L'apport des capitaux et investissements chinois à la relance de l'économie nationale congolaise( Télécharger le fichier original )par Caddy KADIMA TSHIBANGU Université du Catholique du Cepromad - Licence 2007 |
Section 2 : Situation socialeSi la pauvreté est effectivement un phénomène complexe et difficile à appréhender par le biais d'une seule discipline, toutes les approches envisageables dénoncent son acuité en République Démocratique du Congo. On en aurait d'ailleurs pour preuve les chiffres ci-après tirés des enquêtes menées par le professeur KALONJI NTALAJA.21(*) Situation de pauvreté générale dans quelques catégories socioprofessionnelles en milieu urbain (en%).
Cette pauvreté générale (monétaire) ne toucherait que 50 à 57% des indépendants. Ce qui serait un élément explicatif de la tendance de tous les Congolais à devenir commerçants ; réalité que bon nombre qualifie aujourd'hui de secteur informel. Quant à la pauvreté humaine, par rapport à la pauvreté monétaire (revenu ou dépense) elle toucherait la proportion suivante de la population de chaque province : Kinshasa (23%), Kivu (26%), Bandundu (27%), les deux KASAI (31%), Katanga (32%). Il semble donc qu'il n'y ait pas nécessairement de corrélation significative entre la pauvreté monétaire ou alimentaire et la pauvreté humaine (état dénuement). D'après le rapport mondial sur le développement humain de 1998, la pauvreté humaine ne se limite pas seulement à l'absence de revenu. La pauvreté humaine tient en effet compte de la longévité, de la santé, de la créativité (savoir), mais aussi des conditions de vie décentes, dignité, respect de soi-même et des autres, accès à tout ce qui donne sa valeur à la vie. Ainsi donc malgré ses richesses humaines et matérielles considérables, la République Démocratique du Congo figure bel et bien parmi les pays pauvres du monde. Les quelques chiffres énoncés nous donnent par ailleurs une certaine idée qui corrobore les estimations d'une pauvreté générale (monétaire) dans une fourchette de 75% à 90 % de la population, tandis que la pauvreté humaine frappe, elle, entre 22 à 54% de la population congolaise. Les contre - performances remarquées dans le chef des différents secteurs institutionnels énoncées ci-dessus, plongent la République Démocratique du Congo dans une zone d'incertitudes continuelles. Car le processus de reforme politique ayant pris cours en République Démocratique du Congo depuis le 24 avril 1990 n'a pas encore permis de restaurer les conditions minimales qui permettraient de bâtir dans ce pays une république qui serait, elle, régie par les principes de droit et de justice. L'actuelle dégradation des conditions politiques et économiques doit être cependant placée dans la perspective du long terme. En effet, tous les indicateurs économiques, politiques et sociaux en République Démocratique du Congo n'ont pas arrêté leur phase descendante depuis 1960. Non seulement les revenus nominaux et réels sont aujourd'hui inférieurs à leur niveau de 1959, mais les grandeurs économiques ont aussi bien baissé en quantité physique, qu'il s'agisse de la production ou de la consommation même des produits essentiels. Aujourd'hui nous pouvons nous poser la question suivante : étant donné le bas niveau de l'espérance de vie à la naissance, quelle est la probabilité pour qu'un enfant congolais né en 1990 ou 2000 puisse jouir d'un niveau de vie qui soit ne fut-ce que relativement supérieur à celui de ses parents ? Cette probabilité est certainement très réduite. L'avenir de cet enfant est en effet jonché d'incertitudes : incertitude de vivre jusqu'à l'âge de 5 ans, incertitude d'entrer à l'école primaire, incertitude d'obtenir un niveau suffisant d'éducation de base, incertitude d'entrer à l'université si tel est son souhait ou celui de ses parents, incertitude quant à l'âge auquel il pourra entrer dans la vie active, incertitude d'être payé un salaire décent, incertitude de conserver son emploi, incertitude d'acquérir les insignes de propriété matérielle qui partout au monde sont considérés comme l'unité de mesure de l'existence humaine (un toit pour sa famille, une bonne éducation pour ses enfants, une assurance pour ses vieux jours). Pourtant il n'y a pas de meilleur moyen pour évaluer un gouvernement ou un système politique que par la capacité de ce dernier à réduire ce que le professeur MUKOKO SAMBA qualifie d'incertitude de l'existence humaine.22(*) Les incertitudes de l'existence humaine ont pour effet de réduire l'espace des choix et de pousser l'individu à mener une vie de parasitisme, toujours à la recherche d'un minimum d'hébergement et ce sans aucune assurance d'obtenir même ce minimum de subsistance. Depuis l'indépendance de la République Démocratique du Congo, aucun gouvernement n'a réussi de manière durable à élever le niveau de vie du citoyen congolais. Bien qu'à certaines courtes périodes nous avons bénéficié d'une certaine accalmie sur le plan économique, il n'y a pas eu d'amélioration sensible en ce qui concerne la capacité du citoyen congolais à jouir de sa vie. Cet état de précarité est synthétisé par le tableau ci-dessus qui montre la position de la République Démocratique du Congo en ce qui concerne le développement humain. Tendances du développement humain et du revenu par habitant en République Démocratique du Congo.
Sources : PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, 2000, p.181. Les renseignements que nous devons tirer de ce tableau est que la croissance du produit intérieur brut par habitant accroît en conséquence la contre - performance des choix à opérer par les individus pour leur avenir. Tendances de développement humain et de la croissance économique en République Démocratique du Congo Evolution de l'IDH 1975 - 1980 1980 - 1985 1985 - 1990 1990 - 1998 0,013 0,017 0,003 -0,020 Evolution de PIB / habitant (en $ de 1995) Valeur plus faible Valeur plus élevée Variation annuelle Pour la période pour la période moyenne en %
Sources : PNUD, op. ; Cit. p.182 En comparant les deux extrêmes c'est-à-dire les années 1975 et 1998, on aboutit à la même conclusion que précédemment. Selon le dernier rapport mondial sur le développement humain publié au mois de juillet 2000, l'indicateur de développement humain (IDH) pour la République Démocratique du Congo est de 0,430 ; ce qui place notre pays à la 152ème position au rang mondial sur le plan de l'amélioration du bien-être de sa population et classé ainsi parmi les pays à faible développement humain. * 21 KALONJI NTALAJA, La pauvreté en République Démocratique du Congo : Indicateur symptomatique et pénurie des capacités, PNUD, Kin, Octobre 1997, p. 28 * 22 MUKOKO SAMBA, Projet d'une nouvelle société Zaïroise, (s.1.) Diffusion MUKOKO SAMBA, p. 3 |
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