4.4.2. Caractéristiques
démographiques des habitants du site
D'après le recensement municipal, le site habité
comptait 2450 habitants en 2008 repartis dans 400 parcelles sur 40 rues. Le
recensement donne aussi le chiffre de 850 ménages, une cinquantaine des
boutiques (Ligablo.
Les enquêtes indiquent que parmi les chefs des
ménages 3% sont célibataires, 86,1 sont mariés, 3% sont
divorcés et 7,9% sont veufs (vés). Les mêmes enquêtes
indiquent que l'âge des chefs des ménages varie entre 25 et 74
ans. Ainsi donc, la tranche d'âges de 35-39 ans regroupe 19,8%, celle de
40-44 ans (14,9%), de 45-49 ans (13,9%), de 30-34 ans (10,9%), de 60-64 ans
(10,9%), de 65-69 ans (5,9%), de 25-29 ans (5%) et de 70-74 ans (1,9%).
Contrairement aux maraîchers qui exploitent le site, les
chefs des ménages qui ont occupé anarchiquement le site sont
nés majoritairement à Kinshasa. En effet, les enquêtes
indiquent que 72,3% des chefs des ménages sont kinois de naissance, 11%
sont nés au Bas Congo et 6,9% au Bandundu. Les faibles pourcentages
proviennent des ressortissants de l'Equateur (1%), Kasaï Oriental (5%),
Katanga (3%). Les habitants originaires du Bas Congo et de Bandundu sont aussi
nombreux parce qu'ils sont majoritaires dans la commune de Ngaliema et de Mont
Ngafula, les deux communes étant très proches de la province du
bas Congo et de Bandundu.
L'enquête a démontré que les
ménages qui y habitent sont composés aussi de grande
famille : 48,5% des ménages comptent 1 à 4 enfants, 50%
avec 5 à 9 enfants, 2% hébergent 10 enfants et plus. Cela ne pose
pas tellement de problèmes, pensent ils, parce qu'ils disposent de
l'espace contrairement aux parcelles qui se situent au coeur de la ville.
4.4.3. Caractéristiques
socio-économiques des habitants au sein du site
L'enquête a voulu savoir aussi la profession des chefs
des ménages sur le site. Il s'avère que beaucoup évoluent
dans le secteur informel comme d'ailleurs dans beaucoup des communes ou
quartiers périphériques de Kinshasa. La majorité des
habitants au sein du site maraîcher de Lukunga ont des occupations
comme : agriculteur, commerçant, artisan, fonctionnaire
privé et fonctionnaire de l'état.
Parmi les activités les plus-en vue, il y a
l'agriculture car les enquêtes montrent que 51% des habitants au sein du
site ont des terrains agricoles. Cela laisse croire que parmi eux se trouvent
des ménages qui auraient converti leurs espaces agricoles en espace de
résidence. Cela laisse penser aussi que certains habitants du site
seraient des anciens maraîchers sur le site. D'autres par contre sont des
nouveaux arrivés car les enquêtes indiquent que 42,6% d'habitants
sont du niveau d'étude supérieur ; 29,7% avec un niveau
d'étude professionnelle ; 12,9% sont du niveau d'étude
secondaire ; 6,9% sont de niveau d'étude cycle d'orientation ;
3% d'habitants sont du niveau d'étude primaire ; 3% d'habitants
sont du niveau universitaire et 2% d'habitants ne sont jamais allés
à l'école ou son des illettrés.
Comme mentionnés ci haut, les habitants du site sont
des populations à faible revenu comme le montre le tableau ci bas. La
plupart des habitants du site maraîcher de Lukunga ont un revenu mensuel
en $ qui varie entre 100-200$. Et pourtant, le Smig à la fonction
publique est de 72$. C'est la raison pour laquelle beaucoup de fonctionnaires
s'adonnent aussi à l'agriculture.
4.4.4.
Caractéristiques du logement des habitants du site maraîcher
de Lukunga
La pression sur le site a commencé vers le début
des années 80. Les archives indiquent qu'en 1980, environ 4,7% des
ménages avaient acheté un lopin de terre à usage agricole
qui sera transformé plus tard pour usage résidentiel sur le site.
En 1981, il n'y avait que 2,3%. En 1985, on enregistra 6,9% et 2,3% en 1988 et
1989. C'est en 1990, avec la vague de la démocratisation, que l'anarchie
s'installa avec 18,7% d'achat des terres sur le site. Curieusement après
1990, le mouvement de lotissement va s'atténuer on ne sait pourquoi. Et
c'est à partir de 2003 qui correspond à la fin de la guerre
civile et à la relance de l'économie nationale que les ventes des
parcelles ont repris.
Tableau n°20 : Année d'acquisition du
terrain ou parcelle
Année
|
Fréquence
|
Pourcentage (%)
|
1980
|
2
|
4,7
|
1981
|
1
|
2,3
|
1985
|
3
|
6,9
|
1987
|
2
|
4,7
|
1988
|
1
|
2,3
|
1989
|
1
|
2,3
|
1990
|
8
|
18,7
|
1992
|
1
|
2,3
|
1993
|
1
|
2,3
|
1994
|
1
|
2,3
|
1996
|
2
|
4,7
|
1997
|
1
|
2,3
|
1998
|
2
|
4,7
|
2002
|
3
|
6,9
|
2003
|
5
|
11,7
|
2004
|
4
|
9,3
|
2005
|
2
|
4,7
|
2006
|
1
|
2,3
|
2007
|
1
|
2,3
|
2008
|
1
|
2,3
|
Total
|
43
|
100,0
|
Source : Enquête sur le terrain (2009)
Le tableau n°20 montre effectivement que 18,7%
d'habitants avaient acheté des terrains en 1990 ; 11,7% en
2003 ; 9,3% en 2004 ; 6,9% en 1985 ; 6,9% en 2002 ; 4,7% en
1980 ; 4,7% en 1987 ; 4,7% en 1996 ; 4,7% en 1998 ; 4,7% en
2005 ; 2,3% en 1981 ; 2,3% en 1988 ; 2,3% en 1989 ; 2,3% en
1992 ; 2,3% en 1993 ; 2,3% en 1994 ; 2,3% en 1997 ;
2,3% en 2006; 2,3% en 2007 et 2,3% en 2008.
La pression de l'habitat sur le site a commencé
à partir de l'an 2000 où on a enregistré l'arrivée
de 1,8% de ménages. Et brusquement, les effectifs d'occupations du site
maraîcher ont commencé à augmenter sensiblement :
8,9% des ménages ont occupé leur maison en 2002; 7,1%
en 2003; 14,3% en 2004 ; 23,2% en 2005; 16,1% en 2006;
16,1% en 2007 ; 5,4% en 2008; 16,1% des locataires
sur le site occupés leur maison en 2009.
Les ménages locataires ne sont pas venus uniquement de
Ngaliema car le site attire même des ménages qui viennent des
communes lointaines. Le recensement indique que les ménages sont venus
de partout : Kintambo (8,9%), Ngaliema (53,6%), Makala (1,8%), Kasa Vubu
(1,8%), Mont Ngafula (19,6%), Ngiri-Ngiri (1,8%), Selembao (5,4%), Bandalungwa
(7,1%). Au total, les communes les plus proches sont les pourvoyeuses des
nouveaux occupants du site comme Mont Ngafula et Kintambo. En conclusion, on
peut dire, plus on s'éloigne de la commune, moins il y a des arrivants.
Ainsi donc, la majorité des ménages résidaient avant dans
les communes de Ngaliema et de Mont-Ngafula. Cela s'explique par le fait qu'ils
se trouvaient proche du site maraîcher de Lukunga.
Les communes entourant le site maraîcher de
Lukunga
Tous les habitants ne sont pas propriétaires. Ils ne
sont que 44,6%. Certains ménages qui fuient la spéculation
locative dans les communes du centre ont jugé bon d'aller en
périphérie pour louer des maisons à bon prix où ils
sont locataires (55,4%) sur le site. Le recensement indique que 9,9% des
ménages vivent dans des studios d'une pièce ; 26,7% dans des
deux pièces, 42,5% dans des 3 pièces, 20,8% dans des 4
pièces, c'est à dire un salon et trois chambres. Ils se sentent
vivre confortablement parce que dans les communes au centre de la ville, ils
ne peuvent pas s'offrir des maisons à pièces dans des parcelles
dont les dimensions varient entre 300 et 1000 m² : 26,7% des
ménages vivent dans des parcelles de 300 m² ; 62,4% entre 300
et 500 m² ; 10,9% entre 500 et 1000 m².
A titre indicatif, l'enquête avait questionné
deux ménages sur le prix d'achat de leur maison sur le site. Le premier
avait acheté sa parcelle à 2600$ et il venait de
Kintambo ; alors que l'autre l'avait achetée à 4500$ et
résidait auparavant à Bandalungwa.
Actuellement sur le site maraîcher, le prix des terrains
augmente au à mesure qu'on s'éloigne de la rivière
Lukunga : 15,2% d'habitants avaient acheté leur terrain à
1000$ ; 11,2% à 1200$ ; 6,7% à 2500$ ; 6,7%
à 2400$ ; 6,7% d'habitants à 2300$; 6,7% à
1100$ ; 4,4% à 350$ ; 2,2% à 2900$; 2,2% à
1950$; 2,2% à 1900$; 2,2% à 850$ ; 2,2% à
650$ et 2,2% à 200$. Mais pendant l'enquête, il était
difficile d'apprécier la valeur foncière du terrain parce que
certains ménages ne connaissaient pas les superficies de leurs parcelles
qui ont subi de nombreuses mutations et d'autres ne se souvenaient pas de
l'année exacte de l'achat de la parcelle.
En ce qui concerne les normes urbanistiques, le constat
à faire est que la majorité des habitants n'ont jamais
sollicité une autorisation de bâtir auprès des services
publics, ni fait recours aux services d'un urbaniste/ingénieur, moins
encore moins sollicité un crédit pour l'achat du terrain ou
encore pour la construction d'une maison. Beaucoup de ménages exhibent
des titres fonciers qui sont en général des faux en
écriture.
L'ETAT ACTUEL DE L'ESPACE AGRICOLE
La figure n°13 montre l'état actuel de l'espace
maraîcher de Lukunga face à la pression de l'habitat, en montant
comment les rues et parcelle ont pris naissances au sein du site
maraîcher de Lukunga.
Une chose vérifiable est que les terres agricoles
converties en usage d'habitations ont été vendues à 37,2%
des ménages par des chefs coutumiers, 37,2% par des agriculteurs qui ont
vendu leur terrain à usage agricole et les revendaient à un prix
plus élevé. On compte 21% de ménages qui sont venus de
Ngaliema et Mont-Ngafula. Cela se justifie suite à la proximité
du site, dont 53,5% des constructions sont de la période allant de 1999
à 2009 lorsqu'il y a eu une augmentation sensible des occupants au sein
du site maraîcher de Lukunga.
Le prix du loyer dépend de la distance avec la
rivière. Les loyers coûtent chers lorsqu'ils sont
éloignés de la rivière. C'est le contraire, lorsqu'ils
sont proches du cours d'eau. Les prix du loyer sont aussi influencés par
la dimension de la maison. Le loyer mensuel varie entre 10$ et 60$ au fur
à mesure qu'on s'éloigne de la rivière Lukunga. Les
enquêtes montrent que 51,8% des locataires disent qu'ils ne sont plus du
tout satisfaits du site, 21,4% des locataires disent qu'ils ne sont pas
satisfaits et 3,6% des locataires disent qu'ils sont plus ou moins satisfaits.
Cela s'explique: l'insécurité, l'insalubrité, l'isolement
ou enclavement, l'éloignement du centre ville et le manque des
infrastructures crée une sorte de découragement.
LA PROGRESSION DU LOTISSEMENT
La figure n°14 montre la progression du lotissement au
sein du site maraîcher de Lukunga avec une zone d'habitation à
droite plus vaste et une zone agricole à gauche diminuant en
superficie.
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