D. Possibilité d'amélioration des logements
:
A la question de savoir si le ménage compte introduire
des améliorations sur le logement après régularisation du
quartier et l'accès aux services de base, 62% des enquêtés
déclarent que oui. Quand aux types de ces améliorations, la
priorité semble être portée sur
l'étanchéité des mures externes par l'enduit en mortier
afin de réduire l'infiltration de l'eau de pluie et de consolider ces
mures. En effet, la grande majorité des logements ont étés
construits dans la précipitation de l'illégalité, en
réduisant au maximum les travaux à l'extérieur du
logement.
Ceci dit, les réponses à cette question ne sont
pas les mêmes pour les trois quartiers de «BBC». Les logements
ne sont pas du même type dans ces quartiers, et les priorités ne
sont pas les mêmes non plus. Ces résultas sont
représentés dans le Tableau 72.
Tableau 72: Répartition des ménages
déclarants vouloir améliorer leurs logements selon le type
d'amélioration.
Type améliorations
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Quartier
|
Total
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Benzina
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Bouregba
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Chaâba
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Enduit extérieur en mortier
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54%
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26%
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91%
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69%
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Reconstruction du logement
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46%
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70%
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5%
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27%
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Enduit extérieur en mortier et intérieur ou toit
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0%
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4%
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2%
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2%
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Mure de clôture du logement + le reste de la parcelle
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0%
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0%
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2%
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1%
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Construction du toit
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0%
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0%
|
2%
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1%
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Total
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100%
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100%
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100%
|
100%
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Photos 23: logements
sommaires de« BBC » équipés
en services de base.
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Photos 24: Rue de Bouregba après équipement en
réseau d'eau potable, d'électricité et dallage.
|
D'après le tableau, les types d'améliorations
que compte introduire les ménages sur leurs logements sont selon les
quartiers, l'enduit extérieur en mortier dans 91% des logements de
Chaâba. Alors qu'ils sont dans 70% des logements de Bouregba, la
reconstruction totale du logement, et dans une moindre mesure dans le quartier
Benzina (46%). C'est dire l'état dans le quel se trouve ces logements et
la volonté qu'ont les habitants pour améliorer leur cadre de
vie.
Quand aux moyens pour mettre à exécution ce
désire, plusieurs enquêtés avouent ne pas disposer
d'épargne pour le moment, mais une fois qu'ils auront l'autorisation
d'apporter des améliorations à leurs logement, ils trouveront
bien le moyen de financer ces travaux.
Mais au-delà de la question de la capacité de
ces ménages à améliorer leurs logements, il convient de se
demander si ils y sont encore obligés alors qu'ils disposent
déjà de toute l'infrastructure nécessaire dans le quartier
et les services de base dans les logements.
Dans l'urgence de faire aboutir le programme (VSB) de Safi et
de respecter le délai de déclaration de Safi "ville sans
bidonvilles" fin 2007(selon les termes du contrat) l'existence d'habitations
"insalubres" est tolérée, et même plus, ces habitations
sont raccordées aux réseaux d'assainissement liquide, d'eau
potable et d'électricité. Les termes de la première
version du contrat faisaient état d'un projet de relogement dans de
nouveaux quartiers au sud de la ville, mais plusieurs considérations,
budgétaires et sociales notamment, ont fait que la réalisation du
programme VSB dans ces quartiers consiste désormais en une simple
restructuration avec aménagement de voiries et équipement des
trois quartiers en réseaux d'eau potable, d'électricité et
d'assainissement. La composante "logement" risque de payer les frais de cette
nouvelle orientation et les trois quartiers de demeurer des bidonvilles mais
équipés en services de base.
Conclusion :
Avoir un habitat décent et sain, équipé
en services de base, protégé contre les intempéries, avec
une facilité d'accès et un emplacement à proximité
des services publics utiles tout en veillant au respect de l'environnement
naturel, a sans doute des conséquences positives sur les ménages
:
- Les femmes et les filles peuvent ainsi se libérer
notamment de la corvée d'eau et du nettoyage permanent lié
à l'absence d'assainissement, ce qui va leur permettre d'exercer des
activités autres que les tâches ménagères ;
- L'amélioration des conditions d'habitation et du
cadre de vie se répercuterait sur le bien être du ménage
à travers notamment une amélioration des conditions
générales de santé et d'hygiène. Avec des
impacts positifs au niveau des dépenses liées à la
santé, et l'amélioration de la productivité des gens de
manière générale ;
- La vie dans un cadre de vie satisfaisant aurait
également des effets positifs sur la santé psychique des
personnes qui se sentent avoir plus de dignité, ce qui les rend plus
épanouis et moins agressifs. (des CMs de "BBC" déclarent que
leurs enfants perdent du temps dans les corvées d'eau potable ce qui se
ressent au niveau de leurs résultats scolaires. Sans tenir compte de
l'impacte psychologique de ces corvées sur leurs enfants).
Ceci réduirait considérablement l'effet
néfaste du sentiment d'exclusion chez les populations
marginalisées et diminue ainsi la violence et la délinquance
subies principalement par les jeunes.
Le quartier «BBC» concentre les maux des
bidonvilles: mauvaise accessibilité, insalubrité et des
conditions socioéconomiques des habitants, pour le moins
précaires: faible taux d'activité, analphabétisme et
faibles ressources économiques (58% des revenus des ménages sont
concentrés entre 1000 dh et 2000 dh). Les types d'habitations du
quartier sont révélateurs de ce niveau de précarité
(56% des logements de Bouregba sont de type "H. Rural", la proportion des
logements de type "Sommaire" est 21%).
Dans ces conditions, il est légitime de se demander si
l'option retenue dans le cadre du programme «VSB» de Safi, à
savoir la restructuration in situe, et le raccordement des logements (aussi
sommaires soient-ils) aux réseaux des services de base, n'est pas plus
guidée par le souci de réaliser des résultats quantitatifs
et de respecter des engagements contractuels (déclaration de Safi ville
sans bidonvilles à l'horizon fin 2007), que par une réelle mesure
de l'impacte social et environnemental de ce choix.
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