I.3.2.2 Biologie et cycle de développement des
anophèles
Les anophèles sont les seuls moustiques capables
d'assurer la transmission du paludisme à l'homme. Environ 450
espèces d'anophèles sont connues dans le monde mais seules
quatre-vingt sont impliquées dans la transmission du paludisme (Mouchet
et al., 2004).
Trois critères pratiques permettent de considérer
une espèce d'anophèle comme vectrice de Plasmodium
humains :
1°) elle doit permettre le développement du
Plasmodium (compétence vectorielle) 2°) elle doit avoir
une grande longévité et être suffisamment abondante, au
moins à certaines régions ou saisons ;
3°) elle doit être anthropophile.
Les anophèles ont un corps fusiforme et grêle
avec des palpes dont la longueur est égale à celle de la trompe,
des pattes longues et des ailes tachetées de noir et blanc. Les
mâles et les femelles se nourrissent de jus sucré (nectar des
fleurs). Seules les femelles sont hématophages et piquent surtout la
nuit. Leur durée de vie moyenne est de 3 à 4 semaines. (Mouchet
et Carnevale, 1991). Les préférences tropiques varient en
fonction des espèces d'anophèles ; certaines piquent
préférentiellement les animaux (espèces zoophiles) alors
que d'autres préfèrent prendre du sang chez l'homme
(espèces anthropophiles). Outre le paludisme, les anophèles
peuvent transmettre les filarioses et les arboviroses.
Généralement, l'anophèle femelle ne
s'accouple qu'une fois dans sa vie, aussitôt après
émergence à l'âge adulte. Les spermatozoïdes
reçus lors de l'accouplement sont stockés dans la
spermathèque et permettent de féconder plusieurs lots d'oeufs
successifs (Mouchet et al., 2004). La femelle fécondée a besoin
d'un repas de sang d'où elle tire les éléments
protéiques indispensables à la maturation des ovocytes. Cependant
dans le cas d'Anopheles gambiae et d'Anopheles funestus, la
femelle a besoin de deux repas de sang avant d'effectuer la première
ponte, le premier repas de sang étant utilisé pour la phase
pré gravide (Klein, 1997). Après le repas de sang, la femelle
gorgée (abdomen rouge) se repose sur un support (murs, vêtements,
végétaux) pour digérer le sang. À la fin de la
digestion, la femelle gravide (abdomen blanc, rempli d'oeufs) recherche un site
d'oviposition où elle dépose les oeufs, puis repart à la
recherche d'un nouvel hôte. La période qui s'écoule entre
la prise du repas de sang et la ponte est appelée cycle gonotrophique.
Sa durée moyenne est située entre 48 et 72 heures dans les
régions tropicales et subtropicales (Mouchet et al., 2004). Les
gîtes de ponte des anophèles sont variés et
constitués de collections d'eau permanentes (rivières ou
fleuves), temporaires (marécages, lacs, rizières, flaques), ou
saumâtres (lagunes).
Distribution de Anopheles nili et Anopheles moucheti
au sud du Cameroun : influence des facteurs du milieu
Le développement des anophèles se déroule
en milieu aquatique et aérien. Il comporte quatre stades successifs :
l'oeuf, la larve, la nymphe et l'adulte. La durée du
développement larvaire dépend de la température de l'eau
et de la disponibilité en nourriture. Plus la température est
élevée, plus le développement est rapide (OMS, 2003).
L'anophèle femelle pond des lots de cent à cent cinquante oeufs
qui sont déposés isolement à la surface de l'eau.
L'éclosion de l'oeuf libère une larve de stade I qui mesure
environ 1 mm. Après un à deux jours, elle mue et devient une
larve de stade II, suivi du troisième et quatrième stade,
à intervalle de deux jours environ. La larve de stade IV subit la
nymphose pour donner une nymphe immobile qui ne se nourrit pas. Cette nymphe se
transforme en adulte qui se repose pendant 10 à 24 heures dans un
gîte de repos (végétation, termitière, rocher...)
avant de s'envoler. Ce temps est nécessaire pour le durcissement de la
cuticule et l'achèvement du développement des organes sexuels
chez le mâle (Mouchet et al., 2004).
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