3 Les conditions macroéconomiques
du développement
3.1 Cadrage et rappel
Plusieurs théories et plans économiques
concernant le développement ont existés et certains ont
même déjà été appliqués avec plus ou
moins de réussite. Le chapitre précédent a montré
que certaines théories n'étaient pas adaptées pour le
développement des pays africains. Avant de s'intéresser au green
business, il semble important d'étudier quelles sont les conditions
macroéconomiques du développement, en se basant à la fois
sur des concepts théoriques et aussi des exemples réels qui ont
eu lieu dans plusieurs états d'Asie dont notamment la Corée du
Sud.
Seules les conditions macroéconomiques dont les
états ont l'entière responsabilité seront
développées. Les problématiques concernant la dette
extérieure ou bien la structure des institutions internationales et
leurs règles de gouvernance ne seront pas développées
ici.
L'ensemble des théories économiques
keynésiennes s'appuient sur la formule suivante :
Y = Cp + I + G + Xbs - Xk - Mbs + Mk (3.1)
Y = Cp =
I = G = Xbs = Xm = Mbs = Mk =
Revenus (dépend de la politique fiscale) Consommation
Investissement
Dépense de l'Etat
Exportation de biens et services Exportation de capitaux
Importation de biens et service Importation de capitaux
Le développement comprend plusieurs dimensions :
économique, sociale et environnementale. La question environnementale
est omniprésente dans le sujet du travail, elle ne sera donc pas
détaillée dans ce chapitre, tout comme la dimension sociale. La
politique sociale ne pourra s'opérer qu'après avoir atteint un
certain niveau de développement économique, de plus la
théorie du ruissellement au sein d'un même pays peut permettre
également un développement social.
3.2 L'importance du rôle de l'Etat dans le
développement
Les différents plans mis en place par le passé
(PAS) ont placé l'Etat dans un rôle de simple spectateur du
développement. Celui-ci, à cause des conditionnalités, n'a
plus été en mesure d'assurer les devoirs et les tâches
qui sont les siennes. Le développement ne se
limite pas aux seuls critères économiques, mais
inclus également des aspects sociaux, de santé et
d'éducation. Ces différents domaines ont été
délaissés par l'Etat, à cause de l'austérité
budgétaire prôné par les bailleurs de fond.
L'Etat joue un rôle important au niveau des revenus d'un
pays car ses investissements permettent d'augmenter directement les revenus de
ses habitants (voir formule 3.1). Lors de la récente crise de 2008, dans
les pays les plus libéralisées, l'Etat est intervenu afin de
« relancer », de « stimuler » l'économie. En
d'autres termes, il a investi pour permettre un développement ou
plutôt le redéveloppement économique de la nation. Il
serait dès lors indispensable que les pays en voie de
développement, contrairement à ce qui a été
prôné dans les différents plans, puissent choisir et
déterminer eux-mêmes les politiques macroéconomiques. Ceci
confirme le discours de J. Stiglitz lors d'une conférence à Tunis
en janvier 2010, « une des grandes leçons de la crise
financière est que l'Etat a un rôle crucial à jouer dans le
développement économique».[1]
Les plans ont également conduit à la suppression
des différents subsides accordés aux matières de
premières nécessités et aux secteurs primaires (voir
paragraphe 2.4). Cependant, dans tous les pays industrialisés, les
subsides existent pour l'agriculture. Cette disparité crée des
situations paradoxales comme la crise du poulet : les aides accordées
par les pays occidentaux à l'agriculture permettaient de vendre les
parties dont les occidentaux ne voulaient pas (croupions, ailes, ....) à
des prix défiants la concurrence locale. A noter qu'à cause des
mauvaises installations des chaînes de froid, la viande était
porteuse d'énormément de bactéries [12].
Pour rappel, il est du rôle de l'Etat d'intervenir et de
prendre les mesures nécessaires pour le développement de son pays
(Voir ci-dessous), les plus importantes seront détaillées dans
les paragraphes suivants. Il serait illusoire de croire que la seule logique du
marché puisse assurer les besoins essentiels. Plus de 2.8 milliards de
personnes vivent en dessous de 2$ par jour dans le monde [22] et ne disposent
donc pas d'un pouvoir d'achat suffisant pour être attractif pour le
marché.
L'Article 8 section 1 de la Déclaration sur le droit au
développement6 adoptée par l'Assemblée
générale dans sa résolution 41/128 du 4 décembre
1986 :
« Les Etats doivent prendre, sur le plan national,
toutes les mesures nécessaires pour la réalisation du droit au
développement et ils doivent assurer notamment l'égalité
des chances de tous dans l'accès aux ressources de base, à
l'éducation, aux services de santé, à l'alimentation, au
logement, à l'emploi et à une répartition équitable
du revenu. Des mesures efficaces doivent être prises pour assurer une
participation active des femmes au processus de développement. Il faut
procéder à des réformes économiques et sociales
appropriées en vue d'éliminer toutes les injustices sociales.
» [22].
3.2.1 La bonne gouvernance
La stabilité politique des Etats est également
un élément important dans le développement. Les
investisseurs étrangers riches en capitaux préfèrent
investir dans des pays rentables, ce qui dépend de la stabilité
du pays. La stabilité politique ne rime pas nécessairement avec
démocratie. Le passé nous a déjà montré que
l'émergence de plusieurs pays d'Asie s'est fait avec des régimes
non-démocratiques, voir autoritaires mais qui restait stable dans la
durée.
L'importance est d'avoir un cadre légal bien
défini et transparent. Le problème souvent pointé du doigt
en Afrique reste la corruption. Celle-ci est rendue possible à cause du
flou qui règne dans la législation et dans l'absence de
séparation claire entre les pouvoirs et un manque de transparence et de
communication sur les lois.
|