Conclusion
La FE consiste à simplifier et à uniformiser les
procédures commerciales et douanières, ainsi qu'à diffuser
les informations relatives aux importations et exportations de marchandises.
Les problèmes d'organisation et de structuration du
transport des marchandises en vue de la FE dans la SR ne sont pas nouveaux. Des
résolutions pertinentes ont déjà été prises
mais malheureusement, n'ont jamais été suivies d'une
réelle application sur le terrain.
Les infrastructures de transport en zone CEMAC constituent le
premier obstacle physique majeur pour l'intégration et la
fluidité du trafic. Si rien n'est fait pour enrailler cet obstacle
physique réel, toutes les mesures et instruments de facilitation
adoptés ne pourront pas servir. Il faut pouvoir mettre à niveau
ces infrastructures de transport pour rendre le système de transport
plus compétitif et plus efficace afin de pouvoir répondre
favorablement aux exigences de la mondialisation.
Après avoir présenté les multiples
avantages liés à la FE, ainsi que la réglementation
disponible en matière de transport terrestre dans la SR, nous verrons au
chapitre 4 l'importance de l'aménagement des
infrastructures de transport pour faciliter les échanges.
CHAPITRE 4
INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT COMME MAILLON ESSENTIEL
DES ECHANGES INTRA COMMUNAUTAIRES
Le renforcement du réseau routier régional est
depuis plus d'une décennie l'une des priorités majeures de tous
les Etats membres de la CEMAC. Il s'est traduit par l'approbation en 2000 du
« réseau intégrateur CEMAC 2000 ». Défini sur
la base des cinq (5) critères ci-après :
1) rechercher un réseau minimum en utilisant au mieux
la capacité de transport existante, c'est-à-dire choisir ce qui
est le plus immédiatement réalisable et moins onéreux
quant un choix se pose ;
2) utiliser la complémentarité du transport
multimodal «rail-route-voie d'eau» en mettant un accent sur la
possibilité pour les pays enclavés et les régions
éloignées des côtes d'accéder facilement à un
port maritime ;
3) adopter une politique qui permettra de relier les capitales
entre elles par des routes bitumées, sachant que celles-ci
entraîneront l'augmentation du trafic ;
4) relier la CEMAC avec les pays et les régions
environnantes (Nigeria, RDC, Angola, Libye, Soudan) ;
5) protéger l'environnement, surtout en ce qui
concerne la protection de la forêt équatoriale.
Compte tenu des ressources financières très
importantes à mobiliser pour le financement des opérations
retenues, la priorité a été portée sur la mise
à niveau des corridors les plus circulés, favorisant le
désenclavement de la RCA et du Tchad.:
Après avoir présenté les programmes de
politique de transport sous régionaux en première section, nous
ferons en deuxième section quelques recommandations pour une
redynamisation des échanges dans la zone CEMAC.
Section 1 : les programmes de politiques de
transport sous
Régionaux
Tous ces différents programmes visent
l'amélioration des échanges sous régionaux à
travers l'aménagement des infrastructures de transport. Plusieurs
programmes existent Mais il existe des problèmes de mise en oeuvre,
tel que la rigidité des administrations, l'incohérence au niveau
inter Etat, et l'absence d'instances de coordination.
L'intégration régionale est le principal
objectif des programmes de transport, et ces derniers devraient servir
à réduire les obstacles aux échanges et à
promouvoir les échanges intra CEMAC à travers la réduction
des coûts de transaction.
Nous verrons tour à tour
Ø Le Programme de Politique de Transport en Afrique Sub
saharienne (SSATP).
Ø Le Programme Transport Inter Etats des Pays
d'Afrique Centrale (TIPAC)
Ø Le Programme de Facilitation des Transports en
Afrique Centrale (FASTRAC)
1. 1- Programme de Politique de Transport en Afrique
Subsaharienne
Le Programme de Politique de Transport en Afrique
Subsaharienne (SSATP) est une initiative de la Banque Mondiale et de la CEA
lancée en 1987 qui a pour missions :
De faciliter l'élaboration des politiques et le
renforcement des capacités dans le secteur du transport en Afrique
subsaharienne
D'appuyer les politiques d'entretien routier pour assurer la
préservation des réseaux
D'Assurer des transports d'un bon rapport coût /
efficacité à un prix acceptable et faciliter l'accès aux
services essentiels qui contribuent à la réduction de la
pauvreté et à la croissance économique
Pour réaliser ces missions, le SSATP se donne comme
moyen la mise en place de politiques et stratégies
intégrées dans le secteur des transports, appuyées par
tous les intervenants au niveau national et régional. Par ailleurs, le
SSATP traite également de la gestion et du financement des routes. A ce
titre, il a contribué à la création des fonds routiers
dans plusieurs pays de la zone subsaharienne.
Il favorise la coordination des activités de transport
au sein des Communautés Economiques Régionales (CER) notamment,
la CEMAC et la CEDEAO, l'exploitation des activités liées
à la gestion des corridors, aux postes de contrôles et aux
règlementations.
1. 2- Transport Inter-Etats des Pays d'Afrique
Centrale (TIPAC)
Le 06 Décembre 1991, les Chefs d'Etats de l'UDEAC
avaient adopté le Protocole d'Entente sur le transport en transit qui
instituait le régime du Transport Inter Etats des Pays d'Afrique
Centrale (TIPAC)
L'objectif visé au titre de ce Protocole était
d'accélérer le processus d'intégration économique
régionale par la mise en place d'une politique ambitieuse de transport
en transit basée sur 8 points essentiels à savoir :
1) la nécessité d'exercer le transport en
transit dans de bonnes conditions. En vue de faciliter les échanges des
marchandises par voies de surface entre les Etats membres Ce qui requiert la
détermination d'axes de transit qui constituerait à terme, la
base d'un réseau régional de voies de communication en bon
état et munies d'infrastructures et équipements
adéquats ;
2) la nécessité de procédures
douanières et de documents de transport et de transit simplifiés,
uniformisés et harmonisés, en vue de la création d'un
cadre juridique commun à l'exploitation du transport en
transit ;
3) l'établissement d'un document douanier
unique ;
4) la constitution d'un système de caution produisant
les mêmes effets juridiques dans tous les Etats membres.
C'est-à-dire l'utilisation d'une chaîne régionale de
caution basée sur les organismes nationaux de caution responsables
devant la douane de leur pays respectif, l'ensemble étant
géré par un organisme régional ;
5) le respect et la détermination de règles
techniques d'agrément des véhicules de transport identiques dans
les six Etats. ;
6) la facilitation du transport en transit au
bénéfice de tous les Etats de la région par la
simplification de la documentation, l'abaissement du coût des cautions,
l'accélération des opérations, l'allégement des
contrôles aux postes frontières et surtout en cours de
route ;
7) le renforcement de la sécurité
douanières et l'amélioration des conditions de base relative au
transit au point de passage et aux bureaux d'arrivée ;
8) l'amélioration de l'état des
itinéraires de transit.
Plus de quinze ans après la signature de l'Acte
précité, le bilan effectué par la CEMAC fait état
de la non application du TIPAC, au contraire, les constats ci-dessous peuvent
être établis :
1. Il existe un déficit de communication entre la CEMAC
et ses Etats membres ;
2. Le TIPAC semble être méconnu des intervenants
du transport en transit ;
3. Un système bilatéral de transit est
installé sur chaque corridor ;
4. La gestion des corridors de transit est dominée par
les structures d'affrètement routier (BNF, BGFT, BARC), l'administration
des douanes et les ports de transit ;
5. Des infrastructures et équipements
personnalisés existent sur les corridors et opèrent toutes sortes
de prélèvements spéculatifs et obligatoires ;
6. Les fondements juridiques du transport et du transit
international sont appliqués dans l'esprit mais pas dans la lettre (la
lettre de voiture est purement administrative...) ;
7. Le respect des engagements, des accords qui fondent les
activités de transit est approximatif ;
8. Les structures de facilitation et de gestion de transport
en transit existent, mais leurs actions sont quelque peu freinées par
les positions parcellaires et défensives des intervenants sur les
corridors. (CEMAC 2006)
Suite aux constats et analyses ci-dessus, un projet de
convention de Transport Inter-Etats des Pays d'Afrique Centrale appelé
« TIPAC Rénové » a
été élaboré par plusieurs experts sous l'impulsion
de l'UE et le document de présentation du rapport provisoire
publié en décembre 2006. Il est important de souligner que dans
le présent projet, l'expression « Transport
Inter-Etats des Pays d'Afrique Centrale » est retenue
en lieu et place de l'expression « Transit Inter-Etats
des Pays de l'Afrique Centrale » qui est celle figurant
dans les termes de référence.
Les axes ayant guidés l'élaboration du
« TIPAC Rénové »
sont les suivants :
v La définition d'une nouvelle politique de transport
et de transit routiers propre à la CEMAC, mais largement ouvert au plan
sous régional et international ;
v La définition d'un cadre juridique basé sur la
simplification, l'unification, l'harmonisation, la facilitation des
règles, procédures et mécanismes d'application du
transport et du transit routier dans l'espace CEMAC ;
v La création, la mise en place et le renforcement de
l'organisation d'infrastructures et équipements standardisés,
uniformisée, et modernes, en vue de faciliter et sécuriser les
opérations physiques, les formalités, les contrôles et le
suivi administratif et opérationnel du transport et du transit ;
v La définition d'une structure et d'une organisation
rationnelles synergiques et intégrées du système de
transport et de transit Inter Etats en vue :
- d'optimiser la gestion de l'offre et de la demande globale
de transport, les formalités et procédures, les coûts,
les délais, les documents et l'information (quantitative et
qualitative ) sur la marchandise circulante ;
- de structurer, hiérarchiser, codifier et dynamiser
les attributions et le rôle de tous les intervenants de la chaîne
des transports ;
- d'assurer la formation et le perfectionnement des
intervenants de la fonction transport dans le cadre du nouveau système
à mettre en place ;
- de proposer des mécanismes de financement du
système du transport de
transit.
Cette procédure devait d'abord être
expérimentée sur les tronçons Douala-Bangui et
Douala-N'Djamena avant d'être étendue aux autres corridors de la
région.
1.3- Programme de Facilitation des Transports et du
Transit en Afrique Centrale (FASTRAC)
Le programme régional de Facilitation des Transports
et du Transit en Afrique Centrale a été adopté en 2006 par
la CEMAC. Les structures chargées de la coordination et du suivi de la
mise en oeuvre de ce programme sont en cours de création (Comités
Nationaux de Facilitation, Comités de Gestion des corridors,
comité de coordination pour la mise en oeuvre du programme de
facilitation).
Le programme vise à améliorer la libre
circulation des marchandises dans la zone CEMAC et Sao Tomé et Principe
par le respect des réglementations communautaires, la mise en place des
infrastructures nécessaires et l'élimination des barrières
non tarifaires.
La stratégie d'intervention est axée sur les
actions suivantes :
· La levée des obstacles physiques et non
physiques au passage des frontières à travers la construction et
l'équipement des postes frontières juxtaposés sur les
frontières Cameroun - Centrafrique et Cameroun - Tchad et par
l'interconnexion du Système Douanier Automatisé (SYDONIA) dans
les Etats de la région, dans l'optique d'éliminer les
déclarations douanières manuelles.
· La convergence des politiques nationales et
l'application de la législation communautaire dans le domaine du
transport par la mise en cohérence des politiques nationales et
l'application des législations communautaires.
· la création d'un observatoire des pratiques
routières anormales et la publication des résultats qui serviront
d'indicateurs de suivi.
· Le renforcement des capacités des acteurs
intervenant dans la chaîne de transit et l'amélioration des
interfaces intermodales.
· Les actions transversales par le renforcement des
capacités des communautés avec prise en compte du genre pour
faire face à la problématique du VIH/SIDA, la sensibilisation sur
la sécurité routière des transporteurs et des populations
riveraines.
Les acquis positifs de ce programme portent sur les actions
suivantes :
ü La mise en place du Comité de Réforme de
l'Administration des Douanes (CRAD) dont le processus de modernisation touche
à la fois l'organisation et les procédures ;
ü La signature d'un protocole d'accord entre
l'administration des douanes et le Bureau de Gestion du Fret Terrestre (BGFT)
dans le cadre des mesures d'allégement et de simplification des
procédures liées au transit des marchandises ;
ü Le renforcement de l'action du Comité de
Facilitation du Trafic Maritime International (FAL), du comité de
pilotage de la réforme portuaire et du Guichet Unique des
Opérations du Commerce Extérieur (GUCE) pour le transport
maritime,
ü La création prochaine d'un comité de
gestion des corridors en zone CEMAC et d'un comité national de
Facilitation du transport en transit
L'objectif global du projet FASTRAC est la facilitation du
transport et du transit en Afrique Centrale.
Les principaux bénéficiaires du projet sont les
opérateurs économiques d'Afrique Centrale (commerçants,
transporteurs, exportateurs, importateurs,....) qui peuvent s'attendre à
une amélioration des conditions de transport (coûts et
délais) grâce à la diminution des obstacles physiques et
non physiques sur les corridors de transit.
Nous constatons que tous ces programmes ont pour objectifs
principaux l'aménagement des infrastructures de transport, la mise sur
pied et le respect des mesures de facilitation des échanges.
L'optimisation de ces objectifs aura pour effet le développement des
échanges. Nous ferons dans la section suivante quelques recommandations
pour améliorer les échanges dans la SR.
Section 2 Recommandations et perspectives pour une
redynamisation des échanges
dans la SR
Les pistes de solution proposées dans le cadre de cette
étude visent essentiellement à répondre aux défis
et aux questions qui se posent au système de transport des pays de la
SR. Car une infrastructure de transport et des services de transport efficaces
sont des préalables essentiels au développement des
échanges et à l'intégration sous régionale.
Nous parlerons donc tour à tour d'une parfaite
structuration du système de transport actuel, du développement
des modes alternatifs au transport routier, de l'entretien du réseau
routier existant et enfin de l'utilisation des TIC.
2.1- Une parfaite structuration du système de
transport actuel
A l'état actuel, les réseaux de transport
routier dans la CEMAC offrent encore des conditions de transport assez
pénibles. Ces réseaux constituent d'une manière
générale, une des contraintes physiques majeures pour le
développement d'un système de transport fiable et de
qualité. Ils nécessitent par conséquent des efforts de
construction et d'aménagement en vue d'une parfaite mise à niveau
des infrastructures et des équipements de transport efficaces.
En effet, en terme de délais de route et des
coûts de transport, la SR offre les délais les plus longs et les
coûts les plus élevés sur le plan mondial. (Delta
Management 2005)
Les tableaux ci-après en donnent une parfaite
illustration et montrent combien cette zone a tout intérêt
à changer de politique pour entrer dans la dynamique des politiques
régionales communes pour mieux s'intégrer sur le plan du commerce
international. Car, face à ces conditions de transport aussi rudes, ses
produits resteront très peu compétitifs. De même, le
commerce intracommunautaire ne pourra pas être prospère et
attrayant.
Tableau 15 : comparaison des
délais de route
Corridors de transit
|
Distance km
|
Délais de route
|
Observations
|
CEMAC
|
Douala - Bangui
|
1 500
|
5 à 7 jours
|
Route revêtue et en terre
|
Douala - N'Djamena
|
1 800
|
5 à 8 jours
|
Route revêtue et en terre
|
EUROPE
|
Rome - Lyon
|
1 180
|
8 heures
|
Autoroute entièrement revêtue
|
Barcelone - Amsterdam
|
1 570
|
10 heures
|
Autoroute entièrement revêtue
|
Source : Etude réalisée par Delta
management en 2005
Le ratio distance / temps de parcours qui permet de mieux
appréhender le niveau du système de transport est très
défavorable pour cette région et par conséquent milite
impérativement à la remise à niveau des infrastructures
pour les adapter au contexte du monde moderne.
Une professionnalisation des transporteurs impliqués
dans le processus de transport des marchandises en zone CEMAC. Il s'agira
d'organiser des ateliers de renforcement des capacités des
transporteurs. Ceci leur permettra d'appliquer les coûts de transport
plus justes et plus équitables qui tiennent compte de la
réalité. Cette action peut être menée par les
organismes spécialisés tels que le Conseil National des
Chargeurs, les groupements socioprofessionnels, les organismes communautaires
en charge de la gestion du fret.
Une redéfinition et une refonte de la fiscalité
des transports. Car, dans le processus de fixation des coûts de
transport en zone CEMAC, les transporteurs répercutent ces multiples
frais fiscaux directement au niveau des chargeurs ou expéditeurs. Ce qui
a une conséquence immédiate sur le consommateur final. Cette
pression fiscale accroît considérablement les coûts de
transport et par conséquent rend les produits de la SR moins
compétitifs. Aussi conviendrait-il d'imaginer une batterie de mesures
visant entre autres à :
1. La suppression ou la révision du taux de TVA pour
les transporteurs ide la sous région ;
2. la révision des droits de douanes sur les camions
et engins de transport des marchandises à l'exportation ;
3. l'harmonisation de la fiscalité routière dans
la zone CEMAC en matière de transport.
La mise en place d'un système de financement des
infrastructures de transport communautaires qui tient compte des exigences de
la mondialisation. Ce système, pouvant faire appel aux capitaux
privés suivant un programme d'investissement précis
accepté par les six pays de la CEMAC. Ainsi, il s'agira de faire des
corridors Tchad - Cameroun, RCA - Cameroun, Congo - Cameroun, Gabon - Cameroun
et Guinée Equatoriale - Cameroun de véritables couloirs
compétitifs et modernes qui répondent aux normes de routes
à grands trafics, bâties sur deux ou trois voies de circulation
avec des distances plus économiques et des tracés moins dangereux
et mieux structurés.
La constitution d'un fond communautaire pour la construction
et l'entretien des infrastructures de transport. Les modalités de
fonctionnement de ce fond devront faire l'objet d'une étude approfondie.
La mise en application des Actes CEMAC en matière de
libre circulation des personnes et des biens pour éviter les multiples
tracasseries et pertes de temps observées en ce moment dans les pays de
la zone CEMAC. Ces tracasseries pénalisent fortement les échanges
et occasionnent des pertes énormes pour les commerçants surtout
en ce qui concerne les produits périssables. Cela suppose
alors :
· L'établissement effectif des passeports
communautaires pour les personnes qui le désirent (consultants et
prestataires de services divers).
· La fluidité du trafic routier à travers
la mise en application des instruments de facilitation (sauf conduit et titre
du transit).
· l'uniformité des tarifs douaniers et
l'allègement des procédures en ce qui concerne le transport des
marchandises ou produits de la sous région.
Ces dispositions ou mesures demandent un engagement et une
ferme volonté politique des Etats de la sous région. Le
Secrétariat Exécutif de la CEMAC devra doubler des efforts pour
leur application effective.
Pour une amélioration du transit des pays
enclavés, CABANIUS P. (2003) propose que les conventions
bilatérales signées entre le Cameroun et le Tchad, le Cameroun et
la RCA séparément puissent être reprises dans le cadre d'un
Accord de Transport en Transit tripartite (Cameroun, Centrafrique et Tchad),
ce qui permettrait
une harmonisation des politiques de transport en transit des
trois pays couvrant procédures douanières, adoption des standards
techniques communs et d'instruments légaux réglementant le trafic
en transit des marchandises et des véhicules.
2. 2- Le développement des modes alternatifs
au transport routier
comme les voies d'eau intérieures et
le chemin de fer
L'Afrique Centrale dispose d'un important réseau
hydrologique qui est capable de réguler les mouvements des marchandises
et accroître le transport intracommunautaire et de transit. Une telle
opportunité constitue une complémentarité pour les
réseaux routiers et ferroviaires qui devrait être mieux
exploitée et mieux organisée pour le développement du
commerce international.
De tout temps, il est reconnu que le transport par voies
d'eau est le plus économique, le moins polluant et le plus efficace. Ce
mode de transport apparaît comme le plus avantageux pour les
économies des pays en développement. Avec la mise en place de la
Commission Internationale du Bassin Congo- Oubangui - Sangha (CICOS) dont le
siège est à Kinshasa, et qui regroupe en son sein quatre pays
à savoir le Cameroun, la RCA, la RDC et le Congo Brazzaville, il y a
lieu de penser qu'une aire nouvelle se pointe à l'horizon pour le
développement de ce mode de transport combien indispensable.
Il faut souligner que sa structuration présente un
grand avantage non seulement pour les populations riveraines qui ne disposent
pas d'autres moyens de transport que la voie d'eau mais aussi pour le
développement du transport multimodal en Afrique Centrale.
L'Afrique Centrale doit pouvoir réorienter sa
politique aujourd'hui vers le développement des voies d'eau afin de
mieux structurer son avenir. Avec la mise en place de la CICOS, le transport
par voies d'eau navigables doit pouvoir sortir de sa profonde léthargie
et occuper une place de choix dans les grands axes d'un développement
intégré et durable de la sous région.
L'absence de connexion des voies ferrées des pays de la
CEMAC est une entrave sérieuse.
A partir d'une distance de 400 km, le transport ferroviaire
devient plus économique que le transport routier. Compte tenu de la
longueur du chemin de fer TRANSCAM sur la relation Yaoundé -
Ngaoundéré (619 km), le transport par rail serait
économiquement plus rentable en principe.
Dans la perspective du développement économique
du Tchad et de la RCA, l'extension à terme d'une ligne de chemin de fer
aurait certainement un effet d'entraînement important sur les
activités des trois pays concernés.
Le Cameroun a une position stratégique par rapport
à l'Afrique de l'Ouest et Centrale. En prolongeant le chemin de fer
camerounais vers le Nigeria et le Tchad, la RCA au centre, la Guinée
Equatoriale, le Gabon et le Congo, ce projet pourrait constituer une porte de
salut aux ports nigérians toujours engorgés, et aux
régions enclavées du Nord Gabon, Nord Congo et Nord Guinée
Equatoriale.
2. 3- L'entretien du réseau routier
existant
Dans le document d'analyse SSATP n° 4, le réseau
routier a été reconnu comme étant l'infrastructure
publique la plus importante en termes de patrimoine. La mesure de la valeur du
patrimoine routier et les conséquences financières des retards
d'entretien pour l'économie et pour les usagers incitent à
accorder un rang de priorité élevé à l'entretien
des routes. Ce qui est d'autant plus vrai dans les pays d'Afrique subsaharienne
où, les coûts pour les usagers d'un réseau routier
détérioré sont très élevés et
limitent le potentiel de développement économique.
Le manque d'entretien des routes équivaut à un
désinvestissement puisqu'il revient à sacrifier les
investissements consentis antérieurement. Les études
menées par la SSATP ont montré que des dépenses
d'entretien préventif d'un montant de 12 milliards de dollars auraient
pu permettre d'éviter des pertes de l'ordre de 45 milliards de dollars
en valeur des infrastructures mises en place dans les années 70 et
80.
EKWALLA B (2005) propose parmi ses pistes de solutions au
problème de transport en Afrique Centrale une stratégie qui
consiste à préserver et à consolider les acquis en
matière d'infrastructures existantes.
Cette stratégie vise essentiellement à
réhabiliter et à reconstruire l'ensemble du réseau actuel
suivant les mêmes tracés, en vue de faciliter la circulation et
l'acheminement des marchandises. Les normes de construction et de gestion du
patrimoine infrastructurel actuel ne changent pas fondamentalement. Ce qui
suppose que les tracés et les largeurs des routes et des chemins de fer
ne sont pas fortement modifiées ainsi que leur mode de gestion. Les
Etats procèdent comme par le passé à assurer le
financement des infrastructures avec l'appui des partenaires au
développement.
2. 4- L'utilisation des Techniques de l'Information et
de la Communication
En mai 1997, la CNUCED a convoqué une réunion
d'experts sur l'utilisation de l'informatique pour accroître
l'efficacité des systèmes de transit. Cette réunion avait
pour principal objectif de donner aux experts l'occasion d'étudier la
façon dont les Technologies de l'Information et de la Communication
peuvent faciliter les opérations de transit, renforcer le contrôle
du transit douanier et simplifier les procédures de transit. Selon les
recommandations de la réunion, la CNUCED devrait, en coopération
avec toutes les autres parties intéressées, s'employer à
mettre au point un module sur le transit, ce module (SYDONIA) devrait couvrir
toutes les fonctions de contrôle douanier et de suivi du transport des
marchandises en transit du début à la fin d'une opération
de transit, y compris la décharge des garanties le cas
échéant.
Le module peut être utilisé pour tous les types
de transit, et couvre les 4 mouvements suivants
· Du bureau d'entrée à la frontière
vers le bureau intérieur (transit d'importation),
· Du bureau d'entrée à la frontière
vers un bureau de sortie à la frontière (transit direct),
· D'un bureau intérieur vers un bureau de sortie
à la frontière (transit d'exportation),
· D'un bureau intérieur vers un autre bureau
intérieur (transit intérieur).
Le module fonctionne de manière satisfaisante et a
été récemment amélioré grâce à
la mise au point de nouvelles fonctions telles que le déroutement
(changement de bureau de destination). Étant donné que les
douanes reçoivent à l'avance et en temps opportun des
informations complètes sur toutes les opérations et qu'il n'est
pas nécessaire de saisir à nouveau les informations dans le
bureau de destination, les délais de traitement sont
considérablement réduits à la frontière, ce qui
facilite le commerce.
Quatre Etats de la CEMAC utilisent déjà le
SYDONIA à savoir le Cameroun, le Gabon, le Congo, et le Tchad. Il est en
cours d'installation en RCA et en cours d'adoption en Guinée
Equatoriale.
Il ressort de cette section que les Etats membres de la CEMAC
devraient :
1. Mettre en application les Actes CEMAC en matière de
libre circulation des personnes et des biens pour éviter les multiples
tracasseries et pertes de temps observées en ce moment dans les pays de
la zone CEMAC.
2. Favoriser le développement des modes alternatifs au
transport routier comme les voies d'eau intérieures et le chemin de fer.
Ces modes de transport sont plus économiques, moins polluants, et
apparaissent comme les plus avantageux pour l'économie des pays en
voies de développement.
3. Entretenir les réseaux routiers existant. Car, le
manque d'entretien des routes équivaut à un
désinvestissement puisqu'il revient à sacrifier les
investissements consentis antérieurement.
4. Utiliser davantage les TIC qui permettent de réduire
les coûts et les délais d'importation, d'exportation et
d'acheminement des marchandises.
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