Conclusion
Les pays de la sous région semblent cependant avoir
compris l'importance des infrastructures de transport pour parvenir à
une intégration effective. En effet, les pays de la CEMAC ont
adopté le, 21 juin 1993 à Yaoundé, un réseau
d'itinéraires de transits dits « axes
structurants » avec pour objectif déclaré de
construire à moyen terme un réseau de routes bitumées pour
permettre une circulation aisée de pays à pays. Certaines routes
ont déjà ainsi été construites avec l'appui de
l'Union Européenne. Il s'agit entre autres de la route Bertoua - Garoua
Boulai (247,6 km) qui doit permettre de relier le Cameroun au Tchad ; la
route Yaoundé-Ambam, Ambam-Eking, ambam-Kyé-Ossi doit permettre
de relier le Cameroun au Gabon et à la Guinée équatoriale.
Le transport des marchandises en zone CEMAC s'effectue
à travers plusieurs modes de transport. Des études
réalisées sur ces différents modes de transport ont bien
démontré que les coûts de transport varient d'un mode de
transport à un autre et restent encore dans tout les cas, très
élevés en Afrique centrale. Ce qui ne permet toujours pas de
stimuler les exportations et d'accroître les parts significatives des
marchés sous régionaux.
Ces éléments sont autant de source
indéniables de difficultés que rencontre l'ensemble des
transporteurs engagés dans le transport des marchandises en zone CEMAC
et qui rendent difficiles les échanges.
Pour mieux mettre en exergue le rôle des transports dans
l'amélioration des échanges, nous allons décrire au
chapitre 2 les échanges Intra communautaires des pays de la CEMAC.
CHAPITRE 2
DESCRIPTION DES ECHANGES INTRA
COMMUNAUTAIRES DES PAYS DE LA CEMAC
Le climat des pays de la zone CEMAC est favorable à la
production des cultures vivrières et maraîchères.
L'ensemble des marchés frontaliers regorge des vivres que l'on trouve
à l'intérieur du pays. Ces marchés sont les zones de
rencontre des populations frontalières et permettent ainsi le
renforcement de l'intégration sous régionale. La
difficulté pour ces cultures vivrières repose sur leur
transformation, leur conservation et leur acheminement sur les marchés
compétitifs.
Après une présentation des secteurs
économiques des pays de la sous région en première
section, nous parlerons des échanges intra communautaires en
deuxième section.
Section 1 : Présentation des secteurs
économiques des pays
de la SR
Nous évoquerons dans cette section le secteur primaire
et le secteur industriel des pays de la CEMAC
1.1- Le secteur primaire
Le secteur primaire occupe une place
prépondérante dans la CEMAC à plusieurs égards.
L'agriculture et l'élevage fournissent des emplois à une
population rurale qui représente 58 à 60 % de la population
totale. Le secteur primaire fournit 30 à 50 % du PIB et de 20 à
60 % des exportations de pays non producteurs de pétrole de la SR
(www.izf.net). Le potentiel n'est que très partiellement exploité
et ce secteur devrait constituer le socle d'une politique de
développement pour la plus part des pays de la SR et offrir de larges
possibilités d'investissements.
· Le potentiel agricole.
La communauté dispose d'un potentiel
considérable, on estime que sur 184 millions d'ha cultivables, seuls
environ 14 millions sont effectivement exploités. Couvrant deux
écosystèmes différents, une zone forestière et une
zone sahélienne, le territoire de la communauté se prête
à une grande variété de production. On peut les classer
dans deux grands groupes : les cultures vivrières destinées
à l'alimentation et les cultures de rente pour l'exportation.
Chaque pays pratique au moins une des principales cultures de
rente comme nous le voyons au tableau 9 et le Cameroun pratique presque toutes
les cultures de rente de la zone.
Tableau 9 : les principales cultures de
rente des pays de la CEMAC
Pays
Cultures
|
Cameroun
|
RCA
|
Congo
|
Gabon
|
Guinée Equatoriale
|
Tchad
|
Cacao
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
|
Café
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
Caoutchouc
|
X
|
|
|
X
|
|
|
Banane
|
X
|
|
|
|
|
|
Coton
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
Thé
|
X
|
|
|
|
|
|
Huile de palme
|
X
|
X
|
|
|
|
|
Tabac
|
|
X
|
|
|
|
|
Source : construction de l'auteur à partir
des données du rapport économique CEMAC 2004
Les quantités exportées restent modestes par
rapport au marché international. Il faut remarquer que certaines
productions alimentent les industries locales. C'est le cas du cacao pour le
chocolat, du tabac pour les usines de cigarettes, de la canne à sucre
pour les sucreries.
Il y a encore de vastes étendues de terre propice
à la création de complexes agro-industriels.
La Sous Région pratique, selon les pays, des cultures
variées destinées à l'alimentation des populations,
notamment : manioc, banane plantain, mil, sorgho, arachide, canne à
sucre, banane douce, mat, riz, pomme de terre, igname, macabo, taro,
sésame, patate douce, haricot, tomate, aubergine, oignons, ananas.
Tableau 10 : Production alimentaire
des pays de la CEMAC (en milliers de Tonnes, moyenne sur 11 ans 1990 - 2000)
pays
Production
|
Cameroun
|
RCA
|
Congo
|
Gabon
|
Guinée Equatoriale.
|
Tchad
|
Tubercules et racines
|
236,6
|
891,4
|
782,3
|
410,7
|
80,5
|
612
|
Bananes
|
770,9
|
101,6
|
45,58
|
9,8
|
17
|
0
|
Plantains
|
1036,6
|
74,2
|
83,3
|
255,7
|
0
|
0
|
Céréales
|
1144,4
|
120
|
17,3
|
27
|
0
|
151,4
|
Fruits
|
1673,5
|
221
|
188,7
|
276,8
|
17,5
|
109,2
|
Légumes
|
499,1
|
69,1
|
44,4
|
32,4
|
0
|
83,8
|
Poisson
|
81156,1
|
13775
|
43591,6
|
36450,1
|
4571,8
|
82030
|
Source : Rapport FAO 2000
· Potentiel forestier.
La forêt constitue un patrimoine important des Etats de
la CEMAC. La réserve forestière de la SR regorge environ 3000
essences de valeur, dont les plus importantes sont : l'Okoumé,
l'Obèche, l'Azobé, l'Andoung, l'Ebène, l'Eucalyptus,
l'Acajou, le Sapeli, l'Ayous, l'Iroko. Une petite partie seulement de ce bois
est transformée, le reste étant exporté sous forme de
grumes.
Tous les Etats membres tentent par des règlementations
d'imposer un taux de transformation locale plus satisfaisant, afin
d'accroître la valeur ajoutée nationale dans le bois
exporté. Il est également important de diversifier davantage les
essences exploitées et de réduire les pertes en forêt.
L'exploitation de la forêt en Afrique Centrale doit se
faire aujourd'hui en tenant compte de l'objectif global de protection de
l'environnement. Chaque Etat dispose d'un code forestier actualisé ou en
cours d'actualisation, qui règlemente l'exploitation rationnelle de la
forêt en encourageant la transformation locale, l'exploitation durable
par la régénération, ainsi que l'intéressement des
populations paysannes aux fruits de cette exploitation.
Le Secrétariat Exécutif de la CEMAC se propose
d'élaborer un code forestier régional responsable de
l'harmonisation des politiques forestières et de l'élaboration
des stratégies communes pour la préservation, la protection, la
restauration et l'amélioration de la qualité de l'environnement.
Tous les états de la SR sont signataires des différents Accords
et Protocoles internationaux en matière d'environnement
La sylviculture est marquée par des prescriptions
environnementales concernant la protection de certaines grumes et le
contrôle de leur abattage. Le bois, sous différentes formes, reste
l'une des matières premières les plus exploitées. Sa
production est encouragée dans l'ensemble des pays de la sous
région à cause de la forte demande des pays asiatiques et
européens. L'intérêt dégagé pourrait
traduire le niveau d'exportation en direction des pays
industrialisés.
L'Afrique Centrale abrite la forêt tropicale humide du
bassin du Congo, qui est la deuxième grande forêt tropicale
primaire du monde après les forêts amazoniennes. Sa superficie qui
est de 2.1 millions km² représente 26% des forêts du monde et
70% du couvert forestier d'Afrique. Malheureusement, cette forêt
connaît une réduction drastique de 6% chaque année, due
à la pression humaine croissante. Cette forêt s'étend sur
le territoire de six pays : le Cameroun, la RCA, le Congo, le Gabon, la
Guinée Equatoriale et la République Démocratique du Congo.
· Sous secteur Elevage et
Pêche.
L'élevage et la pêche sont les principales
sources de protéines d'origine animale dans l'alimentation des
populations de la zone. Les activités pastorales menées dans
trois des six Etats couvrent une superficie d'environ 1,1 millions de km²,
plus de 35% des populations au Cameroun et 40% au Tchad se consacrent aux
activités d'élevage. L'effectif global du cheptel bovin de la
zone était de 12 millions de têtes en 1995, et l'effectif
disponible à l'exportation sur pied et vivant représente 12% du
total. Le Tchad et la RCA sont des exportateurs nets de bétail. Le
Cameroun est à la fois importateur et exportateur.
L'Afrique Centrale n'a pas pu bénéficier du
Protocole Viande prévue dans la Convention de Lomé. Au contraire,
elle est envahie par les produits carnés européens
subventionnés. La promotion et la valorisation des produits de
l'élevage restent insuffisantes et n'ont pas permis d'exploiter à
fond les ressources de la zone. Les importations de lait dans l'ensemble des
pays en constituent une illustration. La zone CEMAC dispose d'atouts importants
pour le développement de l'élevage, notamment l'abondance de la
terre et un climat très favorable.
Les quatre pays côtiers de la zone CEMAC à
savoir le Cameroun, le Gabon, le Congo et la Guinée Equatoriale
totalisent près de 1.752 km de côtes, 80.210 km² de plateau
continental, 536.900 km² de zone économique exclusive qui devrait
favoriser des activités de pêche fluviale et maritime . La
pêche industrielle offre un important potentiel à venir pour la
sous région. Le potentiel halieutique exportable est estimé
à plus de 345.000 tonnes toutes espèces confondues.
Tableau 11 : Potentiel exportable (en
tonnes) des espèces des eaux maritimes
Pays
|
pélagiques
|
demersaux
|
Crustacé
|
Total
|
Cameroun
|
40 000
|
12 000
|
11 000
|
63 000
|
Congo
|
50 000
|
12 000
|
|
62 000
|
Gabon
|
147 000
|
29 000
|
|
176 000
|
Guinée Equatoriale
|
38 000
|
6 000
|
|
44 000
|
Total
|
275 000
|
59 000
|
11 000
|
345 000
|
Source : bulletin officiel de la CEMAC 2004
Pélagiques : espèces qui vivent en
haute mer, appelées également poisson bleu (sardine thon)
Demersaux : espèces qui vivent près du
fond de l'eau encore appelées poisson blancs (morue)
Crustacés : espèces dont le corps est
couvert d'une membrane dure et cassante
Les captures des espèces thoniers tropicales sont
importantes et estimées à 10 000 t/an. Le Cameroun, le
Congo, le Gabon sont des exportateurs réguliers de produits
halieutiques. La Guinée Equatoriale est un exportateur occasionnel. La
production totale atteint 75 000 tonnes, dont 45 000 au Cameroun,
16 000 au Gabon, 12 000 au Congo et 3 000 en Guinée
Equatoriale. On recense 40 000 pêcheurs, avec 14 000 pirogues
dont 30% sont motorisées et 250 unités de pêche
industrielle.
Les quatre pays côtiers sont des importateurs nets de
produits halieutiques, plus de 60 000 tonnes dont plus de 70% sont les
petits pélagiques congelés ; le reste est constitué
de poissons séchés, salés ou fumés. Le volume de
consommation justifie l'intensification des activités de pêche
industrielle.
Dans le cadre de la coopération régionale, des
organisations intergouvernementales comme la CEBEVIRHA s'occupent de la
promotion de la pêche artisanale, de la protection de l'environnement
marin, de l'harmonisation des politiques et des législations, ainsi que
de la surveillance des opérations de pêche dans la zone.
Les hydrocarbures, en zone CEMAC sont les principaux produits
d'exportation. Sur l'ensemble des 6 pays que compte la CEMAC, seul la RCA n'est
pas producteur de pétrole. La croissance économique sous
régionale est fortement tributaire des produits pétroliers.
La mise en exploitation des nouveaux champs pétroliers
en Guinée Equatoriale, le recul de la production du pétrole brut
du Cameroun, Gabon et Congo en 2003 ont permis à ce pays d'occuper la
place de leader dans la sous région. Au cours de l'année 2003, sa
production était de 12.4 millions de tonne, le Gabon 12.3 millions de
tonne, le Congo 11.2 millions de tonne, le Cameroun 5 millions de tonne et le
Tchad 1.3 millions de tonne. Les produits pétroliers des autres pays, de
la sous région permettent de ravitailler la République
Centrafricaine.
Les principaux produits miniers que l'on trouve dans la sous
région sont : le diamant, l'or, le niobium, le phosphate et le
méthanol. Les exportations se font de manière artisanale. Compte
tenu de la multitude des gisements miniers dans la sous région, le
secteur minier pourrait suivre immédiatement le secteur pétrolier
dans la contribution de l'économie de la CEMAC.
1.2- le secteur industriel
Des filières industrielles se développent
également dans la zone. Il s'agit principalement des
sociétés brassicoles, des usines de cigarettes, des sucreries,
des usines de pâtes alimentaires, de ciment, des produits
pétroliers, des huiles de table, des détergents.
Certaines productions locales alimentent les industries des
pays de la sous région. C'est le cas du cacao pour le chocolat, du tabac
pour les usines de cigarettes, la canne à sucre pour les sucreries.
Pour les pays de la CEMAC, le développement des
industries manufacturées contribuera à l'expansion du tissu
industriel. Ceci permettra aux pays de la sous région d'abandonner le
schéma récurrent de l'importation des produits
manufacturés et de pouvoir les produire eux-mêmes. Limitant ainsi
la dépendance vis-à-vis des pays industrialisés.
Après avoir présenté les diverses
productions de la SR, nous constatons que les pays de la zone CEMAC sont
dotés d'un potentiel énorme, malheureusement très peu
exploité, faute d'infrastructures de transport. Nous verrons dans la
section suivante comment ces produits sont échangés entre les
différents pays de la CEMAC.
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