UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO
Faculté d'Administration des Affaires et Sciences
Economiques
Département des Sciences
Economiques
Analyse des performances commerciales de l'Afrique et
de son intégration au commerce international
VENGO VEKAMENAKO Erik
+243 990 616 611
erikvekam@yahoo.fr
Mémoire de fin d'études présenté
et défendu en vue de l'obtention du titre de
Licencié en Sciences Economiques.
Option : Economie Monétaire et
Internationale
Directeur : Professeur Lucien
LOLINGA
Rapporteur : Assistant Serge
KOLA
Octobre 2006
EPIGRAPHE
Questionné par un jeune journaliste sur une invention
à laquelle il travaillait depuis longtemps, Thomas
Edison révéla un des secrets de son génie. Le
jeune journaliste demanda : « M. Edison, comment vous
sentez-vous après avoir échoué 10.000 fois dans vos
recherches ? » Edison répondit : « Jeune
homme, je vais vous confier une pensée qui vous sera utile à
l'avenir. Je n'ai jamais échoué 10.000 fois dans quoi que ce
soit. J'ai plutôt réussi à découvrir 10.000
façons de faire qui ne fonctionnaient pas. »
Selon Edison, il a fallu plus de 14.000 expériences
pour inventer et parfaire la lampe incandescente. Il a réussi à
découvrir plusieurs façons de faire qui ne fonctionnaient pas,
mais il a continué ses recherches jusqu'à ce qu'il en trouve une
qui fonctionne !
Le petit manuel de ZIG ZIGLAR
Quelques conseils du plus grand Motivateur américain,
1996
i
Dédicace
A tous ceux qui me sont chers,
je dédie ce travail.
VENGO VEKAMENAKO Erik
Licencié en Economie Monétaire
et Internationale
ii
Plan
Epigraphe
Dédicace
Avant-propos
Introduction
Chapitre I
Théories et revue de la littérature
économique
Section 1. Généralités sur le
commerce international
Section 2. Approche théorique du commerce international
Chapitre II
Les principales tendances du commerce
international
Section 1. L'essor du commerce international
Section 2. Evolution du commerce international
Section 3. L'émergence de l'Asie
Section 4. Le rôle des entreprises transnationales dans
le commerce mondial
Section 5. Les investissements internationaux dans le monde
Chapitre III
Les performances commerciales de l'Afrique
Section 1. Caractéristiques du commerce
extérieur africain
Section 2. Les problèmes relatifs au commerce
extérieur africain
Section 3. Etude comparative entre l'échec africain et
le succès asiatique
Chapitre IV
L'intégration de l'Afrique au commerce
international
Section 1. Les stratégies
d'import-substitution
Section 2. Libéralisation des échanges
Section 3. Les politiques commerciales
Section 4. L'intégration au commerce international vue
par les pays industrialisés
Conclusion
Références bibliographiques
Table des matières
iii
Avant-propos
Une des conséquences les plus visibles de la
globalisation est l'accroissement notable du commerce mondial au cours des
cinquante dernières années. Il s'est produit, depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale, une augmentation rapide des échanges de biens
industriels et artisanaux ainsi que de la part du commerce à la
production mondiale. Les investissements directs ont, eux aussi,
enregistré une forte accélération durant la
dernière décennie. Mais les Etats ne participent cependant pas
tous autant au négoce international. En particulier, les pays en
développement sont beaucoup moins intégrés dans les flux
de biens mondiaux que ne le sont les nations industrialisées.
Les pays en développement en général et
les Etats africains en particulier sont aujourd'hui poussés par la
communauté internationale par le biais des institutions internationales
du commerce (OMC et autres) à s'ouvrir aux échanges, ce qui leur
permettrait d'intégrer « le commerce mondial ».
Pour beaucoup d'observateurs, le libre-échange
favorise surtout la concentration du capital financier et accroît ainsi
l'écart entre les pays riches et les pays pauvres. Mais nous ne devons
pas jeter pour autant le bébé avec l'eau du bain : le
libre-échange a un effet positif et stimulant sur les économies.
D'ailleurs, Paul Krugman (1(*)) considère le libre-échange comme
Churchill considérait la démocratie : le pire des
régimes, mais on n'en connaît pas de meilleur.
Jagdish Bhagwati, économiste américain
d'origine indienne, est un fervent partisan de la libéralisation des
échanges, dans laquelle il voit une source d'innovation et de
développement des pays pauvres, pour autant que les pays les plus riches
à commencer par les Etats-Unis donnent unilatéralement l'exemple,
au lieu de prôner le libre-échange pour les autres, et de
pratiquer pour eux, un protectionnisme masqué.
La même remarque pour Friedrich List. Dans son
ouvrage : « Système national d'économie
politique », il montre comment les puissances dominantes se sont
élevées avec les protections pour se mettre à prôner
le libre-échange une fois acquise une position dominante (2(*)). Alors libre-échange ou
protectionnisme ?
En ce qui concerne ce mémoire, nous reconnaissons que
l'analyse n'a pu être poussée, sur tous les points, aussi loin
qu'il aurait fallu car en effet il y faudrait du temps et surtout du
génie pour y arriver et nous tenons par la même occasion à
exprimer toute notre gratitude au Professeur Lucien LOLINGA et
à l'Assistant Serge KOLA sans lesquels cet ouvrage
n'aurait pu aboutir.
VENGO VEKAMENAKO Erik
Kinshasa, le 23 août
2006
Introduction
1. Problématique
L'intégration dans l'économie mondiale s'est
avérée pour les pays un moyen puissant de promouvoir la
croissance économique, le développement et la réduction de
la pauvreté. C'est vrai de la Chine et de l'Inde depuis qu'elles ont
adopté la libéralisation du commerce et d'autres réformes
en faveur du marché, ainsi que des pays à haut revenu d'Asie,
comme la Corée et le Singapour qui étaient eux-mêmes
pauvres avant les années 1970. Pour le Fonds monétaire
international (3(*)), ces
pays ont réussi parce qu'ils ont décidé de participer au
commerce mondial, ce qui les a aidés à attirer l'essentiel des
investissements directs étrangers dans les pays en
développement.
Aujourd'hui, les échanges de l'Afrique avec le reste
du monde ont beaucoup progressé, mais beaucoup moins vite que d'autres
régions. En effet, Francine Quentin (4(*)) fait remarquer que les échanges ont
progressé bien plus vite dans les pays en développement d'Asie
qui représentent désormais près de 24 % des exportations
mondiales et plus de 20 % des importations. Les pays en développement
d'Amérique n'ont pas fait mieux que de stabiliser leur position à
environ 6 % du commerce mondial. Le continent africain quant à lui ne
cesse de voir sa part dans le commerce mondial décliner
substantiellement. Ainsi, sa part dans le total des exportations mondiales
n'est plus que de 2 % contre 6 % en 1980 et dans les importations, elle a
diminué de 4,6 % à 2 %.
Mais comment expliquer que l'Afrique qui à l'heure
actuelle héberge 13 % de la population mondiale ne puisse fournir que 1
% du Produit Intérieur Brut mondial (PIBm), ne participer que pour 2 %
au commerce international et ne recevoir même pas 1 % des investissements
directs de l'étranger (IDE) (5(*)) ? Et qu'est ce qui explique la diminution de la
part de l'Afrique dans le commerce international ?
Actuellement, tout s'accorde qu'il faudra s'ouvrir au
commerce international. La progression des importations et des exportations est
le résultat de la libéralisation du commerce à
l'échelle de la planète. Le FMI affirme que l'ouverture des
économies sur le marché mondial est le facteur essentiel qui a
permis à de nombreux pays en développement de se doter
d'avantages comparés dans la fabrication de certains produits (6(*)).
Cependant, il semble que tous les pays ne profitent pas dans
la même proportion des avantages offerts par la libéralisation des
échanges. A ce sujet, l'ONG britannique Christian Aid a publié un
rapport le 20 juin 2005 qui dit que pas moins de 217 milliards de dollars des
pertes ont été enregistré par les pays africains depuis
vingt ans du fait de l'ouverture de leurs frontières (7(*)). Cette ONG indique que si la
libéralisation du commerce a entraîné des pertes de revenus
pour les pays pauvres, c'est parce que leurs importations ont augmenté
plus rapidement que leurs exportations.
L'Afrique doit impérativement s'ouvrir au commerce
mondial mais cette ouverture n'est pas sans risque pour les économies
africaines étant donné qu'elle manque de
compétitivité dans ce domaine. Certains pays en
développement ont ouvert leurs économies afin de tirer pleinement
parti des chances de développement économique offertes par le
commerce, mais nombreux sont ceux qui s'en sont abstenus. La réticence
de ces pays face à la réduction des obstacles aux échanges
recommandée par l'OMC semble être justifiée par les risques
d'une marginalisation encore plus grande à l'issue de cette
ouverture.
Comme nous le savons, la plupart des pays du continent est
principalement tributaire de l'agriculture (elle ne repose cependant que sur
une production agricole d'exportation, souvent une monoculture, à
côté d'une agriculture de subsistance, pas toujours
autosuffisante). Selon la CNUCED (8(*)), 47 sur 53 pays du continent tirent plus de 50 % de
leurs devises étrangères de la vente de trois denrées ou
moins et ainsi que l'exportation des matières premières non
transformées dont la fixation des prix lui échappe et les cours
sur le marché mondial souvent sujet à des fluctuations (9(*)) alors que 75 % du commerce
mondial concerne les produits transformés et ces mêmes produits
doivent faire face à ceux des pays industrialisés lourdement
subventionnés. A titre d'exemple, les subventions versées par les
trente pays de l'Organisation de Coopération et de Développement
Economique (OCDE) à leurs agriculteurs ont dépassé 279
milliards de dollars en 2004, en hausse de 9 % (10(*)).
Les pays africains n'arrivent donc toujours pas à
tirer parti du nouveau marché mondial en raison de leur manque de
dynamisme commercial résultant des produits moins
élaborés, des productions en perte de vitesse dans les
échanges mondiaux, de transports onéreux, à une manque de
diversification mais également à cause des pratiques commerciales
des pays industrialisés.
Ainsi, le constat est que bon nombre d'obstacles bloquent
l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale et en cela
nous nous posons les questions de savoir si l'Afrique devrait
libéraliser ses échanges avec la peur de se voir davantage
marginalisée par manque de compétitivité
commerciale ? Ou devrait-elle purement et simplement protéger son
marché et passée à côté de l'augmentation
spectaculaire du commerce mondial et de tous ces bienfaits ?
1. 2. Hypothèses de l'étude
L'ouverture des économies au commerce international
permet de générer des devises étrangères, d'attirer
les investissements étrangers, de créer des emplois et
d'améliorer la compétitivité (11(*)). Cependant, même
après avoir ouvert leurs économies, les pays africains n'ont pas
eu les effets escomptés en matière de croissance et
d'amélioration de l'insertion internationale. De ceci ressort que
l'ouverture est une bien bonne chose mais elle doit être envisagée
avec précaution, secteur par secteur, étant donné l'impact
potentiellement néfaste de l'ouverture à certaines importations
lourdement subventionnées (produits agricoles par exemple) (12(*)).
Des études se sont penchées sur les
performances des pays d'Asie et force était de constater que les
politiques commerciales de ces pays sont plutôt le résultat de
combinaisons complexes entre ouverture et fermeture dont la finalité est
d'aider les économies à construire leurs avantages
compétitifs.
3. Intérêt et choix du sujet
Libéraliser les échanges pour s'intégrer
au commerce mondial mais avec le risque de se voir davantage marginaliser par
manque de compétitivité ou pratiquer un protectionnisme soutenu
et passer à côté des effets positifs prouvés du
commerce international.
Alors en quête d'un sujet de mémoire, nous avons
été frappé par ce dilemme particulier posé aux
économies des Etats africains. Dès lors, le sujet de notre
mémoire semblait tout trouvé : une étude portant sur
le commerce international avec un regard particulier sur les performances
commerciales du continent africain et ainsi que sur la voie à suivre
pour son intégration au commerce mondial.
4. Délimitation spatio-temporelle
Notre analyse couvre le commerce international sur tous ses
aspects en considérant toutes les nations prenant part à ce
système et les activités concernant les échanges entre ces
nations sont pratiquement reparties sur la période allant de
l'après 2ème Guerre mondiale à nos jours mais
avec un accent particulier sur la période 1980-2000. Cette
délimitation se justifie simplement par le fait que c'est au cours de
cette période que le commerce mondial a connu un développement
significatif à l'échelle réellement international quoi
qu'il puisse remonter à plusieurs siècles avant.
5. Méthodologie de recherche
Pour la réalisation de ce travail, nous avons
principalement utilisé les méthodes et techniques
suivantes :
- La technique documentaire. En rapport à notre
sujet, il fallait en effet s'orienter à partir des écrits des
nombreux auteurs ;
- La méthode descriptive. Au cours de cette
étude, nous avons eu à relever les structures du commerce
international, son évolution et ainsi que les tendances
actuelles ;
- L'analyse comparative. Nous avons aussi
été amené à effectuer des comparaisons entre les
différents groupements économiques mondiaux. Ce qui était
indispensable pour voir plus claire enfin de tirer des conclusions à
notre étude ;
- L'historique. Il nous a fallu en même temps
cerner l'histoire de l'évolution du commerce international à
travers les différentes théories élaborées par les
économistes de différentes époques.
6. Canevas du travail
Ce travail est subdivisé en 4 chapitres, à
savoir :
- Chapitre 1. Théories et revue de la
littérature économique. Ce chapitre passe en revue la
littérature économique concernant les raisons qui poussent l'une
ou l'autre nation à s'engager dans les échanges internationaux
mais aussi celles qui les motivent à ne pas le faire ;
- Chapitre 2. Les principales tendances du commerce
international. Il traite des échanges entre les nations d'une
manière quantitative, institutionnelle et organisationnelle ;
- Chapitre 3. Les performances commerciales de
l'Afrique. Ce dernier s'est particulièrement appesanti sur le
continent africain en mettant en exergue les caractéristiques du
commerce africain ;
- Chapitre 4. L'intégration de l'Afrique au commerce
international. Dans ce chapitre, nous avons démontré à
partir d'une étude menée sur les pays asiatiques que
l'intégration au commerce mondial passait par l'ouverture aux
échanges mais que celle-ci devrait être vue à travers des
politiques commerciales bien élaborées ; mais aussi et bien
sûr à travers l'aide de la communauté internationale.
Ce mémoire a en plus de ces 4 chapitres, une
introduction et une conclusion.
Chapitre I
Théories et revue de la littérature
économique
Le
commerce mondial n'est pas récent. Dans l'Antiquité
déjà, les échanges pratiqués par les Grecs et les
Romains étaient intenses. Plus tard, la richesse des cités-Etats
comme Gênes ou Venise a reposé essentiellement sur leurs relations
commerciales et jusqu'à aujourd'hui, nous assistons pratiquement
à la multiplication des échanges entre toutes les nations du
monde.
Cela étant, dans ce chapitre, nous nous sommes
intéressés aux généralités sur le commerce
international (Première section) c'est-à-dire aux facteurs qui
motivent les différentes nations à commercer entre elles et mais
aussi dans une certaine mesure à protéger certains secteurs de
leurs économies. Ensuite, nous avons traité des aspects
théoriques du commerce international (Deuxième section) où
nous passons en revue les théories classiques traditionnelles, son
évolution ainsi que les nouvelles théories du commerce
international et pour finir enfin par un point concernant la participation des
pays en développement au commerce international.
Section 1. Généralités sur le
commerce international
1. Commerce international et bénéfices
économiques (13(*))
Pourquoi les pays s'engagent-ils dans les échanges
commerciaux ? En quoi les échanges commerciaux sont-ils avantageux ?
Les économistes avancent depuis des années un
grand nombre d'arguments en faveur du commerce international des produits.
Certains sont manifestes et relèvent du bon sens tandis que d'autres
sont moins évidents à saisir. Ces arguments peuvent être
regroupés en trois grandes catégories en fonction des
critères sur lesquels ils reposent ; à savoir :
- l'augmentation induite par le commerce du montant total de
biens et de services disponibles pour la population du pays (thèse de
l'accroissement de la consommation) ;
- la diversité de biens et de services auxquels la
population peut accéder grâce au commerce (thèse de la
diversification) ;
- la stabilité de l'offre et des prix des biens et
services qui résulte du commerce (thèse de la
stabilité).
1.1. Commerce et croissance
Une des raisons qui fait que le commerce international peut
augmenter le volume des biens et services disponibles dans un pays donné
et à un moment donné est que celui-ci permet d'acheter des biens
et services dans les lieux où leurs coûts de production sont
comparativement moindres. Les ressources locales qui, en l'absence de commerce,
étaient employées à la production de certains biens sont
dès lors libérées ce qui permet que d'autres biens soient
produits en une proportion plus importante. Plus des détails à ce
sujet seront évoqués à la section 2 sur l'approche
théorique du commerce international.
Une autre raison pour laquelle le commerce extérieur
peut améliorer l'efficacité, c'est qu'il permet à une
industrie d'étendre son marché au-delà des limites de
l'économie nationale. Grâce aux exportations, une industrie peut
produire plus et, s'il existe des économies d'échelle, le
coût moyen de ses produits tendra alors à diminuer.
En outre, en ouvrant leurs frontières aux transactions
commerciales, les pays forcent leurs entreprises à être
concurrentielles avec les biens et services produits à l'étranger
et, donc, à rester compétitives en répercutant la baisse
des coûts de production dans leurs prix de vente au consommateur. Cet
élément est particulièrement décisif lorsqu'il
s'agit d'entreprises qui, de par les caractéristiques de leurs
procès de production (importance des coûts initiaux,
substantielles économies d'échelle, dépendance
vis-à-vis d'un composant spécialisé dont l'offre est
limitée), tendent à occuper une position de monopole ou
d'oligopole. Les industries de l'automobile et des
télécommunications en sont de bons exemples. La participation au
commerce international peut alors être un bon moyen de stimuler la
concurrence et de renforcer l'efficacité de ces activités.
1.2. Commerce et accès aux produits
Le commerce extérieur a aussi un impact
bénéfique en ce qu'il offre aux consommateurs et aux producteurs
nationaux un choix de biens et de services qui ne seraient pas disponibles
autrement. Dans la mesure où cela concerne aussi bien des produits de
consommation finale que des biens intermédiaires et des intrants, le
commerce extérieur apparaît donc à la fois comme favorable
aux consommateurs et au développement de la capacité de
production nationale.
La diversité renvoie à la disponibilité
des biens qui ne peuvent être produits dans le pays ou qui ne pourraient
l'être qu'à des conditions très particulières et
très onéreuses (par exemple, des mangues en Scandinavie). Elle
renvoie aussi aux divers types et marques de biens réellement produits
dans un pays (comme par exemple les différentes variétés
de pommes, les types de pompes à moteur ou les morceaux de viande) et
aux biens qui ne sont pas produits dans le pays mais qui pourraient
l'être à un prix de revient encore convenable.
1.3. Commerce et fluctuations
Le commerce extérieur peut également servir
à lisser des excédents transitoires de l'offre ou de la demande
sur le marché intérieur et empêcher ainsi, ou
réduire, les fluctuations des cours et les ruptures d'approvisionnement.
A cet égard, les produits agricoles peuvent particulièrement
bénéficier du commerce international car les marchés
agricoles ont tendance à être relativement plus instables du fait
de la rigidité de l'offre (la production agricole a besoin d'un certain
temps pour réagir aux mouvements du marché), des facteurs
exogènes qui influencent fortement la production (comme le climat ou les
maladies), et de la faible sensibilité de la demande alimentaire aux
variations de prix (ce qu'on appelle la faible élasticité). Dans
les années d'abondance, un pays capable de subvenir largement à
ses besoins en produits agricoles et alimentaires devra faire face à des
excédents agricoles qui auront tendance à faire baisser fortement
les prix au producteur. Le marché international pourra alors servir
à résorber ces excédents avec un minimum
d'interférence sur les prix intérieurs et les revenus. Et lors de
mauvaises années, ce sera le contraire qui se produira.
Il faut toutefois souligner que le commerce peut aussi
être une source d'instabilité pour les prix. Lorsqu'un pays est
ainsi fortement spécialisé dans la production de certains biens
d'exportation et qu'il dépend très largement des importations
d'autres produits, il devient très sensible aux fluctuations des prix
internationaux.
2. Protectionnisme et
libre-échange
Tout le monde est aujourd'hui d'accord pour dire qu'un pays
pourrait difficilement survivre sans commerce extérieur et que,
même s'il pouvait se suffire à lui-même en vivant en
autarcie, il en subirait probablement de lourdes conséquences. De fait,
la grande question est de savoir s'il doit y avoir plus de protection, moins de
protection, ou pas de protection du tout.
2.1. Les arguments en faveur du
protectionnisme
Le protectionnisme est une politique économique qui
vise à apposer des barrières, tarifaires et/ou non tarifaires,
à l'entrée biens et services en provenance d'autres pays.
(14(*))
Le protectionnisme peut être défendu de
plusieurs manières : pour des raisons purement économiques,
ou pour d'autres motifs, comme par exemple des considérations
d'équité, de sécurité nationale, de défense
de groupes vulnérables, pour éviter des risques jugés
inacceptables, ou pour défendre des intérêts à des
fins politiques. Dans le cas du secteur agricole, le protectionnisme peut aussi
être justifié pour des raisons de sécurité
alimentaire. Ainsi, nous abordons ci-dessous les principaux arguments mis en
avant dans le débat pour ou contre le protectionnisme.
2.1.1. Les arguments économiques
§ La protection les industries naissantes
Parmi tous les arguments économiques en faveur du
protectionnisme, le plus influent est celui qui concerne les industries
naissantes. Le protectionnisme se justifie alors comme mesure temporaire
donnant le temps à une industrie naissante de se développer
jusqu'à ce qu'elle soit prête à affronter la concurrence
internationale. On peut énumérer plusieurs raisons pour
étayer la nécessité de protéger une industrie en
phase de démarrage. Celles le plus fréquemment citées se
rapportent aux économies d'échelle, au processus d'apprentissage
technologique et managérial, aux coûts de démarrage (la
recherche de débouchés, les ajustements technologiques, etc.), et
aux économies externes à l'entreprise mais internes au secteur
d'activité dont l'amélioration implique des aides et du temps
mais qui, une fois développées, permettront à
l'activité de vivre seule.
§ Les imperfections du marché
Des mesures de protection sont également
recommandées lorsque les marchés liés à une
activité donnée n'existent pas ou ne fonctionnent pas bien. Dans
ce cas, le protectionnisme permet à cette branche d'activité de
fonctionner en dépit des imperfections du marché. Dans un pays,
l'inexistence ou l'inadaptation des marchés financiers peuvent ainsi
empêcher de réunir les fonds nécessaires à la
modernisation d'une activité et, par conséquent, de
résister à la concurrence internationale. Des mesures de
protection peuvent alors permettre au secteur concerné de faire des
profits supplémentaires nécessaires pour financer son expansion
et sa modernisation technique ultérieure.
§ Les externalités
Un argument lié mais néanmoins distinct des
précédents est favorable au protectionnisme lorsque celui-ci
protège les activités qui ont des effets externes et des
répercussions bénéfiques sur d'autres secteurs ou groupes
sociaux. C'est ce genre d'argument qui est utilisé pour défendre
la poursuite des mesures de protection des agriculteurs de l'Union
européenne dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC). On
affirme ainsi que l'agriculture est une activité dont le rôle ne
se cantonne pas à la production d'aliments mais englobe aussi la
protection de l'environnement, la gestion des sols et la préservation du
paysage rural et d'un art de vivre paysan. En protégeant les
agriculteurs européens de la concurrence internationale, ce sont donc
ces effets latéraux bénéfiques, pour lesquels les
consommateurs et les citoyens sont semble-t-il disposés à payer,
que l'on cherche à préserver.
§ § L'impact des termes de
l'échange
Un autre argument économique est connu des
économistes sous l'appellation de « la théorie du droit
de douane optimal ». Prenons le cas de pays importateurs ou
exportateurs, suffisamment grands pour influencer les cours mondiaux d'un
produit donné. Un droit de douane à l'importation (ou une taxe
à l'exportation) peut alors favoriser les termes de l'échange de
ce pays. En effet, en restreignant les importations, ce droit de douane
affaiblira la demande mondiale et, par conséquent, poussera à la
baisse le prix du produit importé. De façon similaire, en
freinant les exportations, la taxe à l'exportation contribuera à
diminuer l'offre mondiale et poussera le prix du produit exporté
à la hausse.
2.1.2. Les arguments
non-économiques
Les raisons politiques et sociales aux mesures de protection
ont souvent beaucoup plus de poids que les arguments purement
économiques. Le système de protection cherche alors surtout
à éviter l'impact négatif de la concurrence des
importations sur le revenu des détenteurs nationaux de facteurs de
production. C'est aussi un moyen d'exercer une discrimination positive
destinée à privilégier certains groupes
considérés comme méritants par le système politique
en place. C'est par exemple le cas des agriculteurs de nombreux pays, en
particulier en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. On a là affaire
à des sociétés qui, pour des raisons historiques,
politiques et sociales, ont décidé d'accorder un traitement
économique particulier à leur secteur agricole, aux
dépens, éventuellement, d'une hausse des prix au consommateur et
d'une augmentation des taxes (et d'opportunités réduites pour les
pays partenaires). Il s'agit là d'un luxe que les pays en
développement ne peuvent guère s'offrir.
Des pressions politiques, exercées par de puissants
groupes industriels ou syndicaux qui risquent de perdre leurs acquis du fait de
la libéralisation des échanges, sont aussi souvent à
l'origine des mesures protectionnistes.
2.1.3. Les arguments liés à la
sécurité alimentaire
Les mesures de protection peuvent également être
préconisées pour des raisons de sécurité
alimentaire. Selon la FAO, la sécurité alimentaire consiste
à garantir, à chaque être humain, un accès
économique et physique stable aux aliments de base dont il a besoin.
Cela recouvre trois composantes : la disponibilité, la
stabilité et l'accès. Les Etats peuvent par conséquent
tenter de garantir, par des mesures de protection, un niveau minimum de
production de produits alimentaires essentiels. Les mesures de protection
peuvent également servir à protéger les consommateurs des
trop fortes variations internationales et à sauvegarder le
bénéfice social et politique lié à
l'alimentation.
2.2. Les instruments de protection
Les Etats interviennent dans le commerce agricole au moyen
d'instruments directs ou indirects et ce, avec des objectifs variés. Les
plus courants visent à accroître les revenus de l'Etat, à
soutenir les revenus des producteurs, à réduire les prix à
la consommation des produits alimentaires, à atteindre l'autosuffisance
ou encore à contrecarrer les interventions des autres pays. Ces divers
instruments sont analysés dans les sections qui suivent.
Tableau I.2.
Les principaux instruments de protection
Les interventions directes
|
Les interventions indirectes
|
Les droits de douane
|
La gestion du taux de change
|
Les quotas d'importations et exportations
|
Les programmes par produit
|
Les subventions aux exportations
|
Les aides à la commercialisation
|
Les barrières sanitaires et phytosanitaires
|
Les subventions aux intrants et les exonérations
d'impôts
|
|
L'aide à l'investissement à long-terme
|
Source : FAO, Les Négociations Commerciales
Multilatérales sur l'Agriculture - Manuel de Référence - I
- Introduction et Sujets Généraux, Rome 2001.
2.2.1. Les instruments de protection
directe
Les instruments de protection directe portent sur les
produits échangés sur le marché mondial soit
importés soit exportés. Les instruments de protection les plus
utilisés sont les droits de douane, les quotas d'importation et
d'exportation, et les taxes et subventions aux exportations.
§ Les droits de douane
Un droit de douane est une taxe prélevée sur un
produit importé. Certains droits spécifiques sont
prélevés sous forme d'une somme fixe par unité de
marchandise importée (par exemple, 3 dollars EU prélevés
sur chaque baril de pétrole). Les droits ad valorem correspondent
à un pourcentage du prix CAF (15(*)) du produit importé, soit par exemple 20 % du
prix CAF d'un tracteur. Les droits de douane peuvent être fixes (une
somme constante par unité ou un pourcentage du prix CAF) ou variables
(le montant varie selon le prix CAF lui-même).
Les droits de douane constituent le plus simple et le plus
ancien des instruments de politique commerciale. Traditionnellement les Etats
les utilisaient comme source de revenus mais de nos jours ils les utilisent
plutôt pour soustraire certains de leurs secteurs intérieurs de la
concurrence internationale, en augmentant de manière artificielle le
prix des produits importés.
Les droits de douane ont pour conséquence de relever
les prix au consommateur des produits importés ; ils augmentent les
revenus de l'Etat et tendent à inciter les producteurs nationaux
à accroître leur production de biens substituables aux
importations; ils constituent donc une forme d'incitation à
développer la production et à remplacer les importations. Les
droits de douane augmentent par conséquent les revenus des producteurs
et de l'Etat au détriment des consommateurs et contribuent à ce
que la production intérieure soit plus importante qu'en l'absence de
mesures de protection.
§ Les quotas
Les quotas sont définis par l'Etat à partir de
la quantité physique des importations ou des exportations. Ils peuvent
être instaurés unilatéralement par un Etat ou bien
être négociés avec les pays importateurs ou exportateurs
qui consentent « volontairement » à restreindre leurs
importations ou exportations (16(*)). Vu qu'il limite le montant de devises mises
à la disposition des importateurs et des citoyens qui voyagent à
l'étranger, le contrôle des changes constitue un genre particulier
de quota dont la caractéristique est de restreindre toutes les
importations en général et pas seulement les importations d'une
seule marchandise.
Les Etats mettent généralement en place les
systèmes de quotas par le biais de licences. Il s'agit de titre de
propriété portant sur le droit pour leur détenteur
d'importer ou d'exporter une certaine quantité d'un bien donné.
L'Etat peut fort bien vendre ces licences ou les mettre aux enchères
auprès des importateurs et exportateurs intéressés ;
il peut également les délivrer gratuitement en fonction de
critères administratifs.
Tout comme les droits de douane, les quotas d'importation ont
tendance à renchérir les prix intérieurs des produits
importés et à augmenter au détriment des consommateurs les
revenus des producteurs nationaux des produits qui concurrencent ces
importations.
§ § Les taxes à l'exportation
Les taxes à l'exportation sont imposées sur les
produits exportés. Tout comme les droits de douane à
l'importation, ces taxes peuvent être prélevées par
unité physique ou sous forme de pourcentage du prix FOB. Les taxes
d'exportation sont normalement utilisées par les Etats pour augmenter
les revenus publics. Bien que cette forme de financement ait eu tendance
à être écartée au cours des dernières
années, elle était utilisée dans la période
précédant les ajustements structurels, de façon
très courante dans les pays où les exportations de produits
primaires offraient le moyen le plus simple et le plus sûr de collecter
des revenus fiscaux. Les taxes d'exportation contribuent à
réduire le prix des produits d'exportation qui est payé au
producteur et à diminuer le prix de vente de ces produits sur le
marché intérieur. La taxation des exportations de blé et
de viande imposée par l'Etat argentin a ainsi eu pour effet d'abaisser
le prix perçu pour ces produits par les agriculteurs argentins et aussi
de réduire les prix à la consommation. De part ces effets sur les
prix, les taxes sur les exportations ont plutôt tendance à
décourager la production intérieure tout en encourageant la
consommation intérieure des produits exportés, et contribuent
ainsi à diminuer à terme les quantités exportées.
Les taxes sur les exportations profitent donc aux consommateurs nationaux et
aux finances publiques au détriment des producteurs.
§ Les subventions à l'exportation
Une subvention à l'exportation est le versement fait
à un individu ou à une entreprise qui expédie des biens
vers l'étranger. Tout comme les droits de douane et les taxes
d'exportation, ces subventions peuvent être spécifiques ou ad
valorem. Elles incitent les producteurs et les négociants à
exporter en rendant leurs ventes à l'étranger plus rentables, ce
qui a pour effet d'entraîner à la hausse les prix de ce produit
sur le marché intérieur. Lorsqu'un Etat subventionne
l'exportation d'un produit, les commerçants auront tendance à
exporter ce produit jusqu'au moment où le prix intérieur sera
supérieur à la somme du prix d'exportation et de la subvention.
Les subventions à l'exportation privilégient donc les producteurs
de biens d'exportation et les commerçants, au détriment des
consommateurs nationaux et des contribuables.
§ Les barrières sanitaires et
phytosanitaires
Les barrières sanitaires et phytosanitaires
appliquées aux importations ne sont pas en elles-mêmes des
instruments de protection commerciale mais peuvent aisément le devenir.
De fait, elles ont délibérément été de plus
en plus souvent utilisées de façon à servir de bouclier
aux producteurs nationaux face à la concurrence internationale. Il n'est
pas rare, en effet, que les Etats adoptent de telles mesures non pas tant en
prévention de risques sanitaires confirmés par des preuves
scientifiques, mais plutôt en réponse à l'activisme
développé par certains lobbies. De ce fait, la question des
barrières sanitaires et phytosanitaires occupe une place essentielle
dans l'ordre du jour des négociations commerciales internationales.
2.2.2. Les instruments de protection
indirecte
§ La gestion du taux de change
Le taux de change correspond à de la monnaie nationale
exprimé en devises étrangères. Il détermine par
conséquent le montant de monnaie nationale qu'un exportateur percevra en
contrepartie d'une valeur donnée d'exportations et aussi le montant
qu'un importateur paiera pour une valeur donnée d'importations. En
relevant ce cours, une dévaluation entraîne une hausse du montant
de monnaie nationale qui sera perçu par les exportateurs et du prix qui
sera payé par les importateurs. La dévaluation d'une monnaie
encourage par conséquent les exportations tout en décourageant
les importations. Et ces hausses des prix assurent une meilleure protection
globale de tous les exportateurs nationaux et des producteurs de biens de
substitutions. Le contraire vaut pour la surévaluation ; un taux de
change surévalué décourage les exportations et encourage
les importations car il agit comme une subvention aux importations et une taxe
aux exportations.
Alors qu'une dévaluation peut avoir lieu du jour au
lendemain, suite à une décision politique, une
surévaluation ne se produit que sur la durée et résulte de
l'inadaptation du taux de change (à savoir, l'absence de
dévaluation) lorsque l'inflation du pays est supérieure à
celle des principaux partenaires commerciaux. Etant donné qu'une
dévaluation pousse à la hausse les prix des biens d'exportation
et d'importation, elle tend à avoir un effet inflationniste. La peur
d'alimenter le processus interne d'inflation empêche donc souvent les
autorités monétaires de recourir à la dévaluation
lorsqu'ils font face à une situation d'inflation latente, et ce
malgré son impact potentiellement positif sur la balance commerciale.
§ Les programmes par produit
Les programmes par produit sont le principal instrument de
protection utilisé par les Etats-Unis, l'Union européenne, le
Japon et d'autres pays encore pour soutenir leurs producteurs nationaux. Ces
programmes sont conçus pour garantir le revenu des agriculteurs et
comportent généralement des quotas d'importations et des
subventions aux exportations. Ils incluent des paiements directs aux
agriculteurs sous forme de prix subventionnés ainsi que des programmes
de gestion de l'offre visant à diminuer les surfaces
emblavées.
Un bon exemple de paiements directs visant à
subventionner les prix des cultures est fourni par le système de
montants compensatoires pratiqué aux Etats-Unis afin de soutenir les
cultures céréalières et oléagineuses ; ce
système offrant aux agriculteurs la différence entre le prix de
marché et un prix cible ou prix de garantie lorsque ce dernier est
supérieur au premier. Comme exemple de programme de gestion de l'offre,
on peut citer le système des primes payées pour le maintien des
terres en jachère instauré dans le cadre de la politique agricole
de l'Union européenne. Dans le passé, les Etats-Unis avaient
également mis en oeuvre un programme similaire de réduction des
superficies cultivées. Il était alors demandé aux
agriculteurs de réduire leurs superficies emblavées par une
espèce donnée, selon un pourcentage déterminé sur
une base historique, pour qu'une certaine somme leur soit versée
(17(*)). Ces programmes
visent à limiter la production intérieure de certaines
espèces de manière à maintenir les prix de marché,
tout en évitant ou réduisant la création des surplus
d'exportation.
§ Les aides à la commercialisation
Les instruments de soutien à la commercialisation
cherchent à diminuer les coûts de commercialisation des
producteurs nationaux, par le biais de divers programmes tels que les
subventions au transport et au stockage ou les crédits de
commercialisation à taux subventionné.
§ Les subventions aux intrants et les
exonérations d'impôts
Les subventions aux intrants visent à réduire
les coûts de production en diminuant le coût des intrants.
Habituellement, ils prennent la forme de subventions appliquées
directement sur intrants (les subventions pourront ainsi représenter,
par exemple, une réduction de 10 % sur le prix courant),
d'exonérations d'impôts indirects sur les intrants (comme les
exonérations de taxes sur les carburants utilisés par les engins
agricoles), de crédits à taux subventionnés pour les
emprunts destinés aux agriculteurs (comme les crédits de campagne
à taux bonifié), de programmes publics d'assurances
spécifiques réservés aux agriculteurs (telle
l'assurance-récolte), de services gratuits ou subventionnés, ou
encore de la prise en charge totale ou partielle des coûts d'irrigation,
etc. Un autre moyen de garantir le revenu des agriculteurs consiste à
exonérer les exploitations agricoles du paiement des impôts sur
les bénéfices ou de leur offrir un traitement
préférentiel dans ce domaine.
§ § Les subventions aux investissements à
long terme
Les aides à l'investissement à long terme
visent à améliorer la productivité et la
rentabilité du secteur agricole. Les composantes les plus importantes
sont les investissements dans la recherche agricole et dans
l'amélioration des infrastructures agricoles telles que l'irrigation et
le drainage. Nombre de pays subventionnent ce type d'investissements de
façon plus ou moins marquée. D'autres investissements à
long terme consistent aussi à améliorer les infrastructures
routières et portuaires, les installations de stockage et les
systèmes d'information.
2.3. Les arguments contre le
protectionnisme
Les principaux arguments contre le protectionnisme sont au
nombre de quatre. On dit ainsi que le protectionnisme favorise les
activités non-rentables, qu'il encourage les comportements de type
rentier, qu'il implique toujours un coût social net, et enfin que pour
atteindre ses objectifs, il existe généralement des mesures
beaucoup plus directes et plus rentables que celles qui restreignent le
commerce extérieur.
2.3.1. La protection des activités non
rentables
Le premier argument met l'accent sur le fait que, même
en n'isolant que partiellement les producteurs nationaux de la concurrence
internationale, le protectionnisme permet à des industries inefficaces
et peu rentables de se perpétuer aux dépens des consommateurs et
de la dynamique de croissance. De plus, il fait échec à la
dynamique d'accumulation de savoir-faire et d'innovation qui, normalement,
devrait être stimulée par la concurrence internationale. En
limitant la concurrence et en augmentant artificiellement les profits, les
entreprises attirées par le secteur protégé et en mesure
d'y survivre sont finalement plus nombreuses que ce qui serait
économiquement justifié. Les parts de marchés s'en
trouvent réduites d'autant, ce qui, du même coup, empêche
les économies d'échelle.
2.3.2. Encouragement des comportements
rentiers
Un second argument avancé soutient que les mesures
protectionnistes sont souvent décidées par des dirigeants
politiques en faveur des secteurs d'activité, de façon
plutôt conjoncturelle et souvent clientéliste, et qu'elles ne sont
que rarement liées à des pertes clairement identifiables et
quantifiables. En général, ceci amène les entrepreneurs et
propriétaires de moyens de production à faire pression sur les
pouvoirs publics afin d'obtenir certaines concessions administratives qui leurs
seront favorables et qui correspondent à des comportements de type
rentier. Les tenants du libre-échange argumentent dès lors que,
comme dans la plupart des cas, les systèmes politiques rendent ces
comportements pratiquement inévitables, les pays ont tout
intérêt à promouvoir le libre - échange ou, tout au
moins, à instaurer des droits de douane peu élevés,
applicables uniformément et de façon transparente à tous
les secteurs.
2.3.3. Coût élevé pour la
société
Un autre argument allant à l'encontre du
protectionnisme prétend que ce dernier appauvrit globalement la
société dans son ensemble. Les instruments de protection et leurs
conséquences économiques. On peut toutefois déjà
avancer que même si les producteurs bénéficient de mesures
de protection et que l'Etat s'assure des revenus grâce au
supplément de taxes, ces gains sont plus que compensés par les
augmentations des prix au consommateur des biens protégés. Et si
le mécanisme de protection prend la forme d'une subvention aux
producteurs ou aux intrants, alors ce sont les contribuables qui seront
perdants.
2.4. La libéralisation du commerce
extérieur
Du fait de différentes raisons évoquées
ci-haut, il y a à l'heure actuelle un certain consensus parmi les
responsables du monde entier pour considérer que le commerce est
avantageux et qu'il faut favoriser l'accroissement des échanges
commerciaux. Le chemin pour y parvenir passe par une réduction
progressive des niveaux de protection après négociations et
concessions réciproques. Il y a deux méthodes compatibles pour
tendre vers cet objectif. L'une consiste à établir des accords
économiques régionaux visant à réduire ou à
éliminer les obstacles au commerce entre un nombre limité de
pays, souvent mais pas toujours voisins. L'autre passe par des
négociations commerciales multilatérales (NCM) comme celles qui
ont eu lieu depuis plusieurs décennies dans le cadre du GATT et
maintenant sous l'égide de l'OMC. Ces accords sont appelés
multilatéraux parce que sont exclues de leur cadre les mesures de
traitement préférentiel qu'un pays peut instaurer
vis-à-vis d'un ou plusieurs autres pays, et parce qu'ils sont
fondés sur l'application de la clause de la nation la plus
favorisée (NPF) envers chacun des pays participant à cet accord
(18(*)).
Pour ce qui concerne l'arbitrage entre protectionnisme et
libéralisation, on devrait toujours garder à l'esprit que ces
deux modèles sont des idéaux-types et que peu de pays
répondent exactement à l'un ou l'autre d'entre eux alors que la
majorité se situe dans un spectre dont ces deux modèles sont les
extrêmes.
Section 2. Approche théorique du commerce
internationale
1. Cadre classique traditionnelle
Les auteurs classiques de l'analyse économique
justifient les échanges internationaux au nom de l'allocation optimale
des ressources au niveau mondial. En effet, l'analyse des relations
économiques internationales répond à la même
problématique que celle développée dans un cadre national
: comment satisfaire un maximum de besoins avec des ressources
limitées.
1.1. La théorie des avantages
absolus
1.1.1. La théorie d'Adam Smith
Adam Smith, dans son ouvrage intitulé
« La recherche sur la nature et les causes de la richesse des
Nations » intègre son analyse des échanges
internationaux dans son analyse globale du fonctionnement de l'activité
économique. Il se fonde donc sur les mêmes principes
(liberté individuelle, recherche du profit, concurrence) pour inciter
les Etats à se spécialiser sur les productions
sur lesquelles ils bénéficient d'un avantage
absolu.
- La notion d'avantage absolu
Du fait notamment de dotations initiales en ressources
naturelles favorables, ou d'une avance technologique, les pays disposent d'un
certain nombre de secteurs d'activité pour lesquels ils
bénéficient d'un avantage absolu, c'est à dire pour
lesquels les entreprises nationales produisent à un coût de
production inférieur à celui d'une entreprise
étrangère.
- Le principe de spécialisation
En conséquence, chaque nation doit chercher à se
spécialiser dans les secteurs d'activité pour lesquels elle
dispose de cet avantage absolu. Ceci signifie que les facteurs de productions
ne servent pas à produire l'ensemble des biens et services
nécessaires à la satisfaction des agents économiques
nationaux mais doivent être concentrés sur un nombre limité
de biens et services ou la nation possède un avantage comparatif en
terme de coût de production. Elle justifie donc ainsi l'échange et
la spécialisation internationale (19(*)).
- - La division internationale du travail
De ce fait, si cette spécialisation se met en place
entre les différentes nations participant aux échanges
internationaux, il se crée ainsi une division internationale du travail
fondée sur les avantages comparatifs dont dispose chaque nation à
un moment donné.
Cette division internationale, non seulement favorise une
allocation optimale des ressources au niveau mondial, mais en plus est
favorable pour l'ensemble des nations participant aux échanges.
1.1.2. Démonstration de la
théorie
Soient deux pays A et B disposant chacun de 12 unités
de production permettant de produire deux biens X et Y de la manière
suivante :
|
Pays A
|
Pays B
|
Bien X
|
6
|
3
|
Bien Y
|
3
|
6
|
Le pays A doit consommer 6 unités de production pour
produire un bien X et trois unités de production pour produire un bien
Y
Si chaque pays produit les deux biens X et Y, alors la
production de chaque nations sera de :
|
Pays A
|
Pays B
|
Monde
|
Unités de production
|
12
|
12
|
24
|
Bien X produits
|
1
|
2
|
3
|
Bien Y produits
|
2
|
1
|
3
|
Sans spécialisation, la production mondiale est donc de
3 biens X et de trois biens Y pour une utilisation totale de 24 unités
de facteurs de production.
Si les pays A et B respectent la théorie des avantages
absolus, alors chacun va se spécialiser sur le secteur d'activité
pour lequel il bénéficie d'un avantage comparatif absolu, soit la
production de biens Y pour le pays A et la production de biens X pour le pays
B.
La production des deux pays sera alors la suivante :
|
Pays A
|
Pays B
|
Monde
|
Unités de production
|
12
|
12
|
24
|
Bien X produits
|
0
|
4
|
4
|
Bien Y produits
|
4
|
0
|
4
|
La spécialisation permet d'accroître la
production mondiale de biens et services pour une consommation constante de
facteurs de production et permet alors de satisfaire un plus grand nombre de
besoins.
David Ricardo reprend ce concept mais ne se situe plus dans le
cadre des avantages absolus mais dans le cadre des avantages relatifs.
1.2. La théorie des avantages
relatifs
David Ricardo applique l'approche d'Adam Smith à une
situation où un pays dispose d'un avantage absolu dans tous les domaines
de production. Selon Adam Smith, cette situation conduirait à ce que le
pays le plus compétitif produise l'ensemble des biens de production.
Hors, la réalité est différente. David Ricardo en cherche
donc les raisons et tend par la même à démontrer que les
Etats ont toujours intérêt à échanger, même si
l'un est plus compétitifs que l'autre dans tous les domaines.
1.2.1. La théorie de David Ricardo
- La notion d'avantage comparatif (ou
relatif)
Au concept d'avantage absolu, Ricardo propose le concept
d'avantage relatif en disant qu'un pays dispose d'un avantage comparatif
relatif par rapport à un autre pays dans la production ou son coût
de production est le moins éloigné de celui du pays le plus
compétitif, c'est à dire dans la production ou l'écart de
coût entre les deux pays est le plus faible.
Le principe de l'avantage comparatif, dénommé
aussi le principe des coûts comparés, s'énonce ainsi :
« A la condition nécessaire et suffisante qu'il existe une
différence entre les coûts comparés constatés en
autarcie dans plusieurs pays, chacun d'eux trouvera avantage à se
spécialiser et à exporter les biens pour lesquels il dispose du
plus fort avantage comparé ou du moindre désavantage
comparé, en important en échange les autres biens de ses
partenaires » (20(*)).
Il est l'argument économique le plus
général et le plus puissant pour démontrer
l'intérêt de l'échange international et de la
spécialisation.
- Le principe de spécialisation
Chaque pays va donc devoir se spécialiser et
échanger même si un pays est moins productif que l'autre dans
toutes les productions. En effet, cette spécialisation permettra
globalement d'économiser des facteurs de production.
- La division internationale du travail
La division internationale du travail reste donc souhaitable
mais diffère de celle qui découlerait de l'analyse fondée
sur la théorie des avantages absolus.
1.2.2. Démonstration de la
théorie
David Ricardo prend pour exemple le cas de la Grande-Bretagne
et du Portugal qui échangent des draps et du vin alors que le Portugal
dispose dans ces deux domaines d'un avantage comparatif absolu que l'on peut
estimer en terme de coûts de production de la manière suivante
:
Coûts de production du drap et du vin :
|
Grande-Bretagne
|
Portugal
|
Drap
|
100
|
90
|
Vin
|
120
|
80
|
Le Portugal est plus productif que la Grande-Bretagne dans les
deux productions avec un avantage comparatif de 10 pour le drap (100 - 90) et
de 40 pour le vin (120 - 80).
Si chaque pays produit une unité de chacun des biens
considérés, on obtient donc une consommation de facteurs de
production de 390 :
|
Grande-Bretagne
|
Portugal
|
Monde
|
Drap
|
100
|
90
|
190
|
Vin
|
120
|
80
|
200
|
Total
|
220
|
170
|
390
|
Les pays, selon Ricardo, auront quand même
intérêt à se spécialiser pour continuer à
échanger afin de limiter au niveau mondial la consommation de facteurs
de production.
Cette spécialisation se faisant en fonction du
différentiel de coûts de production, la Grande-Bretagne va donc se
spécialiser dans la production de draps puisque son désavantage
compétitif (- 10) y est plus faible que dans la production de vin (-
40).
La Grande-Bretagne produira donc 2 unités de draps et
le Portugal 2 unités de vin, pour un coût total de production de
:
|
Grande-Bretagne
|
Portugal
|
Monde
|
Drap
|
200
|
0
|
200
|
Vin
|
0
|
160
|
160
|
Total
|
200
|
160
|
360
|
Le coût de production mondial après
spécialisation (360) est inférieur au coût de production
mondial avant spécialisation (390).
La spécialisation, selon le principe des avantages
comparatifs relatifs, permet donc de produire les mêmes quantités
de biens en économisant des facteurs de production.
Pour Conclure, que se soit Smith ou Ricardo, le
développement des échanges internationaux repose donc sur le
principe d'une division internationale du travail (spécialisation)
fondée sur les avantages comparatifs des nations (absolu ou relatif) qui
permet de satisfaire les besoins en utilisant moins de facteurs de production
tout en étant profitable à l'ensemble des pays participant aux
échanges.
2. Prolongement contemporain de l'échange
international
Au début du XXe siècle, deux auteurs
suédois, E. Heckscher (1919) et B. Ohlin (1933) ont renouvelé la
théorie de l'avantage comparatif en l'expliquant par des
éléments plus facilement modélisables qui sont les
quantités relatives de facteurs (terre, travail, capital)
détenues par une région ou par une nation. L'intuition de ces
auteurs est que les pays exportent les produits contenant intensivement les
facteurs dont ils disposent en abondance et importent les biens qui
nécessitent l'utilisation de facteurs dont ils ont pénurie.
Dans ce modèle, les coûts relatifs des produits
s'expliquent par les coûts relatifs des facteurs, qui proviennent
eux-mêmes de l'utilité et de la productivité de ces
facteurs, qui sont elles-mêmes dépendantes des quantités
relatives de facteurs dont les pays ou les régions disposent. Les
dotations factorielles étant différentes d'un pays à
l'autre, les raretés ou abondances relatives de facteurs se traduisent
par des différences de coûts comparés des biens, qui sont
à l'origine des échanges.
Ainsi, le théorème énoncé par E.
Heckscher, B. Ohlin et P. Samuelson (économistes du XXe siècle),
mieux connu sous le sigle HOS constitue un approfondissement de l'oeuvre de
Ricardo en expliquant plus précisément l'origine et le choix de
la spécialisation d'un pays et en raisonnant explicitement sur plusieurs
facteurs de production (le travail, mais aussi le capital et la terre) dont les
différentes qualités sont prises en compte.
Ce théorème peut s'énoncer ainsi : «
Dans l'échange international, en régime de libre-échange,
les pays ont intérêt à se spécialiser dans les
productions qui utilisent en plus grandes proportions le facteur dont ils sont
le mieux pourvu (21(*)) ». Ainsi, selon eux, les nations sont
amenées à exporter les produits incorporant une forte
quantité du facteur de production qu'elles détiennent en
abondance et à importer les produits incorporant une forte
quantité du facteur de production dont elles sont peu dotées.
Le modèle néo-classique de l'avantage comparatif
aboutit, comme le modèle de Ricardo, à montrer sans
difficulté l'existence d'un gain d'échange réciproque pour
les participants, même dans le cas de pays défavorisés pour
tous les biens. Cependant, à l'exception de l'hypothèse de
concurrence parfaite, les hypothèses de base diffèrent dans les
deux modèles ainsi que certains résultats.
- Hypothèses différentes : les coûts de
production, constants dans le modèle classique, sont variables dans le
modèle néo-classique et croissent au fur et à mesure que
l'utilisation des facteurs dans un pays s'élève avec
l'exportation. Alors que la technologie utilisée pour les mêmes
biens diffère d'un pays à l'autre dans le modèle classique
(différences internationales de fonctions technologiques de production),
elle est supposée identique dans tous les pays dans le modèle
néo-classique, du fait de l'hypothèse très forte de la
diffusion des technologies, au moins à long terme, dans le monde
entier.
- - Résultats différents : la
spécialisation, complète dans la conception de Ricardo, est
partielle dans le modèle néo-classique, chaque pays importateur
d'un produit conservant un certain niveau de production de ce même
produit.
Il s'agit là donc de deux modèles
simplifiés, aptes à guider le raisonnement et la
compréhension des phénomènes, mais contraints, pour
aboutir à des résultats logiques et rigoureux d'effacer certains
aspects de la réalité pour faire ressortir l'importance des
phénomènes que les auteurs jugent essentiels.
2.1. Les nouvelles théories du commerce
international
Dans sa théorie des avantages comparatifs Ricardo
insiste sur le fait que c'est parce qu'un pays est plus compétitif dans
la fabrication d'un produit qu'il l'exporte. Les années 1980-90 sont
marquées par un renouvellement profond de l'analyse des échanges
internationaux. Il s'agit des nouvelles théories du commerce
international développées par des auteurs comme Paul Krugman et
Helpman.
Ces auteurs considèrent au contraire que c'est surtout
en exportant qu'un pays devient plus compétitif. C'est en prenant part
au commerce international, en faisant le pari de l'ouverture aux
échanges internationaux, que chaque pays multiplie ses avantages.
- Dans l'analyse de Ricardo
Existence d'un avantage comparatif
Ouverture aux échanges internationaux
Ouverture aux échanges internationaux
Naissance d'un avantage comparatif
- Dans les nouvelles théories du commerce international
Cette approche montre que les avantages comparatifs n'ont rien
de définitif, ni d'exclusif et peuvent être construits, voire
choisis arbitrairement. Un pays peut par exemple se fabriquer un avantage
comparatif en privilégiant une certaine production même si au
départ il n'est pas particulièrement bien doté en facteurs
de production pour y parvenir.
Les nouvelles théories de l'économie
internationale ont ainsi apporté de nouveaux arguments aux thèses
favorables à l'ouverture internationale. Elles considèrent que
les gains du commerce sont cumulatifs : l'ouverture internationale provoque des
avantages comparatifs qui permettent une plus grande ouverture et ainsi de
suite.
En définitive, l'ouverture internationale et
l'accès à des marchés plus vastes permettent des
rendements d'échelle croissants ; ainsi en
accédant à des marchés plus vastes, une entreprise peut
mieux tirer parti de sa spécialisation. En effet, tout effort
d'investissement (augmentation du capital) afin d'améliorer sa
compétitivité lui permet d'écouler sa production
auprès d'un nombre plus important de consommateurs que ne le permettrait
le seul accès au marché national, ce qui assure une meilleure
rentabilité des investissements, l'amélioration des profits,
etc.
Paul Krugman préconise donc une ouverture croissante
des économies et donc une libéralisation du commerce tout en
acceptant une politique étatique volontariste d'incitation à
l'exportation.
Mais il pense qu'une politique commerciale stratégique
de subvention et même de protectionnisme temporaire peut être
profitable car elle permet de contrer le monopole étranger qui arrive
sur le marché national.
2.2. Commerce international et pays en
développement
Il ressort cependant de beaucoup d'analyses que la croissance
du commerce international ne profitait pas à toutes les nations de la
même manière et les questions suivantes se posent de plus en
plus :
- Le commerce international engendre-t-il pour les PED un
développement du sous développement ?
- Un PED peut-il compter sur l'insertion au marché
mondial pour réussir à se développer ?
Ces interrogations prennent tout leur sens si l'on
considère que l'importance croissante des firmes transnationales, le
développement d'un commerce international intra-branche et la forte
mobilité des capitaux à l'échelle planétaire
constituent une profonde rupture avec le contexte dans lequel Ricardo
envisageait les bienfaits de l'échange.
Tout d'abord, l'importance croissante des firmes
transnationales modifie profondément la nature du commerce
international. Il s'agit de moins en moins d'échanges de pays à
pays et davantage de transactions internes entre les différentes
unités de production d'une même entreprise. Ces transactions
échappent donc de plus en plus aux Etats ainsi qu'aux tentatives de
réglementation et de contrôle internationaux qu'ils pourraient
mettre en place afin de les organiser.
Ensuite, le développement du commerce international
intra-branche rend prépondérant les échanges entre pays
ayant des niveaux de développement identiques. C'est ainsi que
l'essentiel des échanges internationaux se font entre pays
industrialisés ; ce qui laisse peu de place aux pays ne disposant pas
des mêmes atouts en termes de technologies, de qualification de la main
d'oeuvre, etc.
De l'autre côté, la très forte
mobilité des capitaux peut se révéler être un
handicap pour certains pays. En effet, les capitaux se déplacent d'un
pays à l'autre en quête de rendements attractifs. Or, les
investisseurs parient davantage sur les économies déjà
très performantes, sur des économies émergentes ou
potentiellement émergentes. Ainsi, les pays en développement
(PED) qui connaissent des difficultés dans leur développement
économique ou encore une forte instabilité politique et/ou
sociale seront boudés par les investisseurs au profit de lieux plus
sûrs pour faire fructifier leurs capitaux.
Enfin, le commerce international peut faire naître des
rapports de domination. Ainsi, pour François Perroux, la domination ne
résulte pas d'un processus délibéré mais
résulte des inégalités de forces productives
(quantités, qualité et combinaison des facteurs de production)
entre les pays. Les pays dominants disposant d'un appareil productif
développé, spécialisés dans des biens à
forts gains de productivité et dans des secteurs à forte
croissance de la demande, acquièrent rapidement une position clé
sur le marché au détriment des autres. De plus, les prix
évoluent souvent de façon favorable aux nations dominantes qui
voient leurs termes de l'échange s'améliorer au détriment
des nations les moins performantes. Les marxistes partagent ce point de vue,
mais pour eux, cette situation traduit la volonté
délibérée d'exploitation des pays pauvres par les pays
riches.
Chapitre II
Les principales tendances du commerce international
Après avoir défini des concepts de base et
exposé les théories du commerce international dans le chapitre
précédent. Dans le présent, nous allons passer en revue
l'évolution des échanges dans le monde depuis les facteurs qui
favorisent cette croissance, en passant par la constitution des pôles
d'échanges jusqu'aux flux d'investissements internationaux.
Section 1. L'essor du commerce international
1. Une croissance supérieure à la
croissance de la production mondiale
Les statistiques du commerce international de plusieurs
institutions internationales spécialisées dans ce domaine
indiquent qu'au cours des quinze dernières années le commerce
mondial de biens et de services s'est développé à des taux
de croissance spectaculaires et ainsi, le marché mondial
représente aujourd'hui près de 7500 milliards de dollars
(22(*)). Cela
représente une véritable opportunité de croissance pour
les pays exportateurs. Cette progression a été plus importante
que celle de la production, mais plus important encore que la croissance
économique mondiale ; la part des échanges dans le PIB de
tous les pays a donc augmenté, de la Chine aux Etats-Unis.
En 1970, la part du commerce mondial à la production
mondiale (somme des produits intérieurs bruts de tous les pays, PIB)
s'élevait à 10 % ; à ce jour, elle a plus que
doublé à 25%.
Graphique I.1
Part du commerce (biens et services) au PIB mondial,
1970-2000
Source: FMI, Database World Economic Outlook May 2001 (23(*))
Cette hausse impressionnante s'explique d'une part par le
comportement des consommateurs ainsi que par les innombrables petites et
moyennes entreprises, dont l'offre et la demande influent de manière
décisive sur le commerce mondial ; d'autre part, par le poids
considérable des échanges de biens et de services au sein
même des grands groupes multinationaux. On estime ceux-là à
environ un tiers des échanges de marchandises transfrontaliers.
Dans la période qui a suivie la deuxième guerre
mondiale, la croissance des échanges internationaux était
à peine plus élevée que celle de la production mondiale.
Cette croissance des échanges va pourtant se ralentir après le
choc pétrolier de 1973 avant d'entre à nouveau dans une phase
d'accélération sans précédent de l'intensité
des échanges qui vont désormais s'accroitre trois fois plus vite
que le produit brut mondial au cours de la période 1984-1997 (24(*)).
Tableau I.1
Évolution du commerce et de la production au
niveau mondial, 1990-2004
(En prix constants, variation annuelle en
pourcentage)
|
1990
2000
|
2000
2004
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Exportations de marchandises
|
6,4
|
4,2
|
-0,5
|
3,5
|
5,0
|
9,0
|
Production de marchandises
|
2,5
|
-
|
-0,7
|
0,8
|
2,8
|
-
|
PIB aux taux de change du marché
|
2,5
|
2,5
|
1,4
|
1,8
|
2,6
|
4,0
|
PIB en parité de pouvoir d'achat
|
3,4
|
3,6
|
2,4
|
3,0
|
3,9
|
5,0
|
Sources : OMC ; FMI, Perspectives de l'économie
mondiale.
2. Les facteurs explicatifs
Le rôle de plus en plus important joué par le
commerce dans les économies contemporaines fait que
l'internationalisation des échanges progresse très rapidement.
Les facteurs essentiels qui expliqueraient cet essor sont entre autre
(25(*)) :
- Les formidables progrès techniques
réalisés en matière de transports, de communications et de
technologies de l'information constituent une explication à la forte
augmentation du commerce international. Les nouvelles techniques ont
facilité le commerce et réduit les coûts des
échanges de façon considérable. Par exemple, le coût
du transport aérien a ainsi été réduit, entre 1930
et 1960, de plus de 80 pour cent et celui des télécommunications,
de plus de 98 pour cent. Les coûts de l'informatique ont connu une
diminution comparable entre 1960 et 1990 ;
- Le développement du commerce international peut aussi
être mis au compte des longues et intenses négociations visant
à améliorer les conditions de fonctionnement du commerce
international. Ces négociations ont eu lieu tant au niveau international
(CNUCED, GATT et plus tard OMC) qu'au niveau régional (accords
commerciaux régionaux). Elles ont contribué à
l'abaissement continu des droits de douanes entre 1976 et 1994 et à
l'élimination progressive des barrières
non-douanières ;
- - le développement considérable des firmes
multinationales qui fractionnent la fabrication en de lieux différents.
Les entreprises transnationales occupent une place croissante au sein des
échanges de sorte qu'on estime qu'elles représentent maintenant
de l'ordre de 40 % du commerce international.
Ainsi donc, l'abolition par étapes, au cours des
cinquante dernières années, des obstacles au commerce a largement
contribué à l'accroissement, parfois rapide, du commerce mondial
et, partant, de la prospérité de nombreux pays.
L'amélioration des possibilités de transport et de communication
ainsi que la réduction de leurs coûts ont aussi facilité
les échanges internationaux.
Section 2. Evolution du commerce international
En valeur, les exportations mondiales de marchandises sont
ainsi passées de deux mille milliards de dollars en 1980 à plus
de cinq mille milliards de dollars en 1995 (dollars courants) et celles de
services s'élèvent désormais quant à elles à
1300 milliards de dollars (26(*)).
Graphique I.2
Croissance en volume du commerce mondial des marchandises
et du PIB, 1994-2004
(Variation annuelle en pourcentage)
Source : OMC. (27(*))
Les échanges internationaux de biens et services se
sont accélérés, au cours de 2004, en rapport avec une
forte demande mondiale, stimulée surtout par les importations soutenues
des Etats-Unis dont la demande intérieure dépasse largement la
production et celles de la Chine qui connaît une évolution rapide
aussi bien des investissements que de la consommation. Aussi, le volume du
commerce mondial de biens continue à progresser à un rythme
soutenu, soit 10,7% contre 5,3% l année précédente.
(28(*))
Tableau I.2
Les exportations de marchandises en %
|
Europe de l'Ouest
|
Etats-Unis et Canada
|
Russie, Europe de l'Est
|
Moyen-Orient
|
Amérique latine
|
Afrique
|
Asie
|
1973
|
44,8
|
17,2
|
8,9
|
4,5
|
4,7
|
4,9
|
15,0
|
1983
|
39,0
|
15,4
|
9,5
|
6,8
|
5,8
|
4,4
|
19,1
|
1993
|
43,7
|
16,8
|
2,9
|
3,4
|
4,4
|
2,5
|
26,3
|
2000
|
39,3
|
17,1
|
4,4
|
4,3
|
5,8
|
2,4
|
26,7
|
Source : Histoire Géographie 3e,
Collection Martin Ivernel, Hatier, Paris, Avril 2003, p.210
Graphique I.3
Commerce des marchandises en 2000
(montant total en milliards de dollars ; part dans le
commerce mondial en %)
1. Évolution des structures du commerce
international
La constitution de pôles des échanges s'est
accompagnée également de profondes transformations dans la
structure des échanges internationaux marquées en particulier par
le rôle désormais prépondérant non seulement des
produits à très forte valeur ajoutée, mais aussi et
surtout de produits dans lesquels le savoir, et donc le poids du capital humain
interviennent prioritairement.
1.1. Evolution par produits
L'augmentation des échanges de produits industriels
ainsi que du commerce mondial a été dans l'ensemble infiniment
plus rapide que celui de la production mondiale. Le commerce des
matières premières a légèrement
dépassé la croissance de la production. Quant aux produits
agricoles, leur commerce s'est à peu près développé
au rythme de l'évolution générale. Selon l'OMC, la valeur
en dollars des exportations dans le monde entier a été de 1350
milliards pour les services, de 4186 milliards pour les biens industriels et
artisanaux, de 556 milliards pour les matières premières et de
544 milliards pour les produits agricoles (29(*)).
La hausse poursuivie des cours des produits de base dont, en
particulier, le pétrole brut, conjuguée à la
dépréciation du dollar, principale unité de compte, s'est
traduite, pour la deuxième année consécutive, par un
accroissement affermi de la valeur des exportations mondiales de biens
exprimée en dollars. Elle s'est, en effet, accrue de 21,1 % en 2004
contre 16,6 % une année auparavant, en se situant à 8.902
milliards de dollars.
Quant aux exportations mondiales de services, elles ont
continué également à s'accélérer en 2004,
avec une progression nominale de 16,3 % contre 14,2 % l'année
précédente pour s'élever à 2.167 milliards de
dollars. Cette importante évolution est imputable, entre autres,
à l'affermissement de l'activité internationale dans les secteurs
des transports et du tourisme, ainsi qu'à l augmentation des charges de
fret.
Tableau I.3
Exportations mondiales de marchandises par produit,
2004
(En milliards de dollars et en pourcentage)
|
Valeur
|
Part
|
Variation annuelle en pourcentage
|
2004
|
2000
|
2004
|
2000-04
|
2003
|
2004
|
Total des marchandises
|
8907
|
100.0
|
100.0
|
9
|
17
|
21
|
Produits agricoles
|
783
|
8.8
|
8.8
|
9
|
16
|
15
|
Combustibles et produits des industries
extractives
|
1281
|
13.9
|
14.4
|
10
|
23
|
32
|
Produits manufacturés
|
8570
|
74.8
|
73.8
|
9
|
16
|
20
|
Source : OMC, Statistiques du commerce international 2005
Tableau I.4
Exportations mondiales des services commerciaux par
catégorie, 2004
(En milliards de dollars et en pourcentage)
|
Valeur
|
Part
|
Variation annuelle en pourcentage
|
2004
|
2000
|
2004
|
2000-04
|
2002
|
2003
|
2004
|
Total des services commerciaux
|
2125
|
100.0
|
100.0
|
9
|
7
|
14
|
18
|
Transports
|
500
|
23.4
|
23.6
|
10
|
4
|
14
|
23
|
Voyages
|
625
|
32.0
|
29.4
|
7
|
4
|
10
|
18
|
Autres services commerciaux (30(*))
|
1000
|
44.5
|
47.0
|
11
|
10
|
16
|
16
|
Source : OMC, Statistiques du commerce international 2005
A près de 80 %, la part du commerce international de
produits industriels et artisanaux, considérée à
l'échelle du globe, a presque doublé depuis cinquante ans, au
détriment du commerce de matières premières, mais surtout
de produits agricoles. (31(*))
Alors qu'en 1950, le trafic transfrontalier de produits
agricoles et de matières premières représentait environ 60
% du volume du commerce mondial de l'époque, leurs parts respectives
sont tombées aujourd'hui à 10 % environ. Les produits agricoles
sont actuellement touchés par un effondrement des prix mondiaux
déclenché par la concurrence et la productivité. Mais le
recul de matières premières ne signifie pas que leurs
exportations ont diminué, mais simplement que leur volume a moins
augmenté que celui des autres marchandises. L'explication de cette
réduction tient en partie à l'avilissement relatif des
matières premières.
1.2. La croissance élevée des produits
manufacturés
Depuis un certain moment, les produits manufacturés
jouent un rôle de plus en plus dynamique dans le commerce mondial. Un
examen des tendances par secteurs montre que la croissance des échanges
a été particulièrement notable pour les produits
manufacturés et seulement marginal pour les produits agricoles.
Pour l'auteur Hakim Ben Hammouda (32(*)), ce rôle ne serait pas
récent et remonterait au milieu des années 80 où les
produits manufacturés commençaient à connaître des
taux de croissance très élevés. Depuis cette date, le
rythme de progression des produits manufacturés dans le commerce
international est devenu supérieur à celui de la moyenne des
exportations mondiales. Ainsi, entre 1980 et 2003, la croissance annuelle du
commerce mondial de produits manufacturés a été en moyenne
de 7 % avec de pics de 15 % au cours de la période 1985-1995.
Il faut aussi mentionner que les exportations de produits
manufacturés ont enregistré des rythmes de croissance deux fois
plus importants que ceux du PIB mondial et de la production de produits
manufacturés.
Tableau I.5
Croissance de la production et des exportations mondiales
par produits (en %)
|
1995-2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Exportations mondiales
|
7,0
|
-0,5
|
3,0
|
4,5
|
Produits agricoles
|
3,5
|
2,5
|
3,5
|
3,0
|
Produits miniers
|
3,5
|
1,0
|
0,5
|
2,5
|
produits manufacturés
|
8,0
|
-1,0
|
4,0
|
5,0
|
Production mondiale
|
4,0
|
-0,5
|
1,0
|
3,0
|
Agriculture
|
2,5
|
1,5
|
1,5
|
2,0
|
Mines
|
2,0
|
-0,5
|
-0,5
|
3,5
|
Manufactures
|
4,0
|
-1,0
|
1,0
|
3,0
|
PIB mondial
|
3,0
|
1,0
|
1,5
|
2,5
|
En même temps, il faut mentionner le caractère
contrasté de l'évolution des exportations des différents
segments des produits manufacturés. A ce niveau, il faut noter que ce
sont essentiellement les équipements de télécommunication
(10 %), les produits électroniques (5 %), les machines et les
équipements de transport (6 %) qui enregistrent les taux de croissance
les plus élevés (33(*)), et qui sont par conséquent au centre de la
dynamique forte des produits manufacturés sur les marchés
internationaux.
Cette évolution aura, nous fait remarquer cet auteur,
d'importantes conséquences sur les différentes régions
participant dans les échanges mondiaux. Ainsi, les régions, comme
l'Asie, l'Amérique du Nord ou l'Europe de l'Ouest qui disposent
d'avantages compétitifs pour la production de ces produits vont voir
leur part dans le commerce international augmenter rapidement. Par contre, les
pays africains qui n'ont pas développé de capacités dans
la production de ces produits dynamiques ont vu leur place dans le commerce
international se détériorer de manière
inéluctable.
2. La polarisation des échanges
internationaux
Il est à noter cependant que la croissance du commerce
mondial cache bien selon les termes de Roger Blein « des
évolutions contradictoires ». La chute du Mur de Berlin et la
disparition du rideau de fer ont entrainé avec elles la bipolarisation
des systèmes : communiste et capitaliste (34(*)). A présent, c'est une
multitude de pôles qui apparaît, transformant les échanges
internationaux. On peut donc citer, au titre de ces pôles :
- Le pôle nord-américain, symbolisé par le
traité de l'Accord de libre échange nord-américain
(ALENA), entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada ;
- Le pôle sud-est asiatique (ASEAN), structuré
autour du Japon, sans préjudice de l'attrait qu'y exercent les
Etats-Unis au titre des pays riverains du Pacifique ;
- Le pôle européen (UE), structuré autour du
noyau dur de la CEE à Six, dont les divers élargissements
témoignent de sa montée en puissance et la constitution de
l'Union économique et monétaire (avec l'Euro).
La mise en place de blocs économiques régionaux
a ainsi renforcé les échanges entre pays voisins car en effet les
blocs régionaux tendent à faciliter le flux des produits entre
pays membres en réduisant des barrières commerciales et en
augmentant la vitesse et le nombre des transactions. Et comme nous l'indique le
graphique et le tableau ci-dessous, l'essentiel du commerce s'opère
entre ces grands pôles économiques et à l'intérieur
de chacun de ces ensembles économiques régionaux,
organisés autour des grandes puissances. A titre d'exemple, nous avons
les Etats-Unis pour l'ALENA, l'Allemagne et la France pour l'Union
européenne et le Japon comme grande puissance (et bientôt la
Chine) pour l'Asie-Pacifique. Ces nations contribuent à structurer
autour d'elles des espaces privilégiés d'échanges. Par
exemple, près de 70 % des exportations de l'union européenne
interviennent dans le cadre d'échanges entre pays membres. Il en va de
même en Asie où la moitié des exportations relèvent
d'un commerce intra-zone.
Graphique I.5
Partenaires commerciaux
Tableau I.7
Les exportations de marchandises en %
|
En 10 milliards
de dollars
|
En % du commerce mondial
|
Echanges intra-zone ALENA
|
57,9
|
10,6
|
Echanges intra-zone Europe Occidentale
|
162,5
|
29,7
|
Echanges intra-zone Asie-Pacifique
|
65
|
11,9
|
Echanges zone ALENA-Asie Pacifique
|
65,3
|
11,9
|
Echanges zone Transatlantiques
|
41,3
|
7,5
|
Echanges Europe Occidentale-Asie
|
42,8
|
7,8
|
Source : Histoire Géographie 3e,
Collection Martin Ivernel, Hatier, Paris, Avril 2003, p.225
A partir du tableau et du graphique ci-dessus, nous voyons que
l'importance des trois principaux pôles commerciaux y est
confirmée aussi bien en termes d'échanges avec les autres groupes
de pays qu'en termes de flux commerciaux intérieurs.
3. Les aspects institutionnels du commerce
international
Le développement du commerce mondial a
été accompagné par la mise en place de diverses
institutions internationales. A un niveau global, les problèmes de
commerce international sont depuis longtemps discutés dans le cadre de
l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT)
et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement (CNUCED).
Le GATT a été créé en 1948 afin de
définir les règles du commerce international. Dans le cadre du
GATT, plusieurs cycles de négociations ont été
organisés. Le dernier, le Cycle d'Uruguay, s'est achevé par la
signature d'un accord qui a permis la création de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC), le 1er janvier 1995.
Créée en 1964, la CNUCED est le principal forum
des Nations Unies permettant de discuter de façon globale des
problèmes de développement, de commerce, d'investissements et de
capitaux internationaux, de technologie et de développement durable.
Au niveau des produits, plusieurs organisations ont
été créées afin de réguler les
marchés. L'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole)
est la plus connue de ces organisations intergouvernementales.
Section 3. L'émergence de l'Asie
Si le commerce international a été
caractérisé durant les deux dernières décennies par
de taux de croissance élevés et l'émergence d'une triade
(Europe de l'Ouest, Asie et Amérique du Nord) qui domine les
échanges internationaux, il n'en est pourtant pas le cas pour d'autres
régions comme l'Afrique, l'Amérique latine et l'Europe de
l'Ouest. En effet, ces régions ont vu leur part dans le commerce mondial
se réduire.
Cette baisse s'est fait au profit de l'Asie qui a vu sa part
dans les exportations mondiales augmenter rapidement surtout dans les
décennies 80 et 90.
Tableau I.8
Les régions ayant les meilleures performances dans
les exportations mondiales
(% de croissance annuelle en volumes)
|
1995-2000
|
2002
|
2003
|
Exportations mondiales
|
7,0
|
3,0
|
4,5
|
Amérique du Nord
|
7,0
|
-2,5
|
1,5
|
Amérique latine
|
9,5
|
-0,5
|
4,0
|
Europe de l'Ouest
|
6,0
|
1,5
|
0,5
|
Europe de l'Est
|
7,0
|
8,0
|
12,5
|
Asie
|
8,5
|
10,5
|
12,0
|
Les six pays émergents d'Asie
|
9,5
|
8,0
|
9,5
|
Il faut noter que l'accroissement de l'Asie comme pôle
d'importation mondiale qui s'explique par la forte demande en provenance de
cette région du fait de la croissance rapide qu'elle connaît
depuis trois décennies. D'ailleurs, ce sont la croissance asiatique et
la demande de matières premières, particulièrement en
provenance de la Chine, qui ont été à l'origine des
tendances à la hausse des prix de matières premières
durant ces dernières années.
Et le rapport sur le commerce mondial (35(*)) peaufine en disant que le
dynamisme des exportations de marchandises des pays en développement
d'Asie peut être attribué en partie à la reprise du secteur
des produits électroniques.
Ainsi, les expéditions mondiales d'appareils
photographiques numériques, de téléphones mobiles, de
semi-conducteurs et d'ordinateurs personnels ont enregistré un taux de
progression à deux chiffres. Dans cinq économies d'Asie
(36(*)), le
matériel de bureau et de télécommunication a
représenté en 2004 entre un et deux tiers des exportations, et
contribué pour beaucoup à leur expansion.
1. Commerce des marchandises et des services commerciaux
en Asie
C'est en Asie que le volume des exportations de marchandises a
enregistré la plus forte croissance réelle en 2004, avec une
progression de 14,5%. En Chine, en République de Corée et
à Singapour, l'augmentation a dépassé les 20%. Au Japon,
les exportations réelles de marchandises ont progressé en volume
de 11%, soit un peu plus que le commerce mondial. Les importations de
marchandises en Asie se sont accrues de près de 15% en 2004, soit plus
que l'année précédente. Au niveau régional,
l'accroissement des importations de marchandises s'est
accéléré et a atteint un rythme comparable à celui
de l'expansion des exportations mais, dans un cas comme dans l'autre, on
constate de grandes différences d'un pays à l'autre. Le Japon et
la République de Corée font état d'une croissance
réelle des exportations nettement plus forte que celle des importations
en 2004 alors que, dans toutes les autres économies d'Asie
considérées ensemble, les importations à prix constants
ont plus augmenté que les exportations.
Le commerce des marchandises et des services commerciaux en
Asie a ainsi continué de croître plus rapidement que le commerce
mondial. Les exportations de marchandises ont augmenté d'un quart,
passant à 2.385 milliards de dollars, et celles de services commerciaux
de 21 %, atteignant 436 milliards. En dollars, les importations de la
région se sont accrues plus rapidement que les exportations, qu'il
s'agisse des marchandises ou des services.
2. L'entrée en scène de la
Chine
C'est le commerce international qui a été,
depuis plus de 30 ans, la principale source de croissance économique en
Chine. En effet, les réformes économiques mises en place en 1978
ont favorisé l'ouverture du pays au commerce international alors que
l'adoption d'une économie socialiste de marché en 1992 a
accentué les efforts déjà entrepris. (37(*))
Depuis une vingtaine d'années, la croissance
économique en Chine s'établit en moyenne aux alentours de 9½
%, un rythme rapide qui devrait se maintenir encore quelque temps. Le dynamisme
de la croissance a contribué non seulement au relèvement du
revenu des ménages, mais aussi à une forte réduction de la
pauvreté. Parallèlement, l'intégration de la Chine dans
l'économie mondiale a beaucoup progressé.
Tableau I.9
Exportations mondiales de biens en 2003
|
Part total en %
|
Rang
|
Allemagne
|
10,0
|
1
|
Etats-Unis
|
9,7
|
2
|
Japon
|
6,3
|
3
|
Chine
|
5,9
|
4
|
France
|
5,1
|
5
|
Canada
|
3,6
|
7
|
Source : Organisation mondiale du commerce
Ainsi, avec une croissance économique soutenue et
rapide, le commerce extérieur de la Chine n'a cessé de se
développer. La Chine s'est mise à la 32e place en 1978
pour ses affaires commerciales mondiales, 15e en 1989, 10e en 1997 et
6e en 2001. En 2001, le chiffre d'affaires d'import-export chinois a
dépassé pour la première fois 500 milliards de dollars et
atteint une totalité de 509,65 milliards de dollars, soit 23,7 fois de
plus que l'année 1978, 3,6 que 1989, 0,57 que 1997. En 2002, le
commerce d'import-export chinois est allé plus loin avec un chiffre de
620,77 milliards de dollars. En 2003, ce chiffre a augmenté de 37.1 %
que l'année précédente, soit 851,2 milliards de dollars,
entre autres 438,4 milliards pour l'exportation, qui représentent 34.6 %
de plus que l'année 2002 et 412,8 milliards pour l'importation, soit
39.9 % de plus. Ainsi le classement de la Chine s'est élevé
à la 4e place sur la liste du commerce mondial (38(*)).
Actuellement, il y a au total plus de 220 pays et
régions qui font des échanges commerciaux avec la Chine, dont le
Japon, les Etats-Unis, l'Union européenne, la Région
administrative spéciale de Hongkong, l'ASEAN, la Corée du Sud,
Taiwan, l'Australie, la Russie et le Canada sont les dix premiers.
Section 4. Le rôle des entreprises
transnationales dans le commerce mondial
Parallèlement à la croissance des
échanges internationaux et à la création des institutions
intergouvernementales, une très forte expansion des entreprises
transnationales a pu être observée.
Une entreprise transnationale est une compagnie de droit
privé et à but lucratif qui mène des activités de
production, distribution ou de recherche dans plusieurs pays à la fois.
Leur facilité à délocaliser la production partout dans le
monde constitue l'un de leurs traits caractéristiques. L'OMC
considère qu'en 1995, un tiers du commerce international était
réalisé par des entreprises transnationales. On pense que cette
part s'élève maintenant à 40 %.
1. Les causes de la croissance des
transnationales
La globalisation de l'économie mondiale, le processus
de libéralisation économique, les mesures visant à attirer
les investissements étrangers directs, les politiques d'ajustement
structurel et la forte réduction des coûts de transport et de
communication sont les principaux facteurs qui ont favorisé l'expansion
des entreprises transnationales. Ces conditions favorables ont permis aux
transnationales de croître rapidement et d'acquérir une position
de force dans la production et le commerce international. Ce mouvement a
contribué à accentuer l'interdépendance des
économies. La possibilité de transférer les capitaux plus
rapidement et avec moins d'entraves a également contribué
à favoriser cette évolution. D'une certaine façon, les
transnationales sont aussi une réponse aux imperfections des
marchés internationaux dans la mesure où les transactions y sont
souvent coûteuses du fait de la nécessité de s'assurer de
la qualité des produits achetés et de la difficulté de
faire respecter les contrats signés avec les partenaires
étrangers.
On estime à quelque 40.000 le nombre d'entreprises
transnationales. Les 500 plus importantes entreprises transnationales sont de
grandes compagnies qui contrôlent de l'ordre de 70 % du commerce
international et de 80 % des investissements étrangers effectués
par les transnationales. On estime qu'actuellement 40 % du commerce
international est effectué par les entreprises transnationales.
En 1995, 29 % du PIB mondial provenait des 200 plus grandes
transnationales. Ces entreprises sont parvenues à occuper une place
dominante pour nombre de produits agricoles : 20 entreprises
transnationales contrôlent le commerce du café ; 6 entreprises
transnationales détiennent 70 % du commerce du blé ; une
seule contrôle 98 % de la production de thé conditionné.
Au cours de ces dernières années, les
entreprises transnationales ont modifié leur stratégie et sont
passées du domaine de la production vers les domaines de la finance, du
commerce et de la recherche, sous-traitant dorénavant de nombreuses
étapes de la production.
Une grande partie des échanges internationaux
effectués par les entreprises transnationales a lieu au sein même
de celles-ci (ou entre filiales d'une même compagnie). Ces
échanges ne se font donc pas suivant les mécanismes
concurrentiels. Les prix appliqués lors de ces transactions sont souvent
très différents des prix de marché et sont parfois
utilisés par les entreprises comme des outils pour transférer
leurs bénéfices vers les pays où les
réglementations fiscales sont plus favorables.
2. Les investissements internationaux dans le
monde
Les flux de capitaux se sont fortement accrus ces dix
dernières années. Il s'agit des prêts ou des dons
internationaux, des achats et des ventes d'actions dans les grandes bourses
étrangères (New York, Tokyo, Londres, etc.) et surtout des
investissements à l'étranger qui sont essentiellement le fait des
firmes multinationales. Elles rachètent des sociétés
étrangères ou implantent des filiales (usines, bureaux, etc.)
dans des pays étrangers.
Issues à près de 90 % des pays de la Triade
(ALENA, Union européenne et Asie du sud-est), les firmes multinationales
s'installent avant tout dans les pays développés pour se
rapprocher de leurs clientèles (39(*)). Elles implantent aussi des filiales dans les pays
du sud, surtout pour profiter de la main-d'oeuvre peu coûteuse et des
marchés en pleine expansion.
1.1. Evolution de flux d'IDE
Pendant la première moitié des années 80
(1981-1986), les flux d'investissements directs internationaux se sont
établis à 55 milliards de dollars par an en moyenne. En 2000, Ils
atteignaient 1.300 milliards de dollars soit le niveau des années 81-86
multiplié par 24 (40(*)).
L'année 2001 a vu décliner les flux d'IDE dans
le monde. Ainsi comme nous le remarquons sur le graphique ci-dessous, pour la
première fois depuis 10 ans, les flux sortants d'IDE se sont brutalement
contractés en 2001, pour atteindre 621 milliards de dollars
américains, contre 1.379 milliards de dollars américains en 2000,
soit une diminution de près de 55 % par rapport à l'année
précédente, alors que la hausse avait été de +32 %
en 2000, +52% en 1999 et +44 % en 1998. (41(*))
Graphique I.6
Flux mondiaux d'IDE (1990-2001) en milliards de
dollars US
L'année 2001 marque ainsi un retour de l'IDE à
un niveau proche de celui qu'il avait atteint en 1998.
Le Ministère de l'Economie des Finances et de
l'Industrie de la République Française dans son rapport sur
« Les investissements directs dans le monde en 2001 et
2002 » indique que le dynamisme de l'investissement international de
1993 à 1997 était notamment la conséquence :
- de la reprise économique dans les pays
industrialisés ;
- de la santé financière retrouvée des
entreprises internationales, en particulier américaines ;
- du fort pouvoir attractif des nouveaux marchés
émergents (en Amérique latine, en Europe centrale et orientale,
en Chine en raison d'importants mouvements de privatisation des entreprises
publiques) ;
- et de la poursuite de la déréglementation de
certains secteurs (télécommunications, électricité,
distribution).
A partir de 1998, s'ajoute une vague importante de
restructurations des entreprises multinationales. En outre, la période
est marquée par des opérations de grande envergure
essentiellement dans le secteur des télécommunications.
La contraction des flux d'IDE en 2001 peut être
imputée :
- au ralentissement de la croissance mondiale, dont le taux
s'établit à 2,2 % en 2001 contre 4,7 % en 2000 et, en
particulier, à celui des trois principales économies de la
planète ;
- à la baisse du volume et de la valeur des
opérations de fusions et acquisitions, notamment dans le secteur des
télécommunications. Cette régression a affecté
davantage les pays développés que les pays en
développement ;
- à la chute des marchés d'actions.
1.2. Destinations et origines des IDE
L'Union européenne et les Etats-Unis sont les
principaux acteurs de l'accroissement mondial des IDE et cela depuis le milieu
des années 80 et leurs économies sont également les plus
attractives pour les investisseurs étrangers. Le stock d'IDE
détenu par l'Union européenne hors d'Europe dépasse celui
détenu par les Etats-Unis alors que les Etats-Unis quant eux continuent
d'attirer sur leur territoire davantage d'IDE que l'Union européenne.
Ainsi, l'Union européenne et les Etats-Unis sont les premiers
investisseurs à l'étranger avec une part respective de 53 % et 21
% dans les stocks mondiaux d'IDE détenus en 2001 soit les trois quart
des stocks d'IDE mondiaux.
En termes de flux entrants (42(*)), la part de l'Union européenne et des
Etats-Unis au niveau mondial est passée de 52 % en 1995 à 74 % en
2000 et représente désormais plus de la moitié des stocks
d'IDE mondiaux.
Cependant, la Chine est la première destination d'IDE
dans la région Asie Pacifique et dans l'ensemble des pays en
développement et enregistre une croissance toujours plus grande et cela
du fait des espoirs nés de son adhésion à l'OMC, d'une
confiance plus grande des investisseurs dans le cadre juridique des IDE et des
perspectives de croissance de plus en plus favorable.
Le continent africain avec une moyenne de 9 milliards de
dollars soit moins de 2 % des IDE reçus est donc bon dernier.
Chapitre III
Les performances commerciales de l'Afrique
Au cours de deux dernières décennies
c'est-à-dire entre 1980 et 1999, la place de l'Afrique dans le commerce
international a connu une importante évolution ; durant cette
période, les performances commerciales de l'Afrique subsaharienne n'ont
cessé de se dégrader. La question qui se pose dès lors est
de comprendre les raisons du déclin de l'Afrique dans le commerce
international.
Cette perte d'influence de l'Afrique subsaharienne tient
selon Roger Blein (43(*))
à la combinaison de multiples facteurs : la faiblesse de ses
marchés internes, nationaux et régionaux, qui la prive de
l'apprentissage nécessaire à la conquête de marchés
extérieurs ; sa spécialisation sur quelques matières
premières agricoles ou minières ; la persistance de handicaps
structurels tels que les retards technologiques, la faible innovation, le
caractère souvent instable, ou peu propice aux investissements, des
politiques publiques ; la raréfaction des flux d'investissements publics
ou privés liée en partie seulement à l'instabilité
politique.
Ainsi ce chapitre a pour objectif de montrer
l'évolution plus ou moins médiocre du commerce extérieur
africain, de ressortir en même temps les raisons de faibles
résultats de l'Afrique dans le domaine commercial et finalement de
s'essayer de donner les éléments qui pourront aider l'Afrique en
renforcer ou à améliorer sa position dans le commerce mondial et
ainsi à mieux s'intégrer dans celui-ci.
Section 1. Caractéristiques du commerce
extérieur africain
1. La marginalisation de l'Afrique dans le commerce
mondial
La marginalisation de l'Afrique dans le commerce mondial
apparaît dans ce sens que les pays d'Afrique subsaharienne assuraient 3,5
% du commerce mondial en 1980 et 20 ans plus tard n'en assurent plus
qu'à peine 1,5 % alors que cette partie du monde compte plus de 10 % de
la population mondiale.
Graphique III.1
Baisse de la part dans le commerce mondial de l'Afrique
subsaharienne
Source : OMC
Certains auteurs (44(*)) nous font également remarquer que cette
marginalisation se fait davantage sentir si on compare l'Afrique à
d'autres régions du monde présentant autrefois le même
degré de développement économique, à savoir l'Asie
et l'Amérique du Sud.
Tableau III.1
Taux de croissance annuels des exportations en valeur,
1990-1999 (en %)
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Cumul 1990-1999
|
Total mondial
|
3,1
|
7
|
0
|
12,9
|
19,6
|
4,9
|
3,7
|
-2,1
|
0,8
|
59,9
|
Afrique subsaharienne
|
-3,4
|
0,3
|
-4,8
|
6,1
|
17,6
|
11,7
|
0,8
|
10,7
|
-8
|
7,3
|
Asie
|
14,6
|
13,1
|
14,7
|
21,2
|
22,6
|
5,4
|
4,1
|
-7,8
|
8,6
|
142,7
|
Amérique du Sud
|
-2,1
|
6,2
|
5,5
|
15,9
|
17,2
|
6,5
|
8,5
|
-8,6
|
-2,1
|
54,1
|
Source: World Development Indicators, 2001, US$ courants.
1.1. La baisse des exportations africaines
De la lecture du tableau ci-dessus, nous remarquons les
exportations des pays d'Afrique subsaharienne croissent depuis une dizaine
d'années à des taux moins élevés que les
exportations mondiales.
Tableau III.2
Évolution de la part des régions dans les
exportations mondiales (en%)
|
1948
|
1953
|
1963
|
1973
|
1983
|
1993
|
2003
|
Amérique du Nord
|
27,3
|
24,2
|
19,3
|
16,9
|
15,4
|
16,6
|
13,7
|
Amérique du Sud
|
12,3
|
10,5
|
7
|
4,7
|
5,8
|
4,4
|
5,2
|
Europe de l'Ouest
|
31,5
|
34,9
|
41,4
|
45,4
|
38,9
|
44
|
43,1
|
Europe de l'Est
|
7,3
|
6,5
|
5,7
|
4,8
|
4,5
|
2,5
|
2,4
|
Afrique
|
7,3
|
6,5
|
5,7
|
4,8
|
4,5
|
2,5
|
2,4
|
Moyen Orient
|
2
|
2,7
|
3,2
|
4,1
|
6,8
|
3,4
|
4,1
|
Asie
|
13,6
|
13,1
|
12,4
|
14,9
|
19,1
|
26,1
|
26,1
|
Monde
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source: WTO, International trade statistics 2004, Genève
2004.
Tableau III.3
Évolution de la part des régions dans les
importations mondiales (en%)
|
1948
|
1953
|
1963
|
1973
|
1983
|
1993
|
2003
|
Amérique du Nord
|
19,8
|
19,7
|
15,5
|
16,7
|
17,8
|
19,7
|
20,5
|
Amérique du Sud
|
10,6
|
9,3
|
6,8
|
5,1
|
4,5
|
5,1
|
4,8
|
Europe de l'Ouest
|
40,4
|
39,4
|
45,4
|
47,4
|
40,1
|
43
|
42
|
Europe de l'Est
|
5,8
|
7,6
|
10,3
|
8,9
|
8,4
|
2,9
|
5
|
Afrique
|
7,6
|
7
|
5,5
|
4
|
4,6
|
2,6
|
2,2
|
Moyen Orient
|
1,7
|
2
|
2,3
|
2,8
|
6,2
|
3,3
|
2,5
|
Asie
|
14,2
|
15,1
|
14,2
|
15,1
|
18,5
|
23,3
|
23
|
Monde
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source: Tableau reconstitué par l'auteur à partir
de WTO, International trade statistics 2004, Genève 2004.
Il ressort de ces deux tableaux que la part du continent dans
les exportations mondiales n'a cessé de se tasser passant de 7,3% en
1948 à 2,4% en 2003. Cette réduction s'est surtout
accélérée dans les années 80 et 90 où la
part de l'Afrique dans le commerce mondial a été réduite
de moitié. En outre, les évolutions qui ont marquées les
exportations mondiales se retrouvent également au niveau des
importations mondiales. La part de l'Afrique a fortement diminué en
passant de 7,6% en 1948 à 2,2% en 2003.
1.2. Evolution des termes de l'échange
Il s'avère que sur la décennie,
l'évolution de la valeur des exportations suit essentiellement celle des
termes de l'échange. Le Graphique ci-dessous montre donc la
corrélation existant entre l'évolution des termes de
l'échange de l'ensemble des pays subsahariens et l'évolution de
leurs parts de marché dans les exportations mondiales.
Graphique III.2
Comparaison Termes de l'échange (base 100 en 1995)
et des parts de marché de l'Afrique subsaharienne, 1990-1999
Source: African Development Indicators 2001 et World Bank
Indicators 2001.
De ce fait, l'insertion de l'Afrique dans le commerce mondial
est extrêmement faible. La part de marché de l'ensemble de
l'Afrique subsaharienne en 1999 (1,4 %) est inférieure à celle de
la seule Malaisie (1,6 %) et largement inférieure à celle du
Mexique (2,5 %). De tous ces constats, la marginalisation du continent dans le
commerce international ne semble donc pas montrer de signe de
ralentissement.
La chute des termes de l'échange de ces pays est
considérable ; elle s'exprime concrètement par la contraction de
leur pouvoir d'achat. Elle tient au fait que la plupart des produits de base
exportés par les pays d'Afrique noire ne se sont pas
appréciés en termes de prix à la hauteur des marchandises
qu'ils importaient pour leur consommation.
1.3. Composition par produits
Parallèlement à la marginalisation de l'Afrique
dans le commerce international, la seconde caractéristique concerne sa
composition par produits. Ainsi, Il apparaît que les produits agricoles
et miniers représentent près de 70% du total des exportations.
Tableau III.5
Composition du commerce africain par produits en 2003
(en %)
|
Produits agricoles
|
Produits miniers
|
Produits manufacturés
|
Exportations
|
13,9
|
54,9
|
26,9
|
Importations
|
15,9
|
10,1
|
71,2
|
Source : OMC, op. cit.
Les exportations de produits manufacturés ne sont
concentrées que dans un nombre limité de pays dont ceux d'Afrique
du Nord, l'Afrique du Sud et l'Ile Maurice. Pour les importations, il faut
noter que plus de 70 % du total est constitué de produits
manufacturés.
2. Structure géographique
La dernière caractéristique du commerce
extérieur africain concerne sa structure géographique et sa
concentration sur l'Europe de l'Ouest. Nous rappelons ici que cette composition
géographique des échanges extérieurs africains est
héritée de l'époque coloniale avec une orientation des
exportations de matières premières et de produits agricoles vers
les pays européens et l'importation de ces pays des produits
manufacturés. (45(*))
Tableau III.6
Évolution des exportations africaines par
destination (en %)
|
Europe
de l'Ouest
|
Amérique
du Nord
|
Asie
|
Intra-africain
|
Amérique latine
|
Moyen Orient
|
Europe
de l'Est
|
1995
|
53,9
|
14,2
|
13,8
|
9,8
|
2,2
|
1,5
|
1,4
|
2003
|
48,4
|
18,9
|
17,7
|
10,2
|
2,5
|
1,5
|
0,6
|
Source : OMC, op. cit.
Dans les années 60 et 70, les pays africains avaient
adopté des stratégies d'import-substitution qui avaient pour
objectif de mettre fin à ce modèle en fabricant sur place les
produits manufacturés importés par le passé de la
métropole coloniale. Mais ces stratégies se sont toutes
malheureusement soldées par un échec.
Section 2. Les problèmes relatifs au commerce
extérieur africain
Nous allons donc ici passer en revue les
éléments ou facteurs essentiels qui empêchent l'Afrique
à s'engager complètement dans les échanges internationaux
et profiter pleinement de tous les effets bénéfiques qu'ils
pourraient engendrer.
En examinant d'un peu plus près les raisons de la
marginalisation de l'Afrique dans le commerce international, nous remarquons
qu'elle a plusieurs causes et ces dernières sont pour la plus part de
temps liées entre elles.
La capacité de l'Afrique à participer
pleinement au commerce mondial est actuellement bloquée par les
faiblesses suivantes :
- un environnement habilitant pour le secteur
privé ;
- une dépendance vis-à-vis des produits de
base ;
- des infrastructures inexistantes ou peu
développées ;
- des marchés régionaux des faibles
dimensions ;
1. Les faiblesses internes
1.1. La faiblesse des infrastructures
Les infrastructures constituent un élément
important de l'amélioration du commerce africain. Avoir des
marchés opérationnels, avec les infrastructures de transport, de
communication et d'énergie nécessaires permettra d'augmenter la
compétitivité du commerce africain. Le problème
posé par les infrastructures est encore plus grand pour les pays
africains enclavés où se trouvent d'ailleurs 28 % de la
population de l'Afrique subsaharienne. Dans ces pays, le coût du
transport est 50 % plus élevé et les volumes commerciaux sont de
plus de 50 % inférieurs à ceux de pays côtiers
similaires.
Graphique III.4
Le coût du transport en Afrique subsaharienne et
en Asie
Elles représentent donc un goulet d'étranglement
qui empêche l'essor du commerce intra-régional et
l'intégration régionale. Plusieurs infrastructures sont
liées au commerce : les routes rurales et internationales, les voies
ferrées, les ports et les aéroports, les petites villes
gérées efficacement pour servir de liens entre les marchés
locaux et internationaux, ainsi que les télécommunications,
l'énergie et l'eau.
Pour exemple : « Expédier une voiture
du Japon à Abidjan coûte 1500 dollars américains alors
qu'expédier la même voiture d'Abidjan à Addis-Abeba
coûte 5000 dollars américains. »
Les puissances coloniales seraient ainsi à l'origine
de cette faiblesse. Elles ont construit des infrastructures axées sur
l'extraction des ressources naturelles de l'Afrique dont elles avaient besoin
plutôt que sur l'intégration du continent ou le
développement des liaisons avec l'Est.
1.2. La faiblesse des flux entrants des investissements
privés
Les flux de capitaux d'investissement en Afrique ne sont pas
très différents de la moyenne pour l'ensemble des pays en voie de
développement, en pourcentage du revenu de l'Afrique. Ils
représentent entre 2 et 3 % du PIB du continent, mais ils sont faibles
en termes absolus. Ces investissements ne sont pas répartis dans un
grand nombre de secteurs de l'économie en Afrique.
En plus de cela, ils sont très fortement axés
sur les industries reposant sur des ressources de valeur élevée,
telles que le pétrole et les diamants et sont concentrés dans un
petit nombre de pays africains et demeurent inférieurs à 1 % du
volume total des flux d'IDE. Ainsi, entre 1983 et 2002, 59 % des IDE totaux
entrés en Afrique subsaharienne étaient destinés à
trois pays seulement : l'Angola (13 %), le Nigeria (23 %) et l'Afrique du Sud
(23 %). La plupart de ces IDE étaient destinés aux industries
extractives.
Graphique III.2
Principaux pays bénéficiaires de flux
d'IDE en Afrique
(en milliards de dollars)
Source : Jeune Afrique Economie (46(*))
Un autre problème est que non seulement les flux
d'investissements entrants sont extrêmement faibles, des sommes d'argent
importantes quittent l'Afrique dans le cadre de la fuite des capitaux et ce
problème touche l'Afrique beaucoup plus gravement que les autres
régions en développement. Environ 40 % de l'épargne
africaine est détenue à l'extérieur du continent, contre 6
% seulement pour l'Asie de l'Est et 3 % pour l'Asie du Sud. En 1990, en
dépit de l'insuffisance des capitaux disponibles à des fins
productives, l'Afrique a légèrement dépassé le
Moyen-Orient (39 %) au niveau de la part élevée de richesses
privées détenues à l'étranger.
La fuite des capitaux serait ainsi estimée à
environ 15 milliards d'USD par an (soit à peu près
l'équivalent de l'aide versée au continent ces 10
dernières années).
1.3. La dépendance vis-à-vis des produits
de base
Selon une liste établie par l'Oxfam (47(*)), plus de 50% des revenus
à l'exportation en Afrique sont issus d'une seule matière
première.
Cette liste mentionne des pays africains qui comptent sur une
seule matière première pour plus de 50% de leurs recettes
d'exportation. De nombreux pays sont dépendants de deux matières
premières pour une large majorité de leurs recettes d'exportation
(par exemple, en ajoutant le cobalt, la République Démocratique
du Congo disposerait de 14 % de revenus supplémentaires à
l'exportation, et en totaliserait donc 85 %). Et des pays comme le Burkina Faso
(41 %), le Tchad (37 %), le Bénin et le Mali (41 % chacun)
dépendent fortement du coton pour leur revenus à l'exportation
tout en n'atteignant pas la barre des 50 %.
Tableau III.7
Matières premières participant à
plus de 50 % dans les recettes d'exportation dans quelques pays
africains
Produits
|
Pays
|
Pétrole brut
|
Angola (92%)
Congo (57%)
Gabon (70%)
Nigéria (96%)
Libye (61%)
Guinée Equatoriale (91%)
|
Cuivre
|
Zambie (52%)
|
Diamants
|
Botswana (91%)
République Démocratique du Congo (71%)
|
Café
|
Burundi (76%)
Ethiopie (62%)
Ouganda (83%)
|
Tabac
|
Malawi (59%)
|
Uranium
|
Niger (59%)
|
Source : Oxfam. Données de Hewitt and Page S. Page et
A. Hewitt (2001) : «World Commodity Prices : Still a problem for
developing countries ?»
Pour mieux comprendre la marginalisation croissante de
l'Afrique sur les marchés internationaux, il faut s'intéresser
à l'évolution du commerce des produits de base qui concentrent
l'essentiel des exportations des économies africaines.
L'évolution des marchés des produits de base est assez
significative de cette tendance à la marginalisation de l'Afrique.
1.3.1. Evolution des cours des produits de
base
L'évolution des cours constitue la première
variable d'intérêt dans l'étude des cours des produits de
base.
Ces cours ont été caractérisés
entre les années 50 et 70 par une forte hausse avec une pointe en 1974
avant d'enregistrer une forte tendance à la baisse dès le milieu
des années 90 avec un repli de 15% par rapport à leur niveau au
début de la décennie. Mais en terme réel, les prix des
produits de base ont connu un déclin important durant la période
allant de 1957 à 2001 nous fait savoir Hakim Ben Hammouda. (48(*))
De 1980 à 2000, la plus grande chute des cours a
été enregistrée pour le coton (47 %), le café (64
%), le cacao (71 %) et le sucre (77 %).
Les explications à cette tendance au repli et à
la baisse des prix des produits de base sont les suivantes :
- Les facteurs structurels, l'hypothèse de
Prebisch-Singer (49(*))
lie cette dégradation à la différence
d'élasticité entre la demande des produits manufacturés et
celle des produits primaires. Cette tendance se renforce davantage depuis
quelques années par les efforts de substitution des matières
premières avec les progrès techniques et l'émergence des
produits de synthèse ;
- Les facteurs conjoncturels. Parmi ces facteurs, on peut
noter les catastrophes naturelles et les conditions climatiques qui ont une
influence forte sur les fluctuations des cours des produits de base. Il y a
aussi l'arrivée sur les marchés mondiaux de nouveaux producteurs,
dont notamment les pays asiatiques, qui ont une productivité plus
élevée que les produits africains et qui ont été
à l'origine d'une forte progression de l'offre mondiale ;
- Cette baisse s'explique également à court
terme par la dépression que connaît l'économie mondiale
depuis près d'une décennie et par la baisse de la demande
mondiale ;
- La structure des marchés internationaux. Nous avons
à ce niveau, les politiques de soutien interne à la production
aux produits agricoles et aux subventions aux exportations dans les pays de
l'OCDE qui ont eu comme conséquence une baisse des prix de ces produits
sur les marchés internationaux ;
- Les structures tarifaires sur les marchés
internationaux. Parallèlement aux subventions accordées par les
pays développés à leurs productions, les structures
tarifaires favorisent un accroissement de l'offre des produits de base aux
dépends des produits transformés. En effet, la
progressivité des droits de douane appliquée par certains pays
développés sur les exportations des pays en développement
ne favorise pas la transformation des produits de base localement et par
conséquent la diversification de leurs structures productives.
1.3.2. Impact de cette baisse sur les pays
africains
La tendance à la baisse des cours des produits de base
a ainsi un impact important sur les pays africains étant donné
que dix-sept des 20 articles d'exportation les plus importants pour l'Afrique
(autres que des combustibles) sont des produits de base et des produits
semi-finis tirés des ressources naturelles. Et pour se rendre compte de
cet impact ou le mesurer, il suffit de mettre en exergue la place des produits
de base dans les exportations des pays africains.
En moyenne, les pays africains tirent plus de 21 % de leur
PIB des produits de base (combustibles compris), contre environ 10 % pour
l'ensemble des pays en voie de développement et moins de 3 % pour les
pays développés. Cependant, des études récentes ont
montré que les produits primaires ne représentaient plus que
12,3% du total des exportations (50(*)), alors que cette part serait beaucoup plus
importante pour les pays africains et pour une grande partie d'entre eux, elle
est supérieure à 80% du total (tableau 5). Ainsi, les
fluctuations des cours ont un impact élevé sur les
économies africaines du fait de leur forte dépendance
vis-à-vis des matières premières et explique en partie
leurs faibles performances économiques durant ces dernières
années.
Tableau III.7
Part des produits primaires hors combustibles dans les
exportations de certains pays africains (% du total en moyenne
1998-2000)
Pays
|
Part des produits primaires
dans le total des exportations
|
Principaux produits
primaires exportés
|
Zambie
|
99,8
|
Cuivre
|
Libéria
|
99,8
|
Caoutchouc, Bois
|
Mauritanie
|
99,5
|
Fer
|
Guinée-Bissau
|
97,7
|
Noix de cajou
|
Tchad
|
95,0
|
Coton
|
Mali
|
94,5
|
Coton
|
Bénin
|
93,7
|
Coton
|
Ouganda
|
90,5
|
Café
|
République centrafricaine
|
88,2
|
Diamants, Bois, Coton, Café
|
Malawi
|
87,0
|
Tabac, Thé, Sucre, Coton, Café
|
Comores
|
82,9
|
Vanille, Clous de Girofle
|
Burundi
|
82,8
|
Café, Thé
|
République Dé. du Congo
|
82, 1
|
Diamants, Cuivre, Bois
|
Gambie
|
80,8
|
Graines pour l'extraction d'huile douce, Coton
|
Burkina Faso
|
79,0
|
Coton
|
Tanzanie
|
78,2
|
Café
|
Niger
|
73,3
|
Uranium
|
Mozambique
|
64,4
|
Noix de cajou, Coton, Sucre
|
Rwanda
|
58,7
|
Thé, Café
|
Guinée
|
56,7
|
Bauxite, Alumine, Or, Diamants
|
Source : OMC (2003), op. cit.
Une étude de la Banque mondiale et de la Commission
économique pour l'Afrique, citée par Hakim Ben Hammouda
(51(*)), a estimé
que ces pertes représentaient sur la période allant de 1970
à 1997 pour les pays africains non exportateurs de pétrole et en
dehors de l'Afrique du Sud l'équivalent de 119% du PIB de ces pays, 51%
des flux nets cumulés de ressources et près de 68% des transferts
nets de ressources .
1.3.3. Une entrée tardive dans l'industrie
manufacturière
En vingt ans, les exportations de produits
manufacturés de l'ensemble des pays en voie de développement ont
connu une très grande expansion, la part des produits
manufacturés dans leurs exportations totales étant passée
de 20 à 80 %. (52(*))
Cependant, en raison de plusieurs facteurs, l'Afrique a
nettement pris du retard dans la diversification des exportations. Par
conséquent, la région reste prise au piège de la
dépendance vis-à-vis des produits de base, avec la grande
fluctuation des cours qui les caractérisent.
Les pays d'Asie et d'Amérique latine devancent
largement l'Afrique en ce qu'ils ont développé les
infrastructures industrielles, les compétences et la culture de
l'apprentissage nécessaires pour progresser rapidement dans ce
secteur.
Cette entrée tardive dans l'industrie
manufacturière fait que les produits africains ont une très
faible valeur ajoutée. Selon un rapport des experts de la CNUCED
(53(*)), la vente au
détail du café rapporte aujourd'hui 70 milliards de dollars par
an ; sur ce montant seulement 5,5 milliards de dollars reviennent aux
producteurs. Donc pendant que les producteurs africains voient leurs revenus
diminués, les entreprises et les négociants qui se situent en
aval des producteurs dans la chaîne de valeur engrangent
d'appréciables bénéfices.
1.3.4. Une diversification nécessaire
Pour augmenter ses performances commerciales et prendre des
parts sur des marchés où elle était absente ou marginale,
l'Afrique a intérêt à diversifier son commerce. En Afrique,
les pays les plus performants sont ceux qui ont réussi à
diversifier le plus leurs exportations, à savoir Madagascar, l'Afrique
du Sud et le Ghana.
Cependant, il y a des lourdes contraintes qui pèsent
sur les efforts entrepris dans le sens de la diversification :
- Les exportations africaines se heurtent à une
escalade des droits de douane dans les pays riches. L'augmentation des droits
de douane avec le niveau de transformation nuit au secteur de la transformation
en Afrique ;
- la nécessité de se conformer à des
normes, d'obtenir des certificats d'origine et de gagner la confiance des
consommateurs ;
- L'état du marché pour certains produits de
base est également contrôlé par un petit nombre de grandes
sociétés intégrées, qui récupèrent
l'essentiel de la valeur d'un produit. A titre d'exemple, dans le secteur du
café, 90 % de la valeur va aux négociants, aux entreprises de
transformation et aux détaillants.
Les pays d'Afrique doivent donc diversifier leur production
en optant pour des produits dynamiques à valeur ajoutée plus
élevée, par la transformation et le passage à d'autres
secteurs où ils possèdent un avantage comparé. Mais la
diversification est une stratégie à long terme qui
nécessite la transformation structurelle d'une économie.
1.4. La faiblesse des marchés nationaux et
régionaux
Après l'indépendance des pays d'Afrique
subsaharienne, dans les années 60, les stratégies traditionnelles
d'intégration ont donné des résultats décevants
dans la plupart des cas ; cela tient :
- à la modestie des échanges
intra-régionaux, à des niveaux de revenu et à des
degrés d'industrialisation très inégaux et à des
difficultés budgétaires
généralisées ;
- Ces stratégies avaient aussi une forte coloration
protectionniste, tendant à étendre à plusieurs pays les
politiques de substitution aux importations qui avaient échoué au
niveau national.
Alors que la croissance du commerce international
apparaît en premier lieu comme une intensification des échanges au
sein de chaque ensemble régional, l'Afrique reste un espace faiblement
intégré. Moins de 10 % des échanges extérieurs des
pays africains interviendraient à l'intérieur même de la
région africaine.
Nombre d'obstacles informels aux échanges
empêchent de libéraliser le commerce entre les pays voisins en
Afrique, nous avons entre autre :
- Les détournements de législation :
multiplication des barrages routiers par les forces de police, contrôles
douaniers et prélèvement de taxes abusives dus aux retards de
versements des salaires des fonctionnaires ou leur modicité ;
- Les difficultés tiennent aussi à la
fragilité de la négociation sous-régionale liée aux
faiblesses des arbitrages interministériels au sein de chaque
pays ;
- La question monétaire joue aussi un rôle
fondamental tant dans la fragmentation de l'espace régional que dans la
stimulation des flux de marchandises. La monnaie commune favorise d'une part
les échanges et les paiements à l'intérieur de la zone.
L`exemple le plus significatif est la zone franc ;
- Enfin les intérêts entre les pays divergents et
les disparités des politiques de commerce extérieur mises en
oeuvre par différents pays voisins sont autant d'opportunités
pour réaliser des opérations commerciales plus ou moins
clandestines et donc d'autant plus rémunératrices.
Graphique III.5
Le commerce intra-régional en part du PIB (%),
2002
Source : ONU COMTRADE
Ainsi comme le souligne Jean Ngandjeu (54(*)), une harmonisation de la
circulation des produits commerciaux dans les différentes
sous-régions, l'allègement des contrôles routiers, la
suppression de la double imposition, le développement des
infrastructures de base (avec l'extension des réseaux routiers
sous-régionaux par exemple), la construction des industries
sous-régionales, ..., sont autant des propositions concrètes
susceptibles d'impulser les échanges sous-régionaux. Les
possibilités de coopération entre pays en développement
s'élargissent donc pour un accroissement des échanges et des
investissements réciproques et un resserrement des liens industriels et
technologiques.
2. Les obstacles externes
2.1. Accès aux marchés des pays
développés
La question de l'accès aux marchés revêt
un caractère crucial pour l'Afrique. Cette situation trouve son
explication dans l'étroitesse des marchés africains et la
nécessité pour le continent de se tourner vers les marchés
d'exportation afin d'appuyer les dynamiques de croissance et les efforts en
matière de diversification des structures productives. Pendant des
décennies, les consommateurs des pays industrialisés ont
bénéficié des prix très bas des produits de
base.
Alors que de nos jours, les tentatives des pays en
développement d'accéder aux marchés des pays du Nord se
heurtent à des obstacles douaniers et à des normes de plus en
plus difficiles à atteindre.
La question de l'accès aux marchés comporte
pour les pays en développement trois dimensions
importantes (55(*))
:
- La première est liée aux niveaux et à
la structure des tarifs douaniers appliqués par les pays
développés. A cet égard, il faut souligner d'abord le haut
niveau, surtout pour les produits agricoles, ainsi que la forte dispersion de
ses tarifs qui réduisent la compétitivité des exportations
des pays en développement sur les marchés mondiaux.
- Il faut également mentionner la progressivité
des droits de douane qui s'appliquent aux produits transformés
localement et réduisent par conséquent les efforts de
diversification des économies des pays en développement.
- Il faut aussi mettre l'accent sur les crêtes
tarifaires qui s'appliquent aux exportations pour lesquelles ces pays disposent
d'avantages comparatifs, notamment les produits intensifs en main d'oeuvre.
Parallèlement à l'aspect tarifaire, la question
de l'accès aux marchés présente une dimension non
tarifaire liée aux différentes règles techniques, aux
normes et aux restrictions sanitaires et phytosanitaires qui pèsent
lourdement sur les exportations des pays en développement et constituent
de véritables barrières à l'entrée des
marchés des pays développés.
A ces deux dimensions, il faut enfin rajouter les limitations
quantitatives et les différents quotas appliqués aux courants
d'échanges en provenance des pays en développement.
L'ensemble de ces dimensions montre la complexité de
la question de l'accès aux marchés et les difficultés
qu'elle fait peser sur les pays en développement particulièrement
les pays africains.
Si les marchés des produits industriels ont connu
d'importantes réductions, les marchés des produits agricoles
continuent à bénéficier d'importantes protections, en
particulier dans les pays développés. Ainsi, le taux moyen de
droits de douane sur les produits industriels est passé de 40 % à
4 % entre 1945 et 1995 alors que le taux moyen pour les produits agricoles
était encore autour de 62 %. Mais, ces taux sont encore plus
élevés pour des produits dits sensibles ou stratégiques
dans les pays de l'OCDE comme le blé (214 %), l'orge (197 %) et le
maïs (154 %). (56(*))
Graphique III.6
Tarifs imposés sur les importations, 2000 (en
%)
Source : FMI et Banque mondiale 2001.
En plus d'être confrontés à des
barrières tarifaires élevées à l'entrée des
pays développés, les pays en voie de développement
s'imposent également mutuellement des barrières commerciales
élevées. Les exportations en provenance des pays les moins
avancés et à destination d'autres pays en voie de
développement, doivent faire face aux barrières tarifaires
moyennes les plus élevées du commerce mondial. Si l'on
considère cet aspect au niveau régional, les taxes
douanières moyennes les plus élevées sont celles de
l'Afrique subsaharienne, avec 18 %, et celles de l'Asie Orientale, avec 15 %.
Ces tarifs élevés permettent d'expliquer la faible part du
commerce intra régional réduite à 1 % du PIB en Asie du
Sud et à 5 % en Afrique subsaharienne, en comparaison avec plus de 25 %
en Asie Oriental.
2.2. Les subventions à la production
Ensemble avec l'accès aux marchés, les
agricultures des pays riches reçoivent des subventions qui sont autant
de ruptures des conditions d'une concurrence loyale entre le Nord et le Sud.
Parallèlement au différentiel de
productivité qui leur est favorables, les pays développés
ne cessent d'augmenter leur appui à leurs grands fermiers. Cette
situation a eu des conséquences négatives non seulement sur les
exportations agricoles des pays africains mais également sur leur
production et par conséquent sur leur sécurité
alimentaire.
Graphique III.7
Soutien des pays riches à
l'agriculture
(en milliards de dollars US)
Source : OCDE 2005, Rapport mondial sur le
développement humain 2005
Pour ce qui est du soutien en part de la valeur de
production, le Japon est en tête avec 56 % de la production
subventionnée, suivi par l'Union européenne et les Etats-Unis
avec respectivement 33 % et 18 %. (57(*))
Ainsi, on estimait en 1997 que les pays de l'OCDE accordaient
près de 370 milliards de dollars à leurs agriculteurs ce qui
correspond à plus de six fois les montants accordés à
l'aide au développement. Ces subventions n'ont cessé d'augmenter
depuis cette date même si les mesures officielles montrent depuis
quelques années une baisse. Cette augmentation a profité à
toutes les productions transférées par ces pays dans la
catégorie verte. On estime que depuis 1997, la progression des appuis
à l'agriculture dans les pays de l'OCDE a progressé de 28 %. La
moitié de ces subventions sont du fait des pays de l'Union
Européenne et le Japon y contribue pour près de 39 %. L'appui aux
agricultures ne se limite pas à ces pays. Ainsi, les Etats-Unis ont
accordé en 2000 près de 28 milliards de dollars à leurs
fermiers. (58(*))
§ Le cas du coton africain
En Afrique de l'Ouest, 15 à 20 millions de personnes
vivent directement ou indirectement du coton (59(*)). En raison de sa bonne qualité, il constitue
l'un des rares secteurs où le continent demeure compétitif.
Cependant dans un article de Tom Amadou Seck (60(*)), ce dernier nous fait
remarquer que les exportations africaines de coton souffrent des certaines
anomalies.
- La première anomalie qui affecte le marché du
coton, comme d'ailleurs ceux de l'ensemble des produits de base : ce ne
sont pas les plus gros producteurs mais les premiers exportateurs qui
déterminent les cours mondiaux. Ainsi, ce sont les exportations
américaines (37 % de part du marché) qui définissent les
cours mondiaux, et non celles des principaux producteurs. Les producteurs
africains représentent 3,6 % de la production, mais 17 % des
exportations mondiales.
- La deuxième anomalie est que la production
américaine se trouve artificiellement dopée par l'intervention du
gouvernement fédéral, sous forme d'aides directes aux producteurs
(3,5 milliards de dollars) et de subventions aux exportations (1,5 milliards de
dollars) qui représentent près de 50 % des subventions mondiales
au coton.
La Banque mondiale estime (61(*)) que les subventions, versées en 2002 par les
Etats-Unis et l'Union européenne à leurs producteurs de coton,
ont entraîné un manque à gagner de 300 millions de dollars
pour l'Afrique, soit davantage que l'allègement de la dette de neuf pays
exportateurs de coton d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale.
En plus, ces aides alimentent une surproduction mondiale
provoquant ainsi une chute des cours.
L'Afrique doit donc être en mesure d'entrer sur les
marchés internationaux dans de meilleures conditions qu'à l'heure
actuelle. Pour l'organisation internationale Oxfam (62(*)), il faudra de ce fait
éliminer toutes ces barrières pour parvenir à rendre la
situation plus équitable pour le commerce africain.
3. La promotion de l'intégration
régionale
L'amélioration de la coopération
régionale peut contribuer à la réduction des
barrières que sont le coût du transport, les règles
d'origine, les normes et autres obstacles réglementaires, ainsi que la
mauvaise administration douanière.
Andrea Goldstein dans sa publication intitulée :
« Le nouveau régionalisme en Afrique subsaharienne : l'arbre
cache-t-il une forêt ? » (63(*)), pense que si l'on veut améliorer
l'accès aux marchés mondiaux, accroître les flux de
capitaux et stimuler les échanges économiques entre pays
africains, il faut organiser des formes de coopération qui
prévoient une certaine harmonisation des politiques économiques
ou la mise en oeuvre de projets d'infrastructures conjoints.
3.1. L'importance de l'intégration
régionale (64(*))
§ Pour transformer les économies africaines
L'intégration régionale est une condition
nécessaire à la transformation et à la croissance des
économies africaines, mais aussi à l'intégration de
l'Afrique dans l'économie mondiale. La production serait ainsi
assurée de façon plus efficace conformément à la
théorie des avantages comparatifs, et les marchés, plus vastes,
permettront de mieux tirer parti des économies d'échelle. Les
changements qui en résulteraient permettraient d'améliorer la
qualité des facteurs de production, d'en d'accroître la
quantité et de les moderniser progressivement grâce au
progrès technologique. De plus, la mobilité des facteurs,
couplée à une coordination et une harmonisation des politiques
monétaires et fiscales, doperait la croissance économique et
améliorerait le bien-être dans les pays concernés.
§ Pour libérer l'activité industrielle et
commerciale
L'autre nécessité se rapporte au fait que
l'intégration régionale en Afrique se rapporte aux effets
à long terme de celle-ci sur l'organisation des activités
industrielles et commerciales.
- Premièrement, la concurrence accrue entre les
entreprises conduira les moins efficaces d'entre elles à
améliorer leurs mécanismes de fonctionnement tandis que d'autres,
incapables de s'adapter au nouvel environnement, devront disparaître. Cet
environnement concurrentiel émergent favorisera la croissance et le
profit et bénéficiera au consommateur.
- Deuxièmement, de nombreuses activités
manufacturières pourront s'établir à une échelle
plus vaste, élargissant de ce fait la base industrielle si
nécessaire à la transformation des économies
africaines.
- Troisièmement, les possibilités plus grandes
qui s'offriront à l'investissement (national et étranger)
permettront de mobiliser et de déployer davantage de fonds, en vue
d'exploiter les immenses ressources naturelles du continent, de mettre en
valeur l'énorme réservoir de ressources humaines et de tirer
parti des possibilités d'épargne.
§ Pour entrer dans l'économie mondiale
La régionalisation peut aussi jouer en faveur du
multilatéralisme par les moyens suivants :
- En allant au-delà des questions étroites du
commerce et du bien-être mondial et en prenant des mesures
destinées à promouvoir l'investissement étranger, le
capital humain et le développement technique, le développement de
l'infrastructure, l'exploitation rationnelle des ressources naturelles et la
préservation de l'environnement.
- En agissant comme un instrument qui limite la tentation du
repli sur soi et qui ouvre la voie aux réformes dans le secteur du
commerce.
- - En créant des groupements
politico-économiques plus vastes qui soient capables de faire entendre
leur voix avec plus de force dans les instances internationales.
- En créant des groupes d'intérêt
favorables à l'exportation et capables de s'opposer aux tenants du
protectionnisme national.
- En encourageant la concurrence dans les marchés
intérieurs, la baisse des prix et l'amélioration de la
qualité pour assurer une meilleure compétitivité des
produits sur les marchés internationaux.
L'Afrique devrait progressivement devenir un membre à
part entière de l'économie mondiale et éviter ainsi
d'être davantage marginalisée.
3.2. Etat de l'intégration régionale en
Afrique
L'Afrique compte 14 CER qui se distinguent par leur
conception, leur étendue et leurs objectifs. Sept d'entre elles dominent
le paysage de l'intégration (65(*)) :
- L'Union du Maghreb arabe (UMA), qui comprend cinq
membres.
- Le Marché commun de l'Afrique orientale et australe
(COMESA), qui comprend 20 membres.
- La Communauté économique des Etats d'Afrique
centrale (CEEAC), qui comprend dix membres.
- La Communauté économique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui comprend 15 membres.
- La Communauté de développement de l'Afrique
australe (SADC), qui comprend 14 membres.
- L'Autorité intergouvernementale pour
développement (IGAD), qui comprend sept membres situés en Afrique
de l'Est.
- La Communauté des Etats sahélo-sahariens
(SIN-SAD), qui comprend 18 membres.
Six autres CER sont géographiquement peu
étendues ou sont des sous-ensembles de CER plus importantes :
- L'Union économique et monétaire
ouest-africaine (UEMOA), qui comprend huit membres, faisant tous partie de la
CEDEAO.
- L'Union du fleuve Mano (MRU), qui comprend trois membres,
faisant tous partie de la CEDEAO.
- La Communauté économique et monétaire
d'Afrique centrale (CEMAC), qui comprend six membres, faisant tous partie de la
CEEAC.
- La Communauté économique des pays des Grands
Lacs (CEPGL), qui comprend trois membres, faisant tous partie de la CEEAC.
- La Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), qui
comprend trois membres, dont deux font partie du COMESA et l'autre de la
SADC.
- - La Commission de l'océan Indien (COI), qui comprend
cinq membres, dont quatre font partie du COMESA et un de la SADC.
- L'Union douanière d'Afrique australe (SACU), qui
comprend cinq membres, faisant tous partie de la SADC et deux d'entre eux
faisant partie du COMESA.
Dans pratiquement toutes les sous-régions, le
processus de l'intégration est actuellement géré par deux
ou plusieurs groupements. La plupart des pays font partie de deux ou plusieurs
blocs. Sur les 53 pays africains, 27 sont membres de deux CER et 18 autres sont
membres de trois CER. Un pays, la République démocratique du
Congo, est membre de quatre CER. Sept pays seulement appartiennent à une
seule CER.
Section 3. Etude comparative entre l'échec
africain et le succès asiatique (66(*))
L'étude comparative de ces expériences est
intéressante dans la mesure où un grand nombre de pays africains
avaient dans les années 60 un niveau de développement similaire
et assez proche de celui des pays asiatiques. Or, les trajectoires de ces deux
groupes ont été différentes depuis cette époque. En
effet, si les pays africains continuent à connaître des rythmes de
croissance faible et éprouvent les plus grandes difficultés
à faire face à leur marginalisation croissante dans
l'économie internationale, les pays asiatiques sont devenus en peu de
temps de nouvelles puissances économiques et industrielles
réalisant des taux de croissance record et réussissant à
améliorer leur insertion internationale.
Une étude comparative des dynamiques de croissance
dans les pays asiatiques et des pays africains durant les trois
dernières décennies nous permet de ressortir quatre
éléments majeurs qui expliquent les trajectoires
différentes de ces économies :
- le caractère fort de la croissance
économique ;
- la place de l'agriculture dans la croissance ;
- le rôle de l'industrie dans le
développement ;
- et enfin, la contribution des nouvelles technologies.
1. Croissance économique
L'auteur Hakim Ben Hammouda montre que la première
différence entre pays africains et asiatiques réside dans la
fragilité de la croissance des uns et des records chez les autres.
Selon les estimations de la Banque Mondiale, les huit pays
asiatiques (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Singapour,
Malaisie, Thaïlande et Indonésie) ont connu durant la
période 1965-1990 les plus hauts niveaux de croissance au monde.
Toujours selon la Banque Mondiale, alors que le monde connaissait une grave
récession dans les années 80, les pays asiatiques ont
continué leurs dynamiques de croissance avec des taux annuels moyens de
8,1 % en Corée, 7,6 % à Taïwan, 6,7 % à Hong Kong,
7,3 % à Singapour, 7,5 % en Thaïlande et 6,6 % en Malaisie durant
la période allant de 1979 et 1992.
En Afrique, si la croissance a été maintenue
à des niveaux relativement élevés dans les années
70, ces efforts sont retombés suite à la crise des années
80.
Il faut aussi noter que la croissance s'est
accompagnée de taux d'investissement élevés dans la
plupart des pays asiatiques, dépassant une moyenne annuelle de 20 % du
PIB entre 1960 et 1990 ; ce qui n'a pas été le cas pour
l'Afrique où même lorsque les taux d'investissement étaient
élevés dans les années 70, ils n'ont cependant jamais
atteints le niveau ceux des pays asiatiques.
Ainsi, il apparaît clairement que la grande
différence entre les économies asiatiques et africaines
réside dans la capacité des premiers à maintenir sur une
longue période des taux de croissance fort et un niveau d'investissement
élevé lié à d'importants gains de
productivité. Au contraire, les économies africaines n'ont pas
été en mesure de maintenir des dynamiques de croissance fortes et
l'effort d'investissement est resté fragile.
2. Croissance du secteur agricole
Parallèlement à la place de la croissance, les
différences de trajectoires entre les pays d'Asie du Sud-Est et
d'Afrique réside également dans le rôle joué par la
modernisation agricole dans les dynamiques de développement.
A ce niveau, il faut souligner la place de l'agriculture dans
les expériences asiatiques dès la fin de la seconde guerre
mondiale. Sous les pressions américaines, le Japon, la Corée et
Taïwan ont opéré de profondes réformes agraires qui
se sont rapidement traduites par une forte progression de la production
agricole.
Ainsi, en Corée par exemple, la valeur ajoutée
agricole a augmenté à un niveau plus élevé qu'au
Brésil, en Argentine et même aux Etats-Unis, avec des taux annuels
de 10,3 % entre 1968 et 1979. Parallèlement à cette forte
croissance de la production, on a enregistré une forte hausse des
rendements agricoles, avec des taux moyens de 3,1 % pour le blé, de 33,6
% pour le soja et de 4,6 % pour le riz en Corée entre 1965 et 1979, ce
qui a permis de libérer une grande partie de la population rurale pour
l'industrie et s'est traduit par une forte baisse de l'emploi agricole dans
l'emploi total.
En Afrique, au contraire, la crise agricole a
été au centre de l'échec des expériences de
développement. Plusieurs politiques de modernisation agricole ont
été tentées sur le continent : une politique basée
sur l'interventionnisme étatique dans les années 60 et 70, et une
politique plus libérale à partir des années 80 avec le
désengagement de l'Etat et une plus grande marge de manoeuvre
laissée aux acteurs privés. Ces stratégies n'ont pourtant
pas été en mesure de moderniser les agricultures africaines.
Ainsi, la croissance agricole a joué un rôle
déterminant dans les expériences asiatiques de
développement car elle a favorisé l'autosuffisance alimentaire de
ces pays, et a réduit par conséquent les
déséquilibres liés aux importations de produits
alimentaires. Par ailleurs, cette croissance a été à
l'origine du développement des revenus ruraux et donc de la demande
adressée au secteur industriel. Or, en Afrique l'échec des
expériences de modernisation agricole a lourdement pesé sur les
dynamiques de croissance, entraînant un accroissement de la
dépendance alimentaire des pays africains, l'appauvrissement du monde
rural et l'accroissement des migrations vers les villes en dépit d'un
important chômage urbain.
3. Croissance du secteur industriel
Parallèlement aux dynamiques de croissance, à
la modernisation agricole, il faut également mentionner le rôle du
développement industriel dans les trajectoires différentes des
pays asiatiques et africains.
Les stratégies de développement industriel
entreprises dans les années 80 n'ont pas réussi à doter
les économies africaines de tissus industriels cohérents et
compétitifs. Or, l'expérience asiatique est tout autre, dans la
mesure où le développement industriel a joué un rôle
majeur dans les dynamiques de croissance de ces économies. Il faut tout
d'abord souligner que la plupart des pays du Sud-Est asiatique ont connu une
forte progression de l'emploi manufacturier qui est passé de 15,4
à 24,1 % de l'emploi total au Japon, de 7 % à 26,9 % en
Corée, de 12 % à 32 % à Taïwan et de 19 % à
29,5 % à Singapour entre 1950 et 1990.
La croissance de la production industrielle a
été à l'origine d'une transformation rapide des structures
d'exportation avec la montée des exportations manufacturières aux
dépends des exportations traditionnelles. Ainsi, entre 1967 et 1993 la
part des exportations industrielles dans les exportations totales est
passée de 93,4 % à 96,8 % au Japon, de 67,3 % à 93,7 % en
Corée, de 21 % à 78 % pour Singapour, de 3,7 % à 50,5 % en
Indonésie, de 12,6 % à 65,5 % pour la Thaïlande, et de 24,9
% à 68,4 % pour la Malaisie.
Le développement industriel a donc joué un
rôle majeur dans les évolutions différenciées des
dynamiques de développement en Afrique et en Asie.
4. Nouvelles technologies
Il faut enfin souligner le poids des stratégies en
matière de nouvelles technologies pour comprendre les dynamiques de
développement entre les pays asiatiques et africains. Il est possible de
distinguer deux grandes stratégies d'importation et de maîtrise
des nouvelles technologies :
- En Afrique les différents pays ont opté pour
des stratégies de transfert de technologies clés en main afin de
diminuer les risques techniques. Mais ces stratégies ont
été à l'origine d'un renforcement de la dépendance
technique de ces pays, notamment à travers les contrats de maintenance
technique.
- - Alors que les pays asiatiques ont développé
des stratégies de maîtrise locale des nouvelles technologies. Si
les expériences d'industrialisation des premiers pays capitalistes au
18ème siècle étaient basées sur
l'invention et celles des puissances industrielles du 19ème
siècle sur l'innovation, les pays asiatiques ont cherché, comme
les pays africains, à accéder aux nouvelles technologies par le
biais de l'importation. Cependant, cette importation était
renforcée par un important effort local d'apprentissage, d'adaptation et
d'imitation des technologies importées.
L'effort de maîtrise des nouvelles technologies et les
dynamiques d'apprentissage ont ainsi été à l'origine du
développement rapide des capacités scientifiques et techniques
dans les différents pays du Sud-Est asiatique.
Après avoir mis en exergue les piètres
performances du commerce africain sur le plan international, nous allons tenter
d'analyser dans le chapitre qui suit les voies à suivre par les
économies africaines pour promouvoir leurs commerces et attirer
davantage des flux d'investissements privés afin de s'intégrer
à l'économie mondiale.
Chapitre IV
L'intégration de l'Afrique au commerce international
Il est reconnu aujourd'hui que le commerce et
l'investissement sont des puissants moteurs de l'intégration mondiale.
Malheureusement le manque de compétitivité commerciale et un
secteur privé peu propice pour attirer les investissements privés
bloquent l'Afrique dans sa démarche vers son intégration au
commerce mondial.
Le chapitre précédent nous a permis
d'identifier différents facteurs empêchant l'Afrique à
s'engager complètement dans les échanges internationaux et
profiter pleinement de tous les effets bénéfiques qu'ils
pourraient engendrer. Et de ce chapitre ressort que le problème majeur
auquel l'Afrique se trouve confrontée est sa faible capacité de
participer au commerce, en raison de sa productivité réduite et
de son manque de compétitivité. Ces problèmes se trouvent
en outre aggravés par les obstacles auxquels l'Afrique se heurte sur les
marchés mondiaux, dont des niveaux indéfendables de
protectionnisme et de subventions de la part des pays riches.
Aujourd'hui toutes les voix s'élèvent pour
clamer haut et fort la libéralisation des échanges comme moyen de
promouvoir le commerce des nations et attirer un niveau de plus en plus grand
de flux d'investissements directs étrangers et ainsi participer à
l'économie mondiale. Mais la question que l'on se pose quand il s'agit
de libéraliser les échanges dans le cas de l'Afrique est celle de
savoir comment un continent en manque de compétitivité
commerciale peut-il espérer tirer profit du commerce mondial en
s'ouvrant à l'extérieur ?
Dans ce chapitre, nous avons essayer de comprendre les
stratégies de développement du commerce qui conviennent le mieux
à l'Afrique en commençant tout d'abord par donner les
stratégies appliquées par les différents pays africains
peu avant les années 60 et ensuite à partir des années
80.
Section 1. Les stratégies
d'import-substitution
A partir des années 50 et particulièrement dans
les années 60 et 70, la plupart des pays en développement avaient
opté pour les stratégies d'import-substitution.
Ces stratégies s'étaient fixées pour
objectif de produire localement les produits de consommation importés
auparavant des pays développés. L'import-substitution
était donc un moyen pour ces pays de lancer leur développement
économique et de réduire leur dépendance par rapport aux
anciennes métropoles coloniales à travers la diversification de
leurs structures productives. Ces stratégies devaient commencer par la
production des produits de consommation finale et remonter progressivement vers
les produits intermédiaires et les biens de capital.
Ces stratégies se sont en outre accompagnées
d'une politique commerciale extérieure restrictive et d'une grande
protection des activités industrielles naissantes. Ces stratégies
devaient ainsi consolider l'indépendance politique fraîchement
acquise par certains pays en développement à travers une plus
grande autonomie économique.
1. Justification de stratégies
d'import-substitution
Dans la littérature économique, les
stratégies d'import-substitution étaient justifiées
à l'époque par trois arguments majeurs (67(*)).
§ Argument Historique
Le premier est d'ordre historique et concerne
l'expérience des pays qui ont lancé leur développement au
cours du 18ième et du 19ième siècle.
En particulier, les Etats-Unis, la France et l'Allemagne ont construit leur
développement industriel dans un contexte fortement
contrôlé et ont pu tirer profit d'un haut niveau de
protectionnisme afin de construire des dynamiques de croissance forte.
L'expérience du Japon, avec les réformes du Meiji, est une
illustration des rapports positifs entre développement économique
et protection des activités locales. Plus récemment,
l'expérience d'industrialisation rapide entamée par l'ex-URSS
dans les années 30, par la Chine et la plupart des ex-pays du bloc
socialiste, avait exercé un grand attrait sur les pays en
développement ;
§ Argument de l'industrie naissante
L'argument de l'industrie naissante a été
développé par F. List au cours du 19ième
siècle (68(*)), et
qui avait encouragé les décideurs allemands à faire de la
protection un moyen privilégié pour accélérer la
croissance économique. Il sera ensuite repris par les économistes
classiques comme J. Stuart Mill.
Cet argument justifie le recours à la protection par
un pays dans les premiers stades du développement industriel afin
d'aider ses industriels à atteindre le niveau de savoir-faire moyen dans
l'industrie. De manière beaucoup plus précise, cet argument
préconise le recours à un tarif extérieur durant une
période transitoire où le prix des produits locaux est
supérieur à celui des produits importés. Cette taxe
devrait être utilisée pour financer les investissements
nécessaires, notamment dans le domaine des ressources humaines, afin
d'aider les produits locaux à faire face à la concurrence
étrangère.
§ Argument de la détérioration des prix des
produits de base
Le troisième argument qui avait justifié
à l'époque les recours aux stratégies de
développement d'import-substitution est lié à la
détérioration des prix des produits de base exportés par
les pays en développement depuis la crise des années 30.
Cet argument a été mis en exergue par Raul
Prebish (69(*)),
Secrétaire Général de la CEPAL et de la CNUCED. Il
expliqua que cette tendance s'inscrivait dans la dynamique de l'économie
internationale et trouvait son explication dans la faible
élasticité de la demande des produits primaires. Ainsi, afin de
faire face à cette baisse structurelle des cours des produits
exportés par les pays en développement, il recommanda fortement
le recours à l'industrialisation afin de transformer localement les
produits exportés auparavant.
2. Caractéristiques des stratégies
d'import-substitution
Le système était caractérisé par
une stratégie commerciale fortement restrictive et par une faible
ouverture sur l'extérieur. Ainsi, un système complexe de
protection tarifaire et non tarifaire, de contrôle de change et de
licences d'importation a été mis en place dans la plupart des
pays en développement afin de défendre la production locale.
Par ailleurs, la plupart des pays en développement
avaient également opté pour une politique de taux de change
élevé afin de décourager les importations et de favoriser
les produits locaux dans la concurrence avec ceux importés.
Parallèlement aux politiques commerciales
restrictives, les stratégies d'import-substitution se sont
accompagnées d'un large interventionnisme étatique dans
différents domaines, notamment en matière de financement à
travers le maintien de taux d'intérêt négatifs favorables
aux investissements.
3. Impact sur les économies africaines
Les stratégies d'import-substitution ont permis
à l'Afrique de connaître un niveau élevé de
développement économique à partir de la fin des
années 60 et particulièrement dans les années 70. Le taux
de croissance annuel moyen du PIB industriel était estimé
à 5,5 % entre 1970 et 1980. Ce taux sera négatif entre et 1980 et
1984 (- 2,5 %) et très faible entre 1984 et 1987 (0,4 %). Par ailleurs,
la part des activités manufacturières dans le PIB a
augmenté rapidement et, même si l'agriculture continuait à
dominer les économies africaines, le rôle de l'industrie
était en nette progression. La croissance des activités
manufacturières a entraîné dans son sillage une
augmentation rapide de l'emploi industriel et de sa part dans l'emploi total en
Afrique.
Ainsi, les stratégies d'import-substitution ont permis
aux pays africains d'amorcer un important processus de modernisation de
structures économiques archaïques héritées de la
colonisation.
4. Remise en cause des stratégies
d'import-substitution
Dès la fin des années 70, pour plusieurs
raisons, ces stratégies vont rapidement connaître leurs limites en
Afrique comme partout ailleurs dans le monde. Les raisons qui expliquent cet
échec sont les suivantes :
- La première est liée à la faible
articulation interne des activités industrielles. Ainsi, le
développement des activités de biens de consommation finale s'est
traduit par une croissance rapide des importations des produits
intermédiaires et des biens de capitaux, ce qui a entraîné
un accroissement des déséquilibres commerciaux et par
conséquent du déficit de la balance des paiements ;
- Cet échec s'explique également dans la
faiblesse des marchés intérieurs et leur incapacité
à offrir d'importants débouchés pour les nouvelles
activités industrielles. En Afrique, le marché intérieur
se réduisait à une faible classe moyenne urbaine. Le monde
paysan, du fait de la faiblesse de la productivité agricole et par
conséquent de ses revenus, était exclu du nouveau mode de
consommation moderne ;
- La crise de l'import-substitution trouve aussi son
explication dans la réduction des disponibilités de financement
pour les pays en développement. A ce niveau, il faut rappeler que ces
stratégies avaient pu tirer profit tout au long des années 70 du
relèvement des cours de matières premières qui a permis
aux Etats d'intervenir de manière forte dans l'appui de ces
stratégies de développement ;
- Le dernier argument qui a cependant été le
plus souvent utilisé pour expliquer la crise des stratégies
d'import-substitution est probablement celui de la faiblesse de la
productivité des nouvelles entreprises.
Contrairement à l'objectif des stratégies
d'import-substitution, la protection n'a que rarement incité les
entreprises à investir et à moderniser leurs appareils productifs
et on a plutôt assisté à l'émergence de
comportements rentiers de la part des entreprises qui ont tiré profit de
la protection que la faible ouverture sur l'extérieur leur accordait.
Section 2. Libéralisation des
échanges
Avec la crise de la dette au début des années
80, il était devenu clair que les stratégies
d'import-substitution avaient leurs limites. Les pays en développement
se sont retournés vers l'ouverture des économies en faisant de
l'exportation le principal moteur de la croissance et d'intégration dans
le commerce mondial.
Comme l'explique l'auteur Hakim Ben Hammouda (70(*)), la stratégie de
libéralisation était adoptée par le fait que certains pays
d'Asie et d'Afrique, comme la Tunisie ou l'Ile Maurice, avaient dès le
début des années 70 ouvert leurs économies et
orienté une partie de leurs ressources et de leurs investissements vers
la promotion des activités exportatrices et ont alors enregistré
une croissance forte et surtout une progression rapide de la part des
exportations dans la formation du PIB.
1. Ouverture des économies africaines sur
l'extérieur
Avec la crise de la dette, la plupart des pays africains vont
adopter dès le milieu des années 80 des Programme d'Ajustement
Structurel (PAS) avec l'appui des institutions de Bretton Woods.
Ces nouvelles politiques commerciales adoptées par les
pays africains cherchaient ainsi à favoriser une plus grande ouverture
des économies afin de relancer les dynamiques de croissance et une
insertion compétitive des économies du continent dans le
processus de globalisation.
On assistera ainsi à une plus grande
libéralisation des échanges extérieurs à travers la
réduction des barrières non tarifaires et la diminution des
tarifs douaniers appliquées sur les importations dans un grand nombre de
pays. On enregistre même de la part des pays africains l'abandon de la
fixité des taux de change et de leur forte évaluation par le
biais de dévaluations successives afin d'encourager les exportations et
d'aider les firmes à construire leur compétitivité.
Cependant, les politiques commerciales en Afrique ne
connaîtront pas non plus d'importantes transformations dans le cadre des
PAS et les stratégies de libéralisation commerciale très
poussées suscitent actuellement certaines inquiétudes de la part
des décideurs quant à leur impact sur les économies du
continent africain.
L'auteur Hakim Ben Hammouda parle de trois
préoccupations qui sont au coeur de ses craintes (71(*)) et que nous résumons
dans les points qui suivent.
1.1. Impact des réformes sur la
compétitivité
La première préoccupation est donc liée
à l'impact des réformes sur la compétitivité des
économies africaines et cela après avoir constaté que la
libéralisation commerciale ne s'est pas traduite par
l'accélération de la croissance promise et l'amélioration
de l'insertion internationale de l'Afrique.
Au contraire, comme nous l'avons vu au chapitre
précédent, nous assistons à la poursuite de la
marginalisation de l'Afrique dans le commerce international.
Ainsi, les réformes économiques et la
libéralisation des échanges internationaux ne se sont pas
traduites par une amélioration du positionnement international de
l'Afrique et n'ont pas été en mesure de faire face à la
tendance à la marginalisation croissante des économies
africaines.
1.2. Conséquences sur les recettes
fiscales
Le second motif d'inquiétude est lié aux
conséquences de la libéralisation commerciale sur les recettes
fiscales des pays africains et comme nous le savons, les recettes
budgétaires des pays africains dépendent étroitement des
recettes douanières.
Entre 1999 et 2001, ces dernières ont
représenté près de 34 % des recettes publiques dans les
pays les moins avancés (PMA) d'Afrique. Pour le reste des pays africains
n'appartenant pas au groupe des PMA, la part des taxes douanières dans
les recettes publiques (22 %) est encore plus élevée que la
moyenne des pays en développement (15 %) (72(*)).
Nous comprenons donc par là que la
libéralisation des échanges commerciaux devrait se traduire par
un important manque à gagner pour les recettes fiscales et pourrait
entraîner un approfondissement des grands déséquilibres
macroéconomiques.
1.3. Le maintien du protectionnisme
Le troisième motif d'inquiétude en Afrique dans
le contexte de libéralisation des échanges est lié au fait
que les pays développés continuent, en dépit de leurs
engagements dans le cadre des négociations commerciales
multilatérales, à défendre leurs produits sensibles et
à protéger leurs marchés.
Comme nous l'avons déjà évoqué,
les pays développés continuent d'apporter un appui important
à leurs agricultures à travers les subventions à
l'exportation, la protection des marchés et le soutien interne aux
producteurs au moment où les pays en développement, et en
particulier les pays africains, ont opéré dans le cadre des PAS
d'importantes réductions à toutes les formes d'appui à
leur agriculture. Le secteur industriel n'échappe pas lui aussi à
cet interventionnisme des pouvoirs publics dans les pays
développés à travers notamment les crêtes tarifaires
et la progressivité des droits de douanes qui sont surtout
appliquées à des produits intensifs en main d'ouvre et
exportés par les pays en développement.
Ainsi, la question de l'accès aux marchés des
pays développés pose encore d'importantes difficultés et
constitue un sujet de préoccupation majeur pour les pays en
développement, et notamment les pays africains, dans le cadre des
négociations commerciales multilatérales.
2. Echec des deux stratégies
Nous venons de voir que les stratégies centrées
autour du développement du marché intérieur avec une
politique commerciale assez restrictive expérimentées par la
plupart des pays africains durant les années 60 et 70 ont
été revus à partir des années 80 et suite à
cet échec, les économies africaines se sont orientées vers
une plus grande ouverture sur l'extérieur. Malheureusement, cette
libéralisation s'est également soldée par un
échec
Ainsi dans les lignes qui suivent, nous partons des
expériences asiatiques pour essayer de comprendre les politiques
commerciales qui ont permis à ces pays d'augmenter leurs
compétitivités enfin d'améliorer le niveau de leur
intégration au commerce international.
Section 3. Les politiques commerciales
L'analyse des réussites asiatiques est
intéressante à plus d'un titre. Elle permet de montrer la
complexité du développement économique et la
pluralité des acteurs, des institutions et des réseaux qui y
contribuent. La construction d'un tissu dense et touffu d'institutions assure
aux dynamiques de croissance les conditions de stabilité et
d'approfondissement. Les politiques sectorielles viennent alors renforcer ce
tissu et contribuer à sa consolidation. Les politiques industrielles,
agricoles ou les politiques macroéconomiques, contribuent à ce
processus de longue haleine de construction d'institutions capables de conduire
le développement économique et d'améliorer la
compétitivité des économies. Les politiques commerciales
n'échappent pas à cette dynamique et s'intègrent par
conséquent de manière étroite au processus de
montée en puissance de la croissance et de l'amélioration de
l'insertion internationale des économies.
Ainsi, les politiques commerciales ne peuvent être
analysées ni mises en oeuvre en dehors des choix et des
stratégies de développement. Au contraire, elles sont des
éléments incontournables de toute stratégie de
développement et viennent par conséquent renforcer ses options et
ses choix. La dynamique des politiques commerciales suit par conséquent
et doit s'intégrer dans la dynamique et l'évolution des choix
globaux de développement. Elle contribue de ce point de vue à
l'approfondissement et au renforcement du tissu institutionnel
nécessaire au développement.
1. Vision stratégique des pays d'Asie
La grande différence qui existe entre les pays
africains et les pays asiatiques ne réside pas dans une plus ou moins
grande ouverture sur le marché international mais plutôt comme le
mentionne Hakim Ben Hammouda dans la dynamique de développement et sa
capacité à formuler des visions à moyen et long terme en
vue d'appuyer le processus de croissance, et ce depuis le milieu des
années 60. (73(*))
La vision stratégique du développement en Asie
du Sud-Est a permis aux pouvoirs publics d'opérer les arbitrages
nécessaires en matière d'investissements, de financements, de
subventions ou d'appuis institutionnels à des secteurs par rapport
à d'autres.
1.1. Choix des secteurs d'orientation de
l'investissement
Cette vision s'observe à trois niveaux. Le premier
concerne le choix des secteurs d'orientation de l'investissement public ou
privé. Les pays asiatiques ont entamé leur processus de
développement avec des stratégies d'import-substitution des biens
de consommation finale. Cette stratégie a progressivement
évolué vers la mise en place d'activités exportatrices de
biens intensifs en travail. Ensuite, on a enregistré le
développement d'activités d'import-substitution pour les biens
intermédiaires et les biens d'équipement.
La maîtrise de ces activités a amené ces
pays à les orienter vers l'exportation et à devenir par
conséquent exportateurs de biens intensifs en nouvelles technologies.
Ces évolutions sont venues répondre dans les pays asiatiques aux
contraintes des dynamiques de croissance et à l'essoufflement des
secteurs.
Les pays africains n'ont pas été en mesure
d'opérer les changements nécessaires, et l'essentiel de leur
potentiel productif et d'investissement a été orienté vers
les stratégies d'import-substitution de biens de consommation finale
sans qu'ils soient en mesure d'opérer ni l'ouverture nécessaire,
ni les remontées de filières dans les productions
destinées au marché interne.
1.2. Arbitrage entre marchés internes et insertion
internationale
La vision stratégique s'observe également dans
les pays asiatiques dans cette volonté de construire les dynamiques de
croissance autour d'une articulation entre les marchés internes et
l'insertion internationale.
Depuis la fin des années 60, les économies
asiatiques ne se sont pas précipitées dans la
libéralisation des échanges tête baissée mais
plutôt d'une manière maîtrisée qui réponde au
besoin d'importation des biens d'équipements et des nouvelles
technologies nécessaires à la poursuite des dynamiques de
croissance, et au souci de l'exportation afin de maintenir à long terme
l'équilibre de la balance de paiement. Or, la plupart des
économies africaines ont opté dans les années 60 et 70
pour le choix exclusif du marché interne. L'ouverture forcée des
années 80 n'a pas été en mesure d'apporter les gains
espérés du fait de la faiblesse du potentiel productif.
1.3. Appui des pouvoirs publics aux dynamiques de
croissance
Le troisième niveau de perception de la vision
stratégique en oeuvre dans les pays asiatiques est relatif à
l'appui des pouvoirs publics aux dynamiques de croissance.
Cet appui ne s'est cependant pas dirigé de
manière passive vers l'ensemble des secteurs économiques. Au
contraire, il a été sélectif et s'est orienté vers
des secteurs spécifiques. Il a d'abord profité aux secteurs de
biens de consommation finale pour ensuite se concentrer sur de nouvelles
activités comme les secteurs intensifs en travail et plus tard vers les
biens intensifs en nouvelles technologies.
L'expérience africaine est de ce point de vue
différente dans la mesure où l'appui des pouvoirs publics a
été constant et invariant, et s'est dirigé essentiellement
vers les secteurs de biens de consommation finale dans le cadre des
stratégies d'import-substitution, sans se soucier des comportements
rentiers qui ont commencé à se développer dans la plupart
des pays.
Ainsi, les politiques commerciales dynamiques sont celles qui
s'intègrent le mieux à des stratégies de
développement actives et cherchent à appuyer les dynamiques de
croissance et à améliorer la compétitivité des
économies. Ces stratégies ne sont pas le produit d'un choix
exclusif entre ouverture ou contrôle excessif. Au contraire, elles sont
le résultat d'une quête incessante des combinaisons optimales
entre ces deux alternatives afin de consolider le développement.
2. Caractéristiques des politiques
commerciales
Sur base de l'analyse comparative des expériences
asiatiques et africaines, l'auteur Hakim Ben Hammouda détermine trois
principales caractéristiques des politiques commerciales dynamiques.
2.1. Evolution dans le temps de la politique
commerciale
La première est l'évolution dans le temps de la
politique commerciale, qui ne peut se figer dans un choix exclusif entre
ouverture et restriction.
Les politiques commerciales dynamiques cherchent à
déterminer les moments opportuns (le timing) pour ouvrir leurs
économies sur l'extérieur ou exercer certains contrôles
afin d'appuyer les dynamiques de croissance et de construire la
compétitivité des économies.
2.2. La diversification
La seconde caractéristique des politiques commerciales
est leur caractère diversifiée selon les secteurs.
L'ouverture ou le contrôle ne s'appliquent pas dans une
politique commerciale dynamique de manière linéaire à
l'ensemble des secteurs économiques. Au contraire, il s'agit d'options
stratégiques qui sont mises en oeuvre dans des secteurs
spécifiques à des moments particuliers de leur
développement. Ainsi, la question fondamentale n'est pas tant
l'ouverture ou le contrôle mais plutôt l'ordre et les
séquences de ces options dans les différents secteurs de
l'économie. En d'autres termes, il s'agit de déterminer les
moments d'ouverture et de fermeture qui peuvent différer d'un secteur
à un autre.
2.3. Différenciation au sein du même
secteur
La dernière caractéristique des politiques
commerciales concerne leur caractère différencié non
seulement entre secteurs, mais également au sein du même du
secteur.
A ce niveau, le développement du secteur
électronique en Corée est assez significatif des usages
différenciés des outils de la politique commerciale au sein du
même secteur. Les débuts de l'industrie électronique
remontent aux années 60 avec le développement de quelques
unités d'assemblage pour le marché local. Ces unités
jouissaient à l'époque d'une grande protection à travers
l'application de droits de douane prohibitifs pour les importations.
Cependant, dès la fin des années 60 et le
début des années 70, la stratégie coréenne va
changer et tirer profit des stratégies de délocalisation de
l'électronique grand public des entreprises japonaises et
américaines. Ainsi, on enregistre le développement
d'activités exportatrices dans ce domaine et une plus grande ouverture
de l'économie vers les importations de composants, de biens
d'équipements et d'autres biens intermédiaires, et leur
réexportation.
Dès le milieu des années 70, la Corée et
Taiwan mettent en place de nouvelles stratégies dans ce domaine visant
la production locale de composants électroniques et leur
intégration dans les produits informatiques et les ordinateurs. Ce
changement de choix stratégique s'est également accompagné
d'une évolution de la politique commerciale appliquée à ce
secteur, du développement d'une politique de plus grande ouverture pour
les produits de consommation finale, et des options plus restrictives dans le
domaine des composants et autres biens intermédiaires.
Ainsi, les politiques commerciales dynamiques s'appliquent de
manière différenciée aux différents segments d'un
secteur économique donné. Il s'agit alors de déterminer
les séquences d'ouverture ou de contrôle à mettre en oeuvre
pour appuyer les dynamiques internes aux différents secteurs.
En définitive, la politique commerciale a joué
un rôle important dans la mise en oeuvre des choix et des
stratégies de développement.
Section 4. Stratégies d'intégration au
commerce international
1. Le système des
préférences
Divers Etats avancés tentent d'intégrer les
pays en développement dans les échanges internationaux par le
biais d'accords douaniers préférentiels. Pour ce faire, ils
renoncent en partie ou totalement à prélever des taxes à
l'importation de marchandises provenant de tels pays, faisant usage des
dérogations au principe de la non-discrimination autorisées par
l'OMC.
1.1. Système des préférences,
quid ?
Le système des préférences a
émergé dans les années 60 et s'est fixé pour
objectif d'aider les pays en développement à mieux
intégrer le système commercial multilatéral.
Cette naissance fait suite aux débats au sein de la
CNUCED sur l'importance de mettre le commerce au service du
développement. Ces débats ont donné lieu à
l'adoption du Système Généralisé de
Préférences qui permettait aux pays développés
d'accorder un accès non réciproque à certains produits en
provenance des pays en développement.
Les pays bénéficiaires des systèmes de
préférences peuvent donc profiter d'un accès plus
important aux marchés des pays développés et
améliorer leurs performances en matière d'exportation.
C'est une forme d'appui qui présente les avantages
suivant :
- Il a un effet direct sur la production et l'investissement
et par conséquent la croissance et la création
d'emplois ;
- Ce système a par ailleurs un effet sur les
producteurs des pays développés dans la mesure où il leur
permet d'accéder à des marchés plus larges et
bénéficier par conséquent des effets
d'échelle ;
- Enfin, les préférences, en augmentant les
exportations des pays bénéficiaires, participent à
l'amélioration de leurs grands équilibres
macroéconomiques.
Nous pouvons dire que les systèmes
préférences constituent un important instrument d'appui aux pays
africains et à la diversification de leurs structures productives en
favorisant un accès plus important aux marchés.
1.2. Les systèmes de préférences
utilisés par l'Afrique
L'Afrique bénéficie d'un ensemble de
systèmes de préférences : le système de
préférences généralisé (SPG), l'accord de
Cotonou de l'UE pour les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
(ACP), la loi américaine sur les possibilités et la croissance en
Afrique et plusieurs systèmes de l'UE, du Canada et du Japon ciblant les
pays moins avancés (PMA). On dénombre 33 pays moins
avancés en Afrique subsaharienne et 15 pays non PMA (le Botswana, le
Cameroun, le Cap-Vert, la Côte-d'Ivoire, la République du Congo,
le Gabon, le Ghana, le Kenya, l'Ile Maurice, la Namibie, le Nigeria, les
Seychelles, l'Afrique du Sud, le Swaziland et le Zimbabwe).
- Le système de Cotonou de l'UE :
Cotonou est un système très ouvert, avec des
préférences allant au-delà de celles du SPG, et avec des
protocoles pour les bananes, le boeuf, le veau et le sucre. Il couvre toute
l'Afrique subsaharienne à l'exception de l'Afrique du Sud.
- - Tout sauf les armes (TSA) : l'UE offre
l'accès en exonération de droits et de quotas à tous les
produits des PMA au titre de l'accord TSA, qui relève du SPG de l'UE,
à l'exception des PMA. Ce système a été introduit
en 2001 et est permanent. L'accès total pour les bananes d'une part et
pour le riz et le sucre de l'autre, est accordé de manière
progressive d'ici à 2006 et 2009 respectivement.
- L'AGOA (74(*)) : « African
Growth Opportunity Act » ou « Loi sur la croissance et les
potentialités de l'Afrique» est le titre de la loi 2000 sur le
commerce et le développement promulguée par le Président
Bill Clinton le 18 mai 2000 et traitant des échanges commerciaux entre
les Etats-Unis et l'Afrique. Elle permet à des pays d'Afrique
subsaharienne d'exporter vers les Etats-Unis d'Amérique jusqu'en 2008
des produits conformes à des normes définies par le
système de Préférences Généralisées
(SGP) sans paiement de frais de douane et sans contingentement (75(*)). En 2004, le système
sera prolongé jusqu'en 2015.
- Le Canada : en 2003, le Canada a
étendu son SPG de manière à ce qu'il couvre quasiment tous
les produits des PMA, y compris les textiles et les vêtements, à
l'exception d'un nombre limité de produits (les oeufs, la volaille et
les produits laitiers), tout en comportant des règles d'origine
libérales.
- Le Japon : en 2000 et en 2003, le Japon a
progressivement élargi le nombre de produits industriels et agricoles
des PMA bénéficiant de l'accès en franchise. Ce
système couvre 31 PMA d'Afrique subsaharienne, à l'exception de
Djibouti et des Comores.
Cependant, Ces systèmes de préférences
sont appelés à être renforcé et ils pourraient ainsi
être améliorés de quatre manières :
- Premièrement, en élargissant l'accès
préférentiel de manière à couvrir d'autres pays
d'Afrique très pauvres.
- Deuxièmement, en assouplissant les règles
d'origine. Les systèmes de préférences ont
généralement un ensemble de « règles d'origine »
qui déterminent d'où les produits sont jugés provenir et,
par conséquent, s'ils donnent droit aux préférences. Les
règles d'origine indiquent également le montant minimum de
transformation requis sur les importations de matières premières
pour les rendre admissibles.
- Troisièmement, en augmentant le nombre de produits
couverts de manière à accroître les possibilités et
à éliminer les distorsions.
- Quatrièmement, en augmentant la certitude, car
l'incertitude dissuade d'investir. Lorsqu'elles prennent leurs décisions
d'investissement, les entreprises considèrent normalement le long terme.
L'incertitude quant à la longévité de programmes de
préférences tels que la loi AGOA ou Cotonou augmente le risque et
l'incertitude quant au rendement probable, ce qui dissuade les
investisseurs.
- 2. La coopération technique
D'autres tentatives d'intégration passent par la
coopération technique. Des diplomates des pays en développement,
chargés de négocier des accords commerciaux, apprennent le droit
de l'OMC, afin que leurs pays sachent mieux utiliser les instruments de cette
organisation au premier chef, les mécanismes de résolution des
litiges et puissent défendre leurs intérêts de
manière plus efficace.
2.1. Le Programme Intégré Conjoint
d'Assistance Technique (JITAP) (76(*))
Ce programme mis en oeuvre conjointement par le CCI, la
CNUCED et l'OMC et financé par plusieurs pays donateurs, apporte une
contribution durable et unique auprès des pays africains (77(*)) pour le renforcement de
capacités endogènes leur permettant d'intégrer de
façon efficace et à leur avantage le système commercial
multilatéral (SCM). Il représente, en termes de réponse
coordonnée, un effort commun unique réalisé par les trois
principales agences commerciales multilatérales afin de renforcer les
capacités commerciales en Afrique, faisant appel à leurs forces
complémentaires, à leur expertise respective et à leurs
avantages comparatifs.
Il a son origine dans le Sommet des Ministres Africains du
Commerce qui eut lieu à Tunis en octobre 1994, suite à la
conclusion du Cycle de l'Uruguay des Négociations Commerciales
Multilatérales. Ce sommet fit appel à la communauté
internationale afin que celle-ci aide les pays africains à renforcer
leur capacité, dans l'objectif d'un engagement efficace dans l'OMC et
d'une participation avantageuse au SCM en pleine émergence. Suite aux
consultations entre les agences basées à Genève, les
donateurs et les pays africains, les premiers responsables du CCI, de la CNUCED
et de l'OMC annoncèrent durant la 9ème
Conférence de la CNUCED à Midrand, Afrique du sud (mai 1996),
leur engagement à développer un programme conjoint permettant de
répondre aux besoins exprimés par les pays africains. Suite au
travail de préparation de concrétisation de cet engagement, les
trois organisations fondèrent en mars 1998 avec des donneurs un Fond
Commun d'Affectation Spéciale qui mobilisa le soutien au programme
JITAP, et la mise en oeuvre fut lancée juste après.
2.2. Objectifs de renforcement des capacités du
JITAP
L'objectif du JITAP est de développer des
capacités, au niveau national, qui permettent d'aider les pays
partenaires à utiliser le commerce comme un moteur de
développement humain et de croissance durable. Le développement
des capacités est un processus à long terme, tout
particulièrement dans les pays les plus pauvres et les moins
développés dont les capacités d'absorption sont
faibles.
Le JITAP contribue à la formation d'un processus de
politique commerciale qui aide les pays à identifier leurs
intérêts dans les stratégies de réduction de la
pauvreté et de développement et, en fonction de cette
identification, à développer une approche spécifique en
matière de définition de politique commerciale et de
négociations commerciales. Ce processus national doit inclure de
manière active toutes les parties prenantes (parlements, secteur
privé, médias, milieu universitaire et société
civile).
Le JITAP II développe et/ou de renforce les
capacités humaines, institutionnelles et d'entreprise dans cinq domaines
principaux dans les pays partenaires. Il s'agit :
- Des négociations commerciales, de la mise en oeuvre
des accords de l'OMC et de la définition des politiques en rapport avec
le commerce par les comités inter institutionnelles (CII), qui
constituent le cadre officiel d'organisation des discussions et de la prise de
décision des parties prenantes nationales sur le système
commercial multilatéral ;
- Des centres de référence sur le SCM (CR) et
des points d'information nationaux (PNI) qui fournissent des informations
techniques fiables par rapport au SCM, et notamment aux normes et aux exigences
de qualité,
- Du développement de la base de connaissances
nationale relative au SCM par l'intermédiaire de l'enseignement des
formateurs et de la création de réseaux de formateurs ;
- Du développement de politiques des biens, des
produits de base et de services et de stratégies sectorielles incluant
la connaissance des marchés d'exportations et des entreprises
prêtes à exporter afin de développer et augmenter la
production et les exportations ;
- De la mise en réseau des capacités
institutionnelles et humaines établies dans chacun des pays afin
d'encourager la synergie et l'échange de compétences et
d'expériences, y compris au niveau sous-régional, afin d'assurer
la pérennité de telles capacités à l'issue du
programme.
Conclusion
Tout au long de ce travail, nous avons mis en exergue le
niveau atteint par le commerce extérieur africain et le flux
d'investissement privé international vers ce continent. Il en
résulte deux diagnostics très importants. Premièrement,
l'effondrement de la part de l'Afrique dans le commerce mondial s'explique en
partie par sa faible capacité, en termes de production et de commerce
sur les marchés des produits de base, des produits manufacturés
et des services et son manque de compétitivité (rendements
faibles de la production, produits moins élaborés,
difficulté d'entrée des produits dans les pays riches, etc.). Ces
difficultés liées au problème de la capacité ont
été renforcées par le protectionnisme honteux auquel
l'Afrique se heurte sur les marchés du monde développé et
la nécessité pour elle d'entrer en concurrence avec les
exportations lourdement subventionnées des pays
développés.
Deuxièmement, les progrès accomplis par
d'autres pays signifient qu'il sera désormais beaucoup plus difficile
pour l'Afrique de percer sur les marchés mondiaux, dans la mesure
où ses concurrents d'autres pays en voie de développement ont
acquis des avantages concurrentiels très nets. Dans ses efforts de
rattrapage, l'Afrique se heurte à un défi toujours plus grand.
A côté de ce constat on ne peut plus malheureux,
les échanges entres nations développées et
émergentes ne cessent d'augmenter et c'est une machine qu'on ne peut
arrêter. L'Afrique et les autres pays en développement doivent
intégrer ce système pour espérer tirer profit et ainsi
augmenter à leur tour les richesses des nations qui les composent.
Mais pour que les mesures d'intégration commerciale
donnent des résultats, elles doivent s'accompagner de politiques
commerciales appropriées, dont une plus grande ouverture, ce qui fait
partie de la logique économique globale du commerce. Mais ce processus
devra être géré soigneusement, avec un échelonnement
approprié des réformes et en faisant attention aux impacts sur
les producteurs et les consommateurs. L'histoire des progrès accomplis
en Europe et en Amérique du Nord, et plus récemment dans les
économies des tigres asiatiques, montre qu'un mélange d'ouverture
et de protection ouvre un chemin géré à
l'intégration mondiale.
Ainsi nous confirmons notre hypothèse selon laquelle
l'ouverture serait le chemin à suivre pour intégrer le commerce
mondial mais elle doit cependant être envisagée avec prudence,
secteur par secteur comme l'on fait les nations commercialement fortes de nos
jours.
Références bibliographiques
1. Ouvrages
§ BEN HAMMOUDA Hakim,
Libéralisation commerciale et développement : Quelles
leçons pour l'Afrique ?, Centre Africain de Politique Commerciale
(CAPC), Commission économique pour l'Afrique, septembre 2004
§ BEN HAMMOUDA Hakim, Pourquoi
l'Afrique s'est-elle marginalisée dans le commerce international ?,
Commission économique pour l'Afrique, Division du commerce et de
l'intégration régionale, Addis-Abeba mai 2005
§ BEN HAMMOUDA Hakim, SADNI-JALLAB Mustapha,
OULMANE Nassim, LANG Rémi et PEREZ Romain, Exclure l'Afrique
des marchés ? Evaluation de l'accès aux marches pour les
pays africain, Centre Africain de Politique Commerciale (CAPC), Commission
économique pour l'Afrique, septembre 2004
§ EIFERT Benn et RAMACHANDRAN Vijaya,
Compétitivité et développement du secteur privé
en Afrique : une analyse comparative des données sur le climat des
investissements de la Banque mondiale, RPED (Business Knowledge for
Development), Groupe Banque mondiale, Conférence sur le commerce et
l'investissement Asie-Afrique (CCIAA), octobre 2004
§ FAO, Les Négociations
Commerciales Multilatérales sur l'Agriculture - Manuel de
Référence - I - Introduction et Sujets Généraux,
Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, Rome
2001
§ GOYETTE Gabriel, Protectionnisme et
réciprocité commerciale : « Répertoire
des obstacles au commerce maintenus par les Etats-Unis », Centre
Etudes internationales et Mondialisation (CEIM), Université du
Québec, Montréal août 2006
§ IVERNEL Martin et Al., Histoire
Géographie 3e, Collection Martin Ivernel, Hatier, Paris,
avril 2003
§ LASSUDRIE-DUCHENE Bernard et ÜNAL-KESENCI
Deniz, L'avantage comparatif, notion fondamentale et
controversée, Éditions La Découverte, collection
Repères, Paris, 2001
§ OMC, Rapport sur le commerce
mondial 2005 : Analyse des liens entre le commerce, les normes
commerciales et l'OMC, Genève 2005
§ PNUD, Rapport mondial sur le
développement humain 2005 : La coopération internationale
à la croisée des chemins. L'aide, le commerce et la
sécurité dans un monde marqué par les
inégalités, éd. Economica, Paris 2005
2. Documents divers
§ BEKOLO EBE Bruno, L'Afrique ne
va-t-elle pas vers une diminution de ses avantages comparatifs ?
Africa Development, Vol. XXV, Nos. 3 & 4, 2000
§ CCI, CNUCED et OMC, JITAP (Joint
Integrated Technical Assistance Programme - Programme Intégré
Conjoint d'Assistance Technique) : « Une solution efficace pour
le renforcement des capacités commerciales dans le système
commercial multilatéral », 6ème
Conférence Ministérielle de l'OMC, Réunion spéciale
JITAP, Hong Kong, Chine, 14 décembre 2005
§ Commission économique pour
l'Afrique, Rapport annuel sur l'intégration en Afrique
2002 : Tableau synoptique, Addis-Abeba mars 2002
§ Crédit Suisse, Commerce
mondial - une réussite mise à l'épreuve, Economic
Research & Consulting, Economic Briefing N°25, Zurich août
2001
§ GOLDSTEIN Andrea, Le nouveau
régionalisme en Afrique subsaharienne : l'arbre cache-t-il une
forêt ?, Cahier de Politique Economique n° 20, Centre de
Développement de l'OCDE
§ GROS Jean-Baptiste, LETILLY Gaëlle et
MARTINET Sylvie, Performances commerciales de l'Afrique
subsaharienne : une diversification nécessaire, Document de
travail DIAL (Développement et insertion internationale), Unité
de Recherche CIPRE, novembre 2002
§ HENNER Henri-François et OUSSOUMAN
Chékou, L'intégration des PMA dans le système
commercial multilatéral, Document de réflexion sur l'impact
des accords de l'Uruguay Round sur les PMA de la Francophonie, Paris octobre
2000
§ Ministère de l'Economie des Finances et
de l'Industrie, Les investissements directs dans le monde en 2001
et 2002, Direction des Relations Economiques Extérieures, France
2003
§ OCDE, Pour une Afrique qui tire
bénéfice de la mondialisation, Conférence
Internationale sur le Commerce et l'Investissement, Dakar avril 2003
§ Oxfam International, Cultiver la
pauvreté : L'impact des subventions américaines au coton sur
l'Afrique, Document d'information Oxfam n° 3, 2002
§ Oxfam International, L'Afrique et
le Cycle de Doha : Un combat pour la sauvegarde du
développement, Document d'information d'Oxfam n°80, novembre
2005
§ SAILD, L'AGOA et ses produits,
Agridoc, Ministère français des Affaires
étrangères, Paris février 2003
3. Références Web
§ AMADOU SECK Tom, « Fin de
cycle pour l'organisation Mondiale du Commerce : Bataille pour la survie
du coton africain », Le Monde diplomatique, décembre
2005.
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/12/AMADOU_SECK/13029
§ Chine ABC, « Le commerce
extérieur : La situation d'import-export en Chine ».
http://www.crionline.ch
§ FMI,
« Libéralisation du commerce mondial et pays en
développement », Services du FMI, novembre 2001.
http://www.imf.org/external/np/exr/ib/2001/fra/110801f.htm
§ Ministère des Finances du
Québec, « La Chine : l'ouverture au commerce
international », Analyse et conjoncture économiques,
Volume 2, numéro 7 du 29 mars 2005. http://
www.finances.gouv.qc.ca
§ MUTUME Gumisai, « Le point
sur l'OMC : l'Afrique s'interroge sur les répercussions des
négociations commerciales de Genève. Commerce des services :
espoir ou piège ? », Afrique Relance vol. 16, avril
2002.
http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol16no1/161tradf.htm
§ NGANDJEU Jean,
« Intensification du commerce
sous-régional », Cameroon Tribune (Yaoundé) du 18
avril 2006.
http://fr.allafrica.com/stories/printable/200604180487.html
§ QUENTIN Francine,
« Commerce mondial. Retard de l'Afrique : tous
responsables ! », février 2004.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/050/article_26643.asp
§ ROCHET Claude, « Le libre
échange favorise-t-il la
compétitivité ? », Février 2006
http://perso.wanadoo.fr/claude.rochet/fiches/mond/p4.html
4. Revues
§ Jeune Afrique - L'Intelligent,
« Libre-échange : Pertes africaines »,
n°2320 du 26 au 2 juillet 2005, p.71
§ Jeune Afrique - L'Intelligent,
« OCDE : Subventions à la pelle »,
n°2320 du 26 juin au 2 juillet 2005, p.70
§ Jeune Afrique - L'Intelligent,
n°2224 du 24 au 30 août 2003, p.97
§ Jeune Afrique Economie,
« Investissements : mauvaise pente »,
n°334, septembre 2001, p.53
Table des matières
Epigraphe
Dédicace iii
Plan iii
Avant-propos iii
Introduction 01
1. Problématique 01
2. Hypothèses de travail 03
3. Intérêt et choix du sujet 03
4. Délimitation spatio-temporelle 03
5. Méthodologie de recherche 04
6. Canevas du travail 04
Chapitre I
Théories et revue de la littérature
économique 05
Section 1. Généralités sur le
commerce international 05
1. Commerce international et bénéfices
économiques 05
1.1. Commerce et croissance 06
1.2. Commerce et accès aux produits 06
1.3. Commerce et fluctuations 07
2. Protectionnisme et libre-échange 07
2.1. Les arguments en faveur du protectionnisme 07
2.1.1. Les arguments économiques 08
2.1.2. Les arguments non-économiques 09
2.1.3. Les arguments liés à la
sécurité alimentaire 09
2.2. Les instruments de protection 10
2.2.1. Les instruments de protection directe 10
2.2.2. Les instruments de protection indirecte 13
2.3. Les arguments contre le protectionnisme 15
2.3.1. La protection des activités non rentables
15
2.3.2. Encouragement des comportements rentiers 15
2.3.3. Coût élevé pour la
société 16
2.4. La libéralisation du commerce extérieur
16
Section 2. Approche théorique du commerce
international 17
1. Approche classique traditionnelle 17
1.1. La théorie des avantages absolus 17
1.1.1. La théorie d'Adam Smith 17
1.1.2. Démonstration de la théorie 18
1.2. La théorie des avantages relatifs 19
1.2.1. La théorie de David Ricardo 19
1.2.2. Démonstration de la théorie 19
2. Prolongement contemporain de l'échange international
21
2.1. Les nouvelles théories du commerce international
22
2.2. Commerce international et pays en développement
23
Chapitre II
Les principales tendances du commerce international
25
Section 1. L'essor du commerce international
25
1. Une croissance supérieure à la croissance de la
production mondiale 25
2. Les facteurs explicatifs 26
Section 2. Evolution du commerce international
27
1. Évolution des structures du commerce international
28
1.1. Evolution par produits 28
1.2. La croissance élevée des produits
manufacturés 30
2. La polarisation des échanges internationaux 31
3. Les aspects institutionnels du commerce international 32
Section 3. L'émergence de l'Asie
32
1. Commerce des marchandises et des services commerciaux en Asie
33
2. L'entrée en scène de la Chine 34
Section 4. Le rôle des entreprises
transnationales dans le commerce mondial 35
1. Les causes de la croissance des transnationales 35
2. Les investissements internationaux dans le monde 36
1.1. Evolution de flux d'IDE 36
1.2. Destinations et origines des IDE 38
Chapitre III
Les performances commerciales de l'Afrique
39
Section 1. Caractéristiques du commerce
extérieur africain 39
1. La marginalisation de l'Afrique dans le commerce mondial
39
1.1. La baisse des exportations africaines 40
1.2. Evolution des termes de l'échange 41
1.3. Composition par produits 42
2. Structure géographique 42
Section 2. Les problèmes relatifs au commerce
extérieur africain 43
1. Les faiblesses internes 43
1.1. La faiblesse des infrastructures 43
1.2. La faiblesse des flux entrants des investissements
privés 44
1.3. La dépendance vis-à-vis des produits de base
45
1.3.1. Evolution des cours des produits de base 46
1.3.2. Impact de cette baisse sur les pays africains 47
1.3.3. Une entrée tardive dans l'industrie
manufacturière 49
1.3.4. Une diversification nécessaire 49
1.4. La faiblesse des marchés nationaux et
régionaux 50
2. Les obstacles externes 51
2.1. Accès aux marchés des pays
développés 51
2.2. Les subventions à la production 53
3. La promotion de l'intégration régionale
55
3.1. L'importance de l'intégration régionale
56
3.2. Etat de l'intégration régionale en Afrique
57Section 3. Etude comparative entre l'échec africain et le
succès asiatique 58
1. Croissance économique 58
2. Croissance du secteur agricole 59
3. Croissance du secteur industriel 60
4. Nouvelles technologies 60
Chapitre IV
L'intégration de l'Afrique au commerce
international 62
Section 1. Les stratégies d'import-substitution
62
1. Justification de stratégies d'import-substitution
63
2. Caractéristiques des stratégies
d'import-substitution 64
3. Impact sur les économies africaines 64
4. Remise en cause des stratégies d'import-substitution
65
Section 2. Libéralisation des échanges
65
1. Ouverture des économies africaines sur
l'extérieur 66
1.1. Impact des réformes sur la
compétitivité 66
1.2. Conséquences sur les recettes fiscales 67
1.3. Le maintien du protectionnisme 67
2. Echec des deux stratégies 67
Section 3. Les politiques commerciales
68
1. Vision stratégique des pays d'Asie 68
1.1. Choix des secteurs d'orientation de l'investissement
69
1.2. Arbitrage entre marchés internes et insertion
internationale 69
1.3. Appui des pouvoirs publics aux dynamiques de croissance
69
2. Caractéristiques des politiques commerciales 70
2.1. Evolution dans le temps de la politique commerciale 70
2.2. La diversification 70
2.3. Différenciation au sein du même secteur
71
Section 4. Stratégies d'intégration au
commerce international 71
1. Le système des préférences 71
1.1. Système des préférences, quid ?
72
1.2. Les systèmes de préférences
utilisés par l'Afrique 72
2. La coopération technique 74
2.1. Le Programme Intégré Conjoint d'Assistance
Technique 74
2.2. Objectifs de renforcement des capacités du JITAP
74
Conclusion 76
Références bibliographiques
77
Table des matières 80
* 1 ROCHET
Claude, Le libre échange favorise-t-il la
compétitivité ? Février 2006
http://perso.wanadoo.fr/claude.rochet/fiches/mond/p4.html
* 2 Idem
* 3 FMI,
« Libéralisation du commerce mondial et pays en
développement », Services du FMI, novembre 2001.
http://www.imf.org/external/np/exr/ib/2001/fra/110801f.htm
* 4 QUENTIN
Francine, « Commerce mondial : Retard de
l'Afrique : tous responsables ! », février
2004.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/050/article_26643.asp
* 5 Jeune Afrique -
L'Intelligent n°2224 du 24 au 30 août 2003, p. 97
* 6 FMI,
Idem.
* 7 Jeune Afrique -
L'Intelligent, « Libre-échange : Pertes
africaines », n°2320 du 26 au 2 juillet 2005, p. 71
* 8 MUTUME
Gumisai, « Le point sur l'OMC : l'Afrique
s'interroge sur les répercussions des négociations commerciales
de Genève. Commerce des services : espoir ou
piège ? », Afrique Relance vol. 16, avril 2002,
p. 26.
http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol16no1/161tradf.htm
* 9 En effet, le niveau des prix
des matières dépend de la croissance des pays riches ; plus
la croissance est forte, plus la consommation est élevée et plus
les prix auront tendance à augmenter.
* 10 Jeune Afrique -
L'Intelligent, « OCDE : Subventions à la
pelle », n°2320 du 26 juin au 2 juillet 2005, p.70
* 11 Agence canadienne
de développement international (Fonds canadien pour l'Afrique),
« Initiatives du fonds : La croissance par le commerce et
l'investissement », novembre 2004.
http://www.acdi-cida.gc.ca/cida_ind.nsf/
* 12 BEN HAMMOUDA
Hakim, Libéralisation commerciale et
développement : Quelles leçons pour l'Afrique ?, Centre
Africain de Politique Commerciale (CAPC), Commission économique pour
l'Afrique, septembre 2004, p.10
* 13 FAO, Les
Négociations Commerciales Multilatérales sur l'Agriculture -
Manuel de Référence - I - Introduction et Sujets
Généraux, Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture, Rome 2001. p.15
* 14 GOYETTE
Gabriel, Protectionnisme et réciprocité
commerciale : « Répertoire des obstacles au commerce
maintenus par les Etats-Unis », Centre Etudes internationales et
Mondialisation (CEIM), Université du Québec, Montréal
août 2006
* 15 Les initiales CAF
correspondent à l'abréviation de COÛT, ASSURANCE et FRET.
Cela représente le prix d'un bien d'importation lors de son
débarquement à quai ou à tout autre point d'entrée
du pays destinataire. Le prix CAF inclut le fret et l'assurance internationale
et généralement aussi le coût de débarquement
à quai. Il exclut toutefois les frais consécutifs au
débarquement tels que les coûts portuaires, de manutention et de
stockage et les honoraires des courtiers. Il ne prend pas non plus en compte
les droits de douane ou tout autre impôt, taxe, droit ou redevance
internes au pays de destination.
FOB est l'acronyme anglais de «Free On Board» (traduit
en français par FRANCO A BORD). Le prix FOB représente le
coût d'un bien d'exportation une fois embarqué sur le navire ou le
moyen de transport qui l'acheminera vers le pays importateur. Il est
égal au prix du CAF du port de destination moins le coût de fret,
d'assurance internationale et de débarquement à quai. Dans la
balance des paiements et dans les autres statistiques commerciales, les biens
d'importation sont toujours valorisés selon leur prix CAF et les biens
d'exportation selon leur prix FOB.
* 16 Un accord de restriction
volontaire est la promesse d'un gouvernement «A» vis-à-vis
d'un gouvernement «B» de restreindre à un niveau annuel
déterminé ses exportations d'un certain type de biens (comme la
viande ou les produits textiles en coton). Les conséquences
équivalent à celles d'un quota d'importation bien que la
répartition de la rente qui en découle soit souvent
différente.
* 17 Dans le cadre de la Loi
«Freedom for Farm», les paiements effectués pour les cultures
céréalières et oléagineuses ont été
déconnectés des conditions courantes du marché si bien
qu'ils ne dépendent plus du différentiel entre prix de
marché et prix de garantie. Dans le même temps, le programme de
réduction des superficies a été abandonné.
* 18 L'application de la clause
de la nation la plus favorisée (NPF) par un pays A à un pays B
signifie que toutes les importations de A provenant de B recevront le meilleur
des traitements accordé par A à ses autres partenaires.
* 19 La
spécialisation internationale : Elle consiste en une
répartition des activités productives entre les
différentes économies. Chaque nation va développer plus
particulièrement certaines productions (Ex : produits
manufacturés, matières premières, produits agricoles,
etc.) et exporter le surplus (ce qui n'est pas écoulé sur le
marché intérieur).
* 20 LASSUDRIE-DUCHENE
Bernard et ÜNAL-KESENCI Deniz, L'avantage comparatif :
Notion fondamentale et controversée, Paris, Éditions La
Découverte, Collection Repères, 2001.
* 21 BAILLY
P., Echange international et croissance : L'analyse de D.
Ricardo, Avril 2004
* 22 HENNER
Henri-François et OUSSOUMAN Chékou, L'intégration
des PMA dans le système commercial multilatéral, Document de
réflexion sur l'impact des accords de l'Uruguay Round sur les PMA de la
Francophonie, Paris, octobre 2000.
* 23 Crédit
Suisse, Commerce mondial - une réussite mise à
l'épreuve, Economic Research & Consulting, Economic, Briefing
N°25, Zurich, août 2001. p.5
* 24 BLEIN
Roger, op. Cit. p.39
* 25 FAO,
op. Cit., p. 25
* 26 BLEIN
Roger, op. Cit., p.39
* 27 OMC,
Rapport sur le commerce mondial 2005 : Analyse des liens entre le
commerce, les normes commerciales et l'OMC, Genève, 2005, p.1
* 28 PNUD,
Rapport mondial sur le développement humain 2005 : La
coopération internationale à la croisée des chemins.
L'aide, le commerce et la sécurité dans un monde marqué
par les inégalités, éd. Economica, Paris 2005, p.137
* 29 Crédit
Suisse, op. Cit., p.7
* 30 Services de
communications, services de bâtiment et travaux publics, services
d'assurance, services financiers, Services d'informatique et d'information,
redevances et droits de licence, services personnels, culturels et relatifs aux
loisirs, autres services aux entreprises.
* 31 Credit
Suisse, op. Cit., p.5
* 32 BEN HAMMOUDA
Hakim, Pourquoi l'Afrique s'est-elle marginalisée dans le
commerce international ?, Commission économique pour l'Afrique, Division
du commerce et de l'intégration régionale, Addis-Abeba, mai 2005,
p.7
* 33 Taux de croissance
annuelle entre 1995 et 2000 en %
* 34 BEKOLO Ebe
Bruno, L'Afrique ne va-t-elle pas vers une diminution de ses avantages
comparatifs ? Africa Development, Vol. XXV, Nos. 3 & 4, 2000
* 35 OMC,
op. Cit., p.3
* 36 Les cinq économies
d'Asie sont : la Malaisie, les Philippines, Singapour, le Taipei chinois et la
République de Corée.
* 37 Ministère
des Finances du Québec, La Chine : l'ouverture au commerce
international, Analyse et conjoncture économiques, Volume 2,
numéro 7 du 29 mars 2005. Http : //
www.finances.gouv.qc.ca.
* 38 Chine
ABC, Le commerce extérieur : La situation d'import-export
en Chine. Http : //www.crionline.ch
* 39 IVERNEL Martin et
Al., Histoire Géographie 3e, Collection Martin
Ivernel, Paris, Hatier, avril 2003, p.210
* 40 OCDE,
Pour une Afrique qui tire bénéfice de la mondialisation,
Conférence Internationale sur le Commerce et l'Investissement, Dakar,
Avril 2003, p.1
* 41 Ministère
de l'Economie des Finances et de l'Industrie, Les investissements
directs dans le monde en 2001 et 2002, Direction des Relations Economiques
Extérieures, France, p.6
* 42 Au niveau mondial, les
stocks détenus et accueillis ne sont pas symétriques.
* 43 BLEIN
Roger, op. Cit., p. 40
* 44 GROS
Jean-Baptiste, LETILLY Gaëlle et MARTINET Sylvie, Performances
commerciales de l'Afrique subsaharienne : une diversification
nécessaire, Document de travail DIAL (Développement et insertion
internationale), Unité de Recherche CIPRE, novembre 2002, p.6
* 45 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.4
* 46 RANTRUA
Sylvie, Investissements : mauvaise pente, Jeune Afrique Economie
n°334, septembre 2001, p.53
* 47 Oxfam
International, L'Afrique et le Cycle de Doha : Un combat pour la
sauvegarde du développement Document d'information d'Oxfam n°80.
Novembre 2005, p.26
* 48 BEN HAMMOUDA
Hakim, Pourquoi l'Afrique s'est-elle marginalisée dans le
commerce international ?, Commission économique pour l'Afrique, Division
du commerce et de l'intégration régionale, Addis-Abeba, mai 2005,
p.11
* 49 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.12
* 50 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.12
* 51 Idem
* 52 QUENTIN
Francine, op. Cit.
* 53 Idem
* 54 NGANDJEU
Jean, Intensification du commerce sous-régional, Cameroon
Tribune, Yaoundé 18 avril 2006.
http://fr.allafrica.com/stories/printable/200604180487.html
* 55 BEN HAMMOUDA
Hakim, SADNI-JALLAB Mustapha, OULMANE Nassim, LANG Rémi et PEREZ
Romain, Exclure l'Afrique des marches? Evaluation de l'accès
aux marches pour les pays africain, Centre Africain de Politique Commerciale
CAPC, Commission économique pour l'Afrique, Septembre 2004, p.5
* 56 Idem, p.9
* 57 PNUD,
op. Cit., p.149
* 58 BEN HAMMOUDA
Hakim, SADNI-JALLAB Mustapha, OULMANE Nassim, LANG Rémi et PEREZ
Romain, op. Cit. p.10
* 59 Les principaux pays
concernés sont le Mali, le Bénin, Le Burkina Faso, le Tchad, le
Cameroun, le Niger, le Togo, le Sénégal, la République
centrafricaine, le Guinée-Bissau, la Côte d'Ivoire, le
Madagascar.
* 60 SECK AMADOU
Tom, Fin de cycle pour l'organisation Mondiale du Commerce :
Bataille pour la survie du coton africain, Le Monde diplomatique,
décembre 2005.
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/12/AMADOU_SECK/13029
* 61 QUENTIN
Francine, op. Cit.
* 62 Oxfam
International, Cultiver la pauvreté : L'impact des
subventions américaines au coton sur l'Afrique,
Document d'information Oxfam n° 3, 2002, p.12.
* 63 GOLDSTEIN
Andrea, Le nouveau régionalisme en Afrique subsaharienne :
l'arbre cache-t-il une forêt ? Cahier de Politique Economique
n° 20, Centre de Développement de l'OCDE, p.1
* 64 Commission
économique pour l'Afrique, Rapport annuel sur
l'intégration en Afrique 2002 : Tableau synoptique, Addis-Abeba
mars 2002, pp. 3-4
* 65 Commission
économique pour l'Afrique, op. Cit., p.3-4
* 66 BEN HAMMOUDA
Hakim, Libéralisation commerciale et
développement : Quelles leçons pour l'Afrique ?, op.
Cit., p.6
* 67 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.8-9
* 68 Idem, p.9
* 69 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.9
* 70 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.14
* 71 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.4-5
* 72 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.17
* 73 BEN HAMMOUDA
Hakim, op. Cit., p.25
* 74 Jusqu'en 2003, 38 pays
étaient déclarés éligibles à l'AGOA :
Afrique du Sud, Angola, Bénin, Botswana, Cameroun, Cap Vert, Congo,
Côte d'Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana,
Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Lesotho, Madagascar,
Malawi, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda,
République Démocratique du Congo, République
Centrafricaine, Rwanda, Sao Tome et Principes, Sénégal,
Seychelles, Sierra Leone, Swaziland, Tanzanie, Tchad et Zambie.
* 75 SAILD,
L'AGOA et ses produits, Agridoc, Ministère français des Affaires
étrangères, Février 2003.
* 76 CCI, CNUCED et
OMC, JITAP (Joint Integrated Technical Assistance Programme -
Programme Intégré Conjoint d'Assistance Technique) :
« Une solution efficace pour le renforcement des capacités
commerciales dans le système commercial multilatéral »,
6ème Conférence Ministérielle de l'OMC,
Réunion spéciale JITAP, Hong Kong, Chine, 14 décembre
2005.
* 77 La première phase
du JITAP commença avec huit pays bénéficiaires
(Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire,
Ghana, Kenya, Tunisie, Ouganda, République Unie de
Tanzanie). Elle fut achevée en décembre 2002. Une nouvelle phase
fut lancée en février 2003 pour une période de 4 ans
allant jusqu'à 2007. Les 16 pays africains bénéficiant
actuellement du programme sont les huit premiers pays et huit nouveaux :
Botswana, Cameroun, Malawi, Mauritanie, Mozambique, Sénégal, et
Zambie.