RESUME
Les marges côtières de la province du sud
Cameroun s'étendent de la ligne côtière à
près de 50 km à l'intérieur du continent (d'ouest en est)
et du nord de la ville de Kribi au sud de l'île de Dipikar. Elles sont
pourvues d'abondantes ressources touristiques qui sont surtout
valorisées et polarisées à Kribi dans leur formule
classique mais ne le sont presque pas sous cette forme dans le reste de la
région. Les communautés locales développent des
initiatives écotouristiques encore au stade primaire.
L'objectif de l'étude est d'analyser le processus
d'insertion du tourisme et les problèmes de son développement
dans les marges côtières de la province du Sud Cameroun par le
moyen des observations, enquêtes et entretiens. Les premières
données récoltées permettent déjà d'affirmer
que le potentiel touristique (naturel, culturel et historique) est important et
que le cadre des activités est à certains égards favorable
(climat, sécurité...). Cependant, le tourisme se déploie
selon un mode d'insertion socio-spatiale rapide et non encore
maîtrisé dans un environnement où de nombreux risques sont
susceptibles de compromettre le devenir touristique et social de cette
région du Cameroun.
La suite de nos travaux permettra d'étendre nos
analyses au reste de la région et savoir les conditions, le
modèle de développement qui assure la maîtrise de cette
intégration et participe à l'épanouissement des
communautés locales, clé du développement du tourisme dans
la région.
Mots clés : Insertion, tourisme
durable, développement du tourisme, conséquences
socioenvironnementales, communautés locales.
ABSTRACT
Coastal margins of South Province Cameroon is contained in a
polygon surface which start from the coast to about 50km inland (from west to
east) and from northern part of Kribi town to southern limits of Dipikar
island. They are rich of touristic resources which are valorized and polarised
mainly around Kribi in a classical way. But it is not nearly under this shape
in the rest of the region. The local communities develop some ecotouristic
initiatives again to the primary stage.
The purpose of the study is to analyze the process of
insertion of the tourism and the problems of its development in the inshore
margins of the South Province of Cameroon by using methods and technics such as
observations, surveys and interviews. First results of investigations on field
revealed that the tourist potential (natural, cultural and historic) is
important and that the setting of the activities is to some favorable
considerations (climate, security...). However, the tourism develops according
to one fashion of fast socio-spatial insertion and no mastered again in an
environment where many risks are susceptible to compromise the tourist and
social future of this region of Cameroon.
The continuation of this study will allow us to spread our
analyses to the rest of the region and to know the conditions, the model of
development that assures the mastery of this insertion and participate to the
blossoming of the local communities, key of the development of the tourism in
the region.
Key words : Insertion, sustainable
tourism, development of tourism, socioenvironmental consequences, local
communities.
TABLE DES MATIERES
RESUME 1
ABSTRACT 1
TABLE DES MATIERES 2
LISTE DES TABLEAUX 3
LISTE DES FIGURES 4
LISTE DES PHOTOGRAPHIES 5
LISTE DES ABREVIATIONS 5
REMERCIEMENTS 6
INTRODUCTION GENERALE 7
1. PROBLEMATIQUE 9
2. QUESTION DE RECHERCHE 13
2.1. Question principale 13
2.2. Questions spécifiques 13
3. BACKGROUND SCIENTIFIQUE 13
4. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 16
5. OBJECTIF DE TRAVAIL 19
5.1. Objectif principal 19
5.2. Objectifs spécifiques 19
6. HYPOTHESE DE TRAVAIL 20
6.1. Hypothèse centrale 20
6.2. Hypothèses secondaires 20
6.3. Cadre opératoire 20
7. METHODOLOGIE 23
7.1. Choix des stratégies générales
de vérification 23
7.2. Choix des techniques de collecte des données.
24
7.3. Choix des techniques d'analyse des données.
26
7.4. Le test d'hypothèse 28
8. PLAN PROVISOIRE DE LA THESE 28
9. CHRONOGRAMME PREVISIONNEL DU TRAVAIL DE THESE
29 CHAPITRE I : ANALYSE DES PROCESSUS D'INSERTION DU TOURISME DANS
LES MARGES COTIERES DU SUD. 31
1. LE MILIEU DES MARGES COTIERES : UN CADRE A LA GEOGRAPHIE
FAVORABLE AU TOURISME 31
1.1. Le milieu physique : atouts et contraintes au
décollage touristique 32
1.1.1. Un relief de plaine dominé par un bas
plateau 32
1.1.2. Un climat doux mais pluvieux
33
1.1.3. Une végétation dense,
variée et séduisante 36
1.1.4. Un réseau hydrographique dense mais non
valorisé 37
1.1.5. Des sols propices à l'agriculture
38
1.2. Le cadre humain : forces et faiblesses d'un tourisme
de culture 38
1.2.1. Le peuplement et les modes de vie
38
1.2.2. Les cultures des peuples de l'Océan
40
1.2.3. Les révélations de
l'archéologie dans le contexte de retour aux sources 41
1.3. Le potentiel écotouristique 42
1.3.1. Offre naturelle 42
1.3.2. Offre socio-culturelle 45
1.3.3. Offre aménagée
46
1.4. La demande des touristes de Kribi et du reste du
département de l'Océan 47
1.4.1. Le portrait socio-économique des
visiteurs de Kribi 47
1.4.2. Les motivations des visiteurs de Kribi et
alentours 48
2. L'EVOLUTION DE L'INSERTION DU TOURISME DANS LES MARGES
COTIERES DU SUD CAMEROUN 49
2.1. Une évolution en ligne brisée dans
l'espace touristique 50
2.1.1. L'Etat providence pendant les années
de croissance 50
2.1.2. Le désengagement de l'Etat et le
flottement du secteur touristique 53
2.1.3. La relative prise en main par la
Communauté Urbaine de Kribi (CUK) et les
autres partenaires. 53
2.2. L'analyse de la croissance du
phénomène touristique 54
2.2.1. Les difficultés de planification
54
2.2.2. La ruée imparable vers le foncier en
front de mer 55
2.2.3. La modicité des moyens
56
3. LE TOURISME ET LE TERRITOIRE TOURISTIQUE DE KRIBI 57
3.1. L'entrée et l'extension du fait touristique
57
3.1.1. Ebodjé, un village
écotouristique de prestige 61
3.1.2. Nko'élon, une initiative naissante mais
prometteuse 63
3.2. Les mutations-socioenvironnementales
provoquées par le tourisme 63
3.2.1. Les effets négatifs et concurrence
64
3.2.2. Les effets bénéfiques
67
3.2.3. Les risques 68
CONCLUSION GENERALE 73
BIBLIOGRAPHIE 75
ANNEXES 81
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE AUPRES DES TOURISTES 82
Presse 83
GUIDE D'ENTRETIEN 85
1. Identification 85
2. Connaissances sur le tourisme 85
3. Actions concrètes 85
a. Naturelles 85
b. Culturelles 85
c. Interpersonnelles 86
d. Infrastructures/ Entretien/ Promotion/
Aménagement 86
4. Difficultés éventuelles 86
5. Attentes et projets 86
CRITERES DU GTZ ET MINTOUR AYANT SERVI A L'INVENTAIRE DE 120
SITES
TOURISTIQUES AU CAMEROUN EN 2001 87
STATISTIQUES DES ARRIVEES HOTELIERES DE 1972-1978 88
LISTE DES ETABLISSEMENTS D'HEBERGEMENT DE L'OCEAN 89
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Techniques de collecte de données
24
Tableau 2: Paramètres du très beau temps
touristique confortable
|
.34
|
Tableau 3: Paramètres disponibles du temps
touristique confortable de Kribi
|
..36
|
Tableau 4: Quelques éléments culturels du
département de l'Océan
|
...40
|
Tableau 5 : Statistiques de 2 années touristiques
1974 et 1975
|
. 51
|
Tableau 6 : Part des arrivées de Kribi sur les
arrivées nationales (1972-1978)
|
..51
|
Tableau 7: Offre touristique du village
écotouristique Ebodjé
|
.62
|
Tableau 8 : Les effets positifs du tourisme sur le milieu
et les hommes dans les marges
côtières de la province du Sud
..67
Tableau 9 : Risques et tourisme dans les marges
côtières de la Province du Sud ..68
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Localisation du département de
l'Océan ...9
Figure 2: Modèle d'analyse du tourisme durable
18
Figure 3: Modèle d'analyse de la participation de
la population locale et le
développement du tourisme 27
Figure 4: Histogrammes pluviométriques pour
chacune de ces nuances .34
Figure 5 : Tourisme et saisonnalité à Kribi
(Données 2004) ..35
Figure 6: Carte de l'espace touristique des marges
côtières de la province du Sud
Cameroun 43
Figure 7 : Répartition par nationalité des
arrivées internationales à Kribi 47
Figure 8 : Répartition des motivations des
visiteurs de Kribi et le reste de l'Océan 48
Figure 9 : Arrivées des visiteurs à Kribi
(1972-1983 et 1999-2004) 52
Figure 10 : Distribution des établissements
d'hébergement dans les marges côtières du Sud Cameroun 58
Figure 11 : Densité des établissements hôteliers et
croissance du phénomène touristique à Kribi 59 Figure 12 :
Facteurs de risques pour le tourisme dans les marges côtières du
Sud Cameroun 71
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photo 1: Une végétation dense de la
forêt de moyenne altitude ..36
Photo 2: Un campement de pygmées assez
évolués 39
Photo 3: Plages à Itondé-Fang
..42
Photo 4: Quelques chutes dans les marges
côtières de la province du Sud Cameroun...44
Photo 5: Quelques vestiges de l'occupation allemande sur
l'île de Dipikar .45
Photo 6: Recul du trait de côte sous le fait de
l'érosion marine .64
LISTE DES ABREVIATIONS
AFIT : Agence Française de l'Ingénierie
Touristique CEN : Comité d'Ecotourisme de Nko'élon
CEPFILD : Cercle de Promotion des Forêts et
l'Initiative Locale de Développement CNC : Conseil National de
Crédit
CUK : Commune Urbaine de Kribi
DDTO : Délégation Départementale du
Tourisme de l'Océan DDO : Délégation Départementale
pour l'Océan
DPTS : Délégation Provinciale du Tourisme
du Sud ECOFAC : Ecosystèmes Forestiers d'Afrique Centrale FEICOM : Fonds
spécial d'Intervention Intercommunal GIC : Groupes d'Initiatives
Communes
HCR : Hôtels - Cafés -
Restaurants
IFEN : Institut Français de l'Environnement
Naturel IRD : Institut de Recherche et de Développement
MINDAF: Ministère des Domaines et des Affaires
Foncières MINTOUR: Ministère du Tourisme
OMT: Organisation Mondiale du Tourisme
ONED : Organisation pour la Nature et
Développement PIB: Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNCM : Parc café National de
Compo-Ma'an
SAGED : Genre et Gestion Environnementale Durable SNV :
Organisation Néerlandaise de développement UTO : Unité
Technique Opérationnelle
WWF: World Wild Fund For Nature.
REMERCIEMENTS
Ce travail est le produit de l'action conjointe de
nombreuses personnes qui y ont oeuvré de façon acharnée
sous la houlette de Dieu.
Sur le plan académique, notre reconnaissance
s'adresse en premier au Professeur Jean-Louis DONGMO qui nous a fait l'honneur
de nous diriger nonobstant les nombreuses responsabilités qui auraient
suffi comme argument de refus. De façon très volontariste, il
nous a conseillé, donné des orientations et suggestions pour
accomplir ce travail. Aussi le Dr Médard LIEUGOMG - que nous remercions
- s'est-il échiné à relire et influencer cette
pièce de recherche. Nous n'oublions pas tous les autres enseignants qui
y ont également contribué par leurs enseignements, leurs
orientations, leurs relectures et suggestions. Il s'agit notamment des Docteurs
TCHOTSOUA Michel et GOLTOB de l'Université de N'djamena, des Professeurs
SIMEU KAMDEM, Paul TCHAWA, Anne DEHAUTESERRE et Rémy KNAFOU.
D'autres personnes du MINTOUR dont l'ouverture et les
informations ont facilité la réalisation de ce travail
méritent de trouver ici l'expression de nos remerciements les plus
sincères. Nous citons Mesdames BOMBA A. Elise (Directeur de la Promotion
Touristique) et BAYECK M. (CT2), Messieurs MEZA M'AKAME Eitel (DPTS), LIENOU
Martin (Chargé d'études No2), BELLO Jean (DDO), BOUBA Ariki
(DDO/MINDAF) et NTOKO Edmond A. (Chef des service de la
statistiques).
Nous avons également
bénéficié du soutien, des conseils et encouragements de
plusieurs. Nous nommons en l'occurrence notre père Monsieur Etienne
MEGAPTCHE, des familles HOUMEGNI, DINANG, MANYIM et HANDJA, nos soeurs
Marie-Chantal NGUEPJOUO, Elise NONO et amis Grâce CHIMI, Pegguy L. T.
GASSU, KALDAOUSSA Bambadao, Hervé KETCHABA, Berlin SAHA, Patrick
TCHIESSE, Eric WANDJI, Dieu Tous TCHOUMY et Jean-Jacques BAYANGONA.
Sur le plan logistique, nous exprimons notre profonde
gratitude à Pierre Basile NGOULA, au WWF/Campo-Ma'an et notamment
à son Chef de Programme Bertin TCHIKANGWA, de même qu'à ses
proches collaborateurs Charles ZILLI et ALO'O Patrice.
Au-delà de tous ces noms, nous reconnaissons en ce
travail, l'oeuvre de la munificence de Dieu pour et par qui nous vivons et
vivrons toujours.
INTRODUCTION GENERALE
Le tourisme est un secteur sans cesse en croissance
vertigineuse. Au milieu du siècle dernier, il ne représentait que
25,3 millions d'arrivées en provenance de l'étranger et pesant
2,12 milliards de dollars US du PIB mondial. En 1960, avec 69,3 millions
d'arrivées, il atteint 268,2 millions d'arrivées en 1980. Ces
statistiques vont quasiment tripler en 2000 avec 697,4 millions
d'arrivées, soit 11% du PIB mondial. Cette industrie passe pour
être la plus importante du monde (OMT).
De nombreuses stratégies sont mises en oeuvre par les
continents, les regroupements régionaux, les Etats et les
collectivités diverses pour capter les flux de ces mouvements de
personnes, source de rentrées de devises entre autres. Ce faisant les
sociétés et les espaces concernés et en particulier ceux
des pays du Tiers-Monde en sont marqués. C'est justement le cas des
collectivités du département de l'Océan. Il s'agit
précisément de l'espace délimité au Nord par le
fleuve Nyong et au Sud par le fleuve Ntem. Sa bordure occidentale est
recouverte par l'Océan Atlantique tandis que la forêt dense la
limite à l'Est. Autrement dit, il est compris entre le
2ème et le 3ème degrés de latitude
Nord d'une part et d'autre part entre le 9ème et le
10ème degrés de longitude Est (Figure 1). L'ensemble
de cette zone d'étude couvre une superficie de 331 000ha. Cette
situation lui permet de bénéficier des privilèges que lui
offrent à la fois la forêt et la mer. D'est en ouest, les
populations vivant dans ce milieu prélèvent les ressources de la
forêt (Chasse, cueillette, ramassage), pratiquent l'agriculture et la
pêche. Cette gamme variée d'activités est le reflet de
l'opulence sur le plan des potentialités à teneur touristique de
la région sur laquelle nos investigations vont porter. Il est
néanmoins à préciser que les textes et les actions portant
protection de la forêt perturbent quelque peu les activités
habituelles de ces populations d'autant que les parcs nationaux sont des zones
mises en défens qui ne sont pas supposées être
occupées par les populations humaines (Kiss, 1989). Alors sont
encouragés le développement des activités piscicoles et
surtout touristiques par les autorités communales1,
appuyés sur le terrain par les ONG.
Suite à nos séjours sur le terrain, nous avons
privilégié l'étude des causes du sous développement
touristique ainsi que les impacts de cette activité sur les marges
côtières du Sud Cameroun. Ainsi les résultats de nos
travaux pourront aider à orienter et maîtriser le ph
Figure 1: Localisation du département de
l'Océan. 1. PROBLEMATIQUE
Le tourisme occupe une place importante dans les
sociétés et précisément dans l'économie qui
lui est ouverte. En effet, sur le plan socioéconomique, il
génère les recettes, les emplois, met sur orbite des lieux,
enracine les populations, améliore l'environnement. Malgré tous
ces avantages, exception faite de Kribi, cette activité reste
très faiblement développée dans les localités des
marges côtières.
Nombreuses sont pourtant les ressources touristiques de cette
région qui conjugue sur le même espace les ressources naturelles
(climat, eau, sites naturels) et les ressources artificielles (patrimoines
artistique, socioculturel...) qui constituent les ressources
récréatives (Dewailly et al, 1993).
Ainsi pour ce qui est des potentialités d'origine
naturelle, leur attractivité est avérée à en juger
par leur caractère exceptionnel : les plages recouvertes de sable fin de
couleur blanche tirant sur le jaune, piquetées de cocotiers, larges de
20 m environ aussi bien à marrées hautes que basses, offrent un
paysage fort pittoresque le long de ces 150 km du linéaire côtier
(Essono, 2000). De plus, à 7 Km au Sud de Kribi, les chutes de la
Lobé sont originales. Elles sont le résultat de la
traversée de l'escarpement - haut de 30 m par endroits - par les cours
de la Lobé qui sert de ligne de rupture entre la zone de forêt et
la côte. Ici, on a au moins deux sites de chutes, l'un à
l'embouchure du fleuve Lobé et l'autre beaucoup plus féerique au
détour de la flèche littorale en cours de colonisation par la
végétation qui fait saillie dans la mer. Il existe même
davantage vers l'intérieur du continent dont le visage n'est pas du tout
désagréable (les chutes de Memvé'élé, le
mont Nkolebengué, le massif des mamelles, le Rocher du loup...). Plus
loin, à plus de 20 km de Kribi sur la route Campo notamment,
Ebodjé, un des plus captivants des nombreux petits villages qui se
succèdent le long de la côte est un véritable village de
pêcheurs ouvert à l'activité touristique. La côte au
Sud de Kribi est généralement recouverte en arrière-plan
par la forêt dont le manteau se densifie et s'enrichit à mesure
qu'elle s'étend vers l'Est. Cependant les installations d'HEVECAM et de
SOCAPALM au Nord-Est de cette zone d'étude viennent en rajouter à
la diversité des espèces végétales et fauniques
avec leurs grandes exploitations de monoculture d'hévéa et de
palmier à huile, régulièrement entretenues. Il faut aussi
signaler que la faune sous forêt comporte de nombreuses espèces
animales dont les plus attractives sont des éléphants, des
gorilles, des chimpanzés et des antilopes sur terre (Debel, 1988),
grands mammifères particulièrement recherchés pour le
tourisme de vision. De plus, les fleuves dont les cours sont jalonnés de
ravins (Lokoundjé, Kienké, Lobé et Ntem) et l'océan
sont tout aussi riches et variées en ressources halieutiques.
L'île de Dipikar isolée au Sud-Ouest à la frontière
avec la Guinée Equatoriale en est une illustration patente.
Par ailleurs, quelques sociétés humaines
d'envergure moyenne se sont installées le long de la côte et de
façon intermittente dans la région forestière. Il en
résulte logiquement que les peuples de ce secteur ont des cultures
diversifiées, se rapportant tantôt à l'eau tantôt
à l'épaisse forêt selon que ces populations en sont proches
ou pas. Sur le Nord de cette bordure littorale, des villages de Sawa sont
autant de sociétés aux potentialités culturelles
captivantes dont la relation à l'eau comporte une bonne part de
séduction et de mystère pour les visiteurs. L'eau occupe une
place centrale dans cette culture (bain, danse, déplacement, cultes
traditionnels, fêtes annuelles), source de provision alimentaire et
commerciale. Quant aux pygmées, les villages sont l'expression de
l'authenticité, du refus de la donne actuelle (modernité). De
façon générale, ces peuples vivent de la chasse, de la
cueillette, du ramassage, de la pêche et de plus en plus de l'agriculture
dans quelques campements. Ils ont pendant longtemps prélevé de la
nature tout ce qui leur était nécessaire pour entretenir leur
corps sans qu'il soit besoin de fournir un travail supplémentaire de
récolte et de conservation, tant la nature leur était
généreuse! Aussi longtemps que «le milieu leur appartient en
propre», ils en disposent parcimonieusement d'autant qu'ils sont
conscients de ce que leur vie en dépend. Dans cette situation, ce sont
des sociétés aux atouts culturels nombreux et fascinants pour la
quasi-totalité des touristes. Cet état de choses connaît
aujourd'hui des mutations et risque fort d'en connaître de plus profondes
attribuables au vu du nouveau statut juridique du Parc National de Campo-Ma'an
qui astreint ces populations à la sédentarisation dans sa
périphérie (Owono, 2003). Toutefois, l'ancienneté de ce
peuple dans la zone forestière qui remonte à 4 000 ans BC (Mveng,
1984) est susceptible d'être utilisée à des fins
touristiques. Pourtant d'une autre façon, la préservation de la
riche culture de ces peuples et du milieu se présente en effet, comme
une bouée de sauvetage aussi bien pour la protection des cultures que
pour la réintégration et la valorisation de la présence de
ces peuples dans ces milieux. Car dans la situation actuelle, la forêt
est aujourd'hui au centre de tous les enjeux. Les exploitants forestiers, le
gouvernement à travers toutes ses représentations et les
écologistes tentent chacun de s'en approprier au détriment ou
avec la complicité tacite des autres acteurs. A partir de ce moment, les
populations sont contraintes à de nouveaux comportements, notamment
à la pratique de l'agriculture qui n'est d'ailleurs perçue dans
certains cas par quelques intervenants que comme de la déforestation. La
pêche soumise à la concurrence avec les bantou (Sawa) ne
connaît pas encore de restrictions, elle ne peut tout de même pas
suffire à elle seule à couvrir les besoins divers de cette
population.
Eu égard à ce qui précède, la
densité et la diversité des ressources touristiques de cette
région côtière est un fait indéniable. De plus, on
serait en droit de s'attendre à ce qu'elle
contribue de façon durable à
l'amélioration des conditions de vie des peuples riverains à
travers le développement soutenable de cette activité. Pourtant
de façon inattendue, l'activité touristique connaît
seulement un développement embryonnaire. Ainsi par exemple, après
avoir mené une étude dans l'UTO de Campo-Ma'an sur la grande
diversité des espèces végétales, Tchouto (2004) en
déplore le faible niveau d'exploitation à des fins touristiques.
En outre, en comparant le degré d'implication de la
société civile à travers les ONG de promotion du tourisme
dans la région du Mont Cameroun (Province du Sud-Ouest) à la
situation de la province du Sud, il le trouve bien bas et en recommande
l'activation. Dans le même sens, une enquête
socio-économique dans la même zone (UTO de Campo-Ma'an) conduite
par EreDéveloppement en 2002 à la commande de la SNV montre que
seulement 3% des ménages de la zone, dont 62% dans la zone
côtière, interviennent dans le secteur touristique. Ce
résultat semble flatteur pour la région côtière,
mais il n'en est rien en réalité dans la mesure où les
emplois générés sont très faiblement
rémunérés. En d'autres termes, ils permettent de lutter
contre l'oisiveté et non contre la pauvreté. On assiste ainsi
à la création des postes d'occupation (Kamga, 2000) sans
incidence notable sur le quotidien des populations. Par ailleurs, les
opérations de marketing sont inexistantes ou peu
développées et le produit mal ou peu préparé. A
titre d'illustration, les sites naturels sont généralement
exploités sans aménagements significatifs pour en faire une
destination touristique (Chendjouo et alii, 2003).
L'appui des ONG, des pouvoirs publics, l'engagement des
communautés locales à cette cause et l'abondante promotion de
Kribi constituent des atouts supplémentaires au développement
touristique.
Toutefois, il reste qu'ici se pratique encore un
tourisme de cueillette2.
Avec 9965 arrivées internationales maximales (Année
2004), il représente seulement 2,84% de ces arrivées à
l'échelle nationale. Cette donnée peut être
contrebalancée par le fait que le tourisme international s'effectue dans
les villes têtes-de-pont que sont Douala et Yaoundé3.
Des initiatives se multiplient sur cet espace et contribuent à rassurer
et faire espérer les meilleures perspectives pour les communautés
locales. A l'évaluation, on en reste au stade de
prétourisme4.
2 Béteille R., 2000.
3 Ces villes détiennent les hôtels de
luxe (4 et 5 étoiles), des aéroports de classe internationale qui
n'existent pas à Kribi. Elles sont appropriées pour le tourisme
d'affaires et de congrès, l'essentiel des arrivées
internationales de ces villes.
4 Gay J.C., 2000 : C'est une phase de
développement touristique précédant celui de
l'écotourisme dans les îles tropicales caractérisée
par une faible capacité d'hébergement, une desserte
aérienne limitée aux villes principales.
C'est pourquoi nous essayerons de comprendre pourquoi le
tourisme se développe si difficilement et pourquoi les impacts
déjà perceptibles de l'insertion du tourisme dans les marges
côtières du Sud Cameroun sont si marqués.
2. QUESTION DE RECHERCHE 2.1. Question
principale
Pourquoi le tourisme se développe-t-il si difficilement
dans le département de l'Océan pourtant si riche en
potentialités?
2.2. Questions spécifiques
· Le désengagement des pouvoirs publics
n'explique-t-il pas en partie ce problème ?
· Quels sont les impacts de l'insertion du tourisme dans
les sociétés d'accueil ?
· L'offre touristique correspond-t-elle aux attentes des
touristes des marges côtières ?
· Comment réagissent les communautés locales
et les promoteurs touristiques ?
3. BACKGROUND SCIENTIFIQUE
Les rentrées financières suscitées par
l'activité touristique lui valent d'être courtisée par de
nombreux acteurs sociaux à l'échelle locale et régionale.
D'ailleurs le tourisme à divers stades de développement est
présent sur les cinq continents. C'est une activité
véritablement mondialisée. Mais globalement, il est
développé dans les pays du Nord où il est plus
accepté, intégré, bénéfique que dans ceux du
Sud où il est encore en amorce pénible de croissance. Dans le
premier cas, on a affaire à des sociétés ouvertes,
éclatées et très souvent cosmopolites dont l'aire
d'influence est la planète entière. L'offre touristique est
généralement marquée du sceau de
l'endotropisme5 d'autant que plus une société se
développe, plus elle est endotrope (Dewailly et Flament, 1993). Les
problèmes ici sont essentiellement de l'ordre de la sauvegarde de
l'environnement qui se décline en conflits spatiaux et de ressources, en
maîtrise de la capacité de charge, de la pression sur les
ressources (Poulin, 2002), en l'occupation spontanée qui forme des
ensembles spatiaux composites.
5 Endotropisme : type de rapport
entretenu par l'environnement spatial et l'organisation fonctionnelle
tourné vers l'utilisation touristique d'éléments internes
à son tissu bâti (monuments, musées, activités
culturelles, casino, établissement thermal, centre de congrès,
lieu de pèlerinage, complexe sportif, quartier commerçant
piétonnier...
Par contre dans les pays du Sud, le tourisme n'a pas encore
pris de l'envol, pourtant les potentialités abondantes sont
essentiellement exotropes6. Pour apprécier cette curieuse
situation, les chercheurs se réservent de rêver. Le tourisme n'est
pas une panacée mais une nouvelle traite (Boutillier et
al, 1978) qui maintient les gouvernements et leurs peuples dans
une certaine relation de dépendance, de sujétion et d'indolence
vis-à-vis des Occidentaux (Dieng et al, 1980).
Ce n'est rien d'autre que ce que Cazes (1989) appelle `le mirage touristique
dans les pays pauvres' qui ne contribue pas effectivement à leur
développement. Les explications sont nombreuses et se rapportent toutes
à l'image ternie de ces pays relayée et très souvent
amplifiée par les médias internationaux (Ofoegbu, 1999). Il
s'agit des territoires ravagés par les guerres et les tueries de toute
sorte (Ciss et ali, 2002) où les populations
en proie à la précarité et au dénuement complets,
vivotent tout simplement par miracle. Dans ces conditions, la
sécurité des visiteurs peut être durablement mise en
péril, les infrastructures de transport et d'hôtel sont de niveau
très moyen. De plus, les profits générés par cette
activité sont généralement rapatriés d'autant que
les grands investisseurs (hôteliers, restaurateurs...) et prestataires de
service sont étrangers (Dieng et ali,
Op.cit.). Ainsi a-t-on ici peu d'exemples de
détérioration des ressources naturelles due à leur
mauvaise gestion par ses différents utilisateurs pourtant paradoxalement
`la culture de la protection de la nature à l'internationale' n'est pas
encore ancrée dans le comportement des peuples des pays du Sud
(Cormier-Salem et alii, 2002) qui sont encore aux
prises avec le problème élémentaire de nutrition. Les
espaces protégés sont généralement le fait des
colons qui avaient une plus grande conscience de la nécessité de
la patrimonialisation de la nature tropicale.
L'écotourisme se présente alors dans ce
contexte comme la forme alternative de tourisme qui tient compte à la
fois de la préservation des intérêts des populations
locales et des milieux d'autant qu'il est question de laisser aux
générations futures toutes leurs possibilités
d'épanouissement et de développement dans leur cadre de vie.
L'écotourisme se définit comme « le voyage effectué
dans les milieux naturels pour comprendre l'histoire culturelle et naturelle de
l'environnement en prenant soin de ne pas entamer l'intégrité de
l'écosystème tout en produisant des opportunités
économiques qui rendent la conservation des ressources naturelles
financièrement bénéfiques aux populations locales »
(Ecotourism Society, 1992).
6 Orientées de façon majeure vers des
éléments attractifs extérieurs à son bâti, et
habituellement préexistants et indépendants elle : mer et plage,
forêt, plan d'eau...
L'écotourisme est une forme de tourisme dit alternatif
en ce qu'il utilise la nature comme support essentiel de ses activités,
met en vue le patrimoine naturel et/ou culturel en insistant sur le respect de
la nature et la sauvegarde de la culture des peuples. On en dit aussi que c'est
un tourisme responsable, doux... qui s'épanouit aisément dans les
milieux naturels et originaux. Selon plusieurs études, il est de plus en
plus demandé par les touristes internationaux en quête
d'authenticité et de retour aux sources (Sites web de IFEN, de
l'AFIT...). Les forêts du Sud sont particulièrement
appropriées au développement de ce type de tourisme d'autant
qu'elles disposent de nombreux atouts facilement touristisables (Tchouto,
2004).
A l'opposé de ce discours mirobolant, certains pensent
que le tourisme est l'unique perche tendue aux pays
sous-développés pour s'intégrer dans l'économie
mondiale et accroître leurs recettes. Il est devenu en très peu de
temps, la deuxième source de revenus des pays du tiers-monde
après le pétrole (Ziady H., 2002). Il faut noter qu'il ne s'agit
pas là d'un tourisme alternatif qui prenne en compte les
intérêts divers, mais bien du tourisme classique dont le seul ou
le principal objectif est la rentabilité financière.
D'autres auteurs s'intéressent essentiellement aux
processus d'insertion du tourisme dans un espace donné. Ainsi dans son
rapport à l'espace et au territoire, il utilise deux pouvoirs : la
subversion et la conquête (Cazes et ali, 1993).
Le premier se manifeste par le détournement de l'utilisation dominante
d'un lieu, tandis que le deuxième travaille à intégrer de
nouveaux lieux à l'espace touristique. Ces pouvoirs dont le tourisme est
doté en fait souvent une source potentielle de danger.
L'équipe MIT (2000(2)) définit des 10 variables
pour évaluer la mise en tourisme. Elle regroupe en facteurs
endogènes et exogènes au milieu : le taux de fonction
touristique, la fréquentation touristique, la présence des
résidences secondaires, la dynamique économique,
l'évolution de la population active tertiaire, l'évolution du
solde migratoire, le rôle des acteurs locaux, l'attitude des populations
locales, la situation géographique et la caractéristique
paysagère.
Dans le milieu urbain, ce processus consiste en trois
étapes : la cristallisation7, la diffusion8 et la
mise en réseau9 (Dewailly et Lefort, 2003). Ceci est
conditionné par
7 C'est le point focal ou d'ancrage ayant
donné lieu au lancement de l'activité touristique dans une
ville
8 Elle consiste en l'insertion des quartiers
péri-centraux à un noyau touristique urbain de départ
9 Elle peut être thématique, de commune
à commune et aux échelles régionales.
l'ouverture de la société locale, les
communications avec l'étranger et la situation politique de l'Etat
(Equpe MIT, 2000(1)).
En milieu rural, il s'intègre péniblement dans
la mesure où les populations sont attachées à un style de
vie traditionnel et conservé (Veyret, 1999). Ceci est d'autant plus
difficile lorsque les populations ne sont ni associées, ni
consultées dans le cours de ce processus. Dans ce cas, on observe
généralement des frictions entre les promoteurs et les habitants
de la localité sollicitée pouvant déboucher sur le rejet
par la communauté hôte de ladite activité (Cazes
et ali, Op.cit.).
Cependant, il existe aussi des exemples réussis d'intégration
harmonieuse dans l'espace. Très généralement, ce sont des
modèles dans lesquels les acteurs nationaux et davantage locaux tiennent
un rôle prépondérant dans les investissements et la gestion
des initiatives (Miossec J.M., 1997).
4. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
La présente étude portant sur
l'insertion du tourisme et les problèmes de son
développement dans les marges côtières de la province du
Sud Cameroun s'inscrit dans le cadre de la géographie de
tourisme relativement nouvelle et, en pleine construction. En effet, le fait
touristique lui aussi récent, pourrait l'expliquer en partie.
L'aristocratie anglaise avait coutume d'aller faire un tour avec
précepteur de 6 à 24 mois d'autant que « les voyages forment
la jeunesse »10.
Il conteste la notion de
l'enracinement (Reynaud, 1975) de la
géographie classique. Sa démarche et son discours ont souvent
laissé insatisfait à cause d'une part de l'importance excessive
accordée à la seule approche spatiale largement sinon uniquement
descriptive. Celle-ci débouche sur des classifications douteuses et des
typologies approximatives en négligeant les processus et tout le
fonctionnement du système touristique et d'autre part d'une approche du
fait touristique fondée, a priori, sur des certitudes et des solides
convictions qui au gré des plumes, oscillent entre exaltation du
tourisme sauveur et la condamnation sans appel du tourisme destructeur.
Les géographes ont une entrée fondamentale pour
comprendre le tourisme : c'est le rapport à l'espace et au territoire
(Cazes et al, 1993). Autrement dit, il s'agit de
s'interroger avec d'autres sur ce qui fait qu'un morceau d'espace devienne
touristique, à analyser les processus et les formes d'appropriation,
à évaluer les transformations induites par cette touristification
(Dewailly et al, 1993).
10 Conseils des Guides Nugent et
Dutens cités par Boyer M., 1999.
Dans le cadre de ce travail, pour éviter quelques
incompréhensions et méprises sur le sens de certains termes, nous
en définirons ceux qui suivent :
Le tourisme : il peut être compris
comme une activité occasionnelle liée aux déplacements
pour un séjour minimal de 24 heures dans un espace géographique
donné, avec pour mobile principal la recherche de
l'épanouissement personnel du visiteur à travers les occupations
ludiques et/ou didactiques à but lucratif ou non. Pour éviter
toute méprise sur cette définition, il faut y ajouter qu'au
Cameroun, les moyens de collecte de données ne permettent pas
l'affinement statistique qui tienne compte de l'unicité de la raison de
voyage et du fait que le touriste ne soit pas en train d'exercer une
activité économique. Tout séjour dans un
établissement hôtelier ou qui en a la vocation est un
séjour de tourisme dans la comptabilité touristique. Dans la
conscience collective, le tourisme est aussi perçu comme une
activité de paresseux, de dévoyés. C'est une affaire
réservée au blanc cossu qui cherche à distribuer de son
superflu au pauvre africain.
Le développement du tourisme est le
résultat généré par le mouvement d'ensemble des
initiatives de ses différents acteurs visant à faire d'une ville,
d'une région ou d'un pays, une véritable destination touristique,
c'est-à-dire accueillant annuellement et de façon continue 500
000 touristes internationaux au moins tout en contenant ses effets
déstructurants sur l'espace et les sociétés. Autrement
dit, il s'agit de la conséquence de la synergie des actions des
différents protagonistes du secteur du tourisme qui prennent source dans
leur pensée et dont le but est le bien-être économique.
Mais ce modèle de tourisme n'a pas tardé à montrer ses
risques réels et potentiels sur la survie des communautés et des
milieux qui leur ont donné naissance. C'est pourquoi de plus en plus
aujourd'hui, le développement du tourisme doit intégrer la
dimension de la préservation de la ressource à l'origine de
l'offre touristique ou en en renforçant la qualité et
l'attractivité, c'est-à-dire le volet de la durabilité
sans mettre sous l'éteignoir le volet lucratif. Ainsi, la recherche de
ce précieux équilibre peut être en conséquence
défini comme le processus de croissance intégrée de
l'activité qui repose sur l'accueil et la satisfaction des visiteurs
dans un lieu donné. Elle vise l'assouvissement des besoins des divers
acteurs (touristes, populations d'accueil, société civile et
Etat). Pour les touristes, généralement en quête de
décontraction, de détente et de connaissances sur le milieu
naturel et culturel, ils sont prêts à échanger contre
quelque argent. Les populations hôtes quant à elles, travaillent
à la mise en valeur de leurs potentialités naturelles et
culturelles sans pour autant désagréger ces structures qui les
ont suscitées. En d'autres termes, elles visent pour ces populations
hôtes la satisfaction des besoins économiques, la
préservation du patrimoine et la
Croissance
TOURISME DURABLE
Conservation
mise à disposition d'un produit accessible et
esthétique. La société civile est composée de
l'ensemble des intervenants dans la chaîne et dont les investissements et
autres réalisations ont un impact sur ladite activité. Elle doit
pouvoir en tirer les bénéfices. Enfin l'Etat se présente
comme le régulateur par excellence qui veille sur le fonctionnement et
l'harmonie du système.
|
|
|
Chiffre d'affaires du Contribution au PIB
Dépenses moyennes de séjour par
|
|
Financière
|
|
|
|
Spatiale
Activités
Statistique
Écologique
Sociologique
Etude diachronique 1990- Carte
touristique
Hôtellerie restauration agences Marché du
souvenir et
Offre originale et dérivée
Arrivées touristiques
Nombre d'agences de tourisme Nombre
d'établissements de Capacité hôtelière
(lits
Charte du voyageur Capacité de charge
Education
Culture, danse, traditions folklore, art, artisanat
Charte du voyageur
|
|
Viabiliser les infrastructures
Tracer les parcours (pistes)
Replanter les plages déboisées
|
Esthétique
|
|
|
Figure 2: Modèle d'analyse du tourisme
durable.
Les communautés locales: c'est l'ensemble des
populations organisées en unités fonctionnelles, vivant dans un
milieu donné, bénéficiant directement ou non de ses
ressources pour leur épanouissement quotidien et d'une certaine
manière soucieuses de la nécessité de la
préservation de ses atouts pour les besoins de la communauté
d'aujourd'hui et de demain.
Contrat touristique : c'est le contrat initial tacite
passé entre la société d'accueil et les premiers
touristes. Il détermine l'évolution future du territoire
touristique.
Espace touristique : c'est un espace
aménagé par et pour le tourisme, objectivable, mesurable,
cartographiable, produit de l'action des entreprises touristiques autochtones
ou extérieures dans une structure spatiale donnée.
Invention touristique : c'est l'utilisation nouvelle
d'un lieu préexistant, ce qui le subvertit et l'agrandi.
Lieu touristique : il n'existe que pour et par le
tourisme qui est responsable de son invention. Souvent un `haut lieu' (beaucoup
étoiles dans les guides).
Territoire touristique : c'est la
propriété d'une population plus ou moins autochtone, mais
approprié (même fugitivement) par les touristes qui le
fréquentent, il présente donc un enjeu entre groupes aux
intérêts divergents, différemment
territorialisés.
5. OBJECTIF DE TRAVAIL 5.1. Objectif
principal
Analyser le processus d'insertion du tourisme et les
problèmes de son développement dans les marges
côtières de la province du Sud Cameroun.
5.2. Objectifs spécifiques
· Présenter les missions des pouvoirs
publics et en évaluer la pertinence dans la perspective du
développement touristique,
· Déterminer les conséquences
socioenvironnementales de cette activité dans le département de
l'Océan,
· Identifier l'offre et la demande touristique et
les comparer,
· Analyser les stratégies mises en oeuvre
par les communautés locales et les promoteurs touristiques.
6. HYPOTHESE DE TRAVAIL 6.1. Hypothèse
centrale
Le tourisme largement subi s'intègre dans le
contexte socio-environnemental des marges côtières du Sud Cameroun
à un rythme soutenu.
6.2. Hypothèses secondaires
· L'inadéquation entre les textes et les
actions des pouvoirs publics fragilise le secteur touristique,
· La rapide insertion du tourisme dans la bande
côtière présente un bilan favorable au développement
des sociétés d'accueil,
· Les spécificités de l'offre
touristique contrastent avec l'appétence du touriste,
· Les contraintes techniques et financières
entravent la prise en main des initiatives touristiques locales.
6.3. Cadre opératoire
Il se présente comme le tableau de bord de nos
travaux en ce qu'il récapitule l'ensemble de la logique de notre
démarche. Ainsi à chaque question de recherche correspond une
hypothèse. Celle-ci se subdivise à son tour en concepts
opératoires dont chacun se décompose en variables puis en
indicateurs. Pour éviter tout verbiage, nous nous proposons de condenser
le cadre opératoire de ces travaux dans le tableau suivant :
7. METHODOLOGIE
La méthodologie est l'ensemble des procédures
mises en route avec pour but de vérifier les hypothèses
posées au départ d'une démarche scientifique. Ainsi, Elle
consiste en trois grands moments notamment l'identification des
stratégies générales de vérification, l'utilisation
des techniques diverses pouvant permettre de rassembler et d'analyser les
données et les informations collectées sur le terrain et/ou en
bibliothèque et enfin la présentation de la démarche
à adopter pour y appliquer les divers tests nécessaires.
7.1. Choix des stratégies générales
de vérification
Vérifier signifie expérimenter, s'assurer qu'une
chose est telle qu'on suppose qu'elle devrait être. C'est dire qu'il
s'agit ici pour nous de présenter comment nous comptons procéder
de façon générale pour obtenir des données
crédibles afin de soutenir ou non le fait que l'inadéquation
entre les textes et les actions des pouvoirs publics fragilise le secteur
touristique. Les contraintes techniques et financières entravent la
prise en main des initiatives touristiques locales autorités et les
populations locales ne sont pas des alliés de l'essor touristique. Leur
non association expliquerait le niveau très moyen de
développement de cette activité dans la zone littorale de la
province du Sud.
Parmi les nombreuses possibilités en la matière,
nous ferons seulement usage des stratégies d'enquête, de
l'observation et de l'étude des cas. Pour ce qui est de l'enquête,
c'est le travail de terrain qui permet de collecter les données
quantitatives et qualitatives à travers une trame d'enquête qu'on
appelle questionnaire ou guide d'entretien. Dans le premier cas (enquête
par questionnaire), le questionnaire écrit sera adressé aux
touristes pour apprécier leurs centres d'intérêt, leurs
goûts et leurs souhaits pour le développement de la destination de
l'Océan à partir d'un échantillon tiré au hasard
tandis que dans le deuxième cas (enquête par interview), un guide
d'entretien destiné aux autorités et populations locales aura
pour but de comprendre l'accueil qu'ils réservent au tourisme, leurs
éventuelles attentes par rapport à cette activité ainsi
que le rapport qualité de vie et ressources de leur milieu de vie.
Quant à l'observation, elle se déclinera en
trois formes dont l'observation directe systématique, l'observation
participante et l'observation documentaire. Sous la forme directe
systématique, elle portera sur les promoteurs touristiques et visera
à cerner leurs pratiques spatiales et économiques qui sont
potentiellement sources de frustration et de désenchantement de la
population locale vis-à-vis du tourisme. Au sujet de l'observation
participante, il nous reviendra de considérer la conduite des touristes
en vue d'en déceler les
comportements, les attitudes et les pratiques qui pourraient
probablement avoir outré et expliqueraient le
désintérêt de la population locale par rapport au processus
de développement touristique. Finalement pour ce qui touche à
l'observation documentaire, nous en userons pour nous rendre compte de ce qui a
été produit sur le compte de ces populations afin de comprendre
si leurs cultures, leur histoire et leurs modes de vie les préparent
à participer au processus de développement de ce type
d'activité. De même, nous consulterons les écrits pour voir
les modes d'adoption du tourisme - source de revenus et d'emplois - pour les
populations.
L'étude de cas est l'étude
détaillée d'un phénomène donné qui fait
recours à une méthode pluridisciplinaire pour rassembler le
maximum d'informations en vue d'améliorer le niveau de connaissances
qu'on a dudit phénomène. La variante que nous utiliserons est les
études de communautés pygmées et
Sawa de la province du Sud Cameroun (Batanga, Mabéa, Yassa, Ntumu, Mvae
et Bulu), toutes deux, peuples autochtones du département de
l'Océan. Ces trois stratégies permettront de collecter des
données selon certaines les techniques dont la présentation
suivra.
7.2. Choix des techniques de collecte des
données.
La réalisation de nos travaux exige que pour avancer
des arguments, nous ayions recours aux données dénuées de
toute subjectivité. Nous nous consacrerons ici au choix des techniques
les plus adéquates pour rassembler ce matériau sur lequel nous
travaillerons. Ainsi, l'observation documentaire, l'observation directe,
l'observation participante, le sondage et l'entretien sont des techniques qui
semblent présenter les garanties nécessaires pour avoir des
informations appropriées que nous traiterons par la suite.
Tableau 1 : Techniques de collecte de
données
Paradigmes
|
Approches
|
Méthodes
|
Techniques de collecte
|
Phénoménologique
|
Qualitative
|
Observation
|
documentaire
|
directe systématique
|
participante
|
Interview
|
semi structuré
|
de groupe face-à-face
|
Etude de cas
|
Etude des communautés
|
Positiviste
|
Quantitative
|
Sondage
|
Questionnaire
|
L'observation documentaire a consisté à
fouiner dans la littérature avec pour objectif d'identifier le
problème et les divers traitements qui lui ont été
apportés antérieurement. Il s'agit précisément des
annuaires, des archives, des journaux, des textes, des rapports et des
études portant sur le tourisme et la vie dans le département de
l'Océan et ailleurs dans le monde. C'est également le moyen de
retrouver les images, les cartes et les photographies qui sont de nature
à améliorer la connaissance du phénomène sans pour
autant influencer sur quoique ce soit.
L'observation directe systématique nous
autorisera à nous rapprocher des initiatives des promoteurs et
investisseurs dans le domaine du tourisme pour voir ce qu'elles peuvent
comporter de logique économique au détriment de la logique
sociale.
L'observation participante permet de considérer
certaines données de la réalité de visu et de façon
silencieuse. De plus, il faudra répertorier les comportements, attitudes
et pratiques susceptibles d'indiquer vers une seule et même conclusion en
vue d'y appliquer quelque traitement. Dans cette étude, nous combinerons
les deux principaux modes d'observation : `Coding schemes' et
`Holistic account' selon Kitchin et ali (2000) pour obtenir
le plus d'informations. Les `coding schemes' ou modalités de
codification est le mode statistique ou graphique qui se présente sous
la forme d'une trame d'observation, se déclinant en plusieurs rubriques
d'un phénomène donné dont les catégories sont
exhaustives et prédéterminées. Quant à
l'`Holistic account', c'est un rapport de haute fiabilité qui
se construit sur un mode littéraire consistant pour le chercheur
à enregistrer les observations par l'usage détaillé des
mots. Chaque observation peut se structurer en deux volets : descriptif et
narratif. Le volet descriptif se rapporte à la présentation des
informations relatives au temps, au lieu, à la date, aux acteurs, aux
actions... tandis que le volet narratif puise ses éléments dans
le volet descriptif pour une histoire ou une théorie servant à
présenter ce qui est observé.
Pour le repérage et la description des sites
touristiques, nous procéderons en quatre
temps :
- prise de contact avec les autorités
traditionnelles en vue de leur faire part de notre objectif de travail
;
- plus tard, organiser une séance de travail dans
chaque village à laquelle
participeront le chef, les notables et quelques jeunes
(entretien de groupe) ;
- échanges avec les responsables administratifs
au sujet des résultats ainsi
obtenus et les comparer à ceux qui
existeraient;
- Cartographie des sites.
Le sondage est une technique de collecte des
données qui permet d'obtenir des informations à partir
d'enquêtes effectuées sur un échantillon
représentatif de l'effectif total qui sont - sous certaines conditions -
généralisables à l'ensemble de la population à
l'étude. Dans le cadre de ce travail, il s'agira de mener des
enquêtes sur la population de touristes qui visitent le
département de l'Océan à partir d'un échantillon
qui en sera soustrait. Le questionnaire administré en face-à-face
aux touristes consistera en questions fixes soit ouvertes ou fermées et
comportera des éléments tels les motivations de voyage, les
goûts des visiteurs en matière de tourisme, les impressions de
voyages antérieurs et leurs souhaits pour la destination Océan
dans la perspective de l'explosion de cette activité.
L'entretien permet de générer des
séries de riches et variées données primaires. De plus, il
permet un examen approfondi des données de l'intimité
c'est-à-dire des expériences personnelles, des sensations ou des
opinions que les questions fermées du questionnaire ne sauraient saisir.
Par ce moyen, nous essayerons de comprendre les autorités et populations
locales dans leurs attitudes vis-à-vis de l'activité touristique
en vue d'en évaluer les effets sur le développement de cette
activité d'une part et sur le milieu d'autre part. Ainsi, nous ferons
recours aux entretiens semi structurés et aux entretiens de groupes en
face-à-face. Dans le premier cas, les entretiens seront accordés
aux autorités et leaders d'opinion à travers des conversations
contrôlées par l'enquêteur sans que pour autant les
répondants soient contraints à des réponses
stéréotypées. Le deuxième cas, nous utiliserons un
mode alternatif ou complémentaire qui permettra de réunir trois
à dix personnes pour discuter d'un sujet particulier sous la direction
d'un modérateur (enquêteur) qui, tout en restant neutre et
objectif, promouvra la fluidité des échanges et l'animation de la
conversation.
Pour ce qui est des informations cartographiques, nous
aurons besoin de recourir à l'usage du GPS pour rassembler les
coordonnées géographiques permettant de monter un système
d'information géographique utile pour localiser les différentes
ressources touristiques et gérer les informations à la
commande.
Les données diverses ainsi collectées se
verront appliquer des techniques d'analyse qui permettront de les rendre
compréhensibles, illustratives des réalités de
terrain.
7.3. Choix des techniques d'analyse des
données.
Les traitements changeront en fonction du type de
données. Ainsi, selon que l'on sera en présence des
données quantitatives ou qualitatives, une technique particulière
jugée appropriée sera adoptée.
Modèle de choix en recherche de tourisme et
récréation
1. Paradigme de la recherche
2. Approche
3. Méthode
Phénoménologique
Positiviste
Méthodes
Qualitative
Quantitative
Source : Finn et al, 2000 cités par Wendy
D., 2002.
Figure 3 : Modèle de choix des techniques en
recherche de tourisme et récréation
Pour ce qui est des données quantitatives, nous
leur appliquerons des traitements statistiques une fois qu'elles auront subi le
test de qualité et fait l'objet d'une description primaire. On insistera
d'abord sur la distribution de chacune des variables (tris plats), puis aux
rapports des variables entre elles (tris croisés). On pourra alors faire
recours aux ressources de la statistique descriptive (représentation
graphique des données, calcul des caractéristiques de tendance
centrale (mode, moyenne, médiane...). Le recours à la statistique
inductive (estimations, tests d'hypothèse...) permettra également
de savoir dans quelle mesure les caractéristiques des données
recueillies sur un échantillon pourront être
généralisées à l'ensemble de la population dont il
est extrait (Ferrol, 2003). Ces traitements consisteront en l'analyse
statistique appropriée, la comparaison et l'interprétation des
résultats ainsi obtenus.
Quant aux données qualitatives, l'analyse se fera
suivant la démarche suivante : description, classification et relation
entre les données.
La description consistera essentiellement à
décrire les observations qui ont été listées et
à fournir une présentation plus ample et plus complète des
informations concernant le contexte situationnel (contextes social, spatial et
temporel), les intentions et les pensées concernant un acte
donné. La première étape est la transcription et la
deuxième l'annotation. L'annotation consistera à recopier les
données en utilisant un minimum de codes ou encore de façon plus
rigoureuse à partir d'une sélection minimale de codes pour
traduire les idées et les clichés mémoires.
La classification consistera à introduire de
l'ordre dans les données précédemment décrites
grâce à la catégorisation d'une part et d'autre part, la
séparation et la comparaison. Le fait de classifier permettra d'affiner
le traitement des données par le fait de leur regroupement
au sein de catégories déterminées pour ce
qui est de la séparation. Quant à la comparaison, c'est une
confrontation des catégories liées entre elles pour
accroître leur degré de fiabilité.
Le lien entre les données est le processus qui consiste
à identifier les relations entre les données
réorganisées dans le contexte originel et à comprendre la
nature des rapports entre les données (les corrélations) et les
évènements séparés qui se produisent ensemble
(associations) entre les classes de données. De plus, il faut penser aux
conclusions alternatives et en privilégier les plus plausibles.
7.4. Le test d'hypothèse
La réponse satisfaisante à notre question de
départ `Pourquoi le tourisme se développe-t-il si
difficilement dans le département de l'Océan pourtant si riche en
potentialités ?' est subordonnée à la
vérification des hypothèses secondaires.
Lorsque ces conditions ne seront pas remplies alors
l'hypothèse sera infirmée. Cependant, il peut arriver que
d'autres facteurs non encore pris en compte interviennent ici dans
l'explication du problème.
8. PLAN PROVISOIRE DE LA THESE
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES PROCESSUS D'INSERTION DU
TOURISME Chapitre 1 : Etat des lieux de l'intégration progressive du
tourisme dans le littoral du Sud Cameroun.
Chapitre 2 : La demande touristique et les contingences du
tourisme
DEUXIEME PARTIE : MODES D'APPROPRIATION DU TOURISME DANS LES
SOCIETES ET ESPACES LITTORAUX
Chapitre 3 : Adoption participative
Chapitre 4 : Attentisme et indifférence
Chapitre 5 : Tourisme, entre désenchantement et
désespoir
TROISIEME PARTIE : TRANSFORMATIONS INDUITES PAR LE TOURISME DANS
LES MARGES COTIERES
Chapitre 6 : Impacts du tourisme sur le milieu physique et
humain
Chapitre 7 : Tourisme et risques socioenvironnementaux
Chapitre 8 : Perspectives du développement de
l'activité du tourisme dans les marges côtières du
département de l'Océan
CONCLUSION
9. CHRONOGRAMME PREVISIONNEL DU TRAVAIL DE
THESE
Année
|
Durée
|
Activités
|
Lieux
|
2005
|
1 mois
|
Discussion avec les co-directeurs et correction
du mémoire de DEA
|
Ngaoundéré et Dschang
|
2 semaines
|
Production et dépôt du mémoire de DEA
|
Ngaoundéré
|
2006
|
1 mois
|
Travail complémentaire de bibliographie 1
|
Ngaoundéré et Yaoundé
|
4 mois
|
Descente sur le terrain 1 / collecte des données
|
Kribi-Campo
|
2 semaines
|
Rapport d'étape 1
|
Ngaoundéré
|
2 semaines
|
Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
2 semaines
|
Correction du rapport
|
Yaoundé
|
1 mois
|
Travail complémentaire de bibliographie 2
|
Ngaoundéré et Yaoundé
|
4 mois
|
Descente sur le terrain 2
|
Kribi-Campo
|
2007
|
3 semaines
|
Rapport d'étape 2
|
Ngaoundéré
|
3 semaines
|
Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
3 semaines
|
Correction du rapport
|
Yaoundé
|
4 mois
|
Descente sur le terrain 3 / collecte des données
|
Kribi-Campo
|
3 semaines
|
Rapport d'étape 3
|
Ngaoundéré
|
3 semaines
|
Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
3 semaines
|
Correction du rapport
|
Yaoundé
|
2008
|
3 mois
|
Traitement des données
|
Yaoundé
|
1 mois
|
Descente sur le terrain 4 / Vérification
|
Kribi-Campo
|
1 mois
|
Saisie du 1er draft de la thèse
|
Yaoundé
|
1 mois
|
Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
2 mois
|
Correction et saisie du 2è draft
|
Yaoundé
|
1 mois
|
Discussion avec les co-directeurs
|
Ngaoundéré et Dschang
|
1 mois
|
Dépôt de la thèse
|
Ngaoundéré
|
2 mois
|
Préparation à la soutenance et Soutenance
|
Ngaoundéré
|
PREMIERS RESULTATS
DE TRAVAIL
CHAPITRE I : ANALYSE DES PROCESSUS D'INSERTION DU
TOURISME DANS LES MARGES COTIERES DU SUD.
De nombreux slogans de marketing touristique présentent
le Cameroun comme un échantillon représentatif à plusieurs
égards des spécificités attractives africaines, qu'elles
soient naturelles ou culturelles. C'est un potentiel caractérisé
par la diversité et la densité qui se trouvent réparti sur
l'ensemble du territoire national. D'ailleurs, la connaissance que l'on en a
aujourd'hui est partielle et la carte touristique nationale
éloignée de la réalité qu'offre le milieu. De
même, les acteurs du jeu touristique ne sont pas tous identifiés
et les populations locales occupent une place marginale dans la
réalisation des actions à portée touristique. Cette
réalité est encore plus dramatique au niveau régional.
C'est ainsi qu'eu égard à ce qui
précède, nos consacrerons ce chapitre à l'échelle
départementale (Océan) à dresser un état des lieux
du développement touristique avant d'en présenter les
conséquences. Pour y parvenir, nous répondrons à la
question de savoir pourquoi le tourisme se développe-t-il si
difficilement dans le département de l'Océan pourtant si riche en
potentialités?
Au départ, nous formulerons l'hypothèse que
le tourisme s'insère selon un mouvement soutenu mais reste
largement subi dans le contexte socio-environnemental des marges
côtières du Sud Cameroun. Le test de cette
hypothèse se fera en exploitant les données bibliographiques
relatives à la question, la statistique touristique, par observation
directe et entretiens semi directifs sur le terrain. Tout ceci nous permettra
de présenter le milieu d'action, l'évolution et les effets de
cette insertion dans la ville de Kribi.
1. LE MILIEU DES MARGES COTIERES : UN CADRE A LA
GEOGRAPHIE FAVORABLE AU TOURISME
Bien que le trait d'union entre ces territoires soit leur
proximité de la côte (moins de 45 km), ils présentent
cependant une grande variété physique et humaine dont le produit
est un abondant vivier potentiellement utilisable à des fins
touristiques.
1.1. Le milieu physique : atouts et contraintes au
décollage touristique
Le département de l'Océan est logé dans
l'angle Sud-Ouest du Cameroun forestier et est bordé à l'Ouest
par les eaux de l'Océan Atlantique. Son relief qui échappe
heureusement à la monotonie détermine - cependant bien qu'en
partie - le climat, la végétation, l'hydrographie et les sols.
1.1.1. Un relief de plaine dominé par un bas
plateau
Dans l'ensemble, c'est une région de basses terres
d'une part et d'autre part de plateaux. La morphologie de détail est un
paysage de nombreuses collines séparées par des ruisseaux
à débit lent et régulier, collines dont le profil en
demi-orange est reconnu par les géographes comme assez
caractéristique de la zone équatoriale. Ce type de paysage
concerne la majeure partie des plaines sédimentaires de la façade
maritime (Olivry, 1986).
La plaine côtière est comprise entre les
embouchures de Londji au Nord et du Ntem au Sud et séparées par
une distance de 90km. On remarque le long de cette côte une
décomposition en segments avec des orientations variées entre 340
degrés Nord et 20 degrés Est. Aussi y a-t-il une forte apparition
de la convexité Ouest de l'ensemble de la côte ; un profond
rentrant des bouches du Cameroun s'oppose à cette convexité,
partie la plus profonde du Golfe de Guinée. Ainsi morcelée,
segmentée et arquée, les mouvements ondulaires de la houle qui
agitent la mer attaquent la roche sur divers angles : oblique, perpendiculaire
ou se déplacent parallèlement au tracé du rivage. Sa
platitude (13-18m) est rompue par la présence de quelques reliefs
résiduels tels le massif des Mamelles (323m), le rocher du Loup et les
monts des Eléphants tandis que la plaine fluviale, inclinée sur
le Ntem, côtoie par les deux bras dudit fleuve, l'île de Dipikar et
aide par son inclinaison à évacuer les eaux continentales vers la
mer.
Il existe un escarpement très abrupt qui sépare
la plaine du plateau. Le plateau Sud camerounais prend effectivement le relais
à partir du village Nko'élon vers l'Est au délà du
fleuve Mvini et atteint son maximum au Nord du massif de granites de
Nkolebengué (1 020m) dans la zone d'étude. Dans l'ensemble, il y
prévaut un climat très humide.
Eu égard à ce qui précède, le
relief offre une importante diversité. Bien qu'il n'existe pas de
règle en matière de pouvoir d'attraction d'un paysage, les
principes d'originalité et d'unicité (Dewailly et al,
1993), de diversité (Béteille, 2000) qui favorisent
le dépaysement sont généralement pris en compte. Ils ont
d'ailleurs servi à l'inventaire des 120 sites touristiques du Cameroun
réalisés par le GTZ et le MINTOUR en 2001
(Cf. Annexe C).
Au total, ces ressources nombreuses dont regorgent ces reliefs
globalement bas restent dans l'oubli ou l'ignorance du fait d'une
accessibilité limitée et très laborieuse, quoiqu'ils
n'aient rien de banal ni de commun. La variété observée
ici contraste avec la régularité du climat.
1.1.2. Un climat doux mais pluvieux
Le département de l'Océan appartient au grand
ensemble du domaine climatique de la variante guinéenne qui
prévaut sur l'ensemble du domaine forestier camerounais. Elle
présente deux nuances (maritime et guinéenne de
l'intérieur).
La nuance maritime se caractérise par l'inexistence de
mois secs quoiqu'il existe deux minima (Janvier et Juillet) de pluies avec 240
mm à Campo en juillet et évidemment deux maxima (Mai et Octobre)
de pluies. Les amplitudes thermiques sont faibles (autour de 2°C).
L'année est découpée en quatre saisons mais bien
arrosées avec des précipitations dont la quantité est
largement au-delà de 2 500 mm. C'est ainsi que plus près on est
de la côte, plus les précipitations sont importantes (Kribi : 2
970 mm, Campo : 2 772 mm) du fait que la mousson balaie de pleins fouets cette
zone où la végétation est dégradée avant
d'être ellemême brisée par les contreforts du massif du
Ntem, d'où la variante guinéenne continentale.
Dans la variante du climat équatorial guinéen
continental, la pluviosité est moins abondante mais reste
élevée (1 686 mm à Nyabizan), les températures sont
plus douces avec des journées ensoleillées et chaudes, les nuits
et matinées fraîches. L'année est divisée en quatre
saisons bien marquées (deux saisons sèches et deux saisons de
pluvieuses).
Figure 4: Histogrammes pluviométriques pour
chacune de ces nuances (Suchel, 1972).
De façon générale, le fait touristique
est marqué par un héliotropisme dominant11 (Dewailly,
Op.cit.). Le Las de Kribi est assez illustratif de
Lette réalité oü les saisons sèEhes correspondent aux
hautes saisons touristiques. L'amplitude thermique annuelle basse n'influenLe
que positivement le mouvement des visiteurs a Kribi.
400
600
500
300
200
100
0
Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Aoüt Sept. Oct.
Nov. DéE.
Précipitations en mm Températures en °C
Nombre de touristes
P=2T
Figure 5 : Tourisme et saisonnalité à Kribi
(Données 2004).
Selon BesanLenot (1990), le touriste exige la
séLurité pour ne pas avoir a faire face aux caprices du temps
Lonnus a l'avanLe, le Lonfort pour éviter tout préjudiLe sur son
état sanitaire et l'agrément sans Lontrainte sur sa jouissanLe.
Ces conditions favorables sont réLapitulées dans le tableau
suivant :
Tableau 2: Paramètres du très beau
temps touristique confortable
Latitude
|
Type de temps
|
PARAMETRES
|
I ou Nb
|
D ou P
|
Tx
|
K
|
THI
|
V
|
U
|
Basses latitudes
|
Très beau temps confortable
|
>7
|
<3/8
|
0
|
0
|
22 à 31
|
58 à 525
|
= 26,5
|
2 à 8
|
< 26,5
|
Source : Besancenot
J.P., 1990.
I = Durée de l'insolation (en
heures)
Nb = Nébulosité en milieu de
journée (en octats de ciel ouvert)
D = Durée des précipitations entre 6
à 18 heures (en heures)
P = Hauteur des précipitations entre 6
à 18 heures (en mm)
Tx = Température maximale (en
°C)
K = Pouvoir réfrigérant de l'air en
milieu de journée (en watts/m2 de surface
corporelle)
11 Il s'agit d'un tourisme dont les périodes de
rushes se Ionfondent avec [Ielles de Lhaleur et d'absen[Ie de pluies.
THI = Indice thermo-hygrométrique en milieu de
journée (en °C)
V = Vitesse du vent en milieu de journée (en
m/s)
U = Tension de vapeur de l'air en milieu de
journée (en hectopascals)
Malheureusement, ces données ne sont pas disponibles
dans les services de la station météo de Kribi. Quant elles le
sont leur format est inapproprié. Trois d'entre elles existent pour la
durée de 24 heures à savoir la hauteur des précipitations
(P), la température maximale (Tx) et la vitesse du vent en milieu de
journée (V), pourtant elles auraient été convenables pour
la période de la journée comprise entre 6 et 18 heures.
Tableau 3: Paramètres disponibles du temps
touristique confortable de Kribi
Paramètres
Mois
|
hauteur des précipitations (mm)
|
température maximale (°C)
|
vitesse vent en milieu journée
(m/s)
|
Janvier
|
9,8
|
32,8
|
2
|
Février
|
2,1
|
34
|
2
|
Mars
|
31,6
|
34,5
|
2
|
Avril
|
42,3
|
35
|
2
|
Mai
|
75,7
|
34,2
|
2
|
Juin
|
111,9
|
32,6
|
2
|
Juillet
|
9
|
31
|
2
|
Août
|
106
|
30,8
|
2
|
Septembre
|
83,1
|
31,5
|
3
|
Octobre
|
67,6
|
32
|
2
|
Novembre
|
25,2
|
32,6
|
2
|
Décembre
|
6,2
|
32,5
|
2
|
Station météorologique de Kribi, 2005.
Globalement, à défaut d'être très
beau, le temps touristique confortable est tout au moins beau. D'ailleurs les
touristes ne le présentent jamais comme un obstacle strictement
insurmontable à leur séjour dans une région. Car, quand
bien même la qualité du temps constituerait un frein à la
fréquentation, elles créeraient sous certaines exigences des
conditions plutôt stimulantes pour les aventuriers naturels à la
recherche de sensations exceptionnelles. Quoiqu'il en soit, chaque visiteur
évalue les bénéfices à retirer d'un voyage et en
paie le prix (argent, risques...) si cela lui paraît nécessaire.
C'est bien souvent le cas des destinations exotiques où la
végétation constitue elle aussi un atout non négligeable
pour étoffer l'offre touristique dans une contrée
donnée.
1.1.3. Une végétation dense,
variée et séduisante
C'est une zone de forét ombrophile dense humide sur une
bonne partie de la zone d'étude. Elle est cependant
dégradée en partie par les activités humaines
(tracé routier, habitation, agro-foresterie) et présente aussi
une végétation originale (mangrove) qui se développe le
long de cours d'eau et de l'océan.
Le massif forestier du sud présente trois grandes
unités végétales qui se rattachent à
l'écologie du milieu (Letouzey, 1968) : la forêt littorale, la
forêt de moyenne altitude, la forêt atlantique et congolaise. La
première forme un triangle rectangle dont l'angle droit est sur la
côte Nord de Londji et la pointe à l'extrémité Ouest
de l'île de Dipikar. Elle se caractérise par l'abondance de deux
espèces (Lophira alata et
Sacoglottis gabonensis) qui seraient le produit des
défriches anthropiques anciennes. C'est une la forêt atlantique et
congolaise liée à un fort taux de pluviosité. La
deuxième quant à elle, forme un couloir rectiligne dont la limite
à l'Ouest côtoie l'hypoténuse du triangle et à l'Est
part de la confluence Ntem-Bongola à l'extrémité Est
d'HEVECAM en passant par Nyabizan. Elle est sujette à des
précipitations inférieures à 2 000mm. Elle est fortement
dégradée par le développement des plantations de cacao.
Photo 1 : Une végétation dense de la
forêt de moyenne altitude.
Le troisième type est la forêt atlantique et
congolaise. Elle présente à peu près les mêmes
caractéristiques que la précédente (forêt atlantique
et congolaise) et ne se trouve que par endroits dans la zone
périphérique Est de notre zone d'étude et forme quelques
enclaves individualisées.
Les autres formations végétales sont des
forêts sempervirentes à faciès dégradé le
long des axes routiers Kribi -Akom II et Kribi-Campo où le sous bois est
pauvre voire inexistant. Ces régions sont occupées par des
jachères et des recrus broussailleux. Aussi des forêts se
rencontrent-elles sur les sables marins des cordons littoraux sablonneux. On
les retrouve entre Campo et Dipikar, le long du fleuve Lobé et les
terrains de basses altitudes envahis par intermittence par les eaux.
1.1.4. Un réseau hydrographique dense mais non
valorisé
Le tourisme fluvial se développe sur un diamètre
de 15km autour du fleuve associant le bord à voie d'eau et
l'arrière pays (Damien, 2001). Du Nord au Sud de cette zone se
succèdent trois fleuves dont le plus important est le Ntem qui coule en
direction de l'Océan Atlantique, déversoir des eaux
charriées par ces cours d'eau.
- La Kienké et la Lobé
Deux petits fleuves se jettent dans l'océan à
quelques kilomètres de distance, la Kiénké au nord par une
succession de rapides dans le petit port de Kribi, la seconde sans transition
par des chutes directes dans la mer ayant auparavant pris naissance dans les
collines d'Ongongo au Sud d'Akom II. Leurs bassins versants sont
entièrement occupées par la forêt équatoriale dense
anthropisée, soit respectivement 2 305km2 et 1
435km2. Le tarissement est observé pendant les deux saisons
sèches et les crues pendant la grande saison de pluies (OctobreNovembre)
pour le maximum annuel.
- Le Ntem
Il prend sa source au Gabon et son bassin versant de 31
000km2 est partagé entre trois pays (Cameroun, Gabon,
Guinée équatoriale). L'hydrographie du Ntem est
caractérisée par des étiages accentués, des
débits moins forts, la régularité des drains, la
dichotomie du cours principal du fleuve et une série de chutes amenant
rapidement le fleuve à l'Océan par une grande embouchure. Les
deux bras du Ntem (Ntem, Bongola) isolent l'île de Dipikar, qui atteint
16km dans sa plus grande largeur et 40km de longueur ; ces deux bras se
rejoignent dans l'estuaire appelé aussi Rio Campo, 8km avant de se jeter
dans l'océan.
- L'Océan
Le contact de l'Océan Atlantique avec le continent se
caractérise par un affleurement du socle constituant par endroits des
murs. Le plateau continental au large de Campo mesure
moins de 25km et se remarque par des écueils rocheux qui
constituent de véritables abris d'assez gros poissons (MEAO,
Op.cit.) pour les parcours de pêche
touristique.
De plus, pour un agrément maximum, les eaux doivent
être à bonnes températures (>20°C), de couleur
claire, propre et non polluée (Dewailly,
Op.cit.). Les eaux de l'océan remplissent
plusieurs de ces conditions avec une température supérieure
à 24°C (MEAO, Inédit), un faible niveau de pollution, plus
ou propre et de couleur tirant sur le verdâtre à cause de
l'eutrophisation.
1.1.5. Des sols propices à
l'agriculture
Deux catégories de sols existent dans cette
région : les sols ferrallitiques et les vertisols. Les sols
ferrallitiques jaunes et rouges dérivent des roches
métamorphiques, sont peu profonds, acides et tiennent une grande
région dans la zone. Ils sont généralement argilosableux,
meubles, associés à une faible quantité d'humus.
Cependant, leur faible fertilité est atténuée par la
présence de la matière organique d'origine végétale
et favorable à la culture arborée.
Les vertisols quant à eux sont des sols agricoles par
excellence du fait de leur fertilité remarquable et se retrouvent
principalement le long de la frange Sud-Ouest de l'arrondissement de Campo.
Ces sols agricoles ont permis l'implantation de deux
agro-industries dans la région (SOCAPALM et HEVECAM) qui donnent
l'occasion de développer l'agritourisme. De même, ils permettent
de faire face à la saisonnalité des emplois touristiques et de
pourvoir aux besoins de cette industrie en vue du bien-être des
communautés locales.
1.2. Le cadre humain : forces et faiblesses d'un tourisme
de culture 1.2.1. Le peuplement et les modes de vie
Il existe deux grands groupes ethniques dans cette zone : les
pygmées (Bagyéli), les plus anciens occupants du site, qui ont
été refoulés par les bantous pour s'y installer. Les
Bagyéli sont minoritaires et chasseurs-cueilleurs avec un mode de vie
nomade. Pour leurs activités forestières (chasse et cueillette),
ils parcourent 30 km à la ronde en pratiquant de la chasse artisanale au
moyen des filets à base de fibres tirées d'arbres qu'ils
appellent `Essalé' ou de fibres
synthétiques, mais aussi avec des chiens et des sagaies.
Généralement, ils font 2 à 3 parties de chasse par semaine
en groupes de 5 à 10 personnes. Leurs prises ne dépassent que
très rarement 5 gibiers et parfois ils reviennent bredouille. La
communauté se partage les
fruits de la chasse, et s'il y a un surplus, celui-ci est
vendu aux bantous, et le produit de la vente leur permet d'acheter des produits
de première nécessité. Leur habitat reste encore
très précaire, il est construit essentiellement à partir
de feuilles et d'écorces d'arbres en dehors de quelques cases faites en
terre. Pour le pygmée, la forêt a de la valeur. Elle symbolise
pour lui la paix et l'harmonie, elle lui permet d'être soi-même,
d'être entre soi. Les valeurs qui soustendent les modes de vie en
forêt s'inscrivent dans une conception du temps (court terme) et de
l'espace (mobilité) qui n'est pas reconnu par les Etats-Nations, ni par
les peuples environnants (Maryvonne, 1999). Il faut cependant ajouter que ce
mode de vie connaît des mutations profondes du fait notamment de la
sédentarisation obligatoire impulsée par le gouvernement et
soutenu par certaines ONG. Cela implique « [la perte] de leur patrimoine
culturel, une conséquence en contradiction avec les normes
internationales qui reconnaissent leur droit à leur culture et à
l'auto-détermination » (Owono, 2001).
Clichet : D. NGUEPJOUO
Photo 2 : Un campement de pygmées assez
évolués.
Les Bantous appartiennent à la deuxième vague de
migration bantou composée de FangBéti en provenance du Sud de
l'Adamaoua chassés eux-mêmes par les Baboutés vers la fin
du XVIIè siècle. Ils sont très nombreux et se subdivisent
en plusieurs groupes : les pêcheurs qui sont installés sur la
côte (Batanga, Mabi et Iyassa), et plus loin sur le continent, les
agriculteurs (Ntumu, Mvae, Bulu). Les villages sont linéaires, suivant
le tracé routier et les habitations construites à l'aide des
matériaux locaux. De plus en plus, l'élite urbaine introduit des
matériaux modernes qui modifient quelque peu le visage de l'habitat. En
ville, on observe une typologie classique de l'habitat avec notamment l'habitat
moderne construit selon les
normes en vigueur, le type spontané
caractérisé par le sous équipement et l'anarchie des
constructions (Petit Paris, Afan Mabé, Nkolbiteng, Dombé) et le
type traditionnel que l'on rencontre dans les quartiers à dominance
autochtone (Talla, Boamanga). Ils forment une seule unité linguistique
nonobstant quelques légères différences d'accent et
phonologiques (Chendjouo et ali, 2003).
1.2.2. Les cultures des peuples de
l'Océan
Le département de l'Océan est une
véritable mosaïque de cultures dont la variété
illustre à suffisance la richesse de ces peuples. Sur le plan des
croyances, les religions tels le christianisme, l'islam et l'animisme sont bien
implantées dans la zone d'étude. Quant aux rites, danses et
instruments de musique, le tableau suivant en fait un récapitulatif.
Tableau 4: Quelques éléments
culturels du département de l'Océan.
Eléments culturels
|
Département de l'Océan
|
Rites
|
Fêtes traditionnelles Bapuku et Banoho'o, Akoumaba,
Ivanga, Mukuye, Ndjengu, Sô, Gui, Mukulu, Mevugu, Ndje...
|
Danses
|
Baka dance, Ozila, Mengang, Ebolasa, Ebaza,
Ebol'Asan, Enyngué, Akoumaba, Omiasse, Engueb avia,
Ivanga, Mekuye, Mebongo, Bevala, Mookoum, Mbaya, Betjibwa, Assiko, Nzanga,
Nsebito, Bol, Abok bekon...
|
Instruments de musique
|
Accordéon, tamtam, tambour, balafon, claquettes Mvet,
...
|
Spécialités culinaires
|
Ndjomba, Bouillons de poisson...
|
Sources : enquêtes de terrain, septembre 2004 et
MEAO, 2003.
Malheureusement, les cultures de ces peuples sont en perte de
vitesse. Chez les pygmées, les efforts de multiples acteurs ont
réussi à émanciper une bonne frange de ce peuple. Le
phénomène va d'ailleurs en s'intensifiant du fait des contacts
avec l'extérieur. Mais l'essentiel reste encore sauf. Quant aux
sociétés bantou, infiltrées, elles ont dû perdre une
bonne part de leur substance et les jeunes générations les
ignorent et s'en passent même. Bien que quelquesuns désirent
conserver cet héritage à travers l'instauration des fêtes
historiées et les festivals entre autres, il n'attire pas encore
l'intérêt des touristes au point d'en faire des
événements touristiques programmables. L'archéologie
pourrait peut-être y contribuer de façon forte.
1.2.3. Les révélations de
l'archéologie dans le contexte de retour aux sources
De nombreuses études archéologiques ont
été conduites dans les marges côtières du
département de l'Océan. Elles ont permis de savoir par exemple
qu'il existe une importante discontinuité chronologique dans cette zone
(Zana, 2000) due au fait que les fouilles archéologiques
révèlent des traces indubitables de vie humaine tout au long de
l'ère Quaternaire d'après la première
chronoséquence et que les occupants actuels ne s'identifient pas
à leurs ancêtres (?).
-L'âge récent de la pierre taillée (40
000-5 000ans BP), caractérisé par la présence de
l'industrie microlithique qui se distingue par les objets faits sur les
quartzites, le quartz à l'instar de la pointe de flèche pour la
chasse ou des petits outils tranchants pour le dépeçage du gibier
par des tailleurs de pierre de Nko'élon qui étaient des
prédateurs.
-Le stade Néolithique (4 000-1 500ans BP) est
marqué par le début de sédentarisation en hautes altitudes
sur le littoral des populations bantoues venues des Grassfields avec la
production d'outils de poterie et en pierre (hache, houe...), l'agriculture sur
brûlis. La fosse dépotoir est l'indicateur remarquable des
premières formes de sédentarisation. C'est le cas des fouilles
sur le site de Bwambé, Nlendé-Dibé.
-L'âge du fer ancien (2 300-2 200ans BP = 300-100 avant
Jésus-Christ) pendant lequel l'analyse des artéfacts montrent la
production de nombreux objets en poterie, en céramique et des outils en
fer. C'est le cas des sites de Bwambé et de l'église catholique
de Campo dont les fouilles montrent la présence de l'hameçon et
des scories, preuves de la pratique de la pêche par ces populations et de
la maîtrise de la technique de la réduction du fer (Oslisly,
2001). Pour la période de l'âge de fer récent, les sites de
Campo Beach (Kadomura et alii, 2000), de Bwambé et de l'église
catholique de Campo montrent aussi la présence des objets en fer.
Ces résultats pour partiels qu'ils sont, restent
intéressants quoique n'ayant pas encore donné lieu à la
mise en place de sites archéologiques, ni même
d'écomusée. Tous les artéfacts récoltés
jusque-là sur divers sites sont provisoirement hébergés au
bureau de l'IRD à Yaoundé. Ceux-ci permettraient à coup
sûr de développer un tourisme culturel dont la vitalité
contribuera fortement à la valorisation de nos cultures en perte de
vitesse. De plus, Le tourisme scientifique peut aussi être
développé dans cette région pour aider à trouver
une explication aux discontinuités chronologique, humaine et
culturelle.
1.3. Le potentiel écotouristique
Il peut être compris comme l'ensemble des atouts
à l'état sauvage dont dispose une région et qui, pour
diverses raisons, n'ont pas encore pu être valorisés pour servir
au secteur touristique comme produit touristique. Le produit est un tout
indivisible qui renferme aussi bien l'offre originale que toutes les
facilités qui en favorisent la consommation (moyens de transport et de
télécommunication, HCR, sécurité des biens et des
personnes, stabilité politique et économique, hygiène et
salubrité, hospitalité, bon rapport qualité-prix...) qui
doit par le marketing faire correspondre à la demande touristique. Pour
ce qui est de l'offre touristique, c'est un ensemble d'éléments
naturel et culturel, matériel et immatériel qui présente
une valeur exceptionnelle du point de vue esthétique, artistique,
historique, culturel et économique d'une région ou pays. Ceux-ci
sont susceptibles d'attraction et de curiosité chez des visiteurs
potentiels en fonction de leur distribution spatiale et par rapport à
leur lieu de loisir, d'hébergement méritant d'être
conservé pour l'intérêt du tourisme.
1.3.1. Offre naturelle
Il s'agit de toutes les attractions touristiques d'origine
naturelle (mer et plages, lacs et rivières, forêts, faunes,
rochers et grottes).
- Mer et plages : Toute cette côte Ouest est couverte
par les eaux de l'Océan Atlantique. De même, chaque village le
long de cette côte dispose d'une ou de plusieurs plages (Bwambé,
Grand Batanga I et II, Eboundja, Bongahélé, Lobé,
Lolabé, Ebodjé) régulièrement
fréquentées en haute saison touristique. Il reste encore une
multitude de plages plus larges et plus belles qui sont ignorées et par
conséquent non promues entre Ebodjé et Campo, et plus
généralement en dehors du territoire touristique (Cf . Fig.
10).
Photo 3: Plage à Itondé-Fang.
Figure 6 : Carte de l'espace touristique des marges
côtières de la province du Sud Cameroun
- Lacs, rivières et chutes: Dans cette zone, il existe
quatre lacs (Etondé-Fang, Mba Ayam, lac à Caïmans et Mvini)
de même que les rivières et les chutes. Pour ce qui est des
rivières, il en existe un très grand nombre, mais nous en
retiendrons les principaux : (Kienké, Lobé et Ntem) qui
reçoivent de nombreux ruisseaux en amont avant de se jeter dans la mer.
Seuls, le Ntem et dans une certaine mesure la Kienké pour les fleuves et
l'ensemble des lacs sont navigables en toute saison et peuvent de ce fait
être exploités pour la pêche-promenade. Sur le
cours de ces fleuves, on peut relever la présence de
deux fameuses chutes (les chutes de la Lobé et les chutes de
Memve'élé) et deux autres d'importance relative (les chutes
d'Edjang zo'o et chutes sur la Biwoumé).
Photo 4: Quelques chutes dans les marges
côtières de la province du Sud Cameroun.
- La forêt : la forêt biafréenne, la
forêt littorale et la forêt congolaise sont pourvues d'une
importante richesse biologique dont la particularité est la
densité et la diversité de la flore : plus de 1500 espèces
de plantes dont 45 sont endémiques ou rares.
- La faune : Au stade actuel des études, la faune est
évaluée à 80 espèces de mammifères moyens et
grands (critère important de développement de
l'écotourisme), 18 espèces de primates, 28 espèces de
chiroptères, 307 espèces d'oiseaux (Ndeh, 2002). 249
espèces de poissons, 23 espèces d'amphibiens et 122
espèces de reptiles. L'avifaune présente à priori toutes
les espèces recherchées par les ornithologues et touristes verts
(picatharte chauve, calao, perroquet...).
- Rochers, grottes, montagnes et massifs : Les marges
côtières du département de l'Océan sont
encombrées de nombreux reliefs résiduels, les uns aussi
importants que les autres (Mont des Mamelles, Mont des Eléphants, Mont
Nkolebengué, Akok-Benyat, Rocher des esclaves, Rocher du loup), que les
autres (Mont Biwoumé, Ayak-Minkola-Imbong, Ozom-Zomo, Akok-Obek'Foui,
Akok-Mevoui, Akok-Yaekukuankuk, Mbaz-Akok...).
1.3.2. Offre socio-culturelle
Elle présente une évidente variété
et satisfait une demande socio-culturelle exigeante et composite. Très
généralement, elle ne constitue pas l'offre principale mais la
complète ou l'enrichit :
- Genre de vie : Les populations de cette zone se
caractérisent par de nombreux traits tels le sens de l'accueil et de
l'hospitalité, leur art culinaire, leur artisanat et leurs nombreuses
techniques de conservation du poisson et de la viande.
- Folklore et tradition : Dans une enquête de terrain
menée dans trois villages, nous avons obtenu comme résultats
plusieurs danses traditionnelles (Ebianmeyong :
`Ebol'Asan', `Akoumaba', `Engueb' ; Nko'élon :
`Enyngué', `Ebolasa' ; Ebodjé :
`Bevala', `Mokuyé', `Ivanga', `Baka dance' ; Campo
: `Mookoum', `Ebaza', `Nsebito'). Il est à noter que les
danses touristiques comme `Akoumaba', `Mokuyé' et `Ivanga' ne sont pas
publiques, exceptée la phase non rituelle qui peut à certaines
occasions être ouverte aux non-initiés. Mais de manière
générale, les danses s'exécutent sur commande ou selon un
calendrier culturel annuel.
- Les vestiges historiques : Ils sont tous de la
période d'occupation allemande. Il s'agit des cimetières
allemands à Kribi, de l'Eglise Catholique d'Ebodjé construite en
1900 par les Allemands, une boulangerie et quatre tombes d'Allemands à
Campo, des ruines de l'agroindustrie (Hévéa et palmiers à
huile) et d'habitations d'Allemands dans l'Ile de Dipikar.
Clichet : D. NGUEPJOUO
Photo 5: Quelques vestiges de l'occupation allemande sur
l'île de Dipikar.
- Le rôle de l'archéologie : A la suite des
premiers résultats de travaux archéologiques dans cette zone, une
exploitation touristique peut en être faite. Dans la perspective de la
valorisation de ce patrimoine, Oslisly (2001) suggère les
possibilités :
(1) de présenter les artéfacts issus des fouilles
dans un écomusée ;
(2) d'incorporer quelques archéosites dans les circuits
écotouristiques.
Le tourisme scientifique peut aussi être
développé dans cette région pour aider à trouver
une explication aux discontinuités chronologique, humaine et
culturelle.
1.3.3. Offre aménagée
C'est l'ensemble des aménagements effectués avec
pour l'ambition de mettre le visiteur à l'aise pendant qu'il jouit de
l'offre originale. On peut citer dans ce registre l'accessibilité : les
moyens de transport (la présence et le bon état des
infrastructures routières, ferroviaires et aériennes et de
télécommunication), les conditions agréables de voyage,
d'hébergement et de restauration. Dans les marges côtières
du département de l'Océan, l'accessibilité - à
partir des aéroports internationaux de Douala et de Yaoundé
jusqu'à Kribi - ne pose aucun problème. En effet, une
infrastructure routière en bon état dessert la ville
tête-de-pont de cette zone (Kribi). Mais le reste de la zone, lorsqu'elle
est accessible par voie routière, exige l'usage des véhicules
tout terrain (4×4). Il existe aussi un aéroport non encore
fonctionnel à Kribi et une piste d'atterrissage privée de la
Société Forestière (HFC) à Ipono. De même en
dehors de Kribi et sa proche périphérie, il est difficile de
communiquer et d'accéder aux médias nationaux et internationaux
(Journaux, radio, TV). Cette situation est semblable quand il s'agit de
l'hôtellerie et de la restauration. Kribi est donc un pôle
très favorisé pour le tourisme classique tandis que de nombreux
efforts méritent d'être entrepris pour le reste de la
région, mais cette fois, en tenant compte du volet de la
durabilité. Ceci devra en principe réduire fortement les
coûts des investissements à effectuer. Il est entendu que ces
offres doivent être complétées par des garanties comme la
sécurité des biens et des personnes, la stabilité
politique et économique, l'hygiène et la salubrité,
l'hospitalité, le meilleur rapport qualité-prix des prestations
offertes entre autres.
En définitive, le milieu comporte à la fois des
ressources dites anté-touristiques12 et celles dont la
présence et souvent l'existence même sont intimement liées
à un développement touristique préalable. Elles sont dites
post-touristiques13 c'est-à-dire qu'elles sont mises en place
pour agrémenter le séjour des visiteurs et contribuent de
façon notable à la transformation d'un milieu naturel en un
espace construit parsemé de ressources (Fig.6) et
12 Ce sont les ressources originelles et
préexistantes au tourisme et même parfois à toute
occupation humaine (Dewailly et al, 1993). Ce sont
les ressources tels le climat, la faune, la mer, les paysages ...
13 Elles sont mises en oeuvre dans l'optique d'un
tourisme à envisager, ou en sont la conséquence avec pour but
d'améliorer un tourisme qui existe déjà.
potentiellement appropriés par les touristes (Fig.10).
Quoiqu'il en soit, on est en droit de se demander si cette offre correspond
à la demande des touristes se rendant à Kribi.
1.4. La demande des touristes de Kribi et du reste du
département de l'Océan
Nous avons réalisé une enquête
auprès de 75 touristes rencontrés sur les plages et les
hôtels de Kribi au courant du mois de juillet 2005. Le questionnaire
(Annexe A) s'est adressé à ceux qui ont bien voulu le remplir
pour nous fournir des informations sur leur profil socioéconomique et
leurs goûts en matière de pratique du tourisme dans la ville de
Kribi et dans l'ensemble du département de l'Océan.
1.4.1. Le portrait socio-économique des
visiteurs de KribiLes touristes internationaux qui se
rendent à Kribi et sa région ne sont pas tout à fait
inconnus. Ils sont originaires de nombreux pays essentiellement
occidentaux, de sexe féminin, célibataires, jeunes et d'un niveau
d'instruction.
Pour ce qui est de l'origine des touristes internationaux, ils
ne proviennent que très faiblement des pays du continent
américain soit 3% du Canada, rien du tout des pays des autres
continents. Cependant la part majoritaire de ces visiteurs proviennent des pays
européens et spécifiquement de France.
Répatition par nationalité des
arrivées internationales à Kribi
30
25
50 45 40 35
Pourcentages
20
15
10
5
0
Série1
Français Polonais Irlandais Russie Autriche Suisse Espagne
Pays-Bas Canada
Nationalité
Figure 7 : Répartition par nationalité des
arrivées internationales à Kribi
Cela peut s'expliquer par les raisons historiques notamment la
mise sous mandat du Cameroun et donc l'administration française de cette
partie du pays, la signature de nombreux accords de coopération, la
participation des Français à certains secteurs de
développement (industrie, économie...), la promotion de bouche
à oreille d'anciens visiteurs satisfaits et enfin par le fait que le
Bureau d'Informations Touristiques (BIT) du Cameroun pour l'Europe basé
en France, assure une promotion de proximité plus grande. Notons au
passage que jusque dans la décennie 70, les Allemands sont les plus
nombreux à visiter Kribi et que leur nombre est progressivement
allé en baissant pour des raisons politiques14.
Les touristes sont majoritairement de sexe féminin
(78%) et l'on retrouve la même proportion de jeunes de moins de 30 ans de
même que celle de célibataires. C'est une population aimant
l'aventure et la diversité des loisirs. Le fait qu'elle soit à
85% de niveau universitaire la rend un peu exigeante. Cela contribue à
contrebalancer l'insouciance qui caractérise habituellement la jeunesse
et pousser à un certain raffinement de l'offre.
1.4.2. Les motivations des visiteurs de Kribi et
alentours
Kribi et ses alentours présentent une diversité
d'atouts qui fonde la motivation de voyage pouvant elle-même varier d'une
personne à une autre.
60
50
40
Proportions de visiteurs
30
20
10
0
Kribi
Reste Océan
Motivations de visite
Figure 8 : Répartition des motivations des
visiteurs de Kribi et le reste de l'Océan
14 La résiliation du contrat du tour
opérateur QUELLE avec l'Office National du Tourisme Camerounais en 1970
se justifie pour partie par l'interdiction faite de se livrer au Cameroun
à certaines activités telle la prostitution. Les incidences sur
le chiffre d'affaires des établissements de tourisme et la population
locale obligent le gouvernement à reporter sine die
l'application des mesures prises à ce sujet (Essono E.F.,
2000).
Le désir d'aventure mentionné plus haut est
confirmé par la proportion des avis des touristes sur leurs motivations
de voyage.
En face d'une offre non structurée, on a des visiteurs
exigeants qui attendent un service d'un certain niveau. Bien qu'ils
apprécient globalement la destination pour son caractère naturel
et très faiblement artificialisé, ils trouvent la destination
coûteuse et estiment du fait de la distance qu'ils pourraient manquer du
temps pour revenir la prochaine fois.
En gros, le tourisme de Kribi et du reste du
département a besoin d'une sérieuse structuration pour combler
les attentes des touristes dont les exigences tiennent compte très
souvent du contexte socio- économique et des possibilités du pays
et même de la ville de Kribi.
2. L'EVOLUTION DE L'INSERTION DU TOURISME DANS LES
MARGES COTIERES DU SUD CAMEROUN
Les Allemands sont à l'origine du tourisme dans le
département de l'Océan. En effet, depuis la période de
l'impérialisme germanique, leur intérêt pour les ressources
naturelles du pays en général et singulièrement pour les
régions côtières s'est accru (Nguepjouo, 2003). Pour la
région du Mont Cameroun et notamment Limbé au départ, il
s'est ensuite déporté sur les côtes kribiennes. Ceux-ci y
ont installé des équipements de base susceptibles
d'agrémenter le séjour dans un premier temps et de faciliter
l'administration territoriale dans un deuxième temps vers la fin du
XIXè siècle. Il s'est agi par exemple de valoriser les
potentialités naturelles de cette localité notamment en
exploitant les caractères favorables au développement de
l'activité touristique et en y créant des conditions minimales de
séjour agréable pour ses visiteurs (Port, constructions
diverses...) (Essono, 2000). Après l'indépendance, le jeune Etat
a réalisé de nombreux projets à portée touristique
avant la période de désengagement caractérisée par
un profond abandon de cette activité. Le secteur se structure peu
à peu aujourd'hui autour de la municipalité de Kribi.
Il reste aujourd'hui que de nombreux atouts de la
région sont encore inexplorés, voire inconnus. Et quoique encore
émergent, le phénomène touristique a diffusé ses
effets dans les villages environnants et/ou présentant les mêmes
atouts (Lobé, Eboundja, Lolabé, Ebodjé, ...) le long de la
côte.
2.1. Une évolution en ligne brisée dans
l'espace touristique
Le tourisme dans son évolution a connu des
périodes fastes et difficiles qui ont généralement
alterné dans le temps et l'espace. Ce parcours n'est pas propre au
tourisme, mais est le fait de l'ensemble des secteurs productifs de
l'économie camerounaise. A une phase de démarrage promoteur,
succède une autre de récession qui, elle aussi, cède
progressivement la place à une timide reprise. En effet, le rôle
de l'Etat est capital dans la mesure où le secteur privé est
encore très faible. Ainsi au départ de ce profil se trouve la
prise en charge quasi complète de l'activité par l'Etat, puis son
désengagement et enfin par les frémissements d'une difficile
relance.
2.1.1. L'Etat providence pendant les années de
croissance
Comme dans les autres pays en développement, l'Etat a
bien souvent réalisé l'essentiel des investissements dans
l'hôtellerie, la restauration, les agences de voyages et les autres
infrastructures du nouvel Etat indépendant.
Depuis lors, quelques autres réalisations y ont vu le
jour au point de faire de cette ville de petite taille, la vitrine du tourisme
balnéaire au Cameroun. Mais jusqu'en 1960, Kribi ne compte que 18
chambres. Plus tard, après les indépendances, les actions
à vocation touristique se sont poursuivies avec le soutien effectif de
l'Etat. En effet, dès le premier plan quinquennal de
développement économique et social (1961-1966), le tourisme
transparaît comme un secteur à la rentabilité
immédiate d'autant que « la matière première existe :
sites et paysages remarquables, faune abondante et variée,
curiosités folkloriques nombreuses et spectaculaires ». Il ne
faudra alors plus que réaliser l'inventaire du patrimoine touristique,
créer et aménager les parcs nationaux, confectionner des circuits
touristiques, poursuivre l'équipement hôtelier, créer un
office de tourisme et lancer des opérations de propagande.
Les moyens mis en oeuvre pour y parvenir sont nombreux. Il
s'agit de financements public, privé et communaux ; de mesures
incitatrices ; d'organismes de crédit (banques et CNC15) sur
le long terme et à faible taux d'intérêt ; de l'extension
des réseaux électriques, télécommunicationnelles,
routiers et d'adduction d'eau ; de la mise en place des structures
d'intervention en matière d'information, de promotion, de
commercialisation, de développement du tourisme ; et enfin de la
formation professionnelle.
L'Etat a des partenaires dans la commercialisation de la
`destination' Cameroun notamment les deux agences de voyages Quelle et
Paneuropa. Plusieurs touristes internationaux en provenance d'Allemagne ont
été envoyés sur les plages de Kribi, jugées
15 Conseil National de Crédit
plus captivantes, dès la saison touristique de
1968-196916 par ces voyagistes. Un hôtel à bungalow
(Palm Beach) est construit en 1968. Mais en 1970, ces 2 Tour opérateurs
ont interrompu la saison avec éclats : infrastructures insuffisantes,
entretien incorrect... Ils vont être relayés par Transeuropa et
Touropa Spezial (Mainet N., 1979). On atteint cependant la centaine de chambres
en 1980.
Tableau 5 : Statistiques de 2 années
touristiques 1974 et 1975
Saison
|
Arrivées
|
Nombre d'hôtels
|
1969
|
|
2
|
1974
|
1500*
|
|
1975
|
2161 dont 480 Allemands
|
|
*Allemands seulement
Source : Mainet N., 1979.
Si l'on s'en tient aux statistiques produites par la
Délégation Générale au Tourisme, on peut affirmer
que ce mouvement de croissance des arrivées internationales - du moins
la part de Kribi déduite à partir des chiffres de la saison
1974/1975 sur le total global - est continue. Tableau 6 : Part des
arrivées de Kribi sur les arrivées nationales
(1972-1978)
Années
|
TG des arrivées internationales
|
Arrivées internationales de Kribi
|
1972
|
76400
|
1528,7
|
1973
|
85000
|
1700,8
|
1974
|
96000
|
1920,9
|
1975
|
108000
|
2161
|
1976
|
118800
|
2377,1
|
1977
|
89990
|
1800,6
|
1978
|
102983
|
2060,6
|
1979
|
106251
|
2126
|
1980
|
103317
|
2067,3
|
1981
|
101375
|
2028,4
|
1982
|
115518
|
2311,4
|
1983
|
116386
|
2328,8
|
Source : DPTS, Mars 2005.
Les arrivées varient entre 1528 et 2335 et selon
un mouvement de croissance soutenu. Mais cela n'est qu'une extrapolation qui ne
doit pas avoir la valeur des chiffres exacts. En effet, nous avons obtenu les
arrivées internationales de Kribi en partant des données
de
16 Le lancement du tourisme
balnéaire international organisé est opéré à
Limbé la saison 1967-1968 et seulement une saison après à
Kribi.
l'année 1975 dont le TG et les arrivées
internationales étaient disponibles pour la même année.
Mais beaucoup restent à élucider non seulement en ce qui
concernent l'explication des données d'autant que les producteurs de ces
données ne sont plus aux affaires mais aussi pour ce qui est des
conditions de production et la quantité de crédit à
accorder à de telles informations. Ainsi, on ne comprend pas
déjà par exemple pourquoi le nombre d'Allemands se réduit
drastiquement une année sur l'autre (Cf. Tabl.5).
Toutefois, il importe cependant de présenter
l'allure de la courbe que les séries statistiques disponibles pour les
périodes 1972-1983 et 1999-2004 donnent.
12000
10000
8000
4000
2000
0
Nombre de visiteurs
6000
Série1
Années
Figure 9 : Arrivées des visiteurs à Kribi
(1972-1983 et 1999-2004)
Les arrivées ont toujours évolué
en dents de scie parce que les dispositions pas prises ni pour anticiper, ni
pour agir sur les problèmes qui influeraient sur les arrivées
hôtelières. Il est très courant d'arguer que le
caractère transversal du secteur rend cette approche difficile voire
impossible. La courbe déjà brisée se rompt entre
finalement1983 et 1998. Il est possible que le changement opéré
dans l'orientation politique au plus haut niveau de l'Etat l'explique en
partie. Une autre explication est le fait que les moyens nécessaires
à la production de ces données ne sont plus alloués en
quantité suffisante et dans les délais souhaités par ceux
qui en ont la charge.
2.1.2. Le désengagement de l'Etat et le
flottement du secteur touristique
Pendant les années de crise, l'Etat sous
ajustement a dû se retirer des secteurs productifs dont le tourisme. Cela
se traduit par une absence quasi générale des statistiques
pourtant le MINTOUR est créé en 1989 - en remplacement du
Secrétariat d'Etat au Tourisme (1982) elle-même ayant
succédé à la Délégation
Générale au Tourisme (1975) - avec entre autres missions la
production de ces statistiques. Le pionnier de l'administration du tourisme est
l'Office National Camerounais du Tourisme qui fut érigé en 1970
en Commissariat Général au Tourisme17. Ces structures
ont certainement produit des statistiques mais qui nous ont pas
été possible de consulter parce que ne les ayant pas trouver et
parfois leurs détenteurs les qualifient de non crédibles et
partant de non publiables.
Qu'à cela ne tienne, le tourisme bat de l'aile
au courant de ce passage à vide, les services déconcentrés
du MINTOUR sont réduits à leur plus simple expression, les
délégations provinciales.
Dans ce contexte de désengagement, les
collectivités essaient de se positionner en jouant un rôle de plus
en plus fort pour tenter de maintenir le tourisme à un niveau
appréciable.
2.1.3. La relative prise en main par la
Communauté Urbaine de Kribi (CUK) et les autres
partenaires.
Le secteur touristique tente de se réorganiser
autour des municipalités sous le leadership de la CUK dans le
département de l'Océan et l'appui des ONG tels la SNV et le WWF.
Cela ne signifie pas que le MINTOUR cesse d'exister, au contraire, il a
été récemment créé la
délégation départementale pour l'Océan. Mais les
missions de développement du tourisme sont aux mains des
collectivités locales tandis que le MINTOUR en assure le contrôle
(Aménagement de la Bande côtière).
Une étude portant sur le plan
d'aménagement et de gestion de la bande côtière est en
cours d'adoption à l'initiative conjointe des communes rurales de Campo
et Kribi de même que de la commune urbaine de Kribi et avec l'appui
technique et financier de la SNV. Suivra ensuite une deuxième phase qui
consistera en réalisation (aménagement) de la bande
côtière.
Ces débuts bien que pénibles sont
promoteurs. Une des propositions de cette étude - la création
d'un office intercommunal de tourisme - a été adoptée et
mise en oeuvre et de nombreux projets sont en préparation. Le maire de
la CUK en est le président.
17 Essono E.F.,
2000.
2.2. L'analyse de la croissance du
phénomène touristique
Le phénomène touristique dans les marges
côtières présente une forte polarisation à Kribi.
L'essentiel des investissements en infrastructures et équipements y sont
concentrés et le reste de la région lui sert de faire-valoir.
Ceci peut être attribué à une planification insuffisante,
à un goût irrésistible pour le foncier en front de mer et
aussi à l'insuffisance des moyens de gestion du secteur.
2.2.1. Les difficultés de
planification
Le secteur touristique connaît de sérieux
problèmes de planification et de prospective à Kribi. En effet,
la croissance n'obéit ni à un plan d'ensemble, ni à la
réalisation de quelque objectif mesurable. Ainsi, ni dans les services
du DPTS et DDTO, ni au DDO/MINDAF ni ailleurs aucune carte n'est disponible.
Les attributions du MINTOUR qui connaissent du reste une certaine souplesse
dans leur application consistent en
· l'encouragement des investissements
touristiques,
· l'aménagement des sites,
· la promotion du tourisme camerounais,
· la collecte des statistiques et la formation du
personnel.
Il apparaît que les missions de prise en charge
de la planification ne sont pas la préoccupation du ministère
encore moins des municipalités de l'Océan. Aucun opérateur
ne peut se prévaloir de cette prérogative qui fait partie des
missions régaliennes de l'Etat. L'Etat et les autres opérateurs
touristiques subissent l'implantation des structures hôtelières et
de restauration. Il n'existe pas d'orientation en matière de
capacité d'accueil de Kribi, de leur localisation et de leur rythme de
mise en place.
De même, malgré l'inscription en bonne
place du rôle incitateur de l'Etat au rang de ses missions, aucune mesure
de nature à promouvoir et capter les investissements18 n'a
été prise dans cette région. Au contraire, les
griefs19 des promoteurs vis-à-vis des pouvoirs publics sont
de plus en plus nombreux et témoignent bien souvent d'un
découragement rampant au sein de la corporation des promoteurs
touristiques de cet univers.
A la décharge des autorités en charge
du tourisme, le contexte de crise économique avec ses corollaires sur le
train de vie de l'Etat réduit les capacités d'intervention
corrective et les possibilités de réalisation. De plus, la
création d'un organisme ayant pour mission d'étudier et de mettre
en valeur le département de l'Océan participe de cette logique de
dédouanement des
18 Détaxe,
création des lotissements touristiques, octroi des crédits aux
potentiels investisseurs...
19 Tarification
électrique asphyxiante, fiscalité exorbitante et
écrasante, législation contraignante
pouvoirs publics. Leurs travaux sont aujourd'hui
pratiquement à leur phase terminale - du moins pour ce qui est de la
phase étude - et consacrent une large place au tourisme mais restent
cependant pour une part dans l'imprécision en ce qui concerne le (s)
type (s) de tourisme à développer sur la base de la demande
actuelle dans la région et l'offre des destinations
concurrentes.
Il reste que c'est de la navigation à vue dont
les conséquences spatiales sont déjà
perceptibles.
2.2.2. La ruée imparable vers le foncier en
front de mer
Même pendant la période des plans
quinquennaux où l'Etat définissait avec précision les
objectifs sur tous les 5 ans et mettait tout en oeuvre pour les
réaliser, on a pu se rendre compte d'une croissance spontanée.
Cela peut s'expliquer par le fait qu'il se focalisait sur les investissements,
les réalisations. Les objectifs premiers poursuivis concernent :
l'augmentation et l'amélioration de la capacité d'accueil du
pays, l'augmentation du nombre de touristes à recevoir, la participation
effective des Camerounais à la consommation touristique,
l'aménagement des sites et des circuits touristiques, la mise en place
des moyens nécessaires à la réalisation des programmes de
développement touristiques arrêtés. Ainsi la planification
et la réglementation sont venues seulement par la suite du moins sur le
domaine maritime et fluvial. C'est ainsi que le régime foncier
entré en vigueur en 1974, trouve un front de mer ayant
déjà fait l'objet d'une certaine occupation. L'Etat s'en
accommode du fait de la non rétroactivité de la loi et/ou du
risque de dédommager toutes les occupations antérieures à
cette loi. Il se résout - selon les dispositions nouvelles du
régime foncier - à maîtriser les installations futures.
Aujourd'hui pourtant toutes les terres en bordure de mer sont totalement
occupées et 75% de titres fonciers attribués20 de
façon régulière et très souvent en violation de
l'emprise maritime et fluvial. Car les normes prévoient que les
installations en matériaux définitifs ne doivent se faire
qu'à 50 m après la ligne des plus hautes eaux et 25 m
après le lit majeur des fleuves. De plus, les sols ne doivent pas faire
l'objet de vente par contre, ils peuvent être cédés. A ce
moment-là, les morcellements et les mutations sont possibles. En outre,
la porosité de ce sol sablonneux ne favorise pas l'édification
des bâtisses colossales d'autant que sa capacité portante est
très faible. Le constat sur le terrain est désolant (Cf.
Figure 11). Les constructions nombreuses germent de terres tous les jours
au grand dam de cette réglementation et les pouvoirs publics assistent
impuissants au développement de la clandestinité.
20 Entretiens personnels
avec le Délégué Départemental des Domaines et des
Affaires foncières de l'Océan.
L'explication la plus plausible de l'attrait pour les
espaces côtiers de plus en plus difficile à contenir tient au fait
que les détenteurs de ces terres sont très souvent des hautes
personnalités de la République qui se croient obligées
d'être au-dessus de la loi pour satisfaire leurs caprices, même les
plus folles. Elles y construisent des résidences secondaires de haut
standing ou des hôtels qui sont par la suite classés.
2.2.3. La modicité des
moyens
La DPTS et la DDTO sont tous les deux logés
à Kribi. Il est vrai que la deuxième est de création
très récente21 mais elle n'a pour assurer son
fonctionnement que le Délégué dont les services occupent
une pièce dans les locaux de la DPTS. Celle-ci n'est pas non plus bien
lotie. La carence en quantité de personnel est aggravée le niveau
de qualification de ce nombre.
Le manque de matériel fait également
partie des difficultés rencontrées par cette administration.
L'ordinateur est encore une curiosité ici et tout le travail se fait de
façon manuelle et il n'est pas étonnant que les résultats
des calculs des sommes des fiches statistiques que nous avons
dépouillées ne coïncident que très rarement avec ceux
qui sont automatiquement générés par le tableur Microsoft
Excel.
Les finances manquent aussi cruellement et limitent les
actions que voudraient
entreprendre ces autorités en charge du
tourisme du point de vue institutionnel. Le DPTS a düabandonner
l'usage de son véhicule de fonction, l'unique de ses services, à
cause des notes
d'entretien écrasantes.
Au total, on peut dire que l'évolution du
tourisme dans les marges côtières de la province du Sud ne s'est
pas faite selon un mouvement ascensionnel continu depuis l'indépendance.
Car après la décennie prometteuse de démarrage (1960-1970)
a suivi une longue période de flottement et de crise avant que ne
s'observe tout récemment (depuis 1998), les nouveaux
frémissements d'un probable décollage avec des acteurs nouveaux,
l'Etat se désengageant progressivement des secteurs productifs de
l'économie. Les marques de ce retrait de l'Etat sont perceptibles tant
en ce qui est de la planification, de la régulation, de
l'aménagement et du marketing du territoire touristique de cette
région.
21 Mars 2005
3. LE TOURISME ET LE TERRITOIRE TOURISTIQUE DE
KRIBI
Le tourisme s'insère dans un cadre physique
par subversion et conquête22 (Cazes et ali, 1993).
Ces pouvoirs dont le tourisme est doté en font souvent une source
potentielle de danger aussi bien pour le milieu que pour les populations qui y
vivent ou en dépendent pour leur survie. Kribi n'a pas toujours
été un haut - lieu de tourisme au Cameroun, cette ville est
même beaucoup plus récente que Limbé qui propose aussi le
tourisme balnéaire. Le fait touristique s'y déploie depuis
seulement moins de 3 décennies.
3.1. L'entrée et l'extension du fait
touristique
La ville prend naissance bien avant 1884, autour d'un
débarcadère, d'abord comme comptoir avec les Portugais, puis elle
s'est ensuite développée en suivant le bord de mer et les
principales voies d'accès (Chendjou et ali, 2003). Ceci permit
les échanges des populations locales avec les Occidentaux. Ces relations
se poursuivent aujourd'hui sous la forme de tourisme.
Tout commence dans la région par Kribi avant
de s'étendre progressivement vers son arrière pays aujourd'hui.
Dès la saison 1968-1969, des touristes sont envoyés à
Kribi qui ne compte jusque là que 80 chambres. Le centre d'accueil est
ouvert depuis 1932 et sert au départ de gîte d'étape pour
l'administration française. Après l'indépendance, les
étrangers viennent s'y reposer et se détendre sur les plages de
Kribi. Palm Beach Hôtel et Strand Hôtel vont être construits
par la suite tous sur la rive gauche de la Kienké et s'étirer
progressivement vers le sud. Sur la rive droite, la construction de la
Résidence présidentielle va retarder l'occupation. Mais de nos
jours, elle est devenue dense et plus importante que sur l'autre
rive.
22 Le premier se manifeste
par détournement de l'utilisation dominante d'un lieu, tandis que le
deuxième travaille à intégrer de nouveaux lieux à
l'espace touristique.
Source : Tchawa et al, 2004
Figure 10 : Distribution des établissements
d'hébergement dans les marges côtières du Sud
Cameroun
L'analyse de cette entrée du tourisme dans les
marges côtières de la province du Sud porte aussi bien sur la
dimension spatiale que sur celle du temps. Sur le plan spatial, le mouvement
d'insertion n'est pas que linéaire en suivant le trait de côte,
mais il s'écarte maintenant vers l'intérieur en conquérant
les terrains les plus intéressants. En effet, bien que les
activités de loisir consomment souvent les espaces vacants sans valeur
agricole, il leur est aussi usuel de conquérir « les replats bien
exposés, plus faciles à travailler, terres draînées
et remembrées et tentant les promoteurs [...divers] (Meur et
al, 1991). Autrement dit, très souvent ce sont des espaces
particulièrement convoités pour diverses activités
humaines que les installations de tourisme cherchent à acquérir.
La densité forte de l'occupation du front de mer en est une
illustration.
Centre d'accueil & Palm Beach
OCEAN ATLANTIQUE
Vers Eboundja
Vers l'hinterland en dehors de la ville et vers
le Centre ville de Kribi
Vers le fleuve Nyong
Source : Tchawa et al, 2004
Figure 11 : Densité des établissements
hôteliers et croissance du phénomène touristique
à Kribi
Avec les 65% des infrastructures
hôtelières construites sur un espace compris entre 0 et 100 m du
rivage, l'intérêt des promoteurs est manifeste pour ce genre
d'espace. A défaut de pouvoir y avoir accès, certains autres
investisseurs se sont contentés des terrains à la lisière
du
front de mer (22%). Ce qui fait 87% du territoire
touristique localisés à moins de 500 m de l'Océan
Atlantique. Seulement 13% de cet espace se situent au-delà des 500 m et
consistent essentiellement en auberges pour les visiteurs les moins
fortunés et pour les noctambules du Carrefour KINGUE autour duquel la
vie nocturne s'organise à Kribi. C'est d'ailleurs le cas depuis de
nombreuses années.
Cette extension du tourisme à Kribi dans sa
traduction spatiale comporte également une version temporelle. Le point
de départ se situe au Centre d'accueil qui est à l'origine (en
1936) une maison de repos pour missionnaires puis plus globalement pour les
étrangers dans la région. Il faudra attendre 1968 pour que l'Etat
construise l'hôtel Palm Beach et Strand Hôtel pour répondre
aux sollicitations des touristes Allemands. Aucune source à notre
connaissance ne fournit les informations sur la progression
détaillée des installations hôtelières à
Kribi. Celle de la DPTS permet cependant de dire qu'en 1999, il existe
déjà 43 hôtels à Kribi, 45 en 2000, 50 en 2001 et
2002. De nos jours, la barre des 50 établissements d'hébergement
est largement franchie (Annexe E). En 2003, les trois structures les
plus à l'Est voient le jour. Il s'agit de Hôtel Mont Neyang,
Hôtel Consulat, Hôtel Le Marseillais. Ainsi la majorité des
hôtels ont été créés dans la période
de 1998 et 2003. Cela s'explique par la prise de conscience des promoteurs
hôteliers qui n'ont pas continué à attendre la moindre
mesure incitative pour se lancer dans le secteur de
l'hôtellerie23.
En Septembre 2005, le dernier établissement
hôtelier (Résidence Donna) se trouve entre le Cercle
Italo-Atlantique et la Belle Hollandaise (Nord Est Fig.10), soit
environ 6,5Km tandis que l'hôtel Consulat est situé à
environ 5 Km du point d'origine (Centre d'Accueil). En soixante (70) dix ans,
la vitesse moyenne de consommation de l'espace par les établissements
d'hébergement à Kribi est d'01 Km tous les 10 ans environ tandis
qu'elle tourne autour de 800 m pour la même période vers
l'Est.
Quoique historiquement récente dans l'espace
de la municipalité de Kribi, l'activité touristique y a
déjà quasiment diffusé ses effets au point de devenir la
raison d'être ou la fonction principale de la ville. Sa consommation de
l'espace est sélective des milieux les plus prisés du fait de
leur situation favorable par rapport aux attractions touristiques naturelles et
abusive à cause d'une occupation anarchique et effrénée du
territoire. On observe ainsi que le secteur de l'habitat de luxe est
destiné à l'usage touristique et se développe à
proximité immédiate de la grande avenue du front de mer sur un
écosystème fragile. Tout logiquement, les populations sont
casées à bonne distance dans les sites les moins convoités
parce que mal
23 Entretiens personnels
avec le DDTO.
famés. Leur habitat populaire s'étale
en arrière-plan de ces espaces attrayants alors que les versants donnant
sur la mer sont encore `mités' par des habitations de grand standing
à l'image de la riviera italienne.
Au-delà de Kribi, il existe très peu
d'établissements d'hébergement et ceux qui sont ouverts sont
essentiellement les auberges (Annexe E). Il en est de même des
restaurants qui n'existent pas dans l'arrière-pays du moins sous la
forme classique comme à Kribi.
Si à Kribi, le fait touristique est
déjà rentré dans les habitudes parce que bien
inséré, il n'en est pas encore le cas dans l'arrière-pays.
En effet, à une cinquantaine de kilomètres au Sud sur l'axe
routier Kribi-Campo, se développent de nouvelles expériences
différentes de celle de Kribi. Il s'agit du modèle
d'écotourisme qui gagne progressivement les villages Ebodjé et
Nko'élon.
3.1.1. Ebodjé, un village
écotouristique de prestige
Ce village écotouristique n'est au
départ qu'une idée dans la tête de Mme Monique Van MEEGEREN
(assistante technique) qu'elle va gérer sous le couvert du projet
Campo-Ma'an sans en préparer le document, ni associer qui que ce soit
dans son élaboration. Il est difficile d'en connaître les
objectifs de départ, les résultats attendus et le budget. En
revanche, on sait que dès Mars 1999, un comité
d'écotourisme (EBOTOUR) a été créé. Il est
composé de dix villageois qui organisent les activités
d'écotourisme, gèrent et distribuent les sommes d'argent
versées par les visiteurs (touristes et chercheurs).
Les ressources du comité provenant de la
compensation environnementale, des 10% du montant de la prestation, des dons et
autres versements sont utilisées pour payer un perdiem aux membres du
bureau (10% de la moitié des fonds prélevés sur le
1/60ème de l'ensemble des pourcentages
prélevés), pour les oeuvres sociales du village (5%) et le reste
pour le fonctionnement du bureau.
Le comité se réunit obligatoirement
lorsque les touristes sont annoncés pour attribuer les tâches aux
prestataires recensés. Ceux-ci travaillent de manière rotative
selon un calendrier dressé par le délégué
spécialisé (hébergement, restauration, culture, guidage et
artisanat) membre de droit d'EBOTOUR.
L'offre touristique bien fournie de ce village a un
coût. Il se compose de l'accueil, l'hébergement, la restauration
et les services (pique-nique, camping à la plage, soirées
culturelles, guidage : excursions et ballades).
Tableau 7: Offre touristique du village
écotouristique Ebodjé.
Services et activités
|
Frais à payer
|
Logement
|
|
2 000 francs/chambre/nuitée
|
Restauration
|
Petit déjeuner
|
750 francs/personne
|
|
1 500 francs/personne
|
|
750 francs/enfant
|
Pique-nique
|
1 500 francs/personne
|
Camping à la plage
|
1 500 francs/personne
|
Excursions et ballades avec guides
|
Ballade au rocher du loup en voiture
|
1 000 francs/personne
|
|
2 000 francs/personne
|
|
2 000 francs/personne
|
|
1 000 francs/personne
|
|
5 000 francs/pirogue/2 personnes
|
|
5 000 francs/pirogue/3 personnes
|
|
3 500 francs/personne
|
|
2 000 francs/enfant
|
Soirées culturelles (danses, folklore,
contes...)
|
10 000 francs/soirée
|
|
Source : EBOTOUR
Cette offre semble correspondre à la demande
touristique effective exprimée par les visiteurs de ce village. En
revanche, quelques améliorations provenant des suggestions de ceux-ci
sont envisageables pour une offre actualisée et plus satisfaisante. Il
s'agit par exemple du grill ou barbecue de poisson et de gibier non
protégé, des soirées dansantes dans des bars dancings, des
ballades libres à la plage et en forêt. En outre, l'organisation
des sports nautiques, les soirées de guérison, les ballades au
Rocher du Loup, les séances de théâtre portant sur le
mariage et les funérailles chez les Iyassa pourraient étoffer
cette offre déjà assez satisfaisante. La tarification ne pose pas
de problème pour les groupes de touristes fortunés de ce village
d'ailleurs dans une enquête effectuée à Kribi auprès
de 212 touristes, 79% de cet effectif aimeraient séjourner à
Ebodjé (Kamga, 2001).
A cette offre originelle se greffe aussi une
filière de PROTOMAC (Projet de Protection des Tortues Marines d'Afrique
Centrale) qui est un réseau de terrain hébergé par la
cellule de coordination ECOFAC de Libreville au Gabon. Son objectif est la
valorisation par le biais du tourisme de vision, des tortues marines en
période de ponte sur les plages, en phase
d'alimentation sur les herbiers sous-marins (Rieucau,
2001). Cet effort porte sur cinq espèces de tortues du golfe de
Guinée (la tortue verte : Chelonia mydas, la tortue
imbriquée : Eretmochelys imbricata, la tortue luth :
Dermochelys coriacea, la tortue olivâtre : Lepidochelys
olivacea et la tortue couanne : Caretta caretta) des huit vivant
dans l'océan mondial. Les quatre premières sont
considérées par les scientifiques comme menacées tandis
que la dernière est seulement vulnérable (Sounguet, 1998). La
promotion sous-régionale du tourisme d'Ebodjé lui vaut une plus
grande popularité. Mais quelques dysfonctionnements internes ternissent
l'image de cette expérience recommandable. D'ailleurs, tout
récemment l'OMT l'a choisi avec trois autres sites au Cameroun pour y
mettre en oeuvre le concept d' écotourisme qui lui est cher.
La situation d'Ebodjé est déjà
organisée et promeut une certaine forme de développement mais ne
fait pas encore l'objet d'une ample promotion. C'est à peu près
le cas du village forestier de Nko'élon au point naissant.
3.1.2. Nko'élon, une initiative naissante
mais prometteuse
Suite à un séjour effectué dans
ce village, il nous est apparu qu'il était préparé depuis
les phases de sensibilisation menées dans la région par la SNV.
Il y existe une organisation formelle (CEN) depuis 2000 qui tourne au ralenti.
Il est exactement monté sur le modèle d'Ebodjé mais exige
aujourd'hui d'être redynamisé. Des efforts sont en cours de
réalisation pour modifier la donne. En revanche, les populations de ce
village croient fortement en l'écotourisme comme levier de leur
développement et un outil efficace de conservation de la
diversité biologique, surtout qu'ils sont à moins de 10km du PNCM
et peuvent plus habilement préserver les ressources de l'environnement
qui sont sur le pas de leurs portes et des animaux qui sont fréquemment
de passage au village.
3.2. Les mutations-socioenvironnementales
provoquées par le tourisme
L'entrée du tourisme dans un milieu produit
forcément des transformations dans la mesure où en s'inscrivant
dans un espace qu'il marque notablement de son empreinte, il sollicite aussi
les sociétés ouvertes ou non par infiltration et/ou par
séduction. Mais il faut tout de suite indiquer que ces
conséquences bien que souvent négatives sont aussi parfois
positives. A Kribi, quelques-unes sont déjà connues tandis que
les autres se présentent encore sous la forme potentielle.
3.2.1. Les effets négatifs et
concurrence
Bien souvent mis sous l'éteignoir dans les
guides de voyage et dans tous les autres supports à valeur
promotionnelle, le tourisme comporte quelquefois de nombreuses
conséquences négatives sur l'espace et les hommes qui y vivent.
Elles sont variables mais déjà perceptibles sur les marges
côtières de la province du Sud.
Pour être synthétique, nous en
présentons une illustration (Celle du recul des plages et de
l'instabilité des structures qui y sont édifiées) avant de
résumer dans le tableau qui suivra quelques-uns de ces effets
négatifs.
Photo 6 : Recul du trait de côte sous le fait de
l'érosion marine
Les eaux de la mer ont déchaussé les
cocotiers qui bordent les plages. Celles-ci ne subsistent plus que grâce
à son système racinaire abondant et bien enfoui dans le sol.
Cependant, il est lentement mais très sûrement érodé
par la brutalité du ressac des vagues et l'action chimique de l'eau de
mer.
Pour ce qui est du tableau synthétique, il
présente les effets négatifs et les concurrences d'une part sur
le milieu physique et d'autre part sur les sociétés humaines dont
le vécu emprunte à ce milieu, certaines ressources
précieuses à l'équilibre des populations de la
région.
Ces effets négatifs malgré leur
quantité importante sont peu évoqués dans les
opérations marketing. On leur préfère toujours les autres
plus généralement vantés du fait des
bénéfices qu'ils génèrent, en prenant bien soin
d'éluder toute allusion à ceux-ci malgré le fait qu'ils
partagent tous le même espace.
3.2.2. Les effets
bénéfiques
Par effet positif, nous entendons tout avantage que
le tourisme procure au milieu physique et aux sociétés humaines
dans une localité donnée, ce qui en fait très souvent un
lieu de charme et de rêve. Dans les marges côtières de la
province du Sud, on en recense un certain nombre. Tout comme les effets
négatifs, les positifs sont ici structurés de manière
synoptique dans le tableau ci-dessous avec leurs manifestations et leurs
localisations.
Tableau 8 : Les effets positifs du tourisme sur
le milieu et les hommes dans les marges côtières de la province
du Sud
Cibles
|
Effets positifs
|
Manifestations
|
Localisation
|
Sur le milieu physique
|
Protection et entretien des
ressources écologiques
|
Elaboration en cours du plan d'aménagement
et de gestion,
PROTOMAC
|
Bande
côtière Ebodjé
|
|
Attractivité des ressources
|
Kribi
|
|
Création du parc pour la conservation
de ressources menacées
|
Campo-Ma'an
|
Sur
les sociétés humaines
|
Coopération
|
Jumelage des villes de Kribi et Ebodjé avec
de deux villes françaises
|
Promotion des villes de Kribi et
Ebodjé
|
|
Echanges multiples entre l'amphitryon et
l'habitant
|
Nko'élon et Ebodjé
|
|
Propreté et modernité
|
Kribi
|
|
Occupation dans l'hôtellerie, la
restauration et le guidage
|
Kribi, Ebodjé, et Campo
|
|
Salaires et/ou commissions, retour
sur investissement
|
Kribi
|
|
Taxes et impôts divers
|
Municipalités de Kribi et Campo
|
|
Tourisme, pêche et agriculture
|
Kribi et son arrière-pays
|
|
Au Sud de Kribi, la présence de la base
militaire de Campo constitue un atout sérieux pour le tourisme dans la
région d'autant qu'elle est dissuasive pour les éventuels
colporteurs d'insécurité. En conséquence, aucune menace
d'insécurité n'est perceptible ici.
Il est vrai que ces effets positifs restent
diversement appréciés parce que les bénéfices sont
soit indirects ou imperceptibles, soit largement discutables. Mais quoiqu'il en
soit, il faut reconnaître que s'il existe déjà des effets
négatifs et positifs, leur survenance s'explique par des
mécanismes sur lesquels il est parfois possible à l'homme d'agir
pour en contenir les conséquences négatives. Tout cela passe par
l'analyse des relations entre les différentes composantes en
présence. Il s'agit de maîtriser les menaces virtuelles et
potentielles que l'on appelle les risques (Cf. Figure 12).
3.2.3. Les risques
Ce sont des dangers réels ou supposés
qui pèsent sur une localité donnée et peuvent avoir des
effets déplaisants sur le tourisme et la vie des populations locales
d'une part, et/ou d'autre part, dont l'origine se trouve dans le
développement de l'activité touristique ellemême.
Généralement, on les catégorise en risques naturels et
sociétaux. Ainsi, en y souscrivant, nous dresserons un tableau qui
récapitule les risques, leurs manifestations et leurs localisations. La
carte des facteurs de risques viendra par la suite illustrer quelques-uns des
signaux d'alarme qu'il faut prendre en compte pour éviter des situations
dramatiques dans un avenir proche ou lointain.
Mais avant toute chose, il faut tout de même
signaler qu'il s'agit pour ce qui suit des risques à l'échelle
locale (Kribi et sa région). Les autres - couramment
évoqués tels les risques à caractère politique et
sanitaire liés à situation socio-économique
générale du pays - ne sont pas recensés dans le
présent travail.
Tableau 9 : Risques et tourisme dans les marges
côtières de la Province du Sud
Figure 12 : Facteurs de risques pour le tourisme dans
les marges côtières du Sud Cameroun
En guise de bilan, il est clair que le tourisme n'est
pas partout le seul agent de perversion et de dégradation parce qu'il
est rarement l'unique à l'oeuvre. C'est généralement la
combinaison de facteurs complexes qui produit le résultat de
l'altération de l'espace et de la vie des hommes. Par exemple à
Kribi, le développement de la prostitution au carrefour KINGUE n'a pas
de rapport avec la présence des touristes ou une quelconque
activité proprement touristique. C'est aussi le cas de Campo Beach ou
Ipono où le marché du sexe ne procède pas de
l'activité touristique. Dans certains cas comme sur la plage, il
l'explique en partie ou en totalité. Tout est fonction du fait et des
causes qui l'expliquent. Il participe clairement et de plus en plus aujourd'hui
au maintien et à la mise en valeur de l'espace, travaillant ainsi
à la reterritorialisation.
La préoccupation de ce chapitre était
au départ de répondre à la question de savoir pourquoi le
tourisme se développe si difficilement dans le département de
l'Océan pourtant si riche en potentialités? Pour y apporter une
réponse, nous nous fixions l'objectif qui consistait à dresser un
état des lieux du développement touristique avant d'en
présenter les conséquences. Aussi avons-nous émis
l'hypothèse que l'insertion du tourisme est subie et de plus en plus
forte dans les marges côtières du Sud Cameroun. Pour y parvenir,
nous avons exploité d'une part les données de première
main que nous avons obtenues par observation directe et entretiens semi
directifs lors des descentes sur le terrain auprès de quelques
communautés villageoises et d'autre part les données de seconde
main issues de la littérature et de la statistique touristique. Tout
ceci nous a permis de présenter le milieu d'action, l'évolution
et les effets de cette insertion dans la ville de Kribi. Nous sommes par la
suite parvenus à la réponse que le milieu favorable comporte de
nombreuses ressources touristiques naturelles et culturelles dont
l'organisation et la prospection font défaut. Les conséquences
tant positives que négatives sont déjà perceptibles tandis
que d'autres sont encore seulement potentiels. Néanmoins, il est
évident que l'insertion du tourisme est forte mais davantage
polarisée à Kribi.
CONCLUSION GENERALE
Ce travail qui vise à terme à trouver
réponse à la question principale : « Pourquoi le
tourisme se développe-t-il si difficilement dans le département
de l'Océan pourtant si riche en potentialités? ». Pour
répondre à cette question, nous nous fixions l'objectif central
d'analyser le processus d'insertion du tourisme et les problèmes de son
développement dans les marges côtières de la province du
Sud Cameroun dont les articulations sont :
· Présenter les missions des pouvoirs
publics et en évaluer la pertinence dans la perspective du
développement touristique,
· Déterminer les conséquences
socioenvironnementales de cette activité dans le département de
l'Océan,
· Identifier l'offre et la demande touristique et
les comparer,
· Analyser les stratégies mises en oeuvre
par les communautés locales et les promoteurs touristiques.
Ces objectifs se réaliseront lorsque notre
hypothèse principale qui consiste en ce que «le tourisme
s'insère selon un mouvement soutenu mais reste largement subi dans le
contexte socio-environnemental des marges côtières du Sud Cameroun
» dont les démembrements de cette réponse
anticipée sont :
· L'inadéquation entre les textes et les
actions des pouvoirs publics fragilise le secteur touristique,
· La rapide insertion du tourisme dans la bande
côtière présente un bilan favorable au développement
des sociétés d'accueil,
· Les spécificités de l'offre
touristique contrastent avec l'appétence du touriste,
· Les contraintes techniques et financières
entravent la prise en main des initiatives touristiques locales.
Au stade actuel de nos recherches, nous avons pu
dresser un état des lieux de l'activité touristique dans les
marges côtières de la province du Sud en présentant les
atouts du milieu ainsi que le potentiel touristique qui en résulte. Tout
ceci connaît une exploitation qui hélas est subie mais d'insertion
rapide. Cependant, les initiatives tout à fait récentes du
village
écotouristique d'Ebodjé et de
Nko'élon indiquent à peu près à la population
quelle est la forme de tourisme qui prend en compte leurs préoccupations
financières et environnementales. L'avenir du tourisme dans cette
région est à la tendance durable au coeur de laquelle doivent se
trouver comme acteurs principaux les communautés locales plus en
même d'identifier les ressources de leur environnement, de les valoriser
en les préservant avec l'appui de toutes les parties prenantes dans le
processus de développement écotouristique.
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· MEUR C., DESSE R.P. et GOASGUEN P., 1991.
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· MIOSSEC J.M., 1997. «Le tourisme en Tunisie
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· MVENG E., 1984. Histoire du Cameroun, Tome
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· NDEH D.A., 2002. An assesment of avifauna and
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Fédérale du Cameroun, C.E.G.E.T, CNRS Bordeaux.
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peuplement dans la région de Kribi-Campo,
département de l'Océan, Sud Cameroun. Mémoire de DEA,
Université d'Orléans, 71 P.
· ZIADY H., 2002. «La première
industrie mondiale»In Economica, No 17, Mars.
ANNEXES
A. QUESTIONNAIRE D'ENQUETE AUPRES DES
TOURISTES,
B. GUIDE D'ENTRETIEN,
C. CRITERES DU GTZ AYANT SERVI A L'INVENTAIRE DE 120
SITES TOURISTIQUES AU CAMEROUN EN 2001.
D. STATISTIQUES DES ARRIVEES HOTELIERES DE
1972-1978
ANNEXE A
UNIVERSITE DE NGAOUNDERE FACULTE DES ARTS, LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE AUPRES DES
TOURISTES
TITRE : Point de vue du visiteur sur le
développement du tourisme dans le département de
l'Océan.
Lieu et date d'enquête: Nom de l'enquêteur:
IDENTIFICATION
1) Nationalité :
2) Sexe
1. Masculin 2. Féminin
3) Age : _ _ _ans
4) Origine 1. Ville 2. Campagne
5) Situation matrimoniale
1. Célibataire 3. Divorcé
2. Marié 4. Veuf 5. Autre (A préciser)
6) Diplôme le plus élevé
1. C.E.P.E. 3. Probatoire
2.
B.E.P.C. 4. Baccalauréat 5. Autre (A
préciser)
7) Principale activité professionnelle
actuellement exercée
1. Agriculture, Chasse/Elevage, Pêche
2. Artisanat/Commerce
3. Emploi du secteur public ou para-public
4. Elève /Etudiant
5. Sans Emploi
6. Autre (A préciser) _ _ _ __ _ _ _ _
8) Revenus personnel ou familial par mois
PRATIQUE DU TOURISME
1) Comment avez-vous pris connaissance de la destination
Océan ?
Sources d'info
Destinations
|
Presse
|
Radio
|
Télé
|
Tour opérateur
|
Agence de voyage
|
Internet
|
Ami(e)
|
Association
|
Autres (A préciser)
|
Kribi
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Reste Océan
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2) Combien de fois avez-vous visité le
département de l'Océan ? _ _ _ _ fois.
3) Quels sont les moyens de transport que vous
avez utilisé pour arriver à Kribi ? Transport en commun
Véhicule personnel
4) Comment vous déplacez-vous d'un point de la
ville à un autre ?
1. Taxi 2. Moto
5) Comment les trouvez-vous ? _ _ _ __ _ _ _ _
__ _
6) Où logez-vous pendant votre
séjour ?
1. Hôtel 2. Auberge 3. Relations
(Connaissances)
7) Comment l'avez-vous trouvé ? _ _ _ __
_ _ _ _ __
8) Que suggérez-vous pour
améliorer l'offre d'hébergement ? _ _ _ __ _
_ _ _ __
9) Où avez-vous mangé
?
1. Restaurant 2. Autre (A préciser)
10) Achetez-vous les objets de souvenir ? 1.
Oui
2. Sinon pourquoi ? _ _ _ __ _ _ _ _
11) Combien dépensez-vous en moyenne
par jour ?
12) Quelle est la durée de votre séjour
dans l'Océan ?
13) Quelle est la nature de l'offre touristique que vous
y préférez?
Offre Destination
|
Art, artisanat, architecture
|
culture, danse, tradition, folklore.
|
milieu naturel (relief,
paysage...)
|
faune
|
Autres (À préciser)
|
Kribi
|
|
|
|
|
|
Reste Océan
|
|
|
|
|
|
14) Quelles sont les principales motivations pour
lesquelles vous visitez l'Océan ?
Motivations Destination
|
Physiques
|
Culturelles
|
interpersonnelles
|
Liées au statut
|
repos physique
|
relaxation à la plage
|
aventure
|
Musique
|
Art
|
Folklore
|
danse
|
visites familiales et amicales
|
Création de
nouvelles relations
|
business
|
participation aux séminaires
|
étude
|
Occupation professionnelle
|
Kribi
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Reste Océan
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15) Quels sont les obstacles que vous avez
rencontrés dans le département de l'Océan ?
Obstacles
Destination
|
Manque de promotion et d'info.
|
Mauvais accueil
|
Sous aménagement
(site etc.)
|
Insalubrité
des infrastructures d'accueil
|
Infrastructure Insuffisante (route,
tel...)
|
Cherté de l'offre
|
Professionnalisme insuffisant
|
Autres (A préciser)
|
Kribi
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Reste Océan
|
|
|
|
|
|
|
|
|
16) Quelles impressions vous ont laissées vos
visites l'Océan ?
1. bonnes 2. mitigées 3. mauvaises
17) Que suggérez vous pour améliorer la
qualité de l'offre en matière de tourisme dans le
département de
l'Océan ? __ __
18) Qu'est-ce qui pourrait vous empêcher de revenir
?
Obstacles Destination
Coût
manque de temps
santé précaire
UNIVERSITE DE NGAOUNDERE FACULTE DES ARTS, LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
GUIDE D'ENTRETIEN
1. Identification
- Groupe ethnique
- Langue parlée
- Religion
- Nombres d'habitants
- Activités
- Occupation principale
- Origine du village
- Type de pouvoir et mode de succession -
Spécialité gastronomique du village
2. Connaissances sur le tourisme
- Qu'est-ce que le tourisme ? /l'écotourisme ?
/tourisme de nature ?
- Sur quelles ressources s'appuient-ils pour se
développer ?
- Quelles en sont les exigences ?
3. Actions concrètes
- Comment sont-elles pratiquées ? par qui ? Leurs
rapportent-elles et changent-elles leur
vie ? .
- Quelles sont vos ressources qui peuvent contribuer au
développement du tourisme ?
a. Naturelles
- Flore originale . - Faune originale (grands
mammifères : chimpanzés, éléphants, buffles,
gorilles), oiseaux,
reptiles
- Paysages attrayants (orographie : rivière,
montagne, grotte, lac, chute, vallée inondée)
b. Culturelles
- art, artisanat, architecture, instruments de musique
- danse, traditions, folklore, rites et cultes
c. Interpersonnelles
- Visites amicales et familiales
- Visites des exploitations et installations
diverses
d. Infrastructures/ Entretien/ Promotion/
Aménagement
NB : Veiller sur la location, la description,
l'accessibilité, la sécurité, l'adhésion des
populations riveraines.
- Comment allez-vous valoriser ces ressources ?
- Qui va gérer le CIT et comment va-t-il
être géré ? pour quelle fin ?
4. Difficultés éventuelles
- Quelles pourraient être les difficultés
?
- Quels en sont les risques encourus ?
- Rapports tourisme/ autres activités ?
5. Attentes et projets
- En quoi l'écotourisme vous sera-t-il utile ?
- Quel espoir y fondez-vous ardemment ?
- Projets à moyen et long termes ?
CRITERES DU GTZ ET MINTOUR AYANT SERVI A
L'INVENTAIRE DE 120 SITES TOURISTIQUES AU CAMEROUN EN 2001
OFFRE NATURELLE PREMIERE
1.
Attraction naturelle.
- Splendeur diversité du paysage (montagne, eaux)
- Biodiversité élevée
- Présence des grandes espèces animales
(rareté, comportement, abondance)
- Présence d'autres espèces animales
intéressantes (surtout avifaune) ..
- Observation facile des animaux sauvages
- Formes intéressantes de
végétation (par exemple ; forêt tropicale humide)
- Singularité des espèces
(endémisme) ou d'élément du paysage ..
- Authenticité de l'écosystème
- Possibilité de se baigner (plage, lac, chute
)
- Possibilité de pratiquer le sport en plein air
(rafting, plongée, escalade) .
- Sites paléontologiques ..
2. Climat
- Températures, hygrométries
agréables
- Présence d'une période à faible
pluviosité ..
CRITERES SUPPLEMENTAIRES
3. Accessibilité
- Proximité d'un aéroport ou d'un centre
de tourisme - Durée et confort de voyage d'accès (piste
d'atterrissage, états des routes) en rapport avec
l'attraction
4.
Attractivité
- Présence d'autres attractions dans le pays
récepteur (possibilité de circuits)
- Présence d'attraction complémentaires
sur le trajet ou dans l'environ
- Attractions culturelles .
- Sites archéologiques Cultures autochtones
.
5. Logement et gastronomie - Présence ou
aménagement possible de logement agréables et acceptables sur le
plan de
l'hygiène
- Offre d'aliments appétissants et
irréprochables sur le plan de l'hygiène
6. Condition de basse
- Sécurité personnelle des touristes
(protection contre la criminalité)
- Présence d'une assistance médicale de
base .
STATISTIQUES DES ARRIVEES HOTELIERES DE
1972-1978
Années
|
TG des arrivées internationales
|
Arrivées internationales de Kribi
|
1972
|
76400
|
1528,7
|
1973
|
85000
|
1700,8
|
1974
|
96000
|
1920,9
|
1975
|
108000
|
2161
|
1976
|
118800
|
2377,1
|
1977
|
89990
|
1800,6
|
1978
|
102983
|
2060,6
|
1979
|
106251
|
2126
|
1980
|
103317
|
2067,3
|
1981
|
101375
|
2028,4
|
1982
|
115518
|
2311,4
|
1983
|
116386
|
2328,8
|
Années
|
Arrivées internationales de Kribi
|
T A I* 1999
|
8223
|
T A I 2000
|
9674
|
T A I 2001
|
8533
|
T A I 2002
|
7293
|
T A I 2003
|
4982
|
T A I 2004
|
9965
|
*Total des Arrivées Internationales de
Kribi.
LISTE DES ETABLISSEMENTS D'HEBERGEMENT DE
L'OCEAN
N°
|
Nom de l'établissement
|
Localisation
|
Nombre de chambres
|
Catégories
|
1
|
Résidence Jully
|
Kribi
|
40
|
3*
|
2
|
Polygones d'Alice
|
Kribi
|
14
|
3*
|
3
|
Ilomba·
|
Kribi
|
17
|
3*
|
4
|
Palm Beach
|
Kribi
|
60
|
3*
|
5
|
Framotel Hôtel
|
Kribi
|
32
|
2*
|
6
|
Coco Beach
|
Kribi
|
7
|
2*
|
7
|
Centre d'accueil
|
Kribi
|
21
|
2*
|
8
|
Atlantic
|
Kribi
|
40
|
2*
|
9
|
Belle Hollandaise
|
|
50
|
2*
|
10
|
Marée
|
Kribi
|
10
|
2*
|
11
|
Paradis
|
Kribi
|
80
|
1*
|
12
|
Le Phare
|
Kribi
|
26
|
1*
|
13
|
Fidélie
|
Kribi
|
26
|
1*
|
14
|
Péniche
|
Kribi
|
30
|
1*
|
15
|
Panoramique
|
Kribi
|
36
|
1*
|
16
|
Gaél
|
Kribi
|
40
|
1*
|
17
|
Mirabel
|
Kribi
|
10
|
1*
|
18
|
Kribi Plaza
|
Kribi
|
10
|
1*
|
19
|
KribiTours
|
Kribi
|
16
|
1*
|
20
|
Thy Breiz
|
Kribi
|
27
|
NC
|
21
|
Le Plateau
|
Kribi
|
36
|
NC
|
22
|
Nid'Or
|
Kribi
|
20
|
NC
|
23
|
Pilotis
|
Kribi
|
10
|
NC
|
24
|
Tara Plage
|
Kribi
|
7
|
NC
|
25
|
Nafeh
|
Kribi
|
12
|
NC
|
26
|
Fouquet
|
Kribi
|
14
|
NC
|
27
|
Fanda de l'Océan
|
Kribi
|
15
|
NC
|
28
|
Bibolo
|
Kribi
|
11
|
NC
|
29
|
Auberge de Kribi
|
Kribi
|
12
|
NC
|
30
|
Hôtel de la Paix
|
Kribi
|
11
|
NC
|
31
|
Cercle Italo
|
Kribi
|
5
|
NC
|
32
|
Jardinière
|
Kribi
|
7
|
NC
|
33
|
Club Sonel
|
Kribi
|
6
|
NC
|
34
|
Finesse
|
|
15
|
NC
|
35
|
Auberge du Centre
|
|
4
|
NC
|
36
|
Châtelet du golf
|
|
10
|
NC
|
37
|
Manapani
|
Kribi
|
16
|
NC
|
38
|
Elabé Marine
|
|
10
|
NC
|
39
|
Croisière Bleue
|
Kribi
|
15
|
NC
|
40
|
Résidence Béthel
|
Kribi
|
12
|
NC
|
41
|
Oceanic
|
|
10
|
NC
|
42
|
Odéon
|
|
10
|
NC
|
43
|
Luma Inn
|
|
14
|
NC
|
44
|
Hôtel des Anges
|
|
10
|
NC
|
45
|
Charly Bianca
|
|
5
|
NC
|
46
|
Welcome
|
Kribi
|
12
|
NC
|
47
|
Galaxie
|
|
5
|
NC
|
48
|
Résidence Cocotiers
|
Kribi
|
15
|
NC
|
49
|
Méridional Hôtel
|
|
|
|
50
|
Consulat Hôtel
|
Kribi
|
|
|
51
|
Hôtel Le Relais
|
Kribi
|
|
|
52
|
Hôtel Le Marseillais
|
Kribi
|
|
|
|
TOTAL
|
|
935
|
|
|