Chapitre 2 : Sikasso et ses quartiers
spontanés
I.2.1- Importance des quartiers spontanés dans le
tissu urbain de Sikasso
Contrairement aux autres capitales régionales du pays
où les quartiers spontanés tendent à régresser ou
disparaître (pour différentes raisons encore mal connues),
l'habitat spontané a progressé à Sikasso pendant les
trente dernières années.
Avant 1970, il n'existait pas beaucoup de quartiers
spontanés à Sikasso. C'est à partir de 1980 que ces
quartiers se sont multipliés dans la ville. On peut donc
considérer que la période de prolifération de quartiers
spontanés est celle qui va de 1980 à nos jours. En effet, les
quartiers spontanés concentraient 6% des cours urbaines lors du
recensement de 1987. En 1990, sur les 82 800 habitants que comptait l'ensemble
de la ville de Sikasso, plus de 10% de la population sikassoise étaient
en situation irrégulière4. Selon une autre source, en
1996, sur les 23 000 ha de superficie de la ville, 20% étaient
occupé par les quartiers spontanés5. En 2005, sur les
24 quartiers administratifs que compte la ville, 9 quartiers sont
spontanés, soit un quartier sur trois en moyenne.
Pendant la dernière révision du Schéma
Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme (SDAU) de la ville de Sikasso,
les participants (consultants, fonctionnaires travaillant dans les secteurs
comme les agents de la voirie, les urbanistes, les topographes, les
décideurs de la ville...) ont classé les quartiers
spontanés en deux catégories.
I.2.2- les quartiers spontanés contigus au tissu
urbain
La première catégorie de quartiers
spontanés comprend ceux qui sont plus ou moins contigus au tissu
urbain « légal » de la ville (voir la liste des quartiers dans
le tableau n°3 et sur la carte n°4). Il s'agit de :
4 Bertrand Monique, 1991, « La Question foncière dans
les villes du Mali ».
5 Club du Sahel, 1999, « Tableau de bord de
l'économie locale de Sikasso 1996 ».
Tableau 3: liste des quartiers spontanés proches
du tissu urbain sikassois
Nom de quartier
|
Superficie
|
Nom de quartier
|
Superficie
|
01 -- Bambebabougou
|
65 ha
|
06 -- Mamassoni
|
72 ha
|
02 -- Bangoni
|
60 ha
|
07 -- Nankou diassa
|
40 ha
|
03 -- Kamélé Sirakôrô
|
60 ha
|
08 -- Sabalibougou
|
Pas de données
|
04 -- kapelékourou
|
75 ha
|
09 -- Sirakôrô route de Bouaké
|
Pas de données
|
05 -- Lafiabougou kôkô
|
Pas de données
|
|
|
Source : document officiel de la Mairie de Sikasso.
I.2.3- Le déplacement des villages vers les axes
routiers de la commune
La deuxième catégorie de quartiers
spontanés regroupe les villages qui déplacent leur
site vers les artères principales les plus proches de
la ville. Ce qui provoque un changement de phénomène
d'urbanisation. D'un étalement urbain, on passe à une
densification urbaine. Les villages concernés sont cités
ci-dessous (tableau n 4). Depuis le début de la décentralisation,
28 villages ont été rattachés à la ville de Sikasso
pour constituer la commune urbaine. Ces villages font partie intégrante
de la commune urbaine de Sikasso. Cette intégration contribue à
étendre spatialement la superficie de la ville incluant ainsi des
espaces ruraux et une discontinuité de l'espace bâti. Les
élus locaux doivent désormais composer avec ces 28 villages et
prendre en compte la gestion des services de proximité, dans le cadre
d'un aménagement global de la commune, pour créer un espace
cohérent et fonctionnel et un territoire pertinent.
Tableau 4: la liste des villages qui se déplacent
vers le tissu urbain
Nom de Village
|
Superficie
|
Nom de village
|
Superficie
|
01 -- Diakôrôla diassa
|
Pas de données
|
03 -- Zamblara
|
Pas de données
|
02 -- Yèrèlombougou
|
Pas de données
|
04 -- Zienbougou
|
Pas de données
|
Source : enquête personnelle de terrain.
Que ce soit dans la première ou dans la seconde
catégorie, nous assistons aujourd'hui dans le processus de formation des
quartiers spontanés (surtout pour les plus récents), à une
implication des topographes ou autres techniciens qualifiés qui
élaborent officieusement un plan d'occupation des sols c'est à
dire l'ensemble des axes de communication, places publiques etc., suivant des
plans qui ne répondent à aucune norme d'un plan d'urbanisme
sectoriel.
|