondé le Programme d'Action
Subsidiaire237(*) pour la mise en oeuvre des projets d'investissements
au niveau des bassins subsidiaires. Les objectifs de ce
programme sont :
· Réaliser les bonnes conditions hydrologiques du
bassin du Nil ;
· Insérer tous les pays riverains dans les projets
des sous-bassins ;
· Assurer la consultation en travaillant d'une seule main
;
· Assurer les principes de l'utilisation équitable
pour tous les pays riverains ;
· Choisir les projets selon les besoins de chaque Etat et
de sa géographie ;
· Partager les bénéfices, les coûts
et les risques équitablement ;
· Equilibrer entre les impacts positifs et
négatifs des projets.
Selon ce programme, les projets se décomposent en deux
sous-catégories :
· Projets des possibilités
génériques pour la gestion des ressources en eaux :
o L'offre de l'eau sanitaire
o Le développement de l'irrigation et du drainage
o Le développement de la pêche
o Le développement de l'énergie hydraulique
o La gestion durable des marais et la conservation de la
diversité biologique
o La gestion durable des lacs
o La régulation du fleuve
o La gestion des inondations
o Le contrôle de la désertification
o Le contrôle de la pollution et la gestion de la
qualité de l'eau
o L'utilisation efficace de l'eau
· Projets du développement conjoint :
o Infrastructure :
§ Réseaux régionaux d'énergie
concernant l'interconnexion de l'énergie
§ Le développement de la
télécommunication
§ Le transport régional concernant le chemin de
fer, les réseaux des routes, la navigation fluviale et l'aviation.
o Commerce et industrie :
§ Le développement de l'industrie
§ Le développement du commerce
§ Le développement du tourisme régional
§ L'encouragement de l'investissement privé
§ La commercialisation des produits agricoles
o Santé, environnement et autres :
§ Le contrôle des maladies contagieuses comme la
Malaria
§ La gestion environnementale
§ La protection de la Faune et de la Flore
§ La gestion des prévisions des catastrophes
Ce Programme d'Action Subsidiaire qui s'intéresse aux
sous-bassins, se décomposent en deux sous-programmes pour
développer le plateau éthiopien d'une part, et les lacs
équatoriaux d'autre part. Le Programme d'Action Subsidiaire de
l'Est du Nil (ENSAP)238(*) concerne l'Ethiopie, le Soudan et l'Egypte. Le
premier projet de ce programme est intitulé le Développement
Intégral pour l'Est du Nil (IDEN239(*)). Sous la surveillance de l'ENCOM et de l'ENSAPT, ce
programme vise à réaliser un développement
régional, intégral, multifonctionnel, comme première
étape d'investissement selon une action conjointe fondée sur une
politique de profit mutuel entre les pays de l'Est du Nil ; une gestion
efficace de l'eau selon une utilisation équitable, coopérative et
conjointe ; la lutte contre la pauvreté et la réalisation de
l'intégration économique. Ce projet contient
sept sous-projets :
1. Le modèle pour la planification de l'Est du Nil
2. Baro-Akobo pour le développement des ressources
3. L'avertissement des inondations
4. La transmission de l'interconnexion
soudano-éthiopien
5. Le programme d'investissement du commerce de
l'énergie de l'Est du Nil
6. L'irrigation et le drainage
7. La gestion des eaux usées
Il vise à développer les ressources des eaux de
l'Est du Nil d'une façon durable et équitable pour assurer la
prospérité, la sécurité et la paix pour les peuples
des trois pays riverains. Le programme s'intéresse aux eaux et aux
ressources des eaux comme le développement de l'irrigation et du
drainage, le développement du commerce et de l'énergie
hydrologique, la gestion durables des lacs, la régulation du fleuve, la
gestion de l'inondation et de la sécheresse, le contrôle de la
pollution et la gestion de la qualité de l'eau. A longue durée,
le développement des ressources des eaux servira comme catalyseur pour
une large intégration régionale, avec des bénéfices
de tous les aspects.
Cette région du Nil est très riche des pluies
saisonnières qui remplissent les trois affluents principaux du Nil ; le
Nil bleu, le Sobat et l'Atbara. Néanmoins, le climat aride de cette
région met assez de défis : la dégradation des sols,
l'érosion. Ces deux défis influencent sur la productivité
des sols et sur la production agricole. Aussi, ne faut-il pas oublier la
croissance démographique en Egypte et en Ethiopie,
l'insécurité alimentaire, la pauvreté et la
dégradation environnementale. Pour envisager tous ces défis, une
approche coopérative et intégrale était la bonne solution.
Le slogan de cette approche est
les « gains-gains » ; qui englobe la production
alimentaire, les capacités énergétiques, la lutte contre
la dégradation des sols et la protection de l'environnement.
La vision 2020 pour l'Est du Nil cherche
à établir des économies fortes qui peuvent travailler
ensemble. Cette vision se réalise selon une intégration
économique commune par des infrastructures économiques et
sociales. Les objectifs de longue durée visent à
réaliser une gestion dynamique des eaux selon une
utilisation équitable, assurer une coopération
d'après une action conjointe entre les pays de l'Est du Nil selon les
buts des « gains-gains », lutter contre la
pauvreté et établir l'intégration économique et
s'assurer que les résultats de l'ENSAP dépassent
la planification vers l'application.
(1) Sous-projet du modèle pour la planification
de l'Est du Nil
Les objectifs : S'assurer que l'Egypte, le
Soudan et l'Ethiopie sont capables pour identifier, préparer et mettre
en oeuvre des projets de développement coopératif qui
réalisent des bénéfices mutuels. Développer un
modèle de planification pour l'Est du Nil qui identifie et évalue
les projets d'investissement.
Les éléments principaux :
· La réalisation et l'obtention d'une
capacité humaine et institutionnelle
· Le développement d'un modèle de
planification
· La gestion de la base de données de ce
modèle
(2) Sous-projet du Baro-Akobo pour le
développement des ressources
Les objectifs : Réaliser un
développement économique et social selon les méthodes du
développement durable du bassin Baro-Akobo.
Les éléments principaux :
· L'instauration des infrastructures pour les ressources
des eaux
· La réalisation de la gestion intégrale
des ressources des eaux
· La protection de l'environnement de ce Bassin
· Le développement socio-économique de ce
Bassin
· La régulation de la navigation
(3) Sous-projet d'avertissement des
inondations
Les objectifs : Réduire les
dégâts des inondations et augmenter ses bénéfices.
Réaliser une coordination régionale et une capacité
nationale dans l'avertissement des inondations.
Les éléments principaux :
· La participation nationale et régionale pour
réaliser les objectifs précités
· L'évaluation des risques des inondations
· La réalisation des prévisions des
inondations
· L'avertissement des inondations
(4) Sous-projet de transmission des interconnections
soudano-éthiopiennes
Les objectifs : Etablir un commerce
régional pour l'énergie selon la coordination entre les projets
énergétiques. Augmenter les interconnections entre le Soudan et
l'Ethiopie.
Les éléments principaux :
· Transmettre les interconnections entre le Soudan et
l'Ethiopie dans le domaine du commerce de l'énergie
(5) Sous-projet de programme de l'investissement du
commerce de l'énergie de l'Est du Nil
Les objectifs : Etablir un commerce
régional d'énergie d'après des projets d'infrastructures
qui investissent dans ce domaine. Installer un programme régional
d'investissement pour le commerce d'énergie.
Les éléments principaux :
· L'adoption des modèles pour la planification de
ce commerce
· Le développement d'un marché
régional pour l'énergie de l'Est du Nil
· La préparation des sites sur l'Internet de ce
programme pour faciliter la coopération régionale
(6) Sous-projet d'irrigation et de
drainage
Les objectifs : Augmenter la
productivité agricole selon le développement de l'irrigation.
Supporter le développement et l'expansion de l'agriculture et de
l'irrigation.
Les éléments principaux :
· L'instauration des infrastructures pour le drainage et
l'irrigation
· L'établissement des organisations pour les
droits des paysans
· L'adoption des mesures sociales et environnementales de
l'irrigation
· La coopération inter-régionale dans ce
domaine
(7) Sous-projet de la gestion des eaux
usées
Les objectifs : Augmenter la
productivité des sols. Diminuer la pression de vivre sur les sols
cultivés. Etablir un cadre durable pour la gestion des eaux usées
selon les conditions de vie et les mesures environnementales.
Les éléments principaux :
· Le développement de la capacité du
secteur agricole
· L'établissement d'un programme d'investissement
pour la gestion des eaux usées
· L'adoption des études sur les érosions
· L'évaluation des changements morphologiques du
Nil
Le Programme d'Action Subsidiaire des Lacs Equatoriaux
du Nil (NELSAP)240(*) concerne les six pays en amont, aux lacs
équatoriaux « NEL » (le Burundi, la RDC, le Kenya,
le Rwanda, la Tanzanie et l'Ouganda) et les deux pays en aval (l'Egypte et le
Soudan) Les économies de la région des lacs équatoriaux se
caractérisent par une agriculture de pluies, une industrialisation
très faible et des infrastructures sous-développées. La
population de la région atteint 135 millions. Deux pays de la
région sont parmi les cinq pays pauvres du monde (le Burundi et la
République Démocratique du Congo), et aucun pays de la
région n'a le Produit Intérieur Brut plus de 350 dollars par
personne241(*).
L'objectif de ce programme est de lutter contre la
pauvreté dans la région, assurer le développement
économique, et contrôler la dégradation de l'environnement.
Les thèmes des projets sont identifiés par le
Conseil des Ministres de lacs équatoriaux (NEL-COM)242(*) et le Comité
consultatif Technique des lacs équatoriaux (NEL-TAC)243(*) à savoir : l'offre de
l'eau sanitaire, l'irrigation et le drainage, la gestion des eaux usées,
le contrôle de l'eau polluée, le contrôle de Jacinthes, le
développement de l'énergie hydroélectrique, le
développement durable et la conservation des lacs. Ce programme contient
douze projets :
· La gestion des ressources naturelles
1. Augmenter la productivité agricole
2. Développer la pêche aux lacs Albert et
Edouard
3. Développer les ressources hydrauliques au bassin du
Mara
4. Développer les ressources hydrauliques au bassin du
Kagera
5. Développer les ressources hydrauliques au bassin du
Malakisi-Malaba-Sio
6. Réduire la Jacinthe au bassin du Kagera
· Le commerce de l'énergie et le
développement de l'énergie hydroélectrique
7. Développer l'énergie hydroélectrique
des chutes de Rusumo
8. Préparer des études de faisabilité
pour l'énergie hydroélectrique
9. Interconnecter entre le Kenya et l'Ouganda
10. Interconnecter entre le Burundi, la RDC et le Rwanda
11. Interconnecter entre le Burundi et le Rwanda
12. Interconnecter entre le Rwanda et l'Ouganda
Le NELSAP est fondé sur les principes
de l'Initiative du Bassin du Nil pour le Programme d'Action Subsidiaire :
· La planification dans le niveau le plus bas ;
· Tous les partenaires concernés ;
· Les principes de l'utilisation équitable ;
· Les bénéfices pour tous ;
· La distribution des bénéfices, des frais
et des risques équitablement ;
· L'utilisation efficace des ressources ;
· Et la protection de l'environnement.
La procédure de l'établissement du NELSAP
consiste quatre étapes majeures
d'activités :
· Le niveau d'analyse et d'identification
à l'intérieur de l'Etat : En créant des groupes
à l'intérieur de l'Etat dans les multiples secteurs ; en
identifiant le choix des projets ; et en organisant des conférences
nationales.
· La conceptualisation des projets entre les
Etats : Les groupes nationaux de travail ont choisi 12 projets parmi
70, qui réalisent les principes des gains-gains entre les pays
riverains.
· Les documents de l'identification des projets :
Ces documents ont été révisés par le
Nile-TAC et approuvés par le Nile-COM à Khartoum le 28 mars
2001.
· La préparation et la mise en oeuvre :
Les pays riverains ont instruit une Unité de Coordination
(NEL-CU)244(*) pour
faciliter la préparation des activités et la mise en oeuvre des
projets.
Les projets du Programme d'Action Subsidiaire des Lacs
Equatoriaux du Nil (NELSAP) :
1. Augmenter la productivité agricole:
Ce projet se situe dans le domaine de l'utilisation de l'eau dans
l'agriculture. Il couvre six pays : le Burundi, la RDC, le Kenya, le Rwanda, la
Tanzanie et l'Ouganda. Il vise à augmenter la productivité
agricole selon le développement des moyens d'irrigation et la
modification de la culture agricole chez les paysans. La période de ce
projet est de cinq ans.
2. Développer la pêche aux lacs Albert et
Edouard : Ce projet se situe dans le domaine de la gestion durable et
la conservation des lacs. Il couvre quatre pays : la RDC, l'Ouganda, l'Egypte
et le Soudan. Il vise à réaliser un développement durable
pour les deux lacs Albert et Edouard concernant le domaine de la pêche,
et puis la diminution de l'eau perdue dans ces deux lacs.
3. Développer les ressources hydrauliques au
bassin du Mara : Il se situe dans le domaine du partage de l'eau du
bassin du Mara. Il couvre deux pays : le Kenya et la Tanzanie. Il vise
à réaliser le développement durable du bassin concernant
la vie des paysans, les méthodes d'irrigation et de drainage.
4. Développer les ressources hydrauliques au
bassin du Kagera : Il se situe dans le domaine du partage de l'eau du
bassin du Kagera. Il couvre sept pays : le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie,
l'Ouganda, le Kenya, l'Egypte et le Soudan. Il vise à réaliser le
développement durable du bassin concernant la vie des paysans, les
méthodes d'irrigation et de drainage.
5. Développer les ressources hydrauliques au
bassin du Sio-Malaba-Malakisi : Il se situe aussi dans le domaine du
partage de l'eau du bassin du Sio-Malaba-Malakisi. Il couvre deux pays : le
Kenya et l'Ouganda. Il vise à réaliser le développement
durable du bassin concernant la vie des paysans, les méthodes
d'irrigation et de drainage.
6. Réduire la Jacinthe au bassin du Kagera:
Il se situe dans le domaine de lutte contre la Jacinthe. Il couvre
quatre pays : le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Egypte et le
Soudan. Il vise à éliminer ses effets négatifs sur la
perte de l'eau, l'environnement, la santé et sur les activités
socio-économiques.
7. Développer l'énergie
hydroélectrique des chutes de Rusumo: Il se situe dans le
domaine de l'énergie hydroélectrique. Il couvre huit pays : le
Burundi, la RDC, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Egypte et le
Soudan. Il cherche comment bien profiter de l'énergie
hydroélectrique des chutes de Rusumo d'après des études de
faisabilités entre les six pays riverains des lacs équatoriaux et
l'Egypte et le Soudan, et offrir une nouvelle énergie renouvelable
fondée sur l'énergie hydroélectrique. Aussi,
établit-il des interconnections entre le Kenya et l'Ouganda, entre la
RDC et le Rwanda, entre le Burundi et le Rwanda, et entre le Rwanda et
l'Ouganda. Le projet consiste à construire un petit barrage et un
réservoir sur les chutes de Rusumo avec une capacité de 40
à 60 mws, et la construction des lignes de transmission entre les pays
riverains.
8. Préparer des études de
faisabilité pour l'énergie hydroélectrique: Il se
situe dans le domaine de la coordination. Il couvre huit pays : le Burundi, la
RDC, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Egypte et le Soudan.
L'objectif de ces études est de bien préciser les projets les
plus efficaces dans le domaine de l'énergie hydroélectrique, et
quels sont les choix les plus pertinents pour bien transmettre cette
énergie vers les pays riverains concernés.
9. Les projets de 9 à 12: Ils se
situent dans le domaine de la coopération bilatérale
hydroélectrique entre le Kenya et l'Ouganda ; entre le Burundi, la
RDC et le Rwanda ; entre le Burundi et le Rwanda ; et entre le Rwanda
et l'Ouganda. Ils visent à renforcer les relations coopératives
surtout dans le domaine de la transmission de l'énergie
hydroélectrique entre chaque groupe de pays.
D'autres projets245(*) hors les deux
grands programmes (SVP et SAP)
Le Projet Cadre de Coopération du bassin du
Nil
Ce projet est adopté par le PNUD. Il vise à
soutenir les pays nilotiques pour qu'ils soient capables de suivre la
coopération multilatérale de l'Initiative du Bassin du Nil. Il
établit un cadre acceptable, pour tous les pays riverains, pour une
coopération qui sera la voie d'une gestion équitable et
légitime des eaux du bassin du Nil. Son objectif immédiat est de
créer un cadre de coopération régionale acceptable pour
tous les pays riverains. A longue durée, le projet établira une
utilisation équitable pour les eaux du Nil et un développement
durable socio-économique. Il a été signé en octobre
1997 avec un financement de 3.2 millions de dollars.
Le Projet de la Gestion de l'Environnement au Lac
Victoria
L'augmentation des activités humaines près du
Lac avait des conséquences graves sur la qualité de l'eau, la
diversité biologique et sur les marais. Par conséquent, le
projet cherche à établir un développement durable et
rationnel pour l'utilisation du Lac dans les trois pays suivants le Kenya, la
Tanzanie et l'Ouganda.
Les Projets des Ressources des Eaux au Bassin du
Nil
Ils se sont mis en oeuvre par le FAO et financés par le
gouvernement italien. Il y a deux projets sous ce titre. Le premier est sous le
titre de « la gestion opérationnelle des ressources en eaux
avec un système d'information pour les pays riverains du bassin du
Nil », mis en oeuvre pendant la période d'avril 1996 au
novembre 1999, avec un budget de 5 millions de dollars. L'autre projet est
« le développement des capacités de la gestion des
ressources en eaux », considéré la deuxième
phase du premier projet. Il a commencé en décembre 1999 vers la
fin de l'année 2002, avec un budget de 5.24 millions de dollars. Ils
cherchent à établir un cadre technique entre les pays riverains
pour faciliter la coopération et la coordination. Les résultats
des projets : établir une base de données géographique
pour chaque pays riverain, mettre en oeuvre un réseau pour les
ressources en eaux transfrontalières, et développer un
modèle de prise de décision pour la gestion des ressources en
eaux.
Le projet GCP/RAF/286/ITA "Nile Basin Water Resources" (5
millions de dollars EU), achevé en 1999 lors du lancement de la nouvelle
phase GCP/INT/752/ITA (5.2 millions de dollars EU), a été
très représentatif de la politique générale. Le
projet FAO / Italie vise à renforcer la capacité institutionnelle
et à négocier les compétences dans les pays du Bassin du
Nil pour préparer les négociations internationales et
d'éventuels accords pour une gestion commune des ressources en eau du
Nil. En étroite connexion avec l'élément formation, le
projet offre également une assistance dans le domaine des modèles
mathématiques permettant d'optimiser la gestion de l'eau246(*).
De ce panorama traitant l'Initiative du Bassin du Nil ; ses
objectifs, ses institutions et ses projets ; nous remarquons la
différence entre le corps de l'accord de 1959 et celui de l'Initiative
de 1999. Le premier visait un garantit politique et juridique pour les droits
acquis et la sécurité nationale hydraulique des deux pays,
l'Egypte et le Soudan. Cet Accord a réussi au niveau bilatéral
mais après la fin de la Guerre froide, il a perdu ses
intérêts. Par contre, l'Initiative cherche à éviter
les lacunes de l'Accord. L'Initiative est une coopération
multilatérale entre tous les riverains nilotiques et un partenariat avec
les institutions internationales. Elle vise à réaliser la gestion
commune des eaux du Nil, créer un développement durable
socio-économique selon des projets d'infrastructure dans plusieurs
domaines en ce qui concerne le Bassin et les sous-bassins.
Donc, selon la théorie du comportement
coopératif, donnant donnant, l'Initiative cherche à
établir la règle du respect des droits des autres pour que les
miens soient respectés par eux, c'est-à-dire commencer par le
comportement coopératif pour que la réaction réciproque
soit coopérative. Cette coopération multilatérale n'est
pas un jeu à somme nulle, mais tous les partenaires gagnent,
relativement. Elle démontre le consensus sur l'eau comme bien collectif
et interdépendant entre les dix riverains, d'après les projets du
développement durable et de la gestion commune. Elle incarne le
néo-régionalisme qui s'intéresse non seulement aux
questions politique, économique ou militaire mais aussi aux questions de
survie, aux biens communs. La stabilité d'une région
dépend de l'obtention des gains mutuels par ses acteurs.
E. Le partenariat avec les institutions internationales
Le partenariat est une relation dans laquelle au moins deux
parties ayant des objectifs compatibles s'entendent pour travailler en commun,
partager les risques ainsi que les résultats ou les gains. Le
partenariat suppose la prise de décisions en commun, le partage des
risques, du pouvoir, des avantages et des responsabilités. Il devrait
ajouter de la valeur aux produits et aux services respectifs offerts par chaque
partenaire ainsi qu'à la situation de chacun. Dans un partenariat, c'est
donnant, donnant. Un partenariat est une entente en vue de faire ensemble
quelque chose qui sera avantageux pour toutes les parties concernées.
Le bassin du Nil est le fleuve le plus étendu
de l'Afrique. Toutefois, la demande en eau pour l'agriculture, les industries
et les municipalités épuisent rapidement les ressources
disponibles au bassin du Nil. Il devient urgent de s'entendre sur le partage et
la gestion intégrée de ces ressources en eau. Une
stratégie coopérative est développée. L'objectif
majeur de cette stratégie est le développement de l'ensemble des
ressources en eau du bassin du Nil.
Cette stratégie est basée sur la
clarté des objectifs et des priorités, le respect des lois
internationales, et sur l'habileté à continuer le dialogue
pacifique entre les parties dans un esprit coopératif et de partage des
informations disponibles. Le succès est conditionnel à
l'appropriation des solutions, l'apprentissage par l'expérience, la
prédominance de la confiance dans les relations et un processus
participatif supporté par la volonté politique. Les
mécanismes de mise en place de la stratégie sont basés sur
une approche à trois voies247(*) où chaque voie progresse de façon
parallèle et où collectivement, elles contribuent à
l'atteinte du même objectif. La voie non-gouvernementale telle : la
série des conférences Nile 2002, joue un rôle important non
officiel en rassemblant des professionnels et experts pour partager leurs
informations, leurs connaissances et leurs expériences.
La deuxième, la voie intergouvernementale qui a
commencé par le TeccoNile en 1993, a contribué à
encourager la coopération technique en vue de promouvoir le
développement et la protection environnementale du bassin du Nil. Et
dès 1999, nous vivons l'expérience de l'Initiative du Bassin du
Nil. La troisième voie est la voie multilatérale qui implique
toutes les agences d'aide extérieure qui par nature ont certaines
limitations propres à chaque institution, ce qui résulte en
l'impuissance d'arriver à des solutions décisives. Cependant,
elles jouent un rôle important pour mobiliser les ressources mondiales et
contribuer au développement.
Les bailleurs de fonds comprennent la Banque mondiale, le
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l'Agence
canadienne de développement international (ACDI) Beaucoup d'autres
partenaires ont décidé de soutenir l'IBN, dont l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (OAA / FAO), le GEF,
l'Italie, les Pays-Bas, la Finlande, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la
Norvège et la Suède. Tous les partenaires se sont
déclarés prêts à apporter durablement leur
adhésion et leur appui à l'Initiative du Bassin du Nil. Mais nous
traitons seulement les trois grands contributeurs : la Banque mondiale, le PNUD
et l'ACDI, reconnus comme des « partenaires
coopérants » parce qu'ils ont facilité un dialogue et
une coopération sans précédent entre les dix États
riverains du Nil.
a) La Banque mondiale
Depuis sa création, la Banque mondiale a
été une organisation qui a joué un rôle clé
en faveur de la mise en valeur des ressources hydriques dans le monde entier.
Elle a inclus dans son programme des prêts et des crédits pour des
projets de ressources hydriques, pour des activités étendues et
variées aux niveaux économique et sectoriel et pour des
activités d'assistance technique, notamment la médiation dans les
différends internationaux et des interventions comme agence
d'exécution chargée d'études financées par le PNUD.
La Banque mondiale classe la région Moyen-Orient et Afrique du Nord
(MENA) comme étant la plus pauvre du monde en ressources naturelles. La
Banque mondiale est intervenue très activement dans la mise en valeur
des ressources en eau et ses projets dans ce domaine ont
représenté environ 14% des prêts qu'elle a consentis dans
le monde entier et 16% dans la région MENA248(*).
La politique générale de la Banque
mondiale demande au personnel d'axer son intervention dans trois grandes
directions : Tout d'abord, il y a lieu de voir dans l'eau une ressource
limitée qu'il convient de gérer selon une approche
intégrée de manière à répondre aux objectifs
nationaux, éco-socio-sécuritaires et environnementaux, et non pas
un facteur de production de certains secteurs ; deuxièmement, il est
essentiel de procéder à une réforme institutionnelle et
à un renforcement des capacités pour assurer la durabilité
des politiques, des programmes et des projets ; et, troisièmement, les
questions d'eaux internationales et transfrontalières méritent
une attention particulière. Entre 1985 et 1998, la Banque a investi plus
de 33 milliards de dollars dans la gestion de l'eau. Depuis 1993, elle a
investi 16 milliards de dollars dans plus de 180 nouvelles
opérations, représentant 40 milliards de dollars, dans
80 pays. Ces investissements représentent 14% de son portefeuille
de prêts249(*).
La Banque mondiale a joué le rôle d'un
médiateur pour faciliter le règlement d'un différend,
faire aboutir une négociation complexe à un dénouement
acceptable et aider à conserver l'équilibre et à maintenir
l'intérêt des riverains pour le processus de négociation.
Elle présente de nombreux avantages250(*) pour jouer ce rôle de médiateur,
étant donné qu'il peut : 1. Intervenir comme intermédiaire
indépendant ; 2. Assurer l'encadrement voulu qu'elle assume
naturellement grâce à sa fonction de coordination des donateurs
internationaux ; 3. Faire office de catalyseur pour mobiliser l'aide
financière tellement publique que privée ; 4. Servir de
filière pour obtenir des services d'experts ; 5. Faire preuve d'esprit
créatif dans la promotion de solutions appropriées ; et 6. Aider
à effectuer une évaluation systématique des
différentes solutions possibles en utilisant comme il convient des
méthodes analytiques.
Donc, les stratégies de la Banque
mondiale251(*) voient
que :
1. L'eau est une ressource unitaire qui, pour que l'on
puisse reconnaître pleinement sa valeur économique, réclame
une planification systémique ;
2. La qualité de l'eau doit être
considérée concurremment avec sa quantité ;
3. Le rassemblement, le traitement et la diffusion des
données engendrent une importance décisive ;
4. Les principes régissant la
répartition de l'eau et les mesures de réglementation doivent
englober les politiques de protection de l'environnement ;
5. A chaque niveau, les parties
intéressées devraient participer pleinement à
l'établissement des objectifs et des priorités ;
6. Il n'est pas possible d'éviter les questions
délicates que pose la redistribution des ressources hydriques
;
7. La gestion de la demande devrait être
placée au centre des préoccupations et faire appel à des
mécanismes à la fois directs et indirects ;
8. Un haut rang de priorité doit être
accordé au renforcement des capacités et à la
réforme des institutions ;
9. La fourniture des services d'approvisionnement en
eau devrait, dans la mesure du possible, être décentralisée
pour se voir confiée à des sociétés de services
publics autonomes ;
10. Il convient de favoriser la privatisation des
services d'utilité publique ;
11. La répartition de l'eau et les
investissements concernant les eaux de surface, les eaux souterraines et la
quantité de l'eau au plan international devraient reposer sur des
accords entre pays riverains.
A l'appui de ses stratégies, la Banque mondiale
a établi un document de politique générale. Ce document
propose que la participation de la Banque mondiale soit soumise aux
conditions252(*)
suivantes :
1. Toutes les activités concernant les
ressources hydriques dans un pays, que ce soit au niveau de la ressource ou
d'un secteur donné, doivent se fonder sur un accord explicite avec les
gouvernements en vue d'une approche cohérente de la gestion des
ressources hydriques.
2. Toutes ces activités devraient porter, entre
autres, sur ce qui suit : a. La validité de la base de données ;
b. Les questions tant de quantité que de qualité de l'eau ; c. Le
cadre dans lequel s'inscrit l'action économique et financière; d.
Le cadre législatif et réglementaire ; e. Les questions
institutionnelles ; et f. La participation des parties concernées.
3. Les investissements et les réformes
d'orientation dans le domaine des ressources hydriques devraient se fonder sur
des stratégies cohérentes du secteur de l'eau aux niveaux
national, régional et international.
4. Les activités liées aux ressources
hydriques dans un secteur donné devraient inclure une évaluation
des effets sur les autres utilisateurs et l'environnement.
5. La Banque devrait s'attacher à jouer un
rôle plus dynamique dans les questions relatives aux cours d'eau
internationaux, l'aide au développement présupposant un consensus
des riverains sur les ressources à la fois en eaux de surface et en eaux
souterraines.
L'eau en tant que bien économique est
un concept de base en matière de gestion de l'eau chez
la Banque mondiale. L'eau se présente en quantité
illimitée étant donné que l'eau douce peut être
importée de zones excédentaires et que l'eau de mer peut
être dessalée et transportée en n'importe quelles
quantités dans la mesure où on y met le prix. Au-delà du
seuil des besoins essentiels à la survie de l'homme, la pénurie
de l'eau constitue donc une question économique. Approche
systématique de la tarification de l'eau pour adoption institutionnelle.
Approche constructive et progressive pour introduire la tarification : À
qui appartient l'eau ? Devrait-elle appartenir à quelqu'un ?
Devrait-elle être privatisée ? L'eau devrait-elle être
traitée comme une marchandise sur le libre marché ? De quelles
lois avons-nous besoin pour protéger l'eau ? Quel est le rôle du
gouvernement ? Comment les pays riches en eau partagent-ils avec les pays
démunis en eau ? Comment les citoyens peuvent-ils participer à ce
processus ?. L'argument sous-tendant la question est que si l'on assigne une
valeur économique à l'eau, les gens vont vraisemblablement la
conserver davantage.
Tout d'abord, la tarification de l'eau aggrave
l'inégalité existant déjà à l'échelle
du monde en matière d'accès à l'eau. Comme nous le savons,
ce sont les pays qui manquent le plus d'eau qui abritent les gens les plus
démunis de la terre. La privatisation de cette ressource rare
mènera à un système à deux niveaux dans le monde,
ceux qui ont les moyens de s'offrir de l'eau, et ceux qui ne les ont pas. Des
millions de personnes seront forcées de choisir entre des
nécessités de base, par exemple l'eau et les soins de
santé. Et puis, en vertu des accords commerciaux actuels, l'eau vendue
devient une marchandise. Les accords commerciaux sont clairs : si l'eau est
privatisée et mise en vente sur le marché, elle ira à ceux
qui ont les moyens de se l'offrir, pas à ceux qui en ont besoin. La
privatisation de l'eau n'est pas une bonne chose, pour bien des raisons. La
privatisation fait en sorte que les décisions concernant la
répartition de l'eau sont basées presque exclusivement sur des
considérations commerciales. Les actionnaires des sociétés
recherchent le maximum de profits, et non pas la durabilité ou le
même accès pour tous. La privatisation se traduit par une gestion
des ressources fondée sur les principes de la rareté et de la
maximisation des profits, plutôt que sur la durabilité.
La caractéristique la plus frappante de la
mondialisation économique est l'écart croissant entre riches et
pauvres. Il n'est donc pas surprenant que la profonde inégalité
alimentée par la mondialisation économique, ait un effet
dommageable sur l'accès à l'eau, le plus fondamental des droits
à la vie, pour les pauvres. Par mondialisation économique, nous
entendons l'intégration en un marché unique des économies
des différents pays. Les sociétés transnationales exercent
des pressions sur les gouvernements nationaux pour qu'ils privatisent,
déréglementent, éliminent les 'obstacles' au commerce et
à l'investissement, favorisent l'exportation et, de façon
générale, abandonnent le contrôle de leur économie
afin de créer une économie globale.
Plutôt que de permettre que cette ressource
vitale devienne une marchandise vendue au plus offrant, nous croyons que
l'accès à l'eau potable nécessaire aux besoins de base est
un droit de la personne fondamental. Les riverains nilotiques sont tout
à fait contre ce concept, selon leurs arguments, ils voient que : l'eau
possède des caractéristiques bien connues qui entraînent un
dysfonctionnement du marché. L'approvisionnement en eau est un monopole
naturel et les contraintes physiques limitent souvent les transferts entre
utilisateurs. Elle est par définition difficile à gérer et
s'inscrit dans des structures institutionnelles complexes ; quant à sa
répartition et à la régularisation de son apport, elles ne
peuvent être prises en charge seulement - ni même totalement - par
le marché. De ce fait, les pouvoirs publics sont tenus : 1. De mettre en
place la politique ; la législation qui règle la gestion de
l'offre et de la demande de l'eau, 2. D'assurer la fourniture de services
d'alimentation en eau, grâce à de grands travaux - barrages,
irrigation à grande échelle, lutte contre les inondations - dans
lesquels les économies d'échelles ou les effets sociaux induits
rendent impossible l'intervention du secteur privé. La tarification de
l'eau, refusée par l'école de l'irrigation égyptienne, a
été remplacée par l'idée de vendre l'eau à
l'intérieur du pays concerné, et pas entre les pays, selon des
services présentés par l'Etat même253(*). Et si l'Egypte refuse
l'idée de tarification de l'eau, l'attitude ancienne de l'Ethiopie la
favorise254(*).
La Banque a publié255(*) un document stratégique intitulé
« Gestion durable des ressources en eau de l'Afrique : défis et
opportunités ». Ce document s'écarte de l'approche
traditionnelle axée sur l'offre, qui était polarisée sur
un seul acteur (le secteur public). Il invite les bailleurs de fonds à
adopter une nouvelle politique basée sur a)
L'idée que la gestion des ressources en eau est du ressort des pays
concernés, et que les Africains doivent prendre l'initiative et adopter
une approche multisectorielle intégrée pour la formulation et
l'exécution de stratégies nationales impliquant la participation
de toutes les parties prenantes, et b) L'importance
désormais accordée au partenariat entre les bailleurs de fonds et
les pays concernés.
À partir de ces deux principes, la stratégie
indique cinq priorités en matière de
développement : élargir la couverture des
réseaux d'eau potable et d'assainissement, en particulier dans les
quartiers défavorisés ; accroître la
sécurité alimentaire par l'irrigation et la collecte des eaux de
pluie ; améliorer la qualité de l'eau et la
santé des populations ; protéger les bassins
hydrographiques et les zones humides ; et favoriser la
coopération entre les pays qui partagent un bassin hydrographique. Elle
recommande de faire porter l'effort sur les domaines suivants : zones rurales
et urbaines, participation des parties prenantes, privatisation des services
d'approvisionnement en eau (en particulier les fournisseurs d'eau), et les
approches fondées sur la régulation de la demande.
Cette stratégie tend aussi à démontrer
que la communauté internationale devrait imaginer de nouveaux moyens de
favoriser la coopération internationale et de promouvoir la gestion des
bassins hydrographiques, et qu'elle devrait, entre autres, mettre en place des
programmes de prêts couvrant plusieurs pays et promouvoir, au niveau
national, des projets qui aient pour effet de mettre les pays riverains sur un
pied d'égalité. La Banque mondiale a également
financé l'Initiative du Bassin du Nil afin de promouvoir un dialogue
positif entre les dix Etats riverains du Nil et de dégager des solutions
consensuelles pour relever les défis que pose le partage des eaux du
Nil. Le soutien à l'Initiative du Bassin du Nil constitue une
activité centrale de l'Initiative de gestion des ressources en eau en
Afrique (AWRMI) de la Banque mondiale. L'équipe de gestion du bassin du
Nil, dans le cadre de l'AWRMI, est composée d'un représentant de
chacune des organisations suivantes : Banque mondiale, PNUD et ACDI. Afin
d'accroître la sensibilisation et la compréhension de l'Initiative
parmi les parties prenantes et, d'instaurer un climat de confiance et une
confiance mutuelle entre les États du Nil.
b) Le Programme des Nations Unis pour le
Développement (PNUD)
Le PNUD est le réseau mondial de développement
dont dispose le système des Nations Unies. Il vise le changement, et
relie les pays aux connaissances, expériences et ressources dont leurs
populations ont besoin pour améliorer leur vie. Le PNUD aide les pays en
développement à mobiliser et utiliser l'aide internationale
efficacement. Afin de réaliser cet objectif, les dirigeants du monde se
sont engagés à atteindre les objectifs de développement
pour le Millénaire, dont l'objectif primordial est de diminuer de
moitié la pauvreté d'ici à 2015. Les buts de
développement du Millénaire, les objectifs globaux que les
dirigeants du monde entier ont fixés lors du Sommet du Millénaire
en septembre 2000, constituent un agenda ambitieux pour réduire la
pauvreté. Les buts sont les suivants :
réduire de moitié l'extrême
pauvreté et la faim, réaliser l'éducation
primaire universelle et l'égalité des sexes,
réduire de deux tiers la mortalité des enfants
de moins de cinq ans et de trois quarts la mortalité maternelle,
inverser la tendance en matière de propagation du VIH /
sida, et réaliser un développement durable et
assurer la viabilité de l'environnement. Ils comprennent aussi
l'objectif de l'établissement d'un partenariat mondial pour le
développement, avec des objectifs pour l'aide, les échanges et
l'allégement de la dette256(*).
D'une manière générale, le Programme vise
à créer un meilleur climat pour le développement humain
durable, notamment en ce qui concerne l'élimination de la
pauvreté. À cette fin, le Programme s'attache à renforcer
les capacités des pays de manière à ce qu'ils utilisent
leurs ressources plus efficacement et qu'ils entretiennent des relations
d'interdépendance avec l'économie mondiale, ce qui leur donne les
moyens d'instaurer des conditions favorables au développement humain
durable. Les initiatives seront choisies en fonction de leur tendance à
avoir des effets positifs sur a) La
rentabilité de l'utilisation des ressources naturelles ; et
b) La création des conditions les plus favorables au
développement humain durable. L'efficacité et les effets de la
coopération du PNUD, en particulier en ce qui concerne
l'élimination de la pauvreté, auront jugé selon le
degré d'amélioration de l'efficacité opérationnelle
des institutions.
Les capacités humaines sont les principaux facteurs
dont dépendent les efforts nécessaires à la croissance
économique et à la création d'un climat favorable au
développement humain durable. Le niveau de ces capacités est
à son tour déterminé par la qualité et les
possibilités d'accès à des choix de vie. L'objectif de
l'exploitation rationnelle des ressources naturelles, en particulier des
ressources en eau, consiste à fournir une exploitation rationnelle des
ressources naturelles aux fins de la croissance économique et du
développement humain. Le Programme encourage la création de
partenariats aux niveaux national, sous-régional et interrégional
en vue d'une gestion efficace des ressources naturelles, en particulier de
l'eau dans un cadre de politiques favorables, d'accords de coopération
ambitieux, de projets et de programmes bien conçus et d'organismes
d'exécution compétents. À cette fin, cette Initiative du
Bassin du Nil permettra d'organiser des forums et de mettre en place des
mécanismes favorables à la création de partenariats qui
pourront bénéficier des informations et des compétences
nécessaires au choix des options et à la conception et à
la mise en oeuvre des programmes.
En conséquence, les activités du Programme se
concentrent sur la promotion du développement humain durable dans toute
la région, sur la définition de questions de développement
clefs qui touchent un groupe de pays, la gestion des ressources
partagées, et la mise au point d'approches et de normes communes. Sur la
base des besoins mis en évidence, des solutions aux problèmes de
développement seront proposées et des informations sur les
enseignements tirés seront diffusées.
Une contribution est apportée aux pays riverains du
bassin du Nil pour mettre en place un cadre de coopération concernant la
planification et la gestion intégrées des ressources en eau.
Enfin, au niveau régional, des liens seront établis avec les
plans et les capacités de la Banque mondiale, de l'Organisation arabe
pour le développement agricole et de la CESAO. Elle essaye de mettre en
commun un corps de connaissances et d'expériences pratiques dans la
région et de les convertir en stratégies et orientations
nationales. Elle estime que l'entreprise a donné les résultats
anticipés si elle contribue à arrêter la tendance actuelle
à la pollution de l'air et de l'eau et à améliorer
l'approvisionnement en eau. Certains aspects de l'Initiative seront
évalués d'après la viabilité des accords de
coopération négociés et des solutions. Elle aura des
incidences directes sur le PIB et la qualité de vie dans la
région et donc indirectement sur l'élimination de la
pauvreté257(*).
Les modalités et les
instruments258(*) qui permettront la réalisation de ces
objectifs comprennent :
1. Une coopération avec le sous-programme mondial du
PNUD sur l'approvisionnement des pauvres en eau ;
2. Une coopération avec des initiatives de gestion des
ressources naturelles à l'occasion de programmes nationaux
appuyés par le PNUD ;
3. La réalisation d'une responsabilité et d'une
capacité partagées en vue de la protection des
écosystèmes du bassin méditerranéen ;
4. La formation de partenariats pour le développement
entre pays riverains du Nil ;
5. La collection des enseignements acquis, des solutions
pilotes et des efforts de coordination en matière de
développement et de gestion des ressources en eau ;
6. Le recours le plus large possible à la coordination
des capacités régionales, y compris celle mise en place à
l'occasion de projets antérieurs du PNUD ;
7. Le recours aux capacités de la Banque mondiale, de
la Banque européenne de développement, du mécanisme
régional du projet de Capacités 21 au Caire ;
8. La création de partenariats dans le contexte du
Programme d'assistance technique pour la protection de l'environnement dans la
Méditerranée, entre les gouvernements intéressés au
moyen de centres de coordination, les secteurs privés, les
municipalités, les ONG, les médias, la Banque mondiale, la Banque
européenne d'investissement, l'Union européenne, le Bureau
régional pour l'Europe et la Communauté d'États
indépendants, Capacités 21, l'Académie internationale pour
l'environnement, le Harvard Institute for International Development et des
donateurs ;
9. La promotion de partenariats pour le programme portant sur
le bassin du Nil, entre les gouvernements des pays riverains, le Bureau
régional pour l'Afrique et le Fonds pour l'environnement mondial ;
10. La promotion de partenariats dans le contexte de
l'Initiative entre le plus grand nombre possible de partenaires, y compris les
organismes publics, les ONG, les milieux d'affaires, l'Organisation arabe de
développement agricole ainsi que d'autres organismes
intergouvernementaux régionaux et des donateurs ;
11. Et l'exécution par le Bureau des Nations Unies pour
les services d'appui aux projets qui permet le choix et un large recours
à l'exécution au plan national.
Le développement social, l'élimination de la
pauvreté, l'administration des affaires publiques, la protection et la
gestion des ressources naturelles constituent les points centraux des cadres de
coopération avec les pays (CCP) parmi les États arabes. Les
programmes et projets du premier CCR valoriseront les efforts nationaux dans
ces domaines en offrant un moyen de partager les données
d'expérience, d'éprouver les solutions aux difficultés, de
recevoir des services aux moindres frais (par exemple, services de formation
à l'échelle de la région), et de mettre au point des
cadres de programmation pour les investissements et l'assistance technique.
c) L'Agence Canadienne de Développement
International (ACDI)
Le développement durable est la raison d'être de
l'ACDI. Le développement durable, c'est-à-dire un
développement qui est équitable et viable du point de vue de
l'environnement et qui contribue à renforcer les capacités
économiques, politiques et socioculturelles des hommes et des femmes,
des garçons et des filles, est au centre des efforts
déployés par l'ACDI pour réduire la pauvreté dans
les pays en développement. En 1999, pour la première fois dans
l'histoire, des pays longeant le Nil ont joint leurs forces pour lutter contre
la pauvreté et gérer les ressources du fleuve, pour le
bénéfice de l'ensemble de la population. Il ne s'agit pas d'un
simple projet de gestion des eaux, mais d'un véritable plan de
développement social et économique d'une immense région,
axé sur les besoins des plus pauvres et sur leur environnement. Ils ont
décidé de faire abstraction des querelles traditionnelles
concernant le partage des ressources naturelles pour réfléchir,
ensemble, à leurs divers problèmes et aux solutions possibles.
Cette initiative sans précédent regroupe les dix pays autour
d'une vision partagée, celle de mieux gérer les ressources en eau
communes en vue de combattre la pauvreté.
Cette Initiative est également conforme à
l'approche de développement que poursuit l'ACDI en Afrique, en ce sens
qu'elle insiste sur les points suivants :
coordonner l'aide des divers donateurs s'intéressant
aux programmes dirigés par des Africains ; favoriser
les programmes régionaux ; renforcer les
capacités des Africains à répondre aux problèmes
qu'ils ont eux-mêmes circonscrits259(*). En tant que partenaire associé de
l'Initiative du Bassin du Nil, l'ACDI a d'abord eu pour tâche, de concert
avec la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le
développement, d'aider les gens à discuter. En 1992, l'ACDI
a commencé à financer une série de conférences
à l'intention des spécialistes techniques et des gouvernements
des dix pays riverains, processus qui a grandement facilité le
lancement de l'Initiative.
L'ACDI continue de participer activement à
cette Initiative. Par exemple, en association avec le Fonds pour
l'environnement mondial, l'Agence consacre 16 millions de dollars au
projet d'action environnementale transfrontalière du Nil. Par
l'intermédiaire d'un fonds d'affectation spéciale établi
à la Banque mondiale, l'ACDI finance les projets pilotes de conservation
et aide les organisations communautaires, en particulier celles des femmes, des
jeunes et des groupes de protection de l'environnement, à collaborer
avec les gouvernements pour gérer leurs ressources naturelles. L'ACDI
fournit un appui financier pour une période de dix mois, lequel couvre
les coûts de démarrage et de fonctionnement du Secrétariat
de l'Initiative (Nile-SEC) visant le bassin du Nil. Le Secrétariat
fournit un soutien administratif et logistique au Conseil des Ministres du Nil
(Nile-COM) et au Comité Consultatif Technique (Nile-TAC), deux organes
relevant de l'Initiative. L'ACDI appuie un projet de communications260(*) comportant deux phases
séparées et distinctes :
1. Un projet de communication de courte durée
(12 mois) visant à hausser la sensibilisation générale
à l'Initiative et à expliquer le concept de « vision commune
» et ses avantages pour la région, collectivement ;
2. Un projet de communication à plus long
terme, lequel dépassera la période initiale de 12 mois afin de
s'assurer que les décideurs et le public ont tenu au courant des
développements au moyen de campagnes de publicité et de promotion
soigneusement organisées.
En juin 2001 à l'occasion de la
première réunion de l'ICCON, des bailleurs de fonds, dont le
Canada, ont promis d'accorder 170 millions de dollars pour
l'élaboration du Programme d'Action Stratégique261(*). Ce Programme, qui porte sur
le développement durable du fleuve, s'intéresse à des
points comme les principales cultures, l'élevage, la pêche, la
transformation des aliments et la qualité des sols, ainsi que le
commerce de marchandises, l'hydroélectricité et d'autres
services. Environ 12.2 millions de dollars iront pour aider à
combattre les menaces pour l'environnement liées à la
désertification, érosion du sol, envasement, inondations et
sécheresse.
Le financement de l'ACDI appuiera les efforts communautaires
de préservation de l'eau, des forêts et du sol, notamment en
favorisant la coopération dans l'ensemble du bassin et la
création de réseaux d'organisations non gouvernementales, en
luttant contre l'érosion du sol transfrontalière, et en
établissant des fonds pour des micro-subventions qui serviront à
financer des initiatives locales de préservation de l'environnement. Et
environ 3.8 millions de dollars iront à l'élaboration d'un
projet visant à répondre aux besoins prioritaires des populations
locales, notamment en réduisant l'érosion du sol et l'envasement,
en augmentant la productivité agricole, en développant des
combustibles de remplacement, en améliorant la gestion des grands
pâturages libres et en favorisant des moyens de subsistance et des
pratiques de mise en valeur des sols qui soient durables.
L'Initiative du Bassin du Nil est l'un des nombreux programmes
régionaux africains mentionnés dans le NPDA262(*). Le Nouveau partenariat pour
le développement de l'Afrique (NPDA263(*)) est un programme d'action complet dirigé par
les Africains, visant à mettre fin à la marginalisation de
l'Afrique. Le NPDA prend acte du fait que la bonne gouvernance est un
instrument clé pour assurer la paix et la sécurité dans
l'ensemble du continent et qu'il est impossible de réaliser un
développement durable sans ces deux éléments. L'initiative
du NPDA relative à la paix et à la sécurité se
compose des éléments suivants :
§ Promouvoir les conditions à long terme pour
réaliser un développement et assurer la sécurité
;
§ Créer, dans les institutions africaines, la
capacité de donner une alerte précoce, ainsi que maximiser leur
capacité de prévenir, gérer et résoudre les
conflits ;
§ Rationaliser l'engagement envers les valeurs de base du
NPDA par l'entremise du leadership africain.
L'Agence canadienne de développement international
(ACDI) vient de conclure le 15 avril 2002264(*), un accord avec l'UICN en vue de soutenir
l'instauration du Bureau de dialogue international sur le bassin du Nil et
faciliter ainsi la participation de la société civile au
processus de planification du développement de ce bassin. L'UICN
apportera son aide à la mise en place du Bureau de dialogue afin de
faciliter le début des entretiens et des travaux avec la population du
Nil. Ce bureau comprendra des représentants de la société
civile des dix pays riverains et donnera cours à des échanges,
à la tenue de tribunes et à la création éventuelle
d'un site Web afin de faire prendre connaissance des plans de
développement au plus grand nombre possible de personnes et de susciter
la participation de celles qui dépendent de l'eau du Nil.
Donc, le partenariat demeure la forme idéale de la
coopération multilatérale. Il ne suffit pas de proclamer le
partenariat ; il s'agit de le mettre en oeuvre. Cela signifie que les aspects
politiques de la coopération constitueront le coeur des futures formes
de partenariat (gouvernance, politiques macro-économiques et
développement durable). Un partenariat constitue une entité
unique et que les partenaires sont solidairement responsables, même s'ils
existent habituellement en tant qu'entités distinctes en dehors du
partenariat. Le partenariat est suscité par un catalyseur. Il peut
s'agir d'une possibilité qui se présente ou d'une demande, ou
même d'une crise de nature quelconque. Il offre une approche efficace et
pratique pour résoudre des problèmes, saisir des occasions ou
planifier des résultats. Il permet aux acteurs concernés de
s'améliorer. Le partenariat vise à apporter de meilleures
solutions grâce au travail en commun.
C. Quelles perspectives pour l'avenir ?
Penser au futur n'est pas recommandé par les
sciences sociales et surtout si nous abordons la question du comportement des
acteurs. Nous voyons qu'un bel avenir pour l'Initiative du Bassin du Nil et
pour la coopération quant à la région MENA, se concentre
autour la réalisation de trois critères : éviter les
ingérences extérieures qui utilise l'eau comme carte de jeu,
régler le problème des quotas, et instaurer un cadre juridique
hydraulique pour la région MENA. Et ces trois critères sont
complémentaires.
a) L'IBN réussira-t-elle d'éviter la
politisation de l'eau, autrement dit, de résoudre la méfiance
réciproque entre les pays riverains ?
La vision de l'Initiative du Bassin du Nil, promouvoir
un développement socio-économique durable par une utilisation
équitable des eaux du bassin du Nil et une juste répartition des
avantages de cette ressource commune, a été adoptée par
tous les pays riverains. Ils ont même été au-delà et
ont tenté de définir et de traduire cette vision en proposant des
projets d'étude concrets.
Chacun sait que la véritable stratégie
de l'Initiative est d'obtenir le consensus de tous les pays riverains sur les
questions les moins controversées en remettant à une date
indéterminée, ou au soin des générations futures,
les questions fondamentales et litigieuses. Il ne fait aucun doute que les
programmes établis dans le cadre de l'IBN ont pour objectif principal de
renforcer la confiance. Les questions qui se posent sont donc de savoir si ces
mesures d'«instauration de la confiance» ont une chance
d'améliorer l'état chronique de méfiance et de suspicion
qui a caractérisé le développement des eaux du Nil.
L'IBN aidera-t-elle les pays riverains à mettre
à jour le statu quo, considéré injuste de la part des pays
en amont, qui existe sur l'exploitation des eaux du fleuve ?. Plus
précisément, l'Égypte est-elle disposée à
réviser l'accord de 1959 en faveur de pays comme l'Éthiopie ?.
L'Éthiopie pourra-t-elle poursuivre son programme de
développement sans diminuer considérablement les ressources du
Nil ?. Le Soudan pourra-t-il surmonter sa paranoïa et être
prêt à jouer un rôle catalyseur dans le règlement des
questions ayant trait au Nil ?. D'autres pays riverains seront-ils les acteurs
d'une réelle coopération et seront-ils prêts à agir
en conséquence ?.
Alors seulement pourrons-nous parler d'une vraie
coopération sur le Nil et d'une réalisation possible de la vision
de l'IBN. Autrement, cette Initiative, et la vision qui y est associée,
seront peine perdue. En fait, leur échec ne ferait que renforcer, d'une
part, le climat de méfiance et de suspicion qui existe parmi les
États riverains et, d'autre part, la frustration des facilitateurs ainsi
que l'unilatéralisme, ce qui risquerait de déclencher un conflit
sur l'utilisation des eaux. Par contre le succès de l'IBN assurerait aux
États situés en aval la sécurité ainsi qu'un
approvisionnement durable en eau et donnerait aux États situés en
amont, comme l'Éthiopie, une chance de développement. Dr Abd El
Malek OUDA voit265(*)
que pour augmenter les degrés de réussite de cette Initiative, il
faut le transformer à un traité pour qu'il soit respecté
par tous les partenaires surtout les bailleurs de fonds et leur rôle dans
la mise en oeuvre des projets.
La réduction de la pauvreté dans le
bassin du Nil passe par le développement des ressources en eau du Nil
par tous les États riverains. Naturellement, l'utilisation des eaux
destinées à la consommation entraîne une réduction
du débit du fleuve. Si l'Éthiopie envisage d'aménager le
fleuve, cela réduira la quantité d'eau dont disposeront les
autres pays riverains. Pour ces pays, la coopération peut donc signifier
une réduction de l'eau et il n'est donc pas surprenant qu'ils n'aient
jamais réussi à s'entendre sur cette question. Il est
désormais clair pour tous que la coopération est la seule
alternative possible. La coopération sur le Nil n'est pas un jeu
à somme nulle. Comme telle, elle demande la bonne volonté et la
résolution de tous les États riverains afin d'assurer le
développement des eaux du Nil au profit de toute la communauté
nilotique.
Eviter la politisation de l'eau ou résoudre la
méfiance évoque une vision rationnelle de longue durée de
la part des dirigeants des dix pays nilotiques. Utiliser l'eau comme carte de
jeu n'est pas fréquent après la fin de la polarisation mais
l'éloignement de la concurrence franco-américaine est
indispensable pour bien dépasser la volonté politique
unilatérale vers une volonté de gestion commune d'un bien
collectif interdépendant entre les Etats riverains. Si les dirigeants
réussissent de dépasser la politisation de l'eau, ils
réussisseront d'arriver au degré de résoudre la
méfiance. Normalement, la méfiance est la conséquence
d'une situation instable qui cherche à utiliser l'eau comme carte de
jeu. C'est vrai que l'idée des programmes et des projets au niveau du
Bassin et des bassins subsidiaires facilite la gestion commune, mais si cette
idée ne se soutient pas par une volonté politique qui a la foi
que c'est la bonne voie, elle ne continuera jamais.
Le grand défi devant l'avenir de l'Initiative
dépend de sa capacité de garder les intérêts communs
de tous les riverains nilotiques. Les pays en amont ont refusé l'accord
de 1959 car, selon leur point de vue, il incarne les intérêts
unilatéraux des deux partenaires, l'Egypte et le Soudan. Avoir
l'impression que l'Egypte a la haute main du bassin du Nil, et c'est elle qui
oriente les politiques et s'intervient dans les affaires internes des autres
pays, étaient une autre raison derrière le refus de l'Accord.
Mais, selon cette Initiative, les pays en amont se sont rassurés que
c'est un travail commun, et tous les partenaires ont le même poids
politique dans la prise de décision.
L'un des points positifs pour l'avenir de cette
Initiative, c'est qu'elle se fonde sur l'aspect géoéconomique de
l'eau et pas seulement sur l'eau comme ressource naturelle. Cet aspect
élargit la coopération et la garde solidaire et durable. L'accord
de 1959 était basé seulement sur la question de l'eau mais
l'Initiative peut être considérée comme coopération
hydraulique de base économique, c'est-à-dire mettre en oeuvre
tous les projets hydriques qui ont des effets économiques sur toutes les
sociétés nilotiques.
b) L'IBN réussira-t-elle de résoudre le
problème du partage des quotas ?
Elargir la vision coopérative. L'accord
bilatéral égypto-soudanais de 1959 était fondé sur
une vision technique unilatérale, coincé dans le rôle du
Ministère de l'Irrigation et des Ressources Hydrauliques. Par contre,
l'Initiative du Bassin du Nil incarne le passage vers une vision
coopérative multidisciplinaire, voire globale économique, en
prenant de compte tous les intérêts communs de tous les riverains
nilotiques. Donc, pas seulement l'eau est l'élément essentiel
mais une coopération économique totale dans tous les
domaines.
Tout au long de l'histoire politique des pays
nilotiques, la question du quota était une carte de jeu politique. Pour
dépasser cette politisation, il faut le passage d'un état de
non-confiance vers une vision positive coopérative, autrement dit, vers
une ambiance de transparence. Et si nous évaluons l'IBN, nous trouvons
qu'elle est la première étape vers ce changement, mais il faut
que la volonté politique demeure, pour qu'elle puisse dépasser
les obstacles. Donc, si les Etats commencent par dissoudre la politisation de
l'eau et éviter la méfiance, ils trouveront la volonté
politique pour résoudre le problème du partage des quotas.
Techniquement, si tous les projets du Bassin et des sous-bassins arrivent
jusqu'à l'étape de la mise en oeuvre, le quota de chaque pays se
changera. Alors, ce qui manque, c'est la volonté politique.
Résoudre les problèmes du partage des
quotas est considéré comme conséquence normale de la
durabilité de l'Initiative. Les pays nilotiques ne peuvent penser
à résoudre ce problème qu'à la dernière
étape de leur coopération : la réalité hydrique
l'oblige de le résoudre, si tous les projets des deux programmes, SVP et
SAP, entrent dans la phase de l'exécution, ils devront augmenter le
quota de chaque pays riverain. Mais la question qui se pose : Quel est l'avenir
de l'accord de 1959 ?. L'Egypte se négocie-t-elle pour un nouveau
quota ? ou un nouveau quota en gardant ses droits acquis ?.
Transformer l'Initiative du Bassin du Nil vers une
Organisation régionale pour le bassin du Nil, cette organisation devrait
contenir des traités qui abordent la question des quotas. Cette
transformation met en valeur l'aspect juridique. L'Initiative évoque
l'aspect technique et économique et pas le juridique, elle a besoin des
dispositions juridiques pour être respectables par tous les partenaires.
Dès qu'elle s'est transformé vers une organisation, une question
se pose : Les pays considèrent-ils l'eau comme ressource
économique, socio-économique ou socio-politique ?
c'est-à-dire l'eau est un produit économique ?, selon les
mécanismes de marché, elle peut avoir un prix ? ou elle est un
bien vital disponible à tous ?.
c) La coopération dans la région MENA :
Quel avenir ?
La future coopération plus étroite entre
les bénéficiaires des bassins fluviaux dans la région MENA
sera instaurée, indépendamment des motivations extérieures
ou des influences étrangères. En principe, des traités en
bonne forme devraient pouvoir mettre en place le mécanisme voulu pour
définir les droits concernant les eaux de surface et pour rendre
possible un développement coordonné productif. Toutefois, sur les
286 traités internationaux relatifs à l'eau conclus dans le monde
entier, un seul grand accord concerne la région MENA, celui qui porte
sur le Nil266(*).
L'absence de traités internationaux pour l'Euphrate, le Tigre et le
Jourdain constituera une contrainte au moment d'optimiser la mise en valeur et
la gestion de ces importants bassins fluviaux.
La capacité de gestion selon les pratiques
traditionnelles s'est vue déborder par la croissance
démographique et l'instabilité politique et les problèmes
de pénurie et de pollution de l'eau. Tous les experts hydrauliques
conviennent ; les pénuries actuelles et futures ne pourront être
combattues efficacement que par une coopération entre les Etats de la
région « coopération hydraulique
régionale » qui passe par une gestion intégrée
des différents fleuves et réservoirs d'eau. Adopter une approche
hydraulique régionale dans la gestion des ressources en eau. Il faudrait
un régime de droits à la propriété de l'eau et
d'arrangements dans la région MENA.
Il serait illusoire de croire que les avancés
technologiques (dessalement, traitement des eaux, réutilisation des eaux
usées) régleront les problèmes de la raréfaction de
l'eau tant que les questions politiques n'auront pas trouvé de solutions
justes et durables pour l'ensemble des peuples et des Etats de la région
MENA. Les riverains des bassins fluviaux qui verront leurs besoins en eau
augmenter d'année en année, devront surmonter les obstacles et se
donner les moyens nécessaires à une
« hydrodiplomatie » active dans la région MENA. Afin
que cette diplomatie réussisse, il faut dépasser ces trois
obstacles : l'héritage politique, les sensibilités politiques et
la situation économique. Aujourd'hui, les projets afin de
remédier la gestion de l'eau à la région MENA existent
mais, leurs réalisations dépendent très étroitement
des accords bilatéraux et multilatéraux passés entre les
pays concernés et donc d'une paix juste et durable à laquelle
aspirent les peuples de la région. Il n'y a pas de salut pour la
région MENA hors de l'intégration régionale267(*). La stratégie de
blocage des grandes puissances n'est pas à négliger.
L'échec de la politique d'intégration régionale demeure
une solution coincée dans les mains des élites à
l'idéal régional. Avant d'être l'affaire du peuple tout
entier, la coopération régionale doit pénétrer la
conscience des classes dirigeantes qui devront se départir de leur
attachement au principe de la souveraineté absolue des
Etats.
La politique d'intégration régionale aurait
dû constituer le cadre approprié pour une coopération
véritable entre les Etats. Pour conjurer ce spectre, l'Afrique a rendu
compte de la nécessité d'un cadre coopératif regroupant
tous les Etats d'un même continent, avec la fin de l'OUA et la naissance
de l'Unité africaine le 9 juillet 2002, au
38ème et dernier sommet de l'OUA à Durban. M. Thabo
MBEKI, Président sud-africain, dont le pays a pris la présidence
dès ce lundi de ce qui était encore l'OUA pour quelques heures
avant de céder la place mardi à l'OUA, a
déclaré268(*) dont l'Afrique a besoin "d'un nouveau
commencement". L'expérience des 39 ans d'OUA "nous dit
clairement que nous devons réfléchir et travailler d'une nouvelle
façon". "Elle nous dit que nos peuples ont besoin de
démocratie, de bonne gouvernance, d'une corruption
éradiquée, de droits de l'homme, de paix et de
stabilité". Sur le papier, l'Unité africaine, sur le
modèle de l'Union européenne, sera dotée d'un Parlement,
d'une Commission, d'une Banque centrale, d'un Fonds monétaire africain,
d'une Banque africaine d'investissement et d'une Cour de justice269(*). Cette Unité va
être renforcée par un Nouveau partenariat pour le
développement en Afrique (NEPAD) qui vient de recevoir la confirmation
des pays du G8270(*) au sommet de Kananaskis, au Canada (26 et 27
juin 2002), entre désormais dans sa phase active.
Pour conclure, la solution ne peut être que
régionale, et ne pourra être mise en oeuvre que dans un contexte
de paix favorisant la naissance de projets communs. La paix sera durablement
établie le jour où une agence régionale de l'eau au
Moyen-Orient sera chargée de veiller en toutes circonstances à la
bonne application d'un ensemble nécessairement complexe de
traités de fourniture et d'échange entre ces pays dont l'eau lie
les destins. Pour les bassins fluviaux au Proche-Orient, il faut : une vision
commune pour gérer efficacement les ressources, qui nécessite un
climat de confiance ; une volonté politique appuyée par un
soutien public fondé sur une large coopération ; et un
partenariat à large assise associant bailleurs de fonds et institutions
internationales avec des organisations non gouvernementales.
De tout ce qui précède des deux premiers
chapitres, et d'après la théorie du comportement
coopératif, nous pouvons dire que l'Initiative du Bassin du Nil
considérait la seule voie rationnelle devant les gouvernements
nilotiques pour une gestion commune du bassin du Nil. Pour lutter contre les
défis internes et externes précités, la coopération
était le choix rationnel pour créer une identité nilotique
indépendante de tous les effets externes. Tout au long de ce dernier
chapitre, nous avons évoqué les différents aspects de la
coopération multilatérale entre les riverains nilotiques et les
institutions internationales. Tout d'abord, nous avons étudié le
corps de l'Initiative du Bassin du Nil, ses objectifs, son cadre institutionnel
et ses projets. Et puis, nous avons vu le prolongement de cette Initiative vers
un partenariat avec des institutions internationales. Enfin, nous avons
terminé par une perspective pour l'avenir, pas seulement pour cette
Initiative mais, pour la coopération dans la région MENA.
CONCLUSION
Dans un cours d'eau qui touche dix Etats riverains, un accord
intervenant entre deux de ces Etats ne constitue pas un règlement
définitif. C'est en raison de cette situation invraisemblable que nous
considérons que l'accord entre la République du Soudan et la
République Arabe Unie sur la pleine utilisation des eaux du Nil de 1959
était une « solution d'attente », car un
règlement durable du régime juridique des eaux du Nil exige une
confrontation générale de tous les riverains nilotiques.
L'aménagement d'un cours d'eau aussi important que le Nil doive en effet
se réaliser en fonction de la situation d'ensemble de tous les Etats du
bassin, afin que l' « unité hydrologique »
puisse correspondre à une certaine unité politique et juridique.
Le bassin du Nil constitue une entité hydrologique
« offrant » une base exceptionnelle pour renforcer et
stimuler la coopération profitable du bassin.
Cette période transitoire, entre l'accord
égypto-soudanais de 1959 et l'Initiative du Bassin du Nil, a connu
plusieurs éléments modificateurs, voire
révélateurs, poussant vers cette coopération
multilatérale entre les « dix-Nil-s » nationaux.
Quels sont ces éléments évolutifs ?. De tout ce qui
précède dans ce mémoire, nous concluons que la question de
l'eau a connu une triple évolution, aux niveaux
politique et juridique, en ce qui concerne les défis internes et
externes, et finalement, au niveau du concept de l'eau et de son
évolution d'un bien vital commun à un bien économique.
L'évolution aux niveaux politique et
juridique
La fin de la Guerre froide et l'arrivée au pouvoir
des Nouveaux Leaders : Si la fin de la Guerre froide avait remis en
cause et en valeur l'accord de 1959, l'arrivée des nouveaux leaders dans
les pays en amont avait été un élément
révélateur de la nécessité du recours à la
coopération multilatérale. La période de la Guerre froide
évoquait un cadre protecteur contre la non adhésion des pays
fragmentés entre deux blocs contradictoires. Ce qui l'a gardé
toujours un accord bilatéral pour un bassin qui passent par dix pays
riverains. Dès la fin de la Guerre froide et la dislocation de l'Union
soviétique, les pays nilotiques ont connu la fin des régimes
contradictoires politiquement et idéologiquement. Nous pouvons dire que
cette fin constate le début du chemin vers le devoir de
coopérer.
Ensuite, l'arrivée au pouvoir des nouveaux
leaders, avec une vision développementaliste pour leurs pays, a
ouvert de plus la voie devant le devoir de coopérer.
Ces leaders cherchent à obtenir la stabilité et la
crédibilité de leurs régimes politiques. Ces deux
objectifs ciblés engendrent un développement durable
socio-économique. Et nous savons très bien que la condition
primordiale pour le développement est la paix. La paix au niveau d'un
bassin qui pénètrent dix Etats, ne se réalise que par la
coopération entre eux, et que cette coopération ait l'objectif
d'instaurer le développement socio-économique durable dans ce
bassin271(*). Pas de
développement sans paix et pas de paix sans coopération.
La descente du binôme Etat-Nation /
Territoire : La préhension de la question de l'eau et le
débat à propos de l'hydropolitique s'inscrivaient dans la
perspective de compréhension du fonctionnement des Relations
Internationales. En effet, l'équation est posée aux termes d'un
rapport systématique entre le territoire et la souveraineté qui
s'y exerce. Soit le fleuve s'inscrit à l'intérieur des
frontières stato-nationales et relève alors de l'absolue
souveraineté de l'entité ; soit le fleuve traverse une ou
plusieurs frontières, il est dans ce cas source de conflits et de
désordre, dans la mesure où il confronte plusieurs
souverainetés stato-nationales. Après une longue période
triomphante du phénomène de l'Etat-Nation, nous assistons
à un decrescendo. La réalité des relations internationales
est devenue plus complexe que ne le laisse supposer la représentation
monolithique dont nous avons hérité du système
westphalien. Il ne suffit plus de dire un Etat, une Nation, un territoire, une
souveraineté pour rendre compte de cette réalité.
Cette réalité qui a commencé par la doctrine
de la souveraineté territoriale absolue, doctrine Harmon, consiste
à reconnaître à l'entité étatique,
l'entière souveraineté sur les ressources hydriques
présentes sur le territoire dont elle assure l'administration. La
souveraineté territoriale absolue proclame qu'un Etat peut user des eaux
sur son territoire de la façon qu'il estime la plus conforme aux
intérêts nationaux, indépendamment des conséquences
externes. Et puis, les règles d'Helsinki de 1966 ont remplacé la
doctrine de la souveraineté absolue par la doctrine de
l'intégrité territoriale, c'est-à-dire une
souveraineté territoriale limitée. La doctrine de
l'intégrité territoriale voit que tout Etat du bassin a droit,
sur son territoire, à une part raisonnable et équitable de
l'utilisation avantageuse des eaux du bassin hydrographique
international. Enfin, la convention sur le droit relatif aux utilisations
des cours d'eau internationaux à des fins autres que la navigation de
1997 a formalisé une nouvelle approche juridique au problème.
Cette Convention a repris la définition du Bassin de Drainage
International en reconnaissant le devoir de coopérer
à sa protection et à sa mise en valeur. La Convention a
transformé le principe de ne pas nuire à autrui vers un principe
de coopération juste et équitable. Du point de vue du droit
international des bassins fluviaux272(*), la convention de 1997 a baptisé le concept
de coopération comme concept prédominant dans la
résolution des tensions au niveau des bassins transfrontaliers.
L'évolution au niveau des défis internes
et externes
Les défis internes : L'idée de la
guerre de l'eau consistait un défi interne pour les riverains nilotiques
mais aussi, une conséquence de l'instabilité politique, la
politisation de l'eau et de la croissance démographique. La
période de la Guerre froide jouait un rôle important dans
l'efficacité de ces défis. Au Sud du Soudan, l'instabilité
politique a empêché l'achèvement du canal de Jonglei,
n'oublions le rôle des grandes puissances et des pays voisins. Au cas
où des perturbations dans les relations entre les deux pays, le recours
à l'eau comme carte de jeu serait fréquent. L'Egypte menace
l'Ethiopie de rentrer en guerre s'il y a des barrages construits sur le Nil
bleu, et lors de la déclaration du projet de la Nouvelle Vallée
« Tochka », l'Ethiopie accuse l'Egypte d'utiliser plus que
son quota. La croissance démographique et la nécessité du
développement entraînent des projets hydrauliques, ce qui
nécessite le changement de vision envers le Bassin. L'Egypte le voit
selon l'angle de l'unicité, un barrage en amont influence directement
sur les pays en aval.
Tous ces défis ont provoqué un grand
défi, celui de la guerre de l'eau, n'a jamais existé au bassin du
Nil mais, il est un bassin de discorde. Pas de doctrine
commune, l'Egypte est pour l'intégrité territoriale et ses droits
acquis, l'Ethiopie est pour la souveraineté territoriale absolue, et les
pays en amont sont pour la doctrine de Nyréré et le refus des
héritages colonisateurs, en considérant l'accord de 1959 l'un de
ces héritages. Pas de coopération commune, puisque les Etats
nilotiques n'étaient pas d'accord sur les idéologies, ils ne
seront pas d'accord sur les moyens de régulation. La Commission
Technique Mixte n'a pas réussi de se transformer vers une commission
commune. L'Undugu n'a pas continué sous prétexte qu'il
était imposé par l'Egypte et que l'Egypte exerce son influence
sur les autres riverains. La discorde était un motif fort pour le
déclenchement d'une guerre, surtout entre l'Egypte et l'Ethiopie mais,
la rationalité dans la prise de décision était le
protecteur. Les deux partenaires savent que de l'irrationnel de faire une
guerre autour d'un bien commun surtout si l'un des deux est un pays en aval. De
plus, le non-déclenchement montre que les différends se
provoquent d'après des facteurs et des acteurs externes, voire l'effet
de contexte.
Néanmoins, cette situation est considérée
ancienne, elle a été renouvelée par le recours à la
coopération multilatérale273(*). D'après les projets de l'Initiative du
Bassin du Nil, l'Egypte a quitté l'unicité du bassin vers la
reconnaissance de l'existence des bassins subsidiaires, et que les barrages sur
ces sous-bassins ne la nuisent pas. A son tour, l'Ethiopie a quitté
aussi l'idée de ne pas commencer aucune coopération sans la
révision de l'accord de 1959.
Les défis externes : Après la fin de
la Guerre froide, l'Afrique s'est trouvée devant une nouvelle
concurrence franco-américaine, un rôle
français ambigu envers le conflit aux Grands Lacs et un objectif
américain, en attirant les nouveaux leaders, pour ses
intérêts économiques. Nous considérons que l'Afrique
comme cible à cette concurrence, était un élément
catalyseur pour le recours à la coopération, en
s'échappant d'une nouvelle polarisation. Ensuite, la
sécurité alimentaire mondiale, la santé de millions
d'êtres humains, l'équilibre des villes en développement et
la sécurité économique, politique et militaire de
plusieurs régions sont en jeu dans un contexte d'aggravation des
situations de contrainte hydrique. La production alimentaire devra être
triplée dans les pays en développement et quintuplée en
Afrique et au Moyen-Orient, deux régions où la rareté des
ressources en eau douce constitue déjà de sérieuses
contraintes à la production agricole.
Avoir l'impression que la contrainte hydrique est devenue une
crise commune, a ouvert la porte devant l'aspect transnational de
l'eau. Chercher comment résoudre cette contrainte consistait un
objectif commun de tous les pays et pas seulement des riverains
concernés. La gouvernance de l'eau ne se réalise pas par les
efforts étatiques mais par ceux de tous les acteurs. Donc, l'aspect
transnational de l'eau était un mécanisme de la part des pays
développés pour envisager les crises hydriques. Et nous voyons
que la coopération considérait la bonne voie pour les riverains
d'un seul fleuve, et considérés parmi les pays en
développement, pour avoir une décision commune devant les
mécanismes de cet aspect transnational. Autrement dit, le devoir
de coopérer est un moyen préventif.
De plus, les politiques, adoptées par les
mécanismes de cet aspect transnational, cherchent à
réaliser les intérêts des pays riches. L'idée de
la tarification de l'eau est sans doute contre
l'intérêt des pays pauvres et marginalisés. Ce
mécanisme aggrave le fossé entre les pays riche et pauvre,
déjà redoublé par la mondialisation mais cette fois-ci,
l'idée touche un bien vital, un droit pour n'importe quel être
humain. Ne voyez pas que ce mécanisme aussi engendre un
préventif, tel que la coopération entre acteurs pluriels pour un
problème d'intérêt collectif. L'accès à la
ressource est aussi une question d'éthique et doit en conséquence
être considéré comme un droit fondamental à assurer
à l'ensemble de l'humanité.
Selon Riccardo PETRELLA, l'accès de base à
l'eau est un droit politique, économique et social fondamental,
individuel et collectif, car de la jouissance de ce droit dépend la
sécurité biologique, économique et sociale de chaque
être humain de toute communauté humaine. Compétition
ou coopération, aujourd'hui comme hier, définissent les deux
grands pôles de tension autour d'une ressource essentielle à tous
qu'il faut partager. L'eau n'a jamais été et ne sera jamais
limitée à un espace exactement circonscrit par une
autorité unique, à moins qu'un véritable gouvernement
mondial puisse être envisageable, et a donc dû, à travers
toutes les périodes de l'histoire, faire l'objet de négociations
et d'aménagements. C'est probablement avec l'eau que la conscience de
l'interdépendance à l'égard des ressources naturelles est
apparue en premier274(*).
L'évolution du concept de l'eau d'un bien
commun à un bien économique
L'ascension de l'eau comme bien économique :
La mise en oeuvre des politiques de gestion de l'eau est un domaine qui suscite
une intervention de la part d'agents étrangers et internationaux, aux
différentes étapes du processus de décision. En effet, le
fonctionnement du système international a été
complexifié par la multiplication des acteurs internationaux. Dès
lors, il est inadéquat de faire de l'institution étatique la
composante exclusive des flux et de la circulation transnationale des biens
matériels et symboliques, même dans le domaine de la gestion de
l'eau. Ce qui caractérise récemment le facteur exogène de
la gestion de l'eau est la multiplication et la diversification des centres de
production et de diffusion des normes. Ainsi, le recours aux systèmes de
représentation fondés sur le centrisme gouvernemental et le
modèle hydraulique participent à la dé-légitimation
de cet ordre, représenté par le triptyque
« étatisme, centralisme et bureaucratie », au profit
du « Nouvel ordre mondial », fondé sur le triptyque
« économie de marché, pluralisme et
démocratisation » ou le diptyque
« libéralisation économique, libéralisme
politique ».
Il existe plusieurs types d'acteurs et de milieux
exogènes qui prennent part à la production des normes, à
la circulation des biens matériels et symboliques dont l'objet est
l'élaboration des politiques de gestion de l'eau. Il s'agit des
organisations internationales et régionales, omnifonctionnelles et
unifonctionnelles, des institutions scientifiques, des organisations non
gouvernementales, et des services de coopération. Une telle norme
implique la modification profonde des systèmes de préhension et
de représentation de l'eau qui doit être affranchie de toutes les
références morales, culturelles et éthiques pour
être considérée comme une marchandise, un produit
économique, susceptible d'être soumis aux lois du marché de
l'offre et de la demande. Il s'agit d'engager l'élément
« eau » dans une autre rationalité qui transcende
à la fois la dimension nationale et la dimension culturelle.
Transcender la dimension nationale consiste à la fois
pour le pays fournisseur d'accepter et de légitimer la décision
d'aliéner une partie des ressources hydriques et pour le
bénéficiaire d'accepter de se soumettre aux lois
aléatoires d'un marché. L'eau devient une marchandise au
même titre que le pétrole, engageant les gouvernements dans un
nouvel équilibre des rapports de forces, entre les enjeux politiques et
les enjeux économiques, la rationalité d'Etat comme garant des
services vitaux et la rationalité commerciale.
En traitant l'aspect transnational de l'eau comme exemple
d'un défi externe. Nous avions l'image que cet aspect est le
résultat de normes tels que la gouvernance et le développement
durable. Mais, la réalité c'est que cet aspect était une
conséquence et il a provoqué une autre conséquence.
L'aspect transnational a transformé l'eau d'un bien collectif à
un bien économique. Il est pour la gouvernance de l'eau et le
développement durable socio-économique mais pour les peuples qui
possèdent les moyens financiers. Nous considérons que cette
évolution est révolutionnaire ce qui a encouragé les pays
de ne chercher que la coopération pour avoir un seul mot devant ces
normes.
Viser la réalisation des buts communs fondés
sur un développement socio-économique durable comporte, à
mon avis, est une évolution. Elle incarne le changement dans les visions
des riverains nilotiques envers le bassin du Nil. Une coopération
bilatérale ne réalise pas les intérêts d'un bassin
passant par dix Etats mais, c'est la coopération multilatérale
qui établit une gestion commune pour ce bassin. L'accord de 1959
était la conséquence de l'effet de contexte pendant cette
période, et visait les intérêts de deux pays seulement. Par
contre, l'Initiative du Bassin du Nil a des buts communs
à réaliser pour tout le Bassin et pour tous les pays nilotiques
à savoir :
· Etablir un cadre institutionnel coopératif
acceptable par tous les pays du Bassin ;
· Réaliser un développement
socio-économique pour tous les pays et surtout les plus
pauvres ;
· Préparer une « Vision
commune » pour présenter les riverains nilotiques devant la
communauté internationale et les forums mondiaux sur l'eau ;
· Mettre en oeuvre des projets régionaux communs
d'aménagement des ressources en eau ;
· Protéger et améliorer l'environnement
afin de contrôler la dégradation des sols, l'envasement et la
pollution des lacs équatoriaux et du Nil blanc.
Pour conclure, puisque nous vivons la signature d'un protocole
d'accord entre le gouvernement et les rebelles soudanais, et comment les
dirigeants cherchent à réaliser la paix au Sud. Si le prix est
son indépendance, quelle sera son attitude envers l'Initiative du Bassin
du Nil ?.
TABLE DES ANNEXES
Page
Annexe I : Le bassin du Nil
........................................................................
103
Annexe II : Accord entre la République
du Soudan et la République Arabe Unie
sur la pleine utilisation des eaux du
Nil............................................. 104
Annexe III : Bassin du Tigre et de
l'Euphrate...................................................... 110
Annexe IV : Bassin hydrographique du
Jourdain................................................... 111
Annexe V : The Helsinki Rules on the uses of
the waters of international rivers............. 112
Annexe VI : Convention sur le droit relatif
aux utilisations
des cours d'eau internationaux à des fins autres que la
navigation................ 116
Annexe VII : La Nouvelle Vallée
« Tochka »
....................................................... 133
Annexe VIII : Tochka en chiffres
......................................................................
134
Annexe IX : La croissance démographique en
chiffres ( recensement juillet 2001) ........... 134
Annexe X : Les besoins hydrauliques
égyptiens et soudanais (2000-2051) ................... 135
Annexe XI : Countries experiencing water scarcity in
1955, 1990 and 2025
(projected), based on availability of less than 1,000
cubic meters
of renewable water per person per year
............................................... 136
Annexe XII : Planisphère
« les conflits pour l'eau dans le monde »
l'eau pétrole du XXIème siècle
.......................................................... 137
Annexe XIII : La situation
hydraulique égyptienne en 2015 .........................................
137
Annexe XIV : Undugu
..............................................................................
138
Annexe XV : TeccoNile plan d'action pour le
bassin du Nil ........................................ 138
Annexe XVI : Chronologie de l'Initiative du
Bassin du Nil .......................................... 139
Annexe XVII : La situation de chaque pays
riverain envers l'IBN .................................... 142
Annexe XVIII : Le Programme d'Action
Stratégique ....................................................
145
Annexe XIX : Les mécanismes de
financement ......................................................... 145
Annexe XX : Les montants des projets de l'IBN
........................................................ 146
Annexe XXI : Les niveaux de
coopération à l'IBN
...................................................... 146
Annexe XXII : Le cycle du Programme de Vision
Commune ........................................... 147
Annexe XXIII : Le cycle du Programme
d'Action Subsidiaire ........................................... 147
Annexe XXIV : La Situation des pays des Lacs
Equatoriaux ............................................. 148
Annexe XXV: Début du dialogue
international sur le développement du bassin du Nil (IUCN) ..... 149
Annexe I :
Le bassin du Nil
Source : -------------, Nile River
Basin Map, Entebbe / Uganda : Nile Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/nilemap.htm
(7 juin 2002)
Annexe II :
Accord entre la République du Soudan
Et la République Arabe Unie
sur la pleine utilisation des eaux du Nil
Considérant la nécessite dans laquelle se
trouvent la République du Soudan et la République Arabe Unie
d'entreprendre, sur des accords techniques autres que ceux appliqués
à présent, de nouveaux travaux sur le Nil permettant le plein
contrôle et l'accroissement de son rendement afin que ses eaux soient
utilisées pleinement ;
Considérant que ces travaux nécessitent, pour
leur exécution et leur administration, le plein accord et la
coopération totale entre les deux Républiques afin de
réglementer les avantages qui leur reviennent et d'utiliser les eaux du
Nil de manière à assurer les besoins présents et futurs
des deux pays ;
Et considérant que l'Accord sur les eaux du Nil conclu
en 1929 ne prévoyait que l'utilisation partielle des eaux du Nil et ne
comprenait pas le contrôle total des eaux du fleuve, les deux
Républiques conviennent que :
Premièrement :
Les droits acquis à ce jour
1. La quantité des eaux du Nil utilisée par la
République Arabe Unie jusqu'à ce que cet accord soit
signé, sera son droit acquis avant l'obtention des avantages qui
découlent des travaux pour le contrôle du Nil et des travaux qui
accroîtront son rendement, travaux qui figurent dans cet Accord. Le
montant total de ce droit acquis est de 48 milliards de mètres cubes par
an, mesurés à Assouan.
2. La quantité d'eau utilisée actuellement par
la République du Soudan sera son droit acquis avant l'obtention des
avantages qui découlent des travaux mentionnés ci-dessus. Le
montant total de ces droits acquis est de 4 milliards de mètres cubes
par an mesurés à Assouan.
Deuxièmement :
Les travaux pour le contrôle du Nil et la
répartition
Entre les deux Républiques, des avantages en
découlant
1. Dans le but de régulariser les eaux du fleuve et de
contrôler son écoulement dans la mer, les deux Républiques
conviennent que la République Arabe Unie construira le Sudd El Aali
à Assouan, le premier d'une série de travaux sur le Nil pour le
stockage des eaux sur une année.
2. Afin de permettre au Soudan d'utiliser sa part d'eau, les
deux Républiques conviennent que la République du Soudan
construira le barrage de Roseires sur le Nil Bleu ainsi que tout autre ouvrage
que la République du Soudan jugera nécessaire pour l'utilisation
de sa part.
3. Les avantages nets découlant du réservoir de
Sudd El Aali seront calculés sur la base du débit naturel du
fleuve à Assouan, pris sur les années de ce siècle, qui
est estimé être 84 milliards de mètres cubes par an. Les
droits acquis des deux Républiques, mentionnés à l'article
« Premièrement », tels qu'ils sont mesurés
à Assouan ainsi que les pertes moyennes en eau causées par le
stockage sur une année au réservoir de Sudd El Aali, seront
déduits de ce rendement et la différence constituera les
avantages nets que les deux Républiques se partageront.
4. L'avantage net du réservoir de Sudd El Aali
mentionné dans le paragraphe précédent, sera
partagé entre les deux Républiques à raison de 14.5 pour
le Soudan et de 7.5 pour la République Arabe Unie aussi longtemps que le
rendement moyen du fleuve restera dans les limites du rendement moyen
mentionné dans le paragraphe précédent. Ce qui signifie
que si le rendement moyen restait le même que la moyenne des
années précédentes de ce siècle, et qui est
estimé à 84 milliards, et si les pertes dues au stockage sur
l'année restent les mêmes que les estimations présentes de
10 milliards, l'avantage net du réservoir de Sudd El Aali sera de 22
milliards, la part de la République du Soudan étant de 14.5
milliards et la part de la République Arabe Unie de 7.5 milliards. En
ajoutant ces parts aux droits acquis, la part totale du rendement net du Nil,
une fois que le réservoir de Sudd El Aali fonctionnera pleinement, sera
de 18.5 milliards pour la République du Souda et de 55.5 milliards pour
la République Arabe Unie.
Mais si le rendement moyen augmente, l'avantage net qui
résultera de cette augmentation sera divisé entre les deux
Républiques à parts égales.
5. Comme l'avantage net qui découle du Sudd El Aali
(mentionné au paragraphe 3 de l'article
« deuxièmement ») est calculé sur la base du
rendement naturel moyen du fleuve à Assouan au cours des années
de ce siècle, après déduction des droits acquis des deux
Républiques, et des pertes dues au stockage sur un an au
réservoir de Sudd El Aali, il est convenu que cet avantage sera soumis
à des révisions par les deux parties, à des intervalles
raisonnables qui seront déterminés d'un commun accord une fois
que le réservoir de Sudd El Aali fonctionnera pleinement.
6. La République Arabe d'Egypte accepte de
régler à la République du Soudan la somme de 15 millions
de livres égyptiennes en tant que dédommagement pour les
dégâts causés aux biens soudanais par le stockage d'eau au
réservoir de stockage El Aali jusqu'à un niveau de 182
mètres (référence de base). Le règlement de ce
dédommagement s'effectuera selon l'accord ci-joint entre les deux
parties.
7. La République du Soudan s'engage à
entreprendre, avant juillet 1963, le transfert définitif de la
population de Halfa et des autres ressortissants soudanais dont les terres
seront submergées par les eaux stockées.
8. Il est convenu que, lorsque le Sudd El Aali fonctionnera
pleinement et stockera l'eau sur un an, la République Arabe Unie n'aura
plus besoin de stocker de l'eau au barrage de Gebel Aulia. Les deux parties
contractantes examineront alors tous les problèmes qui découlent
de ce renoncement.
Troisièmement :
Travaux pour l'utilisation des eaux perdues
Dans le Bassin du Nil
Considérant le fait qu'actuellement, des volumes
considérables d'eau du Bassin du Nil sont perdus dans les marais de Bahr
El Jebal, Bahr El Zaraf, Bahr El Ghazal et le Sobat, et qu'il est essentiel que
des efforts soient faits afin d'empêcher ces pertes et d'accroître
le rendement du fleuve à des fins de développement agricole dans
les deux Républiques, les deux Républiques ont convenu que:
1. En accord avec la République Arabe Unie, la
République du Soudan construira des travaux dans le but
d'accroître le rendement du fleuve en enrayant les pertes d'eau du bassin
du Nil, des marais de Bahr El Jebal, Bahr El Zaraf, Bahr El Ghazal et ses
tributaires, du Sobat et ses tributaires et du bassin du Nil Blanc. Le
rendement net de ces travaux sera réparti à parts égales
entre les deux Républiques et chacune participera aux frais à
parts égales.
La République du Soudan financera les travaux
mentionnés ci-dessus de ses propres fonds et la République Arabe
Unie paiera sa part des fris dans la même proportion de 50% qui lui
revient du rendement de ces travaux.
2. Si, en raison des progrès accomplis dans son
programme de développement agricole, la République Arabe Unie
considère qu'il est nécessaire d'entreprendre l'un des travaux
d'accroissement du rendement du Nil mentionnés dans le paragraphe
précédent, après qu'il ait été
approuvé par les deux Gouvernements et à un moment où la
République du Soudan n'a pas besoin de ces travaux, la République
Arabe Unie fera part à la République du Soudan de la date
à laquelle elle pourra commodément entreprendre la construction
de l'ouvrage en question. Dans les deux années qui suivent une telle
communication, chacune des deux Républiques présentera un
programme échelonné dans le temps pour l'utilisation de sa part
des eaux ainsi récupérées par les travaux, chaque
programme liant les deux parties. A l'expiration des deux ans, la
République Arabe d'Egypte entreprendra la construction des travaux
à son propre compte. Lorsque la République du Soudan sera
prête à utiliser sa propre part selon le programme convenu, elle
réglera à la République Arabe Unie une part des
dépenses totales dans les mêmes proportions que la part des
avantages qui reviennent au Soudan par rapport à la totalité des
avantages issus de ces travaux : Etant entendu que la part de chacune des
Républiques ne dépassera pas la moitié de la moitié
des avantages issus de ces travaux.
Quatrièmement :
Coopération technique
Entre les deux Républiques
1. Afin d'assurer une coopération technique entre les
Gouvernements des deux Républiques, dans le but de poursuivre les
recherches et les études nécessaires aux travaux de
contrôle du Nil et à l'accroissement de son rendement et afin de
poursuivre les études hydrologiques de ses plans d'eau
supérieurs, les deux Républiques conviennent
qu'immédiatement après la signature de cet Accord, une Commission
Technique Permanente Mixte sera créée qui comprendrait le
même nombre de membres de chaque partie et dont les fonctions
seraient:
a) L'élaboration des projets de base des travaux
destinés à accroître le rendement du Nil ainsi que du
contrôle des études nécessaires à la mise au point
de ces travaux avant de les présenter, pour approbation, aux
Gouvernements des deux Républiques.
b) La surveillance de l'exécution des travaux
approuvés par les deux Gouvernements.
c) La mise au point du mode opératoire pour tous les
travaux qui seront entrepris sur le Nil à l'intérieur des
frontières du Soudan, ainsi que pour ceux qui seront construits hors des
frontières du Soudan, en accord avec les autorités
concernées dans les pays dans lesquels de tels travaux seront
entrepris.
d) La surveillance de l'application de tous les modes
opératoires mentionnés en c) relatifs aux travaux entrepris
à l'intérieur des frontières du Soudan et relatifs au
réservoir de Sudd El Aali et au barrage d'Assouan est assurée par
les ingénieurs officiels délégués dans ce but par
les deux Républiques ; ainsi que la surveillance du fonctionnement
des ouvrages construits sur le Haut Nil comme il est prévu dans les
accords conclu avec les pays dans lesquels de tels ouvrages ont construits.
e) Comme il est probable qu'on soit confronté à
une série d'années à bas niveau, ce qui conduirait
à une succession de bas niveaux dans le réservoir du Sudd El
Aali, au point qu'il ne soit pas possible aux deux Républiques de tirer
toute l'eau dont elles auraient besoin, à aucune des années, la
Commission Technique est chargée de prendre des dispositions
équitables qui seront suivies par les deux Républiques, les
recommandations de la Commission seront soumises à l'approbation des
deux Gouvernements.
2. Afin de permettre à la Commission d'exercer les
fonctions énoncées dans le paragraphe précédent,
afin de veiller au jaugeage continu du Nil et afin de maintenir les
observations des plans d'eau supérieurs, ces tâches seront
accomplies sous la surveillance technique de la Commission par des
ingénieurs de la République du Soudan, et les ingénieurs
de la République Arabe Unie au Soudan, en République Arabe Unie
et en Ouganda.
3. Les deux Gouvernements créeront la Commission
Technique Mixte par un décret conjoint et lui accorderont les fonds
nécessaires à son budget. Selon les exigences des travaux, la
Commission pourra se réunir au Caire ou à Khartoum. Sous
réserve de l'approbation des deux Gouvernements la Commission
établira les règlements présidant à l'organisation
des rencontres et des activités techniques, administratives et
financières.
Cinquièmement :
Dispositions générales
1. Si les négociations sur les eaux du Nil devaient
s'imposer avec un autre Etat riverain, hors des frontières des deux
Républiques, le Gouvernement de la République du Soudan et celui
de la République Arabe Unie épouseront un point de vue commun
après que le problème ait été étudié
par la Commission Technique. Ce point de vue commun servira de base à
toute négociation entre la Commission et les dits Etats.
Si les négociations résultent en un accord
permettant la construction de travaux sur le fleuve, hors des frontières
des deux Républiques, après avoir consulté les
autorités des Gouvernements des Etats concernés, la Commission
Technique Mixte mettra au point tous les détails techniques de
l'exécution des travaux ainsi que du fonctionnement et de l'entretien.
Une fois que les Gouvernements concernés auront sanctionné ces
mesures, la Commission supervisera l'exécution de ces accords
techniques.
2. Chaque fois que les Etats riverains autres que les deux
Républiques font valoir leur droit à une part des eaux du Nil,
les deux Républiques ont convenu qu'elles examineront ensemble ces
demandes et arriveront à un point de vue commun en ce qui les concerne.
S'il résulte de cet examen que l'on doive accorder une partie des eaux
du Nil à l'un ou l'autre des dits Etats, la quantité
acceptée sera déduite de la part des deux Républiques
à parts égales, calculée à Assouan.
La Commission Technique mentionnée dans cet accord
prendra les dispositions nécessaires avec les Etats concernés en
vue d'assurer que la consommation d'eau ne dépassera pas les volumes
convenus.
Sixièmement :
Période transitoire avant de tirer pleinement
profit
Du réservoir achevé à Sudd El
Aali
Etant donné que les deux Républiques ne
pourront tirer profit de leurs parts de l'avantage net fourni par le
réservoir du Sudd El Aali avant que sa construction ne soit
achevée et que le réservoir ne puisse être utilisé
pleinement, les deux parties s'entendront sur leurs programmes de
développement agricole dans la période transitoire
commençant et allant jusqu'à l'achèvement du Sudd El Aali
sans porter préjudice à leurs besoins actuels en eau.
Septièmement :
Cet accord entrera en vigueur après ratification par
les deux parties contractantes sous réserve que chacune des Parties
informera l'autre Partie de la date de ratification, par voie diplomatique.
Huitièmement :
L'annexe (1) et l'annexe (2, A et B) jointes à cet
Accord, sont considérées comme faisant partie intégrante
de l'Accord.
Rédigé au Caire, en arabe, en deux exemplaires
originaux,
le 7 du mois de Gumada El Oula 1379, le 8 novembre 1959.
Pour la République du Soudan Pour la
République Arabe Unie
Lewa
MOHAMED TALAAT FARID. ZAKARIA MOHIE EL DIN.
Annexe (1)
Disposition spéciale pour un prêt en
eau
Sollicité par la République Arabe
Unie
La République du Soudan accepte en principe d'accorder
à la République Arabe Unie, un prêt en eau pris sur la part
du Soudan des eaux du Sudd El Aali afin de lui permettre de poursuivre ses
programmes de développement agricole déjà
prévus.
La République Arabe Unie présentera sa demande
de prêt après un réexamen de ses programmes, dans les cinq
années qui suivent la signature de cet Accord. Si cet réexamen
effectué par la République Arabe Unie révèle
qu'elle a besoin de ce prêt, la République du Soudan lui accordera
un prêt prélevé sur sa propre part, ne dépassant pas
un milliard et demi, étant entendu que cet prêt cessera en
novembre 1977.
Annexe (2)
(A)
Au: Chef de la Délégation de la
République du Soudan
Conformément à l'article (Deuxièmement),
paragraphe 6, de cet accord signé ce jour, concernant la pleine
utilisation des eaux du Nil, les dédommagements d'un montant de 15
millions de livres égyptiennes payables en livre sterling ou en une
autre devise sur laquelle les deux Parties se mettront d'accord, et
calculé sur la base d'un taux fixe de 2.87156 $ à la Livre
égyptienne, sera payé comme convenu par le Gouvernement de la
République Arabe Unie, par tranches, comme suit:
3 millions de Livres au 1er janvier 1960
4 millions de Livres au 1er janvier 1961
4 millions de Livres au 1er janvier 1962
4 millions de Livres au 1er janvier 1963
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir confirmer votre
accord sur ce qui précède.
Avec ma plus haute considération.
Chef de la Délégation
De la République Arabe Unie
ZAKARIA MOHIE EL DIN
Annexe (2)
(B)
Au: Chef de la Délégation de la
République Arabe Unie
J'ai l'honneur d'accuser réception de votre lettre de
ce jour stipulant ce qui suit :
« Conformément à l'article
(Deuxièmement), paragraphe 6, de cet accord signé ce jour,
concernant la pleine utilisation des eaux du Nil, les dédommagements
d'un montant de 15 millions de livres égyptiennes payables en livre
sterling ou en une autre devise sur laquelle les deux Parties se mettront
d'accord, et calculé sur la base d'un taux fixe de 2.87156 $ à la
Livre égyptienne, sera payé comme convenu par le Gouvernement de
la République Arabe Unie, par tranches, comme suit :
3 millions de Livres au 1er janvier 1960
4 millions de Livres au 1er janvier 1961
4 millions de Livres au 1er janvier 1962
4 millions de Livres au 1er janvier 1963
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir confirmer votre
accord sur ce qui précède ».
J'ai l'honneur de confirmer l'accord du Gouvernement de la
République du Soudan au contenu de cette lettre.
Avec ma plus haute considération.
Chef de la Délégation
De la République du Soudan
(Lewa)
MOHAMED TALAAT FARID
Source: EGYPTE. Ministère des Affaires
étrangères, l'Egypte et le Nil. Paris : Organisme de
l'Information de l'Etat, juin 1982, p. 73-80
Annexe III :
Bassin du Tigre et de l'Euphrate
Source : -----------------, Carte du
Bassin de Tigre et de l'Euphrate, Encyclopaedia Britannica, 1998,
http://www.britannica.com/eb/image?id=1746
(20 juillet 2002)
Annexe IV :
Source : ----------------------,
Guerre et paix au Proche-Orient : eau inégalement
répartie,
http://www.h2o.net/magazine/urgences/geopolitique/conflits/proche_orient/francais/guerre_3.htm#jordanie
(20 novembre 2001)
Annexe V :
The Helsinki Rules on the uses of the waters of
international rivers275(*)
CHAPTER 1. GENERAL
Article I
The general rules of international law as set forth in these
chapters are applicable to the use of the waters of an international drainage
basin except as may be provided otherwise by convention, agreement or binding
custom among the basin States.
Article II
An international drainage basin is a geographical area
extending over two or more States determined by the watershed limits of the
system of waters, including surface and underground waters, flowing into a
common terminus.
Article III
A "basin State" is a State the territory of which includes a
portion of an international drainage basin.
CHAPTER 2. EQUITABLE UTILIZATION OF THE WATERS OF AN
INTERNATIONAL DRAINAGE BASIN
Article IV
Each basin State is entitled, within its territory, to a
reasonable and equitable share in the beneficial uses of the waters of an
international drainage basin.
Article V
I. What is a reasonable and equitable share within the meaning
of article IV to be determined in the light of all the relevant factors in each
particular case.
II. Relevant factors which are to be considered include, but
are not limited to:
1. The geography of the basin, including in particular the
extent of the drainage area in the territory of each basin State;
2. The hydrology of the basin, including in particular the
contribution of water by each basin State;
3. The climate affecting the basin;
4. The past utilization of the waters of the basin, including
in particular existing utilization;
5. The economic and social needs of each basin State;
6. The population dependent on the waters of the basin in each
basin State;
7. The comparative costs of alternative means of satisfying
the economic and social needs of each basin State;
8. The availability of other resources;
9. The avoidance of unnecessary waste in the utilization of
waters of the basin;
10. The practicability of compensation to one or more of the
co-basin States as a means of adjusting conflicts among uses; and
11. The degree to which the needs of a basin State may be
satisfied, without causing substantial injury to a co-basin State.
III. The weight to be given to each factor is to be determined
by its importance in comparison with that of other relevant factors. In
determining what is reasonable and equitable share, all relevant factors are to
be considered together and a conclusion reached on the basis of the whole.
Article VI
A use or category of uses is not entitled to any inherent
preference over any other use or category of uses.
Article VII
A basin State may not be denied the present reasonable use of
the waters of an international drainage basin to reserve for a co-basin State a
future use of such waters.
Article VIII
An existing reasonable use may continue in operation unless
the factors justifying its continuance are outweighed by other factors leading
to the conclusion that it be modified or terminated so as to accommodate a
competing incompatible use.
(a) A use that is in fact operational is deemed to have been
an existing use from the time of the initiation of construction directly
related to the use or, where such construction is not required, the undertaking
of comparable acts of actual implementation.
(b) Such a use continues to be an existing use until such time
as it is discontinued with the intention that it be abandoned.
A use will not be deemed an existing use if at the time of
becoming operational it is incompatible with an already existing reasonable
use.
CHAPTER 3. POLLUTION
Article IX
As used in this chapter, the term "water pollution" refers to
any detrimental change resulting from human conduct in the natural composition,
content, or quality of the waters of an international drainage basin.
Article X
1. Consistent with the principle of equitable utilization of
the waters of an international drainage basin, a State:
(a) Must prevent any new form of water pollution or any
increase in the degree of existing water pollution in an international drainage
basin which would cause substantial injury in the territory of a co-basin
State;
(b) Should take all reasonable measures to abate existing
water pollution in an international drainage basin to such an extent that no
substantial damage is caused in the territory of a co-basin State.
2. The rule stated in paragraph 1 of this article applies to
water pollution originating:
(a) Within a territory of the State, or
(b) Outside the territory of the State, if it is caused by the
State's conduct.
Article XI
In the case of a violation of the rule stated in paragraph 1
(a) of article X of this chapter, the State responsible shall be required to
cease the wrongful conduct and compensate the injured co-basin State for the
injury that has been caused to it.
In a case falling under the rule stated in paragraph 1 (b) of
article X, if a State fails to take reasonable measures, it shall be required
promptly to enter into negotiations with the injured State with a view towards
reaching a settlement equitable under the circumstances.
CHAPTER 4 . NAVIGATION (Articles XII-XX) CHAPTER 5. TIMBER
FLOATING (Articles XXI-XXV) CHAPTER 6. PROCEDURES FOR THE PREVENTION AND
SETTLEMENT OF DISPUTES
Article XXVI
This chapter relates to procedures for the prevention and
settlement of international disputes as to the legal rights or other interests
of basin States and of other States in the waters of an international drainage
basin.
Article XXVII
Consistently with the Charter of the United Nations, States
are under an obligation to settle international disputes as to their legal
rights or other interests by peaceful means in such a manner that international
peace and security and justice are not endangered.
It is recommended that States resort progressively to the
means of prevention and settlement of disputes stipulated in articles XXIX to
XXXIV of this chapter.
Article XXVIII
1. States are under a primary obligation to resort to means of
prevention and settlement of disputes stipulated in the applicable treaties
binding upon them.
2. States are limited to the means of prevention and
settlement of disputes stipulated in treaties binding upon them only to the
extent provided by the applicable treaties.
Article XXIX
With a view to preventing disputes from arising between basin
States as to their legal rights or other interest, it is recommended that each
basin State furnish relevant and reasonably available information to the other
basin States concerning the waters of a drainage basin within its territory and
its use of, and activities with respect to, such waters.
A State, regardless of its location in a drainage basin,
should in particular furnish to any other basin State, the interests of which
may be substantially affected, notice of any proposed construction or
installation which would alter the regime of the basin in a way which might
give rise to a dispute as defined in article XXVI. The notice should include
such essential facts as will permit the recipient to make an assessment of the
probable effect of the proposed alteration.
A State providing the notice referred to in paragraph 2 of
this article should afford the recipient a reasonable period of time to make an
assessment of the probable effect of the proposed construction or installation
and to submit its views thereon to the State furnishing the notice.
If a State has failed to give the notice referred to in
paragraph 2 of this article, the alteration by the State in the regime of the
drainage basin shall not be given the weight normally accorded to temporal
priority in use in the event of a determination of what is a reasonable and
equitable share of the waters of the basin.
Article XXX
In case of a dispute between States as to their legal rights
or other interests, as defined in article XXVI, they should seek a solution by
negotiation..
Article XXXI
If a question or dispute arises which relates to the present
or future utilization of the waters of an international drainage basin, it is
recommended that the basin States refer the question or dispute to a joint
agency and that they request the agency to survey the international drainage
basin and to formulate plans or recommendations for the fullest and most
efficient use thereof in the interests of all such States.
It is recommended that the joint agency be instructed to
submit reports on all matters within its competence to the appropriate
authorities of the member States concerned.
It is recommended that the member States of the joint agency
in appropriate cases invite non-basin States which by treaty enjoy a right in
the use of the waters of an international drainage basin to associate
themselves with the work of the joint agency or that they be permitted to
appear before the agency.
Article XXXII
If a question or a dispute is one which is considered by the
States concerned to be incapable of resolution in the manner set forth in
article XXXI, it is recommended that they seek the good offices, or jointly
request the mediation of a third State, of a qualified international
organization or of a qualified person.
Article XXXIII
1. If the States concerned have not been able to resolve their
dispute through negotiation or have been unable to agree on the measures
described in articles XXXI and XXXII, it is recommended that they form a
commission of inquiry or an ad hoc conciliation commission, which shall
endeavour to find a solution, likely to be accepted by the States concerned, of
any dispute as to their legal rights.
2. It is recommended that the conciliation commission be
constituted in the manner set forth in the annex.
Article XXXIV
It is recommended that the States concerned agree to submit
their legal disputes to an ad hoc arbitral tribunal, to a permanent
arbitral tribunal or to the International Court of Justice if:
(a) A commission has not been formed as provided in article
XXXIII, or
(b) The commission has not been able to find a solution to be
recommended, or
(c) A solution recommended has not been accepted by the States
concerned, and
(d) An agreement has not been otherwise arrived at.
Article XXXV
It is recommended that in the event of arbitration the States
concerned have recourse to the Model Rules on Arbitral Procedure prepared by
the International Law Commission of the United Nations at its tenth session
b/in 1958.
Article XXXVI
Recourse to arbitration implies the undertaking by the States
concerned to consider the award to be given as final and to submit in good
faith to its execution.
Article XXXVII
The means of settlement referred to in the preceding articles
of this chapter are without prejudice to the utilization of means of settlement
recommended to, or required of, members of regional arrangements or agencies
and of other international organizations.
Source : ---------------, The Helsinki
Rules on the Uses of the Waters of International Rivers, in Water Issues
between Turkey, Syria and Iraq,
http://www.turkey.org/groupc/Water/annex/annex2.HTM
(14 novembre 2001)
Annexe VI :
NATIONS UNIES ORIGINAL: ANGLAIS
Distr. GÉNÉRALE A/51/869 Nouveau tirage pour
raisons techniques. 14 mai 1997 FRANÇAIS
Cinquante et unième session
Point
114 de l'ordre du jour
CONVENTION SUR LE DROIT RELATIF AUX UTILISATIONS DES
COURS D'EAU INTERNATIONAUX À DES FINS AUTRES QUE LA
NAVIGATION
Rapport de la Sixième Commission réunie en
Groupe de travail plénier
Président : M. Chusei YAMADA (Japon)
I. INTRODUCTION
1. Conformément au paragraphe 2 de la résolution
51/206 de l'Assemblée générale en date du 17
décembre 1996, le Groupe de travail plénier de la Sixième
Commission constitué en application de la résolution 49/52 de
l'Assemblée générale en date du 9 décembre 1994 a
tenu sa deuxième session du 24 mars au 4 avril 1997 pour élaborer
une convention-cadre sur le droit relatif aux utilisations des cours d'eau
internationaux à des fins autres que la navigation1.
2. Le Groupe de travail était présidé,
comme lors de la première session, par M. Chusei Yamada (Japon) et le
Comité de rédaction, également comme lors de la
première session, par M. Hans Lammers (Pays-Bas) (A/C.6/51/L.3, par. 2).
M. Robert Rosenstock, ancien Rapporteur spécial de la CDI sur le sujet,
a fait office d'expert consultant auprès du Groupe de travail.
3. Le Groupe de travail a tenu 12 séances entre le 24
mars et le 4 avril 1997. Les vues des représentants qui se sont
exprimés durant ces séances sont consignées dans les
comptes rendus analytiques pertinents (A/C.6/51/SR.51 à 62).
4. Le Comité de rédaction a tenu six
séances, entre le 24 et le 27 mars 1997. Le Président du
Comité de rédaction a présenté le rapport de
celui-ci (A/C.6/51/NUW/L.1/Rev.1 et Add.1). Les déclarations qu'il a
faites à cette fin sont consignées dans les comptes rendus de
séance pertinents (A/C.6/51/SR.24 et 53).
5. Au cours de l'examen du texte du projet de convention, les
représentants ci-après ont été
désignés coordonnateurs des consultations officieuses : M.
Jean-François Pulvenis (Venezuela) pour le préambule; M. Robert
Harris (États-Unis d'Amérique) pour les paragraphes 2 et 4 de
l'article 3; M. Attila Tanzi (Italie) pour le paragraphe 3 de l'article 3; Mme
Socorro Flores (Mexique) pour les articles 5 et 6; M. Tobias Nussbaum (Canada)
pour l'article 7; M. Rolf Welberts (Allemagne) pour l'article 8; M. M. P.
Vorster (Afrique du Sud) pour le paragraphe 2 de l'article 10; et M. A. K. H.
Morshed (Bangladesh) pour les articles 20 et 22 à propos du terme
"écosystèmes".
II. EXAMEN DES PROPOSITIONS
6. Le Groupe de travail et le Comité de
rédaction étaient saisis des projets d'articles adoptés
par la Commission du droit international sur le sujet2 et du texte de leurs
précédents rapports, y compris le rapport oral du
Président du Comité de rédaction (A/C.6/51/L.3;
A/C.6/51/NUW/WG/L.1/Rev.1 et A/C.6/51/SR.24), ainsi que d'un avant-projet de
préambule et de clauses finales établi par le Secrétariat
(A/C.6/51/NUW/DC/CRP.2).
7. Le Groupe de travail et le Comité de
rédaction étaient également saisis des propositions
ci-après, présentées par les États. Au
Comité de rédaction : proposition présentée par
la Finlande, l'Inde et la Roumanie concernant le préambule de la
Convention (A/C.6/51/NUW/DC/CRP.3); propositions présentées par
l'Irlande tendant à modifier des dispositions relatives aux clauses
finales (A/C.6/51/NUW/DC/CRP.4); proposition présentée par la
Finlande concernant le préambule de la Convention
(A/C.6/51/NUW/DC/CRP.7); proposition présentée par la Jordanie
concernant l'article 7 (A/C.6/51/NUW/DC/CRP.8); proposition de
l'Éthiopie concernant l'article 2 (A/C.6/51/NUW/DC/CRP.9); proposition
concernant l'article 33 présentée par la République arabe
syrienne et la Suisse (A/C.6/51/NUW/DC/CRP.10); et amendements proposés
par le Guatemala à la proposition concernant l'article 33 figurant dans
le document A/C.6/51/NUW/DC/CRP.10 (A/C.6/51/NUW/DC/CRP.11); Au Groupe de
travail : propositions des États-Unis d'Amérique concernant
les articles 1, 2, 3 et 29 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.1); proposition du Canada
concernant l'article premier (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.2); proposition de la
Roumanie concernant le préambule (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.3); proposition de
la Turquie concernant l'article premier (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.4); amendements
proposés par la délégation suisse (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.5);
proposition présentée par la Roumanie concernant l'article 3
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.6); proposition présentée par l'Inde
concernant l'article 3 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.7); propositions
présentées par Israël concernant l'article 3
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.8); propositions présentées par
l'Éthiopie (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.9); proposition présentée
par l'Italie concernant l'article 3 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.10); propositions
présentées par les Pays-Bas concernant les article 5, 8 et 10
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.11); proposition présentée par la Turquie
concernant l'article 3 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.12); proposition
présentée par l'Iraq concernant l'article 5
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.13); proposition présentée par l'Afrique du
Sud concernant l'article 4 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.14); proposition
présentée par la France concernant les articles premier et 3
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.15); proposition présentée par les Pays-Bas
concernant l'article 3 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.16); propositions
présentées par la République tchèque concernant
l'article 6 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.17); propositions présentées par
la Finlande concernant les articles 6 et 7 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.18);
proposition présentée par Israël concernant l'article 10
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.19); proposition présentée par
l'Égypte concernant l'article 7 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.20); proposition
présentée par la Chine concernant l'article 3
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.21); propositions présentées par l'Iraq
concernant les articles 3, 4, 7 et 12 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.22); proposition
présentée par la Roumanie concernant l'article 7
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.23); proposition présentée par la Turquie
concernant l'article 7 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.24); propositions
présentées par la Finlande concernant les articles premier et 9
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.25); proposition présentée par le Canada
concernant l'article 7 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.26); proposition
présentée par la Hongrie et la Roumanie concernant l'article 8
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.27); propositions présentées par l'Inde
concernant les articles 5 et 6 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.28); proposition
présentée par l'Égypte concernant l'article 3
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.29); proposition présentée par le Soudan
concernant l'article 10 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.30); proposition
présentée par le Mexique concernant les article 7 et 9
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.31); propositions présentées par Israël
concernant les article 2 et 3 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.32); propositions
présentées par l'Inde concernant l'intitulé de la
Convention et l'article 9 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.33); propositions
présentées par la Fédération de Russie concernant
les articles 8, 8 bis et 10 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.34); propositions
présentées par l'Allemagne, le Canada, les États-Unis
d'Amérique, l'Italie et la Roumanie concernant les articles 5 et 6
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.35); propositions présentées par la
Fédération de Russie concernant les articles 24 et 25
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.36); proposition de la Turquie concernant la
troisième partie du projet d'articles (art. 11 à 19)
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.37); propositions présentées par les
Pays-Bas concernant les articles 12 et 14 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.38); proposition
présentée par l'Iraq concernant l'article 3
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.39); proposition présentée par l'Afrique du
Sud concernant les articles 6, 8 et 10 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.40); proposition
présentée par la République arabe syrienne concernant
l'article 5 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.41); propositions présentées par
le Canada concernant l'article 7 (sur la base des tentatives officieuses de
coordination faites par le Canada auprès du Président du Groupe
de travail) (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.42); propositions présentées par
la République arabe syrienne concernant les articles 7 et 8
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.43); propositions présentées par la Roumanie
concernant l'article 14 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.44); propositions
présentées par la Finlande concernant l'article 33
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.45); propositions présentées par l'Iraq
concernant la troisième partie (art. 11 à 19) et l'article 33
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.46); proposition présentée par le Soudan
concernant l'article 33 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.47); proposition
présentée par la Finlande concernant l'article 21
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.48); proposition présentée par la
République arabe syrienne concernant l'article 33
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.49); propositions présentées par les
Pays-Bas concernant les articles 18, 20, 21, 25 et 26 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.50);
propositions présentées par l'Éthiopie concernant les
articles 6 et 7 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.51); propositions présentées
par la Chine concernant les articles 20, 22 et 33 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.52);
proposition présentée par l'Égypte concernant l'article 6
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.53); proposition présentée par le
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord concernant l'article 6
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.54); propositions présentées par la France
concernant l'article 33 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.55); propositions
présentées par la Roumanie concernant les articles 24 et 25
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.56); proposition présentée par
l'Égypte concernant le paragraphe b) de l'article 2
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.57); proposition présentée par la Roumanie
concernant l'article 33 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.58); propositions
présentées par l'Afrique du Sud concernant les articles 11, 12 et
18 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.59); proposition présentée par la Turquie
concernant l'article 2 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.60); proposition
présentée par la Fédération de Russie concernant
l'article 32 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.61); propositions présentées
par le Guatemala concernant les articles 32 et 33
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.62/Rev.1); proposition présentée par la
Fédération de Russie concernant les clauses finales
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.63/Rev.1); proposition présentée par la
République arabe syrienne concernant l'article (2 ou 5)
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.64); proposition présentée par les Pays-Bas
concernant l'article 17 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.65); proposition
présentée par la Jordanie concernant l'article 18
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.66); propositions présentées par
l'Éthiopie concernant les articles 13 et 14 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.67);
proposition présentée par l'Ambassadeur F. M. Hayes (Irlande)
concernant l'article 7 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.68); proposition
présentée par le Guatemala concernant l'article 32
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.69); propositions présentées par le
Portugal, le Venezuela, les États-Unis d'Amérique et les Pays-Bas
concernant le paragraphe 3 de l'article 21 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.70);
proposition présentée par la Finlande, la Grèce et
l'Italie concernant l'article 33 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.71); texte
révisé de l'article 7 proposé par l'Autriche, le Canada,
le Portugal, la Suisse et le Venezuela (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.72); proposition
d'interprétation de l'article 18 du projet de convention
présentée par la Pologne (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.73); proposition
présentée par le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du
Nord concernant l'article 29 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.74); proposition
présentée par l'Italie concernant l'article 3
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.75); propositions présentées par les
États-Unis d'Amérique concernant les articles 2 et 3
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.76); proposition présentée par la
République arabe syrienne concernant l'article 6
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.77); proposition présentée par le Canada et
le Venezuela concernant le préambule (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.78);
proposition présentée par la Roumanie (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.79);
propositions de la Fédération de Russie concernant les articles 4
et 5 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.80); proposition présentée par les
Pays-Bas au nom de la Communauté européenne et les
États-Unis d'Amérique concernant l'article 2
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.81); proposition présentée par la Chine
concernant l'article 33 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.82); proposition du
Président du Comité de rédaction concernant l'article 33
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.83); proposition présentée par l'Allemagne,
l'Argentine, l'Autriche, l'Égypte, les États-Unis
d'Amérique, la Grèce, la Hongrie, l'Iran (République
islamique d'), l'Italie, la Jordanie, la Malaisie, le Mali, le Portugal, la
République arabe syrienne, la Roumanie, le Royaume-Uni de
Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, la Tunisie, le Venezuela et le VietNam
concernant l'article 8 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.84/Rev.1); proposition
présentée par l'Italie concernant l'article 7
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.85); proposition présentée par la
Fédération de Russie concernant l'article 25
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.86); proposition du Président du Comité de
rédaction (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.87); version remaniée de la
proposition du Président du Comité de rédaction concernant
l'article 33, figurant dans le document A/C.6/51/NUW/WG/CRP.83,
présentée par le Guatemala (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.88); rapport du
Coordonnateur sur l'article 3 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.89); proposition
présentée par la Fédération de Russie concernant un
nouveau paragraphe d) pour l'article 2 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.90); amendement de
la Chine au texte révisé de l'article 7 proposé par
l'Autriche, le Canada, le Portugal, la Suisse et le Venezuela
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.91); proposition présentée par les
États-Unis d'Amérique concernant l'article 2
(A/C.6/51/NUW/WG/CRP.92); proposition présentée par
l'Égypte concernant le rapport entre les articles 5 et 7
(A/C.6.51/NUW/WG/CRP.93); proposition du Président concernant les
articles 5, 6 et 7 (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.94); et rapport du Coordonnateur
concernant l'article 10 2) (A/C.6/51/NUW/WG/CRP.95).
8. Durant l'élaboration du projet de convention sur le
droit relatif aux utilisations des cours d'eau internationaux à des fins
autres que la navigation, le Président du Groupe de travail
plénier a pris note des déclarations d'accord ci-après
relatives aux textes du projet de convention :
En ce qui concerne l'article premier :
a) La notion de "préservation" visée dans cet
article et dans la Convention englobe celle de "conservation";
b) La présente Convention ne s'applique à
l'utilisation des ressources biologiques des cours d'eau internationaux que
dans la mesure prévue dans la quatrième partie et pour autant que
d'autres utilisations du cours d'eau affectent ces ressources.
En ce qui concerne l'article 2 c) :
L'expression "État du cours d'eau" est utilisée
dans la présente Convention comme un terme de l'art. Bien que cette
disposition prévoie que tant les États que les organisations
d'intégration économique régionale peuvent entrer dans
cette définition, il a été reconnu que rien dans cet
alinéa ne peut être considéré comme impliquant que
les organisations d'intégration économique régionale ont
le statut d'État en droit international.
En ce qui concerne l'article 3 :
a) La présente Convention servira de cadre aux futurs
accords relatifs aux cours d'eau et, une fois que de tels accords seront
conclus, elle ne modifiera en rien les droits et obligations qui y seront
prévus, sauf stipulation contraire desdits accords.
b) Le mot "significatif" n'est pas employé dans le
présent article ni dans aucune autre disposition de la présente
Convention dans le sens de "considérable". Ce qu'il faut éviter,
ce sont les accords localisés ou les accords concernant un projet ou un
programme particulier ou une utilisation particulière qui portent
atteinte de façon significative à l'utilisation des eaux par des
États tiers du cours d'eau. Bien qu'un tel effet doive pouvoir
être établi par des constatations objectives et ne doit pas
être par nature négligeable, il n'est pas nécessaire qu'il
atteigne un degré considérable.
En ce qui concerne l'article 6 1) e) :
Afin de déterminer si telle ou telle utilisation est
équitable et raisonnable, il faudrait prendre en considération
aussi bien les avantages que les inconvénients de l'utilisation
considérée.
En ce qui concerne l'article 7 2) :
Dans la mesure où les mesures requises par l'article 7
2) n'éliminent pas le dommage, les mesures requises par l'article 7 2)
seront prises pour atténuer le dommage.
En ce qui concerne l'article 10 :
Pour apprécier la satisfaction des "besoins humains
essentiels", il faut s'intéresser en particulier à la fourniture
d'eau en quantité suffisante pour la vie humaine, qu'il s'agisse de
l'eau potable ou de l'eau à réserver aux productions
vivrières destinées à empêcher la famine.
En ce qui les articles 21, 22 et 23 :
Ainsi que la Commission du droit international le fait
observer dans son commentaire, ces articles mettent une obligation de diligence
voulue à la charge des États du cours d'eau.
En ce qui concerne l'article 28 :
La référence expresse aux "organisations
internationales" ne vise nullement à remettre en cause l'importance
d'une coopération, selon que de besoin, avec les organisations
internationales compétentes dans les matières traitées
dans d'autres articles et, en particulier, dans les articles de la
quatrième partie.
En ce qui concerne l'article 29 :
Cette disposition sert à rappeler que les principes et
règles du droit international applicables aux conflits armés
internationaux et non internationaux renferment des dispositions importantes
concernant les cours d'eau internationaux et ouvrages connexes. Les principes
et règles du droit international applicables dans telle ou telle
situation sont ceux qui lient les États concernés. De même
qu'il n'altère ni ne modifie le droit existant, l'article 29 n'a pas
pour objet d'étendre l'applicabilité d'un instrument à des
États qui ne seraient pas parties à cet instrument.
* * *
Pendant toute la durée de l'élaboration du
projet de Convention, il a été fait mention des commentaires
relatifs aux projets d'articles que la Commission du droit international a
formulés pour préciser le contenu des articles.
9. À sa 62e séance, le 4 avril 1997, le Groupe
de travail a adopté au moyen d'un vote le projet de convention qui
figure au paragraphe 10 ci-dessous.
III. RECOMMANDATION DU GROUPE DE TRAVAIL PLÉNIER
10. Le Groupe de travail plénier recommande à
l'Assemblée générale d'adopter le projet de convention
ci-après :
Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours
d'eau
internationaux à des fins autres que la
navigation
Les Parties à la présente Convention,
Conscientes de l'importance des cours d'eau
internationaux et de leurs utilisations à des fins autres que la
navigation dans de nombreuses régions du monde,
Ayant à l'esprit le paragraphe 1 a) de l'Article
13 de la Charte des Nations Unies, qui dispose que l'Assemblée
générale provoque des études et fait des recommandations
en vue d'encourager le développement progressif du droit international
et sa codification,
Considérant qu'une codification et un
développement progressif adéquats de règles du droit
international régissant les utilisations des cours d'eau internationaux
à des fins autres que la navigation contribueraient à la
promotion et à la mise en oeuvre des buts et principes
énoncés aux Articles premier et 2 de la Charte,
Tenant compte des problèmes affectant de
nombreux cours d'eau internationaux qui résultent, entre autres, de
l'accroissement de la consommation et de la pollution,
Convaincues qu'une Convention-cadre permettra
d'utiliser, de mettre en valeur, de conserver, de gérer et de
protéger les cours d'eau internationaux, ainsi que d'en promouvoir
l'utilisation optimale et durable au bénéfice des
générations actuelles et futures,
Affirmant l'importance de la coopération
internationale et du bon voisinage dans ce domaine,
Conscientes de la situation et des besoins particuliers
des pays en développement,
Rappelant les principes et recommandations
adoptés par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement
et le développement, tenue en 1992, dans la Déclaration de Rio et
Action 21,
Rappelant également les accords
bilatéraux et multilatéraux régissant les utilisations des
cours d'eau internationaux à des fins autres que la navigation,
Ayant à l'esprit la contribution
précieuse des organisations internationales, gouvernementales comme non
gouvernementales, à la codification et au développement
progressif du droit international dans ce domaine,
Satisfaites de l'oeuvre accomplie par la Commission du
droit international concernant le droit relatif aux utilisations des cours
d'eau internationaux à des fins autres que la navigation,
Gardant à l'esprit la résolution 49/52 de
l'Assemblée générale des Nations Unies en date du 9
décembre 1994,
Sont convenues de ce qui suit :
PREMIÈRE PARTIE. INTRODUCTION
Article premier
Champ d'application de la présente Convention
1. La présente Convention s'applique aux utilisations
des cours d'eau internationaux et de leurs eaux à des fins autres que la
navigation et aux mesures de protection, de préservation et de gestion
liées aux utilisations de ces cours d'eau et de leurs eaux.
2. La présente Convention ne s'applique à
l'utilisation des cours d'eau internationaux aux fins de la navigation que dans
la mesure où d'autres utilisations ont une incidence sur la navigation
ou sont affectées par elle.
Article 2
Expressions employées
Aux fins de la présente Convention :
a) L'expression "cours d'eau" s'entend d'un système
d'eaux de surface et d'eaux souterraines constituant, du fait de leurs
relations physiques, un ensemble unitaire et aboutissant normalement à
un point d'arrivée commun;
b) L'expression "cours d'eau international" s'entend d'un
cours d'eau dont les parties se trouvent dans des États
différents;
c) L'expression "État du cours d'eau" s'entend d'un
État partie à la présente Convention dans le territoire
duquel se trouve une partie d'un cours d'eau international ou d'une Partie qui
est une organisation d'intégration économique régionale
dans le territoire d'un ou plusieurs États membres de laquelle se trouve
une partie d'un cours d'eau international,
d) L'expression "organisation d'intégration
économique régionale" s'entend de toute organisation
créée par les États souverains d'une région
donnée, à laquelle ses États membres ont
cédé leur compétence à raison des questions
régies par la présente Convention et qui est dûment
autorisée conformément à ses procédures internes
à signer, à ratifier, à accepter ou à approuver la
Convention ou à y adhérer.
Article 3
Accords de cours d'eau
1. À moins que les États du cours d'eau n'en
soient convenus autrement, la présente Convention ne modifie en rien les
droits ou obligations résultant pour ces États d'accords en
vigueur à la date à laquelle ils sont devenues parties à
la présente Convention.
2. Nonobstant les dispositions du paragraphe 1, les Parties
à des accords visés au paragraphe 1 peuvent, si besoin est,
envisager de mettre lesdits accords en harmonie avec les principes fondamentaux
de la présente Convention.
3. Les États du cours d'eau peuvent conclure un ou
plusieurs accords, ci-après dénommés "accords de cours
d'eau", qui appliquent et adaptent les dispositions de la présente
Convention aux caractéristiques et aux utilisations d'un cours d'eau
international particulier ou d'une partie d'un tel cours d'eau.
4. Lorsqu'un accord de cours d'eau est conclu entre deux ou
plusieurs États du cours d'eau, il doit définir les eaux
auxquelles il s'applique. Un tel accord peut être conclu pour un cours
d'eau international tout entier, ou pour une partie quelconque d'un tel cours
d'eau, ou pour un projet ou un programme particulier, ou pour une utilisation
particulière, dans la mesure où cet accord ne porte pas atteinte,
de façon significative, à l'utilisation des eaux du cours d'eau
par un ou plusieurs États du cours d'eau sans le consentement
exprès de cet État ou ces États.
5. Lorsqu'un État du cours d'eau estime qu'il faudrait
adapter et appliquer les dispositions de la présente Convention en
raison des caractéristiques et des utilisations d'un cours d'eau
international particulier, les États du cours d'eau se consultent en vue
de négocier de bonne foi dans le but de conclure un accord ou des
accords de cours d'eau.
6. Lorsque certains États du cours d'eau d'un cours
d'eau international particulier, mais non pas tous, sont parties à un
accord, aucune disposition de cet accord ne porte atteinte aux droits et
obligations qui découlent de la présente Convention pour les
États du cours d'eau qui n'y sont pas parties.
Article 4
Parties aux accords de cours d'eau
1. Tout État du cours d'eau a le droit de participer
à la négociation de tout accord de cours d'eau qui s'applique au
cours d'eau international tout entier et de devenir partie à un tel
accord, ainsi que de participer à toutes consultations
appropriées.
2. Un État du cours d'eau dont l'utilisation du cours
d'eau international risque d'être affectée de façon
significative par la mise en oeuvre d'un éventuel accord de cours d'eau
ne s'appliquant qu'à une partie du cours d'eau, ou à un projet ou
programme particulier, ou à une utilisation particulière, a le
droit de participer à des consultations sur cet accord et, le cas
échéant, à sa négociation de bonne foi afin d'y
devenir partie, dans la mesure où son utilisation du cours d'eau en
serait affectée.
DEUXIÈME PARTIE. PRINCIPES GÉNÉRAUX
Article 5
Utilisation et participation équitables et
raisonnables
1. Les États du cours d'eau utilisent sur leurs
territoires respectifs le cours d'eau international de manière
équitable et raisonnable. En particulier, un cours d'eau international
sera utilisé et mis en valeur par les États du cours d'eau en vue
de parvenir à l'utilisation et aux avantages optimaux et durables --
compte tenu des intérêts des États du cours d'eau
concernés -- compatibles avec les exigences d'une protection
adéquate du cours d'eau.
2. Les États du cours d'eau participent à
l'utilisation, à la mise en valeur et à la protection d'un cours
d'eau international de manière équitable et raisonnable. Cette
participation comporte à la fois le droit d'utiliser le cours d'eau et
le devoir de coopérer à sa protection et à sa mise en
valeur, comme prévu dans les présents articles.
Article 6
Facteurs pertinents pour une utilisation équitable et
raisonnable
1. L'utilisation de manière équitable et
raisonnable d'un cours d'eau international au sens de l'article 5 implique la
prise en considération de tous les facteurs et circonstances pertinents,
notamment :
a) Les facteurs géographiques, hydrographiques,
hydrologiques, climatiques, écologiques et autres facteurs de
caractère naturel;
b) Les besoins économiques et sociaux des États
du cours d'eau intéressés;
c) La population tributaire du cours d'eau dans chaque
État du cours d'eau;
d) Les effets de l'utilisation ou des utilisations du cours
d'eau dans un État du cours d'eau sur d'autres États du cours
d'eau;
e) Les utilisations actuelles et potentielles du cours d'eau;
f) La conservation, la protection, la mise en valeur et
l'économie dans l'utilisation des ressources en eau du cours d'eau ainsi
que les coûts des mesures prises à cet effet;
g) L'existence d'autres options, de valeur comparable,
susceptibles de remplacer une utilisation particulière, actuelle ou
envisagée.
2. Dans l'application de l'article 5 ou du paragraphe 1 du
présent article, les États du cours d'eau
intéressés engagent, si besoin est, des consultations dans un
esprit de coopération.
3. Le poids à accorder à chaque facteur est
fonction de l'importance de ce facteur par rapport à celle d'autres
facteurs pertinents. Pour déterminer ce qu'est une utilisation
raisonnable et équitable, tous les facteurs pertinents doivent
être examinés ensemble et une conclusion tirée sur la base
de l'ensemble de ces facteurs.
Article 7
Obligation de ne pas causer de dommages significatifs
1. Lorsqu'ils utilisent un cours d'eau international sur leur
territoire, les États du cours d'eau prennent toutes les mesures
appropriées pour ne pas causer de dommages significatifs aux autres
États du cours d'eau.
2. Lorsqu'un dommage significatif est néanmoins
causé à un autre État du cours d'eau, les États
dont l'utilisation a causé ce dommage prennent, en l'absence d'accord
concernant cette utilisation, toutes les mesures appropriées, en prenant
en compte comme il se doit les dispositions des articles 5 et 6 et en
consultation avec l'État affecté, pour éliminer ou
atténuer ce dommage et, le cas échéant, discuter de la
question de l'indemnisation.
Article 8
Obligation générale de coopérer
1. Les États du cours d'eau coopèrent sur la
base de l'égalité souveraine, de l'intégrité
territoriale, de l'avantage mutuel et de la bonne foi en vue de parvenir
à l'utilisation optimale et à la protection adéquate du
cours d'eau international.
2. Pour arrêter les modalités de cette
coopération, les États du cours d'eau peuvent, s'ils le jugent
nécessaire, envisager de créer des mécanismes ou
commissions mixtes en vue de faciliter la coopération touchant les
mesures et procédures appropriées compte tenu de
l'expérience acquise à la faveur de la coopération dans le
cadre des mécanismes et commissions mixtes existant dans diverses
régions.
Article 9
Échange régulier de données et
d'informations
1. En application de l'article 8, les États du cours
d'eau échangent régulièrement les données et les
informations aisément disponibles sur l'état du cours d'eau, en
particulier celles d'ordre hydrologique, météorologique,
hydrogéologique, écologique et concernant la qualité de
l'eau, ainsi que les prévisions s'y rapportant.
2. Si un État du cours d'eau demande à un autre
État du cours d'eau de fournir des données ou des informations
qui ne sont pas aisément disponibles, cet État s'emploie au mieux
de ses moyens à accéder à cette demande, mais il peut
subordonner son acquiescement au paiement, par l'État auteur de la
demande, du coût normal de la collecte et, le cas échéant,
de l'élaboration de ces données ou informations.
3. Les États du cours d'eau s'emploient au mieux de
leurs moyens à collecter et, le cas échéant, à
élaborer les données et informations d'une manière propre
à en faciliter l'utilisation par les autres États du cours d'eau
auxquels elles sont communiquées.
Article 10
Rapport entre les utilisations
1. En l'absence d'accord ou de coutume en sens contraire,
aucune utilisation d'un cours d'eau international n'a en soi priorité
sur d'autres utilisations.
2. En cas de conflit entre des utilisations d'un cours d'eau
international, le conflit est résolu eu égard aux articles 5
à 7, une attention spéciale étant accordée à
la satisfaction des besoins humains essentiels.
TROISIÈME PARTIE. MESURES PROJETÉES
Article 11
Renseignements sur les mesures projetées
Les États du cours d'eau échangent des
renseignements, se consultent et, si nécessaire, négocient au
sujet des effets éventuels des mesures projetées sur
l'état d'un cours d'eau international.
Article 12
Notification des mesures projetées pouvant avoir des
effets négatifs
Avant qu'un État du cours d'eau mette en oeuvre ou
permette que soient mises en oeuvre des mesures projetées susceptibles
d'avoir des effets négatifs significatifs pour les autres États
du cours d'eau, il en donne notification à ces derniers en temps utile.
La notification est accompagnée des données techniques et
informations disponibles y compris, le cas échéant, les
résultats de l'étude d'impact sur l'environnement, afin de mettre
les États auxquels elle est adressée à même
d'évaluer les effets éventuels des mesures projetées.
Article 13
Délai de réponse à la
notification
À moins qu'il n'en soit convenu autrement :
a) Tout État du cours d'eau qui donne notification en
vertu de l'article 12 laisse aux États auxquels la notification est
adressée un délai de six mois pour étudier et
évaluer les effets éventuels des mesures projetées et pour
lui communiquer leurs conclusions;
b) À la demande d'un État à qui la
notification a été adressée et à qui
l'évaluation des mesures projetées crée une
difficulté particulière, ce délai est prorogé d'une
durée de six mois.
Article 14
Obligations de l'État auteur de la notification
pendant le délai de réponse
Pendant le délai visé à l'article 13,
l'État auteur de la notification :
a) Coopère avec les États auxquels la
notification a été adressée en leur fournissant, sur
demande, toutes données et informations supplémentaires
disponibles et nécessaires à une évaluation
précise;
b) Ne met pas en oeuvre ni ne permet que soient mises en
oeuvre les mesures projetées sans le consentement des États
auxquels la notification a été adressée.
Article 15
Réponse à la notification
Tout État auquel la notification a été
adressée communique aussitôt que possible ses conclusions à
l'État auteur de la notification, dans le délai à
respecter en application de l'article 13. Si l'État auquel la
notification a été adressée conclut que la mise en oeuvre
des mesures projetées serait incompatible avec les dispositions des
articles 5 ou 7, il accompagne cette conclusion d'un exposé
documenté en expliquant les raisons.
Article 16
Absence de réponse à la notification
1. Si, dans le délai à respecter en application
de l'article 13, l'État auteur de la notification ne reçoit pas
de communication au titre de l'article 15, il peut, sous réserve des
obligations qui lui incombent en vertu des articles 5 et 7, procéder
à la mise en oeuvre des mesures projetées conformément
à la notification et à toutes autres données et
informations fournies aux États auxquels la notification a
été adressée.
2. Pour tout État qui n'a pas répondu à
la notification qui lui a été adressée pendant le
délai prévu à l'article 13, le montant de l'indemnisation
demandée peut être amputé des dépenses encourues par
l'État auteur de la notification au titre des mesures qui ont
été entreprises après l'expiration du délai de
réponse et qui ne l'auraient pas été si le premier
État y avait fait objection en temps voulu.
Article 17
Consultations et négociations concernant les mesures
projetées
1. Quand une communication faite en vertu de l'article 15
indique que la mise en oeuvre des mesures projetées serait incompatible
avec les dispositions des articles 5 ou 7, l'État auteur de la
notification et l'État auteur de la communication engagent des
consultations et, au besoin, des négociations en vue de résoudre
la situation d'une manière équitable.
2. Les consultations et les négociations se
déroulent selon le principe que chaque État doit de bonne foi
tenir raisonnablement compte des droits et des intérêts
légitimes de l'autre État.
3. Au cours des consultations et des négociations,
l'État auteur de la notification s'abstient, si l'État auquel la
notification a été adressée le lui demande au moment
où il fait sa communication, de mettre en oeuvre ou de permettre que
soient mises en oeuvre les mesures projetées pendant une période
de six mois, sauf s'il en est autrement convenu.
Article 18
Procédures en cas d'absence de notification
1. Si un État du cours d'eau a des motifs raisonnables
de penser qu'un autre État du cours d'eau projette des mesures qui
peuvent avoir des effets négatifs significatifs pour lui, il peut
demander à cet autre État d'appliquer les dispositions de
l'article 12. La demande doit être accompagnée d'un exposé
documenté qui en explique les raisons.
2. Si l'État qui projette ces mesures conclut
néanmoins qu'il n'est pas tenu de donner notification en vertu de
l'article 12, il en informe le premier État en lui adressant un
exposé documenté expliquant les raisons de sa conclusion. Si
cette conclusion ne satisfait pas le premier État, les deux États
doivent, à la demande de ce premier État, engager promptement des
consultations et des négociations de la manière indiquée
aux paragraphes 1 et 2 de l'article 17.
3. Au cours des consultations et des négociations,
l'État qui projette les mesures s'abstient, si le premier État le
lui demande au moment où il demande l'ouverture de consultations et de
négociations, de mettre en oeuvre ou de permettre que soient mises en
oeuvre ces mesures pendant une période de six mois, sauf s'il en est
autrement convenu.
Article 19
Mise en oeuvre d'urgence de mesures projetées
1. Si la mise en oeuvre des mesures projetées est d'une
extrême urgence pour la protection de la santé ou de la
sécurité publiques ou d'autres intérêts
également importants, l'État qui projette ces mesures peut, sous
réserve des articles 5 et 7, procéder immédiatement
à leur mise en oeuvre nonobstant les dispositions de l'article 14 et de
l'article 17, paragraphe 3.
2. En pareil cas, une déclaration formelle proclamant
l'urgence des mesures accompagnée des données et informations
pertinentes est communiquée sans délai aux autres États du
cours d'eau visés à l'article 12.
3. L'État qui projette les mesures engage promptement,
à la demande de l'un quelconque des États visés au
paragraphe 2, des consultations et des négociations avec lui, de la
manière indiquée à l'article 17, paragraphes 1 et 2.
QUATRIÈME PARTIE. PROTECTION, PRÉSERVATION ET
GESTION
Article 20
Protection et préservation des
écosystèmes
Les États du cours d'eau, séparément et,
s'il y a lieu, conjointement, protègent et préservent les
écosystèmes des cours d'eau internationaux.
Article 21
Prévention, réduction et maîtrise de la
pollution
1. Aux fins du présent article, on entend par
"pollution d'un cours d'eau international" toute modification
préjudiciable de la composition ou de la qualité des eaux d'un
cours d'eau international résultant directement ou indirectement
d'activités humaines.
2. Les États du cours d'eau, séparément
et, s'il y a lieu, conjointement, préviennent, réduisent et
maîtrisent la pollution d'un cours d'eau international qui risque de
causer un dommage significatif à d'autres États du cours d'eau ou
à leur environnement, y compris un dommage à la santé ou
à la sécurité de l'homme, ou bien à toute
utilisation positive des eaux ou bien aux ressources biologiques du cours
d'eau. Les États du cours d'eau prennent des mesures pour harmoniser
leurs politiques à cet égard.
3. À la demande de l'un quelconque d'entre eux, les
États du cours d'eau se consultent en vue d'arrêter des mesures et
méthodes mutuellement acceptables pour prévenir, réduire
et maîtriser la pollution telles que :
a) Définir des objectifs et des critères communs
concernant la qualité de l'eau;
b) Mettre au point des techniques et des pratiques pour
combattre la pollution de sources ponctuelles ou diffuses;
c) Établir des listes de substances dont l'introduction
dans les eaux d'un cours d'eau international doit être interdite,
limitée, étudiée ou contrôlée.
Article 22
Introduction d'espèces étrangères ou
nouvelles
Les États du cours d'eau prennent toutes les mesures
nécessaires pour prévenir l'introduction dans un cours d'eau
international d'espèces étrangères ou nouvelles qui
risquent d'avoir des effets préjudiciables pour
l'écosystème du cours d'eau et de causer finalement un dommage
significatif à d'autres États du cours d'eau.
Article 23
Protection et préservation du milieu marin
Les États du cours d'eau, séparément et,
s'il y a lieu, en coopération avec d'autres États, prennent
toutes les mesures se rapportant à un cours d'eau international qui sont
nécessaires pour protéger et préserver le milieu marin, y
compris les estuaires, en tenant compte des règles et normes
internationales généralement acceptées.
Article 24
Gestion
1. Sur la demande de l'un quelconque d'entre eux, les
États du cours d'eau engagent des consultations sur la gestion d'un
cours d'eau international, y compris éventuellement la création
d'un mécanisme mixte de gestion.
2. Aux fins du présent article, on entend par
"gestion", en particulier :
a) Le fait de planifier la mise en valeur durable d'un cours
d'eau international et d'assurer l'exécution des plans qui auront pu
être adoptés; et
b) Le fait de promouvoir de toute autre manière
l'utilisation, la protection et le contrôle du cours d'eau dans des
conditions rationnelles et optimales.
Article 25
Régulation
1. Les États du cours d'eau coopèrent, selon que
de besoin, pour répondre à la nécessité ou pour
exploiter les possibilités de réguler le débit des eaux
d'un cours d'eau international.
2. À moins qu'il n'en soit convenu autrement, les
États du cours d'eau participent sur une base équitable à
la construction et à l'entretien ou au financement des ouvrages de
régulation qu'ils ont pu convenir d'entreprendre.
3. Aux fins du présent article, le terme
"régulation" s'entend de l'utilisation d'ouvrages hydrauliques ou de
toute autre mesure employée de façon continue pour modifier,
faire varier ou contrôler d'une autre manière le débit des
eaux d'un cours d'eau international.
Article 26
Installations
1. Les États du cours d'eau, à
l'intérieur de leurs territoires respectifs, s'emploient au mieux de
leurs moyens à assurer l'entretien et la protection des installations,
aménagements et autres ouvrages liés à un cours d'eau
international.
2. Sur la demande de l'un quelconque d'entre eux qui a des
motifs raisonnables de croire qu'il risque de subir des effets négatifs
significatifs, les États du cours d'eau engagent des consultations
concernant :
a) Le bon fonctionnement et l'entretien des installations,
aménagements ou autres ouvrages liés à un cours d'eau
international;
b) La protection des installations, aménagements ou
autres ouvrages contre les actes intentionnels ou les actes de
négligence ou les forces de la nature.
CINQUIÈME PARTIE. CONDITIONS DOMMAGEABLES ET CAS
D'URGENCE
Article 27
Prévention et atténuation des conditions
dommageables
Les États du cours d'eau séparément ou,
s'il y a lieu, conjointement, prennent toutes les mesures appropriées
pour prévenir ou atténuer les conditions relatives à un
cours d'eau international résultant de causes naturelles ou
d'activités humaines qui risquent d'être dommageables pour
d'autres États du cours d'eau, telles que les inondations ou la
formation de glace, les maladies à transmission hydrique, l'envasement,
l'érosion, l'intrusion d'eaux salées, la sécheresse ou la
désertification.
Article 28
Cas d'urgence
1. Aux fins du présent article, le terme "urgence"
s'entend des situations qui causent, ou menacent de façon imminente de
causer, un dommage grave aux États du cours d'eau ou à d'autres
États et qui sont brusquement provoquées par des causes
naturelles, telles que les inondations, la débâcle, les
éboulements ou les tremblements de terre, ou par des activités
humaines, en cas, par exemple, d'accident industriel.
2. Tout État du cours d'eau informe sans retard et par
les moyens les plus rapides disponibles les autres États qui risquent
d'être touchés ainsi que les organisations internationales
compétentes de toute situation d'urgence survenant sur son territoire.
3. Tout État du cours d'eau sur le territoire duquel
survient une situation d'urgence prend immédiatement, en
coopération avec les États qui risquent d'être
touchés et, le cas échéant, les organisations
internationales compétentes, toutes les mesures possibles en pratique
que dictent les circonstances pour prévenir, atténuer et
éliminer les conséquences dommageables de la situation d'urgence.
4. En cas de nécessité, les États du
cours d'eau élaborent conjointement des plans d'urgence pour faire face
aux situations d'urgence en coopération, le cas échéant,
avec les autres États qui risquent d'être touchés et les
organisations internationales compétentes.
SIXIÈME PARTIE. DISPOSITIONS DIVERSES
Article 29
Cours d'eau internationaux et installations
en période de conflit armé
Les cours d'eau internationaux et les installations,
aménagements et autres ouvrages connexes bénéficient de la
protection accordée par les principes et règles du droit
international applicables aux conflits armés internationaux et non
internationaux et ne sont pas utilisés en violation de ces principes et
règles.
Article 30
Procédures indirectes
Dans les cas où il existe des obstacles sérieux
à l'établissement de contacts directs entre États du cours
d'eau, les États concernés s'acquittent des obligations de
coopération prévues dans la présente Convention, y compris
échange de données et d'informations, notification,
communication, consultations et négociations, par le biais de toute
procédure indirecte acceptée par eux.
Article 31
Données et informations vitales pour la
défense
ou la sécurité nationales
Aucune disposition de la présente Convention n'oblige
un État du cours d'eau à fournir des données ou des
informations qui sont vitales pour sa défense ou sa
sécurité nationales. Néanmoins, cet État doit
coopérer de bonne foi avec les autres États du cours d'eau en vue
de fournir autant d'informations que les circonstances le permettent.
Article 32
Non-discrimination
À moins que les États du cours d'eau
intéressés n'en conviennent autrement pour protéger les
intérêts des personnes, physiques ou morales, qui ont subi un
dommage transfrontière significatif résultant d'activités
liées à un cours d'eau international ou qui se trouvent
sérieusement menacées d'un tel dommage, un État du cours
d'eau ne fait pas de discrimination fondée sur la nationalité, le
lieu de résidence ou le lieu où le préjudice a
été subi dans l'octroi aux dites personnes, conformément
à son droit interne, de l'accès aux procédures
juridictionnelles et autres ou bien d'un droit à indemnisation ou autre
forme de réparation au titre d'un dommage significatif causé par
de telles activités menées sur son territoire.
Article 33
Règlement des différends
1. En cas de différend entre deux ou plusieurs Parties
concernant l'interprétation ou l'application de la présente
Convention, les Parties intéressées, en l'absence d'un accord
applicable entre elles, s'efforcent de résoudre le différend par
des moyens pacifiques, conformément aux dispositions ci-après.
2. Si les Parties intéressées ne peuvent
parvenir à un accord par la voie de la négociation
demandée par l'une d'entre elles, elles peuvent solliciter conjointement
les bons offices d'une tierce partie -- ou lui demander d'intervenir à
des fins de médiation ou de conciliation, ou avoir recours, selon qu'il
conviendra, à toute institution mixte de cours d'eau qu'elles peuvent
avoir établie, ou décider de soumettre le différend
à une procédure d'arbitrage ou à la Cour internationale de
Justice.
3. Sous réserve de l'application du paragraphe 10, si
après un délai de six mois à compter de la date de la
demande de négociation mentionnée au paragraphe 2, les Parties
intéressées n'ont pu résoudre leur différend par la
négociation ou par tout autre moyen mentionné dans ledit
paragraphe, le différend est soumis, à la demande de l'une
quelconque d'entre elles, à une procédure d'enquête
impartiale, conformément aux paragraphes 4 à 9, sauf accord
contraire des Parties.
4. Il est établi une commission d'enquête,
composée d'un membre désigné par chacune des Parties
intéressées plus un membre n'ayant la nationalité d'aucune
desdites Parties, choisi par les deux autres, qui fait fonction de
président.
5. Si les membres désignés par les Parties ne
parviennent pas à s'entendre sur un président dans un
délai de trois mois à compter de la demande
d'établissement de la Commission, toute Partie intéressée
peut demander au Secrétaire général de l'Organisation des
Nations Unies de désigner le Président, lequel n'aura la
nationalité d'aucune des Parties au différend ou d'aucun
État riverain du cours d'eau visé. Si l'une des Parties ne
procède pas à la désignation d'un membre dans un
délai de trois mois à compter de la demande initiale faite
conformément au paragraphe 3, toute autre Partie
intéressée peut demander au Secrétaire
général de l'Organisation des Nations Unies de désigner
une personne n'ayant la nationalité d'aucune des parties au
différend ni d'aucun État riverain du cours d'eau visé. La
personne ainsi désignée sera le membre unique de la Commission.
6. La Commission arrête elle-même sa
procédure.
7. Les Parties intéressées ont l'obligation de
fournir à la Commission les renseignements dont elle peut avoir besoin
et de lui permettre, sur sa demande, d'entrer sur leur territoire et
d'inspecter les installations, établissements, équipements,
constructions ou accidents topographiques présentant un
intérêt pour l'enquête.
8. La Commission adopte son rapport à la
majorité de ses membres, sauf si elle n'en compte qu'un seul, et soumet
ce rapport aux Parties intéressées en y énonçant
ses conclusions motivées et les recommandations qu'elle juge
appropriées en vue d'un règlement équitable du
différend, que les Parties intéressées examinent de bonne
foi.
9. Les dépenses de la Commission sont supportées
à parts égales par les Parties intéressées.
10. Lors de la ratification, de l'acceptation et de
l'approbation de la présente Convention, ou de l'adhésion
à cet instrument, ou à tout moment par la suite, une Partie qui
n'est pas une organisation d'intégration économique
régionale peut déclarer, dans un instrument écrit
adressé au Dépositaire, qu'en ce qui concerne tout
différend non résolu conformément au paragraphe 2, elle
reconnaît comme obligatoire ipso facto et sans accord
spécial concernant l'une quelconque des Parties acceptant la même
obligation :
a) La soumission du différend à la Cour
internationale de Justice; et/ou
b) L'arbitrage par un tribunal arbitral dont la
compétence est établie et qui exerce ses pouvoirs, sauf accord
contraire entre les Parties au différend, conformément à
la procédure énoncée à l'annexe de la
présente Convention.
Une Partie qui est une organisation d'intégration
économique régionale peut faire une déclaration dans le
même sens concernant l'arbitrage, conformément à
l'alinéa b).
SEPTIÈME PARTIE. CLAUSES FINALES
Article 34
Signature
La présente Convention sera ouverte à la
signature de tous les États et des organisations d'intégration
économique régionale à partir du ... et jusqu'au ... au
Siège de l'Organisation des Nations Unies à New York.
Article 35
Ratification, acceptation, approbation ou
adhésion
1. La présente Convention sera soumise à
ratification, acceptation, approbation ou adhésion par les États
et les organisations d'intégration économique régionale.
Les instruments de ratification, d'acceptation, d'approbation ou
d'adhésion seront déposés auprès du
Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies.
2. Toute organisation d'intégration économique
régionale qui devient partie à la présente Convention
alors qu'aucun de ses États membres n'y est lui-même partie est
tenue de toutes les obligations imposées par la Convention. Lorsqu'un ou
plusieurs des États membres d'une telle organisation sont parties
à la présente Convention, l'organisation et ses États
membres décident de leurs responsabilités respectives quant
à l'exécution des obligations que la Convention leur impose. Dans
de tels cas, l'organisation et les États membres ne sont pas
habilités à exercer concurremment les droits qu'ouvre la
Convention.
3. Dans leurs instruments de ratification, d'acceptation,
d'approbation ou d'adhésion, les organisations d'intégration
économique régionale doivent indiquer l'étendue de leur
compétence dans les domaines relevant de la Convention. Ces
organisations doivent également informer le Secrétaire
général de l'Organisation des Nations Unies de toute modification
substantielle de l'étendue de leur compétence.
Article 36
Entrée en vigueur
1. La présente Convention entrera en vigueur le
quatre-vingt-dixième jour suivant la date du dépôt du
trente-cinquième instrument de ratification, d'acceptation,
d'approbation ou d'adhésion auprès du Secrétaire
général de l'Organisation des Nations Unies.
2. Pour chacun des États ou chacune des organisations
d'intégration économique régionale qui ratifieront,
accepteront ou approuveront la Convention ou y adhéreront après
le dépôt du trente-cinquième instrument de ratification,
d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion, la Convention entrera en
vigueur le quatre-vingt-dixième jour suivant le dépôt par
cet État ou cette organisation d'intégration économique
régionale de son instrument de ratification, d'acceptation,
d'approbation ou d'adhésion.
3. Aux fins des paragraphes 1 et 2, un instrument
déposé par une organisation d'intégration
économique régionale ne sera pas considéré comme
s'ajoutant à ceux déposés par les États.
Article 37
Textes authentiques
L'original de la présente Convention, dont les textes
anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe font
également foi, sera déposé auprès du
Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies.
EN FOI DE QUOI les plénipotentiaires soussignés,
à ce dûment autorisés, ont signé la présente
Convention.
FAIT À NEW YORK, le ... mil neuf cent
quatre-vingt-dix-sept.
ANNEXE
ARBITRAGE
Article premier
À moins que les parties au différend n'en
décident autrement, il est procédé à l'arbitrage
prévu à l'article 33 de la Convention conformément aux
articles 2 à 14 de la présente annexe.
Article 2
La partie requérante notifie à la partie
défenderesse qu'elle renvoie un différend à l'arbitrage
conformément à l'article 33 de la Convention. La notification
indique l'objet de l'arbitrage et notamment les articles de la Convention dont
l'interprétation ou l'application font l'objet du différend. Si
les parties ne s'accordent pas sur l'objet du différend avant la
désignation du Président du Tribunal arbitral, c'est ce dernier
qui le détermine.
Article 3
1. En cas de différend entre deux parties, le Tribunal
arbitral est composé de trois membres. Chacune des parties au
différend nomme un arbitre; les deux arbitres ainsi nommés
désignent d'un commun accord le troisième arbitre, qui assume la
présidence du Tribunal. Ce dernier ne doit pas être ressortissant
de l'une des parties au différend ou d'un État riverain du cours
d'eau concerné, ni avoir sa résidence habituelle sur le
territoire de l'une de ces parties ou d'un tel État riverain, ni
s'être déjà occupé de l'affaire à quelque
autre titre.
2. En cas de différend entre plus de deux parties, les
parties ayant le même intérêt désignent un arbitre
d'un commun accord.
3. En cas de vacance, il est pourvu à la vacance selon
la procédure prévue pour la nomination initiale.
Article 4
1. Si, dans un délai de deux mois après la
nomination du deuxième arbitre, le Président du Tribunal arbitral
n'est pas désigné, le Président de la Cour internationale
de Justice procède, à la requête d'une partie, à sa
désignation dans un nouveau délai de deux mois.
2. Si, dans un délai de deux mois après
réception de la requête, l'une des parties au différend n'a
pas procédé à la nomination d'un arbitre, l'autre partie
peut saisir le Président de la Cour internationale de Justice, qui
procède à la désignation dans un nouveau délai de
deux mois.
Article 5
Le Tribunal arbitral rend ses décisions
conformément aux dispositions de la présente Convention et au
droit international.
Article 6
Sauf si les parties au différend en décident
autrement, le Tribunal arbitral établit ses propres règles de
procédure.
Article 7
À la demande de l'une des parties, le Tribunal arbitral
peut recommander les mesures conservatoires indispensables.
Article 8
1. Les parties au différend facilitent les travaux du
Tribunal arbitral et, en particulier, utilisent tous les moyens à leur
disposition pour :
a) Fournir au Tribunal tous les documents, renseignements et
facilités nécessaires;
b) Permettre au Tribunal, en cas de besoin, de faire
comparaître des témoins ou des experts et de recueillir leur
déposition.
2. Les parties et les arbitres sont tenus de conserver le
caractère confidentiel de tout renseignement qu'ils obtiennent
confidentiellement au cours des audiences du Tribunal arbitral.
Article 9
À moins que le Tribunal arbitral n'en décide
autrement du fait des circonstances particulières de l'affaire, les
frais du Tribunal sont pris en charge, à parts égales, par les
parties au différend. Le Tribunal tient un relevé de tous ses
frais et en fournit un état final aux parties.
Article 10
Toute partie ayant, en ce qui concerne l'objet du
différend, un intérêt d'ordre juridique susceptible
d'être affecté par la décision, peut intervenir dans la
procédure avec le consentement du Tribunal.
Article 11
Le Tribunal peut connaître et décider des
demandes reconventionnelles directement liées à l'objet du
différend.
Article 12
Les décisions du Tribunal arbitral, tant sur la
procédure que sur le fond, sont prises à la majorité des
voix de ses membres.
Article 13
Si l'une des parties au différend ne se présente
pas devant le Tribunal arbitral ou ne défend pas sa cause, l'autre
partie peut demander au Tribunal de poursuivre la procédure et de
prononcer sa décision. Le fait qu'une des parties ne se soit pas
présentée devant le Tribunal ou se soit abstenue de faire valoir
ses droits ne fait pas obstacle à la procédure. Avant de
prononcer sa sentence définitive, le Tribunal arbitral doit s'assumer
que la demande est fondée dans les faits et en droit.
Article 14
1. Le Tribunal prononce sa sentence définitive au plus
tard cinq mois à partir de la date à laquelle il a
été créé, à moins qu'il n'estime
nécessaire de prolonger ce délai pour une période qui ne
devrait pas excéder cinq mois supplémentaires.
2. La sentence définitive du Tribunal arbitral est
limitée à la question qui fait l'objet du différend et est
motivée. Elle contient les noms des membres qui ont participé au
délibéré et la date à laquelle elle a
été prononcée. Tout membre du Tribunal peut y annexer un
avis distinct ou une opinion divergente.
3. La sentence est obligatoire pour les parties au
différend. Elle est sans appel, à moins que les parties ne se
soient entendues d'avance sur une procédure d'appel.
4. Tout différend qui pourrait surgir entre les parties
au différend concernant l'interprétation ou l'exécution de
la sentence peut être soumis par l'une des parties au Tribunal arbitral
qui l'a rendue.
Notes
1 Pour le rapport de la Sixième Commission sur les
travaux du Groupe de travail à sa première session, tenue du 7 au
25 octobre 1996, voir document A/51/624.
2 Documents officiels de l'Assemblée
générale, quarante-neuvième session, Supplément No
10 (A/49/10), chap. III.D.
Source : -------------, Convention
sur le droit relatif aux utilisations des cours d'eau internationaux
à des fins autres que la navigation, Nations Unies, 1997,
http://www.un.org/french/law/naviga.htm
(14 novembre 2001)
Annexe VII :
La Nouvelle Vallée «Tochka»
Source: Al-Ahram Weekly 27 Aug. - 2 Sept.
1998
Annexe VIII :
Tochka en chiffres :
Emplacement : à 245 km au sud du
Haut-Barrage et à 56 km à l'ouest du lac Nasser
Premières Etudes : mars 1982, nouveau
lancement en 1997
Investissements : 88.5 milliards de dollars (300
milliards de Livres égyptiennes)
Objectif : porter la surface habitée
à 25% de la superficie totale de l'Egypte, soit 60 millions de feddans
(252.000 km2), contre 12.5 millions de feddans (52.000
km2), soit 5.5% de la superficie totale actuellement.
Source Hydraulique : le surplus d'eau du lac
Nasser, convoyé à travers un canal à 80% terminé et
qui se dirige vers une dépression
Partenariat : le représentant
régional de l'IFC (International Financial Corporation) filière
de la Banque Mondiale, a déclaré que l'IFC est prête
à participer au financement des projets de Tochka. La Banque Mondiale a
accepté de même un prêt de 300 millions de dollars pour
l'octroi de crédits faciles à ceux qui désirent investir
à Tochka.
Source : EGYPTE. Ministère de
l'Information, Delta Sud de Vallée : projet de la prochaine
décennie, Le Caire : Agence Générale des
Informations, 1997, p. 6-42 (en arabe)
Annexe IX :
La croissance démographique en chiffres (
recensement juillet 2001) :
L'Egypte : 69.536.644 millions de
personnes
Le Soudan : 36.080.373 millions de
personnes
L'Ethiopie : 65.891.874 millions de
personnes
L'Erythrée : 4.298.269 millions de
personnes
Le Rwanda : 7.312.756 millions de
personnes
Le Burundi : 6.223.897 millions de
personnes
L'Ouganda : 23.985.712 millions de
personnes
Le Kenya : 30.765.916 millions de
personnes
La Tanzanie : 36.232.074 millions de
personnes
La RDC : 53.624.718 millions de
personnes
Source : CIA Factbook 2001, 2002,
http://www.cia.gov/cia/publications/factbook/
(12 juin 2002)
Annexe X :
Les besoins hydrauliques égyptiens (2000-2051)
« milliard m3/an »
An-
née
|
Taux de popula-
tion
million
|
Ressources Conventionn-
elles
milliard m3/ an
|
Ressources non Conventionn-
elles
milliard m3/ an
|
Total
milliard m3/an
|
Renouv-elables
%
|
Les Besoins Hydrauliques
|
Montant
par personne
m3/an
|
Déficit
Hydr-
aulique
|
|
Consom
|
Industrie
|
Irrigation
|
Total
|
|
2000
|
62
|
64.9
|
9.15
|
74.5
|
84
|
4.5
|
6.1
|
59.5
|
70.5
|
1194
|
+ 4
|
2025
|
86
|
64.9
|
9.17
|
74.07
|
84
|
8
|
9.85
|
85.4
|
103.25
|
937
|
- 29.18
|
2051
|
120
|
64.9
|
9.19
|
74.09
|
84
|
10.64
|
13.75
|
111.92
|
136.31
|
617
|
- 62.26
|
Les besoins hydrauliques soudanais (2000-2051)
« milliard m3/an »
An-
née
|
Taux de popula-
tion
million
|
Ressources Conventionn-
elles
milliard m3/ an
|
Ressources non Conventionn-
elles
milliard m3/ an
|
Total
milliard m3/an
|
Renouv-elables
%
|
Les Besoins Hydrauliques
|
Montant
par personne
m3/an
|
Déficit
Hydr-
aulique
|
|
Consom
|
Industrie
|
Irrigation
|
Total
|
|
2000
|
33
|
24.3
|
------
|
24.3
|
98
|
0.83
|
0.17
|
20.5
|
21.5
|
736
|
+ 2.8
|
2025
|
55
|
24.3
|
------
|
24.3
|
98
|
1.56
|
0.31
|
32.17
|
34.04
|
442
|
- 9.74
|
2051
|
102
|
24.3
|
------
|
24.3
|
98
|
2.51
|
0.5
|
47.1
|
50.11
|
202
|
- 25.81
|
Source : Saheb EL RABEIY,
Différend sur l'eau et crise des droits entre les riverains du
Nil. Stockholm : Bibliothèque Royale Suède, 2001, p. 74 et
85 (en arabe)
Annexe XI :
Countries experiencing water scarcity in 1955, 1990 and
2025 (projected),
based on availability of less than 1,000 cubic meters
of renewable water
per person per year
|
Water-scarce countries in 1955
|
Countries added to scarcity category by
1990
|
Countries added to scarcity category by 2025
under all UN population growth projections
|
Countries added to scarcity category by
2025 only if they follow UN medium or high projections*
|
Malta
|
Qatar
|
Libya
|
Cyprus
|
Djibouti
|
Saudi Arabia
|
Oman
|
Zimbabwe
|
Barbados
|
United Arab Emirates
|
Morocco
|
Tanzania
|
Singapore
|
Yemen
|
Egypt
|
Peru
|
Bahrain
|
Israel
|
Comoros
|
|
Kuwait
|
Tunisia
|
South Africa
|
|
Jordan
|
Cape Verte
|
Syria
|
|
|
Kenya
|
Iran
|
|
|
Burundi
|
Ethiopia
|
|
|
Algeria
|
Haiti
|
|
|
Rwanda
|
|
|
|
Malawi
|
|
|
|
Somalia
|
|
|
* Cyprus will have more than 1,000 cubic meters of renewable
fresh water annually per person in 2025 if it follows either the UN low or
medium population growth projection. Zimbabwe, Tanzania and Peru will avoid
falling below 1,000 cubic meters per capita only if they follow the UN low
projection.
Source : Paul SIMON,
Guidebook to Global Water Issues, ITT Industries Engineered for Life,
http://www.itt.com/waterbook/intl_scarcity.asp
(23 juillet 2002)
Annexe XII :
Planisphère « les conflits pour l'eau
dans le monde »
l'eau pétrole du XXIème siècle
Source : ---------------, L'eau
entre abondance et rareté étude de cas choisie à
l'échelle régionale : le Moyen-Orient, 2 octobre 2001,
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/gephg/pedagogie/prog2/geocas14.htm,
(5 août 2002)
Annexe XIII :
La situation hydraulique égyptienne en 2015
Sources
|
Estimation 2015
hypothèse basse
|
Estimation 2015
hypothèse haute
|
Disponibilité 2015
m3 par hab. et par an
|
Traditionnelles
|
|
|
|
Nil
|
57.5
|
57.5 *
|
|
Pluies
|
1.4
|
1.4
|
|
Sources
|
0.3
|
0.3
|
|
Total traditionnelles
|
59.2
|
59.2
|
|
Non traditionnelles
|
|
|
|
Nappes profondes
|
2.5
|
3.2
|
|
Eaux usées 1.8
|
2.0**
|
|
|
Eaux de drainage
|
3.0
|
7.0***
|
|
Nappe delta + vallée
|
3.0
|
3.1
|
|
Total non traditionnelle
|
10.3
|
15.3
|
|
Total général
|
69.5
|
74.5
|
786 ou 843
|
* Il s'agit de la quote-part de l'Egypte plus
le gain réalisé par la réalisation de la première
phase du canal de Jonglei.
** La totalité des eaux usées
et traitées qui seront vraisemblablement réutilisables vers l'an
2015.
*** Total des eaux de drainage
récupérables.
Source : Habib AYEB,
L'eau et les politiques d'aménagement du territoire en Egypte, Monde
arabe / Maghreb - Machrek, octobre - décembre 1998, n° 162, p.
80.
Annexe XIV :
UNDUGU
Le groupe de l'Undugu, qui signifie
"fraternité" en swahili, a été formé en
1983 sous l'égide du gouvernement égyptien, suite notamment,
à l'appel du Sommet économique africain d'avril 1980, à
Lagos, pour la création d'instances régionales et
sub-régionales. Il regroupait sous différents statuts (membres
actifs ou observateurs), les représentants des États riverains du
bassin du Nil, ainsi que celui de la République Centrafricaine. Le
groupe était chargé essentiellement d'étudier des
solutions pour le développement économique des pays de l'ensemble
du bassin du Nil. Les domaines de compétences dépassaient donc la
sphère de la gestion de l'eau et s'apparentaient à une
organisation régionale dont le facteur intégrateur était
le bassin du Nil. L'Undugu constituait une structure informelle de
coopération, ce qui lui donnait une assez large flexibilité au
regard des compétences jalousement protégées par ses
membres qui n'étaient pas contraints par des engagements stricts.
Source : DROIT DE L'EAU. Congrès
International de Kaslik (18-20 juin : 1998 : Liban). L'Egypte et
le Nil : entre coopération régionale avortée et
rationalités transnationales triomphantes / ed. Annabelle BOUTET,
p. 6,
http://funredes.org/agua/files/droit/BOUTET.rtf
(28 novembre 2001)
Annexe XV :
TeccoNile
Plan d'Action pour le Bassin du Nil
Un accord de coopération a été
signé par les Ministres de 6 pays: Egypte, Ouganda, Rwanda, Soudan,
Tanzanie et Zaïre, portant sur la création d'un Comité de
Coopération Technique pour la Promotion du Développement et la
Protection de l'Environnement du Nil (TeccoNile). Un plan d'action pour le
Bassin du Nil a été établi en 1994. Ce plan comprend :
La planification et la gestion intégrée
des ressources en eau : évaluation et analyse des besoins et
ressources en eau; plans nationaux d'aménagement et de gestion,
étude de l'impact
des changements climatiques potentiels, mise à jour du
bilan hydrique du Lac Victoria et gestion des zones humides.
Le renforcement des institutions et le
développement des ressources humaines afin d'améliorer
les méthodologies et procédures de gestion de l'eau, de renforcer
les agences concernées et les institutions nationales et
régionales pour la protection de la qualité de l'eau et de
l'environnement, de créer une base de données pour le
bassin, d'évaluer les besoins et préparer un programme
de formation.
Une coopération régionale afin
d'établir un cadre juridique et institutionnel acceptable par tous les
pays du bassin. Cette partie portera également sur l'identification, la
sélection, la mise en oeuvre de projets régionaux
d'aménagement des ressources en eau.
La Protection et l'amélioration de
l'environnement afin de contrôler la dégradation des
sols, l'envasement, la pollution et l'eutrophisation des lacs
équatoriaux et du Nil Blanc et développer des stratégies
de protection de l'environnement pour les sous-régions des principaux
lacs. Un diagnostic du bassin du Nil sera financé par le PNUE dans le
cadre de ce programme.
Source : --------------, TeccoNile,
la Lettre de Réseau, Réseau International des Organismes
de Bassin, 1er trimestre 1996, n° 3,
http://www.oieau.fr/pdf/riob3.pdf
(1 juillet 2002)
Annexe XVI :
Chronologie de l'Initiative du Bassin du Nil
|
1992
|
Le Conseil des ministres des Eaux des états du bassin du
Nil (Nile-COM) lance une initiative visant à promouvoir la
coopération et le développement dans le bassin. Six des
états riverains - la République démocratique du Congo,
l'Égypte, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie et l'Ouganda - ferment le
Comité de la coopération technique pour la promotion, le
développement et la protection de l'environnement du bassin du Nil
(TECCONILE). Les quatre autres états riverains participant à
titre d'observateurs.
|
1995
|
On élabore le Plan d'action dans le bassin du Nil avec
l'appui de l'ACDI. L'un des projets (D3), dont l'objectif est de créer
un cadre coopératif pour la gestion du Nil, est approuvé par tous
les pays au cours de la 3e réunion du Conseil des ministres (à
Arusha, du 9 au 11 février 1995) et mis en oeuvre grâce
à des fonds du PNUD.
|
1995
|
Le Conseil (Nile-COM) demande à la Banque mondiale de
coordonner la contribution des organismes externes afin de financer et de
mettre en oeuvre le Plan d'action.
|
mars 1997
|
La demande du Conseil est présentée de nouveau
à la Banque mondiale.
|
juin 1997
|
La Banque mondiale accepte, et propose de partager la tâche
avec le PNUD et l'ACDI et d'établir un processus de revue et de
consultation avant d'organiser une réunion consultative des organismes
donateurs.
|
novembre 1997
|
On entreprend une revue du Plan d'action dans le bassin du Nil
avec l'appui d'un groupe consultatif international. La réunion
d'experts-conseils a lieu à Coolfont, près de Washington, DC, aux
états-Unis.
|
janvier 1998
|
Une réunion spéciale est tenue au Caire avec des
hauts fonctionnaires des pays riverains afin de discuter de l'ébauche du
rapport d'examen et de définir plus avant un programme
révisé de mesures prioritaires. Les entretiens donnent naissance
à deux idées complémentaires qui offrent une structure au
nouveau plan d'action -- une vision commune, et l'action sur le terrain.
|
mars 1998
|
Huit des pays riverains (tous sauf l'Érythrée et la
République Démocratique du Congo) assistent à la 6e
réunion du Conseil à Arusha, en Tanzanie. Cette réunion
constitue une étape décisive de la coopération dans le
bassin du Nil. On y étudie le nouveau plan d'action.
|
juillet 1998
|
La 1re réunion du Comité consultatif technique du
Nil (Nile-TAC) a lieu à Dar es Salaam, en Tanzanie, sous la
présidence de M. Meraji Msuya.
|
21-22 septembre 1998
|
La 2e réunion du Comité (Nile-TAC) a lieu à
Arusha, en Tanzanie. On y convient de son mandat, de ses règles de
procédure, de ses principes directeurs et d'un plan d'action.
|
23-24 septembre 1998
|
Une réunion extraordinaire du Conseil des ministres
(Nile-COM) est tenue à Arusha, en Tanzanie.
|
22 février 1999
|
Une réunion extraordinaire du Conseil des ministres
(Nile-COM) est tenue à Dar es Salaam, en Tanzanie. Le
procès-verbal lance officiellement l'Initiative du bassin du Nil.
|
23-24 février 1999
|
La 3e réunion du Comité (Nile-TAC) a lieu à
Dar es Salaam, en Tanzanie.
|
4-7 mai 1999
|
Le Comité (Nile-TAC) organise à Sodere, en
Ethiopie, un atelier de planification stratégique et de formation qui
lance la préparation de projets dans le cadre du Programme de vision
commune du bassin.
|
10-14 mai 1999
|
La 4e réunion du Comité (Nile-TAC) a lieu à
Addis-Abeba, en éthiopie. On y forme des groupes de travail afin de
préparer des fiches de projets pour le Programme de vision commune en
vue de la réunion du Consortium international de coopération sur
le Nil (ICCON).
|
12-13 mai 1999
|
La 7e réunion du Conseil des ministres (Nile-COM) a lieu
à Addis-Abeba.
|
15 mai 1999
|
Première réunion du conseil des ministres des pays
à l'est du Nil.
|
1 juin 1999
|
Le nouveau secrétariat de l'Initiative du bassin du Nil
ouvre ses portes dans l'ancien bâtiment du TECCONILE à Entebbe, en
Ouganda. M. Meraji Msuya en est le directeur principal.
|
30 août - 3 sept. 1999
|
La 5e réunion du Comité (Nile-TAC) a lieu à
Entebbe, ainsi que la 2e réunion des groupes de travail afin de
préparer des fiches de projets pour le Programme de vision commune en
vue de la réunion du Consortium (ICCON).
|
3 septembre 1999
|
Ouverture officielle du Secrétariat du bassin du Nil
à Entebbe, en Ouganda.
|
13-18 décembre 1999
|
Des experts nationaux de divers secteurs se rencontrent au
Secrétariat à Entebbe afin de partager des idées et
d'entreprendre ensemble l'étude de projets dans le cadre du Programme de
vision commune en vue de jeter les bases d'investissements de taille dans le
bassin du Nil.
|
24-26 janvier 2000
|
La 6e réunion du Comité (Nile-TAC) a lieu au
Secrétariat à Entebbe afin de s'entendre sur le plan de travail
relatif aux propositions de projets prioritaires pour le bassin.
|
18 mars 2000
|
Des cadres supérieurs de l'Initiative du bassin du Nil
présentent leur « Vision commune » à la
communauté internationale pour la première fois lors du 2e Forum
mondial sur l'eau à La Haye, aux Pays-Bas, qui compte plus de 4 000
participants du monde entier.
|
23 mars 2000
|
La 7e réunion du Comité (Nile-TAC) a lieu à
Delft, aux Pays-Bas afin d'étudier des plans de travail et des horaires
de réunion possibles en vue de la première réunion du
Consortium (ICCON).
|
31 juillet - 3 août 2000
|
La 8e réunion du Comité (Nile-TAC) a lieu à
Khartoum, au Soudan, en préparation de la 8e réunion du Conseil
(Nile-COM), afin de finaliser les propositions de projets prioritaires.
|
4-5 août 2000
|
La 8e réunion du Conseil (Nile-COM) est tenue à
Khartoum. Le Conseil approuve les projets prioritaires préparés
dans le cadre du Programme de vision commune, et demande au Comité
(Nile-TAC) de terminer les documents connexes et de les lui présenter
pendant la première semaine de décembre 2000. Le Conseil confirme
que la première réunion du Consortium (ICCON) aura lieu en
février 2001 à Genève, en Suisse.
|
21-25 août 2000
|
Des experts de la région des lacs équatoriaux du
Nil se réunissent à Entebbe pour partager leurs idées sur
une série possible de projets conjoints dans la région à
préparer dans le cadre du programme de mesures subsidiaires des lacs
équatoriaux du Nil (NELSAP).
|
Source : -------------------,
Chronologie de l'Initiative du Bassin du Nil, Entebbe / Uganda : Nile
Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/nbihistory.htm
(7 juin 2002)
Annexe XVII :
La
situation de chaque pays riverain envers l'IBN276(*)
Quant aux travaux qui nous réunissent ici à
Khartoum, le Burundi n'a jamais ménagé et ne
ménagera aucun effort pour la bonne coopération entre les pays
riverains du Bassin du fleuve Nil pour un bon aménagement et une bonne
gestion de ses ressources en eau en vue d'une amélioration des
conditions de vie de ses populations, en passant par la réduction de la
pauvreté, l'amélioration de la santé des populations et
l'augmentation de la production agricole.
En témoigne sa participation active depuis la
création du Projet Hydromet, le Burundi y adhéra en 1972
jusqu'à nos jours en passant par le TeccoNile et la série des
Conférences Nile 2002 financées par le gouvernement Canadien
à travers l'ACDI et la Banque Mondiale, les réunions du
Comité Consultatif Technique, les réunions du Groupe d'Experts,
appuyés par le PNUD, même dans les moments les plus difficiles
qu'a traversés et que continue à traverser le pays.
Parmi les initiatives qui sont venues appuyer les pays
riverains du Bassin du Nil dans la planification et le développement de
ses ressources en eau, le Burundi a été toujours présent
et membre. Entre autres et sans être exhaustif, nous pouvons citer la
présence du Burundi dans le Projet financé par le Gouvernement
d'Italie exécuté par la FAO « Gestion des Ressources en
Eau du Bassin du Nil » dont la première phase s'est
terminée en 1999 et dont la deuxième phase est en cours, et le
Projet de Confectionnement de la carte d'occupation du sol, le Projet
« Africover East Africa », également financé
par le Gouvernement d'Italie et exécuté par la FAO, et dont le
siège est à Nairobi.
Dans le cadre du Programme de Vision Commune, et même du
Programme d'Action Subsidiaire, il vient d'être finalisé des
fiches de Projets tant au niveau national qu'au niveau sous régional
dans sept secteurs jugés prioritaires, ainsi que le domaine de la
communication. Maintenant, ces fiches de Projets vont nous être
présentées dans le cadre du Programme de Vision Commune et des
Programmes d'Action Subsidiaire, pour approbation en vue d'être
présentées aux Bailleurs de fonds lors du premier Consortium
International pour la Coopération du Nil qui, nous le souhaitons, ne
sera pas encore une fois repoussé et aura lieu à Genève au
mois de juin 2001. Pour ce faire, le Gouvernement de la République du
Burundi a salué le 1er Consortium International pour la
Coopération du Nil. Il salue également la Table Ronde
organisée par le Forum de Développement Allemand en collaboration
avec le Gouvernement Allemand ainsi que celle organisée par le
3ème Forum de l'Eau Mondiale établi par le Gouvernement
Japonais. Je ne m'en voudrais de terminer sans préciser que,
malgré la crise socio-politique que traverse le pays, le Burundi
réaffirme sa volonté de coopérer avec les pays riverains
du Bassin du Nil pour une bonne gestion des eaux surtout pour les centaines de
milliers de populations du Bassin du Fleuve Nil.
L'essentiel de la rencontre n'est pas la présence
physique d'un ministre mais plutôt du message du gouvernement du pays du
Bassin du Nil, ainsi, la République Démocratique du Congo
par la lettre du plein pouvoir de son gouvernement exprime sa présence
dans l'exécution et réalisation des activités du Bassin du
Nil. Par les eaux des Lacs Albert et Edouard et des Rivières Semliki et
Rutshuru la nature et l'histoire veulent que nous partageons les misères
et bonheur comme enfants du Nil. Petit par le débit 2.0 billions de
m3 et par la surface 21,180 km2 que nous offrons aux eaux
et bassin du fleuve Nil, mais assez grand par le coeur que nous portons
à cette communauté africaine. Et nous adhérons avec
conviction à l'initiative du Bassin du Nil. C'est une belle et
très bonne opportunité pour le développement
socio-économique du peuple congolais riverains de ce long fleuve du
monde et aussi pour nous l'opportunité d'apporter notre part à
l'amélioration de l'environnement aquatique de ce don particulier de
Dieu au monde. Aujourd'hui à Khartoum , mon pays s'unit de coeur avec
vous pour marquer la fin d'une étape considérable dans la vie de
l'IBN, la phase de préparation des projets pour la vision commune
à présenter à l'international Consortium pour la
coopération entre les pays du Nil, afin de démarrer
l'Exécution. Depuis le mois d'août 2000 que nous nous sommes
sépares d'ici, nous nous sommes mis à faire le nécessaire
pour tenir informe l'ensemble du gouvernement, le peuple en
général et le riverain du Nil en particulier, de ce qui se fait
au sein de l'IBN. Pour le gouvernement nous avons multiplier les audiences
pour échanges verbales animes sur toute communication venant du
Secrétariat du Nil, des partenaire et consultants de différents
domaines de Programme de Vision Commune ou du Programme d'Action
Subsidiaire. Pour le publique, nous publions à la radio , à la
Télévision et dans les journaux locaux et notamment dans le
journal « Info-Environnement », tous les points saillants
de l'activité de l'IBN. Tous les dimanches de 14 à 15 H nous
avons à la T.V l'émission : « Karibu
Environnement » qui diffuse la vie de l'IBN aussitôt que nous
en recevons l'information . Nous avons atteint nos riverains du Nil
actuellement en zones occupées de deux manières : Par radio
et par télévision ; en effet grâce à la
diffusion par satellite des images et son, la T.V congolaise est captée
de partout. Le moyen le plus sur est celui de la communication par
voyageurs. Tout événement dans les familles de ressortissants de
zones occupées réunit toujours leurs parentes à Kinshasa.
Et comment ils annoncent toujours ces événements et donnent le
lieu et le temps de rencontres. Nous nous arrangeons pour passer l'information
sur la vie de l'IBN dans les milieux et des circonstances de ces genres ou on
trouve toujours des voyageurs fraîchement venus de là ou ceux en
partance. C'est moyen de communication est le plus sur du moment. C'est ainsi
que tout ce qui se fait est connu là-bas comme à Kinshasa et on
arrive à organiser des rencontres là-bas grâce à
l'aide de la société civile en mouvement permanent.
Nous avons eu l'occasion de vérifier
l'efficacité de système lors de tenue de l'atelier des
consultations nationales facilitées par le D3 sur les données et
information , sur les aspects institutionnels et juridiques, et
récemment encore, sur les analyses environnementales. A ces occasions ou
à d'autres organisées au niveau national, tous de la
société civile invites à Kinshasa trouvent toujours le
moyen de répondre à l'invitation à Kinshasa grâce
à l'appui des organismes humanitaires. Ici et à la fin de
cette phase de préparation et avant d'aller devant l'ICCON nous jugeons
bon de remercier tous ceux qui par leur travail à un niveau ou à
l'autre de la réalisation de l'IBN. Nous saluons ici l'encadrement
presque affectif de M. Msuya MERAJI, Directeur Exécutif du
Secrétariat du Nil et tout son bureau pour un travail abattu durant ce
temps difficile avec leur correspondances utiles et prompte. Nous saluons aussi
les partenaires et consultants dans les différents domaines. Croyez-nous
Mesdames, Mesdemoiselles, et Messieurs partenaires et consultants le transfert
de connaissance et de techniques que vous venez d'opérer vers notre pays
dans le cadre de ces travaux est un investissement considérable et une
documentation à jour pour une bonne gestion pour la gestion de 52% de
ressources en eau douce de l'Afrique. Chaque ouvrage que vous envoyez
reçoit aussi la valeur d'un document de référence de
didactique sur le tas, et chaque fois que la Banque Mondiale, PNUD et outre
nous donne le profil d'un nouveau consultant nous voyons tout de suite
l'enrichissement de notre expertise grâce au processus de l'IBN
grâce a vous. C'est pourquoi nous réclamons sans cesse votre
visite chez nous. Trois à six mois nous séparent de l'ICCON I
selon qu'il se tient en juin ou en septembre 2001. Qu'est-ce que nous allons
faire pendant ce temps? Déjà à nos ministères
des finances et coopération internationales les oreilles s'habituent
déjà à l'abréviation ICCON, si bien que nous
étions très sûrs de payer notre contribution au
fonctionnement du Nile-SEC au mois d'octobre 2000. Mais hélas nous nous
sommes rendu compte que la politique a ses raisons que le ventre et la
tête ne retrouvent pas. Quant au public nous nous préparons
à le sensibiliser pour qu'il comprenne que la contrainte
financière qui s'imposait en maître contre le développement
socio-économique pour l'utilisation rationnelle et nécessaires
des ressources en eau des Lacs Albert, Edouard et de la rivière Sembebe
sera levée par l'appui de donneurs au sein de l'ICCON, ça sera au
public de passer aux actes déjà. C'est pour ce besoin que nous
demandions encore une fois de plus que l'appui qui a été
donné aux autres pays membres de l'IBN pour le petit projet sur la
communication nous soit, par équitabilité donné à
la R.D.C. et à vous à vérifier si la sensibilisation va
arriver sur les rives congolaises du Nil blanc ou pas. Qu'est-ce que la
R.D.C va dire à l'ICCON ? Pour cela nous demandons à nos
partenaires de rassurer nos futures donneurs de notre foi dans la
réalisation du développement socio-économique de notre
peuple riverain du Nil par une gestion partagée et rationnelle de
ressources en eau du Nil que nous avons en commun avec nos voisins grâce
à une coopération réfléchi entre nos pays dans le
bassin du Nil. Nous nous sommes engagés déjà dans le
désir d'effectuer un règlement basé sur
intérêt mutuel pour tout problème des eaux
transfrontalières en vue de garantir des bonnes conditions
environnementales dans la partie du bassin nilotique de la R.D.C. Nous
voulons que l'ICCON comprenne que l'appui que nous attendons de lui permettant
la réalisation du SVP puis, SAP ensuite serait une raison
intéressée d' entretenir la solidarité entre nos pays dans
le bassin du Nil, tout en garantissant longue et prospère vie au fleuve
Nil, patrimoine commun et mondial. Nous nous préparons
déjà à mettre sur pied tout ce qui peut être fait au
niveau local infrastructure et consort pour recevoir les différents
comités dans l'organisation pour la réalisation du SVP et du SAP
ensuite. Excellences, Mesdames, Mesdemoiselles et messieurs La politique
de l'ouverture que s'est mis à pratiquer actuellement le gouvernement de
la R.D.C donne à tous ceux qui tiennent à la vérité
d'une vie fraternelle dans l'unité que nous impose le Nil de porter sa
pierre à la construction de la paix que fait le Congo
d'aujourd'hui. De même ici, qu'est-ce que la R.D.C dit ?
1. Nous croyons à l'opportunité
d'éradiquer la pauvreté par l'utilisation partagée et
rationnelle des ressources en eau du Nil par une coopération entre les
pays du bassin du Nil.
2. Nous nous engageons à le réaliser par le
processus de l'IBN grâce au SVP et SAP.
3. Nous sollicitons l'appui de l'ICCON pour lever la
contrainte financière.
Canada est particulièrement fier d'être
associe aux dix pays riverains du Nil dans le cadre des Conférences du
Nil 2002 ainsi que d'être partenaire avec la Banque Mondiale et le PNUD
dans l'Initiative du Bassin du Nil. Bientôt la communauté des
bailleurs de fonds sera conviée a confirmer son engagement dans la
réalisation des projets communs que vous leur présenterez lors de
la première Conférence du consortium international sur le Nil.
C'est alors que nous pourrons tous témoigner des résultats
tangibles de vos efforts de coopération.
Source : -------------, La situation
de chaque pays riverain, Entebbe / Uganda : Nile Basin Initiative
Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/pressreleases.htm
(7 juin 2002)
Annexe XVIII : Le Programme
d'Action Stratégique
Shared Vision : La Vision Commune
Shared vision sub-program : Sous-programme de la Vision
Commune
Subsidiary action sub-program : Sous-programme de l'Action
Subsidiaire
Action on the ground : Plan d'Action sur le terrain
Source: -------------, Policy Guidelines
for the Nile River Basin Strategic Action Program, Entebbe / Uganda : Nile
Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/Documents/TACPolicy.html (7 juin 2002)
Annexe XIX : Les
mécanismes de financement
Source: -------------, International
Consortium for the Cooperation on the Nile (ICCON), Entebbe / Uganda :
Nile Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/overview_chapter_2.htm
(7 juin 2002)
Annexe XX :
Les montants des projets de l'IBN
Le Programme
|
Les montants
(en millions de $)
|
1. L'Action Environnementale Transfrontalière du Nil
|
39
|
2. Le Commerce de l'Energie Régionale du Bassin du
Nil
|
12
|
3. L'Utilisation Efficace de l'Eau pour la Production
Agricole
|
5
|
4. La Gestion et la Planification des Ressources de l'Eau
|
28
|
5. La Construction de Confiance et l'Insertion des Enjeux
(communication)
|
7
|
6. Des Formations Appliquées
|
20
|
7. Le Développement Socio-économique et les
bénéfices communs
|
11
|
Total de SVP
|
122
|
- NELSAP
|
30
|
- ENSAP
|
49
|
Total de SAP
|
79
|
- La facilitation de la gestion du programme de l'Initiative
du Bassin du Nil.
|
10
|
Total de IBN
|
10
|
Total de financement
|
211
|
Source : -------------,
International Consortium for the Cooperation on the Nile, Entebbe /
Uganda : Nile Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/overview_chapter_2.htm (7 juin 2002)
Annexe XXI :
Les niveaux de
coopération à l'IBN
Source: -------------, Policy Guidelines
for the Nile River Basin Strategic Action Program, Entebbe / Uganda : Nile
Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/Documents/TACPolicy.html (7 juin 2002)
Annexe XXII :
Le Cycle du Programme de Vision Commune
|
L'établissement des groupes de travail par le Nile-TAC
|
|
La préparation des Termes de Référence
pour les consultants
|
|
La préparation des détails du projet
|
|
La préparation de la documentation du Groupe
Consultatif
|
|
La procédure du Groupe Consultatif : des
informations à Nile-COM et mobilisation en vue du financement
|
|
La mise en oeuvre
|
Annexe XXIII :
Le Cycle du Programme d'Action Subsidiaire
|
L'établissement des groupes de travail
|
|
La précision des priorités du programme de
l'action subsidiaire
|
|
L'analyse préliminaire du projet
|
|
La procédure du Groupe Consultatif : des
informations à Nile-COM d'après le Nile-TAC et mobilisation de
financement
|
|
Pré-faisabilité
|
|
Faisabilité finale
|
|
Financement et mis en oeuvre
|
Source : -------------, Policy
Guidelines for the Nile River Basin Strategic Action Program, Entebbe /
Uganda : Nile Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/Documents/TACPolicy.html (7 juin 2002)
Annexe XXIV :
La situation des pays des Lacs Equatoriaux
Le Pays
|
La Population
(millions en 1997)
|
Le PIB en $
en 1998
|
Aire du Sous-Bassin par km2
|
Le courant du Nil par milliards de m3
|
Burundi
|
6
|
140
|
20.400
|
2.6
|
RDC
|
47
|
110
|
21.180
|
2.0
|
Kenya
|
29
|
350
|
45.000
|
9.2
|
Rwanda
|
8
|
230
|
14.000
|
3.8
|
Tanzanie
|
31
|
220
|
124.650
|
7.6
|
Uganda
|
20
|
310
|
185.770
|
7.9
|
Total
|
135
|
1360
|
411.000
|
33.1
|
Source: -------------, the Nile
Equatorial Lakes Subsidiary Action Program (NELSAP), Entebbe / Uganda :
Nile Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/overview_NELSAP.htm
(7 juin 2002)
Annexe XXV :
Début du dialogue international sur le
développement du bassin du Nil
IUCN
The World Conservation Union / Union Mondiale pour la
Nature
The International Discourse on the development of the
Nile River Basin takes off
The Canadian International Development Agency (CIDA) has just
signed an agreement with IUCN to support the initiation of the «Nile
International Discourse Desk» to facilitate the involvement of civil
society in a development planning process for the Nile River Basin.
The Nile - the longest river in the world - has a drainage
basin of over 3.2 million km in northeastern Africa. It includes ten riparian
countries and more than 140 million people. It supplies most of the water for
Egypt and Sudan and millions of the inhabitants of north-eastern Africa depend
on it for natural resources, fishing, agriculture, irrigation, hydropower and
industry. The Nile is a large river but one with limited water compared to
other large rivers: with so many dependents there is a potential scarcity for
those downstream.
For centuries, there have been disputes and worries about the
distribution and availability of the Nile waters. Many treaties and agreements
have been developed which have not always benefited all the countries involved.
Most recently, the World Bank supported the Nile Basin Initiative, bringing
together the governments of the Nile to work out development priorities for the
basin and to foster harmony in improving the livelihoods of the people of the
Nile, many of whom live in the poorest countries of the world. This Initiative
is progressing with the government agencies responsible for water, energy and
agriculture but has had, to date, very little involvement of civil society in
the planning processes.
In January 2001, IUCN (together with WWF and WB) hosted the first
meeting - an «International Discourse» - at its headquarters in
Switzerland. The Discourse is designed to bring civil society into the
development planning process for the Nile Basin and to involve local, national
and international NGOs and other civil society agencies in information exchange
about the Nile Basin Initiative (NBI). IUCN facilitated a further meeting of
the same group which took forward the idea of the International Discourse and a
programme of activities that would be coordinated by a «Discourse
Desk» located near the NBI secretariat in Uganda. A programme of
activities is to be developed to respond to the information needs of the people
of the Nile Basin in relation to planned developments and to facilitate their
involvement in the planning processes.
The Government of Canada has responded to the idea of civil
society becoming involved with development planning in the Nile River Basin and
has provided financial support to the process by investing in the Nile Basin
Discourse Desk. IUCN will facilitate the Discourse Desk in the first instance.
The Desk can now take off and begin its work with the people of the Nile. The
Desk will include representation from civil society from all ten riparian
countries of the Nile and involve exchanges, forums and, eventually, a website
to ensure that development plans are known to all and involve those who depend
on the Nile.
Source: --------------------, Rubrique
Quoi de neuf ?, 15 avril 2002,
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(1 juillet 2002)
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* 3
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* 8
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* 9 Robert AXELROD, op. cit.,
p.139
* 10 Robert AXELROD, op. cit.,
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* 11
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* 12
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* 13
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* 14
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* 15
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* 16
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* 19
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* 20
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* 21
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XXVI, n° 4, p. 661-666
* 22
Cf. annexe I : Le bassin du
Nil
* 23
Nathania BERNESTEIN, Le Nil et la politique
africaine de l'Egypte, Mémoire de DEA d'Etudes Politiques,
Institut d'Etudes Politiques de Paris, sous la direction de Remy LEVEAU,
1989, p. 6-37.
* 24
Le Sudd : C'est un mot arabe qui
signifie barrage. Le sudd est le pays des ethnies Nuers, Dinkas, Shillouks, qui
vient de la pêche et de l'élevage : une infinité
d'îles et de terres basses de 40,000 km2, qu'on a nommé
le Styx, tout comme le fleuve des Enfers de la mythologie grecque.
* 25
Ashok SWAIN, Ethiopia, the Sudan, and Egypt: The
Nile River dispute, The Journal of Modern African Studies, December
1997, vol. 35, n° 4, p. 675-694
* 26 RAU :
République Arabe Unie, c'est le nom officiel de l'Egypte pendant l'union
avec la Syrie (22 février 1958 - 28 septembre 1961)
* 27 Rédigé au
Caire, en arabe, en deux exemplaires originaux, le 8 novembre 1959, par Mohamed
TALAAT FARID du Soudan et Zakaria MOHIE EL DIN de la RAU.
* 28 Cf. annexe II
: Accord entre la République du Soudan et la République
Arabe Unie sur la pleine utilisation des eaux du Nil
* 29 Gabriel R. WARBURY, The
Nile in Egyptian-Sudanese Relations, Orient, December 1991, vol. 32,
n° 4, p. 565-572
* 30 Jean-Jacques ROCHE,
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froide ? une approche réaliste de la sécurité
à l'aube du XXIème siècle,
http://www.dandurand.uqam.ca/download/gripci/roche_securite.pdf
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* 31 Ahmed EL RASHIDI,
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nécessités de la coopération conjointe, Perspectives
africaines, printemps 2001, n° 5, p. 4-5
* 32 Les
Impérialistes : Ce terme est à restituer dans le
contexte des discours politiques de l'époque nassérienne.
* 33 John WATERBURY,
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1979, p. 14-41
* 34 DROIT DE L'EAU.
Congrès International de Kaslik (18-20 juin : 1998 : Liban).
L'Ethiopie : le Nil et le droit international public / ed. Tarek
MADJOUB, p. 8-12,
http://funredes.org/agua/files/droit/MADJOUB.rtf
(28 novembre 2001)
* 35 ------------------,
Guerres et paix au Proche-Orient : eau inégalement
répartie,
http://www.h2o.net/magazine/urgen...oche_orient/français/guerre_3.htm
(20 novembre 2001)
* 36 Christian CHESNOT, La
bataille de l'eau au Proche-Orient. Paris : L'Harmattan, 1993, p. 121
* 37 LA POLITIQUE ETRANGERE
EGYPTIENNE DANS UN MONDE CHANGEANT. Deuxième Conférence annuelle
pour les exposés politiques (3 : 1989 : Le Caire). La
politique hydraulique égyptienne / ed. Ahmed Youssef AHMED, Le
Caire : Centre de Recherches et d'Etudes Politiques, Faculté d'Economie
et de Sciences Politiques, Université du Caire, 1990, p. 912-933 (en
arabe)
* 38 Lammii GUDDAA, op.cit.,
http://www.peacelink.it/anb-bia/nr324/f03.html
(2 novembre 2001)
* 39 L'accord
égypto-soudanais de 1959, article 1 § 1 et 2
* 40 L'accord
égypto-soudanais de 1959, article 2 § 4
* 41 Ayman El Sayed ABD EL
WAHAB, Les eaux du Nil dans les relations égypto-soudanaises,
Perspectives africaines, printemps 2001, n° 5, p. 7
* 42 Cf. annexe III :
Bassin du Tigre et de l'Euphrate
* 43 Greg SHEPLAND, Rivers
of Discord: International Water Disputes in the Middle East. New York: St.
Martin's Press, 1997, p. 103-143
* 44 Cf. annexe IV :
Bassin hydrographique du Jourdain
* 45 A Washington, le 26
octobre 1994, Israël et la Jordanie ont signé un accord de paix
garantissant la souveraineté des deux Etats, la paix mutuelle et le
respect des frontières étatiques. Ils se sont mis d'accord sur
les questions de l'eau, de l'énergie et de l'environnement. Les deux
parties se sont accordées sur la légitime répartition des
eaux du fleuve Jourdain et de la rivière Yarmouk. Ce traité
détermine les quantités d'eau allouées aux deux
états et l'article 1er de l'annexe II stipule que durant
l'été, Israël a le droit d'utiliser 12 millions de
m3 des eaux du Yarmouk et 13 millions durant l'hiver. En
contrepartie, Israël s'engage à fournir 50 millions de
m3/an à la Jordanie d'eau potable supplémentaire, dont
20 millions seront fournis par un stock réservé dans le lac de
Tibériade. Dans Raphaël GODEFROY, Audrey KICHELEWISKI. L'eau dans
les relations israélo-arabes, Proche-Orient Info., mai 2002,
http://www.proche-orient.info/xdossier_article.php3?id_article=239
(19 août 2002)
* 46 E. Johnston :
C'est le nom de l'émissaire de président
américain E. Eisenhower
* 47 Hillel L. SHUWAL, Le
problème du partage de l'eau entre Israël et les Palestiniens : a
la recherche d'une solution équitable, Monde arabe / Maghreb -
Machrek, octobre - décembre 1992, n° 138, p. 39-41
* 48 André DULAIT,
François THUAL. Le Moyen-Orient et l'eau, Paris : CRESPI, juin
2000, p. 59-69
* 49 EGYPTE. Ministère
des Affaires étrangères, L'Egypte et le Nil, Paris :
Organisme de l'Information de l'Etat, juin 1982, p. 77-78
* 50 Ibid., p. 78
* 51 Les pays
indépendants sont : Congo (1960), Ouganda (1962), Rwanda
(1962), Burundi (1962), Kenya (1963), Tanzanie (1964)
* 52 La presse
éthiopienne a rendu publics certains projets sur le lac Tana,
le Nil bleu, le Sobat et l'Atbara le 6 février 1956. Cf. le Times 8
février 1956, le Financial Times 15 juin 1957. Il est à noter que
l'étude du développement des ressources hydrauliques en Ethiopie
a été sérieusement avancée à la suite des
accords d'assistance technique conclue avec les Etats-Unis le 23 juin 1952 et
le 27 juin 1957.
* 53 Menzar KHADAM, La
sécurité hydraulique arabe : les réalités et les
défis. Beyrouth : Centre d'Etudes de l'Unité Arabe,
février 2001, p. 125-126 (en arabe)
* 54 Le Monde 29 octobre
1958
* 55 Christian CHESNOT, op.
cit., p. 134
* 56 Abd El Malek OUDA, La
politique égyptienne et l'eau du Nil au xxème
siècle. Le Caire : Centre d'Etudes Politiques et
Stratégiques, Al-Ahram, 1999, p. 80-84 (en arabe)
* 57 André DULAIT,
François THUAL. op. cit., p. 18
* 58 Georges MUTIN, L'eau
dans le Monde arabe : enjeux et conflits. Paris : Ellipses, 2000, p. 58
* 59 Tarek MADJOUB, op. cit.,
p. 18
* 60 Fathi Ali Hussein AHMED,
Les ressources hydrauliques et les relations régionales au
Proche-Orient, Thèse de Mastère de Sciences Politiques,
Faculté d'Economie et de Sciences Politiques, Université du
Caire, sous la direction de Horreya MOGAHED, Moustafa EILWY, 1994, p. 88-123
* 61 Mahmoud Samir AHMED,
Les prochains conflits de l'eau au Proche-Orient, Le Caire : Dar El
Moustakbal El Arabie, 1991, p. 33-34 (en arabe)
* 62 Ibid., p. 445
* 63 Une moyenne annuelle du
débit du fleuve, pendant la période de 1870 à 1952,
s'élevait à 84 milliards de mètres cubes d'eau, moyenne
qui fut prise comme base pour tous calculs futurs dans les négociations
entre l'Egypte et le Soudan.
* 64 Gamal HAMDANE, La
personnalité de l'Egypte : réflexion sur le génie du
lieu, Le Caire : Prisme (série 1), 1997, p. 225-300 (en arabe)
* 65 Tarek MADJOUB, op. cit.,
p. 2-5
* 66 Georges Amine LEBBOS,
L'ambiguïté du droit international, dans un dossier sur la bataille
de l'or bleu : l'eau dans le Machrek et le Maghreb, les Cahiers de
l'Orient, 4e trimestre 1996, n° 44, p. 23-25
* 67 DROIT DE L'EAU.
Congrès International de Kaslik (18-20 juin : 1998 : Liban).
Le droit international de l'eau existe-t-il ? Evolutions et perspectives
pour la résolution des conflits d'usages / ed. Jacques SIRONNEAU,
p. 2,
http://funredes.org/agua/files/droit/SIRONNEAU.rtf
(28 novembre 2001)
* 68 Pierre-Alain ROCHE, L'eau
au XXIème siècle : enjeux, conflits, marchés.
Ramsès 2001 les grandes tendances du monde : rapport annuel
mondial sur le système économique et les stratégies,
septembre 2000, p. 86-88
* 69 Frédéric
LASSERRE, Le prochain siècle sera-t-il celui des guerres de l'eau ?,
Revue internationale et stratégique, Paris : IRIS, 1999,
n° 33, p. 12-14
* 70 GAP :
Guneydogu Anadolou Projesi (Projet d'Anatolie du Sud - Est) est
avec pas moins de 22 barrages et 17 centrales en prévision sur les deux
fleuves, l'Euphrate et le Tigre, et un double tunnel d'irrigation de 26.4 km de
long et 7.5 m de diamètre.
* 71 Abd El Malek OUDA,
Seemaan Boutrous FARAGALLAH, Salah El Din AMER. La convention sur le droit
relatif aux utilisations des cours d'eau internationaux à des fins
autres que la navigation. Le Caire : Centre de Recherches d'Etudes
Politiques, Faculté d'Economie et de Sciences Politiques,
Université du Caire, juillet 1998, p. 14-17 [série
d'exposés politiques n° 120] (en arabe)
* 72 Tarek MAJZOUB, Les
fleuves du Moyen-Orient. Paris : L'Harmattan, 1994, p. 174-178
* 73 Cf. annexe V
: The Helsinki Rules on the uses of the waters of international
rivers
* 74 Les règles
d'Helsinki, article II
* 75 EGYPTE. Ministère
des Affaires étrangères, op. cit., p. 15-20
* 76 Habib AYEB, La
vallée du Nil : un grand axe géopolitique, Monde arabe /
Maghreb - Machrek, octobre -décembre 1992, n° 138, p.
68-70
* 77 DROIT DE L'EAU.
Congrès International de Kaslik (18-20 juin : 1998 : Liban).
L'Egypte et le Nil : entre coopération régionale
avortée et rationalités transnationales triomphantes / ed.
Annabelle BOUTET, p. 3,
http://funredes.org/agua/files/droit/BOUTET.rtf
(28 novembre 2001)
* 78 Cf. annexe VI
: Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours
d'eau internationaux à des fins autres que la navigation
* 79 François
BOEDEC, Les guerres de l'eau au Moyen-Orient, Etudes, janvier 1995,
vol. 382, n° 1, p. 13-14
* 80 Georges MUTIN, op.
cit., p. 57-58
* 81 La Convention de
1997, dans l'article II (a) le Cours d'Eau s'entend d'un
système d'eaux de surface et d'eaux souterraines constituant, du fait de
leurs relations physiques, un ensemble unitaire et aboutissant normalement
à un point d'arrivée commun.
* 82 La Convention de
1997, dans l'article II (b) le Cours d'Eau International
s'entend d'un cours d'eau dont les parties se trouvent dans des Etats
différents.
* 83 La Convention de
1997, article VII § 1
* 84 Ahmed EL RASHIDI, op.
cit., p. 6-7
* 85 La Convention de
1997, dans l'article XXIV § 2 (a & b) la Gestion est
le fait de planifier la mise en valeur durable d'un cours d'eau international
et d'assurer l'exécution des plans qui auront pu être
adoptés ; et le fait de promouvoir de toute autre manière
l'utilisation, la protection et le contrôle du cours d'eau dans des
conditions rationnelles et optimales.
* 86 La Convention de
1997, article VIII § 2
* 87 La Convention de
1997, dans l'article XV § 1, 2 & 3 la Régulation
s'entend de l'utilisation d'ouvrages hydrauliques ou de toute autre
mesure employée de façon continue pour modifier, faire varier ou
contrôler d'une autre manière le débit des eaux d'un cours
d'eau international. Les Etats du cours d'eau coopèrent, selon que de
besoin, pour répondre à la nécessité ou pour
exploiter les possibilités de réguler le débit des eaux
d'un cours d'eau international.
* 88 Le cas du Danube en
Europe, le Sénégal en Afrique et le Mékong en Asie
* 89 La Commission
Technique Permanente Mixte égypto-soudanaise
* 90 La Convention de
1997, article IX § 1 et article XI et XII
* 91 Abd El Malek OUDA,
Seemaan Boutrous FARAGALLAH, Salah El Din AMER. op. cit., p. 20-21
* 92 André DULAIT,
François THUAL, Le Moyen-Orient et l'eau, Paris : CRESPI, juin
2000,
http://www.hcci.gouv.fr/lecture/n-1-72.html
(12 novembre 2001)
* 93 Salah Abd El Badei
SHALABY, Le problème de l'eau dans la nouvelle convention
internationale, Al-Siyassa Al-Dawlya « la Politique
internationale », juillet 1999, n° 137, p. 32-35 (en
arabe)
* 94 Mahmoud ABU ZED,
L'eau, source de tensions au XXIème siècle.
Le Caire : Al-Ahram, 1998, p. 102-105 (en arabe)
* 95 Natasha BESCHORNER,
Le rôle de l'eau dans la politique régionale de la Turquie,
Monde arabe / Maghreb - Machrek, octobre - décembre 1992,
n° 138, p. 56-62
* 96
Ahmed EL RASHIDI, op. cit., p. 3
* 97 La
Vallée : Ne couvre pas la partie de l'amont où la pente
est trop forte. Par contre, la Vallée Politique (le Bassin)
désigne l'ensemble des Etats riverains situés le long de
la vallée hydrologique définie ci-dessus.
* 98 Al-Ahram Hebdo 3
janvier 2000
* 99
Christian CHESNOT, La bataille de l'eau au Proche-Orient, op. cit., p. 25
* 100
Christian CHESNOT, La bataille de l'eau au Proche-Orient, op. cit., p. 49
* 101
Joyce R. STARR, Water Wars, Foreign Policy, 1991, n° 82,
p. 17
* 102 Mohamed Abd El
Ghany SEOUDY, Canal de Jonglei : pourquoi ? et où ?, El
Siyassa El Dawlya « la Politique internationale »,
janvier 2001, n° 143, p. 66-85 (en arabe)
* 103 Nathania BERNSTEIN,
op. cit., p. 47-51
* 104
Nathania BERNSTEIN, op. cit., p. 8-9
* 105 Cf. annexe
VII : La Nouvelle Vallée « Tochka »
* 106 Cf. annexe
VIII : Tochka en Chiffres
* 107 Le
Monde 5 novembre 1996
* 108
Ahmed El Sayed EL NAGGAR, Du barrage à Tochka : le Nil et le peuple
en Egypte entre la légende et la réalité. Le Caire :
Centre d'Etudes Politiques et Stratégiques Al-Ahram, 1999, p. 145-156
(en arabe)
* 109
Agence d'Europe, L'eau au Moyen-Orient : enjeux et stratégies,
avril 1999,
http://www.medea.be/fr/index138.htm
(3 décembre 2001)
* 110
Habib AYEB, L'eau au Moyen-Orient,
http://medintelligence.free.fr/NdLEauMM.htm
(26 novembre 2001)
* 111
Al-Ahram Hebdo 16 décembre 1999
* 112
Al-Ahrar 24 novembre 1996 (en arabe)
* 113
Al-Ahram Hebdo 2 septembre 1998
* 114
Lammii GUDDAA, op. cit., p. 4
* 115
Alaa El Dine SHAHINE, Le Nil : un instrument de coopération
internationale africaine, Lettre mensuelle, Zaïre :
Université de Kinshasa, octobre 1984, n° 9, p. 10-11
* 116 Cf. annexe
IX : La croissance démographique en chiffres (recensement
juillet 2001)
* 117
Georges Amine LEBBOS, La croissance démographique et l'eau, dans un
dossier sur la bataille de l'or bleu : l'eau dans le Machrek et le Maghreb,
les Cahiers de l'Orient, 4ème trimestre 1996,
n° 44, p. 19-22
* 118
Julien NESSI, L'or bleu, eldorado géopolitique au
XXIème siècle, Cyberscopie : le magazine
d'actualité internationale, novembre 1999,
http://www.cyberscopie.com/eau.html
(28 novembre 2001)
* 119
CIA World Factbook 2001, 2002,
http://www.cia.gov/cia/publications/factbook/
(12 juin 2002)
* 120
Julien NESSI, op. cit.,
http://www.cyberscopie.com/eau.html
(28 novembre 2001)
* 121
Cf. annexe X : Les besoins hydrauliques
égyptiens et soudanais (2000-2051) « milliard
m3/an »
* 122
Cf. annexe XI : Countries experiencing water scarcity in 1955,
1990 and 2025 (projected), based on availability of less than 1.000 cubic
meters of renewable water per person per year.
* 123
Al-Ahram Hebdo 2 septembre 1998
* 124
André DULAIT, François THUAL. op. cit.,
http://www.hcci.gouv.fr/lecture/n-1-72.html
(12 novembre 2001)
* 125
Dany DESCHENES, L'eau : pénurie, conflit ou
coopération ?, IQHES : Bulletin « le Maintien de
la Paix », octobre 2000, n° 48,
http://www.ulaval.ca/iqhei/bulletin48.html
(28 novembre 2001)
* 126
Tarek MADJOUB, op. cit., p. 18
* 127
Elizabeth PICARD, Les problèmes de l'eau au Moyen-Orient :
désinformation, crise de gestion et instrumentalisation politique,
Monde arabe / Maghreb - Machrek, octobre - décembre 1992,
n° 138, p. 4-5
* 128
Hillel L. SHUVAL, op.cit., p. 36-37
* 129 Georges Amine
LEBBOS, Rareté et précarité des ressources, dans un
dossier sur la bataille de l'or bleu : l'eau dans le Machrek et le Maghreb,
les Cahiers de l'Orient, 4ème trimestre 1996,
n° 44, p. 9-13
* 130
World Bank, World Development Indicators 2001, Washington: World Bank,
2001, p. 142-144.
* 131
André DULAIT, François THUAL. op. cit., p. 7
* 132
Nathalie FUSTIER, L'eau, facteur de conflit, facteur de coopération au
Moyen-Orient, dans un dossier sur la bataille de l'or bleu : l'eau dans le
Machrek et le Maghreb, les Cahiers de l'Orient, 4ème
trimestre 1996, n° 44, p. 113
* 133 Dany DESCHENES, op.
cit.,
http://www.ulaval.ca/iqhei/bulletin48.html
(28 novembre 2001)
* 134 Amy OTCHET, op.
cit.,
http//www.unesco.org/courier/2001_10/fr/doss01.htm
(16 novembre 2001)
* 135 Aaron WOLF
: Directeur d'un projet de base de données sur les conflits
transfrontaliers sur l'eau (
http://terra.geo.orst.edu) et
Maître de Conférences à l'Oregon State University.
* 136 Alexandre TAITHE,
Gestion de l'eau et risques de pénurie. Enjeux et politiques de
l'environnement / ed. Philippe TRONQUOY, Cahiers français, La
Documentation française, janvier - février 2002, n° 306,
p. 16-22.
* 137 Christian CHESNOT,
La bataille de l'eau au Proche-Orient, op. cit., p. 10
* 138 Thomas NAFF, Ruth
C. MATSON. Water in the Middle East: Conflict or Cooperation. Boulder
and London: Westview Press, 1984, p. 5
* 139 Cf. annexe
XII : Planisphère « les conflits pour l'eau dans le
monde » l'eau pétrole du XXIème
siècle
* 140
Christian CHESNOT, La guerre de l'eau, Politique internationale, hiver
2000 / 2001, n° 90, p. 427
* 141
Robin CLARKE, Water: The International Crisis, London:
Earthscan Publications LTD, 1993, p. 90
* 142
Nathania BERNSTEIN, op. cit., p. 51
* 143
Lammii GUDDAA, op. cit., p. 2
* 144 Le
Vice-premier ministre Tesfaye DINKA déclarait en février 1990 :
« L'Ethiopie n'a pas de temps à consacrer à l'heure
actuelle à de grands travaux sur le Nil bleu »
* 145
Khaled DAWOUD, Le dialogue : don du Nil, le Courrier UNESCO, octobre
2001,
http://www.unesco.org/courier/2001_10/fr/doss07.htm
(16 novembre 2001)
* 146
Jacques LECOMTE, L'eau : usages et conflits d'usages, Paris : Presses
Universitaires de France, 1998, p. 5-14
* 147 Georges Amine
LEBBOS, Le Litani au coeur du conflit israélo-libanais, dans un dossier
sur la bataille de l'or bleu : l'eau dans le Machrek et le Maghreb, les
Cahiers de l'Orient, 4ème trimestre 1996, n° 44, p.
34
* 148
Jacques SIRONNEAU, op. cit., p. 25,
http://funredes.org/agua/files/droit/SIRONNEAU.rtf
(28 novembre 2001)
* 149
Natasha BESCHORNER, op. cit., p. 48-63
* 150
Habib AYEB, L'eau au Proche-Orient : la guerre n'aura pas lieu, Paris
et Caire : Karthala et Cedej, 1998, p. 17
* 151
Samy COHEN, Décision, pouvoir et rationalité dans l'analyse de la
politique étrangère. Les nouvelles relations internationales
: pratiques et théories / ed. Marie-Claude SMOUTS, Paris :
Presses de Sciences Po, 1998, p. 75-103.
* 152
Allison T. GRAHAM, Philip ZELIKOW. Essence of Decision: Explaining the
Cuban Missile Crisis, second ed, London: Longman, 1999.
* 153
William I. ZARTMAN, La politique étrangère et le règlement
des conflits, Politique étrangère : nouveaux regards. /
ed. Frédéric CHARILLON, Paris : Presses de Sciences Po,
janvier 2002, p. 275-290.
* 154
Jacques ANDREANI, Les relations franco-américaines, Politique
étrangère, 60ème année, hiver 1995
/ 1996, n° 4, p. 891
* 155 Le Figaro 6 mai
1997
* 156 Roland MARCHA, La
France en quête d'une politique africaine ?, Politique
étrangère, 60ème année, hiver 1995
/ 1996, n° 4, p. 904-906
* 157
Hugo SADA, La France et la sécurité africaine, Afrique 2000,
novembre 1990, n° 3, p. 19
* 158
Les Nouveaux Leaders
sont les dirigeants des quatre pays : l'Ethiopie, l'Erythrée,
l'Ouganda et le Rwanda. Selon Dr Abd El Malek OUDA, il existe un axe
américain avec ces pays pour battre le rôle français dans
les deux plateaux éthiopien et équatorial des sources du Nil.
Dans Abd El Malek OUDA, op. cit., p. 53 (en arabe)
* 159
Philippe MARCHESIN, La politique africaine de la France en transition,
Politique africaine, octobre 1998, n° 71, p. 91-106
* 160
André GUICHAOUA, Les " nouvelles " politiques africaines
de la France et des États-Unis vis-à-vis de l'Afrique centrale
et orientale (" Afrique des Grands Lacs " et République
démocratique du Congo - Zaïre),
http://www.cean.u-bordeaux.fr/polis/vol4n2/arti2.html
(19 novembre 2001)
* 161
Stephen SMITH, Afrique noire : le duel Washington-Paris, Politique
internationale, printemps 1994, n° 63, p. 355-367
* 162
" Il y a ici trois grandes catégories d'ambassades : les cyniques,
les naïves et celles que l'on pourrait appeler
" éthiques ". Parmi les cyniques se trouvent bien entendu la
France, la Belgique et les États-Unis. Mais avec ces derniers c'est plus
compliqué, car ils sont aussi naïfs et font de la morale "
selon Boniface Ngulinzira, ancien ministre rwandais des
Affaires Étrangères et de la Coopération, principal
négociateur des Accords d'Arusha au nom de l'"opposition
démocratique" d'août 1993, assassiné en avril 1994 par la
Garde présidentielle.
* 163
Entretien avec Chester A. Crocker, ancien sous-secrétaire aux Affaires
africaines dans l'Administration Reagan, Limes : revue
française de géopolitique, 1997, n° 3, p. 47-50
* 164 Stephen SMITH,
Paris versus Washington, Limes : revue française de
géopolitique, 1997, n° 3, p. 53-65
* 165
Hamdy Abd El Rahman HASSAN, L'équilibre régionale aux Grands Lacs
et la sécurité hydraulique égyptienne, El Siyassa El
Dawlya « la Politique internationale », janvier 1999,
n° 135, pp. 22-37 (en arabe)
* 166
Abd El Malek OUDA, op. cit, p. 88-90 (en arabe)
* 167
QUÉBEC. Ministère de Relations internationales, Les enjeux
stratégiques de l'eau et les initiatives internationales
récentes, série sur les enjeux internationaux de l'eau,
décembre 1999, vol. I,
http://www.mri.gouv.qc.ca (3
décembre 2001)
* 168 Saheb EL RABEIY,
Différend sur l'eau et crise des droits entre les riverains du
Nil. Stockholm : Bibliothèque royale suède, 2001, p. 195-197
(en arabe)
* 169 NATIONS UNIES, la
Section de la technologie de l'information du Département de
l'information, Action 21,
http://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/action18.htm
(4 décembre 2001)
* 170 Cf. le Conseil
mondial de l'eau, p. 59
* 171 Les cinq
chapitres de la Conférence de Noordwijk sont : l'eau et
les populations ; l'eau, la santé et l'environnement ; l'eau
et les institutions ; l'eau et la mobilisation de ressources
financières ; l'eau et le monde.
* 172 Les trois
chapitres de la Conférence de Paris sont : promouvoir
l'intégration de la gestion des ressources en eau par des plans qui
visent la satisfaction des besoins, la préservation des
écosystèmes et le maintien du cycle écologique en
conciliant les usages ; mobiliser les ressources financières
publiques et privées, notamment par une transition vers la
récupération des coûts ; améliorer les
connaissances et la surveillance, sensibiliser les communautés et
assurer la participation des populations et des usagers à la gestion et
à la préservation de la ressource.
* 173 ---------------,
Premier Forum de l'eau, Waternunc, 1998,
http://www.waternunc.com/fr/marrakfr.htm
(4 décembre 2001)
* 174 ----------------,
Third World Water Forum,
http://www.worldwaterforum.org/
(6 décembre 2001)
* 175 -----------------,
World Water Vision, août 2002,
http://www.worldwatercouncil.org/Vision/Table_content_vf.shtml
(12 août 2002)
* 176 ----------------,
Second World Water Forum, April 2000,
http://www.worldwaterforum.net/index2.html
(6 décembre 2001)
* 177 ------------------,
Global Water Partnership,
http://www.gwpforum.org/servlet/PSP
(8 décembre 2001)
* 178 ------------,
Secrétariat International de l'Eau,
http://www.i-s-w.org/sie_presentation.htm
(10 décembre 2001)
* 179 Ibid.
* 180 Ibid.
* 181 QUÉBEC.
Ministère des Relations internationales, Les marchés
internationaux de l'eau : exportations d'eau douce et marché
des infrastructures et des services urbains, série sur les enjeux
internationaux de l'eau, décembre 1999, vol. III,
http://www.mri.gouv.qc.ca (3
décembre 2001)
* 182
----------------, Tarification et gestion durable des eaux,
http://europa.eu.int/scadplus/leg/fr/lvb/l28112.htm
(15 juillet 2002)
* 183
En Egypte : Ils seront
vraisemblablement 86 millions en 2025. Et la population pourrait se stabiliser
à 120 millions d'habitants autour de 2051.
* 184
Habib AYEB, L'eau et les politiques
d'aménagement du territoire en Egypte, Monde arabe / Maghreb
-Machrek, octobre - décembre 1998, n° 162, p. 69-83
* 185
Georges MUTIN, op. cit., p. 62-63
* 186
Georges Amine LEBBOS, Rareté et
précarité des ressources, op. cit., p. 17
* 187
Al-Ahram Hebdo 16 décembre 1999
* 188
1 feddan = 0.42 hectare
* 189
Voir annexe XIII : La situation
hydraulique égyptienne en 2015
* 190
Jacques SIRONNEAU, L'eau, nouvel enjeu
stratégique mondial, Paris : Economica, 1996, p. 22
* 191
Ibid.
* 192
Georges MUTIN, op. cit., p. 100
* 193
Hillel L. SHUVAL, op. cit., p. 41-43
* 194
Georges MUTIN, op. cit., p. 58-60
* 195
David B.
BROOKS, L'eau : gérer localement, Ottawa : Centre de Recherches
pour le Développement International, 2002,
http://www.idrc.ca/books/997/03part1.htm
(9 août 2002)
* 196
Bryant
ROBEY, Solutions pour un monde qui manque d'eau. Maryland : Johns
Hopkins University School of Public Health, septembre 1998,
http://www.jhuccp.org/prf/fm14/fm14chap7_2.stm#top
(19 août 2002) [dans Population Reports, Série M, n° 14]
* 197
Riccardo
PETRELLA, Le manifeste de l'eau : pour un contrat mondial, Bruxelles :
Labor, 1998,
http://agora.qc.ca/liens/peugeot.html
(10 août 2002)
* 198
Michèle FERENZ, Lawrence E. SUSSKIND, Quand les médiateurs se
jettent à l'eau, le Courrier UNESCO, octobre 2001,
http://www.unesco.org/courier/2001_10/fr/doss10.htm
(16 novembre 2001)
* 199
Jean BURTON, La
gestion intégrée des ressources en eau par bassin. Paris
: Agence Intergouvernementale de la Francophonie & IEPF, 2001, p.
31.,
http://www.reseaux.org/GestionBassins.pdf
(5 juin 2002)
* 200
Undugu : Signifie
fraternité en swahili, cf. annexe XIV : Undugu
* 201
TeccoNile :
Comité de coopération technique pour la promotion de
l'exploitation et de la protection de l'environnement du bassin du Nil. Voir
annexe XV : TeccoNile plan d'action pour le bassin du Nil
* 202
EGYPTE. L'Organisme
Général de l'Information, Dialogue du Caire et renforcement du
Comesa, Perspectives africaines, printemps 2000,
http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue01/html/frafr08.htm
(24 juillet 2002)
* 203
Al-Ahram
Hebdo 23 mai 2001
* 204
Gamal Mohamed El Sayed DELE, Le cadre
juridico-politique du Marché commun de l'Est et du Sud de l'Afrique (Le
Comesa), Perspectives africaines, printemps 2000,
http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue01/html/frafr02.htm
(24 juillet 2002)
* 205
COMESA 2000 (28-29
février : 2000 : Le Caire) La carte de la COMESA au
XXIème siècle / ed. Ali Abd El Aziz SOLIMAN,
http://boustane.paris.free.fr/comesa.htm
(25 juillet 2002)
* 206
Essam REFAAT, L'adhésion de
l'Egypte au COMESA : chances et prix, Perspectives africaines,
printemps 2000,
http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue01/html/frafr07.htm
(24 juillet 2002)
* 207
L'AFRIQUE ET LA MONDIALISATION (12-14
février : 2002 : Le Caire). La mondialisation et la
coopération hydraulique à l'IBN / ed. Aymen El Sayed ABD EL
WAHAB, p. 2-4 (en arabe)
* 208
Entretien avec Dr
Abd El Malek OUDA, professeur africaniste à la Faculté d'Economie
et de Sciences Politiques, Université du Caire, le 28 février
2002, du 10 à 11 h.
* 209
Ibid.
* 210
Allen G. SENS, La
coopération selon le Néoréalisme : la cooptation des
petits Etats d'Europe Centrale et de l'Est. Multilatéralisme et
sécurité régionale / ed. Michel FORTMANN, Stéphane
ROUSSEL. Etudes internationales, numéro spécial,
décembre 1995, vol. XXVI, n° 4, p. 766.
* 211
Cf. annexe XVI :
Chronologie de l'Initiative du Bassin du Nil
* 212
Cf. annexe XVII
: La situation de chaque pays riverain envers l'IBN
* 213
Ayman El Sayed ABD EL WAHAB, Le Nil
dans la politique étrangère égyptienne, Dialogues et
Discussions, Le Caire : Centre d'Etudes Politiques et Stratégiques,
Al-Ahram, 8 mars 1997, p. 16 (en arabe)
* 214
Entretien
avec Dr Abd El Malek OUDA, op.cit.
* 215
-------------, The Nile Basin
Initiative: An Overview, Entebbe / Uganda : Nile Basin Initiative
Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/overview_chapter_1.htm
(7 juin 2002)
* 216
Ibid.
* 217
La vision commune : The Shared
Vision
* 218
Le
Programme d'Action Stratégique : The Strategic Action
Program
* 219
Cf. annexe XVIII :
Le Programme d'Action Stratégique
* 220
Le
Programme de Vision Commune : The Shared Vision Program (SVP)
* 221
Le
Programme d'Action Subsidiaire : The Subsidiary Action Progam
(SAP)
* 222
Le Programme d'Action
Subsidiaire de l'Est du Nil : The Eastern Nile Subsidiary Action
Program (ENSAP)
* 223
Le Programme d'Action
Subsidiaire des Lacs Equatoriaux du Nil : The Nile Equatorial Lakes
Region Subsidiary Action Program (NELSAP)
* 224
-------------, Nile Basin ministers
endorse implementation plans for SVP, Press Releases, Entebbe / Uganda
: Nile Basin Initiative Secretariat, 14 February 2002,
http://www.nilebasin.org/pressreleases.htm#nile%20basin%20ministers (7
juin 2002)
* 225
-------------, Nile Basin
Initiative Technical Advisory Committee (Nile-TAC), Entebbe / Uganda :
Nile Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/nile-tac.htm (7 juin 2002)
* 226
Nile 2002 : C'est
une série de conférences annuelle qui a commencé en 1992
pour une durée de dix ans (1992-2002) et qui a pour but de faciliter la
démarche et de résoudre les différends entre les riverains
nilotiques, pour une vraie coopération entre eux.
* 227
-------------, Nile Basin
Initiative Secretariat (Nile-SEC), Entebbe / Uganda : Nile Basin
Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/nile-sec.htm (7 juin 2002)
* 228
-------------,International
Consortium for Cooperation on the Nil (ICCON), Entebbe / Uganda : Nile
Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/overview_chapter_2.htm (7 juin 2002)
* 229
Cf.
annexe XIX : Les mécanismes de financement
* 230
Le
Groupe Consultatif de l'ICCON : ICCON-Consultative Group (ICCON-CG)
* 231
Le
Cartel des Fonds du bassin du Nil : Nile Basin Trust Fund (NBTF)
* 232
Le
Comité de l'NBTF : NBTF Committee
* 233
Cf.
annexe XX : Les montants des projets de l'IBN
* 234
Cf. annexe XXI : Les niveaux de
coopération à l'IBN
* 235
-------------,The Shared Vision Program, Entebbe / Uganda : Nile Basin
Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/overview_svp.htm (7 juin 2002)
* 236
Cf.
annexe XXII : Le cycle du Programme de Vision Commune
* 237
Cf. annexe XXIII :
Le cycle du Programme d'Action Subsidiaire
* 238
-------------,The Eastern Nile
Subsidiary Action Program (ENSAP), Entebbe / Uganda : Nile Basin
Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/overview_eastern_nile.htm (7 juin 2002)
* 239
Le Développement
Intégral pour l'Est de Nil : Integrated Development of the
Eastern Nile (IDEN)
* 240
-------------, The Nile
Equatorial Lakes Subsidiary Action Program (NELSAP), Entebbe / Uganda :
Nile Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/overview_NELSAP.htm (7 juin 2002)
* 241
Cf.
annexe XXIV : La situation des pays des lacs
équatoriaux
* 242
Le Conseil des ministres de
lacs équatoriaux : Nile Equatorial Lakes Council of
Ministers (NEL-COM)
* 243
Le Comité consultatif
technique des lacs équatoriaux : Nile Equatorial Lakes
Technical Advisory Committee (NEL-TAC)
* 244
Une Unité de
Coordination : Nile Equatorial Lakes Coordination Unit (NEL-CU)
* 245
-------------, Other Nile Basin
Projects, Entebbe / Uganda : Nile Basin Initiative Secretariat, May 2002,
http://www.nilebasin.org/Otherprojects.htm
(7 juin 2002)
* 246
-----------------, Le programme
de coopération FAO et le gouvernement italien,
http://www.fao.org/tc/tcdm/italy/doc/fr/intro_fr.htm
(1 juillet 2002)
* 247
Aly M. SHADY, Brian
GROVER. Strategic Considerations for the Comprehensive Water Resources
Development of the Nile River Basin, Canadian Water Resources Journal,
spring 1996, vol. 21, n° 1,
http://www.cwra.org/publicat/abstracts/vol21no1.html
(1 juillet 2002)
* 248
Jeremy BERKOFF,
Une stratégie pour la gestion de l'eau au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord, Washington : World Bank, 1994, p. VI
* 249
Nous n'avons pas
réussi de trouver les vrais chiffres concernant la contribution de la
Banque dans les projets de l'Initiative du Bassin du Nil. Dans ------------,
Collaborer et innover pour bien gérer l'eau, le Point
Hebdomadaire, 31 mars 1999,
http://www.worldbank.org/html/extdr/extcs/fr/033199fr.htm
(7 juin 2002)
* 250
Jeremy BERKOFF, op.
cit., p. 77
* 251
Jeremy BERKOFF, op.
cit., p. XVIII-XIX
* 252
Jeremy BERKOFF, op.
cit., p. 9
* 253
Entretien avec Ayman
El Sayed ABD EL WAHAB, chercheur africaniste au Centre d'Etudes politiques et
stratégiques, Al-Ahram, le 2 mars 2002, de 12h15 à 13h15.
* 254
Al-Wafd 18 mars 1997 (en arabe)
* 255
World Bank, World Bank
Annual Report 1996, Washington: World Bank, 1997, p.
79-90
* 256
PNUD, Etablir de partenariat en
vue de réaliser les objectifs de développement,
http://www.undp.org/french/mdg/mdghome-f.htm
(15 juillet 2002)
* 257
NATIONS UNIES. PNUD : cadre de
coopération de pays et questions connexes premier cadre de
coopération avec les Etats arabes (1997-2001), 1997, New
York : Nations Unies, 26 juin 1997, p. 4-9 (Troisième Session ordinaire
de 1997 : 15-19 septembre)
* 258
NATIONS UNIES. PNUD : cadre de
coopération de pays et questions connexes stratégie
d'exécution du premier cadre régional de coopération avec
les Etats arabes (1997-2001), New York : Nations Unies, 5 novembre 1997,
p. 13-14 (Première Session ordinaire de 1998 : 19-26 janvier 1998)
* 259
----------------, Une voie vers
la prospérité : les pays du bassin du Nil se mobilisent, 25
mars 2002,
http://www.acdi-cida.gc.ca/cidaweb/webcountry.nsf/e5473e155eb45091852569a0005d21cb/98fa6a1a46558d6785256b7a00558e63?OpenDocument
(8 mars 2002)
* 260
--------------,
Egypte, Initiative visant le bassin du Nil, 22 janvier 2001,
http://www.acdi-cida.gc.ca/CIDAWEB/webcountry.nsf/VLUDocFr/66E90714D90507BB852568F5005E15ED
(8 mars 2002)
* 261
-------------, Le Canada aide
l'Afrique à lutter contre la désertification dans le bassin
du Nil, 10 octobre 2001,
http://www.acdi-cida.gc.ca/cida_ind.nsf/85256290006554a985256250006cbb1a/20c4cdef17cb715d85256ae100581231?OpenDocument
(3 juin 2002)
* 262
----------------,
L'ACDI, l'Afrique et le G8, 4 mai 2002,
http://www.acdi-cida.gc.ca/cida_ind.nsf/8949395286E4D3A58525641300568BE1/72E7DD321E76A32585256BAE007E1F84?OpenDocument
(8 mars 2002)
* 263
NPDA =
NEPAD (cf. p. 97)
* 264
Cf. annexe XXV :
Début du dialogue international sur le développement du
bassin du Nil, IUCN, the World Conservation Union / Union Mondiale pour la
Nature, the International Discourse on the development of the Nile River Basin
takes off
* 265
Entretien avec Dr Abd El Malek OUDA, op.cit.
* 266
Jeremy BERKOFF,
op.cit., p. 63
* 267
Edem KODJO, De la
nécessité de la coopération régionale en Afrique,
Afrique 2000, novembre 1990, n° 3, p. 35-37
* 268
Le Monde 9
juillet 2002
* 269
Libération 8 juillet 2002
* 270
G8 : Le G8 est un
groupe de huit pays : le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, la
Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis. L'Union européenne y
participe également et est représentée par le
président du Conseil européen et par le président de la
Commission européenne.
* 271
Hypothèse I : La finalité de la
coopération multilatérale est de favoriser l'action collective
pour la réalisation de buts communs du développement
durable.
* 272
Hypothèse IV : Le principe de
coopération devient prédominant, par le droit international
des bassins fluviaux, en ce qui concerne la gestion des problèmes
hydrauliques.
* 273
Hypothèse
II : Le recours à la coopération conduit les
élites à préférer le scénario
préventif à celui de l'affrontement en cas de
différends, et aide à dissoudre les tensions entre les
acteurs concernés.
* 274
Hypothèse III : La coopération
multilatérale oblige à réfléchir aux
possibilités de participation commune entre acteurs pluriels
autour de problèmes d'intérêts collectifs.
* 275
Adopted by the International Law
Association at the fifty-second conference, held at Helsinki in August 1966.
Report of the Committee on the Uses of the Waters of International Rivers
(London, International Law Association, 1967).
* 276
Statements (of
Burundi, D. R. Congo, and Canada) delivered at Extraordinary Meeting of the
Nile-COM Meeting in Khartoum, Sudan, 28-29 March 2001.
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