II.1.4. Test de l'hypothèse IIA
Il existe deux tests pour vérifier l' hypothèse
nulle de « independ ance of Irrelevant alternatives » (IIA). Ces sont
les tests de Hausman et de S mall-Hsiao. Le
principe du test est de montrer si oui ou non deux alternatives m
et n sont complètement indépendantes
des autres alternatives. S i tel est le cas, on parlera de « independance
of irrelevant alternatives », c'est-à-dire que les autres
alternatives n'affectent pas le calcul des Odds ratios entre m et n.
Tab leau 15 : tests d'indépend ance des
alternatives n on pertinentes
Hausman tests
of
H0 : IIA
IIA assumption
Omitted | chi2 df P>chi2 evidence
mauvaise
|
|
|
-2.955
|
22
|
---
|
---
|
non_info
|
|
|
-4.651
|
22
|
---
|
---
|
bonne_co
|
|
|
11.440
|
22
|
0.968
|
for Ho
|
---------+------------------------------------
S mall-Hsiao tests of
IIA assumption
----------------------------------------------
Omitted | lnL(full) lnL(omit) chi2 df P>chi2 evidence
mauvaise |
|
-421.225
|
-411.897 18.656
|
22
|
0.666
|
for Ho
|
non_info |
|
-353.906
|
-341.973 23.866
|
22
|
0.354
|
for Ho
|
bonne_co |
|
-169.409
|
-156.681 25.457
|
22
|
0.276
|
for Ho
|
---------+---------------------------------------------------------
-------------------------------------------------------------------
Source : EIS-CI 2005, nos calculs
CHENG et LONG (2005) ont montré que le test S
mall-Hsiao est plus puissant que celui de Hausman (si n>500 ). Ainsi on
conclut qu'il y'a assez d'évidence pour accepter l'hypothèse IIA.
En d'autres termes en supprimant ou en ajoutant d'autre alternative
(à CONNAIS) cela n'affectera en rien les odds ratios entre deux
modalités.
III. Présentation et interprétation des
résultats Nous avons pris la modalité «bonne
connaissance » comme référence; les risques relatifs
s'interprètent donc comme la probabilité pour un jeune d'avoir
un niveau de connaissance «non informé», «mauvaise
connaissance» relativement à la probabilité de se retrouver
dans le type de connaissance « bonne ».
III.1. Interprétation par les coefficients
Dans l'interprétation des coefficients d'un
modèle logistique, seul importe le signe de ces coeffi- cients
affectés à chaque variable explicative. En l'espèce,
l'analyse de l'annexe 7 nous révèle des résultats
importants dans le sens de nos hypothèses. En effet relativement
à la catégorie « bonne connaissance » :
Ø La probabilité d'avoir de mauvaises
connaissances en matière de VIH/SIDA, décroit, d'une part avec
le niveau d'instruction, l'âge, la taille des ménages, la
propension à lire les journaux, le sexe, la situation matrimonial, la
possibilité de dormir sous des moust i- quaires et la possession de
l'électricité, d'une radio ou d'une voiture. D'une a utre part
cette probabilité augmente selon le niveau de vie (quintile de bien
être économique), l'adduction en eau, la religion, le type de
toilette et la détention d'un téléphone, d'un ré-
frigérateur, d'une télévision ou d'une moto.
Ø La probabilité de ne pas être
informé sur le VIH/SIDA se renforce par l'âge, la religion, la
taille des ménages, l'état matrimonial, la possibilité de
dormir sous des moustiquaires, la propension à lire les journaux, la
possession de l'électricité, du téléphone, de
vélo, de mo- to. D'un autre côté, cette probabilité
baisse avec le niveau d'instruction, l'approvisionnement des individus en
eau, les types de toilette, le niveau de vie, l'occupation et la
détention de patrimoine (radio, télé, frigo, voiture).
De prime abord, on constate que le niveau d'instruction
réduit les mauvaises connaissances et
améliore le niveau d'information des personnes non
informées. En claire plus un jeune acquiert de l'instruction, plus sa
propension à connaitre le VIH/SIDA augmente. On note aussi que plus le
niveau de vie s'élève plus les individus pourvus de
préjugés s'enferment dans leurs idées et plus ceux ne
disposant d'information s'instruisent. Il en est de même de la
taille des ménages
d'origine, de l'âge, de la situation matrimonial, de la
capacité à détenir des biens meuble s (radio,
télé, voiture, téléphone, etc....). En somme le
niveau de vie et les structures sociales affectent les connaissances en
matière de VIH/S IDA des jeunes ruraux en Côte d'Ivoire (H1 et
H2). Mais avant d'admettre ces premiers résultats comme valeurs comptant
il s'impose à nous d'analyser les rapports de cote (odds ratios) pour
confirmer ou infirmer ces premières conclusions.
III.2. Interprétation par les odds ratios
Le tableau 16 présente l'éventail des odds
ratio. Les paramètres de chaque modalité (pour une variable
donnée) sont associés aux deux catégories de connaissance,
hormis la catégorie de réfé- rence (bonne connaissance).
Ces paramètres mesurent l'effet de chaque variable explicative (en fait
de chaque modalité d'une variable) sur l'appartenance à l'une des
catégories de connaissance plutôt qu'à la catégorie
de référence. Tous les calculs et analyses sont effectués
toute chose égale par ailleurs et les commentaires du paragraphe suivant
sont fait relativement à la catégo rie de référence
« bonne connaissance ».
De façon concrète, un jeune de niveau secondaire
a 64% (0,365-1) moins de risque 12 que celui
n'ayant aucun niveau d'instruction (au seuil de 5%) d'avoir de
mauvaises connaissances en ma- tière de VIH/SIDA tandis qu'un jeune de
niveau primaire a 41% (0,59 -1) moins de risque que celui n'ayant aucun niveau
d'instruction de ne pas être informé sur le VIH/SIDA. En plus, d u
point de vue des commodités de vie, un individu possédant une
radio a 50% moins de risque que celui qui n'en détient pas de ne pas
être informé sur la pandémie pendant que celui qui dispose
d'une moto a 82% plus de risque que celui qui n'en possède pas
d'être mal informé. Dans cette logique, un individu
possédant un téléphone a 152% plus de chance que celui qui
n'en détient de ne pas être informé sur le VIH/S IDA. Enfin
un individu qui s'alimente à partir d'un puits ouvert a une propension
1,95 plus élevé qu'une personne s'alimentant à l'eau de
robinet d'être mal info r- mé sur le VIH/S IDA plutôt que
d'avoir de bonnes connaissances. Cette propension s'élève
à 2,03 lorsqu'on passe de l'eau de robinet à l'eau de surface
comme source d'eau de co nsommation. Concernant l'influence des structures
sociales sur les connaissances en matière du VIH/SIDA, on remarque que
les musulmans ont 205% plus de chance que les catholiques de ne pas être
informé
sur le VIH/SIDA pendant que les animistes ont une propension
3,24 fois plus élevée que les ca-
12 Le ri s que i ci , fa i t référence
à la noti on de s us cepti bili té
tholiques de ne pas connaitre le VIH/S IDA. O n note aussi que
les personnes vivant e n couple ont une propension 1,38 fois (au seuil de 10%)
plus élevée que les célibataires d'appartenir à la
caté- gorie « non informé ». en outre, plus la taille
des ménages augmente moins les individus qui y vivent s'éloignent
de la catégorie « bonne connaissance ». en effet, les
individus vivant dans les ménages de taille compris entre 5 et 9 ont 26%
moins de risque que ceux vivant dans les ménages d'au plus 4 personnes
de ne pas être au fait du VIH/SIDA. La situation est similaire en comp a-
rant, du point de vue des mauvaises connaissances, les individus des
ménages de taille au plus égale à 4 et ceux de taille
compris entre 10 et 14. O n note aussi que les femmes sont moins expo-
sées aux mauvaises connaissances que les hommes.
Du point de vue du niveau de vie, les pauvres ont 38% moins de
chance que les plus pauvres de ne pas avoir d'informations sur le VIH/SIDA. Et
puis, un fait remarquable est à relever : plus la fréquence de
lecture des journaux/magazine s moins l'individu concerné est
exposé au risque d'une mauvaise connaissance du VIH/SIDA.
En définitive, bien que certaines variables
explicatives (type de toilette, groupe d'âge, etc....)
n'aient pas d'effet sur l'appartenance à une
catégorie de connaissance en matière de VIH/SIDA, on peut
affirmer, au vue l'analyse précédente et de celle du tableau 16,
que le niveau de vie des jeunes et les structures sociales affectent leurs
connaissances en matière de VIH/SIDA d'où H1 et H2.
Tab leau 16 : présentation des résultats
de l 'estimation après le di agn ostic 13
Variables explicatives
|
Variable d'intérêt
|
Libellés
|
modalités
|
mauvaise connaissan ce
|
non informés
|
Odds ratio
|
Odds ratio
|
Niveau
d'instruction
|
Aucun
|
Référence
|
Primaire
|
1,042 ns
|
0,59**
|
Second aire
|
0,365**
|
0,15***
|
Sup érieur
|
0,000 ns
|
0,00 ns
|
Source d'eau de
con sommation
|
Eau de robin et
|
Référence
|
Eau de p uits ouverts
|
1,95***
|
0,81 ns
|
Puits p rotégés
|
1,52*
|
0,63**
|
Eau de surface
|
2,03**
|
1,03 ns
|
Autres
|
6,65 ns
|
0,00 ns
|
Groupe s d'âges
|
20-24
|
Référence
|
25-29
|
0,89 ns
|
0,98 ns
|
30-34
|
1,12 ns
|
1,08 ns
|
Type de toilette
|
Chasse d'eau
|
Référence
|
Fosses/latrines rudimentaires
|
2,06 ns
|
2,25 ns
|
Fosses/latrines amélior ées
|
2,52 ns
|
1,28 ns
|
Pas de toilettes/nature
|
2,08 ns
|
1,48 ns
|
A l'électricité
|
Non
|
Référence
|
13 Après l e dia gnos tic 190 i ndi vi dus ont
été enl evé da ns l 'es ti ma ti on du modèl e
défi ni ti f (a nnexe 7)
|
Oui
|
0,78 ns
|
1,04 ns
|
A une radio
|
Non
|
Référence
|
Oui
|
0,82 ns
|
0,50***
|
A une télévision
|
Non
|
Référence
|
Oui
|
1,07 ns
|
0,80 ns
|
A un réfrigéra-
teur
|
Non
|
Référence
|
Oui
|
2,15*
|
1,19 ns
|
A un vélo
|
Non
|
Référence
|
Oui
|
1,27 ns
|
1,27 ns
|
A une mo- to/ scoo ter
|
Non
|
Référence
|
Oui
|
1,82***
|
1,70***
|
A une voi- ture/camion
|
Non
|
Référence
|
Oui
|
0,134**
|
1,07 ns
|
Matériau du sol
|
M atériau naturel
|
Référence
|
M atériau rudimentair e
|
0,00 ns
|
0,93 ns
|
Plancher fin i
|
1,01 ns
|
1,13 ns
|
religion
|
Catholique
|
Référence
|
Protestant
|
0,94 ns
|
1,13 ns
|
Autres religions chr étiennes
|
0,97 ns
|
1,7 ns
|
M usulman
|
1,18 ns
|
3,05***
|
Animiste, sans religion
|
1,00 ns
|
3,24***
|
Autres religions
|
1,90 ns
|
1,06 ns
|
Taille des mé- nages
|
Au p lus égal à 4
|
Référence
|
Entre 5 et 9
|
0,88 ns
|
0,74*
|
Entre 10 et 14
|
0,61*
|
0,94 ns
|
Sup érieur ou égal à 15
|
0,63 ns
|
1,12 ns
|
A un téléphone
|
Non
|
Référence
|
Oui
|
2,05*
|
2,52**
|
Quintile de bien-
être économique
|
Le p lus p auvre
|
Référence
|
Le p auvre
|
0,889 ns
|
0,62*
|
moy en
|
1,10 ns
|
1,05 ns
|
Le rich e
|
0,90 ns
|
0,82 ns
|
Le p lus riche
|
1,42 ns
|
0,32 ns
|
Etat matrimonial
|
Célibatair e
|
Référence
|
M arié/ en union libr e
|
0,81 ns
|
1,38*
|
Sép aré, divorcé, veuf
|
1,16 ns
|
0,64 ns
|
Dort avec mou s- tiquaire
|
Non
|
Référence
|
Oui
|
0,60**
|
1,02 ns
|
occupation
|
Sans occup ation
|
Référence
|
Professeur, directeur, in gé-
nieurs etc....
|
0,00 ns
|
0,00 ns
|
Emp loy é de bureau
|
1,38 ns
|
0,00 ns
|
Commerçant
|
1,01 ns
|
0,63*
|
Agricu lteur indép endant
|
0,55**
|
0,85 ns
|
Emp loy é agrico le
|
0,94 ns
|
0,30**
|
Prestataire de services
|
0,74 ns
|
0,30**
|
Ouvriers
|
0,62 ns
|
0,44 *
|
Autres occup ations
|
3,35 ns
|
0,00 ns
|
Ne sait p as
|
1,66 ns
|
0,00 ns
|
sexe
|
Homme
|
Référence
|
Femme
|
0,71*
|
1,24 ns
|
Lire un journal
|
Presque tous les jours
|
Référence
|
Au moins 1 fois/semain e
|
0,34**
|
0,17 ns
|
M oins d'1 fois/semaine
|
0,11***
|
0,60 ns
|
Pas du tout
|
0,21***
|
1,68 ns
|
Ne sait p as lire
|
0,22***
|
1,64 ns
|
La catégorie bonne conn aissance est la réferen
ce
|
Source : EIS-CI 2005, nos calculs
ns =non significatif ***=sign ificatif à 1%
**=significatif à 5% *=signif icatif à 10%
IV. Recommandations et limites de l'étude
Notre étude a abouti à des résultats
majeurs. Toutefois il faut noter que cette étude co m- porte des
limites. Mais malgré ces insuffisances ne ternissent en rien la
pertinence des reco m- mandations auxquelles notre étude aboutit.
IV.1. Limites de l'étude
Nous admettons que notre étude, comme toute
activité humaine, souffre de quelques insuff i- sances.
Premièrement, nous avons supposé
que les connaissances en matière de VIH/SIDA se limitaient à
celles que nous avons décrites et utilisées au chapitre 1 de la
dernière partie. Cette hypothèse de travail est très
restrictive sachant qu'il existe, par exemple, d'autres voies de transmission
(sa n- guine...) et donc d'autres formes de connaissance. Mais
l'indisponibilité de ces autres forme s de connaissances dans la base
n'a pas permis leurs prises en compte dans notre analyse.
Deuxièmement, les variables reflétant les
conditions de vie ne sont pas exempts de tout cr i- tiques. Par exemple, des
variables sur de l'habitation traitant assez bien des conditions de vie a u-
raient mieux expliqué les connaissances des ruraux.
Troisième ment, nous reconnaissons que
nos résultats pourraient pu influencer par le nombre relativement
élevé d'observations aberrantes (outliers) que nous avons e
xclues de l'analyse.
IV.2. Recommandations
Au sortir de cette étude sur l'influence des conditions
de vie des jeunes sur les connaissances en matière de VIH/SIDA en milieu
rural ivoirien on constate que nos hypothèses de travail sont e f-
fectivement vérifiées. Les conditions da ns lesquelles vivent les
jeunes influencent les connais- sances qu'ils ont de la maladie du
siècle. De façon plus précise, le niveau d'études
du jeune, son occupation, sa situation matrimoniale, son sexe, la taille des
ménages où il vit, son niveau de vie etc.... influencent sa
perception et ses connaissances en matière de VIH/SIDA. Dans ce cadre en
validant notre modèle on est en mesure de faire des recommandations. Ces
recommandations
portent sur les conditions d'une plus grande efficacité
et d'une plus grande durabilité des pro- grammes de lutte contre le
VIH/SIDA.
Premièrement, puisque
l'environnement familial influence les connaissances en matière de
VIH/SIDA, les ONG (nationales et internationales) et les autres organismes
engagé s dans la lutte contre le VIH/SIDA doivent insister sur les
actions communautaires notamment à travers le re n- forcement des
programmes d'IEC (information-éducation-communication) au niveau des
cellules familiales rurales.
Deuxièmement, l'état ou les
conseils généraux doivent s'évertuer à
améliorer le niveau de vie en milieu rural en mettant en place des
programmes créateurs de richesse (« plantations clé en main
», coopératives...) en vue de favoriser d'insertion
économique des jeunes.
Troisième ment, améliorer
l'éducation de la population rurale et surtout de sa jeunesse à
travers :
ü Un accroissement des investissements éducatifs
(construction d'école, formation de pe r-
sonnel...) en milieu rural ;
ü Une sensibilisation accrue et ciblée (selon le
sexe, la religion, le niveau d'instruction...)
sur le VIH/SIDA ;
ü Une formation des responsables des confessions
religieuses sur le VIH/S IDA ;
ü Une promotion en milieu rural du concept ABC (abstinence,
comportement, utilisation des préservatifs).
|
|