D. L'intervention sur le quartier « BBC » :
En décembre 2004 une commission locale
présidée par M. le Wali de la région DoukkalaAbda et
Gouverneur de Safi avait retenu l'option de relogement des habitants des trois
quartiers « BBC » au sud de la ville dans un site d'accueil dont
l'équipement serait confié à l'opérateur publique
ERAC. Le chiffre de 280 ménages a été
déclaré pour les trois quartiers, et ceci sur la base d'une
enquête effectuée par les services de l'autorité locale
(selon les responsables de la direction régionale de l'habitat). Ce
chiffre est en fait surestimé, car le nombre réel des
ménages des trois quartiers « BBC » est 175 ménages,
c'est ce que révélera notre enquête ménage qui est
exhaustive et comprend tous les ménages de « BBC ».
En juin 2006 la convention du programme (VSB) de Safi a
été signée et approuvée, et le montage financier de
l'opération a été établi selon l'option de
relogement des ménages. Le changement de l'option d'intervention sur les
quartiers « BBC » du relogement à la restructuration, a
été fait par la commission locale du programme (VSB) après
avoir constaté que l'option relogement n'était pas
réaliste, et qu'elle était plus exigeante en termes financiers,
fonciers et de délais de réalisation. La ville de Safi
s'était engagée à être déclarée (ville
sans bidonvilles) au terme de l'année 2007.
Plan 4: Plan de restructuration des trois quartiers
« BBC »
Q. Bouregba
Q. benzina
Q. Chaâba
La restructuration de « BBC » consiste en
l'équipement des quartiers en voirie et réseaux d'assainissement,
d'eau potable et d'électricité. L'opérateur Al Omran prend
en charge la réalisation de la voirie et du réseau
d'assainissement (financement par dotation de l'Etat FSH), et la RADEES, la
réalisation des réseaux d'eau potable et
d'électricité. Ces travaux entrent dans le cadre des travaux
remboursables de la RADEES et seront donc facturés directement aux
bénéficiaires.
La municipalité de Safi s'était engagée
à mettre à la disposition d'Al Omran, en remplacement de sa
participation prévue dans le contrat (VSB), du terrain nécessaire
au relogement des ménages dont les habitations seront frappées
par l'alignement prévu dans le plan de restructuration. L'instruction du
dossier de restructuration a fait l'objet d'une procédure de
dérogation afin d'adapter les documents d'urbanisme à la nouvelle
réalité. Mais les travaux ont commencé bien avant
l'approbation du plan de restructuration (voir Plan 4), plan qui, au moment de
notre enquête n'est toujours pas approuvé, son approbation
exigeant l'accord du conseil communal. La période d'avant les
élections législatives de 2007 n'est pas, semble-t-il, toute
indiquée afin d'obtenir le plus rapidement possible l'accord des
élus sur un dossier qui compte plusieurs aspects, dont des aspects
sociaux et politiques, selon un responsable de l'opérateur public.
Au mois d'octobre 2007, la fiche technique de l'état
d'avancement des travaux, présentée à la commission local
par l'opérateur Al Omran69 fait état de la situation
suivante :
· Nom du projet : VSB
· Localité du projet : ville de Safi
· Type d'intervention : restructuration et relogement
· Foncier : privé
· Superficie : 3.76 Ha privé
· Consistance du projet : 280 ménages (175
ménages en réalité)
· Coût global du projet : 28 MDH
· Avancement des travaux :
- Assainissement liquide : 75% - Voirie : 15%
- AEP : Non programmé (à la charge de la RADEES)
- Electricité : Non programmé (à la charge
de la RADEES)
- Travaux de construction : en étude 30 logements
- Nombre de baraques démolies : 0
- Nombre de baraques Transférés : 0
- Nombre de baraques Restructurés : 0
L'un des problèmes qu'a rencontré le
maître d'ouvrage responsable des travaux de voirie et du réseau
d'assainissement, c'est la mobilisation et la résistance des
propriétaires des terrains frappés par l'alignement contre ces
travaux. Ces propriétaires ayant exigé d'être d'abord
rémunérés. Mais aucune procédure, ni
d'expropriation ni d'achat de ces terrains, n'ayant encore étés
entamée, aucun argument n'a semblé être en mesure de
convaincre les propriétaires de céder leurs terrains afin que les
travaux d'aménagement puissent être poursuivis. Le résultat
a été le blocage de ces travaux, et encore plus, le retard sur
les délais du programme (VSB) de Safi.
La responsabilité relative au volet foncier a pourtant
été clairement définie dans le contrat (VSB) de Safi,
notamment dans son article 9 intitulé "Conditions de démarrage
des projets": "Préalablement au démarrage des travaux, et
conformément au manuel de procédure, les prérequis en
matière d'autorisations administratives, d'arrêtés
d'alignement, de procédures foncières, de montage institutionnel,
..., devront être satisfaits. Pour permettre la réalisation des
travaux de viabilisation dans les conditions légales, il y a lieu,
préalablement à tout démarrage de travaux, de faire
prendre, par la commune intéressée, les arrêtés
d'alignement des voies concernées par les travaux, y compris ceux des
hors site".
Une autre contre-performance enregistrée lors de notre
enquête, réside dans le fait que le manque de coordination entre
les deux opérateurs la RADEES et Al Omran (ou son maître
d'ouvrage) engendre parfois des pertes à la fois de temps et de
ressources. Vu que la réalisation des réseaux d'eau potable et
d'assainissement doit respecter des normes techniques de profondeur et
d'enfouissement, il arrive que des tronçons du réseau d'EP ne
peuvent être réalisés à cause du retard ou d'une
mauvaise réalisation du réseau d'assainissement (tache à
la charge d'Al Omrane). Comme ce qui est arrivé dans le quartier
Bouregba, où on a dû rééxécuter les travaux
relatifs au réseau d'assainissement non conformes aux normes.
En fait, la manière dont a été conduit la
restructuration de « BBC » illustre parfaitement un cas de projet
mené dans la précipitation, conduit par une logique d'urgence.
Les lacunes au niveau de la maîtrise d'ouvrage social et des volets
techniques et administratifs, en plus du
69 En principe, et selon la convention signée,
c'est la DRHU qui a en charge, le contrôle et l'estime de l'état
d'avancement des travaux. La présentation de cet état par les
services de l'opérateur public s'est révélée plus
"pratique" selon un responsable de la DRHU.
manque de coordination entre les intervenants constituent des
facteurs qui, le plus souvent, grèvent le bon déroulement de la
réalisation des projets d'intervention sur les quartiers non
réglementaires.
Photos 16: Travaux de terrassement devant un
logement sommaire de Bouregba.
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