WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des performances commerciales de l?Afrique et de son intégration au commerce international

( Télécharger le fichier original )
par Erik Vekamenako Vengo
Université Protestante au Congo - Licence en Economie Monétaire et Internationale 2006
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

    UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO

    Faculté d'Administration des Affaires et Sciences Economiques

    Département des Sciences Economiques

    Analyse des performances commerciales de l'Afrique et de son intégration au commerce international

    VENGO VEKAMENAKO Erik

    +243 990 616 611

    erikvekam@yahoo.fr

    Mémoire de fin d'études présenté et défendu en vue de l'obtention du titre de Licencié en Sciences Economiques.

    Option : Economie Monétaire et Internationale

    Directeur : Professeur Lucien LOLINGA

    Rapporteur : Assistant Serge KOLA

    Octobre 2006

    EPIGRAPHE

    Questionné par un jeune journaliste sur une invention à laquelle il travaillait depuis longtemps, Thomas Edison révéla un des secrets de son génie. Le jeune journaliste demanda : « M. Edison, comment vous sentez-vous après avoir échoué 10.000 fois dans vos recherches ? » Edison répondit : « Jeune homme, je vais vous confier une pensée qui vous sera utile à l'avenir. Je n'ai jamais échoué 10.000 fois dans quoi que ce soit. J'ai plutôt réussi à découvrir 10.000 façons de faire qui ne fonctionnaient pas. »

    Selon Edison, il a fallu plus de 14.000 expériences pour inventer et parfaire la lampe incandescente. Il a réussi à découvrir plusieurs façons de faire qui ne fonctionnaient pas, mais il a continué ses recherches jusqu'à ce qu'il en trouve une qui fonctionne !

    Le petit manuel de ZIG ZIGLAR

    Quelques conseils du plus grand Motivateur américain, 1996

    i

    Dédicace

    A tous ceux qui me sont chers,

    je dédie ce travail.

    VENGO VEKAMENAKO Erik

    Licencié en Economie Monétaire

    et Internationale

    ii

    Plan

    Epigraphe

    Dédicace

    Avant-propos

    Introduction

    Chapitre I

    Théories et revue de la littérature économique

    Section 1. Généralités sur le commerce international

    Section 2. Approche théorique du commerce international

    Chapitre II

    Les principales tendances du commerce international

    Section 1. L'essor du commerce international

    Section 2. Evolution du commerce international

    Section 3. L'émergence de l'Asie

    Section 4. Le rôle des entreprises transnationales dans le commerce mondial

    Section 5. Les investissements internationaux dans le monde

    Chapitre III

    Les performances commerciales de l'Afrique

    Section 1. Caractéristiques du commerce extérieur africain

    Section 2. Les problèmes relatifs au commerce extérieur africain

    Section 3. Etude comparative entre l'échec africain et le succès asiatique

    Chapitre IV

    L'intégration de l'Afrique au commerce international

    Section 1. Les stratégies d'import-substitution

    Section 2. Libéralisation des échanges

    Section 3. Les politiques commerciales

    Section 4. L'intégration au commerce international vue par les pays industrialisés

    Conclusion

    Références bibliographiques

    Table des matières

    iii

    Avant-propos

    Une des conséquences les plus visibles de la globalisation est l'accroissement notable du commerce mondial au cours des cinquante dernières années. Il s'est produit, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, une augmentation rapide des échanges de biens industriels et artisanaux ainsi que de la part du commerce à la production mondiale. Les investissements directs ont, eux aussi, enregistré une forte accélération durant la dernière décennie. Mais les Etats ne participent cependant pas tous autant au négoce international. En particulier, les pays en développement sont beaucoup moins intégrés dans les flux de biens mondiaux que ne le sont les nations industrialisées.

    Les pays en développement en général et les Etats africains en particulier sont aujourd'hui poussés par la communauté internationale par le biais des institutions internationales du commerce (OMC et autres) à s'ouvrir aux échanges, ce qui leur permettrait d'intégrer « le commerce mondial ».

    Pour beaucoup d'observateurs, le libre-échange favorise surtout la concentration du capital financier et accroît ainsi l'écart entre les pays riches et les pays pauvres. Mais nous ne devons pas jeter pour autant le bébé avec l'eau du bain : le libre-échange a un effet positif et stimulant sur les économies. D'ailleurs, Paul Krugman (1(*)) considère le libre-échange comme Churchill considérait la démocratie : le pire des régimes, mais on n'en connaît pas de meilleur.

    Jagdish Bhagwati, économiste américain d'origine indienne, est un fervent partisan de la libéralisation des échanges, dans laquelle il voit une source d'innovation et de développement des pays pauvres, pour autant que les pays les plus riches à commencer par les Etats-Unis donnent unilatéralement l'exemple, au lieu de prôner le libre-échange pour les autres, et de pratiquer pour eux, un protectionnisme masqué.

    La même remarque pour Friedrich List. Dans son ouvrage : « Système national d'économie politique », il montre comment les puissances dominantes se sont élevées avec les protections pour se mettre à prôner le libre-échange une fois acquise une position dominante (2(*)). Alors libre-échange ou protectionnisme ?

    En ce qui concerne ce mémoire, nous reconnaissons que l'analyse n'a pu être poussée, sur tous les points, aussi loin qu'il aurait fallu car en effet il y faudrait du temps et surtout du génie pour y arriver et nous tenons par la même occasion à exprimer toute notre gratitude au Professeur Lucien LOLINGA et à l'Assistant Serge KOLA sans lesquels cet ouvrage n'aurait pu aboutir.

    VENGO VEKAMENAKO Erik

    Kinshasa, le 23 août 2006

    Introduction

    1. Problématique

    L'intégration dans l'économie mondiale s'est avérée pour les pays un moyen puissant de promouvoir la croissance économique, le développement et la réduction de la pauvreté. C'est vrai de la Chine et de l'Inde depuis qu'elles ont adopté la libéralisation du commerce et d'autres réformes en faveur du marché, ainsi que des pays à haut revenu d'Asie, comme la Corée et le Singapour qui étaient eux-mêmes pauvres avant les années 1970. Pour le Fonds monétaire international (3(*)), ces pays ont réussi parce qu'ils ont décidé de participer au commerce mondial, ce qui les a aidés à attirer l'essentiel des investissements directs étrangers dans les pays en développement.

    Aujourd'hui, les échanges de l'Afrique avec le reste du monde ont beaucoup progressé, mais beaucoup moins vite que d'autres régions. En effet, Francine Quentin (4(*)) fait remarquer que les échanges ont progressé bien plus vite dans les pays en développement d'Asie qui représentent désormais près de 24 % des exportations mondiales et plus de 20 % des importations. Les pays en développement d'Amérique n'ont pas fait mieux que de stabiliser leur position à environ 6 % du commerce mondial. Le continent africain quant à lui ne cesse de voir sa part dans le commerce mondial décliner substantiellement. Ainsi, sa part dans le total des exportations mondiales n'est plus que de 2 % contre 6 % en 1980 et dans les importations, elle a diminué de 4,6 % à 2 %.

    Mais comment expliquer que l'Afrique qui à l'heure actuelle héberge 13 % de la population mondiale ne puisse fournir que 1 % du Produit Intérieur Brut mondial (PIBm), ne participer que pour 2 % au commerce international et ne recevoir même pas 1 % des investissements directs de l'étranger (IDE) (5(*)) ? Et qu'est ce qui explique la diminution de la part de l'Afrique dans le commerce international ?

    Actuellement, tout s'accorde qu'il faudra s'ouvrir au commerce international. La progression des importations et des exportations est le résultat de la libéralisation du commerce à l'échelle de la planète. Le FMI affirme que l'ouverture des économies sur le marché mondial est le facteur essentiel qui a permis à de nombreux pays en développement de se doter d'avantages comparés dans la fabrication de certains produits (6(*)).

    Cependant, il semble que tous les pays ne profitent pas dans la même proportion des avantages offerts par la libéralisation des échanges. A ce sujet, l'ONG britannique Christian Aid a publié un rapport le 20 juin 2005 qui dit que pas moins de 217 milliards de dollars des pertes ont été enregistré par les pays africains depuis vingt ans du fait de l'ouverture de leurs frontières (7(*)). Cette ONG indique que si la libéralisation du commerce a entraîné des pertes de revenus pour les pays pauvres, c'est parce que leurs importations ont augmenté plus rapidement que leurs exportations.

    L'Afrique doit impérativement s'ouvrir au commerce mondial mais cette ouverture n'est pas sans risque pour les économies africaines étant donné qu'elle manque de compétitivité dans ce domaine. Certains pays en développement ont ouvert leurs économies afin de tirer pleinement parti des chances de développement économique offertes par le commerce, mais nombreux sont ceux qui s'en sont abstenus. La réticence de ces pays face à la réduction des obstacles aux échanges recommandée par l'OMC semble être justifiée par les risques d'une marginalisation encore plus grande à l'issue de cette ouverture.

    Comme nous le savons, la plupart des pays du continent est principalement tributaire de l'agriculture (elle ne repose cependant que sur une production agricole d'exportation, souvent une monoculture, à côté d'une agriculture de subsistance, pas toujours autosuffisante). Selon la CNUCED (8(*)), 47 sur 53 pays du continent tirent plus de 50 % de leurs devises étrangères de la vente de trois denrées ou moins et ainsi que l'exportation des matières premières non transformées dont la fixation des prix lui échappe et les cours sur le marché mondial souvent sujet à des fluctuations (9(*)) alors que 75 % du commerce mondial concerne les produits transformés et ces mêmes produits doivent faire face à ceux des pays industrialisés lourdement subventionnés. A titre d'exemple, les subventions versées par les trente pays de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) à leurs agriculteurs ont dépassé 279 milliards de dollars en 2004, en hausse de 9 % (10(*)).

    Les pays africains n'arrivent donc toujours pas à tirer parti du nouveau marché mondial en raison de leur manque de dynamisme commercial résultant des produits moins élaborés, des productions en perte de vitesse dans les échanges mondiaux, de transports onéreux, à une manque de diversification mais également à cause des pratiques commerciales des pays industrialisés.

    Ainsi, le constat est que bon nombre d'obstacles bloquent l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale et en cela nous nous posons les questions de savoir si l'Afrique devrait libéraliser ses échanges avec la peur de se voir davantage marginalisée par manque de compétitivité commerciale ? Ou devrait-elle purement et simplement protéger son marché et passée à côté de l'augmentation spectaculaire du commerce mondial et de tous ces bienfaits ?

    1. 2. Hypothèses de l'étude

    L'ouverture des économies au commerce international permet de générer des devises étrangères, d'attirer les investissements étrangers, de créer des emplois et d'améliorer la compétitivité (11(*)). Cependant, même après avoir ouvert leurs économies, les pays africains n'ont pas eu les effets escomptés en matière de croissance et d'amélioration de l'insertion internationale. De ceci ressort que l'ouverture est une bien bonne chose mais elle doit être envisagée avec précaution, secteur par secteur, étant donné l'impact potentiellement néfaste de l'ouverture à certaines importations lourdement subventionnées (produits agricoles par exemple) (12(*)).

    Des études se sont penchées sur les performances des pays d'Asie et force était de constater que les politiques commerciales de ces pays sont plutôt le résultat de combinaisons complexes entre ouverture et fermeture dont la finalité est d'aider les économies à construire leurs avantages compétitifs.

    3. Intérêt et choix du sujet

    Libéraliser les échanges pour s'intégrer au commerce mondial mais avec le risque de se voir davantage marginaliser par manque de compétitivité ou pratiquer un protectionnisme soutenu et passer à côté des effets positifs prouvés du commerce international.

    Alors en quête d'un sujet de mémoire, nous avons été frappé par ce dilemme particulier posé aux économies des Etats africains. Dès lors, le sujet de notre mémoire semblait tout trouvé : une étude portant sur le commerce international avec un regard particulier sur les performances commerciales du continent africain et ainsi que sur la voie à suivre pour son intégration au commerce mondial.

    4. Délimitation spatio-temporelle

    Notre analyse couvre le commerce international sur tous ses aspects en considérant toutes les nations prenant part à ce système et les activités concernant les échanges entre ces nations sont pratiquement reparties sur la période allant de l'après 2ème Guerre mondiale à nos jours mais avec un accent particulier sur la période 1980-2000. Cette délimitation se justifie simplement par le fait que c'est au cours de cette période que le commerce mondial a connu un développement significatif à l'échelle réellement international quoi qu'il puisse remonter à plusieurs siècles avant.

    5. Méthodologie de recherche

    Pour la réalisation de ce travail, nous avons principalement utilisé les méthodes et techniques suivantes :

    - La technique documentaire. En rapport à notre sujet, il fallait en effet s'orienter à partir des écrits des nombreux auteurs ;

    - La méthode descriptive. Au cours de cette étude, nous avons eu à relever les structures du commerce international, son évolution et ainsi que les tendances actuelles ;

    - L'analyse comparative. Nous avons aussi été amené à effectuer des comparaisons entre les différents groupements économiques mondiaux. Ce qui était indispensable pour voir plus claire enfin de tirer des conclusions à notre étude ;

    - L'historique. Il nous a fallu en même temps cerner l'histoire de l'évolution du commerce international à travers les différentes théories élaborées par les économistes de différentes époques.

    6. Canevas du travail

    Ce travail est subdivisé en 4 chapitres, à savoir :

    - Chapitre 1. Théories et revue de la littérature économique. Ce chapitre passe en revue la littérature économique concernant les raisons qui poussent l'une ou l'autre nation à s'engager dans les échanges internationaux mais aussi celles qui les motivent à ne pas le faire ;

    - Chapitre 2. Les principales tendances du commerce international. Il traite des échanges entre les nations d'une manière quantitative, institutionnelle et organisationnelle ;

    - Chapitre 3. Les performances commerciales de l'Afrique. Ce dernier s'est particulièrement appesanti sur le continent africain en mettant en exergue les caractéristiques du commerce africain ;

    - Chapitre 4. L'intégration de l'Afrique au commerce international. Dans ce chapitre, nous avons démontré à partir d'une étude menée sur les pays asiatiques que l'intégration au commerce mondial passait par l'ouverture aux échanges mais que celle-ci devrait être vue à travers des politiques commerciales bien élaborées ; mais aussi et bien sûr à travers l'aide de la communauté internationale.

    Ce mémoire a en plus de ces 4 chapitres, une introduction et une conclusion.

    Chapitre I

    Théories et revue de la littérature économique

    Le commerce mondial n'est pas récent. Dans l'Antiquité déjà, les échanges pratiqués par les Grecs et les Romains étaient intenses. Plus tard, la richesse des cités-Etats comme Gênes ou Venise a reposé essentiellement sur leurs relations commerciales et jusqu'à aujourd'hui, nous assistons pratiquement à la multiplication des échanges entre toutes les nations du monde.

    Cela étant, dans ce chapitre, nous nous sommes intéressés aux généralités sur le commerce international (Première section) c'est-à-dire aux facteurs qui motivent les différentes nations à commercer entre elles et mais aussi dans une certaine mesure à protéger certains secteurs de leurs économies. Ensuite, nous avons traité des aspects théoriques du commerce international (Deuxième section) où nous passons en revue les théories classiques traditionnelles, son évolution ainsi que les nouvelles théories du commerce international et pour finir enfin par un point concernant la participation des pays en développement au commerce international.

    Section 1. Généralités sur le commerce international

    1. Commerce international et bénéfices économiques (13(*))

    Pourquoi les pays s'engagent-ils dans les échanges commerciaux ? En quoi les échanges commerciaux sont-ils avantageux ?

    Les économistes avancent depuis des années un grand nombre d'arguments en faveur du commerce international des produits. Certains sont manifestes et relèvent du bon sens tandis que d'autres sont moins évidents à saisir. Ces arguments peuvent être regroupés en trois grandes catégories en fonction des critères sur lesquels ils reposent ; à savoir :

    - l'augmentation induite par le commerce du montant total de biens et de services disponibles pour la population du pays (thèse de l'accroissement de la consommation) ;

    - la diversité de biens et de services auxquels la population peut accéder grâce au commerce (thèse de la diversification) ;

    - la stabilité de l'offre et des prix des biens et services qui résulte du commerce (thèse de la stabilité).

    1.1. Commerce et croissance

    Une des raisons qui fait que le commerce international peut augmenter le volume des biens et services disponibles dans un pays donné et à un moment donné est que celui-ci permet d'acheter des biens et services dans les lieux où leurs coûts de production sont comparativement moindres. Les ressources locales qui, en l'absence de commerce, étaient employées à la production de certains biens sont dès lors libérées ce qui permet que d'autres biens soient produits en une proportion plus importante. Plus des détails à ce sujet seront évoqués à la section 2 sur l'approche théorique du commerce international.

    Une autre raison pour laquelle le commerce extérieur peut améliorer l'efficacité, c'est qu'il permet à une industrie d'étendre son marché au-delà des limites de l'économie nationale. Grâce aux exportations, une industrie peut produire plus et, s'il existe des économies d'échelle, le coût moyen de ses produits tendra alors à diminuer.

    En outre, en ouvrant leurs frontières aux transactions commerciales, les pays forcent leurs entreprises à être concurrentielles avec les biens et services produits à l'étranger et, donc, à rester compétitives en répercutant la baisse des coûts de production dans leurs prix de vente au consommateur. Cet élément est particulièrement décisif lorsqu'il s'agit d'entreprises qui, de par les caractéristiques de leurs procès de production (importance des coûts initiaux, substantielles économies d'échelle, dépendance vis-à-vis d'un composant spécialisé dont l'offre est limitée), tendent à occuper une position de monopole ou d'oligopole. Les industries de l'automobile et des télécommunications en sont de bons exemples. La participation au commerce international peut alors être un bon moyen de stimuler la concurrence et de renforcer l'efficacité de ces activités.

    1.2. Commerce et accès aux produits

    Le commerce extérieur a aussi un impact bénéfique en ce qu'il offre aux consommateurs et aux producteurs nationaux un choix de biens et de services qui ne seraient pas disponibles autrement. Dans la mesure où cela concerne aussi bien des produits de consommation finale que des biens intermédiaires et des intrants, le commerce extérieur apparaît donc à la fois comme favorable aux consommateurs et au développement de la capacité de production nationale.

    La diversité renvoie à la disponibilité des biens qui ne peuvent être produits dans le pays ou qui ne pourraient l'être qu'à des conditions très particulières et très onéreuses (par exemple, des mangues en Scandinavie). Elle renvoie aussi aux divers types et marques de biens réellement produits dans un pays (comme par exemple les différentes variétés de pommes, les types de pompes à moteur ou les morceaux de viande) et aux biens qui ne sont pas produits dans le pays mais qui pourraient l'être à un prix de revient encore convenable.

    1.3. Commerce et fluctuations

    Le commerce extérieur peut également servir à lisser des excédents transitoires de l'offre ou de la demande sur le marché intérieur et empêcher ainsi, ou réduire, les fluctuations des cours et les ruptures d'approvisionnement. A cet égard, les produits agricoles peuvent particulièrement bénéficier du commerce international car les marchés agricoles ont tendance à être relativement plus instables du fait de la rigidité de l'offre (la production agricole a besoin d'un certain temps pour réagir aux mouvements du marché), des facteurs exogènes qui influencent fortement la production (comme le climat ou les maladies), et de la faible sensibilité de la demande alimentaire aux variations de prix (ce qu'on appelle la faible élasticité). Dans les années d'abondance, un pays capable de subvenir largement à ses besoins en produits agricoles et alimentaires devra faire face à des excédents agricoles qui auront tendance à faire baisser fortement les prix au producteur. Le marché international pourra alors servir à résorber ces excédents avec un minimum d'interférence sur les prix intérieurs et les revenus. Et lors de mauvaises années, ce sera le contraire qui se produira.

    Il faut toutefois souligner que le commerce peut aussi être une source d'instabilité pour les prix. Lorsqu'un pays est ainsi fortement spécialisé dans la production de certains biens d'exportation et qu'il dépend très largement des importations d'autres produits, il devient très sensible aux fluctuations des prix internationaux.

    2. Protectionnisme et libre-échange

    Tout le monde est aujourd'hui d'accord pour dire qu'un pays pourrait difficilement survivre sans commerce extérieur et que, même s'il pouvait se suffire à lui-même en vivant en autarcie, il en subirait probablement de lourdes conséquences. De fait, la grande question est de savoir s'il doit y avoir plus de protection, moins de protection, ou pas de protection du tout.

    2.1. Les arguments en faveur du protectionnisme

    Le protectionnisme est une politique économique qui vise à apposer des barrières, tarifaires et/ou non tarifaires, à l'entrée biens et services en provenance d'autres pays. (14(*))

    Le protectionnisme peut être défendu de plusieurs manières : pour des raisons purement économiques, ou pour d'autres motifs, comme par exemple des considérations d'équité, de sécurité nationale, de défense de groupes vulnérables, pour éviter des risques jugés inacceptables, ou pour défendre des intérêts à des fins politiques. Dans le cas du secteur agricole, le protectionnisme peut aussi être justifié pour des raisons de sécurité alimentaire. Ainsi, nous abordons ci-dessous les principaux arguments mis en avant dans le débat pour ou contre le protectionnisme.

    2.1.1. Les arguments économiques

    § La protection les industries naissantes

    Parmi tous les arguments économiques en faveur du protectionnisme, le plus influent est celui qui concerne les industries naissantes. Le protectionnisme se justifie alors comme mesure temporaire donnant le temps à une industrie naissante de se développer jusqu'à ce qu'elle soit prête à affronter la concurrence internationale. On peut énumérer plusieurs raisons pour étayer la nécessité de protéger une industrie en phase de démarrage. Celles le plus fréquemment citées se rapportent aux économies d'échelle, au processus d'apprentissage technologique et managérial, aux coûts de démarrage (la recherche de débouchés, les ajustements technologiques, etc.), et aux économies externes à l'entreprise mais internes au secteur d'activité dont l'amélioration implique des aides et du temps mais qui, une fois développées, permettront à l'activité de vivre seule.

    § Les imperfections du marché

    Des mesures de protection sont également recommandées lorsque les marchés liés à une activité donnée n'existent pas ou ne fonctionnent pas bien. Dans ce cas, le protectionnisme permet à cette branche d'activité de fonctionner en dépit des imperfections du marché. Dans un pays, l'inexistence ou l'inadaptation des marchés financiers peuvent ainsi empêcher de réunir les fonds nécessaires à la modernisation d'une activité et, par conséquent, de résister à la concurrence internationale. Des mesures de protection peuvent alors permettre au secteur concerné de faire des profits supplémentaires nécessaires pour financer son expansion et sa modernisation technique ultérieure.

    § Les externalités

    Un argument lié mais néanmoins distinct des précédents est favorable au protectionnisme lorsque celui-ci protège les activités qui ont des effets externes et des répercussions bénéfiques sur d'autres secteurs ou groupes sociaux. C'est ce genre d'argument qui est utilisé pour défendre la poursuite des mesures de protection des agriculteurs de l'Union européenne dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC). On affirme ainsi que l'agriculture est une activité dont le rôle ne se cantonne pas à la production d'aliments mais englobe aussi la protection de l'environnement, la gestion des sols et la préservation du paysage rural et d'un art de vivre paysan. En protégeant les agriculteurs européens de la concurrence internationale, ce sont donc ces effets latéraux bénéfiques, pour lesquels les consommateurs et les citoyens sont semble-t-il disposés à payer, que l'on cherche à préserver.

    § § L'impact des termes de l'échange

    Un autre argument économique est connu des économistes sous l'appellation de « la théorie du droit de douane optimal ». Prenons le cas de pays importateurs ou exportateurs, suffisamment grands pour influencer les cours mondiaux d'un produit donné. Un droit de douane à l'importation (ou une taxe à l'exportation) peut alors favoriser les termes de l'échange de ce pays. En effet, en restreignant les importations, ce droit de douane affaiblira la demande mondiale et, par conséquent, poussera à la baisse le prix du produit importé. De façon similaire, en freinant les exportations, la taxe à l'exportation contribuera à diminuer l'offre mondiale et poussera le prix du produit exporté à la hausse.

    2.1.2. Les arguments non-économiques

    Les raisons politiques et sociales aux mesures de protection ont souvent beaucoup plus de poids que les arguments purement économiques. Le système de protection cherche alors surtout à éviter l'impact négatif de la concurrence des importations sur le revenu des détenteurs nationaux de facteurs de production. C'est aussi un moyen d'exercer une discrimination positive destinée à privilégier certains groupes considérés comme méritants par le système politique en place. C'est par exemple le cas des agriculteurs de nombreux pays, en particulier en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. On a là affaire à des sociétés qui, pour des raisons historiques, politiques et sociales, ont décidé d'accorder un traitement économique particulier à leur secteur agricole, aux dépens, éventuellement, d'une hausse des prix au consommateur et d'une augmentation des taxes (et d'opportunités réduites pour les pays partenaires). Il s'agit là d'un luxe que les pays en développement ne peuvent guère s'offrir.

    Des pressions politiques, exercées par de puissants groupes industriels ou syndicaux qui risquent de perdre leurs acquis du fait de la libéralisation des échanges, sont aussi souvent à l'origine des mesures protectionnistes.

    2.1.3. Les arguments liés à la sécurité alimentaire

    Les mesures de protection peuvent également être préconisées pour des raisons de sécurité alimentaire. Selon la FAO, la sécurité alimentaire consiste à garantir, à chaque être humain, un accès économique et physique stable aux aliments de base dont il a besoin. Cela recouvre trois composantes : la disponibilité, la stabilité et l'accès. Les Etats peuvent par conséquent tenter de garantir, par des mesures de protection, un niveau minimum de production de produits alimentaires essentiels. Les mesures de protection peuvent également servir à protéger les consommateurs des trop fortes variations internationales et à sauvegarder le bénéfice social et politique lié à l'alimentation.

    2.2. Les instruments de protection

    Les Etats interviennent dans le commerce agricole au moyen d'instruments directs ou indirects et ce, avec des objectifs variés. Les plus courants visent à accroître les revenus de l'Etat, à soutenir les revenus des producteurs, à réduire les prix à la consommation des produits alimentaires, à atteindre l'autosuffisance ou encore à contrecarrer les interventions des autres pays. Ces divers instruments sont analysés dans les sections qui suivent.

    Tableau I.2.

    Les principaux instruments de protection

    Les interventions directes

    Les interventions indirectes

    Les droits de douane

    La gestion du taux de change

    Les quotas d'importations et exportations

    Les programmes par produit

    Les subventions aux exportations

    Les aides à la commercialisation

    Les barrières sanitaires et phytosanitaires

    Les subventions aux intrants et les exonérations d'impôts

     

    L'aide à l'investissement à long-terme

    Source : FAO, Les Négociations Commerciales Multilatérales sur l'Agriculture - Manuel de Référence - I - Introduction et Sujets Généraux, Rome 2001.


    2.2.1. Les instruments de protection directe

    Les instruments de protection directe portent sur les produits échangés sur le marché mondial soit importés soit exportés. Les instruments de protection les plus utilisés sont les droits de douane, les quotas d'importation et d'exportation, et les taxes et subventions aux exportations.

    § Les droits de douane

    Un droit de douane est une taxe prélevée sur un produit importé. Certains droits spécifiques sont prélevés sous forme d'une somme fixe par unité de marchandise importée (par exemple, 3 dollars EU prélevés sur chaque baril de pétrole). Les droits ad valorem correspondent à un pourcentage du prix CAF (15(*)) du produit importé, soit par exemple 20 % du prix CAF d'un tracteur. Les droits de douane peuvent être fixes (une somme constante par unité ou un pourcentage du prix CAF) ou variables (le montant varie selon le prix CAF lui-même).

    Les droits de douane constituent le plus simple et le plus ancien des instruments de politique commerciale. Traditionnellement les Etats les utilisaient comme source de revenus mais de nos jours ils les utilisent plutôt pour soustraire certains de leurs secteurs intérieurs de la concurrence internationale, en augmentant de manière artificielle le prix des produits importés.

    Les droits de douane ont pour conséquence de relever les prix au consommateur des produits importés ; ils augmentent les revenus de l'Etat et tendent à inciter les producteurs nationaux à accroître leur production de biens substituables aux importations; ils constituent donc une forme d'incitation à développer la production et à remplacer les importations. Les droits de douane augmentent par conséquent les revenus des producteurs et de l'Etat au détriment des consommateurs et contribuent à ce que la production intérieure soit plus importante qu'en l'absence de mesures de protection.

    § Les quotas

    Les quotas sont définis par l'Etat à partir de la quantité physique des importations ou des exportations. Ils peuvent être instaurés unilatéralement par un Etat ou bien être négociés avec les pays importateurs ou exportateurs qui consentent « volontairement » à restreindre leurs importations ou exportations (16(*)). Vu qu'il limite le montant de devises mises à la disposition des importateurs et des citoyens qui voyagent à l'étranger, le contrôle des changes constitue un genre particulier de quota dont la caractéristique est de restreindre toutes les importations en général et pas seulement les importations d'une seule marchandise.

    Les Etats mettent généralement en place les systèmes de quotas par le biais de licences. Il s'agit de titre de propriété portant sur le droit pour leur détenteur d'importer ou d'exporter une certaine quantité d'un bien donné. L'Etat peut fort bien vendre ces licences ou les mettre aux enchères auprès des importateurs et exportateurs intéressés ; il peut également les délivrer gratuitement en fonction de critères administratifs.

    Tout comme les droits de douane, les quotas d'importation ont tendance à renchérir les prix intérieurs des produits importés et à augmenter au détriment des consommateurs les revenus des producteurs nationaux des produits qui concurrencent ces importations.

    § § Les taxes à l'exportation

    Les taxes à l'exportation sont imposées sur les produits exportés. Tout comme les droits de douane à l'importation, ces taxes peuvent être prélevées par unité physique ou sous forme de pourcentage du prix FOB. Les taxes d'exportation sont normalement utilisées par les Etats pour augmenter les revenus publics. Bien que cette forme de financement ait eu tendance à être écartée au cours des dernières années, elle était utilisée dans la période précédant les ajustements structurels, de façon très courante dans les pays où les exportations de produits primaires offraient le moyen le plus simple et le plus sûr de collecter des revenus fiscaux. Les taxes d'exportation contribuent à réduire le prix des produits d'exportation qui est payé au producteur et à diminuer le prix de vente de ces produits sur le marché intérieur. La taxation des exportations de blé et de viande imposée par l'Etat argentin a ainsi eu pour effet d'abaisser le prix perçu pour ces produits par les agriculteurs argentins et aussi de réduire les prix à la consommation. De part ces effets sur les prix, les taxes sur les exportations ont plutôt tendance à décourager la production intérieure tout en encourageant la consommation intérieure des produits exportés, et contribuent ainsi à diminuer à terme les quantités exportées. Les taxes sur les exportations profitent donc aux consommateurs nationaux et aux finances publiques au détriment des producteurs.

    § Les subventions à l'exportation

    Une subvention à l'exportation est le versement fait à un individu ou à une entreprise qui expédie des biens vers l'étranger. Tout comme les droits de douane et les taxes d'exportation, ces subventions peuvent être spécifiques ou ad valorem. Elles incitent les producteurs et les négociants à exporter en rendant leurs ventes à l'étranger plus rentables, ce qui a pour effet d'entraîner à la hausse les prix de ce produit sur le marché intérieur. Lorsqu'un Etat subventionne l'exportation d'un produit, les commerçants auront tendance à exporter ce produit jusqu'au moment où le prix intérieur sera supérieur à la somme du prix d'exportation et de la subvention. Les subventions à l'exportation privilégient donc les producteurs de biens d'exportation et les commerçants, au détriment des consommateurs nationaux et des contribuables.

    § Les barrières sanitaires et phytosanitaires

    Les barrières sanitaires et phytosanitaires appliquées aux importations ne sont pas en elles-mêmes des instruments de protection commerciale mais peuvent aisément le devenir. De fait, elles ont délibérément été de plus en plus souvent utilisées de façon à servir de bouclier aux producteurs nationaux face à la concurrence internationale. Il n'est pas rare, en effet, que les Etats adoptent de telles mesures non pas tant en prévention de risques sanitaires confirmés par des preuves scientifiques, mais plutôt en réponse à l'activisme développé par certains lobbies. De ce fait, la question des barrières sanitaires et phytosanitaires occupe une place essentielle dans l'ordre du jour des négociations commerciales internationales.

    2.2.2. Les instruments de protection indirecte

    § La gestion du taux de change

    Le taux de change correspond à de la monnaie nationale exprimé en devises étrangères. Il détermine par conséquent le montant de monnaie nationale qu'un exportateur percevra en contrepartie d'une valeur donnée d'exportations et aussi le montant qu'un importateur paiera pour une valeur donnée d'importations. En relevant ce cours, une dévaluation entraîne une hausse du montant de monnaie nationale qui sera perçu par les exportateurs et du prix qui sera payé par les importateurs. La dévaluation d'une monnaie encourage par conséquent les exportations tout en décourageant les importations. Et ces hausses des prix assurent une meilleure protection globale de tous les exportateurs nationaux et des producteurs de biens de substitutions. Le contraire vaut pour la surévaluation ; un taux de change surévalué décourage les exportations et encourage les importations car il agit comme une subvention aux importations et une taxe aux exportations.

    Alors qu'une dévaluation peut avoir lieu du jour au lendemain, suite à une décision politique, une surévaluation ne se produit que sur la durée et résulte de l'inadaptation du taux de change (à savoir, l'absence de dévaluation) lorsque l'inflation du pays est supérieure à celle des principaux partenaires commerciaux. Etant donné qu'une dévaluation pousse à la hausse les prix des biens d'exportation et d'importation, elle tend à avoir un effet inflationniste. La peur d'alimenter le processus interne d'inflation empêche donc souvent les autorités monétaires de recourir à la dévaluation lorsqu'ils font face à une situation d'inflation latente, et ce malgré son impact potentiellement positif sur la balance commerciale.

    § Les programmes par produit

    Les programmes par produit sont le principal instrument de protection utilisé par les Etats-Unis, l'Union européenne, le Japon et d'autres pays encore pour soutenir leurs producteurs nationaux. Ces programmes sont conçus pour garantir le revenu des agriculteurs et comportent généralement des quotas d'importations et des subventions aux exportations. Ils incluent des paiements directs aux agriculteurs sous forme de prix subventionnés ainsi que des programmes de gestion de l'offre visant à diminuer les surfaces emblavées.

    Un bon exemple de paiements directs visant à subventionner les prix des cultures est fourni par le système de montants compensatoires pratiqué aux Etats-Unis afin de soutenir les cultures céréalières et oléagineuses ; ce système offrant aux agriculteurs la différence entre le prix de marché et un prix cible ou prix de garantie lorsque ce dernier est supérieur au premier. Comme exemple de programme de gestion de l'offre, on peut citer le système des primes payées pour le maintien des terres en jachère instauré dans le cadre de la politique agricole de l'Union européenne. Dans le passé, les Etats-Unis avaient également mis en oeuvre un programme similaire de réduction des superficies cultivées. Il était alors demandé aux agriculteurs de réduire leurs superficies emblavées par une espèce donnée, selon un pourcentage déterminé sur une base historique, pour qu'une certaine somme leur soit versée (17(*)). Ces programmes visent à limiter la production intérieure de certaines espèces de manière à maintenir les prix de marché, tout en évitant ou réduisant la création des surplus d'exportation.

    § Les aides à la commercialisation

    Les instruments de soutien à la commercialisation cherchent à diminuer les coûts de commercialisation des producteurs nationaux, par le biais de divers programmes tels que les subventions au transport et au stockage ou les crédits de commercialisation à taux subventionné.

    § Les subventions aux intrants et les exonérations d'impôts

    Les subventions aux intrants visent à réduire les coûts de production en diminuant le coût des intrants. Habituellement, ils prennent la forme de subventions appliquées directement sur intrants (les subventions pourront ainsi représenter, par exemple, une réduction de 10 % sur le prix courant), d'exonérations d'impôts indirects sur les intrants (comme les exonérations de taxes sur les carburants utilisés par les engins agricoles), de crédits à taux subventionnés pour les emprunts destinés aux agriculteurs (comme les crédits de campagne à taux bonifié), de programmes publics d'assurances spécifiques réservés aux agriculteurs (telle l'assurance-récolte), de services gratuits ou subventionnés, ou encore de la prise en charge totale ou partielle des coûts d'irrigation, etc. Un autre moyen de garantir le revenu des agriculteurs consiste à exonérer les exploitations agricoles du paiement des impôts sur les bénéfices ou de leur offrir un traitement préférentiel dans ce domaine.

    § § Les subventions aux investissements à long terme

    Les aides à l'investissement à long terme visent à améliorer la productivité et la rentabilité du secteur agricole. Les composantes les plus importantes sont les investissements dans la recherche agricole et dans l'amélioration des infrastructures agricoles telles que l'irrigation et le drainage. Nombre de pays subventionnent ce type d'investissements de façon plus ou moins marquée. D'autres investissements à long terme consistent aussi à améliorer les infrastructures routières et portuaires, les installations de stockage et les systèmes d'information.

    2.3. Les arguments contre le protectionnisme

    Les principaux arguments contre le protectionnisme sont au nombre de quatre. On dit ainsi que le protectionnisme favorise les activités non-rentables, qu'il encourage les comportements de type rentier, qu'il implique toujours un coût social net, et enfin que pour atteindre ses objectifs, il existe généralement des mesures beaucoup plus directes et plus rentables que celles qui restreignent le commerce extérieur.

    2.3.1. La protection des activités non rentables

    Le premier argument met l'accent sur le fait que, même en n'isolant que partiellement les producteurs nationaux de la concurrence internationale, le protectionnisme permet à des industries inefficaces et peu rentables de se perpétuer aux dépens des consommateurs et de la dynamique de croissance. De plus, il fait échec à la dynamique d'accumulation de savoir-faire et d'innovation qui, normalement, devrait être stimulée par la concurrence internationale. En limitant la concurrence et en augmentant artificiellement les profits, les entreprises attirées par le secteur protégé et en mesure d'y survivre sont finalement plus nombreuses que ce qui serait économiquement justifié. Les parts de marchés s'en trouvent réduites d'autant, ce qui, du même coup, empêche les économies d'échelle.

    2.3.2. Encouragement des comportements rentiers

    Un second argument avancé soutient que les mesures protectionnistes sont souvent décidées par des dirigeants politiques en faveur des secteurs d'activité, de façon plutôt conjoncturelle et souvent clientéliste, et qu'elles ne sont que rarement liées à des pertes clairement identifiables et quantifiables. En général, ceci amène les entrepreneurs et propriétaires de moyens de production à faire pression sur les pouvoirs publics afin d'obtenir certaines concessions administratives qui leurs seront favorables et qui correspondent à des comportements de type rentier. Les tenants du libre-échange argumentent dès lors que, comme dans la plupart des cas, les systèmes politiques rendent ces comportements pratiquement inévitables, les pays ont tout intérêt à promouvoir le libre - échange ou, tout au moins, à instaurer des droits de douane peu élevés, applicables uniformément et de façon transparente à tous les secteurs.

    2.3.3. Coût élevé pour la société

    Un autre argument allant à l'encontre du protectionnisme prétend que ce dernier appauvrit globalement la société dans son ensemble. Les instruments de protection et leurs conséquences économiques. On peut toutefois déjà avancer que même si les producteurs bénéficient de mesures de protection et que l'Etat s'assure des revenus grâce au supplément de taxes, ces gains sont plus que compensés par les augmentations des prix au consommateur des biens protégés. Et si le mécanisme de protection prend la forme d'une subvention aux producteurs ou aux intrants, alors ce sont les contribuables qui seront perdants.

    2.4. La libéralisation du commerce extérieur

    Du fait de différentes raisons évoquées ci-haut, il y a à l'heure actuelle un certain consensus parmi les responsables du monde entier pour considérer que le commerce est avantageux et qu'il faut favoriser l'accroissement des échanges commerciaux. Le chemin pour y parvenir passe par une réduction progressive des niveaux de protection après négociations et concessions réciproques. Il y a deux méthodes compatibles pour tendre vers cet objectif. L'une consiste à établir des accords économiques régionaux visant à réduire ou à éliminer les obstacles au commerce entre un nombre limité de pays, souvent mais pas toujours voisins. L'autre passe par des négociations commerciales multilatérales (NCM) comme celles qui ont eu lieu depuis plusieurs décennies dans le cadre du GATT et maintenant sous l'égide de l'OMC. Ces accords sont appelés multilatéraux parce que sont exclues de leur cadre les mesures de traitement préférentiel qu'un pays peut instaurer vis-à-vis d'un ou plusieurs autres pays, et parce qu'ils sont fondés sur l'application de la clause de la nation la plus favorisée (NPF) envers chacun des pays participant à cet accord (18(*)).

    Pour ce qui concerne l'arbitrage entre protectionnisme et libéralisation, on devrait toujours garder à l'esprit que ces deux modèles sont des idéaux-types et que peu de pays répondent exactement à l'un ou l'autre d'entre eux alors que la majorité se situe dans un spectre dont ces deux modèles sont les extrêmes.

    Section 2. Approche théorique du commerce internationale

    1. Cadre classique traditionnelle

    Les auteurs classiques de l'analyse économique justifient les échanges internationaux au nom de l'allocation optimale des ressources au niveau mondial. En effet, l'analyse des relations économiques internationales répond à la même problématique que celle développée dans un cadre national : comment satisfaire un maximum de besoins avec des ressources limitées.

    1.1. La théorie des avantages absolus

    1.1.1. La théorie d'Adam Smith

    Adam Smith, dans son ouvrage intitulé « La recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations » intègre son analyse des échanges internationaux dans son analyse globale du fonctionnement de l'activité économique. Il se fonde donc sur les mêmes principes (liberté individuelle, recherche du profit, concurrence) pour inciter les Etats à se spécialiser sur les productions sur lesquelles ils bénéficient d'un avantage absolu.

    - La notion d'avantage absolu

    Du fait notamment de dotations initiales en ressources naturelles favorables, ou d'une avance technologique, les pays disposent d'un certain nombre de secteurs d'activité pour lesquels ils bénéficient d'un avantage absolu, c'est à dire pour lesquels les entreprises nationales produisent à un coût de production inférieur à celui d'une entreprise étrangère.

    - Le principe de spécialisation

    En conséquence, chaque nation doit chercher à se spécialiser dans les secteurs d'activité pour lesquels elle dispose de cet avantage absolu. Ceci signifie que les facteurs de productions ne servent pas à produire l'ensemble des biens et services nécessaires à la satisfaction des agents économiques nationaux mais doivent être concentrés sur un nombre limité de biens et services ou la nation possède un avantage comparatif en terme de coût de production. Elle justifie donc ainsi l'échange et la spécialisation internationale (19(*)).

    - - La division internationale du travail

    De ce fait, si cette spécialisation se met en place entre les différentes nations participant aux échanges internationaux, il se crée ainsi une division internationale du travail fondée sur les avantages comparatifs dont dispose chaque nation à un moment donné.

    Cette division internationale, non seulement favorise une allocation optimale des ressources au niveau mondial, mais en plus est favorable pour l'ensemble des nations participant aux échanges.

    1.1.2. Démonstration de la théorie

    Soient deux pays A et B disposant chacun de 12 unités de production permettant de produire deux biens X et Y de la manière suivante :

     

    Pays A

    Pays B

    Bien X

    6

    3

    Bien Y

    3

    6

    Le pays A doit consommer 6 unités de production pour produire un bien X et trois unités de production pour produire un bien Y

    Si chaque pays produit les deux biens X et Y, alors la production de chaque nations sera de :

     

    Pays A

    Pays B

    Monde

    Unités de production

    12

    12

    24

    Bien X produits

    1

    2

    3

    Bien Y produits

    2

    1

    3

    Sans spécialisation, la production mondiale est donc de 3 biens X et de trois biens Y pour une utilisation totale de 24 unités de facteurs de production.

    Si les pays A et B respectent la théorie des avantages absolus, alors chacun va se spécialiser sur le secteur d'activité pour lequel il bénéficie d'un avantage comparatif absolu, soit la production de biens Y pour le pays A et la production de biens X pour le pays B.

    La production des deux pays sera alors la suivante :

     

    Pays A

    Pays B

    Monde

    Unités de production

    12

    12

    24

    Bien X produits

    0

    4

    4

    Bien Y produits

    4

    0

    4

    La spécialisation permet d'accroître la production mondiale de biens et services pour une consommation constante de facteurs de production et permet alors de satisfaire un plus grand nombre de besoins.

    David Ricardo reprend ce concept mais ne se situe plus dans le cadre des avantages absolus mais dans le cadre des avantages relatifs.

    1.2. La théorie des avantages relatifs

    David Ricardo applique l'approche d'Adam Smith à une situation où un pays dispose d'un avantage absolu dans tous les domaines de production. Selon Adam Smith, cette situation conduirait à ce que le pays le plus compétitif produise l'ensemble des biens de production. Hors, la réalité est différente. David Ricardo en cherche donc les raisons et tend par la même à démontrer que les Etats ont toujours intérêt à échanger, même si l'un est plus compétitifs que l'autre dans tous les domaines.

    1.2.1. La théorie de David Ricardo

    - La notion d'avantage comparatif (ou relatif)

    Au concept d'avantage absolu, Ricardo propose le concept d'avantage relatif en disant qu'un pays dispose d'un avantage comparatif relatif par rapport à un autre pays dans la production ou son coût de production est le moins éloigné de celui du pays le plus compétitif, c'est à dire dans la production ou l'écart de coût entre les deux pays est le plus faible.

    Le principe de l'avantage comparatif, dénommé aussi le principe des coûts comparés, s'énonce ainsi : « A la condition nécessaire et suffisante qu'il existe une différence entre les coûts comparés constatés en autarcie dans plusieurs pays, chacun d'eux trouvera avantage à se spécialiser et à exporter les biens pour lesquels il dispose du plus fort avantage comparé ou du moindre désavantage comparé, en important en échange les autres biens de ses partenaires » (20(*)).

    Il est l'argument économique le plus général et le plus puissant pour démontrer l'intérêt de l'échange international et de la spécialisation.

    - Le principe de spécialisation

    Chaque pays va donc devoir se spécialiser et échanger même si un pays est moins productif que l'autre dans toutes les productions. En effet, cette spécialisation permettra globalement d'économiser des facteurs de production.

    - La division internationale du travail

    La division internationale du travail reste donc souhaitable mais diffère de celle qui découlerait de l'analyse fondée sur la théorie des avantages absolus.

    1.2.2. Démonstration de la théorie

    David Ricardo prend pour exemple le cas de la Grande-Bretagne et du Portugal qui échangent des draps et du vin alors que le Portugal dispose dans ces deux domaines d'un avantage comparatif absolu que l'on peut estimer en terme de coûts de production de la manière suivante :

    Coûts de production du drap et du vin :

     

    Grande-Bretagne

    Portugal

    Drap

    100

    90

    Vin

    120

    80

    Le Portugal est plus productif que la Grande-Bretagne dans les deux productions avec un avantage comparatif de 10 pour le drap (100 - 90) et de 40 pour le vin (120 - 80).

    Si chaque pays produit une unité de chacun des biens considérés, on obtient donc une consommation de facteurs de production de 390 :

     

    Grande-Bretagne

    Portugal

    Monde

    Drap

    100

    90

    190

    Vin

    120

    80

    200

    Total

    220

    170

    390

    Les pays, selon Ricardo, auront quand même intérêt à se spécialiser pour continuer à échanger afin de limiter au niveau mondial la consommation de facteurs de production.

    Cette spécialisation se faisant en fonction du différentiel de coûts de production, la Grande-Bretagne va donc se spécialiser dans la production de draps puisque son désavantage compétitif (- 10) y est plus faible que dans la production de vin (- 40).

    La Grande-Bretagne produira donc 2 unités de draps et le Portugal 2 unités de vin, pour un coût total de production de :

     

    Grande-Bretagne

    Portugal

    Monde

    Drap

    200

    0

    200

    Vin

    0

    160

    160

    Total

    200

    160

    360

    Le coût de production mondial après spécialisation (360) est inférieur au coût de production mondial avant spécialisation (390).

    La spécialisation, selon le principe des avantages comparatifs relatifs, permet donc de produire les mêmes quantités de biens en économisant des facteurs de production.

    Pour Conclure, que se soit Smith ou Ricardo, le développement des échanges internationaux repose donc sur le principe d'une division internationale du travail (spécialisation) fondée sur les avantages comparatifs des nations (absolu ou relatif) qui permet de satisfaire les besoins en utilisant moins de facteurs de production tout en étant profitable à l'ensemble des pays participant aux échanges.

    2. Prolongement contemporain de l'échange international

    Au début du XXe siècle, deux auteurs suédois, E. Heckscher (1919) et B. Ohlin (1933) ont renouvelé la théorie de l'avantage comparatif en l'expliquant par des éléments plus facilement modélisables qui sont les quantités relatives de facteurs (terre, travail, capital) détenues par une région ou par une nation. L'intuition de ces auteurs est que les pays exportent les produits contenant intensivement les facteurs dont ils disposent en abondance et importent les biens qui nécessitent l'utilisation de facteurs dont ils ont pénurie.

    Dans ce modèle, les coûts relatifs des produits s'expliquent par les coûts relatifs des facteurs, qui proviennent eux-mêmes de l'utilité et de la productivité de ces facteurs, qui sont elles-mêmes dépendantes des quantités relatives de facteurs dont les pays ou les régions disposent. Les dotations factorielles étant différentes d'un pays à l'autre, les raretés ou abondances relatives de facteurs se traduisent par des différences de coûts comparés des biens, qui sont à l'origine des échanges.

    Ainsi, le théorème énoncé par E. Heckscher, B. Ohlin et P. Samuelson (économistes du XXe siècle), mieux connu sous le sigle HOS constitue un approfondissement de l'oeuvre de Ricardo en expliquant plus précisément l'origine et le choix de la spécialisation d'un pays et en raisonnant explicitement sur plusieurs facteurs de production (le travail, mais aussi le capital et la terre) dont les différentes qualités sont prises en compte.

    Ce théorème peut s'énoncer ainsi : « Dans l'échange international, en régime de libre-échange, les pays ont intérêt à se spécialiser dans les productions qui utilisent en plus grandes proportions le facteur dont ils sont le mieux pourvu (21(*)) ». Ainsi, selon eux, les nations sont amenées à exporter les produits incorporant une forte quantité du facteur de production qu'elles détiennent en abondance et à importer les produits incorporant une forte quantité du facteur de production dont elles sont peu dotées.

    Le modèle néo-classique de l'avantage comparatif aboutit, comme le modèle de Ricardo, à montrer sans difficulté l'existence d'un gain d'échange réciproque pour les participants, même dans le cas de pays défavorisés pour tous les biens. Cependant, à l'exception de l'hypothèse de concurrence parfaite, les hypothèses de base diffèrent dans les deux modèles ainsi que certains résultats.

    - Hypothèses différentes : les coûts de production, constants dans le modèle classique, sont variables dans le modèle néo-classique et croissent au fur et à mesure que l'utilisation des facteurs dans un pays s'élève avec l'exportation. Alors que la technologie utilisée pour les mêmes biens diffère d'un pays à l'autre dans le modèle classique (différences internationales de fonctions technologiques de production), elle est supposée identique dans tous les pays dans le modèle néo-classique, du fait de l'hypothèse très forte de la diffusion des technologies, au moins à long terme, dans le monde entier.

    - - Résultats différents : la spécialisation, complète dans la conception de Ricardo, est partielle dans le modèle néo-classique, chaque pays importateur d'un produit conservant un certain niveau de production de ce même produit.

    Il s'agit là donc de deux modèles simplifiés, aptes à guider le raisonnement et la compréhension des phénomènes, mais contraints, pour aboutir à des résultats logiques et rigoureux d'effacer certains aspects de la réalité pour faire ressortir l'importance des phénomènes que les auteurs jugent essentiels.

    2.1. Les nouvelles théories du commerce international

    Dans sa théorie des avantages comparatifs Ricardo insiste sur le fait que c'est parce qu'un pays est plus compétitif dans la fabrication d'un produit qu'il l'exporte. Les années 1980-90 sont marquées par un renouvellement profond de l'analyse des échanges internationaux. Il s'agit des nouvelles théories du commerce international développées par des auteurs comme Paul Krugman et Helpman.

    Ces auteurs considèrent au contraire que c'est surtout en exportant qu'un pays devient plus compétitif. C'est en prenant part au commerce international, en faisant le pari de l'ouverture aux échanges internationaux, que chaque pays multiplie ses avantages.

    - Dans l'analyse de Ricardo

    Existence d'un avantage comparatif

    Ouverture aux échanges internationaux

    Ouverture aux échanges internationaux

    Naissance d'un avantage comparatif

    - Dans les nouvelles théories du commerce international

    Cette approche montre que les avantages comparatifs n'ont rien de définitif, ni d'exclusif et peuvent être construits, voire choisis arbitrairement. Un pays peut par exemple se fabriquer un avantage comparatif en privilégiant une certaine production même si au départ il n'est pas particulièrement bien doté en facteurs de production pour y parvenir.

    Les nouvelles théories de l'économie internationale ont ainsi apporté de nouveaux arguments aux thèses favorables à l'ouverture internationale. Elles considèrent que les gains du commerce sont cumulatifs : l'ouverture internationale provoque des avantages comparatifs qui permettent une plus grande ouverture et ainsi de suite.

    En définitive, l'ouverture internationale et l'accès à des marchés plus vastes permettent des rendements d'échelle croissants ; ainsi en accédant à des marchés plus vastes, une entreprise peut mieux tirer parti de sa spécialisation. En effet, tout effort d'investissement (augmentation du capital) afin d'améliorer sa compétitivité lui permet d'écouler sa production auprès d'un nombre plus important de consommateurs que ne le permettrait le seul accès au marché national, ce qui assure une meilleure rentabilité des investissements, l'amélioration des profits, etc.

    Paul Krugman préconise donc une ouverture croissante des économies et donc une libéralisation du commerce tout en acceptant une politique étatique volontariste d'incitation à l'exportation.

    Mais il pense qu'une politique commerciale stratégique de subvention et même de protectionnisme temporaire peut être profitable car elle permet de contrer le monopole étranger qui arrive sur le marché national.

    2.2. Commerce international et pays en développement

    Il ressort cependant de beaucoup d'analyses que la croissance du commerce international ne profitait pas à toutes les nations de la même manière et les questions suivantes se posent de plus en plus :

    - Le commerce international engendre-t-il pour les PED un développement du sous développement ?

    - Un PED peut-il compter sur l'insertion au marché mondial pour réussir à se développer ?

    Ces interrogations prennent tout leur sens si l'on considère que l'importance croissante des firmes transnationales, le développement d'un commerce international intra-branche et la forte mobilité des capitaux à l'échelle planétaire constituent une profonde rupture avec le contexte dans lequel Ricardo envisageait les bienfaits de l'échange.

    Tout d'abord, l'importance croissante des firmes transnationales modifie profondément la nature du commerce international. Il s'agit de moins en moins d'échanges de pays à pays et davantage de transactions internes entre les différentes unités de production d'une même entreprise. Ces transactions échappent donc de plus en plus aux Etats ainsi qu'aux tentatives de réglementation et de contrôle internationaux qu'ils pourraient mettre en place afin de les organiser.

    Ensuite, le développement du commerce international intra-branche rend prépondérant les échanges entre pays ayant des niveaux de développement identiques. C'est ainsi que l'essentiel des échanges internationaux se font entre pays industrialisés ; ce qui laisse peu de place aux pays ne disposant pas des mêmes atouts en termes de technologies, de qualification de la main d'oeuvre, etc.

    De l'autre côté, la très forte mobilité des capitaux peut se révéler être un handicap pour certains pays. En effet, les capitaux se déplacent d'un pays à l'autre en quête de rendements attractifs. Or, les investisseurs parient davantage sur les économies déjà très performantes, sur des économies émergentes ou potentiellement émergentes. Ainsi, les pays en développement (PED) qui connaissent des difficultés dans leur développement économique ou encore une forte instabilité politique et/ou sociale seront boudés par les investisseurs au profit de lieux plus sûrs pour faire fructifier leurs capitaux.

    Enfin, le commerce international peut faire naître des rapports de domination. Ainsi, pour François Perroux, la domination ne résulte pas d'un processus délibéré mais résulte des inégalités de forces productives (quantités, qualité et combinaison des facteurs de production) entre les pays. Les pays dominants disposant d'un appareil productif développé, spécialisés dans des biens à forts gains de productivité et dans des secteurs à forte croissance de la demande, acquièrent rapidement une position clé sur le marché au détriment des autres. De plus, les prix évoluent souvent de façon favorable aux nations dominantes qui voient leurs termes de l'échange s'améliorer au détriment des nations les moins performantes. Les marxistes partagent ce point de vue, mais pour eux, cette situation traduit la volonté délibérée d'exploitation des pays pauvres par les pays riches.

    Chapitre II

    Les principales tendances du commerce international

    Après avoir défini des concepts de base et exposé les théories du commerce international dans le chapitre précédent. Dans le présent, nous allons passer en revue l'évolution des échanges dans le monde depuis les facteurs qui favorisent cette croissance, en passant par la constitution des pôles d'échanges jusqu'aux flux d'investissements internationaux.

    Section 1. L'essor du commerce international

    1. Une croissance supérieure à la croissance de la production mondiale

    Les statistiques du commerce international de plusieurs institutions internationales spécialisées dans ce domaine indiquent qu'au cours des quinze dernières années le commerce mondial de biens et de services s'est développé à des taux de croissance spectaculaires et ainsi, le marché mondial représente aujourd'hui près de 7500 milliards de dollars (22(*)). Cela représente une véritable opportunité de croissance pour les pays exportateurs. Cette progression a été plus importante que celle de la production, mais plus important encore que la croissance économique mondiale ; la part des échanges dans le PIB de tous les pays a donc augmenté, de la Chine aux Etats-Unis.

    En 1970, la part du commerce mondial à la production mondiale (somme des produits intérieurs bruts de tous les pays, PIB) s'élevait à 10 % ; à ce jour, elle a plus que doublé à 25%.

    Graphique I.1

    Part du commerce (biens et services) au PIB mondial, 1970-2000

    Source: FMI, Database World Economic Outlook May 2001 (23(*))

    Cette hausse impressionnante s'explique d'une part par le comportement des consommateurs ainsi que par les innombrables petites et moyennes entreprises, dont l'offre et la demande influent de manière décisive sur le commerce mondial ; d'autre part, par le poids considérable des échanges de biens et de services au sein même des grands groupes multinationaux. On estime ceux-là à environ un tiers des échanges de marchandises transfrontaliers.

    Dans la période qui a suivie la deuxième guerre mondiale, la croissance des échanges internationaux était à peine plus élevée que celle de la production mondiale. Cette croissance des échanges va pourtant se ralentir après le choc pétrolier de 1973 avant d'entre à nouveau dans une phase d'accélération sans précédent de l'intensité des échanges qui vont désormais s'accroitre trois fois plus vite que le produit brut mondial au cours de la période 1984-1997 (24(*)).

    Tableau I.1

    Évolution du commerce et de la production au niveau mondial, 1990-2004

    (En prix constants, variation annuelle en pourcentage)

     

    1990

    2000

    2000

    2004

    2001

    2002

    2003

    2004

    Exportations de marchandises

    6,4

    4,2

    -0,5

    3,5

    5,0

    9,0

    Production de marchandises

    2,5

    -

    -0,7

    0,8

    2,8

    -

    PIB aux taux de change du marché

    2,5

    2,5

    1,4

    1,8

    2,6

    4,0

    PIB en parité de pouvoir d'achat

    3,4

    3,6

    2,4

    3,0

    3,9

    5,0

    Sources : OMC ; FMI, Perspectives de l'économie mondiale.

    2. Les facteurs explicatifs

    Le rôle de plus en plus important joué par le commerce dans les économies contemporaines fait que l'internationalisation des échanges progresse très rapidement. Les facteurs essentiels qui expliqueraient cet essor sont entre autre (25(*)) :

    - Les formidables progrès techniques réalisés en matière de transports, de communications et de technologies de l'information constituent une explication à la forte augmentation du commerce international. Les nouvelles techniques ont facilité le commerce et réduit les coûts des échanges de façon considérable. Par exemple, le coût du transport aérien a ainsi été réduit, entre 1930 et 1960, de plus de 80 pour cent et celui des télécommunications, de plus de 98 pour cent. Les coûts de l'informatique ont connu une diminution comparable entre 1960 et 1990 ;

    - Le développement du commerce international peut aussi être mis au compte des longues et intenses négociations visant à améliorer les conditions de fonctionnement du commerce international. Ces négociations ont eu lieu tant au niveau international (CNUCED, GATT et plus tard OMC) qu'au niveau régional (accords commerciaux régionaux). Elles ont contribué à l'abaissement continu des droits de douanes entre 1976 et 1994 et à l'élimination progressive des barrières non-douanières ;

    - - le développement considérable des firmes multinationales qui fractionnent la fabrication en de lieux différents. Les entreprises transnationales occupent une place croissante au sein des échanges de sorte qu'on estime qu'elles représentent maintenant de l'ordre de 40 % du commerce international.

    Ainsi donc, l'abolition par étapes, au cours des cinquante dernières années, des obstacles au commerce a largement contribué à l'accroissement, parfois rapide, du commerce mondial et, partant, de la prospérité de nombreux pays. L'amélioration des possibilités de transport et de communication ainsi que la réduction de leurs coûts ont aussi facilité les échanges internationaux.

    Section 2. Evolution du commerce international

    En valeur, les exportations mondiales de marchandises sont ainsi passées de deux mille milliards de dollars en 1980 à plus de cinq mille milliards de dollars en 1995 (dollars courants) et celles de services s'élèvent désormais quant à elles à 1300 milliards de dollars (26(*)).

    Graphique I.2

    Croissance en volume du commerce mondial des marchandises et du PIB, 1994-2004

    (Variation annuelle en pourcentage)

    Source : OMC. (27(*))

    Les échanges internationaux de biens et services se sont accélérés, au cours de 2004, en rapport avec une forte demande mondiale, stimulée surtout par les importations soutenues des Etats-Unis dont la demande intérieure dépasse largement la production et celles de la Chine qui connaît une évolution rapide aussi bien des investissements que de la consommation. Aussi, le volume du commerce mondial de biens continue à progresser à un rythme soutenu, soit 10,7% contre 5,3% l année précédente. (28(*))

    Tableau I.2

    Les exportations de marchandises en %

     

    Europe de l'Ouest

    Etats-Unis et Canada

    Russie, Europe de l'Est

    Moyen-Orient

    Amérique latine

    Afrique

    Asie

    1973

    44,8

    17,2

    8,9

    4,5

    4,7

    4,9

    15,0

    1983

    39,0

    15,4

    9,5

    6,8

    5,8

    4,4

    19,1

    1993

    43,7

    16,8

    2,9

    3,4

    4,4

    2,5

    26,3

    2000

    39,3

    17,1

    4,4

    4,3

    5,8

    2,4

    26,7

    Source : Histoire Géographie 3e, Collection Martin Ivernel, Hatier, Paris, Avril 2003, p.210

    Graphique I.3

    Commerce des marchandises en 2000

    (montant total en milliards de dollars ; part dans le commerce mondial en %)

    1. Évolution des structures du commerce international

    La constitution de pôles des échanges s'est accompagnée également de profondes transformations dans la structure des échanges internationaux marquées en particulier par le rôle désormais prépondérant non seulement des produits à très forte valeur ajoutée, mais aussi et surtout de produits dans lesquels le savoir, et donc le poids du capital humain interviennent prioritairement.

    1.1. Evolution par produits

    L'augmentation des échanges de produits industriels ainsi que du commerce mondial a été dans l'ensemble infiniment plus rapide que celui de la production mondiale. Le commerce des matières premières a légèrement dépassé la croissance de la production. Quant aux produits agricoles, leur commerce s'est à peu près développé au rythme de l'évolution générale. Selon l'OMC, la valeur en dollars des exportations dans le monde entier a été de 1350 milliards pour les services, de 4186 milliards pour les biens industriels et artisanaux, de 556 milliards pour les matières premières et de 544 milliards pour les produits agricoles (29(*)).

    La hausse poursuivie des cours des produits de base dont, en particulier, le pétrole brut, conjuguée à la dépréciation du dollar, principale unité de compte, s'est traduite, pour la deuxième année consécutive, par un accroissement affermi de la valeur des exportations mondiales de biens exprimée en dollars. Elle s'est, en effet, accrue de 21,1 % en 2004 contre 16,6 % une année auparavant, en se situant à 8.902 milliards de dollars.

    Quant aux exportations mondiales de services, elles ont continué également à s'accélérer en 2004, avec une progression nominale de 16,3 % contre 14,2 % l'année précédente pour s'élever à 2.167 milliards de dollars. Cette importante évolution est imputable, entre autres, à l'affermissement de l'activité internationale dans les secteurs des transports et du tourisme, ainsi qu'à l augmentation des charges de fret.

    Tableau I.3

    Exportations mondiales de marchandises par produit, 2004

    (En milliards de dollars et en pourcentage)

     

    Valeur

    Part

    Variation annuelle en pourcentage

    2004

    2000

    2004

    2000-04

    2003

    2004

    Total des marchandises

    8907

    100.0

    100.0

    9

    17

    21

    Produits agricoles

    783

    8.8

    8.8

    9

    16

    15

    Combustibles et produits des industries extractives

    1281

    13.9

    14.4

    10

    23

    32

    Produits manufacturés

    8570

    74.8

    73.8

    9

    16

    20

    Source : OMC, Statistiques du commerce international 2005

    Tableau I.4

    Exportations mondiales des services commerciaux par catégorie, 2004

    (En milliards de dollars et en pourcentage)

     

    Valeur

    Part

    Variation annuelle en pourcentage

    2004

    2000

    2004

    2000-04

    2002

    2003

    2004

    Total des services commerciaux

    2125

    100.0

    100.0

    9

    7

    14

    18

    Transports

    500

    23.4

    23.6

    10

    4

    14

    23

    Voyages

    625

    32.0

    29.4

    7

    4

    10

    18

    Autres services commerciaux (30(*))

    1000

    44.5

    47.0

    11

    10

    16

    16

    Source : OMC, Statistiques du commerce international 2005

    A près de 80 %, la part du commerce international de produits industriels et artisanaux, considérée à l'échelle du globe, a presque doublé depuis cinquante ans, au détriment du commerce de matières premières, mais surtout de produits agricoles. (31(*))

    Alors qu'en 1950, le trafic transfrontalier de produits agricoles et de matières premières représentait environ 60 % du volume du commerce mondial de l'époque, leurs parts respectives sont tombées aujourd'hui à 10 % environ. Les produits agricoles sont actuellement touchés par un effondrement des prix mondiaux déclenché par la concurrence et la productivité. Mais le recul de matières premières ne signifie pas que leurs exportations ont diminué, mais simplement que leur volume a moins augmenté que celui des autres marchandises. L'explication de cette réduction tient en partie à l'avilissement relatif des matières premières.

    1.2. La croissance élevée des produits manufacturés

    Depuis un certain moment, les produits manufacturés jouent un rôle de plus en plus dynamique dans le commerce mondial. Un examen des tendances par secteurs montre que la croissance des échanges a été particulièrement notable pour les produits manufacturés et seulement marginal pour les produits agricoles.

    Pour l'auteur Hakim Ben Hammouda (32(*)), ce rôle ne serait pas récent et remonterait au milieu des années 80 où les produits manufacturés commençaient à connaître des taux de croissance très élevés. Depuis cette date, le rythme de progression des produits manufacturés dans le commerce international est devenu supérieur à celui de la moyenne des exportations mondiales. Ainsi, entre 1980 et 2003, la croissance annuelle du commerce mondial de produits manufacturés a été en moyenne de 7 % avec de pics de 15 % au cours de la période 1985-1995.

    Il faut aussi mentionner que les exportations de produits manufacturés ont enregistré des rythmes de croissance deux fois plus importants que ceux du PIB mondial et de la production de produits manufacturés.

    Tableau I.5

    Croissance de la production et des exportations mondiales par produits (en %)

     

    1995-2000

    2001

    2002

    2003

    Exportations mondiales

    7,0

    -0,5

    3,0

    4,5

    Produits agricoles

    3,5

    2,5

    3,5

    3,0

    Produits miniers

    3,5

    1,0

    0,5

    2,5

    produits manufacturés

    8,0

    -1,0

    4,0

    5,0

    Production mondiale

    4,0

    -0,5

    1,0

    3,0

    Agriculture

    2,5

    1,5

    1,5

    2,0

    Mines

    2,0

    -0,5

    -0,5

    3,5

    Manufactures

    4,0

    -1,0

    1,0

    3,0

    PIB mondial

    3,0

    1,0

    1,5

    2,5

    En même temps, il faut mentionner le caractère contrasté de l'évolution des exportations des différents segments des produits manufacturés. A ce niveau, il faut noter que ce sont essentiellement les équipements de télécommunication (10 %), les produits électroniques (5 %), les machines et les équipements de transport (6 %) qui enregistrent les taux de croissance les plus élevés (33(*)), et qui sont par conséquent au centre de la dynamique forte des produits manufacturés sur les marchés internationaux.

    Cette évolution aura, nous fait remarquer cet auteur, d'importantes conséquences sur les différentes régions participant dans les échanges mondiaux. Ainsi, les régions, comme l'Asie, l'Amérique du Nord ou l'Europe de l'Ouest qui disposent d'avantages compétitifs pour la production de ces produits vont voir leur part dans le commerce international augmenter rapidement. Par contre, les pays africains qui n'ont pas développé de capacités dans la production de ces produits dynamiques ont vu leur place dans le commerce international se détériorer de manière inéluctable.

    2. La polarisation des échanges internationaux

    Il est à noter cependant que la croissance du commerce mondial cache bien selon les termes de Roger Blein « des évolutions contradictoires ». La chute du Mur de Berlin et la disparition du rideau de fer ont entrainé avec elles la bipolarisation des systèmes : communiste et capitaliste (34(*)). A présent, c'est une multitude de pôles qui apparaît, transformant les échanges internationaux. On peut donc citer, au titre de ces pôles :

    - Le pôle nord-américain, symbolisé par le traité de l'Accord de libre échange nord-américain (ALENA), entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada ;

    - Le pôle sud-est asiatique (ASEAN), structuré autour du Japon, sans préjudice de l'attrait qu'y exercent les Etats-Unis au titre des pays riverains du Pacifique ;

    - Le pôle européen (UE), structuré autour du noyau dur de la CEE à Six, dont les divers élargissements témoignent de sa montée en puissance et la constitution de l'Union économique et monétaire (avec l'Euro).

    La mise en place de blocs économiques régionaux a ainsi renforcé les échanges entre pays voisins car en effet les blocs régionaux tendent à faciliter le flux des produits entre pays membres en réduisant des barrières commerciales et en augmentant la vitesse et le nombre des transactions. Et comme nous l'indique le graphique et le tableau ci-dessous, l'essentiel du commerce s'opère entre ces grands pôles économiques et à l'intérieur de chacun de ces ensembles économiques régionaux, organisés autour des grandes puissances. A titre d'exemple, nous avons les Etats-Unis pour l'ALENA, l'Allemagne et la France pour l'Union européenne et le Japon comme grande puissance (et bientôt la Chine) pour l'Asie-Pacifique. Ces nations contribuent à structurer autour d'elles des espaces privilégiés d'échanges. Par exemple, près de 70 % des exportations de l'union européenne interviennent dans le cadre d'échanges entre pays membres. Il en va de même en Asie où la moitié des exportations relèvent d'un commerce intra-zone.

    Graphique I.5

    Partenaires commerciaux

    Tableau I.7

    Les exportations de marchandises en %

     

    En 10 milliards

    de dollars

    En % du commerce mondial

    Echanges intra-zone ALENA

    57,9

    10,6

    Echanges intra-zone Europe Occidentale

    162,5

    29,7

    Echanges intra-zone Asie-Pacifique

    65

    11,9

    Echanges zone ALENA-Asie Pacifique

    65,3

    11,9

    Echanges zone Transatlantiques

    41,3

    7,5

    Echanges Europe Occidentale-Asie

    42,8

    7,8

    Source : Histoire Géographie 3e, Collection Martin Ivernel, Hatier, Paris, Avril 2003, p.225

    A partir du tableau et du graphique ci-dessus, nous voyons que l'importance des trois principaux pôles commerciaux y est confirmée aussi bien en termes d'échanges avec les autres groupes de pays qu'en termes de flux commerciaux intérieurs.

    3. Les aspects institutionnels du commerce international

    Le développement du commerce mondial a été accompagné par la mise en place de diverses institutions internationales. A un niveau global, les problèmes de commerce international sont depuis longtemps discutés dans le cadre de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

    Le GATT a été créé en 1948 afin de définir les règles du commerce international. Dans le cadre du GATT, plusieurs cycles de négociations ont été organisés. Le dernier, le Cycle d'Uruguay, s'est achevé par la signature d'un accord qui a permis la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le 1er janvier 1995.

    Créée en 1964, la CNUCED est le principal forum des Nations Unies permettant de discuter de façon globale des problèmes de développement, de commerce, d'investissements et de capitaux internationaux, de technologie et de développement durable.

    Au niveau des produits, plusieurs organisations ont été créées afin de réguler les marchés. L'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) est la plus connue de ces organisations intergouvernementales.

    Section 3. L'émergence de l'Asie

    Si le commerce international a été caractérisé durant les deux dernières décennies par de taux de croissance élevés et l'émergence d'une triade (Europe de l'Ouest, Asie et Amérique du Nord) qui domine les échanges internationaux, il n'en est pourtant pas le cas pour d'autres régions comme l'Afrique, l'Amérique latine et l'Europe de l'Ouest. En effet, ces régions ont vu leur part dans le commerce mondial se réduire.

    Cette baisse s'est fait au profit de l'Asie qui a vu sa part dans les exportations mondiales augmenter rapidement surtout dans les décennies 80 et 90.

    Tableau I.8

    Les régions ayant les meilleures performances dans les exportations mondiales

    (% de croissance annuelle en volumes)

     

    1995-2000

    2002

    2003

    Exportations mondiales

    7,0

    3,0

    4,5

    Amérique du Nord

    7,0

    -2,5

    1,5

    Amérique latine

    9,5

    -0,5

    4,0

    Europe de l'Ouest

    6,0

    1,5

    0,5

    Europe de l'Est

    7,0

    8,0

    12,5

    Asie

    8,5

    10,5

    12,0

    Les six pays émergents d'Asie

    9,5

    8,0

    9,5

    Il faut noter que l'accroissement de l'Asie comme pôle d'importation mondiale qui s'explique par la forte demande en provenance de cette région du fait de la croissance rapide qu'elle connaît depuis trois décennies. D'ailleurs, ce sont la croissance asiatique et la demande de matières premières, particulièrement en provenance de la Chine, qui ont été à l'origine des tendances à la hausse des prix de matières premières durant ces dernières années.

    Et le rapport sur le commerce mondial (35(*)) peaufine en disant que le dynamisme des exportations de marchandises des pays en développement d'Asie peut être attribué en partie à la reprise du secteur des produits électroniques.

    Ainsi, les expéditions mondiales d'appareils photographiques numériques, de téléphones mobiles, de semi-conducteurs et d'ordinateurs personnels ont enregistré un taux de progression à deux chiffres. Dans cinq économies d'Asie (36(*)), le matériel de bureau et de télécommunication a représenté en 2004 entre un et deux tiers des exportations, et contribué pour beaucoup à leur expansion.

    1. Commerce des marchandises et des services commerciaux en Asie

    C'est en Asie que le volume des exportations de marchandises a enregistré la plus forte croissance réelle en 2004, avec une progression de 14,5%. En Chine, en République de Corée et à Singapour, l'augmentation a dépassé les 20%. Au Japon, les exportations réelles de marchandises ont progressé en volume de 11%, soit un peu plus que le commerce mondial. Les importations de marchandises en Asie se sont accrues de près de 15% en 2004, soit plus que l'année précédente. Au niveau régional, l'accroissement des importations de marchandises s'est accéléré et a atteint un rythme comparable à celui de l'expansion des exportations mais, dans un cas comme dans l'autre, on constate de grandes différences d'un pays à l'autre. Le Japon et la République de Corée font état d'une croissance réelle des exportations nettement plus forte que celle des importations en 2004 alors que, dans toutes les autres économies d'Asie considérées ensemble, les importations à prix constants ont plus augmenté que les exportations.

    Le commerce des marchandises et des services commerciaux en Asie a ainsi continué de croître plus rapidement que le commerce mondial. Les exportations de marchandises ont augmenté d'un quart, passant à 2.385 milliards de dollars, et celles de services commerciaux de 21 %, atteignant 436 milliards. En dollars, les importations de la région se sont accrues plus rapidement que les exportations, qu'il s'agisse des marchandises ou des services.

    2. L'entrée en scène de la Chine

    C'est le commerce international qui a été, depuis plus de 30 ans, la principale source de croissance économique en Chine. En effet, les réformes économiques mises en place en 1978 ont favorisé l'ouverture du pays au commerce international alors que l'adoption d'une économie socialiste de marché en 1992 a accentué les efforts déjà entrepris. (37(*))

    Depuis une vingtaine d'années, la croissance économique en Chine s'établit en moyenne aux alentours de 9½ %, un rythme rapide qui devrait se maintenir encore quelque temps. Le dynamisme de la croissance a contribué non seulement au relèvement du revenu des ménages, mais aussi à une forte réduction de la pauvreté. Parallèlement, l'intégration de la Chine dans l'économie mondiale a beaucoup progressé.

    Tableau I.9

    Exportations mondiales de biens en 2003

     

    Part total en %

    Rang

    Allemagne

    10,0

    1

    Etats-Unis

    9,7

    2

    Japon

    6,3

    3

    Chine

    5,9

    4

    France

    5,1

    5

    Canada

    3,6

    7

    Source : Organisation mondiale du commerce

    Ainsi, avec une croissance économique soutenue et rapide, le commerce extérieur de la Chine n'a cessé de se développer. La Chine s'est mise à la 32e place en 1978 pour ses affaires commerciales mondiales, 15e en 1989, 10e en 1997 et 6e en 2001. En 2001, le chiffre d'affaires d'import-export chinois a dépassé pour la première fois 500 milliards de dollars et atteint une totalité de 509,65 milliards de dollars, soit 23,7 fois de plus que l'année 1978, 3,6 que 1989, 0,57 que 1997. En 2002, le commerce d'import-export chinois est allé plus loin avec un chiffre de 620,77 milliards de dollars. En 2003, ce chiffre a augmenté de 37.1 % que l'année précédente, soit 851,2 milliards de dollars, entre autres 438,4 milliards pour l'exportation, qui représentent 34.6 % de plus que l'année 2002 et 412,8 milliards pour l'importation, soit 39.9 % de plus. Ainsi le classement de la Chine s'est élevé à la 4e place sur la liste du commerce mondial (38(*)).

    Actuellement, il y a au total plus de 220 pays et régions qui font des échanges commerciaux avec la Chine, dont le Japon, les Etats-Unis, l'Union européenne, la Région administrative spéciale de Hongkong, l'ASEAN, la Corée du Sud, Taiwan, l'Australie, la Russie et le Canada sont les dix premiers.

    Section 4. Le rôle des entreprises transnationales dans le commerce mondial

    Parallèlement à la croissance des échanges internationaux et à la création des institutions intergouvernementales, une très forte expansion des entreprises transnationales a pu être observée.

    Une entreprise transnationale est une compagnie de droit privé et à but lucratif qui mène des activités de production, distribution ou de recherche dans plusieurs pays à la fois. Leur facilité à délocaliser la production partout dans le monde constitue l'un de leurs traits caractéristiques. L'OMC considère qu'en 1995, un tiers du commerce international était réalisé par des entreprises transnationales. On pense que cette part s'élève maintenant à 40 %.

    1. Les causes de la croissance des transnationales

    La globalisation de l'économie mondiale, le processus de libéralisation économique, les mesures visant à attirer les investissements étrangers directs, les politiques d'ajustement structurel et la forte réduction des coûts de transport et de communication sont les principaux facteurs qui ont favorisé l'expansion des entreprises transnationales. Ces conditions favorables ont permis aux transnationales de croître rapidement et d'acquérir une position de force dans la production et le commerce international. Ce mouvement a contribué à accentuer l'interdépendance des économies. La possibilité de transférer les capitaux plus rapidement et avec moins d'entraves a également contribué à favoriser cette évolution. D'une certaine façon, les transnationales sont aussi une réponse aux imperfections des marchés internationaux dans la mesure où les transactions y sont souvent coûteuses du fait de la nécessité de s'assurer de la qualité des produits achetés et de la difficulté de faire respecter les contrats signés avec les partenaires étrangers.

    On estime à quelque 40.000 le nombre d'entreprises transnationales. Les 500 plus importantes entreprises transnationales sont de grandes compagnies qui contrôlent de l'ordre de 70 % du commerce international et de 80 % des investissements étrangers effectués par les transnationales. On estime qu'actuellement 40 % du commerce international est effectué par les entreprises transnationales.

    En 1995, 29 % du PIB mondial provenait des 200 plus grandes transnationales. Ces entreprises sont parvenues à occuper une place dominante pour nombre de produits agricoles : 20 entreprises transnationales contrôlent le commerce du café ; 6 entreprises transnationales détiennent 70 % du commerce du blé ; une seule contrôle 98 % de la production de thé conditionné.

    Au cours de ces dernières années, les entreprises transnationales ont modifié leur stratégie et sont passées du domaine de la production vers les domaines de la finance, du commerce et de la recherche, sous-traitant dorénavant de nombreuses étapes de la production.

    Une grande partie des échanges internationaux effectués par les entreprises transnationales a lieu au sein même de celles-ci (ou entre filiales d'une même compagnie). Ces échanges ne se font donc pas suivant les mécanismes concurrentiels. Les prix appliqués lors de ces transactions sont souvent très différents des prix de marché et sont parfois utilisés par les entreprises comme des outils pour transférer leurs bénéfices vers les pays où les réglementations fiscales sont plus favorables.

    2. Les investissements internationaux dans le monde

    Les flux de capitaux se sont fortement accrus ces dix dernières années. Il s'agit des prêts ou des dons internationaux, des achats et des ventes d'actions dans les grandes bourses étrangères (New York, Tokyo, Londres, etc.) et surtout des investissements à l'étranger qui sont essentiellement le fait des firmes multinationales. Elles rachètent des sociétés étrangères ou implantent des filiales (usines, bureaux, etc.) dans des pays étrangers.

    Issues à près de 90 % des pays de la Triade (ALENA, Union européenne et Asie du sud-est), les firmes multinationales s'installent avant tout dans les pays développés pour se rapprocher de leurs clientèles (39(*)). Elles implantent aussi des filiales dans les pays du sud, surtout pour profiter de la main-d'oeuvre peu coûteuse et des marchés en pleine expansion.

    1.1. Evolution de flux d'IDE

    Pendant la première moitié des années 80 (1981-1986), les flux d'investissements directs internationaux se sont établis à 55 milliards de dollars par an en moyenne. En 2000, Ils atteignaient 1.300 milliards de dollars soit le niveau des années 81-86 multiplié par 24 (40(*)).

    L'année 2001 a vu décliner les flux d'IDE dans le monde. Ainsi comme nous le remarquons sur le graphique ci-dessous, pour la première fois depuis 10 ans, les flux sortants d'IDE se sont brutalement contractés en 2001, pour atteindre 621 milliards de dollars américains, contre 1.379 milliards de dollars américains en 2000, soit une diminution de près de 55 % par rapport à l'année précédente, alors que la hausse avait été de +32 % en 2000, +52% en 1999 et +44 % en 1998. (41(*))

    Graphique I.6

    Flux mondiaux d'IDE (1990-2001) en milliards de dollars US

    L'année 2001 marque ainsi un retour de l'IDE à un niveau proche de celui qu'il avait atteint en 1998.

    Le Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie de la République Française dans son rapport sur « Les investissements directs dans le monde en 2001 et 2002 » indique que le dynamisme de l'investissement international de 1993 à 1997 était notamment la conséquence :

    - de la reprise économique dans les pays industrialisés ;

    - de la santé financière retrouvée des entreprises internationales, en particulier américaines ;

    - du fort pouvoir attractif des nouveaux marchés émergents (en Amérique latine, en Europe centrale et orientale, en Chine en raison d'importants mouvements de privatisation des entreprises publiques) ;

    - et de la poursuite de la déréglementation de certains secteurs (télécommunications, électricité, distribution).

    A partir de 1998, s'ajoute une vague importante de restructurations des entreprises multinationales. En outre, la période est marquée par des opérations de grande envergure essentiellement dans le secteur des télécommunications.

    La contraction des flux d'IDE en 2001 peut être imputée :

    - au ralentissement de la croissance mondiale, dont le taux s'établit à 2,2 % en 2001 contre 4,7 % en 2000 et, en particulier, à celui des trois principales économies de la planète ;

    - à la baisse du volume et de la valeur des opérations de fusions et acquisitions, notamment dans le secteur des télécommunications. Cette régression a affecté davantage les pays développés que les pays en développement ;

    - à la chute des marchés d'actions.

    1.2. Destinations et origines des IDE

    L'Union européenne et les Etats-Unis sont les principaux acteurs de l'accroissement mondial des IDE et cela depuis le milieu des années 80 et leurs économies sont également les plus attractives pour les investisseurs étrangers. Le stock d'IDE détenu par l'Union européenne hors d'Europe dépasse celui détenu par les Etats-Unis alors que les Etats-Unis quant eux continuent d'attirer sur leur territoire davantage d'IDE que l'Union européenne. Ainsi, l'Union européenne et les Etats-Unis sont les premiers investisseurs à l'étranger avec une part respective de 53 % et 21 % dans les stocks mondiaux d'IDE détenus en 2001 soit les trois quart des stocks d'IDE mondiaux.

    En termes de flux entrants (42(*)), la part de l'Union européenne et des Etats-Unis au niveau mondial est passée de 52 % en 1995 à 74 % en 2000 et représente désormais plus de la moitié des stocks d'IDE mondiaux.

    Cependant, la Chine est la première destination d'IDE dans la région Asie Pacifique et dans l'ensemble des pays en développement et enregistre une croissance toujours plus grande et cela du fait des espoirs nés de son adhésion à l'OMC, d'une confiance plus grande des investisseurs dans le cadre juridique des IDE et des perspectives de croissance de plus en plus favorable.

    Le continent africain avec une moyenne de 9 milliards de dollars soit moins de 2 % des IDE reçus est donc bon dernier.

    Chapitre III

    Les performances commerciales de l'Afrique

    Au cours de deux dernières décennies c'est-à-dire entre 1980 et 1999, la place de l'Afrique dans le commerce international a connu une importante évolution ; durant cette période, les performances commerciales de l'Afrique subsaharienne n'ont cessé de se dégrader. La question qui se pose dès lors est de comprendre les raisons du déclin de l'Afrique dans le commerce international.

    Cette perte d'influence de l'Afrique subsaharienne tient selon Roger Blein (43(*)) à la combinaison de multiples facteurs : la faiblesse de ses marchés internes, nationaux et régionaux, qui la prive de l'apprentissage nécessaire à la conquête de marchés extérieurs ; sa spécialisation sur quelques matières premières agricoles ou minières ; la persistance de handicaps structurels tels que les retards technologiques, la faible innovation, le caractère souvent instable, ou peu propice aux investissements, des politiques publiques ; la raréfaction des flux d'investissements publics ou privés liée en partie seulement à l'instabilité politique.

    Ainsi ce chapitre a pour objectif de montrer l'évolution plus ou moins médiocre du commerce extérieur africain, de ressortir en même temps les raisons de faibles résultats de l'Afrique dans le domaine commercial et finalement de s'essayer de donner les éléments qui pourront aider l'Afrique en renforcer ou à améliorer sa position dans le commerce mondial et ainsi à mieux s'intégrer dans celui-ci.

    Section 1. Caractéristiques du commerce extérieur africain

    1. La marginalisation de l'Afrique dans le commerce mondial

    La marginalisation de l'Afrique dans le commerce mondial apparaît dans ce sens que les pays d'Afrique subsaharienne assuraient 3,5 % du commerce mondial en 1980 et 20 ans plus tard n'en assurent plus qu'à peine 1,5 % alors que cette partie du monde compte plus de 10 % de la population mondiale.

    Graphique III.1

    Baisse de la part dans le commerce mondial de l'Afrique subsaharienne

    Source : OMC

    Certains auteurs (44(*)) nous font également remarquer que cette marginalisation se fait davantage sentir si on compare l'Afrique à d'autres régions du monde présentant autrefois le même degré de développement économique, à savoir l'Asie et l'Amérique du Sud.

    Tableau III.1

    Taux de croissance annuels des exportations en valeur, 1990-1999 (en %)

     

    1991

    1992

    1993

    1994

    1995

    1996

    1997

    1998

    1999

    Cumul 1990-1999

    Total mondial

    3,1

    7

    0

    12,9

    19,6

    4,9

    3,7

    -2,1

    0,8

    59,9

    Afrique subsaharienne

    -3,4

    0,3

    -4,8

    6,1

    17,6

    11,7

    0,8

    10,7

    -8

    7,3

    Asie

    14,6

    13,1

    14,7

    21,2

    22,6

    5,4

    4,1

    -7,8

    8,6

    142,7

    Amérique du Sud

    -2,1

    6,2

    5,5

    15,9

    17,2

    6,5

    8,5

    -8,6

    -2,1

    54,1

    Source: World Development Indicators, 2001, US$ courants.

    1.1. La baisse des exportations africaines

    De la lecture du tableau ci-dessus, nous remarquons les exportations des pays d'Afrique subsaharienne croissent depuis une dizaine d'années à des taux moins élevés que les exportations mondiales.

    Tableau III.2

    Évolution de la part des régions dans les exportations mondiales (en%)

     

    1948

    1953

    1963

    1973

    1983

    1993

    2003

    Amérique du Nord

    27,3

    24,2

    19,3

    16,9

    15,4

    16,6

    13,7

    Amérique du Sud

    12,3

    10,5

    7

    4,7

    5,8

    4,4

    5,2

    Europe de l'Ouest

    31,5

    34,9

    41,4

    45,4

    38,9

    44

    43,1

    Europe de l'Est

    7,3

    6,5

    5,7

    4,8

    4,5

    2,5

    2,4

    Afrique

    7,3

    6,5

    5,7

    4,8

    4,5

    2,5

    2,4

    Moyen Orient

    2

    2,7

    3,2

    4,1

    6,8

    3,4

    4,1

    Asie

    13,6

    13,1

    12,4

    14,9

    19,1

    26,1

    26,1

    Monde

    100

    100

    100

    100

    100

    100

    100

    Source: WTO, International trade statistics 2004, Genève 2004.

    Tableau III.3

    Évolution de la part des régions dans les importations mondiales (en%)

     

    1948

    1953

    1963

    1973

    1983

    1993

    2003

    Amérique du Nord

    19,8

    19,7

    15,5

    16,7

    17,8

    19,7

    20,5

    Amérique du Sud

    10,6

    9,3

    6,8

    5,1

    4,5

    5,1

    4,8

    Europe de l'Ouest

    40,4

    39,4

    45,4

    47,4

    40,1

    43

    42

    Europe de l'Est

    5,8

    7,6

    10,3

    8,9

    8,4

    2,9

    5

    Afrique

    7,6

    7

    5,5

    4

    4,6

    2,6

    2,2

    Moyen Orient

    1,7

    2

    2,3

    2,8

    6,2

    3,3

    2,5

    Asie

    14,2

    15,1

    14,2

    15,1

    18,5

    23,3

    23

    Monde

    100

    100

    100

    100

    100

    100

    100

    Source: Tableau reconstitué par l'auteur à partir de WTO, International trade statistics 2004, Genève 2004.

    Il ressort de ces deux tableaux que la part du continent dans les exportations mondiales n'a cessé de se tasser passant de 7,3% en 1948 à 2,4% en 2003. Cette réduction s'est surtout accélérée dans les années 80 et 90 où la part de l'Afrique dans le commerce mondial a été réduite de moitié. En outre, les évolutions qui ont marquées les exportations mondiales se retrouvent également au niveau des importations mondiales. La part de l'Afrique a fortement diminué en passant de 7,6% en 1948 à 2,2% en 2003.

    1.2. Evolution des termes de l'échange

    Il s'avère que sur la décennie, l'évolution de la valeur des exportations suit essentiellement celle des termes de l'échange. Le Graphique ci-dessous montre donc la corrélation existant entre l'évolution des termes de l'échange de l'ensemble des pays subsahariens et l'évolution de leurs parts de marché dans les exportations mondiales.

    Graphique III.2

    Comparaison Termes de l'échange (base 100 en 1995) et des parts de marché de l'Afrique subsaharienne, 1990-1999

    Source: African Development Indicators 2001 et World Bank Indicators 2001.

    De ce fait, l'insertion de l'Afrique dans le commerce mondial est extrêmement faible. La part de marché de l'ensemble de l'Afrique subsaharienne en 1999 (1,4 %) est inférieure à celle de la seule Malaisie (1,6 %) et largement inférieure à celle du Mexique (2,5 %). De tous ces constats, la marginalisation du continent dans le commerce international ne semble donc pas montrer de signe de ralentissement.

    La chute des termes de l'échange de ces pays est considérable ; elle s'exprime concrètement par la contraction de leur pouvoir d'achat. Elle tient au fait que la plupart des produits de base exportés par les pays d'Afrique noire ne se sont pas appréciés en termes de prix à la hauteur des marchandises qu'ils importaient pour leur consommation.

    1.3. Composition par produits

    Parallèlement à la marginalisation de l'Afrique dans le commerce international, la seconde caractéristique concerne sa composition par produits. Ainsi, Il apparaît que les produits agricoles et miniers représentent près de 70% du total des exportations.

    Tableau III.5

    Composition du commerce africain par produits en 2003 (en %)

     

    Produits agricoles

    Produits miniers

    Produits manufacturés

    Exportations

    13,9

    54,9

    26,9

    Importations

    15,9

    10,1

    71,2

    Source : OMC, op. cit.

    Les exportations de produits manufacturés ne sont concentrées que dans un nombre limité de pays dont ceux d'Afrique du Nord, l'Afrique du Sud et l'Ile Maurice. Pour les importations, il faut noter que plus de 70 % du total est constitué de produits manufacturés.

    2. Structure géographique

    La dernière caractéristique du commerce extérieur africain concerne sa structure géographique et sa concentration sur l'Europe de l'Ouest. Nous rappelons ici que cette composition géographique des échanges extérieurs africains est héritée de l'époque coloniale avec une orientation des exportations de matières premières et de produits agricoles vers les pays européens et l'importation de ces pays des produits manufacturés. (45(*))

    Tableau III.6

    Évolution des exportations africaines par destination (en %)

     

    Europe

    de l'Ouest

    Amérique

    du Nord

    Asie

    Intra-africain

    Amérique latine

    Moyen Orient

    Europe

    de l'Est

    1995

    53,9

    14,2

    13,8

    9,8

    2,2

    1,5

    1,4

    2003

    48,4

    18,9

    17,7

    10,2

    2,5

    1,5

    0,6

    Source : OMC, op. cit.

    Dans les années 60 et 70, les pays africains avaient adopté des stratégies d'import-substitution qui avaient pour objectif de mettre fin à ce modèle en fabricant sur place les produits manufacturés importés par le passé de la métropole coloniale. Mais ces stratégies se sont toutes malheureusement soldées par un échec.

    Section 2. Les problèmes relatifs au commerce extérieur africain

    Nous allons donc ici passer en revue les éléments ou facteurs essentiels qui empêchent l'Afrique à s'engager complètement dans les échanges internationaux et profiter pleinement de tous les effets bénéfiques qu'ils pourraient engendrer.

    En examinant d'un peu plus près les raisons de la marginalisation de l'Afrique dans le commerce international, nous remarquons qu'elle a plusieurs causes et ces dernières sont pour la plus part de temps liées entre elles.

    La capacité de l'Afrique à participer pleinement au commerce mondial est actuellement bloquée par les faiblesses suivantes :

    - un environnement habilitant pour le secteur privé ;

    - une dépendance vis-à-vis des produits de base ;

    - des infrastructures inexistantes ou peu développées ;

    - des marchés régionaux des faibles dimensions ;

    1. Les faiblesses internes

    1.1. La faiblesse des infrastructures

    Les infrastructures constituent un élément important de l'amélioration du commerce africain. Avoir des marchés opérationnels, avec les infrastructures de transport, de communication et d'énergie nécessaires permettra d'augmenter la compétitivité du commerce africain. Le problème posé par les infrastructures est encore plus grand pour les pays africains enclavés où se trouvent d'ailleurs 28 % de la population de l'Afrique subsaharienne. Dans ces pays, le coût du transport est 50 % plus élevé et les volumes commerciaux sont de plus de 50 % inférieurs à ceux de pays côtiers similaires.

    Graphique III.4

    Le coût du transport en Afrique subsaharienne et en Asie

    Elles représentent donc un goulet d'étranglement qui empêche l'essor du commerce intra-régional et l'intégration régionale. Plusieurs infrastructures sont liées au commerce : les routes rurales et internationales, les voies ferrées, les ports et les aéroports, les petites villes gérées efficacement pour servir de liens entre les marchés locaux et internationaux, ainsi que les télécommunications, l'énergie et l'eau.

    Pour exemple : « Expédier une voiture du Japon à Abidjan coûte 1500 dollars américains alors qu'expédier la même voiture d'Abidjan à Addis-Abeba coûte 5000 dollars américains. »

    Les puissances coloniales seraient ainsi à l'origine de cette faiblesse. Elles ont construit des infrastructures axées sur l'extraction des ressources naturelles de l'Afrique dont elles avaient besoin plutôt que sur l'intégration du continent ou le développement des liaisons avec l'Est.

    1.2. La faiblesse des flux entrants des investissements privés

    Les flux de capitaux d'investissement en Afrique ne sont pas très différents de la moyenne pour l'ensemble des pays en voie de développement, en pourcentage du revenu de l'Afrique. Ils représentent entre 2 et 3 % du PIB du continent, mais ils sont faibles en termes absolus. Ces investissements ne sont pas répartis dans un grand nombre de secteurs de l'économie en Afrique.

    En plus de cela, ils sont très fortement axés sur les industries reposant sur des ressources de valeur élevée, telles que le pétrole et les diamants et sont concentrés dans un petit nombre de pays africains et demeurent inférieurs à 1 % du volume total des flux d'IDE. Ainsi, entre 1983 et 2002, 59 % des IDE totaux entrés en Afrique subsaharienne étaient destinés à trois pays seulement : l'Angola (13 %), le Nigeria (23 %) et l'Afrique du Sud (23 %). La plupart de ces IDE étaient destinés aux industries extractives.

    Graphique III.2

    Principaux pays bénéficiaires de flux d'IDE en Afrique

    (en milliards de dollars)

    Source : Jeune Afrique Economie (46(*))

    Un autre problème est que non seulement les flux d'investissements entrants sont extrêmement faibles, des sommes d'argent importantes quittent l'Afrique dans le cadre de la fuite des capitaux et ce problème touche l'Afrique beaucoup plus gravement que les autres régions en développement. Environ 40 % de l'épargne africaine est détenue à l'extérieur du continent, contre 6 % seulement pour l'Asie de l'Est et 3 % pour l'Asie du Sud. En 1990, en dépit de l'insuffisance des capitaux disponibles à des fins productives, l'Afrique a légèrement dépassé le Moyen-Orient (39 %) au niveau de la part élevée de richesses privées détenues à l'étranger.

    La fuite des capitaux serait ainsi estimée à environ 15 milliards d'USD par an (soit à peu près l'équivalent de l'aide versée au continent ces 10 dernières années).

    1.3. La dépendance vis-à-vis des produits de base

    Selon une liste établie par l'Oxfam (47(*)), plus de 50% des revenus à l'exportation en Afrique sont issus d'une seule matière première.

    Cette liste mentionne des pays africains qui comptent sur une seule matière première pour plus de 50% de leurs recettes d'exportation. De nombreux pays sont dépendants de deux matières premières pour une large majorité de leurs recettes d'exportation (par exemple, en ajoutant le cobalt, la République Démocratique du Congo disposerait de 14 % de revenus supplémentaires à l'exportation, et en totaliserait donc 85 %). Et des pays comme le Burkina Faso (41 %), le Tchad (37 %), le Bénin et le Mali (41 % chacun) dépendent fortement du coton pour leur revenus à l'exportation tout en n'atteignant pas la barre des 50 %.

    Tableau III.7

    Matières premières participant à plus de 50 % dans les recettes d'exportation dans quelques pays africains

    Produits

    Pays

    Pétrole brut

    Angola (92%)

    Congo (57%)

    Gabon (70%)

    Nigéria (96%)

    Libye (61%)

    Guinée Equatoriale (91%)

    Cuivre

    Zambie (52%)

    Diamants

    Botswana (91%)

    République Démocratique du Congo (71%)

    Café

    Burundi (76%)

    Ethiopie (62%)

    Ouganda (83%)

    Tabac

    Malawi (59%)

    Uranium

    Niger (59%)

    Source : Oxfam. Données de Hewitt and Page S. Page et A. Hewitt (2001) : «World Commodity Prices : Still a problem for developing countries ?»

    Pour mieux comprendre la marginalisation croissante de l'Afrique sur les marchés internationaux, il faut s'intéresser à l'évolution du commerce des produits de base qui concentrent l'essentiel des exportations des économies africaines. L'évolution des marchés des produits de base est assez significative de cette tendance à la marginalisation de l'Afrique.

    1.3.1. Evolution des cours des produits de base

    L'évolution des cours constitue la première variable d'intérêt dans l'étude des cours des produits de base.

    Ces cours ont été caractérisés entre les années 50 et 70 par une forte hausse avec une pointe en 1974 avant d'enregistrer une forte tendance à la baisse dès le milieu des années 90 avec un repli de 15% par rapport à leur niveau au début de la décennie. Mais en terme réel, les prix des produits de base ont connu un déclin important durant la période allant de 1957 à 2001 nous fait savoir Hakim Ben Hammouda. (48(*))

    De 1980 à 2000, la plus grande chute des cours a été enregistrée pour le coton (47 %), le café (64 %), le cacao (71 %) et le sucre (77 %).

    Les explications à cette tendance au repli et à la baisse des prix des produits de base sont les suivantes :

    - Les facteurs structurels, l'hypothèse de Prebisch-Singer (49(*)) lie cette dégradation à la différence d'élasticité entre la demande des produits manufacturés et celle des produits primaires. Cette tendance se renforce davantage depuis quelques années par les efforts de substitution des matières premières avec les progrès techniques et l'émergence des produits de synthèse ;

    - Les facteurs conjoncturels. Parmi ces facteurs, on peut noter les catastrophes naturelles et les conditions climatiques qui ont une influence forte sur les fluctuations des cours des produits de base. Il y a aussi l'arrivée sur les marchés mondiaux de nouveaux producteurs, dont notamment les pays asiatiques, qui ont une productivité plus élevée que les produits africains et qui ont été à l'origine d'une forte progression de l'offre mondiale ;

    - Cette baisse s'explique également à court terme par la dépression que connaît l'économie mondiale depuis près d'une décennie et par la baisse de la demande mondiale ;

    - La structure des marchés internationaux. Nous avons à ce niveau, les politiques de soutien interne à la production aux produits agricoles et aux subventions aux exportations dans les pays de l'OCDE qui ont eu comme conséquence une baisse des prix de ces produits sur les marchés internationaux ;

    - Les structures tarifaires sur les marchés internationaux. Parallèlement aux subventions accordées par les pays développés à leurs productions, les structures tarifaires favorisent un accroissement de l'offre des produits de base aux dépends des produits transformés. En effet, la progressivité des droits de douane appliquée par certains pays développés sur les exportations des pays en développement ne favorise pas la transformation des produits de base localement et par conséquent la diversification de leurs structures productives.

    1.3.2. Impact de cette baisse sur les pays africains

    La tendance à la baisse des cours des produits de base a ainsi un impact important sur les pays africains étant donné que dix-sept des 20 articles d'exportation les plus importants pour l'Afrique (autres que des combustibles) sont des produits de base et des produits semi-finis tirés des ressources naturelles. Et pour se rendre compte de cet impact ou le mesurer, il suffit de mettre en exergue la place des produits de base dans les exportations des pays africains.

    En moyenne, les pays africains tirent plus de 21 % de leur PIB des produits de base (combustibles compris), contre environ 10 % pour l'ensemble des pays en voie de développement et moins de 3 % pour les pays développés. Cependant, des études récentes ont montré que les produits primaires ne représentaient plus que 12,3% du total des exportations (50(*)), alors que cette part serait beaucoup plus importante pour les pays africains et pour une grande partie d'entre eux, elle est supérieure à 80% du total (tableau 5). Ainsi, les fluctuations des cours ont un impact élevé sur les économies africaines du fait de leur forte dépendance vis-à-vis des matières premières et explique en partie leurs faibles performances économiques durant ces dernières années.

    Tableau III.7

    Part des produits primaires hors combustibles dans les exportations de certains pays africains (% du total en moyenne 1998-2000)

    Pays

    Part des produits primaires

    dans le total des exportations

    Principaux produits

    primaires exportés

    Zambie

    99,8

    Cuivre

    Libéria

    99,8

    Caoutchouc, Bois

    Mauritanie

    99,5

    Fer

    Guinée-Bissau

    97,7

    Noix de cajou

    Tchad

    95,0

    Coton

    Mali

    94,5

    Coton

    Bénin

    93,7

    Coton

    Ouganda

    90,5

    Café

    République centrafricaine

    88,2

    Diamants, Bois, Coton, Café

    Malawi

    87,0

    Tabac, Thé, Sucre, Coton, Café

    Comores

    82,9

    Vanille, Clous de Girofle

    Burundi

    82,8

    Café, Thé

    République Dé. du Congo

    82, 1

    Diamants, Cuivre, Bois

    Gambie

    80,8

    Graines pour l'extraction d'huile douce, Coton

    Burkina Faso

    79,0

    Coton

    Tanzanie

    78,2

    Café

    Niger

    73,3

    Uranium

    Mozambique

    64,4

    Noix de cajou, Coton, Sucre

    Rwanda

    58,7

    Thé, Café

    Guinée

    56,7

    Bauxite, Alumine, Or, Diamants

    Source : OMC (2003), op. cit.

    Une étude de la Banque mondiale et de la Commission économique pour l'Afrique, citée par Hakim Ben Hammouda (51(*)), a estimé que ces pertes représentaient sur la période allant de 1970 à 1997 pour les pays africains non exportateurs de pétrole et en dehors de l'Afrique du Sud l'équivalent de 119% du PIB de ces pays, 51% des flux nets cumulés de ressources et près de 68% des transferts nets de ressources .

    1.3.3. Une entrée tardive dans l'industrie manufacturière

    En vingt ans, les exportations de produits manufacturés de l'ensemble des pays en voie de développement ont connu une très grande expansion, la part des produits manufacturés dans leurs exportations totales étant passée de 20 à 80 %. (52(*))

    Cependant, en raison de plusieurs facteurs, l'Afrique a nettement pris du retard dans la diversification des exportations. Par conséquent, la région reste prise au piège de la dépendance vis-à-vis des produits de base, avec la grande fluctuation des cours qui les caractérisent.

    Les pays d'Asie et d'Amérique latine devancent largement l'Afrique en ce qu'ils ont développé les infrastructures industrielles, les compétences et la culture de l'apprentissage nécessaires pour progresser rapidement dans ce secteur.

    Cette entrée tardive dans l'industrie manufacturière fait que les produits africains ont une très faible valeur ajoutée. Selon un rapport des experts de la CNUCED (53(*)), la vente au détail du café rapporte aujourd'hui 70 milliards de dollars par an ; sur ce montant seulement 5,5 milliards de dollars reviennent aux producteurs. Donc pendant que les producteurs africains voient leurs revenus diminués, les entreprises et les négociants qui se situent en aval des producteurs dans la chaîne de valeur engrangent d'appréciables bénéfices.

    1.3.4. Une diversification nécessaire

    Pour augmenter ses performances commerciales et prendre des parts sur des marchés où elle était absente ou marginale, l'Afrique a intérêt à diversifier son commerce. En Afrique, les pays les plus performants sont ceux qui ont réussi à diversifier le plus leurs exportations, à savoir Madagascar, l'Afrique du Sud et le Ghana.

    Cependant, il y a des lourdes contraintes qui pèsent sur les efforts entrepris dans le sens de la diversification :

    - Les exportations africaines se heurtent à une escalade des droits de douane dans les pays riches. L'augmentation des droits de douane avec le niveau de transformation nuit au secteur de la transformation en Afrique ;

    - la nécessité de se conformer à des normes, d'obtenir des certificats d'origine et de gagner la confiance des consommateurs ;

    - L'état du marché pour certains produits de base est également contrôlé par un petit nombre de grandes sociétés intégrées, qui récupèrent l'essentiel de la valeur d'un produit. A titre d'exemple, dans le secteur du café, 90 % de la valeur va aux négociants, aux entreprises de transformation et aux détaillants.

    Les pays d'Afrique doivent donc diversifier leur production en optant pour des produits dynamiques à valeur ajoutée plus élevée, par la transformation et le passage à d'autres secteurs où ils possèdent un avantage comparé. Mais la diversification est une stratégie à long terme qui nécessite la transformation structurelle d'une économie.

    1.4. La faiblesse des marchés nationaux et régionaux

    Après l'indépendance des pays d'Afrique subsaharienne, dans les années 60, les stratégies traditionnelles d'intégration ont donné des résultats décevants dans la plupart des cas ; cela tient :

    - à la modestie des échanges intra-régionaux, à des niveaux de revenu et à des degrés d'industrialisation très inégaux et à des difficultés budgétaires généralisées ;

    - Ces stratégies avaient aussi une forte coloration protectionniste, tendant à étendre à plusieurs pays les politiques de substitution aux importations qui avaient échoué au niveau national.

    Alors que la croissance du commerce international apparaît en premier lieu comme une intensification des échanges au sein de chaque ensemble régional, l'Afrique reste un espace faiblement intégré. Moins de 10 % des échanges extérieurs des pays africains interviendraient à l'intérieur même de la région africaine.

    Nombre d'obstacles informels aux échanges empêchent de libéraliser le commerce entre les pays voisins en Afrique, nous avons entre autre :

    - Les détournements de législation : multiplication des barrages routiers par les forces de police, contrôles douaniers et prélèvement de taxes abusives dus aux retards de versements des salaires des fonctionnaires ou leur modicité ;

    - Les difficultés tiennent aussi à la fragilité de la négociation sous-régionale liée aux faiblesses des arbitrages interministériels au sein de chaque pays ;

    - La question monétaire joue aussi un rôle fondamental tant dans la fragmentation de l'espace régional que dans la stimulation des flux de marchandises. La monnaie commune favorise d'une part les échanges et les paiements à l'intérieur de la zone. L`exemple le plus significatif est la zone franc ;

    - Enfin les intérêts entre les pays divergents et les disparités des politiques de commerce extérieur mises en oeuvre par différents pays voisins sont autant d'opportunités pour réaliser des opérations commerciales plus ou moins clandestines et donc d'autant plus rémunératrices.

    Graphique III.5

    Le commerce intra-régional en part du PIB (%), 2002

    Source : ONU COMTRADE

    Ainsi comme le souligne Jean Ngandjeu (54(*)), une harmonisation de la circulation des produits commerciaux dans les différentes sous-régions, l'allègement des contrôles routiers, la suppression de la double imposition, le développement des infrastructures de base (avec l'extension des réseaux routiers sous-régionaux par exemple), la construction des industries sous-régionales, ..., sont autant des propositions concrètes susceptibles d'impulser les échanges sous-régionaux. Les possibilités de coopération entre pays en développement s'élargissent donc pour un accroissement des échanges et des investissements réciproques et un resserrement des liens industriels et technologiques.

    2. Les obstacles externes

    2.1. Accès aux marchés des pays développés

    La question de l'accès aux marchés revêt un caractère crucial pour l'Afrique. Cette situation trouve son explication dans l'étroitesse des marchés africains et la nécessité pour le continent de se tourner vers les marchés d'exportation afin d'appuyer les dynamiques de croissance et les efforts en matière de diversification des structures productives. Pendant des décennies, les consommateurs des pays industrialisés ont bénéficié des prix très bas des produits de base.

    Alors que de nos jours, les tentatives des pays en développement d'accéder aux marchés des pays du Nord se heurtent à des obstacles douaniers et à des normes de plus en plus difficiles à atteindre.

    La question de l'accès aux marchés comporte pour les pays en développement trois dimensions importantes (55(*)) :

    - La première est liée aux niveaux et à la structure des tarifs douaniers appliqués par les pays développés. A cet égard, il faut souligner d'abord le haut niveau, surtout pour les produits agricoles, ainsi que la forte dispersion de ses tarifs qui réduisent la compétitivité des exportations des pays en développement sur les marchés mondiaux.

    - Il faut également mentionner la progressivité des droits de douane qui s'appliquent aux produits transformés localement et réduisent par conséquent les efforts de diversification des économies des pays en développement.

    - Il faut aussi mettre l'accent sur les crêtes tarifaires qui s'appliquent aux exportations pour lesquelles ces pays disposent d'avantages comparatifs, notamment les produits intensifs en main d'oeuvre.

    Parallèlement à l'aspect tarifaire, la question de l'accès aux marchés présente une dimension non tarifaire liée aux différentes règles techniques, aux normes et aux restrictions sanitaires et phytosanitaires qui pèsent lourdement sur les exportations des pays en développement et constituent de véritables barrières à l'entrée des marchés des pays développés.

    A ces deux dimensions, il faut enfin rajouter les limitations quantitatives et les différents quotas appliqués aux courants d'échanges en provenance des pays en développement.

    L'ensemble de ces dimensions montre la complexité de la question de l'accès aux marchés et les difficultés qu'elle fait peser sur les pays en développement particulièrement les pays africains.

    Si les marchés des produits industriels ont connu d'importantes réductions, les marchés des produits agricoles continuent à bénéficier d'importantes protections, en particulier dans les pays développés. Ainsi, le taux moyen de droits de douane sur les produits industriels est passé de 40 % à 4 % entre 1945 et 1995 alors que le taux moyen pour les produits agricoles était encore autour de 62 %. Mais, ces taux sont encore plus élevés pour des produits dits sensibles ou stratégiques dans les pays de l'OCDE comme le blé (214 %), l'orge (197 %) et le maïs (154 %). (56(*))

    Graphique III.6

    Tarifs imposés sur les importations, 2000 (en %)

    Source : FMI et Banque mondiale 2001.

    En plus d'être confrontés à des barrières tarifaires élevées à l'entrée des pays développés, les pays en voie de développement s'imposent également mutuellement des barrières commerciales élevées. Les exportations en provenance des pays les moins avancés et à destination d'autres pays en voie de développement, doivent faire face aux barrières tarifaires moyennes les plus élevées du commerce mondial. Si l'on considère cet aspect au niveau régional, les taxes douanières moyennes les plus élevées sont celles de l'Afrique subsaharienne, avec 18 %, et celles de l'Asie Orientale, avec 15 %. Ces tarifs élevés permettent d'expliquer la faible part du commerce intra régional réduite à 1 % du PIB en Asie du Sud et à 5 % en Afrique subsaharienne, en comparaison avec plus de 25 % en Asie Oriental.

    2.2. Les subventions à la production

    Ensemble avec l'accès aux marchés, les agricultures des pays riches reçoivent des subventions qui sont autant de ruptures des conditions d'une concurrence loyale entre le Nord et le Sud.

    Parallèlement au différentiel de productivité qui leur est favorables, les pays développés ne cessent d'augmenter leur appui à leurs grands fermiers. Cette situation a eu des conséquences négatives non seulement sur les exportations agricoles des pays africains mais également sur leur production et par conséquent sur leur sécurité alimentaire.

    Graphique III.7

    Soutien des pays riches à l'agriculture

    (en milliards de dollars US)

    Source : OCDE 2005, Rapport mondial sur le développement humain 2005

    Pour ce qui est du soutien en part de la valeur de production, le Japon est en tête avec 56 % de la production subventionnée, suivi par l'Union européenne et les Etats-Unis avec respectivement 33 % et 18 %. (57(*))

    Ainsi, on estimait en 1997 que les pays de l'OCDE accordaient près de 370 milliards de dollars à leurs agriculteurs ce qui correspond à plus de six fois les montants accordés à l'aide au développement. Ces subventions n'ont cessé d'augmenter depuis cette date même si les mesures officielles montrent depuis quelques années une baisse. Cette augmentation a profité à toutes les productions transférées par ces pays dans la catégorie verte. On estime que depuis 1997, la progression des appuis à l'agriculture dans les pays de l'OCDE a progressé de 28 %. La moitié de ces subventions sont du fait des pays de l'Union Européenne et le Japon y contribue pour près de 39 %. L'appui aux agricultures ne se limite pas à ces pays. Ainsi, les Etats-Unis ont accordé en 2000 près de 28 milliards de dollars à leurs fermiers. (58(*))

    § Le cas du coton africain

    En Afrique de l'Ouest, 15 à 20 millions de personnes vivent directement ou indirectement du coton (59(*)). En raison de sa bonne qualité, il constitue l'un des rares secteurs où le continent demeure compétitif.

    Cependant dans un article de Tom Amadou Seck (60(*)), ce dernier nous fait remarquer que les exportations africaines de coton souffrent des certaines anomalies.

    - La première anomalie qui affecte le marché du coton, comme d'ailleurs ceux de l'ensemble des produits de base : ce ne sont pas les plus gros producteurs mais les premiers exportateurs qui déterminent les cours mondiaux. Ainsi, ce sont les exportations américaines (37 % de part du marché) qui définissent les cours mondiaux, et non celles des principaux producteurs. Les producteurs africains représentent 3,6 % de la production, mais 17 % des exportations mondiales.

    - La deuxième anomalie est que la production américaine se trouve artificiellement dopée par l'intervention du gouvernement fédéral, sous forme d'aides directes aux producteurs (3,5 milliards de dollars) et de subventions aux exportations (1,5 milliards de dollars) qui représentent près de 50 % des subventions mondiales au coton.

    La Banque mondiale estime (61(*)) que les subventions, versées en 2002 par les Etats-Unis et l'Union européenne à leurs producteurs de coton, ont entraîné un manque à gagner de 300 millions de dollars pour l'Afrique, soit davantage que l'allègement de la dette de neuf pays exportateurs de coton d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale.

    En plus, ces aides alimentent une surproduction mondiale provoquant ainsi une chute des cours.

    L'Afrique doit donc être en mesure d'entrer sur les marchés internationaux dans de meilleures conditions qu'à l'heure actuelle. Pour l'organisation internationale Oxfam (62(*)), il faudra de ce fait éliminer toutes ces barrières pour parvenir à rendre la situation plus équitable pour le commerce africain.

    3. La promotion de l'intégration régionale

    L'amélioration de la coopération régionale peut contribuer à la réduction des barrières que sont le coût du transport, les règles d'origine, les normes et autres obstacles réglementaires, ainsi que la mauvaise administration douanière.

    Andrea Goldstein dans sa publication intitulée : « Le nouveau régionalisme en Afrique subsaharienne : l'arbre cache-t-il une forêt ? » (63(*)), pense que si l'on veut améliorer l'accès aux marchés mondiaux, accroître les flux de capitaux et stimuler les échanges économiques entre pays africains, il faut organiser des formes de coopération qui prévoient une certaine harmonisation des politiques économiques ou la mise en oeuvre de projets d'infrastructures conjoints.

    3.1. L'importance de l'intégration régionale (64(*))

    § Pour transformer les économies africaines

    L'intégration régionale est une condition nécessaire à la transformation et à la croissance des économies africaines, mais aussi à l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale. La production serait ainsi assurée de façon plus efficace conformément à la théorie des avantages comparatifs, et les marchés, plus vastes, permettront de mieux tirer parti des économies d'échelle. Les changements qui en résulteraient permettraient d'améliorer la qualité des facteurs de production, d'en d'accroître la quantité et de les moderniser progressivement grâce au progrès technologique. De plus, la mobilité des facteurs, couplée à une coordination et une harmonisation des politiques monétaires et fiscales, doperait la croissance économique et améliorerait le bien-être dans les pays concernés.

    § Pour libérer l'activité industrielle et commerciale

    L'autre nécessité se rapporte au fait que l'intégration régionale en Afrique se rapporte aux effets à long terme de celle-ci sur l'organisation des activités industrielles et commerciales.

    - Premièrement, la concurrence accrue entre les entreprises conduira les moins efficaces d'entre elles à améliorer leurs mécanismes de fonctionnement tandis que d'autres, incapables de s'adapter au nouvel environnement, devront disparaître. Cet environnement concurrentiel émergent favorisera la croissance et le profit et bénéficiera au consommateur.

    - Deuxièmement, de nombreuses activités manufacturières pourront s'établir à une échelle plus vaste, élargissant de ce fait la base industrielle si nécessaire à la transformation des économies africaines.

    - Troisièmement, les possibilités plus grandes qui s'offriront à l'investissement (national et étranger) permettront de mobiliser et de déployer davantage de fonds, en vue d'exploiter les immenses ressources naturelles du continent, de mettre en valeur l'énorme réservoir de ressources humaines et de tirer parti des possibilités d'épargne.

    § Pour entrer dans l'économie mondiale

    La régionalisation peut aussi jouer en faveur du multilatéralisme par les moyens suivants :

    - En allant au-delà des questions étroites du commerce et du bien-être mondial et en prenant des mesures destinées à promouvoir l'investissement étranger, le capital humain et le développement technique, le développement de l'infrastructure, l'exploitation rationnelle des ressources naturelles et la préservation de l'environnement.

    - En agissant comme un instrument qui limite la tentation du repli sur soi et qui ouvre la voie aux réformes dans le secteur du commerce.

    - - En créant des groupements politico-économiques plus vastes qui soient capables de faire entendre leur voix avec plus de force dans les instances internationales.

    - En créant des groupes d'intérêt favorables à l'exportation et capables de s'opposer aux tenants du protectionnisme national.

    - En encourageant la concurrence dans les marchés intérieurs, la baisse des prix et l'amélioration de la qualité pour assurer une meilleure compétitivité des produits sur les marchés internationaux.

    L'Afrique devrait progressivement devenir un membre à part entière de l'économie mondiale et éviter ainsi d'être davantage marginalisée.

    3.2. Etat de l'intégration régionale en Afrique

    L'Afrique compte 14 CER qui se distinguent par leur conception, leur étendue et leurs objectifs. Sept d'entre elles dominent le paysage de l'intégration (65(*)) :

    - L'Union du Maghreb arabe (UMA), qui comprend cinq membres.

    - Le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), qui comprend 20 membres.

    - La Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), qui comprend dix membres.

    - La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui comprend 15 membres.

    - La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), qui comprend 14 membres.

    - L'Autorité intergouvernementale pour développement (IGAD), qui comprend sept membres situés en Afrique de l'Est.

    - La Communauté des Etats sahélo-sahariens (SIN-SAD), qui comprend 18 membres.

    Six autres CER sont géographiquement peu étendues ou sont des sous-ensembles de CER plus importantes :

    - L'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui comprend huit membres, faisant tous partie de la CEDEAO.

    - L'Union du fleuve Mano (MRU), qui comprend trois membres, faisant tous partie de la CEDEAO.

    - La Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC), qui comprend six membres, faisant tous partie de la CEEAC.

    - La Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), qui comprend trois membres, faisant tous partie de la CEEAC.

    - La Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), qui comprend trois membres, dont deux font partie du COMESA et l'autre de la SADC.

    - - La Commission de l'océan Indien (COI), qui comprend cinq membres, dont quatre font partie du COMESA et un de la SADC.

    - L'Union douanière d'Afrique australe (SACU), qui comprend cinq membres, faisant tous partie de la SADC et deux d'entre eux faisant partie du COMESA.

    Dans pratiquement toutes les sous-régions, le processus de l'intégration est actuellement géré par deux ou plusieurs groupements. La plupart des pays font partie de deux ou plusieurs blocs. Sur les 53 pays africains, 27 sont membres de deux CER et 18 autres sont membres de trois CER. Un pays, la République démocratique du Congo, est membre de quatre CER. Sept pays seulement appartiennent à une seule CER.

    Section 3. Etude comparative entre l'échec africain et le succès asiatique (66(*))

    L'étude comparative de ces expériences est intéressante dans la mesure où un grand nombre de pays africains avaient dans les années 60 un niveau de développement similaire et assez proche de celui des pays asiatiques. Or, les trajectoires de ces deux groupes ont été différentes depuis cette époque. En effet, si les pays africains continuent à connaître des rythmes de croissance faible et éprouvent les plus grandes difficultés à faire face à leur marginalisation croissante dans l'économie internationale, les pays asiatiques sont devenus en peu de temps de nouvelles puissances économiques et industrielles réalisant des taux de croissance record et réussissant à améliorer leur insertion internationale.

    Une étude comparative des dynamiques de croissance dans les pays asiatiques et des pays africains durant les trois dernières décennies nous permet de ressortir quatre éléments majeurs qui expliquent les trajectoires différentes de ces économies :

    - le caractère fort de la croissance économique ;

    - la place de l'agriculture dans la croissance ;

    - le rôle de l'industrie dans le développement ;

    - et enfin, la contribution des nouvelles technologies.

    1. Croissance économique

    L'auteur Hakim Ben Hammouda montre que la première différence entre pays africains et asiatiques réside dans la fragilité de la croissance des uns et des records chez les autres.

    Selon les estimations de la Banque Mondiale, les huit pays asiatiques (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Singapour, Malaisie, Thaïlande et Indonésie) ont connu durant la période 1965-1990 les plus hauts niveaux de croissance au monde. Toujours selon la Banque Mondiale, alors que le monde connaissait une grave récession dans les années 80, les pays asiatiques ont continué leurs dynamiques de croissance avec des taux annuels moyens de 8,1 % en Corée, 7,6 % à Taïwan, 6,7 % à Hong Kong, 7,3 % à Singapour, 7,5 % en Thaïlande et 6,6 % en Malaisie durant la période allant de 1979 et 1992.

    En Afrique, si la croissance a été maintenue à des niveaux relativement élevés dans les années 70, ces efforts sont retombés suite à la crise des années 80.

    Il faut aussi noter que la croissance s'est accompagnée de taux d'investissement élevés dans la plupart des pays asiatiques, dépassant une moyenne annuelle de 20 % du PIB entre 1960 et 1990 ; ce qui n'a pas été le cas pour l'Afrique où même lorsque les taux d'investissement étaient élevés dans les années 70, ils n'ont cependant jamais atteints le niveau ceux des pays asiatiques.

    Ainsi, il apparaît clairement que la grande différence entre les économies asiatiques et africaines réside dans la capacité des premiers à maintenir sur une longue période des taux de croissance fort et un niveau d'investissement élevé lié à d'importants gains de productivité. Au contraire, les économies africaines n'ont pas été en mesure de maintenir des dynamiques de croissance fortes et l'effort d'investissement est resté fragile.

    2. Croissance du secteur agricole

    Parallèlement à la place de la croissance, les différences de trajectoires entre les pays d'Asie du Sud-Est et d'Afrique réside également dans le rôle joué par la modernisation agricole dans les dynamiques de développement.

    A ce niveau, il faut souligner la place de l'agriculture dans les expériences asiatiques dès la fin de la seconde guerre mondiale. Sous les pressions américaines, le Japon, la Corée et Taïwan ont opéré de profondes réformes agraires qui se sont rapidement traduites par une forte progression de la production agricole.

    Ainsi, en Corée par exemple, la valeur ajoutée agricole a augmenté à un niveau plus élevé qu'au Brésil, en Argentine et même aux Etats-Unis, avec des taux annuels de 10,3 % entre 1968 et 1979. Parallèlement à cette forte croissance de la production, on a enregistré une forte hausse des rendements agricoles, avec des taux moyens de 3,1 % pour le blé, de 33,6 % pour le soja et de 4,6 % pour le riz en Corée entre 1965 et 1979, ce qui a permis de libérer une grande partie de la population rurale pour l'industrie et s'est traduit par une forte baisse de l'emploi agricole dans l'emploi total.

    En Afrique, au contraire, la crise agricole a été au centre de l'échec des expériences de développement. Plusieurs politiques de modernisation agricole ont été tentées sur le continent : une politique basée sur l'interventionnisme étatique dans les années 60 et 70, et une politique plus libérale à partir des années 80 avec le désengagement de l'Etat et une plus grande marge de manoeuvre laissée aux acteurs privés. Ces stratégies n'ont pourtant pas été en mesure de moderniser les agricultures africaines.

    Ainsi, la croissance agricole a joué un rôle déterminant dans les expériences asiatiques de développement car elle a favorisé l'autosuffisance alimentaire de ces pays, et a réduit par conséquent les déséquilibres liés aux importations de produits alimentaires. Par ailleurs, cette croissance a été à l'origine du développement des revenus ruraux et donc de la demande adressée au secteur industriel. Or, en Afrique l'échec des expériences de modernisation agricole a lourdement pesé sur les dynamiques de croissance, entraînant un accroissement de la dépendance alimentaire des pays africains, l'appauvrissement du monde rural et l'accroissement des migrations vers les villes en dépit d'un important chômage urbain.

    3. Croissance du secteur industriel

    Parallèlement aux dynamiques de croissance, à la modernisation agricole, il faut également mentionner le rôle du développement industriel dans les trajectoires différentes des pays asiatiques et africains.

    Les stratégies de développement industriel entreprises dans les années 80 n'ont pas réussi à doter les économies africaines de tissus industriels cohérents et compétitifs. Or, l'expérience asiatique est tout autre, dans la mesure où le développement industriel a joué un rôle majeur dans les dynamiques de croissance de ces économies. Il faut tout d'abord souligner que la plupart des pays du Sud-Est asiatique ont connu une forte progression de l'emploi manufacturier qui est passé de 15,4 à 24,1 % de l'emploi total au Japon, de 7 % à 26,9 % en Corée, de 12 % à 32 % à Taïwan et de 19 % à 29,5 % à Singapour entre 1950 et 1990.

    La croissance de la production industrielle a été à l'origine d'une transformation rapide des structures d'exportation avec la montée des exportations manufacturières aux dépends des exportations traditionnelles. Ainsi, entre 1967 et 1993 la part des exportations industrielles dans les exportations totales est passée de 93,4 % à 96,8 % au Japon, de 67,3 % à 93,7 % en Corée, de 21 % à 78 % pour Singapour, de 3,7 % à 50,5 % en Indonésie, de 12,6 % à 65,5 % pour la Thaïlande, et de 24,9 % à 68,4 % pour la Malaisie.

    Le développement industriel a donc joué un rôle majeur dans les évolutions différenciées des dynamiques de développement en Afrique et en Asie.

    4. Nouvelles technologies

    Il faut enfin souligner le poids des stratégies en matière de nouvelles technologies pour comprendre les dynamiques de développement entre les pays asiatiques et africains. Il est possible de distinguer deux grandes stratégies d'importation et de maîtrise des nouvelles technologies :

    - En Afrique les différents pays ont opté pour des stratégies de transfert de technologies clés en main afin de diminuer les risques techniques. Mais ces stratégies ont été à l'origine d'un renforcement de la dépendance technique de ces pays, notamment à travers les contrats de maintenance technique.

    - - Alors que les pays asiatiques ont développé des stratégies de maîtrise locale des nouvelles technologies. Si les expériences d'industrialisation des premiers pays capitalistes au 18ème siècle étaient basées sur l'invention et celles des puissances industrielles du 19ème siècle sur l'innovation, les pays asiatiques ont cherché, comme les pays africains, à accéder aux nouvelles technologies par le biais de l'importation. Cependant, cette importation était renforcée par un important effort local d'apprentissage, d'adaptation et d'imitation des technologies importées.

    L'effort de maîtrise des nouvelles technologies et les dynamiques d'apprentissage ont ainsi été à l'origine du développement rapide des capacités scientifiques et techniques dans les différents pays du Sud-Est asiatique.

    Après avoir mis en exergue les piètres performances du commerce africain sur le plan international, nous allons tenter d'analyser dans le chapitre qui suit les voies à suivre par les économies africaines pour promouvoir leurs commerces et attirer davantage des flux d'investissements privés afin de s'intégrer à l'économie mondiale.

    Chapitre IV

    L'intégration de l'Afrique au commerce international

    Il est reconnu aujourd'hui que le commerce et l'investissement sont des puissants moteurs de l'intégration mondiale. Malheureusement le manque de compétitivité commerciale et un secteur privé peu propice pour attirer les investissements privés bloquent l'Afrique dans sa démarche vers son intégration au commerce mondial.

    Le chapitre précédent nous a permis d'identifier différents facteurs empêchant l'Afrique à s'engager complètement dans les échanges internationaux et profiter pleinement de tous les effets bénéfiques qu'ils pourraient engendrer. Et de ce chapitre ressort que le problème majeur auquel l'Afrique se trouve confrontée est sa faible capacité de participer au commerce, en raison de sa productivité réduite et de son manque de compétitivité. Ces problèmes se trouvent en outre aggravés par les obstacles auxquels l'Afrique se heurte sur les marchés mondiaux, dont des niveaux indéfendables de protectionnisme et de subventions de la part des pays riches.

    Aujourd'hui toutes les voix s'élèvent pour clamer haut et fort la libéralisation des échanges comme moyen de promouvoir le commerce des nations et attirer un niveau de plus en plus grand de flux d'investissements directs étrangers et ainsi participer à l'économie mondiale. Mais la question que l'on se pose quand il s'agit de libéraliser les échanges dans le cas de l'Afrique est celle de savoir comment un continent en manque de compétitivité commerciale peut-il espérer tirer profit du commerce mondial en s'ouvrant à l'extérieur ?

    Dans ce chapitre, nous avons essayer de comprendre les stratégies de développement du commerce qui conviennent le mieux à l'Afrique en commençant tout d'abord par donner les stratégies appliquées par les différents pays africains peu avant les années 60 et ensuite à partir des années 80.

    Section 1. Les stratégies d'import-substitution

    A partir des années 50 et particulièrement dans les années 60 et 70, la plupart des pays en développement avaient opté pour les stratégies d'import-substitution.

    Ces stratégies s'étaient fixées pour objectif de produire localement les produits de consommation importés auparavant des pays développés. L'import-substitution était donc un moyen pour ces pays de lancer leur développement économique et de réduire leur dépendance par rapport aux anciennes métropoles coloniales à travers la diversification de leurs structures productives. Ces stratégies devaient commencer par la production des produits de consommation finale et remonter progressivement vers les produits intermédiaires et les biens de capital.

    Ces stratégies se sont en outre accompagnées d'une politique commerciale extérieure restrictive et d'une grande protection des activités industrielles naissantes. Ces stratégies devaient ainsi consolider l'indépendance politique fraîchement acquise par certains pays en développement à travers une plus grande autonomie économique.

    1. Justification de stratégies d'import-substitution

    Dans la littérature économique, les stratégies d'import-substitution étaient justifiées à l'époque par trois arguments majeurs (67(*)).

    § Argument Historique

    Le premier est d'ordre historique et concerne l'expérience des pays qui ont lancé leur développement au cours du 18ième et du 19ième siècle. En particulier, les Etats-Unis, la France et l'Allemagne ont construit leur développement industriel dans un contexte fortement contrôlé et ont pu tirer profit d'un haut niveau de protectionnisme afin de construire des dynamiques de croissance forte. L'expérience du Japon, avec les réformes du Meiji, est une illustration des rapports positifs entre développement économique et protection des activités locales. Plus récemment, l'expérience d'industrialisation rapide entamée par l'ex-URSS dans les années 30, par la Chine et la plupart des ex-pays du bloc socialiste, avait exercé un grand attrait sur les pays en développement ;

    § Argument de l'industrie naissante

    L'argument de l'industrie naissante a été développé par F. List au cours du 19ième siècle (68(*)), et qui avait encouragé les décideurs allemands à faire de la protection un moyen privilégié pour accélérer la croissance économique. Il sera ensuite repris par les économistes classiques comme J. Stuart Mill.

    Cet argument justifie le recours à la protection par un pays dans les premiers stades du développement industriel afin d'aider ses industriels à atteindre le niveau de savoir-faire moyen dans l'industrie. De manière beaucoup plus précise, cet argument préconise le recours à un tarif extérieur durant une période transitoire où le prix des produits locaux est supérieur à celui des produits importés. Cette taxe devrait être utilisée pour financer les investissements nécessaires, notamment dans le domaine des ressources humaines, afin d'aider les produits locaux à faire face à la concurrence étrangère.

    § Argument de la détérioration des prix des produits de base

    Le troisième argument qui avait justifié à l'époque les recours aux stratégies de développement d'import-substitution est lié à la détérioration des prix des produits de base exportés par les pays en développement depuis la crise des années 30.

    Cet argument a été mis en exergue par Raul Prebish (69(*)), Secrétaire Général de la CEPAL et de la CNUCED. Il expliqua que cette tendance s'inscrivait dans la dynamique de l'économie internationale et trouvait son explication dans la faible élasticité de la demande des produits primaires. Ainsi, afin de faire face à cette baisse structurelle des cours des produits exportés par les pays en développement, il recommanda fortement le recours à l'industrialisation afin de transformer localement les produits exportés auparavant.

    2. Caractéristiques des stratégies d'import-substitution

    Le système était caractérisé par une stratégie commerciale fortement restrictive et par une faible ouverture sur l'extérieur. Ainsi, un système complexe de protection tarifaire et non tarifaire, de contrôle de change et de licences d'importation a été mis en place dans la plupart des pays en développement afin de défendre la production locale.

    Par ailleurs, la plupart des pays en développement avaient également opté pour une politique de taux de change élevé afin de décourager les importations et de favoriser les produits locaux dans la concurrence avec ceux importés.

    Parallèlement aux politiques commerciales restrictives, les stratégies d'import-substitution se sont accompagnées d'un large interventionnisme étatique dans différents domaines, notamment en matière de financement à travers le maintien de taux d'intérêt négatifs favorables aux investissements.

    3. Impact sur les économies africaines

    Les stratégies d'import-substitution ont permis à l'Afrique de connaître un niveau élevé de développement économique à partir de la fin des années 60 et particulièrement dans les années 70. Le taux de croissance annuel moyen du PIB industriel était estimé à 5,5 % entre 1970 et 1980. Ce taux sera négatif entre et 1980 et 1984 (- 2,5 %) et très faible entre 1984 et 1987 (0,4 %). Par ailleurs, la part des activités manufacturières dans le PIB a augmenté rapidement et, même si l'agriculture continuait à dominer les économies africaines, le rôle de l'industrie était en nette progression. La croissance des activités manufacturières a entraîné dans son sillage une augmentation rapide de l'emploi industriel et de sa part dans l'emploi total en Afrique.

    Ainsi, les stratégies d'import-substitution ont permis aux pays africains d'amorcer un important processus de modernisation de structures économiques archaïques héritées de la colonisation.

    4. Remise en cause des stratégies d'import-substitution

    Dès la fin des années 70, pour plusieurs raisons, ces stratégies vont rapidement connaître leurs limites en Afrique comme partout ailleurs dans le monde. Les raisons qui expliquent cet échec sont les suivantes :

    - La première est liée à la faible articulation interne des activités industrielles. Ainsi, le développement des activités de biens de consommation finale s'est traduit par une croissance rapide des importations des produits intermédiaires et des biens de capitaux, ce qui a entraîné un accroissement des déséquilibres commerciaux et par conséquent du déficit de la balance des paiements ;

    - Cet échec s'explique également dans la faiblesse des marchés intérieurs et leur incapacité à offrir d'importants débouchés pour les nouvelles activités industrielles. En Afrique, le marché intérieur se réduisait à une faible classe moyenne urbaine. Le monde paysan, du fait de la faiblesse de la productivité agricole et par conséquent de ses revenus, était exclu du nouveau mode de consommation moderne ;

    - La crise de l'import-substitution trouve aussi son explication dans la réduction des disponibilités de financement pour les pays en développement. A ce niveau, il faut rappeler que ces stratégies avaient pu tirer profit tout au long des années 70 du relèvement des cours de matières premières qui a permis aux Etats d'intervenir de manière forte dans l'appui de ces stratégies de développement ;

    - Le dernier argument qui a cependant été le plus souvent utilisé pour expliquer la crise des stratégies d'import-substitution est probablement celui de la faiblesse de la productivité des nouvelles entreprises.

    Contrairement à l'objectif des stratégies d'import-substitution, la protection n'a que rarement incité les entreprises à investir et à moderniser leurs appareils productifs et on a plutôt assisté à l'émergence de comportements rentiers de la part des entreprises qui ont tiré profit de la protection que la faible ouverture sur l'extérieur leur accordait.

    Section 2. Libéralisation des échanges

    Avec la crise de la dette au début des années 80, il était devenu clair que les stratégies d'import-substitution avaient leurs limites. Les pays en développement se sont retournés vers l'ouverture des économies en faisant de l'exportation le principal moteur de la croissance et d'intégration dans le commerce mondial.

    Comme l'explique l'auteur Hakim Ben Hammouda (70(*)), la stratégie de libéralisation était adoptée par le fait que certains pays d'Asie et d'Afrique, comme la Tunisie ou l'Ile Maurice, avaient dès le début des années 70 ouvert leurs économies et orienté une partie de leurs ressources et de leurs investissements vers la promotion des activités exportatrices et ont alors enregistré une croissance forte et surtout une progression rapide de la part des exportations dans la formation du PIB.

    1. Ouverture des économies africaines sur l'extérieur

    Avec la crise de la dette, la plupart des pays africains vont adopter dès le milieu des années 80 des Programme d'Ajustement Structurel (PAS) avec l'appui des institutions de Bretton Woods.

    Ces nouvelles politiques commerciales adoptées par les pays africains cherchaient ainsi à favoriser une plus grande ouverture des économies afin de relancer les dynamiques de croissance et une insertion compétitive des économies du continent dans le processus de globalisation.

    On assistera ainsi à une plus grande libéralisation des échanges extérieurs à travers la réduction des barrières non tarifaires et la diminution des tarifs douaniers appliquées sur les importations dans un grand nombre de pays. On enregistre même de la part des pays africains l'abandon de la fixité des taux de change et de leur forte évaluation par le biais de dévaluations successives afin d'encourager les exportations et d'aider les firmes à construire leur compétitivité.

    Cependant, les politiques commerciales en Afrique ne connaîtront pas non plus d'importantes transformations dans le cadre des PAS et les stratégies de libéralisation commerciale très poussées suscitent actuellement certaines inquiétudes de la part des décideurs quant à leur impact sur les économies du continent africain.

    L'auteur Hakim Ben Hammouda parle de trois préoccupations qui sont au coeur de ses craintes (71(*)) et que nous résumons dans les points qui suivent.

    1.1. Impact des réformes sur la compétitivité

    La première préoccupation est donc liée à l'impact des réformes sur la compétitivité des économies africaines et cela après avoir constaté que la libéralisation commerciale ne s'est pas traduite par l'accélération de la croissance promise et l'amélioration de l'insertion internationale de l'Afrique.

    Au contraire, comme nous l'avons vu au chapitre précédent, nous assistons à la poursuite de la marginalisation de l'Afrique dans le commerce international.

    Ainsi, les réformes économiques et la libéralisation des échanges internationaux ne se sont pas traduites par une amélioration du positionnement international de l'Afrique et n'ont pas été en mesure de faire face à la tendance à la marginalisation croissante des économies africaines.

    1.2. Conséquences sur les recettes fiscales

    Le second motif d'inquiétude est lié aux conséquences de la libéralisation commerciale sur les recettes fiscales des pays africains et comme nous le savons, les recettes budgétaires des pays africains dépendent étroitement des recettes douanières.

    Entre 1999 et 2001, ces dernières ont représenté près de 34 % des recettes publiques dans les pays les moins avancés (PMA) d'Afrique. Pour le reste des pays africains n'appartenant pas au groupe des PMA, la part des taxes douanières dans les recettes publiques (22 %) est encore plus élevée que la moyenne des pays en développement (15 %) (72(*)).

    Nous comprenons donc par là que la libéralisation des échanges commerciaux devrait se traduire par un important manque à gagner pour les recettes fiscales et pourrait entraîner un approfondissement des grands déséquilibres macroéconomiques.

    1.3. Le maintien du protectionnisme

    Le troisième motif d'inquiétude en Afrique dans le contexte de libéralisation des échanges est lié au fait que les pays développés continuent, en dépit de leurs engagements dans le cadre des négociations commerciales multilatérales, à défendre leurs produits sensibles et à protéger leurs marchés.

    Comme nous l'avons déjà évoqué, les pays développés continuent d'apporter un appui important à leurs agricultures à travers les subventions à l'exportation, la protection des marchés et le soutien interne aux producteurs au moment où les pays en développement, et en particulier les pays africains, ont opéré dans le cadre des PAS d'importantes réductions à toutes les formes d'appui à leur agriculture. Le secteur industriel n'échappe pas lui aussi à cet interventionnisme des pouvoirs publics dans les pays développés à travers notamment les crêtes tarifaires et la progressivité des droits de douanes qui sont surtout appliquées à des produits intensifs en main d'ouvre et exportés par les pays en développement.

    Ainsi, la question de l'accès aux marchés des pays développés pose encore d'importantes difficultés et constitue un sujet de préoccupation majeur pour les pays en développement, et notamment les pays africains, dans le cadre des négociations commerciales multilatérales.

    2. Echec des deux stratégies

    Nous venons de voir que les stratégies centrées autour du développement du marché intérieur avec une politique commerciale assez restrictive expérimentées par la plupart des pays africains durant les années 60 et 70 ont été revus à partir des années 80 et suite à cet échec, les économies africaines se sont orientées vers une plus grande ouverture sur l'extérieur. Malheureusement, cette libéralisation s'est également soldée par un échec

    Ainsi dans les lignes qui suivent, nous partons des expériences asiatiques pour essayer de comprendre les politiques commerciales qui ont permis à ces pays d'augmenter leurs compétitivités enfin d'améliorer le niveau de leur intégration au commerce international.

    Section 3. Les politiques commerciales

    L'analyse des réussites asiatiques est intéressante à plus d'un titre. Elle permet de montrer la complexité du développement économique et la pluralité des acteurs, des institutions et des réseaux qui y contribuent. La construction d'un tissu dense et touffu d'institutions assure aux dynamiques de croissance les conditions de stabilité et d'approfondissement. Les politiques sectorielles viennent alors renforcer ce tissu et contribuer à sa consolidation. Les politiques industrielles, agricoles ou les politiques macroéconomiques, contribuent à ce processus de longue haleine de construction d'institutions capables de conduire le développement économique et d'améliorer la compétitivité des économies. Les politiques commerciales n'échappent pas à cette dynamique et s'intègrent par conséquent de manière étroite au processus de montée en puissance de la croissance et de l'amélioration de l'insertion internationale des économies.

    Ainsi, les politiques commerciales ne peuvent être analysées ni mises en oeuvre en dehors des choix et des stratégies de développement. Au contraire, elles sont des éléments incontournables de toute stratégie de développement et viennent par conséquent renforcer ses options et ses choix. La dynamique des politiques commerciales suit par conséquent et doit s'intégrer dans la dynamique et l'évolution des choix globaux de développement. Elle contribue de ce point de vue à l'approfondissement et au renforcement du tissu institutionnel nécessaire au développement.

    1. Vision stratégique des pays d'Asie

    La grande différence qui existe entre les pays africains et les pays asiatiques ne réside pas dans une plus ou moins grande ouverture sur le marché international mais plutôt comme le mentionne Hakim Ben Hammouda dans la dynamique de développement et sa capacité à formuler des visions à moyen et long terme en vue d'appuyer le processus de croissance, et ce depuis le milieu des années 60. (73(*))

    La vision stratégique du développement en Asie du Sud-Est a permis aux pouvoirs publics d'opérer les arbitrages nécessaires en matière d'investissements, de financements, de subventions ou d'appuis institutionnels à des secteurs par rapport à d'autres.

    1.1. Choix des secteurs d'orientation de l'investissement

    Cette vision s'observe à trois niveaux. Le premier concerne le choix des secteurs d'orientation de l'investissement public ou privé. Les pays asiatiques ont entamé leur processus de développement avec des stratégies d'import-substitution des biens de consommation finale. Cette stratégie a progressivement évolué vers la mise en place d'activités exportatrices de biens intensifs en travail. Ensuite, on a enregistré le développement d'activités d'import-substitution pour les biens intermédiaires et les biens d'équipement.

    La maîtrise de ces activités a amené ces pays à les orienter vers l'exportation et à devenir par conséquent exportateurs de biens intensifs en nouvelles technologies. Ces évolutions sont venues répondre dans les pays asiatiques aux contraintes des dynamiques de croissance et à l'essoufflement des secteurs.

    Les pays africains n'ont pas été en mesure d'opérer les changements nécessaires, et l'essentiel de leur potentiel productif et d'investissement a été orienté vers les stratégies d'import-substitution de biens de consommation finale sans qu'ils soient en mesure d'opérer ni l'ouverture nécessaire, ni les remontées de filières dans les productions destinées au marché interne.

    1.2. Arbitrage entre marchés internes et insertion internationale

    La vision stratégique s'observe également dans les pays asiatiques dans cette volonté de construire les dynamiques de croissance autour d'une articulation entre les marchés internes et l'insertion internationale.

    Depuis la fin des années 60, les économies asiatiques ne se sont pas précipitées dans la libéralisation des échanges tête baissée mais plutôt d'une manière maîtrisée qui réponde au besoin d'importation des biens d'équipements et des nouvelles technologies nécessaires à la poursuite des dynamiques de croissance, et au souci de l'exportation afin de maintenir à long terme l'équilibre de la balance de paiement. Or, la plupart des économies africaines ont opté dans les années 60 et 70 pour le choix exclusif du marché interne. L'ouverture forcée des années 80 n'a pas été en mesure d'apporter les gains espérés du fait de la faiblesse du potentiel productif.

    1.3. Appui des pouvoirs publics aux dynamiques de croissance

    Le troisième niveau de perception de la vision stratégique en oeuvre dans les pays asiatiques est relatif à l'appui des pouvoirs publics aux dynamiques de croissance.

    Cet appui ne s'est cependant pas dirigé de manière passive vers l'ensemble des secteurs économiques. Au contraire, il a été sélectif et s'est orienté vers des secteurs spécifiques. Il a d'abord profité aux secteurs de biens de consommation finale pour ensuite se concentrer sur de nouvelles activités comme les secteurs intensifs en travail et plus tard vers les biens intensifs en nouvelles technologies.

    L'expérience africaine est de ce point de vue différente dans la mesure où l'appui des pouvoirs publics a été constant et invariant, et s'est dirigé essentiellement vers les secteurs de biens de consommation finale dans le cadre des stratégies d'import-substitution, sans se soucier des comportements rentiers qui ont commencé à se développer dans la plupart des pays.

    Ainsi, les politiques commerciales dynamiques sont celles qui s'intègrent le mieux à des stratégies de développement actives et cherchent à appuyer les dynamiques de croissance et à améliorer la compétitivité des économies. Ces stratégies ne sont pas le produit d'un choix exclusif entre ouverture ou contrôle excessif. Au contraire, elles sont le résultat d'une quête incessante des combinaisons optimales entre ces deux alternatives afin de consolider le développement.

    2. Caractéristiques des politiques commerciales

    Sur base de l'analyse comparative des expériences asiatiques et africaines, l'auteur Hakim Ben Hammouda détermine trois principales caractéristiques des politiques commerciales dynamiques.

    2.1. Evolution dans le temps de la politique commerciale

    La première est l'évolution dans le temps de la politique commerciale, qui ne peut se figer dans un choix exclusif entre ouverture et restriction.

    Les politiques commerciales dynamiques cherchent à déterminer les moments opportuns (le timing) pour ouvrir leurs économies sur l'extérieur ou exercer certains contrôles afin d'appuyer les dynamiques de croissance et de construire la compétitivité des économies.

    2.2. La diversification

    La seconde caractéristique des politiques commerciales est leur caractère diversifiée selon les secteurs.

    L'ouverture ou le contrôle ne s'appliquent pas dans une politique commerciale dynamique de manière linéaire à l'ensemble des secteurs économiques. Au contraire, il s'agit d'options stratégiques qui sont mises en oeuvre dans des secteurs spécifiques à des moments particuliers de leur développement. Ainsi, la question fondamentale n'est pas tant l'ouverture ou le contrôle mais plutôt l'ordre et les séquences de ces options dans les différents secteurs de l'économie. En d'autres termes, il s'agit de déterminer les moments d'ouverture et de fermeture qui peuvent différer d'un secteur à un autre.

    2.3. Différenciation au sein du même secteur

    La dernière caractéristique des politiques commerciales concerne leur caractère différencié non seulement entre secteurs, mais également au sein du même du secteur.

    A ce niveau, le développement du secteur électronique en Corée est assez significatif des usages différenciés des outils de la politique commerciale au sein du même secteur. Les débuts de l'industrie électronique remontent aux années 60 avec le développement de quelques unités d'assemblage pour le marché local. Ces unités jouissaient à l'époque d'une grande protection à travers l'application de droits de douane prohibitifs pour les importations.

    Cependant, dès la fin des années 60 et le début des années 70, la stratégie coréenne va changer et tirer profit des stratégies de délocalisation de l'électronique grand public des entreprises japonaises et américaines. Ainsi, on enregistre le développement d'activités exportatrices dans ce domaine et une plus grande ouverture de l'économie vers les importations de composants, de biens d'équipements et d'autres biens intermédiaires, et leur réexportation.

    Dès le milieu des années 70, la Corée et Taiwan mettent en place de nouvelles stratégies dans ce domaine visant la production locale de composants électroniques et leur intégration dans les produits informatiques et les ordinateurs. Ce changement de choix stratégique s'est également accompagné d'une évolution de la politique commerciale appliquée à ce secteur, du développement d'une politique de plus grande ouverture pour les produits de consommation finale, et des options plus restrictives dans le domaine des composants et autres biens intermédiaires.

    Ainsi, les politiques commerciales dynamiques s'appliquent de manière différenciée aux différents segments d'un secteur économique donné. Il s'agit alors de déterminer les séquences d'ouverture ou de contrôle à mettre en oeuvre pour appuyer les dynamiques internes aux différents secteurs.

    En définitive, la politique commerciale a joué un rôle important dans la mise en oeuvre des choix et des stratégies de développement.

    Section 4. Stratégies d'intégration au commerce international

    1. Le système des préférences

    Divers Etats avancés tentent d'intégrer les pays en développement dans les échanges internationaux par le biais d'accords douaniers préférentiels. Pour ce faire, ils renoncent en partie ou totalement à prélever des taxes à l'importation de marchandises provenant de tels pays, faisant usage des dérogations au principe de la non-discrimination autorisées par l'OMC.

    1.1. Système des préférences, quid ?

    Le système des préférences a émergé dans les années 60 et s'est fixé pour objectif d'aider les pays en développement à mieux intégrer le système commercial multilatéral.

    Cette naissance fait suite aux débats au sein de la CNUCED sur l'importance de mettre le commerce au service du développement. Ces débats ont donné lieu à l'adoption du Système Généralisé de Préférences qui permettait aux pays développés d'accorder un accès non réciproque à certains produits en provenance des pays en développement.

    Les pays bénéficiaires des systèmes de préférences peuvent donc profiter d'un accès plus important aux marchés des pays développés et améliorer leurs performances en matière d'exportation.

    C'est une forme d'appui qui présente les avantages suivant :

    - Il a un effet direct sur la production et l'investissement et par conséquent la croissance et la création d'emplois ;

    - Ce système a par ailleurs un effet sur les producteurs des pays développés dans la mesure où il leur permet d'accéder à des marchés plus larges et bénéficier par conséquent des effets d'échelle ;

    - Enfin, les préférences, en augmentant les exportations des pays bénéficiaires, participent à l'amélioration de leurs grands équilibres macroéconomiques.

    Nous pouvons dire que les systèmes préférences constituent un important instrument d'appui aux pays africains et à la diversification de leurs structures productives en favorisant un accès plus important aux marchés.

    1.2. Les systèmes de préférences utilisés par l'Afrique

    L'Afrique bénéficie d'un ensemble de systèmes de préférences : le système de préférences généralisé (SPG), l'accord de Cotonou de l'UE pour les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), la loi américaine sur les possibilités et la croissance en Afrique et plusieurs systèmes de l'UE, du Canada et du Japon ciblant les pays moins avancés (PMA). On dénombre 33 pays moins avancés en Afrique subsaharienne et 15 pays non PMA (le Botswana, le Cameroun, le Cap-Vert, la Côte-d'Ivoire, la République du Congo, le Gabon, le Ghana, le Kenya, l'Ile Maurice, la Namibie, le Nigeria, les Seychelles, l'Afrique du Sud, le Swaziland et le Zimbabwe).

    - Le système de Cotonou de l'UE : Cotonou est un système très ouvert, avec des préférences allant au-delà de celles du SPG, et avec des protocoles pour les bananes, le boeuf, le veau et le sucre. Il couvre toute l'Afrique subsaharienne à l'exception de l'Afrique du Sud.

    - - Tout sauf les armes (TSA) : l'UE offre l'accès en exonération de droits et de quotas à tous les produits des PMA au titre de l'accord TSA, qui relève du SPG de l'UE, à l'exception des PMA. Ce système a été introduit en 2001 et est permanent. L'accès total pour les bananes d'une part et pour le riz et le sucre de l'autre, est accordé de manière progressive d'ici à 2006 et 2009 respectivement.

    - L'AGOA (74(*)) : « African Growth Opportunity Act » ou « Loi sur la croissance et les potentialités de l'Afrique» est le titre de la loi 2000 sur le commerce et le développement promulguée par le Président Bill Clinton le 18 mai 2000 et traitant des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l'Afrique. Elle permet à des pays d'Afrique subsaharienne d'exporter vers les Etats-Unis d'Amérique jusqu'en 2008 des produits conformes à des normes définies par le système de Préférences Généralisées (SGP) sans paiement de frais de douane et sans contingentement (75(*)). En 2004, le système sera prolongé jusqu'en 2015.

    - Le Canada : en 2003, le Canada a étendu son SPG de manière à ce qu'il couvre quasiment tous les produits des PMA, y compris les textiles et les vêtements, à l'exception d'un nombre limité de produits (les oeufs, la volaille et les produits laitiers), tout en comportant des règles d'origine libérales.

    - Le Japon : en 2000 et en 2003, le Japon a progressivement élargi le nombre de produits industriels et agricoles des PMA bénéficiant de l'accès en franchise. Ce système couvre 31 PMA d'Afrique subsaharienne, à l'exception de Djibouti et des Comores.

    Cependant, Ces systèmes de préférences sont appelés à être renforcé et ils pourraient ainsi être améliorés de quatre manières :

    - Premièrement, en élargissant l'accès préférentiel de manière à couvrir d'autres pays d'Afrique très pauvres.

    - Deuxièmement, en assouplissant les règles d'origine. Les systèmes de préférences ont généralement un ensemble de « règles d'origine » qui déterminent d'où les produits sont jugés provenir et, par conséquent, s'ils donnent droit aux préférences. Les règles d'origine indiquent également le montant minimum de transformation requis sur les importations de matières premières pour les rendre admissibles.

    - Troisièmement, en augmentant le nombre de produits couverts de manière à accroître les possibilités et à éliminer les distorsions.

    - Quatrièmement, en augmentant la certitude, car l'incertitude dissuade d'investir. Lorsqu'elles prennent leurs décisions d'investissement, les entreprises considèrent normalement le long terme. L'incertitude quant à la longévité de programmes de préférences tels que la loi AGOA ou Cotonou augmente le risque et l'incertitude quant au rendement probable, ce qui dissuade les investisseurs.

    - 2. La coopération technique

    D'autres tentatives d'intégration passent par la coopération technique. Des diplomates des pays en développement, chargés de négocier des accords commerciaux, apprennent le droit de l'OMC, afin que leurs pays sachent mieux utiliser les instruments de cette organisation au premier chef, les mécanismes de résolution des litiges et puissent défendre leurs intérêts de manière plus efficace.

    2.1. Le Programme Intégré Conjoint d'Assistance Technique (JITAP) (76(*))

    Ce programme mis en oeuvre conjointement par le CCI, la CNUCED et l'OMC et financé par plusieurs pays donateurs, apporte une contribution durable et unique auprès des pays africains (77(*)) pour le renforcement de capacités endogènes leur permettant d'intégrer de façon efficace et à leur avantage le système commercial multilatéral (SCM). Il représente, en termes de réponse coordonnée, un effort commun unique réalisé par les trois principales agences commerciales multilatérales afin de renforcer les capacités commerciales en Afrique, faisant appel à leurs forces complémentaires, à leur expertise respective et à leurs avantages comparatifs.

    Il a son origine dans le Sommet des Ministres Africains du Commerce qui eut lieu à Tunis en octobre 1994, suite à la conclusion du Cycle de l'Uruguay des Négociations Commerciales Multilatérales. Ce sommet fit appel à la communauté internationale afin que celle-ci aide les pays africains à renforcer leur capacité, dans l'objectif d'un engagement efficace dans l'OMC et d'une participation avantageuse au SCM en pleine émergence. Suite aux consultations entre les agences basées à Genève, les donateurs et les pays africains, les premiers responsables du CCI, de la CNUCED et de l'OMC annoncèrent durant la 9ème Conférence de la CNUCED à Midrand, Afrique du sud (mai 1996), leur engagement à développer un programme conjoint permettant de répondre aux besoins exprimés par les pays africains. Suite au travail de préparation de concrétisation de cet engagement, les trois organisations fondèrent en mars 1998 avec des donneurs un Fond Commun d'Affectation Spéciale qui mobilisa le soutien au programme JITAP, et la mise en oeuvre fut lancée juste après.

    2.2. Objectifs de renforcement des capacités du JITAP

    L'objectif du JITAP est de développer des capacités, au niveau national, qui permettent d'aider les pays partenaires à utiliser le commerce comme un moteur de développement humain et de croissance durable. Le développement des capacités est un processus à long terme, tout particulièrement dans les pays les plus pauvres et les moins développés dont les capacités d'absorption sont faibles.

    Le JITAP contribue à la formation d'un processus de politique commerciale qui aide les pays à identifier leurs intérêts dans les stratégies de réduction de la pauvreté et de développement et, en fonction de cette identification, à développer une approche spécifique en matière de définition de politique commerciale et de négociations commerciales. Ce processus national doit inclure de manière active toutes les parties prenantes (parlements, secteur privé, médias, milieu universitaire et société civile).

    Le JITAP II développe et/ou de renforce les capacités humaines, institutionnelles et d'entreprise dans cinq domaines principaux dans les pays partenaires. Il s'agit :

    - Des négociations commerciales, de la mise en oeuvre des accords de l'OMC et de la définition des politiques en rapport avec le commerce par les comités inter institutionnelles (CII), qui constituent le cadre officiel d'organisation des discussions et de la prise de décision des parties prenantes nationales sur le système commercial multilatéral ;

    - Des centres de référence sur le SCM (CR) et des points d'information nationaux (PNI) qui fournissent des informations techniques fiables par rapport au SCM, et notamment aux normes et aux exigences de qualité,

    - Du développement de la base de connaissances nationale relative au SCM par l'intermédiaire de l'enseignement des formateurs et de la création de réseaux de formateurs ;

    - Du développement de politiques des biens, des produits de base et de services et de stratégies sectorielles incluant la connaissance des marchés d'exportations et des entreprises prêtes à exporter afin de développer et augmenter la production et les exportations ;

    - De la mise en réseau des capacités institutionnelles et humaines établies dans chacun des pays afin d'encourager la synergie et l'échange de compétences et d'expériences, y compris au niveau sous-régional, afin d'assurer la pérennité de telles capacités à l'issue du programme.

    Conclusion

    Tout au long de ce travail, nous avons mis en exergue le niveau atteint par le commerce extérieur africain et le flux d'investissement privé international vers ce continent. Il en résulte deux diagnostics très importants. Premièrement, l'effondrement de la part de l'Afrique dans le commerce mondial s'explique en partie par sa faible capacité, en termes de production et de commerce sur les marchés des produits de base, des produits manufacturés et des services et son manque de compétitivité (rendements faibles de la production, produits moins élaborés, difficulté d'entrée des produits dans les pays riches, etc.). Ces difficultés liées au problème de la capacité ont été renforcées par le protectionnisme honteux auquel l'Afrique se heurte sur les marchés du monde développé et la nécessité pour elle d'entrer en concurrence avec les exportations lourdement subventionnées des pays développés.

    Deuxièmement, les progrès accomplis par d'autres pays signifient qu'il sera désormais beaucoup plus difficile pour l'Afrique de percer sur les marchés mondiaux, dans la mesure où ses concurrents d'autres pays en voie de développement ont acquis des avantages concurrentiels très nets. Dans ses efforts de rattrapage, l'Afrique se heurte à un défi toujours plus grand.

    A côté de ce constat on ne peut plus malheureux, les échanges entres nations développées et émergentes ne cessent d'augmenter et c'est une machine qu'on ne peut arrêter. L'Afrique et les autres pays en développement doivent intégrer ce système pour espérer tirer profit et ainsi augmenter à leur tour les richesses des nations qui les composent.

    Mais pour que les mesures d'intégration commerciale donnent des résultats, elles doivent s'accompagner de politiques commerciales appropriées, dont une plus grande ouverture, ce qui fait partie de la logique économique globale du commerce. Mais ce processus devra être géré soigneusement, avec un échelonnement approprié des réformes et en faisant attention aux impacts sur les producteurs et les consommateurs. L'histoire des progrès accomplis en Europe et en Amérique du Nord, et plus récemment dans les économies des tigres asiatiques, montre qu'un mélange d'ouverture et de protection ouvre un chemin géré à l'intégration mondiale.

    Ainsi nous confirmons notre hypothèse selon laquelle l'ouverture serait le chemin à suivre pour intégrer le commerce mondial mais elle doit cependant être envisagée avec prudence, secteur par secteur comme l'on fait les nations commercialement fortes de nos jours.

    Références bibliographiques

    1. Ouvrages

    § BEN HAMMOUDA Hakim, Libéralisation commerciale et développement : Quelles leçons pour l'Afrique ?, Centre Africain de Politique Commerciale (CAPC), Commission économique pour l'Afrique, septembre 2004

    § BEN HAMMOUDA Hakim, Pourquoi l'Afrique s'est-elle marginalisée dans le commerce international ?, Commission économique pour l'Afrique, Division du commerce et de l'intégration régionale, Addis-Abeba mai 2005

    § BEN HAMMOUDA Hakim, SADNI-JALLAB Mustapha, OULMANE Nassim, LANG Rémi et PEREZ Romain, Exclure l'Afrique des marchés ? Evaluation de l'accès aux marches pour les pays africain, Centre Africain de Politique Commerciale (CAPC), Commission économique pour l'Afrique, septembre 2004

    § EIFERT Benn et RAMACHANDRAN Vijaya, Compétitivité et développement du secteur privé en Afrique : une analyse comparative des données sur le climat des investissements de la Banque mondiale, RPED (Business Knowledge for Development), Groupe Banque mondiale, Conférence sur le commerce et l'investissement Asie-Afrique (CCIAA), octobre 2004

    § FAO, Les Négociations Commerciales Multilatérales sur l'Agriculture - Manuel de Référence - I - Introduction et Sujets Généraux, Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, Rome 2001

    § GOYETTE Gabriel, Protectionnisme et réciprocité commerciale : « Répertoire des obstacles au commerce maintenus par les Etats-Unis », Centre Etudes internationales et Mondialisation (CEIM), Université du Québec, Montréal août 2006

    § IVERNEL Martin et Al., Histoire Géographie 3e, Collection Martin Ivernel, Hatier, Paris, avril 2003

    § LASSUDRIE-DUCHENE Bernard et ÜNAL-KESENCI Deniz, L'avantage comparatif, notion fondamentale et controversée, Éditions La Découverte, collection Repères, Paris, 2001

    § OMC, Rapport sur le commerce mondial 2005 : Analyse des liens entre le commerce, les normes commerciales et l'OMC, Genève 2005

    § PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2005 : La coopération internationale à la croisée des chemins. L'aide, le commerce et la sécurité dans un monde marqué par les inégalités, éd. Economica, Paris 2005

    2. Documents divers

    § BEKOLO EBE Bruno, L'Afrique ne va-t-elle pas vers une diminution de ses avantages comparatifs ? Africa Development, Vol. XXV, Nos. 3 & 4, 2000

    § CCI, CNUCED et OMC, JITAP (Joint Integrated Technical Assistance Programme - Programme Intégré Conjoint d'Assistance Technique) : « Une solution efficace pour le renforcement des capacités commerciales dans le système commercial multilatéral », 6ème Conférence Ministérielle de l'OMC, Réunion spéciale JITAP, Hong Kong, Chine, 14 décembre 2005

    § Commission économique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'intégration en Afrique 2002 : Tableau synoptique, Addis-Abeba mars 2002

    § Crédit Suisse, Commerce mondial - une réussite mise à l'épreuve, Economic Research & Consulting, Economic Briefing N°25, Zurich août 2001

    § GOLDSTEIN Andrea, Le nouveau régionalisme en Afrique subsaharienne : l'arbre cache-t-il une forêt ?, Cahier de Politique Economique n° 20, Centre de Développement de l'OCDE

    § GROS Jean-Baptiste, LETILLY Gaëlle et MARTINET Sylvie, Performances commerciales de l'Afrique subsaharienne : une diversification nécessaire, Document de travail DIAL (Développement et insertion internationale), Unité de Recherche CIPRE, novembre 2002

    § HENNER Henri-François et OUSSOUMAN Chékou, L'intégration des PMA dans le système commercial multilatéral, Document de réflexion sur l'impact des accords de l'Uruguay Round sur les PMA de la Francophonie, Paris octobre 2000

    § Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie, Les investissements directs dans le monde en 2001 et 2002, Direction des Relations Economiques Extérieures, France 2003

    § OCDE, Pour une Afrique qui tire bénéfice de la mondialisation, Conférence Internationale sur le Commerce et l'Investissement, Dakar avril 2003

    § Oxfam International, Cultiver la pauvreté : L'impact des subventions américaines au coton sur l'Afrique, Document d'information Oxfam n° 3, 2002

    § Oxfam International, L'Afrique et le Cycle de Doha : Un combat pour la sauvegarde du développement, Document d'information d'Oxfam n°80, novembre 2005

    § SAILD, L'AGOA et ses produits, Agridoc, Ministère français des Affaires étrangères, Paris février 2003

    3. Références Web

    § AMADOU SECK Tom, « Fin de cycle pour l'organisation Mondiale du Commerce : Bataille pour la survie du coton africain », Le Monde diplomatique, décembre 2005.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2005/12/AMADOU_SECK/13029

    § Chine ABC, « Le commerce extérieur : La situation d'import-export en Chine ». http://www.crionline.ch

    § FMI, « Libéralisation du commerce mondial et pays en développement », Services du FMI, novembre 2001. http://www.imf.org/external/np/exr/ib/2001/fra/110801f.htm

    § Ministère des Finances du Québec, « La Chine : l'ouverture au commerce international », Analyse et conjoncture économiques, Volume 2, numéro 7 du 29 mars 2005. http:// www.finances.gouv.qc.ca

    § MUTUME Gumisai, « Le point sur l'OMC : l'Afrique s'interroge sur les répercussions des négociations commerciales de Genève. Commerce des services : espoir ou piège ? », Afrique Relance vol. 16, avril 2002. http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol16no1/161tradf.htm

    § NGANDJEU Jean, « Intensification du commerce sous-régional », Cameroon Tribune (Yaoundé) du 18 avril 2006. http://fr.allafrica.com/stories/printable/200604180487.html

    § QUENTIN Francine, « Commerce mondial. Retard de l'Afrique : tous responsables ! », février 2004. http://www.rfi.fr/actufr/articles/050/article_26643.asp

    § ROCHET Claude, « Le libre échange favorise-t-il la compétitivité ? », Février 2006 http://perso.wanadoo.fr/claude.rochet/fiches/mond/p4.html

    4. Revues

    § Jeune Afrique - L'Intelligent, « Libre-échange : Pertes africaines », n°2320 du 26 au 2 juillet 2005, p.71

    § Jeune Afrique - L'Intelligent, « OCDE : Subventions à la pelle », n°2320 du 26 juin au 2 juillet 2005, p.70

    § Jeune Afrique - L'Intelligent, n°2224 du 24 au 30 août 2003, p.97

    § Jeune Afrique Economie, « Investissements : mauvaise pente », n°334, septembre 2001, p.53

    Table des matières

    Epigraphe

    Dédicace iii

    Plan iii

    Avant-propos iii

    Introduction 01

    1. Problématique 01

    2. Hypothèses de travail 03

    3. Intérêt et choix du sujet 03

    4. Délimitation spatio-temporelle 03

    5. Méthodologie de recherche 04

    6. Canevas du travail 04

    Chapitre I

    Théories et revue de la littérature économique 05

    Section 1. Généralités sur le commerce international 05

    1. Commerce international et bénéfices économiques 05

    1.1. Commerce et croissance 06

    1.2. Commerce et accès aux produits 06

    1.3. Commerce et fluctuations 07

    2. Protectionnisme et libre-échange 07

    2.1. Les arguments en faveur du protectionnisme 07

    2.1.1. Les arguments économiques 08

    2.1.2. Les arguments non-économiques 09

    2.1.3. Les arguments liés à la sécurité alimentaire 09

    2.2. Les instruments de protection 10

    2.2.1. Les instruments de protection directe 10

    2.2.2. Les instruments de protection indirecte 13

    2.3. Les arguments contre le protectionnisme 15

    2.3.1. La protection des activités non rentables 15

    2.3.2. Encouragement des comportements rentiers 15

    2.3.3. Coût élevé pour la société 16

    2.4. La libéralisation du commerce extérieur 16

    Section 2. Approche théorique du commerce international 17

    1. Approche classique traditionnelle 17

    1.1. La théorie des avantages absolus 17

    1.1.1. La théorie d'Adam Smith 17

    1.1.2. Démonstration de la théorie 18

    1.2. La théorie des avantages relatifs 19

    1.2.1. La théorie de David Ricardo 19

    1.2.2. Démonstration de la théorie 19

    2. Prolongement contemporain de l'échange international 21

    2.1. Les nouvelles théories du commerce international 22

    2.2. Commerce international et pays en développement 23

    Chapitre II

    Les principales tendances du commerce international 25

    Section 1. L'essor du commerce international 25

    1. Une croissance supérieure à la croissance de la production mondiale 25

    2. Les facteurs explicatifs 26

    Section 2. Evolution du commerce international 27

    1. Évolution des structures du commerce international 28

    1.1. Evolution par produits 28

    1.2. La croissance élevée des produits manufacturés 30

    2. La polarisation des échanges internationaux 31

    3. Les aspects institutionnels du commerce international 32

    Section 3. L'émergence de l'Asie 32

    1. Commerce des marchandises et des services commerciaux en Asie 33

    2. L'entrée en scène de la Chine 34

    Section 4. Le rôle des entreprises transnationales dans le commerce mondial 35

    1. Les causes de la croissance des transnationales 35

    2. Les investissements internationaux dans le monde 36

    1.1. Evolution de flux d'IDE 36

    1.2. Destinations et origines des IDE 38

    Chapitre III

    Les performances commerciales de l'Afrique 39

    Section 1. Caractéristiques du commerce extérieur africain 39

    1. La marginalisation de l'Afrique dans le commerce mondial 39

    1.1. La baisse des exportations africaines 40

    1.2. Evolution des termes de l'échange 41

    1.3. Composition par produits 42

    2. Structure géographique 42

    Section 2. Les problèmes relatifs au commerce extérieur africain 43

    1. Les faiblesses internes 43

    1.1. La faiblesse des infrastructures 43

    1.2. La faiblesse des flux entrants des investissements privés 44

    1.3. La dépendance vis-à-vis des produits de base 45

    1.3.1. Evolution des cours des produits de base 46

    1.3.2. Impact de cette baisse sur les pays africains 47

    1.3.3. Une entrée tardive dans l'industrie manufacturière 49

    1.3.4. Une diversification nécessaire 49

    1.4. La faiblesse des marchés nationaux et régionaux 50

    2. Les obstacles externes 51

    2.1. Accès aux marchés des pays développés 51

    2.2. Les subventions à la production 53

    3. La promotion de l'intégration régionale 55

    3.1. L'importance de l'intégration régionale 56

    3.2. Etat de l'intégration régionale en Afrique 57Section 3. Etude comparative entre l'échec africain et le succès asiatique 58

    1. Croissance économique 58

    2. Croissance du secteur agricole 59

    3. Croissance du secteur industriel 60

    4. Nouvelles technologies 60

    Chapitre IV

    L'intégration de l'Afrique au commerce international 62

    Section 1. Les stratégies d'import-substitution 62

    1. Justification de stratégies d'import-substitution 63

    2. Caractéristiques des stratégies d'import-substitution 64

    3. Impact sur les économies africaines 64

    4. Remise en cause des stratégies d'import-substitution 65

    Section 2. Libéralisation des échanges 65

    1. Ouverture des économies africaines sur l'extérieur 66

    1.1. Impact des réformes sur la compétitivité 66

    1.2. Conséquences sur les recettes fiscales 67

    1.3. Le maintien du protectionnisme 67

    2. Echec des deux stratégies 67

    Section 3. Les politiques commerciales 68

    1. Vision stratégique des pays d'Asie 68

    1.1. Choix des secteurs d'orientation de l'investissement 69

    1.2. Arbitrage entre marchés internes et insertion internationale 69

    1.3. Appui des pouvoirs publics aux dynamiques de croissance 69

    2. Caractéristiques des politiques commerciales 70

    2.1. Evolution dans le temps de la politique commerciale 70

    2.2. La diversification 70

    2.3. Différenciation au sein du même secteur 71

    Section 4. Stratégies d'intégration au commerce international 71

    1. Le système des préférences 71

    1.1. Système des préférences, quid ? 72

    1.2. Les systèmes de préférences utilisés par l'Afrique 72

    2. La coopération technique 74

    2.1. Le Programme Intégré Conjoint d'Assistance Technique 74

    2.2. Objectifs de renforcement des capacités du JITAP 74

    Conclusion 76

    Références bibliographiques 77

    Table des matières 80

    * 1 ROCHET Claude, Le libre échange favorise-t-il la compétitivité ? Février 2006 http://perso.wanadoo.fr/claude.rochet/fiches/mond/p4.html

    * 2 Idem

    * 3 FMI, « Libéralisation du commerce mondial et pays en développement », Services du FMI, novembre 2001. http://www.imf.org/external/np/exr/ib/2001/fra/110801f.htm

    * 4 QUENTIN Francine, « Commerce mondial : Retard de l'Afrique : tous responsables ! », février 2004.

    http://www.rfi.fr/actufr/articles/050/article_26643.asp

    * 5 Jeune Afrique - L'Intelligent n°2224 du 24 au 30 août 2003, p. 97

    * 6 FMI, Idem.

    * 7 Jeune Afrique - L'Intelligent, « Libre-échange : Pertes africaines », n°2320 du 26 au 2 juillet 2005, p. 71

    * 8 MUTUME Gumisai, « Le point sur l'OMC : l'Afrique s'interroge sur les répercussions des négociations commerciales de Genève.  Commerce des services : espoir ou piège ? », Afrique Relance vol. 16, avril 2002,

    p. 26. http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol16no1/161tradf.htm

    * 9 En effet, le niveau des prix des matières dépend de la croissance des pays riches ; plus la croissance est forte, plus la consommation est élevée et plus les prix auront tendance à augmenter.

    * 10 Jeune Afrique - L'Intelligent, « OCDE : Subventions à la pelle », n°2320 du 26 juin au 2 juillet 2005, p.70

    * 11 Agence canadienne de développement international (Fonds canadien pour l'Afrique), « Initiatives du fonds : La croissance par le commerce et l'investissement », novembre 2004.

    http://www.acdi-cida.gc.ca/cida_ind.nsf/

    * 12 BEN HAMMOUDA Hakim, Libéralisation commerciale et développement : Quelles leçons pour l'Afrique ?, Centre Africain de Politique Commerciale (CAPC), Commission économique pour l'Afrique, septembre 2004, p.10

    * 13 FAO, Les Négociations Commerciales Multilatérales sur l'Agriculture - Manuel de Référence - I - Introduction et Sujets Généraux, Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, Rome 2001. p.15

    * 14 GOYETTE Gabriel, Protectionnisme et réciprocité commerciale : « Répertoire des obstacles au commerce maintenus par les Etats-Unis », Centre Etudes internationales et Mondialisation (CEIM), Université du Québec, Montréal août 2006

    * 15 Les initiales CAF correspondent à l'abréviation de COÛT, ASSURANCE et FRET. Cela représente le prix d'un bien d'importation lors de son débarquement à quai ou à tout autre point d'entrée du pays destinataire. Le prix CAF inclut le fret et l'assurance internationale et généralement aussi le coût de débarquement à quai. Il exclut toutefois les frais consécutifs au débarquement tels que les coûts portuaires, de manutention et de stockage et les honoraires des courtiers. Il ne prend pas non plus en compte les droits de douane ou tout autre impôt, taxe, droit ou redevance internes au pays de destination.

    FOB est l'acronyme anglais de «Free On Board» (traduit en français par FRANCO A BORD). Le prix FOB représente le coût d'un bien d'exportation une fois embarqué sur le navire ou le moyen de transport qui l'acheminera vers le pays importateur. Il est égal au prix du CAF du port de destination moins le coût de fret, d'assurance internationale et de débarquement à quai. Dans la balance des paiements et dans les autres statistiques commerciales, les biens d'importation sont toujours valorisés selon leur prix CAF et les biens d'exportation selon leur prix FOB.

    * 16 Un accord de restriction volontaire est la promesse d'un gouvernement «A» vis-à-vis d'un gouvernement «B» de restreindre à un niveau annuel déterminé ses exportations d'un certain type de biens (comme la viande ou les produits textiles en coton). Les conséquences équivalent à celles d'un quota d'importation bien que la répartition de la rente qui en découle soit souvent différente.

    * 17 Dans le cadre de la Loi «Freedom for Farm», les paiements effectués pour les cultures céréalières et oléagineuses ont été déconnectés des conditions courantes du marché si bien qu'ils ne dépendent plus du différentiel entre prix de marché et prix de garantie. Dans le même temps, le programme de réduction des superficies a été abandonné.

    * 18 L'application de la clause de la nation la plus favorisée (NPF) par un pays A à un pays B signifie que toutes les importations de A provenant de B recevront le meilleur des traitements accordé par A à ses autres partenaires.

    * 19 La spécialisation internationale : Elle consiste en une répartition des activités productives entre les différentes économies. Chaque nation va développer plus particulièrement certaines productions (Ex : produits manufacturés, matières premières, produits agricoles, etc.) et exporter le surplus (ce qui n'est pas écoulé sur le marché intérieur).

    * 20 LASSUDRIE-DUCHENE Bernard et ÜNAL-KESENCI Deniz, L'avantage comparatif : Notion fondamentale et controversée, Paris, Éditions La Découverte, Collection Repères, 2001.

    * 21 BAILLY P., Echange international et croissance : L'analyse de D. Ricardo, Avril 2004

    * 22 HENNER Henri-François et OUSSOUMAN Chékou, L'intégration des PMA dans le système commercial multilatéral, Document de réflexion sur l'impact des accords de l'Uruguay Round sur les PMA de la Francophonie, Paris, octobre 2000.

    * 23 Crédit Suisse, Commerce mondial - une réussite mise à l'épreuve, Economic Research & Consulting, Economic, Briefing N°25, Zurich, août 2001. p.5

    * 24 BLEIN Roger, op. Cit. p.39

    * 25 FAO, op. Cit., p. 25

    * 26 BLEIN Roger, op. Cit., p.39

    * 27 OMC, Rapport sur le commerce mondial 2005 : Analyse des liens entre le commerce, les normes commerciales et l'OMC, Genève, 2005, p.1

    * 28 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2005 : La coopération internationale à la croisée des chemins. L'aide, le commerce et la sécurité dans un monde marqué par les inégalités, éd. Economica, Paris 2005, p.137

    * 29 Crédit Suisse, op. Cit., p.7

    * 30 Services de communications, services de bâtiment et travaux publics, services d'assurance, services financiers, Services d'informatique et d'information, redevances et droits de licence, services personnels, culturels et relatifs aux loisirs, autres services aux entreprises.

    * 31 Credit Suisse, op. Cit., p.5

    * 32 BEN HAMMOUDA Hakim, Pourquoi l'Afrique s'est-elle marginalisée dans le commerce international ?, Commission économique pour l'Afrique, Division du commerce et de l'intégration régionale, Addis-Abeba, mai 2005, p.7

    * 33 Taux de croissance annuelle entre 1995 et 2000 en %

    * 34 BEKOLO Ebe Bruno, L'Afrique ne va-t-elle pas vers une diminution de ses avantages comparatifs ? Africa Development, Vol. XXV, Nos. 3 & 4, 2000

    * 35 OMC, op. Cit., p.3

    * 36 Les cinq économies d'Asie sont : la Malaisie, les Philippines, Singapour, le Taipei chinois et la République de Corée.

    * 37 Ministère des Finances du Québec, La Chine : l'ouverture au commerce international, Analyse et conjoncture économiques, Volume 2, numéro 7 du 29 mars 2005. Http : // www.finances.gouv.qc.ca.

    * 38 Chine ABC, Le commerce extérieur : La situation d'import-export en Chine. Http : //www.crionline.ch

    * 39 IVERNEL Martin et Al., Histoire Géographie 3e, Collection Martin Ivernel, Paris, Hatier, avril 2003, p.210

    * 40 OCDE, Pour une Afrique qui tire bénéfice de la mondialisation, Conférence Internationale sur le Commerce et l'Investissement, Dakar, Avril 2003, p.1

    * 41 Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie, Les investissements directs dans le monde en 2001 et 2002, Direction des Relations Economiques Extérieures, France, p.6

    * 42 Au niveau mondial, les stocks détenus et accueillis ne sont pas symétriques.

    * 43 BLEIN Roger, op. Cit., p. 40

    * 44 GROS Jean-Baptiste, LETILLY Gaëlle et MARTINET Sylvie, Performances commerciales de l'Afrique subsaharienne : une diversification nécessaire, Document de travail DIAL (Développement et insertion internationale), Unité de Recherche CIPRE, novembre 2002, p.6

    * 45 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.4

    * 46 RANTRUA Sylvie, Investissements : mauvaise pente, Jeune Afrique Economie n°334, septembre 2001, p.53

    * 47 Oxfam International, L'Afrique et le Cycle de Doha : Un combat pour la sauvegarde du développement Document d'information d'Oxfam n°80. Novembre 2005, p.26

    * 48 BEN HAMMOUDA Hakim, Pourquoi l'Afrique s'est-elle marginalisée dans le commerce international ?, Commission économique pour l'Afrique, Division du commerce et de l'intégration régionale, Addis-Abeba, mai 2005, p.11

    * 49 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.12

    * 50 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.12

    * 51 Idem

    * 52 QUENTIN Francine, op. Cit.

    * 53 Idem

    * 54 NGANDJEU Jean, Intensification du commerce sous-régional, Cameroon Tribune, Yaoundé 18 avril 2006. http://fr.allafrica.com/stories/printable/200604180487.html

    * 55 BEN HAMMOUDA Hakim, SADNI-JALLAB Mustapha, OULMANE Nassim, LANG Rémi et PEREZ Romain, Exclure l'Afrique des marches? Evaluation de l'accès aux marches pour les pays africain, Centre Africain de Politique Commerciale CAPC, Commission économique pour l'Afrique, Septembre 2004, p.5

    * 56 Idem, p.9

    * 57 PNUD, op. Cit., p.149

    * 58 BEN HAMMOUDA Hakim, SADNI-JALLAB Mustapha, OULMANE Nassim, LANG Rémi et PEREZ Romain, op. Cit. p.10

    * 59 Les principaux pays concernés sont le Mali, le Bénin, Le Burkina Faso, le Tchad, le Cameroun, le Niger, le Togo, le Sénégal, la République centrafricaine, le Guinée-Bissau, la Côte d'Ivoire, le Madagascar.

    * 60 SECK AMADOU Tom, Fin de cycle pour l'organisation Mondiale du Commerce : Bataille pour la survie du coton africain, Le Monde diplomatique, décembre 2005. http://www.monde-diplomatique.fr/2005/12/AMADOU_SECK/13029

    * 61 QUENTIN Francine, op. Cit.

    * 62 Oxfam International, Cultiver la pauvreté : L'impact des subventions américaines au coton sur l'Afrique,

    Document d'information Oxfam n° 3, 2002, p.12.

    * 63 GOLDSTEIN Andrea, Le nouveau régionalisme en Afrique subsaharienne : l'arbre cache-t-il une forêt ? Cahier de Politique Economique n° 20, Centre de Développement de l'OCDE, p.1

    * 64 Commission économique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'intégration en Afrique 2002 : Tableau synoptique, Addis-Abeba mars 2002, pp. 3-4

    * 65 Commission économique pour l'Afrique, op. Cit., p.3-4

    * 66 BEN HAMMOUDA Hakim, Libéralisation commerciale et développement : Quelles leçons pour l'Afrique ?, op. Cit., p.6

    * 67 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.8-9

    * 68 Idem, p.9

    * 69 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.9

    * 70 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.14

    * 71 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.4-5

    * 72 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.17

    * 73 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.25

    * 74 Jusqu'en 2003, 38 pays étaient déclarés éligibles à l'AGOA : Afrique du Sud, Angola, Bénin, Botswana, Cameroun, Cap Vert, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Lesotho, Madagascar, Malawi, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, République Démocratique du Congo, République Centrafricaine, Rwanda, Sao Tome et Principes, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Swaziland, Tanzanie, Tchad et Zambie.

    * 75 SAILD, L'AGOA et ses produits, Agridoc, Ministère français des Affaires étrangères, Février 2003.

    * 76 CCI, CNUCED et OMC, JITAP (Joint Integrated Technical Assistance Programme - Programme Intégré Conjoint d'Assistance Technique) : « Une solution efficace pour le renforcement des capacités commerciales dans le système commercial multilatéral », 6ème Conférence Ministérielle de l'OMC, Réunion spéciale JITAP, Hong Kong, Chine, 14 décembre 2005.

    * 77 La première phase du JITAP commença avec huit pays bénéficiaires (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire,

    Ghana, Kenya, Tunisie, Ouganda, République Unie de Tanzanie). Elle fut achevée en décembre 2002. Une nouvelle phase fut lancée en février 2003 pour une période de 4 ans allant jusqu'à 2007. Les 16 pays africains bénéficiant actuellement du programme sont les huit premiers pays et huit nouveaux : Botswana, Cameroun, Malawi, Mauritanie, Mozambique, Sénégal, et Zambie.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery