Universite de Tunis El Manar
Faculte des Sciences
Economiques et de Gestion de Tunis
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du diplôme
Master en Sciences
Economiques
Option :
Economie Monetaire et
Bancaire
Réalisé par : Encadré par :
JRIDI Omar Mr. Nouri Fethi Zouhair
Thème
Effet des variations des prix du
pétrole
sur l'inflation : Approche macro
Universite de Tunis El Manar
Faculte des Sciences
Economiques et de Gestion de Tunis
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du diplôme
Master en Sciences
Economiques
Option :
Economie Monetaire et
Bancaire
Réalisé par : Encadré par :
JRIDI Omar Mr. Nouri Fethi Zouhair
Thème
Effet des variations des prix du
pétrole
sur l'inflation : Approche macro
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Remerciements
Ce travail a été effectué dans le
cadre d'un mémoire au sein de la Faculté des Sciences Economiques
et de Gestion pour l'obtention du diplôme de Mastère en Sciences
Economiques, spécialité Economie Monétaires et Bancaires
.
Au terme de ce mémoire, Je tiens a remercier et a
exprimer ma profonde gratitude a mon encadrant Mr . NOURI Fethi Zouhaier pour
son aide précieuse, ses conseils et ses suggestions avisées . Je
tiens également a le remercier pour son ouverture, son suivi et ses
apports infiniment précieux .
De même, je transmets chaleureusement mon profond
respect ainsi que mes vifs remerciements pour mes enseignants de la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion pour tous aides
pédagogiques qu'ils ont pu me fournir pour mener a bien ce sujet de
recherche.
J'étais enchanté de travailler sur ce
mémoire et j'espère que le présent rapport reflète
cet enthousiasme . Je tiens enfin a remercier les membres du jury d'avoir
accepté d'évaluer la contribution de ce travail.
La faculté des sciences économiques et
de gestion de Tunis n'entend donner aucune approbation ni improbation aux
opinions émises dans ce mémoire qui doivent être
considérées comme propres à leurs acteurs.
Table des Matières
Table de Matières .. 1
Liste des Graphiques . . 5
Liste des Tableaux .. 6
Introduction Générale 7
Chapitre 1 : Inflation : Approches théoriques et
rôle du pétrole
comme déterminant . 10
Introduction . 10
Section 1 : Présentation du
phénomène « Inflation » 11
1-1 Définition et formes de l'inflation 12
1-1-1 Définition de l'inflation . 12
1-1-2 Les formes de l'inflation 14
1-2 Mesure de l'inflation 16
1-2-1 Indice des Prix à la Consommation et ses
inconvénients 16
a- Définition et méthodologie de mesure de l'IPC
. 16
b- Rôle et inconvénients de l'IPC 17
1-2-2 La notion de l'inflation sous jacente 19
a- Définition de l'inflation sous-jacente 19
b- Mesure de l'inflation sous-jacente pour le cas de la Tunisie
20
1-3 Bref historique sur l'inflation . 22
1-3-1 L'inflation : de l'antiquité au dix-neuvième
siècle 22
1-3-2 Les tensions inflationnistes du vingtième
siècle 24
a- Evolutions des prix durant les deux guerres mondiales 24
b- Evolutions des prix pendant les deux chocs pétroliers
. 25
Section 2 : La position du pétrole dans les
déterminants de l'inflation . 28
2-1 Les déterminants de l'inflation 29
2-1-1 Les déterminants d'ordre monétaire .. 29
a- La relation monnaie-inflation .. 29
b- La relation seigneuriage-inflation .. 31
2-1-2 Les déterminants d'ordre structurel 31
2-1-3 Inflation par la demande et inflation par les coûts
33
a- Inflation par la demande . 33
b- Inflation par les coûts . 33
2-2 Pétrole : Déterminant primordial de l'inflation
34
2-2-1 L'effet mécanique ou de premier tour . 34
2-2-2 L'effet boucle prix-salaire ou de second tour . 36
Conclusion 39
CHAPITRE 2 : Chocs pétroliers et politiques
anti-inflationnistes 41
Introduction .. 41
Section 1 : Chocs pétroliers et effet de
transmission .. 42
1-1 Evolutions et déterminants des prix du pétrole
.. 42
1-1-1 Historique de l'évolution des prix du pétrole
43
1-1-2 Les facteurs explicatifs de l'évolution des prix
pétroliers 45
a- Les facteurs techniques et économiques . 45
b- Les facteurs exogènes . 47
1-2 Effet de transmission des chocs pétroliers . 48
1-2-1 Mécanismes de transmission des chocs
pétroliers .. 49
1-2-2 Affaiblissement des effets des chocs pétroliers .
51
a- Hausses récentes des prix du pétrole et
affaiblissement
des effets . 51
b- Les raisons de l'affaiblissement des effets des chocs
pétroliers . 54
Section 2 : Efficacité des politiques
anti-inflationnistes aux chocs
pétroliers .. 56
2-1 Commodité des politiques de stabilité des prix
. 56
2-1-1 Réaction des politiques monétaires aux deux
premiers chocs
Pétroliers 57
2-1-2 L'importance de la politique de stabilité des prix
. 58
a- Le maintient du pouvoir d'achat des ménages .. 59
b- Favorable à la croissance économique et
à l'emploi 59
c- Prévient le phénomène de la progression
à froid
et contribue à la stabilité financière ..
60
d- Les aspects sociaux de la stabilité des prix .. 60
2-2 La politique de ciblage d'inflation .. 61
2-2-1 Exposition de la politique de ciblage d'inflation .. 61
a- Emergence de la politique de ciblage d'inflation .. 61
b- Caractéristiques de la politique de ciblage
d'inflation 64 2-2-2 Evaluation des performances de la politique de
ciblage
d'inflation sur les effets des chocs pétroliers 66
Conclusion . 69
Chapitre 3 : Approche macro sectorielle de la relation
inflation-prix du pétrole : Modélisation et Estimation pour le
cas de la Tunisie..... 71
Introduction 71
Section 1 : Introduction à la modélisation
de la relation inflation-prix du
pétrole pour le cas de la Tunisie
72
1-1 Authenticité de la relation inflation-prix du
pétrole pour le cas
de la Tunisie . 73
1-1-1 Etude de la situation pétrolière de la
Tunisie 73
1-1-2 Politique d'intervention sur le plan
énergétique . 75
1-2 Méthodologie de modélisation de la relation
inflation-prix du pétrole ... 76
1-2-1 La modélisation de l'inflation
énergétique . 76
1-2-2 La modélisation de l'inflation alimentaire .. 77
1-2-3 La modélisation de l'inflation sous-jacente 78
1-3 La méthodologie de l'estimation .. 81
1-3-1 Collecte des chroniques et présentation des
variables 82
1-3-2 Les étapes de l'estimation 82
Section 2 : Estimation de la relation inflation-prix du
pétrole
pour le cas de la Tunisie 86
2-1 Données et résultats empiriques . 86
2-1-1 Variables du modèle 87
2-1-2 Résultats et interprétation de l'estimation
.. 87
2-2 Estimation et analyse de l'estimation des modèles . .
91
A- Estimation et analyse de l'estimation de la première
modélisation.... 92
B- Estimation et analyse de l'estimation de la deuxième
modélisation.... 96
C- Estimation et analyse de l'estimation de la troisième
modélisation... 99 Conclusion . 105
Conclusion Générale . 107
Bibliographie . 110
Annexes . 113
Liste des Graphiques
Graphique 1-1 : Cycle d'évolution du niveau
général des prix
Graphique 1-2 : Inflation sous-jacente, exclusion des prix
administrés, des cinq et des dix composantes les plus volatiles de
l'IPC
Graphique 1-3 : La courbe de Phillips
Graphique 2-1 : Volatilité du prix du pétrole (en $
2008/B)
Graphique 2-2 : Evolution de la demande et de l'offre mondiale du
pétrole Graphique 2-3 : L'intensité pétrolière de
la croissance : consommation
de pétrole en milliers de barils/jour par unité de
PIB (dollars
1999)
Graphique 2-4 : Effet des hausses des prix pétroliers sur
les coûts unitaires de main-d'oeuvre
Graphique 4-1 : Fonction de réponse impulsionnelle des
variations des prix
énergétique au choc des variations des prix du
pétrole Graphique 4-2 : Fonction de réponse impultionnelle de
l'indice des prix à la
alimentaire aux chocs des variations des prix du pétrole
Graphique 4-3 : Fonctions de réponses impulsionnelles des variations de
l'indice
des prix à la consommation sous-jacent aux chocs sur le
taux de
croissance du PIB et sur les variations du prix du
pétrole réel en
dinar
Liste des Tableaux
Tableau 1-1 : Les taux d'inflation annuels pendant les deux chocs
pétroliers Tableau 1-2 : Taux d'inflation annuels dans les principales
économies industrialisées
Tableau 2-1 : Les taux d'inflation durant la période des
hausses récentes des cours pétroliers
Tableau 2-2 : Ciblage d'inflation dans divers pays
Tableau 4-1 : Test de Dickey Fuller Augmenté pour toutes
les variables Tableau 4-2 : Le nombre de retard du premier modèle
Tableau 4-3 : Le nombre de retard du deuxième
modèle
Tableau 4-4 : Le nombre de retard du troisième
modèle
Tableau 4-5 : Le nombre de relation de cointégration du
premier modèle Tableau 4-6 : Le nombre de relation de
cointégration du deuxième modèle Tableau 4-7 : Le nombre
de relation de cointégration du troisième modèle Tableau
4-8 : Estimation de la force de rappel et des relations de court terme Tableau
4-9 : Test de causalité au sens de Granger entre les deux variables
du
premier modèle
Tableau 4-10 : Décomposition de la variance de la variable
D(IPCE)
Tableau 4-11 : Estimation de la relation prix des produits
alimentaire-variations des prix du pétrole
Tableau 4-12 : Test de causalité au sens de Granger entre
les deux variables du deuxième modèle
Tableau 4-13 : Décomposition de la variance de la variable
IPCA
Tableau 4-14 : Estimation de la force de rappel et des relations
de court terme Tableau 4-15 : Test de causalité au sens de Granger entre
les quatre variables du troisième modèle
Tableau 4-16 : Décomposition de la variance de la variable
DIPCSJ
Introduction Générale
Le pétrole est omniprésent dans notre quotidien,
composant dans plus de 70 000
produits différents et représentant 35% de
l'énergie mondiale, il pèse dans toute économie du monde.
Son surnom d'or noir, à lui seul, souligne les caractères que
relève cette matière première d'être
épuisable, insubstituable et indispensable, et qui tiennent le devant de
la scène parmi les explications des tendances du marché de ce
bien naturel. Actuellement, le marché pétrolier est
caractérisé par une instabilité imprévisible et
continue des prix, ce qui a de nature à engendrer de flagrants risques
de déséquilibres des grandeurs économiques, parmi les
quelles on privilégie l'inflation, la hausse du niveau
général des prix, vu l'importance primordiale accordée a
cet indicateur dans l'appréciation de l'état de l'économie
et la préservation du niveau de vie.
En fait, la relation inflation-prix du pétrole
constitue un point de divergence entre économistes, alors que pour
certains l'effet des variations des prix du pétrole sur l'inflation est
faible et ne mérite pas d'être posé, pour d'autres ces
variations constituent un risque majeur sur le niveau général des
prix, à l'image des retombées pervers du deuxième choc
pétrolier, lorsque le prix du baril avait triplé.
Cette non unanimité des économistes qui se sont
penchés sur cette question, nous incite à étudier la
nature de cette relation pour le cas de la Tunisie. Néanmoins, si la
concomitance de l'inflation aux deux premiers chocs pétroliers de 1973
et de 1979 semble validée, par l'enregistrement des pics de variations
des taux d'inflation de plus de 10% pour le premier et plus de 14% pour le
second. Le record historique des 145 $ le baril, mémorisé en
juillet 2008, nous amène à s'interroger sur l'état de
l'inflation, dans le cadre d'une politique monétaire qui perçoit
la stabilité des prix comme une priorité absolue. Pour être
en ligne avec ce sujet, notre problématique se cristallise sur la
question suivante :
> Quel est l'impact des variations des prix du
pétrole sur l'inflation, sous la teneur des politiques de
stabiité des prix ?
Pour répondre à cette question, et
l'apprécier pour le cas de la Tunisie, nous vous proposons une
démarche qui se compose des trois chapitres suivants :
Le premier chapitre intitulé « Inflation :
approches théoriques et rôle du pétrole comme
déterminant » sera consacré, dans sa première
section, à l'approche théorique du phénomène
inflation, en faisant référence aux principaux apports
théoriques qui se sont penchés sur sa définition.
Idéalement, la présentation de l'inflation est fondée sur
sa définition, sa mesure, ainsi que les tentatives de mesure de
l'inflation sous-jacente, et sur son esquisse historique de l'antiquité
jusqu'à l'heure actuelle. Dans la seconde section, nous enrichirons
notre présentation par la connaissance des principaux
déterminants de l'inflation, toute en mettant l'accent sur les hausses
des prix du pétrole en tant que déterminant contemporain,
pénible et tenant de l'inflation, et ce en spécifiant les
principaux canaux de transmission vers l'inflation.
Après l'éclaircissement de la relation entre les
variations des prix du pétrole et l'inflation, l'objectif du
deuxième chapitre se cristallise sur l'affaiblissement des effets des
chocs pétroliers, ainsi qu'au rôle joué par les politiques
de stabilité des prix. C'est ainsi que nous préservons la
première section de ce chapitre à l'investigation des causes de
l'affaiblissement des effets des variations des cours pétroliers,
relativement aux incidences des deux premiers chocs pétroliers. Dans la
seconde section, l'examen de l'efficacité des politiques
anti-inflationnistes passe par l'exploration des réactions des
politiques monétaires face aux deux premiers chocs pétroliers, de
laquelle on tire l'importance de la stabilisation des prix, en visant ses
bienfaits sur les plans économiques et sociaux. Néanmoins,
l'émergence de la politique de ciblage crédible d'inflation comme
la politique la plus efficace face à la transmission des effets des
chocs pétroliers fait l'objet de la seconde sous section, dans la quelle
nous avançons ses commodités, tout en utilisant les hausses
récentes des cours pétroliers pour l'évaluation de sa
performance.
Le troisième chapitre sera consacré à la
modélisation et à l'estimation de la relation inflation-prix du
pétrole pour le cas de la Tunisie. La première section fait
l'objet de la modélisation. Néanmoins, l'appréciation de
l'authenticité de cette relation dans le cadre de l'environnement
économique tunisien s'inflige au préalable, vu qu'il est
indispensable de rappeler, avant tout traitement économétrique,
sa situation pétrolière ainsi que sa politique d'intervention sur
le plan énergétique. La méthodologie de
modélisation de la relation est fondée sur une approche
macro-sectorielle, inspirée d'une étude intitulée «
Prévoir l'inflation en zone euro : une approche macrosectorielle »
et proposé par Benjamin Richard, William Roos dans les Documents de
travail de la Direction Générale du Trésor et de la
Politique Economique (DGTPE) en juin 2008.
Finalement, la seconde section fait l'objet de l'estimation
des modèles, déjà établis dans la première
section. Notre support d'estimation est le logiciel EViews, version 5.0 et nos
résultats sont présentés corrélativement à
la structure de la modélisation.
Inflation : Approches Théoriques Et Rôle Du
Pétrole Comme Déterminant
Sommaire
Introduction
Section 1 : Présentation du
phénomène « Inflation »
1-1 Définition et formes de l'inflation
1-1-1 Définition de l'inflation 1-1-2 Les formes de
l'inflation
1-2- Mesure de l'inflation
1-2-1 Indice des Prix à la Consommation et ses
inconvénients 1-2-2 La notion de l'inflation sous jacente
1-3- Un bref historique sur l'inflation
1-3-1 L'inflation : de l'antiquité au dix-neuvième
siècle
1-3-2 Les tensions inflationnistes du vingtième
siècle
Section 2 : La position du pétrole dans les
déterminants de l'inflation 2-1 Les déterminants de
l'inflation
2-1-1 Les déterminants d'ordre monétaire
2-1-2 Les déterminants d'ordre structurel
2-1-3 Inflation par la demande et inflation par les
coûts
2-2 Pétrole : déterminant primordial de
l'inflation
2-2-1 L'effet mécanique ou de premier tour
2-2-2 L'effet boucle prix-salaire ou de second tour
Conclusion
Introduction
L'inflation est un phénomène superlativement
notable qui ébranle les plans économique, social et politique et
auquel économistes, ménages et décideurs politiques
accordent une grande importance, vu qu'il tient le devant de
la scène parmi les critères qui jugent le maintient du pouvoir
d'achat des consommateurs et la santé et la compétitivité
de toute économie. C'est ainsi que la présentation de ce
phénomène s'inflige au préalable. Cependant la
définition de l'inflation reste camouflée par trop d'incertitudes
et d'ambiguïtés causer par des confusions adjacentes, surtout de
point de vue populaire. En conséquence, et pour ne pas prendre des
chemins détournés, nous nous somme inspirer de la
définition la plus admise par les économistes tout en
développant ses notions clés, afin d'éclaircir et de
prémunir la définition de l'inflation, ainsi que ses
différentes mutations et formes.
En second lieu nous explorant la question de mesure de
l'inflation, en mettant l'accent sur les difficultés et les
inconvénients de sa mesure par le biais de l'Indice des prix à la
Consommation et sur les avantages qu'avance la prise en compte de l'indice de
l'inflation sous-jacente ainsi que les éventualités de sa mesure
pour le cas de Tunisie.
Finalement, nous enrichissant la présentation de ce
phénomène par une esquisse historique de l'inflation, qui
s'étale de l'antiquité à la situation actuelle, et dont-on
relève la vulnérabilité de ce phénomène aux
plusieurs et divers déterminants qu'on les assemble, dans la seconde
section, en trois approches fondamentales lorsqu'il s'agit de se penché
sur la question des sources de l'inflation.
A ce niveau, nous présenterons les hausses des prix du
pétrole comme un déterminant contemporain, pénible et
tenant de l'inflation, tout en spécifiant les principaux canaux de
transmission via les effets de premier tour et de second tour, ainsi que les
variables susceptibles d'amorcer de tels effets.
Section 1 : Présentation du
phénomène « Inflation »
L'inflation est un phénomène difficile à
appréhender, vu qu'il se trouve à l'intersection de grands
débats économiques tel que la neutralité de la monnaie,
l'offre et la demande, les anticipations des agents économiques, etc. Et
qu'il est extrêmement lié à d'autres variables relativement
non futiles tels que la monnaie, le chômage et le taux de change. A cet
effet, l'inflation reste un phénomène ambigu et mal
définie du point de vue populaire et souvent confondue à d'autres
termes tels que le pouvoir d'achat ou le coût de la vie.
C'est ainsi que nous entamons cette section introductive par la
définition de l'inflation, ainsi que ses mutations et ses
différentes formes.
En plus, nous explorant la question de mesure du taux
d'inflation en présentant les inconvénients de l'indice des prix
à la consommation, dans le volet d'admettre la nouvelle notion de
l'inflation sous-jacente, tout en accordant l'importance à la
perspective de sa mesure pour le cas de la Tunisie, et ce en s'inspirant du
rapport du Fond Monétaire
International sur l'économie tunisienne
élaboré en octobre 2007. Finalement, et afin d'accomplir cette
présentation, le croquis historique de ce phénomène semble
fructueux, surtout, lorsqu'il s'agit d'apprécier et de consolider la
vulnérabilité de l'inflation aux évolutions des prix du
pétrole.
1-1- Définition et formes de
l'inflation
L'inflation est un indicateur considérable, surtout
lorsqu'il s'agit d'apprécier l'état d'une économie.
Néanmoins, il y a trop d'incertitude sur sa définition, de ce
fait il est nécessaire de bien comprendre, dans un premier temps, en
quoi consiste l'inflation ainsi que ses analogues dans le but de la maitre
à l'abri de toute confusion. En second lieu, il convient de clarifier
ses différentes formes qu'on discerne via les degrés
d'évolution du taux d'inflation, ainsi que les deux autres phases du
cycle de l'évolution des prix.
1-1-1- Définition de l'inflation
Selon la conception initiale et conformément à
l'étymologie, le terme inflation est advenu du latin `'inflatio»
c'est à dire enflure. Originellement, l'inflation a été
considérée comme le gonflement de la masse monétaire en
circulation via une émission excessive de billets de la part des banques
centrales, s'il n'y avait pas de construction de richesse, les prix augmentent
comme conséquence directe. Aujourd'hui, on associe cette
conséquence à la définition de l'inflation.
Pour ne pas prendre des chemins détournés et
afin de la cerner, nous tenant la définition la plus admise par les
économistes « L'inflation est la hausse durable et auto-entretenue
du niveau général des prix »1.
La paraphrase de cette citation se base sur l'assemblage des
trois concepts dans la logique suivante :
· Définie comme la hausse du niveau
général des prix, l'inflation ne consiste pas simplement
en l'augmentation d'un seul prix ou d'une seule catégorie de prix, comme
la hausse du prix du pétrole ou du prix de l'énergie par exemple.
C'est l'augmentation de la moyenne de l'ensemble des prix. De ce fait, si les
prix du pétrole subissent un choc à la hausse, il n'y a pas
d'inflation tant que cette hausse ne touche que le pétrole et ses
dérivés vu qu'on se trouve au niveau d'un seul secteur, celui de
l'énergie. Par conséquence, il ne suffit pas de constater la
hausse du prix d'un bien pour qu'on puisse parler d'inflation, encore, faut-il
qu'un mouvement d'ensemble se déclenche, affectant ainsi la
totalité des prix. On parle ainsi du second attribut de l'inflation.
1 Définition de l'inflation sur le site de
l'INSEE.
· L'inflation est une hausse
auto-entretenue du niveau général des prix vue
quelle se nourrit d'elle-même conformément à la
règle suivante `'la hausse appelle la hausse». En effet,
l'augmentation de certains prix de matières premières et de
produits semi finis engendre l'augmentation d'autres produits finis, tous ce
passe dans un processus cumulatif et auto-entretenu. En revanche, si la hausse
des prix du pétrole se répercute sur l'ensemble des produits dont
la production demande les produits pétroliers entant qu'inputs,
l'inflation devienne ostensible, vue que cette hausse affecte un grand nombre
de produits, ce qui engendre l'augmentation du niveau général des
prix.
· L'inflation est la hausse durable
et auto-entretenue du niveau général des prix, vu que toutes les
hausses occasionnelles ou saisonnières, tel que les fruits en hiver ou
les locations en été, sont discernées des
phénomènes inflationnistes du fait de leurs caractères
conjoncturels. Contrairement, tous les relèvements des prix qui
résultent d'un déséquilibre durable entre offre et
demande, et qui contribues à la hausse du niveau général
des prix, sont associés aux phénomènes inflationnistes du
fait de leurs caractères persistant. A propos de cette
spécificité de l'inflation, l'économiste français
Gilles Jacoud présente l'explication suivante : « Dans une
économie où fonctionne la concurrence, le prix d'un bien est
déterminé par la confrontation entre une offre et une demande sur
le marché. Une variation de prix signifie que l'offre et/ou la demande
est modifiée. Cette variation de prix permet de rétablir
l'équilibre entre offre et demande. Une situation dans la quelle le prix
s'élève peut correspondre à une phase d'inflation
»2.
En guise de conclusion, l'inflation représente le
phénomène d'une hausse cumulative et auto-entretenue du niveau
générale des prix, résultant d'un changement durable de
l'équilibre entre offre et demande de certain(s) bien(s) et
service(s).
En revanche, lorsqu'on parle de l'augmentation des prix des
actifs (financier, immobilier...), on doit préciser que l'inflation se
rapporte au niveau de ces actifs, vu que ce terme est assigné à
la seule hausse des prix des biens de consommation.
D'autres méprises et confusions sont souvent
présentent lorsqu'il s'agit de définir l'inflation. En effet,
l'inflation n'est pas forcément synonyme de baisse du pouvoir d'achat
des agents économiques, surtout dans le cas où les revenus
augmentent dans une proportion supérieure ou égale à
celles des prix (cas où les salaires sont indexés sur les prix).
Cependant, elle indique toujours la baisse de la valeur de la monnaie dans le
sens qu'une
2 Gilles Jacoud (1997), « Inflation et
désinflation. Fait, théorie, politiques ».
quantité supérieure de monnaie doit être
affectée pour acquérir la même quantité de biens, ce
qui fait la différence entre la valeur nominale et la valeur
réelle d'une unité de monnaie.
Finalement, l'augmentation du coût de la vie ne signifie
pas l'inflation, étant donné que le coût de la vie est
l'évaluation du coût moyen des dépenses de consommation des
ménages, dans la mesure où elle inclue les variations des
quantités consommées. Une variation de cet indice induit une
évolution au niveau de l'affectation des revenues, ce qui diffère
de la définition du pouvoir d'achat de la monnaie, donc de l'inflation.
Cette distinction a été illustrée sur le site de l'INSEE
comme suit : «L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie
qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.
Elle doit être distinguée de l'augmentation du coût de la
vie. La perte de valeur des unités de monnaie est un
phénomène qui frappe l'économie nationale dans son
ensemble, sans discrimination entre les catégories d'agents. En
revanche, l'augmentation du coût de la vie affecte la répartition
fonctionnelle et personnelle des revenus, sans toucher à la relation
entre la masse monétaire et le produit national définissant le
pouvoir d'achat de la monnaie.»3.
1-1-2- Les formes de l'inflation
Après avoir maitre l'inflation à l'abri de toute
confusion, il convient de souligner son caractère polymorphe, vu qu'elle
se camoufle sous plusieurs formes, et dont l'identification se base sur
l'importance du taux de croissance annuel du niveau général des
prix. L'unanimité des économistes table sur quatre types
d'inflation, qu'on les présente dans un rythme croissant du taux
d'inflation :
> L'inflation est rampante lorsque le taux
de croissance annuel du niveau général des prix est positif mais
réduit dans un intervalle de 3 à 4%, actuellement, ce taux
d'inflation est commun à tous les pays développés.
> L'inflation est déclarée, ou
ouverte, quand elle se traduit par une hausse
générale, rapide et cumulative des prix dans une
fourchette de 5 à 10%.
> Si celle-ci se transforme en une hausse de deux chiffres,
c'est-à-dire a partir de
10%, l'inflation sera qualifiée de
galopante. C'est le cas de l'inflation qui a
frappée les pays développés dans les
années 1970.
> Lorsque la hausse des prix devient spectaculaire et
s'échappe à tout contrôle, l'inflation tienne sa forme
extrême, celle de l'hyperinflation. Phillip Gagan la
définit en 1956, sous la direction de Milton Friedman, comme suit «
commençant dans le mois où la hausse des prix dépasse 50%
»4. Ainsi, c'est la
3 Définition de l'inflation sur le site de
l'INSEE.
4 Phillip Gagan, (1965), « Studies in the
Quantity Theory of Money ».
période durant laquelle le niveau d'inflation se
maintient au-dessus des 50% par mois. Historiquement, ce
phénomène a été marqué en Allemagne
après la première guerre mondiale lorsque le volume de la monnaie
en circulation a été multiplié par 7 millions et les prix
par 10 millions sur les seize mois qui précédèrent
novembre 1923. D'autres exemples d'hyperinflation se produisirent aux
États-Unis et en France à la fin du XVIIIe siècle.
A ce niveau, il faut noter que la désinflation et la
déflation ne constituent pas des formes d'inflation, ils sont les deux
autres phases du cycle de l'évolution du niveau général
des prix qui peut être schématisé comme suit :
Courbe 1-1 : Cycle d'évolution du niveau
général des prix
Niveau général des prix
Temps
Inflation désinflation déflation
Si on observe l'évolution du niveau
général des prix, on peut définir la
désinflation comme la diminution du taux de croissance
des prix, c'est-à-dire qu'on assiste à une
décélération de inflation qui continue à
augmentée, mais en ralentissent d'une année à l'autre. Si
ce processus de désinflation continu a progressé, on assiste
inévitablement à la phase la plus perverse du cycle, celle de la
déflation.
Inversement à l'inflation, la
déflation, ou l'inflation négative, se
définie comme la baisse soutenue du niveau général des
prix. Généralement, elle est associée à des
périodes de contraction économique, tel que la baisse de la
production et la hausse du chômage. Historiquement, ce
phénomène a été survenu au cours de la crise
économique de 1929, néanmoins, ces baisses
généralisées de prix sont très rares aujourd'hui,
et l'inflation est devenue la variable macroéconomique la plus
considérable.
Finalement, il ne faut pas passer sans mettre l'accent sur la
stabilité des prix, la période qui s'épare la
désinflation de la déflation, et qui peut être
définie comme une situation au cours de la quelle la hausse des prix est
négligeable ou nulle.
Si cette situation est reconnue, par unanimité des
économistes, comme la plus favorable au développement
économique, c'est que par analogie, un taux d'inflation apprivoiser
semble utile pour chaque économie. De ce fait, la mesure des taux de
l'inflation se classe parmi les questions primordiales dans ce sujet. Cette
question fait donc l'objet de la sous-section suivante.
1-2- Mesure de l'inflation
La mesure de l'inflation compte parmi les questions
fondamentales de toute économie. Relevant des mécontentements de
la part des ménages et des décideurs politiques engendrés
par l'existence de biais d'estimation, la mesure de l'inflation par l'Indice
des Prix à la Consommation est surjetée à divers
critiques. Nous exploiterons dans cette sous-section la méthodologie de
mesure de cet indice dont-on séduit ses inconvénients
systématiques, dans le volet d'introduire la nouvelle notion de
l'inflation sous-jacente, toute en accordant l'importance aux perspectives de
sa mesure pour le cas de la Tunisie.
1-2-1 Indice des Prix à la Consommation et ses
inconvénients
L'inflation est officiellement mesurée par les
instituts nationaux de statistiques via l'Indice des Prix à la
Consommation (IPC). La méthodologie de mesure de cet indice fait l'objet
de plusieurs critiques, surtout au niveau des changements des qualités
des produits sélectionnés et des structures de consommation des
ménages, ainsi qu'au niveau de son rôle primordiale en tant que
ligne directrice de la politique monétaire.
a- Définition et méthodologie de
l'IPC
Définie comme la hausse du niveau général
des prix, l'inflation ne consiste pas simplement en l'augmentation d'un seul
prix ou d'une seule catégorie des prix, c'est l'augmentation de la
moyenne de l'ensemble des prix. Cette définition retrace la
méthodologie de la mesure de l'inflation. Définie comme
l'instrument de mesure de l'inflation, l'indice des prix à la
consommation permet d'estimer, entre deux périodes données, la
variation du niveau général des prix des biens et services
marchandes consommés dans un pays, par les ménages
résidents et non résidents.
Puisqu'il n'est pas possible, du point de vue technique, de
prendre en considération l'ensemble des prix des biens et services
achetés par les consommateurs, l'indice des prix à la
consommation résulte de l'observation des variations des prix dans un
échantillon qui englobe les dépenses courantes, fréquentes
et durables, d'un ménage moyen, en biens et services. Ces achats sont
regroupés par postes de consommation qui seront rassemblé,
à leurs tours, et pondéré en fonction de leurs poids dans
les budgets des consommateurs.
Ces pondérations sont obtenues à partir des
enquêtes nationales sur les structures de consommation des
ménages, et donne lieu à l'établissement d'un panier
représentatif qui estime l'indice de l'ensemble des prix, pour une
période précise. Le taux annuel de l'inflation est donc le
rapport entre les coûts de deux paniers représentatifs des deux
années consécutives. Cette méthodologie de mesure de
l'inflation est adoptée par la plupart des pays du monde, comme elle est
appuyée par la Banque centrale européenne, dans un manuel
concernant la stabilité des prix élaborer par Dieter Gerdesmeier
« Il est alors possible de calculer le taux annuel d'inflation en
exprimant les variations du coût du panier représentatif
d'aujourd'hui en un pourcentage du coût d'un panier identique
l'année précédente.»5.
En Tunisie, le premier indice des prix à la
consommation date de 1962. Dans l'objectif d'actualiser le système de
pondération et l'échantillon des produits de consommation,
l'indice des prix à la consommation a été
révisé à six reprises dont la dernière date en
2000. Depuis cette révision, l'échantillon des dépenses
qui représentent la consommation des ménages englobe prés
de 1000 biens et services, dont les prix sont suivis auprès d'environ
3000 points de vente répartis sur l'ensemble des gouvernorats du pays.
Au total, environ 100 000 prix collectés chaque mois sont
pondérés et synthétisés selon la méthode de
Laspeyres.
Si la complexité de la tache de mesure du taux de
l'inflation est jugée par l'existence des millions de prix
spécifiques, la délicatesse et la sagesse de cette mesure sont
indispensables compte tenu du rôle joué par cet indice.
b- Rôle et inconvénients de
l'IPC
Tenant le devant de la scène parmi les critères
de décision économique et politique, l'indice des prix à
la consommation compte parmi les indicateurs macro-économiques les plus
importantes vu qu'il joue un triple rôle :
> Le rôle économique : outre la mesure de
l'inflation, l'indice des prix à la consommation est utilisé dans
le calcul des évolutions en volume et en terme réel des variables
économiques tel que le revenu, la consommation, le taux
d'intérêt....
> Le rôle socio-économique : lorsque les
revenus sont indexés sur les prix, l'indice des prix à la
consommation dispose des implications sociales. Il sert ainsi à
indexé le SMIC, les contrats privés, les pensions alimentaire,
etc. Ces revenus varient ainsi
5 Dieter Gerdesmeier (2007), « Pourquoi la stabilité
des prix est-elle importante pour vous ? », manuel de la Banque Centrale
Européenne.
en fonction des variations de l'indice des prix afin de
réserver un pouvoir d'achat intact.
> Le rôle monétaire et financier : la mise en
place des unions monétaires nécessite l'élaboration d'un
indice des prix à la consommation harmonisé, destiné aux
comparaisons internationales et au calcul d'un indice de prix pour l'ensemble
de l'union. Cet indice s'érige comme le principal instrument de la
politique monétaire de l'Union Européenne.
En revanche, vu son importance, l'indice des prix à la
consommation fait l'objet de plusieurs débats qui portent sur la
qualité de mesure. Plusieurs pays soufrent de l'existence de biais de
mesure qui engendre une surestimation de l'inflation. Les évaluations de
Gordon conduisent en 2006 à un biais de 0,8% pour les Etats-Unis, en
France ce biais table, selon Lequiller, sur 0,1 point d'inflation en 1997 et en
Allemagne, l'ampleur de ce biais se situe à 0,5 point d'inflation en
2002 selon la Deutsche Bundesbank.
Dés lors, l'indice des prix à la consommation
peut être critiqué sur les trois points suivants :
> L'évolution de la qualité des biens : dans
la mesure où l'évolution des prix des produits est, en partie,
reliée à la qualité. Les hausses des prix résultant
de ce changement peuvent engendrer de l'inflation, alors que la
méthodologie de mesure de l'IPC n'intègre pas ces changements
qualitatifs, ce qui peut engendrer des bais de mesure.
> Le changement de la structure de consommation : compte
tenu de la rationalité des consommateurs qui ont tendance à
remplacer les produits chers par les produits bon marché, la
représentativité des paniers se dégrade par les
changements de l'affectation des revenues. Sans ajustement des
pondérations, l'IPC peut être biaisé et
décalé de la réalité.
> L'innovation : l'appariation de nouveaux biens et
services sur les marchés constitue un problème important, compte
tenu de la lenteur de l'intégration de ces produits, ce qui
empêche l'IPC à refléter les réelles variations des
prix et constitue, par conséquence, un autre biais de mesure de
l'inflation.
Outre ces incommodités pratiques, l'indice des prix
à la consommation présente l'inconvénient majeur du fait
qu'il ne rempli pas son rôle comme ligne directrice de la politique
monétaire. En effet, baser des décisions fondamentales, du point
de vue économique et social, sur un indice vulnérable aux chocs
transitoires et erratiques, peut engendrer des décalages politiques
fatals vis-à-vis du réel. A cet effet, Les banques centrales
doivent disposer un bon indicateur de l'évolution de l'inflation de long
terme, d'où vient l'indice de l'inflation sous-jacente.
1-2-2 La notion de l'inflation sous-jacente
Réaction aux mécontentements sur la
méthodologie et la significativité de l'indice des prix à
la consommation, plusieurs investigations ont vue le jour, dans les
années récentes, pour admettre la nouvelle notion de l'inflation
sous-jacente. Actuellement, de nombreuses banques centrales et instituts de
conjonctures utilisent cet indice pour mieux appréhender la dynamique de
l'évolution des prix. On explore ainsi dans cette sous section la
définition de l'inflation sous-jacente, toute en accordant l'importance
sur la question de mesure de cet indice pour le cas de la Tunisie en
s'inspirant du rapport du Fond Monétaire International sur
l'économie tunisienne (Octobre 2007).
a- Définition de l'inflation
sous-jacente
Le concept d'inflation sous-jacente est devenu avec les
années des plus importants pour les banques centrales de
différents pays. L'objectif de tenir compte de ce concept est de ne pas
baser les décisions sur des phénomènes temporaires ou
transitoires. L'importance de ce concept à été
illustrée par Roger Scott en 1995 comme suit « Une mesure de
l'inflation sous-jacente joue un rôle important en servant de ligne
directrice à la politique monétaire et de point de repère
pour évaluer le rendement de la Banque en ce qui concerne le maintien de
la stabilité des prix... »6.
Bien que l'emploi de l'inflation sous-jacente soit
généralisé, les différents chercheurs qui se sont
penchés sur cette question, donnent des définitions plus ou moins
semblables. La revue de la littérature montre que cette dernière
a été souvent perçue comme étant la tendance dans
les mouvements de prix à la consommation. Selon Otto Eckstein,
considéré comme étant le père du terme de
l'inflation sous-jacente : « On peut définir le taux d'inflation
sous-jacente comme étant le taux que l'on observerait dans la
trajectoire de croissance à long terme de l'économie si celle-ci
était exempte de chocs et que l'état de la demande demeurait
stable, autrement dit que les marchés demeuraient en équilibre
à long terme...Pour qu'elle soit significative, l'inflation sous-jacente
doit être persistante »7.
Une explication qui appuie celle de Sargent Thomas « il y
a un certain dynamisme dans le processus inflationniste lui-même, et que
ce dynamisme ou cette persistance n'est ni superficiel ni simplement le reflet
des forces profondes qui se déplacent lentement et qui sont à
l'origine du comportement de l'inflation »8.
6 Roger Scott (1995),» Measures of Underlying Inflation in
New Zealand» Reserve Bank of New Zealand, Discussion Paper Series,
septembre, p 2.
7 Eckstein Otto (1981), «Core Inflation,
Prentice-Hall Inc», New Jersey, p 7.
8 Sargent Thomas (1993), «Stopping Moderate Inflations: the
Methods of Poincaré and Thatcher» Dornbusch Rudiger (ed.) in
Inflation, Debt, and Indexation, Simonsen Mario Henrique, MIT Press, Cambridge,
Massachusetts, p. 53.
De ces citations, on peut définir l'inflation
sous-jacente comme étant l'essence de l'inflation, c'est la composante
durable et structurelle de l'inflation corrigée des influences
tendancielles et permanentes sur le cycle économique,
c'est-à-dire séparée des causes externes de l'augmentation
des prix, tel que la synchronisation des mouvements cycliques, les crises du
système monétaire international, les variations des prix des
matières premières....
Le taux d'inflation sous-jacente correspond ainsi au taux
d'inflation qui prévaudrait sur la trajectoire de croissance de long
terme, c'est-à-dire d'équilibre. Ainsi seuls les écarts
significatifs et persistants sont incorporés.
En ce qui concerne les sources de ce dynamisme (ou de
l'inflation sous-jacente), Sargent Thomas ajoute dans la même source que
« Deux sources possibles distinctes du comportement de l'inflation ont
été proposées. La première recouvre la notion
d'anticipations adaptées ou autorégressives. Selon cette
doctrine, les travailleurs et les entreprises créent des attentes au
sujet des taux d'inflation futurs en calculant une moyenne mobile des taux
d'inflation courants et décalés... L'autre principal
élément déterminant de l'inflation est le taux de
chômage selon lequel, en fonction du mécanisme de la courbe de
Phillips, l'inflation varie inversement. ».
Il en résulte ainsi que cette composante de l'inflation
est alimentée par les anticipations de l'inflation à long terme
des ménages et des entreprises et de la dynamique `prix-salaire' qui
soutienne la tendance des couts des facteurs de production (la
différence entre la tendance des salaires et la tendance de la
productivité).
b- Mesure de l'inflation sous-jacente pour le cas de la
Tunisie
Pour la mesure de l'inflation sous-jacente, différentes
techniques ont été proposées, certaines se reposent sur
des hypothèses d'ordre économique, d'autres sur des
hypothèses plus statistiques ou mathématiques, trois
méthodes on été proposées :
· La méthode dynamique uni variée ou par
lissage.
· La méthode statique ou par exclusion de certaines
composantes de l'indice des prix à la consommation.
· La méthode dynamique multi variée ou par
estimation d'un VAR structurel.
En ce qui concerne la mesure de l'inflation sous-jacente pour
le cas de la Tunisie, nous nous somme baser sur le rapport du Fond
Monétaire International sur l'économie tunisienne (Octobre 2007).
La méthode la plus fiable est la deuxième, celle qui fait
l'exclusion de certaines composantes de l'indice des prix
à la consommation. Cependant, le
problème persiste encore : Quelles sont les composantes
à éliminer ? Et pourquoi ?
La réponse se trouve dans le rapport « Globalement,
la meilleure mesure est celle qui
s'appuie sur l'exclusion des cinq composantes les plus volatiles
de l'IPC. »9.
Le graphique suivant nous montre que cette méthode est
préférée à celle qui exclue les produits
administrés et celle qui fait l'exclusion des dix composantes les plus
volatiles parce que la courbe de l'inflation éliminée des cinq
composantes les plus volatiles (la courbe en rouge) est la plus stable et la
plus proche de la courbe de l'inflation totale (inflation IPC).
Courbe 1-2 : Inflation sous-jacente, exclusion des prix
administrés, des cinq
et des dix composantes les plus volatiles de
l'IPC
10 Inflation IPC Inflation IPC hors prix
administrés
Inflation IPC sans les 5 composantes les plus
volatiles
Inflation IPC sans les 10 composantes les plus volatiles
Année
0
Source : autorités tunisiennes et calcul des services du
FMI
L'élimination de la méthode qui fait l'exclusion
des prix administrés revient, en plus de son instabilité,
à l'inconvénient majeur de l'impossibilité de
séparer la partie administrée de chaque composante étant
donné un niveau d'agrégation élevé.
De même, la méthode qui exclut les cinq
composantes les plus volatiles est préférable à celle qui
exclut les dix plus volatiles, vue qu'elle ne retire que 20% du panier de l'IPC
tout en réduisant la volatilité de 42% (au lieu de 37 % et 53%,
respectivement, lorsque les dix sont exclues). De plus, les cinq composantes
les plus volatiles sont restées les mêmes dans le temps, tandis
que certaines des dix ont changées.
9 Rapport du FMI No. 07/319, octobre 2007.
Finalement, on note que les produits alimentaires et
énergétiques sont perçus comme extrêmement volatils.
L'inflation sous-jacente sera alors définie comme étant l'indice
des prix à la consommation hors énergie et alimentation.
Après la définition du phénomène
inflation et la spécification des solutions, invoquées par les
inconvénients de sa mesure, en termes d'inflation sous-jacente, le
croquis historique de l'inflation semble utile pour l'accomplissement du
prologue de ce phénomène.
1-3- Un bref historique sur l'inflation
Datant de l'antiquité, l'histoire nous enseigne que
l'inflation est un phénomène péjorativement ancien.
L'esquisse descriptive de l'histoire de l'inflation nous expose sa
sensibilité à plusieurs phénomènes et même
exogènes de la sphère économique.
L'inflation du troisième et du dix-sixième
siècle nous montre la forte corrélation entre les variations des
prix et la quantité des métaux précieux, les
expériences inflationnistes qui marquent le dix-septième et le
dix-huitième siècle peuvent être résumées
dans les hausses spectaculaires et incontournables des prix, qui ont
accompagnées la guerre de l'indépendance de l'Amérique en
1775, et la révolution française.
Sur les derniers siècles, des périodes de
baisses des prix ont succédées à des périodes de
hausse, si les variations des prix durant le dix-neuvième siècle
s'inscrivent dans un environnement favorable à la baisse, l'inflation
pendant le vingtième siècle été camouflée
dans un contexte de guerres, de crises et de chocs pétroliers, qu'on
accorde une importance primordiale vue quels constituent la principale cause de
l'inflation actuelle.
1-3-1 L'inflation : de l'antiquité au
dix-neuvième siècle
L'aperçu de l'histoire de l'inflation nous
décrire l'antiquité du phénomène en question. Au
troisième siècle, l'Empire romain a été
frappé par une importante hausse des prix, engendrée
essentiellement par la raréfaction des métaux précieux. En
effet, le déclin de la production minière et la hausse des
dépenses publiques, surtout les dépenses militaires, ont
obligé l'empereur romain a frappé le denier, définie comme
une monnaie d'argent user pour le commerce et pour les circuits
monétaires publiques. Les manipulations ont été faites par
l'alliage entre argent et cuivre mêlé d'étain, dans le but
de diminuer le contenu argenté des pièces à 75%.
L'émission d'une nouvelle monnaie contenant moins d'argent et qui
conserve la même valeur a entrainé l'augmentation des prix, en
réponse, l'Etat se trouve obligée à augmenter de nouveau
l'alliage et créant ainsi un cercle vicieux de manipulations
inflationnistes ; dans la deuxième décennie du troisième
siècle la teneure argentée a tombée à 50% et dans
la septième décennie elle a chutée à 4%,
annonçant une grave crise de confiance et amenant à
la chute des piliers de l'économie romaine.
En 301, et par conscience en la gravité de ce
phénomène, « l'empereur Dioclétien à ordonner,
par l'édit du maximum, que ceux qui augmenteraient trop fortement les
prix seraient punis de mort. »10. La résolution radicale
de cette crise a été réalisée par la politique
monétaire et fiscale de l'empereur Constantin (324-337) en créant
de nouvelles espèces d'or et d'argent, établira ainsi la
confiance dans la monnaie impériale.
Après des siècles relativement marqués
par des stabilités des prix. L'inflation marque son retour dans le
dix-sixième siècle. Après la découverte du nouveau
monde par Christoph Colomb, la puissante Espagne a profitait des richesses en
métaux précieux affluaient des colonies sud-américaines.
Un afflux qui a été synchronisé par des augmentations
massives des prix, généralisées par conséquence,
sur l'ensemble de l'Europe. Cette grave inflation a attirée l'attention
des philosophes de cette époque. Un débat mémorable
portant sur les causes de cette intense hausse des prix a été
déroulé entre M. Malestroit, qui a postulé la
démonstration de la dépréciation de la monnaie via sa
manipulation par alliage, et Jean Bodin qui « publie, en 1568, une «
Réponse aux paradoxes de M. Malestroit touchant l'enchérissement
de toutes choses » dans laquelle il rejette les affirmations de Malestroit
et attribue la hausse des prix à l'accroissement de la quantité
des métaux précieux. « La principale et presque la seule
(cause) est l'abondance d'or et d'argent » écrit-il
»11.
Cependant, l'appréciation des ces évolutions des
prix été difficile dans une époque où il n'existe
pas d'indices sophistiqués de mesure d'inflation. Les investigations de
Jean Fourastié avance l'idée que pour une économie
caractérisée essentiellement par des consommations alimentaires,
il est possible d'apprécier l'inflation par l'évolution des prix
des céréales qui sont passé à Strasbourg de 39 en
1511 à 141,5 en 1600, et de 76 à 174 en Valence durant la
même période.
Les expériences inflationnistes qui marquent les
siècles suivants peuvent être résumées dans les
hausses spectaculaires des prix, nommées hyperinflation, qui ont
accompagnées la guerre d'indépendance de l'Amérique en
1775, et la révolution française du dix-huitième
siècle. Ces deux phénomènes résultent des
mêmes causes : L'émission abusive des continentaux en
Amérique et des assignats en France a butée sur l'effondrement
des cours des papiers-monnaies suite à leurs abondance, ce qui a
entraîné, par conséquence, les hausses persistante des
prix.
Si le dix-huitième siècle s'achève par
ces hausses spectaculaires, le dix-neuvième siècle s'inscrit dans
une tendance générale à la baisse des prix, estimé
à l'ordre de 30% des prix
10 Gilles Jacoud, (1997), « Inflation et
désinflation. Fait, théorie, politiques ».
11 Mongi Mokadem, (2002), « Histoire de la
pensée économique ».
du gros. Cette baisse a été remise,
essentiellement, à l'amélioration de la productivité qui a
consentie la réduction des coûts de production. Dans un contexte
de forte concurrence, et dans le but de réserver leurs parts de
marché, les producteurs sont souvent obligés à
répercuter ces baisses sur leurs prix de vente, ce qui amène
inévitablement à la baisse de l'inflation.
En dépit de cet environnement favorable à la
baisse des prix, le vingtième siècle révèle des
tensions fortement inflationnistes, qui constituent l'objet de notre suivante
sous-section.
1-3-2 Les tensions inflationnistes du vingtième
siècle
Caractériser par des conflits politiques et
instabilités économiques, le vingtième siècle
révèle des fortes tensions inflationnistes. Les mouvements des
prix sur ce siècle peuvent être partagés en deux parties,
la première s'étale de 1914, date du commencement de la
première guerre mondiale à la fin de la seconde guerre mondiale
en septembre 1945, tout en passant par la crise de l'entre deux-guerres dans
années trente qui a des effets flagrants sur le niveau
général des prix. Après une période de
stabilité des prix, l'inflation marque sont retour dans un nouvel
contexte, celui des chocs pétroliers qu'on les associe dans une
deuxième partie qui révèle une forte corrélation
entre le prix du pétrole et l'inflation.
a- Evolutions des prix durant les deux guerres
mondiales
Sur le plan économique, ce siècle se date
dés 1914, avec le commencement de la première guerre mondiale.
Concernant l'inflation, les deux guerres mondiales et la crise des
années trente, qui les disjoindre, ont des répercussions
considérables, et dans l'immédiat, sur le niveau des prix.
Commençant par la première guerre mondiale, des
mouvements inflationnistes ont été propres à tous les
pays, sur la période de 1914 à 1918 les prix ont doublé de
deux à trois fois selon les pays. L'explication la plus admise est la
suivante : dans le but de financer les dépenses de guerre, l'Etat
pratique l'inflation par l'émission abusive de «monnaie de
nécessité » sans contre partie en or. L'abolissement du
régime de l'étalon-or et l'établissement du cours
forcé de la monnaie entraine sa dépréciation, et par
conséquence l'inflation.
A la sortie de cette guerre, le début de la
deuxième décennie été catastrophique pour certains
pays qui ont été frappés par le phénomène de
l'hyperinflation « D'octobre 1921 à aout 1922, les prix sont
multipliés par 70 en Autriche..... .Ils sont multipliés par 44 en
Hongrie de mars 1923 à février 1924 et presque par 700 en Pologne
de janvier 1923 à
janvier 1924. Ils sont même multipliés par 124
000 en Russie de décembre 1921 à janvier 1924
»12. Cependant, l'exemple le plus fatal reste celui de
l'hyperinflation allemande, qui compte parmi les crises les plus
intensément étudiées vue que les hausses des prix sont
imaginaires, ils sont multipliés par 1000 milliards entre 1914 et 1923
et amenant a un effondrement total de la valeur du mark.
La fin de ces hausses spectaculaires des prix a
été marquée par la crise des années trente, ou la
crise de l'entre deux-guerres. A comme foyer les Etats-Unis, cette crise a
été diffusée partout dans le monde engendrant des chutes
critiques des prix. L'explication la plus admise est que cette crise a
été devancée par une période de
prospérité sans précédent dans les vingtaines,
grâce à de nouvelles méthodes de production et de
financement tel que le capitalisme boursier, le recours au crédit et la
publicité, entrainant ainsi l'augmentation de la productivité et
de la production, et par conséquence la baisse des prix. La
finalité de cette période d'expansion se date au jeudi noir, le
24 octobre 1929, date à la quelle se produisit le krach boursier comme
conséquence de la saturation des marchés, des crédits et
de la crise de confiance qui s'est installée, cette explication a
été appuyée par Jean François Goux comme suit
« La chute des prix est une conséquence de la contraction de
l'activité économique, suite à celle du crédit, et
non le résultat mécanique de la décroissance de la masse
monétaire »13. A coté de la faillite des banques,
des entreprises et l'augmentation du chômage qui en résultent, la
chute des prix été grave et générale, à
l'image de l'Italie, des Etat Unis et de Allemagne où les prix ont
enregistrés, respectivement, des baisse de 28%, 25% et 23%. La reprise
des prix a été assurée par développement de
l'investissement publique dans la seconde moitié des années
trente.
Ces régulations sont rapidement bouleversées par
la seconde guerre mondiale (septembre 1939-septembre 1945) qui a marquée
un revers important dans l'histoire. Les conséquences sont perverses sur
le plan humain, politique, scientifique et économique. Concernant les
variations des prix, plusieurs pays ont été victimes de nouveaux
mouvements inflationnistes, voire des hausses spectaculaires et incontournables
pour certaines à l'image de la Grèce, la Hongrie et la Chine
où les hausses sont difficilement chiffrables.
b- Evolutions des prix pendant les deux chocs
pétroliers
Si le spectre de l'inflation et de la dévaluation
monétaire, qui rappelle les crises économiques et les krachs
boursiers de l'entre deux-guerres, s'inscrit généralement dans un
contexte de conflits et de pénurie, les variations des prix dans la
seconde moitié de ce siècle
12 Gilles Jacoud, (1997), « Inflation et
désinflation. Fait, théorie, politiques ».
13 Jean François Goux (1998), « Inflation,
désinflation, déflation ».
se camouflent dans un nouveau contexte, celui des chocs d'offres
résultant des deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979.
Le quadruplement des prix du pétrole, qui a
passé de 2,9$ en juin 1973 à 11,6$ en janvier 1974, fut suivi par
de fortes pressions inflationnistes dans tous les pays du monde, surtout dans
les pays industrialisés qui se caractérisent par une forte
dépendance envers de l'or noir.
Le tableau suivant nous brille des variations des prix sur la
période des deux chocs pétrolier (1973-1980) pour les grands cinq
pays les plus industrialisés de cette période.
Tableau 1-1 : les taux d'inflation annuels pendant les
deux chocs pétroliers
|
1973*
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979**
|
1980
|
Etats-Unis
|
4,0
|
12
|
9,2
|
5,8
|
6,4
|
7,6
|
9,0
|
13,5
|
Japon
|
11,7
|
24,5
|
11,8
|
9,4
|
8,1
|
4,2
|
3,3
|
8,0
|
France
|
7,3
|
14,8
|
11,6
|
9,6
|
9,4
|
9,1
|
10,8
|
13,6
|
Allemagne
|
7,3
|
8,4
|
6,3
|
4,9
|
3,9
|
2,6
|
3,2
|
4,9
|
Royaume-Unis
|
9,2
|
15,9
|
24,2
|
16,6
|
15,8
|
8,3
|
12,2
|
18,0
|
*, ** : indique respectivement le premier choc pétrolier
et le second choc pétrolier.
La lecture de ce tableau nous enseigne qu'aux Etats-Unis, la
hausse des prix a passé de 4% au début de 1973 à 12% vers
la fin de 1974. Si ces poussées inflationnistes ont été
maitrisées en Allemagne et en Suisse grâce aux politiques
monétaires restrictives misent en place au début de 1973, ce choc
pétrolier fut des suites graves pour les autres pays de l'Europe. La
hausse des prix en France a atteint 15% à la fin de 1974, baissée
à environ 9% en 1977 suite au contre choc pétrolier, pour grimper
de nouveau à 14% fin 1980 comme conséquence du second choc
pétrolier. Les mouvements des prix été similaires pour le
cas de l'Italie et du Royaume-Unis, l'inflation a atteint 24,2% à la fin
du premier choc pétrolier et restent à 18% environ fin du second
choc. Enfin, les réactions de l'inflation à ces chocs
pétroliers constituent un cas particulier pour le Japon, suite au
premier choc pétrolier les hausses prix atteignirent un niveau critique
depuis la guerre et tablent sur 25,3% en 1974, ce reflète la
dépendance de l'économie japonaise vis-à-vis du
pétrole. Après ce choc et par la conscience en la gravité
de ce phénomène, la banque centrale du Japon décidera de
maintenir une politique fermement anti-inflationniste, en conséquence,
la hausse des prix retomba à 3,3% fin 1978 avant de tablait sur 8% suite
au second choc.
Outre, la fin de ce siècle s'achève par la
désinflation des années quatre-vingt, qui prouve
l'amélioration des performances des politiques monétaires
restrictives mises en
oeuvre dés 1980. En plus, il ne faut pas négliger
le rôle prépondérant de la baisse des prix du
pétrole dans préservation d'un niveau stable des prix durant
cette période.
Finalement, il ne faut pas passer sans mettre l'accent sur les
dernières hausses des prix du pétrole et leurs l'impact sur
l'évolution de l'inflation, en effet, dans un contexte de mondialisation
et d'économies de plus en plus ouvertes et interdépendantes, la
crise actuelle semble différente de celle des années 29. Face
à l'augmentation exponentielle de la demande en produits
pétroliers de la part des pays émergents, surtout de la Chine qui
batte les records de la croissance, avec des taux supérieurs à
10%, la hausse des prix du pétrole table de même sur des nouveaux
records, en atteignant les 145 $ en juillet 2008. Le tableau suivant
résume la réaction de l'IPC face aux évolutions des prix
du pétrole dans les principales économies
industrialisées.
Tableau 1-2 : taux d'inflation annuels dans les
principales économies
industrialisées
Royaume-Uni 2,3 3,6
Etats-Unis 2,6 3,8
Zone euro 2,0 3,3
Japon 0,1 1,4
Chine 4,8 6,1
Allemagne 2,1 2,6
France 1,5 2,8
Italie 1,8 3,3
Espagne 2,8 4,1
2007 2008
2009*
0,4 1,0 1,0 0,6 0,6 1,0 0,9
0,8
1,1
* : prévision.
Sources : Banque mondiale, Consensus Forecasts et Desjardins,
Études économiques.
Les statistiques fourni par ce tableau affermi la relation
entre hausse des prix du pétrole et inflation dans les principales pays
industrialisés. En effet, les hausses des taux d'inflation annuels entre
2007 et 2008 sont généralisées sur tous les pays du monde
et ne peuvent être expliqué que par les hausses spectaculaires des
cours du brut. L'INSEE confirme que l'inflation a atteint, en zone euro, le pic
de 3,8% au moment où les cours du pétrole tablent sur des records
historiques. Aux Etats-Unis, l'IPC inscrit sa flexibilité aux
évolutions des prix du pétrole et enregistre, selon les
études économiques du « Bureau of Labor Statistics et
Desjardins » le pic de 5,2% durant le troisième trimestre 2008 pour
s'effondrer, parallèlement aux baisses des prix du pétrole,
à 1,5% durant le dernier trimestre de la même année et
table sur une variation mensuelle nulle en janvier 2009 après la chute
de 60% des prix du pétrole.
En revanche, on note que les prévisions à la
baisse des taux d'inflation annuels dans ces pays ne sont pas remis,
uniquement, à la chute des prix du pétrole, mais à la
conjonction de ces chutes avec la contraction de
l'activité économique mondiale suite à la crise des «
subprimes » qui a touché le secteur des prêts
hypothécaires des Etats-Unis et qui a été diffusée
au reste du monde, en provoquant en 2008 une crise financière mondiale.
C'est ainsi qu'on peut expliquer, surtout, la chute fulgurante du taux
d'inflation annuel en Chine par la baisse de la demande des pays
développés ce qui a affecté ses exportations et
déboulé ses prix.
En guise de conclusion, l'histoire de l'inflation et
marquée par une instabilité fulgurante et intense,
découlant de sa vulnérabilité aux changements
hétérogènes de types économiques et politiques,
à l'image des manipulations et des émissions abusives de la
monnaie durant le troisième et le dix-sixième siècles, les
guères mondiaux et la récession économique qui en
résulte durant la première moitié du vingtième
siècle, les deux chocs pétrolier durant la seconde moitié
du même siècle, etc. De ce fait, l'investigation des facteurs
déterminants de l'inflation semble utile pour l'accomplissement de notre
étude, tout en mettant l'accent sur les évolutions des prix du
pétrole comme un déterminant contemporain et tenant de
l'inflation, surtout pour le préambule de la relation entre inflation et
hausse des prix du pétrole.
Section 2 : La position du pétrole dans les
déterminants de l'inflation
L'inflation est un phénomène difficile à
appréhender, définie comme la hausse durable et auto entretenue
du niveau général des prix, il serait assez important de
connaître les facteurs qui permettent l'explication des changements de ce
phénomène. Les investigations qui se sont portées sur
cette question on aboutir à la naissance de diverses théories,
certaines se concurrentes et d'autres se complètes, dont on peut les
regrouper en trois grandes approches ; les déterminants d'ordre
monétaire qui remontent à la Théorie Quantitative de la
Monnaie, les déterminants d'ordre structurel qui résident dans
les mutations et les rigidités des structures économiques et
l'inflation par la demande et par les coûts qui avance ensemble
l'explication la plus traditionnelle de l'inflation.
Dans la seconde sous section ont va présenter la hausse
des prix du pétrole comme un déterminant primordial de
l'inflation, vue son omniprésence dans la plupart des cycles de
production des biens et services. L'accent sera mis sur les effets de premier
tour et de second tour que génère l'augmentation des prix du
pétrole, et sur le rôle du taux de chômage et des
anticipations dans l'amorcement des spirales prix-salaire.
2-1 Les déterminants de l'inflation
Le non unanimité des économistes qui se sont
penchés sur la question des causes de l'inflation a produit divers
théories, dont on peut les utiliser comme piliers pour la classification
des sources de l'inflation. A cet effet, trois catégories de
déterminants de l'inflation ont été repérées
; les déterminants d'ordre monétaire, les déterminants
d'ordre structurel et l'inflation par la demande et par les coûts.
2-1-1 Les déterminants d'ordre
monétaire
Lorsqu'on aborde la question des causes de l'inflation, la
théorie monétaire tienne le devant de la scène vu son
antiquité, son développement profond et sa consolidation par un
nombre important d'économistes. Dans cette catégorie de sources
d'inflation, on va attrouper deux déterminants, à savoir la masse
monétaire et le seigneuriage.
a- La relation : masse
monétaire-inflation
Les d'analyses qui ont étudié la nature de la
relation entre masse monétaire et inflation peuvent être
regroupées en trois grands courant ; le courant des monétaristes,
le courant des keynésiens et le courant des nouveaux classiques.
Néanmoins, les raisonnements de ces approches théoriques partent
tous de la Théorie Quantitative de la Monnaie (T.Q.M) qui remonte
à l'économiste Jean Bodin (1568) suite à l'intuition d'une
relation liant la montée fulgurante des prix en Europe à l'afflux
des quantités de métaux précieux résultant de la
découverte du nouveau monde. Cette relation intuitive entre la
quantité de monnaie en circulation et le niveau général
des prix à été affermie durant l'époque classique,
en effet, cette relation « a trouvé une certaine consolidation
auprès d'un certain nombre d'auteurs qui se sont contentés de
confirmer le parallélisme entre l'évolution des prix et celle de
la quantité des métaux précieux. Mais c'est surtout avec
les économistes classiques, notamment, D. Ricardo que la T.Q.M. atteint
son apogée »14.
Les reformulations et l'amplification de cette relation
remonte aux économistes néo classiques (C. Pigou, A. Marshall et
I. Fisher) dont on tire celle d'I. Fisher (1926) qui a le mérite de
restaurer la relation sous la forme suivante :
M . V = P . T
Tel que M représente la masse monétaire en
circulation, V la vitesse de circulation de la monnaie définie par le
nombre moyen d'utilisation de chaque unité monétaire pour
effectuer une quantité d'échange donnée, T le volume de
transaction et P le niveau général des prix.
14 Mongi Mokadem (2002), « Histoire de la
pensée économique ».
Ainsi, sous les hypothèses de la neutralité de
la monnaie (M n'agit pas sur T), la constance de V et la présence du
niveau général des prix comme variable passive dans
l'équation (la lecture se fait seulement de gauche à droite),
Fisher montre que la masse monétaire est la seule variable qui agit sur
le niveau général des prix en disant que si « Un volume
supérieur de monnaie achetant le même volume de marchandises, il
faut que les prix augmentent . »15. On note, ainsi, que la
signification de cette équation consiste à dire qu'un
accroissement relativement supérieur de la masse monétaire par
rapport au volume de la production réelle invoque, pour ajustement, une
hausse du niveau général des prix dans le volet d'égaliser
la valeur globale des échanges (P.T) à celle de la nouvelle
quantité de monnaie en circulation (M.V).
Cette relation de causalité entre la masse
monétaire et le niveau général des prix a
été confirmée par le courant des monétaristes, dans
une perspective d'intégration entre sphère monétaire et
sphère réelle, qui rompe avec l'analyse dichotomique des
quantitavistes. C'est ainsi que M. Friedman (le chef de file du courant
monétariste) raffermi cette relation en disant que « la cause
immédiate de l'inflation est toujours et partout la même : un
accroissement anormalement rapide de la quantité de monnaie par rapport
au volume de la production. Cette conclusion repose sur de nombreux exemples
historiques et se vérifie en effet pour beaucoup de pays, sur des pays
allant jusqu'à des siècles entiers »16. La
consistance de cette relation a été montrée par divers
études empiriques dans le monde entier qui confirment que les pays
victimes d'un taux d'inflation élevé ont
généralement des taux élevés de croissance de la
masse monétaire, et vis versa. L'exemple le plus récent est celui
de l'ex-Zaïre qui a financé sont déficit publique, entre
1991 et 1994, par le biais de la création monétaire ce qui a
basculé le pays dans une hyperinflation de 4500% en 1993 et 9800% en
1994, selon les statistiques d'Agenor en 2001.
En conséquence, l'inflation s'érige comme une
maladie et le gouvernement est le seul responsable à garantir un
développement économique non inflationniste, en assurant un
rythme de croissance monétaire égale à celui de la
production réelle de long terme.
Si l'augmentation de la masse monétaire est
perçue comme un mal pour les monétaristes. J .M. Keynes soutient,
dans une approche de monnaie active, qu'un niveau d'offre de monnaie
supplémentaire, en situation de sous emploi, peut stimuler
l'activité économique suite à l'action de la monnaie sur
l'investissement et l'emploi par le biais de la baisse du taux
d'intérêt. Par voie de conséquence, l'inflation est une
perdition nécessaire qui s'inflige dans le cadre d'un arbitrage entre
elle et le niveau du chômage, une relation
15 I. Fisher : « L'illusion de la monnaie stable
». Pavot, Paris, 1929, p38
16 M. Friedman: « Inflation et systèmes
monétaires », Original English Language edition published by
Prentice-Hall, Inc., Englewood Cliffs, New Jersey, USA, 1976.
négative illustré par la courbe de Phillips. La
stagflation des années 70 a mis fin à cette politique de dopage
de l'activité économique par l'offre de monnaie.
Finalement, l'apport des nouveaux classiques à cette
relation se résume dans le rôle axial qu'occupent les
anticipations. L'idée centrale est que l'effet d'un accroissement
supérieur de la masse monétaire par rapport à la
production réelle sur l'inflation est alimenté par des mauvaises
anticipations. En effet, face une augmentation de la masse monétaire,
les agents économiques disposent une quantité de monnaie
supérieure à leurs attentes. Sous l'effet de la hausse de leurs
revenu nominal, et dans la croyance qu'il s'agit du revenu réel, ils
augmentent leurs dépenses en biens et services sans maitre en
considération les effets inflationnistes qui en résultent, on dit
qu'ils sont victimes d'illusion monétaire suite à leurs sous
estimation de l'inflation. Ainsi « si les agents prévoient
correctement les conséquences inflationnistes de l'accroissement de
l'offre de monnaie, ils sauront que l'augmentation de leur revenu nominal
n'améliore pas leur revenu réel »17.
b- La relation : seigneuriage-inflation
Le seigneuriage constitue un autre déterminant d'ordre
monétaire de l'inflation ; défini comme le revenu tiré par
le monopole de l'émission de la monnaie, le pouvoir public recourt
à ce type de procédure, dans des circonstances
particulières, pour monétiser son déficit
budgétaire. Le financement du déficit résulte ainsi d'une
modalité de taxation parce que « les pouvoirs publics (gouvernement
et banque centrale conjointement) obtiennent des biens et des services des
citoyens et des entreprises (travail des fonctionnaires, voitures, armes,
infrastructures) en échange de quelque chose qui ne leur coûte
rien, l'argent. »18. La taxation résulte du fait de la
perte de la valeur des encaisses détenues, appelée souvent taxe
d'inflation. C'est ainsi que ce mode de financement camoufle des
conséquences inflationnistes néfastes. De ce fait, la
règle de gestion monétaire inflige une indépendance
relative des banques centrales afin que le revenu de seigneuriage soit
minimisé.
Finalement, on note que cette approche n'a pas niée
à l'existence des rigidités structurelles, surtout pour le cas
des pays en voie de développement. Ainsi, les déterminants
structurels faites parties des sources de l'inflation.
2-1-2 Les déterminants d'ordre structurel
:
Selon cette approche structurelle, les déterminants de
l'inflation résident dans les mutations et les régulations dans
les structures économiques, fonctionnant le mécanisme
17 Pierre Bezbach (1986), « Inflation et
désinflation », La découverte, Repère n°48.
18 Michael Burda, Charles Wyplosz, Jean Houard (2002)
: « Macroéconomie: Une perspective européenne », De
Boeck Université.
des prix dans un cadre de marché imparfait. Divers
déterminants ont été repérés par les
structuralistes, dont on tire les plus pertinents :
- les régulations monopolistiques : hors
champs de concurrence, le vingtième siècle est dominé par
des régulations monopolistiques, la mutation de l'appareil productif
vers la concentration des firmes à conduit les groupes dominants
à partager le marché par le biais de la différenciation
des produits au lieu de la concurrence par les prix ; disposer d'une
liberté de fixation de prix toute au long de la fonction de demande
inverse, le prix du monopoleur est supérieur à toute autre forme
de concurrence (équilibre de Cournot, de Stakelberg et de la concurrence
pure et parfaite, en ordre décroissant), de plus, l'existence
singulière du monopoleur sur le marché contribue à une
rigidité dans la baisse des prix de vente.
L'autre effet inflationniste de cette régulation se
résume dans l'inflation par les couts salariaux, en effet, les
négociations salariales dépendent de moins en moins de la
confrontation entre offre et demande sur le marché de travail en se
servant de plus en plus des gains de productivité comme
référence. De ce fait, les entreprises à fort gains de
productivité peuvent augmentent leur rémunération
salariale, une hausse qui peut être généralisée aux
autres firmes, ouvrant ainsi la voie à une inflation par les couts
salariaux.
- L'indexation des salaires sur les prix : elle
constitue un important déterminant structurel puisqu'elle est la cause
principale qui alimente la dynamique auto-entretenue de l'inflation. L'Etat
opte pour ce type de procédure dans l'intention de maintenir intact le
pouvoir d'achat des ménages, cependant, cette procédure
amène inévitablement à l'instauration d'une spirale
prix-salaire ; dans la logique où la hausse du niveau
général des prix implique une augmentation des salaires afin de
préserver intact le salaire réel. L'augmentation des coûts
de ce facteur de production oblige l'entrepreneur à augmenter sont prix
de vente pour abriter son taux de marge. La spirale prix-salaire s'installe
ainsi et alimente la dynamique auto-entretenue de l'inflation.
- Les rigidités sectorielles : les
rigidités institutionnelles des structures du système de
production dans les pays en voie de développement peuvent être
à la base de l'augmentation des prix. L'exemple le plus ordinaire, dans
ces pays, est celui du secteur agricole ; caractériser par une offre
inélastique, dû au contrôle imposer par le gouvernement dans
l'intention de protéger les consommateurs urbains, une demande
additionnelle ne trouve pas de réponse par l'offre, ce qui engendre la
hausse de prix agricole, et par conséquence, une demande de hausse des
salaires.
2-1-3 Inflation par la demande et inflation par les
coûts
On ne peut pas disloquer l'approche de l'inflation par la
demande et l'approche de l'inflation par les coûts dans la mesure
où elles se complètent pour l'explication la plus traditionnelle
de l'inflation. Dans ce qui suit, on avance les principaux motifs de la hausse
de la demande et de l'augmentation des coûts de production, qu'on peut
les interpréter comme déterminants indirects de l'inflation.
a- L'inflation par la demande
Dans le cadre de la concurrence pure et parfait, les prix des
biens et des services résultent, essentiellement, de la confrontation
entre la courbe d'offre (fonction croissante des prix) et la courbe de demande
(fonction décroissante des prix). Un déplacement de la courbe de
demande vers la droite implique, sous la condition d'une offre
inchangée, à la hausse des prix. Si cette hausse est
généralisée, le phénomène de l'inflation
s'installe. L'existence d'un excès de demande par rapport à une
offre rigide ou en mode de plein emploi des facteurs de production, peut
être un déterminant de l'inflation. Cette situation à
été mise en évidence par J. M. Keynes ; sous le concept
d'écart inflationniste, Keynes avance plusieurs motifs qui peuvent
générés un excès de demande et par voie de
conséquence l'inflation.
En effet, en situation de guerre, les facteurs de production
sont affectés vers la production d'armement, rendus l'offre rigide et
incapable de répondre à la demande adressée. Le
déséquilibre entre offre et demande fait appel à une
hausse des prix pour ajustement, en ponctionnant les avoirs monétaire
supplémentaires qui en résultent. D'autres situations peuvent
générées la constitution d'une demande additionnelle, dont
on peut tirer l'indépendance de l'explication de l'inflation par la
demande face à celle par la monnaie, à l'image de la
création monétaire en situation de plein emploi ou
l'entrée de monnaie suite à un excédent commerciale ou
l'augmentation des dépenses publics sans prélèvements. Ces
situations induites, forcément, la constitution des encaisses
monétaire excédentaires qui poussent les agents à
augmenter leurs demandes, si l'offre est rigide ou en plein emploi, les prix
augmentent en conséquence pour rétablir l'ajustement entre offre
et demande.
b- L'inflation par les coûts
Dans la mesure où le prix d'un produit est
essentiellement déterminer par son coût de production et de
distribution, plus les coûts sont élevés plus le prix final
du produit risque de l'être. L'explication de l'inflation par les
coûts s'articule, ainsi, dans la logique où une
rémunération des facteurs de production supérieure
à leurs productivités induit une augmentation des coûts de
production par unité, pour maintenir leurs marges de profit intact, les
producteurs répercutent ces hausses sur leurs prix de vente, si ce
processus se
propage, l'inflation s'installe. D'autres motifs peuvent
engendrer la hausse des coûts de production telle que l'augmentation des
frais financiers ou des prix des matières premières,
interprétait comme inputs dans le cycle de production, et dont on peut
joindre les prix des produits importés, s'ils représentent une
part importante dans le coût de production total (inflation
importée). Enfin, l'Etat peut être source d'inflation par les
coûts dans la mesure qu'elle peut influencée les coûts de
production par le biais d'une fiscalité lourde qui agie sur le processus
de production ou via sa politique tarifaire. Si ces hausses de coûts ne
sont pas compensées par des gains de productivité, qui
permettrait de produire avec un même prix de revient, les prix de vente
augmentent, les salariés demandent l'augmentation des salaires et la
boucle prix-salaire se mette en fonctionnement.
Finalement, et dans la mesure où les prix des produits
pétroliers infligent leurs présence dans les coûts de
production de n'importe quel bien, le pétrole fait l'objet d'une menace
sérieuse sur les équilibres macro économiques de n'importe
quel pays.
Dans la sous section suivante, on présente le
pétrole comme un déterminant primordial de l'inflation, dont on
va essayer de repérer les principaux mécanismes de transmission
d'une augmentation du prix du pétrole à celle de l'indice
général des prix.
2-2 Pétrole : Déterminant primordial de
l'inflation
Le pétrole est omniprésent dans notre quotidien,
composant dans plus de 70 000 produits différents et représentant
35% de l'énergie mondiale, il pèse sur toute économie du
monde. L'augmentation des prix du pétrole fait ressentie ses effets sur
la plupart des grandeurs macro économiques. En particulier, la relation
entre l'augmentation des prix du pétrole et l'inflation semble un peut
ordinaire, cependant, les canaux de transmission entre ces deux variables font
l'objet d'une ambiguïté vue qu'ils s'étendent à un
nombre important de biens, indépendamment de leurs appartenances
sectorielles, et qu'ils touchent les différents types d'agents
économiques tel que les salariées et les investisseurs.
Dans une essaye d'investigation sur la relation entre hausse
des prix du pétrole et inflation, qu'on la converge vers l'augmentation
de l'Indice des Prix à la Consommation, nous avons constaté
l'existence de deux sortes d'effets, à savoir, les effets
mécaniques dites de « premier tour » et l'effet de boucle
prix-salaire, dite de « second tour » tout en accordant l'importance
au rôle joué par le taux du chômage dans la transmission de
ces effets.
2-2-1 L'effet mécanique ou de premier
tour
Les hausses des prix du pétrole sont souvent
interpréter comme une menace de récession et de tensions
inflationnistes dans la mesure de l'usage illimité et la présence
incontournable du pétrole et de ses produits dérivés dans
les cycles de production.
L'effet de premier tour d'une hausse des prix du pétrole
sur l'inflation peut être divisé en deux étapes
séquentielles :
- Un effet direct qui se manifeste automatiquement par
l'augmentation des prix des produits énergétiques,
représentant environ 85% de la masse du pétrole
consommée.
Un aperçu technique sur l'intensité
pétrolière dans le secteur énergétique nous montre
l'importance d'un tel effet, à titre d'exemple, un baril de
pétrole génère en moyenne 73,8 litres de carburant, 34,8
litres de fuel domestique, 15,2 litres de kérosène, 8,7 litres de
mazout lourd, 14,4 litres de gaz et autres produits gazeux, etc.
Dans cette intention, l'augmentation des prix du
pétrole se traduit forcément par l'augmentation des prix des
produits énergétique. Cet effet se dégrade en fonction de
la baisse de l'intensité du pétrole dans la technique de
production de ces produits.
- Un effet indirect ; engendré par le
renchérissement des consommations intermédiaires en
énergie, dans la mesure où la hausse des prix des produits
énergétique, résultant de l'effet direct, se
répercute sur les coûts des productions les plus amont en
énergie, y compris les coûts de transport pour distribution. Cet
effet ne manque pas d'importance, si on tient compte de la diversité des
produits innombrables qui ne peuvent pas se détourner de l'usage du
pétrole et de ses dérivés dans leur cycle de production,
tel que la quasi-totalité des plastiques, les routes, les peintures,
etc.
La hausse de la facture énergétique qui en
résulte, conduit à une réduction de la marge
bénéficière des entreprises, qui selon leurs comportement
de marge, peuvent répercuter totalement ou partiellement, selon le
contexte concurrentiel et leurs pouvoirs de marché, le relèvement
du coût des inputs sur leurs prix de vente. Cet effet se manifeste
notamment sur les prix des produits les plus amont en énergie et sur les
prix des produits alimentaires, surtout quant-ils reflètent les
coûts de transformation (tel que le transport). Les hausses des prix se
maitre ainsi dans un processus de hausse cumulatif en induisant une hausse
généralisée des prix et donc une inflation.
Les hausses des prix de ces produits peuvent agir, aussi, sur
les structures de consommation des ménages et des entreprises, ce qui
présente un autre effet, non comptabiliser, sur l'Indice des Prix
à la Consommation. En effet, contre ces hausses, et pour des tentatives
de sauvegarde de leurs revenus, ces agents vont essayer d'opérer des
substitutions entre produits chers et bon marché, à titre
d'exemple, le renchérissement de l'essence peut inciter certaines
ménages à moins utiliser leurs voitures et, en revanche, à
acheter davantage d'autres biens. Pour les entreprises, et étant
donnée un objectif de production bien déterminé, ils vont
essayer de remplacer les produits pétroliers cher par des produits
énergétiques moins cher. Il en résulte ainsi des
changements au niveau des pondérations ce qui biaiser le calcul de l'IPC
en engendrant des sur-estimations des hausses
réelles, cet effet se présente comme un
inconvénient dans le calcul de l'IPC, déjà
mentionné dans la première section.
En guise de conclusion, l'indice des prix à la
consommation subit ainsi un choc dit « de premier tour » qui
reflète l'effet mécanique de la hausse des prix du pétrole
sur les prix de consommation par le biais des consommations directes ou
intermédiaires en énergie. On assiste ainsi au
phénomène de l'inflation par les coûts de production, en
particulier des coûts des matières premières.
Ces relèvements des prix à la consommation
entrainent forcément un amoindrissement du pouvoir d'achat des
ménages ce qui admettre le déclenchement de l'effet de la boucle
salaire-prix dite effet de « second tour ».
2-2-2 L'effet de second tour ou de boucle
prix-salaire
Les hausses des prix à la consommation qui en
résultent de l'effet de premier tour génèrent une perte de
pouvoir d'achat des ménages. Dans l'objectif de maintenir leurs pouvoir
d'achat intact, les salariés exigent des revendications de leurs
salaires. Cette réaction salariale est d'autant plus réalisable
que les modalités de détermination des salaires nominaux sont
fondées sur la base de l'indexation des salaires sur l'Indice des Prix
à la Consommation, à ce là s'ajoute le rôle crucial
joué par les syndicats salariales.
En revanche, si les hausses des salaires ne sont pas
envisageables, ou partielles, à court terme, la conjugaison entre
l'amoindrissement du pouvoir d'achat des ménages et la hausse de
l'épargne de précaution joue un rôle déterminant
pour freiner la consommation, et par voie de conséquence, la stagnation
de la demande globale, de l'investissement et de l'emploi. On assiste ainsi au
phénomène de la stagflation ; une coïncidence entre
inflation et stagnation, paru dans les années soixante-dix. Pour enrayer
cette situation, il faut agir sur la consommation, ainsi, décideurs
économiques et politiques optent pour l'indexation totale des salaires
sur les prix. Finalement, tôt ou tard l'indexation des salaires sur les
prix sera totale. En guise ; « Les salariés vont tenter de
maintenir leur pouvoir d'achat grâce à une revalorisation de leur
salaire. Le phénomène est traduit dans Némésis par
l'indexation des salaires sur l'indice des prix à la consommation.
À court, l'indexation n'est que partielle et le choc pétrolier
diminue le pouvoir d'achat des ménages. À long terme, avec des
délais relativement importants, l'indexation est totale.
»19.
Les hausses des salaires qui en résultent sont
perçues comme de nouvelles hausses des
coûts de production,
dans la mesure du poids important des coûts salariaux dans le
coût
19 Dorothée Brécard, Carole Chevallier, Arnaud
Fougeyrollas, Pierre Le Mouël, Paul Zagamé (2006), «
Evaluation pour la France des conséquences de l'augmentation du prix du
pétrole ».
total de production. Dans de nouvelles tentatives de
restauration de leurs marges de profit, les producteurs vont
contrebalancés l'élévation de leurs coûts sur les
prix de vente et l'augmentation des salaires se trouvent, à terme, dans
les prix à la consommation, et ainsi de suite. Il en résulte
ainsi un dynamisme dans le quel la hausse des prix devienne auto entretenue et
alimentée par un cercle vicieux et défectueux, qu'on appel «
boucle prixsalaire » et dans la quelle le retour en arrière est
improbable.
En synthétisant ce qui précède, on peut
dire que l'effet de second tour résulte essentiellement des
comportements rationnels de deux types d'agents, en effet, suite à une
hausse des prix du pétrole ;
- Dans des tentatives de maintient de leurs marges de profil,
les producteurs répercutent, totalement ou partiellement, l'augmentation
des coûts des matières premières sur leurs prix de vente,
ce qui engendre une baisse du pouvoir d'achat des ménages.
- Pour compenser la perte de leurs pouvoirs d'achat, les
salariés exigent des hausses indispensables des salaires et alimentent,
à terme, des nouvelles hausses des coûts de production. On dit
ainsi que la boucle prix-salaire se boucle et le dynamisme défectueux de
hausses auto-entretenues des prix se met en place.
La spirale prix-salaire a été décrite
dans les Analyses économiques de la France comme suit ; « Les
effets de second tour proviennent des tentatives, par les entrepreneurs et les
salariés, de compenser la perte de revenu entraînée par le
choc pétrolier. Ainsi, les producteurs peuvent transmettre à
leurs clients la hausse des coûts en relevant les prix de vente, ce afin
de restaurer leurs marges. De leur côté, de façon à
maintenir leur pouvoir d'achat, les salariés peuvent exiger une
augmentation compensatoire des salaires, ellemême susceptible de nourrir
une nouvelle hausse des prix. »20.
Econométriquement, le calcul de l'effet de second tour
des hausses des prix du pétrole sur l'inflation se fait par le biais de
l'estimation du coefficient de la variable prix du pétrole dans
l'équation de l'inflation sous-jacente, déjà
étudiée dans la première section. La modélisation
de l'inflation sous-jacente se dérive essentiellement du modèle
« Price Setting-Wage Setting » qui « suppose que
l'évolution des prix dépend de la confrontation de deux types de
comportements »21, à savoir, les comportements des
travailleurs et des employeurs.
20 « Les effets économiques du prix du pétrole
sur les pays de l'OCDE », Analyses économiques, n°54, Novembre
2004.
21 Benjamin RICHARD, William ROOS, «
Prévoir l'inflation en zone euro : approche macro-sectorielle »,
document de travail de la DGPTE n°3, juin 2008.
Vue la gravité d'un tel dynamisme, l'analyse des
facteurs qui peuvent amorcer la boucle prix-salaire semble nécessaire
pour l'accomplissement de notre étude de l'effet de second tour. En
remettant l'inflation par la hausse des prix du pétrole à
l'approche de l'inflation par les coûts, la hausse des prix
résulte ainsi d'une rémunération supérieure des
facteurs de production par rapport à leurs productivités. Par
voie de conséquence, le comportement paradoxal entre salariés et
employeurs résulte fondamentalement du partage des gains de
productivité. De ce fait, la conjugaison de la flexibilité des
salaires, la réactivité de l'emploi et la hausse des gains de
productivité joue un rôle déterminant pour atténuer
les risques de déclenchement de la boucle prix-salaire, c'est ainsi
qu'« Aux États-Unis, les forts gains de productivité
enregistrés ces dernières années, associés à
la flexibilité salariale et à la réactivité de
l'emploi, ont atténué les risques inflationnistes ; dans la zone
euro, en revanche, les faibles gains de productivité et la
rigidité du marché du travail interdisent de sous-estimer le
risque inflationniste, dans la mesure où des effets de second tour
pourraient amorcer une spirale prix-salaires. »22.
En effet, en mettant l'accent sur le premier anneau du cercle
vicieux, à savoir la hausse des salaires, on peut constater le
rôle important que joue le taux de chômage, dans la mesure
où plus le chômage est faible (élevé) plus la
position des salariés est forte (faible) pour exiger des hausses de
salaire. Le partage des gains de productivité s'effectue, ainsi, en
faveur des salariés et au détriment des employeurs (vis
versa).
Cette relation décroissante entre le taux de croissance
des salaires nominaux (inflation salariale) et le taux de chômage remonte
à l'économiste néo-zélandais A .W . Phillips qui
avance en 1958 l'illustration suivante :
Courbe 1-3 : La courbe de Phillips
U*
Taux de chômage
Taux de croissance des salaires nominaux
U* désigne le taux de chômage au
point de NAIRU (non accelerating wage rate of unemployment), c'est à
dire le taux de chômage d'équilibre pour le quel le taux
d'accroissement des salaires nominaux est nul. Selon l'interprétation
keynésienne, cet
22 « Persistance de l'inflation en zone euro »,
BULLETIN DE LA BANQUE DE France, N° 127, JUILLET 2004.
équilibre découle, essentiellement, d'une
anticipation parfaite de l'inflation de la part des salariés, qui se
sauvent du phénomène de l'illusion monétaire par
l'égalisation entre l'inflation effective et l'inflation
anticipée. Par le biais des anticipations rationnelles, qui incorporent
l'ensemble des données pertinentes et disponibles dans le passée,
le présent et même concernant le future, les salariés
seront capables d'adapter leur anticipation aux évolutions de
l'inflation. Ils exigent ainsi, dans un contexte de parfaite flexibilité
des salaires, l'égalisation entre leurs salaires nominaux et leurs taux
de productivités, on dit qu'ils annulent le taux d'inflation afin de
maintenir leurs salaires réels intacts. De ce fait on tire
l'équation suivante :
Taux d'inflation = Taux de croissance des salaires
nominaux -- Taux de
croissance de la productivite
De ce fait, la stabilité des prix est obtenue
dés que les salaires nominaux et la productivité du travail
s'évolue au même rythme, ce qui annule l'écart entre le
pouvoir d'achat et le niveau de production et bloque, par conséquence,
le dynamisme systémique de la boucle prix-salaire.
Finalement, on note que la réinterprétation de
la courbe de Phillips, par P. Samuelson et R. Solow, a aboutie à la
naissance d'une relation conflictuelle entre le taux de chômage et celui
de la variation du niveau générale des prix. Une relation qui met
les pouvoirs publics dans une situation d'arbitrage entre maitrise des prix et
chômage.
Conclusion
En guise de conclusion, il en résulte de ce qui
précède que l'inflation est un phénomène difficile
à appréhender ; définie comme la hausse durable et auto
entretenue du niveau général des prix, l'inflation ne consiste
pas en l'augmentation d'un seul prix ou d'une seule catégorie des prix,
c'est la hausse de la moyenne de tous les prix qui se répète sur
une période prolongée. La mesure de cette grandeur macro
économique par le biais de l'Indice des Prix à la Consommation
révèle plusieurs incommodités pratiques telles que la non
prise en compte des changements des structures de consommation, de
l'évolution des qualités des biens consommés et la
naissance de nouveaux biens et services sur les marchés. Ces biais de
surestimation, amenant au mécontentement des décideurs
politiques, ont admis la nouvelle notion de l'inflation sous-jacente qui
représente la composante durable et structurelle de l'inflation
corrigée des influences tendancielles et permanentes sur le cycle
économique. Pour le cas de la Tunisie l'indice de l'inflation
sous-jacente est définie comme étant l'indice des prix à
la consommation hors énergie et alimentation qui sont perçus
comme extrêmement volatils selon le rapport du Fond Monétaire
International sur l'économie tunisienne, élaboré en
Octobre 2007.
L'esquisse de l'histoire de l'inflation révèle
la vulnérabilité de ce phénomène aux changements
politiques et aux chocs économiques tel que les manipulations et les
émissions abusives de la monnaie durant le troisième et le
dix-sixième siècles, les guères mondiaux et la
récession économique qui en résulte durant la
première moitié du vingtième siècle, les deux chocs
pétrolier durant la seconde moitié du même siècle et
même le choc pétrolier contemporain. Cette esquisse
révèle, en fait, la diversité des déterminants de
l'inflation qu'on les concordent en trois grandes groupes, à savoir, les
déterminants d'ordre monétaire qui se résument dans la
relation positive entre augmentation de la masse monétaire et inflation,
une relation qui a été consolidée par les grands courants
de pensées économiques (quantitativistes, monétaristes,
keynésiens et nouveaux classiques). Les déterminants d'ordre
structurels qui résident dans les mutations et les régulations
dans les structures économiques, fonctionnant le mécanisme des
prix dans un cadre de marché imparfait, où on a attroupé
les régulations monopolistiques, l'indexation des salaires sur les prix
et les rigidités institutionnelles des structures du système de
production dans les pays en voie de développement. La troisième
catégorie de déterminants s'intitule sous l'inflation par la
demande et l'inflation par les coûts ; la première
considère qu'un excès de demande par rapport à une offre
rigide, ou en mode de plein emploi des facteurs de production, peut conduire
dans cadre de parfaite flexibilité des prix à l'augmentation de
l'inflation pour rétablir l'ajustement entre offre et demande.
L'explication de l'inflation par les coûts s'articule, dans la logique
où une rémunération des facteurs de production
supérieure à leurs productivités induit une augmentation
des coûts de production par unité, si ces hausses sont
généralisées, l'inflation s'installe.
Finalement, et dans la mesure où le pétrole est
omniprésent dans tous les processus de production, on a
présenté les hausses des prix du pétrole comme un
déterminant contemporain, pénible et tenant de l'inflation, tout
en spécifiant les principaux canaux de transmission qui se
résument dans les effets mécaniques ou de premier tour par les
quels l'effet passe directement, par les hausses des prix des produits
énergétiques, ou indirectement, par le renchérissement des
coûts de consommation intermédiaires en énergie. Le second
effet le plus pervers, dite de second tour, est celui du déclanchement
de la boucle prix-salaire, résultant essentiellement des comportements
conflictuels et rationnels des salariés et des employeurs, dans le
devoir du maintient du pouvoir d'achat et des marges de profits inertes de
toute dévalorisation invoquée par l'inflation.
Chocs Pétroliers Et Politiques
Anti-inflationnistes
Sommaire
Introduction
Section 1 : chocs pétroliers et effet de
transmission
1-1 Evolutions et déterminants des prix du
pétrole
1-1-1 Historique de l'évolution des prix du
pétrole
1-1-2 Les facteurs explicatifs de l'évolution des prix
pétroliers 1-2 Effet de transmission des chocs
pétroliers
1-2-1 Mécanisme de transmission des chocs
pétroliers
1-2-2 Affaiblissement des effets des chocs pétroliers
Section 2 : Efficacité des politiques
anti-inflationnistes aux chocs pétroliers 2-1 Commodité
de la politique de stabilité des prix
2-1-1 Réaction des politiques monétaires aux deux
premiers chocs
pétroliers
2-1-2 L'importance de la politique de stabilité des
prix
2-2 La politique d'objectif d'inflation
2-2-1 Exposition de la politique de ciblage d'inflation
2-2-2 Evaluation des performances de la politique de ciblage
d'inflation sur les effets des chocs pétroliers
Conclusion
Introduction
L'inflation des cours pétroliers constitue, en
principe, une menace sérieuse pour la bonne marche de l'économie
mondiale. Cependant, l'affaiblissement des effets des hausses récentes
des cours pétroliers sur la croissance du PIB et l'inflation vient
d'infirmer ce précepte historique, déjà confirmé
par les retombés pervers des deux premiers chocs pétroliers. Dans
l'examen des causes de cet affaiblissement, s'impose le changement des
comportements des politiques monétaires aux quels dépend la
réaction de l'inflation aux évolutions des cours
pétroliers. À cet effet, nous réservons la première
section de ce
chapitre pour un bref historique sur les évolutions des
prix pétroliers ainsi qu'aux déterminants de ces
évolutions. En second temps, nous nous pencherons sur
l'appréhension des causes de l'affaiblissement des effets des chocs
pétroliers, toute en exploitant, de point de vue théorique, les
principaux canaux de transmission de ces chocs.
Dans la deuxième section, l'examen de
l'efficacité des politiques anti-inflationnistes passe par l'exploration
des réactions des politiques monétaires face aux chocs
pétroliers, du qu'elle on tire l'importance de la stabilisation des prix
en visant ses bienfaits sur les plans économiques et sociales.
Néanmoins, l'émergence de la politique de ciblage crédible
d'inflation, comme la politique la plus efficace face à la transmission
des effets des chocs pétroliers fait l'objet de la seconde sous section,
dans la quelle nous avançons ses commodités, tout en utilisant
les hausses récentes des cours pétroliers pour
l'évaluation de sa performance.
Section 1 : Chocs pétroliers et effet de
transmission
L'objet de cette section se cristallise sur l'effet
limité des hausses récentes des cours pétroliers,
relativement aux incidences perverses des deux chocs pétroliers sur
l'inflation et la croissance du PIB, ce qui nous amène à
l'investigation des causes de cet affaiblissement. C'est ainsi qu'on entame
cette section par une esquisse historique des grandes phases de
l'évolution des prix du brut, toute en accordant l'importance, dans un
second temps, sur le fait que l'appréhension de ces évolutions
sur le marché mondial peut être conduite à travers la
référence aux fondamentaux du marché, à savoir,
l'état de l'offre et de la demande, ainsi qu'à travers le poids
accordé aux incertitudes des facteurs exogènes (les facteurs
géopolitiques). La seconde sous section sera réservée
à l'examen des mécanismes de transmission théorique des
chocs pétroliers ainsi qu'à l'appréciation de
l'affaiblissement des effets des hausses récentes des prix du brut,
relativement aux deux chocs pétroliers, toute en exploitant les
principales raisons de cet impact limité sur la croissance du PIB, mais
surtout sur l'inflation.
1-1 Evolution et déterminants des prix du
pétrole
L'anticipation de l'évolution des prix du
pétrole sur les marchés mondiaux est une tâche ardue compte
tenu de nombreux facteurs explicatifs qui s'interfèrent dans ce domaine.
C'est ainsi qu'on va essayer de dénombrer les principaux
déterminants retenus dans la littérature et voir dans quelle
mesure ils peuvent intervenir. Néanmoins, il convient d'advenir, dans un
premier temps, l'analyse des principales phases qu'à connues l'histoire
de l'évolution des prix du pétrole.
1-1-1 Historique de l'évolution des prix du
pétrole
L'étude historique de l'évolution des prix du
pétrole certifie bien le caractère erratique et la
volatilité persistante et fulgurante des cours du pétrole, cette
irrégularité des évolutions peut être
témoignée par le graphique suivant :
Courbe 2-1 : Volatilité du prix du
pétrole (en $ 2008/B)
Source : AIE, US BLS.
A partir de ce constat, on peut arranger ces évolutions en
cinq phases ;
i- Première phase : 1930-1973 :
caractériser par des variations des prix du pétrole relativement
stable qui s'inscrivent dans l'intervalle [10$ - 15$], cette phase marque la
naissance d'un événement important dans la vie des marchés
pétroliers. La création de l'Organisation des Pays Producteurs de
Pétrole (OPEP) en septembre 1960, l'objectif été la
nationalisation de la production de pétrole dans le volet de maintenir
le pouvoir d'influencer les cours pétroliers.
ii- Deuxième phase : 1973 - 1979 : c'est la
phase la plus instable dans l'histoire des marchés pétroliers. Le
début de cette phase se bute sur le premier choc pétrolier ;
suite aux conflits israélo-palestiniens dans la guerre de Kippour, le 6
octobre 1973, les pays arabes membres de l'OPEP ont décidés de
faire un embargo de provision envers les pays occidentaux qui soutiennent
Israël. La réduction de la production, qui en résulte, a
engendré le quadruplement des prix du pétrole qui ont
passé, au bout de cinq mois, de 2.60 $ en octobre 1973 à 11.65 $
en mars 1974, en baril (159 litres).
Cinq ans plus tard, la révolution iranienne et la guerre
entre Iran et Iraq ont
amorcés le second choc pétrolier. Les
réductions des exportations sont à
l'origine de la hausse des prix du pétrole qui ont
passés entre 1979 et 1981 de 14 $ à 39 $ le baril, septembre
1980.
iii- Troisième phase : 1981 - 1986 : une phase
caractérisée par la baisse des prix du pétrole qui se
stabilisent à l'entour des 29 $ le baril.
L'explication la plus admise est la conjonction entre la
réduction de la demande, par la mise en place des politiques
d'économie d'énergie, et la modification des rapports de force de
l'OPEP, suite à l'exploitation de nouveaux gisements en provenance du
Mexique et de la mer du nord. La fin de cette phase a été
marquée par l'effondrement des prix à 7 $ le baril, suite au
contre choc pétrolier de 1983.
iv- Quatrième phase : 1987 - 2000 : au cours
de cette période les prix ont évolués au tour de la
moyenne des 20 $, à l'exception de quelques perturbations (la hausse
brutale des prix suite à l'invasion du Koweït par l'Irak et la
chute des prix suite à la crise financière des pays d'Asie).
Le principal enseignement de cette phase et l'augmentation
des consommations, favorisées par des prix stables et bon marché,
en dépit de l'intensification de la dépendance
pétrolière.
v- Cinquième phase : 2000 - 2008 : c'est la
phase du pétrole cher qui s'envole d'un record à un autre.
À l'exception des baisses enregistrées en 2002 suite à la
contraction de l'activité économique, engendrée par les
attentats du 11 septembre 2001, « la hausse des prix du brent en dollar a
atteint 15,6% en 2003, 32,2% en 2004 et 40,3% sur les neuf premiers mois de
l'année 2005. Si en dollar courant les prix n'ont jamais
été aussi élevés, il convient de rappeler qu'ils
restent encore sensiblement inférieurs à leur pic de 1980 en
dollar constants 2004 (80 dollar le baril). »23. Un rappel
démenti en janvier 2008 quant le prix du baril table, pour la
première fois de son histoire à la bourse de New York, sur les
100$. La fièvre haussière se poursuit et les prix atteignent les
130$ en mai et en dépassant les145$ en juillet 2008.
Cette trajectoire à été alimentée
par l'expansion économique qui a suscité une forte demande de
pétrole et dont la croissance globale s'est établie, selon les
statistiques de l'Agence Internationale de l'Energie, à 0,5% en 2002,
1,9% en 2003 et 3,8% en 2004. La mise en fin de cette dynamique
haussière date à la contraction de l'activité
économique mondiale suite à la crise financière des
subprimes.
La volatilité fulgurante, que reflète l'esquisse
historique de l'évolution des prix du pétrole, renvoi en fait
à la complexité de détermination d'un cours de
référence
23 Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006), Rapport
d'information n°105, SENAT, session ordinaire de 2005-2006.
international vu la diversité géographique des
gisements, dont chacun fait l'extraction d'un type de brut à
caractéristiques différentes. Les types les plus connus à
l'échelle mondiale sont le Brent (le brut de référence en
Europe), le WTI (West Texan Intermediate, le brut de référence
Américain) et le Dubaï Light pour l'Asie. A cela s'ajoute qu'il
n'existe pas un seul marché au comptant pour chaque type de brut mais
sept marchés qui reflètent chacun les prix de plusieurs brut (le
marché de Rotterdam, le marché méditerranéen, le
marché des Etats-Unis, le marché du Golfe du Moyen-Orient, le
marché d'Extrême Orient, le marché de la Mer du Nord et le
marché d'Afrique de l'Ouest).
En revanche, cette instabilité des cours
pétroliers est occurrente à plusieurs facteurs qui tiennent aux
fondamentaux des marchés pétroliers et aux autres facteurs
exogènes d'ordre géopolitique. L'investigation de ces
déterminants fait l'objet de la sous section suivante.
1-1-2 Les facteurs explicatifs de l'évolution des
prix pétroliers
Les déterminants de l'évolution des prix du
pétrole sur les marchés mondiaux peuvent être
appréciés à travers des facteurs techniques et
économiques, qui font référence aux fondamentaux des
marchés, ainsi qu'à travers le poids accordé aux
incertitudes des facteurs géopolitiques.
a- Les facteurs techniques et
économiques
L'étude des facteurs techniques et économiques
des variations des prix du pétrole fait appel aux fondamentaux des
marchés pétroliers, à savoir l'analyse de la
stabilité de la demande et de l'offre mondiale de pétrole.
i- Du côté offre mondial de
pétrole : Selon les statistiques de l'EIA (Energie Information
Administration), les 12 pays de l'OPEP fournissent conjointement 35 millions de
barils/jour soit 43% de la production mondiale, ils représentent 60% des
exportations et détiennent 75% de réserves mondiales. Cette part
immense de marché attribuée à ce cartel le qualifie d'un
pouvoir significatif sur les prix par le biais de l'approvisionnement. En
revanche, la décolonisation des ressources pétrolières a
été suivie par des politiques de quotas qui dépendent
fortement des capacités de production actuelles, des réserves, de
la population et de l'évolution démographique. C'est ainsi qu'
« En mars 2000, l'OPEP fixe officiellement la bande de fluctuation du
baril de pétrole entre 22 et 28 dollars et instaure un système de
régulation « automatique » de la production qui ne
nécessite pas une réunion des pays membres. Ainsi, lorsque le
prix du panier de sept bruts mondiaux est au-dessous de 22 dollars le baril
pendant dix jours ouvrés consécutifs, l'OPEP peut décider
de réduire sa production de 500.000 barils par jour. Inversement, si les
cours sont au-dessus de 28 dollars le baril pendant vingt jours ouvrés
consécutifs, l'OPEP peut décider d'augmenter sa
production.»24. Néanmoins, l'offre
réelle du pétrole semble loin d'être stabilisé vu
qu'il s'écarte d'une manière permanente des quotas fixés.
Les motifs de cette instabilité reviennent, principalement, aux
situations divergentes des membres de l'OPEP qui se divisent en deux groupes
;
- Ceux qui sont caractérisées par une population
importante et des réserves faibles optent pour des prix
élevés dans le souci de financer leurs dépenses publiques.
Les partisans de cette politique sont le Nigeria, l'Iran et le Venezuela.
- Les membres de l'autre politique sont des pays
caractérisés par une population faible et des réserves
importantes telles que l'Arabie Saoudite, le Koweït et les EAU. Ces pays
optent pour la stabilité de leur offre afin de maintenir le droit des
générations futures dans la rente pétrolière.
A cet inconvénient structurel de non unanimité
des membres de ce cartel, s'ajoute la forte corrélation entre le prix du
pétrole et la volatilité des cours du dollar. En effet, dans la
mesure où les exportations du pétrole sont libellées en
dollar et les importations sont libellées en euro ou en yen, une
dépréciation relative du dollar amène ces pays à
réviser leurs prix à la hausse afin de maintenir stable leur
balance commerciale. C'est ainsi que les hausses des quotas de la fourchette de
22-28 dollars en 2000 à la fourchette de 27-35 dollars en 2004 sont
remis, essentiellement, à la dévaluation du dollar par rapport
à l'euro et au yen.
ii- Du côté demande mondiale de
pétrole : l'aperçut historique montre que les chocs
pétroliers ont été devancés par des hausses
importantes de la demande mondiale du pétrole. C'est ainsi qu'entre 1965
et 1973, avant le premier choc pétrolier, la demande mondiale du
pétrole a augmentée à un taux annuel moyen de 8,2%, en
passant de 31 millions de barils par jour (Mb/j) à 58 Mb/j. Après
une légère stagnation, de nouvelles augmentations ont
précédées le second choc pétrolier, dont le rythme
de progression a atteint les 3,1% par an, soit une augmentation moyenne de 1,9
Mb/j.
En dépit du changement du contexte, et dans le cadre
d'une économie plus libérale et fortement concurrentielle, la
relation entre hausse de la demande et hausse des prix du pétrole
persiste encore. Les statistiques récentes montrent que la demande
mondiale du pétrole s'est accélérée pendant la
dernière décennie par rapport à la période
1990-2001, où le taux de progression annuel moyen s'établi
à 1,2%. En effet, au cour de la période 2002- 2005 le taux de
croissance annuel moyen enregistre une hausse de 2,4% et table en 2004 sur le
niveau record de 1978, où on a enregistré une hausse de 3,4%. La
demande
24 Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006), Rapport
d'information n°105, SENAT, session ordinaire de 2005-2006.
dynamique se poursuivre encor et s'établirait à 86
Mb/j en 2007, soit une hausse de 1,7% par rapport à son niveau de
2006.
Les déterminants de ces hausses rétrospectives de
la demande du pétrole peuvent être résumés en deux
principaux motifs :
- Le premier est le rythme de la croissance économique
mondiale, dans la mesure de la forte corrélation entre la croissance
économique et la croissance de la demande du pétrole. En effet ;
« Utilisant le PIB de l'OCDE comme variable « proxy », la
Direction de la prévision (Buissé, Depecker et Tissot, 2001)
trouve qu'une variation de 1 % du taux de croissance entraîne une
variation de la demande de pétrole de 0,9 % à court terme et de 1
% à long terme. »25. Cette relation peut être
refléter, aussi, par le changement de la structure géographique
de la demande mondiale du pétrole, surtout vers la Chine qui tienne le
devant de la scène par une demande de 7,86 Mb/j en 2007 contre 4,18 Mb/j
en 1997 et qui explique en raison de 33,7% la hausse récente de la
demande mondiale du pétrole. Ces besoins en pétrole
résultent, essentiellement, d'un taux de croissance fulgurant du PIB qui
a progressé à 11,6% en 2006 et à 12% en 2007.
- Le second motif est la constitution des stocks de
réserves stratégiques dans l'objectif d'assurer une consommation
constante et continue, en cas de rupture de l'approvisionnement. Ces stocks
représentent un surplus de demande non négligeable, surtout
après les régulations de l'AIE qui réclame des stocks
couvrant 90 jours de consommation.
Cependant, confier l'explication des évolutions des
prix du pétrole aux seuls facteurs économiques peut engendrer
certaines insuffisances, vu l'importance du poids des aléas
géopolitiques dans l'investigation des causes de ces
évolutions.
b- Les facteurs exogènes
Le prix du pétrole est fortement sensible à deux
types de facteurs exogènes qui s'échappent à toutes
prévisions ; les facteurs politiques et les facteurs climatiques.
Au niveau politique, « Il s'agit notamment des
incertitudes géopolitiques au Moyen-Orient qui détient 60% des
réserves mondiales prouvées de pétrole (instabilité
en Irak, crise du dossier nucléaire iranien), des tensions sociales et
ethniques au Nigeria, des grèves au Venezuela et en Norvège,
ainsi que du rebondissement de l'affaire Youkos qui a mis en évidence la
volonté de l'Etat russe à reprendre le contrôle des
secteurs pétrolier et
25 2006, « Les répercussions de la hausse
des cours pétroliers sur les économies internationales et
nationales », direction des études et des prévisions
financières, ministère des finances et de la privatisation,
royaume du Maroc.
gazier. »26. La recrudescence de ces
aléas géopolitiques alimente forcément les risques
d'interruption des approvisionnements pétroliers, ce qui engendre des
instabilités au niveau de l'offre et pousse les prix du brut vers le
haut.
Au niveau climatique, non moins important, les facteurs
liés aux aléas climatiques peuvent engendrer des distorsions
d'offre et de demande et exacerbé des tensions sur les prix du
pétrole. Les ouragans Katrina et Rita, qu'on connut le Golfe du Mexique,
ont pénalisés fortement et durablement les capacités de
raffinage américaines à raison de 5%. A cela s'ajoute l'effet
saisonnais de la demande du pétrole qui varie en fonction des saisons de
la manière suivante ; «À la sortie de l'hiver, elle
connaît un point bas au deuxième trimestre (plus
précisément, mois de mai), pour augmenter ensuite,
connaître un léger ralentissement en août et novembre et
culminer à la fin du quatrième trimestre. L'écart entre le
maximum et le minimum dépend des aléas
météorologiques et peut se situer entre 2 et 4
Mb/j.»27. La rigueur de l'hiver 2005 reflète
l'importance de cet effet par une baisse de 2 Mb/j des capacités de
réserves suite à l'augmentation des besoins en chauffage.
Pris ensemble, ces facteurs d'incertitude et
d'instabilité de la demande et de l'offre alimentent les
opérations de spéculation sur les marchés
pétroliers. L'espace de ces transactions financières est
représenté par le marché papier qui comprend le
marché des futures, où les contrats s'effectuent sur une
durée de 3 à 6ans, et le marché de gré à
gré, sur lequel les contrats peuvent aller jusqu'à 15ans. Si ces
transactions spéculatives suivent les mouvements des prix sur le
marché physique, elles impacteraient forcément les prix des
contrats de long terme sur le marché papier, dont le volume
d'échanges s'élève à 9 fois plus que ceux du
premier marché. Compte tenu de ce volume intense des transactions,
l'analyse du FMI confirme l'existence d'un consensus sur le fait que la
spéculation représenterait 10 à 20% du prix actuel.
De ce fait, il en ressort que les opérations
spéculatives sur le marché papier renforcent la volatilité
et impactent les prix du pétrole, et ce d'autant que le niveau des
capacités de production excédentaires est faible et que le niveau
de la demande est accrue.
1-2 Effet de transmission des chocs
pétroliers
Un choc pétrolier fait référence aux
conséquences économiques d'un changement brutal des prix du
pétrole. De cet effet, toute variation brusque des prix du
pétrole provoque un choc pétrolier si elle oblige les agents
économiques à prendre des décisions immédiates et
critiques, qui s'infligent aux autres agents et les obligent, à leur
tour, à prendre d'autres décisions cruciales. À terme, le
choc pétrolier amène l'économie à un nouvel
état d'équilibre. En revanche, si le concept du choc
pétrolier semble évident, les voies de
26 2006, « Les répercussions de la hausse
des cours pétroliers sur les économies internationales et
nationales », direction des études et des prévisions
financières, ministère des finances et de la privatisation,
royaume du Maroc.
27 Joël Maurice, « Prix du pétrole
», La Documentation française. Paris, 2001.
propagation de ces chocs dans l'économie constituent
une question d'ambiguïté vu l'omniprésence du pétrole
dans tous les secteurs économiques et l'interdépendance des fils
conducteurs. Dans cette sous section, nous proposons donc d'explorer les
circuits par les quels se transmet cet effet.
Par la suite, nous apprécions l'affaiblissement des
effets de ces canaux de transmissions traditionnels par les incidences des
hausses récentes, toute en exploitant les raisons de cet impact
limité.
1-2-1 Mécanismes de transmission des chocs
pétroliers
Le choc pétrolier de 1973 à marqué un
important détourné dans l'histoire de la relation performance
macro-économique et prix du pétrole, du fait des retombées
macroéconomiques désastreuses de la hausse des prix
pétroliers. Les résultats des chercheurs qui se sont
penchés sur cette question été parfois corroborés
et parfois divergentes, cependant, ils soutiennent tous l'authenticité
d'une telle relation.
Commençant par l'étude déterminante sur
les chocs pétroliers de Hamilton (1983) qui a été fait sur
la relation entre prix du pétrole et l'économie américaine
à l'aide d'un système de vecteur autorégressif (VAR)
employant les données trimestrielles de croissance du Produit National
Brut, du taux de chômage, etc. Les résultats montrent qu'en
général toutes les récessions qu'à connues les
Etats-Unis, après la seconde guerre mondiale, ont été
précédée par des hausses des prix du pétrole.
D'autres travaux similaires dans d'autres pays ont consolidés cette
corrélation telle que celles de Burbidge et Harrison (1984), Bruno et
Sachs (1985)...
Plus récemment, les investigations sur la nature de la
relation entre l'activité économique et les variations des prix
du pétrole menées par Lardic et Mignon (2005) dans douze pays
européens et par Cunado et De Gracia (2001, 2004) dans des
échantillons de pays européens, puis asiatiques ont conclus sur
l'existence d'une relation non linéaire (asymétrique) et affermis
donc que les baisses des prix du pétrole ne sont pas, forcément,
synonymes d'expansion économique, cette relation asymétrique a
été corroborer par des études sur des données
américaines et britanniques menés par Balke, Brown et Yucel
(1998), Davis et Haltiwanger (2001).
En revanche, si la relation entre l'activité
économique et les variations des prix du pétrole semble
évidente, les voies de transmission des effets de hausses des prix
pétroliers aux grandeurs macro-économiques constituent une
question d'ambiguïté dans un cadre macroéconomique connexe,
ajouté à l'omniprésence du brut dans toutes les branches
économiques. Ainsi, et pour ne pas prendre des chemins
dérivés, nous nous s'inspirant du circuit le plus admis par les
principaux économistes qui se sont penchés sur la question. A cet
effet, nous nous sommes basés sur l'étude menée par
Taoufik Rajhi, Mohamed Ben
Abdallah et Wided Hmissi sur l'impact des chocs
pétroliers sur les économies africaines vue qu'elle avance un
circuit fondé sur les principales investigations qui portent sur ce
sujet. En effet, « Les publications sur le sujet permettent d'avoir une
vision relativement claire des voies que peuvent emprunter les chocs
pétroliers pour se propager dans l'économie. En effet, les cours
pétroliers peuvent avoir un impact sur l'activité
économique par diverses voies de transmission existantes.
»28 Dont-ils repèrent le circuit suivant :
1. Une augmentation des prix du pétrole se manifeste
à court terme par un renchérissement de la facture
énergétique, qui découle non seulement de la hausse des
prix du pétrole, mais aussi des prix des autres produits qui le suive,
notamment le prix du gaz. Cette hausse des coûts de consommation
intermédiaire se traduit par un renchérissement des coûts
de production global et donc par un ralentissement de la production et de la
productivité. On parle ainsi de l'effet d'offre basique qui a
été mentionné par Brown et Yücel en (1999) et par
Abel et Bernanke (2001).
2. La hausse des prix du pétrole entraine, en second
lieu, une redistribution des richesses en faveurs des pays exportateurs nets de
pétrole, par le biais de la balance commerciale, ce qui engendre une
ponction du pouvoir d'achat des entreprises et des ménages dans les pays
importateurs nets du pétrole. Parmi les économistes qui on
traiter cet effet, on peut citer Dohner (1981) qui a analyser la
dégradation de la balance commerciale des pays importateurs
vis-à-vis des pays exportateurs et Abeysinghe (2001) qui a traiter le
transfert de richesse au sein de la partenariat commerciale entre la Singapour
(importateur net de pétrole) au profit de la Malaisie et de
l'Indonésie (exportateurs nets de pétrole).
3. Troisièmement, la hausse des prix du pétrole
a un effet direct sur l'inflation des pays importateurs dans la mesure
où la hausse des coûts de production se traduit, selon le
degré de la concurrence sur les marchés, par une hausse des prix
de vente. Par ailleurs, cette hausse se transmet aux produits pétroliers
consommés par les ménages vue la forte corrélation entre
les prix du pétrole et les prix des produits énergétique
(une hausse de 10% des prix du pétrole se traduit en deux mois par une
hausse de 4,5% des prix du fioul et de 8% pour le super sans plomb). Si les
prix du pétrole se maintiennent à ces niveaux
élevés, les ménages peuvent revendiquer des hausses de
salaire pour compenser la baisse de leur pouvoir d'achat et basculent
l'évolution des prix vers la spirale prix-salaire, déjà
mentionnée dans le premier chapitre. Il en résulte ainsi une
accélération de l'inflation sousjacente ce qui inflige la banque
centrale à durcir sa politique monétaire en augmentant les taux
d'intérêt.
28 TAOUFIK RAJHI, MOHAMED BENABDALLAH, WIDED HMISSI, «
Impact des chocs pétroliers sur les économies africaines : une
enquête empirique », Février 2005.
4. La hausse de l'inflation, qui en résulte, impacte
les piliers de l'économie : d'une part, la consommation
intérieure ralentie du fait de la baisse du revenu disponible des
ménages et la hausse des coûts de production engendre, de l'autre
part, une contraction des profits. Les entreprises révisent leurs plans
d'investissements à la baisse et retardent les décisions de
l'embauche.
5. Finalement, et à moyen terme, l'érosion de
la rentabilité des secteurs les plus amont en énergie entraine
une réallocation de la demande, du capital investi et de la main
d'oeuvre entre secteurs en faveur ceux les moins intensif en énergie, ce
qui peut affecter à terme le taux de chômage, selon les travaux de
Loungani (1986).
A long terme, si le choc pétrolier perdure, le
potentiel de croissance de l'économie sera affecté à des
niveaux faibles. C'est ainsi que les chocs pétroliers sont
généralement analyser, pour les pays importateurs nets de
pétrole, comme des chocs stagflationnistes qui
poussent, simultanément, les prix à la hausse et les taux de
croissance à la baisse. A l'inverse, les pays exportateurs nets de
pétrole profitent de la hausse de leurs prix de vente, ce qui
améliore le rendement de leurs activités
pétrolières et induit des entrées supplémentaires
de devises étrangères, nommés pétrodollars. Il
s'ensuit une hausse de la demande et des importations en faveur des pays
importateurs nets de pétrole, cependant, cet effet n'emporte pas sur la
récession engendré par le renchérissement des produits
pétroliers. En revanche, si ces canaux de transmission semblent
très actifs durant la période des deux premiers chocs
pétroliers, ils jouent bien moins pendant la dite «
troisième chocs pétrolier ». Il convient donc d'analyser,
dans la sous section suivante, les caractéristiques du dernier choc
pétrolier tout en cherchant de comprendre les raisons qui expliquent cet
impact relativement limité.
1-2-2 Affaiblissement des effets des chocs
pétroliers
Les hausses récentes des prix pétroliers que
subit l'économie mondiale ces années se spécifies des deux
premiers chocs par la nature, l'ampleur et la persistance ainsi que par les
effets sur la croissance économique et l'inflation. Nous
présenterons dans ce qui suit ses principales caractéristiques,
toute en accordant l'importance sur l'affaiblissement des effets, relativement
aux deux chocs précédents, ainsi que sur les raisons
appropriés.
a- Hausses récentes des prix du pétrole
et affaiblissement des effets
Contrairement aux deux premiers chocs pétroliers, qui
résulteraient des ruptures d'offre en 1973 suite à la guerre de
kippour et fin 1979 suite à la révolution islamique et à
la guerre entre Iran et Irak, tous les économistes sont unanimes que les
hausses récentes des
prix pétroliers résultent de la persistance de la
demande mondiale que l'offre peine de la suivre, comme nous montre le graphique
suivant pour la période 2003-2007.
Courbe 2-2 : Evolution de la demande et de l'offre
mondiale du pétrole
Comme on a déjà mentionné, la vigueur de
la demande (+2.4% par an en moyenne depuis 2002) est la résultante d'une
croissance mondiale soutenue portée par la forte croissance
enregistrée par les pays émergents, notamment la Chine, ainsi que
le dynamisme de la croissance des Etats-Unis.
Si ces dernières hausses se distinguent en nature des
deux premiers chocs pétroliers, elles se spécifient de même
par l'ampleur ainsi que par la persistance. En effet, lors du premier et du
second choc pétrolier, les prix ont été multipliés,
respectivement, par plus de trois fois en six mois et par deux fois en douze
mois. Concernant es hausses récentes, l'économie mondiale a
connue un quintuplement des cours pétroliers qui s'étale sur la
période de septembre 2003 à juin 2008, dont la hausse
été fulgurante dés le premier semestre 2008 pour
débattu le record historique de 103.76 dollars en avril 1980 en
atteignant le pic des 145 dollars fin juillet 2008.
Concernant l'affaiblissement des effets des hausses des cours
pétroliers, la mise en perspective des incidences du pic historique
actuel avec celui des années 70 nous permette de bien constater
l'abaissement des conséquences sur la croissance du PIB et sur
l'inflation. Si les retombées des deux premiers chocs pétroliers
sur les taux de croissance du PIB, de l'emploi et de l'investissement
été pervers, il apparaît que la croissance de
l'économie mondiale a quasiment résistée depuis 2002 aux
augmentations des prix du brut et démentie les résultats des
principaux modèles de prévision.
En revanche, « Des modèles macroéconomiques
permettent de fixer des ordres de grandeur des effets des chocs
pétroliers. En moyenne, une hausse maintenue de 10 dollars du prix du
baril amputerait la croissance du PIB des pays industrialisés de 0,25
à 0,5 point la première année et d'autant la
deuxième année. Compte tenu de l'explosion des prix du
pétrole entre
2003 et aujourd'hui, la croissance du PIB des pays
industrialisés aurait dû être amputée de 2 points.
Or, rien de tel n'a été constaté. »29.
C'est ainsi que la croissance de l'économie mondiale à bien
résisté aux flambées des cours pétroliers en 2004
avec un taux de 5,2% et même s'il a fléchi en 2005, les
modérations demeurent en effet largement en deçà des
proportions estimées par les modèles. Après une
légère stabilisation autour de 4,3% en 2006 et de 3,9% en 2007,
le taux de croissance du PIB mondial enregistre un fléchissement intense
et table sur 3,1% en 2008 et 0,3% en 2009, selon les prévisions de la
banque mondiale. Si ce recul est concomitant aux hausses historiques des cours
pétroliers, la crise des subprimes que subi Etats-Unis semble avoir un
pouvoir explicatif non négligeable dans ce sujet, ce qui rend difficile
la visualisation de l'impact net des hausses pétroliers sur la
croissance mondiale de cette période.
Néanmoins, on peut tirer comme enseignement que la
relation entre les variations des prix du brut et la croissance
économique est affaiblie.
Côté inflation, le constat reste le même.
Les hausses des prix du pétrole n'a pas eu d'effet, si l'on compare avec
celle des deux premiers chocs où l'inflation a oscillait dans les pays
de l'OCDE aux alentours des 9% par an et a tablait sur des records historiques
pour les principaux pays industrialisés (tableau 1-1 page 26).
Le tableau suivant assimile les taux d'inflation durant la
période du troisième choc pétrolier :
Tableau 2-1 : Les taux d'inflation durant la
période des hausses récentes des
cours
pétroliers
Allemagne 1.0 1.8 1.7 1.7 2.1 2.6
Etats-Unis 2.3 2.7 3.1 2.8 4.1 3.8
France 2.2 2.3 1.9 1.8 1.5 2.8
Japon -0.2 0.0 -0.4 -0.1 0.1 1.4
Chine -0.8 1.2 4.1 1.8 1.5 4.7
Italie 2.8 2.3 2.1 2.0 1.8 3.3
2003 2004 2005 2006 2007 2008
2009*
0.4
0.6
0.6
0.8
1.0
1.1
* : prévisions de la banque mondiale.
Il en résulte ainsi que l'inflation à quasiment
rester stable toute au long de la période des hausses récentes
des cours pétroliers, même si elle a enregistrée une
légère augmentation en
29 Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006), Rapport
d'information n°105, SENAT, session ordinaire de 2005-2006.
2008, qui s'explique par sa coïncidence avec le pic des
145 dollars le baril, et qui reste incomparable avec les incidences des deux
premiers chocs et largement surestimé par les résultats des
modèles de prévision des effets des chocs pétroliers. En
ce qui concerne les baisses spectaculaires des taux pour l'année 2009,
l'explication la plus admise met en cause la baisse de la demande
provoquée par la crise immobilière des subprimes que le
fléchissement des prix du brut.
Si les canaux de transmission entre les variations des prix du
pétrole et la croissance économique et l'inflation jouent moins
que par le passé, l'investigation sur les raisons de cet affaiblissement
semble utile pour l'accomplissement de notre étude.
b- Les raisons de l'affaiblissement des effets des
chocs pétroliers
L'abaissement des effets des chocs pétroliers sur
l'activité économique trouve sont explication dans les mutations
qu'à connues la conjoncture économique du point de vue politique,
énergétique ainsi que l'élévation des degrés
de la libéralisation financière et la globalisation commerciale.
Ces raisons peuvent être regroupées comme suit :
> La baisse de l'intensité
pétrolière de la croissance :
L'intensité de la croissance en pétrole est un indicateur
fréquemment utilisé par les économistes, pour
évaluer le pourcentage de la consommation du pétrole
affecté à la production supplémentaire d'une unité
de PIB dans un pays. Le degré d'utilisation du pétrole a
considérablement diminué relativement aux années 70,
néanmoins, cet indicateur diffère selon les pays ; le Japon,
l'Europe Occidentale, l'Amérique Latine et l'Asie du Sud on
réussit à réaliser une intensité de 25% plus faible
par rapport à la moyenne mondiale de l'intensité
énergétique. Cependant, l'Amérique du Nord et
l'Océanie se trouvent à des niveaux supérieurs de 40%. Le
graphique suivant illustre bien la baisse de l'intensité
pétrolière de la croissance pour la période 1965-2003.
Courbe 2-3 : L'intensité pétrolière
de la croissance : consommation de pétrole en milliers de barils/jour
par unité de PIB (dollars 1999)
Source : Direction de la Prévision et de l'Analyse
économique.
Globalement, la moyenne mondiale de cet indicateur enregistre
une baisse annuelle de 1.5% depuis 1990, une baisse qui se trouve, notamment,
consolidée par la politique énergétique chinoise
(première consommateur du pétrole) qui a réalisé
des diminutions de quatre foies plus vite que le reste du monde pour se situer,
actuellement, au niveau de la moyenne mondiale. Finalement, on note que
l'effort des pays de l'OCDE au sujet de l'économie d'énergie et
l'efficience énergétique des appareils productifs a permet de
réduire de moitié l'utilisation du pétrole pour
réaliser une baisse d'environ 20% de la consommation
énergétique par unité de PIB depuis 1980.
~ L'état de la conjoncture
économique : la position de l'économie dans
le
cycle de croissance influence certainement l'effet des
variations des prix du pétrole sur l'inflation. En effet, si les prix du
brut augmentent en phase d'expansion économique, les salariés se
trouvent en position de force, compte tenu d'un chômage faible, pour
réclamer la revalorisation salariale adéquate. De même, les
entreprises se trouvent en position de force, compte tenu d'une demande
soutenue, pour répercuter la hausse des entrants sur leurs prix de
vente. Cela conduit au déclanchement de la spirale prix-salaire,
déjà mentionnée, et donc à la hausse de
l'inflation. Néanmoins, actuellement, la relation entre hausse des prix
du brut et l'inflation se trouve distendue et la possibilité de
déclanchement du mécanisme de la spirale prix-salaire s'est
restreindre vu le niveau élevé du chômage au sein de
nombreux pays de l'OCDE (héritage des années 70) et l'absence de
tensions sur le marché du travail.
~ Le recyclage des revenus des pays de
l'OPEP : Les pétrodollars des pays de
l'OPEP représentent aujourd'hui un cumul de plus de 2000
milliards de dollars depuis
1999. Ces gigantesques recettes permettent de stimuler les
taux de croissance de leurs PIB, qui se situ aux alentours des 5%, ainsi que la
progression de leurs balance courante (+20,3 % en 2005 et 17,5 % en 2006). Ces
excédents des revenus de l'OPEP se trouvent pour 65% sur les
marchés des biens et services sous forme d'importations en provenance de
l'Union Européen, premier partenaire de l'OPEP, à raison de 30%
devant les Etats-Unis, le Japon, la Chine et les autres pays en
développement. Grace à cette demande, les pays de l'OPEP
permettent d'amortir l'effet des chocs pétroliers subi par les pays
importateurs net de pétrole. C'est ainsi que le troisième choc
pétrolier s'interprète généralement comme un simple
transfert des revenus des pays exportateurs net aux pays importateurs nets de
pétrole, dans un contexte d'une économie mondiale globalement
financiarisée dans laquelle le recyclage des pétrodollars
s'effectuerait bien mieux que dans le passé.
Finalement, si l'amoindrissement des effets des chocs
pétroliers sur l'inflation s'explique par les mutations qu'à
connues l'économie mondiale sur les plans économiques et
énergétique, on note que la réaction de l'inflation
à ces chocs dépond des spécificités nationales au
niveau de la politique de fixation des prix de l'énergie ainsi qu'au
niveau de la politique monétaire appliquée, qui joue un
rôle crucial dans la transmission de la hausse du prix du pétrole
à l'inflation sous-jacente.
Section 2 : Efficacité des politiques
anti-inflationnistes aux chocs pétroliers
L'inflation et le chômage sont perçus comme les
deux grandes maladies de l'économie, dans la mesure que la lute contre
l'une se fait au détriment de l'autre, ce qui met les autorités
monétaires dans une situation délicate vu au paradoxe qui s'y
inflige. Cependant, l'enseignement tiré des incidences pervers des deux
premiers chocs pétroliers sur les plans économiques et sociales,
met l'objectif de stabilité des prix au devant de la scène parmi
les préoccupations des banques centrales. La commodité de cette
politique, ainsi que les bienfaits qui peuvent être diffusés sur
les plans économiques et sociales, font l'objet de la première
sous-section. Dans la seconde, nous examinerons le cadre de l'émergence
de la politique de ciblage crédible d'inflation comme la politique la
plus efficace face à la transmission des effets des chocs
pétroliers, tout en utilisant les hausses récentes des cours
pétroliers pour l'évaluation de sa performance.
2-1 Commodité de la politique de stabilité
des prix
Dans l'objectif d'apprécier l'importance de la
stabilité des prix, dans le cadre d'une économie mondiale
caractérisée par des volatilités intenses et
imprévisibles des cours pétroliers et par une instabilité
financière fulgurante, nous préservant cette sous section
à la
découverte des enseignements retenus par les politiques
monétaires, et mis en oeuvre par les pays industrialisées, l'or
des deux premiers chocs pétroliers. Dans un second temps, nous
avançant, du point de vue théorique, les bienfaits d'un tel
objectif.
2-1-1 Réaction des politiques monétaires
aux deux premiers chocs Pétroliers
L'étude de la réaction des principaux pays
industrialisés aux hausses des prix du pétrole l'or des deux
premiers chocs pétroliers peut être présenté comme
suit :
Commençant par le premier choc, la brutalité et
l'ampleur des augmentations des prix du pétrole ont des incidences
perverses, néanmoins, le degré des effets diffère d'un
pays à un autre ; Aux Etats-Unis, les réformes de 1971 concernant
la libéralisation des prix et la suppression du contrôle des
rémunérations ont été suivis par le quadruplement
des prix du pétrole, début 73. Les retombées de ce choc
ont été perverses sur l'inflation, qui table sur 11,7% en 1974
contre 4% en 1973. Confrontée à la hausse des prix et du
chômage, la Réserve Fédérale opte pour le
resserrement de sa politique monétaire, la baisse de l'inflation
été fulgurante et tend vers 5,8% en 1975, même si elle
reste bien supérieure aux taux enregistrés l'or des deux
décennies précédentes.
En Europe, la réaction de l'inflation au choc diverge
par pays, ce qui montre l'importance des effets des politiques mis en oeuvre.
L'inflation a été bien maitrisée en Allemagne et en Suisse
qui ont opérés, respectivement, des politiques monétaires
restrictives fin 1972 et début 1973, les taux d'inflation ont
été abaissés aux alentour des 4% et des 3% en 1976.
Néanmoins, ce choc pétrolier à
été suivi par de fortes pressions inflationnistes pour le reste
des pays européens, qui se sont tournés vers l'objectif de
stimulation de la production et de l'emploi au moyen de politiques
monétaires accommodantes. Les retombées des hausses des prix du
pétrole sur l'inflation ont été dramatiques ; en France
l'inflation grimpa à 15% en 1974 contre 7,3% en 1973. La situation du
Royaume Unis et de l'Italie été plus grave sous l'effet de
l'indexation des salaires, le taux de croissance de l'indice des prix à
la consommation atteignit les 15% en 1974 et 24% en 1975 contre environ 9% en
1973.
Finalement, les réactions de l'inflation à ces
chocs pétroliers constituent un cas particulier pour le Japon, suite au
premier choc pétrolier les hausses prix atteignirent un niveau critique
depuis la guerre et tablent sur 25,3% en 1974 contre 11,7% en 1973, ce qui
reflète la dépendance de l'économie japonaise
vis-à-vis du pétrole importé.
Les divergences des réactions politiques au premier
choc pétrolier pèsent sur les effets inflationnistes du second
choc des années 1979-80, dans la mesure où les pays qui ont
accordés la priorité pour la maitrise de l'inflation semblent
être en position de force, en héritant des taux d'inflation
faibles, relativement à ceux qui ont axés leurs politiques
monétaires vers la stimulation de leurs taux de croissance.
Les incidences du second choc pétrolier aux Etats-Unis
été sévères, le retard pris dans la lutte contre
l'inflation a coûté l'économie américaine un taux
record de 13,5% fin 1980. Le resserrement des conditions monétaires, au
cour des deux années qui suivent, a baissé l'inflation au dessous
de 4% début 1983, néanmoins, ces baisses ont été
coïncidées par une régression de 3,25% du PIB et un taux
culminé de 11% du chômage. Pour les autres pays européens,
à l'exception de l'Allemagne et la Suisse, le constat reste le
même : un coût de récession semble nécessaire pour la
maitrise de l'inflation.
A partir de ce constat, on peut tirer que toute hausse des
prix du brut n'est pas, obligatoirement, synonyme de pressions inflationnistes.
L'idée sous-jacente est que la nature de la politique monétaire
mis en oeuvre joue un rôle crucial dans la réaction de l'inflation
à ces chocs. Cette conclusion peut être approfondie par les
résultats des Série des études économiques et
financières du Fond Monétaire International : « Les vagues
d'inflation de 1973-74 et 1979-80 étaient toutes deux liées
à de fortes augmentations des prix des produits de base, en particuliers
de celui du pétrole. Mais l'enseignement le plus signifiant de ces
épisodes n'était pas le fait que des chocs au niveau de l'offre
de produits de base et d'autres produits peuvent donner une forte impulsion
à l'inflation. Le point important est que la réaction de
l'inflation à ces chocs dépend des politiques appliquées
ainsi que du comportement des rémunérations. »30
Confrontées à des taux d'inflation
inacceptables, les pays industrialisés se trouvent obligés de
s'inscrire, aux années 80, dans le cadre d'une réorientation des
politiques économiques vers une stratégie d'objectifs à
moyen terme. Les piliers de cette stratégie sont principalement le
ciblage de l'inflation pour garantir une stabilité raisonnable des prix
et l'introduction de nouvelles réformes pour l'injection du concept de
flexibilité des salaires sur les marchés de travail. C'est ainsi
que l'objectif de stabilité des prix est devenu vital pour la
résistance économique aux chocs pétroliers.
Néanmoins, l'importance de la stabilité des prix réside
dans plusieurs autres facteurs d'aspect économiques et sociaux.
2-1-2 L'importance de la stabilité des
prix
Déjà illustrer dans la courbe n°1 du
premier chapitre, la stabilité des prix est la période qui
s'épare la désinflation de la déflation dans le cycle des
variations des prix. C'est ainsi qu'on peut définir la stabilité
des prix comme la situation au cours de la quelle les prix n'enregistrent, en
moyenne, ni hausse (inflation) ni baisse (déflation) sensible dans le
temps. C'est-à-dire que « les variations attendues du niveau moyen
des prix sont
30 1996, « Haut et bas de l'inflation : analyse
du bilan de l'après-guerre », Série des études
économiques et financières, Perspectives de l'économie
mondiale, Fond Monétaire International.
suffisamment faibles et graduelles pour ne pas influer
sensiblement sur les décisions financières des entreprises et des
ménages » (Greenspan, 1989). La mise en oeuvre d'une telle
politique fait référence aux bienfaits de ses incidences sur le
plan des consommateurs, des producteurs et de la cohésion sociale.
L'ensemble de ces avantages peuvent être résumés dans les
points qui suivent :
a) Le maintient du pouvoir d'achat des ménages
: La stabilité des prix est un facteur essentiel du maintient
du pouvoir d'achat des ménages ; les inconvénients et les
coûts liés à l'inflation sont effectivement
considérables surtout du point de vue de l'amputation
régulière du pouvoir d'achat des ménages. La
stabilité des prix prévient l'apparition des ces coûts et
offre l'avantage de préserver la valeur des pouvoirs d'achats et le
maintient de la valeur réelle des épargnes des ménages, ce
qui contribue à l'élévation des niveaux de vie et de la
prospérité économique.
b) Favorable à la croissance économique
et à l'emploi : En période d'inflation ou de
déflation, les prix des biens et des services sont soumises à de
fortes variations continues et imprévisibles ce qui rend difficile de
savoir si un changement de prix rend un produit plus cher ou moins cher qu'un
autre, c'est-à-dire que la tâche d'identifier les variations des
prix relatifs deviennent délicate étant donné qu'elles
sont masqué par les fluctuations du niveau général des
prix.
En revanche, lorsque le niveau général des prix
est stable, les consommateurs et les producteurs disposent l'information fiable
sur la significativité des variations des prix, et ne risque plus de
confondre les variations des prix relatifs avec celles du niveau
général des prix. Dans ce cas, ils donnent l'affectation la plus
productive à leurs ressources dans un contexte optimal pour la prise des
décisions de consommation et d'investissement, ce qui accroit le
potentiel productif de l'économie. A cet effet, on peut ajouter l'effet
de compétitivité à l'exportation dans la mesure où
les prix des biens exporté augmentent dans une cadence inférieure
aux pays inflationniste, ce qui favorise les exportations et contribue à
des gains de part de marché par rapport aux concurrents.
En outre, lorsque les prix sont stables, les créanciers
acceptent des taux d'intérêt faibles sur leurs placements vu
qu'ils s'attendent à ce que leur épargne conserve sa valeur sur
le long terme, c'est ainsi qu'ils n'exigent pas des primes de risque
destinées à compenser les pertes en termes d'inflation. En
réduisant ces primes de risque, la faiblesse des taux
d'intérêt contribue à stimuler les crédits
d'investissement et de consommation, ce qui accroit la production et favorise
la création d'emploi. C'est ainsi que la stabilité des prix est
importante pour la croissance économique et l'emploi.
c) Prévient le phénomène de la
progression à froid et contribue à la stabilité
financière : Le phénomène de la progression
à froid peut être illustré par le cas d'un
salarié soumit à des taux d'imposition fiscal et de cotisation
sociale supérieurs aux revendications salariales censées
compenser la perte du pouvoir d'achat, ponctionner par l'inflation. C'est ainsi
que les systèmes fiscaux et de sécurité sociales sont
jugés, dans la plus part des cas, êtres responsables de
créer des distorsions exacerber par l'inflation et la déflation,
dans la mesure où ils n'indexent pas exactement les taux d'imposition et
de cotisation sociale sur les taux d'inflation. Dans ce cadre, on peut conclure
que « La stabilité des prix réduit ces effets de distorsion
liés à l'incidence des tensions inflationnistes ou
déflationnistes sur les systèmes fiscaux et de
sécurité sociales »31.
Outre, la stabilité des prix renforce la
solidité financière des banques dans la mesure où
l'émergence inattendue des pressions inflationnistes entraine la
réévaluation des actifs, ce qui engendre un
déséquilibre entre les dépôts à court terme
et les prêts octroyer à des intérêts fixes sur le
long terme. Les banques se trouvent confrontées à des
problèmes d'insolvabilité qui risque de s'étendent en
chaine via l'effet de mimétisme. C'est ainsi que la stabilité des
prix renforce la stabilité financière en prévenant des
chocs inflationnistes et déflationnistes, susceptibles d'effondre la
valeur réelle des actifs nominaux.
d) Les aspects sociaux de la stabilité des
prix : La stabilité des prix est l'une des piliers de la
stabilité sociale. Par le passé, on peut constater que
l'inflation était une source d'instabilité sociale, telle que le
cas de l'hyperinflation allemande de 1923 et la déstabilisation des
classes moyennes et des salariés, considérées comme les
classes les plus vulnérables aux hausses des prix dans la mesure
où ils peuvent difficilement protéger leurs créances
nominales de l'inflation. Il s'ensuit un transfert arbitraire de richesse des
préteurs vers les emprunteurs engendrant une instabilité sociale
et politique. C'est ainsi que la stabilité des prix contribue à
préserver la cohésion sociale et politique, un facteur
jugé nécessaire pour le développement de toute
économie.
Tous ces arguments nous amène à confirmer que le
maintient de la stabilité des prix par les banques centrales, contribue
significativement à la réalisation des objectifs
économiques plus généraux, tel que
l'élévation du sentier de l'économie et l'augmentation du
niveau de vie. Cette conclusion se trouve authentifiée par la
réalité économique des pays qui maintiennent des taux
d'inflation faibles et réguliers et qui connaissent, en moyenne, une
croissance plus forte à long terme. En outre, dans le choix de la
politique monétaire qui vise à stabiliser les prix, s'impose la
politique de ciblage d'un objectif d'inflation.
31 2007, « Pourquoi la stabilité des prix
est elle importante pour vous ? », Manuel à l'intension des
enseignants, Banque Centrale Européenne.
L'émergence de cette politique et la connaissance de ses
caractéristiques fait l'objet de la sous section suivante.
2-2 La politique de ciblage d'inflation
Dans la mesure de l'importance du rôle joué par
les politiques monétaires face à la transmission des effets des
chocs pétroliers, la plupart des pays ont orienté leurs
politiques monétaires vers l'objectif ultime de stabilité des
prix. Néanmoins, l'échec enregistré par les tentatives de
stabilisation des prix usées au cours des deux premiers chocs
pétroliers a basculé ces économies vers la politique de
ciblage crédible d'inflation. L'émergence de cette politique et
la définition de ces principales caractéristiques fait l'objet de
la première partie de cette sous section. En outre, les hausses
récentes des cours pétroliers enregistrées à la fin
cette décennie, avancent le cadre d'un test réel de la
résistance des composantes de l'inflation sous le contexte de la mise en
oeuvre de cette politique. L'évaluation de la performance de cette
politique face aux hausses des prix pétroliers, ainsi que la
connaissance des engins d'amortir les canaux de transmission, fait l'objet de
la seconde partie.
2-2-1 Exposition de la politique de ciblage
d'inflation
Dans la définition de la politique de ciblage
d'inflation, le recours aux causes de l'échec des stratégies de
maitrise d'inflation, au cours des années 70 et 80, semble fructueux
pour la connaissance du cadre de l'émergence de la politique d'objectif
d'inflation, ainsi qu'aux avantages tirés d'une telle politique.
Deuxièmement, nous avançons les attributs de cette politique en
ce qui concerne le statut juridique et institutionnel de cette stratégie
ainsi qu'au taux objectif optimal à signaler.
a- Emergence de la politique de ciblage
d'inflation
Obliger par les législations nationales à
garantir l'objectif primitif du maintient de la stabilité des prix, les
banques centrales, en général, sont souvent soumises sous
pressions d'une tâche ardue. Selon la discipline de la politique
monétaire, la typologie de réalisation d'un tel objectif fourni
trois procédures ;
La première procédure remonte à la
période 1945-1970 où la stabilité des prix était
fondée sur le système de taux de change
fixe établi à Bretton Woods, l'objectif de ce
système monétaire international était de faire de la
maîtrise de l'inflation aux Etats-Unis le point d'ancrage de la
stabilité des prix dans les autres pays membres du FMI. C'est ainsi que
les monnaies de ces pays se trouvent ancrées par des taux de changes
fixes au dollar
American, à condition que ce pays assure la
convertibilité de sa monnaie en or. On parle ainsi de l'étalon
or-dollar, défini comme le point d'ancrage nominal du système de
Bretton Woods.
Après l'effondrement de ce système au
début des années 70, un nombre important de pays, surtout les
pays en développement, ont continués à maintenir
l'adoption des taux de change fixes, ou presque fixes, en rattachant leurs
monnaies à la monnaie d'un pays à faible taux d'inflation, et
donc considéré comme une monnaie stable. La fonction de la banque
centrale dans le cadre de ce cas particulier de fixité de taux de
change, nommée Currency Board, consiste essentiellement à
conserver une unité de la monnaie d'ancrage (monnaie
étrangère) pour chaque unité de monnaie nationale en
circulation. On dit ainsi que la banque centrale adosse totalement sa monnaie
sur une autre monnaie. Si certaines économies s'en sont servies à
maitriser l'inflation en périodes de fortes hausses, à l'image de
l'Argentine depuis 1991 et le Brésil en 1994-1998, cette politique est
sujette de plusieurs contraintes. L'inconvénient majeur de cette
stratégie est quelle restreint la capacité des banques centrales
à réagir aux chocs intérieurs et extérieurs, vu
qu'elle limite considérablement le champ de la politique
monétaire qui ne s'intéresse qu'aux taux de change. A ce
là s'ajoute le fait de la conjonction des progrès
d'intégration des marchés des produits et des capitaux à
la volatilité accrue des flux de capitaux au cours de ces
dernières décennies, ce qui favorise la transmission des chocs et
astreint le maintien des politiques de taux de change fixes parce qu'elle
doivent résister aux pressions qui y s'imposes. Ces inconvénients
peuvent être résumés comme suit ; « Le principal
inconvénient de cette stratégie est qu'elle limite la
capacité de riposte de la banque centrale face aux chocs. En outre, il
est devenu plus difficile de satisfaire aux conditions nécessaires pour
maintenir un taux fixe en raison de la croissance et de l'instabilité
des flux de capitaux internationaux au cours des vingt dernières
années, comme en témoignent les crises monétaires des
années 90. »32.
En outre, après l'époque de Bretton Woods, la
plus part des pays industrialisés ont données la
préférence aux régimes des taux de change
flottants, dans l'avantage de donner à la politique
monétaire la latitude de choisir divers degrés d'adaptation en
réaction aux chocs extérieurs et intérieurs. Cependant,
l'avantage que transmettent les taux de changes flexible dans la liberté
et l'indépendance des politiques monétaires se trouve
associé à de fortes pressions inflationnistes comme l'on peut
voir au cours des années 70. De plus « On peut en voir une preuve
supplémentaire dans le fait que l'inflation moyenne des pays
32 « Pourquoi cibler l'inflation », l'ABC de
l'ECONOMIE, Finance et Développement, juin 2003.
industrialisés, et les écarts nationaux par rapport
à cette même moyenne, ont tendance à être plus
tenaces dans le monde d'après Bretton Woods. »33
Ayant perdu le point d'ancrage des taux de change fixes et
confrontée à des taux d'inflation élevés
après l'adoption des taux de changes flottant, le problème se
résume dans le besoin d'un nouveau point d'ancrage intérieur pour
assurer la stabilité des prix. Au milieu des années 70, de
nombreux pays industrialisés ont adopté l'objectif de
ciblage des agrégats monétaires pour la
conduite de leurs politiques monétaires. Selon cette optique
monétariste, pour que l'inflation soit stable, la masse monétaire
devrait croitre au même rythme que le produit national. Cependant, bien
que cette stratégie a permit pour un nombre important de pays la
maitrise de l'inflation, par rapport aux taux records de l'après guerre,
cette optique s'est révélée de moins en moins
satisfaisante, au début des années 80, pour le cas des pays ayant
des marchés financiers et boursiers assai développés.
À mesure de l'expansion des innovations dans l'industrie des services
financière, qui ont servis à l'injection des substituts de
monnaie, la demande de monnaie est devenue de plus en plus instable. En
conséquence, la corrélation entre la masse monétaire et
l'inflation se trouve fragilisée, surtout dans le court terme, ce qui
complique la tâche des autorités monétaire à
stabiliser les prix sous cette stratégie.
Au début des années 90, la plupart des pays,
surtout celles de l'Organisation de Coopération et de
Développement Economiques (OCDE), ont cessées à stabiliser
les prix via le ciblage des agrégats monétaires, et ont
opté jusqu'à nos jours pour une politique monétaire
reposant explicitement sur le ciblage crédible d'un objectif
d'inflation. La tendance à adopter des objectifs
d'inflation officiels par un nombre croissant de pays, et les résultats
significatifs qui sont réalisés dans le maintient de la
stabilité des prix, s'appuies sur plusieurs raisons.
Premièrement, la stabilité des prix doit
être l'objectif primitif de la politique monétaire. Une conclusion
qui découle des études de la théorie quantitative de la
monnaie qui montre qu'il n'existe pas d'arbitrage à long terme entre la
stabilité des prix et l'activité économique, c'est ainsi
que la monnaie est neutralisée à long terme vue qu'elle n'a pas
d'impact sur la croissance réelle de l'activité
économique, qui dépond d'autres facteurs tel que la
productivité et le stock de capital, et elle n'a d'influence que sur les
variables nominales, tel que le niveau des prix.
Deuxièmement, et selon la courbe de Phillips, toute
tentative d'abaisser le taux de chômage tend à amorcer les
pressions inflationnistes. L'attachement crédible à un objectif
d'inflation pourra réduire l'ampleur de ce biais inflationniste.
33 George S. Alogoskoufis, «Monetary Accommodation, Exchange
Rate Regimes and Inflation Persistence», Economic Journal, volume 102 (mai
1992), pages 461-80
Le troisième avantage se résume dans les gains de
crédibilité que procurent la transparence et
l'indépendance accrue de la banque centrale.
Outre ces conclusions théoriques, l'échec de
l'ancrage des taux de change et du ciblage des agrégats
monétaires ont joué un rôle important dans l'adoption des
politiques de ciblage d'un objectif d'inflation. Une fois adoptée, les
autorités monétaires doivent fixer les attributs
généraux d'un tel objectif.
b- Les attributs de la politique de ciblage
d'inflation
Sous les recommandations de plusieurs économistes (F.
Mishkin, Ben Bernanke et autres), un nombre croissant de pays ont
adoptés des objectifs officiels d'inflation qu'on peut les advenir, par
ordre chronologique, dans le tableau suivant :
Tableau 2-2 : Ciblage d'inflation dans divers
pays
Pays
|
Année de l'adaptation du ciblage
de l'inflation
|
Taux d'inflation Année de l'adaptation
du ciblage de l'inflation (%)
|
Taux d'inflation établi comme objectif
en 2001 (%)
|
Taux d'inflation en 2001 (%)
|
Nouvelle-Zélande
|
1989
|
7.5
|
0 à 3
|
2.6
|
Canada
|
1991
|
7.5
|
1 à 3
|
2.5
|
Royaume-Unis
|
1992
|
3.7
|
2.5
|
1.8
|
Suède
|
1993
|
4.6
|
1 à 3
|
2.4
|
Pologne
|
1999
|
7.3
|
5.4 à 6.8
|
5.5
|
Colombie
|
2000
|
8.0
|
8.0 pour 2001
|
8.0 en 2001
|
|
|
|
6.0 pour 2002
|
6.3 en 2002
|
Corée
|
2000
|
4.1
|
2.5
|
4.1
|
Islande
|
2001
|
6.4
|
2.5 (+/- 1.5)
|
6.4
|
Mexique
|
2001
|
6.4
|
6.5 pour 2001
|
6.4 en 2001
|
|
|
|
4.5 pour 2002
|
5.0 en 2002
|
* d'après les calculs du FMI, International Financial
Statistics.
Une fois adopté un objectif formel d'inflation,
affermir son statut juridique et institutionnel semble être la
première tâche à accomplir. Ce statut varie beaucoup d'un
pays à un autre, si en Nouvelle Zélande et au Canada cet objectif
est fixé par accord entre le
Ministre des finances et le Gouverneur de la banque centrale,
cet objectif est fixé au Royaume-Unis par le Chancelier de
l'échiquier (le responsable devant le parlement), alors que dans la
plupart des pays, l'organe législatif de cet objectif est sous le
contrôle des banques centrales dans le but de jouir ces autorités
des caractères de responsabilité, d'indépendance et
surtout de crédibilité.
Une fois statué, la transmission du message de
crédibilité des autorités monétaires au public
s'opère normalement par la diffusion d'un taux ou d'une fourchette de
taux d'inflation (habituellement par le ministère des finances). Bien
qu'un taux unique et faible semble plus efficace pour focaliser les
anticipations d'inflation sur une cible bien précise, la plupart des
objectifs d'inflation sont exprimés sous forme de fourchette de taux,
compte tenu des biais de maitrise de l'inflation par les banques centrales.
En outre, et compte tenu des méfaits de l'inflation et de
la déflation, l'absence d'un taux objectif nul nous amène
à s'interroger sur le prétexte d'un taux objectif optimal
positif. L'absence d'un objectif de stabilité absolue des prix revient
à dire que le maintient d'un taux d'inflation positif, mais faible, est
favorable pour l'économie. En effet, une lutte trop ferme contre
l'inflation nuit à la croissance économique, dans la mesure
où le maintient d'une inflation faible et positive allège la
dette des emprunteurs. Bien qu'elle soit désavantageuse pour les
préteurs, l'inflation s'interprète comme une tentation pour les
débiteurs, ceux qui prennent l'initiative économique en tant
qu'entreprises et consommateurs, vu qu'ils remboursent moins. C'est ainsi que
dans l'histoire du capitalisme, l'inflation à joué un rôle
crucial dans la stimulation des projets, qui auraient été
impossibles sans inflation.
D'autre part, le ciblage d'un taux d'inflation faible et
positif rend la politique monétaire plus efficace en période de
récession, vu qu'il permet au taux d'intérêt de devenir
négatif à court terme, une solution efficace pour la relance de
la demande et donc de l'activité économique. Cependant, dans le
cas d'un taux d'inflation nul, les autorités monétaires ne
pourraient qu'annuler les taux d'intérêt à court terme. Une
solution qui ne pourrait pas être suffisante pour la relance de la
demande globale.
Concernant la perte des pouvoirs d'achats, ils sont
relativement faibles pour des taux d'inflation faibles (au alentour des 2%
à 3%), le changement effectif s'opère généralement
pour des taux relativement haut (de 5% à 10%). Finalement, on peut citer
l'avantage de la rehausse des ajustements salariaux entre branches
industrielles dans la mesure qu'un taux d'inflation positif et faible facilite
bien l'ajustement des salaires réels relatifs.
À la lumière de ces externalités
positives, de point de vue économique et social, que
procurent le
ciblage d'un objectif crédible d'inflation, il n'est pas surprenant
qu'un nombre
important de pays optent pour cette politique anti
inflationniste. Cependant, l'évaluation
des performances d'une telle stratégie sur les effets des
chocs pétroliers peut être fructueuse pour l'accomplissement de
notre étude sur la relation inflation prix du pétrole.
2-2-1 Evaluation des performances de la politique de
ciblage d'inflation sur les effets des chocs pétroliers
L'évaluation des performances de la politique de
ciblage crédible d'un objectif d'inflation sur les effets des chocs
pétroliers, consiste à examiner la transmission des effets des
hausses des cours pétroliers à l'inflation globale dans les
principaux pays industrialisées. A cet effet, la comparaison entre les
incidences des deux premiers chocs pétroliers sur l'inflation, dans un
cadre de ciblage des taux de changes et des agrégats monétaires,
et des retombées des hausses récentes des cours pétroliers
sur l'inflation, dans le cadre de la politique de ciblage crédible
d'inflation peut être commode pour notre étude.
En outre, dans un bref rappel de la transmission des effets
des chocs pétroliers sur l'inflation (déjà évoquer
dans le premier chapitre), les canaux se résument,
généralement, dans l'effet mécanique, dit de premier tour,
et l'effet de boucle prix salaire, dit de second tour. Selon le premier canal,
la hausse des prix du pétrole entraine directement la hausse des prix
des produits énergétiques, surtout ceux qui sont très
intense en pétrole, et l'élévation indirecte des prix
d'autres produits via le renchérissement des coûts des
consommations intermédiaires en énergie. On note que cet effet
touche les composantes les plus volatiles de l'inflation, à savoir les
prix des produits énergétiques et alimentaires.
L'effet de second tour est celui du déclanchement de la
boucle prix-salaire, résultant essentiellement des comportements
conflictuels et rationnels des salariés et des employeurs, dans le
devoir du maintient du pouvoir d'achat et des marges de profits inerte de toute
dévalorisation invoquée par l'inflation. C'est ainsi que face
à une hausse des prix et sous l'effet de l'indexation des salaires sur
les prix, les salariés exigent une revalorisation de leurs salaires pour
défendre leur pouvoir d'achat. L'augmentation des coûts du
travail, qui en résulte, oblige les employeurs à augmenter leurs
prix de ventes pour préserver leurs marges de profits, ce qui
génère un surcroit de l'inflation. Et à nouveau, les
anticipations d'inflation et la spirale prix-salaire s'enclenche. On dit que
l'inflation s'inscrit dans un phénomène auto-entretenu, dans le
quel l'indexation des salaires sur les prix joue un rôle crucial.
Finalement, cet effet s'interprète comme le plus pervers parce qu'il
touche l'essence de l'inflation, à savoir l'inflation sous-jacente.
A ce niveau, et dans la mesure où la réaction de
l'inflation aux chocs pétroliers dépond des politiques
monétaires appliquées et du poids de l'indexation des salaires
sur les prix, on peut dire que la politique monétaire joue un rôle
essentiel dans la transmission de la hausse des prix du pétrole aux
composantes de l'inflation. Cette conclusion peut être
appréciée par
l'affaiblissement des effets des augmentations récentes
des cours pétroliers sur l'inflation relativement aux effets pervers des
deux premiers chocs pétroliers (voir tableau 1-2 page 28). Cependant, la
concomitance de cet affaiblissement des effets à la mise en oeuvre des
politiques monétaires de ciblage crédible d'inflation ne peut pas
être un jeu de hasard. Plusieurs modèles macroéconomiques
affermis la performance de cette politique à handicaper la transmission
des effets de ces chocs. Parmi ces études, nous nous présentons
les résultats de la modélisation de Benoit Heitz (2004) qui
cherche à détecter les cas de déclenchement des spirales
prix-salaires dans le cadre de deux régimes : « Dans le premier
régime, les agents économiques considèrent que, même
si cela doit prendre du temps - après une flambée des prix par
exemple -, l'inflation retournera vers un certain niveau. C'est le cas
notamment si la banque centrale a un objectif d'inflation et qu'elle est
crédible : les agents s'attendent alors à ce que l'on revienne
vers cet objectif. Dans le second régime, ils anticipent d'autant plus
d'inflation qu'ils en ont observée par le passé (mécanisme
d'anticipations adaptatives). Ce genre de situation est propice à un
emballement de l'inflation, via la boucle prix-salaire. »34.
Les résultats conclus qu'aux Etats-Unis, qui a une
cible crédible d'inflation dans plus de 80% du temps entre 1960 et 2004,
la probabilité d'être dans une spirale inflationniste est
très limité et les anticipations de l'inflation par les
ménages convergent vers la cible de 2.75%. Ces résultats se
trouvent consolider par l'enquête auprès des ménages
américains de l'université du Michigan. Pour la France, dont la
politique de désinflation des années 80 a rendu crédible
l'objectif de faible inflation, le constat reste le même et les
résultats confirment que la probabilité d'être dans une
spirale inflationniste est extrêmement faible ce qui est en ligne avec le
diagnostic de l'enquête de conjoncture auprès des ménages
français.
Néanmoins, si l'effet de premier tour des hausses des
prix du pétrole sur l'inflation semble, en général, un
effet mécanique sur lequel les autorités monétaires n'ont
plus d'influence, et dans lequel les politiques d'efficacité
énergétique jouent un rôle crucial. En quoi consistent les
spécificités qui permettent aux politiques de ciblage
crédible d'inflation l'amortissement des effets de second tour ?
Les conclusions des travaux qui se sont penchés sur
cette question convergent sur l'analyse d'une rupture dans l'indexation des
salaires sur les prix, qu'on peut l'interpréter comme le moteur de
démarrage de la spirale prix-salaire. Cette rupture, qui se date au
début des années 80, a restreint considérablement le
pouvoir de négociation des syndicats salariaux, et donc elle a
réduit l'augmentation des coûts unitaires de main-d'oeuvre
relativement aux années 70. De ce fait, et comme le montre le graphique
2-4, l'effet des hausses des prix
34 Benoit Heitz, « Prix du pétrole :
doit-on s'attendre à une spirale inflationniste ? », Division
Synthèse conjoncturelle, Décembre 2004.
pétroliers sur l'augmentation des coûts unitaires de
main-d'oeuvre s'est considérablement affaibli.
Courbe 2-4 : Effet des hausses des prix
pétroliers sur les coûts unitaires de
main-d'oeuvre
Sources : Datastream et Desjardins, Études
économiques
A l'inverse des hausses des coûts unitaires de
main-d'oeuvre l'or des deux premiers chocs pétroliers, les hausses
fulgurantes des prix du pétrole au cours des années 2000
n'étaient pas suivies par des variations des coûts unitaires de
main-d'oeuvre, sur l'échelle mondiale. Dans l'analyse de
l'affaiblissement de cette corrélation, divers explications sont
avancées, tel que la hausse des gains de productivité ou la forte
concurrence mondiale enregistrée ces dernières années.
Néanmoins, l'interprétation la plus admise est celle du
succès des politiques de ciblage crédible d'inflation qui ont
réussis à maintenir l'inflation à des taux faibles et
constants, à l'inverse des taux élevés enregistrés
au cours des années 70 et leurs concomitances aux hausses fortes et
fréquentes des salaires (à un rythme de 10% à 20%).
En effet, contrairement aux retombées des deux premiers
chocs pétroliers qui ont conduits aux relèvements durables des
anticipations inflationnistes et au déclanchement de la spirale
prix-salaire. Au cours des années 2000, le maintient des taux
d'inflation bas permet l'ancrage des anticipations des salariés et des
entrepreneurs vers une cible crédible, à la quelle l'inflation
fait retour après la hausse des prix pétroliers. En effet, la
crédibilité des autorités monétaires incite les
agents économiques à abandonner les processus d'anticipations
adaptatives et à prendre comme référence non plus
l'inflation passée mais l'objectif annuel affiché dans le budget
de l'Etat, ce qui limite les probabilités du déclanchement d'une
telle spirale et donc amortir l'effet sur l'inflation sous-jacente. Cette
explication est consolidée par Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006)
comme
suit : « Aujourd'hui, les banques centrales des pays
développés jouissent d'une crédibilité
anti-inflationniste bien plus forte : les anticipations d'inflation à
long terme sont mieux ancrées et les agents anticipent a priori
que la hausse des prix du baril va relever temporairement l'inflation, sans
nécessairement affecter les composantes moins volatiles des prix qui
constituent l'inflation sous-jacente.
En outre, les mécanismes d'indexation automatique des
salaires sur les prix au moment des deux premiers chocs pétroliers ont
disparu et les tensions sur le marché du travail sont partout
inexistantes. »35.
Conclusion
L'objectif de ce chapitre se cristallise sur l'affaiblissement
des effets des variations des prix du pétrole sur la croissance du PIB,
mais surtout sur les composantes de l'inflation. Dans l'appréciation de
cet affaiblissement, nous avons montré l'effet limité sur
l'inflation des hausses récentes des prix pétroliers,
relativement aux retombées pervers des deux premiers chocs
pétroliers. L'abaissement de ces effets trouve sont explication dans les
mutations qu'à connues la conjoncture économique du point de vue
la diminution de l'intensité pétrolière de la croissance,
l'explosion des phénomènes de la libéralisation
financière et la globalisation commerciale ainsi que le recyclage des
revenues des pays de l'OPEP. Néanmoins, l'enseignement tiré des
réactions des politiques économiques aux deux premiers chocs
pétroliers, nous amène à conclure que la réaction
de l'inflation aux variations des prix pétroliers est
considérablement influencée par les politiques monétaires
mis en oeuvre. C'est ainsi que les pays qui ont réussis à
maintenir des taux d'inflation bas et stable, tel que l'Allemagne et la Suisse,
ont bien résister aux effets des cocs pétroliers. L'exploration
de ces réactions met l'objectif de stabilité des prix au devant
de la scène parmi les préoccupations des banques centrales. Les
commodités de cette politique peuvent être résumé
dans le maintient du pouvoir d'achat des ménages, favorable à la
croissance économique et à l'emploi, prévient le
phénomène de la progression à froid et contribue à
la stabilité financière sans oublier ses aspects sociaux.
Cependant, l'échec enregistré par les tentatives de stabilisation
des prix usées au cours des deux premiers chocs pétroliers a
basculé la plupart des pays, sous les recommandations d'un nombre
important d'économistes, vers la politique de ciblage crédible
d'inflation. Une fois statuer, nous avons conclure qu'un taux optimal
d'inflation doit être faible et stable mais non nul.
La performance de cette stratégie réside dans
les résultats affichés des variations de l'inflation face aux
évolutions récentes des cours pétroliers. À la
connaissance des engins d'amortissement de ces effets, nous avons avancé
l'explication suivante : le maintient des
35 Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006), Rapport
d'information n°105, SENAT, session ordinaire de 2005-2006.
taux d'inflation bas et stable permet l'ancrage des
anticipations des salariés et des entrepreneurs vers une cible
crédible, à la quelle l'inflation fait retour après la
hausse des prix pétroliers. En effet, la crédibilité des
autorités monétaires incite les agents économiques
à abandonner les processus d'anticipations adaptatives et à
prendre comme référence non plus l'inflation passée mais
l'objectif annuel affiché dans le budget de l'Etat, ce qui limite les
probabilités du déclanchement de la spirale prix-salaire et donc
amortir l'effet sur l'inflation sous-jacente. Cependant, et en ce qui concerne
les effets de premier tour, les progrès enregistrer en matière
d'efficacité énergétique joue un rôle crucial dans
l'amoindrissement de l'intensité pétrolière de la
croissance, et donc dans l'amortissement de tels effets.
Néanmoins, l'efficacité de la politique de
ciblage d'inflation face aux chocs pétroliers n'entrave pas le
succès d'autres politiques monétaire dans d'autres pays. C'est le
cas de la Tunisie qui oeuvre la politique de stabilité des prix via le
contrôle des agrégats monétaires ainsi qu'une gamme
diversifiés d'indicateurs à l'image des prix à
l'importation, l'écart de production (output gap), l'inflation sous
jacente, mais surtout la désindexation des salaires sur les prix. La
résistance de l'inflation tunisienne face aux variations des cours
pétroliers fait l'objet de la deuxième partie de notre
mémoire.
Approche Macro Sectorielle de la Relation Inflation-Prix
du Pétrole : Modélisation et Estimation Pour le Cas de la
Tunisie
Sommaire
Introduction
Section 1 : Introduction à la modélisation
de la relation inflation-prix du pétrole pour le cas de la
Tunisie
1-1 Authenticité de la relation inflation-prix du
pétrole pour le cas de la Tunisie 1-1-1 Etude de la situation
pétrolière de la Tunisie
1-1-2 Politique d'intervention sur le plan
énergétique
1-2 Méthodologie de modélisation de la relation
inflation-prix du pétrole 1-2-1 La modélisation de l'inflation
énergétique
1-2-2 La modélisation de l'inflation alimentaire
1-2-3 La modélisation de l'inflation sous-jacente
1-3 Méthodologie d'estimation de la relation
inflation-prix du pétrole
1-3-1 Collecte des chroniques et présentation des
variables 1-3-2 Les étapes de l'estimation
Section 2 : Estimation de la relation inflation-prix du
pétrole pour le cas de la Tunisie
2-1 Données et résultats empiriques
2-1-1 Variables du modèle
2-1-2 Résultats et interprétation de
l'estimation
2-2 Estimation et analyse de l'estimation des modèles
A Estimation et analyse de l'estimation de la première
modélisation
B Estimation et analyse de l'estimation de la deuxième
modélisation
C Estimation et analyse de l'estimation de la troisième
modélisation
Conclusion
Introduction
Le marché pétrolier occupe une position
originale dans l'analyse macroéconomique. Actuellement, ce marché
est caractérisé par une instabilité continue et
imprévisible des prix, ce qui a de nature à engendrer de
flagrants risques de déséquilibres des grandeurs
économiques : un choc des termes de l'échange,
une variation des revenus du pays, des effets sur la demande et l'offre des
biens, des variations du taux de chômage, des variations du taux de
l'inflation ....
Dans cette partie empirique, on privilège l'inflation,
ou la hausse du niveau général des prix, vu l'importance
primordiale accordée a cet indicateur dans l'appréciation de
l'état de l'économie et la réservation du niveau de
vie.
A ce niveau, on note que l'objectif de cette partie est
d'effectuer une analyse empirique qui tient compte de l'effet d'une hausse des
prix des produits pétroliers sur l'inflation suivant une approche
macro-sectorielle. Selon cette approche, l'effet passe par trois principaux
canaux ; l'effet sur l'inflation énergétique, l'effet sur
l'inflation alimentaire et l'effet sur l'inflation sous-jacente.
Afin de mener cette analyse, la première section de ce
chapitre sera consacrée à la méthodologie de
modélisation qui s'inspire d'un modèle proposer par Benjamin
Richard, William Roos dans les Documents de travail de la Direction
Générale du Trésor et de la Politique Economique (DGTPE)
en juin 2008 et intitulé « Prévoir l'inflation en zone euro
: une approche macro-sectorielle ». Néanmoins, le témoignage
de l'authenticité de la relation inflation-prix du pétrole dans
le cadre de l'économie tunisienne s'inflige au préalable, vu les
spécificités de cette économie en tant qu'un pays
producteur et exportateur du pétrole ainsi que sa politique de
subvention aux prix des produits pétroliers.
Après l'exposition de la méthodologie de
l'estimation, la deuxième section fait l'objet de l'estimation des
modèles, déjà établis dans la première
section. Notre support d'estimation est le logiciel EViews, version 5.0 et nos
résultats sont présentés corrélativement à
la structure de la modélisation.
Section 1 : Introduction à la modélisation
de la relation inflation-prix du pétrole pour le cas de la
Tunisie
L'effet des variations des prix des produits pétroliers
sur l'indice des prix à la consommation est ordinaire vue la hauteur du
poids de ces produits dans le panier de consommation.
La description des canaux de transmissions peut être
comme suit : une hausse des cours pétroliers se manifeste d'abord par un
renchérissement de la facture énergétique. Elle induit par
la suite, une hausse des coûts de production des entreprises qui, selon
leur comportement de marge, peuvent répercuter totalement ou
partiellement le relèvement du coût des inputs sur leurs prix de
vente, cet effet se manifeste notamment sur les prix des produits alimentaires
surtout quant-ils reflètent les coûts de transformation (tel que
le transport). Il en résulte ainsi une hausse de l'inflation qui exerce
des effets négatifs sur la
demande et l'offre des biens en déformant les prix des
facteurs, ce qui conduit à une baisse du revenu du pays et risque ainsi
de provoquer une hausse de l'inflation sous-jacente par les effets de
«second tour», alimenter par les tentatives des entrepreneurs et des
salariés dans le but de maintenir intact leurs revenus (augmentation
compensatoire des salaires, répercussion des hausses de coûts par
les entreprises).
Afin de mener cette analyse, nous nous somme basé sur
un modèle intitulé « Prévoir l'inflation en zone euro
: une approche macro-sectorielle » et proposer par Benjamin Richard,
William Roos dans les Documents de travail de la Direction
Générale du Trésor et de la Politique Economique (DGTPE),
Juin 2008.
Ce modèle a été utilisé dans le
but de prévoir, par une approche macro-sectorielle, l'inflation en zone
euro, tout en accordant l'importance aux variables qui expliquent les
différentes composantes de l'inflation, et notamment le pétrole
dont l'effet s'étends à l'explication de ces trois composantes.
Dans ce mémoire, nous allons nous s'inspirer du modèle en
question, et notamment de la relation entre prix du pétrole inflation,
pour l'appliquer sur le cas de la Tunisie.
Par ailleurs nous soulignons que l'application de ce
modèle diffère d'un pays à un autre ; les
répercussions des variations du prix du pétrole est plus ample et
rapide dans le cas d'un pays qui applique le régime de
vérité des prix, le pouvoir des entreprises à
répercuter intégralement la hausse des coûts sur leurs prix
de vente est plus faible dans le cadre d'un contexte concurrentiel fort, le
modèle ne peut pas être appliqué dans un pays totalement
exportateur du pétrole, etc. De ce fait, la vérification de
l'authenticité de la relation dans le cadre de l'économie
tunisienne s'impose au préalable.
1-1 Authenticité de la relation inflation-prix du
pétrole pour le cas de la Tunisie
Avant tout traitement économétrique, il est
indispensable de rappeler la situation pétrolière de la Tunisie
en ce qui concerne les propriétés de son marché
pétrolier, du point de vue offre et demande de pétrole, ainsi que
les objectifs de sa politique monétaire, afin d'apprécier
l'authenticité de la relation hausse des prix du
pétrole-inflation, pour le cas de la Tunisie.
1-1-1 Etude de la situation pétrolière de
la Tunisie
La Tunisie constitue un cas particulier pour notre
étude, dans la mesure qu'elle se situe dans l'échantillon des
pays qui sont à la fois importateurs et exportateurs de pétrole.
Cependant, la détérioration de la balance commerciale du secteur
énergétique, enregistrée
au début des années 90, a amenée
directement à l'altération de la situation
pétrolière de la Tunisie. Ce déclin ne peut être que
la résultante des mutations qu'ont connues les importations et les
exportations, qui se trouvent fortement corrélées aux variations
de la consommation et de la production du pétrole.
Commençant par la description de l'état des
exportations, selon les statistiques de l'Institue Nationale des Statistiques
(I.N.S), la part des produits pétroliers dans les exportations totales
s'est considérablement détériorée pour chuter de
40% en 1985 aux alentours des 9% en 2007. Si ce déclin peut être
expliqué par la naissance de nouvelles industries potentiellement
exportatrices, à l'image du textile, la baisse des exportations se
trouve directement liée au fléchissement des productions
pétrolières tunisiennes. En effet, après un taux de
croissance de 15% par an entre 1975 et 1980 et un pic d'extraction de 6
millions de tonnes en 1980, l'exploitation des stocks a butée sur des
baisses considérables pour atteindre la moyenne des 4.5 millions de
tonnes à la fin des années 80, les baisses continues et la
production du pétrole table sur 4 millions de tonnes en 1997 et 3.1
millions de tonnes en 2006 et 3.5 millions de tonnes en 2008. Le déclin
de la production s'explique notamment par l'épuisement des principaux
gisements pétroliers d'EL Borma et d'Achtart, qui représentent
46% de la production, mais aussi par l'accroissement rapide des besoins
intérieurs en énergie, dont le pétrole été
demandé à hauteur de 67% en 2006 et affecter à raison de
42% pour le secteur des transports. C'est ainsi que le rythme
décroissant de la production été parallèle à
des hausses considérables de la consommation. Amorcer par l'expansion
économique des années 90, la consommation
pétrolière évolue à un taux de croissance moyen de
5% entre 1990 et 2008 et augmente de 5.5 millions de tonnes en 1990 à
7.6 millions de tonnes en 2000 pour atteindre les 8.88 millions de tonnes en
2008. Ces hausses spectaculaires emportent sur les niveaux de la production qui
ne couvre, actuellement, que 46% des besoins en pétrole. Dans la mesure
où le reste des besoins est satisfait par les importations, qui sont
estimées à (72%) des besoins nationaux en gasoil, (58%) en
essence, (90%) en GPL, et (100%) en kérosène. Au total, les
importations tunisiennes sur le marché pétrolier international
croissent d'une année à l'autre ; les importations des produits
énergétiques ont été passées, selon les
statistiques de l'INS, de 1456.2 million de dinars tunisien au titre de
l'année 2003, à 1658.0 en 2004, 2267.7 en 2005, en 2006 ces
importations sont élevées à 2859.0 pour atteindre un
montant record de 3001.6 million de dinars tunisien en 2007.
C'est ainsi que la Tunisie se trouve face à de
nouvelles exigences d'oeuvrer en vue d'éviter les effets négatifs
de l'augmentation des prix du pétrole sur le rythme de
développement du pays, ce qui explique l'intervention de l'état
d'une manière directe et indirecte pour contenir ces effets.
1-1-2 Politique d'intervention sur le plan
énergétique
En ce qui concerne la situation locale, il importe de rappeler
que les quantités d'hydrocarbures produites par la Tunisie, demeurent
insuffisantes pour satisfaire les besoins d'une économie nationale, qui
connaît un véritable essor économique et une progression
des besoins en produits pétroliers, résultant d'un rythme de
croissance important.
De ce fait, les évolutions sur le marché
pétrolier international ont des répercussions importantes sur
l'économie tunisienne, sur l'oeuvre de développement du pays et
sur le budget de l'Etat d'une manière particulière. Afin de
contenir ces effets, et surtout quand l'inflation sera un objectif prioritaire
pour la Banque centrale, la Tunisie adopte une politique interventionniste,
dans le but d'absorber les effets de ces variations sur l'indice des prix
à la consommation, et d'assurer la bonne marche au processus de son
développement. L'intervention de l'Etat est faite d'une manière
directe et indirecte :
~ L'intervention directe a lieu à travers l'allocation
d'une prime de compensation des
hydrocarbures intégrée dans le budget de l'Etat. Le
montant de cette prime s'est élevé à 450 millions de
dinars au cours de l'année 2007.
~ Concernant l'intervention indirecte, il y a lieu de signaler
que les bénéfices de
l'entreprise tunisienne des activités
pétrolières (ETAP), provenant de sa participation dans plusieurs
champs pétroliers ou gaziers, et toutes les parts de l'Etat
générées par cette production ou par les redevances
prélevées sur les gazoducs transitant par le territoire tunisien,
sont destinés à compenser la filière des hydrocarbures. La
majeure partie de ces ressources est cédée à la
société de raffinerie du pétrole "STIR" et à la
société tunisienne de l'électricité et du gaz
(STEG) à des prix préférentiels, estimés à
28 dinars le baril de pétrole, alors que le prix mondial
s'élève à 98 dinars le baril ou encore 91 dinars la tonne
équivalent pétrole (TEP) de gaz alors que le prix mondial est de
l'ordre de 366 dinars (toujours pour l'année 2007).
Au total, et au titre de l'année 2007, le montant des
subventions allouées aux hydrocarbures en comparaison avec les prix en
vigueur à l'échelle mondiale est de 2000 millions de dinars sous
forme de subventions directes et indirectes.
Cette intervention constitue un moyen de comprimer les prix
à l'intérieur, ce qui a de nature à affaiblir les
résultats de notre modèle. Cependant, l'effet des variations du
prix du pétrole sur les prix locaux persiste encore, et comme on a
souligné dans le mécanisme de transmission, les hausses record
des prix du Brut en 2007 ont provoquées des variations vers la hausse
des prix des hydrocarbures à l'image de l'essence super sans plomb et
l'essence super qui se vendent à 1,320 dinar/litre et gasoil qui se vent
à de 960 millimes/litre, selon un communiqué du ministère
tunisien de l'Industrie, de l'Energie et des
PME rendu public en Juillet 2008. Parallèlement
à ces hausses, la flambée des prix a également
touché les produits de consommation de base subventionnés par
l'Etat, à l'instar des céréales et des huiles
végétales qui ont vu leur prix grimper de manière
fulgurante en l'espace d'une année. Ces augmentations peuvent être
expliquées par le faite que les variations des prix du pétrole
sur le marché international sont irrégulières et
imprévisibles ; en 2008, et selon la même source, les estimations
retenues pour le budget de l'Etat ont tablaient sur un baril à 75
dollars alors que le prix du pétrole sur les marchés
internationaux a atteint des niveaux records en dépassant le seuil des
145 dollars le baril.
En guise de conclusion, il en résulte que même
avec la mise en oeuvre d'une politique interventionniste, l'effet des
variations du prix du pétrole sur les marchés internationaux
s'étend aux prix locaux, suivant un mécanisme de transmission
macrosectoriel, pour affecter les trois composantes de l'inflation (l'inflation
énergétique, alimentaire et sous-jacente) qui seront
modéliser dans les parties suivantes du mémoire, tout en
s'inspirant, comme on a signaler, du modèle de base proposer par
Benjamin Richard et William Roos dans leurs document de travail de la DGTPE.
1-2 Méthodologie de modélisation de la
relation inflation-prix du pétrole
Dans ce mémoire, nous allons nous s'inspirer du
modèle intitulé « Prévoir l'inflation en zone euro :
une approche macro-sectorielle » et proposer par Benjamin Richard, William
Roos dans les Documents de travail de la Direction Générale du
Trésor et de la Politique Economique (DGTPE), Juin 2008. Ce
modèle traite la relation entre variations des prix du pétrole et
l'inflation suivant une approche macro-sectorielle. Selon cette approche, la
méthodologie de modélisation de la relation inflation-variations
des prix du pétrole, vise à désagréger l'inflation
en trois composantes afin de disséquer l'effet des variations des prix
du pétrole sur l'inflation énergétique, l'inflation
alimentaire et sur l'inflation sous-jacente. Ces effets seront
modélisés dans ce qui suit.
1-2-1 La modélisation de l'inflation
énergétique
Les prix énergétiques dépendent fortement
des cours du pétrole. La prévision de cette composante de
l'inflation repose sur l'idée que les prix des produits
énergétique (carburant, fuel, domestique,
électricité, gaz naturel, etc.) réagissent tous aux
variations du prix du pétrole, on note que les réactions sont
plus ou moins rapide, selon les produits, vu quelles dépendent du poids
du pétrole dans le panier des inputs et du caractère
réglementé des produits. On a alors affaire à l'effet
direct du premier tour.
La modélisation prend ainsi la forme d'une
équation simple qui explique les évolutions trimestrielles des
prix de l'énergie par les évolutions trimestrielles
contemporaines et passées des prix du pétrole, le modèle
peut s'écrire de la façon suivante :
n
nrj
? = +
c á i ?
|
pétrole t i
-
|
i = 0
Où ?nrj
et?pétrole désignent, respectivement,
l'indice des prix de l'énergie et le
prix du pétrole en dinar tunisien. Le prix du brut
obtenu est libellé en dollar, baril du Brent daté à
Londres, en le multipliant par le taux de change du dollar en dinar, il sera
converti en dinar. Le coefficient ái représente
l'effet direct de premier tour.
Le modèle sera estimé sur des données
trimestrielles s'étalant du premier trimestre de 1990 au dernier
trimestre de 2008. Nos sources de données sont :
· L'Institue Nationale de la Statistique (INS) pour
l'indice des prix énergétique.
· L'Agence Internationale de l'Energie (IEA) pour le prix
du Brent.
· Le Fond Monétaire Internationale (FMI) pour le
taux de change dollar/dinar.
1-2-2 La modélisation de l'inflation
alimentaire
Les prix des produits alimentaire dépendent fortement
de l'évolution des prix des produits énergétique surtout
quant-ils reflètent les coûts de leurs transformation (notamment
le transport). On peut conclure ainsi que l'effet des variations des prix du
pétrole sur l'indice des prix alimentaire n'est pas direct, il est
sous-jacent par les prix des produits énergétique. On a alors
affaire à l'effet indirect du premier tour.
De ce fait, la modélisation de l'inflation alimentaire
peut être faite par une simple équation qui relie les
évolutions trimestrielles cette dernière à ses propres
retards et aux évolutions trimestrielles contemporaines et
passées des prix du pétrole en dinar tunisien.
On cherche donc à estimer le modèle suivant :
n n
a lim a lim pétrole
? = +
c á i ? + â i ?
t
i
- t i
-
i = 1 i = 0
Où ? a lim et ?pétrole
désignent, respectivement, l'indice des prix
alimentaire et le prix du pétrole en dinar tunisien (présenter
plus haut). Le coefficient âi représente l'effet
indirect de premier tour.
On note que les prix des produits alimentaires sont
très sensibles aux événements exogènes tels que les
phénomènes climatiques ou les crises sanitaires. L'introduction
d'une variable muette qui tient compte de ces événements au cours
de la période de l'estimation ne semble
pas pertinente dans le cas de notre étude, vu qu'elle
n'a pas d'influence sur la relation entre le prix du pétrole et les prix
des produits alimentaire, de plus ces phénomènes ponctuels sont
incorporés dans le profil de l'inflation alimentaire.
L'estimation de ce modèle sera faite sur de
données trimestrielles s'étalant du premier trimestre de 1990 au
dernier trimestre de 2008 et nos sources de données sont :
· L'Institue Nationale de la Statistique (INS) pour
l'indice des prix alimentaire.
· L'Agence Internationale de l'Energie (IEA) pour le prix
du Brent.
· Le Fond Monétaire Internationale (FMI) pour le
taux de change dollar/dinar.
1-2-3 La modélisation de l'inflation
sous-jacente
Comme l'on a mentionnée au premier chapitre,
l'inflation sous-jacente peut être définie comme étant
l'essence de l'inflation, c'est la composante durable et structurelle de
l'inflation, corrigé des influences tendancielles et permanentes sur le
cycle économique, c'est-à-dire séparée des causes
externes de l'augmentation des prix, tel que la synchronisation des mouvements
cycliques, les crises du système monétaire international, les
variations des prix des matières premières....
En ce qui concerne la mesure de l'inflation sous-jacente, nous
nous somme baser sur le rapport du Fond Monétaire International sur
l'économie tunisienne (Octobre 2007). La méthode la plus la
fiable est celle qui fait l'exclusion des composante de l'énergie et de
l'alimentation qui sont perçu comme extrêmement volatils.
Définie comme l'évolution des prix hors
énergie et alimentation. La prévision de l'inflation sous-jacente
fait dépendre l'accélération des prix sous-jacents des
anticipations d'inflation que forment les agents (Ðt a), des
variations du PIB, des prix réels du pétrole
(oil-dollar-réel) et du taux de change effectif nominal (change).
La modélisation est inspirée du modèle
« wage setting - price setting » noté WS-PS qui suppose que
l'évolution des prix dépend de la confrontation de deux types de
comportement :
1- les travailleurs négocient les salaires (W) en
fonction des anticipations des prix à la consommation
(Pca) avec plus de succès que le
taux de chômage est faible, tout en tenant compte des facteurs
structurels (z) affectant le chômage :
2- les producteurs fixent les niveaux des prix en fonction de
l'évolution des coûts de production (les salaires, les marges (m),
coûts des matières premières, etc.)
WS: W/Pc a = F (U, z) / F'U 0
PS : P = G (W, m, pétrole, change) / (G'W, G'm,
G'pétrole) (0,0,0) et G'change 0
Les formulations linaires sur les variables prisent en
logarithme, sauf le chômage, des deux équations aboutissent
à la relation suivante :
(1 ) : log(
|
P ) log( )
P k U
a
= + - á+ ç log( )
oil ì change
t t t i t - + log(
1 j
|
) t j
-
|
i j
En retranchant log (Pt-1) des deux cotés de
l'équation, on obtient :
Ðt = Ðt a + k - áUt + ?i çi log
(oil-dollar-réelt-i) + ?j pj log (changet-j)
Notant U* = k/á ; le taux de chômage au point de
NAIRU c'est-à-dire le taux de chômage naturel qui
n'accélère pas l'inflation (illustré par la courbe de
Phillips en 1958) où Ðt = Ðta on obtient :
(2) : Ðt = Ðt a + á (U* - U) + ?i
çi log (oil-dollar-réelt-i) + ?j pj log (changet-j)
Notant OGt = ó (U* - U)t ; la position de
l'économie dans le cycle, appréhendée par l'indicateur des
tensions sur les capacités de production (Output gap), et en tenant
compte que et que â = á/ ó, on obtient :
(3) : Ðt = Ðt a + âOG + ?i çi
log (oil-dollar-réelt-i) + ?j pj log (changet-j)
A ce niveau, et vue l'indisponibilité des
données concernant la position de l'économie dans le cycle, on va
introduire la loi d'Okun « le chômage décroît lorsque
la croissance est supérieure à la croissance potentielle »
c'est-à-dire lorsque l'Output gap s'accroît, d'où
l'équation suivante :
OG = (PIBt - PIBt pot) = -c (Ut-Ut-1)
Pour PIBt pot = p = cte, et en tenant compte des
problèmes liés à la mesure de l'output gap, on peut
estimer le modèle en différence, ce qui fait apparaître le
taux de croissance du PIB, il en ressort ainsi la forme générique
suivante :
Allt = - âp + llt a +
âPIB + ?i ii d (oil-dollar-réelt-i) + ?j ptj d (changet-j)
Avec : - oil dollar réel : le prix réel du
pétrole en dollar (prix du pétrole en
dollar/IPC).
- change : le taux de change effectif nominal du dollar en
dinar.
- PIB : le taux de croissance du produit intérieur
brut.
- Ðt : l'indice des prix à la consommation sous-jacent
(hors énergie et alimentation).
- PIBpot : Taux de croissance du PIB potentiel (=
p).
- Ðt a : l'inflation anticipée par les agents
économiques, on note qu'on va utiliser le processus d'anticipation
rationnelle où les agents économiques anticipent une inflation
stable, ce mode d'anticipation semble a priori adapté dans les
économies où la banque centrale a réussi à
réduire très fortement la volatilité de l'inflation autour
de la cible, en remplaçant Ðta par c dans l'équation (3), on
obtient :
Ðt = c + âOG + ?i çi log
(oil-dollar-réelt-i) + ?j pj log (changet-j) En transformant le
modèle en différence, on obtient :
n n
j
Ä ? = +
c PIB
â + ç log (
Ä -
oil réel ) + ì log ( )
Ä change
t t i t i
- t -
j
i=0 j=0
Finalement, on note que çi mesure
l'effet de second tour des variations des prix du
pétrole, cet effet n'est autre que les retombées de
ces dernières sur l'inflation sous-jacente. L'estimation de ce
modèle sera faite sur de données trimestrielles s'étalant
sur la période allant de 2001 à 2008, nos sources de
données sont :
· L'Institue Nationale de la Statistique (INS) pour
l'indice des prix à la consommation sous-jacente, l'indice des prix
à la consommation et le taux de croissance du produit intérieur
brut.
· Le Fond Monétaire Internationale (FMI) pour le
taux de change effectif nominale dollar/dinar.
· L'Agence Internationale de l'Energie (IEA) pour le prix
du Brent.
En synthétisant ce qui précède, l'influence
d'une hausse du prix du pétrole sur l'inflation totale passe par trois
canaux différents et selon les modélisations suivantes :
> Une hausse de l'inflation énergétique ;
l'effet le plus machinal et le plus rapide puisque prix des produits
énergétique réagissent tous aux variations du prix du
pétrole, la modélisation de cette relation est faite comme suit
:
n
nrj
? = +
c á i ?
|
pétrole t i
-
|
i = 0
> Une hausse de l'inflation alimentaire ; l'effet des
variations des prix du pétrole sur l'indice des prix alimentaire n'est
pas direct, il est sous-jacent par les prix des produits
énergétique, la modélisation de cette relation est faite
comme suit :
n n
a lim a lim pétrole
? = +
c á i ? + â i ?
t
i
- t i
-
i=1 i=0
> L'effet de second tour ; c'est l'effet le plus faible et
le plus retarder, il se manifeste par une hausse des prix sous-jacents
alimentée par les anticipations de l'inflation à long terme des
ménages et des entreprises et de la dynamique `salaire-prix' qui en
résulte, la relation sera modélisée comme suit :
n n
j
Ä ? = +
c PIB
â ç log ( oil réel )
ì log ( )
change
t t + Ä -
i t i + Ä
- t -
j
i=0 j=0
La méthodologie de l'estimation fait l'objet de la sous
section suivante où on va explorer, d'un point de vue théorique,
les différentes étapes séquentielles nécessaire
à l'estimation de ces modèles.
1-3- La méthodologie de l'estimation
La méthodologie de l'estimation se résume
essentiellement en sept étapes cohérentes et dépendantes
à savoir ; la collecte des chroniques, les tests de
stationnarité, la détermination du nombre de retard optimal, les
tests de cointégration des variables, l'estimation des modèles
élaborés et l'analyse des estimations qui se résument dans
les tests de causalité de Granger, les fonctions de réponses
impulsionnelles et la décomposition des variances.
1-3-1 Collecte des chroniques et présentation des
variables
Le modèle que nous nous proposons de construire, en vue
d'analyser la relation entre le prix du pétrole et l'inflation en
Tunisie, prend en compte des variables trimestrielles
représentées par des séries couvrant une période
allant de 1990 à 2008 pour les deux premiers modèles et de 2001
à 2008 pour le cas du troisième modèle. Nos sources de
données sont issues des institutions internationales (Fond
Monétaire Internationale (F.M.I), la Banque Mondiale (B.M) et de
L'Agence Internationale de l'Energie (IEA)) et
des institutions nationales (Institue Nationale des Statistiques
(I.N.S) et la Banque Centrale de Tunisie (B.C.T)).
Les variables retenues sont classées comme suit :
> Les variables de la modélisation de l'inflation
énergétique :
- L'indice des prix de l'énergie : Ðnrj
- Le prix
du pétrole en dinar : Ðpétrole
> Les variables de la modélisation de l'inflation
alimentaire :
- L'indice des prix des produits alimentaire : Ðalim - Le
prix du pétrole en dinar : Ðpétrole
> Les variables de la modélisation de l'inflation
sous-jacente :
- L'indice des prix à la consommation sous-jacent : Ð
- Le prix réel du pétrole en dollar : oil
- Le taux de change effectif nominal $ /DNT : change - Le taux de
croissance du PIB : PIB
1-3-2 Les étapes de l'estimation A : Test de
stationnarité
Le test de stationnarité ou de la racine unitaire est
indispensable dans tout traitement économétrique, il permet de
mettre en évidence le caractère stationnaire d'une chronique, et
ce par la détermination d'une tendance déterministe ou
stochastique. Afin de s'assurer de la stationnarité de la variable
retenue, nous utilisant le test ADF (Augmented Dickey-Fuller) qui vise à
tester, après la détermination du nombre de retard,
l'hypothèse nulle de non stationnarité H0 suivant une
stratégie d'élimination, qui débute avec le test
effectué sur le modèle avec constante et tendance en
niveau. Si H0 est acceptée, cela signifie que la tendance et/ou
la constante ne sont pas significativement différentes de zéro,
on passe alors à tester l'hypothèse dans un modèle avec
constante seulement. Si la constante n'est pas significativement
différente de zéro, on test H0 dans le modèle sans
constante et sans tendance. Si cette hypothèse persiste encore, on test
ces trois modèles en différence première,
toujours par élimination et dans le même ordre.
On note que H0 est acceptée si seulement si :
· t de la constante et/ou de la tendance est
inférieure à t ADF lue sur la table : ce là signifie que
la constante, ou la tendance, n'est pas significativement différente de
zéro, donc la série n'est pas stationnaire. Si non, il faut
vérifier la seconde contrainte.
· t ADF est supérieure à la valeur
critique pour le niveau du risque approprié.
Si ces deux contraintes sont rejetées, H0 sera
rejetée et la stationnarité de la série sera confirmer. On
note que ce test permet aussi de déterminer l'ordre de
différenciation des séries suivant leurs évolutions au
cours du temps.
B La détermination du nombre de retard
optimal
Déterminer le retard optimal est un exercice
économétrique crucial préalable à l'estimation d'un
modèle VAR. De nombreux critères d'information sont
utilisés à cet effet. Dans le cadre de la présente
étude, nous observons sur le VAR en niveau les critères
d'information d'Akaike (AIC) et de Schwarz (SIC) qui s'appuient sur l'apport
d'information généré par des retards
supplémentaires dans le modèle. L'ordre recommandé est
celui qui minimise conjointement les valeurs de ces deux critères.
C Test de cointégration des
variables
Après la confirmation du caractère stationnaire
des variables à un niveau d'intégration d'ordre 1 et la
détermination du nombre de retard, il est possible que certaines
variables soit cointégrées, d'où en ressort le test de
cointégration de Johansen a fin de détecter l'existence des
relations de cointégration entre les variables du modèle.
Le test fonctionne par exclusion d'hypothèses
alternatives, c'est à dire que l'on teste d'abord l'hypothèse
nulle H0 : r = 0 contre l'hypothèse alternative r > 0 (r étant
le nombre de relations de cointégration). Si H0 est acceptée, la
procédure s'arrête, il n'existe pas de relations de
cointégration, et on passe à estimer le modèle VAR(p).
Si non, nous passons à l'étape
séquentielle suivante en testant r = 1 contre r > 1. Ce schéma
se répète tant que H0 est rejetée. Dans ce cas, la
présence de relation(s) de cointégration, on se trouve dans
l'obligation de déterminer un modèle autorégressif
à correction d'erreur (VECM).
D La modélisation VAR
Après avoir stationnariser les variables, cette
modélisation n'est valable que dans le cas où il n'existe aucune
relation de cointégratin entre les différentes variables du
modèle.
A ce niveau, on note que la modélisation VAR (Vecteur
Auto Régressif) est « un outil particulièrement
adapté pour mesurer et utiliser en simulation, l'ensemble des liaisons
dynamiques à l'intérieur d'un groupe de variables donné
»36
La représentation traditionnelle d'un modèle VAR
d'ordre (p) peut être sous la forme suivante :
Yt = c + A1 Yt-1 + A2 Yt-2 + .+
Ap Yt-p + ut (1)
La première étape de l'estimation de ce
modèle consiste à déterminer l'ordre de retard (p)
à retenir, celui qui minimise conjointement les deux critères
d'informations retenir auparavant (AIC, SIC).
L'observation des résultats de l'estimation doivent
monter que toutes les variables explicatives sont indépendantes et ayons
des coefficients non significatifs, puisqu'il n'existe pas de relations de
cointégration.
E Le modèle à correction d'erreur
VCEM
On note que ce traitement n'est pas valable que dans le cas
où deux ou plusieurs variables du vecteur Yt sont
cointégrées. Dans un tel cas, le modèle VAR(p)
traditionnel que nous avons sous (1) sera exprimé sous la forme d'un
modèle à correction d'erreur VECM d'ordre p-1, que l'on peut
écrire comme suit :
? Yt = c + ? i i ? Yt - i + Ð ? Yt- p + å
(2)
Où et Ð sont des matrices qui contiennent,
respectivement, des coefficients concernant les relations de court terme et de
long terme, et ce dans le but de spécifier la dynamique de court terme,
qui présente des fluctuations flagrantes, dans une combinaison
linéaire qui les unit en vue d'atteindre l'équilibre de long
terme.
Les résultats de l'estimation des deux modèles
(1) et (2) peuvent être approfondis et mieux expliqués par des
tests de causalité, des fonctions de réponses impulsionnelles et
des décompositions de variance.
36 Marie REYNAUD, Sylvie SCHERRER ; « Une
modélisation VAR de l'enquête mensuelle de conjoncture de l'INSEE
dans l'industrie » ; Document de travail n°96-12, Décembre
1996.
F Analyse de l'estimation du modèle
1- Tests de causalité de Granger
La causalité au sens de Granger se procède par
le test de l'hypothèse nulle de non causalité selon la quelle la
variable X ne cause pas la variable Y, et vis versa en cas où H0 est
rejetée.
En présence d'une cointégration
c'est-à-dire d'un nombre de relations de cointégration
inférieur au nombre de variables étudiées, on devrait
utiliser le VECM pour mener les tests de causalité tant de court que de
long terme.
2- Fonctions de réponse
impulsionnelle
L'idée générale est de résumer
l'information concernant l'évolution d'une variable suite à une
impulsion, c'est-à-dire, suite à un choc sur une autre variable
à la date t = 0, toute en supposant que toute chose égale par
ailleurs pour les autres variables. Il s'agit donc de voir le temps
nécessaire pour observer l'effet du choc d'une variable explicative sur
la variable à expliquée, dans la période contemporaine.
3- Décomposition de la variance
En plus de l'analyse des fonctions de réponses
impulsionnelles, nous avons recours à un autre mode d'analyse de la
propagation des impulsions : la décomposition de la variance de l'erreur
de prévision des variables du modèle.
Cette étape nous indique l'importance relative de
chaque choc dans l'explication des fluctuations de la variable objective. On
écrit la variance de l'erreur de prévision à l'horizon h
en fonction de la variance de l'erreur de prévision attribuée
à chaque variable. Le rapport entre chacune de ces variances et la
variance totale donne le poids relatif, en pourcentage, de chacune des
innovations à la variance totale de l'erreur.
L'estimation de ces modèles sera réaliser dans
la section suivante, elle est faite sur des données trimestrielles et
annuelles s'étalant sur une période allant de 1990 à 2008,
le support de l'estimation est le logiciel EViews, version 5.0.
Section 2 : Estimation de la relation inflation-prix du
pétrole pour le cas de la Tunisie
L'objectif de cette section consiste principalement en
l'appréhension et en la vérification de l'existence ou non d'une
relation entre les variations du prix du pétrole et l'inflation en
Tunisie. La modélisation de cette relation à été
fondue sous une approche macro-
sectorielle. Comme c'est prévu dans le chapitre
précédent, la méthodologie de cette modélisation
vise à scinder l'effet des variations du prix du pétrole sur les
trois composantes de l'inflation, à savoir l'inflation
énergétique, l'inflation alimentaire et l'inflation sous-jacente.
On a parachevé ainsi aux trois modèles suivants :
· Le premier modèle : la modélisation de
l'inflation énergétique :
nrj
n
?= c +E á i
?
|
pétrole t i
-
|
i
|
=
|
0
|
|
· Le deuxième modèle : la modélisation
de l'inflation alimentaire :
n n
a lim a lim pétrole
? = +
c á i ? + â i ?
t
i
- t i
-
i=1 i=0
· Le troisième modèle : la
modélisation de l'inflation sous-jacente :
n n
Ä ? = +
j
c PIB
â + ç oil réel ) + log (
)
Ä change
t t i log (
Ä - ì
t i
- t-
j
i=0 j=0
Dans cette deuxième section, on va effectuer
l'estimation de ces modèles à l'aide du logiciel EViews, version
5.0. Cette section se divise en deux parties ; la première sera
consacrer à la présentation des variables utilisées ainsi
qu'à l'interprétation de leurs tests. Dans la seconde partie,
nous entamerons l'estimation des modèles qui sera guidé par
l'ordre séquentiel préétabli.
2-1 Données et résultats
empiriques
Après la collecte des chroniques des différentes
variables, qui s'étendent sur une période allant de 1990 à
2008, on note que seulement le test de stationnarité sera fait par
variable, les autres tests serons appliquer par modèle.
2-1-1 Variables du modèle
Les variables utilisées dans la modélisation de
la relation entre les variations du prix du pétrole et l'indice des prix
à la consommation sont citées auparavant (page 83), elles seront
notées dans les étapes de l'estimation comme suit :
* le prix du pétrole en dinar : PPD
* l'indice des prix à la consommation
énergétique : IPCE
* l'indice des prix à la consommation alimentaire :
IPCA
* le glissement trimestriel de l'indice des prix à la
consommation sous-jacent :
DIPCSJ
* taux de croissance du PIB : PIB
* le glissement trimestriel du prix réel du pétrole
en dinar : PPRD
* le glissement trimestriel du taux de change effectif nominal du
dinar en dollar : TCD$
Les séries des variables sont collectées sur une
période allant de 1990 à 2008. 2-1-2 Résultats et
interprétation de l'estimation
a- Test de stationnarité des
variables
Au regard des graphiques représentatifs des
séries (cf. annexe 1 à la page 113), on observe des séries
qui ont une tendance globale à la hausse (IPCE, PPD, IPCA, DIPCSJ) et
d'autres qui fluctuent autour d'un niveau d'équilibre de long terme
(DPPRD, DTCD$), ce qui peut maitre en cause la condition de
stabilité des moments indépendamment du temps (LI
t LI Z, E(xt)=m, indépendant de t). Dans
ce cas, l'origine de la non stationnarité provient de l'inclusion d'une
tendance (plus généralement en fonction du temps). On dit que la
non stationnarité est de type déterministe. En ce qui concerne
les glissements trimestrielles des prix du pétrole en dinar et le taux
de change dinar dollar, on constate une relation inverse entre ces deux
variables qui se manifeste surtout dans les derniers mois de notre
période d'étude, ce qui peut refléter l'existence d'une
relation de cointégration dans le modèle qui incorpore ces
variables.
En ce qui concerne la série (PIB), le graphique
représentatif présente une grande volatilité
irrégulière ce qui accroît la variance au fur et à
mesure que le temps passe via l'accumulation des chocs, ce type de non
stationnarité revient à l'existence d'une marche aléatoire
de type stochastique.
Les résultats des tests de stationnarité sont
consignés dans l'annexe 2 de la page 114 et résumés dans
le tableau suivant avec : Dickey-Fuller-Augmenté calculé
(ADFcal), DickeyFuller-Augmenté théorique (ADFth), constante
(Cst), nombre de retard (NR) et la tendance (trend).
Tableau 4-1 : Test de Dickey Fuller Augmenté pour
toutes les variables
Variable
|
|
En niveau
|
|
|
En différence première
|
|
Ordre
|
ADF cal
|
ADF th
|
trend
|
cst
|
NR
|
ADF cal
|
ADF th
|
trend
|
cst
|
NR
|
PPD
|
|
|
|
|
|
-5.527
|
-1.945
|
non
|
non
|
1
|
I(1) **
|
IPCE
|
|
|
|
|
|
-7.727
|
-2.901
|
non
|
oui
|
1
|
I(1) **
|
IPCA
|
-4.982
|
-3.471
|
oui
|
oui
|
0
|
|
|
|
|
|
I(0)*
|
dIPCSJ
|
-11.470
|
-4.253
|
oui
|
oui
|
1
|
|
|
|
|
|
I(0)*
|
PIB
|
-2.812
|
-2.613
|
non
|
oui
|
0
|
|
|
|
|
|
I(0)***
|
dLPPRD
|
-3.256
|
-2.634
|
non
|
non
|
1
|
|
|
|
|
|
I(0)*
|
dLTCD$
|
-6.480
|
-3.639
|
non
|
oui
|
1
|
|
|
|
|
|
I(0)*
|
Les résultats de ce test confirmes l'existence des
variables stationnaires en niveau I(0) (IPCA, DIPCSJ, PIB, DPPRD et DTCD$)
après la vérification de leurs statistiques ADF calculés
qui sont tous supérieurs aux statistiques critiques et des t de student
des constantes et/ou des tendances qui sont supérieurs aux t ADF lue sur
la table aux seuils appropriés. Pour les autres variables (PPD, IPCE)
les statistiques ADF calculés sont inférieures aux statistiques
critiques aux différents seuils et aux différents retards, leurs
stationnarités est confirmées après première
différenciation, ils sont ainsi intégrées d'ordre 1 I(1),
ce qui donne la possibilité d'êtres cointégrées.
Nous allons donc procéder à un test de
cointégration de Johansen a fin de détecter l'existence des
relations de cointégration entre les variables, une étape qui
exige la détermination du nombre de retard optimale pour chaque
modèle.
b- La détermination du nombre de retard
optimale
Le nombre de retard optimal retenu est celui qui minimise
conjointement les valeurs des deux critères d'information retenus
(Akaike (AIC) et Schwarz (SIC)).
La procédure consiste à observer sur des VAR en
niveau les valeurs de ces deux critères, en faisant varier le nombre p
de retard de 1 à 3.
Les critères d'information (AIC, SC) donnent les valeurs
présentées, pour chaque modèle, dans les tableaux suivant
:
Tableau 4-2 : le nombre de retard du premier
modèle
Nombre de retards
|
Critère d'Akaike
|
Critère de Schwarz
|
1*
|
4.572
|
4.696
|
2
|
4.856
|
4.981
|
3
|
4.881
|
5.008
|
Tableau 4-3 : le nombre de retard du
deuxième modèle
Nombre de retards
|
Critère d'Akaike
|
Critère de Schwarz
|
1*
|
5.794
|
5.919
|
2
|
6.361
|
6.486
|
3
|
6.350
|
6.476
|
Tableau 4-4 : le nombre de retard du
troisième modèle
Nombre de retards
|
Critère d'Akaike
|
Critère de Schwarz
|
1*
|
-2.986
|
-2.088
|
2
|
-2.398
|
-0.766
|
3
|
-2.426
|
-0.044
|
A partir de ces trois tableaux, on peut conclure que les trois
modèles ont le même ordre de retard : pour p=1, les valeurs des
deux critères (AIC) et (SIC) sont minimisées conjointement. On
passe ainsi à la détection des relations de cointégration
entre les variables des différents modèles, via les tests de
cointégration de Johansen.
c- Tests de cointégration de
Johansen
Les résultats des tests de racine unitaire montrent
l'existence des variables stationnaires en différence première,
ce qui nous amène à déterminer le nombre de relations de
cointégration entre elles, en utilisant l'approche en une étape
de Johansen par modèle. Les séries en niveau étant
caractérisés par une tendance à la hausse et étant
stationnaires en première différence avec constante, nous
choisissons ainsi la spécification n°3 (constante et absence de
tendance dans les relations de cointegration) avec un nombre de retard
égal à 1. Les résultats du test sont
présentés dans l'annexe 3 à la page 117 et
résumé par modèle dans les tableaux suivant :
Hypothèses
|
Valeur propre
|
Statistique de trace
|
Valeur critique à 5%
|
Valeur critique à 1%
|
Aucune**
|
0.284004
|
26.96464
|
15.41
|
20.04
|
1 relation
|
0.029065
|
2.182687
|
3.76
|
6.65
|
Le test de cointégration affirme l'existence d'une
seule relation de cointégration entre les variables du modèle
(IPCE et PPD). La statistique de trace est largement supérieure à
la statistique critique aux seuils de 5 % et de 1%. L'hypothèse nulle
d'absence de relation de cointégration (H0 : r=0) est
rejetée. La stratégique séquentielle du test se poursuivre
à la détection d'un nombre de relation de cointégration
supérieur à 1. Elle s'arrête à l'étape
suivante où l'hypothèse nulle (H0 : r=1) est
acceptée vue que la statistique de trace est inférieure à
la statistique critique aux seuils de 5 % et de 1%. Le rang de la matrice de
cointégration vaut donc 1.
La présence d'une relation de cointégration nous
autorise la détermination d'un modèle autorégressif
à correction d'erreur (VECM) afin d'atteindre l'équilibre stable
de long terme.
Tableau 4-6 : le nombre de relation de
cointégration du deuxième modèle
Hypothèses
|
Valeur propre
|
Statistique de trace
|
Valeur critique à 5%
|
Valeur critique à 1%
|
Aucune
|
0.161713
|
14.42776
|
15.41
|
20.04
|
1 relation
|
0.018404
|
1.374590
|
3.76
|
6.65
|
La statistique de trace est inférieure à la
statistique critique aux seuils de 5 % et de 1% (14.42776 20.04, au seuil de
1%), on acceptée ainsi l'hypothèse nulle d'absence de relation de
cointégration (H0 : r=0), au seuil de 1%. La
stratégie séquentielle du test s'arrête à ce niveau
et il n'existe aucune relation de cointégration. En d'autre terme, cette
conclusion nous autorise à estimer, dans ce cas, un modèle
VAR.
Hypothèses
|
Valeur propre
|
Statistique de trace
|
Valeur critique à 5%
|
Valeur critique à 1%
|
Aucune**
|
0.570871
|
62.67654
|
53.12
|
60.16
|
1 relation
|
0.432294
|
34.75857
|
34.91
|
41.07
|
2 relations
|
0.312066
|
16.07559
|
19.96
|
24.60
|
3 relations
|
0.106917
|
3.731513
|
9.24
|
12.97
|
On rejette l'hypothèse nulle d'absence de relation de
cointégration (H0 : r=0) au seuil de 1%, vu que la
statistique de trace est supérieure à la statistique critique de
ce seuil (62.67 60.16). La stratégie séquentielle du test
s'arrête à l'étape suivante où on accepte
l'hypothèse nulle (H0 : r=1) vue que la statistique de
trace est inférieure à la statistique critique aux seuils de 1%
(34.67 41.07). Le test confirme ainsi l'existence d'une seule relation de
cointégration, ce qui implique une estimation sous forme d'un
modèle VECM.
En guise de conclusion, les résultats de ces tests de
cointégration de Johansen confirment l'existence d'une relation de
cointégration dans le cas du premier et du dernier modèle ( la
modélisation de la relation entre les variations des prix du
pétrole et l'inflation énergétique et de la relation entre
ces variations et l'inflation sous-jacente) ce qui nous inflige la
détermination d'un modèle autorégressif à
correction d'erreur (VECM) afin de spécifier la dynamique de court terme
des variable dans le but d'atteindre l'équilibre stable de long
terme.
Pour le cas du deuxième modèle (la
modélisation de la relation entre les variations du prix du
pétrole l'inflation alimentaire) le test confirme l'absence de relation
de cointégration entre les variables. Ce qui confirme l'estimation de
cette relation sous forme d'une modélisation VAR.
2-2 Estimation et analyse de l'estimation des
modèles
Après avoir stationnariser les variables, les tests de
cointégration de Johansen nous indiquent la nature du modèle
à estimer. A cet effet, nous allons construire sous forme d'une
modélisation VAR la relation entre l'indice des prix alimentaire et les
variations des prix du pétrole. Les deux autres modèles seront
estimés sous forme d'une modélisation VECM.
Notre méthodologie de l'estimation sera faite par
modèle et suivie par les analyses de l'estimation dans le but
d'approfondir et mieux expliquer les résultats de l'estimation.
A cette fin, nous appliquant sur chaque modèle les tests
de causalité de Granger, les fonctions de réponses
impulsionnelles et les décompositions de variance.
A- Estimation et analyse de l'estimation de la
première modélisation
La première modélisation consiste à
établir une relation entre l'indice des prix énergétique
et le prix du pétrole. Cette modélisation à
été établie dans le troisième chapitre, elle
explique l'indice trimestriel des prix de l'énergie en fonction des
évolutions trimestrielles, contemporaines et passées, des prix du
pétrole.
A-1- Estimation du modèle
Le test de cointégration de Johansen confirme
l'existence d'une relation de cointégration entre ces deux variables. Le
modèle à estimer prend ainsi la forme d'un modèle à
correction d'erreur (VECM), et ce dans le but de spécifier la dynamique
de court terme dans une combinaison linéaire qui les unit en vue
d'atteindre l'équilibre de long terme. L'estimation de
modélisation se compose ainsi de deux parties distinctes. La
première représente l'estimation des relations de
cointégration ou de long terme (sur la durée de la période
étudiée) alors que la seconde partie retranscrit les estimations
des forces de rappels ainsi que celles des relations de court terme.
A partir de l'estimation des données,
présentée en annexe 4 à la page 119, nous avons obtenu la
relation de long terme suivante :
D(IPCE) = 1.036 + 0.302060 D(PPD)
(-4.80462)
* La statistique en italique représente le t- de
student.
Les résultats de l'estimation convergent avec nos
attentes ; le coefficient de long terme est significatif (4.80 1.96) et
dénote d'une relation positive entre les variations de l'indice des prix
énergétique et celles du prix du pétrole en dinar, dans le
sens qu'une augmentation de 10% des variations du prix du pétrole
engendre une hausse de 3.02% des variations de l'indice des prix
énergétique.
A ce niveau, il est indispensable de s'assurer de la
validité du mécanisme de retour vers l'équilibre de long
terme, le tableau suivant résume les résultats de l'estimation de
la relation de court terme :
Tableau 4-8 : Estimation de la force de rappel et des
relations de court terme : Le retard p = 2, estimation avec constante et sans
tendance
Correction d'erreur D(IPCE)
|
CointEq1
|
-0.997149
|
|
(-6.92287)
|
D(IPCE(-2))
|
-0.010144
|
|
(-0.06936)
|
D(IPCE(-3))
|
-0.119245
|
|
(-0.65906)
|
D(IPCE(-4))
|
-0.164780
|
|
(-1.18685)
|
D(PPD(-2))
|
0.049798
|
|
(0.63869)
|
D(PPD(-3))
|
-0.096159
|
|
(-1.14787)
|
D(PPD(-4))
|
0.027440
|
|
(0.34471)
|
Constante
|
-0.122708
|
|
(-0.40266)
|
R2
|
0.521122
|
* Les valeurs en italique représentent les t
de student.
On note que CointEq1 désigne le vecteur associé
à la relation de cointégration qui contient les coefficients des
termes à correction d'erreur.
Le tableau 4-8 montre que la relation de cointégration
est caractérisée par une force de rappel négative et
significative dans la relation entre les variations des prix
énergétique et celle des prix du pétrole, permettant ainsi
le retour à l'équilibre de long terme. Ce résultat
statistique reflète le caractère temporaire ou transitoire des
effets d'un choc des variations des prix du pétrole sur celle des prix
énergétique. La significativité de cette force de rappel
ou du mécanisme de retour vers une cible de long terme est la
résultante de la politique anti-inflationniste mie en oeuvre par l'Etat
tunisienne. On constate également que les autres coefficients de court
terme sont tous significativement égalent à zéro, ce
résultat confirme nos précédentes observations et
approfondit notre étude, en effet, la dynamique des variations de
l'indice des prix énergétique n'est pas significativement
conditionnée sur le long terme par les niveaux des variations du prix du
pétrole à court terme.
A-2- Test de causalité au sens de
Granger
Dans ce cadre, on test la validité de l'hypothèse
nulle H0, selon la quelle la variable X ne cause pas la variable Y. Cette
hypothèse est acceptée si la probabilité de la statistique
F est
supérieure aux seuils appropriés, dans le cas
inverse, on rejette H0 alors X cause au sens de Granger la variable Y.
Les résultats de ce test sont présentées
dans l'annexe 4 à la page 120 et résumer dans le tableau 4-9,
tous en conservant le même nombre de retard p = 2.
Tableau 4-9 : test de causalité au sens de
Granger entre les deux variables du
premier modèle ; Nombre
d'observation égal à 73
Hypothèse nulle Statistique-F
Probabilité
|
|
D(PPD) ne cause au sens de Granger 2.65520
0.07757
D(IPCE)
D(IPCE) ne cause au sens de
Granger D(PPD)
|
1.13664
|
0.32691
|
|
Comme le montre le tableau, il nous apparaît la
probabilité de la statistique F correspondant à « D(IPCE) ne
cause au sens de Granger D(PPD) » est égale à 0.32691 0.1 :
On accepte alors H0, l'indice des prix alimentaire ne cause pas les variations
des prix du pétrole.
La probabilité de la statistique F associer à
« D(PPD) ne cause au sens de Granger D(IPCE) » est égale
à 0.07757 0.1 : On rejette alors H0, les variations des prix du
pétrole cause au sens de Granger l'indice des prix des produits
alimentaires, ce qui converge avec nos attentes. De ce fait, on note que la
variable D(PPD) se présente comme une variable exogène
(explicative), alors que D(IPCA) est la variable endogène (à
expliquée).
A-3- Fonction de réponse
impulsionnelle
L'idée générale de ce test se résume
dans l'information concernant l'évolution d'une variable suite à
une impulsion (choc) sur une autre variable.
Dés lors, il nous parait intéressant d'examiner
l'impact d'une impulsion sur les variations des prix du pétrole sur
l'indice des prix énergétique. On considère que
l'amplitude du choc est égale à deux fois l'écart type de
la variable explicative et que l'observation des effets s'étale sur un
horizon de 10 périodes, c'est-à-dire de 10 trimestres, la
fonction de réponse impulsionnelle des variations des prix
énergétique suite à un choc des variations des prix du
pétrole se présente comme suit :
Courbe 4-1 : Fonction de réponse impulsionnelle
des variations des prix
énergétique au choc des variations des
prix du pétrole
De cette représentation graphique, il en ressort que
l'effet d'une impulsion sur les variations des prix du pétrole sur
l'indice des prix énergétique est retardé et persistant,
ce qui appui les résultats de notre estimation. C'est l'effet le plus
rapide puisqu'il sera ostensible dés le deuxième trimestre, il
atteint sont pic à un l'horizon de trois trimestres, audelà des
quelles, l'effet s'amorti progressivement. Au bout de septième
trimestre, l'effet s'ajuste accommodement à un nouveau sentier
d'équilibre de long terme, ce qui certifie le caractère
persistant de ce type de choc.
A-4- La décomposition de la variance
La décomposition de la variance permet de
déterminer dans quelle mesure les variables ont une interaction entre
elles, et ce par le calcul de la contribution de chacune des innovations
à la variance de l'erreur totale.
Les résultats de ce test sont consignés en
annexe 4 à la page 120 et résumés dans le tableau suivant,
en conservant le même horizon de la variance de l'erreur de
prévision (h = 10 trimestres).
Tableau 4-10 : décomposition de la variance de la
variable D(IPCE) h = 10 trimestres
période D(IPCE) D(PPD)
|
1
|
100.0000
|
0.000000
|
2
|
72.27910
|
27.72090
|
3
|
60.36072
|
39.63928
|
4
|
59.94742
|
40.05258
|
5
|
57.89411
|
42.10589
|
6
|
56.25161
|
43.74839
|
7
|
54.42695
|
45.57305
|
8
|
54.51263
|
45.48737
|
9
|
52.87687
|
47.12313
|
10
|
51.48436
|
48.51564
|
Le tableau 4-10 nous montre que la variance de l'erreur de
prévision de l'indice des prix énergétique est due
à 51.48% à ses propres innovations et à 48.51% à
celles de la
variation des prix du pétrole à un horizon de 10
trimestres. Comme on pouvait s'y attendre, un choc sur les variations des prix
du pétrole à un impact positif et non négligeable sur les
prix des prix alimentaire.
B- Estimation et analyse de l'estimation de la
deuxième modélisation
Cette modélisation étudie la relation entre
l'indice des prix alimentaire et les variations trimestrielles, contemporaines
et passées, des prix du pétrole. L'effet de ces variations est
sous-jacent des prix de l'énergie, dans ce présent travail nous
allons essayer de montrer l'effet direct, on recourt ainsi à une
modélisation simple qui relie l'indice des prix alimentaires aux
variations des prix du pétrole.
B-1- Estimation du modèle
Après avoir stationnariser les variables, le test de
cointégration confirme l'absence de relation de cointégration, on
procède ainsi à l'estimation d'un modèle VAR. La
première étape consiste à déterminer le nombre de
retard optimal à attribuer au modèle, en variant le
nombre de retard de 1 à 5 et en regardant les deux
critères d'informations, il en ressort que
5 est le nombre de retard
optimal. Les résultats obtenus sont consigné dans l'annexe 5
à la
page 121 et résumer dans le tableau suivant, après
l'élimination des variables insignificatives :
Tableau 4-11 : Estimation de la relation prix des
produits alimentaire-
variations des prix du pétrole ;
Variable
dépendante : indice des prix alimentaire
Période d'estimation : 1990t1-2008t4
Indice des prix des
produits alimentaire
|
constante
IPCA(-1)
|
1,01373 (8,7959)
|
IPCA(-2)
|
-0,6968 (-4,2120)
|
IPCA(-3)
|
0,6833 (4,1155)
|
IPCA(-4)
|
-0,3479 (-2,1157)
|
IPCA(-5)
|
0,3335 (2,8983)
|
D(PPD(-5))
|
0,3714 (2,9616)
|
R2
|
0,9723
|
R2 ajusté
|
0,9676
|
F-Statistic
|
207,1293
|
* Les valeurs en italique représentent les t
de student.
En ce qui concerne la qualité globale du modèle,
on note la statistique de fisher calculée (207,129) est largement
supérieure à sa valeur théorique, ce qui appui les
résultats de notre estimation. De plus, la valeur élevée
de R2 renforce le pouvoir explicatif de la variable exogène, à
raison de 97,23 %, dans l'explication des variations de la variable
endogène.
Les résultats de l'estimation montrent que l'indice des
prix alimentaire dépond de ses retards, l'effet se dégrade par le
temps et se balade entre hausse et baisse.
Ce qui nous intéresse, en fait, c'est l'effet des
variations des prix du pétrole sur l'indice des prix des produits
alimentaire (noté en rouge). Comme on pouvait s'y attendre, cet effet
est retardé : une augmentation de 10% du prix du pétrole induit,
avec un retard de cinq trimestres, une hausse de 3,71% des prix des produits
alimentaire.
B-2- Test de causalité au sens de Granger
Les résultats de ce test sont consignés dans
l'annexe 5 à la page 122 et résumer comme suit dans le tableau
suivant, tout en conservant le même nombre de retard p=5.
Tableau 4-12 : Test de causalité au sens de
Granger entre les deux variables du deuxième modèle. Nombre
d'observation égal à 70
Hypothèse nulle Statistique-F
Probabilité
|
D(PPD) ne cause au sens de Granger 2.09226
0.07901
IPCA
IPCA ne cause au sens de Granger D(PPD)
|
0.61013
|
0.69243
|
On constate que la probabilité de la statistique F
associer à « IPCA ne cause au sens de Granger D(PPD) » est
égale à 0.69243 0.1 : On accepte alors H0, l'indice des prix
alimentaire ne cause pas les variations des prix du pétrole.
La probabilité de la statistique F correspondant
à « D(PPD) ne cause au sens de Granger IPCA » est égale
à 0.07901 0.1 : On rejette alors H0, les variations des prix du
pétrole cause au sens de Granger l'indice des prix des produits
alimentaires, ce qui converge avec les résultats de l'estimation. Donc
on va prendre D(PPD) comme variable exogène et IPCA comme variable
endogène.
B-3- Fonction de réponse impulsionnelle
En considérant que l'amplitude du choc est égale
à deux fois l'écart type de notre variable exogène et que
l'observation des effets s'étale sur un horizon de 10 périodes,
c'est-à-dire de 10 trimestres. La courbe de réponse de l'indice
des prix à la consommation alimentaire aux chocs des variations des prix
du pétrole sur, présentée dans l'annexe 5 à la page
122, prendra l'allure suivante :
Courbe 4-2 : Fonction de réponse impultionnelle
de l'indice des prix à la
consommation alimentaire aux chocs des
variations des prix du pétrole
La courbe en bleu représente la réaction de
l'indice des prix alimentaire, suite à une impulsion sur les variations
des prix du pétrole, à un horizon de 10 trimestres. Les courbes
en pointillées tracent l'intervalle de confiance.
Il en ressort de l'estimation du modèle, que l'effet
des variations des prix du pétrole sur l'indice des prix alimentaire
n'est pas contemporain, de ce fait, la courbe relative à la
réponse de l'indice des prix alimentaire parte de l'origine. On peut
relever aussi qu'un choc positif sur les variations des prix du pétrole
se traduit par une hausse progressive de l'indice des prix alimentaire, l'effet
s'amplifie légèrement, il atteint son pic au bout de deux
trimestres, avant de s'amortir progressivement pour revenir à son niveau
de long terme à un horizon de quatre trimestres. Au-delà du
cinquième trimestre, on observe des hausses et des
baisses fulgurantes qui éloignent la courbe de son niveau
de long terme, ce qui peut être
interpréter par le fait que le
choc subi n'est pas transitoire, elle est persistante vue la
non
stationnarité de type déterministe de la variable prix du
pétrole qui inflige la constitution du
processus d'accumulation des chocs, en dépit de sa
différenciation.
B-4- La décomposition de la variance :
Les résultats de ce test sont présentés
en annexe 5 à la page 122 et reportés dans le tableau suivant,
toute en conservant le même horizon de la variance de l'erreur de
prévision (h = 10 trimestres).
Tableau 4-13 : Décomposition de la variance de la
variable IPCA h = 10 trimestres
période
1
|
IPCA 100.0000
|
D(PPD)
0.000000
|
2
|
98.92296
|
1.077036
|
3
|
98.04463
|
1.955373
|
4
|
98.01574
|
1.984259
|
5
|
98 .05645
|
1.943550
|
6
|
86.47275
|
13.52725
|
7
|
73.45865
|
26.54135
|
8
|
74.26664
|
25.73336
|
9
|
74.19861
|
25.80139
|
10
|
72.20354
|
27.79646
|
Il en résulte de ce tableau que la variance de l'erreur
de prévision de l'indice des prix alimentaire est due à 72.20%
à ses propres innovations et à 27.79% à celles de la
variation des prix du pétrole.
C- Estimation et analyse de l'estimation de la
troisième modélisation
La troisième modélisation mette en
évidence l'effet de second tour des variations des prix du
pétrole sur l'indice des prix à la consommation, cet effet se
modélise par la relation entre les variations des prix du pétrole
et celles de l'indice des prix sous-jacent. Comme l'on a défini dans le
chapitre précédent, cet indice est mesuré hors prix des
produits alimentaires et énergétiques, vue la volatilité
importante de ces produits pour le cas de la Tunisie.
L'estimation de cette relation sera réalisée sur
des données trimestrielles couvrant la période récente
2000-2008, la modélisation met en relation les variations de l'indice
des
prix sous-jacent avec le taux de croissance du PIB, les
variations des prix du pétrole et celles du taux de change du dinar en
dollar.
On s'attend ici à ce que l'effet de second tour soit de
signe positif, c'est-à-dire que l'augmentation des prix du
pétrole joue positivement sur l'évolution des prix sous-jacents,
de même, on s'attend que l'augmentation du taux de croissance du PIB se
traduise par une hausse de l'indice des prix sous-jacent. Inversement, on peut
supposer que si le taux de change a une influence sur les prix sous-jacents,
cette dernière est négative, en effet, une appréciation du
taux de change a un effet de modération des prix des produits
importés, ce qui contribue au fléchissement du rythme de
croissance des prix à l'intérieur du pays.
L'introduction du taux de croissance du PIB et des variations
du taux de change dans la modélisation des effets de second tour des
variations du prix du pétrole est indispensable dans le cadre notre
analyse, vue qu'ils tiennent le devant de la scène quant il s'agit
d'expliquer les variations de l'indice des prix sous-jacent.
L'influence des variations des prix du pétrole sur
l'une de ces deux variables peut conduire des effets de second tour vers
l'inflation, ce qui nécessite la vérification de l'existence de
relation de causalité entre ces variables et la détection de ces
effets en cas de leurs existences.
C-1- Estimation du modèle
Le test de cointégration de Johansen détecte
l'existence d'une seule relation de cointégration entre les quatre
variables du modèle avec un seuil d'erreur de 1%. La modélisation
vectorielle à correction d'erreur (VECM) est justifiée afin de
procéder à leurs estimations. Dans un pareil cas, l'estimation de
la modélisation se compose de deux parties distinctes. La
première représente l'estimation des relations de
cointégration ou de long terme (sur la durée de la période
étudiée) alors que la seconde partie retranscrit les estimations
des forces de rappels ainsi que celles des relations de court terme.
Les résultats de l'estimation, présentée en
annexe 6 à la page 123, aboutissent à la relation de long terme
suivante :
DIPCSJ = -0.322045 + 0.220939 PIB
(-6.03683)
* La statistique en italique représente le t- de
student.
Les coefficients de longs termes associés aux
variations des prix du pétrole et à celles du taux de change du
dinar en dollar sont insignificatifs, les t- de student affectés
à ces coefficients sont, respectivement, de 0.644 et 0.771 en valeur
absolue. Seul le coefficient de long terme associé au taux de croissance
du PIB est significatif (6.036 1.96) et dénote d'une influence positive
du taux de croissance du PIB sur l'indice des prix sous-jacent,
dans le sens qu'une augmentation de 10% du taux de croissance du
PIB induit une hausse
de 2.21% des prix sous-jacent.
A ce niveau, il est indispensable de s'assurer de la
validité du mécanisme de retour vers
l'équilibre de long terme, le tableau suivant
résume les résultats de l'estimation de la relation de court
terme :
Tableau 4-14 : Estimation de la force de rappel et des
relations de court terme Le retard p = 1, estimation avec constante et sans
tendance
Correction d'erreur CointEq1
|
D(DIPCSJ) -1.383998
(-4.03666)
|
D(DIPCSJ(-1))
|
0.312728
|
|
(1.12187)
|
D(DIPCSJ(-2))
|
0.316576
|
|
(2.22513)
|
D(PIB(-1))
|
0.085297
|
|
(0.79377)
|
D(PIB(-2))
|
-0.103919
|
|
(-0.97930)
|
D(DLPPRD(-1))
|
0.279880
|
|
(0.70366)
|
D(DLPPRD(-2))
|
-0.763370
|
|
(-1.77959)
|
D(DLTCD$(-1))
|
-3.198576
|
|
(-0.85407)
|
D(DLTCD$(-2))
|
-0.2.2997
|
|
(-0.05008)
|
R2
|
0.914728
|
* Les valeurs en italique représentent les t
de student.
Le vecteur associé à la relation de
cointégration noté Cointeq1 contenant les coefficients des termes
à correction d'erreur. Ces coefficients sont négatifs et
significativement différents de zéro dans l'équation
explicative de l'indice des prix sous-jacent, cette variable est
caractérisée donc par un retour vers une cible de long terme, ce
qui appui les résultats de la politique interventionniste de ciblage de
l'inflation pour le cas de la Tunisie. Par contre, le taux de croissance du
PIB, les variations des prix du pétrole et celles du taux de change ne
sont pas caractérisées par un tel retour.
Les tests de nullité des paramètres de court
terme liés à l'indice des prix sous-jacent permettent de relever
que cet indice n'est influencé que par ses propres retards à un
horizon de deux périodes c'est-à-dire de deux trimestres.
On peut aussi relever que les variations des prix du
pétrole n'ont pas d'influence sur celles du taux de change ou du taux de
croissance du PIB et donc ne génèrent pas des effets de second
tour via ces variables. Un résultat qui peut être confirmé
pas les tests de causalité de Granger.
C-2- Test de causalité au sens de Granger
Les causalités de court terme sont mises en
évidence avec les paramètres de court terme du VECM. Notre
objectif est de confirmées, par la méthode de Granger, les
résultats conclues l'or de l'estimation.
Les résultats de ce test sont consignés dans
l'annexe 6 à la page 124 et résumer comme suit dans le tableau
suivant :
Tableau 4-15 : Test de causalité au sens de
Granger entre les quatre variables du troisième modèle ; Nombre
d'observation égal à 33
Hypothèse nulle PIB ne cause au sens de
Granger DIPCSJ
|
Statistique- F
12.8503
|
Probabilité 0.00011
|
DIPCSJ ne cause au sens de Granger
PIB
|
1.49280
|
0.24209
|
DLPPRD ne cause au sens de Granger
DIPCSJ
|
0.39272
|
0.67888
|
DIPCSJ ne cause au sens de Granger
DLPPRD
|
0.33548
|
0.71783
|
DLTCD$ ne cause au sens de Granger
DIPCSJ
|
1.97647
|
0.15742
|
DIPCSJ ne cause au sens de Granger
DLTCD$
|
0.84024
|
0.44220
|
DLPPRD ne cause au sens de Granger
PIB
|
1.02481
|
0.37194
|
PIB ne cause au sens de Granger
DLPPRD
|
1.73858
|
0.19421
|
DLPPRD ne cause au sens de Granger
DLTCD$
|
1.42211
|
0.25809
|
DLTCD$ ne cause au sens de Granger
DLPPRD
|
0.36011
|
0.70078
|
Le test de causalité au sens de Granger confirme les
résultats de l'estimation du modèle
VEC; seul le taux de
croissance du PIB cause les variations de l'indice des prix sous-jacent
avec
une probabilité associée à la statistique-F de 0.00011
inférieure au seuil de 10%.
Toutes les autres hypothèses du non causalité avec
l'indice des prix sous-jacent sont acceptées au seuil de 10%.
En ce qui concerne les causalités des variations du
prix du pétrole avec le taux de croissance du PIB et avec les variations
du taux de change, le test confirme les hypothèses nulles de non
causalité, ce qui appui la conclusion de l'estimation de ce
modèle : les
variations du prix du pétrole ne génèrent
pas des effets de second tour via le taux de croissance du PIB ou les
variations du taux de change du dinar en dollar.
C-3- Fonctions de réponses impulsionnelles
En considérant que l'amplitude des chocs est
égale à deux fois l'écart type de la variable explicative
et que l'observation des effets s'étale sur un horizon de 10
périodes, 10 trimestres pour notre cas. On présente les courbes
de réponses impulsionnelles des variations de l'indice des prix
sous-jacent suite aux chocs sur les autres variables. Les courbes sont
présentées dans l'annexe 6 à la page 124 et
relèvent des résultats conforment à ce que l'on attendait
:
Courbe 4-3 : Fonctions de réponses impulsionnelles
des variations de l'indice des prix à la consommation sous-jacent aux
chocs sur le taux de croissance du PIB et sur les variations du prix du
pétrole réel en dinar
Il en ressort qu'un choc positif sur le taux de croissance du
PIB, toute chose égale par ailleurs pour les deux autres variables,
induit progressivement une hausse de l'indice des prix sous-jacent. Cet effet
est retardé vue que la courbe de la fonction de réponse parte de
l'origine. On note que cet effet est persistant et durable puisqu'il
amène les variations de l'indice des prix sous-jacent sur un nouveau
sentier d'équilibre. Cela fait du taux de croissance du PIB une variable
importante. Un choc sur elle pourrait permettre d'augmenter durablement
l'indice des prix sous-jacent.
Intéressons-nous spécialement à l'impact
des variations du prix du pétrole, un choc positif sur cette variable,
toute chose égale par ailleurs pour les deux autres variables, engendre
des perturbations sur le niveau des variations de l'indice des prix
sous-jacent, l'effet est retardé et transitoire vue que les
oscillassions sont autour du niveau de long terme ce qui confirme les
résultats de notre estimation :
La dynamique des variations de l'indice des prix sous-jacent,
n'est pas significativement conditionnée sur le long terme par les
niveaux des variations du prix du pétrole à court terme (idem
pour les variations du taux de change du dinar en dollar).
C-4- La décomposition de la variance
Les résultats de ce test sont présentés
en annexe 6 à la page 125 et reportés dans le tableau suivant,
toute en conservant le même horizon de la variance de l'erreur de
prévision (h = 10 trimestres).
Tableau 4-16 : Décomposition de la variance de la
variable DIPCSJ h = 10 trimestres
Période
1
|
DIPCSJ 100.0000
|
PIB 0.000000
|
DLPPRD 0.000000
|
DLTCD$ 0.000000
|
2
|
52.11361
|
40.91547
|
6.346440
|
0.624523
|
3
|
48.28951
|
38.79898
|
9.790601
|
3.120911
|
4
|
41.65685
|
40.07422
|
13.64669
|
4.622231
|
5
|
47.57952
|
35.32369
|
12.02639
|
5.070397
|
6
|
41.03895
|
40.76907
|
13.43892
|
4.753058
|
7
|
43.76227
|
37.74335
|
13.75497
|
4.739402
|
8
|
38.19581
|
42.05378
|
15.24216
|
4.508247
|
9
|
40.33939
|
39.88560
|
14.83315
|
4.941861
|
10
|
36.30392
|
42.98499
|
15.57479
|
5.136294
|
Il en résulte de ce test que la variance de l'erreur de
prévision de la variable DIPCSJ est due à 36.30% à ses
propres innovations, 42.98% à celles du PIB, à 15.57% à
celles de DLPPRD et à 5.13% à celles de la variable DLTCD$.
Comme nous l'avons attendait, la contribution du taux de
croissance du PIB à la variance de l'erreur de prévision de la
variable DIPCSJ est plus importante que celle des deux autres variables
(DLPPRD, DLTCD$), ce qui reflète l'importance relative de ce choc dans
l'explication des fluctuations de la variable objective (DIPCSJ).
Le test dénote aussi d'une difficulté de faire
évoluer la variable DIPCSJ en agissant sur les variations des prix du
pétrole vue la faiblesse du poids relatif de cette innovation dans la
variance totale de l'erreur. Ce résultat brille la politique anti
inflationniste de la Banque Centrale Tunisienne (BCT) par conscience de
conséquences nocives de l'inflation.
Conclusion
La relation entre les variations du prix du pétrole et
l'indice des prix à la consommation est ordinaire, elle diffère
d'un pays à l'autre vue l'existence des spécificités
nationale concernant le marché pétrolier et la politique
monétaire mie en oeuvre. La Tunisie est caractérisée par
un rythme de croissance important ce qui nécessite une demande excessive
des produits pétroliers qui excède la production nationale,
l'importation de ces produits exerce des effets inflationnistes sur le niveau
général des prix en dépit de la politique
interventionniste mie en oeuvre par la Banque Centrale de la Tunisie vue que
l'effet des variations de ces produits est ample, vaste et surtout
imprévisible.
La modélisation de la relation entre les variations du
prix du pétrole et l'inflation en Tunisie repose sur une approche
macro-sectorielle. A ce sujet, nous avons désagrégé
l'inflation en trois composantes afin de disséquer l'effet des
variations des prix du pétrole sur l'inflation
énergétique, sur l'inflation alimentaire et surtout sur
l'inflation sous-jacente ou de long terme.
Au moyen de la modélisation VECM concernant l'effet des
variations des prix du pétrole sur l'inflation énergétique
et l'inflation sous-jacente et de la modélisation VAR pour la relation
entre ces variations et l'inflation alimentaire, nous aboutissant aux
résultats suivants ; l'influence d'une hausse de 10% du prix du
pétrole sur le niveau de l'inflation totale passe par trois canaux
différents :
- une hausse de 3.02% de l'inflation énergétique,
l'effet le plus persistant et le plus rapide puisqu'il est ressenti dès
le deuxième trimestre qui suive les hausses.
- une hausse de 3.71% de l'inflation alimentaire à un
horizon de cinq trimestres, cet effet est véhiculé via la hausse
des prix des produits énergétiques.
- un effet de second tour nul, ce qui confirme
l'indépendance de la dynamique des variations de l'indice des prix
sous-jacent aux variations du prix du pétrole. Nos tests confirment une
non causalité entre les variations des prix du pétrole et celles
du taux de change et du taux de croissance du PIB. Néanmoins, on
divulgue aussi une relation positive entre les variations des taux de
croissance du PIB et l'inflation sous-jacente, dans le sens qu'une augmentation
de 10% de celle-ci induit une hausse durable de 2.21% de celle la.
Au total, l'impact d'une hausse de 10% du prix du
pétrole sur l'inflation totale de la Tunisie n'est que transitoire, elle
se résume dans les incidences des effets de premier tour qui induisent,
au bout de deux trimestres, une hausse de 3.02% de l'inflation
énergétique, l'inflation alimentaire réagie à
l'horizon du cinquième trimestre suivant le choc par une augmentation de
3.71%.
Conclusion Générale
L'inflation est un phénomène superlativement
notable qui touche les plans économiques, sociaux et politiques.
Définie comme la hausse durable et auto entretenue du niveau
général des prix, elle ne consiste pas en l'augmentation d'un
seul prix ou d'une seule catégorie de prix, c'est la hausse de la
moyenne de tous les prix qui se répète sur une période
prolongée. L'esquisse de l'histoire de ce phénomène
révèle une vulnérabilité aux changements politiques
et aux chocs économiques tels que les manipulations et les
émissions abusives de la monnaie, la récession économique
et les chocs pétroliers. Cette esquisse révèle, en fait,
la diversité des déterminants de l'inflation qu'on concorde en
trois grands groupes, à savoir, les déterminants d'ordre
monétaire, les déterminants d'ordre structurels et l'inflation
par la demande et l'inflation par les coûts.
L'idée sous-jacente est d'advenir les hausses des prix
du pétrole comme un déterminant contemporain, pénible et
tenant de l'inflation. Les canaux de transmission des hausses des prix du
pétrole aux composantes de l'inflation se résument, en
général, dans l'effet mécanique dit « effet de
premier tour » et l'effet de boucle prix salaire dit « effet de
second tour ». Selon le premier canal, la hausse des prix du
pétrole entraine automatiquement la hausse des prix des produits
énergétiques, surtout ceux qui sont très amont en
pétrole, et l'élévation indirecte des prix d'autres
produits via le renchérissement des coûts des consommations
intermédiaires en énergie. Cet effet touche les composantes les
plus volatiles de l'inflation, à savoir les prix des produits
énergétiques et alimentaires.
L'effet de second tour est celui du déclanchement de la
boucle prix-salaire, résultant essentiellement des comportements
conflictuels et rationnels des salariés et des employeurs, dans le
devoir du maintient du pouvoir d'achat et des marges de profits inertes de
toute dévalorisation invoquée par l'inflation.
Sous cet effet, l'inflation s'inscrit dans un
phénomène auto-entretenu, dans le quel l'indexation des salaires
sur les prix joue un rôle crucial. Cet effet s'interprète comme le
plus pervers parce qu'il touche l'essence de l'inflation, à savoir
l'inflation sous-jacente.
La comparaison des effets des deux premiers chocs
pétroliers avec celles des retombées des hausses historiques des
cours en 2008, montre que ces canaux de transmission jouent moins que par le
passée. L'amortissement de ces effets trouve son explication dans les
mutations qu'à connues la conjoncture économique du point de
vue
de la diminution de l'intensité
pétrolière de la croissance, l'explosion des
phénomènes de la libéralisation financière et de la
globalisation commerciale ainsi que le recyclage des revenues des pays de
l'OPEP. Néanmoins, l'enseignement tiré des réactions des
politiques monétaire de maintient des taux d'inflation bas et stable,
mis en oeuvre par l'Allemagne et la Suisse face aux deux premiers chocs
pétroliers, nous amène à conclure que la réaction
de l'inflation aux variations des prix pétroliers est
considérablement influencée par les politiques monétaires
mis en oeuvre.
Les commodités que garanties la politique de
stabilité des prix dans la préservation du pouvoir d'achat des
ménages et dans le maintient de la croissance économique et de
l'emploi, met cet objectif au devant de la scène parmi les
préoccupations des principales banques centrales.
Cependant, l'échec enregistré par les tentatives
de stabilisation des prix usées au cours des deux premiers chocs
pétroliers a basculé la plupart des pays, sous les
recommandations d'un nombre important d'économistes, vers le ciblage
crédible d'inflation. La performance de cette stratégie
réside dans les résultats affichés des variations des taux
d'inflation face aux évolutions récentes des cours
pétroliers. Ce succès s'explique par le fait que le maintient des
taux d'inflation bas et stables permet l'ancrage des anticipations des
salariés et des entrepreneurs vers une cible crédible, à
la quelle l'inflation fait retour après la hausse des prix
pétroliers. En effet, la crédibilité des autorités
monétaires incite les agents économiques à abandonner les
processus d'anticipations adaptatives, et à prendre comme
référence non plus l'inflation passée mais l'objectif
annuel affiché dans le budget de l'Etat, ce qui limite les
probabilités du déclanchement de la spirale prix-salaire et donc
amortir l'effet sur l'inflation sousjacente.
Néanmoins, l'efficacité de la politique de
ciblage d'inflation face aux chocs pétroliers n'entrave pas le
succès d'autres politiques monétaires dans d'autres pays. Ce fut
notamment le cas de la Tunisie qui oeuvre la politique de stabilité des
prix via le contrôle des agrégats monétaires, et qui a
réussi à amortir totalement les effets de second tour des
variations des prix pétroliers sur l'inflation, au cours de la
période 1990-2008.
Pour apprécier les effets de premier tour et du second
tour des variations des cours pétroliers sur l'inflation, pour le cas de
la Tunisie, nous nous somme basé sur une approche macro-sectorielle
selon la quelle l'effet passe par trois principaux canaux ; l'effet sur
l'inflation énergétique, l'effet sur l'inflation alimentaire et
l'effet sur l'inflation sous-jacente, qui représente la composante
durable et structurelle de l'inflation corrigée des influences
tendancielles et permanentes sur le cycle
économique, et qui peut être définie comme
étant l'indice des prix à la consommation hors énergie et
alimentation, perçus comme extrêmement volatils selon le rapport
du Fond Monétaire International sur l'économie tunisienne en
Octobre 2007.
Afin de mener une telle analyse, nous nous sommes basé
sur un modèle intitulé « Prévoir l'inflation en zone
euro : une approche macro-sectorielle » et proposée par Benjamin
Richard, William Roos dans les Documents de travail de la Direction
Générale du Trésor et de la Politique Economique (DGTPE),
Juin 2008.
Les résultats qu'affiche notre estimation au cours de
la période 1990-2008 sont en ligne avec la réalité.
L'effet d'une hausse de 10% des prix du pétrole se résume dans
les incidences des effets de premier tour qui induisent, au bout de deux
trimestres, une hausse de 3.02% de l'inflation énergétique.
L'inflation alimentaire réagit, à l'horizon du cinquième
trimestre qui suive la hausse, par une augmentation de 3.71%.
Cet effet n'est que transitoire dans la mesure de l'absence
des effets de second tour, qui peut être justifiée par la hauteur
du taux de chômage, qui touche la barre des 14,2%, ainsi que par la
politique de stabilité des prix mise en oeuvre par l'Etat.
Néanmoins, la désindexation des salaires sur les prix joue le
rôle d'une arme à double tranchant. D'une part, cette
stratégie peut aggraver l'état de la demande globale vu qu'elle
altère le pouvoir d'achat des ménages suite aux augmentations des
prix, induises par les effets de premier tour. Cependant, elle joue un
rôle crucial dans l'amortissement (l'annulation totale pour le cas de la
Tunisie) des effets pervers du second tour par le blocage des augmentations
compensatoires des salaires et le freinage des répercussions des hausses
des coûts par les entreprises. Ce paradoxe peut être la
résultante d'une stratégie qui attaque les effets au lieu de se
prémunir des causes.
Quelles sont, ainsi, les perspectives de la mise en oeuvre des
politiques d'économie d'énergie, parallèlement au concept
de l'efficacité économique ?
Bibliographie
Ouvrages
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Hyperinflation », in Friedman, Milton (ed.), Studies in the Quantity
Theory of Money, Chicago: University of Chicago Press, 1956.
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stabilité des prix est-elle
importante pour vous ? », manuel de la Banque Centrale
Européenne, 2007.
· Eckstein Otto, «Core Inflation, Prentice-Hall
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· Fisher, « L'illusion de la monnaie stable ».
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Fait, théorie, politiques », Seuil, 1997.
· Joël Maurice, « Prix du pétrole »,
La Documentation française, Paris, 2001.
· Jean François Goux, « Inflation,
désinflation, déflation », Dunod, Paris, 1998.
· Michael Burda, Charles Wyplosz, Jean Houard, «
Macroéconomie: Une perspective européenne », De Boeck
Université, 2002.
· Mongi Mokadem, « Histoire de la pensée
économique », Ben Arous, Impr. Officielle, 2002.
· Sargent Thomas, « Stopping Moderate Inflations:
the Methods of Poincaré and Thatcher », Dornbusch Rudiger (ed.) in
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Massachusetts, 1993.
Articles
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s'attendre à une spirale inflationniste ? », Division
Synthèse conjoncturelle, Décembre 2004.
· Benjamin RICHARD, William ROOS, « Prévoir
l'inflation en zone euro : approche macro-sectorielle », document de
travail de la DGPTE n°3, juin 2008.
· Dorothée Brécard, Carole Chevallier,
Arnaud Fougeyrollas, Pierre Le Mouël, Paul Zagamé, «
Evaluation pour la France des conséquences de l'augmentation du prix du
pétrole », Séminaire du LEN, février 2006.
· George S. Alogoskoufis, «Monetary Accommodation,
Exchange Rate Regimes and Inflation Persistence», Economic Journal, volume
102, mai 1992.
· Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006), Rapport
d'information n°105, SENAT, session ordinaire de 2005-2006.
· Marie REYNAUD, Sylvie SCHERRER, « Une
modélisation VAR de l'enquête mensuelle de conjoncture de l'INSEE
dans l'industrie », Document de travail n°96-12, Décembre
1996.
· M. Friedman: « Inflation et systèmes
monétaires », Original English Language edition published by
Prentice-Hall, Inc., Englewood Cliffs, New Jersey, USA, 1976.
· Roger Scott, « Measures of Underlying Inflation in
New Zealand »,
Reserve Bank of New Zealand, Discussion Paper Series,
septembre 1995
· Pierre Bezbach, « Inflation et désinflation
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· TAOUFIK RAJHI, MOHAMED BENABDALLAH, WIDED HMISSI,
« Impact des chocs pétroliers sur les économies africaines :
une enquête empirique », Houston, Février 2005.
· « Haut et bas de l'inflation : analyse du bilan
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économiques et financières, Perspectives de l'économie
mondiale, Fond Monétaire International, 1995.
· Rapport du FMI No. 07/319, octobre 2007.
· « Les effets économiques du prix du
pétrole sur les pays de l'OCDE », Analyses économiques,
n°54, Novembre 2004.
· « Les répercussions de la hausse des cours
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financières, ministère des finances et de la privatisation,
royaume du Maroc, 2006.
· « Persistance de l'inflation en zone euro »,
BULLETIN DE LA BANQUE DE France, N° 127, JUILLET 2004.
· « Pourquoi cibler l'inflation », l'ABC de
l'ECONOMIE, Finance et Développement, juin 2003.
Annexes
Annexe 1 : Représentations graphiques des
séries (par modèle) Séries de la modélisation de
l'inflation énergétique
IPCE
PPD
180 160 140 120 100 80 60
|
|
90 92 94 96 98 00 02 04 06 08
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10
|
|
90 92 94 96 98 00 02 04 06 08
90 92 94 96 98 00 02 04 06 08
Séries de la modélisation de l'inflation
alimentaire
140 120 100 80 60 40
|
|
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10
|
|
|
90 92 94 96 98 00 02 04 06 08
|
|
90 92 94 96 98 00 02 04 06 08
|
|
|
IPCA
|
|
|
|
PPD
|
|
Séries de la modélisation de l'inflation
sous-jacente
PIB
Annexe 2 : Test de Dickey-Fuller Augmenté (par
variable)
Prix du pétrole en dinar Indice des prix
à la
consommation
énergétique
Indice des prix à la consommation Indice
des prix à la
alimentaire consommation
sous-jacente
Variation du Produit intérieur brut
Logarithme du prix réel du
pétrole en dinar
Logarithme du taux de change
Dinar/dollar
Annexe 3 : Test de ciontégration de Johansen
(par modèle)
Test de ciontégration pour Test de
cointégration pour
le premier modèle le deuxième
modèle
Test de cointégration pour le
troisième modèle
Annexe 4 : Résultats de l'estimation de la
première modélisation
- 125 -
Décomposition de la
variance
Annexe 5 : Résultats de l'estimation de la
deuxième modélisation
Estimation VAR de la deuxième
modélisation
Décomposition de la
variance
Annexe 6 : Résultats de l'estimation de la
troisième modélisation
Test de causalité au sens de
Granger
Les tests de cholesky
Fonctions de
réponses impulsionnelles
Décomposition de la
variance