II.2.3 Approches sociodémographiques
De nombreuses études ont montré que les
facteurs sociodémographiques de la femme influencent sa pratique
contraceptive moderne. Il s'agit notamment de l'âge, du nombre d'enfants
vivants, du nombre d'enfants souhaités, de la pratique de
l'avortement.
II.2.3.1 Age
L'âge de la femme, est aussi un facteur important de la
pratique contraceptive moderne,
elle traduit souvent un effet de génération.
Cet effet influence fortement l'utilisation des méthodes contraceptives
modernes, car généralement, la génération jeune y
adhère plus vite, tandis que la génération des femmes
âgées est plutôt influencée par les méthodes
traditionnelles préconisées par la société
traditionnelle pro nataliste (RAIMI FASSASSI, op.cit.).
Cependant, PSI-Haïti (op.cit.) a montré lors
d'une étude sur les déterminants de la contraception moderne par
les femmes que plus les femmes sont âgées, plus elles ont de la
chance d'utiliser actuellement une méthode de contraception moderne.
II.2.3.2 Nombre d'enfants vivants et nombre d'enfants
souhaités
Les femmes qui ont un nombre d'enfants vivants
élevés ont tendance à utiliser les méthodes
contraceptives modernes tandis que celles chez qui ce nombre est faible du fait
qu'elles ont perdu un ou plusieurs enfants ont tendance à vouloir les
remplacer, d'où la faible utilisation des méthodes de
contraception modernes. En effet, les femmes qui n'ont perdu aucun enfant ont
1,7 fois plus de chance d'utiliser une méthode contraceptive que les
femmes qui en ont perdu un ou deux (EVINA AKAM, op.cit).
Concernant le nombre total d'enfants souhaités, les
études ont montré que les femmes qui désirent un nombre
faible d'enfants sont plus enclines à utiliser une méthode
contraceptive moderne que les femmes qui veulent un nombre élevé
d'enfants. En effet, EVINA AKAM (op.cit.), à partir des données
de l'EDS III au Cameroun a démontré que les femmes qui
désirent une grande progéniture (cinq enfants et plus) ont deux
fois moins de chance d'utiliser une méthode contraceptive moderne que
celles qui veulent limiter leur descendance à quatre enfants au
maximum.
II.2.3.3 Pratique de l'avortement et la perception du
risque y relatif
L'avortement est une pratique interdite par la loi dans de
nombreux pays dont le Cameroun ; c'est d'ailleurs un acte condamné par
la société Africaine. Il est d'un grand danger pour la
santé de la femme et peut même entraîner la mort de celle-ci
surtout quand il est pratiqué dans des conditions précaires. Par
ailleurs, la perception du risque relatif à l'avortement se fait
généralement lorsque la femme elle-même a eu à
pratiquer l'avortement où lorsque elle a observé des cas
semblables chez les femmes de son entourage. Ces avortements surviennent
généralement lorsque la femme est en face d'une grossesse non
prévue ou d'une grossesse trop rapprochée de la dernière.
Or ces grossesses non désirées auraient pu être
évitées grâce à l'utilisation de la contraception
moderne.
C'est ainsi, qu'AGNES (1998) a mené une étude en
Côte d'ivoire sur la contraception et
l'avortement chez les femmes. Il en ressort que 29 % des
femmes qui ont pratiqué l'avortement ont eu recours après cela
à la contraception moderne. Ainsi la perception du risque lié
à l'avortement peut influencer la pratique contraceptive moderne. Par
ailleurs, d'après une étude réalisée au Gabon par
CHIESA et WANTOU (2001), la pratique de l'avortement influence l'utilisation de
la contraception par certaines femmes ; puisque, la pratique de l'avortement
est un déclic qui entraine une prise de conscience par les femmes
d'où le recours à la contraception moderne.
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