CONCLUSION
Le cadre réglementaire et institutionnel et
l'activité du Crédit foncier entretiennent en fin de compte des
interactions complexes au Cameroun.
En effet, les articulations réglementaires dont
l'objectif est la stabilité macroéconomique constituent le socle
du rationnement de la monnaie de crédit au CFC. De même, les
investigations montrent que le cadre institutionnel notamment dans son volet
juridique alimente le rationnement des prêts immobiliers au CFC. Opaque
ou inapproprié, le cadre institutionnel camerounais constitue un frein
à l'activité de crédit et donc un incitateur à
l'aversion pour la prise de risque (Wanda, 2007). Autant
d'éléments qui contribuent en amont à fragiliser
l'activité de prêts immobiliers au CFC et en aval à
gêner sa participation au progrès socio-économique du
Cameroun.
Entrevoir le cadre réglementaire et institutionnel
camerounais comme stimulant de l'activité de Prêts immobiliers au
CFC appelle à des ajustements. Aux rang desquels figureraient une
politique des taux d'intérêt préférentiels à
travers notamment la mise en place d'un fonds de bonification des
intérêts, les normes réglementaires spécifiques
tenant compte de la particularité de l'activité du CFC, la mise
en oeuvre d'un fonds de garantie des crédits, la création
d'instruments de refinancement des crédits ainsi qu'un dispositif
juridique fort pour réguler les comportements opportunistes qu'adoptent
très souvent la clientèle du CFC.
CONCLUSION GENERALE
L'objet du présent travail s'est articulé
autour de l'impact du cadre réglementaire et institutionnel camerounais
sur l'activité des établissements de crédit à
partir du cas spécifique du Crédit foncier du Cameroun. Les
recherches menées dans cette institution ont permis d'observer son
fonctionnement au quotidien. Il ressort que les activités du CFC en
général et celle de crédit en particulier se trouvent
handicapées par un bon nombre d'obstacles réglementaires et
institutionnels.
D'abord, la politique monétaire
particulièrement déflationniste au Cameroun dès 1990 dont
le principal instrument est la libéralisation financière, par le
canal des taux flexible, a conduit à la hausse du loyer d'argent. Cette
hausse réserve de fait les prêts immobiliers consentis par le CFC
à une classe privilégiée de la population camerounaise
qui, elle-même, dans l'ensemble a vu son pouvoir d'achat
dégringolé au cours des ces dernières années.
Ensuite, l'aspect disciplinaire et répressif de la
réglementation bancaire conduite par la COBAC constitue un obstacle qui
entrave l'activité des prêts immobiliers au CFC. En effet, en tant
qu'organe de gouvernance, la COBAC à travers ses normes prudentielles
exige du CFC que ses risques soient couverts au moins à 8% par ses fonds
propres, donne son autorisation préalable pour toute modification
éventuelle de son capital social et sanctionne ce dernier en cas de
manquements aux règles de bonnes conduites. Ces mesures qui visent
certes à discipliner le comportement du CFC en matière de prise
de risque ont pour effet pervers de l'inciter à rechercher un minimum de
risques et adopter un comportement de rentier alléguant de ce que il est
astreint aux normes de gestion édictées par la COBAC.
Enfin, le cadre institutionnel qui est censé offrir
au CFC une mobilisation et l'allocation efficiente de l'épargne, d'une
part, la garantie des prêts qu'il consent, d'autre part, souffre de
l'absence de dispositifs modernes d'encadrements de risque à l'instar
d'un fonds de garantis de crédit, d'un marché hypothécaire
ou d'une centrale d'information sur le risque de crédit (...).
Cependant, les limites du cadre réglementaire et
institutionnel camerounais n'affectent pas spécifiquement
l'activité du CFC. Elles agissent aussi sur l'activité de
crédit d'une proportion élevée, voire majoritaire des
établissements bancaires camerounais comme l'ont confirmé les
travaux empiriques de Nketcha (2004) et de Wanda (2006).
Ces lacunes réglementaires et institutionnelles qui
limitent et/ou compromettent l'activité des établissements de
crédit au Cameroun alimentent la surliquidité que dégage
la sphère bancaire camerounaise. Ces limites trahissent en
réalité un processus de restructuration du paysage bancaire
inachevé au Cameroun (Nketcha, 2004).
L'objectif de cette étude consistait à
faire ressortir l'impact du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais sur l'activité des établissements de crédit,
en particulier le CFC. Au terme de cette étude, il est possible de
soutenir que l'atonie que suscite le volet Prêts immobiliers de
l'activité du CFC est une manifestation du cadre réglementaire et
institutionnel jugé inadapté et non incitatif au Cameroun par les
professionnels du secteur bancaire. Il est considéré de ce fait
comme un goulot d'étranglement dans l'activité de financement de
l'économie que mène le CFC.
Cette réalité montre que des ajustements
réglementaires d'une part et des réformes institutionnelles,
d'autre part, s'imposent pour prétendre faire du CFC, comme le clament
si haut les pouvoirs publics camerounais, un véritable instrument de
mise en oeuvre de la politique gouvernementale en matière de financement
de l'habitat.
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