Paragraphe 1. Les raisons liées à la
géopolitique mondiale du pétrole
Le développement de l'économie de
marchés, la facilité des échanges dans le transfert des
flux ainsi que les politiques économiques de chaque Etat, ont permis
depuis quelques décennies l'émergence des nouvelles puissances
qui se lancent, elles aussi, dans la dynamique de la diversification de leurs
approvisionnements, alternative à la dépendance
énergétique. Leur insertion comme acteurs non négligeables
dans les relations internationales permet de reconfigurer les anciens jeux de
puissance.
A. La montée des nouveaux consommateurs et la
réconfiguration des précarrés
L'Asie offre, en ce début du
vingtième-unième siècle, des acteurs importants en
matière de consommation d'énergie. En effet, à se limiter
aux dix dernières années, les chiffres sont forts pertinents. La
Chine, huitième importateur de pétrole en 2000, puis au
quatrième rang en 2003 après les États-Unis, le Japon et
l'Allemagne, occupe le deuxième rang mondial, depuis 2006. Ses
importations qui représentaient 27 % du total de la consommation de
pétrole en 1999, puis 37 % en 2002, ont atteint 45 % en 2005. L'Inde,
pour sa part, sixième consommateur mondial de pétrole, devrait
avant la fin de la décennie occuper le quatrième rang
mondial48.
L'augmentation de la consommation au niveau global suppose des
approvisionnements de plus en plus importants. Or, les anciens grands
consommateurs, c'està-dire les Etats occidentaux et la Russie, ont
déjà des régions qui apparaissent comme des zones
d'influence où leurs projections de puissance ont dépassé
aujourd'hui le simple cadre des << missions civilisatrices»
entreprises durant la colonisation. Le maintien des sociétés
industrielles des ex-puissances colonisatrices et la singularité de
leurs politiques étrangères
48 François LAFARGUE, << Etats-Unis,
chine, inde, rivalité pétrolière en Afrique » in
Afrique contemporaine, Printemps 2003, p.48-56. De telles hausses se
remarquent aussi quand il s'agit d'évoquer des nouvelles puissances
émergentes de l'Afrique comme l'Afrique du sud ou de l'Amérique
latine comme le Brésil.
vis-à-vis de leurs anciennes colonies leur permettent
d'être les plus grands clients en matière d'énergie. Les
présences française et anglaise en Afrique sont illustratives.
L'implantation des compagnies Total-Fina-Elf, et Shell au Gabon, Cameroun,
Congo, Nigéria, Angola traduisent l'interférence des diplomaties
d'Etat dans le champ de l'économie pétrolière, justement,
parce que la sécurité énergétique participe de la
sécurité nationale dans les grandes puissances49. Mais
l'entrée en jeu des nouveaux grands consommateurs vient, sinon
déstabiliser ces jeux d'influence, du moins contribuer à une
redistribution des cartes. Les entreprises chinoises, indiennes ou
malaisiennes, s'insèrent dans les pré carrés, ci-haut
évoqués. En Afrique, particulièrement, cette
reconfiguration de la géographie économique des entreprises
extractives permet aux multinationales américaines, au nombre desquelles
Texaco et Exxon Mobil, d'être aujourd'hui plus
visibles50.
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