Conclusion :
La gestion actuelle des services dans les quartiers
précaires attribue, depuis la loi de la décentralisation et le
transfert des compétences, une responsabilité aux
collectivités locales. Cette gestion de proximité des services
instaurée ne semble pas résoudre le problème des services
dans Kapélékourou du fait du manque de moyens de financement
(manque de ressources fiscales, absence de transfert des DGD).
Le changement d'échelle dans la gestion urbaine ne
fait qu'augmenter une crise déjà existante. Nous nous sommes
rendu compte que le problème des services va au delà de
Kapélékourou. C'est toute la gestion des services urbains qui est
remise en cause dans le système de décentralisation. La question
que l'on peut se poser ici est de savoir si les Etats africains ne se sont pas
servi de la décentralisation pour transférer des
compétences qu'ils n'ont plus le moyen de réaliser. Ceci
soulève aussi la question de la pertinence de la décentralisation
dans le contexte social africain. Le rapprochement du pouvoir à la
population dans le cadre d'une gestion de proximité quotidienne est en
effet un avantage, mais le manque de moyens atténue l'efficacité
de cette gestion de proximité. En effet les collectivités locales
ne reçoivent qu'une somme dérisoire de la part de l'Etat (2 500
Fcfa par habitant soit moins de 6€) alors que celles-ci devraient recevoir
beaucoup plus pour la réalisation des missions qui leur ont
été confiées.
On peut se poser également des questions sur l'avenir
des services dans les villes africaines qui sont toujours dans une logique
d'étalement et non de densification. Cet étalement urbain a pour
caractéristique d'étendre spatialement les villes avec une faible
densité du bâti sur un territoire plus vaste dans une logique de
croissance en tache d'huile le long des axes principaux au détriment
d'une densification. Celle-ci étant le contraire de l'étalement
c'est-à-dire la concentration du bâti sur une surface restreinte
facilitant la gestion et l'offre des services urbains.
Sur le plan institutionnel, la décentralisation a
ajouté une nouvelle grille de lecture dans l'action publique locale
rendant plus complexe la gestion urbaine. Cette lecture duale partage les
compétences de l'aménagement au Mali entre l'Etat et les
collectivités locales. L'Etat, en s'occupant des documents d'urbanisme
comme les Schémas Directeurs, les opérations de lotissement, de
la délivrance des permis d'occuper, des opérations de
réhabilitation (notamment dans les quartiers précaires) alors que
les collectivités locales sont chargées de la réalisation
des services liés à la gestion de la ville.
D'une gestion centralisée des services urbains
à une gestion de proximité, quelle sera la perception des
habitants des quartiers précaires qui sont désormais proches de
leurs décideurs ? Car les habitants des quartiers spontanés font
partie intégrante de la population. Cette partie se trouve
condamnée à des stratégies de survie «
empêchée d'accéder à une citadinité durable
et complète et (~) par conséquent amputée d'une bonne
partie de ses prérogatives de citoyenneté
»23.
23 Osmont, A., La Banque Mondiale et les villes. Du
développement à l'ajustement.
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