AVERTISSEMENT
« L'université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions contenues dans
ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
étant propres à leur auteur ».
i
DEDICACE
A mes parents
A mes frères et soeurs, retrouvez ici toute ma
reconnaissance, mon attachement et le témoignage de mon amour pour
vous.
ii
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire a
bénéficié de la contribution de nombreuses personnes
auxquelles nous tenons à exprimer notre sincère gratitude.
Au professeur BEKOLO-EBE Bruno qui a bien voulu guider nos
premiers pas sur les sentiers de la recherche. Merci professeur pour votre
disponibilité, vos remarques et vos conseils ; toutes choses qui
nous permettraient éventuellement de poursuivre avec
sérénité la délicate activité de
recherche.
Aux docteurs ATTOUH Michel et OKAH-ATENGA Xaverie qui se
sont toujours montrés disponibles pour répondre à nos
multiples sollicitations.
A monsieur ENGO GONZO Ruffin Cyriaque de la COBAC qui dans la
mesure du possible, nous a permis d'accéder sans peine, à une
partie importante des données et statistiques dont nous avions besoin
dans le cadre de cette étude.
A monsieur ONANA Josima (Directeur financier au CFC) pour
la sollicitude qu'il a manifesté à notre égard, son
immense affabilité, gracieuse obligeance et son incommensurable
disponibilité à toutes nos sollicitations.
A tous nos camarades de DESS en gestion bancaire et des
établissements financiers. Nous tenons à leur affirmer ici
l'appréciation que nous avons porté à certains de nos
échanges qui nous ont souvent permis de sortir des zones d'ombre lorsque
notre esprit s'y confinait.
A tous nos oncles et tantes, en particulier madame NGOMBA
Clotilde et le lieutenant MEVONO NGOMBA Dieudonné pour leur soutien
moral, matériel et financier ; trouver ici un réel motif de
satisfaction.
Nous ne saurions terminer sans rendre hommage à
tous ceux qui de près ou de loin ont facilité l'aboutissement de
ce travail. Certes, ils ne sont pas nommément cités ici, mais ils
se reconnaîtront aisément.
iii
RESUME
Cette étude se propose d'évaluer l'impact du
cadre réglementaire et institutionnel camerounais sur l'activité
du Crédit foncier du Cameroun au cours de la période 2000-2007.
Elle considère les effets de la réglementation prudentielle d'une
part, et la qualité de l'Etat de droit, d'autre part.
Il ressort des investigations théoriques et
empiriques que la baisse observée des prêts immobiliers au CFC,
peut s'analyser comme un phénomène de rationnement de
crédit. Ce rationnement diffère toutefois de celui obtenu des
modèles traditionnels de Stiglitz et Weiss (1981).
Les investigations ont révélé
l'existence des excédents de liquidité au CFC ; une
causalité entre le cadre réglementaire et institutionnel et
l'activité principale de cet établissement bancaire.
Mots clés : Cadre
réglementaire et institutionnel ; Etat de droit ;
établissement de crédit ;
prise de risque ; rationnement de
crédit ; hypothèque ; crédit immobilier ;
surliquidité.
iv
ABSTRACT
This study is being proposed to evaluate the impact of
reglementary rules and Cameroonian institutional towards taken of certain risk
of service in some credit institutions. She insisted exclusively toward the
case of Credit foncier du Cameroun (CFC) along the period of 2000-2007. She
considers the effets of prudential banking rules, of a side and the quality of
state law in another side.
It exposes theorical investigations and empiric that the
lowering tendancy is being offred to observed credit to CFC to analyse as a
phenomenon of credit. This reduction differs anywhere to that obtain to
traditional model to Stiglitz and Weiss (1981). These investigations have
revealed the existence of liquidity augmentation of CFC, causality between
reglementary dispositive and institutional and the risk taken in CFC.
Keywords: Reglementary rules and
institutional, the state of law, credit institution,
Risk taken, mortgage.
v
Ces deux dernières décennies ont
été marquées par de nombreuses faillites bancaires et
financières à travers le monde, particulièrement dans les
pays en développement (Rojas- Suarez, 2001). La mauvaise gestion du
risque de crédit et conséquemment un ratio élevé de
créances douteuses ont affaibli la solvabilité du système
bancaire (Sami et Delorme, 2003) des pays en développement. Les
soubresauts qu'a connu le système financier ont débouché
sur une crise d'illiquidité qui a sévit jusqu'au milieu des
années 1990. Celle-ci n'a épargné aucun continent, encore
moins les pays du continent africain et singulièrement le Cameroun
(Wanda, 2007).
Cette crise n'a pas seulement affecté les
établissements bancaires, fussent-ils publics ou privés. En
effet, les établissements financiers à l'instar des organismes
opérant dans le financement des investissements à
caractère social ont vu leur situation financière
complètement détériorée (Honohan, 2007). L'auteur
souligne à cet égard que la création des
intermédiaires financiers contrôlés par l'Etat a
donné lieu en Afrique à des résultats décevants.
Dans cette mouvance, la campagne de restructuration engagée par les
pouvoirs publics dans la CEMAC au milieu de la décennie 90 visait
à assainir le système bancaire et financier (Bekolo-Ebe
in Touna Mama, 1998 :227). Celle-ci s'est davantage traduite par
des nettoyages de portefeuilles et/ou de redimensionnement géographique
du capital. Le but étant de permettre aux banques sujettes aux
déséquilibres financiers, précise Wanda (2007 :3), de
normaliser leur situation au regard des normes de gestion bancaire et partant
de solidifier le système bancaire et financier.
Les établissements de crédit se trouvant
dans le giron de l'Etat ne sont pas restés en marge de cette mutation,
notamment au Cameroun. Touna Mama (in Bekolo-Ebe,
Intermédiation financière et financement du
développement en Afrique, 2002) fait remarquer que la
restructuration du système bancaire et financier camerounais s'est
également orientée vers les organismes publics à
caractère bancaire et il précise à cet égard
que : « [...] Ne subsiste encore dans cette
catégorie que le Crédit foncier du Cameroun1(*) ... ». Aussi,
concernant sa vocation, il renchérit que : « Le
CFC devrait se consacrer désormais à l'habitat social, secteur
important du fait notamment du mouvement d'expansion des villes. Les banques
commerciales ne pouvant plus assurer ce type de financement du fait du
caractère plutôt court de leurs ressources ».
Si l'assainissement du système bancaire et financier
camerounais a été souligné par Bekolo-Ebe in
Touna Mama, La restructuration bancaire en zone Franc face aux défis
de la mondialisation, 1998) comme résultante de la vaste campagne de
restructuration des établissements bancaires et financiers au
début de la décennie 90 au Cameroun ; l'activité de
crédit que ledit système permet reste sujette à
conditions. Au nombre desquelles le cadre réglementaire et
institutionnel figure en bonne place (Goldlewski, 2003 ; Gonzalez, 2004 et
Rojas Suarez 2001,2004).
Le présent travail se propose d'examiner l'impact
du cadre réglementaire et institutionnel camerounais sur
l'activité des établissements de crédit au Cameroun, en
particulier le CFC, au cours de la période 2002-2007.
Le cadre réglementaire et institutionnel peut
être défini selon Mitten (2000 :6) comme : «
[...] l'ensemble des lois, règles et procédures de
conformité qui dictent l'entrée, l'activité et la sortie
dans le système financier et partant bancaire».
L'activité des établissements de
crédit où la prise de risque sera quant à elle a
été définie, au sens Naouar (2006), comme toute
activité: « susceptible d'augmenter le danger de
faillite par rapport à une situation optimale ». Dans
cette perspective, notre attention sera exclusivement portée sur
l'activité de crédit car cette dernière a
été reconnue comme principale cause des faillites bancaires de la
décennie 90 au Cameroun (Hugon, 1999).
Les travaux récents portant sur la prise de
risque au sein des établissements de crédit mettent bien en avant
l'importance du cadre réglementaire et institutionnel dans le
développement de l'intermédiation bancaire. Ainsi, par exemple,
Rojas- Suarez (2001, 2004) note que le comportement de prise de risque dans une
banque peut être influencé par les caractéristiques de
l'environnement réglementaire, institutionnel ainsi que juridique.
Goldlewski (2003) relève pour sa part que l'environnement
réglementaire et institutionnel exerce un effet déterminant sur
le crédit bancaire, singulièrement les mécanismes de
régulation de l'activité bancaire et de discipline
réglementaire, ainsi que l'efficacité de l'Etat de droit.
Le CFC est un intermédiaire financier à
capitaux publics. Il a pour mission principale de promouvoir les
investissements d'intérêt économique et social dans le
domaine de l'habitat au Cameroun. Ces investissements portant sur l'habitat
ont, selon Hoeser et Simoulin (2002) : « [...] en
commun d'être risqués, coûteux et d'exiger un long
délai de retour sur investissement. Ils présentent donc un risque
considérable et, par là même un problème de
financement ». A ces caractéristiques spécifiques
reconnues à de tels investissements, s'ajoutent en effet des
comportements opportunistes perceptibles à travers les asymétries
d'informations qui jalonnent l'activité d'intermédiation au
Cameroun (Wamba et Tchamanbé-Djiné, 2002) notamment dans la
relation créanciers/débiteurs. Dès lors, développer
une activité dont la fonction principale est de gérer un niveau
de risque élevé exigerait la présence de mécanismes
de protection et d'incitation disciplinant mais aussi protégeant
efficacement l'activité bancaire et donc de crédit.
Or, le contexte financier camerounais est
caractérisé par un marché financier sous
développé, une opacité accrue au sein d'un système
bancaire fragile, un volume important de créances douteuses et
litigieuses ainsi qu'un environnement légal, institutionnel et
réglementaire inadéquat(Rojas- Suarez, 2000, 2001). Au regard de
ces éléments certains auteurs comme Bekolo-Ebe (in Touna Mama,
1998 :222) préviennent que les établissements de
crédit, en particulier le CFC, ne sont pas incités à
développer leurs activités de crédit. Aussi du fait de cet
environnement peu propice aux affaires qui conjugué à la
suspicion grandissante quant à l'efficacité de l'Etat de droit,
induirait au sein des établissements financiers d'une part, une
détention d'encaisses liquidités considérables ainsi qu'un
volume de créances compromises élevé (Sami, 2002), d'autre
part. Autrement dit, la surliquidité générale des
établissements bancaires au Cameroun (Wanda, 2007) découlerait
donc des limites de la réglementation bancaire au Cameroun et de
l'inefficacité de l'arbitrage en tant que mode alternatif de
règlement des différends entre les créanciers et leurs
débiteurs. Cette surliquidité est ainsi
matérialisée au CFC au regard l'évolution des valeurs
disponibles. A titre d'exemple, ces valeurs disponibles sont passées de
21.584.684.808 Fcfa en 2002, représentant 26.15% du total actif à
43.458.846.508 Fcfa en 2003 soit 49.04% du montant actif à
49.794.882.984 Fcfa en 2004 constituant 57.08% de l'actif à
54.855.165.021 Fcfa en 2005, soit une proportion de 60.89% de
l'actif global ; pendant que à la même période
l'encours des crédits à la clientèle est passé de
49.808.383.879 Fcfa en 2002, représentant 60% de l'actif intégral
à 33.187.017.915 Fcfa en 2003, soit 37.45% du montant actif à
29.195.991.382 Fcfa en 2004, constituant 33.47% de l'enveloppe actif à
30.613.776.621 Fcfa en 2005 formant 33.96% de la somme actif à
87 147 812 569 Fcfa en 2006 et 2007 soit respectivement 47.2% et
47.8% de l'actif2(*).
A l'analyse de l'évolution comparative de la part
relative des valeurs disponibles et celle de l'encours des crédits
à la clientèle, il se dégage une tendance baissière
des crédits au cours de la période sous revue qui traduit ainsi
l'existence d'une liquidité oisive de plus en plus marquée. La
question qui se pose à ce niveau au regard de cette tendance est donc de
savoir quelle est l'influence du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais sur l'activité du CFC. En d'autres termes, le cadre
réglementaire et institutionnel camerounais a-t-il un impact sur
l'activité du CFC ?
L'hypothèse attachée à la
problématique de ce travail stipule que le cadre
réglementaire et institutionnel camerounais affecte négativement
l'activité de crédit du CFC.
L'objectif de ce travail vise à mettre en
lumière l'impact du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais sur l'activité du CFC.
Pour mettre en relief l'effet du cadre
réglementaire et institutionnel camerounais sur l'activité du
CFC ; il parait pertinent de reprendre tout en discutant la production
théorique relative à la nécessité du cadre
réglementaire et institutionnel, lequel influence l'activité de
crédit au sein d'un établissement de crédit. Il sied donc
du point de vue théorique de recourir à la littérature sur
la réglementation bancaire, d'une part, et celle relative aux structures
institutionnelles de protection et de gestion du risque crédit pour la
réalisation de notre objectif, d'autre part.
Ensuite, un établissement de crédit en
l'occurrence le CFC, peut servir comme champ d'investigation pour mettre en
lumière l'incidence du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais sur l'activité des différents établissements
de crédit que regorge le paysage bancaire camerounais.
Le système bancaire et financier camerounais a
connu de nombreux soubresauts au cours de sa récente évolution.
Bien que des mesures visant à l'assainir aient été
adoptée, la prise de risque, notamment de crédit reste
relativement faible (Wanda, 2007).
Plusieurs facteurs, écrit Ebe-Evina (in FinanECo,
2007 :6), peuvent justifier cette
situation : « [...] la mise en oeuvre d'une politique
commerciale sélective, la situation du marché
caractérisée par une inadéquation entre l'offre et la
demande de capitaux, l'incidence des règles de gouvernance volontaires
et imposées des établissements ou l'archaïsme des
procédures au niveau des structures d'encadrement des
activités». Cependant des travaux récents (Nketcha,
2004),(Wanda, 2007) ont trouvé comme facteur explicatif du rationnement
de crédit bancaire au Cameroun les contraintes ou obstacles
réglementaires et institutionnelles.
Partant de ce constat, notre étude se propose
d'approfondir cette analyse en recherchant les éléments
d'appréciation concrets susceptibles de révéler l'impact
de l'environnement réglementaire et institutionnel camerounais sur les
prêts immobiliers dont le CFC en constitue le canal unique au Cameroun.
Analyser théoriquement l'importance du cadre
réglementaire et institutionnel d'un système bancaire conduit
à l'examen des modalités du dispositif d'encadrement des risques,
d'une part, et d'aborder les conditions de régulation efficace des
phénomènes d'asymétries d'informations qui entravent le
fonctionnement optimal du marché de crédit, d'autre part (I).
A la suite des investigations menées au CFC
découlera l'effet combiné de la réglementation bancaire
ainsi que celui des institutions légales sur l'activité du CFC.
Ainsi, comprendra-t-on le rationnement de crédit au CFC comme le
corollaire d'un processus de reforme inachevé du cadre
réglementaire et institutionnel qui trace les contours de
l'activité de prêts immobiliers au CFC ? Ce qui remet au
premier plan l'urgence d'un toilettage de la réglementation bancaire et
la reformer de l'environnement institutionnel afin d'inciter le CFC à
davantage développer son activité de prêt immobiliers (II).
Cette étude se décline en deux parties.
PARTIE.I
Nécessité du cadre réglementaire
et institutionnel dans la sphère bancaire : un aperçu
théorique
Le chapitre I justifie la nécessité du cadre
réglementaire et institutionnel dans un système bancaire
organisé. Il s'intitule :
Fondements théoriques de la
nécessité du cadre réglementaire et institutionnel de
l'activité bancaire
S.1) Pourquoi la nécessité d'un cadre
réglementaire et institutionnel à l'activité
bancaire ?
S.2) Cadre légal, réglementaire et
institutionnel de la CEMAC : une volonté de sécuriser
l'activité bancaire.
Le chapitre II souligne de manière théorique les
implications de la qualité du cadre réglementaire et
institutionnel sur les activités des établissements de
crédit. Il s'intitule :
Cadre réglementaire et institutionnel comme
déterminant de la décision de prise de risque : une revue
théorique
S.1) Fondements micro-économiques du cadre
réglementaire et institutionnel bancaire comme modèle
d'encadrement des risques.
S.2) Cadre institutionnel des établissements de
crédit : des effets sur le crédit bancaire.
PARTIE II
Impact du cadre réglementaire et institutionnel
sur les établissements de crédit : l'expérience du
Crédit foncier du Cameroun.
Le chapitre III passe en revue le paysage bancaire
camerounais, un accent particulier est mis sur l'organisation, le
fonctionnement et les missions du CFC. Il s'intitule :
Financements de l'économie camerounaise :
une activité dévolue à une diversité
d'établissements de crédit
S.1) Système bancaire camerounais : une
présentation générale.
S.2) Crédit foncier du Cameroun : un
établissement de crédit spécialisé.
Le chapitre IV procède à la validation empirique
de l'impact du cadre réglementaire et institutionnel camerounais sur
l'activité du CFC. Il s'intitule :
Validation empirique de l'effet du cadre
réglementaire et institutionnel sur les prêts immobiliers au
CFC
S.1) Présentation de l'activité du CFC.
S.2) Limites du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais et implications sur l'activité du CFC : une
appréciation critique.
PREMIERE PARTIE
RESUME
La première partie du présent travail se
propose d'effectuer un large déblaiement théorique se rapportant
au cadre réglementaire et institutionnel de l'activité bancaire
et financière. Cette démarche vise à cerner avec plus de
précision le centre d'intérêt de cette recherche. En
effet, la mise en place d'un angle d'approche théorique s'impose
à tout travail de recherche, tant il est vrai
qu' « aucun discours descriptif ou explicatif sur le
réel n'est pas possible sans références
théoriques » et que la théorie elle-même
« représente une grille de lecture du réel en
l'absence de laquelle celui-ci demeure totalement
indéfrichable » (Rosier, 1987 :7)
Dans l'optique d'observer cette exigence
méthodologique, cette première partie se fixe un double objectif.
Il s'agit à travers les publications scientifiques de souligner la
nécessité du cadre réglementaire et institutionnel et de
mettre en contexte le cadre réglementaire et institutionnel camerounais
qui est l'objet de l'étude, d'une part, et de montrer d'une façon
pertinente l'importance du cadre réglementaire et institutionnel dans
l'activité de crédit d'un établissement de crédit
fut-il spécialisé, d'autre part.
CHAPITRE I
FONDEMENTS THEORIQUES DE L'EXISTENCE DU CADRE REGLEMENTAIRE ET
INSTITUTIONNEL DE L'ACTIVITE BANCAIRE
L'objectif de ce chapitre liminaire est double. Il s'agit
de justifier la nécessité du cadre réglementaire et
institutionnel de l'activité bancaire d'une part, et de présenter
le cadre réglementaire et institutionnel de la Communauté
économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) qui trace
les contours de l'intermédiation bancaire dans la sous-région,
d'autre part.
Pour ce faire, il est question dans une première
section de répondre à la question : pourquoi un cadre
réglementaire et institutionnel à l'activité
bancaire ? (I) Ensuite, d'examiner les articulations du cadre
réglementaires et institutionnel des établissements de
crédit de la CEMAC tout en essayant d'isoler autant que possible les
singularités réglementaires et institutionnelles camerounaises
(II).
SECTION I
POURQUOI LA NECESSITE D'UN CADRE
REGLEMENTAIRE
A L'ACTIVITE BANCAIRE ?
Le cadre réglementaire et institutionnel d'un
secteur d'activité d'une économie vise généralement
à modeler le comportement des acteurs économiques qui exercent
dans la branche. Selon Chaves et Gonzalez-Vega (1993), le cadre
réglementaire et institutionnel de l'activité bancaire mis en
oeuvre par les autorités monétaires sert à trois fonctions
principales : maintenir l'intégrité du système de
paiements et éviter une crise dans le secteur bancaire, protéger
les déposants contre un comportement frauduleux et opportuniste de la
part des institutions financières ainsi qu'encourager l'efficience et la
concurrence dans le secteur bancaire. Les développements
théoriques visant à accréditer cette thèse ont
été présentés dans la littérature
récente.
Toutefois, avant d'explorer ces différents
travaux, il convient de préciser que c'est l'aspect prudentiel de la
réglementation défini par la COBAC comme :
« un ensemble de règles destinées à assurer
et à contrôler la liquidité et la solvabilité des
établissements de crédit à l'égard des tiers, et
plus généralement l'équilibre de leur structure
financière », qui fera l'objet d'une attention
particulière. Car cette dernière est en vigueur dans la
sous-région CEMAC3(*).
A) CADRE REGLEMENTAIRE DE L'ACTIVITE
BANCAIRE :
les motifs de l'accumulation des fonds propres par les
banques
Dans la plupart des pays, l'activité bancaire est
largement réglementée tant du point de vue de la constitution des
établissements de crédit que de l'exercice même de leur
activité. Les motifs de cet encadrement des activités bancaires
et financières sont nombreux et divers.
a) Réglementation bancaire comme dispositif de
prévention des risques
La première motivation à la mise en place
d'une réglementation bancaire, prudentielle fut-elle, est la
prévention du risque systémique. En effet, comme note Mesonnier
(2005), une hausse du niveau de capitalisation des établissements de
crédit est généralement considérée comme
facteur d'une moindre prise de risque individuelle d'une part et d'une
réduction du risque systémique d'autre part. Autrement dit,
compte tenu du risque de contagion des paniques bancaires4(*) et du coût social des
crises bancaires de dimension systémique ; coût qui n'est a
priori pas internalisé par les gestionnaires ou les actionnaires des
établissements de crédit lorsqu'ils déterminent le bon
niveau de capital « économique »5(*) il y a nécessité
de réguler les établissements de crédit. Ainsi par
exemple, la mise en place d'une assurance publique des dépôts
constitue une des réponses possibles à la fragilité
induite par un financement sous forme de dépôts à vue
liquides. Cependant, il est à noter qu'en présence d'une prime
d'assurance des dépôts forfaitaires ou prenant insuffisamment en
compte le risque, les incitations des banquiers à une prise de risque
accrue augmentent. L'imposition de contraintes réglementaires en capital
apporte alors une solution (au moins partielle) au problème
d'aléa moral posé par la réduction des incitations des
déposants à contrôler les banques.
b) Réglementation bancaire ou la volonté
de protéger les déposants
Une autre motivation à la mise en place d'une
réglementation bancaire tient à la possibilité d'utiliser
les ratios réglementaires en capital6(*) pour définir un seuil d'intervention du
régulateur dans la gestion d'un établissement de crédit
faisant défaut. Cette proposition peut être avancée sur la
base du modèle de « représentation des
déposants » de Dewatripont et Tirole (1994). Dans ce cadre,
les déposants atomisés et peu informés ne sont pas en
mesure de surveiller les banquiers et ont besoin de se faire représenter
par le régulateur. En outre, les bénéfices privés
des banquiers sont réduits lorsqu'un contrôleur intervient parce
que les résultats se dégradent. Une organisation optimale du
contrôle des banquiers est alors envisageable, où celle-ci est
confiée aux actionnaires lorsque les performances de
l'établissement bancaire sont bonnes, et rétrocédés
au régulateur lorsqu'elles se dégradent, ce qui se manifeste par
une diminution de la solvabilité. En effet, du fait de la
convexité de la fonction de rendement des actionnaires par rapport aux
profits réalisés, écrit Mesonnier (2005), ceux-ci sont peu
interventionnistes.
Par ailleurs, leur biais en faveur du risque augmente lorsque
la richesse nette de l'établissement bancaire diminue. L'utilisation des
ratios de capital contraignants comme seuil annoncé de transfert du
contrôle au régulateur permet alors de protéger les
déposants contre la négligence des actionnaires et l'opportunisme
des banquiers.
En conclusion, la mise en place de ratios
réglementaires en capital est censée résoudre les
problèmes d'aléa moral associés à certaines formes
d'assurances des dépôts, contribuer à améliorer la
gouvernance des établissements bancaires et inciter les banques à
internaliser les coûts sociaux d'une prise de risque excessive7(*).
Si l'idée selon laquelle des ratios en capital plus
contraignants sont bénéfiques du point de vue du bien-être
social parait traduire assez bien l'intuition ; certains auteurs ont
toutefois avancé que des exigences en capital plus élevées
ont également un coût social, qui apparaît si l'on raisonne
en équilibre général, en ce sens qu'ils induisent une
réduction de l'offre de dépôts aux agents privés
(Gorton et Winston, 2000). Or, il est admis que les dépôts
fournissent un moyen de paiement irremplaçable pour les agents moins
informés et que la valorisation du capital bancaire, quant à
elle, est très sensible à l'information privée (Gorton et
pennachi cités par Mesonnier : 2005). Gorton et Winston (2000),
trouvent alors que le coût social du capital bancaire tend à
s'accroître en période de récession, c'est-à-dire
quand les fonds propres des établissements bancaires seraient plus
utiles pour absorber les pertes provisionnées. Ce qui fournit à
leurs yeux une justification à une attitude tolérante des
régulateurs (forebearance) vis-à-vis des établissements de
crédit temporairement sous-capitalisés, dans l'attente de
« temps meilleurs »8(*). En d'autres termes, le niveau des ratios en capital
doit déterminés en fonction des évolutions conjoncturelles
de l'économie.
c- La réglementation bancaire : une
nécessité pratique
La réglementation bancaire existe dans tous les
pays. Cette remarque tient d'abord au fait que les banques sont des
sociétés entièrement à part avec une structure
financière singulière. En effet, à la différence de
la dette d'une entreprise, celle d'une banque est plus importante en volume et
se désagrége en montant appartenant à un grand nombre
d'épargnants incompétents dans le contrôler et la gestion
d'un établissement bancaire. Toutefois, pour l'assurance du
dépôt la banque offre un dépôt optimal9(*) pour le client. En outre, elle
peut même payer une prime d'assurance sur ce dépôt. Par
ailleurs, les dépôts bancaires représentent une part
hautement appréciable de la masse monétaire en circulation dans
l'économie. Or, les Autorités publiques doivent pouvoir
contrôler cette masse monétaire. Cette exigence de contrôle
des dépôts et des sorties monétaires ou masse
monétaires justifie au sens de Zenabou
(2001 :76) : « le fondement de toute
réglementation bancaire ». En d'autres termes, la
réglementation bancaire a pour finalité de limiter le risque de
panique des agents économiques et défaillance bancaire (Goyeau,
Sauriat et Tarazi, 1995)
La nécessité pratique d'une
réglementation bancaire peut être aussi appréhendée
au regard de l'activité bancaire elle-même. En effet, la banque
procède à la transformation des dépôts qu'elle
collecte en moyens de paiements incontestables. Dans cette perspective, elle
sert au moins à deux choses : transférer les richesses entre
les agents économiques par un simple jeu comptable10(*) ; émettre des
créances sur elle-même en échange des créances sur
d'autres agents.
Une banque doit financer les investissements à
durées longs avec des ressources à durées courtes
(provenant de sa collecte de dépôts). Dans cette logique, sa
singularité réside d'abord en interne en ce sens que la
fourniture de ces deux services reste au demeurant apparemment inconciliables.
Ensuite, sa particularité peut être mise en relief par rapport au
marché du fait de la capacité qui lui est reconnue dans le
traitement des asymétries d'informations qu'elle rencontre dans les
opérations avec la clientèle, à travers des relations
personnalisées qu'elles nouent avec cette dernière. Enfin, une
autre singularité de la banque et non des moindres est son rôle
dans le processus de création monétaire à travers les
crédits qu'elle consent à l'économie.
Cette délicate activité, à elle
seule permet de comprendre et justifier la particularité de
l'activité bancaire11(*). Or, si cette activité n'était pas
singulière alors elle n'aurait pas raison d'être et de ce fait la
réglementation bancaire en serait lessivée de son contenue.
La réglementation bancaire peut être aussi un
moyen juguler l'inflation. En effet, un système bancaire non
réglementé ou totalement concurrentiel accroît l'offre de
monnaie dans une économie et par conséquent nourrit l'inflation.
Pour encadrer cette augmentation potentielle de l'inflation, écrit
Zenabou (2001 :77), « une discipline ou un ensemble de
règles à respecter constituant une partie de la
réglementation bancaire doit être
appliquée».
Enfin, toute crise ou faillite bancaire engendre
d'énormes coûts tant politique, économique ou social. En
effet, une faillite bancaire peut entraîner l'arrêt de la
production et/ou fermeture d'importantes entreprises relevant de son
portefeuille. Cette cessation d'activité entraîne indubitablement
l'arrêt de la production, la mise au chômage des employés.
Par ailleurs, prévient Zenabou (2007 :78), « Les
crises bancaires compromettent la qualité du service bancaire en
renchérissant les coûts de l'intermédiation et/ou du
crédit ». Cet auteur pense alors en guise de conclusion
que, « La réglementation bancaire permet à
chaque banque lors des crises financières de rétablir une
certaine équité entre les épargnants et les
créditeurs car elle détermine les conditions de liquidation des
diverses banques dans l'intérêt des divers clients ou intervenants
du système bancaire ».
B) QUELQUES THEORIES DE LA REGLEMENTATION
BANCAIRE
La désillusion du free-banking aux Etats-Unis entre
1837 et 1867(avec 104 faillites bancaires) ou la mise place d'un système
bancaire totalement libéralisé a posé le problème
des spécificités ou des risques propres à
l'activité bancaire (Rockoff cité par Zenabou, 2001). Les
mouvements de déréglementation et les difficultés
financières des années 80 ont provoqué une
instabilité et une fragilisation des systèmes bancaires de
nombreux pays industrialisés et des pays en voie de développement
(Ziady, 1990). L'ampleur de l'instabilité des systèmes bancaires
a entraîné un mouvement international de re-réglementation
bancaire dans le but d'une meilleure gestion des risques encourus par les
établissements de crédit. Les nouvelles réglementations
bancaires ont adopté des mesures prudentielles de contrôle externe
et interne des activités bancaires et révélé les
limites de l'assurance-dépôt.
D'une manière générale, on distingue
généralement dans la théorie financière, cinq
formes de réglementation bancaire : le cloisonnement des
activités bancaires, l'assurance-dépôt, les ratios
prudentiels, la répression financière et la libéralisation
financière.
1- Le cloisonnement des activités
bancaires
Le cloisonnement des activités bancaires a
été l'une des premières formes de répression ou de
restriction des activités bancaires apparue au début du 20
ème siècle aux Etats-Unis. Il a constitué une mesure de
protection de certains Etats, une protection contre la concurrence destructrice
et la constitution des grands groupes ou des monopoles.
Le cloisonnement des activités bancaires consiste
à agir sur la structure financière de l'établissement
bancaire en séparant ses activités. L'objectif principal
visé par cette pratique est de faire éclater
l'établissement en un ensemble de structures autonomes. Dans une
perspective théorique en effet, le cloisonnement des activités
bancaires dissocie la gestion des moyens de paiement à la gestion des
crédits. Toutefois, en pratique, chaque activité dissociée
de l'institution financière peut être gérée par une
société spécifique ou une structure ayant son organisation
propre.
D'une manière générale, le
cloisonnement des activités bancaires transforme l'ancienne banque en
une firme bancaire sous la forme d'un holding12(*). Le Mac Fadden Act et le Glass Steagall Act mis en
place aux Etats-Unis restent les cas les plus cités de cloisonnement des
activités bancaires. Ainsi simplement, le Mc Fadden Act procède
à un cloisonnement géographique et le Glass Steagall Act conduit
à une séparation fonctionnelle des activités.
2- L'assurance-dépôt
Les crises financières et les faillites des
institutions bancaires, écrivent Goyau, Sauriat et Tarazi cités
par Zenabou (2001), entraînent le plus souvent des courses aux guichets.
Les différents déposants veulent souvent en cas de
difficulté d'un établissement bancaire retirer le plus rapidement
possible leurs épargnes pour les placer dans des institutions bancaires
rentables. Les courses aux guichets peuvent, par effet d'entraînement,
exposer d'autres établissements du système bancaire à des
difficultés particulières.
L'assurance-dépôt est un dispositif qui agit
sur la contrainte de liquidité de tout établissement de
crédit dans l'optique de consolider la liquidité du
système bancaire. D'après Diamond et Dybvig (1983), la
nécessité d'un tel dispositif dans un pays réside dans le
fait qu'un tel dispositif aide à supprimer les incitations aux
ruées des déposants lorsque notamment ces derniers s'interrogent
sur la qualité spécifique de leur banque.
Autrement dit, c'est un moyen d'instaurer la confiance dans le
système bancaire et donc un tremplin dans une optique de stabilisation
du système bancaire.
Cette responsabilité dévouée à
l'assurance-dépôt a toujours été rappelée de
tout temps, surtout lors des crises financières avec les faillites
bancaires ou l'effondrement de tout le système bancaire. Par exemple, la
grande dépression des années 30 aux Etats-unis a
révélé que l'assurance-dépôt pouvait jouer un
rôle de premier plan dans la stabilité du système bancaire
Américain. D'ailleurs, cette grande dépression a permis une
évolution remarquable du système d'assurance-dépôt
fédérale dans ce pays dans une logique de stabilisation du
système bancaire pour éviter la récurrence des
conséquences néfastes des faillites bancaires. Car en effet, de
nombreux américains ont perdu la totalité de leurs
dépôts et de leurs épargnes- retraites lors de cette crise.
Cette image persiste encore aujourd'hui aux Etats-unis et explique en partie
l'attachement des américains à l'assurance-dépôt
fédérale.
D'une manière générale,
l'assurance-dépôt vise principalement trois objectifs :
Ø d'abord, elle permet de rassurer les
épargnants ou les déposants sur la disponibilité de leurs
avoirs financiers. En fait, elle transforme le contrat Ø bancaire en un
contrat optimal contre l'illiquidité et dissuade les clients de la
course aux guichets ;
Ø ensuite, elle réduit le risque de perte des
dépôts sans produire de changement sur les taux
d'intérêt servis sur les dépôts. Dans les agences
à forte aversion au risque, l'assurance-dépôt est souvent
préférée au contrat privé. De façon
explicite, même si les taux servis sur les dépôts sont
élevés et les agents économiques sont adverses au risque,
l'assurance-dépôt est largement préférée par
les agents pour se couvrir des problèmes éventuels des faillites
bancaires. Par contre, l'assurance-dépôt n'a pas une incidence
directe sur les taux d'intérêt servis sur les
dépôts ;
Ø enfin, elle minimise les effets d'une
asymétrie de l'information sur les risques bancaires ; elle
protége les petits épargnants incapables d'acquérir des
informations fiables sur le fonctionnement et sur la situation
financière d'un établissement financier.
3- La répression financière
La politique de répression financière a
été définie par Fry (1995) comme une politique
financière se manifestant par le contrôle direct des
activités d'intermédiation bancaires par l'Etat à travers
le plafonnement des taux d'intérêt nominaux, l'encadrement de
crédit et/ ou la constitution des réserves obligatoires
faiblement rémunérées.
D'une façon générale,
l'interventionnisme de l'Etat dans le secteur bancaire vise à promouvoir
le financement du développement par des mécanismes incitatifs.
Cette manoeuvre peut servir d'une part au financement facile des
dépenses publiques ou d'autre part à allocation des ressources
vers des activités jugées prioritaires. Dans cette optique,
l'Etat dispose d'un panel d'instruments pour la réalisation de
l'objectif qu'il s'impose dont notamment les réserves obligatoires,
l'encadrement du crédit et le taux d'intérêt.
3.1.1- la restriction des taux
d'intérêt
En choisissant d'imposer les restrictions sur les taux
d'intérêt ; les pouvoirs publics recherchent une
adéquation entre le volume des ressources et les besoins de financement
d'une économie. Bon nombre de pays en développement en ont
d'ailleurs fait écho favorable à cette politique de gestion des
taux au cours des années 1970 (Fry, 1995). Le but étant ici pour
les autorités monétaires de mettre en place une
intermédiation financière favorable à la mobilisation et
à l'allocation optimale des fonds prêtables. Dans cette
perspective, l'interventionnisme des autorités publiques se fait
à travers la fixation des seuils aux conditions débitrices et
créditrices des banques et autres établissements financiers.
Stiglitz cité par Mohamadou (1994) reconnaît
que certains types de restrictions financières à l'instar des
plafonnements des taux d'intérêt sur les dépôts sont
susceptibles de réduire les problèmes de hasard moral et de
sélection adverse. Dès lors, le plafonnement des taux aurait
comme vertue d'encourager le développement de l'intermédiation en
accroissant la solidité du système bancaire et financier.
De même, en limitant les taux d'intérêt
sur les dépôts en dessous du taux d'équilibre
concurrentiel, les autorités créent une rente
d'opportunité que le secteur bancaire peut utiliser comme un instrument
de concurrence qui est à même de faciliter la mobilisation des
dépôts, ce qui accroît l'approfondissement financier (Aretis
et al cités par Mohamadou, (2004)).
Par ailleurs, à travers les plafonds des taux
d'intérêt nominaux sur les crédits, l'Etat cherche à
faciliter notamment aux investisseurs ainsi qu'aux grandes entreprises
publiques et privées les conditions d'emprunt. Cependant, note Fry
(1995), les taux débiteurs étant imposés, la limitation
des conditions créditrices s'est révélée être
une obligation dans la mesure ou il était question pour les
autorités monétaires de maintenir une certaine structure
hiérarchique des taux d'intérêt. Ainsi, ces conditions
créditrices sur les taux sont censées représenter le
coût maximum que doivent supporter les institutions dans une logique
d'intermédiation efficace.
Calomiris et Himmelberg cités par Mohamadou (2004),
trouvent en définitive que ces politiques, à travers les
restrictions sur les taux génèrent la possibilité de
rationnement de crédit aux profits des priorités nationales
clairement définies à travers les programmes d'encadrement de
crédit. Ces auteurs affirment que des gouvernements ont
réalisé avec succès la canalisation du crédit vers
les projet à rendement social très élevé ;
projets qui ne seraient pas profitables avec des taux d'intérêt
élevés qui d'habitude ont cours sur un marché de
crédit libéralisé(Mohamadou,2004 :11).
Toutefois, les contempteurs de cette théorie
trouvent en elle un facteur de blocage du processus d'intermédiation
financière, de limitation de l'épargne financière non
liquide et un handicap à l'accumulation du capital productif. Pour lever
ces obstacles, Mc Kinnon et Shaw préconise dans le sillage de Gurley et
Shaw (1960) de libéraliser les taux d'intérêt pour
accroître le développement financier.
4- La libéralisation
financière
La libéralisation financière proposée
comme alternative à la répression financière se donne pour
objectif l'approfondissement financier et l'amélioration de
l'affectation des ressources.
4.1-La libéralisation financière et
l'approfondissement financier
La libéralisation financière par
l'appréciation du taux créditeur et l'amélioration de la
capacité des banques à diversifier les services offerts aux
épargnants est censée favoriser l'approfondissement financier.
Cependant, l'effet de cette politique sur la mobilisation de l'épargne
est incertain pour deux raisons essentielles. D'une part à cause du lien
entre les niveaux des taux d'intérêt et l'épargne qui
lui-même est ambigu ; d'autre part parce que la
libéralisation financière est, précise Mohamadou (2004),
« un phénomène multidimensionnel ».
Ainsi pour Bandiera et al cité par cet auteur, l'accroissement
de l'accès au crédit de consommation ou de logement peut autant
réduire l'épargne des ménages que l'accroître.
4.2-Libéralisation financière et
mobilisation de l'épargne
Selon Ogaki cité par Mohamadou (2004), l'importance
de la variation des taux réels sur l'épargne dépend du
niveau de revenus national. Plus ce niveau est bas, moins forte sera la
mobilisation de l'épargne. Or, dans les pays en développement, le
niveau de revenu est bas. Il est à penser que la libéralisation
financière n'aura a priori pas d'influence sur la mobilisation de
l'épargne par le circuit officiel. En d'autres termes, la condition
nécessaire à l'augmentation de l'épargne est que les
agents non financiers aient des seuils de revenus supérieurs au niveau
de subsistance. Deaton cité par Mohamadou (2004 :26)
atténue l'ampleur de cette relation. En effet cet auteur trouve dans son
modèle que l'incertitude peut inciter à une constitution
d'épargne hautement appréciable. Il argue de ce que seul le motif
de précaution favoriserait la constitution d'un tel niveau
d'épargne.
4.3-Libéralisation financière comme
amélioration de l'offre des capitaux
Dans la théorie de l'intermédiation bancaire
optimale, les intermédiaires financiers essentiellement bancaires sont
censés favoriser l'allocation des ressources en favorisant la gestion
des risques à travers, d'une part, une meilleure gestion du risque de
liquidité et l'évaluation optimale des projets d'investissement,
d'autre part.
4.3.1-La gestion du risque de
liquidité
Selon Mohamadou (2004), le risque de liquidité
apparaît lorsque les agents non financiers, pour satisfaire leurs besoins
de liquidité, peuvent être obligés de se débarrasser
des investissements longs. Ainsi, la liquidation prématurée aura
pour conséquence une baisse du rendement attendu. Selon Diamond et
Dybvig (1983), les agents non financiers, afin d'éviter cette perte,
sont amenés à préférer des investissements courts
et moins rentables. L'apport des intermédiaires financiers face à
ces appréhensions serait de rendre optimale l'allocation des ressources
en prévenant ces liquidations prématurées.
4.3.2-L'accroissement de la rentabilité des
investissements
Un système financier efficace permet une
réduction des coûts liés à la recherche
d'information sur l'évaluation et le financement des projets
d'investissement. Sans intermédiaires financiers, la probabilité
d'investir dans des projets faiblement productifs serait importante. Les
établissements de crédit permettent ainsi aux agents
économiques de réduire ces coûts grâce à leur
spécialisation dans la recherche, la fourniture et collecte de
l'information. Les coûts individuels devenant faibles, il se
développera des services d'évaluation des projets
d'investissement et par la même occasion une baisse de la
probabilité d'investir dans les mauvais projets (King et Levine,
1993a).
4-4- Quelques critiques à la
libéralisation financière
La première diatribe formulée à
l'encontre de la libéralisation est hypothèse qui lui est
assortie. En effet, l'hypothèse suppose une relation croissante entre le
taux d'intérêt réel et l'épargne. Pourtant cette
relation de croissance est loin d'être évidente. Car en
réalité, elle comporte deux effets tranchés ; l'effet
de substitution et l'effet de revenu. L'effet de substitution implique un
accroissement de l'épargne lorsque la rémunération de
cette dernière s'apprécie. L'effet de revenu produisant un effet
opposé à l'effet de substitution car impliquant une relation
décroissante entre l'épargne et le taux d'intérêt
réel. Or, une augmentation d'un taux d'intérêt
entraîne une diminution des revenus sur le marché des biens. Ce
hoquet pourrait bien constituer un argument essentiel pour comprendre les
tribulations de la libéralisation bancaire et financière au
travers des plans d'ajustement structurel (PAS).
De même, la libéralisation financière
suppose que tous les marchés financiers sont parfaits. Pourtant des
auteurs comme Stiglitz et Weiss (1981) dans leurs travaux ont
démontré que, même dans les marchés très
compétitifs et notamment du crédit, il y existe toujours un
rationnement du crédit. Pour ces auteurs, la majorité des
marchés de crédit montre des imperfections structurelles du fait
qu'ils ne soient pas des marchés à part entière. En effet,
les produits échangés dans le marché du crédit sont
des fonds auxquels sont assortis des promesses de rendement futur. En
réalité les fonds ne sont pas des biens normaux ou banaux. En
outre, ils présentent des risques subordonnés à
l'évolution économique et financière. Dans cette
perspective, la fluctuation des risques pose la question des moyens de collecte
et de gestion de l'information économique et financière.
Or, s'il est admis qu'a chaque risque est attachée
une information sinon imprévisible du moins aléatoire, non
maîtrisée, l'imperfection de l'information peut entraîner
des contrecoups. C'est ce qui fait sans doute dire à Zenabou
(2001 :105) que : « une information
imparfaite peut conduire les banques à augmenter anormalement les taux
créditeurs et à sanctionner ainsi tous les débiteurs comme
des clients non sûrs. Autrement dit, l'auteur pense que
l'imperfection de l'information peut pousser les entreprises à
vouloir réaliser les projets plus risqués et
rémunérateurs à cause du niveau des taux
d'intérêt. Par ailleurs renchérit-elle, une banque
peut plutôt attirer des mauvais emprunteurs peu sensibles aux taux et
n'étant pas capables de rembourser plus tard leurs crédits.
Aussi, conclut-elle, ces problèmes informationnels peuvent pousser
les banques à éviter aussi de nouveaux emprunteurs perçus
comme trop risqués et entraîner une mauvaise allocation des
ressources du secteur bancaire et une distorsion des activités
bancaires ». Corroborant cette approche, Cho cité par
Zenabou (2001) démontre dans ces travaux que la cohabitation entre taux
d'intérêt libre ou flexible et asymétries d'informations
dans un système financier donné débouchent indubitablement
sur une allocation inefficiente du capital.
Habituellement, la hausse des taux d'intérêt
suite à la libéralisation financière ne reste pas sans
conséquence pour les agents économiques hors du circuit bancaire
et financier. Aussi est il souvent préconisée une période
de transition qui vise notamment à permettre aux ménages et
entreprises d'une part et à l'Etat d'autre part de s'adapter aux
nouveaux niveaux de taux. En effet, les établissements de crédit
sont en permanence à la recherche d'une gestion actif/ passif optimale.
De ce fait, une augmentation imprévue des dépôts par
exemple, nourrie par la libéralisation, oblige les
établissements de crédit à rechercher des voies et moyens
aux fins d'optimaliser l'allocation des crédits qui en découle.
Or la mise en oeuvre des voies et moyens pour faire face à cet afflux de
dépôts à un coût qui peut conduire à la baisse
de la marge bénéficiaire et partant la rentabilité de
l'établissement bancaire si d'aventure les emprunteurs ne se bousculent
pas aux guichets dudit établissement.
En définitive, la libéralisation bancaire
et financière comporte de nombreuses limites qui affectent la
sphère bancaire et financière. Aussi a-t-on
préconisé en guise de solution à ces limites, sinon une
période transitoire du moins l'intervention des pouvoirs publics dans
l'optique d'assainir le secteur ainsi que l'environnement de l'activité
bancaire. Cette période de transition est en réalité celle
de restructuration du secteur bancaire (Bekolo-Ebe in Touna mama,
1998)13(*), de la
création et la mise en oeuvre d'une nouvelle réglementation
bancaire qui peut être prudentielle
5- La réglementation bancaire
prudentielle
La crise bancaire de la fin des années 80 au
Cameroun, les mouvements de déréglementation en Europe au cours
de la même période ont attiré l'attention sur la
réglementation bancaire. En effet, ces soubresauts ont permis de
déceler le rôle important de la réglementation sur
l'activité bancaire en insistant pour la cause sur la meilleure gestion
possible des risques individuels encourus par les établissements de
crédit. Il n'est cependant pas redondant de rappeler que la
sphère bancaire constitue une source considérable de risque
notamment systémique pour la simple raison qu'il y règne des
interactions entre les établissements de crédit. Bien plus, les
conséquences d'une faillite bancaire dépassent souvent le cadre
de la sphère bancaire pour s'étendre rapidement à
l'économie réelle du fait que les établissements
bancaires sont garants des moyens de paiement. Dès lors, une quelconque
difficulté est susceptible de mettre en danger l'économie
monétaire et la sécurité du secteur financier.
Du point de vue macro-économique, la
spécificité des établissements bancaires tient dans le
rôle que ces derniers jouent dans le processus de création
monétaire par le biais des crédits accordés. Ainsi, les
diverses spécificités d'un établissement de crédit
et les risques encourus dans son fonctionnement ont conduit à l'adoption
de la réglementation prudentielle dans les grandes économies afin
d'en assurer la stabilité de leurs secteurs bancaires d'une part et
d'apporter la sécurité aux agents économiques d'autre
part.
En générale, la réglementation
prudentielle se fixe comme objectif de diminuer la probabilité de
faillite bancaire. En outre, la réglementation bancaire prudentielle par
des ratios prudentiels suppose que la probabilité de faillite bancaire
est une fonction décroissante de la capitalisation. La
réglementation prudentielle bancaire se décline
généralement en système de ratios prudentiels ou en
système prudentiel optimal.
5.1-Le système des ratios
prudentiels
L'activité des banques est importante dans le
fonctionnement économique d'un Etat. En effet, elle occupe une place
majeure dans l'investissement par l'allocation de fonds sous forme de
prêts. L'imposition des standards minimums en matière de fonds
propres et liquidité aux institutions financières est de ce fait
indiquée. Cette dernière se fait habituellement par l'exigence
faite aux établissements de crédit de respecter un certain nombre
de coefficients calculés à partir de leur réalité
comptable. Les coefficients les plus usuels concernent notamment les fonds
propres, la division des risques ainsi que la surveillance de
liquidité.
Le coefficient (ratio) de fonds propres compare le
capital de la banque à tout ou partie de l'actif. Concrètement,
on se sert de deux ratios pour se faire une idée de la capitalisation et
de la couverture du risque. Lors de son utilisation, le ratio de capitalisation
compare les fonds propres de la banque au total de l'actif. Bien qu'il soit
facile à calculer sur la base de documents comptables fiables ; ce
ratio souffre d'une insuffisance grave due au fait que dans son calcul on
intègre sur un même plan des actifs avec des risques
hétérogènes.
C'est pour remédier à cette insuffisance que
l'on ajoute dans l'analyse le ratio de solvabilité ou de couverture de
risque. Le calcul de ce ratio est un rapport des fonds propres de
l'établissement à l'ensemble des actifs pondérés
par un coefficient.
Les appréhensions des pouvoirs publics à
l'égard du système bancaire trouve une justification en ce sens
que : d'abord la recherche effrénée d'une
rentabilité forte par les établissements de crédit peut
inciter ces derniers à investir dans les actifs à haut
risque ; ensuite la sensibilité à l'aléa moral du
portefeuille d'une banque est d'autant plus élevée que si
l'établissement a très peu ou pas diversifié ses
investissements ; enfin l'implication forte des banques dans les affaires
d'un client ou d'une entreprise peut donner lieu à un effet de contagion
débouchant fatalement sur la faillite d'une banque ou de tout le
système en cas de difficultés graves du client ou
l'entreprise.
Pour donc astreindre les banques à une
diversification de leurs activités, les autorités
monétaires leur imposent le respect d'un ratio de division de risque. Le
plus souvent, elles exigent des banques que les engagements envers chaque
client ne dépassent jamais 15% des fonds propres.
La liquidité bancaire quant à elle, figure
au centre des préoccupations des autorités monétaires et
bancaires. Cependant, elle reste difficile à standardiser. On peut
toutefois relever deux risques d'illiquidité : Le risque collectif
et le risque individuel d'illiquidité. Le risque individuel traduit
l'incapacité de la banque ou tout autre établissement financier
à réunir les fonds nécessaires au remboursement de ses
exigibilités. Il est généralement la résultante
d'un accroissement soudain des exigibilités de l'établissement de
crédit : à savoir la ruée aux guichets, la
difficulté et/ou l'incapacité de la banque à trouver des
fonds sur le marché des capitaux pour répondre aux
échéances(...).
Concernant le cas du risque collectif
d'illiquidité, c'est l'ensemble du marché interbancaire qui est
à court de liquidité du fait le plus souvent du rapatriement
impromptu des capitaux des banques étrangères ou
l'illiquidité des grands établissements financiers.
Face à cette menace, les autorités
monétaires obligent les établissements de crédit à
posséder un minimum de liquidité. En pratique, la norme la plus
utilisée est le rapport des actifs liquides sur les exigibilités.
Cependant, il convient de noter dans le calcul proprement dit de ce
ratio ; ce sont les pouvoirs publics qui définissent ce qu'ils
entendent par liquidités. Par ailleurs, ce ratio n'est pas standard.
Autrement dit, il varie suivant les années dans un pays ou d'un pays
à l'autre.
5.2 La réglementation prudentielle
optimale
Selon Zenabou
(2001 :63) : « l'économie de l'information
a fait nettement évoluer les diverses approches traditionnelles de la
réglementation prudentielle des banques ». Pour cet
auteur, l'économie bancaire doit beaucoup à l'économie de
l'information, car en effet les asymétries de l'information permettent
de comprendre l'émergence des intermédiaires financiers
bancaires. Simplement, il est question de dire que l'établissement de
crédit doit intégrer le fait que dans la diversité de ses
relations qu'il noue avec les agents intervenant dans le secteur
bancaire,nombre d'entre elles reposent sur les informations le plus souvent
asymétriques(Leland et Pyle, 1977).
Les asymétries d'information affectant les
opérations de crédit sont de deux types. Le premier type est
une conséquence de l'opacité des emprunteurs potentiels. Aussi,
la nécessité d'opérer une sélection entre les
projets d'investissement viendrait du fait que le risque et la
rentabilité des projets évoluent en sens opposé. En
pratique, cette sélection ne peut se faire que sur la base des
informations objectives caractéristiques de l'emprunteur ou du projet
à réaliser. Pour donc évaluer la probabilité de
défaillance d'un emprunteur, la banque se sert très souvent des
outils statistiques, des enquêtes à partir de quelques variables
importantes (revenu, situation familiale, âge...).
S'agissant des entreprises, la banque a recours à
l'examen attentif des bilans pour connaître la situation
financière, des études générales sur leurs
secteurs d'activité ou sur leur management (...). Si la banque constate
qu'elle ne possède pas toutes les informations nécessaires,
c'est-à-dire que l'emprunteur retient volontairement certaines
informations car connaissant sans doute mieux le niveau réel du risque
des investissements à engager alors la banque peut demander à
l'emprunteur de participer en partie par ses ressources propres à la
réalisation du projet d'investissement. Le deuxième type
d'asymétrie est l'action cachée ou l'aléa moral. En effet,
le résultat du crédit dépend aussi du comportement de
l'emprunteur après la signature du contrat de crédit. En
réalité, le débiteur peut ne plus être
intéressé par la réalisation du projet d'investissement.
Autrement dit, il ne s'engage plus de manière sérieuse à
la réalisation du projet. Il peut même se détourner du
projet et utiliser les fonds liés au crédit à d'autres
fins. De même, il peut réaliser le projet et s'en approprier les
revenus générés par le projet.
D'une manière générale, la
réglementation prudentielle optimale s'inscrit directement dans la
nouvelle théorie de l'intermédiation financière
basée sur les asymétries d'information. Selon Dewatripont et
Tirole cités par Zenabou (2001 :65) : «la
réglementation prudentielle optimale est tridimensionnelle
(investissements, fonds propres et informations) ». A ce titre,
elle doit d'abord pouvoir intégrer l'information car c'est le point de
départ pour déterminer ou connaître la qualité des
portefeuilles des banques ainsi que la détermination d'une contrainte
qualité. Ensuite, elle doit faire un arbitrage entre l'allocation
efficace du capital et l'extraction de la rente informationnelle. Il incombe au
régulateur d'inciter les banques à fournir et à rechercher
la meilleure information. Enfin, elle doit relier le montant des fonds propres
aux investissements. Dans cette logique, il est question de relier le montant
des investissements à la qualité du portefeuille prêts de
la banque à telle enseigne que le régulateur puisse effectuer
des évaluations fiables sur la base des informations peu
coûteuses et disponibles.
En conclusion, la réglementation prudentielle
optimale offre un visage tridimensionnel car elle intègre les
investissements, les fonds propres et la qualité des informations
confirmant ainsi que l'économie de l'information a réussi
à prendre en compte dans l'analyse certaines singularités
bancaires dans la réglementation bancaire.
SECTION II
CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL DE LA
CEMAC :
UNE VOLONTE DE SECURISER L'ACTIVITE
BANCAIRE
Depuis le début des années 1990, le
secteur bancaire et financier de la CEMAC a engagé un ensemble de
reformes financières visant le secteur bancaire, la bourse des valeurs
et, d'une manière générale, l'environnement financier. Ce
mouvement de modernisation a été engagé en réponse
à un contexte léthargique qui ne permettait plus au
système financier et bancaire de remplir convenablement sa fonction
principale à savoir une répartition efficace des
ressources.
Cette section se propose de présenter le dispositif
réglementaire et institutionnel de l'activité bancaire dans la
CEMAC. Pour ce faire, elle sera structurée en deux parties. La
première partie (A) présente les faits saillants
de la convention portant harmonisation de la réglementation bancaire
dans les Etats de l'Afrique centrale et, la seconde partie (B)
aborde le cadre réglementaire et institutionnel de la profession
bancaire au Cameroun.
A) DISPOSITIONS REGLEMENTAIRES ET INSTITUTIONNELLES
DE
L'ACTIVITE BANCAIRE DANS LA CEMAC
Soucieux d'harmoniser leurs politiques relatives à
l'activité et au contrôle des établissements de
crédit, les pouvoirs publics des pays de la CEMAC ont
élaboré un cadre général à l'activité
bancaire dans la sous-region. Ce cadre a été
matérialisé par la ratification de la Convention du 16 octobre
1990 portant création d'une Commission bancaire en Afrique
centrale14(*) par les
Etats membres de la CEMAC.
A ce jour, les activités des établissements
de crédit s'exercent dans la CEMAC sur la base des conditions
fixées par le document annexé à ladite convention et
faisant partie intégrante de cette dernière. Il est donc question
pour nous de s'attarder sur quelques points saillants de ladite Convention.
1-Dispositions liminaires
Les dispositions liminaires de la convention portant
harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l'Afrique
centrale se réfère à la définition et au contenu de
l'activité des établissements de crédit dans la
sous-région CEMAC. Dans cet esprit, les établissements de
crédit sont reconnus comme des organismes qui effectuent à titre
habituel des opérations de banque. Celles-ci comprennent en effet, la
réception de fonds du public, l'octroi des crédits, la
délivrance de garantis en faveur d'autres établissements de
crédit ainsi que la mise à la disposition de la clientèle
et la gestion des moyens de paiement15(*).
D'abord, sont considérés comme fonds
reçus du public, les fonds qu'une personne recueille d'un tiers,
notamment sous forme de dépôts, avec le droit d'en disposer pour
son propre compte, mais à charge pour elle de les restituer.
Ensuite, constitue une opération de crédit
pour l'application de la présente convention tout acte par lequel une
personne agissant à titre onéreux met ou promet de mettre des
fonds à la disposition d'une autre personne ou prend, dans
l'intérêt de celle-ci, un engagement par signature tel qu'un aval,
un cautionnement, ou une garantie.
Enfin, sont considérés comme moyens de
paiement tous les instruments, qui, quelque soit le support ou le
procédé technique utilisé, permettent à toute
personne de transférer des fonds.
2-Dispositions relatives à l'agrément des
établissements de crédit
L'exercice par des organismes de droit local et par des
succursales d'établissements ayant leur siège à
l'étranger, de l'activité reconnue aux établissements de
crédit (telle que définie à l'article 4 de la Convention)
est subordonnée à l'agrément de l'Autorité
monétaire, prononcé sur avis conforme de la Commission
bancaire.
Ainsi, il est stipulé que les établissements
de crédit ayant leur siège à l'étranger sont
autorisés à ouvrir sur le territoire des Etats signataires de la
Convention des bureaux ayant une activité d'information, de liaison ou
de représentation. L'ouverture de ces bureaux est subordonnée
à l'agrément de l'Autorité monétaire
concernée, sur avis conforme de la Commission bancaire.
L'agrément est prononcé par arrêté pris par
l'Autorité monétaire sur avis conforme de la Commission
bancaire.
Les établissements de crédit sont
obligatoirement constitués sous forme de personne morale à
l'exception des succursales des établissements de crédit ayant
leur siège à l'étranger. Le retrait de l'agrément
est prononcé par l'Autorité monétaire, soit à la
demande de l'établissement lui-même, soit d'office lorsque
l'établissement ne remplit plus les conditions auxquelles
l'agrément est subordonné etc. Tout établissement de
crédit dont l'agrément a été retiré entre en
liquidation. Celle-ci est prononcée d'office par les instances
judiciaires compétentes sur saisine soit de l'Autorité
monétaire, soit du liquidateur nommé pour les besoins de la cause
par la COBAC.
3- Dispositions relatives à l'agrément
des dirigeants et des commissaires aux comptes des établissements de
crédit
La Convention portant harmonisation de la
réglementation bancaire dans les Etats de l'Afrique centrale, stipule en
son article 18 que la direction générale des
établissements de crédit doit être assurée par deux
personnes au moins. Ainsi, pour ceux des établissements dont le
siège social est à l'étranger, ils sont tenus de
désigner deux personnes au moins, auxquelles elles confient la direction
effective de leur succursale sur le territoire de l'Etat signataire
concerné. De même, l'article 20 de ladite convention
précise que les opérationsdes établissements de
crédit sont contrôlées par au moins deux commissaires aux
comptes agréés. Ceux-ci procèdent à la
certification des comptes annuels, s'assurent et en attestent de l'exactitude
et de la sincérité des informations destinées au
public.
Par ailleurs, l'agrément des dirigeants et des
commissaires aux comptes est prononcé par arrêté pris par
l'Autorité monétaire16(*) sur avis conforme de la Commission bancaire, et
publié au journal officiel de l'Etat concerné. Le retrait de
l'agrément des dirigeants ou des commissaires aux comptes des
établissements de crédit est prononcé également par
l'Autorité monétaire lorsque les personnes visées ne
remplissent plus les conditions de leur agrément, soit à la
demande de l'établissement de crédit concerné.
4- Dispositions relatives à l'organisation de la
profession bancaire
Ces dispositions se réfèrent aux
modalités de création, d'organisation et fonctionnement des
Associations des établissements de crédit ainsi que des Conseils
nationaux de crédit.
Dans chaque Etat, précise en effet la Convention, tout
établissement de crédit est tenu d'adhérer à
l'Association professionnelle des établissements de crédit.
L'Association professionnelle des établissements de
crédit a pour objet la représentation des intérêts
collectifs des établissements, notamment auprès des pouvoirs
publics, l'information des adhérents et du public, l'étude de
toute question d'intérêt commun et l'élaboration des
recommandations s'y rapportant en vue, le cas échéant, de
favoriser la coopération entre réseaux, ainsi que l'organisation
et la gestion de services d'intérêt commun.
Les Conseils nationaux de crédit sont quant
à eux, des organismes consultatifs à compétence nationale,
chargés d'émettre des avis sur l'orientation de la politique
monétaire et du crédit ainsi que la réglementation
bancaire dans les conditions définies par la convention. Les Conseils
nationaux sont placés sous la tutelle de l'Autorité
monétaire ainsi que leurs compositions, organisations et
modalités de fonctionnement. Ils sont chargés d'étudier
les conditions de fonctionnement des établissements de crédit,
notamment dans leur relation avec la clientèle, et sont habilités
à proposer toutes mesures qu'ils jugent appropriées.
5-Dispositions relatives à la
réglementation et au contrôle
5.1- Dispositions relatives à la
réglementation des établissements de crédit
La réglementation des établissements de
crédit est élaborée par la Commission bancaire qui fixe
les règles qui régissent les différentes activités.
A cet égard, on note à l'article 32 que pour les
établissements de crédit assujettis à la Convention ils
sont astreints :
Ø aux conditions de prise ou d'extension de
participations directes dans d'autres établissements de crédit,
ces conditions sont définies en liaison avec l'Autorité
monétaire ;
Ø aux normes de gestion que doivent respecter ces
établissements en vue notamment de garantir leur liquidité, leur
rentabilité et l'équilibre de leur situation
financière ;
Ø au plan comptable, aux règles de consolidation
des comptes et à la publicité des documents comptables et autres
informations destinées tant aux Autorités compétentes
qu'au public ;
Ø aux conditions dans lesquelles ces
établissements peuvent prendre des participations et accorder des
crédits à leurs actionnaires, administrateurs et dirigeants.
Par ailleurs, les établissements de crédit
assujettis à la Convention sont tenus de transmettre à
l'Autorité monétaire, à la Banque centrale et à la
Commission bancaire, dans les formes et selon la périodicité
prescrites par celle-ci : les informations, les renseignements,
éclaircissements et justifications utiles à l'exercice de la
mission dévolue à ces Autorités.
5.2- Dispositions relatives au contrôle des
établissements de crédit
Le contrôle des établissements de
crédit assujettis aux dispositions de la convention est exercé
par la Commission bancaire dans les conditions prévues à
l'article 10 de la convention du 16 octobre1990 instituant la COBAC. On retient
à la lecture cet article que pour les établissements de
crédit assujettis, les commissaires aux comptes et toutes autres
personnes ou tout organisme dont le concours peut être requis sont tenus
de satisfaire aux demandes qui leur sont adressées dans le cadre
exclusif de ces contrôles. Par ailleurs, la Commission bancaire est
habilitée à adresser des injonctions ou des mises en garde aux
établissements assujettis ; à prononcer à leur
encontre comme à celles de leurs dirigeants ou de leurs commissaires aux
comptes des sanctions disciplinaires ; à leur nommer un
administrateur provisoire ou un liquidateur17(*).
B) CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL DE
L'ACTIVITE
BANCAIRE : QUELQUES SPECIFICITES
CAMEROUNAISES
Le cadre réglementaire et institutionnel de
l'activité bancaire au Cameroun ne peut être mieux
appréhendé s'il est pris en marge de la politique de
crédit au Cameroun. La politique de crédit consiste selon Dufort
et Gouault (1982), dans la manipulation délibérée d'un
certain nombre de moyens mis en oeuvre afin d'influencer les demandes de
consommation et d'investissement. Deux phases sont évoquées pour
mettre en relief la politique de crédit du Cameroun. Dans cette
perspective, Touna Mama (in Bekolo-Ebe, 2002 :87) parle d'une
phase destinée aux financements des investissements d'une part et d'une
phase de stabilisation macroéconomique d'autre part.
1- La politique de crédit au Cameroun de 1972
à 1988
L'objectif avoué de la politique de crédit
au Cameroun au cours de cette période est selon Touna Mama (in
Bekolo-Ebe, 2002 :87) : « le financement du
développement ». Dans cette logique, un ensemble de
moyens avaient été mis en oeuvre par les pouvoirs
publics.
1.1-Le cadre institutionnel
Le cadre institutionnel était constitué
d'organes ayant chacun compétences spécifiques dans la
définition et la mise en oeuvre de la politique monétaire en
général et de la politique de crédit en particulier
précise Touna Mama (in Bekolo-Ebe, 2002 :87).
On y retrouvait :
Ø le Conseil d'administration de la BEAC ;
Ø le Comité monétaire national ;
Ø le Conseil national de crédit ;
Ø le ministère chargé de la Monnaie et du
Crédit.
1.2- Les instruments
Les instruments de cette politique sont, rappelle Touna
Mama (in Bekolo-Ebe, 2002 :89) : « [...]
les instruments d'ordre quantitatif qui devaient influencer le volume des
crédits et les instruments d'ordre qualitatif qui devaient influencer
l'orientation des crédits ».
Les instruments quantitatifs, précise l'auteur,
sont :
Ø les taux d'intérêt
(différenciés et sélectifs) ;
Ø les avances au Trésor public (limitées
à 20% des recettes budgétaires de l'exercice
précèdent) ;
Ø les plafonds globaux de réescompte aux
banques ;
Ø le système de réserves obligatoires
(certaines rémunérés, d'autres non).
Quant aux instruments qualitatifs, ils devaient jouer pour
favoriser les secteurs ou les opérations jugées prioritaires pour
le développement par les pouvoirs publics (habitat social,
agriculture...). Aussi, des taux d'intérêt
préférentiels devaient leur être appliqués ainsi que
des plafonds globaux de réescomptes flexibles.
2- La politique de crédit de 1988 à nos
jours
La crise économique déclarée en 1987
et la signature d'un programme d'ajustement structurel(PAS) avec les
institutions de Bretton-woods notamment le FMI ; la politique camerounaise
de crédit a désormais comme objectif explicite la stabilisation
des finances publiques. A cet effet, il a été
élaboré un nouveau cadre institutionnel à
l'activité des acteurs financiers devant, pour leur part,
désormais oeuvrer à la réalisation de cette politique. Il
est donc question de présenter les instruments et moyens de la nouvelle
politique, d'une part, et le nouveau cadre institutionnel à
l'activité bancaire, d'autre part.
2.1- Moyens de la nouvelle politique de
crédit
2.1.1- Le cadre institutionnel
Le cadre institutionnel a été modifié
d'une part à travers la création de la Commission bancaire de
l'Afrique centrale et la décision d'accorder les pleins pouvoirs au
Gouverneur de la BEAC.
2.1.1.1- La COBAC
La ratification par l'Etat du Cameroun de la Convention du
16 octobre 1990 instituant la COBAC procède d'un double souci :
celui de mettre en place un nouveau système de supervision de
l'activité bancaire d'une part et celui d'harmoniser la
réglementation bancaire camerounaise avec celle des Etats de la CEMAC
d'autre part. La Commission bancaire de l'Afrique centrale, née de la
reforme de la Banque des Etats de l'Afrique centrale a un rôle de
contrôle et de sécurisation des activités bancaires. En
d'autres termes, elle doit contribuer à améliorer la
sécurité générale du système bancaire.
Créée par les conventions du 16 octobre1990 et du 17 janvier
1992, elle a d'une manière générale trois attributions
essentielles :
Ø la réglementation : elle édicte
les normes communément appelées ratios
La COBAC a édicté (09) ratios prudentiels
à ce jour (voir tableau ci-dessous).
Ø la surveillance et le contrôle : tous les
mois, les établissements de crédit sont tenus de lui adresser les
informations sur leur situation ;
Ø la juridiction : c'est l'organe juridictionnel
et ses décisions sont exécutoires de plein droit.
2.1.1.2- Le gouverneur de la BEAC
Le Conseil d'administration de la BEAC va le 16 octobre
1990 accorder un pouvoir absolu pour décider tant au niveau de la
communauté que dans les différents pays membres au Gouverneur de
la BEAC, notamment en se qui concerner la fixation des taux
d'intérêt. Dans le même ordre d`idée, le gouverneur
sera porté à la présidence du conseil d'administration de
l'institution.
2.1.1.3-Le Conseil national du crédit
(CNC)
Jusqu'en 1990, Le Conseil national du crédit est la
seule structure éditant les modalités relatives aux normes de
crédits accordés par les banques. Elle avait alors les pleins
pouvoirs pour exercer le contrôle du système bancaire mais aussi
de prendre des sanctions contre les banques transgressant les règles. Au
regard de cette mission, force est de reconnaître que le CNC a failli
à sa mission. En effet, sous son règne s'est
développée une distribution incontrôlée voir
désordonnée des crédits qui rapidement se sont
transformés en créances douteuses.
Toutefois à la faveur du décret
présidentiel No96/138 du 24 juin 1996 portant organisation et
fonctionnement du Conseil national du crédit, l'on peut retenir d'une
manière générale que le CNC est désormais un
organisme consultatif chargé de donner des avis sur l'orientation de la
politique d'épargne et du crédit, ainsi que la
réglementation bancaire. L'article 7 dudit décret stipule que le
CNC étudie et propose toutes mesures de caractère
général propres à : stimuler la mobilisation de
l'épargne nationale par le système bancaire et financier ;
optimiser l'allocation des ressources pour la réalisation des objectifs
économiques : renforcer la sécurité et l'efficience
du système bancaire et financier et à perfectionner
l'organisation des méthodes.
Tableau 1 : les normes prudentielles de la
COBAC
Intitulé
|
Normes COBAC
|
Ratio de liquidité
|
Minimum COBAC = 100%
|
Ratio de couverture des risques18(*)
|
Minimum COBAC = 8%
|
Ratio de transformation
|
Minimum COBAC= 50%
|
Ratio de couverture des immobilisations
|
Minimum COBAC= 100%
|
Ratio de capital minimum (Conformément au
décret présidentiel)
|
1.000. 000. 000 FCFA
|
Ratio de structure du portefeuille-credit
|
Minimum COBAC = 55%
|
Ratio de division des risques : -sur un même
bénéficiaire
-sur total engagement compris [15% ; 45%]
|
Maximum COBAC = 45%
Maximum COBAC =
800%
|
Ratio de participation :
- chaque
participation
- l'ensemble des participations
|
Maximum COBAC = 15%
Maximum COBAC =
45%
|
Ratio relatif à la surveillance des positions de
change : -position longue ou courte dans chaque devise
- entre
la plus élevé des sommes des positions
pondérées longues ou courtes dans l'ensembles des devises et
le montant des fonds propres
|
Maximum COBAC = 15%
Maximum COBAC =
45%
|
Source: COBAC
|
|
2.1.1.4- L'Association professionnelle des
établissements de crédit (APECCAM)
L'Association professionnelle des établissements de
crédit est un syndicat unique, auquel doivent adhèrer tous les
membres de la profession (banques, établissements financiers et autres
institutions financières). L'APECCAM a été
instituée au Cameroun à la suite de l'ordonnance
No85-02 du 31 août 1985 relative à l'exercice de
l'activité des établissements de crédit en son article
14
D'une manière générale, l'APECCAM est
un organe représentatif et consultatif. En effet, elle est
consultée sur toutes les décisions intéressant la
profession ; elle donne son avis sur les mesures d'inscription et de
radiation des établissements de credit par la COBAC. A cet égard,
elle représente la profession (les intérêts collectifs de
ses membres) auprès des pouvoirs publics, dont la Commission bancaire,
le Conseil national du crédit ainsi que le Ministère des
finances.
L'APECCAM est d'autre part selon l'article16 de ladite
ordonnance un organe, de transmission d'information à ses
adhérents et au public, d'étude de toute question
d'intérêt commun et d'élaboration de recommandations s'y
rapportant en vue le cas échéant de favoriser la
coopération entre réseaux ainsi que l'organisation et la gestion
de services communs.
2.1.2- Les instruments de la nouvelle
politique
De nouveaux instruments aussi bien quantitatifs que
qualitatifs ont été retenus :
Ø sous l'angle quantitatif, l'encadrement du
crédit est appliqué ; il vise à plafonner la
progression des concours de crédit. La programmation monétaire
quant à elle doit établir sur un an les prévisions des
agrégats monétaires et le montant maximum des encours de la
BEAC.
Ø sous l'angle qualitatif, on observe des changements
dans la structure des taux d'intérêt pour aboutir à la
libéralisation totale. Ainsi, les banques peuvent appliquer un taux
unique, négociable et donc flexible.
2.2- Quelques dispositions relatives à
l'activité bancaire au Cameroun
Les clarifications dans le secteur bancaire camerounais
sont apportées par trois 03 décrets (No90/1469 ;
No90/1470 ; No90/1471) signés par le
président de la République portant sur l'organisation de la
profession bancaire et abrogeant certaines dispositions antérieures de
l'ordonnance No85/002 du 31 août 1985 relative à
l'activité des établissements de crédit (modifié).
Ces décrets qui traduisent une certaine volonté des pouvoirs
publics de libéraliser l'activité bancaire au Cameroun avaient
cependant pour objectif : la redéfinition des établissements
de crédit ; la fixation du Capital minimum ; la
définition des conditions et des modalités des agréments
et des dirigeants des établissement de crédit.
2.2.1- La classification des établissements de
crédit au Cameroun
Le décret No 90/1969 du 09 novembre 1990
en son article 2 distingue trois catégories d'établissements de
crédit.
a) Les banques
Les activités des banques sont confirmés
comme étant celles relatives aux opérations de banque. Par
ailleurs, elles sont désormais habilitées à effectuer des
opérations telles que le change, la gestion des valeurs
mobilières, le conseil et assistance en matière de gestion
financière....
Elles sont dorénavant classées en banques de
dépôts (avec pour vocation de recevoir des fonds à vue et
à terme et d'effectuer des opérations de crédit) ou
banques spécialisées (pouvant à cet effet jouir d'un
statut spécial et ayant un champ d'activité clairement
défini).
b) Les établissements financiers
Les établissements financiers sont désormais
classés en 6 catégories :
Ø les établissements financiers de promotion de
la consommation ;
Ø les établissements financiers de promotion des
investissements ;
Ø les établissements de courtage
financier ; les établissements de factoring ;
Ø les établissements de recouvrement de
créances ;
Ø les établissements de factoring.
c) Les sociétés financières
d'investissements et de participations
Sont désormais considérées comme
sociétés financières d'investissements et de
participations, les entreprises dont l'objet social est :
Ø la prise de participation au capital des
sociétés dans les domaines financier, industriel et
commercial ;
Ø l'octroi des prêts ou d'avals à leurs
filiales pour le financement d'investissements d'intérêt
économique et social ;
Ø la garantie de placement et de vente dans le public
des titres des sociétés ;
Ø la gestion d'un portefeuille de valeurs
mobilières cotées ou non cotées ;
Ø l'appel au marché par voie d'émission
d'actions, d'obligations ou de bons d'équipement.
2.2.2- Le capital minimum des établissements de
crédit
Les dispositions relatives au capital minimum des
établissements de crédit sont contenues dans le décret
No 90/1971 du 09 novembre 1990 fixant le capital social minimum des
établissements de crédit. A la lecture dudit décret, il
ressort que tout établissement de crédit doit, à tout
moment, justifier à son bilan d'un capital social minimum fixé
comme suit :
v Banques : pour les banques un milliard
de FCFA
v Les établissements
financiers
Le capital minimum des établissements financiers a
été fixé selon la catégorie de
l'établissement. Il se décline comme suit :
Ø établissement de promotion des
investissements : 500 millions de FCFA ;
Ø établissement de promotion de la
consommation : 250 millions de FCFA ;
Ø établissement de factoring : 500 millions
de FCFA ;
Ø établissement de recouvrement des
créances : 250 millions de FCFA ;
Ø établissement de courtage financier : 200
millions de FCFA ;
Ø établissement de crédit-bail : 500
millions de FCFA.
v Les sociétés financières
d'investissements et de participation
Le capital social minimum exigible aux personnes morales
reconnues comme sociétés financières d'investissements et
de participation est 500 millions de FCFA.
Il convient en guisse de conclusion de préciser
que le capital social minimum exigible et de façon permanente aux
établissements de crédit au Cameroun doit être
entièrement libéré au moment du dépôt du
dossier contenant la demande d'agrément de l'établissement
concerné19(*).
CONCLUSION
Ce chapitre au travers des paramètres
développés vise à rendre compte de la
nécessité d'encadrer le système bancaire ainsi que ses
activités par l'entremise d'un cadre réglementaire et
institutionnel. Dans ce mouvement, une première articulation nous a
permis de justifier théoriquement la présence d'un cadre
réglementaire et institutionnel dans la sphère bancaire. Nous
avons dans une seconde articulation explorer le cadre réglementaire et
institutionnel des établissements de crédit dans la
sous-région CEMAC.
Il ressort de cette présentation que, du fait
même de l'importance économique que revêt le système
bancaire en général et ses activités en particulier, ce
dernier ne peut rester inorganisé. Dès lors, souhaitant assurer
la sécurité des déposants et de disposer des relais
économiques efficaces et fiables, les pouvoirs publics de tous les pays
chercher à contrôler et à organiser le système
bancaire. S'inscrivant dans cette perspective et soucieux d'harmoniser leurs
politiques relatives à l'exercice et au contrôle de la profession
bancaire, d'une part, et déterminés à asseoir le
développement de leurs économies sur un système bancaire
efficace d'autre part, les économies de la CEMAC ont institué une
Commission bancaire en Afrique centrale(COBAC) dont la mission principale est
de veiller à ce que les établissements de crédit
appliquent et respectent les dispositions législatives et
réglementaires prises aussi bien par les pouvoirs publics, la BEAC ou la
COBAC elle-même. Plus précisément, la Commission bancaire
est chargée de contrôler les conditions d'exploitation des
établissements de crédit, de veiller sur la qualité de
leur situation financière et de s'assurer du respect permanent des
règles déontologiques de la profession. Cependant, ces
dispositions à caractère supra nationale s'imbriquent aux lois
et règlements propres à chaque Etat membre de la
communauté et inhérents à l'activité bancaire.
Il revient maintenant d'examiner comment ces dispositions
réglementaires et institutionnelles influent, de manière
théorique, dans la prise de risque au sein d'un intermédiaire
financier.
CHAPITRE II
CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL COMME
DETERMINANT
DE LA DECISISON DE PRISE DE RISQUE : UNE REVUE
THEORIQUE
Le comportement de prise de risque au sein d'un
intermédiaire financière peut être influencé par les
caractéristiques de l'environnement réglementaire et
institutionnel d'un pays (Rojas-Suarez, 2000, 2001). En effet, comme le
relève fort bien Goldlewski
(2003 :26) : « l'environnement exerce un effet
significatif sur l'excès de risque, particulièrement les
mécanismes de régulation de l'activité bancaire et de
discipline réglementaire, ainsi que l'efficacité de l'Etat de
droit ». Ce constat qui découle d'une étude
menée auprès des grandes banques des pays
développés n'en n'est pas moins pertinent pour les structures
bancaires et financières des économies émergentes et/ou en
construction.
L'importance de la réglementation bancaire ainsi
que des institutions notamment celles relevant de l'Etat de droit,
réside sans doute aujourd'hui dans l'aide qu'elles apportent dans le
processus décisionnel de prise de risque dans les établissements
de crédit. Llewellyn cité par Goldlewski (2004) met en
évidence dans sa revue des principaux facteurs de crise bancaire
quelques caractéristiques communes à la majorité des
problèmes d'intermédiation bancaire dans le monde à
savoir : d'un point de vue réglementaire, une surveillance
insuffisante des structures des bilans et des processus d'analyse de gestion et
de contrôle du risque inefficace. Du point de vue institutionnel, une
structure incitative faible ou perverse, d'une part, et une transmission de
l'information insuffisante, d'autre part.
D'une manière générale, le cadre
réglementaire et institutionnel de l'activité bancaire au travers
des contraintes prudentielles peut déboucher au sein d'un
établissement de crédit sur l'adoption d'un dispositif efficace
d'encadrement et de prévention des risques (I), lequel dispositif
s'appuyant sur un environnement institutionnel de qualité peut conduire
à juguler de manière efficace les phénomènes
d'asymétries d'informations qui entravent le fonctionnement du
marché de crédit. (II)
SECTION I
FONDEMENTS MICRO-ECONOMIQUES DE LA REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE COMME MODELE D'ENCADREMENT DES RISQUES
Une demande de crédit effectuée par un
client d'un établissement bancaire n'implique pas pour autant une
acceptation automatique de ladite demande par le banquier (Galesne, 2004). En
effet, si les caractéristiques financières de l'entreprise
s'avèrent être un indicateur fiable quant à sa
capacité à honorer son engagement, selon Galesne
(2004) : « il n'en demeure pas moins que la nature de
la décision finale dépendra aussi du degré de
liberté d'action laissé à la banque dans le cadre de son
activité, et de ses caractéristiques ». C'est que,
la structure financière des établissement de crédit, en
particulier, le niveau des fonds propres des intermédiaires financiers
relève des mesures réglementaires présentées comme
la solution au problème posé par l'incitation des banques
à une prise de risque excessive. C'est sans doute pourquoi dans les
modèles récents de la réglementation prudentielle, la
formalisation de la réglementation prudentielle des
établissements de crédit évolue désormais vers
l'intégration, encore partielle cependant, des asymétries
d'informations indispensables à la compréhension de la
spécificité bancaire (Abdelhamid, 2004).
Bien que l'on puisse justifier l'imposition de contraintes
institutionnelles sur les fonds propres, l'efficacité de cette mesure et
partant de la réglementation prudentielle reste pour le moins
controversée. En effet, face à un resserrement de la contrainte
de fonds propres, la réaction de la banque peut prendre la forme d'une
réallocation du portefeuille d'actifs dans le sens d'un accroissement de
la proportion des emplois risqués et, par conséquent de la
probabilité de faillite. La réglementation basée sur les
fonds propres sera alors lessivée de son contenu puisqu'elle aboutit
à l'effet opposé à celui escompté par les
autorités monétaires. Cependant, certaines théories
(préférences des états, incitations, portefeuille...) ont
tenté d'apporter des éclaircissements au fondement de la
réglementation prudentielle. Il est question de les présenter
dans les développements suivants.
A) L'IMPACT DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE SUR LE
NIVEAU DES FONDS PROPRES
La réglementation bancaire est dite prudentielle,
affirme Banlet (2003), lorsque cette
dernière : « [...] vise à protéger
le système financier dans son ensemble et la sécurité des
déposants ». Bien que son rôle soit crucial dans la
fiabilité d'un système bancaire, elle ne reste toutefois qu'une
composant de la réglementation bancaire. Son objectif de
sécuriser et de stabiliser le secteur bancaire étant admis, le
choix des ses instruments demeure cependant controversé. De ce fait, une
analyse comparée de la littérature sur cette
réglementation semble être un outil méthodologique
indispensable.
Les spécificités des l'établissements
bancaires fondent leur réglementation. C'est donc sur leur
capacité à intégrer lesdites spécificités
que doit se juger la pertinence des différentes approches
théoriques. Les cadres d'analyse traditionnels (notamment la
théorie du choix de portefeuille) s'avèrent être mal
adaptés à la formalisation des spécificités
bancaires en raison de leurs hypothèses respectives de complétude
et de perfection des marchés financiers.
1-Les effets des exigences en capitaux propres sur la
prise de risques
La prise de risques se réfère en
général à toute activité bancaire susceptible
d'augmenter le risque de faillite par rapport à une situation initiale
(Naouar, 2006). La régulation par le biais des capitaux propres suppose
qu'un ratio élevé de capitaux propres réduit la prise de
risque par les établissements de crédit, ce qui par
conséquent entraîne une diminution du risque systémique.
Ci-dessous, nous allons présenter quelques
modèles de l'équilibre partiel, qui se distinguent principalement
par la prise en compte (l'approche de portefeuille) ou le rejet (l'approche des
incitations) de l'hypothèse d'asymétrie d'informations sur le
marché où opère la banque.
1.1-L'approche par la préférence des
états
La théorie de la préférence des
états suppose l'existence d'un système complet de titres
financiers contingents et d'un nombre fini des états de nature possibles
conditionnant les divers résultats de fin de période et d'une
responsabilité pour les actionnaires des banques. En se basant sur la
théorie de la préférence sur les états,
initialement développée par Sharpe (1978), Kareken et Wallace
(1978), Furlong et Keeley cités par (Sana, 2005) montrent qu'une banque
qui maximise sa valeur économique20(*) réduira toujours le risque de son portefeuille
pour répondre à une exigence réglementaire plus
sévère sur les capitaux propres. Autrement dit, ces auteurs
reconnaissent que la première réaction de l'établissement
bancaire est d'augmenter sa prise de risque en cas d'imposition par le
régulateur des contraintes en capital réglementaire
élevée. On peut alors envisager un effet global qui ne peut,
cependant, être qu'une réduction de la probabilité de
faillite dans la mesure où l'incitation à accroître le
risque diminue lorsque le levier autorisé augmente.
D'autres études relatives à
l'évaluation de l'efficacité d'une exigence réglementaire
sur les capitaux propres et à la détermination de son effet net
sur la probabilité de défaillance de la banque suggèrent
qu'une contrainte de capitalisation plus pesante s'associe à un risque
total plus faible. Selon Avery et Berger cités par Sana (2005), un ratio
(capitaux propres / actifs21(*)) plus élevé est associé à
une probabilité de faillite plus faible. Pour donc contrôler la
probabilité de défaillance de la banque, les autorités
peuvent imposer un certain nombre de règles sur la composition de son
portefeuille d'actifs. On cite, par exemple, l'interdiction formelle de
détenir une certaine catégorie d'actifs (actions, créances
de dernier rang...), et/ou des limites imposées à la
quantité détenue de chaque actif. Or, dans leur modèle par
exemple, Kahane, Blair et Heggestad cités par Sana (2005) montrent que
de telles restrictions entraînent un déplacement de la
frontière d'efficience (la variance augmente pour chaque niveau
d'espérance), ce qui de fait traduit un effet pervers de la
réglementation. Car on aboutit au paradoxe suivant : le risque
bancaire peut s'accroître du fait du respect de la réglementation
(Sana, 2005).
Toutefois, le débat théorique ne peut
être clos à ce niveau pour confirmer qu'une contrainte
réglementaire du capital est totalement inefficace. En effet, les
résultats des travaux similaires sont d'ailleurs controversés et
l'effet net de la réglementation des fonds propres sur le risque de
portefeuille toujours ambigu. Les règles de fonds propres ainsi que
celles de portefeuilles, peuvent donc se trouver dans l'incapacité
d'atteindre leurs objectifs. En fait, la contrainte de capital peut
entraîner des réallocations de portefeuilles dans le sens
d'emplois plus risqués, d'une part, et la contrainte sur la structure
des emplois peut conduire à des pertes en termes d'avantages de
diversification entraînant un levier plus élevé, d'autre
part.
1.2-L'approche de portefeuille
L'approche par portefeuille est assise sur le
modèle espérance-variance où le banquier n'est qu'un
gestionnaire de portefeuille animé d'une aversion pour le risque. En
effet, ce dernier compose son portefeuille à partir de plusieurs actifs
risqués et d'un seul type de dépôt risqué ou non
risqué22(*).
De façon générale, l'approche de
portefeuille analyse comment le ratio de capitaux propres doit être
lié avec le risque afin d'inciter les établissements bancaires
à choisir la stratégie de portefeuille désirée. Le
point de départ étant l'hypothèse selon laquelle il est
impossible d'éliminer tout le risque dans le secteur bancaire. Dans
cette logique, le ratio optimal des capitaux propres est simplement une
fonction croissante du risque de portefeuille (Hebbink et Prast cités
par Abdhelamid, 2004).
L'analyse théorique de l'activité bancaire
dans le cadre de la théorie des choix de portefeuille trouve son origine
dans les travaux de Pyle (1971), Hart et Jaffee (1974) et Kahane (1977). Ce
courant théorique approfondi par les contributions de Koehn et Santemero
(1980) et Rochet (1992) a pour principal objet d'analyser les comportements des
banques en terme de choix de portefeuille et dont de prise de risque. Cette
analyse se fait dans un contexte où le régulateur impose une
norme de solvabilité (ratio Cooke à présent k). L'enjeu
principal de cette démarche pour ces auteurs est de fournir les bases
d'une réglementation prudentielle efficace qui permette de maintenir le
risque de défaillance bancaire en dessous d'un seuil jugé
acceptable.
Dans cette approche, les banques sont assimilées
à des gestionnaires de portefeuilles opérant sur des
marchés incomplets, et dont les décisions sont contraintes par le
réglementation prudentielle. Lorsque le régulateur impose un
ratio k plus élevé, le risque bancaire diminue. Cependant, ce
résultat repose entièrement sur l'hypothèse forte selon
laquelle la banque accepterait une telle mesure sans modifier la composition de
son portefeuille. Or, une modification de k aura pour première
conséquence de déplacer la frontière d'efficience de
l'activité de la banque. En effet, lorsque k augmente, le levier
d'endettement de la banque diminue, ce qui tend à réduire la
rentabilité et le risque des portefeuilles qui lui sont désormais
accessibles. Rien n'assure alors que le nouveau portefeuille choisi corresponde
à une probabilité de faillite moins élevée. La
banque ou l'établissement financier peut alors être incité
à récompenser son portefeuille au profit d'actifs plus
risqués dans le but de restaurer, au moins partiellement, sa
rentabilité espérée.
De ces explications, il émerge que
l'efficacité de la réglementation prudentielle est alors
directement conditionnée par le degré d'aversion pour le risque
des banques. Si ce degré est relativement faible, le second effet (plus
k est élevé, plus le risque bancaire augmente) peut l'emporter
sur le premier et l'action du régulateur bien loin de prévenir le
risque bancaire pourrait au contraire l'accroître. La principale critique
à ces modèles basés sur la théorie des
portefeuilles est qu'ils sont essentiellement statistiques et donc ne
permettent pas de rendre compte à moyen et à long terme de
l'effet de la réglementation prudentielle sur la prise de risque.
1.3-L'approche des incitations
Les modèles de l'approche des incitations tentent
d'élucider la relation entre le ratio de capitaux propres et la prise
de risque par l'asymétrie d'informations présente à
plusieurs niveaux de l'activité bancaire et financière. En effet,
pour les modèles adhérant à l'approche d'une
réglementation à travers des incitations ; s'il y'a une
prise de risque excessive mettant en danger les établissements de
crédit, c'est parce que ces derniers sont incités à
adopter un tel comportement par l'environnement légal et
réglementaire.
Selon l'approche la plus répandue, les actionnaires
et les dirigeants des banques sont incités à prendre plus de
risques car la baisse des profits (et les pertes éventuelles)
liées à la montée de la concurrence réduit la
valeur économique de l'institution bancaire. Le coût de la
faillite étant minoré pour les actionnaires et les dirigeants des
établissements de crédit, ceux-ci sont incités à
choisir des stratégies plus risquées. Ce point a
été souligné par Besanko et Kanatas (1996). En effet, leur
modèle considère le comportement de la banque à
l'égard du risque en relation étroite avec deux problèmes
d'agence : premièrement, le problème entre les anciens
actionnaires (insiders) de la banque qui maximisent leur bien-être et
les nouveaux actionnaires (outsiders) qui se sont appropriés de
nouvelles émissions d'actions en vue d'augmenter la part de capitaux
propres du bilan ; et deuxièmement le problème entre les
insiders et les régulateurs.
Des développements présentés Besanko
et Kanatas (1996), il en découle que l'activité bancaire consiste
à faire des investissements par les « insiders »
dans les prêts risqués. Les financements nécessaires
à ces investissements provenant des dépôts (épargne)
et des capitaux propres des banques. Le surplus des
« insiders » est dégagé des prêts et de
l'assurance-dépots, laquelle, en cas de faillite subit tous les
coûts. L'assurance-dépôts offre donc indirectement des fonds
(des dépôts) à un taux nul et par conséquent
l'entrée en vigueur de la réglementation exige de la banque
qu'elle accroisse le montant de ses fonds propres (Sana, 2005).
Il en résulte que pour le même montant de
pertes, la banque a besoin de plus de capitaux propres, ce qui réduit le
surplus des insiders. Ce sont les outsiders qui compensent cette perte en
payant un prix sur le marché des actions émises par la banque. En
effet, la part des insiders dans les actions ayant diminuée, ils n'ont
plus d'intérêt à accroître leurs efforts, ce qui
réduit le prix d'équilibre des actions de la banque sur le
marché (Besanko et Kanatas, 1996). Le risque auquel s'exposent les
régulateurs et les assureurs diminuerait si la valeur du marché
de la banque s'accroissait malgré la baisse du prix des actions. Mais,
si l'effort des insiders avait nettement baissé, la valeur du
marché des capitaux propres aurait diminuée et les
régulateurs se seraient trouvés devant une banque en
difficulté. C'est à ce moment que le deuxième
problème d'agence intervient. En effet, le bien-être des
régulateurs et des assureurs se détériorerait si
l'augmentation du ratio de capitaux propres devait se faire. On peut donc alors
tout à fait imaginer que des dispositions, des accords ne seraient pas
appliqués.
Si la banque anticipe ce comportement des
régulateurs, il se peut qu'elle ne réduise pas sa prise de
risque. Il semble donc qu'en fonction de ces anticipations relatives au
comportement des autorités, une banque peut soit réduire soit
accroître le risque de son portefeuille et sa valeur de marché
(...). L'accroissement du ratio de fonds propres peut diminuer le risque
associé à un type de problème d'agence et
simultanément renforcer celui d'un autre type. Il serait en guise de
conclusion préférable de détenir des capitaux propres en
fonction des caractéristiques de chaque établissement de
crédit (Besanko et Kanatas, 1996).
Pourtant, le modèle de Santos cité par
Mesonnier (2005), infirme le résultat obtenu dans le modèle de
Besanko. Ce résultat procède du cadre d'analyse de cet auteur. En
effet, Santos cité par Mesonnier (2005) intègre dans son analyse
le rôle des asymétries d'informations au niveau des relations
entre l'établissement de crédit et la firme qui a besoin de
financement (l'effort de la firme c'est-à-dire l'apport en ressources de
la firme n'est pas observable), au niveau de l'établissement de
crédit et ses assureurs de dépôts. Pour Santos (1999), le
contrat optimal sur lequel se base le comportement des agents est
caractérisé par la détermination des paiements
(remboursement des traites liées au prêt) de la firme à la
banque en fin de période. Ces paiements dépendront du revenu du
projet. L'établissement bancaire en subissant les coûts
exprimés par le paiement des primes à l'assurance des
dépôts, va déplacer le risque de sorte que l'actif
risqué soit choisi par la firme qu'elle finance.
Ainsi, en choisissant un projet plus risqué,
l'entrepreneur de la firme serait incité à accroître son
effort en affectant ainsi positivement les rendements du projet. Si le ratio
de fonds propres devait s'accroître suite aux exigences des
régulateurs, il y aurait, en cas de faillite, une augmentation des fonds
propres perdus par la banque. Pour donc diminuer ses coûts issus de la
faillite, la banque ajuste son contrat de manière à rendre le
projet de la firme sûr. Cela pourrait s'obtenir en réduisant le
paiement demandé à l'entrepreneur, ce qui augmenterait les
profits et les efforts de ce dernier (Santos cité par Mesonnier, 2005).
Le corollaire de son analyse est alors la réduction de la
probabilité de faillite du projet de même que celle de
l'établissement bancaire.
Pour contourner le problème d'aléa moral
engendré par un système d'assurance des dépôts
à taux fixe et afin d'éliminer les effets pervers de la
réglementation du capital ou de celle du portefeuille des
établissements de crédit et repousser leurs limites dans la
maîtrise du risque, il a été suggéré que les
exigences en fonds propres devraient tenir compte non seulement de la valeur
des actifs des établissements bancaires mais aussi du niveau du risque
qui s'y attache (Flannery cité par Abdelhamid, 2004).
A l'analyse de ces travaux théoriques, il
apparaît que les études concernant la structure optimale d'une
réglementation du capital et les effets d'une telle
réglementation sur la prise de risque bancaire ont donné lieu
à des résultats contradictoires (Berger, Herrin et Szego, 1995).
Etant donné que la question de savoir si les ratios de capital
réduisent ou pas le risque bancaire n'a pas été
résolue dans la littérature, le seul moyen pour nous de
déterminer la relation entre capital (et dont réglementation
prudentielle) et risque dans le système bancaire et financier est de
l'étudier du point de vue empirique.
2- quelques validations empiriques de la
réglementation prudentielle
Les premiers travaux de recherche se proposant de
clarifier le débat portant sur les effets de la réglementation du
capital des banques et leur comportement en matière de prise de risque,
ont été ceux de Pelzman et Mayne cités par Abdelhamid
(2004).
Le principal objectif de ces travaux, qui, cependant
portent sur le système bancaire américain, était
d'analyser l'efficacité de la réglementation financière et
de tester l'idée selon laquelle, l'existence d'un système
d'assurance des dépôts basé sur une prime à taux
fixe incite les banques à prendre des risques excessifs. Le
surcoût desdits risques étant alors supporté dans ce pays
par la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC).
Les résultats de ces travaux peuvent rendre
sceptiques quant à l'efficacité de la réglementation du
capital en ce qui concerne l'incitation à augmenter les ratios de
capital et soulignent la nécessité de maîtriser l'effet
d'un système d'assurance des dépôts basés sur une
prime à taux fixe23(*).
A la suite de ces travaux pionniers, les études
analysant l'impact des contraintes réglementaires sur le comportement
des banques en matière de prise de risques (variation du niveau du
risque) et les variations du capital ont été ceux de Shrieves et
Dahl (1992), Jacques et Nigro (1997), Aggraval et Jacques (1997), Rime (2001),
Van Roy (2003), Yassen et Murinde (2004) et Goldlewski (2004).
Les résultats de ces différents travaux sont
divergents. En effet, ils ne confirment pas tous que les établissements
de crédit ont des activités davantage risquées. En effet,
Shrieves et Dalh (1992) ont trouvé une relation positive et
statistiquement significative entre la variation du niveau du capital et celle
du risque dans les banques américaines, respectivement sur les
périodes 1984-1986 et 1993-1997. Cette relation a également
été trouvé par Rime (2001) pour le cas des banques
suisses. La récurrence d'une relation positive entre le niveau du
capital bancaire et du risque suppose que les institutions bancaires disposant
de niveaux de risques élevés vont essayer d'accroître leur
capital afin d'éviter d'être pénalisées, mais aussi
que les banques ayant des niveaux élevés de capital vont
s'engager dans des activités risquées.
Utilisant une approche similaire, Jacques et Nigro (1997)
ont montré que l'introduction des standards de capital basés sur
le risque a entraîné une hausse significative des ratios de
capital et une baisse du risque de portefeuille des banques ayant
déjà satisfait les exigences réglementaires. Dans le
même ordre d'idée, Van Roy (2003) et Goldlewski (2004), ont
trouvé que les variations du capital et du risque sont
négativement reliés. Ces auteurs se sont apperçus que des
ratios élevés de capital n'entraînent pas un accroissement
du risque de crédit et donc une éventuelle instabilité
financière.
La question qui se pose à ce niveau est celle de
savoir si les résultats des travaux précités sont encore
valables à ce jour étant donné que
l'atténuation des distinctions entre les activités
exercées par les intermédiaires financiers et l'augmentation du
coût du capital sont de nature à encourager la prise de risque
excessive par les banques. En outre, la pertinence de ces travaux serait
davantage amplifiée si le contexte dans lequel l'intermédiation
se développe dans les pays en développement avait
été pris en considération.
Pour remédier à ces insuffisances et dans le
souci d'intégrer dans l'analyse les problèmes des marchés
émergents et des économies en construction, à
savoir : manque de transparence, manque de règles et de standards
comptables, des processus d'analyse de gestion et de contrôle du risque
inefficaces ainsi qu'une gouvernance inadéquate ; Rojas-Suarez
(2004) se focalise sur l'étude de l'efficacité de la
réglementation du capital sur le risque. Il se dégage de ces
travaux que la discipline de marché qui constitue un facteur essentiel
pour la stabilité bancaire et financière, est faible dans les
pays en développement et demeure largement sous l'influence de la
réglementation bancaire. En effet, selon Klapper et Love cités
par Goldlewski (2004), les pratiques réglementaires et de supervision
influencent énormément voir altèrent les mécanismes
de discipline. Elles peuvent dès lors être à l'origine de
l'excès de risque. Dans la même mouvance, Barth et al (2000), se
sont intéressés à la relation entre les différents
systèmes de régulation et de structure de propriété
et les performances des établissements de crédit. Ils ont
montré que l'imposition de restrictions sur les activités
bancaires affecte négativement les intermédiaires financiers. En
d'autres termes, plus le marché est contestable, plus la discipline de
marché est effective et peut agir sur le comportement en matière
de risque au sein des institutions bancaires.
Sana (2005) s'inscrivant dans la logique de
régulation par le marché ainsi développée par ces
auteurs, indique pour sa part que les établissements exposés
à un niveau de risque élevé pourraient alors choisir des
marges d'intérêt plus élevées dans leur élan
de financement de l'économie. Parallèlement, les
établissements peu rentables seraient tentés d'octroyer des
crédits davantage aléatoires et s'engager dans les
activités plus incertaines pour d'une part défendre leurs
rentabilités et d'autre part respecter les règles prudentielles
imposées par les Autorités monétaires. Par ailleurs, note
l'auteur, les banques disposant d'un ratio de capital proche du ratio
réglementaire peuvent être incitées à augmenter leur
capital et à réduire leur niveau de risque afin d'éviter
d'être pénalisées. Cependant, les établissements
bancaires sous-capitalisés peuvent être tentés de prendre
des risques excessifs dans l'espoir d'avoir des rendements élevés
qui les aident à augmenter leur capital.
En conclusion, un enseignement majeur se dégage des
travaux théoriques ainsi revisités notamment sur la portée
de la réglementation en capital dans les pays en développement.
Ces travaux montrent en fait que la réglementation en capital
apparaît efficace dans les pays en développement. Ainsi, il
apparaît que plus les restrictions sur les activités sont fortes,
plus le risque est réduit et plus la marge d'intérêt est
élevée. Autrement dit, une réglementation stricte en
capital conduit les établissements de crédit à
réduire leur risque et de ce fait semble donc implicitement ou
explicitement atteindre ses objectifs.
B) LA NOTION DU RISQUE BANCAIRE
L'importance des établissements de crédit
dans l'économie et l'intérêt majeur que leur portent les
pouvoirs publics ont déjà été soulignés de
nombreuses fois.
Compte tenu de la multiplicité des relations
financières liant entre elles les banques, la sécurité du
système dans son ensemble passe obligatoirement par celle de chaque
établissement pris indépendamment. Pourtant, les banques et
établissements financiers restent en permanence confrontés
à de nombreux risques. Certains sont cependant communs à
l'ensemble des entreprises, alors que d'autres sont spécifiques au
métier de banquier, mais en réalité, ils peuvent tous
avoir des conséquences graves. Les règles et les structures de
contrôles mises en place par les pouvoirs publics traduisent une
volonté, sinon de prévenir du moins limiter l'ensemble de ces
risques.
Il est question dans cette section de définir la
notion de risque bancaire (1), la diversité des risques
bancaires (2) et les conséquences émanant de ces
risques (3).
1-Qu'est ce que le risque bancaire
Le risque bancaire d'une manière
générale fait partie du paysage financier quotidien de chaque
pays avec notamment l'évolution changeante des taux
d'intérêt, les faillites et/ou les difficultés
financières de certaines institutions bancaires ainsi que
l'évolution de l'environnement économique national ou
international(...). En réalité, affirme Zenabou
(2001 :30) : « [...] la banque est une activité
risquée avec des conséquences potentielles
néfastes ».
Le risque est un danger ou un inconvénient
possible. En d'autres termes, c'est le fait de s'exposer à un danger en
vue d'un gain éventuel. Dans la sphère financière avec
laquelle les banques interagissent, la notion de risque a été
clairement appréhendée. Ainsi, par exemple, Peyrard
(2001 :221) écrivent que : « Le risque
indique la possibilité de perdre ou de ne pas gagner. Il est
mesuré par la variabilité du rendement d'un titre, d'un
portefeuille ou d'un projet ».
S'exprimant sur la notion de risque, Zenabou (2001 :30)
pense que : « Le risque est la probabilité qu'un
événement ou un ensemble d'événements se
produise ». Autrement dit, l'auteur pense que le risque renvoit
aux événements négatifs ou indésirables ou aux
situations malheureuses. Dans cette logique, on peut effectivement parler sans
trop se méprendre de risque dans le cas de la défaillance d'un
établissement bancaire ou de l'effondrement du système bancaire.
En général, la littérature sur les
faillites bancaires insiste sur deux cas possibles de survenance des risques
bancaires : les circonstances normales et les circonstances
exceptionnelles. Si la défaillance bancaire survient exclusivement dans
l'un ou l'autre cas, le risque bancaire, quant à lui, ne reste pas
moins étroitement lié aux circonstances exceptionnelles comme
pour mettre en relief son caractère probabiliste ou simplement
l'imprévisibilité de la faillite bancaire dans cette
circonstance(Zenabou,2001).
2- Le risque bancaire : une diversité des
origines
En dehors des risques communs à toutes les
entreprises (risques logistiques, juridiques, de malversations...), les banques
sont confrontées à une typologie spécifique de risques
inhérents à leurs activités. Il convient de noter que ces
risques ne sont pas purement hypothétiques et peuvent, lorsqu'ils se
réalisent, avoir de lourdes conséquences.
En matière d'activité bancaire, quatre types
de risques majeures peuvent être relevés : le risque de
contrepartie, celui de taux, celui de liquidité et celui de
marché. A ces risques s'ajoutent d'autres aux conséquences non
moins dommageables.
2.1.1-Le risque de contrepartie
Selon Garsuault et Priami
(1997 :180) : « C'est le risque à la fois
le plus dangereux et le plus courant pour une banque ». Il
s'agit en effet, du non-respect par un client de son engagement financier
à savoir, dans la majorité des cas, un remboursement de
prêt.
Plusieurs causes peuvent justifier la défaillance
du débiteur dont notamment :
Ø une malhonnêteté évidente
(escroquerie, abus de confiance...) ;
Ø un cas de force majeur surtout pour les prêts
consentis aux emprunteurs étrangers qui peuvent être
confrontés à des situations de guerre, de révolution, de
catastrophe naturelle... ;
Ø il peut aussi être question d'une
défaillance économique ou financière involontaire des
débiteurs tels que : le chômage pour particulier ou
dépôt de bilan pour une entreprise.
Des solutions ont étés préconisées
pour limiter la portée de risque au rang desquelles figurent la
diversification du portefeuille des prêts ; une bonne
appréciation préalable des risques ; une limitation et
division des engagements pris sur un même emprunteur ainsi qu'une
recherche éventuelle de garanties.
2.1.2- Le risque de taux
Ce risque ne se matérialise jamais lors de la
réalisation du crédit car, à un instant donné, il
serait impensable qu'un établissement de crédit prête
à un taux inférieur au coût de sa collecte. Le risque de
taux ne peut donc apparaître que dans le temps et uniquement si les
durées des emplois et des ressources ne sont pas parfaitement
adossées.24(*) Or,
dans la réalité, l'adossement parfait ne peut exister puisque la
fonction principale des banques est de transformer des ressources le plus
souvent à court terme, en emplois à long terme25(*).
Pour qu'une banque évite d'avoir une trop grande
exposition au risque de taux, il est souhaitable qu'elle limite son risque de
transformation26(*)
c'est-à-dire qu'elle s'efforce d'adosser au mieux la durée de ses
emplois avec celle de ses ressources.
Une autre solution consisterait pour la banque à
développer la part de sa collecte, mais surtout de ses emplois à
taux révisables, car ceux-ci vont évoluer corrélativement
aux taux du marché.
Une dernière solution consiste pour la banque à
couvrir son risque de taux en opérant sur les produits de marché
dérivés.
2.1.3-Le risque de liquidité
Comme toute entité juridique, un
établissement de crédit doit pouvoir faire face à ses
engagements. Pour cela, il doit être en mesure de parer à tout
moment aux décaissements éventuels de sa clientèle. S'il
ne le peut pas, il court un risque de liquidité.
Pour éviter une telle situation, un
établissement de crédit doit conserver une partie hautement
appréciable de ses emplois à court terme, afin de pouvoir les
récupérer à tout moment et faire face aux retraits
possibles de sa clientèle. Ainsi, conserver la liquidité de ses
emplois revient donc à éviter leur trop grande immobilisation ce
qui permet en particulier de comprendre l'analogie existante entre risque de
liquidité et risque d'immobilisation.
2.1.4- Le risque de marché
La fonction principale des banques sur le marchés
(financiers, dérivés, de devises,...) est d'intervenir pour le
compte de leur clientèle. Dans cette perspective, l'activité de
tout établissement de crédit est
« invisible » et ne fait courir aucun risque à
celui-ci (si oui un risque de non paiement de son propre client).
Toutefois, il serait impensable qu'un établissement de
crédit ne profite pas de la technicité de ses collaborateurs pour
réaliser des opérations pour son propre compte. Il peut
dès lors être amené à ouvrir des positions de change
dont le déblocage peut se révéler gagnant, mais aussi
perdant.
Cette recherche de profits supplémentaires
(extrêmement utile lorsque l'activité traditionnelle des banques
est atone) ne doit en aucun cas faire courir de risques excessifs. Il est
question, pour chaque établissement de fixer des règles de
fonctionnement et des limites strictes mais aussi d'en assurer un
contrôle périodique et rigoureux.
2.1.5-Le risque de solvabilité
La solvabilité d'une banque est sa capacité
à honorer ses dettes. Cette capacité dépend du niveau des
réserves ou des provisions par rapport à celui des
créances douteuses et litigieuses. L'incapacité d'une banque
à honorer ses engagements débouche le plus souvent vers une
ruée aux guichets, qui elle-même peut conduire à la
multiplication des paniques bancaires (Zenabou, 2001).
Dans la majorité des cas, la première
solution à savoir l'intervention de l'Etat ou de la banque centrale est
souvent privilégiée, encore plus lorsqu'il existe le risque de
contagion ou d'effet domino dans le système bancaire (Zenabou,
2001 :39).
2.1.6-Le risque opérationnel ou
organisationnel
Le risque opérationnel est lié au
fonctionnement interne des établissements de crédit et peut
découler de l'absence de dissociation claire entre les diverses
fonctions d'une institution bancaire. Cette absence de dissociation n'est que
le résultat d'une mauvaise organisation des activités dans la
banque. Le risque opérationnel quant à lui met en relief les
problèmes liés aux modèles de gestion internes
d'informations d'une banque à savoir la mauvaise diffusion de
l'information au sein de l'entreprise bancaire et/ou le manque des moyens de
traitement et de conservation des informations.
2.1.7-Le risque systémique
Le risque systémique englobe toute la sphère
bancaire. C'est le risque que l'insolvabilité d'une banque importante
entraîne l'impossibilité pour d'autres banques d'honorer leurs
engagements, d'où l'effet de domino ou effet de contagion (Fouda, 1999),
entraînant d'autres défaillances. Une des solutions retenue pour
prévenir ce risque est la mise en place d'un contrôle et d'une
surveillance externe des activités des banques. La création de la
COBAC en Afrique centrale se veut être une prompte réponse au
risque systémique, donnée par les Autorités
monétaires de cette sous-région.
2.1.8-Le risque de l'environnement
économique
La détérioration des conditions
économiques d'un pays peut conduire à des difficultés
financières, en particulier dans le remboursement des prêts. Ainsi
par exemple, les intermédiaires financiers ayant accordé des
crédits aux agents économiques de ces pays pâtissent de ce
que leurs débiteurs ne disposent plus d'assez de ressources pour honorer
leurs engagements (remboursements de leurs prêts). Le risque de
l'environnement économique est étroitement lié à la
conjoncture économique nationale et internaionale.
Ce risque est monnaie courante dans les pays en
développement qui sont restés dans l'incapacité de
rembourser leurs dettes publiques comme conclues. D'où la multiplication
d'initiatives, telle l'initiative PPTE (Pays pauvres et très
endettés), afin « réduire le risque de
l'environnement économique » (Zenabou, 2001 :37).
2.1.9-Le risque de fraude ou d'escroquerie
La fraude est régulièrement
désignée comme cause principale des faillites bancaires.
D'ailleurs, la perte de plus de 5 milliards d'euros par la
Société générale en France en 2007, consacre
l'existence permanente de pratiques frauduleuses tant dans les groupes
bancaires des pays développés que ceux des pays en
développement.
L'escroquerie quant à elle reste et demeure le
problème majeur des banques, car elles perdent et continuent de perdre
d'énormes quantités d'argent dans leur diverses activités.
En Afrique en général et au Cameroun en particulier, outre la
fraude et l'escroquerie, est venue s'ajouter la corruption qui a
amplifié la crise bancaire à la suite des faillites bancaires de
la fin des années 1980.
En fait, la fraude bancaire découle principalement
de trois facteurs : la mauvaise gestion ou le mauvais travail des
dirigeants et des employés de la banque, la faible performance des
établissements de crédit, l'instabilité du système
bancaire et l'insécurité de l'environnement économique.
2.2- Le choix du niveau de risque d'une
banque
En parcourant les différents risques reconnus dans
la théorie bancaire, il se dégage que la banque est bien une
activité risquée et de risque. Cette présentation
révèle simplement le caractère endogène du risque
bancaire. Autrement dit, la banque ne peut se passer des risques. Il faut
purement et simplement lui choisir un seuil supportable de risques, ou lui
proposer une stratégie ou alors lui imposer une réglementation
qui limite les risques de défaillances. Car à l'évidence,
un niveau de risque incompressible est indispensable au bon fonctionnement du
système bancaire au moins, ajoute Zenabou (2001 :42), pour
que : « l'incertitude globale reste raisonnable
c'est-à-dire ses effets néfastes peuvent être
maîtrisés par les techniques bancaires actuelles ».
En tout cas, la prise de risque peut s'avérer
excessive ou pas dans le système bancaire et c'est à ce niveau
que les réglementations prudentielles interviennent car elles jouent un
rôle important soit pour réduire et maîtriser la prise de
risque, soit pour l'inciter. Cependant, la maîtrise du risque de
faillite bancaire nécessite outre une réglementation nationale ou
supranationale, des investissements aussi bien matériels et/ou
organisationnels qu'humains.
3- La gravité des conséquences du risque
bancaire
La réalisation de l'un ou l'autre des risques
bancaires précités peut entraîner des conséquences
importantes pour l'établissement qui les subirait. Par ailleurs, ces
conséquences ne sont pas purement théoriques et ont, par le
passé, réellement mis en difficulté des
établissements de crédit de taille significative, notamment au
Cameroun.
3.1- Effet du risque sur les établissements de
crédit
La matérialisation d'un risque bancaire peut
engendrer des difficultés significatives pour un établissement de
crédit pris individuellement, mais aussi, par contagion pour l'ensemble
du système bancaire.
A titre individuel par exemple, la matérialisation
des risques bancaires affecte directement le compte de résultat par le
biais des provisions pour risques ou des passages à pertes. Dans le cas
où cette situation amènerait un résultat
déficitaire, celui-ci viendrait s'imputer sur les fonds propres de la
banque. Ceci fait ressortir clairement le rôle d'amortisseur tenu par les
fonds propres lors de la sécrétion d'un résultat
déficitaire. S'ils se révèlent insuffisants pour couvrir
les pertes, ce sont les dépôts des clients qui risqueraient de se
trouver entamés, ce qui est, préviennent Garsuault et Priami
(1997 :171) : « [...] inacceptable dans le cadre
d'un fonctionnement économique serein ». L'importance
des fonds propres en matière de risque bancaire est telle qu'elle
justifie leur utilisation dans la plupart des ratios prudentiels
édictés par les Autorités monétaires.
3.2-Les conséquences ne sont pas purement
hypothétiques
La décennie 1985-1995 a été
marquée, dans le paysage bancaire camerounais, par la faillite d'un bon
nombre d'établissements de crédit. Ces faillites faisaient en
général suite à la matérialisation de l'un ou de
l'autre des risques bancaires spécifiques évoqués. Le
tableau ci-dessous regroupe quelques banques ayant fait faillite au
Cameroun.
Tableau 2 : quelques faillites bancaires au
Cameroun
Nom de la banque
|
Nature de la banque
|
Année de faillite
|
BIAOC
|
Commerciale
|
1991
|
PARIBAS-CAM
|
Commerciale
|
1990
|
SCB
|
Commerciale
|
1988
|
CAMBANK
|
Commerciale
|
1988
|
BICIC
|
Commerciale
|
1995
|
CA
|
Commerciale
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1995
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CA
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Commerciale
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1989
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BCD
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Développement
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1989
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FONADER
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Développement
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1991
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SECTION II
CADRE INSTITUTIONNEL DES ETABLISSMENTS DE
CREDIT :
DES EFFETS SUR LE CREDIT BANCAIRE
La crise des subprimes27(*) qu'a récemment connu le marché du
crédit immobilier américain est venue confirmer les effets
pervers d'une analyse ainsi qu'une gestion pour le moins approximative des
différents risques bancaires d'une part, et de la gravité des
conséquences qui en découlent d'autre part. C'est que, les
établissements financiers spécialisés dans la distribution
des crédits immobiliers à risque, c'est-à-dire
destinés aux agents économiques à faibles revenus ont
connu des difficultés suite à l'incapacité de la plupart
de ces agents à rembourser leurs emprunts en raison notamment de la
remontée des taux d'intérêt et de la baisse des prix des
maisons sur le marché immobilier.
D'une manière générale, cette
récente crise des prêts immobiliers aux Etats-unis et, qui a
entraîné sinon la cessation d'activité des organismes
bancaires et financiers spécialisés (prêteurs
spécialisés), du moins d'importantes pertes
financières28(*)
pose d'une part le problème de l'efficacité de la
réglementation attachée à de telles activités et
d'autre part celui du cadre institutionnel qui accompagne la prévention
et la gestion des risques inhérents à cette activité. Pour
ce dernier cas, il se peut que ce cadre soit aujourd'hui une variable
déterminante dans la mise en oeuvre d'une politique de prêt au
sein d'un établissement de crédit, car contribuant
désormais à l'éradication des asymétries
d'informations entre prêteurs et emprunteurs. En effet, depuis les
travaux pionniers d'Akerloff (1973) et d'Arrow (1963), les asymétries
d'informations sont désormais reconnues comme entraves majeures à
l'efficacité du marché du crédit, fut-il immobilier. Aussi
dans l'optique de développer le marché du crédit, les
pouvoirs publics à travers la mise en place par exemple de structures
publiques(dispositifs institutionnels) constituant tout ou partie du cadre
institutionnel peuvent influer sur le fonctionnement du marché du
crédit et partant la prise de risque.
Pour bien mettre en relief ces effets potentiels du cadre
institutionnel sur la prise de risque bancaire ou simplement le crédit
bancaire, il semble pertinent de recourir aux publications scientifiques en la
matière. Cependant, seuls les aspects relatifs à l'information et
à l'Etat de droit seront retenus.
A) CADRE INSTITUTIONNEL : L'APPROCHE PAR L'ETAT DE
DROIT
1-La question du droit dans le marché du
crédit
Les travaux de Laporta et al. (1997, 1998,2000)
ont mis en évidence l'impact de la qualité de l'environnement
institutionnel dans son approche juridique sur la nature et l'efficience des
marchés de capitaux et sur les performances des systèmes
financiers. Ces travaux s'attardent sur le lien entre protection des droits des
apporteurs de fonds (protection des investisseurs contre l'expropriation par
les insiders (exclusivement), la nature et l'efficience des marchés de
capitaux d'une part, et les performances du système financier dans son
ensemble d'autre part.
Il ressort de ces travaux que les droits qui
régissent les relations entre les apporteurs de fonds (principal) et
managers (agent) sont garantis par l'environnement institutionnel et juridique
d'un pays. Cet environnement peut être un déterminant important de
l'efficacité des mécanismes de gouvernance dans l'entreprise. En
effet, les théoriciens de la contingence soulignent l'action
volontariste des firmes face aux caractéristiques de leur environnement.
Pour Burns et Stalker (1961), principaux tenants de cette théorie, il
correspond à chaque type d'environnement un mode d'organisation
adapté. Ces auteurs aboutissent à la conclusion que dans un
environnement instable et turbulent, les structures dites
« organiques », c'est-à-dire peu formalisées
seraient plus adaptées, tandis que celles fortement
formalisées « mécaniques » seraient plus
efficaces dans un environnement stable. De la même façon,
Lawrence et Lorsch (1967), ont également montré qu'il n'existe
pas de bonne structure organisation, mais que certaines sont plus
adaptées que d'autres dans certains environnements. Ainsi, pour eux,
plus l'environnement est complexe, plus les entreprises se doivent de
diversifier leurs activités.
Transposé à notre étude, il
reviendrait à dire à l'analyse d'un tel point de vue que dans un
environnement complexe ou risqué, les établissements de
crédit se verraient contraints de diversifier leurs activités.
Autrement dit, le désintérêt général pour le
crédit bancaire observé au sein des intermédiaires
bancaires des économies des pays en développement notamment ceux
des pays de la CEMAC, aux profits de ce que Bekolo-Ebe (in Touna Mama,
La restructuration bancaire en zone Franc face aux défis de la
mondialisation, 1998), qualifie de « [...] comportements de
rentiers qui expliquent ici le paradoxe d'une forte liquidité
bancaire dans les économies liquides où la volume des
crédits croient lentement, voire, dans certains pays
décroît régulièrement. », peut avoir
pour origine principale la complexité de l'environnement institutionnel
dans nos économies.
Les travaux ci-dessous présentent de façon
globale l'importance de l'environnement légal dans le fonctionnement des
organisations bancaires et financières. Toutefois, la question de savoir
quelles structures institutionnelles et juridiques au sens du
« design institutionnel » sont appropriées
dans l'encadrement des activités de crédit reste pendante.
Autrement dit, quelles sont les règles du jeu à mettre en
place ?
Une première réponse, relevant de l'ordre
juridique est donnée par Jost (2004 :20), lorsqu'il écrit
que : « Du fait de l'évolution de la
société, le droit est forcé d'évoluer afin de
pouvoir continuer à réguler ». Cette affirmation
montre que la conjoncture (environnement) juridique joue un rôle non
négligeable dans certaines situations particulières de
l'activité bancaire. Galesne(2004 :8), prenant le droit bancaire
Français comme exemple soutient que : « [...]
le caractère probable / improbable de la révision de la loi de
1985 sur les faillites a sans aucun doute influencé le comportement
bancaire en matière d'octroi de crédit : jusqu'en 1992
période au cours de laquelle était improbable une telle
modification, cet élément jouait probablement de manière
restrictive sur l'offre de crédits bancaires aux entreprises, compte
tenu du dépérissement constaté des garanties
réelles, et du faible taux de récupération des
créances bancaires en cas de dépôt de bilan de
l'entreprise ; à l'inverse, à partir de cette date, la
modification des textes apparaît de plus en plus probable, cette
éventualité a dû jouer dans l'autre sens,
l'établissement bancaire ayant alors en effet intérêt
à soutenir ses clients en difficulté, fut-ce provisoirement,
puisque ce soutien, même provisoire, devait lui permettre de
bénéficier, en cas de dépôt de bilan, d'un texte
nouveau lui assurant un maintien espéré du rang de ses
créances privilégiées, et en conséquence un
meilleur recouvrement de ses créances sur
l'entreprise ».
La problématique de ce travail aborde l'impact du
cadre réglementaire et institutionnel sur l'activité des banques.
Au même titre que l'impact de la réglementation sur la prise de
risque a été souligné29(*) ; il est ici question, en priorité, de
mettre en exergue l'impact du cadre institutionnel, c'est-à-dire les
institutions légales dans l'activité de crédit des
établissements de crédit. Dans cette optique, il convient de
noter dès le départ que le poste débiteur est un des
postes les plus importants du bilan d'une banque. Dans l'hypothèse d'une
défaillance d'un gros débiteur de la banque, l'effet pervers
dû au nombre assez élevé de créances sur ses
débiteurs justifie la mise en place de certaines mesures prudentielles,
mais également répressives(Jost, 2004). Autrement dit, une des
solutions de réguler les activités de crédits passe par la
mise en oeuvre d'un système judiciaire répressif et donc
contraignants pour les emprunteurs défaillants.
Pour les tenants de la théorie des contrats
explicites, Allen (1983), Stiglitz et Weiss (1983) les dispositions des
contrats explicites doivent être contenues dans un acte juridique
légal donnant droit, entre autres, aux poursuites judiciaires à
l'encontre de l'emprunteur défaillant. La problématique sur le
rôle des institutions sur l'activité de crédit par exemple
serait alors plus intéressante du point de vue de la
crédibilité même de ces institutions censées
incarner le droit.
Concernant la notion de crédibilité d'un
système judiciaire, les travaux de Laporta et al. (1997),
constituent un champ d'analyse de référence. En effet, ces
auteurs parlant des législations concernant les droits de protection des
potentiels créanciers et/ ou investisseurs trouvent dans leur
modèle que le système du « civil
law » inspiré du modèle judiciaire français
garantirait moins les droits de propriété des agents
économiques en comparaison par exemple avec le système de
« common law » d'origine angloxasone.
Ces auteurs soutiennent alors dans leur développement
que la nature ainsi que l'efficacité des systèmes financiers
à travers le monde est tributaire des différences qui
existeraient dans les mécanismes de protection des investisseurs
(créanciers) contre l'expropriation des
« insiders ». Ce constat découlerait simplement du
fait que la viabilité d'un système financier peut être vue
comme le reflet de la bonne qualité des lois et de leur caractère
contraignant. Concluant leur analyse, ces auteurs affirment que les pays
où l'Etat de droit est une réalité c'est-à-dire
le « common law » est en vigueur, le financement de
l'économie est très développé tant pour la finance
intermédié (établissements de crédit) que pour la
finance direct (marché financier).
D'une manière générale, il se
dégage une corrélation entre les règles du jeu mises en
place au sens du « design institutionnel » et
l'activité des établissements bancaires. C'est pourquoi dans le
souci de mettre en évidence ces règles institutionnelles, Morand
(1999) écrit que : « L'Etat dispose d'une
panoplie de moyens lui permettant d'orienter les comportements sans
édicter des normes. Pour l'auteur en effet, la persuasion, la
répression, l'information, la diffusion des connaissances constituent
des ressources essentielles de gouvernance étatique
(...) »
2- Système judiciaire comme garant des droits
des créanciers
L'apport des institutions notamment judiciaires dans le
fonctionnement du marché du crédit a davantage été
vu comme un moyen de contrainte efficace pour les mauvais débiteurs.
Cette opinion a été largement scrutée dans la
littérature bancaire par des auteurs comme Jappelli (2001), Levine
(1998), Stiglitz et Weiss (1983).
En effet, Jappelli et al (2001), dans leur
modèle étudient l'impact du système judiciaire dans la
politique d'offre de crédit des différentes provinces italiennes.
L'hypothèse étant que le système
judiciaire influence l'offre de crédit dans les banques de ce
pays ; ces auteurs montrent que l'amélioration de l'efficience du
système judiciaire est un facteur de réduction du rationnement de
crédit et favorise une croissance du volume de crédit
distribué. En d'autres termes, leur modèle met en relief une
corrélation forte entre la protection des droits des créanciers
(établissements de crédit) et l'encours des crédits
distribués aux investisseurs.
Levine (1998) abonde dans le même sens dans le cadre
de ses travaux sur les facteurs contribuant au développement de
l'intermédiation bancaire. Elle trouve que l'efficience du
système judiciaire accroît la part du crédit
distribuée par les banques commerciales dans l'économie. En
particulier selon Hart (1995), cette efficience se trouverait dans le droit
absolu reconnu aux créanciers de saisir et d'exécuter
l'hypothèque et/ou la garantie offerte par le débiteur en cas du
non respect par ce dernier de son engagement.
Dans une perspective de relation à long terme,
Stiglitz et Weiss (1983) envisagent la possibilité pour une banque
d'offrir des contrats explicites à deux périodes. Examinant les
conditions sous lesquelles il est souhaitable d'utiliser un contrat contingent
et celles sous laquelle un contrat contingent entraîne la
dénonciation de la relation, les auteurs aboutissent à la
conclusion selon laquelle, dans l'hypothèse d'incapacité de
l'emprunteur à effectuer son remboursement à la fin de la
première période, il peut être rationné par le
banquier à la deuxième période ; celui-ci peut par
exemple, lui infliger un taux d'intérêt élevé. La
solution préconisée par Allen (1983) est bien plus
sévère, car il propose l'exclusion de l'emprunteur du
marché des crédits en cas de défaillance.
De façon générale, les études
empiriques ont établi un lien étroit entre la qualité de
l'environnement légal et le développement financier (Laporta,
Lopez-de-Silanes, Shleifer et Vishny 1998, Levine1999). Il est clairement
établi dans ces études que les déterminants majeurs du
développement financier sont la qualité de la loi et
l'efficacité de son application. La qualité de la loi
détermine le droit des créanciers sur la sécurisation des
prêts et la possibilité de saisir les biens des emprunteurs
défaillants. Pour donc encourager l'offre de prêts bancaires, ces
dispositions légales doivent être clairement définies et
mises en application. Aussi, la mise en application des ces dispositions
requière l'existence des institutions fortes. Ainsi par exemple, un
système judiciaire qui veille scrupuleusement au respect de la loi sur
les droits du créancier améliorerait l'environnement des
affaires à travers une faible corruption, une bonne définition
des droits de propriété ainsi qu'un faible risque d'expropriation
ou de dénonciation abusive des contrats.
De cette analyse, il est à penser et à juste
titre que dans les pays en développement caractérisés
notamment par la faiblesse de leur environnement légal, les
établissements de crédit ne soient encouragés à
octroyer des prêts. En d'autres termes, l'environnement légal
risqué pousse les banques à rationner les crédits alors
qu'elles sont surliquides (Kpodar, 2003). Dans un tel contexte, la question du
comment faire pour améliorer l'offre de crédit à
l'économie s'avère cruciale pour les autorités publiques
des ces pays.
Pour donc améliorer le financement
intermédié des entreprises, la mise en place d'un cadre
légal des délais de paiements ainsi que l'institution d'un
système d'escompte de créances ont été
préconisés dans la littérature économique. Ces
derniers ont d'ailleurs fait leurs preuves dans les pays
développés (Pitiot, 2004). Ainsi, dans les pays en
développement, ils pourraient être des moyens de contenir les
risques d'accumulation d'impayés existants entre les
établissements de crédit et leurs débiteurs.
Dans la même lignée, des auteurs ont
examiné en profondeur la contribution de l'Etat dans le processus de
mise en oeuvre d'un financement intermédié efficace dans les pays
développés. Dans cette perspective Ferrary(1999 :10)
déclare que : « L'Etat peut
mettre en place des dispositifs institutionnels et juridiques de
protection des investisseurs » car ajoute
t-il : « Ces dispositifs permettent aux banques, d'une
part, d'exiger des informations pour réduire l'asymétrie entre
l'emprunteur et le prêteur, et d'autre part, de prendre des
garantis(hypothèques, cautions, gages, nantissements) sur l'emprunteur
et ses proches pour se prémunir des risques de
défaillance ». Par ailleurs note
t-il : « Les pouvoirs publics peuvent participer
directement à la protection des prêteurs en punissant
pénalement les emprunteurs défaillants ».
Manove et al.,(2001) admettant de prime abord le
principe du rôle significatif que joue l'Etat(mu en institutions) dans le
développement de l'intermédiation financière
examinent l'effet des institutions sur le comportement de l'emprunteur
après que le crédit lui ait été accordé. Ces
auteurs, en réaffirmant le rôle et même l'importance des
institutions dans un tel processus, confirment dans leur modèle que le
droit reconnu aux prêteurs de réaliser les garanties est essentiel
pour prévenir les comportements opportunistes de certains
débiteurs.
Si, en guise de conclusion, l'on peut penser que la
faiblesse de l'intermédiation financière dans les pays en
développement peut avoir comme facteur explicatif majeur l'Etat de droit
à travers ses mécanismes de protection des transactions
économiques Pitiot (2004) précise toutefois
que : « Le discrédit touchant les
mécanismes de protection des transactions économiques peut
être justifié. Certes les défaillances juridiques et
institutionnelles peuvent perdurer, mais la plupart du temps, les
problèmes ne peuvent être résolus en créant des
institutions nouvelles, mais il s'agit d'activer efficacement celles qui
existent en coordonnant au mieux leurs actions afin de les crédibiliser
tout en diffusant l'information pertinente ».
Les travaux théoriques précités dans
cette section démontrent que l'environnement institutionnel dans son
aspect juridique occupe une place importante dans le développement d'un
système financier. Cependant, pour davantage développer
l'activité de crédit, le système bancaire ne s'en
accommoderait pas moins d'autres institutions à l'instar de celles dont
la vocation est de lui faciliter l'accès à l'information. En
effet, l'information a été reconnue au même titre que le
capital comme facteur de production pour tout établissement de
crédit (Dionne, 2004).
Les travaux théoriques d'un auteur comme Stiglitz
(1991), montrent en effet le rôle de l'information dans le jeu des
acteurs économiques. De même, Marrek (1992) après avoir
défini l'information, notamment économique
comme : « [...] l'ensemble des données relatives
aux agents et aux grandeurs de l'économie accessibles sans
discrimination à tous ceux qui le souhaitent et acceptent de payer le
prix », cherche à examiner le fonctionnement des
différents marchés et partant celui du crédit d'une
économie lorsqu'il existe une réelle possibilité
d'échanger l'information, d'une part et l'apport sur l'activité
dudit marché lorsqu'il existent des dispositifs publics ou privés
spécialisés dans la production et la diffusion de cette
information économique d'autre part. Cet auteur trouve que le
marché du crédit fonctionne d'une manière
optimale30(*) en l'absence
d'asymétries d'informations et une contribution significative des
dispositifs publics ou privés au fonctionnement optimal dudit
marché.
La partie suivante se propose d'exposer le concept
d'asymétrie d'information (1) et de mettre en exergue
l'apport du cadre institutionnel dans la recherche des moyens permettant de
juguler ces asymétries (2)
1-La notion d'asymétrie
d'information
L'information est un facteur de production dans
l'industrie bancaire et financière. De ce fait, les
établissements de crédit sont tributaires aussi bien du
coût que de la qualité de cette information (Goldlewski, 2004).
Or, la qualité de cette information reste sujette à caution, car
ces établissements pour la plupart des cas sont confrontés au
problème d'asymétrie d'information davantage due à
l'opacité informationnelle des emprunteurs. En ce sens, la
théorie de l'intermédiation bancaire doit beaucoup à
l'économie de l'information31(*) car en effet les asymétries d'informations
permettent de comprendre l'émergence des intermédiaires
bancaires.
D'une manière générale, les
asymétries d'information sont deux types : l'aléa moral et
la sélection adverse.
1.1- L'alea moral
Initialement démontré par Arrow (1963) dans
un article portant sur le secteur d'assurance des soins médicaux,
l' « aléa moral » est défini
par Marshall (1976 :880) comme : « toute mauvaise
allocation de ressource qui résulte de l'assurance de risque par des
contrats normaux ».
Simplement, l'aléa moral désigne une
situation dans laquelle de futurs paiements liés à un contrat
peuvent être influencés par des actions d'un agent, actions qui
sont postérieures à la signature du contrat et qui ne sont pas
toujours directement observables par l'autre agent. Ainsi, Arrow (1963) avait
remarqué que le volume de soins médicaux était fonction du
nombre de personnes en possession d'une assurance-maladie. Autrement dit, une
personne qui aurait souscrit un contrat d'assurance aurait plus facilement
tendance à consulter son médecin, étant donné
l'absence de coûts d'une telle action après la signature du
contrat.
1.2-La sélection adverse
Formalisée quelques années plus tard par
Akerlof (1970), la notion de sélection adverse désigne une
situation dans laquelle les acheteurs d'un bien ne peuvent observer que la
qualité moyenne des biens. Les vendeurs de biens de bonnes
qualité se sentent insuffisamment récompensés par un prix
moyen et se retirent du marché. Ne restent sur le marché que les
biens de mauvaise qualité qu'Akerlof appelle
les « lemons ». Il fournit entre autres
l'exemple du marché des voitures d'occasion et explique ainsi la grande
différence de prix entre les voitures neuves et les voitures
d'occasions.
1.3-Interpretation et incidence de l'aléa moral
et de sélection adverse
1.3.1-Interprétation générale des
notions
En réalité, les deux notions d'aléa
moral et de sélection adverses sont des notions voisines. En effet,
elles partent toutes les deux d'une situation caractérisée par
une asymétrie d'information et la présence sur un marché
de biens ou d'agents dont la qualité n'est pas homogène, voire
indéterminable. La différence entre les deux notions est de
nature temporelle. Alors que la sélection adverse part d'une situation
avant la signature d'un contrat, l'aléa moral intervient après la
signature d'un tel contrat.
Dans le cas de la sélection adverse, il s'agit de
faire le choix entre des biens ou des agents qui vont rester les mêmes
après la signature du contrat, mais qui ne révèleront leur
vraie identité qu'après la signature dudit contrat. Une situation
d'aléa moral est quant à elle caractérisée par le
fait que les agents peuvent changer de comportement après la signature
du contrat.
1.3.2-Aléa moral, sélection adverse :
implications sur le marché du crédit
Transposée sur le marché du crédit,
les deux notions posent pour la banque un problème. En effet, ces deux
notions démontrent selon Fouda Owoundi (2005 :8)
que : « [...] les asymétries d'information font
naître chez l'emprunteur des incitations à dissimuler le
véritable niveau de son risque au prêteur ». Dans
cette logique, la sélection adverse est alors le corollaire de
l'opacité des emprunteurs sur le risque et la rentabilité de
leurs investissements potentiels.
Cette asymétrie d'information conduit à une
allocation du crédit inefficace et qui débouchent notamment
à des phénomènes de rationnement du crédit. En
effet, on pourrait concevoir qu'en présence du risque
d'insolvabilité, la banque répondra par une juste tarification de
ce risque sous la forme d'une prime de risque. Mais ceci a pour effet pervers
d'accroître les taux d'intérêt et d'inciter certaines firmes
à sortir du marché du crédit. La banque ne pourrait alors
continuer à exiger ou fixer des taux d'intérêt
supérieurs car seuls les plus mauvais emprunteurs seraient toujours
candidats au prêt. Pour diminuer son risque, la banque
préfère limiter le montant des crédits octroyés.
Ce problème de sélection adverse peut
être réduit si la banque exige des emprunteurs qu'ils lui donnent
des collatéraux32(*) pour garantir le prêt. Car ces dernières
offrent l'avantage de procurer une protection qui se matérialisera plus
tard en cas de défaillance éventuelle, tout en maintenant
quasiment stable les taux d'intérêt.
Dans les modèles de Wette cité par Wamba et
Tchamanbé (2002), Besanko et Thakor (1985), Chan et Kanatas (1985) ainsi
que Stiglitz et Weiss (1985) le rôle de la garantie dans la
décision d'octroi du crédit est examiné. Les auteurs
basent leur argumentation sur les deux pouvoirs qu'aurait la garantie, à
savoir un pouvoir dissuasif, qui limite l'aléa moral, et un pouvoir
autosélectif, qui réduit la sélection contraire. En effet,
ces auteurs considèrent la garantie et le taux d'intérêt
comme un coût dans la mesure où, à un risque plus
élevé, correspondrait une garantie et/ou un taux
d'intérêt plus élevé.
Concernant le pouvoir dissuasif, l'exigence des garanties
élevées par le prêteur obligerait l'emprunteur à ne
pas détourner le crédit obtenu vers des utilisations autres que
le projet initial. Pour ce qui est du pouvoir autosélectif, les
garanties et les taux d'intérêt élevés exigés
par le prêteur amènent les seuls emprunteurs risqués
à solliciter des crédits, car les emprunteurs moins
risqués se retirent purement et simplement du marché. Autrement
dit, l'idée défendue par ces auteurs est que la garantie peut
être considérée comme une alternative à
l'augmentation des taux d'intérêt.
Cependant, cet effet sur les taux peut être
biaisé dans certaines économies notamment celles des pays en
développement. En effet, dans ces économies, particuliers et
petites entreprises peuvent difficilement fournir des collatéraux
adéquats à la banque ; la sélection adverse
s'opère donc sur la base des taux d'intérêt
élevés ce qui incitent les bons clients à se retirer du
marché du crédit.
Pour les grandes entreprises, elles proposent souvent des
actifs financiers ou immobiliers mais cela peut s'avérer
problématique dans les marchés en construction de ces
économies, car ces marchés connaissent une variabilité
importante du prix des actifs et cela fait courir un risque important aux
prêteurs. (Sami et Delorme, 2003)
De même, l'aléa moral dans ce contexte est
l'action cachée ou simplement du comportement de l'emprunteur
après l'obtention du prêt ; ce comportement est d'ailleurs
directement relié au résultat du crédit. En effet ce
résultat dépendra soit de la réalisation effective du
projet pour lequel les fonds ont été levés ; soit de
l'attitude éventuellement opportuniste que pourrait adopter
l'emprunteur.
2-Cadre institutionnel comme moyen de lutte contre les
asymétries
d'informations dans l'industrie bancaire
Pour résoudre le problème
d'asymétries sur le marché du crédit, Akerlof (1970) et
Arrow (1963), ont proposé aux établissements de crédit
des solutions dont les plus citées sont connues sous les noms de
« signalisation » et de
« screening »33(*) qu'on considère comme modèle à
signaux financiers34(*).
L'idée générale est que c'est
l'emprunteur qui signale la qualité de son projet au créancier
à travers un certain nombre de variables de comportement. Pour les
modèles à mécanismes incitatifs, c'est plutôt le
créancier qui introduit dans les contrats de prêts des
éléments qui incitent l'emprunteur à révéler
sa qualité. Au rang de ces éléments figurent par exemple
les taux d'intérêt, les garanties et la relation-clientèle.
Il ressort de ces solutions que les prêteurs doivent produire les
données donc ils ont besoin sur leurs emprunteurs (Padilla et Pagano,
2000).
Goldweski (2004) pense, pour sa part, qu'une solution non
moins efficace serait l'exploitation de
l'information « hard », c'est-à-dire
exogène aux établissements de crédit par le biais des
dispositifs publics. Les travaux issus de ce courant de pensée, et
s'intéressant en particulier à la relation information
« hard » et prise de risque par les banquiers et
autres financiers mettent bien en avant l'importance du traitement de
l'information mais aussi des mécanismes de collecte de cette
information. L'idée étant ici que l'échange d'information
entre prêteurs sur la qualité des emprunteurs peut
également être véhiculé par des institutions
publiques et donc sous le contrôle des pouvoirs publics.
D'un point de vue théorique, le
développement des dispositifs institutionnels d'échange
d'information (information hard) permet d'améliorer l'octroi des
crédits bancaires et leur monitoring (Pagano et Jappelli, 1993)35(*). Alors que cette recherche
d'information est longue et coûteuse à l'échelle
individuelle, un mécanisme global d'échange d'information entre
prêteurs se traduit par des économies d'échelles.
Cette relation qui a retenu l'attention de bon nombre
d'auteurs économiques a été vérifiée en
particulier, dans les régions où l'activité
d'intermédiation est encore en construction.
Sami et Delorme (2003) recherchent l'effet concret qui
peut découler de l'existence de tels dispositifs d'échange
d'information au sein des établissements de crédit des
économies en développement. Pour ces auteurs, l'historique de
crédit d'un individu étant considéré comme un
indicateur central de sa solvabilité, la mise en place d'un
système d'échange de l'information entre prêteurs et /ou
pour prêteurs se présente comme un enjeu pour améliorer
l'évaluation du risque de défaut des emprunteurs dans ces
économies. En outre, la part croissante des créances douteuses
dans les actifs bancaires, plaide en faveur du développement de
mécanismes institutionnels d'échange d'information en tant que
mécanisme disciplinant pour le marché du crédit.
Ces auteurs recommandent, pour la diffusion des
données et dont l'information, la mise en oeuvre des dispositifs
d'échange volontaire d'information qu'ils
appellent « bureaux de crédit36(*) », ou des
dispositifs d'échange d'information imposé par la
régulation bancaire appelés « registres
publics37(*) ». Concluant leur analyse, Sami et
Delorme (2003 :5) en explorent de nouvelles horizons lorsqu'ils
soutiennent que : « La création et le
développement de ces registres publics de crédit
permettraient aux autorités officielles d'obtenir des
données à des fins de supervision prudentielle38(*) ».
Demirguc-kunt et Maksimovic (1999), de leur coté
analysent l'effet du caractère crédibilité des
institutions sur les caractéristiques de prêts servis aux
emprunteurs par les intermédiaires financiers. Le modèle
présenté révèle une corrélation entre les
caractéristiques des prêts, en particulier les
échéances, et la qualité du cadre institutionnel. En
effet, les résultats de leur travail attestent que lorsque le cadre
institutionnel est « inefficient 39(*)» ou un facteur
d'aggravation de coût notamment de transactions, les
intermédiaires financiers ont tendance à davantage
privilégier les emplois à échéance courte aux au
détriments de ceux à échéance longue40(*). Diamond et Rajan cités
par ces auteurs précisent que cette tendance s'expliquerait du fait
qu'il soit davantage difficile pour les emprunteurs de crédits à
échéance courte d'adopter des comportements opportunistes sous
peine de voir leur réputation en pâtir.
Epiloguant maintenant sur la nature des institutions
susceptibles de contribuer au développement des activités
bancaires et donc au crédit bancaire, Demirguc-kunt et Maksimovic (1999)
voient en l'existence d'un marché financier développé un
moyen efficace de diversification des activités dans l'industrie
bancaire. Aussi, pensent-ils que de son efficacité découlerait
une plus grande détention par les banques d'actifs (crédits)
à long terme destinés aux financements des investissements en
particulier sociaux. En outre, cette présence affecte favorablement la
diffusion de l'information sur le marché du crédit, information
utile aux potentiels investisseurs.
S'inscrivant dans la même logique de recherche de
voies et moyens permettant de juguler les asymétries d'informations
entre prêteurs et emprunteurs pour espérer développer le
crédit bancaire, Ferrary (1999) s'appesantit sur les actions possibles
que peuvent entreprendre les pouvoirs publics. Pour l'auteur, aux moyens des
dispositifs institutionnels, les pouvoirs publics peuvent participer,
« à la socialisation de l'information par la
création d'un fichier national de mauvais payeurs et d'une base de
notation de la solvabilité des entreprises ». Pour
Bekolo-Ebe (2006 :73) le rôle de l'Etat dans une telle situation est
crucial. A ce propos justement, il note que : « [...]
le rôle de l'Etat devient indispensable en tant que centre de collecte ou
de production d'informations. Il peut le faire directement ou
le confier à des organismes spécialisés »
tels que les registres publics de crédit.
Ces différents travaux revisités confirment
le rôle important du cadre institutionnel dans l'émergence d'un
marché du crédit efficace. En effet, les travaux aboutissent
implicitement ou explicitement à la conclusion que : lorsque les
établissements de crédit considèrent le cadre
institutionnel comme un moyen de protection crédible face aux agents
économiques opportunistes d'une part et comme instrument de collecte
d'information sur leur potentielle clientèle d'autre part, la
distribution du crédit bancaire est d'améliorée dans
l'économie. Autrement dit, un cadre institutionnel de qualité
accroît l'offre de crédits dans l'industrie bancaire.
Espérer promouvoir le financement
intérmédié dans une économie, en appelle donc
à des ajustements et/ou des reformes au plan institutionnel dans les
pays en développement en général et au Cameroun en
particulier. La référence au cadre institutionnel concernant
l'activité bancaire peut donner lieu à plusieurs
explications ; cependant, la notre a épousé une seule
logique qui selon Boyer (2002) peut être résumée
dans: « [...] le contrôle des comportements
opportunistes au sein d'une relation principal-agent...)».
CONCLUSION
Les développements théoriques et empiriques
présentés ont pour objectif de rendre compte de l'importance
d'une part de la réglementation notamment prudentielle et d'autre part
des institutions qui révèlent en particulier la qualité de
l'Etat de droit dans lequel se déploient les activités
quotidiennes des établissements de crédit dans une
économie.
Il ressort de ces développements qu'une
réglementation bancaire, fut-elle prudentielle, rigoureuse, conduit les
établissements de crédit à réduire leur prise de
risque et semble donc atteindre son objectif d'encadrement des risques.
Egalement, le cadre institutionnel à travers ses différents
démembrements donc notamment juridiques ; constitue une variable
influente dans la politique de crédit mise en oeuvre au sein d'un
établissement de crédit. Autrement dit, le volume de
crédits bancaires distribués dans une industrie bancaire est
fortement tributaire des dispositions et réglementaires et ainsi que des
structures institutionnelles inhérents à cette activité.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Le déblaiement théorique et empirique
sus-évoqué et se rapportant à l'effet du cadre
réglementaire et institutionnel sur l'activité des
établissements de crédit et donc proche de la présente
préoccupation nous a aidé à cerner avec plus de
précision le centre d'intérêt de cette recherche car
« il semble qu'au moment où l'on précise son
objectif, écrit Grawitz(1990 :632), il soit prudent de
prendre connaissance de la bibliographie, soit sur le même
problème traité en d'autres lieux, soit sur des problèmes
différents, mais étudiés au même endroit et pouvant
mettre en cause des données semblables ».
La première articulation de la présente
étude, dans un accent théorique, visait d'une part à
justifier la nécessité d'un cadre réglementaire et
institutionnel à l'activité des établissements de
crédit. On peut simplement retenir que cette nécessité
procède du souci de maintenir l'intégrité du
système de paiements et éviter une crise dans le secteur
bancaire, protéger les déposants contre le comportement
frauduleux et opportunistes de la part des institutions financières, et
encourager l'efficience et la concurrence dans le secteur bancaire.
Il a été question d'autre part de mettre en
relief la place importante qu'occupe le cadre réglementaire et
institutionnel dans la prise de risques qui est la principale activité
des intermédiaires financiers. Il apparaît que la
réglementation bancaire ainsi que le cadre institutionnel, en
particulier, l'Etat de droit influencent significativement le comportement des
établissements bancaires à travers notamment l'effet
négatif qu'ils peuvent avoir sur la distribution de crédit dans
l'industrie bancaire.
Cette démarche consistant à effectuer de
prime abord un vaste déblaiement théorique dans l'optique de
mieux appréhender le centre d'intérêt de notre recherche,
procède simplement du souci d'actualisation scientifique. En effet,
Lallement (1993 :6) rappelant le caractère cumulatif de tout
progrès scientifique précise que dans le cadre de la
recherche, « pour faire date, il faut associer son travail
à ce qui a été fait et à ce qui se
fait ».
Il s'agit maintenant à travers le cas
spécifique du Crédit foncier du Cameroun de mettre en
évidence dans un contexte somme toute différent l'effet du cadre
réglementaire et institutionnel sur l'activité de
crédit.
DEUXIEME PARTIE
RESUME
Cette partie du présent travail procède
à l'examen de l'impact du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais sur les établissements de crédit à partir du
cas spécifique du Crédit foncier du Cameroun (CFC). Elle se
propose de ressortir l'effet du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais sur l'activité principale du CFC, à savoir le
financement de l'habitat. Autrement dit, elle explique l'évolution
récente des prêts immobiliers au regard des
péripéties du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais. Pour aboutir à cette explication, l'étude
procède à une appréciation critique du cadre
réglementaire et institutionnel camerounais afin de ressortir les effets
pervers des lacunes (limites) dudit cadre sur l'activité des prêts
immobiliers au CFC.
Pour atteindre cet objectif, cette partie adopte une
démarche à deux étapes.
Elle présente, d'une part, le paysage bancaire
camerounais ; puis procède, d'autre part, à la validation
empirique de l'impact du cadre réglementaire et institutionnel sur
l'activité du CFC. Cette validation empirique s'impose à tout
travail de recherche en sciences économiques. En effet, au delà
de toute considération théorique l'économie
à l'instar d'autres sciences sociales est avant tout une science
empirique (Lallement, 1999 :6). Autrement dit, l'économiste ne peut
se cantonner dans les constructions théoriques, sans les étayer
par des éléments issus du travail d'investigation empirique.
CHAPITRE III
FINANCEMENT DE L'ECONOMIE CAMEROUNAISE : UNE
ACTIVITE DEVOLUE A UNE DIVERSITE D'ETABLISSEMENTS DE CREDIT
Justifier la nécessité du cadre
réglementaire et institutionnel de la sphère bancaire, d'une
part, démontrer son importance dans le fonctionnement d'un
établissement de crédit, d'autre part, permet de mettre en
évidence dès le départ la corrélation entre le
cadre réglementaire et institutionnel et l'activité de
crédit au sein de l'industrie bancaire.
Aussi, dans l'optique de procéder à la
validation empirique de l'impact du cadre réglementaire et
institutionnel camerounais sur l'activité des établissements de
crédit, à partir du cas spécifique du Crédit
foncier du Cameroun il semble pertinent de d'abord présenter le
paysage bancaire camerounais comme maillon essentiel dans le financement de
l'économie camerounaise (Section I). Après, on
peut alors expliciter les missions ainsi que l'organisation du CFC et conclure
qu'il constitue une entité spécifique du paysage bancaire
camerounais (Section II).
SECTION I
PAYASAGE BANCAIRE CAMEROUNAIS : UNE PRESENTATION
GENERALE
Le système bancaire et financier d'une
économie est aujourd'hui, un élément majeur de la
stratégie de développement économique. Cette idée a
été développée dans la littérature
économique par des auteurs comme Gurley et Shaw (1967), Mckinnon (1973).
Explicitement ou implicitement, ces auteurs soutiennent l'idée qu'un
système financier efficient du fait notamment de la diversité de
ces activités, impulse le développement économique tout
en l'orientant. Si cette corrélation est admise, encore faudrait-il
pouvoir circonscrire le concept de système financier tout comme son
rôle dans le processus de développement.
A) DEFINITION ET ROLE DU SYSTEME BANCAIRE DANS
UNE
ECONOMIE
1-Systeme financier : une tentative de
définition
Selon Peyrard (2001 : 239), le système
financier s'entend, au sens large, comme : « l'ensemble
des institutions, des marchés, des règles et pratiques du
système monétaire et financier international que les pouvoirs
publics, les entreprises et les particuliers suivent dans leurs
activités économiques et financières ».
Cette définition, si elle a le mérite d'offrir une vision large
de la notion sous-revue, ne traduit pas totalement la perception du
système financier retenue dans le cadre de cette étude. Ainsi,
notre vision du système financier s'inscrit dans la lignée de la
définition proposée par Stiglitz (1997 : 916), lorsqu'il
affirme que : « le système financier est une
partie de l'économie qui comprend toutes les institutions participantes
au transfert de l'épargne des épargnants (ménages et
entreprises) vers les emprunteurs, ainsi qu'au transfert, au partage et
à l'assurance des risques ».
Le système financier peut être vu comme
étant l'ensemble des structures publiques ou privées bancaires ou
financières qui participent à la collecte et/ ou allocation des
ressources monétaires ou financières entre les agents
économiques à excèdent de capitaux (épargnants) et
ceux à déficit de capitaux (emprunteurs).
Dans cette perspective, le système bancaire peut
être défini comme : « [...] un ensemble
hiérarchisé d'organismes assurant de façon
indépendante la fonction d'intermédiation financière et
qui se caractérisent par le pouvoir de création
monétaire »(Fouda Owoundi, 2005 :15). Il se compose
de la Banque centrale et des banques de second rang encore appelées
banques commerciales. Il fonctionne avec l'aide des organes de
réglementation, de contrôle et de représentation de la
profession. Le système bancaire intervient de façon directe ou
indirecte au processus de création ou de circulation de la monnaie et de
l'épargne ou simplement dans la circulation de la monnaie et
l'épargne (Fouda Owoundi, 2005).
2-Role du système bancaire dans
l'économie
Le rôle du système bancaire dans
l'activité économique peut être diversement
appréhendé. Toutefois, sa contribution au niveau de la croissance
économique et partant du développement d'un pays a fait l'objet
d'une attention particulière. Ainsi, Schumpeter (1912), soulignait
déjà la grande importance des banques dans le fonctionnement du
système économique, et leur apport bénéfique
à la croissance à travers le financement de l'innovation.
Bencivenga et Smith (1991) montrent qu'une bonne gestion
du risque de liquidité par le secteur bancaire permet d'augmenter la
part de l'épargne allouée aux placements davantage productifs
tout en gardant un niveau d'épargne constant. Ces auteurs
établissaient par là et de façon théorique une
relation positive entre le secteur bancaire et la croissance
économique.
D'une manière générale, les travaux
théoriques présentés par Crâne et Merton (1995)
identifient six fonctions qui à leur sens mettent en exerguent le
rôle du système bancaire dans une économie.
2.1-Systeme bancaire comme moyen de
règlement
Le système bancaire est un mécanisme de
règlement des transactions dans la mesure ou il constitue un moyen
d'échange essentiel au bon fonctionnement d'une économie
basée par exemple sur la spécialisation des tâches. En
effet, si la monnaie est l'unité de valeur commune41(*), les formes sous lesquelles
elle est échangée se sont multipliées :
numéraire, chèque, carte de crédit, carte de débit,
transfert électronique de fonds, dépôts directs et retraits
pré-autorisés.
2.2-Système bancaire : un système
d'agrégation de l'épargne
Le système bancaire est un moyen
d'agrégation d'épargne dans la mesure où la
nécessité d'agrégation de l'épargne prend origine
dans le besoin qu'expriment les entreprises d'opérer en une taille qui
minimise leurs coûts de transaction. De ce fait, on peut considerer
l'agrégation de l'épargne comme une fonction très
importante du système bancaire. D'ailleurs, cette agrégation
bénéficie tant aux fournisseurs qu'aux utilisateurs de
capitaux.
2.3-Systeme bancaire : un procédé de
transfert de ressources
Le système bancaire est un procédé de
transfert des ressources intersectoriel, inter-temporel et inter-regional.
Cette fonction permet aux particuliers (ménages) de compenser les
différences entre leur profil de revenus issus du travail et leur profil
de consommation durant leur vie. Au plan macroéconomique, il est
à noter que tous les secteurs économiques ne font pas tous face
aux mêmes opportunités. En effet, certains font face à des
déclins, alors que d'autres sont en pleine croissance. Il est donc
important que via le système bancaire, les ressources sous forme de
dettes ou de capital-actions se déplacent vers les entreprises ou les
régions les plus performantes.
2.4-Systeme bancaire comme système de gestion
de risques
Le système bancaire est un mécanisme de
gestion des risques car il permet via les actifs disponibles (polices
d'assurances, produits dérivés42(*)...) de réduire les risques. En outre, il
permet aussi à ceux qui sont prêts à supporter plus de
risques d'augmenter leur espérance de revenu.
La diversification des risques et/ou la redistribution du
risque résiduel attestent ainsi le rôle de gestion de risque par
le système bancaire.
2.5-Systeme bancaire :
un réducteur des coûts lié à
l'asymétrie d'information
Le système bancaire réducteur des
asymétries d'information dans la mesure où il offre aux agents
économiques des moyens pour minimiser les coûts reliés
à l'asymétrie d'information. Une de ces fonctions importantes
réside dans le fait qu'il met à la disposition des agents
économiques des instruments permettant de réduire l'impact des
ces difficultés.
A l'analyse de ces arguments, il ressort que le rôle
du système bancaire est de faciliter notamment la mobilisation des
ressources bloquées dans le secteur traditionnel de l'économie,
et les transférer au secteur moderne qui peut promouvoir la croissance
en assurant leur affectant aux projets les plus performants. Telle serait donc
la contribution de tout système financier et bancaire au processus de
développement. Le système bancaire camerounais ne s'accommode pas
moins de cette logique. Comprendre alors les canaux d'actions concourant
à cette contribution passe nécessairement par la
présentation des acteurs qui l' impulsent au Cameroun.
B) SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS : UNE PRESENTATION
GENERALE
Le paysage de l'intermédiation bancaire camerounais
a été remodelé comme dans la plupart des pays africains
(Hugon, 1999). En effet, à la suite de la grave crise économique
et financière qu'a connu le Cameroun dès la deuxième
moitié de la décennie 80, l'urgence d'une reforme motivée
par les recommandations des institutions financières internationales
dont notamment le Fonds monétaire international (FMI) va s'avérer
nécessaire. Ce remodelage qui a pris le nom de
déréglementation (Soh, 2001), procède des lois bancaires
contenues dans le décret présidentiel No 90/1469 du 09
novembre 1990 portant définition des établissements de
crédit et, complétant l'ordonnance No85/002 du
31/08/1985 relative à l'activité des établissements de
crédit. A la faveur dudit décret, le système bancaire
camerounais regorge aujourd'hui en son sein une multitude
d'intermédiaires financiers. C'est-à-dire, des entreprises qui
se situent à mis chemin entre les épargnants qui disposent de
fonds oisifs et les emprunteurs qui en ont besoin (Stiglitz, 1999), auquel il
convient d'adjoindre la présence d'une Banque centrale.
D'une manière générale, le
système bancaire camerounais constitue un ensemble structuré,
hiérarchisé et centralisé (Okah-Atenga, 2005). Au sommet
on retrouve la BEAC et une kyrielle d'institutions financières
bancaires à la base. Autrement dit, le système bancaire actuel du
Cameroun se résume à un premier niveau d'une Banque centrale BEAC
(1), à un deuxième niveau de banques
commerciales ainsi des établissements financiers à
caractère bancaire (2).
1-La Banque des Etats de l'Afrique centrale
(B.E.A.C)
La Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) est
l'institut d'émission de la Communauté économique et
monétaire d'Afrique centrale (CEMAC)43(*). Elle se trouve au sommet de la pyramide des
institutions financières bancaires. En effet dans le cadre de la
politique économique et financière du Cameroun, elle a pour
mission de veiller sur la monnaie et le crédit. Elle joue donc
essentiellement un rôle régulateur dans l'émission de la
monnaie, la distribution du crédit et le contrôle des flux
internationaux de capitaux. Son activité s'inscrit dans le cadre d'une
série d'attributions reconnues par ses statuts et lui permettant de
veiller au bon fonctionnement du système bancaire de ladite
communauté.
La BEAC exerce le privilège exclusif de
l'émission des billets et pièces de monnaie ayant cours
légal et pouvoir libératoire dans la CEMAC.
1.1- Statut légal de la BEAC
La Banque des Etats de l'Afrique centrale est un
établissement public multinational africain régi par la
convention instituant l'Union monétaire de l'Afrique centrale (UMAC)
signée le 05 juillet 1966 et la convention de coopération
monétaire passée entre la France et les Etats membre de cette
union. La BEAC est issue de l'ancienne Banque centrale des Etats de l'Afrique
équatoriale et du Cameroun (BCEAEC), créée par
l'ordonnance No59/492 d'avril 1959 relative au régime de
l'émission dans les Etats de l'Afrique équatoriale
française et du Cameroun.
Toutefois, c'est à la faveur de la convention de
coopération monétaire signée le 22 novembre 1972 à
Brazzaville entre les Etats membres de l'ancienne BCEAEC que ces Etats ont
décidé de poursuivre leur coopération monétaire.
Cette coopération a donc été matérialisée
par la création de la BEAC.
1.2-Missions statutaires de la BEAC
La BEAC a comme mission principale : définir
et conduire la politique monétaire applicable dans les pays membres de
l'union ; conduire les opérations de change ; détenir
et gérer les réserves de change des pays
membres ; promouvoir le bon fonctionnement du système des
paiements dans l'Union.
Par ailleurs, l'article 7 des statuts de la BEAC
précise clairement que la BEAC a le privilège exclusif
d'émettre les billets de banque et les monnaies métalliques qui
ont cours légal et pouvoir libératoire dans les Etats membres de
la Communauté.
D'une manière générale, la BEAC
a pour mission :
Ø émettre la monnaie centrale ;
Ø agir sur le crédit ;
Ø gérer les réserves
internationales ;
Ø effectuer les transactions avec le FMI en tant
qu'agent financier des Etats membres ;
Ø assurer la surveillance générale du
système monétaire.
1.3-Fonctionnement de la BEAC
Dans le fonctionnement de la BEAC, les grandes
décisions sont prises au sein d'un comité monétaire de
concertation présidé par le gouverneur de l'institution qui se
réunit une fois l'an. Le fonctionnement de la zone monétaire est
soumis aux principes suivants : la liberté absolue des transferts
de liquidité à l'intérieur de la zone, la
convertibilité illimitée et le respect du régime de change
fixe, la garantie illimitée du Trésor français pour
l'émission monétaire, la concentration des réserves de
change dans le compte d'opération44(*) domicilié dans les livres du Trésor
français.
2-Les établissements de crédit au
Cameroun : un tour d'horizon non limitatif et descriptif
2.1-Définition
L'article 1 du décret No 90/1469
précise que les établissements de crédit visés
à l'article 1er de l'ordonnance No85/ 002 du 31
août 1985 sont des personnes de droit privé ou public qui
effectuent à titre de profession habituelle des opérations
bancaires. Ces opérations comprennent : la réception des
fonds du public ; l'octroi des crédits ; la délivrance
des garanties en faveur d'autres établissements de crédit ;
la mise à la disposition de la clientèle et la gestion des moyens
de paiements.
Au Cameroun aujourd'hui, on note la présence
effective d'une variété d'établissements de crédit
qu'on peut désagréger de façon succincte en trois
composantes : les intermédiaires financiers
monétaires ; les intermédiaires non monétaires ;
les autres intermédiaires monétaires. Le critère de
classification privilégié reposant ici sur la distinction entre
la capacité et l'incapacité pour ces intermédiaires
à créer la monnaie scripturale à partir des prêts
qu'ils consentent (Okah-Atenga, 2005). Cependant, le critère retenu dans
cette étude est le « secteur »
d'activité qui donne une meilleure vue de la diversité bancaire
camerounaise.
2.1.1-Les établissements au service du secteur
commercial
Les établissements relevant du secteur commercial
sont des personnes morales de droit public ou privé qui ont pour
activité le commerce de fonds. On retrouve dans ce secteur : les
intermédiaires financiers monétaires ; les
intermédiaires non monétaires ; les autres
intermédiaires monétaires.
2.1.1.1-Les intermédiaires financiers
monétaires : les banques
Les banques sont des organismes qui disposent d'un pouvoir
autonome de création monétaire, c'est-à-dire, qu'elles
sont habilitées à l'occasion de leurs opérations de
prêts(crédits), à injecter d'une façon
« ex nihilo » un pouvoir d'achat
supplémentaire dans l'économie(Garsuault et Priami,1997).
Bien que la crise économique et financière
aigue dès la fin de la décennie 80 ait entraîné la
fermeture de bon nombre de banques, le réseau des banques en
activité au 31 décembre 2006 au Cameroun reste relativement
fourni.
Ce réseau se compose en effet de 11 banques
commerciales (Voir tableau 3 en annexe). Il couvre toute l'étendue du
territoire national. On y dénombre actuellement 118 guichets de banques.
L'actionnariat bancaire dans la CEMAC reste dominé par les holdings
financiers et autres établissements de crédit privés
nationaux ou internationaux. Le Cameroun ne reste pas en marge de cette
tendance. En effet, la structure de l'actionnariat de son réseau est
à prépondérance privée. (Voir figure1).
Ainsi, l'Etat camerounais ne détient que 9.8% en
agrégé de l`actionnariat contre 98.2% pour les
investisseurs45(*).
Par ailleurs, ce réseau bancaire reste relativement
dominé par la présence de succursales de banques
étrangères46(*).
Concernant son activité de financement de
l'économie, elle s'effectue de manière intéressante. Le
total de la situation cumulée de l'ensemble des banques en
activité s'est situé en effet à 1931 milliards en 2006, en
hausse de 11.76%, soit un rythme de croissance proche de celui de
2005(+11,61%)47(*). Ainsi,
par exemple, le total agrégé des bilans des banques camerounaises
au 30 septembre 2007, s'est établi à 1898 milliards de
FCFA ; il a progressé de 13% par rapport au 30 septembre 2006.
Les dépôts collectés se sont
élevés à 1701 milliards FCFA (89.6% du total du bilan).
Les crédits bruts à la clientèle sont de 1024 milliards de
FCFA en 2007 ; soit en expansion de 8.2% par rapport à septembre
2006. Les créances en souffrance s'élèvent à 140
milliards de FCFA. Elles représentent 13.7% des crédits bruts
contre 12.3% douze mois auparavant.
La couverture des crédits par les
dépôts s'établit à 184.9% (contre 177.7% en
septembre 2006). Ainsi, les opérations avec la clientèle
dégagent un excèdent de ressources de 803 milliards de FCFA. On
relevait un excédent de 652 milliards FCFA en septembre 2006.
Les banques camerounaises dégageaient un
déficit des capitaux permanents de 4 milliards de FCFA par rapport aux
valeurs immobilisées en 2005. A fin septembre 2006, ce déficit
s'élevait à 9 milliards de FCFA.
L'excédent de trésorerie se situe à
823 milliards FCFA en 2006 (43.4% du total du bilan). Il a enregistré
une fluctuation de plus de 26.0% par rapport à la situation
prévalant douze mois plus tôt48(*).
Graphique 1 : structure de l'actionnariat des
banques camerounaises (en %)
au 31.12.2004 2.1.1.2-Les intermédiaires financiers non
monétaires
Les intermédiaires financiers non monétaires
comme le précise Fouda Owoundi (2005), « à
l'occasion de leurs opérations de prêts, ne peuvent remettre que
des billets de banque ou de monnaie scripturale dont ils n'assurent ni
l'émission, ni la création, et dont doivent par conséquent
se procurer auprès de la banque centrale, des banques secondaires ou
encore des gestionnaires d'épargnes liquides préalablement
collectées ». Au Cameroun, on retrouve dans cette
catégorie :
Ø les entreprises d'assurances (AXA assurance, Activa
assurance, Garantie mutuelle des cadres GMC...)
Ø les services financiers des postes (Campost)49(*)
Ø les sociétés financières
d'investissement et de participation.
2.1.1.3-Les autres intermédiaires
financiers
Sous ce vocable, figurent les établissements
financiers et les institutions financières spécialisés.
Les établissements financiers renvoient aux structures qui ont pour
vocation de promouvoir : la consommation, l'investissement, le
factoring50(*), le
courtage financier et le crédit-bail (leasing).
Les établissements financiers
agréés au 31/12/200651(*) sont au nombre de (10) et décorent le paysage
bancaire camerounais. On distingue en effet : (01) établissement de
recouvrement de créances (Société camerounaise de
recouvrement des créances SRC) ; (03) établissements de
promotion de la consommation (Société camerounaise
d'équipement SCE ; Société générale
d'équipement et de crédit SOGEC ; Société
camerounaise de crédit automobile) ; (01) établissement de
promotion du leasing(Africa leasing company ALCSA) ; (01)
établissement de promotion du factoring(Société
financière africaine SFA SA) ; (02) établissements de
promotion des investissements(PRO-PME financement SA ,
Société nationale des investissements SNI) ; (01)
établissement de promotion de l'habitat ( Crédit foncier du
Cameroun CFC qui fait l'objet de cette étude) ; (01)
établissement d'aide aux PME (Fonds d'aide et de garantie des
crédits aux petites et moyennes entreprises FOGAPE52(*)
2.2-Le secteur de la microfinance
Le mouvement mutualiste et coopératif initié
au début des années 1970 et qui cherchait à
édifier une organisation économique qui ne soit ni capitaliste ni
étatique n'a pu atteindre une dimension significative dans le domaine de
la production industrielle dans les pays en développement (Bourva,1979).
Toutefois, dans le domaine monétaire et financier les
réalisations certes appuyées par le concours de l'Etat ont
été très importantes et continuent d'ailleurs à se
développer, notamment au Cameroun.
La microfinance est une activité bancaire bien
réglementée. En effet, la législation camerounaise
définit d'une part la microfinance comme : « une
activité exercée par des entités agréées
n'ayant pas le statut de banques ou d'établissements financiers telle
que définie à l'Annexe de la convention du 17 janvier 1992
portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de
l'Afrique centrale et qui pratiquent, à titre de profession habituelle,
des opérations de crédits ou de collecte de l'épargne et
offrent des services financiers spécifiques au profit des populations
évoluant en marge pour l'essentiel du système du circuit bancaire
traditionnel ». Elle classe les établissements de
microfinance en trois catégories d'autre part. Ainsi on
distingue :
Ø les établissements de première
catégorie qui collectent la collecte de l'épargne de leurs
membres qu'ils emploient en opérations de crédit, exclusivement
au profit de ceux-ci ;
Ø les établissements de deuxième
catégorie qui collectent l'épargne et accordent des
crédits aux tiers ;
Ø les établissements de troisième
catégorie qui accordent des crédits aux tiers sans exercer
l'activité de collecte de l'épargne53(*).
Le nombre d'établissements de microfinance en
activité au Cameroun s'est établi à 490 en 2006, dont 252
EMF constitués en réseau, au sens de la réglementation
CEMAC. Le nombre d'EMF indépendants de deuxième catégorie
est de 3554(*).
L'activité de la microfinance évolue d'une
façon nettement appréciable. En effet, au 31 décembre
2006 les dépôts collectés par les établissements de
microfinance au Cameroun atteignaient 163.53 milliards de FCFA (contre 38.64
milliards à fin 2000) et les crédits bruts distribués se
chiffraient à 104.96 milliards (contre 27.88 milliards en 2000)55(*).
2.3-Le secteur public et semi-public
Le système bancaire camerounais comporte un
troisième ensemble d'institutions que l'on peut, à plusieurs
point de vue, grouper dans un secteur public ou semi public. Branger
cité par le CFPB (1973) parlant du secteur public et semi-public
bancaire le définit comme, « des instituts publics et
semi-publics de financement et de crédit ayant un statut spécial,
fixé par des dispositions législatives ou
réglementaires ». Par ailleurs, s'exprimant à
propos des raisons d'être de ce secteur, il mentionne
qu' : «il est l'un des instruments d'une politique de
contrôle du crédit, au sens le plus large du temps, qu'il s'agisse
du volume distribué(développement ou restriction) ou de l'objet
des crédits consentis(orientations) ; de même ajoute
t-il, le secteur public ou semi public a pour objet de compléter
l'action du secteur privé du crédit ; l'intervention de
celui-ci étant pratiquement toujours à l'origine des
interventions de l'Etat en faveur d'un secteur
déterminé(...) ou pour la réalisation d'un type
particulier d'opérations(...) ».
En réalité, l'Etat peut se faire banquier,
participer à des organismes bancaires ou se substituer à certains
d'entre eux ; c'est dans cette perspective que s'est située
l'apparition d'un secteur public du crédit au Cameroun.
Le secteur public et semi-public se compose au Cameroun
des administrations publiques (Trésor) et des établissements
publics spécialisés dotés d'une certaine autonomie.
2.3.1-Le Trésor public
2.3.1.1-Définition du Trésor
Selon Fouda Owoundi
(2005 :16), « le trésor n'est pas une
institution financière en tant que telle, c'est un agent financier dont
l'activité financière peut être schématisée
par un bilan des opérations financières. Outre son rôle de
caissier de l'Etat (...), le trésor exerce des activités de
banquier dont le rôle est non négligeable, notamment en fixant le
montant de la dette publique qui sera financée par le secteur
bancaire »
2.3.1.2-Le Trésor public du Cameroun
Le Trésor public camerounais a été
créé en 1921 à la suite du décret du 12 mai 1921
instituant une trésorerie dans les territoires du Cameroun et y
créant une caisse de réserve.
Le Trésor public camerounais assure deux missions
distinctes dans l'utilisation des fonds :
Ø il règle les dépenses
budgétaires définitives de l'Etat camerounais dans le cadre du
fonctionnement de ses services publics, de ses investissements ainsi que
des subventions56(*) qu'il
peut être amené à accorder à ses
démembrements.
Ø Il peut aussi à la demande de l'Etat
camerounais prêter des fonds aux entreprises publiques, aux organismes
ainsi qu'aux Etats dont la garantie est assurée par le Cameroun.
Le Trésor camerounais dispose de ressources qui
proviennent des dépôts à vue effectués par les
« correspondants internes », c'est-à-dire des
institutions publiques ou parapubliques qui sont tenues de déposer leurs
fonds libres au Trésor57(*). Ces ressources peuvent en outre de lui même
à partir des opérations de souscription des titres
effectuées par les particuliers ou des emprunts qu'il peut contracter
auprès d'autres Etats à long terme.
2.3.2-Les organismes
spécialisés
Le secteur public ou semi-public est composé
d'organismes créés par l'Etat pour couvrir des besoins de
crédits spécifiques. Ces établissements ont deux
caractéristiques communes : d'une part leurs ressources ne
comportent pas des dépôts du public, les fonds qu'ils
reçoivent des agents économiques sont obtenus par subventions ou
par prises de participation dans leur capital ; d'autre part ils ne
participent guère au refinancement du trésor. Au contraire ils
peuvent en attendre éventuellement des concours de ce dernier (Bourva,
1979).
Au Cameroun, la Société nationale
d'investissement (SNI), la Société de recouvrement des
créances du Cameroun (SRC), entrent dans ce groupe (Fouda Owoundi,
2005).
SECTION II
LE CREDIT FONCIER DU CAMEROUN : UN ETABLISSEMENT
DE CREDIT SPECIALISE
Le Crédit foncier du Cameroun est une institution
financière à caractère bancaire dont la raison
d'être est de promouvoir l'habitat social sur l'étendue du
territoire national Camerounais. En réalité, Il s'agit d'un
instrument concret mis en oeuvre par les pouvoirs publics, pour permettre aux
agents économiques désireux d'accéder à la
propriété immobilière au Cameroun de pouvoir lever les
fonds nécessaires à l'investissement sous former de prêts
immobiliers garantis par des biens matériels. Autrement dit, le CFC a
été créé pour qu'il se charge de mettre à la
disposition des ménages des prêts pour l'acquisition ou la
construction de leur résidence principale.
Ces prêts attachés de conditions pour le
moins avantageuses comparativement avec celles pratiquées par les
banques commerciales sont les uns réservés à des familles
dont les ressources ne dépassent pas un maximum de revenu, les autres
aux personnes morales dont la vocation première s'inscrit dans la
promotion de l'habitat social.
Cette section se propose de présenter
l'organisation et les missions du CFC. Pour le faire, nous procédons en
deux étapes consistant d'une part à définir de
manière précise le concept d'établissement de
crédit spécialisé et le fait saillant qui le
caractérise(A) ; puis d'autre part de
présenter l'organisation et les missions proprement dites du
CFC(B).
A) ETABLISSEMENT DE CREDIT SPECIALISE, CREDIT
IMMOBILIER :
DEUX PRELUDES INDISPENSABLES A L'APPREHENSION DU
CFC
Le CFC peut être considéré à
juste titre comme un établissement de crédit
spécialisé. Si Touna Mama (in Bekolo-Ebe, 2002 :88)
le qualifie d' «établissements publics à
caractère bancaire », il n'en demeure pas moins vrai
affirme Fouda Owoundi (2005), qu'au regard de son organisation, sa mission et
son fonctionnement, le CFC est un établissement financier
spécialisé. Cependant, si l'appellation d'établissement
financier spécialisé peut être attribuée au CFC,
encore faudrait-t-il pouvoir la définir.
1-Etablissement de crédit
spécialisé : une définition
générale
Au sens de Peyrard (2001 :143), un
établissement de crédit spécialisé est une personne
morale dont l'activité est liée à un intérêt
public pour l'Etat. Garsuault et priami (1997 : 101) notent pour leur part
que : « ce sont des établissements de
crédit auxquels l'Etat a confié une mission permanente
d'intérêt public ».
Patat (1993 :56) parlant des caractéristiques
propres à ces institutions financières spécialisées
mentionne qu' : «Elles sont toutes sous la tutelle des
pouvoirs publics, même si elles sont quelquefois possédées
par des actionnaires privés ;
-Elles distribuent essentiellement des crédits
longs, destinés aux besoins collectifs et sociaux
(...) ».
S'inscrivant dans la même logique de
définition des établissements de crédit
spécialisés, Fouda Owoundi (2005) précise pour sa part
qu'il s'agit : « [...] d'organismes créés
avec le concours des pouvoirs publics pour remédier aux insuffisances du
système bancaire dans certains domaines et permettre une plus grande
action de l'Etat dans l'économie. A partir des ressources
variées, ces organismes peuvent effectuer des prêts et surtout
exercer une fonction de transformation ayant trait aux échéances
et aux risques ». Branger (1976) écrit en guise de
conclusion que les établissements de crédit
spécialisés en raison de leur fonction bancaire sont
spécialisés dans le financement des crédits
d'équipement, des marchés publics, de crédits
professionnels, d'opérations commerciales internationales ainsi que de
la construction. Dans ce dernier registre, soutient Fouda Owoundi (2005),
figure au Cameroun le CFC
D'une manière générale, un
établissement financier spécialisé est une personne morale
généralement de droit public à qui l'Etat confie le
financement d'une activité spécifique, attachée de moyens
spécifiques ; l'objectif visé ici étant la
satisfaction de l'intérêt public. Ainsi par exemple, dans le
domaine de la construction, il peut être question par le canal de
crédit spécifique que l'Etat conçoive un
établissement de crédit afin d'encourager la promotion de
l'habitat social. Autrement dit, l'Etat peut créer un organisme dont le
but est de mettre à la disposition des agents économiques
désireux des prêts immobiliers pour la réalisation de tout
projet destiné à l'habitat qu'on appelle Crédit foncier
(Ebe-Evina, 1998 :63). Il se pose alors la question de savoir qu'est-ce
que le prêt ou crédit immobilier.
2-Definition et expérience du crédit
immobilier
1- Définition
1.1-Qu'est-ce que le crédit
immobilier ?
Le crédit, quel que soit son objet, son
bénéficiaire ou ses formes, est l'activité essentielle des
établissements de crédit. Pour Ferronnière cité
(in Centre de formation de la profession bancaire, 1975 :62) le
banquier appelle: « [...] opération de crédit
toute opération par laquelle, faisant confiance à son client, il
accorde à celui-ci le concours de ses capitaux ou sa
garantie » .S'inscrivant dans la même logique de
définition et d'appréhension du concept de crédit,
Dicovert(1979 :149) pose que le crédit notamment bancaire peut
être défini comme, « un prêt
accordé par une banque à une entreprise ou à un
particulier, celui-ci s'engageant à rembourser cette somme :
suivant un échéancier, en payant des intérêts en
rémunération du service rendu par le banquier. En outre,
prévient t-il, des garanties sont en général
demandées par le banquier ».
Il apparaît donc que le crédit est une
assistance financière du banquier à l'égard de son client.
Cette assistance est assortie de caractéristiques propres au type de
crédit sollicité. Dans cet esprit, les crédits ou
prêts immobiliers peuvent s'entendre au sens de Bernet-Rollande
(2004 :111) comme des crédits qui peuvent
être: « accordés pour toute opération
immobilière : acquisition ou travaux, résidence principale
ou secondaire, résidence de l'emprunteur ou investissement
locatif ». Cependant, le Centre de formation de la profession
bancaire (1975 :91) indique que lorsque les crédits immobiliers
sont financés avec l'aide de l'Etat, lesquels crédits sont alors
qualifiés de « Prêts du Crédit Foncier58(*) », ils s'inscrivent
dans le cadre d'une politique édictée par les pouvoirs publics
pour faciliter l'acquisition d'habitations à usage principal et
permanent du propriétaire. Quelle que soit leur nature, ces prêts
sont toujours assortis d'une hypothèque de premier rang et,
éventuellement d'une assurance-vie.
1.1.2-Les ambiguïtés du
vocabulaire
Le crédit immobilier, très souvent, donne
lieu à confusion avec le prêt ou crédit
hypothécaire. En effet, pour les anglo-saxons, un seul
mot « mortgage59(*) » désigne à la fois
l'hypothèque, le crédit hypothécaire et le crédit
immobilier. La raison principale qui entretient la difficulté
sémantique vient du fait que dans certains pays60(*) est apparu un crédit
hypothécaire à des fins autres que l'investissement immobilier.
Dans la perspective de lever cette ambiguïté,
Bernet-Rollande (2004 :112) note que si le crédit
hypothécaire doit répondre à des
caractéristiques61(*) précises pour permettre à
l'établissement prêteur de se refinancer, il devrait toutefois,
clarifie-t-elle, « [...] s'agir des prêts finançant
le logement (...) et assorties d'une garantie hypothécaire et à
un taux maximum : l'apport personnel de l'emprunteur doit être au
minimum de 20% ». En pratique, le crédit
hypothécaire et le crédit immobilier obéissent à
une même logique tant dans leurs opérations de montage que
l'utilisation même du crédit. En effet, le prêteur pour
évaluer ses risques doit apprécier tant pour le crédit
immobilier que pour le crédit hypothécaire la possibilité
de défaillance du débiteur comme dans les autres
crédits62(*). Mais, il doit en plus s'assurer de la
solidité du gage de son client dans le cas du crédit
hypothécaire (Bouazabia, 2007). Autrement dit, le crédit
hypothécaire est un crédit garanti par une sûreté
réelle, c'est-à-dire un bien immeuble.
1.2- Crédit immobilier :
l'expérience de la titrisation aux USA
Le système de financement du logement aux USA a
été mis en oeuvre dans les années 1930 en même temps
que la mise en place du système bancaire après la crise de
1929 ; la priorité étant certes à cette époque
d'assurer une stabilité financière au système en offrant
une protection maximale aux épargnants. Le système ainsi
adopté distinguait deux secteurs les banques commerciales
traditionnelles et les caisses d'épargne dont la fonction principale
était de drainer l'épargne des particuliers et de les
protéger contre tout risque de défaillance. Or la surproduction
dont avait bénéficié ce secteur, a sans doute
été à l'origine de sa mauvaise gestion et de sa faillite.
En effet, fort de la garantie de l'Etat et ne craignant pas les sanctions des
clients, les Caisses d'épargne se sont livrées à des actes
de gestion arbitraire tels que la mauvaise évaluation des risques, une
insuffisante répartition géographique des risques ainsi
qu'à une application de taux d'intérêt
élevés.
Cette situation de crise a conduit à une reforme
générale du système de paiement Américain. Dans ce
mouvement, le système de distribution des financements
hypothécaires a été reformé en 1929 selon les
dispositions du Financial Institution Reform Recovry and Enforcement(FIRRE) qui
finalisa la restructuration qui avait découlée suite à la
crise. En réalité, c'est une situation de morcellement aigue que
vit le marché hypothécaire américain avant l'apparition de
la titrisation.
La titrisation est une technique qui consiste en la
transformation de certaines créances illiquides figurant à
l'actif des banques en titre négociables et liquides (Bouzabia, 2007).
Par ce biais, les établissements financiers spécialisés,
en particulier, disposent d'un instrument de gestion de leurs actifs. Cet
instrument leur permet de limiter les risques portés à l'actif de
leurs bilans. En outre, la cession des créances sur la clientèle
entraîne le transfert à l'investisseur des principaux risques
attachés à la détention d'un crédit (risque de
défaut, risque de liquidité, risque de taux...). Autrement dit,
la titrisation favorise l'externalisation des risques vers le marché
où dès lors se sont les investisseurs qui supportent la plupart
des risques inhérents aux crédits ainsi titrés. Par
ailleurs, la titrisation permet d'optimiser la structure des bilans des
établissements de crédit par la réduction des risques,
d'accroître la compétitivité et conséquemment une
meilleure rentabilité.
La titrisation est apparue aux Etats-Unis dans les
années 1970, au moment où il fallait relancer le financement de
l'immobilier qui était inadapté en raison du niveau
élevé des taux d'intérêt et du plafonnement de la
rémunération des dépôts qui avait pour objet de
remédier au déficit de la balance des paiements et éviter
la fuite des capitaux. Alors qu'à l'origine la titrisation des actifs se
limitait aux prêts hypothécaires immobiliers, elle s'est
étendue au milieu et à la fin des années1980 aux
prêts pour l'achat d'automobiles, aux effets à recevoir
liés aux cartes de crédit, aux prêts hypothécaires
commerciaux et aux contrats de crédit-bail. Par ailleurs, on a
même tenté de titriser le crédit commercial et les
prêts commerciaux. En réalité, la raison de cet
élargissement de la titrisation tient au fait que le total des
coûts de transaction des opérations de crédit est souvent
inférieur avec la titrisation à ce qu'il est quand une
institution de dépôt sert d'intermédiation entre
emprunteurs et épargnants.
B) CREATION, MISSIONS ET ORGANISATION DU
CFC
1-Création du CFC
Dans les années 1970, le Cameroun a connu une forte
croissance économique dont les effets ont été en autres,
une demande croissante en logements. En effet, l'exode des populations des
zones rurales vers les centres urbains à fort potentiel d'emplois et la
croissance démographique remarquable durant cette période ont
entraîné une certaine accélération du
phénomène d'urbanisation notamment dans les villes de
Yaoundé et Douala. La crise du logement qui s'en est suivie a
entraîné une urbanisation anarchique. Face à ces
défis, les pouvoirs publics créent en 1977, le ministère
de l'Urbanisation et de l'Habitat dont les missions sont de planifier le
développement urbain, de faciliter et d'impulser la contribution de
villes modernes projetées vers le futur et de combler le gap en
logements.
Cependant, le secteur bancaire et financier a toujours
été considéré au Cameroun comme un secteur
stratégique au fonctionnement de l'économie, de ce fait il est
souvent soumis au contrôle direct ou indirect des pouvoirs publics
suivant plusieurs formes dont notamment la création des banques
publiques ou de développement ou la création des
établissements financiers. C'est dans cette logique qu'à la fin
de la décennie 70, des structures d'intervention adaptées au
secteur de l'habitat, à savoir la MAETUR63(*), la SIC64(*) et le CFC sont créés.
Le Crédit foncier du Cameroun a été
créé à la suite du décret No77-140 du 13
mai 1977 modifié et complété par le décret
No81/236 du 17 juin1981. Son activité est régie par
son règlement intérieur contenu dans le décret
No84/16/3 du 26 octobre 1984. Cependant, il convient de noter que le
Crédit foncier du Cameroun est la matérialisation des
sociétés de crédit foncier autorisées à la
faveur du décret du 28 mai 1938 portant organisation du crédit
foncier au Cameroun. C'est un établissement à capitaux publics,
classé dans la première catégorie des
établissements publics au Cameroun. Il est à caractère
commercial, est doté de la personnalité juridique et d'une
autonomie financière et est placé sous la tutelle du
ministère des Finances65(*).
Son siège social est à Yaoundé et son
capital social est de (06) milliards de FCFA. Il a pour objet d'apporter son
concours financier à la réalisation de tout projet destiné
à promouvoir l'habitat. Outre son siège social à
Yaoundé, son réseau commercial se compose de (10) agences qui
couvrent l'étendue du territoire national camerounais66(*). Par ailleurs, il a ouvert en
juin 1996 une représentation à Paris pour la clientèle
camerounaise de la diaspora. Son effectif total se dénombre à 283
employés au 31 décembre 2005. De même, on inscrivait
à son actif un montant total de financement accordé de l'ordre de
185 milliards de FCFA à cette date.
2-Missions du CFC
Les dispositions relatives aux missions du Crédit
foncier du Cameroun sont contenues dans le décret No82-237 du
17 juin 1981 approuvant le règlement intérieur du Crédit
foncier du Cameroun d'une part et les différents décrets
d'accompagnements y afférents d'autre part. Il est donc question de
revisiter brièvement ces décrets pour ressortir la mission
essentielle du CFC.
Le CFC a pour mission d'apporter son concours financier
à la réalisation de tout projet destiné à
promouvoir l'habitat. A cet égard, l'article 3 de son décret de
création précise qu'il est habilité à :
Ø financer les travaux d'équipement,
destinés à la construction de logements
économiques ;
Ø rechercher et mettre en place les financements
nécessaires aux sociétés immobilières et de
promotion, ainsi qu'à la réalisation de tous programmes de
logements économiques entrant dans les objectifs du plan et dont les
caractéristiques techniques répondent aux normes définies
par arrêté du Premier ministre ;
Ø collecter, recevoir, en vue de faciliter
l'accès à la propriété immobilière, les
dépôts d'épargnes des personnes physiques ou
morales ;
Ø accomplir toutes les opérations
financières, commerciales, mobilières et immobilières se
rattachant directement ou indirectement à son objet social.
Ø faciliter l'accès des ménages
défavorisés à des parcelles de terrains dotées d'un
équipement minimum sur lesquelles ils pourront progressivement
construire un logement correspondant à leurs revenus, grâce
à des prêts adaptés ;
Ø assainir le marché foncier en créant
des lotissements, éligibles à des financements à taux
privilégiés ;
Ø assurer à long terme la construction d'un parc
immobilier de qualité répondant aux aspirations des couches
moyennes.
Pour l'accomplissement de ces différentes missions,
le CFC est pourvu de ressources appropriées.
2.1-Les ressources du CFC
Les ressources du CFC proviennent de divers horizons. En
effet, le capital du CFC se compose d'une manière
générale, des ressources générées par ses
activités ainsi que des dotations financières provenant des
subventions que lui octroi les pouvoirs publics67(*). Ainsi, son capital à sa création
était repartie par actionnaire comme suit :
Ø Etat du Cameroun 70% ;
Ø Caisse nationale de prévoyance sociale
20% ;
Ø Caisse d'épargne postale 5% ;
Ø Caisse nationale de réassurance 5%
Son capital social initialement fixé à hauteur
1.5 milliard de FCFA a connu une évolution plus que significative et se
chiffre à hauteur de (06) milliards de FCFA. Son actionnariat a subi
une légère modification et se présente désormais
comme suit :
Ø Etat du Cameroun 75% ;
Ø Caisse nationale de prévoyance sociale
20% ;
Ø Caisse d'épargne postale 5%
Outre les ressources constituant son capital, le CFC
bénéficie des recettes fiscales affectées ainsi que des
dotations, subventions, dons et legs. Par ailleurs, il est autorisé
à créer des obligations et mettre sur tout marché
financier ou contracter des emprunts. Il peut également
bénéficier des facilités de réescompte qui lui sont
consenties par la Banque des Etats de l'Afrique centrale dans les conditions
toutefois fixées par ses statuts68(*).
Quant à la nature de son capital enfin, l'article
14 du décret No81-237 du 17 juin 1981 portant
règlement intérieur du Crédit foncier du Cameroun stipule
que le capital du CFC doit être représenté par :
Ø des terrains ;
Ø des immeubles situés au Cameroun ;
Ø des participations dans les filiales du CFC ;
Ø des prêts à court, moyen et long
terme ; des valeurs du Trésor ;
Ø des effets de commerce, des effets
représentatifs de crédits à moyen terme ou par tous autres
titres émis pour la mobilisation de crédits à moyen terme.
3-L'organisation du CFC
Pour permettre au CFC de mener à bien la
délicate mission de promotion de l'habitat social au Cameroun, le
décret No77-140 du 13 mai 1977 portant création et
organisation du CFC lui a conféré une organisation qui
épouse la forme d'une pyramide, et au sommet de laquelle se trouve un
Conseil d'administration. La base se constitue de directions, de divisions
techniques ainsi que des services. Il est maintenant question d'examiner
brièvement les différentes missions dévolues à
chaque poste de responsabilité.
3.1-Le Conseil d'administration
Le Conseil d'administration est l'instance administrative
du CFC. Il a à sa tête un responsable nommé par
décret présidentiel. Le Conseil d'administration a les pouvoirs
les plus étendus pour la gestion et l'administration du CFC. A cet
effet, il peut notamment selon l'article 10 du No77-140 du 13 mai
1977:
Ø élaborer un règlement
intérieur ;
Ø fixer la structure interne et l'organisation
générale des services de la caisse ;
Ø arrêter les plans et programmes
d'activités ;
Ø approuver le budget prévisionnel,
décider de la répartition des bénéfices,
Ø approuver les comptes annuels ;
Ø procéder à tous les emprunts ;
Ø constituer toutes garanties hypothécaires et
autres, à l'exception de celles garantissant les emprunts
obligataires ;
Ø proposer l'extension des opérations du
CFC ;
Ø conférer à un ou plusieurs de ses
membres ou à des tiers tous mandats spéciaux pour un ou plusieurs
objets déterminés ;
Ø fixer le barème des
rémunérations du personnel cadre ;
Ø fixer l'étendue des pouvoirs
délégués au directeur général ;
Ø nommer et révoquer les cadres de direction sur
proposition du directeur général ; approuver les statuts du
personnel ;
Ø proposer l'augmentation ou réduction du
capital.
3.2-La direction générale
La direction générale est placée
sous l'autorité d'un directeur général qu'assiste un
directeur général adjoint, tous deux sont nommés par
décret présidentiel.
La direction générale du CFC est
chargée de l'exécution des décisions du Conseil
d'administration et des comités spécialisés. De
même, il assure la gestion courante des activités validées
par le Conseil d'administration. A ce titre, le directeur général
reçoit du Conseil d'administration les pouvoirs nécessaires pour
assurer la gestion du CFC. Il a pour mission:
Ø assurer l'application du règlement
intérieur et des textes législatifs et réglementaires
relatifs au CFC ;
Ø représenter le CFC dans les
sociétés où celui-ci détient des actions ;
Ø organiser et diriger tous les services du
CFC ;
Ø représenter le CFC dans les actes de la vie
civile et en justice ;
Ø prendre toutes mesures d'exécution et de
conservation qu'il juge utiles ;
Ø recruter, nommer et révoquer le personnel et
en fixe la rémunération69(*).
3.3-Quelques centres de responsabilités au
CFC
Au sens du CFPB (1991), un centre de responsabilité
dans une organisation peut être défini
comme : « une entité de gestion ayant un
responsable disposant d'un pouvoir de délégation pour
négocier des objectifs et des moyens et disposant d'un système de
pilotage de sa gestion ».
Au regard de cette définition, l'on peut mentionner
que le CFC comporte plusieurs centres de responsabilité qu'on peut
présenter en trois blocs :
§ Le Bloc stratégique
Le bloc stratégique comprend outre la direction
générale : l'audit et inspection générale, le
contrôle de gestion et l'informatique.
§ Le Bloc exploitation
Le bloc exploitation regroupe les unités qui
génèrent des ressources au CFC. Il comprend les directions de la
trésorerie, des engagements, du recouvrement ; mais aussi et
surtout des agences qui participent de manière appréciable
à la production de l'établissement.
§ Le Bloc frais généraux
Le bloc frais généraux comprend toutes les
unités qui concourent au fonctionnement du CFC. On y retrouve : la
direction commerciale, le marketing, la comptabilité, les ressources
humaines et le courrier70(*).
CONCLUSION
Cette présentation a passé en revue le
paysage bancaire Camerounais d'une part, l'organisation ainsi que les missions
du CFC, d'autre part.
Il ressort que le système bancaire d'une
économie est aujourd'hui un élément majeur dans la
stratégie de développement économique. En effet, le
système bancaire de par ses activités dans une économie
impulse le développement économique tout en l'orientant( Shaw,
1973).
Cette présentation s'est focalisée d'une
part sur le paysage bancaire camerounais et d'autre part sur l'organisation et
les missions du CFC.
On peut noter que l'économie camerounaise dispose d'un
système bancaire constitué principalement des
intermédiaires financiers monétaires et les intermédiaires
financiers non monétaires.
S'agissant des intermédiaires financiers non
monétaires, les investigations menées révèlent que
le CFC est une banque spécialisée dans le financement de
l'habitat au Cameroun. Il est doté d'un Conseil d'administration, son
capital est majoritairement étatique et il jouit d'une autonomie
financière. Sous tutelle du ministère des Finances d'où il
tire la grande partie de ses ressources, l'établissement dispose de (10)
agences qui couvrent l'étendue du territoire national, et d'une
représentation à Paris pour la clientèle camerounaise de
la diaspora.
Il s'agit dès lors de mettre en relief l'impact du
cadre réglementaire et institutionnel camerounais sur son
fonctionnement.
CHAPITRE IV
VALIDATION EMPIRIQUE DE L'IMPACT DU CADRE REGLEMENTAIRE
ET INSTITUTIONNEL CAMEROUNAIS SUR L'ACTIVITE DU CFC
Ce chapitre constitue l'articulation majeure du
présent travail du fait notamment de l'objectif qu'il se fixe. Il se
propose en effet de ressortir à partir d'une expérience
basée sur l'activité du CFC, l'impact du cadre
réglementaire et institutionnel camerounais sur l'activité des
établissements de crédit.
En réalité, la mise en place d'un angle
d'approche théorique ou conceptuel s'impose à tout travail de
recherche, tant il est vrai selon Rosier
(1987) :qu' « aucun discours descriptif ou explicatif
sur le réel n'est possible sans référence
théoriques » et que la théorie
elle-même « représente une grille de lecture du
réel en l'absence de laquelle celui-ci demeure totalement
indéfrichable ». Merton cité par Grawitz
(1990 : 519) mentionne que : « la recherche (...)
clarifie la théorie » et l'expérience ou
vérification de l'hypothèse «[...] se ramène
alors (...) à une observation systématique des
résultats» Grawitz(1990 :426). Autrement dit, il est Il
est question pour nous dans ce chapitre au travers d'une appréciation
critique, d'apporter des éléments susceptibles de contribuer
à la vérification de notre hypothèse.
Pour parvenir à cet objectif, nous structurons le
chapitre en deux parties. Une première section (I)
présente l'activité ou le fonctionnement du CFC, puis une
deuxième section (II) jette un regard critique sur le
cadre réglementaire et institutionnel camerounais et les implications de
ses limites sur l'activité du CFC.
SECTION I
L'ACTIVITE DU CREDIT FONCIER DU CAMEROUN : UNE
PRESENTATION GENERALE
Depuis le lancement des ses activités en 1979, le
CFC peut se targuer de contribuer de façon positive à
l'amélioration du bien-être des Camerounais. De ce point de vue,
les multiples réalisations effectuées sont la parfaite
illustration de son engagement et de son dynamisme. Ainsi lui
reconnaît-on aujourd'hui :
Ø le financement de la construction de plus de 15000
logements ;
Ø le financement de l'amélioration de plus de
30000 logements ;
Ø le financement de la construction par la SIC des
ensembles immobiliers à Yaoundé (Cités de Biyem-assi,
Mendong, Cité verte, Mfandena) ; à Douala (Cité des
palmiers, Bonamoussadi, Makepé, Kotto) ; Garoua, Ebolowa et
Limbé ;
Ø le financement de l'aménagement de plus de
15000 parcelles par la MAETUR dans les villes de Yaoundé, Douala,
Limbé et Kribi ;
Ø le financement de la Cité Olembé
(Yaoundé) et du programme de la Société
d'aménagement de Douala Mbanga Japoma (SAD)71(*).
D'une manière générale,
l'activité du CFC se peut se diviser en deux grands volets. D'une part,
on retrouve le volet prêts immobiliers qui contribue à hauteur de
80% de son produit net bancaire (A) et le volet bancaire dont
la participation au PNB72(*) est de l'ordre de 20%(B)73(*).
A) L'ACTIVITE DES PRETS IMMOBILIERS : PRODUCTION
GLOBALE DES PRETS
De 1978 à 2007, le Crédit foncier du
Cameroun a financé le secteur immobilier camerounais à hauteur de
199 milliards de FCFA. Ces financements ont permis la réalisation de
plus de 15000 logements et parcelles de terrain viabilisées. Le secteur
des prêts aux particuliers a mobilisé 72.08% de ces sommes, soit
un total 142 milliards de FCFA (1). Les financements en
direction des personnes morales sous forme de prêts constructions et/ou
prêts pour l'aménagement de terrains consentis ont absorbé
58 milliards de FCFA, soit 27.92% des interventions (2).
Eléments
|
Montant en Fcfa
|
%
|
Secteur individuel
|
142.577.258.700
|
71.3
|
Secteur groupe
|
56.452.982.205
|
28.7
|
Total
|
199.030.240.900
|
100
|
Source:Direction du Réseau CFC, 2007
|
|
|
1-La production par secteur : les prêts aux
particuliers
Les prêts aux particuliers (personnes physiques)
sont des « prêts sociaux » et/ou des
« prêts spéciaux» pour projets
à but non lucratif, c'est-à-dire des prêts à moyen
et long terme destinés aux ménages pour financer l'acquisition de
terrains, l'amélioration ou la réhabilitation des logements
existants, la construction ou l'acquisition de logements économiques
devant constituer l'habitation principale des bénéficiaires. Ces
logements sont quelque soit le cas considérés comme leur
première résidence.
La cible des prêts sociaux a été
définie par l'arrêté No 120/CAB/PM du 15
septembre 1981 définissant les conditions d'octroi des prêts du
CFC, modifié et complété par l'arrêté
No 036/CAB/PM du 12 mars 1983. A la lecture desdits textes, on
retient que (05) instruments ont été mis en oeuvre pour financer
les logements des particuliers à savoir :
Ø Les prêts aux personnes physiques à
condition modeste : les prêts sociaux lotissement à
équipement minimum (LEM), les prêts sociaux LOGECO et les
prêts sociaux Moyens ;
Ø Les prêts sociaux aux personnes physiques
à condition moyenne destinés au financement des logements sociaux
de standing élevé : les Prêts spéciaux74(*) et les
Prêts « Epargne-Logement ».
Si le but des instruments de financement de l'habitat mis
à la disposition des personnes physiques n'a pas évolué,
la terminologie quant à elle n'est pas restée immuable. Ainsi, on
distingue principalement comme produits au CFC les Prêts classiques, les
Prêts promo foncier et les Prêts foncier confort.
1.1-Le Prêt classique
Le Prêt classique ou « Foncier
classique » est un prêt à moyen et long terme
destiné aux ménages pour financer l'acquisition de terrains, de
logements ou de la construction de logement ainsi que des travaux
d'amélioration ou de finition de l'habitation.
Institué depuis l'exercice 1978/1979, le Foncier
classique actuel a connu une évolution remarquable. En effet, ce
prêt résulte de l'agrégation du Prêts moyen et long
terme, dénommé « Prêts sociaux LEM75(*) » qui était
destiné à financer l'acquisition, par des particuliers, de lots
de terrains assainis dotés d'équipements minimum, son taux
d'intérêt était compris entre 3.25% et 3.75% pour un
concours maximum inférieur à 120.000FCFA. Du prêt à
moyen et à long terme dénommé « Prêts
sociaux LOGECOS » destiné à financer l'acquisition ou
la construction, par les particuliers, de logements économiques devant
constituer leur résidence principale, son taux d'intérêt
oscillait entre 3% et 5% et son concours maximum était fixé
à 200.000 FCFA. Du prêt à moyen et à long terme
dénommé« Prêts sociaux MOYENS »
destiné à financer l'acquisition ou la construction par des
particuliers de logements économiques devant constituer leur
résidence principale, son taux d'intérêt fluctuait entre 5%
et 5.5% et son enveloppe allait au delà de 200.000FCFA. Si son
objectif n'a pas fondamentalement évolué, le Prêt classique
comporte aujourd'hui deux sous-classes ; selon qu'il est orienté
vers les clients extérieurs au CFC, on parle de Prêt foncier
classique ordinaire ou qu'il est adressé à son personnel,
on parle de Prêt foncier classique personnel.
Le Prêt classique est un prêt consenti par le
CFC pour permettre au bénéficiaire que sont les ménages
de construire une maison, acquérir un terrain et/ou un logement. Trois
conditionnalités lui sont assorties :
Ø les conditionnalités juridiques (Titre foncier,
permis de bâtir...)76(*) ;
Ø les conditionnalités financières (Ordre de
virement permanent, délégation de salaire,...)
Ø les conditionnalités techniques (Apport personnel
au moins 20% du coût du projet, travaux engagés,...)
Le Prêt classique est un prêt consenti sans
constitution d'une épargne préalable par le client. Son taux
d'intérêt est fluctuant. En effet, il a été
fixé à 11.5% en 2000 ; 11% en 2003 ; 10% en 2005 et se
situe actuellement à une hauteur de 7% l'an. Sa durée de
remboursement oscille entre 02 ans et 20 ans maximum.
A la date du 31/03/2007 ; le CFC à consenti un
montant total de Prêt classique s'élevant à 80 milliards de
FCFA, soit 56% de l'encours total des Prêts aux particuliers77(*).
1.2-Le Prêt épargne logement78(*)
Le Prêt foncier épargne logement servi au
ménage par le CFC est en réalité un compte
rémunéré sur lequel le client épargne des fonds en
vue d'un obtenir un prêt pour tout projet d'habitat même à
destination locative. L'opération consiste en la constitution d'une
épargne préalable en vue d'obtention un crédit pour
l'achat d'un terrain, la construction du logement et/ou son aménagement.
Institué au cours de l'exercice 1984/1985,
l'enveloppe de ce prêt peut atteindre (10) fois le montant de
l'épargne sous réserve toutefois de la capacité
d'endettement du bénéficiaire. Son taux
préférentiel n'est pas stable et oscille entre 6% et 6.5% l'an.
En effet, il s'est fixé à 6.5% jusqu'en 2005 et se situe à
hauteur de 6% actuellement. La durée de ce prêt est comprise
entre 02 et 20 ans maximum. Le montant initial de l'épargne est de
50 000FCFA et un dépôt minimal de 30 000FCFA est
exigible tous les mois ; tandis que la durée d'épargne
incompressible est de 6 mois. Les conditionnalités attachées
à ce prêt sont :
Ø les conditionnalités juridiques (Titre
foncier, permis de bâtir...) ;
Ø les conditionnalités financières (Ordre
de virement permanent, délégation de salaire,...)
Ø les conditionnalités techniques (Apport
personnel au moins 20% du coût du projet, travaux engagés,...).
Depuis son lancement en 1984, il a été servi
aux ménages pour un montant 1,5 milliard de FCFA, soit 1.5% de l'encours
total des prêts aux particuliers78(*).
1.3-Le Prêt promo foncier
Le Prêt promo foncier acquéreur est un
prêt pour logement simple sans constitution d'une épargne. Il est
destiné à l'acquisition d'un logement en état futur
d'achèvement s'inscrivant dans le cadre d'un programme immobilier.
Effectif depuis l'exercice 2001/2002, son taux
d'intérêt annuel reste volatile. En effet, il a été
de 10% en 2000-2005 et s'établit actuellement à 7%. Sa
durée de remboursement est de 02 ans minimum et de 20 ans maximum.
Les conditionnalités attachées à ce
prêt sont :
Ø les conditionnalités juridiques (Titre
foncier, permis de bâtir, hypothèque ferme sur titre foncier
mère, domiciliation des procédures foncière chez un
notaire agréé par le CFC...) ;
Ø les conditionnalités financières (Ordre
de virement permanent, délégation de salaire,
assurance-vie...)
Ø les conditionnalités techniques (Apport personnel
au moins 20% du coût du projet, travaux engagés,...)
L'encours total du Prêt promo foncier inscrit dans
les livres du CFC, au 31/12/2007, a une valeur de 2.8 milliards de FCFA ;
soit 2% du volume total des prêts aux ménages79(*).
1.4-Le Prêt foncier confort
Le Prêt foncier confort servi aux ménages au
CFC est en fait un compte rémunéré sur lequel le client
verse des sommes en vue d'obtenir un prêt destiné à l'achat
d'un terrain, la finition ou l'amélioration d'un logement (sanitaires,
peinture, clôture...) ainsi que la construction d'un logement. Le
montant du Prêt foncier confort est fonction du montant d'épargne
et de la capacité de remboursement de l'emprunteur. Ainsi, il peut
atteindre (10) fois le montant d'épargne. On distingue le Prêt
confort court terme et le Prêt confort moyen terme. Ces Prêts sont
octroyés à la suite d'une période d'épargne de (3)
mois et leur durée de remboursement ne peut excéder (5) ans. Les
Prêts foncier confort ont été institués au cours de
l'exercice 1994/199580(*).
Les Prêts foncier confort nécessitent une
durée d'épargne de 3 mois minimum assortie d'un versement minimum
de 20000 FCFA/mois. L'épargne ainsi constituée est
elle-même rémunérée aux taux des conditions de
banques81(*).
Le montant maximum des concours sur Prêt foncier
confort court terme est fixé à 3 millions de FCFA attaché
d'une durée de remboursement de 24 mois. Son taux d'intérêt
est volatile. En effet, il a été de 15 % de 1994 à
2000 ; puis de 12.5% entre 2001-2005 et se situe à 11%
actuellement.
Le Prêt foncier confort à moyen terme quant
à lui donne lieu à un concours maximal fixé à 6
millions de FCFA et est assorti d'une période de remboursement comprise
entre 25 à 60 mois maximum.
Les pièces à fournir pour constituer un
dossier de Prêt confort sont de manière
générale : la facture pro-forma des biens à
acquérir ou les devis descriptifs et estimatifs des travaux à
effectuer, l'attestation d'ouverture de compte, le certificat médical
indiquant la taille, le poids et la tension artérielle.
Cependant, il convient d'indiquer que outre ces pièces
il est spécifiquement demandé au salarié : les trois
derniers bulletins de salaire, l'attestation de l'employeur indiquant la date
d'embauche et de la présence effective au travail ainsi que
l'attestation irrévocable de salaire.
Pour les non salariés : le justificatif du
paiement de la patente, le titre foncier ou la production d'une caution qui
dès lors est astreint à la fourniture des trois derniers
bulletins ainsi que l'attestation de son employeur précisant sa date
d'embauche et de sa présence effective au travail.
Depuis leur mise en circulation en 1994/1995, l'enveloppe
de Prêts fonciers confort court et moyen terme accordés par le CFC
aux ménages s'élève à 53.6 milliards de FCFA, soit
37.5% du concours total des prêts aux particuliers82(*).
1.5-Le Prêt personnel CFC
Le Prêt personnel CFC n'est pas un prêt
spécifique. En effet, c'est un terme générique qui
désigne simplement l'encours des Prêts immobiliers
concédé par le CFC à son personnel pour permettre à
ce dernier de financer l'acquisition de terrains, de logements ou de la
construction de logement ainsi que les travaux d'amélioration ou de
finition de l'habitation.
Ces Prêts destinés au personnel renvoient
aux différents prêts immobiliers supra évoqués.
Toutefois les conditionnalités d'ordre juridique, technique et
financière attachées à ces prêts sont
abrogées. Par ailleurs, le personnel du CFC bénéficie des
privilèges tant au niveau des échéances de remboursements
que des taux d'intérêt sur les prêts qui leur sont servis.
Pour ce dernier cas d'ailleurs, on peut relever à titre d'exemple que le
taux d'intérêt servi sur le Prêt classique est de 4.5% avec
un apport personnel s'élevant à 10% du projet ; 4.5% et 10%
d'apport personnel pour le Prêt épargne logement et le Prêt
foncier confort court ou moyen terme.
D'une manière générale, le CFC a
accordé un montant de prêts à son personnel de l'ordre de
4.6 milliards de FCFA, soit 3.2% de l'enveloppe total des prêts aux
particuliers83(*).
Le tableau IV ci-après résume les
opérations par période de Prêts aux particuliers
réalisées par le CFC au cours des trois dernières
décennies.
Tableau IV : Prêts accordés aux
particuliers par période84(*)
Période
|
PC
|
PFEL
|
PPF
|
PFC
|
PP-CFC
|
TOTAL GENERAL
|
78/84
|
9231490820
|
0
|
0
|
0
|
378099000
|
9609589820
|
84/90
|
41581135335
|
33471332
|
0
|
0
|
1491224000
|
43105830667
|
90/96
|
9068681000
|
793387000
|
0
|
2352090946
|
946013036
|
13160171982
|
96/02
|
9067938222
|
571936000
|
681255000
|
26304889829
|
711321000
|
37337340051
|
2003-au31/02/07
|
11104918000
|
156112000
|
2156265000
|
24943053162
|
1003614000
|
39363962162
|
Total
|
80054163377
|
1554906332
|
2837520000
|
53600033937
|
4530271036
|
142 577 258 700
|
%
|
56,14
|
1,09
|
1,99
|
37,59
|
3,12
|
100
|
Commentaire graphique II
Les années 1978-1984 représentent la
période de démarrage des activités de démarrage des
activités. Cette période représente 7% de la production
totale des Prêts aux particuliers soit 9.6 milliards de FCFA.
La période 1984-1990 représente les
années fastes de la production intensive dans les catégories de
Prêts aux particuliers avec 30% des accords soit 43.1 milliards de
FCFA.
La période 1990-1996 enregistre une baisse de la
production des prêts aux particuliers avec un chiffre d'affaire de
13milliards de FCFA, soit 9% de la production des 30 dernières
années.
La période 1996-2002 se traduit par une
évolution à la hausse des Prêts aux particuliers avec un
concours total des Prêts s'élevant à 37.3 milliards de
FCFA, soit 26% de la production de l'enveloppe des prêts aux
particuliers.
La période 2003-2007 est traduite par une faible
variation à la hausse de l'activité de prêts immobiliers
avec un concours total de 39.3milliards de FCFA, soit environ 26% du chiffre
d'affaires total.
2- La production par secteur : les prêts aux
personnes morales
Les financements du Crédit foncier du Cameroun en
direction des personnes morales ont représenté 28.7% du montant
de ses activités de Prêts immobiliers au cours dès 30
dernières années, soit 56.4milliards de FCFA.
Les Prêts aux entreprises, tels que définis
aux articles 49 et 55 du règlement intérieur du CFC, sont
destinés au financement des opérations immobilières
initiées par les entreprises publiques ou privées en vue de loger
leur personnel à titre gratuit ou onéreux. En
réalité, il s'agit aujourd'hui des prêts consentis aux
promoteurs, aménageurs, ou collectivités locales pour les travaux
de viabilisation des terrains urbains ou ruraux, ou la construction de
logements dans le cadre de programme sociaux agrées par le Gouvernement.
Autrement dit, les prêts aux personnes morales sont des financements
octroyés par le CFC pour projets à but lucratif. Si ces
prêts sont à l'origine destinés aux promoteurs
institutionnels que sont la MAETUR, la SIC ou autres collectivités
territoriales décentralisées (...)85(*) depuis l'an 2000, ces
financements s'orientent de plus en plus vers la promotion immobilière
privée.
Les Prêts aux personnes morales sont assorties de
conditionnalités dont les plus significations sont :
a) Les renseignements juridiques sur le
projet
Ces renseignements renvoient à la présentation
par le promoteur du projet, des éléments
ci-après :
Ø titre foncier, acte de concession ou bail
emphytéotique du terrain site du projet établi au nom de
l'entreprise ;
Ø certificat de propriété du site du
projet ;
Ø certificat d'urbanisation du site du projet ;
Ø arrêté d'approbation du
lotissement ; autorisation de bâtir.
b) Les renseignements techniques sur le
projet
Ici le promoteur immobilier est astreint à la
fourniture :
Ø d'un plan de situation du site ;
Ø d'un plan du projet ;
Ø d'un plan et devis (quantitatif et estimatif) des
aménagements ;
Ø d'un plan et devis (quantitatif et estimatif) des
constructions ;
Ø d'un planning d'exécution du projet ;
Ø des renseignements financiers sur le projet.
c) Les garanties et conditions de mise en place et
décaissement du prêt
Les garanties et conditions de mise en place et
décaissement du prêt s'entendent comme :
Ø acceptation de l'offre de prêt par le Conseil
d'administration de l'Entreprise ;
Ø ouverture d'un compte d'opération au CFC par
lequel transitent tous les flux financiers générés par le
projet ;
Ø signature d'une convention d'ouverture de
crédit hypothécaire (OCH) ;
Ø sélection par l'emprunteur des entreprises
d'exécution suivant la réglementation en vigueur en
matière de marchés publics ;
Ø dépôt au CFC des contrats d'entreprises
dûment signés et enregistrés, annexés des cautions
et assurances y relatives, ainsi que toutes les pièces écrites et
graphiques nécessaires à l'exécution du projet86(*).
Toutefois, l'article 70 du décret
No77/91 du 25 avril 1977 mentionner que les Prêts aux
personnes morales sont subordonnés à la production de la
résolution du Conseil d'administration (pour une entreprise) ou de la
délibération du Conseil municipal approuvant le crédit et
autorisant le gérant (ou le maire) à signer la convention de
prêt.
Au CFC, les caractéristiques des Prêts aux
entreprises sont :
Ø le concours maximum du CFC ne peut dépasser
80% du coût total de l'opération, toutes dépenses
confondues ;
Ø durée maximum du prêt est oscille entre
10 ans et 20ans
Ø le plafond du concours est de 500 millions de FCFA
Les Prêts aux entreprises se repartissent en trois
catégories.
2.1-Le Prêt aux collectivités
territoriales décentralisées
Les Prêts aux collectivités sont des
prêts accordés aux communes pour la réalisation des
équipements communaux. Ils servent pour la réalisation des
projets communaux générateurs de recettes devant améliorer
les services urbains tels que les marchés, les gares routières,
les lotissements, les cités municipales et les abattoirs. Ils ont vu le
jour suite à l'octroi par la Banque mondiale de deux lignes de
crédit à l'Etat camerounais en 1989 et 1991. Cependant ces
prêts sont désormais accordés sur fonds propres du CFC.
Le montant maximum du prêt aux communes est de 100
millions de FCFA, un apport personnel de la municipalité est de l'ordre
de 30% minimum du coût du projet, une durée maximale de
remboursement fixée à 3ans. Son taux d'intérêt est
fluctuant. Ainsi, il a été de 12% l'an jusqu'en 2004, de 10.5%
pour les exercices 2005 et 2006. Actuellement il a été
fixé à 10% l'an.
2.2-Les Prêts promo foncier promoteurs
immobiliers (PPFPI)
Les Prêts promo foncier promoteurs immobiliers sont
des prêts accordés aux entreprises publiques ou privés qui
souhaitent acquérir des terrains pour la construction des logements
et/ou construire des logements pour loger à titre gratuit ou
onéreux leur personnel. Ces prêts s'adressent aussi bien aux
promoteurs institutionnels que sont la SIC ou la MAETUR qu'aux entreprises
privés oeuvrant dans la promotion de l'habitat.
L'enveloppe globale du Prêt promo foncier promoteurs
immobiliers est fixée à 500 millions de FCFA par promoteur. Son
taux d'intérêt est fluctuant. En effet, il a été de
12% l'an pour les exercices 1991 à 2000 ; puis il est passé
à 10.5% l'an entre 2001 et 2006 et actuellement il est de 10% l'an. La
durée maximale de ce prêt est de 20 ans. Il ne peut être
financé qu'à hauteur de 80% du coût total du projet.
En somme l'activité des Prêts immobiliers aux
personnes morales s'inscrit dans une logique de promotion de l'habitat social
au Cameroun, bien que de nouveaux horizons soient aujourd'hui explorés
par le CFC.
Le tableau V ci-après récapitule les
autorisations de Prêts aux personnes morales au cours des trois
dernières décennies au CFC.
En conclusion, le CFC a financé la promotion
immobilière au Cameroun, en trois décennies, à hauteur de
199milliards de FCFA. Ainsi, les particuliers ont
bénéficié d'un concours financier du CFC s'élevant
à 142 milliards de FCFA soit 71.3% de son chiffre d'affaire, alors que
les Prêts aux personnes morales s'évaluent à 56.4 milliards
de FCFA, soit 28.7% dudit chiffre d'affaire. Cependant, bien que le CFC soit
présent dans toutes les 10 provinces du Cameroun depuis 1984, la
production des points de vente reste disparate. En effet, on relève une
prééminence de production dans les agences de Douala et
Yaoundé qui à elles deux représentent 70% de la production
globale contre 30% au reste du réseau87(*).
Tableau V: autorisation de prêts aux personnes
morales 78/07
Période
|
MAETUR
|
SIC
|
COMMUNES
|
PROMOTEURS PRIVES
|
TOTAL
|
78/84
|
9972283000
|
7603192575
|
0
|
0
|
17575475575
|
84/90
|
9843000000
|
18520397832
|
0
|
0
|
28363397832
|
90/96
|
537164737
|
0
|
1015996967
|
0
|
1553161704
|
96/02
|
760000000
|
0
|
159533228
|
1289197866
|
2208731094
|
2003-au31/02/07
|
3930000000
|
0
|
0
|
2822216000
|
6752216000
|
Total
|
25042447737
|
26123590407
|
1175530195
|
4111413866
|
56452982205
|
%
|
44.3
|
46.3
|
2.1
|
7.2
|
100
|
Commentaire graphique III
La période 1978-1984 est marquée par le
financement des premiers grands lotissements et ensembles immobiliers dans les
villes de Yaoundé et Douala. Les financements accordés à
la SIC et à la MAETUR ont permis la réalisation des quartiers
Biyem-assi, Cité verte à Yaoundé et les Quartiers de la
Cité des palmiers à Douala.
Les financements de la période 1984-1990 sont
importants (28milliards de FCFA).Ces prêts ont servi à la
réalisation de grands travaux d'urbanisation et d'extension dans les
villes de Douala et Yaoundé.
La période 1990-1996 marque un tournant dans le
secteur des prêts aux personnes morales. En effet, la crise
socio-économique qu'a traversé le Cameroun a conduit à la
suspension des grands travaux d'urbanisation. La SIC a presque cessé ses
activités de promotion immobilière tandis que la MAETUR a
réorienté ses activités vers la création de
lotissements de taille modeste.
Les périodes 1996-2002 et 2003 à 2007 se
traduisent par une orientation nouvelle des activités du CFC au profit
notamment du financement d'infrastructures communales,
génératrices de revenus tels que les gares routières,
marchés,...
3-Les statistiques de production
Le financement des logements sociaux au CFC, par le biais
de ses instruments financiers, a permis jusqu'en 2007 d'accorder et de
réaliser des prêts pour un montant global de 199 milliards de
FCFA, repartis ainsi qu'il suit :
§ 19 programmes MAETUR pour 24.6
milliards de Fcfa ;
Ces programmes ont porté sur plus de 15000 parcelles de
terrain cédés par la suite, avec le concours du CFC, aux
particuliers et mises en valeur en grande partie par auto-construction.
§ 11 programmes SIC pour 26.12 milliards
Fcfa ;
La SIC a ainsi pu réaliser et mettre en vente toujours
avec le concours du CFC près de 4000 logements.
§ 42.413 projets individuels pour un
montant global de 142.5 Fcfa milliards.
§ Divers programmes sociaux d'entreprises (SOSUCAM,
SOCAPALM, etc...) pour logement de leur personnel ; des communes
(Monatale, Ebolowa etc...) pour un montant de 3.8 milliards Fcfa.
B) LES SERVICES BANCAIRES AU CFC
Le CFC se propose de satisfaire les besoins bancaires
qu'expriment aussi bien la
clientèle « professionnels » que
« particuliers », à travers le volet bancaire de son
activité. A cet égard, il met à la disposition de cette
clientèle différents produits et/ou services aux conditions
attrayantes.
Le volet bancaire de l'activité du CFC, dans cette
présentation, peut être structuré en deux parties à
savoir les produits destinés à la réception des
dépôts des clients (1) ; les services
relevants des opérations connexes d'un établissement bancaire
(2)
1-Les produits destinés à la
réception des dépôts de la clientèle
Depuis 1988, l'activité du secteur bancaire du CFC
comporte des comptes d'épargnes à caractère commercial. On
distingue donc les comptes courants ; les comptes chèques
(...).
1.1- Le compte courant
Le compte courant est une convention par laquelle deux
personnes décident d'affecter certaines de leurs créances
réciproques et enchevêtrées à un même
mécanisme de règlement instantané par fusion en solde
exigible, par l'une ou l'autre des personnes. Au CFC, ce compte est
généralement ouvert aux entreprises ainsi qu'aux
commerçants. Ce compte enregistre des opérations multiples et de
nature différentes (Opérations de caisse, dépôts ou
retraits, opérations de crédits). Le compte courant de par le
volume des opérations effectuées peut rendre aussi bien le CFC
que son titulaire créancier où débiteur.
1.2-Le compte de dépôt
Le Compte de dépôts (Epargne) est encore
appelé compte-chèques. C'est un compte sur lequel un client
appelé « déposant », dépose des
fonds. Il est ouvert aux personnes physiques en qualité de non
commerçant au CFC. Le compte de dépôt enregistre des
opérations de caisse venant augmenter ou diminuer les
dépôts. Les variétés de comptes de
dépôts disponibles au CFC sont:
1.1.1-Le compte d'épargne logement
Ce compte à pour but de faciliter le financement de
l'immobilier (acquisition d'un immeuble à usage de bureau ou
d'habitation). En effet, c'est un dépôt d'épargne
effectué par un client qui lui donne droit, sous certaines conditions,
à des prêts immobiliers d'un montant maximum fixé par le
CFC.
1.1.2- Le compte à terme
Le Compte de dépôts à terme est un
produit disponible au CFC. Il offre aux clients la possibilité
d'effectuer des dépôts à terme, c'est-à-dire
d'effectuer des dépôts qui sont bloqués pour une
période déterminée à la suite d'une convention
conclue entre le CFC et le client. Les fonds sont alors indisponibles et
produisent des intérêts à un taux contractuel.
Au sens de la loi bancaire camerounaise, le
dépôt à terme renvoit à tout dépôt dont
le titulaire s'engage à ne pas faire usage avant l'expiration d'un
délai minimum d'un mois. Toutefois, au CFC, la disponibilité de
tout ou partie du dépôt est librement négociable avec le
gestionnaire de compte.
Tableau VI : évolution des
dépôts par type (millions de FCFA)
Exercice
|
31/12/2002
|
31/12/2003
|
31/12/2004
|
31/12/2005
|
31/12/2006
|
31/12/2007
|
Comptes de dépôts à régime
spécial
|
8149
|
8229
|
8954
|
9067
|
ND
|
ND88(*)
|
Dépôts à terme
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Compte créditeurs à vue
|
3802
|
4819
|
6394
|
6415
|
ND
|
ND
|
Autres comptes
|
4297
|
2510
|
2562
|
2743
|
ND
|
ND
|
Total
|
16248
|
15557
|
17910
|
18225
|
|
|
Source: Direction comptable CFC
|
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|
2-Les services relevant des opérations
connexes
Les opérations connexes sont des services bancaires
qui sont étroitement liés aux opérations de crédit
et/ou de collecte de dépôts réalisées par un
intermédiaire bancaire. De ce point de vue, on dénombre comme
opérations connexes au CFC, les services ci-après : les
mises à disposition, les découverts, les transferts, les
facilités de caisse et les bons de caisse.
2.1-Le bon de caisse
Le bon de caisse est un effet de
commerce89(*) souscrit au
CFC. C'est une somme d'argent (dépôt) mise à la
disposition du CFC par le client pour une période de temps bien
déterminée (échéance) moyennant le paiement
d'intérêts précomptés en faveur du client
bénéficiaire.
2.2-Les transferts
Le transfert d'argent est encore appelé virement
dans la terminologie bancaire. Le transfert est très souvent
utilisé dans le cadre des opérations de commerce international.
C'est un mandat (droit) donné par un client du CFC pour que cet
établissement bancaire débite son compte d'une certaine somme et
qu'il en crédite un autre compte notamment du client tiers
impliqué dans la transaction avec le client du CFC.
2.3- Les découverts
Le découvert est un droit de tirage, une
autorisation donnée par le CFC à son client de rendre son compte
débiteur. Par conséquent, l'absence de tirage de sa part ne donne
pas lieu à un paiement d'intérêt. En revanche, tout tirage
est assorti d'un montant d'agios proportionnel au montant et à
l'échéance dudit tirage.
2.4- Les avances
L'avance est une opération de crédit
qui consiste pour le CFC à mettre à la disposition de son client
une somme d'argent de façon irrévocable, ceci en créditant
son compte.
Cette opération est de courte durée et peut
être garantie par des marchandises, titres et créances (...).
2.5- Les facilités de caisse
La facilité de caisse est un terme
générique désignant tout type de crédit ou
d'engagement consenti par le CFC à sa clientèle. La durée
de cet engagement étant extrêmement courte.
2.6- La mise à disposition
La mise à disposition est une opération de
crédit dans laquelle le CFC, à la demande d'un client titulaire
d'un compte dans ses livres, met à la disposition d'un client des
disponibilités de caisse dans une agence de banque
(généralement relevant du même réseau90(*)). Cette technique apporte une
certaine souplesse à l'opération de transfert, car en effet, le
bénéficiaire n'est pas tenu d'avoir un compte dans les livres de
l'agence correspondante.
Au terme de cette présentation, il ressort que
l'activité du Crédit foncier comporte exclusivement deux volets
à savoir le volet Prêts immobiliers d'une part et le
volet Services bancaires d'autre part.
Le volet Prêts immobiliers constitue
l'activité principale du CFC. Cette activité s'inscrit dans le
cadre de la mission d'intérêt général que lui a
concédé l'Etat. Elle est relative à la promotion de
l'habitat social au Cameroun. Ce volet contribue à hauteur de 80% de son
produit net bancaire. Par ailleurs, le CFC offre à sa clientèle
depuis 1988, une gamme diversifiée de services bancaires. Cet autre
volet de son activité représente aujourd'hui 20% de son produit
net bancaire.
Il s'agit donc maintenant de ressortir au travers d'une
analyse critique, l'impact des insuffisances réglementaires et
institutionnelles camerounaise sur son activité en
générale et celle de Prêts immobiliers en particulier.
SECTION II
LIMITES DU CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL
CAMEROUNAIS : LES IMPLICATIONS SUR L'ACTIVITE DU CFC
Les éléments qui précèdent
décrivent le cadre réglementaire et institutionnel de
l'activité des établissements de crédit au Cameroun ;
l'organisation et le fonctionnement du Crédit foncier du Cameroun. La
dynamique de ces facteurs qui s'inscrit elle-même dans le contexte global
d'après restructuration du secteur bancaire camerounais, induit dans le
fond non seulement une nouvelle perception de l'activité du CFC et des
autorités publiques. Mais davantage, elle fait ressortir les limites
d'un processus de restructuration bancaire au Cameroun et éclaire sur
les préalables ou conditionnalités d'une intermédiation
bancaire au service de l'économie camerounaise. C'est l'analyse en
profondeur de ces implications financières sous-jacentes mais
significatives qui constitue l'objet de cette section.
Pour ce faire, un cadre méthodologique sera
défini (A), puis une appréciation critique du
cadre réglementaire et institutionnel de l'activité bancaire au
Cameroun conduira à mettre en relief les implications de ses lacunes sur
l'activité du Crédit foncier du Cameroun (B).
A) LES PARAMETRES METHODOLOGIQUES DE L'ANALYSE DE
L'IMPACT DU CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL CAMEROUNAIS SUR L'ACTIVITE DU
CFC
La méthodologie est l'ensemble des méthodes
et techniques pouvant permettre au chercheur de mener une investigation
scientifique. Elle doit être explicitée pour faire comprendre la
logique d'analyse qui a sous-tendue les résultats de la recherche. M
Grawitz (1990 :631) le note fort bien lorsqu'elle mentionne
que, «le chercheur ne se contente pas d'indiquer les
résultats obtenus, mais rende compte dès le départ de la
démarche qui fût la sienne, de la façon dont il a obtenu
les données qu'il fournit ».
Dans l'optique d'observer cette exigence scientifique,
nous présenterons le cadre méthodologique à travers les
éléments d'appréciation ayant servi de repère
à l'analyse (1), et d'autre part, la démarche
évaluative ayant abouti à l'obtention des résultats de la
recherche (2).
1-Les paramètres méthodologiques de
l'impact du cadre réglementaire et
Institutionnel camerounais sur l'activité du
CFC
1.1-Nature qualitative de l'analyse
Dans la théorie de la recherche et ainsi que
précise Ouelet(1999), on distingue la recherche action, la recherche
appliquée, l'étude de cas, la recherche corrélative, la
recherche comparative, la recherche clinique, la recherche
expérimentale, la recherche exploratoire, etc. Ces différents
types de recherche sont mis en oeuvre en fonction de la nature des questions
à traiter.
La démarche analytique qui caractérise notre
étude a été choisie par rapport à la recherche
menée. Par ailleurs, notre étude s'inscrit dans une double
concomitante logique à savoir exploratoire et corrélative.
En effet, elle se propose d'une part d'identifier les éléments
d'un phénomène (insuffisances réglementaires et
institutionnelles) et d'autre part d'apprécier le rapport de ce
phénomène (incidences) à une chose donnée
(l'activité de crédit).
Du point de vue de l'analyse proprement dite,
l'étude porte sur une appréciation de type critique visant
à établir un lien de cause à effet entre deux grandes
composantes(cadre réglementaire et institutionnel) affectant une
même opération(crédit). La nature qualitative de cette
analyse s'appui davantage sur les critères de jugement que de
comptabilisation, étant entendu que le cadre réglementaire et
institutionnel ne peut être estimé quantitativement quand bien
même ses incidences produiraient sur l'activité du CFC des
résultats quantifiables.
C'est pourquoi nous utiliserons de façon
concomitante une approche critique dans l'optique de ressortir les limites du
cadre réglementaire et institutionnel camerounais et une approche
explicative pour mettre en relief les effets de telles lacunes sur les
résultats de l'activité du CFC.
1.2- Les instruments d'analyse
Les instruments d'analyse servent de supports de base au
travail mené dans le cadre des recherches relatives au sujet à
traiter. A cet effet, Beaud (2001) note qu'en fonction de la discipline, de la
démarche, du sujet ; il faut pouvoir mettre au point une
méthode scientifique sans négliger tout ce qui a
déjà été fait en la matière (...) tout en
examinant dans quelle mesure cela éclaire la question
étudiée. Mace et Petry cités par Tantchou (2006 :41)
mentionnent pour leur part que : « [...] selon la nature de
l'analyse, la recherche empirique pourra nécessiter un seul ou une
combinaison de deux ou trois instruments de collecte
d'information ».
Dans cette perspective, notre étude a mis à
contribution l'observation documentaire. L'observation documentaire s'entend
comme l'exploitation de divers documents dont le contenu se rapporte au centre
d'intérêt de la recherche. Ainsi l'observation directe a
favorisé l'analyse de données statistiques préexistantes
sur certains indicateurs de l'activité du CFC.
2-La démarche analytique de la
recherche
Notre démarche analytique a consisté dans un
premier temps à procéder à une observation documentaire
qui nous a introduit dans un ensemble de données permettant de
comprendre l'évolution du portefeuille de prêts immobiliers au CFC
dans ses divers aspects.
Nous avons pu ainsi prendre le pool de ce portefeuille
à travers pour l'essentiel :
Ø les bilans d'exercices ;
Ø les rapports d'activités ;
Ø les documents et notes de services émanant de
la direction d'exploitation, du réseau, du recouvrement et de la
direction administrative et financière ;
Ø rapport d'inspection CFC (enquête du 19 octobre
au 23 décembre 2005 ; rapport du 20 février 2006).
Ensuite, l'exploitation de ces documents nous a permis,
d'une part, de déceler un certain nombre de problèmes auxquels
fait face la mise en oeuvre des prêts immobiliers et dont la
responsabilité incombe pour une bonne partie au cadre
réglementaire et institutionnel camerounais. Et, d'autre part, la
manière dont les articulations dudit cadre affectent en amont et en
aval l'activité de Prêt immobilier au CFC. Autant de choses qui
nous ont poussé à nous interroger sur la problématique de
l'environnement réglementaire et institutionnel dans le
développement de l'activité du CFC et par conséquent
l'atteinte de son l'objectif principal à savoir la promotion de
l'habitat social au Cameroun.
Enfin, nous avons procédé à une
appréciation critique du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais pour y déceler les limites qui auraient un effet sur
l'activité de prêts immobiliers. Ce qui nous a amèné
à formuler des recommandations de politique économique pour
espérer sortir ladite activité de sa torpeur, au CFC.
B) APPRECIATION CRITIQUE DU CADRE REGLEMENTAIRE ET
INSTITUTIONNEL CAMEROUNAIS : LES EFFETS SUR L'ACTIVITE DU CFC
Le CFC est loin d'avoir réalisé la mission
qui lui a été assignée lors de sa création le 13
mai 1977, c'est-à-dire celle du financement de l'habitat social. En
effet, les résultats de cette activité reste pour le moins
moyen. Ainsi, par exemple en 30 ans d'existence, le CFC a à peine
financé la construction de 15000 logements, soit 500
logements/an ; l'amélioration de 30000 logements, soit 1000
logements aménagés/an ; l'aménagement de 15000
parcelles, soit 500 parcelles/an. En outre, l'impact social de cette
activité sur la population camerounaise reste largement mitigé.
En effet, de l'enquête réalisée par le Journal le
Messager en septembre 2002, relayée par Fokam
(2005 :88) : « il ressort que le Cameroun accuse
un déficit de plus de 500 000 logements
sociaux ».
Pourtant, pour mener à bien la politique nationale
de l'habitat au Cameroun, le CFC dispose de ressources importantes lui
permettant d'aller largement au delà des faibles résultats jusque
là obtenus. Cet établissement financier à
caractère bancaire tire en effet 85% de ses ressources de la taxe CFC
qui est une taxe parafiscale prélevé aux taux de 1% sur les
revenus des salariés et de 1.5% sur la masse salariale à la
charge de l'employeur instituée par la loi No77/10 du 13
juillet 1977. Des dépôts en compte
d' « Epargne-logement » institué par la loi
No002 du 29 juin 1982, défini par le décret
No83/011 du 11 janvier 1983 complété par les
arrêtés No154/MINFI du 2 février 1983,
No156 MINFI/MINUH du 3 février 1983 et
No178/A/MINFI/DCE du 10 mars 1983 définissant les montants
minima des versements initiaux et périodiques en compte d'épargne
et les modalités de leur rémunération91(*) ; le refinancement de la
BEAC qui consiste à accepter en réescompte les effets du
CFC92(*). Cette
faculté vient d'ailleurs de lui être retirée du fait
notamment de son abondante trésorerie qui lui permet de répondre
largement à sa demande. Cette aisance financière est d'ailleurs
confirmée par l'évolution du passif du CFC que détaille le
Tableau VII ci-dessous93(*).Tableau VII :
évolution des principaux postes du passif du
CFC en millions de FCFA
Exercice
|
31/12/2004
|
31/12/2005
|
31/12/2006
|
31/12/2007
|
Capital social et réserves
|
7663
|
7684
|
7975
|
8674
|
Contribution salariale nette dont report à
nouveau
|
60449 21166
|
65650 21166
|
70360 21166
|
75647 21166
|
Autres ressources permanentes notamment PPTE, BM,
Fonds Tourisme
|
2302
|
2302
|
2302
|
2302
|
Comptes créditeurs de la
clientèle
|
28280
|
30480
|
32980
|
35480
|
Créditeurs divers
|
898
|
1604
|
3684
|
5801
|
Total
|
99592
|
107720
|
117901
|
127904
|
Source : Rapport d'inspection CFC
Pour la période 2002-2007 sous revue, le cumul de
la trésorerie et dont des valeurs disponibles au CFC s'est
élevé à 343.8 milliards de FCFA ; tandis que le
montant total des prêts immobiliers au cours des trois décennies
est de 199 milliards de FCFA, soit 55.7 milliards93(*) de FCFA pour la période
2002-2007.
Par ailleurs, l'évolution de l'indice de couverture
des ressources par les emplois confirme la bonne santé
financière du CFC comme l'indique le Tableau VIII.
Evolution du taux de couverture des
ressources/ emplois (en millions de FCFA)
Années
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Dépôts
|
16248
|
15557
|
92289
|
100036
|
109929
|
119230
|
Crédits nets
|
49808
|
33187
|
29195
|
30613
|
30591
|
30591
|
Y94(*)=taux de couverture
|
33%
|
47%
|
316%
|
326%
|
360%
|
390%
|
Source : Bilan CFC (2002-2007) et nos
calculs
D'une manière générale,
l'évolution des prêts immobiliers tranche avec l'engouement que
suscite aujourd'hui le volet bancaire de l'activité du CFC. En effet, ce
volet a relégué, précise Fokam
(2005 :89), « au second plan sa mission
originelle », à savoir le financement de l'habitat
social.
Pour comprendre les causes de ce qui s'apparente à
une défection du CFC à l'égard des Prêts
immobiliers, nous identifierons les limites du cadre réglementaire et
institutionnel camerounais et leurs implications sur l'activité de
Prêts immobiliers comme aliment du rationnement des prêts
immobiliers au CFC (1), puis nous égrènerons
quelques recommandations de politique économique
(2).
1-Limites du cadre réglementaire et
institutionnel camerounais : les implications au CFC
Le cadre réglementaire et institutionnel
camerounais présente un certain nombre de limites qui affectent
directement l'activité des établissements de crédit au
Cameroun et partant le CFC.
1.1-La réglementation bancaire
Le développement de l'activité de
Prêts immobiliers passe au CFC par la recherche de solutions devant
favoriser l'accès au crédit à un coût raisonnable.
Or, depuis la libéralisation financière survenue en 1990,
elle-même caractérisée par la flexibilité des taux
d'intérêt, les taux débiteurs servis sur les prêts
immobiliers se sont envolés et leurs coûts restent pour le moins
prohibitifs, notamment pour les PME et les ménages95(*). Ces taux sont
particulièrement élevés pour le personnel de l'Etat qui a
connu une baisse de l'ordre de 60% de son traitement en 1992 et 1993. Autrement
dit, l'efficacité de la libéralisation financière au
Cameroun ne peut pas seulement s'analyser en terme de taux
d'intérêt, notamment créditeurs96(*). Cette analyse doit aussi
intégrer l'effet pervers de cette mesure dans le financement d'une
économie à travers l'exclusion du marché du
crédit qu'elle induit notamment pour les couches sociales
défavorisées comme les ménages à faibles revenus
majoritaires. On peut donc mentionner que plus la population à faible
pouvoir d'achat sera importante, plus les établissements de
crédit en général et le CFC en particulier s'orienteront
vers un rationnement par les taux.
Dans cette perspective, on comprend alors que la
distribution des prêts immobiliers peut ne pas être limitée
par l'insuffisance des capitaux au CFC. Autrement dit, l'offre de prêts
immobiliers n'est pas contrainte par la quantité de fonds propres
détenus par le CFC. En fait, le rationnement des Prêts immobiliers
au CFC est dû aux mécanismes microéconomiques habituels
(réaction de la banque au risque d'anti-sélection des
emprunteurs). Car en réalité, la perte du pouvoir d'achat ou la
baisse des revenus a amplifié le risque de contrepartie sur les
prêts immobiliers. C'est pourquoi aujourd'hui, les taux
d'intérêt débiteurs servis sur les prêts immobiliers
ne sont pas déterminés par l'équilibre du marché,
simplement parce qu'il y a rationnement par les taux au CFC.
La réglementation bancaire actuelle dans sa
logique de libéralisation a préconisé un
désengagement de l'Etat de la sphère bancaire au profit du
marché (Yilmaz cité par Zenabou). Pourtant, l'Etat camerounais
continu de détenir 75 % du capital du CFC et ses démembrements
que sont la CNPS et Campost, les 25% restant.
Cette présence de l'Etat qui traduit le refus de ce
dernier de se désengager de la sphère bancaire n'est pas sans
conséquence sur l'activité du CFC. En effet, cette
présence nourrit ce que Hugon (1999 :25) qualifie
de « prêts politiques »,
c'est-à-dire des prêts débarrassés de toute exigence
de rentabilité et qui très souvent ne donnent pas lieu à
une analyse approfondie du risque de crédit. Ceci a pour effet de
conduire le CFC à des niveaux de créances douteuses rarement
inégalés. A titre d'exemple, les créances en souffrance
sur la SIC sont estimées à près de 25 milliards de FCFA.
Or ces créances douteuses affectent négativement son
activité en ce sens qu'à travers les exigences
réglementaires de la COBAC, le CFC est obliger de transformer ses fonds
propres en provision pour atténuer son degré d'exposition au
risque d'insolvabilité.
La nouvelle politique de crédit au Cameroun s'est
fixée pour objectif explicite la stabilisation des finances publiques
(Touna Mama, 2002). Il est à souligner que la poursuite
effrénée de cet objectif se fait en réalité au
détriment des timides reprises observées de la croissance dans
notre pays, d'une part. Et, les instruments97(*) mis en oeuvre pour parvenir à cet objectif
sont tellement restrictifs qu'ils n'incitent pas le CFC à octroyer les
crédits qui contribueraient à l'amélioration du bien
être des Camerounais, d'autre part. Ce dernier préférant
même note Bekolo-Ebe (1998 :229), « [...] des
placements auprès de la banque centrale ou chez des correspondant
à l'emploi de ses liquidités pour financer les
entreprises et les ménages ». Dans cette logique, on
comprend pourquoi le CFC préfère placer ses excédents de
liquidité auprès de la BEAC pour un taux d'intérêt
de 1.55% (appels d'offres négatifs) contre un taux moyen sur
opérations98(*)
de crédit de 7%.
La réglementation prudentielle COBAC impose au CFC
une limitation de risque à travers notamment le ratio de division des
risques99(*) auquel il
est astreint. Or, cette contrainte réglementaire de limitation de
risque vis-à-vis de ses clients conduira les dirigeants du CFC à
imposer à l'exploitation le respect de normes plafond lors de
l'attribution de crédits nouveaux ou le renouvellement des autorisations
de crédits à sa clientèle. Aussi en cas de non respect
dudit ratio, et donc une distribution excessive de crédit, seul les
fonds propres (Tiers one)100(*) du CFC serviraient d'amortisseurs pour
protéger ses déposants. Or en réalité, face
à une telle éventualité, les actionnaires et les
administrateurs du CFC ont tout intérêt à mettre en oeuvre
de solides politiques d'administration du crédit.
La réglementation actuelle au Cameroun est
axée sur la théorie du choix de portefeuille (Zenabou, 2001).
Cette théorie est mal adaptée pour la prise en compte des
spécificités de l'activité du CFC en raison de ses
hypothèses fortes sur la complétude et la perfection des
marchés financiers. L'économie de l'information a
distingué une catégorie de spécificités de
l'activité bancaire liée à l'information. En effet, le CFC
fait face à des asymétries d'informations qui lui sont
spécifiques et dont leur non prise en compte dans la
réglementation prudentielle actuelle plombent de fait l'activité
du crédit dans cette institution. Autrement dit, la
réglementation prudentielle actuelle du fait qu'elle n'intègre
pas dans son architecture les éléments d'appréciations
fiables susceptibles de révéler la véritable nature des
emprunteurs, ne permet pas au CFC d'appréhender en temps opportun le
véritable risque assorti aux projets initiés par les
différentes catégories de sa clientèle. Or pour les
prêts immobiliers dont les échéances moyennes vont au
delà de 10 ans, l'absence d'informations sur l'emprunteur amplifie de
fait le risque de crédit ce d'autant plus que le contexte
camerounais est marqué par une asymétrie d'information forte,
elle-même découlant d'une faible lisibilité des emprunteurs
(Wamba et Tchamanbé-Djiné, 2002).
Fort de cet argument, il est à considérer
que la réglementation prudentielle COBAC basée sur la
théorie du choix de portefeuille, au détriment de la
réglementation prudentielle optimale, nourrit le rationnement de
crédit observé au CFC.
La réglementation prudentielle dans le cas d'un
établissement de crédit spécialisé qui mobilise
les ressources longues comme le CFC semble insuffisante. En effet, le
crédit immobilier comporte un niveau de risque élevé
(contrepartie, taux...) dont la charge devrait être partagée entre
l'établissement prêteur, les emprunteurs et l'Etat. Aussi, la non
contribution de l'Etat Camerounais aujourd'hui à la prise en charge du
risque emprunteur ne favorise pas les concours financiers que devrait apporter
le CFC lorsqu'il s'agit d'octroyer des prêts à l'accession
immobilière sociale que pourrait initier les opérateurs publics
ou privés par exemple. Dans cette logique, on comprend aisément
pourquoi le programme Camp SIC Mfandena réalisé par la SIC en
2006 n'a bénéficié d'aucun financement provenant du CFC.
Dans le même ordre d'idée, la
réglementation prudentielle COBAC impose au CFC un ratio de
solvabilité101(*)
minimum de 8%, c'est-à-dire que les fonds propres du CFC doivent
représenter au moins 8% de ses engagements. Dans un contexte ou
l'absence d'information
conjuguée à la faiblesse générale
des revenus des emprunteurs au Cameroun accompagne l'activité de
crédit, l'absence criarde d'une structure de garantie de crédits
dans la réglementation bancaire sonne comme une volonté
affirmée d'imposer aux établissements de crédit et partant
le CFC la mise en oeuvre des politique de crédit restrictive. On
comprend donc aisément l'évolution tranchée entre les
fonds propres du CFC et ses engagements tel que l'illustre le tableau VIII
ci-après, ressortant l'évolution du ratio de couverture de
risques.
Tableau VIII : évolution du ratio de
couverture de risques au CFC
Années
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Ratio de couverture des risques en %
|
ND
|
624,2
|
863,32
|
127
|
179
|
ND
|
Source : DAF/CFC
1.2-Le cadre institutionnel
Notre expérience au CFC nous permet d'affirmer que
l'analyse de la demande de prêt du client se fait essentiellement
aujourd'hui à travers le prisme de sa solvabilité. Cette attitude
s'explique par la pratique d'attribution du crédit à la
«personne» ayant cours dans cet établissement
bancaire car le prêt à la «garantie» est
considéré comme risqué. Autrement dit, le niveau de revenu
de l'emprunteur, le poids de ses mensualités, son reste à vivre
après prise en compte de ses mensualités déterminent la
décision d'octroi du prêt au CFC.
Au regard de cette stratégie, il est à
penser que l'importance réduite accordée à la garantie
réelle dans la décision d'octroi des prêts immobilier au
CFC joue dans le sens d'une sélection des emprunteurs qui
débouche sur un rationnement du crédit. En effet, la
marginalisation de la garantie dans la décision d'octroi de prêt
immobilier au CFC peut se comprendre à travers les soubresauts qui
caractérisent le transfert de propriété sur les
sûretés réelles offertes en garantie par les emprunteurs,
au Cameroun.
Nous n'avons pas eu connaissances de données
fiables sur le taux de refus des demandes de prêts immobiliers au CFC. Il
semble toutefois, d'après les indications qualitatives recueillies lors
des entretiens, que le CFC refuse 40% des demandes de prêts et que plus
de la moitié (50%) de dossiers ainsi rejetés sont garantis par
une hypothèque.
Cette situation est simplement due au fait que le CFC
éprouve de sérieuses difficultés dans la
réalisation des transferts de propriété sur les biens
offerts en garantie par les emprunteurs défaillants. En effet, les
procédures judiciaires au Cameroun sont d'une part lentes et
pénibles et d'autre part les règles et procédures
d'enregistrement des garanties ne sont jamais suivies, d'autre part. Autant de
choses qui rendent la victoire lors des procès devant les tribunaux du
pouvoir judiciaire camerounais extrêmement difficile102(*).
D'une manière générale,
l'environnement juridique dans lequel se déroulent les activités
du CFC est loin d'être parfait. En effet, le système judiciaire
camerounais a sinon vécu du moins subi les effets pervers de la grave
crise économique officiellement déclarée en 1987. Et
Ondoua (in Bekolo-Ebe, 2006 :375) affirme à juste titre que toute
crise économique, « transforme le système
juridique en vigueur et se présente ainsi comme un puissant facteur de
remise en cause de l'ordre établi ».
Simplement, il s'agit pour nous de dire que les effets
insidieux du faible caractère exécutoire de la créance
ainsi que les entraves judiciaires empêchant le bon déroulement
des procédures de recouvrements forcés de créances se
sont davantage amplifiés et ne sont pas restés sans incidences
sur l'activité du CFC. Ces effets à eux seuls expliquent
aujourd'hui l'aversion de plus en plus grande que manifeste le CFC lorsqu'il
s'agit notamment d'engager des fonds destinés à la promotion
immobilière. Cette aversion ne s'est pas atténuée
malgré la ratification par le Cameroun de l'acte uniforme OHADA ;
la faute à son article 26 relatif au principe du
contradictoire103(*).
Ainsi par exemple, pour la procédure de saisie attribution des
créances, elle donne toujours lieu à moult controverses et
interprétations pratiques dans les tribunaux ; à telle
enseigne que le CFC dans ses contrats de prêts avec sa clientèle
à davantage recours aux dispositions de la loi du 21 juillet 1921
organisant la constatation des droits des indigènes au Cameroun
protégés sous mandat français et l'article 25 de
l'ordonnance No85-02 du 31 août 1985 relative à
l'exercice de l'activité des établissements de crédit pour
faire valoir ses droits.
Or, ce recours aux dispositions judiciaires d'une autre
époque peut appeler au moins à deux interprétations :
la non satisfaction donnée par les dispositions de l'Acte uniforme OHADA
en matière d'exécution des droits des créanciers et les
voies de recours y afférents et par conséquent son rejet, d'une
part, et l'urgence d'une reforme du système judiciaire camerounais,
d'autre part.
Plus concrètement, l'on peut observer les effets
pervers des tribulations de l'appareil judiciaire camerounais sur
l'activité du CFC à travers l'état des créances en
souffrance (impayées, compromises, litigieuses)104(*) comme l'indiquent le tableau
et graphique ci-après.
On remarque facilement que les créances en
souffrance représentent respectivement 29 milliards de FCFA, soit
58.8% ; 19 milliards de FCFA, soit 58.6% ; 9 milliards de FCFA, soit
32.6% ; 65 milliards de FCFA, soit 72.3% ; 61 milliards de FCFA, soit
70.1% du montant total des crédits accordés en 2002, 2003, 2004,
2005,2006 et 2007. Le graphique suivant présente l'évolution en
% des créances en souffrance dans l'actif du CFC au cours de la
période 2002-2007 ; Tableau X ressort le
portefeuille compromis du CFC, en 2004
Tableau IX : évolution en % des
créances en souffrance dans l'actif du CFC
Années
Eléments
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Créances en souffrance
|
19457560485
|
9032963834
|
65265675466
|
61259509957
|
61259509957
|
Total actif
|
88599598554
|
87215847664
|
170417836505
|
183950411425
|
182664522968
|
Graphique IV : évolution
des créances en souffrance/ actif total au CFC
L'effet pervers de la mauvaise qualité du
système judiciaire camerounais se manifeste également dans la
structure des prêts servis au client. En effet, les Prêts promo
foncier qui sont des prêts à échéance relativement
courtes, ont en 10 ans de présence mobilisés 53.6 milliards de
FCFA, soit 27% de la production total du CFC. Cette évolution fulgurante
des prêts à court terme dans un contexte financier traduit l'effet
insidieux du système judiciaire d'un pays sur l'activité d'un
établissement de crédit (Dermirguc et Maskinovic, 1999). En
d'autres termes, l'engouement que suscite le Prêt promo foncier court
terme au CFC se justifierait par le faible niveau du risque juridique
associé à ce type de Prêt. Inversement, on peut donc
écrire que les Prêts classiques qui sont très souvent
attachés de délais de remboursements relativement longs
pâtissent de ce que, au Cameroun, le risque juridique associé
à ce type de financements demeure considérablement
élevé.
Or, nous savons que les prêts à court terme
sont d'une part assortis des taux d'intérêt élevés
et d'autre part sont destinés à la consommation et non à
l'investissement. Il en résulte alors au CFC un effet direct et un effet
indirect sur son activité. L'effet direct est traduit par une
sélection adverse basée sur les taux d'intérêt
élevés qui débouche sur une exclusion d'une bonne partie
de la population camerounaise au crédit du CFC car ne pouvant satisfaire
à de telles conditions sur des prêts105(*) ; l'effet indirect
étant quant à lui une utilisation des crédits obtenus,
par les emprunteurs, à des fins autres que l'investissement
immobilier106(*)
Une limite et non des moindres du cadre institutionnel
camerounais qui entrave la réalisation et l'expansion de
l'activité des prêts immobiliers au CFC, est l'absence d'un
marché financier opérationnel au Cameroun107(*), mais surtout un
marché hypothécaire. En effet, le CFC ne dispose pas
d'instruments institutionnels lui permettant de rendre liquidité les
biens (immeubles, terrain,...) offerts en garantie par les emprunteurs quant
bien même le transfert de propriété lui aurait
été accordé par les instances juridiques.
Cette situation pour le moins incompréhensible,
d'une part, entraîne une réalisation pénible des garanties
offertes en hypothèque ; ce qui induit des immobilisations à
non plus finir de ressources pouvant constituer un facteur de risque et de
coût pour le CFC. D'autre part, cette absence prive le CFC d'une
technique moderne de gestion de ses créances en immobilisées et
partant d'une source potentielle de liquidité additionnelle pour la
relance voir le développement de son activité. En effet, nous
avons vu que la titrisation peut permettre à un établissement de
crédit d'évacuer de son passif les créances qui
constituent une source d'immobilisation de fonds, comme par exemple les
créances en souffrance, sous formes de titres émis sur le
marché. Lesquels titres, souscrits par les investisseurs et autres
agents économiques facilitent la transformation liquide des fonds
immobilisés sous forme de créances. On peut malheureusement
noter que depuis plus de 15 ans, les créances en souffrance
détenues sur l'Etat et la SIC s'élèvent à
près de 36 milliards de FCFA et restent à ce jour non
mobilisées par le CFC. Or leur disponibilité contribuerait
à booster, sans aucun doute, l'activité du CFC.
En somme, les investigations menées au CFC
elles-mêmes étayées par des statistiques fiables confirment
l'opinion généralement admise que le rationnement du
crédit observé dans cet établissement bancaire trouve son
origine dans les limites ou lacunes du cadre réglementaire et
institutionnel bancaire camerounais. Autrement dit, la surliquidité du
CFC est nourrie par les contradictions du cadre réglementaire et
institutionnel inhérent à son activité. Ces investigations
ont aussi pour mérite de confirmer les résultats des
études empiriques sur les causes du rationnement du crédit (ou la
faible prise de risque) dans la sphère bancaire, des pays en
développement en général, menées par des auteurs
comme (Goldlewski, 2003), Rojas-Suarez (2001, 2004) et au Cameroun en
particulier par Bekolo-Ebe (1998), Zenabou (2001), Nketcha (2004) et Wanda
(2006).
En effet, ces travaux soutiennent tous explicitement ou
implicitement que le cadre réglementaire et institutionnel des
économies de la CEMAC et donc du Cameroun affecte négativement
l'activité des établissements de crédit. Le
résultat de nos investigations prouve que le CFC, en particulier, ne
reste pas en marge de cette réalité. Ce qui de ce fait valide
notre hypothèse de travail.
Dans de telles conditions, le CFC ne peut donc pas
réellement remplir son cahier de charges, ni honorer pleinement sa
mission consistant dans l'ensemble à promouvoir de manière
efficace et permanente l'accession à la propriété
immobilière au Cameroun à travers ses concours financiers.
Il s'agit pour nous à présent de formuler
quelques recommandations de politique économique susceptibles d'apporter
des solutions efficaces à ces limites ou insuffisances dans l'optique
d'inverse la tendance observée au CFC.
2- Recommandations de politique
économique
Le risque de crédit constitue une source
potentielle d'instabilité financière et bancaire dans les pays de
la zone franc et donc au Cameroun. Ce risque est d'autant plus
prédominant que le crédit reste la principale composante de
l'actif des établissements de crédit. Ce risque est lié
d'une part à l'imperfection du marché du crédit
caractérisé par une forte asymétrie d'information et
d'autre part aux aléas socio politique, institutionnels ainsi que
conjoncturels qui affectent l'économie réelle (BCEAO, 2005).
Aussi, la maîtrise et/ou l'encadrement de ce risque par les
établissements de crédit requiert l'adoption d'instruments
appropriés d'appréciation (ex ante) et suivi (ex post) dudit
risque.
Dans une perspective de recherche des voies et moyens
susceptibles d'inciter le CFC à développer son activité de
Prêts immobiliers hautement risqué, nous formulons ci-dessous
quelques recommandations s'inscrivant dans une logique générale
de reforme du cadre réglementaire et institutionnel camerounais. A cet
égard, un accent sera mis tant sur la réglementation bancaire que
sur le cadre institutionnel
2.1- Reformer la réglementation bancaire au
Cameroun
La réglementation bancaire camerounaise doit
être plus dynamique pour évoluer avec les changements qui se
produisent sur le marché du crédit du CFC.
La crainte du revenu contribue certes à augmenter
le risque de crédit au CFC du fait notamment du pouvoir d'achat d'une
population camerounaise qui n'a cesse de dégringoler. Il existe
cependant différentes mesures incitatives que les pouvoirs publics
peuvent concocter à l'endroit du CFC et qui peuvent amener cet
établissement à assortir ses concours à de taux
préférentiels, indispensable pour la relance de son
activité. Ainsi, nous suggérons la mise en place d'un fonds de
bonification des intérêts, l'exonération de certaines taxes
qui contribuent à la hausse substantielle du coût du crédit
et/ou l'élaboration d'un régime fiscal spécifique pour le
CFC.
Les spécificités du CFC liées
à l'asymétrie informationnelle que vit cet établissement
de crédit ne sont pas intégrées dans la
réglementation bancaire actuelle. Certes les
spécificitésliées à la gestion des
établissements de crédit ont été prises en compte
par la COBAC. Il reste cependant que la réglementation COBAC applique
les mêmes normes de manière indifférenciée à
tous les établissements de crédit. On note ainsi, par exemple, la
présence de mêmes ratios et coefficients
prédéfinis ; les mêmes critères
d'appréciation de fonds propres des établissements de
crédit (...). Ce qui à l'évidence pose le problème
d'efficacité et d'incitation des divers acteurs que sont les
actionnaires, les déposants et les dirigeants du CFC.
La réglementation COBAC devrait donc avoir plus de
souplesse pour s'appliquer spécifiquement à chaque type
d'institutions bancaires. Une façon simple de garantir cette souplesse
consisterait à établir une procédure réglementaire
et de supervision flexible dans laquelle le type et le degré de
réglementation ainsi que de supervision dépendent du risque
associé aux activités du CFC. Autrement dit, la
réglementation COBAC doit s'ajuster à l'environnement
macroéconomique dont est tributaire l'activité du CFC. De
même, elle doit pouvoir résoudre le problème d'incitations
externes qui opposent d'une part le régulateur et le CFC astreint
à la réglementation, et le problème d'incitations internes
qui oppose le CFC à son unique pourvoyeur de fonds qu'est l'Etat du
Cameroun, d'autre part.
La réglementation actuelle devrait changer de base
et reposer sur la réglementation prudentielle optimale qui tient mieux
compte des spécificités liées aux asymétries
d'informations qui jalonnent l'activité du CFC. L'intégration de
cette spécificité de l'activité du CFC permettrait de
maîtriser davantage le risque de contrepartie. La maîtrise de ce
risque permet de réduire la probabilité de faillite de
l'emprunteur. L'accroissement de la transparence des informations avec
l'intégration des spécificités liées à
l'asymétrie informationnelle permet implicitement de réduire le
risque de faillite du CFC. Dans cette optique, le CFC serait suffisamment
informé de la situation financière de son client et du
fonctionnement de son activité et/ou des perspectives de son projet.
L'Etat doit se désengager du CFC au profit d'un
investisseur privé. Car pour un acquéreur privé
(investisseur), il est possible de penser que la rentabilité restera un
objectif majeur. L'Etat doit simplement veiller à la bonne marche de
l'activité du CFC en garantissant par exemple les dépôts
des épargnants. Par ailleurs, dans un environnement qui a
été récemment marqué par une profonde crise de
confiance des déposants envers le CFC, l'assurance-depôts peut
s'avérer être une possibilité de restauration de cette
confiance. C'est pourquoi, nous partageons l'idée de la BEAC
(2005 :144) selon laquelle, « [...] les
autorités publiques doivent faciliter l'émergence des
structures de garantie de crédits et de
dépôts » pour donner une impulsion à la
mobilisation et à l'allocation de l'épargne vers les
investissements productifs.
2.2-Ameliorer le cadre institutionnel
Il est question globalement, pour les pouvoirs publics,
d'assainir l'environnement macroéconomique à travers un
rôle plus juste de l'Etat. En effet, une volonté affirmée
des autorités d'améliorer en particulier l'environnement
institutionnel devrait permettre de renforcer la sécurité du
cadre dans lequel s'exercent les opérations de crédits des
établissements de crédit en général et du CFC en
particulier. Ainsi, il est clair que pour stimuler le prêt immobilier au
CFC, L'Etat se doit de tout mettre en oeuvre pour rendre le droit
crédible et ainsi militer en faveur des décisions de justice
efficace. D'ailleurs, comme la justice est une institution, l'Etat à le
devoir de la reformer pour l'adapter aux mutations socio-politiques et
économiques qui s'opèrent dans une société.
Sachant qu'en moyenne 60% du portefeuille de prêts
immobiliers consentis par le CFC est compromis, on peut penser que la
proportion des créances litigieuses dans ce portefeuille n'est pas
négligeable. Dans une telle perspective, il se pose alors d'abord le
problème de la nature des tribunaux devant statuer sur les litiges
d'ordre économique et financiers. Mais surtout au regard du nombre et de
la couverture territoriale desdits tribunaux, le problème de
délais de publication des décisions d'adjudications des biens
détenus en garanties ainsi que des verdicts relatifs à la saisie
arrêt sur les biens des débiteurs défaillants. Par
ailleurs, il se pose le problème d'impartialité des jugements
rendus lors de ces différents procès. D'une façon
générale, le système judiciaire camerounais peine à
exorciser les démons de la partialité qui l'a
caractérisé lors des deux dernières décennies. Or,
l'impartialité de l'appareil judiciaire constitue aujourd'hui un
préalable central au redéploiement du crédit bancaire au
Cameroun.
C'est pourquoi nous souscrivons à l'idée
émise par Foute et al. (2007 :5), et selon laquelle
il est nécessaire« [...] de désengorger les
tribunaux en augmentant davantage le nombre de magistrats et d`audience
à Yaoundé et à Douala en particulier ; construire de
nouveaux tribunaux conformément au découpage de la carte
judiciaire, mettre en oeuvre les tribunaux de commerce, telle que
prévue par la reforme judiciaire ». Ces mesures
permettraient à coup sûr au CFC de disposer de moyens de recours
appropriés en matière de transfert de propriété
notamment sur les garanties des débiteurs ainsi que des
procédures de mises en faillites efficaces, indispensables pour un
meilleur recouvrement de créances.
Une autre proposition consiste à la mise en place
d'un marché hypothécaire au Cameroun. Le marché
hypothécaire est un instrument de refinancement qui peut aider le CFC
à mobiliser les ressources nécessaires à la couverture des
crédits consentis. En effet, lorsqu'on s'intéresse au devenir du
risque de crédit supporté par le CFC après la
réalisation du prêt ; on se rend bien compte que le
marché hypothécaire, à travers la titrisation, permettrait
au CFC de transformer certains actifs ou créances (illiquides) qu'il
détient sur les emprunteurs institutionnels, notamment l'Etat où
la SIC en titres négociables sur le marché. En outre, ce
marché permettrait au CFC de mobiliser les ressources d'épargnes
liquides ou semi liquides disponibles pour les transformer en prêts
à long terme garantis par hypothèque.
Toutefois, une telle vision des choses suppose que le
marché financier camerounais ait réellement pris son envol et
qu'il constitue un facteur limitant les placements des ressources
financières de certains agents économiques dans les banques et/ou
autres marchés financiers occidentaux.
Dans le même ordre d'idée, nous
suggérons la mise en place au Cameroun d'un organisme de caution,
c'est-à-dire un mécanisme institutionnel de garantie de
prêts immobiliers. L'avantage pour le CFC de l'existence d'une telle
structure résiderait dans le fait que le CFC pourrait transférer
sur l'organisme cautionnaire l'éventuel risque de remboursement
associé à l'opération de prêt. En outre, cette
présence inciterait le CFC à financer les investissements
productifs dans le logement initiés par les PME qui pour bien de raisons
sont très souvent incapables de fournir l'une ou l'autre formes de
garanties classiques (hypothèque, nantissement, caution personnelle...).
Dans le marché du crédit immobilier
français comme exemple, la caution reste un instrument de couverture de
risques sur prêts immobiliers qui a fait tache d'huile. En effet, en cas
de défaillance de l'emprunteur sur le marché du prêt
immobilier en France108(*), l'organisme de caution indemnise
l'établissement de crédit impliqué dans la transaction et
à charge pour lui d'entamer la procédure de recouvrement à
l'amiable, puis éventuellement contentieux, des sommes dues par
l'emprunteur.
La mise en place d'un tel dispositif permettrait alors au
CFC d'être déchargé du contentieux et des coûts de
transactions considérables qu'ils impliquent au Cameroun, d'une part, et
de préserver son image en restant à l'écart des
procédures judiciaire pouvant aller jusqu'à l'adjudication du
bien offert en garantie par l'emprunteur défaillant, d'autre part.
Une autre proposition consiste à imposer au CFC
d'investir dans la production de l'information sur les contreparties
(emprunteurs) et à mettre en place des techniques modernes
d'évaluation du risque. Cependant l'Etat ne doit pas rester en marge
d'une telle initiative. Sa contribution à ladite initiative serait par
exemple la création d'une centrale d'information du risque de
crédit. La centrale d'information rentre dans le cadre de la mise en
oeuvre des mécanismes institutionnels de gestion des risques. Le
rôle d'une telle institution est crucial dans la décision d'octroi
des prêts. Car ces institutions ont très souvent pour mission de
produire aux banques et/ou un établissement financier les informations
approfondies sur les caractéristiques des débiteurs et offrent
une meilleure lisibilité concernant la probabilité de recouvrer
les fonds prêtés.
Ainsi, l'existence d'une telle institution peut contribuer
à promouvoir la discipline sur le marché du crédit au
Cameroun car chaque emprunteur sait qu'en cas de non remboursement de sa dette,
sa réputation sera en baisse vis-à-vis d'autres potentiels
offrants de crédits et par conséquent ses sources de financement
seront réduites et plus onéreuses. Par ailleurs, ces institutions
ont un effet positif sur la culture de paiement des crédits d'une part
et contribuent à réduire le risque moral qui est assorti à
toute opération de prêt.
CONCLUSION
Le cadre réglementaire et institutionnel et
l'activité du Crédit foncier entretiennent en fin de compte des
interactions complexes au Cameroun.
En effet, les articulations réglementaires dont
l'objectif est la stabilité macroéconomique constituent le socle
du rationnement de la monnaie de crédit au CFC. De même, les
investigations montrent que le cadre institutionnel notamment dans son volet
juridique alimente le rationnement des prêts immobiliers au CFC. Opaque
ou inapproprié, le cadre institutionnel camerounais constitue un frein
à l'activité de crédit et donc un incitateur à
l'aversion pour la prise de risque (Wanda, 2007). Autant
d'éléments qui contribuent en amont à fragiliser
l'activité de prêts immobiliers au CFC et en aval à
gêner sa participation au progrès socio-économique du
Cameroun.
Entrevoir le cadre réglementaire et institutionnel
camerounais comme stimulant de l'activité de Prêts immobiliers au
CFC appelle à des ajustements. Aux rang desquels figureraient une
politique des taux d'intérêt préférentiels à
travers notamment la mise en place d'un fonds de bonification des
intérêts, les normes réglementaires spécifiques
tenant compte de la particularité de l'activité du CFC, la mise
en oeuvre d'un fonds de garantie des crédits, la création
d'instruments de refinancement des crédits ainsi qu'un dispositif
juridique fort pour réguler les comportements opportunistes qu'adoptent
très souvent la clientèle du CFC.
CONCLUSION GENERALE
L'objet du présent travail s'est articulé
autour de l'impact du cadre réglementaire et institutionnel camerounais
sur l'activité des établissements de crédit à
partir du cas spécifique du Crédit foncier du Cameroun. Les
recherches menées dans cette institution ont permis d'observer son
fonctionnement au quotidien. Il ressort que les activités du CFC en
général et celle de crédit en particulier se trouvent
handicapées par un bon nombre d'obstacles réglementaires et
institutionnels.
D'abord, la politique monétaire
particulièrement déflationniste au Cameroun dès 1990 dont
le principal instrument est la libéralisation financière, par le
canal des taux flexible, a conduit à la hausse du loyer d'argent. Cette
hausse réserve de fait les prêts immobiliers consentis par le CFC
à une classe privilégiée de la population camerounaise
qui, elle-même, dans l'ensemble a vu son pouvoir d'achat
dégringolé au cours des ces dernières années.
Ensuite, l'aspect disciplinaire et répressif de la
réglementation bancaire conduite par la COBAC constitue un obstacle qui
entrave l'activité des prêts immobiliers au CFC. En effet, en tant
qu'organe de gouvernance, la COBAC à travers ses normes prudentielles
exige du CFC que ses risques soient couverts au moins à 8% par ses fonds
propres, donne son autorisation préalable pour toute modification
éventuelle de son capital social et sanctionne ce dernier en cas de
manquements aux règles de bonnes conduites. Ces mesures qui visent
certes à discipliner le comportement du CFC en matière de prise
de risque ont pour effet pervers de l'inciter à rechercher un minimum de
risques et adopter un comportement de rentier alléguant de ce que il est
astreint aux normes de gestion édictées par la COBAC.
Enfin, le cadre institutionnel qui est censé offrir
au CFC une mobilisation et l'allocation efficiente de l'épargne, d'une
part, la garantie des prêts qu'il consent, d'autre part, souffre de
l'absence de dispositifs modernes d'encadrements de risque à l'instar
d'un fonds de garantis de crédit, d'un marché hypothécaire
ou d'une centrale d'information sur le risque de crédit (...).
Cependant, les limites du cadre réglementaire et
institutionnel camerounais n'affectent pas spécifiquement
l'activité du CFC. Elles agissent aussi sur l'activité de
crédit d'une proportion élevée, voire majoritaire des
établissements bancaires camerounais comme l'ont confirmé les
travaux empiriques de Nketcha (2004) et de Wanda (2006).
Ces lacunes réglementaires et institutionnelles qui
limitent et/ou compromettent l'activité des établissements de
crédit au Cameroun alimentent la surliquidité que dégage
la sphère bancaire camerounaise. Ces limites trahissent en
réalité un processus de restructuration du paysage bancaire
inachevé au Cameroun (Nketcha, 2004).
L'objectif de cette étude consistait à
faire ressortir l'impact du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais sur l'activité des établissements de crédit,
en particulier le CFC. Au terme de cette étude, il est possible de
soutenir que l'atonie que suscite le volet Prêts immobiliers de
l'activité du CFC est une manifestation du cadre réglementaire et
institutionnel jugé inadapté et non incitatif au Cameroun par les
professionnels du secteur bancaire. Il est considéré de ce fait
comme un goulot d'étranglement dans l'activité de financement de
l'économie que mène le CFC.
Cette réalité montre que des ajustements
réglementaires d'une part et des réformes institutionnelles,
d'autre part, s'imposent pour prétendre faire du CFC, comme le clament
si haut les pouvoirs publics camerounais, un véritable instrument de
mise en oeuvre de la politique gouvernementale en matière de financement
de l'habitat.
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TABLE DES MATIERES
Pages
AVERTISSEMENT..........................................................................................................iDEDICACE.....................................................................................................................ii
REMERCIEMENTS........................................................................................................iii
RESUME........................................................................................................................iv
ABSTRACT.........................................................................................................................v
INTRODUCTION
GENERALE............................................................................................1
PREMIERE
PARTIE........................................................................................................7
RESUME........................................................................................................................8
CHAPITRE I
FONDEMENTS THEORIQUES DE L'EXISTENCE DU CADRE
REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL DE L'ACTIVITE
BANCAIRE.............................................................9
SECTION I
POURQUOI LA NECESSITE D'UN CADRE
REGLEMENTAIRE
A L'ACTIVITE
BANCAIRE ?.........................................................................................10
A) CADRE REGLEMENTAIRE DE L'ACTIVITE BANCAIRE :
les motifs de l'accumulation des fonds propres par les
banques .............................................11
a) Réglementation bancaire comme dispositif de
prévention des
risques................................................11
b) Réglementation bancaire ou la volonté de
protéger les
déposants.....................................................12
c) La réglementation bancaire : une
nécessité
pratique.....................................................................13
B) QUELQUES THEORIES DE LA REGLEMENTATION
BANCAIRE..............................15
1- Le cloisonnement des activités
bancaires.....................................................................................15
2-
L'assurance-dépôt............................................................................................................15
3- La répression
financière.....................................................................................................17
3.1.1- la restriction des taux
d'intérêt........................................................................................17
4- La libéralisation
financière..................................................................................................19
4.1-La libéralisation financière et
l'approfondissement
financier.........................................................19
4.2-Libéralisation financière et mobilisation de
l'épargne.................................................................19
4.3-Libéralisation financière comme
amélioration de l'offre des
capitaux..............................................19
4.3.1-La gestion du risque de
liquidité............................................................................................20
4.3.2-L'accroissement de la rentabilité des
investissements...............................................................20
4-4- Quelques critiques à la libéralisation
financière.......................................................................21
5- La réglementation bancaire
prudentielle..................................................................................23
5.1-Le système des ratios
prudentiels.........................................................................................23
5.2 La réglementation prudentielle
optimale.................................................................................25
SECTION II
CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL DE LA
CEMAC :
UNE VOLONTE DE SECURISER L'ACTIVITE
BANCAIRE.............................................27
A) DISPOSITIONS REGLEMENTAIRES ET INSTITUTIONNELLES
DE
L'ACTIVITE BANCAIRE DANS LA
CEMAC..................................................................28
1-Dispositions
liminaires......................................................................................................28
2-Dispositions relatives à l'agrément des
établissements de
crédit......................................................29
3- Dispositions relatives à l'agrément des
dirigeants et des commissaires aux comptes des établissements de
crédit..............................................................................................................................29
4- Dispositions relatives à l'organisation de la
profession
bancaire..........................................................30
5-Dispositions relatives à la réglementation et au
contrôle................................................................31
5.1- Dispositions relatives à la réglementation des
établissements de
crédit............................................31
5.2- Dispositions relatives au contrôle des
établissements de
crédit......................................................31
B) CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL DE
L'ACTIVITE
BANCAIRE : QUELQUES SPECIFICITES
CAMEROUNAISES........................................33
1- La politique de crédit au Cameroun de 1972 à
1988....................................................................33
1.1-Le cadre
institutionnel.....................................................................................................33
1.2- Les
instruments............................................................................................................34
2- La politique de crédit de 1988 à nos
jours................................................................................34
2.1- Moyens de la nouvelle politique de
crédit.............................................................................35
2.1.1- Le cadre
institutionnel...................................................................................................35
2.1.1.1- La
COBAC.............................................................................................................35
2.1.1.2- Le Gouverneur de la
BEAC..........................................................................................35
2.1.1.3-Le Conseil national du crédit
(CNC)................................................................................36
2.1.1.4- L'Association professionnelle des établissements
de crédit (APECCAM)....................................38
2.1.2- Les instruments de la nouvelle
politique.............................................................................38
2.2- Quelques dispositions relatives à l'activité
bancaire au Cameroun.................................................39
2.2.1- La classification des établissements de
crédit au
Cameroun.......................................................39
a)Les
banques....................................................................................................................39
b) Les établissements
financiers...............................................................................................39
c) Les sociétés financières
d'investissements et de
participations........................................................40
2.2.2- Le capital minimum des établissements de
crédit...................................................................40
CONCLUSION...............................................................................................................42
CHAPITRE II
CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL COMME
DETERMINANT DE LA DECISISON DE PRISE DE RISQUE :
UNE
REVUETHEORIQUE.............................................................................................43
SECTION I
FONDEMENTS MICRO-ECONOMIQUES DE LA REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE COMME MODELE D'ENCADREMENT DES
RISQUES....................................................44
A) L'IMPACT DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE SUR LE
NIVEAU DES FONDS
PROPRES.............................................................................................................45
1-Les effets des exigences en capitaux propres sur la prise de
risques...................................................45
1.1-L'approche par la préférence des
états...................................................................................46
1.2-L'approche de
portefeuille.................................................................................................47
1.3-L'approche des
incitations.................................................................................................48
2- quelques validations empiriques de la réglementation
prudentielle...................................................51
B) LA NOTION DU RISQUE
BANCAIRE...........................................................................54
1-Qu'est ce que le risque
bancaire............................................................................................54
2- Le risque bancaire : une diversité des
origines...........................................................................55
2.1.1-Le risque de
contrepartie.....................................................................................................55
2.1.2- Le risque de
taux.........................................................................................................56
2.1.3-Le risque de
liquidité.....................................................................................................57
2.1.4- Le risque de
marché.....................................................................................................57
2.1.5-Le risque de
solvabilité..................................................................................................58
2.1.6-Le risque opérationnel ou
organisationnel............................................................................58
2.1.7-Le risque
systémique.....................................................................................................58
2.1.8-Le risque de l'environnement
économique............................................................................59
2.1.9-Le risque de fraude ou
d'escroquerie..................................................................................59
2.2- Le choix du niveau de risque d'une
banque............................................................................60
3- La gravité des conséquences du risque
bancaire.........................................................................60
3.1- Effet du risque sur les établissements de
crédit............................................................................60
3.2-Les conséquences ne sont pas purement
hypothétiques....................................................................61
SECTION II
CADRE INSTITUTIONNEL DES ETABLISSMENTS DE
CREDIT :
DES EFFETS SUR LE CREDIT
BANCAIRE.....................................................................63
A) CADRE INSTITUTIONNEL : L'APPROCHE PAR L'ETAT DE
DROIT.........................64
1-La question du droit dans le marché du
crédit............................................................................64
2- Système judiciaire comme garant des droits des
créanciers............................................................67
1-La notion d'asymétrie
d'information.......................................................................................70
1.1- L'alea
moral................................................................................................................70
1.2-La sélection
adverse........................................................................................................71
1.3-Interpretation et incidence de l'alea moral et de
sélection adverse..................................................71
1.3.1-Interprétation générale des
notions....................................................................................71
1.3.2-Alea moral, sélection adverse : implications
sur le marché du
crédit..................................................72
2-Cadre institutionnel comme moyen de lutte contre les
asymétries d'informations dans l'industrie
bancaire...............................................................................................................................73
CONCLUSION...............................................................................................................77
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE....................................................................78
DEUXIEME
PARTIE......................................................................................................79
RESUME.......................................................................................................................80
CHAPITRE III
FINANCEMENT DE L'ECONOMIE CAMEROUNAISE : UNE
ACTIVITE DEVOLUE A UNE DIVERSITE D'ETABLISSEMENTS DE
CREDIT......................................................81
SECTION I
PAYASAGE BANCAIRE CAMEROUNAIS : UNE PRESENTATION
GENERALE...............82
A) DEFINITION ET ROLE DU SYSTEME BANCAIRE DANS UNE
ECONOMIE...................................................................................................................83
1-Systeme financier : une tentative de
définition................................................................................83
2-Role du système bancaire dans
l'économie...............................................................................84
2.1-Systeme bancaire comme moyen de
règlement........................................................................84
2.2-Système bancaire : un système
d'agrégation de
l'épargne................................................................85
2.3-Systeme bancaire : un procédé de transfert
de ressources............................................................85
2.4-Systeme bancaire comme système de gestion de
risques............................................................85
2.5-Systeme bancaire : un réducteur des coûts
lié à l'asymétrie
d'information.........................................86
B) SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS : UNE PRESENTATION
GENERALE.............87
1-La Banque des Etats de l'Afrique centrale
(B.E.A.C)...................................................................87
1.1- Statut légal de la
BEAC.......................................................................................................88
1.2-Missions statutaires de la
BEAC..........................................................................................88
1.3-Fonctionnement de la
BEAC.............................................................................................89
2-Les établissements de crédit au Cameroun :
un tour d'horizon non limitatif et descriptif..........................89
2.1-Définition....................................................................................................................89
2.1.1-Les établissements au service du secteur
commercial...................................................................90
2.1.1.1-Les intermédiaires financiers
monétaires : les
banques...........................................................90
2.1.1.2-Les intermédiaires financiers non
monétaires......................................................................93
2.1.1.3-Les autres intermédiaires
financiers......................................................................................93
2.2-Le secteur de la
microfinance.............................................................................................94
2.3-Le secteur public et
semi-public..........................................................................................95
2.3.1-Le Trésor
public..........................................................................................................96
2.3.1.1-Définition du
Trésor........................................................................................................96
2.3.1.2-Le Trésor public du
Cameroun...........................................................................................96
2.3.2-Les organismes
spécialisés.............................................................................................97
SECTION II
LE CREDIT FONCIER DU CAMEROUN : UN ETABLISSEMENT DE
CREDIT
SPECIALISE..................................................................................................................98
A) ETABLISSEMENT DE CREDIT SPECIALISE, CREDIT
IMMOBILIER :
DEUX PRELUDES INDISPENSABLES A L'APPREHENSION DU
CFC..........98
1-Etablissement de crédit spécialisé :
une définition
générale.................................................................99
2-Definition et expérience du crédit
immobilier...........................................................................100
1-
Définition....................................................................................................................100
1.1-Qu'est-ce que le crédit
immobilier ?...............................................................................................................100
1.1.2-Les ambiguïtés du
vocabulaire........................................................................................101
1.2- Crédit immobilier : l'expérience de la
titrisation aux
USA.........................................................102
B) CREATION, MISSIONS ET ORGANISATION DU
CFC................................................104
1-Création du
CFC............................................................................................................104
2-Missions du
CFC.............................................................................................................105
2.1-Les ressources du
CFC........................................................................................................106
3-L'organisation du
CFC.....................................................................................................107
3.1-Le Conseil
d'administration..................................................................................................107
3.2-La Direction
générale.....................................................................................................108
3.3-Quelques centres de responsabilités au
CFC..........................................................................109
CONCLUSION.............................................................................................................110
CHAPITRE IV
VALIDATION EMPIRIQUE DE L'IMPACT DU CADRE REGLEMENTAIRE
ET INSTITUTIONNEL CAMEROUNAIS SUR L'ACTIVITE DU
CFC....................................111
SECTION I
L'ACTIVITE DU CREDIT FONCIER DU CAMEROUN : UNE
PRESENTATION
GENERALE.................................................................................................................112
A) L'ACTIVITE DES PRETS IMMOBILIERS : PRODUCTION
GLOBALE DES PRETS..113
1-La production par secteur : les Prêts aux
particuliers..................................................................113
1.1-Le Prêt
classique..........................................................................................................114
1.2-Le Prêt épargne
logement....................................................................................................116
1.3-Le Prêt promo
foncier....................................................................................................117
1.4-Le Prêt foncier
confort...................................................................................................119
1.5-Le Prêt personnel
CFC........................................................................................................122
2- La production par secteur : les prêts aux personnes
morales..............................................................122
a) les renseignements juridiques sur le
projet......................................................................123
b) les renseignements techniques sur le
projet.......................................................................123
c) les garanties et conditions de mise en place et
décaissement du
prêt..........................................124
2.1-Le Prêt aux collectivités territoriales
décentralisées..................................................................124
1.2.2-Les Prêts promo foncier promoteurs immobiliers
(PPFPI)........................................................127
3-Les statistiques de
production................................................................................................................128
B) LES SERVICES BANCAIRES AU
CFC......................................................................128
1-Les produits destinés à la réception des
dépôts de la
clientèle........................................................128
1.1- Le Compte
courant.......................................................................................................128
1.2-Le Compte de
dépôt......................................................................................................129
1.1.1-Le Compte d'épargne
logement.......................................................................................129
1.1.2- Le Compte à
terme.....................................................................................................130
2-Les Services relevant des opérations
connexes..........................................................................130
2.1-Le Bon de
caisse..........................................................................................................130
2.2-LesTransferts...............................................................................................................130
2.3- Les
Découverts............................................................................................................129
2.4- Les
Avances...................................................................................................................131
2.5- Les Facilités de
caisse........................................................................................................131
2.6- La Mise à
disposition....................................................................................................131
SECTION II
LIMITES DU CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL
CAMEROUNAIS : LES IMPLICATIONS SUR L'ACTIVITE DU
CFC..................................................................132
A) LES PARAMETRES METHODOLOGIQUES DE L'ANALYSE DE
L'IMPACT DU CADRE REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL CAMEROUNAIS SURL'ACTIVITE DU
CFC.............................................................................................................................133
1-Les paramètres méthodologiques de l'impact du
cadre réglementaire et
Institutionnel camerounais sur l'activité du
CFC..........................................................................133
1.1-Nature qualitative de
l'analyse..........................................................................................133
1.2- Les instruments
d'analyse...............................................................................................134
2-La démarche analytique de la
recherche......................................................................................135
B) APPRECIATION CRITIQUE DU CADRE REGLEMENTAIRE ET
INSTITUTIONNEL CAMEROUNAIS : LES EFFETS SUR L'ACTIVITE DU
CFC.............................................136
1-Limites du cadre réglementaire et institutionnel
camerounais : les implications au CFC.........................139
1.1-La réglementation
bancaire..............................................................................................140
1.2-Le cadre
institutionnel....................................................................................................143
2- Recommandations de politique
économique...........................................................................148
2.1- Reformer la réglementation bancaire au
Cameroun.................................................................148
2.2-Ameliorer le cadre
institutionnel........................................................................................150
CONCLUSION..............................................................................................................153
CONCLUSION
GENERALE..........................................................................................154
BIBLOGRAPHIE..........................................................................................................156
TABLE DES
MATIERES..............................................................................................162
LISTE DES SIGLES ET
ABBREVIATIONS.............................................................168
LISTE DES TABLEAUX ET
FIGURES...........................................................................172
ANNEXE I: Décrets No 90/1468, No 90/1469, No
90/1470 du 9 novembre 1990........................173
ANNEXE II : ORGANIGRAMME DU
CFC.....................................................................174
ANNEXE III : PLAN DE LOCALISATION DU
CFC........................................................175
Tableau III : situation du paysage bancaire
camerounais en 2006
Tableau III : situation du paysage bancaire camerounais
en 2006
|
|
|
|
|
Banques
|
Sigles
|
Date de création
|
Capital social en millions de FCFA
|
Nombre de guichets
|
Amity Bank Cameroon PLC
|
Amity
|
1990
|
7400
|
9
|
Banque internationale du Cameroun pour
l'épargne et le crédit
|
BICEC
|
1962
|
3000
|
27
|
Afriland first bank Cameroon
|
First Bank
|
1988
|
6300
|
13
|
Commercial bank of Cameroon
|
CBC Bank
|
1998
|
7000
|
9
|
Citibank N.A Cameroon
|
CITI-C
|
2001
|
5684
|
2
|
Ecobank Cameroun
|
Ecobank
|
|
5000
|
10
|
Credit agricol
|
CA/SCB
|
1962
|
6000
|
15
|
Société générale de banque
au Cameroun
|
SGBC
|
1963
|
6250
|
18
|
Standard chartered bank Cameroon
|
SCBC
|
1986
|
7000
|
2
|
Union bank of Cameroon PLC
|
UBC PLC
|
|
5000
|
5
|
National financial credit bank
|
NFC Bank
|
2006
|
3686
|
8
|
Source: Rapport annuel COBAC 2006
|
|
|
|
|
LISTES DES SIGLES ET ABBREVIATIONS
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
centrale
BCEAO : Banque centrale des Etats de l'Afrique de
l'ouest
CEMAC : Communauté économique et
monétaire d'Afrique centrale
UMAC : Union monétaire de l'Afrique
centrale
COBAC : Commission bancaire de l'Afrique
centrale
SNI : Société nationale
d'investissement
CFC : Crédit foncier du Cameroun
SRC : Société de recouvrement de
créances du Cameroun
EMF : établissements de
microfinance
MATUR : Mission d'aménagement et
d'équipement des terrains urbains et ruraux
SIC : Société immobilière du
Cameroun
CNPS : Caisse nationale de prévoyance
sociale
CNC : Conseil national du crédit
APECCAM : Association professionnelle des
établissements de crédit du Cameroun
PFC : Prêt foncier classique
PFEL : Prêt foncier épargne
logement
PFCMT : Prêt foncier confort moyen
terme
PPF : Prêt promo foncier
Graphique v
Source : Direction du réseau CFC
Tableau x :
Structure de portefeuille de créances
compromises au CFC au 31/12/2004(en millions de FCFA)
Créances
|
Encours
|
Provisions existantes
|
Provisions à constater
|
Découvert (provisionnés à 50%
par le CFC)
|
6964
|
3482
|
2500
|
Prêts de nature 1 (déjà
provisionnés à 25%)
|
5
|
1
|
4
|
Prêts de nature 2 (déjà
provisionnés à 75%)
|
4
|
3
|
1
|
Prêts de nature 4 (déjà
provisionnés à 75%)
|
595
|
446
|
149
|
Prêts induit à l'Etat contribution
attendue
|
9000
|
0
|
9000
|
Prêts communes
|
339
|
113
|
226
|
Projet Olembé I
|
2700
|
826
|
1200
|
Projet Olembé II
|
3600
|
0
|
3600
|
Projet La Nsolé OZDJA
|
638
|
0
|
478
|
Bwambé Beach (MAETUR)
|
33
|
0
|
0
|
Projet Garoua perspective
|
60
|
0
|
0
|
Mbanga Bakoko
|
701
|
0
|
0
|
Mbanga Japoma (SAD)
|
68
|
0
|
0
|
Prêts au personnel du CFC
|
1391
|
0
|
157
|
Prêts aux Camerounais de
l'extérieur
|
537
|
408
|
49
|
Autres prêts aux particuliers (secteur
diffus)
|
2256
|
511
|
519
|
Total au 31/12/2004109(*)
|
28891
|
5790
|
17883
|
Source : CFC Rapport d'inspection, 2005
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
I-TABLEAUX
Les normes prudentielles de la
COBAC.....................................................................................37
Quelques faillites bancaires au
Cameroun...................................................................................61
Prêts accordés aux particuliers par
période.................................................................................119
Autorisation de prêts aux personnes morales
78/07.......................................................................124
Evolution des dépôts par
type................................................................................................128
Evolution des principaux postes du passif du CFC en millions
de FCFA.............................................136
Evolution du taux de couverture des ressources/
emplois................................................................137
Evolution du ratio de couverture de
risques................................................................................141
Evolution en % des créances en souffrance dans l'actif du
CFC.......................................................143
Situation du paysage bancaire camerounais en
2006.....................................................................165
Structure de portefeuille de créances compromises au
CFC.............................................................169
II-FIGURES
Structure de l'actionnariat des banques
camerounaises....................................................................91
Evolution des prêts aux particuliers en intervalle de 5 ans
au CFC.....................................................120
Prêts aux personnes morales
1978-2007....................................................................................125
Evolution des créances en souffrance/ actif total au
CFC...............................................................143
Evolution comparative des crédits à la
clientèle au
CFC.................................................................168
* 1 Désormais CFC.
* 2 Source : Bilan
d'exercices CFC (2002-2007) et nos calculs.
* 3 Voir convention portant
harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l'Afrique
centrale.
* 4 Diamond et Dybvig
cités par Sana (2005) avancent que les établissements bancaires
sont en permanence soumise à la menace de ruée sur les
dépôts parce que leurs actifs sont structurellement moins liquides
que leur passif (dépôts à vue)
* 5 Mesonnier (2005)
définit le capital économique d'une banque comme le niveau de
fonds propres (généralement exprimés en termes relatifs et
rapporté au total de l'actif) qui maximise la valeur de marché en
l'absence de contrainte réglementaires.
* 6 Au Cameroun, les ratios
réglementaires en capital sont basés sur les fonds propres net
selon le règlement R-93/02 relatif aux fonds propres nets des
établissements de crédit modifié et complété
par les règlements R-2001/02. Les fonds propres net comprennent les
fonds propres base et les fonds propres complémentaires. Les fonds
propres de base contiennent les capitaux propres de l'établissement de
crédit(capital social, les sommes assimilées notamment les
dotations définitivement acquises ou le capital fixe ou variable
représenté par des parts sociales effectivement
libérées) ; les primes liées au capital ; les
réserves, autres que les réserves de réévaluation
; le report à nouveau créditeur ; des subventions
d'équipement et autres subventions ; les fonds de financement et de
garantie, constitués de ressource propres, provenant de l'affectation
des résultats, de dons extérieurs ou taxes parafiscales ;
les provisions pour risques bancaires généraux, à
l'exclusion de toute provision affectée à la couverture de
charges ou de risques définis, probables ou certains ; le
résultat du dernier exercice clos, approuvé par les organes
compétents et certifié par les commissaires aux comptes dans
l'attente de son affectation .
Les fonds propres complémentaires comprennent les
réserves de réévaluation
* 7 Matutes et Vives
cités par Mesonnier (2005) montrent que qu'en situation de concurrence
imparfaite, les établissements bancaires choissent un niveau de risque
supérieur à l'optimum social lorsque les actionnaires
n'internalisent pas correctement les coûts sociaux de la détresse
financière des établissements bancaires. Ce point de vue illustre
s'il le fallait que la limite entre les objectifs micro et macro prudentiel est
tenue
* 8 Sur l'articulation entre
forebeance et ratios de solvabilité, voir notamment Tanaka (2002)
* 9 Fouda Owoundi (2005),
l'argument avancé pour asseoir le caractère optimal du
dépôt bancaire est que, du fait que les banques soient
considérés aujourd'hui comme spéciales, leurs
dépôts offrent un accès indirect à la garantie du
prêteur en dernier ressort, soit parce que les dépôts
bancaires permettent d'économiser les coûts d'information et les
coûts de transaction.
* 10 Gursault et Priami
(1997) notent que la création monétaire qui constitue est une
spécificité de l'activité bancaire est en
réalité un mécanisme purement comptable dans la mesure ou
elle consiste à débiter un d'actif (généralement
prêts) par le crédit d'un compte de dépôt,
créant, de ce fait un nouveau pouvoir d'achat.
* 11 Les
développements sur la particularité de l'activité bancaire
sont contenus dans le cours de Fouda Owoundi (2005), « Relations
bancaires nationales et internationales », DESS gestion bancaire et
établissements financiers
* 12 Selon Josette Peyrard
(2001), une holding est une société anonyme qui gère et
contrôle, grâce à ses participations financières, des
entreprises liées par des intérêts communs. Une
société holding peut être la société
mère d'un groupe ou une société distincte constitué
pour gérer les titres des sociétés.
* 13 Pour les travaux sur la
pratique de la restructuration bancaire et ses résultats en zone Franc
voir Touna mama (1998)
* 14 La Commission bancaire
d'Afrique centrale est chargée, dans les conditions fixées en son
annexe, de veiller au respect par les établissements de crédit
des dispositions législatives et réglementaires
édictées par les Autorités, par la Banque centrale ou par
elle-même et qui sont applicables, et d'en sanctionner les manquements
constatés.
Par ailleurs, les développements ci-après sont
disponibles dans la convention portant harmonisation de la
réglementation bancaire dans les Etats de l'Afrique centrale.
* 15 Voir article 4 de la
convention
* 16 L'Autorité
monétaire au sens du traité est, dans l'Etat de ratification de
ladite convention, le Ministre en charge de l'économie et de la monnaie.
Voir article2 de la convention
* 17 Pour les dispositions
relatives aux sanctions, et autres voir la convention portant harmonisation de
la réglementation bancaire en Afrique centrale.
* 18 En matière de
régulation prudentielle et surveillance bancaire, Le Comité de
Bale est la référence au plan international. Ce comité est
composé des représentants des banques centrales et des
représentant des autorités de supervision bancaire des pays du
G.10 (les dix pays les plus industrialisés comme la les Etats-Unis, la
France, l'Allemagne, le Japon...). L'objectif assigné à ce
Comité est de contribuer à l'atteinte, dans le système
bancaire, à un niveau de couverture permettant de réduire
considérablement le risque d'insolvabilité bancaire ou d'abaisser
à un niveau acceptable les coûts que devraient supporter les
investisseurs et les contribuables en cas d'insolvabilité
bancaire(Ravara, 2004). Les deux principales réalisations du
Comité sont les accords de 1998 et de 2004 sur le minimum de suffisance
de capitaux propres. Le premier Accord connu sous le nom de Bale I est la
définition du ratio Cooke ou de division de risque. Cet Accord exige
que le rapport (fonds propres réglementaires / actifs) ne soit pas
inférieur à 8%. Ainsi, par exemple pour 100 Fcfa de
crédits accordés par une banque, cette règle impose
à l'établissement bancaire d'en financer au minimum 8 Fcfa sur
ses fonds propres ; les 92 Fcfa restants pouvant provenir d'autres sources
de financements comme les dépôts des épargnants, les
emprunts effectués par la banque, des financements interbancaire etc. Le
dernier Accord connu sous le nom de Bale II a été adopté
le 26 juin 2004.
* 19 Ces décrets
No90/ 1469, No 90/1470 et No90/1471 sont
joints en annexe du présent travail.
* 20 Le capital
économique ou capitaux propres d'une banque peut être
défini de différentes façons en terme comptables, comme se
limitant aux actions ou parts détenues par les
propriétaires-actionnaires ou bien comme un ensemble plus large
englobant les dividendes non distribués, le report à nouveau, les
provisions pour pertes potentielles, voire dans une certaine mesure les dettes
subordonnées. Cependant, Berger et al. (1995) ont défini comme le
niveau de fonds propres (généralement exprimé en termes
relatifs et rapporté au total de l'actif) qui maximise sa valeur de
marché en l'absence de contraintes réglementaires.
* 21 Le ratio capital
propre/actif est encore appelé ratio de fonds propre
* 22 Le modèle de
Koehn et Santomero (1980) suppose la variance de dépôts nulle. Les
dépôts étant alors des titres sans risques et
rémunérés aux taux limitant le risque. Pour le
modèle de Kim et Santomero, cité par Zenabou (2001), la variance
des dépôts peut être nulle ou non nulle. Les
dépôts peuvent être des titres risqués ou non
risqués.
* 23 L'analyse
théorique met en exergue deux modes de détermination des primes
d'assurances-dépôts. Une prime forfaitaire définie par
unité de dépôts et des primes d'assurances
différenciées en fonction de la banque, c'est-à-dire en
fonction du risque inhérent à l'activité de
l'assuré. D'une manière générale, Wamba et
Tchamanbé Djiné (2002) notent que le calcul du prix ou la prime
d'assurance qui conditionne les réserves de l'assureur et
détermine le degré de couverture des dépôts
revêt une grande importance notamment du fait de la contrainte de
solvabilité qui s'impose au Fonds d'assurance-dépots.
* 24 Il y a adossement
parfait lorsque les emplois et les ressources sont sur une même
durée, préservant dans le temps la marge de
l'établissement.
* 25 Même dans une
situation d'adossement parfait, ce risque peut apparaître lorsque les
emprunteurs (les déposants) viennent rembourser (se faire rembourser)
leurs prêts (leurs placements) par anticipation. Dans ce cas l'adossement
prévu à l'origine disparaît.
* 26 La transformation,
c'est adosser des emplois d'une certaine durée sur des ressources de
durée différentes.
* 27 Le
« subprimemortgage » ou tout
simplement « mortgage » ou crédit immobilier
à risque consiste à accorder des prêts aux ménages
les moins solvables (revenus insuffisants ou instables, défauts de
paiement antérieurs...) à des taux les plus élevés
et variables avec une garantie, pour le prêteur, la maison
financée par le crédit.
* 28 Pour faire face
à ces importantes pertes financiers, les Banques centrales
américaine (FED) et européenne (BCE) ont dues, dans leur zone
d'émission respective, injecter 155.8 milliards d'euros en 2 jours et 62
milliards de dollars par jour (Source COBAC : document interne de travail,
2007)
* 29 Voir Section I du
travail
* 30 Le fonctionnement d'un
marché du crédit peut être dit optimal lorsque pour un
niveau de risque donné l'offre de crédits sur ce marché
est la plus élevée
* 31 Les rapprochements
entre l'économie de l'information et la théorie
l'intermédiation bancaire sont mieux développés dans
l'ouvrage de Mouilleseaux (1997).
* 32 On entend par
collatéral ou garantie tout mécanisme permettant de
protéger un créancier contre une perte pécuniaire. Ainsi
les hypothèques, les nantissements, les cautionnements sont des
sûretés attachés à une créance. Il sert donc
à limiter le coût de la défaillance.
* 33 Par signalisation on
entend le fait qu'un agent émet des signes pour indiquer sa
qualité ou la qualité de ses biens à un autre agent.
Selon Stiglitz (1973 :355), le sreening désigne
l'identification : « de la qualité d'un bien
parmi un grand nombre de biens de qualité
différente ».
* 34 Des auteurs comme
Azariadis (1975), Bull (1983) et Grossman et Hart (1981) notent que l'apport
personnel en capital, la structure financière et les versements de
dividendes sont pour les établissements de crédit des signaux
financiers crédibles pour évaluer la réputation des
emprunteurs.
*
35 Dans le modèle de sélection
adverse proposé par Pagano et Jappelli (1993), le partage de
l'information améliore la sélection des emprunteurs et permet une
meilleure estimation de leurs risques de défaut.
* 36 En Asie, la
création des bureaux de crédit est une réponse aux
problèmes des banques et vise notamment à corriger les
inefficiences des politiques de prêts dans ces établissements. En
guise d'exemple, Les Philippines ont créé en 1982 un bureau de
crédit pour améliorer la prise et la gestion du risque dans
secteur bancaire.
* 37 Sami et Delorme
indiquent que tous les pays d'Amérique latine disposent d'un registre
public de crédit. Ainsi, le Chili a une agence publique de renseignement
depuis 1977 ; le Pérou dépuis1983 et le Venezuela depuis
1975. Les autres registres publics ont été créés
dans les années 1990, notamment après la mise en évidence
des difficultés récurrentes des systèmes bancaires.
* 38 En outre, ce moyen
alternatif de collecte de données pourrait contribuer à
éviter toute manipulation des informations ou toute transmission de
fausses informations. Car en effet, la qualité de l'information
conditionne l'efficacité de la supervision prudentielle.
* 39 Dans le sens cette
étude inefficience désigne une situation dans laquelle les
intermédiaire financières ne considèrent pas la
qualité de l'Etat de droit (système judiciaire) comme un recours
crédible pour l'arbitrage et la résolution des différents
les opposants aux débiteurs, d'une part, et qui ne dispose pas de
structures offrant une certaine lisibilité (information, garanties ...)
sur le risque de l'emprunteur.
* 40 Cet aspect des chose
est préjudiciable pour les pays en développement qui
engagés de lourds projets d'investissements à caractère
social et qui nécessitent des financements assortis
d'échéances de remboursements relativement long en ce qui
concerne leurs engagements envers le système bancaire et financier.
* 41 Confère Fouda
Owoundi (2005), pour les développements relatifs à : la
création ; les fonction ; les formes de la monnaie.
* 42 Produits
dérivés sont des instruments de gestion de risques qu'utilisent
les banques et autres intermédiaires financiers. Ce sont des instruments
dont la valeur dépend du prix d'un autre appelé sous-jacent,
comme une devise, un titre ou un produit de base. Les produits
dérivés les plus usuels sont les swaps, options et futurs.
* 43 La Communauté
économique et monétaire de l'Afrique centrale a été
instituée en 1994. elle se comporte de six Etats donc : la
république du Cameroun, la république Centrafricaine, la
république du Congo, la république Gabonaise, la
république de Guinée équatoriale et de la
république du Tchad.
* 44 Les Etats membres de la
BEAC ont signés le 13 mars 1973 avec la République
française une convention créant le compte d'opération. En
réalité, c'est un fonds commun de change dans lequel les banques
centrales des Etats membres versent les devises que leur procurent leurs
opérations en raison de 65% et acquièrent la totalité des
devises dont-ils ont besoin pour le règlement de leurs importations. Ces
sommes étant nécessaires à la couverture de leurs besoins
peuvent être prélevées au delà de leur
disponibilité propre. Le compte d'opération est inscrit sur les
livres du Trésor français d'une part et la BEAC est tenue de
déposer au Trésor français au moins 65% de ses
réserves en devises.
* 45 Dont 33.3% aux nationaux
et 56.9% aux étrangers (source : COBAC-Rapport d'activité
2004)
* 46 6 banques sur un total
de 11 sont des succursales des grandes banques étrangères.
* 47 COBAC-Rapport annuel
2006
* 48 Les données sur
les faits marquants de l'activité bancaire sur la période
2006-2007 sont contenues dans le Document interne de travail COBAC, 2007. Par
ailleurs, les détails sur l'évolution de la situation bilantielle
des banques camerounaises au 30/09/2007 figurent à l'annexe III de ce
travail.
* 49 La CAMPOST a
succédée à la Caisse d'épargne postale (CEP) et
à la Société nationale des postes (SONAPOSTEL), à
la faveur du décret présidentiel No2004/095 du 23
avril 2004. En effet l'actif et le passif de la SONAPOSTEL et la CEP ont
été reversés à la CAMPOST.
* 50 Un établissement
de factoring est un organisme spécialisé qui achète, avec
un escompte c'est-à-dire une réduction sur le prix de vente du
fait du caractère immédiat ou anticipé du
règlement, des effets à recevoir d'une entreprise et règle
par anticipation tout ou partie du montant des créances
transférées.
* 51 Source :
COBAC-Rapport annuel 2006
* 52 En
réalité, le FOGAPE est depuis plusieurs années sous
administration provisoire. L'établissement a cessé toute
activité de crédit et ne procède plus qu'au recouvrement
des créances qui peuvent encore l'être.
* 53 Pour les dispositions
réglementaires relatives aux procédures d'enregistrements des EMF
voir Annexe de la convention du 17 janvier1992
* 54 Source :
COBAC-Rapport annuel 2006
* 55 Les données sur
l'activité da la microfinance au Cameroun proviennent des statistiques
tirées du Rapport annuel COBAC 2006 ; sur la base desquels nos
avons opérer des calculs arithmétiques.
* 56 Il convient de
mentionner que les subventions de l'Etat comprennent les dotations en capital
qu'il apporte en qualité de propriétaire aux entreprises
publiques et nationales comme les participations qu'il prend dans des
sociétés d'économie mixte( économie à deux
secteurs de propriété, publique ou privée ; ou
caractériser une situation ou des décisions importantes
résultent d'une rencontre entre les agents privées et ceux de
l'Etat) ou même les sociétés privés et qu'il
gère par l'entremise de ces organismes spécialisées.
* 57 On peut citer dans ce
cas le Cameron radio Télévision (CRTV) ; Le Centre des
chèques postaux ; les collectivités locales (Communes,
mairies) etc.
* 58 Dans ce contexte, le
Prêt du Crédit foncier désigne un prêt accordé
par un établissement financier spécifique à savoir le
Crédit foncier Français. En réalité, le
Crédit foncier précise Ebe-Evina (1998) est un
établissement financier dont l'activité principale repose sur le
financement des opérations relatives au secteur immobilier.
* 59 En
réalité, en anglais, le
mot « mortgage », désigne tout à la fois
l'hypothèque, le crédit hypothécaire et le crédit
immobilier
* 60 Aux Etats-Unis le
crédit subprime, par ailleurs très développé dans
ce pays, peut être accordé pour acquérir un bien mobilier
comme une voiture, un appareil ménager (...), et, donc loin des
considérations liées à l'habitat social
* 61 Ebe-Evina(1998)
précise ici que la caractéristique principale repose sur la fait
que le crédit est accordé sur la base de la prise d'une
hypothèque sur un bien immeuble et donc la propriété peut
cédée ou vendue en pour recouvrer les fonds en cas de
défaillance du débiteur.
* 62 Pour les autres formes de
crédits, confère CFPB, Opérations de banques et
bourse, 1975
* 63 Organisme public
d'aménagement et d'équipement des terrains urbains et ruraux au
Cameroun
* 64 Société
immobilière du Cameroun
* 65 Le CFC à sa
création a été placé sous la double tutelle
à savoir : le Ministère de l'urbanisme et de l'habitat et le
Ministère de l'économie et des finances
* 66 On y trouve notamment les
agences de : Yaoundé ; Douala ; Garoua ;
Bamenda ; Bafoussam ; Ebolowa ; Maroua ; Buéa ;
Ngaoundéré.
* 67 Pour des informations
complémentaires, se référer aux articles 4, 5,6 et 7 du
décret No77-140 du 13 mai 1977 portant création et
organisation du CFC.
* 68
* 69 Pour des dispositions
complémentaires relatives aux attributions du Conseil d'administration
et la direction générale du CFC ; voir décret
No81-237 portant règlement intérieur du Crédit
foncier du Cameroun, du 17 juin 1981
* 70 Voir organigramme en
annexe pour les différents services. Cependant il convient de signaler
à la faveur de la restructuration interne en cours dans cet
établissement de crédit, l'organigramme annexé est un
modèle proposer par la direction générale.
* 71 Source des
informations : Dossier de présentation du CFC
* 72 Selon Calvet
(1997 :213), « le produit net bancaire est la différence
entre les produits et les charges d'exploitation ou encore la marge brute
dégagée par l'activité des activités bancaires
(opérations de banque au sens de la loi bancaire et les
opérations connexes aux opérations de banque)
* 73 L'article 25 du Titre
de son règlement intérieur précise que, la quasi
totalité de ses prêts et au moins 80% du volume de ses ressources
sont destinés au financement des logements à caractère
social ; le reliquat pouvant être affecté à l'octroi
d'autres prêts. Toutefois, le conseil d'administration peut être
amené a autoriser des dérogations à la règle
précédente, sur demande du gouvernement.
* 74 Pour les
caractéristiques de ce Prêt, voir arrêté
No 036/CAB/PM du 12 mars 1983
* 75 Le Crédit
foncier offrait également les Prêts spéciaux consentis pour
l'habitation principale et permanente du bénéficiaire et de ses
ascendants ou descendants.
* 76 D'une manière
générale, les conditionnalités inhérentes aux
Prêts immobiliers qu'offre le CFC sont explicitées à
l'article 30 du décret No81-237 du 17 juin 1981 qui stipule
que : tous les Prêts consentis par le CFC sont garantis par une
hypothèque de premier rang ou une promesse d'hypothèque sur biens
immobiliers acquis, aménagés ou construits (...) ; par une
délégation de salaires ou une caution solidaire solvable lorsque
les emprunteurs sont des personnes physiques. Ces emprunteurs doivent en outre
contracter une assurance couvrant les risques de décès et
d'incapacité du travail auprès de compagnies d'assurances
agréées par le conseil d'administration du CFC. Les prêts
aux personnes morales, dont l'activité concourt à la mise en
oeuvre de la politique de l'habitat, qui ne peuvent être garantis par une
hypothèque, doivent être assortis de l'aval de l'Etat.
* 77 Source : Direction du
réseau CFC, 1978-2007 et nos calculs.
* 78 Source : Direction du
réseau CFC, 1978-2007 et nos calculs
* 79 Source : Direction du
réseau CFC, 1978-2007 et nos calculs
* 80 Ce Prêt à
été mis en place par cet établissement au cours de
l'exercice 1994/1995 pour offrir une alternative à sa clientèle
potentielle un prêt adapté à leurs bourses du fait
notamment de crise économique que vit le Cameroun à cette
époque qui s'est traduite par les réductions de salaires et de
mise en chômage.
* 81 Depuis l'entée
en vigueur du marché monétaire le 1er juillet 1994,
les débiteurs et créditeurs maximums servis à la
clientèle dans les guichets des différents des
établissements de crédit de la CEMAC sont
déterminés par la BEAC.
* 82 Source : Direction du
réseau CFC, 1978-2007 et nos calculs
* 83 Source : Direction du
réseau CFC, 1978-2007 et nos calculs
* 84 Le graphique joint au
Tableau IV met en évidence l'évolution des Prêts aux
particuliers par période quinquennal. Les données
nécessaires à la confection de Tableau IV et du Graphique II sont
disponibles à la Direction de Réseau du CFC.
* 85 L'article 37 du
règlement intérieur du CFC mentionnent que ces promoteurs
institutionnels sont prioritairement servis en cas de besoin du fait notamment
que leurs activités concourent à la mise en oeuvre effective de
la politique de l'habitat du gouvernement. Par ailleurs, la SIC et la MAETUR
ont particulièrement bénéficié des conditions
douces de ces financements. Les taux d'intérêt étaient
compris entre 4.5% et 5.5% et la durée des prêts allaient
jusqu'à 25 ans.
* 86 On peut toutefois
relever des justificatifs socio-économiques du projet (état du
parc immobilier de l'Entreprise, besoin du personnel en matière de
logements) ; la présentation de l'Entreprise au travers la
fourniture des documents tels que les statuts sociaux, carte de contribuable,
registre de commerce de l'entreprise, les états financiers annuels,...
* 87 En l'absence de
données récentes sur la production des points de vente, la
Tendance ainsi révélée a été
observée au cours de la période 1992-1996. En effet à
cette date, les agences de Yaoundé et Douala représentent
respectivement 29% et 41% de la production totale des Prêts aux
particuliers (Source : 20ème Anniversaire CFC)
* 88 ND = donnée non
disponible
* 89 Un effet de commerce est
un titre negociable(par endossement ou par escompte), qui permet à son
bénéficiaire d'en percevoir le montant à
l'échéance.
* 90 Le réseau d'une
banque est le canal de distribution représenté par les agences de
la banque ainsi que ses correspondant aux plans national et international. Le
réseau d'une banque est le point de contact entre l'établissement
bancaire et sa clientèle.
* 91 Le régime
d'Epargne-logement institue une épargne contractuelle d'une durée
minimale d'un (1) an qui peut être constituée à travers
deux types de comptes :
- le carnet « «A »
destiné à recevoir des fonds en vue de l'obtention d'un
prêt « Epargne-Logement » ;
- le carnet « B » ayant pour seul
objet la constitution d'une épargne et sa rémunération
* 92 Le CFC disposait ainsi
d'une ligne de réescompte qu'il mobilisait de temps en temps pour
financer certains programmes non éligibles aux prêts sociaux.
* 93 Les chiffres fournis
prennent source dans les bilans d'exercices 2002-2007, qui eux-mêmes ont
ensuite faits l'objet de calculs préliminaires de notre part.
* 94 Ce ratio qui indique
le solde des opérations avec la clientèle est aussi un indicateur
privilégié de mesure de la surliquidité d'un
établissement de crédit (Wanda, 2007). En effet, lorsque Y=
D/C >100%, l'établissement de crédit connaît une
situation de surliquidité. Or, depuis l'exercice 2004, ce ratio est en
constante hausse ce qui signifie qu'il existe au CFC un excèdent de
couverture des crédits nets de provisions sur les dépôts
courts et longs. Par ailleurs, le ratio de liquidité du CFC pour les
exercices 2004 et 2006 est respectivement de 388.35% et 1040% !
* 95 Voir graphique sur
l'évolution des taux au CFC en annexe
* 96 L'impact d'une
politique de libéralisation financière sur la mobilisation de
l'épargne reste, pour certains auteurs comme Mohamadou (2004), ambigu.
En effet, dans les pays en développement par exemple, les
dépenses de consommation des ménages représentent
près de 80% de leurs revenus, d'une part, et les 20% du revenu restant
sont très souvent conservés sous formes d'encaisses liquides
(dans certains cas la pratique de thésaurisation reste très
ancrée dans les moeurs), d'autre part ; il est à penser que
la libéralisation financière n'aura a priori pas d'influence sur
la mobilisation de l'épargne par le circuit officiel.
* 97
* 98 Dans le même
ordre d'idée, le CFC à placer chez ses correspondants 53
milliards de FCFA, soit 98.14% de ses valeurs disponibles en 2005 ; 69
milliards de FCFA, soit 86,25% respectivement en 2006 et 2007.
* 99 Pour ce ratio, nous
n'avons pas eu d'indication chiffrée au CFC
* 100 Le Tiers one
correspond au sens des normes réglementaires édictées par
la COBAC aux fonds propres de base institués par le Règlement
COBAC R-93/02.
* 101 Encore appelé
ratio Cooke ou ratio de solvabilité générale.
* 102 Les responsables du
recouvrement au CFC affirment à ce propos qu'ils ne connaissent pas un
seul cas dans lequel une garantie réelle aurait été
obtenue normalement c'est-à-dire en application de la loi suite à
un jugement débattu aux différents niveaux de la justice.
* 103 Le principe du
contradictoire est évoqué en effet à l'article26 de l'Acte
uniforme OHADA relatif à l'arbitrage. Wanda (2006) précise que ce
principe signifie que chaque partie doit avoir accès et pouvoir discuter
les moyens produits par l'autre partie.
* 104 Malheureusement, les
informations sur la structure des créances ne seront pas
développées en détails du fait notamment de
l'indisponibilité des données.
* 105 A titre, d'exemple,
le Prêt promo foncier qui est aujourd'hui le fonds de commerce du CFC
à vue son taux débiteurs atteindre le niveau de 15%. Aujourd'hui
encore ce taux reste relativement prohibitif et fixé à 12%
l'an.
* 106 De l'aveu même
d'un responsable à la division d'exploitation du CFC, les prêts
à court terme ne sont pas destinés à la promotion
immobilière !
* 107 Douala stock Exchange
(DSX) a été crée par la loi 99/015 du 22 décembre
1999. Il incarne le marché financier camerounais et a été
inauguré le 23 avril 2003.Apres plusieurs reports sur la date effective
de démarrage qui ont entraîné une nouvelle
recapitalisation, c'est finalement le 30 juin 2006 que la première
cotation a eu lieu avec l'Etat qui a mis sur ce marché ses actions
détenues dans la SEMC (Société des eaux minérales
du Cameroun)
* 108 Le rapport
d'enquête sur l'hypothèque et le crédit hypothécaire
réalisé par Jachiet et al (2004), considère les organismes
de caution comme facteur déterminant de la fluidité du
marché des prêts immobiliers en France. Dans la mesure ou les
établissements spécialisés considèrent les
cautions comme garant principale de la créance et non la
solvabilité de l'emprunteur.
* 109 En 2004, par exemple,
les engagements théoriques du CFC sont de 23 milliards de FCFA dont
créances saines 12 % soit 3milliards de FCFA ; près de 88%
de l'échantillon était compromis et nécessitaient un
complément de provision de 17 milliards de FCFA.
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