UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE
INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE
FACULTE DE SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION
Thème
LA PROBLEMATIQUE DE LA GOUVERNANCE LOCALE DANS LA
REGION DE L'EST CAMEROUN : UNE ANALYSE DE LA PERCEPTION DU MAIRE PAR LES
POPULATIONS
DE LA VILLE DE BERTOUA
Mémoire présenté en vue de
l'obtention
du Master en Gouvernance et Politiques Publiques
par
JIOKENG NDOUNTIO Bertille Arlette
Licenciée en Sciences Juridiques et Politiques
Sous la direction du
Dr. Claude- Ernest KIAMBA
Chargé de cours
À l'Université Catholique d'Afrique Centrale
Juin 2010UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE
INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE
FACULTE DE SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION
Thème
LA PROBLEMATIQUE DE LA GOUVERNANCE LOCALE DANS LA
REGION DE L'EST CAMEROUN : UNE ANALYSE DE LA PERCEPTION DU MAIRE PAR LES
POPULATIONS
DE LA VILLE DE BERTOUA
Mémoire présenté en vue de
l'obtention
du Master en Gouvernance et Politiques Publiques
par
JIOKENG NDOUNTIO Bertille Arlette
Licenciée en Sciences Juridiques et Politiques
Sous la direction du
Dr. Claude- Ernest KIAMBA
Chargé de cours
À l'Université Catholique d'Afrique Centrale
Juin 2010
DEDICACE
A ma famille
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier le Seigneur Dieu pour Sa
présence, Son amour et Sa protection dans notre vie.
Nous remercions notre directeur de mémoire, le Dr
Claude-Ernest KIAMBA qui a accepté de diriger cette recherche
malgré ses multiples occupations. Sa disponibilité, ses conseils
et ses orientations intellectuelles nous ont été très
bénéfiques.
A travers lui, nous adressons nos remerciements à tous
les enseignants de la Faculté de Sciences Sociales et de Gestion de
l'Université Catholique d'Afrique Centrale pour la rigueur avec laquelle
ils nous ont encadrés.
Nos remerciements s'adressent aussi à nos camarades et
amis qui ont accepté de lire et de corriger ce travail.
Que notre famille trouve ici l'expression de notre profonde
gratitude pour son dévouement et son soutien inconditionnel.
LISTE DES
SIGLES
ASC : Association sportive et
culturelle
BM : Banque Mondiale
CMR : Commune Mixte Rurale
CMRADR : Conférence
mondiale sur la réforme agraire et le développement rural
CODESRIA : Conseil pour le
développement de la recherche en sciences sociales en Afrique
CPE : Commune de Plein
Exercice
CTD : Collectivités
Territoriales Décentralisées
CUB : Communauté
Urbaine de Bertoua
DSCE : Document de
Stratégie pour la Croissance et l'Emploi
DSRP : Document
Stratégique de Réduction de la Pauvreté
FMI : Fonds Monétaire
International
MINATD : Ministère de
l'Administration Territoriale et de la Décentralisation
MINEPAT : Ministère de
l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire
MINUH : Ministère de
l'Urbanisme et de l'Habitat
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PNUD : Programme des Nations
Unies pour le Développement.
PPTE :
Pays Pauvre Très Endetté
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Connaissance du maire par les populations de
Bertoua ..........................24
Graphique 2 : Attributs souhaités d'un maire
.......................................................30
Graphique 3 : Sentiment d'implication des populations
..........................................36
Graphique 4 : Perception de la proximité du maire par
les populations de la ville de
Bertoua..................................................................................................50
Graphique 5 : Répartition des populations en fonction
de leur « amour » du maire .........57
Graphique 6 : Satisfaction des populations vis-à-vis
du travail du maire......................63
Graphique 7 : Perception de l'importance du
maire...............................................64
SOMMAIRE
DEDICACE
I
REMERCIEMENTS
II
LISTE DES SIGLES
III
LISTE DES GRAPHIQUES
IV
SOMMAIRE
V
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE :
PROXIMITE DU MAIRE ET ADHESION DES POPULATIONS A
L'ACTION LOCALE
16
CHAPITRE 1 :
CONNAISSANCE DU MAIRE ET DE SES ATTRIBUTIONS PAR
LES POPULATIONS
17
Section 1 : Des attributions consacrées
par les textes
17
Section 2 : Le maire à Bertoua :
une autorité méconnue des populations
23
CHAPITRE 2 :
IMAGE DU MAIRE ET GESTION PARTICIPATIVE DE
L'ACTION PUBLIQUE LOCALE
28
Section 1 : L'appréciation de l'action
du maire comme facteur d'adhésion à ses décisions
29
Section 2 : L'insatisfaction des
populations : résultat d'un sentiment de non-implication
35
SECONDE PARTIE :
COMMUNICATION ET PARTICIPATION DES
POPULATIONS A L'ACTION PUBLIQUE LOCALE: LES DONNEES D'UNE LEGITIMITE
QUESTIONNEE
41
CHAPITRE 3 :
RELATIONS MAIRE-POPULATIONS A BERTOUA: LE PARADOXE
D'UNE EXPERIENCE FEDERATRICE
42
Section 1 : La
« communication » entre le maire et les populations :
une persistance des
schèmes stato-centrés
42
Section 2 : Les implications des
stratégies « communicatives » sur la
dimension
participative de l'action locale
48
CHAPITRE 4 :
FIGURE DU MAIRE ET
« IMAGINAIRE » POPULAIRE : VERS UNE NOUVELLE
LEGITIMITE DU MAIRE A BERTOUA ?
54
Section 1 : La figure du maire à
Bertoua : un acteur local délégitimé
54
Section 2 : La place du maire dans
l'imaginaire populaire : une importance relativisée
61
CONCLUSION GENERALE
69
BIBLIOGRAPHIE
72
ANNEXES
A
RESUME
La gouvernance locale est considérée comme une
alternative véritable aux problèmes de développement que
rencontrent les Etats africains, en général, et le Cameroun en
particulier. En réalité, les populations se voient,
désormais, placées au coeur de l'élaboration des
politiques visant à affecter leurs destins. Afin de mettre en oeuvre sa
politique de développement sur le plan local, l'Etat prend appui sur des
élus locaux, notamment, le maire. Ce dernier est présenté
comme un acteur principal voire incontournable de l'élaboration et de la
gestion des affaires locales. Aussi, sa fonction, ses attributions tout autant
que sa personne, se voient impliquées d'une manière ou d'une
autre dans la mise en oeuvre de ladite gouvernance locale. Seulement, pour
agir, le maire requiert un minimum de légitimité tandis que
l'adhésion des populations aux politiques élaborées n'est
pas automatique. Le succès ou l'échec d'une politique locale
dépend, généralement, de l'idée que s'en font les
populations. Aussi, la perception qu'elles ont du maire détermine, par
conséquent, leurs pratiques et comportements qu'elles tenteront
d'adapter aux diverses situations qui se présentent à elles.
Mots clés : Gouvernance
locale, perception, maire, action publique, intérêt
général, participation des citoyens, élu local,
décentralisation, développement local, Cameroun.
ABSTRACT
Local governance is seen as a genuine alternative to
development problems faced by African countries in general and Cameroon in
particular. In reality, populations are now placed at the heart of policies
aiming to affect their lives. To implement its development policy on a local
plan, the State bases itself on local politicians including the mayor. This
latter is presented as a major, or even, essential player for the development
and management of local affairs. Also, its function, as much as his person, are
involved in one way or another in the implementation of aforementioned local
governance. But to act, the mayor requires a minimum of legitimacy while public
support for policy-making is not automatic. The success or
failure of a local policy generally depends on the idea that people have of it.
Also, the perception they have of the mayor determines, therefore, their
practices and behaviors that they try to adapt to various situations presented
to them.
Keywords: Local governance,
perception, mayor, public action, general interest, participation of citizens,
local politicians, decentralization, local development, Cameroon.
INTRODUCTION GENERALE
La gouvernance locale offre la possibilité de
rapprocher les services publics des populations. Elle permet le transfert de
pouvoirs, de compétences, de biens et de ressources du niveau central
aux niveaux régional et local ; le renforcement des
capacités des collectivités locales concernées et le
développement des initiatives de proximité. Les enjeux d'une
gouvernance locale sont multiples et sont principalement d'ordre politique et
socioéconomique.
Au plan politique, la gouvernance locale constitue une
exigence du processus démocratique1(*), car au-delà du pluralisme politique et de la
transparence elle autorise, sinon favorise, l'initiative et le contrôle
populaire2(*). Elle
encourage la participation et est porteuse de beaucoup d'espoirs pour les
populations, notamment, l'émergence d'une vie politique locale
active.
Au plan socio-économique, la gouvernance locale
apparaît comme un instrument privilégié du
développement3(*),
car elle favorise l'émergence des initiatives de base en matière
d'élaboration et de vote de plans/programmes de développement
pouvant être considérés comme les choix des populations
elles-mêmes. Les pouvoirs publics en attendent une meilleure mobilisation
des ressources locales pour impulser la dynamique de lutte contre la
pauvreté. La gouvernance locale peut permettre le renforcement de
l'efficacité de l'aide. Elle transfère aux collectivités
les prérogatives de programmation des actions et de gestion des
infrastructures dans les domaines de la santé, de l'éducation, du
sport, des arts et de la culture. Un des axes majeurs de la politique de
gouvernance locale sera l'élargissement de l'accès aux
équipements de base tels que les points d'eau potable, les
infrastructures sanitaires, scolaires et culturelles. A cela, il faut ajouter
l'accès des communes et de leurs populations à l'énergie
et aux technologies de l'information qui participent du bien-être des
populations.
En réalité, les populations se voient,
désormais, placées au coeur de l'élaboration des
politiques visant à affecter leurs destins. Leur adhésion aux
politiques élaborées se traduit généralement par
l'adoption de pratiques et comportements adaptés aux diverses situations
qui se présentent à elles. Afin de traduire dans les faits la
politique de la gouvernance locale, l'Etat doit prendre appui sur les
élus locaux et à cet effet, le maire passe le plus souvent pour
l'un des acteurs, sinon l'acteur principal de l'élaboration des
politiques locales. Aussi, sa fonction, ses attributions tout autant que sa
personne se voient impliquées d'une manière ou d'une autre dans
la mise en oeuvre de ladite gouvernance locale. Pour mieux rendre compte de cet
état des choses, il convient de replacer notre étude dans le
contexte qui est le sien.
I. Contexte de l'étude
Notre étude s'inscrit dans le contexte d'une Afrique en
pleine transition sur les plans politique et social. Les États
organisent la décentralisation pour atteindre les objectifs politiques
que sont la légitimation de l'État de droit et la participation
populaire aux processus de prise de décision4(*). De façon
générale, les gouvernements centralisés ont initié
un processus de réformes qui a pour objet le transfert de certaines
compétences, tâches et ressources aux niveaux local et
périphérique du gouvernement. Le but est de rapprocher les
pouvoirs publics du peuple de manière à améliorer ses
besoins essentiels. Faisant partie du chantier de la gouvernance locale, les
autorités locales constituent le moyen législatif, institutionnel
et financier pour les gouvernements d'opérer et de rendre les services
essentiels aux populations tant urbaines que rurales5(*).
Au Cameroun, la dynamique de dévolution
définitive des pouvoirs aux maires constitue une partie du cadre de la
politique nationale de démocratisation entamée dans les
années 90. Le chantier de la gouvernance locale au Cameroun
est vaste et comporte non seulement des potentialités et
opportunités mais aussi des contraintes en capacités humaines,
matérielles et financières. Il implique de pouvoir gérer
les collectivités locales dans toute leur complexité et en tenant
compte de l'environnement organisationnel, institutionnel et politique qui
prévaut.
Les communes et leurs élus, déjà
institués, sont invités à s'associer au processus de
préparation du Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi (DSCE)6(*), au
même titre que tous les groupes d'acteurs. Mais le mécanisme
d'ensemble reste bien piloté et guidé depuis le
« haut », et dans les faits l'association des élus
et collectivités à la définition des stratégies
nationales est le plus souvent marginal et incident.
II. Délimitation
de l'étude
L'étude de la gouvernance locale, sous l'angle des
relations qu'entretiennent les populations et le maire dans la ville de Bertoua
nécessite une délimitation du cadre opératoire. Il s'agit
d'une délimitation spatiale, temporelle et matérielle.
1. Délimitation
spatiale
Comme l'indique l'intitulé de notre étude, notre
travail se focalisera sur l'analyse du cas précis de la Région de
l'Est-Cameroun et, plus précisément, de la ville de Bertoua. Nous
avons choisi la ville de Bertoua pour une double raison. D'abord, celle-ci est
le chef lieu d'une région souvent qualifiée de
sous-développée. « La province de
l'Est reste une région en retard, alors qu'elle recèle
d'importantes potentialités forestières et
minières7(*)». Ensuite, de nombreux écrits, comme
ceux de ANGO MENGUE et François BART8(*), s'accordent pour qualifier la région de l'Est
comme celle qui connait les plus grands problèmes de
développement. Cet état des choses a attiré notre
curiosité et nous a confortée dans le choix de l'espace.
2. Délimitation
temporelle
Pour mener à bien cette étude, nous avons choisi
la période qui va de 2004, année de la promulgation de la loi
d'orientation de la décentralisation au Cameroun9(*), à 2010,
précisément le 1er janvier, date de
référence de ce qui a été appelé
l'option 2010. Cette date représente celle à laquelle
ont eu lieu les premiers transferts de compétences et de ressources aux
communes et communautés urbaines. Il s'agit, en effet, sur cette
période de cinq ans, d'entrevoir l'évolution de l'action des
maires dans la ville de Bertoua et de voir également comment se
construit la perception des populations en rapport avec l'action desdits
maires.
3. Délimitation
matérielle
La diversité des questions de gouvernance locale
appelle à des analyses méticuleuses. Aussi, la perception du
maire dans la ville de Bertoua peut être analysée sous
plusieurs angles et à l'aide de divers outils scientifiques. Nous nous
proposons de traiter notre sujet dans une analyse pluridisciplinaire qui
associera à la fois la sociologie de l'action publique, les politiques
publiques et dans une certaine mesure, la psychologie. En ce qui
concerne la sociologie de l'action publique, ce travail rend compte de la
gouvernance locale en tant que mode de régulation, par le maire, des
interactions sociales dans un contexte marqué par la pauvreté.
Elle nous sert également à saisir l'incidence des diverses
politiques déjà implémentées sur les
représentations des populations. Les politiques publiques nous aident
à mieux saisir la dynamique des décisions prises au niveau des
communes de la ville de Bertoua. Nous verrons dans quelle mesure ces politiques
rendent compte de la proximité qui leur est présumée et
quelles idées ces populations se font de ces politiques mises en oeuvre.
Puis, la psychologie, dont nous reconnaissons ne pas maitriser les contours,
nous aide à analyser les facettes qui s'offrent de la perception des
populations. Elle nous permet de voir comment se font et se défont les
représentations et dans quelles mesures ces représentations
influencent leurs agissements.
Ces outils nous permettent ainsi d'entreprendre une approche
transversale, mais plus intégrale, de notre sujet. Cela passe d'abord
par une meilleure appréhension des termes constituant notre sujet de
réflexion. Dans cette mesure, il convient de définir les concepts
clés de ce travail sur la gouvernance locale dans la ville de
Bertoua.
III. Définition des concepts
Cette opération a pour objectif principal de replacer
ces divers concepts dans le contexte spécifique de notre étude.
Il s'agit notamment de : gouvernance locale, perception et maire.
La gouvernance locale est une branche de la
gouvernance. Ensemble des procédures institutionnelles, des rapports de
pouvoir et des modes de gestion publics ou privés formels aussi bien
qu'informels qui régissent l'action politique10(*), la gouvernance, devenue
également un concept de la science politique, se définit dans ce
cas, selon Patrick LE GALES, comme un « processus de coordination
d'acteurs publics et privés, de groupes sociaux, d'institutions
[destinés] à atteindre des buts propres discutés et
définis collectivement dans des environnements fragmentés,
incertains ». Abolissant la distinction public/privé dans
la logique d'une relation horizontale et non plus hiérarchique ou
verticale entre les « décideurs », cette perspective
suppose, par conséquent, que les instances politiques reconnues, telles
que l'Etat ou les organisations intergouvernementales, ne détiennent
plus le monopole de la conduite des affaires publiques11(*). Dans le même ordre
d'idées, STOCKER affirme que « la gouvernance fait
intervenir un ensemble complexe d'acteurs et d'institutions qui n'appartiennent
pas tous à la sphère du gouvernement; elle traduit une
interdépendance entre les pouvoirs et les institutions associées
à l'action collective. La gouvernance fait intervenir des réseaux
d'acteurs autonomes et part du principe qu'il est possible d'agir sans se
remettre au pouvoir de l'État »12(*).
L'économiste Bernard PECQUEUR, dans ses travaux sur le
développement local, définit, quant à lui, la gouvernance
locale comme « un processus institutionnel et organisationnel de
construction d'une mise en compatibilité des différents modes de
coordination entre acteurs géographiquement proches, en vue de
résoudre les problèmes productifs inédits posés aux
territoires13(*) ». Le concept de gouvernance locale apparaît alors
comme une forme de régulation territoriale et d'interdépendance
dynamique entre agents notamment productifs et institutions locales. Dans cette
approche, le territoire contribue à réduire les coûts de
transaction entre les firmes et constitue de ce fait un niveau pertinent pour
coordonner les actions collectives. Au- delà de la seule
efficacité comptable, est alors mis en évidence le fait que les
institutions non économiques peuvent faciliter la coordination entre
agents, sont donc acteurs à part entière des coordination et
décision, des coalitions et négociations14(*).
Il s'agit ainsi d'un ensemble de moyens par lesquels les
individus et les institutions publiques et privées, gèrent leurs
affaires locales. L'idée d'une gouvernance locale repose sur les
capacités des communautés à maîtriser leur
territoire et à gérer leurs ressources. Elle implique que les
populations ne sont pas seulement l'objet d'une décision ou d'une
solution en bout de piste, mais sont partie intégrante de la
décision et de la solution.
Tel est le contenu conféré au concept de
gouvernance locale qui sera retenu dans le cadre de cette étude. Cette
définition est celle qui sied le plus à notre étude car
elle a le mérite de mettre l'accent sur un processus plus participatif
et d'entrevoir l'action locale comme étant plus proche des populations,
paramètre essentiel au développement local.
La perception : Etymologiquement, le mot
percevoir signifie : se saisir de. Il a donc un sens actif et s'apparente
à une activité mentale par laquelle une connaissance personnelle
donne un sens à la réalité. Nous percevons les
stimulations auxquelles nous attribuons des significations. Quelquefois, la
perception est confondue à la représentation mais Jean PIAGET
précise que « la représentation se distingue de la
perception. Quand cette dernière est une connaissance des objets
résultant d'un contact avec eux, la première consiste soit
à évoquer les objets en leur absence, soit qu'elle double la
perception en leur présence, à compléter leur connaissance
perceptive en ce référant à d'autres objets non
actuellement perçus. Ces deux fonctions d'évocation s'expriment
toujours dans un rapport « signifié / signifiant »,
c'est-à-dire dans un rapport de
correspondance établi entre ce que l'on veut exprimer (signifié)
et le moyen d'expression que l'on utilise à cette attention
(signifiant)15(*) ».
De plus, la perception a un caractère subjectif. Une
situation sociale n'est jamais identique pour tous les individus. Chacun
organise et interprète l'information qu'il reçoit en fonction de
son cadre de référence, résultant de ses
expériences antérieures, de ses centres d'intérêts,
de ses habitudes et de ses motivations qui s'inscrivent dans la configuration
unique et régulière constituant sa personnalité. La
perception apparaît donc comme une « action de saisir par
l'esprit, connaissance » ou un « acte par lequel le
sujet se forme la représentation d'un objet appréhendé par
les sens »16(*).
Dans notre étude, la perception sera
considérée comme la façon pour un individu de se voir et
de voir les autres. Cette définition, somme toute simple, nous permettra
de comprendre comment l'image que l'on peut avoir de l'autre, en l'occurrence,
l'image que peuvent avoir les populations d'un maire, conditionne leur
adhésion aux décisions qu'il prend et détermine leurs
agissements.
Le maire représente l'autorité
municipale. Son rôle et ses attributs sont variables selon les villes ou
pays concernés. Au Cameroun, il est élu au scrutin uninominal
majoritaire à deux tours au cours de la première réunion
du conseil municipal qui doit se tenir durant la première semaine
après l'élection du conseil suivant les élections
municipales ou après la démission du maire
précédent17(*). Il remplit ainsi des fonctions administratives
comme, par exemple, la publication des lois et règlements ou
l'organisation des élections. Il est chargé, sous
l'autorité du « représentant » de
l'État dans le département, de l'exécution des mesures de
sûreté générale et des fonctions spéciales
qui lui sont attribuées par les lois. Il est l'ordonnateur des
dépenses et des recettes de la commune. Le maire concourt par son
pouvoir de police18(*)
à l'exercice des missions de sécurité publique et dispose
d'une large compétence en matière de police municipale. Il est
notamment chargé d'assurer le bon ordre, la sûreté, la
sécurité et la salubrité publiques, la liberté de
la voie publique, la prévention et l'organisation des secours contre les
catastrophes19(*).
Dans notre étude, nous verrons le maire d'abord en tant
que personnalité dont les attributs et rôles sont définis
par la loi, et ensuite, comme personne humaine. Aussi, le maire est une
personnalité politique issue d'une population avec laquelle il partage
la même histoire, les mêmes valeurs et intérêts, et
qui constitue sa base électorale. Dans cette perspective, le maire
arbore deux visages qui ne sont pas toujours compatibles. La gestion de ses
différentes « casquettes » pour promouvoir sa
personne et son action constituent donc des points déterminants pour
notre étude. Cela dit, il apparaît opportun de préciser
l'intérêt de cette étude.
IV.
Intérêt de l'étude
Notre étude revêt un double
intérêt : social et scientifique.
1.
Intérêt social
L'intérêt de notre étude est de faire
ressortir la place qu'occupe le maire en tant que « garant du
développement ». Aussi est-il question de déceler les
mesures prises afin de favoriser un épanouissement des populations dans
une optique d'amélioration de leur niveau de vie. Le succès ou
l'échec d'une politique locale dépend en grande partie de l'image
que s'en font les populations. Pour cela, l'intérêt de
l'étude du rapport existant entre gouvernance locale et perception
« populaire » ne se limite, cependant, pas à
rappeler le discours que tient le gouvernement camerounais au sujet des
bienfaits d'une gestion administrative de proximité, mais s'attelle
davantage à en dégager la portée par rapport au
bien-être des populations.
2.
Intérêt scientifique
Les travaux20(*) sur la gouvernance en Afrique et au Cameroun sont
légion et s'attèlent en grande partie à en
présenter les avantages quant à la gestion des affaires
publiques. Seulement, peu d'études se sont véritablement
penchées sur l'action spécifique du maire et ont analysé
la perception qu'ont les populations de cette « fonction ».
Nous avons souligné que nous dégagerons la portée de la
gouvernance locale par rapport au bien-être des populations locales.
Mais, au delà, cette étude a pour intérêt d'aider
à une meilleure compréhension du lien qui existe entre
gouvernance locale et développement participatif. Le présent
travail constitue donc une contribution en matière de gestion
concertée du développement local dans un contexte de
pauvreté répandue.
Il vise à analyser l'action locale « par
le bas »21(*). Il s'agit de voir, à travers la perception de
la population, objet presque délaissé de la science politique,
comment peuvent se greffer les dynamiques du « haut » et
celles du « bas », autrement dit, comment la logique du
haut peut prendre corps à partir de la connaissance par les populations
de la réalité qu'est le maire. Il ambitionne d'aider les communes
du Cameroun, notamment, les communes de Bertoua à mieux structurer les
décisions publiques. Sans avoir la prétention d'ignorer les
réflexions déjà menées, les résultats de
cette étude servent non seulement d'outils d'aide à la
décision mais aussi et surtout d'instruments de suivi-évaluation
des politiques en faveur des collectivités territoriales
décentralisées tant en matière de participation des
populations que de développement local. Il importe à
présent de nous pencher sur les écrits qui se sont
intéressés à la question traitée.
V. Revue de littérature
La gouvernance appelle de nombreux débats qui
s'appliquent généralement à en énoncer une
définition. Après de nombreuses interrogations au sujet de la
meilleure forme de gouvernement, mieux, de gouvernance possible,
l'intérêt de la question se trouve recentré autour de son
but. Tout aussi important que la manière, le but de la gouvernance a
fait couler beaucoup d'encre. Ainsi, ne suffit-il pas de savoir comment
gouverner, encore faut-il savoir pourquoi le faire. C'est notamment à
cette préoccupation que Hartmut SCHNEIDER tente de répondre
lorsqu'il affirme qu'au delà de la gouvernance
« classique », « la gouvernance participative
(...) débouche potentiellement sur une plus grande efficacité au
niveau de la prise des décisions et des
résultats »22(*). Angel SALDOMANDO, dans ses interrogations sur la
gouvernance23(*), met
quant à lui l'accent sur l'aide de la gouvernance en matière de
régulation sociale tandis que Pranab BARDHAN affirme que :
La décentralisation a une signification
différente selon les personnes qui ont des raisons multiples de la
soutenir (...). Les avantages de la décentralisation, définie
comme un transfert de pouvoir, seront tout d'abord
énumérés(...). Outre qu'elles permettent une meilleure
adaptation aux préférences locales, les informations locales
permettent souvent de trouver des manières moins couteuses et plus
appropriées de fournir des services publics24(*).
Toutefois, le but de la gouvernance, ou du moins, de la
gouvernance locale, ne se cantonne pas à la régulation des
rapports sociaux. C'est pourquoi le PNUD, dans son rapport sur le
développement humain de Janvier 1999, estime que « la
bonne gouvernance peut aider à la lutte contre la pauvreté en
Afrique en général et au Cameroun en particulier25(*) ». La
décentralisation est érigée au rang de condition
essentielle au développement humain durable. La gouvernance
accompagnée d'une obligation de rendre des comptes à
l'échelon local améliore le fonctionnement des services publics.
Cette gestion décentralisée des affaires publiques peut
également contribuer à résoudre des problèmes
d'action collective dans la gestion des ressources patrimoniales communes et,
ainsi, éviter ce que l'on appelle la tragédie des biens communaux
ruraux. Les moyens de subsistance quotidiens des pauvres, en particulier en
milieu rural, dépendent de manière vitale des ressources de
l'environnement local26(*).
La question de la bonne gouvernance locale est toute aussi
importante que ses implications sont grandes. Il faut croire qu'elle implique
de passer des affaires publiques centrales aux affaires locales. Ce
passage suppose donc que l'Etat, autrefois unique acteur, se dessaisisse de
certaines de ses attributions pour les transférer à des
collectivités territoriales décentralisées. C'est sans
doute l'une des raisons qui justifie tout le succès, du moins dans les
discours, que l'on reconnaît à la décentralisation
aujourd'hui. C'est ce que semble soutenir Giorgio BLUNDO quand il affirme
que « plus que d'un retrait pur et simple de l'Etat, il est
sans doute question d'une réorganisation des techniques de gouvernement,
par le transfert de compétences de régulation jadis
étatiques vers des acteurs non-étatiques, individuels ou
collectifs, auxquels on confère des qualités de
responsabilité et de rationalité27(*) ».
Reconsidérer la problématique du rôle de
l'Etat implique donc de tenir compte des divers autres acteurs pouvant l'aider
dans les processus de prise de décisions. L'une des
préoccupations majeures d'un Etat réside dans son propre
développement tout en veillant au bien-être de ses populations. Le
développement dont il est question ne sera donc plus l'apanage seul de
l'Etat central. Cet état des choses s'apparente à ce que John
Clayton THOMAS a appelé le « nouvel engagement des
citoyens28(*)
»
Toutefois, la promotion du développement au travers de
la gouvernance locale rencontre de nombreux écueils parmi lesquels la
pauvreté. BARDHAN propose de rester prudent vis-à-vis des
dynamiques de la décentralisation en affirmant que :
D'une manière générale, il convient
de résister à la tentation d'une vision trop romantique de la
valeur du développement participatif décentralisé,
attitude courante parmi les « anarcho-communautaires ».
Cette forme en dépit de ses multiples et indéniables avantages,
est impuissante à résoudre certains problèmes
fondamentaux d'équité et d'efficience, dans les situations
où les structures locales de gouvernement sont dominées par une
élite, en particulier, les retombées positives sur les franges
les plus défavorisées de la population seront tardives et
incertaines29(*).
En réalité, la gouvernance au niveau local
semble poser de nombreuses conditions à sa mise en oeuvre. En effet,
l'homme naît et vit dans des groupes. Son histoire est par
conséquent indissociable de la vie sociale. Aujourd'hui, les sciences
sociales permettent une compréhension plus claire de cette imbrication
de la personne et de la société. Des théories rendent
compte de ce qui se passe quand les sujets vivent ensemble et des
phénomènes d'interaction qui se produisent entre l'homme et le
groupe : c'est la psychologie sociale. Le sujet situé face aux
attentes, exigences et influences de son environnement humain tisse des
relations. « La communication entre les personnes est
conditionnée dans une large mesure par la perception d'autrui, et d'une
manière globale de tout notre environnement. Il est donc utile de mieux
connaître les processus perceptifs »30(*).
C'est sans doute ce qu'a voulu dire Pranab BARDHAN en
affirmant que les conditions qui doivent être satisfaites pour obtenir ce
résultat sont beaucoup trop strictes, en particulier pour les pays
pauvres. Pour lui, l'hypothèse cruciale de mobilité de la
population (c'est-à-dire des citoyens totalement informés et
capables, de choisir librement) qui permet aux gouvernements de surmonter le
problème consistant à amener les citoyens à
révéler leurs préférences en matière de
biens collectifs, est rarement opératoire dans les pays pauvres31(*).
Par ailleurs, l'ignorance des contours subtils de la fonction
de maire et de son importance dans la gouvernance locale, semble
déterminante à cet égard. En réalité,
« c'est le rôle d'une personne, tel qu'il est perçu
par un individu qui occupe une position déterminée à un
certain moment, la manière dont il croit qu'il doit jouer son
rôle. Cette perception peut être différente des attentes
précédentes. D'une façon générale,
l'imprécision de la définition d'un rôle est susceptible
d'engendrer des difficultés dans les rapports d'un sujet avec son
entourage »32(*).
L'impact positif de la gouvernance décentralisée
n'est donc pas organiquement constitutif des stratégies de
développement nationales établies dans la mouvance du DSCE. Pour
la plupart des partenaires de coopération, c'est la réflexion sur
la transformation des modalités de gouvernance locale qui va contribuer
à établir le lien : la gouvernance locale apparaît
comme un outil parmi d'autres d'empowerment33(*) des pauvres. L'argument majeur repose sur la
proximité géographique qui garantit un niveau élevé
d'information et de mobilisation des leaders politiques et des populations sur
les réalités et les besoins locaux, et facilite ainsi l'obtention
de résultats visibles.
En définitive, est-il intéressant de rappeler
que toute cette littérature soulève un certain nombre de
préoccupations. A cet égard, il nous incombe de préciser
l'interrogation qui constitue le centre des articulations du travail ici
présenté.
VI.
Problématique
Le champ sémantique de la gouvernance locale renvoie
à une participation politique accrue de divers acteurs à la
construction et la gestion plus effective de la cité. Cette gouvernance
renforce les capacités de l'Etat en matière de
développement local et révèle la nécessité
de placer l'appréhension qu'ont les populations, à la fois du
maire et de son action, au coeur de ces politiques pour en accroître
l'efficacité.
La gouvernance locale est présentée comme une
alternative véritable pour l'avenir des Etats africains. Celle-ci se
trouve, en effet, inscrite au coeur de nombreuses politiques de
développement local. Les implications positives de ladite gouvernance,
notamment une gestion saine des affaires, semblent faire l'unanimité des
chercheurs, et des modalités ou principes divers sont assortis à
l'instauration du processus de décentralisation.
Conscients de l'importance d'une telle entreprise, et du
rôle que doit jouer le maire au sein de cette dynamique, des programmes
de développement local ont été mis en oeuvre en zones
urbaines et rurales. Ils ont été, principalement, orientés
vers l'intervention sur les infrastructures de base et l'amélioration
des conditions de production ou de commerce local, sans inclure explicitement
une réflexion sur le renforcement des pouvoirs municipaux. Tous ces
développements font naître une interrogation :
comment la perception du maire par les populations de la ville de
Bertoua favorise-t-elle leur adhésion à l'action publique locale
?
En considérant cette question posée, des
tentatives de réponse apparaissent et feront l'objet du point
suivant.
VII. Hypothèses
Pour répondre à la problématique
ci-dessus formulée, nous émettons une hypothèse principale
et deux hypothèses secondaires.
Hypothèse principale
L'adhésion et la participation des populations de la
ville de Bertoua à l'action publique locale dépendent fortement
de la perception qu'elles ont du maire.
Hypothèses secondaires
§ Plus le maire est un personnage proche des populations,
plus celles-ci adhèrent à son action en s'attachant, notamment,
à ses qualités personnelles.
§ Plus l'action de la commune touche les
réalités des populations, plus elles se sentent poussées
à s'impliquer.
Il sied, à présent, de définir le cadre
méthodologique à partir duquel sera analysée la perception
des populations au sujet du maire et de son action à Bertoua.
VIII. Cadre méthodologique
L'aboutissement de cette étude exige d'une part,
l'utilisation d'un ensemble de méthodes d'analyse et d'autre part,
l'utilisation de techniques de recherche pour la collecte des données
pertinentes.
1. Grilles d'analyse des
données
Pour analyser les données recueillies sur le terrain,
nous avons fait le choix de l'interactionnisme symbolique et de la
théorie des représentations sociales.
L'interactionnisme symbolique est une grille d'analyse qui
postule que l'accès cognitif au sens des phénomènes, tant
subjectifs qu'objectifs, découle inévitablement d'une
interprétation et que la formation du cadre interprétatif
découle des processus dynamiques d'interaction interindividuelle. Ainsi,
selon ce cadre théorique développé à l'aide de
recherches en ethnologie, l'interaction symbolique (communication verbale et
non-verbale) entre les individus humains ou animaux détermine le sens
que ces derniers accordent au monde et à leurs propres états
mentaux34(*). Pour le
sociologue Erving GOFFMAN, la vie sociale est une sorte de
théâtre35(*),
où les individus sont des acteurs qui endossent des rôles,
différents selon les lieux ou ils se trouvent. Le but du jeu est de
faire bonne figure et de permettre à chacun de garder la face36(*). La communication est alors,
d'après lui, faite d'un ensemble de « rituels
d'interaction », de gestes, de mimiques et d'expressions verbales.
L'interactionnisme symbolique repose sur trois principes :
§ Les humains agissent à l'égard des choses
en fonction du sens interprétatif que ces choses ont pour eux. L'action
se fonde à partir du sens, ce dernier émerge à travers les
interactions interpersonnelles situationnelles grâce à une
réalité intersubjective reposant sur des symboles langagiers
partagés
§ Ce sens est dérivé ou provient des
interactions que chacun a avec autrui. L'univers des significations
émerge d'un processus de coopération et d'adaptation mutuelle au
sein du groupe social.
§ C'est dans un processus d'interprétation mis en
oeuvre par chacun dans le traitement des objets rencontrés que ce sens
est manipulé et modifié. C'est ce processus herméneutique
qui crée un sens nouveau pour chaque individu transformant sans cesse
les significations des objets : l'individu contrôle ses actions en
agissant sur lui-même et le tout selon les circonstances et le
contexte.
Cette méthode permettra d'analyser la relation qui se
développe entre le maire et les populations. L'aspect
théâtral est important car le jeu de rôle participe
également à la symbolique et contribue, par des
« pirouettes » à attirer la sympathie des
populations. Elle explique également la dimension politique du maire,
acteur opportuniste. Mais, surtout, l'interactionnisme servira à mesurer
l'impact que peut avoir la relation sur l'adhésion des populations
à l'action publique locale.
La théorie des représentations sociales, quant
à elle, précise que le sujet et l'objet ne sont pas distincts, le
sujet participant à la construction de l'objet en fonction de ses
insertions sociales. Il n'y a pas de coupure entre l'univers extérieur
et intérieur de l'individu (ou du groupe). L'objet est donc construit,
non pas selon ses propriétés objectives, mais en fonction des
caractéristiques des sujets sociaux qui se l'approprient au travers des
communications qu'ils développent à son propos. Les groupes sont
définis sur la base de leur communauté de représentations.
Denise JODELET définit le concept de représentation sociale
comme :
Une forme de connaissance spécifique, le savoir de
sens commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus
génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus
largement, il désigne une forme de pensée sociale. Les
représentations sociales sont des modalités de pensée
pratique orientées vers la communication, la compréhension et la
maîtrise de l'environnement social, matériel et idéal. En
tant que telles, elles présentent des caractères
spécifiques au plan de l'organisation des contenus, des
opérations mentales et de la logique. Le marquage social des contenus ou
des processus de représentation est à référer aux
conditions et aux contextes dans lesquels émergent les
représentations, aux communications par lesquelles elles circulent, aux
fonctions qu'elles servent dans l'interaction avec le monde et les
autres37(*).
Pour cette étude, la théorie des
représentations sociales servira à analyser trois
éléments importants à savoir le code de
communication entre maires et populations, la façon avec laquelle
les populations de Bertoua définissent ensemble les différents
aspects d'un vécu quotidien. Elle aidera à saisir comment elles
se positionnent dans leur environnement afin de le maîtriser. Cette
théorie servira, par ailleurs, à dégager le code commun
qui permet de définir l'identité du groupe et guide les
comportements et pratiques de celui-ci.
2. Techniques de collecte de
données et échantillon
La démarche choisie est focalisée sur le
recueil, par voie d'entretiens semi-directifs, des
informations auprès des personnes directement concernées par la
question.
Nous accordons une importance particulière aux points
de vue respectifs des populations locales et des autorités
administratives. Dès lors, un échantillon représentatif de
cent cinquante personnes est choisi. Avec l'entretien
semi-directif, on laisse l'enquêté, autant que
possible, s'exprimer dans les termes qu'il souhaite employer38(*) et on ne fait que recentrer
l'entretien sur les objectifs chaque fois que l'interlocuteur s'en
écarte. La technique convient lorsqu'elle a pour objectif, entre autres,
l'analyse du sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux
événements auxquels ils sont confrontés. Ces derniers
peuvent correspondre à leurs systèmes de valeurs, leurs
repères normatifs, leurs interprétations des situations
conflictuelles ou non et leurs propres expériences. Cette méthode
a pour principaux avantages, le degré de profondeur des
éléments d'analyse obtenus, la souplesse et la faible
directivité du dispositif qui permet de récolter le
témoignage des enquêtés en respectant leur cadre de
référence39(*).
PREMIERE PARTIE :
PROXIMITE DU MAIRE ET ADHESION DES
POPULATIONS A L'ACTION LOCALE
En tant qu'élu local, le maire se veut être une
autorité issue de la volonté du peuple et donc proche de
celui-ci. La qualité des rapports qu'il entretient avec ses
électeurs a une influence sur leur adhésion à son action
au sein de la commune. En réalité, la relation entre la
proximité du maire et l'adhésion des populations à
l'action locale peut s'analyser sous deux angles majeurs. D'une part, le niveau
de connaissance qu'ont les populations de leur maire et de ses attributions
(chapitre 1) permettent de comprendre la logique qui existe entre les
attributions textuellement dévolues au maire et l'appropriation que s'en
font les populations. D'autre part, l'image que le maire renvoie semble
déterminer la participation de la population à l'action locale
(chapitre 2) sus évoquée.
CHAPITRE 1
CONNAISSANCE DU MAIRE ET DE SES ATTRIBUTIONS PAR LES
POPULATIONS
Il est encore fréquent de rencontrer,
généralement parmi les couches les plus
défavorisées de la population, des personnes qui n'ont jamais
entendu parler de la décentralisation ou qui n'en connaissent que le
nom...40(*)
Les populations de Bertoua ont peu de contacts avec leurs
administrations locales et l'idée qu'elles se font de leurs fonctions se
réduit aux raisons pour lesquelles elles interagissent avec elles.
« L'action publique locale dont ils sont les principaux acteurs
se comprend moins en terme d'intentions politiques qu'en terme de gestion de
ressources et de contraintes. Le maire est en effet soumis à un ensemble
d'obligations tenant tout autant aux attentes exprimées par les
électeurs qu'aux cadres juridiques et institutionnels qui imposent une
certaine conduite et des modes d'action préétablis41(*) ». Il apparait
ainsi intéressant d'analyser le rôle dévolu par les textes
juridiques (section 1) à cet acteur incontournable de la gouvernance
locale, notamment, sur l'effectivité de l'exercice de ses missions avant
de nous appesantir sur le degré de connaissance qu'en ont les
populations (section 2).
Section 1 : Des attributions consacrées par les
textes
Au Cameroun, les attributions du maire sont consacrées
par des textes juridiques spécifiques. Il s'agit des lois d'orientation
de la décentralisation qui lui accordent une place
prépondérante au sein de ce processus compte tenu de sa
proximité avec les « administrés »
(paragraphe 2). Mais, avant la « nouvelle
décentralisation », le maire a vu ses attributions
définies par d'autres textes de lois (Paragraphe 1).
Paragraphe 1. Consécration textuelle avant la
décentralisation
L'administration municipale au Cameroun remonte à de
bien lointaines années. En effet, après 1884, les Allemands
optent pour le renforcement de leur implantation au Cameroun. Aussi, le Baron
VON SODEN, premier gouverneur allemand au Cameroun crée-t-il deux
circonscriptions administratives : Victoria et Kribi. A la tête de
chacune, il place un chef de circonscription assisté d'un conseil
municipal de six membres. En 1963, il existe trois types de communes à
savoir les communes de plein exercice, les communes de moyen exercice et les
communes mixtes rurales. La distinction entre les trois catégories
se fait selon deux critères: le mode de désignation du maire
et le degré de développement économique et social de
la commune.
Les communes de plein exercice (CPE) sont le type vers
lequel doivent tendre les autres communes puisqu'elles ont un
développement suffisant pour pouvoir disposer des ressources propres
nécessaires a l'équilibre de leur budget. Ces communes
(Yaoundé, Douala, Nkongsamba), sont régies de façon
particulière. Les communes de moyen exercice (CME) se divisent en
communes rurales et communes urbaines de moyen exercice et ont
été créées, presque exclusivement, dans le Nord
par la loi du 31 Décembre 1960. La principale différence
avec le statut des CPE vient du mode de désignation du maire : il
est nommé par le secrétaire d'Etat à l'Intérieur.
Les communes mixtes rurales (CMR) sont les plus
nombreuses, tandis que les communes mixtes urbaines ont disparu depuis 1962.
Elles sont dites mixtes, car elles possèdent un caractère
à la fois autoritaire par les modalités de désignation du
maire et démocratique par le mode de désignation du conseil
municipal. En réalité, la Loi No 62/2/COR du 1er mars
1967, précise que le maire sera désormais nommé par
décret pris en conseil de cabinet et les adjoints par
arrêté du secrétaire d'Etat a l'Intérieur. Les
maires et adjoints des trois types de communes sont donc nommés par le
gouvernement, ce qui simplifie bien sûr le régime communal mais
n'a pas résolu pour autant le problème de manque de
compétence des administrateurs locaux42(*).
Pour ce qui est des attributions du maire, le maire administre
la commune, mais suivant le type de commune, ses prérogatives sont
très différentes, étendues dans le cas des communes de
plein exercice, limitativement énumérées dans le cas des
communes mixtes rurales. Cependant, le maire également
représentant de 1' Etat, détient certains pouvoirs, ses
« pouvoirs propres », dont il n'a pas à rendre
compte au conseil municipal et ne peut être destitué par ce
même conseil. Valette ALAIN43(*) a analysé l'organisation communale de cette
époque et ses conclusions sont les suivantes : le maire jouit de
plusieurs attributions dont les principales sont les suivantes :
§ attributions budgétaires: préparation et
exécution du budget, établissement de plan de campagne pour les
travaux publics et l'hygiène ;
§ attributions de gestion et d'entretien des biens de
la commune, gestion des revenus et surveillance de la comptabilité,
adjudications communales et souscriptions des baux et marchés (sous
réserve de 1'approbation du Secrétaire d'Etat à
l'Intérieur), réparation des immeubles occupés par la
municipalité, entretien de la voirie, conservation et administration des
propriétés communales. Il administre le personnel communal :
tous les agents municipaux sont nommés, licenciés ou
révoqués par lui.
§ attributions réglementaires: les
arrêtés du maire portant règlement permanent ne sont
exécutoires qu'après approbation du Ministre de
l'Intérieur. Aucun maire n'est officier de police judiciaire, le
maire d'une CMR n'est pas chargé de l'exécution des mesures de
sécurité générale (qui sont du ressort du
préfet), il n'a pas la disposition des agents de la force publique, ni
pouvoir de réquisition sur leurs chefs. Il ne peut autoriser les
manifestations sur la voie publique.
Depuis cette époque, des avancées ont
été enregistrées. En 1972, intervient une grande
réforme appelée Révolution Pacifique du 20 Mai.
Il s'agit du mouvement qui consacrera la République Unie du
Cameroun et tous les textes postérieurs à cette date et
jusqu'en 1996, ont été conçus dans un contexte
sociopolitique où un accent particulier était mis sur la forme
unitaire de l'Etat. Tout était centralisé et la tutelle
administrative sur les communes renforcée pour éviter toute
aspiration à tendance centrifuge.
L'on se rend donc compte que le maire était une
autorité aux attributions, certes textuellement définies, mais
très réduites. Avec l'« avènement » de
la « nouvelle décentralisation », le maire se verra
confier des attributions bien plus importantes au point que son rôle se
trouve presque « sacralisé » dans ce processus.
Paragraphe 2. Décentralisation et reconfiguration
juridique de l'autorité du maire
Avec le processus de décentralisation, le rôle du
maire se trouve accru. Ses attributions sont définies par des textes
juridiques, notamment, la Loi No 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les
règles applicables aux communes. En effet, aux termes de l'article 71
de ladite loi, le maire représente la commune dans les actes de la vie
civile et en justice44(*).
A ce titre, il est chargé, sous le contrôle du conseil
municipal:
- De conserver, d'entretenir et d'administrer les
propriétés et les biens de la commune et d'accomplir tous les
actes conservatoires de ces droits ;
- De gérer les revenus, de surveiller les services
communaux et la comptabilité communale ;
- De délivrer les permis de bâtir et de
démolir, ainsi que les autorisations d'occupation des sols;
- De préparer et de proposer le budget, d'ordonnancer
les dépenses et de prescrire l'exécution des recettes ;
- De diriger les travaux communaux ;
- De veiller à l'exécution des programmes de
développement financés par la commune ou réalisés
avec sa participation;
- De pourvoir aux mesures relatives à la voirie
municipale;
- De souscrire les marchés, de passer les baux et les
adjudications des travaux communaux, conformément à la
réglementation en vigueur;
- De passer, selon les mêmes règles, les actes de
vente, d'échange, de partage, d'acceptation de dons ou legs,
d'acquisition, de transaction, lorsque ces actes ont été
autorisés par le conseil municipal;
- De prendre, à défaut des propriétaires
ou des détenteurs du droit de chasse préalablement mis en
demeure, toutes les mesures nécessaires à la destruction
d'animaux déclarés nuisibles, conformément à la
législation et à la réglementation en vigueur, et
éventuellement, de requérir les habitants avec armes et chiens
propres à la chasse de ces animaux, de surveiller et d'assurer
l'exécution de ces mesures et d'en dresser
procès-verbal ;
- De veiller à la protection de l'environnement, de
prendre, en conséquence, les mesures propres à empêcher ou
à supprimer la pollution et les nuisances, à assurer la
protection des espaces verts et à contribuer à l'embellissement
de la commune ;
- De nommer aux emplois communaux et d'une manière
générale, d'exécuter les délibérations du
conseil municipal45(*).
Il est également l'ordonnateur du budget de la
commune46(*). Le maire est
donc le premier responsable de la commune et doit veiller au bien-être de
ses « administrés ». Partant de ce principe, il est
chargé, de drainer le maximum de projets de développement vers sa
commune. Le maire apparait, de ce fait, comme un agent de développement
et il collabore avec des institutions de développement, l'Etat et le
gouvernement tout en s'ouvrant également à des
collectivités extérieures à travers des opérations
de jumelage avec des communes du monde entier.
C'est en cela qu'on peut définir les maires comme des
« courtiers en développement » dans le sens
où l'utilisent OLIVIER DE SARDAN et BIERSCHENK47(*), à savoir
« des acteurs sociaux implantés dans une arène
locale qui servent d'intermédiaires pour drainer (vers l'espace social
correspondant à cette arène) des ressources extérieures
relevant de ce que l'on appelle communément l'aide au
développement»48(*). En réalité, on peut noter, avec
OLIVIER DE SARDAN et BIERSCHENK que, de par leur position dans la
société, ils sont par définition, des
intermédiaires entre une population et l'Etat. Leurs activités de
courtage sont ainsi étroitement mêlées à leurs
activités ou fonctions classiques d'hommes politiques (fonctions de
maires) avec lesquelles elles se confondent souvent.
Toutes les actions du maire semblent avoir pour but de
récolter des fonds financiers, matériels, techniques et
même humains pour développer « sa »
cité. Ses actions lui permettent également de tisser ou de
renforcer des réseaux de relations, d'avoir une certaine
notoriété, une certaine influence, un certain pouvoir
vis-à-vis de la population pour laquelle il travaille.
« Mais comme le maire est l'élu de référence
que chacun connaît, l'on n'hésite pas à lui imputer ce qui
ne relève pas vraiment de sa responsabilité, ou au moins à
l'interpeller car il est l'élu de proximité, celui que l'on a
« sous la main », celui dont on pense qu'il peut toujours agir,
intervenir... 49(*)».
Cependant, à travers la tension entre les
différentes dimensions d'un rôle de gestionnaire de services et de
représentant d'une communauté, maire et conseillers municipaux
apparaissent de plus en plus comme les médiateurs d'une action publique
au service du « vivre ensemble ». Cette transformation ne va pas de
soi. Elle engendre des résistances. Nous assistons à des
crispations sécuritaires, insistant sur les fonctions régaliennes
du politique, à un durcissement républicain. Mais elle
épouse aussi un mouvement de fond. Comme le remarque Marcel GAUCHET, le
politique quitte sa position hégémonique pour reconnaître
davantage la société civile, les associations, les acteurs
économiques et les citoyens. Ces deux mouvements apparaissent en un sens
presque l'un comme l'envers de l'autre50(*).
Outre les attributions clairement définies par les
textes juridiques, le maire subit très souvent des pressions de la part
des autorités dites déconcentrées. En dehors de la tutelle
conventionnelle du Préfet, du Gouverneur et du Ministre de
l'administration territoriale et de la décentralisation, les
interventions du contrôleur provincial des finances dans les budgets
communaux, le centre provincial de la comptabilité matières, de
l'agence de régulation des marchés publics dans les affaires
communales peuvent être assimilées à une forme de
surveillance. Ces différentes « ingérences »
dans les fonctions du maire à Bertoua jettent un voile sur les
attributions dudit maire et posent même la question des raisons du
dysfonctionnement constaté dans les communes de Bertoua.
Toutefois, la définition des attributions du maire par
les textes juridiques semble ne pas être suffisante pour permettre aux
populations de connaitre leurs maires. Il existe, en effet, un écart
significatif entre ce que dit le texte et ce que savent ou croient les
populations. Le maire à Bertoua apparaît encore effectivement
comme une autorité méconnue des populations.
Section 2 : Le maire à Bertoua : une
autorité méconnue des populations
Nous avons exposé, dans les paragraphes
précédents, les attributions du maire telles qu'organisées
par les textes régissant la décentralisation au Cameroun.
Institution politique et administrative de proximité, la commune reste
aujourd'hui un niveau de représentation et de gestion indispensable pour
plusieurs raisons. La première est sa popularité. De tous les
acteurs publics, le maire est le plus connu et le mieux apprécié,
échappant à la disgrâce qui frappe le reste du personnel
politique. Connu (surtout dans les communes petites ou moyennes) de tous les
citoyens, il est à la fois le représentant et le médiateur
social (jusqu'au clientélisme) et sa popularité personnelle
transcende les clivages partisans51(*).
Mais, au delà, il importe de se pencher
véritablement sur ce que pensent les principaux
bénéficiaires de ladite décentralisation du maire, acteur
dit incontournable de ce processus. En effet, au terme de nos lectures et
enquêtes, il apparaît que le maire est une personnalité
méconnue des populations. Cette méconnaissance se trouve
justifiée par de nombreuses raisons. La notoriété du maire
souffre d'une entorse frappante (paragraphe 1) tout autant que son rôle
est marqué par un effacement prégnant que les populations
n'arrivent généralement pas à percer (paragraphe 2).
Paragraphe 1. Une personnalité publique
dépourvue de notoriété
« Le maire c'est qui ?52(*) », « Je ne
connais pas le maire53(*) ». De tels propos, aussi banals soient-ils,
permettent de constater qu'au delà des discours sur les avantages de la
proximité du maire il reste, néanmoins, une autorité
publique inconnue d'une grande partie des populations. Nos enquêtes ont
ainsi révélé que de nombreuses personnes ne connaissent
pas les attributions d'un maire et quelquefois ne savent pas ce qu'est un
maire. En effet, deux personnes sur trois à Bertoua disent ne pas savoir
ce qu'est un maire.
Graphique 1 : Connaissance du maire par les
populations de Bertoua
Source : Notre
enquête de mars 2010
Ce graphique fait ressortir la
« notoriété » du maire selon qu'il est une
autorité connue ou non des populations. Il permet de se rendre compte
que soixante dix pour cent (70%) de la population de Bertoua ne connait pas le
maire. Ces chiffres attirent l'attention quand on sait que l'un des
mérites les plus reconnus à la gouvernance c'est la
proximité de l'autorité locale des populations ;
proximité qui suppose une connaissance préalable des
différents acteurs de la scène. Or, à Bertoua, la grande
majorité de la population ne connait pas le maire. Ce qui signifie que
ce dernier a un effort à fournir pour espérer tenir une place
centrale de façon légitime dans la dynamique de
développement local. En parlant justement de la notoriété
des personnalités publiques, Philippe BRAUD affirme que :
La notoriété du maire, du
député, du ministre leur assure, par rapport aux citoyens
ordinaires, de bien meilleures chances d'accès à la presse
locale, voire nationale ; elle leur confère une place centrale sur la
scène sociale à l'occasion des inaugurations officielles et des
festivités publiques, dans les réunions de militants ou les
rencontres avec les milieux professionnels (...) La notoriété
fait littéralement exploser les réseaux relationnels de
l'élu ; ses « amis » se multiplient, les contacts se
révèlent d'une surprenante facilité avec des
personnalités des mondes économique, culturel, sportif,
associatif... 54(*).
Les enjeux de la question de la notoriété du
maire se comprennent d'ailleurs aisément si l'on admet avec Philippe
BRAUD qu'«en faisant carrière en politique, un individu abdique
une grande part de sa liberté personnelle : il lui faut se montrer
dans certains lieux, surveiller son langage, calculer ses réponses,
manifester des émotions convenues, s'abstenir d'afficher tout haut ce
qu'il pense réellement tout bas.55(*)». Il nous permet ainsi de relever que la
notoriété d'une personnalité publique telle que le maire
est une entreprise constituée d'une recherche et d'un travail sans cesse
renouvelés. Le maire est certes le médecin
généraliste de l'action publique, le premier
référent des citoyens dans la sphère de l'action
publique56(*). Il est
aussi l'animateur d'une équipe d'élus dont beaucoup ont des
responsabilités dans un quartier de la ville57(*), mais tout le monde ne le
connaît pas à Bertoua, contrairement à ce que confiait Jean
Pierre SUEUR58(*) à
la revue Projet lors d'un entretien.
Dans tous les cas, c'est le besoin d'obtenir la
délivrance ou la signature d'un document précis qui pousse
généralement la grande majorité des populations à
rechercher la personne et les compétences du maire. Ce sont pourtant des
démarches auxquelles elles se résolvent rarement, en raison d'une
obligation ou d'un intérêt à intégrer la
sphère « formelle » de l'État. Ce sera
notamment le cas de l'opérateur économique qui veut se soustraire
aux risques du secteur informel ou d'un réparateur de deux roues qui
décide d'intégrer la sphère de l'économie formelle
en déclarant son activité commerciale auprès de la
circonscription urbaine, en payant les taxes liées à cette
existence officielle dans le but d'éviter que les agents de cette
dernière ne fassent saisir les véhicules qui ne sont pas en
règle dans son atelier.
Paragraphe 2. Une personnalité publique à
rôle diffus
Le maire, élu local et acteur de proximité du
développement local, est une personnalité que les populations de
la ville de Bertoua n'arrivent toujours pas à
« connaitre » véritablement. Cela est dû au
fait que son rôle, bien que précisé dans les lois
camerounaises sur la décentralisation, ne soit pas rendu
opérationnel auprès desdites populations. En
réalité, ces populations ne maitrisent pas les contours de la
fonction de maire en ce qui concerne son rôle et son action.
« Il faut reconnaître ici que les acteurs sociaux sont
engagés dans des pratiques plurielles que reflète leur
multi-appartenance institutionnelle et leur identité fragmentée.
Dans leurs rapports aux institutions ils expérimentent une ambivalence
et des ambiguïtés que les macroanalyses traditionnelles ne
parviennent pas à saisir. D'où l'importance de mieux
appréhender le contexte de l'action de même que les rapports
sociaux et politiques engagés dans sa définition59(*) ». La
décentralisation implique une coordination des échelles de
pouvoir. Elle doit intégrer dans les faits une structure de
négociation, une interface entre les pouvoirs locaux institutionnels et
les pouvoirs locaux classiques ou émergeants60(*) (Associations sportives et
culturelles (ASC), groupements féminins, pouvoir coutumier,
délégués de quartier...). Pour ce faire, il est
nécessaire de « mieux jauger ces pouvoirs à la
lumière de leur efficacité dans l'encadrement des populations et
appréhender les articulations tendues entre des pouvoirs de natures et
d'ambitions différentes61(*) ».
Il existe, par ailleurs, une
« complexité» dans la définition des
compétences des différents acteurs locaux comme le maire, le
délégué du gouvernement voire le gouverneur. Les relations
entre ces intervenants sont souvent marquées de conflits de
compétence qui embrouillent les populations. « On ne sait
pas si c'est le maire ou le délégué représentant le
ministre du développement urbain et de l'habitat qui doit s'occuper des
poubelles dans la ville », nous confiait un enquêté.
Fort de ce constat, ces mêmes populations affirment « ne pas
être au courant des activités des
mairies. »62(*).
De plus, lorsqu'on parle de l'importance du maire dans le
processus de décentralisation, les populations de Bertoua sont confuses,
sinon « perdues ». Les débats politiques
suscités par la discussion sur la décentralisation proprement
dite ont porté un écho médiatique notable. Il en a
résulté une certaine « popularisation » voire
une vulgarisation du terme décentralisation mais aussi,
pour beaucoup, une incompréhension du concept.
En effet, un nombre non négligeable d'habitants de
Bertoua qui sont à même de lui donner un contenu en ont une
compréhension erronée ou confuse. Le plus souvent, ils assimilent
à la décentralisation les autres aspects de la réforme
territoriale. Elle est ainsi régulièrement confondue avec le
découpage territorial suite à la publicité faite, sous
l'intitulé de la décentralisation, aux aspects les plus
épineux de cette question. C'est sans doute la raison pour laquelle ils
assimilent le maire à une personne qui perpétue des façons
de penser traditionnelles et non pas la nouveauté ou la modernité
qu'inspire à leur avis la décentralisation.
« Certes, l'Etat moderne a pris en charge ou
socialisé bien des fonctions qui appartenaient à la sphère
privée. Mais il le fait pour une large part par le biais des communes
alors même que nombre des besoins des populations, notamment
l'éclairage public, l'acheminement de l'énergie, la fourniture
d'eau potable, l'évacuation des eaux usées ou des ordures, les
transports publics, ont été socialisés. Chacun d'entre
nous est devenu ainsi davantage dépendant des
municipalités »63(*). La fonction de maire semble s'être
démultipliée entrainant ainsi une nécessaire
professionnalisation. Mais aussi l'image que reflète le maire est une
donnée sensible dans la fédération des populations au
profit de l'élaboration et de la mise en oeuvre de son action publique.
Les « nouvelles écharpes pour le maire64(*) » posent donc
la question de la figure du maire et de l'image qu'en ont les populations.
*
* *
Au terme de ce chapitre, l'on comprend que le maire est une
autorité dont les attributions sont définies par des textes
juridiques. Avant la décentralisation, ces textes lui confèrent,
notamment, un rôle de rassemblement des administrés sur
« son » territoire mais son action est très
contrôlée par l'Etat central. Avec la décentralisation, les
attributions du maire sont reconfigurées sur le plan juridique. Il
acquiert plus d'autonomie et se voit ainsi confier une mission de promotion du
développement dans sa circonscription.
Au delà de ces prérogatives, le maire est une
autorité qui vit dans une commune et partant, est censé
être connu de ses administrés. Seulement, nos enquêtes
révèlent que le maire est une autorité méconnue des
populations de la ville de Bertoua. Il apparait comme une autorité
dépourvue de notoriété et comme une personnalité
publique aux rôles diffus. Ainsi, près de soixante-dix pour cent
(70%) de la population de Bertoua ne connait pas le maire, la plupart d'entre
elle ne sachant même pas ce que c'est qu'un maire. Les
enquêtés disent ne pas connaitre le maire parce qu'il n'est pas
proche d'eux. De cette méconnaissance du maire, naît une certaine
image qui détermine la participation des populations à l'action
publique locale.
CHAPITRE 2
IMAGE DU MAIRE ET GESTION PARTICIPATIVE DE L'ACTION PUBLIQUE
LOCALE
Les fonctionnaires territoriaux sont au contact
immédiat de tous les publics de leur territoire (...) Ils ont pour
mission directe de contribuer à renforcer la possibilité et la
volonté de vivre ensemble, au quotidien, sur un territoire donné.
Leur identité tient à cette proximité et impose une grande
réactivité.65(*)
Dans sa dynamique d'impulsion du développement local,
le maire est censé faire participer « tout le
monde » à la prise de décision. Mais, cette
participation des populations semble être étroitement liée
à l'image qu'elles ont de leur maire. Compte tenu de cet état des
choses, le maire trouve le moyen d'utiliser les ressources qui sont à sa
disposition pour « entrainer » un maximum
d'adhérents à sa « cause » et promouvoir
ainsi l'épanouissement et le développement local. C'est sans
doute la raison pour laquelle Olivier LEBRAUD affirmait que :
Pour composer avec ces contraintes environnementales et
contextuelles, le maire dispose de ressources qui lui permettent de s'ajuster
à ce rôle et à le personnifier de façon
légitime. Ces ressources sont principalement d'ordre historique
(légitimité conférée par le suffrage universel),
fonctionnel (pouvoir politique et budgétaire) et social (mise en place
de réseaux d'influence). En revanche, leur mobilisation ne peut se faire
que sous contrainte : il convient que le maire les inscrive dans
l'exécution des missions légitimes d'action, de rassemblement et
de développement communal.66(*)
En réalité, l'appréciation de l'action du
maire détermine l'adhésion à ses décisions
(section1) tout autant que le degré de satisfaction, mieux
l'insatisfaction que peut éprouver la population, résulte
généralement d'un sentiment de non implication (section 2).
Section 1 : L'appréciation de l'action du maire
comme facteur d'adhésion à ses décisions
Le « jugement » que posent les populations
sur l'action du maire semble influencer en grande partie leur adhésion
aux différentes décisions qu'il prend. En réalité,
la notion de satisfaction entre en jeu à ce niveau et permet
d'appréhender l'utilité de l'établissement d'un lien entre
appréciation de l'action et adhésion aux décisions. A cet
effet, nous considérerons comme objectif primaire des
collectivités locales la satisfaction des citoyens qui implique celle de
toutes les autres parties prenantes à la performance des
collectivités locales notamment les
« bureaucrates », les prestataires de service, le personnel
municipal et les agents municipaux qui sont en contact direct avec les
citoyens locaux.
Dans leurs conclusions relatives à une étude
comparative sur la perception de l'administration publique par les citoyens
camerounais et maliens, FOUDA ONGODO, CISSE et CAPIEZ faisaient remarquer
que la participation à la vie de la cité par les élus
est plus prononcée dans les collectivités locales camerounaises
que dans les collectivités locales maliennes. De la même
manière, il apparaît que le degré de tolérance et
d'intégration est plus fort au Cameroun qu'au Mali. Pour
améliorer la perception de leurs performances, les mairies locales
doivent porter plus d'attention sur les composantes pour lesquelles les
perceptions sont négatives ou nuancées67(*).
Toutefois, cette affirmation semble sonner le glas d'une
quelconque émission d'avis sur la question évoquée. Il
importe cependant de nous appesantir sur les déterminants de
l'appréciation de l'action du maire par les populations (paragraphe 1)
avant de nous pencher sur la question de la mobilisation des forces locales par
le maire à travers le capital sympathie (paragraphe 2).
Paragraphe 1. Les déterminants de l'appréciation
de l'action du maire
Interroger l'appréciation qu'a une personne de l'action
d'un maire revient à questionner des raisons qui peuvent parfois
s'avérer être très personnelles. Lors de nos entretiens, de
nombreuses personnes nous ont confié que leur évaluation de
l'action du maire dépendait de plusieurs éléments
notamment la proximité ou non avec le maire et l'appartenance politique.
En ce qui concerne la proximité, il est ressorti des qualificatifs ou
des attributs qu'un « bon » maire, selon la population de
Bertoua devrait avoir. Ainsi, entre un maire ferme, autoritaire et un maire
« gentil », le choix semble évident. Le graphique
suivant fait ressortir les tendances des souhaits à l'égard des
attributs sus-évoquées.
Graphique 2: Attributs souhaités d'un
maire
Source : Notre enquête de mars
2010
Nos enquêtes ont révélé que toutes
les personnes qui disaient être « satisfaites » de
l'action du maire étaient des personnes très proches du maire,
ayant ainsi l'opportunité de le rencontrer à n'importe quel
moment pour lui poser telle ou telle autre doléance. L'analyse de ce
graphique montre que plus de la moitie des personnes interrogées veut un
maire « gentil et à l'écoute » et, partant,
plus proche de la population. Lorsqu'une personne se sent
« proche » du maire, soit par le biais de sa profession ou
de son ethnie, cela semble influencer fortement le jugement qu'il pose sur
l'action du maire.
Aussi, les personnes qui ont qualifié le maire de
personnalité « distante », ont quant à elles,
toutes émis un « jugement » négatif sur la
pertinence, l'utilité ou encore l'efficacité de l'action du maire
dans la ville de Bertoua. Cela signifie que leurs propos laissaient
transparaître une espèce de frustration et de
« ras-le-bol » qui trouve sans doute sa justification dans
la non-prise en considération de leurs
intérêts propres.
Le maire est très souvent sollicité pour
régler les conflits les plus divers. Qu'il s'agisse d'un conflit
matrimonial ou d'une affaire de vol, on attend de lui qu'il agisse à la
fois en tant qu'agent de l'État et en tant qu'homme de la cité.
Ainsi, il est attendu de lui qu'il fasse prévaloir une gestion des
conflits répondant aux normes locales et tenant spécialement
compte de sa proximité sociale avec les personnes concernées. De
plus, le maire doit agir de manière à satisfaire, d'un
côté, l'exigence d'une justice conforme à ses standards et,
de l'autre, la demande populaire d'un règlement du conflit qui
garantisse les liens sociaux saufs et qui ne porte guère atteinte
à l'unité de la cité.
Mais, il convient de dire que les principes qui motivent
généralement le choix d'un maire par la communauté sont
essentiellement déterminés par les rôles que celle-ci
voudrait le voir assumer. De ce fait, les populations de Bertoua semblent faire
très souvent fi des exigences légales voire sociales du maire
pour exprimer leur besoin d'être écoutées. Il est vrai que
le maire se doit d'associer les populations à la prise des
décisions mais ces mêmes populations en ont une
compréhension quelquefois erronée. Elles estiment, ou du moins,
croient qu'associer à la décision signifie résoudre les
problèmes de la cite au cas par cas et donner ainsi satisfaction
à tous et à chacun. Elles ont donc quelquefois du mal à
cerner la notion d'intérêt général,
préconisant à défaut une approche plus personnalisante que
collective.
Par ailleurs, l'appartenance politique semble jouer un
rôle prépondérant dans l'appréciation du maire par
les populations. Ici, le parti politique apparaît comme un espace de
conflit qui déteint généralement sur les relations entre
le maire et la population. Le traitement des données relatives à
l'obédience politique de nos enquêtés nous a permis de
comprendre à quel point cet élément pouvait être
déterminant. Il en ressort effectivement que les populations qui ne sont
pas de la même obédience politique que le maire, arborent une
posture d'emblée défensive voire négative à tous
points de vue. « La commune constitue le niveau de base de la vie
politique. Les partis sont organisés d'abord au niveau communal (la
section) et le conseil municipal constitue le prolongement naturel d'un
engagement politique local (souvent les élus locaux constituent
l'ossature de base du parti)68(*) ». Il en va de même de la vie
associative : nombre de conseillers municipaux ne sont pas adhérents
d'un parti mais d'associations (parents d'élèves, associations de
quartiers, représentants de groupes d'intérêt) qui n'ont
d'existence qu'au niveau local même si elles appartiennent à des
mouvements nationaux. Pour toutes ces formes d'engagement, la commune
représente l'horizon indépassable69(*).
Il semble donc que les « différends
politiques » soient transposés sur la scène
« administrative », entrainant ainsi des
conséquences indéniables. Aussi, certains enquêtés,
politiquement proches des maires à Bertoua, nous ont avoué qu'ils
ne pouvaient en aucune occasion porter un jugement négatif sur l'action,
non plus de leur maire, mais de leur « camarade » au sens
politique du terme. Une telle affirmation jette évidemment le
discrédit sur l'objectivité de l'analyse des catégories
représentationnelles du maire dans la ville de Bertoua.
A la question posée de savoir pour quelles raisons, la
population adhère-t-elle aux
décisions du maire, de nombreuses personnes ont répondu
« J'adhère parce que c'est le maire et je n'ai pas
vraiment le choix vu que c'est nous qui l'avons voté ».
Ce genre de déclarations aide à se rendre compte que quelque part
encore, les populations gardent en vue la nature
« élective » du maire. A ce moment, c'est
l'autorité plus que le pouvoir qui se dessine en fond de toile et qui
« impose » une certaine conduite.
Quelquefois, l'appartenance ethnique nous a semblé
déterminante dans l'analyse de l'image que pouvaient avoir les
populations de Bertoua de leur maire. Car en réalité, les
entretiens ont laissé transparaître quelques
éléments permettant d'entrevoir que les populations de Bertoua
sont très sensibles à la question de l'appartenance ethnique des
représentants locaux. Ainsi, en ce qui concerne les mérites du
maire, les populations soulignent, outre sa mobilisation pour le
développement local, son enracinement dans la communauté. Cette
« qualité » semblait importante aux yeux de la
population car pour être son intermédiaire et son
« défenseur70(*) », il faudrait que le maire sache non
seulement communiquer efficacement mais aussi qu'il sache être un
porte-parole fidèle des aspirations de la communauté.
L'enracinement local du maire apparaît donc ainsi comme un gage de
proximité et donne en retour un quitus valable à la population
pour lui demander des comptes. Seulement, il faudrait relativiser cette analyse
à cause du caractère cosmopolite de la ville de Bertoua.
Au delà de ces éléments, non moins
importants, qui déterminent somme toute l'adhésion des
populations à l'action publique locale du maire, ce dernier doit en plus
mobiliser son capital sympathie et les forces locales pour promouvoir un
changement social.
Paragraphe 2. Du capital sympathie à la mobilisation
des forces locales
Sentiment d'appréciation partagé par les membres
d'une communauté donnée qui résulte des efforts soutenus
et à long terme pour bâtir et entretenir des relations de
confiance avec ses publics internes et externes, le capital sympathie est un
concept propre a la science du marketing. Cette démarche moderne
s'appuie notamment sur un packaging qui joue la carte de la marque qui se veut
très proche des clients pour se faire connaitre et se construire. Ce
sentiment d'appréciation, voire de complicité, peut aider une
organisation à mieux manoeuvrer face à ses concurrents et
à traverser des périodes difficiles et même des crises.
Rendue à notre étude, la notion de capital sympathie du maire
sera apparentée à l'opinion de la population vis-à-vis de
ce dernier et qui nécessite pour lui de tisser des liens avec les
« administrés », garantir une présence
rassurante, conviviale et veiller à la préservation et à
la promotion de son image pour permettre une adhésion des populations a
ses décisions.
En évoquant, justement, la question de l'image de
l'élu local, Alain FAURE affirme que : « le bilan sur
l'évolution des travaux de recherche concernant les élus locaux
montre que la rupture avec la connaissance spontanée permet sans doute,
plus que par le passé, une mise à distance avec certains poncifs
sociopolitiques sur la personnalisation du pouvoir, la politique politicienne,
la corruption clientéliste et les querelles clochemerlesques.71(*)». Ce qui permet de
comprendre qu'au delà de son statut d' « homme
d'Etat » et de sa posture publique, le maire, élu local, est
également un homme qui doit manager son image et les clichés qui
y sont attachés.
En effet, Alain FAURE souligne ainsi la
nécessité de considérer de façon véritable
la catégorie analytique que peuvent représenter les maires dans
la dynamique de la gouvernance territoriale. Cela découle effectivement
du constat selon lequel « on s'aperçoit (...) que les
élus locaux ne sont pas étudiés en tant que
catégorie d'analyse mais parce qu'ils constituent des terrains
féconds pour renouveler les travaux sur l'agencement des trois « i
» (les institutions, les idées, les intérêts) et de
bien d'autres encore (les idéologies, les identités, les
instruments...)»72(*). Dans le même ordre d'idées, un
questionnement survient sur l'opportunité de s'intéresser de
façon spécifique à l'élite locale dans la
décentralisation. C'est sans doute ce qui pousse Alain FAURE à
s'interroger en ces termes :
La décentralisation entraîne-t-elle, en
profondeur, une modi?cation des registres d'action publique et concourt-elle
à ce que certaines élites des grandes collectivités
locales imposent progressivement une représentation spéci?que des
problèmes collectifs et de leur traitement public ? Peut-on identi?er
des systèmes d'acteurs métropolitains ou régionaux qui
codi?ent le triangle entre la con?ance politique, le lien social et
l'efficacité publique ?73(*)
Pour que la population adhère donc véritablement
aux initiatives du maire, il doit être à même de
créer une dynamique de développement local. Pour ce faire, il
doit savoir interagir tant avec les instances supérieures de
l'État et les organisations internationales de développement
qu'avec les populations elles-mêmes. Il est attendu de lui qu'il soit
véritablement un « courtier local en
développement » au sens de Jean Pierre OLIVIER DE
SARDAN74(*). Il importe
donc que le maire soit une personne capable de rassembler et de mettre en
oeuvre toutes les forces de la cité qui sont à sa disposition. Il
doit de ce fait mobiliser les autres acteurs pour, avec eux, impulser une
véritable dynamique de développement. L'on comprend dès
lors pourquoi Jean-Baptiste LEGAVRE affirmait que :
Pour autant, ces maires, portant le même titre,
disposant des mêmes pouvoirs et appartenant à l'univers distinctif
des représentants de l'univers politique, exercent ce qu'il convient
d'appeler un « métier » dont toutes les facettes ne sont pas
identiques mais qui implique un socle commun. Appris « sur le tas »,
unissant des savoirs et savoir-faire divers et difficilement formalisables,
sortes de « bricolages » qui dépassent les clivages apparents,
ce métier a un fondement essentiel : la capacité à
gérer chaque jour des publics très
hétérogènes, des militants aux chefs d'entreprise, des
membres des associations aux responsables des écoles, des
électeurs aux étrangers, de sa propre majorité politique
à son opposition, de son personnel communal aux représentants de
l'Etat, etc.75(*)
La mobilisation des forces locales par le maire n'est pas un
luxe mais se pose comme une nécessité car elle emporte avec elle
de nombreuses conséquences plus importantes les unes que les autres. En
effet, responsabiliser l'usager, c'est assurer une régulation
contractuelle de la relation à celui-ci et développer une
relation participative fondée sur une citoyenneté pragmatique.
Les responsables locaux participent ainsi à la mise en oeuvre d'une
citoyenneté territorialisée appelée à prendre le
relais de la citoyenneté sociale et professionnelle émanant du
projet d'intégration universaliste porté par
l'État-Providence76(*).
On note, au passage, que la
participation pragmatique de l'usager se nourrit de son appartenance à
un territoire et à une microsociété. On voit ainsi se
dessiner une citoyenneté concrète, reposant sur la
capacité d'engagement subjectif dans la construction du lien social.
Cette expression citoyenne s'écarte de la vision classique, fondant la
citoyenneté sur la capacité de l'individu à s'affranchir
de sa dimension privée. Selon cette conception de la citoyenneté,
« l'individu est invité à oublier ce qu'il est et
d'où il vient pour pouvoir accomplir sa condition humaine de
citoyen77(*).
»
Par ailleurs, lors d'un entretien avec un maire de la ville de
Bertoua, il est apparu qu'au delà des préjugés, le maire
semble avoir conscience de tous les enjeux et challenges que pose la fonction
de maire au sein d'une collectivité. Le souci de satisfaire la
population semble à cet effet marquer les grandes lignes de sa
politique. Cependant, les populations ne semblent pas voir les efforts fournis
par le maire à Bertoua pour les satisfaire.
Section 2 : L'insatisfaction des populations :
résultat d'un sentiment de non-implication
Comme nous l'avons souligné plus haut, les populations
de Bertoua ne semblent pas satisfaites de l'action du maire. En
réalité, en plus de ne pas « voir » des
réalisations porteuses de changement social, elles estiment ne pas
être impliquées dans les décisions que prend le maire.
Pourtant, « l'institutionnalisation de l'action collective
correspond à un monde dans lequel la régulation ne relève
plus d'une solution unique et stabilisable, et où l'intégration
par le haut se fait mal ou peu alors qu'elle s'opère de plus en plus par
le bas78(*)».
Les revendications au sujet de la prise en compte du point de vue des
populations de Bertoua sont légion (paragraphe1). Le maire se trouve
ainsi plus ou moins en difficulté car il est à l'interface de
l'affirmation de son autorité et des aspirations des populations locales
(paragraphe 2).
Paragraphe 1. Des revendications des populations à la
prise en compte de leur point de
vue.
« Comment adhérer à une
décision alors qu'on ne nous a même pas demandé notre avis
avant de la prendre ? » nous répondait une
enquêtée. Il va sans dire qu'une partie de la population de
Bertoua se sent véritablement mise à l'écart en ce qui
concerne la gestion de leur cité. De cette impression, naît un
sentiment de frustration, voire de colère à l'endroit de
l'autorité municipale. Cette insatisfaction pourrait également se
voir justifiée à l'occasion d'autres raisons mais, seulement,
lors de nos enquêtes, l'absence d'implication des populations aux
décisions est la raison qui nous a été le plus souvent
donnée pour justifier cela. Jean-Baptiste LEGAVRE souligne à cet
effet qu' « une (...) énigme concerne le rapport des
élus locaux à leur électorat et la façon dont cette
relation in?ue (ou non) sur l'organisation des systèmes politiques
locaux et sur les prises de décision79(*) ». Trouver la solution à cette
énigme exige du maire qu'il sache faire jouer chaque partition pour
produire une mélodie du développement agréable à
« toutes les oreilles ».
Graphique 3: Sentiment d'implication des
populations
Source : Notre enquête de mars 2010
à Bertoua
Le sentiment de non implication des populations est encore
renforcé par l'apparence arbitraire des décisions du chef de
l'exécutif communal, qui ne semble chercher ni à construire ni
à s'appuyer sur un consensus local. Il semble pourtant inimaginable,
pour les maires que nous avons rencontrés, d'imposer une quelconque
décision à leurs « administrés ». Ils
semblent en effet bien conscients du fait que leur autorité
relève de la volonté populaire et que les attentes de la
population sont grandes tout autant que les incompréhensions sont
faciles. A s'y tenir, l'on pourrait affirmer avec Christophe ANTHOINE que
« le maire (...), par contre, veille, dans la mesure du possible,
à prendre des décisions consensuelles. Cela est dû à
[sa] situation, notamment à [son] profond enracinement local et au fait
qu'il est issu d'un choix collectif et public relevant lui-même d'une
volonté de consensus »80(*). Cela dit, les différentes plaintes
enregistrées des populations au sujet de leur désolation face
à leur non-implication, « nous permettent de mieux
comprendre pourquoi la population place de nombreux espoirs en ses maires, qui,
par leur proximité sociale, relèvent de son contrôle, et
guère dans la circonscription qui lui échappe
totalement »81(*).
De plus, la place prépondérante qu'occupent les
maires dans la dynamique de la décentralisation pose une
nécessité de responsabilité de leur part. Ils doivent en
effet faire preuve d'une capacité à conceptualiser et surtout
à reformuler les problèmes des populations afin de les inscrire
dans leur agenda. C'est ainsi que Alain FAURE estime que :
« le constat d'une démocratie qui serait plus «
différentielle82(*)
» avec la montée en puissance de la décentralisation
revient à faire l'hypothèse que les leaders politiques locaux
possèdent dorénavant une place privilégiée dans la
mise sur agenda des problèmes et même dans l'énoncé
des principes démocratiques qui codi?ent la production du bien
commun.83(*)».
Cette situation dans laquelle se trouve le maire est en partie
due à la reconfiguration de son rôle et de sa fonction. Bertrand
CASSAIGNE affirme à ce propos que, nouvelles, les écharpes le
sont puisqu'un nouveau mandat commence : les équipes en place ont
changé, parfois totalement, parfois seulement dans leur composition et
dans leur équilibre84(*). Les responsabilités sont réparties
différemment. Mais, surtout, c'est à une évolution dans le
rôle des élus que l'on assiste, une évolution des rapports
entre les habitants et leurs mandants. Il se trouve en rapport avec des
catégories d'acteurs très divers de sa commune : habitants des
quartiers, associations, « communautés »
étrangères, commerçants et entrepreneurs, enseignants et
parents d'élèves, services municipaux, etc. Il négocie ou
se concerte avec les représentants de l'Etat, les responsables
économiques, ceux des communes voisines ou du département. En
tout cela, il est chargé de représenter la commune, dans son
unité et sa diversité. Le maire a toujours été un
médiateur, proche des gens, de leurs attentes, chargé de faire
remonter leurs problèmes aux échelons supérieurs. Or son
rôle de gestionnaire s'accroît et il devient plus lointain. La
demande insistante exprime une démocratie renouvelée, plus
participative, souhaitant que les débats autour des grands projets ne
soient pas réservés aux techniciens et aux experts85(*).
Il faut dire que la communauté est conçue dans
le cursus politique comme le moyen de renforcer le leadership du maire86(*). Pour ce faire, il faut qu'il
soit une personnalité apte à rassembler et à
écouter ce que la population pense des projets
« forts » porteurs de développement de la
cité. Par ailleurs, l'autorité municipale peut sans doute
être à l'écoute de tout le monde mais elle ne saurait
donner satisfaction à toutes les revendications de ses
« administrés » surtout si elle décide de
faire jouer son autorité dans la prise des décisions.
Paragraphe 2. L'action du maire à l'interface de
l'affirmation de son autorité et des
aspirations des populations locales
Comme nous l'avons précisé aux paragraphes
précédents, la maire se trouve à califourchon entre
l'exercice de son autorité et la considération des avis de tous
ses administrés. Impliquer ou ne pas impliquer la population, telle est
la question. Il faut dire que les élus ne se pressent
généralement pas vers leurs administrés, notamment vers la
population jeune sinon que pour requérir leurs suffrages87(*). Entre ce qui est et ce qui
doit être, le fossé ne cesse d'être entretenu par ceux qui
sont mandatés par les citoyens et ces derniers le constatent chaque
jour. En particulier les jeunes qui semblent définitivement
fâchés avec les élus. A moins que ces derniers se
ressaisissent et s'occupent de cette catégorie de la population qui
représente l'avenir du pays88(*).
Dans de multiples domaines, les maires mettent les choses en
relation, ils fédèrent des partenaires. Cette fonction est
devenue tellement centrale qu'il ne faut pas s'étonner si beaucoup
d'élus hésitent à se représenter. Les
responsabilités sont considérables et les garanties juridiques
relativement faibles. Il faut réfléchir à une meilleure
séparation des pouvoirs et surtout à une meilleure
répartition des responsabilités entre les différents
niveaux de fonctions électives, et donc de collectivités
locales89(*).
Mais, seulement, à ce côté «
intégriste » de la représentation locale, qui affranchit
potentiellement les maires du contrôle démocratique, leur
immersion dans la population peut être présentée comme un
phénomène compensatoire. Certaines décisions
échappent évidemment et sans gêne à tout
contrôle des citoyens, si tant est que participation soit synonyme de
contrôle.
L'appel à la participation, plus, à
l'implication des populations à l'action publique du maire semble donc
ne pas constituer une obligation pour certains magistrats municipaux et pour
certaines décisions relevant du secret d'Etat. « Entre
consultation et concertation, cette forme d'appel à la participation
vise d'abord l'efficacité90(*) ». Cela signifie sans doute que la
visée principale, sinon première de la
« consultation » des populations pour parler de leur
implication à la prise des décisions serait l'amélioration
de l'efficacité de ladite action. Aussi, cela voudrait dire qu'en
l'absence d'un tel objectif, impliquer les populations reviendrait à
procéder à une opération vaine.
*
* *
Ce chapitre a permis de saisir la relation qui existe entre
l'image que se fait un individu du maire et sa participation à l'action
dudit maire. Plus qu'un lien direct entre représentations et pratiques,
l'on se rend compte que l'appréciation de l'action du maire est un
facteur déterminant de l'adhésion à ses décisions.
Cette appréciation, qu'elle soit positive ou négative, fait appel
au capital sympathie du maire et à sa capacité à mobiliser
les forces locales. Mais en plus, la présence ou non de
réalisations visibles susceptibles d'opérer un changement dans la
vie des populations est également importante.
Ce chapitre a aussi permis de voir comment les populations
sont insatisfaites car elles estiment ne pas être impliquées
à la prise des décisions. Il n'est cependant pas évident
pour un maire de tenir compte de toutes les revendications des populations. Il
se retrouve quelquefois à devoir choisir entre les plaintes et
revendications des populations et l'affirmation de son autorité. C'est
sans doute cette situation que Patrice DURAN évoquait lorsqu'il parlait
du « gestionnaire confronté à une situation de
choix difficile91(*) ». Toutefois, pour que le maire arrive
à gérer ce genre de situation, il faudrait qu'au
préalable, il existe un cadre réel de communication entre
l'administration municipale et les populations. Les relations entre ces deux
entités s'avèrent donc déterminantes et
intéressantes à porter à l'analyse afin de dégager
les implications véritables de la légitimité reconnue au
maire, acteur de proximité.
SECONDE PARTIE :
COMMUNICATION ET PARTICIPATION DES
POPULATIONS A L'ACTION PUBLIQUE LOCALE: LES DONNEES D'UNE LEGITIMITE
QUESTIONNEE
Pour être mise en oeuvre, la gouvernance locale suppose
la participation des populations à la prise des décisions. Le
dialogue entre le « haut » et le
« bas », tout autant que l'implication des populations aux
procédures de délibération, se présentent comme des
données fondant la légitimité du maire, qui se veut
désormais mise en question dans la ville de Bertoua. En tant que garant
du développement dans sa commune, le maire est censé jouer un
rôle de rassembleur et de fédérateur. Néanmoins, les
relations qu'il entretien avec les populations à Bertoua, permettent
d'observer un paradoxe (chapitre 3). Ainsi, les populations assimilent
l'autorité municipale, actrice centrale de la décentralisation,
à une autorité déconcentrée servant plus les
intérêts du gouvernement que ceux des populations. Cette situation
a des répercussions sur l'acceptation de ladite autorité et de
son action publique. Dès lors, les populations deviennent de plus en
plus méfiantes vis-à-vis du maire, ce qui entraine une crise de
sa légitimité. Leur perception de la fonction de maire semble
conférer une nouvelle légitimité du maire à Bertoua
(chapitre 4).
CHAPITRE 3
RELATIONS MAIRE-POPULATIONS A BERTOUA : LE
PARADOXE D'UNE EXPERIENCE FEDERATRICE
Le rôle de l'élu local est celui d'un
intermédiaire ou d'un médiateur qui établit une
communication dans son sens le plus large, entre différents segments ou
réseaux de la société locale.92(*)
L'analyse des modes d'interaction des populations de Bertoua
avec leur administration locale sous sa forme actuelle et de
l'appréhension qu'elles en ont nous instruit sur le contexte dans lequel
s'insère la gouvernance locale au quotidien. En effet, les relations qui
existent entre le maire et les populations sont très
déterminantes dans un contexte de décentralisation. Aussi, la
question des relations maire-populations à Bertoua présente le
paradoxe d'une expérience censée être
fédératrice et qui s'avère cependant séparatrice.
En effet, il existe une persistance des schèmes stato-centrés
dans la façon de concevoir la communication entre le maire et ses
populations (section 1) et les implications du manque de communication à
proprement parler sont grandes (section 2).
Section 1 : La « communication »
entre le maire et les populations : une persistance des
schèmes stato-centrés
Action ou fait de communiquer, d'établir une relation
avec autrui, de transmettre quelque chose à quelqu'un, ensemble des
moyens et techniques permettant la diffusion d'un message auprès d'une
audience plus ou moins vaste et hétérogène, action pour
quelqu'un, une entreprise d'informer et de promouvoir son activité
auprès du public, d'entretenir son image, par tout procédé
médiatique93(*), la
communication est tout un processus, un circuit mais plus un enjeu pour les
administrations. FALZON94(*) souligne à cet égard que « les
sujets, non seulement dialoguent pour coopérer (dans une tâche),
mais aussi qu'ils coopèrent pour dialoguer », surtout
qu'au-delà de la diversité des communes, au-delà d'un
rapport différent à leur mandat en fonction ou non d'une
stratégie de cumul, de l'inscription temporaire ou professionnelle dans
l'univers politique, ce qui unit tous les maires, c'est leur capacité
à dire le groupe dont ils sont issus et leurs efforts pour maintenir
cette capacité. L'objectif prioritaire des élus est de
conquérir ou de conserver le pouvoir politique95(*). Dans la mesure où le
maire, en ville surtout, est à la tête d'une administration
municipale, il est en position de convertir les demandes sociales en produits
de l'action municipale, d'assurer l'articulation entre ces deux univers. La
politique municipale fonctionne bien plus à « l'accommodation
» par rapport aux demandes individuelles que la politique gouvernementale
et l'on peut trouver dans cette proximité l'explication de
l'adaptabilité du gouvernement local96(*).
À cet égard, plutôt que
l'établissement de relations dans une optique de dépassement de
l'Etat centralisateur, les populations assimilent le maire à une
autorité déconcentrée aux attributs de puissance publique
(paragraphe 1) de même qu'il semble confiné à un rôle
très bureaucratique (paragraphe 2).
Paragraphe 1. Assimilation du maire à une
autorité déconcentrée aux attributs de
puissance publique
En tant qu'élu local, le maire est un acteur de
développement de proximité dans le processus de
décentralisation. Toutefois, les populations de la ville de Bertoua
l'assimilent à une autorité déconcentrée qui sert
plus les intérêts du gouvernement que ceux des populations. Ces
dernières le perçoivent, en effet, comme un prolongement de
l'Etat qui « agit pour le compte du chef de l'Etat97(*) ». C'est sans
doute la raison pour laquelle, Pierre Yves LE MEUR soulignait à cet
effet que ce projet potentiel de reconstruction de l'État, qui est
peut-être tout d'abord un projet de relégitimation, peut engendrer
des perceptions diverses informées par des mémoires historiques
différentes et dont aucune n'est plus « vraie » que
les autres. Ainsi, vu du village, c'est une forme de recentralisation qui
semble se profiler, source de dépossession de parcelles de pouvoir
autant que d'une possible instrumentalisation politique des arènes
villageoises. En particulier, la définition de l'échelon
communal, souvent très - trop? - vaste, pose problème98(*).
En réalité, cette inclinaison des populations se
fonde sur de nombreux éléments notamment l'existence de la
tutelle99(*) de l'Etat sur
les collectivités locales et la difficile autonomie financière
desdites collectivités. Dans le principe, la tutelle de l'Etat sur les
Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD)
appartient au Ministre de l'Administration Territoriale et de la
Décentralisation (MINATD), mais de larges prérogatives sont
dévolues dans ce domaine aux autorités
déconcentrées, dans l'esprit des dispositions de la loi du 18
Janvier 1996, une intervention du président de la République est
toujours possible. Les pouvoirs de tutelle sont exercés par le MINATD
et, sous son contrôle, par les gouverneurs et les préfets. A cet effet, tout acte pris par les gouverneurs ou les
préfets dans le cadre de l'exercice de la tutelle est
immédiatement adressé au MINATD. Celui-ci dispose, à
l'échelle centrale, pour l'assister dans l'exercice de cette mission,
d'une direction des CTD. Les autorités de tutelle sont
généralement investies en plus d'une mission permanente
d'assistance, de coordination, d'information et de contrôle auprès
des CTD et établissements communaux.
D'une manière générale, la tutelle porte
en même temps sur les personnes et sur les actes. A l'égard des
personnes, les autorités de tutelle disposent réellement d'un
pouvoir de sanction sur les magistrats municipaux. Le MINATD constate
l'élection du conseil municipal, du maire et de ses adjoints. Il
détient, en outre, le pouvoir d'annuler une élection en cas
d'irrégularité dans le déroulement du scrutin et de
désigner un intérimaire, parmi les cinq conseillers les plus
âgés jusqu'à l'élection du nouveau maire. La tutelle
sur les actes consiste, quant à elle, en l'approbation préalable,
la substitution ou l'annulation des actes des magistrats et des conseils
municipaux suivant un régime également déterminé
par la loi.
Les populations se plaignent de la prégnance du
« gouvernement » et de son ingérence poussée
dans la gestion des affaires locales. En effet, la loi n°90 /057 du 19
décembre 1990 modifiant et complétant les dispositions de la loi
n°74/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale dispose
à son article 90 que l'ensemble de la comptabilité des communes
est tenue à la disposition des organismes de contrôle de l'Etat.
Ces contrôles revêtent plusieurs formes entre autres, le
contrôle des commissaires aux comptes, le contrôle des audits
indépendants, les contrôles réciproques de l'ordonnateur
comptable, les contrôles juridictionnels.
Toutefois, de nombreux actes des organes de la commune
subissent un contrôle a priori ou a posteriori des différentes
administrations. L'« hégémonie » de
l'autorité administrative continue à trop se faire ressentir.
Nous avons, par exemple, les interventions du Ministère du
Développement urbain et de l'habitat (MINDUH), les autorisations
préalables à obtenir du Ministère du Domaine et des
Affaires Foncières (MINDAF) avant toute aliénation du domaine
privé communal et l'utilisation du domaine public communal, les
contrôles des administrations chargées des forêts sur les
initiatives des municipalités pour se doter d'un patrimoine forestier.
Adopter un pareil raisonnement, c'est faire fi des autres aspects de la
question reformulés en interrogations par Jean Pierre Oliver DE SARDAN
en ces termes :
Quelles fonctions étatiques seront assurées
par les nouvelles collectivités locales, et comment ?
Pourront-elles mieux contrôler la violence et arbitrer les
conflits ? Seront-elles à même de produire des normes et
régulations locales légitimes et reconnues dans la pratique par
la majorité des acteurs ? Les classes politiques locales
reproduiront-elles au niveau des villages ou des quartiers, grâce
à la décentralisation, la culture politique nationale, en la
diffusant "en bas" (partidisme, néo-patrimonialisme, corruption, etc.),
ou s'en démarqueront-elles ?100(*)
Plus qu'un simple agent de l'Etat, le maire est
considéré comme une « puissance publique » et
pour cause, certains actes et activités précis que le maire peut
accomplir au quotidien dans le cadre de ses fonctions. Plus
généralement, les populations évoquent la question des
croix de saint André101(*), les interdictions d'emplacement, la
délivrance des permis de bâtir ou encore les constructions
d'infrastructures, tous accompagnés d'attributs de puissance publique.
Au final, le régime actuel détermine considérablement
l'autonomie des CTD et ne cadre pas toujours avec l'esprit de
libre-administration et d'autonomie financière consacré par les
textes. La publication de nouvelles lois sur la décentralisation permet
bel et bien de clarifier la chose. Il s'est agi, pour le législateur, de
donner une vision plus claire du processus de décentralisation
territoriale en votant un ensemble de textes qui définissent ce qui est
appelé la « nouvelle décentralisation » au Cameroun. A
cause de cette empreinte quasi indélébile, la tutelle marque une
dimension fortement politique de la mairie. Mais au delà, le maire
semble confiné à un rôle très bureaucratique.
Paragraphe 2. Dimension politique de la mairie et confinement
du maire à un rôle
bureaucratique
Parce qu'il existe toutes ces interférences entre le
maire et le gouvernement, le travail du maire prend une coloration très
politique que les populations ne comprennent et n'apprécient
généralement pas. Pourtant, « les collectivités
locales créées ou en cours de création n'apparaissent pas
sur des terrains neutres, mais dans des arènes de pouvoir
marquées par différentes dynamiques organisationnelles102(*)». Cette dimension
a priori « conflictuelle » met en lumière une
superposition des différentes sphères de la société
si bien que Marion PAOLETTI soutient que :
La représentation politique locale est peu conforme
aux standards qui permettent de qualifier un régime de
démocratique. Non seulement on y voit la confusion des pouvoirs
exécutif et délibératif sur la personne du maire, la
monopolisation de pouvoirs importants, la position d'infériorité,
qualitative et quantitative, faite aux oppositions, mais force est de constater
que les tentatives pour institutionnaliser la participation des habitants sont
restées fortement neutralisées103(*).
Nombreuses sont les personnes qui nous ont confié lors
des entretiens que le maire est une personne externe au groupe.
« Il passe son temps à faire les discours. Il ne
connaît pas les réalités des populations »
disent-elles. Cette situation trouve une justification dans la
prépondérance des tâches administratives attribuées
au maire, notamment la signature des actes et copies d'actes de naissance, de
mariage, de décès, l'établissement des permis de
bâtir, la rédaction de rapports aux autorités de tutelle.
Le maire doit, en effet, gérer les « affaires de la
cité » et n'a pas, de ce fait, toujours le temps de se faire
des amis au sein de la population. Cette dernière voudrait, en effet,
que le maire passe constamment dans les quartiers pour surveiller par
lui-même l'évolution de tel ou tel autre chantier ou encore pour
s'enquérir de la situation de chacun de ses administrés. Cette
tâche n'est pas aisée quand elle n'est tout simplement pas
possible.
En outre, le maire est une personnalité qui jouit de
plusieurs casquettes qui lui imposent d'être en alerte en ce qui concerne
les usages qui peuvent être faits du contexte par le régime en
place. On peut donc affirmer avec BAKO-ARIFARI que :
L'articulation du global et du local en passant par le
national et le régional (à la fois comme échelles
géographiques et instances de pouvoir) procède par des paradoxes
(des trajectoires particularistes, centrifuges à priori, identitaires,
ethniques, religieuses, etc.) et exclut tout apriorisme catégorique et
toute perspective unilatérale. Il existe plusieurs voies possibles et
tout dépend des contextes, des enjeux du moment et des stratégies
d'acteurs. Ces analyses macrosociologiques parfois éloignées de
la thématique de la décentralisation permettent d'entrevoir
néanmoins certains des usages des politiques de décentralisation
par les différents régimes au pouvoir.104(*).
Mais, au-delà, c'est surtout l'absence
de communication entre le maire et les populations qui les pousse à
avoir une telle vision des choses. Les gens ont l'impression que leur destin se
décide dans les bureaux sans qu'ils en soient informés. Il n'en
demeure pas moins qu'un effort reste à faire pour fournir aux
populations une information qui soit à la fois complète,
détaillée et accessible, c'est- à-dire
compréhensible par l'ensemble de la population. De ce point de vue, il
sera peut-être nécessaire de partager une information plus
personnalisée, qui tiendra compte, d'une part, des
réalités propres au public auquel elles s'adressent et, d'autre
part, des modes d'intelligibilité et des schémas
interprétatifs avec lesquels il les recevra105(*). Quoiqu'il en soit,
l'absence d'un plan de communication bien établi et respecté a
des implications sur le degré de participation des populations à
l'action publique locale du maire à Bertoua.
Section 2 : Les implications des stratégies
« communicatives » sur la dimension
participative de l'action locale
Les implications des stratégies de communication sur la
dimension participative de l'action locale, si tant est qu'il en existe,
s'apprécient au regard d'une absence de plateforme d'échange avec
les populations (paragraphe 1) et de la « distance » qui
caractérise les relations entre le maire et sa base électorale
(paragraphe 2).
Paragraphe 1. L'absence de plateformes d'expression et
d'échange avec les populations :
un frein à la participation
Dans une dynamique de décentralisation, la
participation des citoyens à la vie communale peut être
appréciée comme un droit de citoyen en termes de droit de regard
sur la vie communale parce qu'il n'y a pas de démocratie si le citoyen
à la base ne peut jouir de sa liberté de pensée et de
participation. La communication permet au citoyen de la
commune d'apprécier ses élus sur leur manière de
gérer le patrimoine communal, de connaître le niveau
d'évolution de la commune, de connaître les actions quotidiennes
menées par les élus, de participer et de contribuer au
développement de la commune connaissant les atouts et les faiblesses de
leur commune.
En tant que telle, la communication constitue pour l'individu,
une excellente motivation en ce sens qu'elle suscite chez lui un sentiment
d'appartenance, d'être aimé, d'être écouté,
d'être compris et de faire partie d'un groupe, celui de la
communauté ou de la collectivité. La communication nourrit chez
l'individu l'égo et lui donne le sentiment d'être utile et d'avoir
de la valeur. Comme l'affirme Michel le NET, la
communication sur le plan local a deux valeurs : d'abord, elle
s'intéresse au citoyen en l'entretenant des faits et projets, en lui
rendant compte et ou en sollicitant son avis ; ensuite, elle associe le
citoyen aux prises de décisions. Sa participation à
l'élaboration de tous les projets impliquant la cité est un
impératif fonctionnel.
On peut dire que la communication stimule et favorise la
participation. En offrant le sentiment d'appartenir à un cercle dans
lequel l'information circule librement, le citoyen se sent plus en confiance et
plus a même d'émettre des idées voire de faire des
suggestions. En ce qui concerne par exemple la recherche d'une solution ou d'un
compromis pour remédier à une situation précise, il faut
procéder à une concertation qui entraîne la participation
de tous. Or, à Bertoua, les populations disent avoir la volonté
de collaborer avec l'autorité municipale mais ne disposent pas des
moyens adéquats pour le faire. En l'absence de plateforme permettant un
échange d'idées entre maire et population, il y a un risque de
rejet ou, pour le moins d'indifférence. Le rôle de la
communication est de promouvoir les projets, de rendre simples et lisibles les
processus de décisions et de réalisations extrêmement
complexes, tout en organisant une écoute active qui permet d'entendre
les questions, de les reformuler et de donner les moyens d'associer les
citoyens. Lorsqu'il n'existe pas de moyen d'expression, soit pour le maire,
soit pour la population, ou que le maire se trouve être distant de sa
base électorale, l'accompagnement de l'évolution du rapport des
citoyens avec la commune ne suit pas.
Paragraphe 2. Une autorité élue distante de sa
base électorale
Le maire est une autorité élue. Pour
accéder à son poste, il entreprend une campagne électorale
visant à faire adhérer le maximum de personnes au projet de
société qu'il présente. Pendant cette campagne, il
présente les grandes lignes dudit projet entraînant ainsi
promesses et engagements. Une fois élu, le maire se doit de prendre en
main le développement de la localité en tenant compte des
différences, voire des divergences qu'il rencontre au sein de la
population car l'élu local (...) est un médiateur, à la
fois un arbitre et un intermédiaire. Au sein de communes rurales,
où l'interconnaissance entre les habitants est le plus sûr
fondement d'une démocratie communautaire, des élus, non
professionnels, jouissent de la disponibilité et de la confiance de
chacun106(*).
Seulement, pour mener à bien ses missions, il doit
être proche de ses « administrés » afin de les
faire participer à son action locale. On sait que
« l'idée de participation n'est jamais très
éloignée d'une autre question très actuelle dans nos
démocraties qui est celle d'une nécessaire
proximité entre l'élu et le citoyen. Ce terme de
proximité, connoté positivement, rarement défini mais
grâce auquel les vertus redécouvertes du local permettraient de
renouer avec la pureté d'un modèle démocratique original
ou originel, alimente fréquemment un discours d'autolégitimation
de l'élu» 107(*). Cependant, cette organisation
démocratique et cette proximité dans l'action avec les personnes
qui y vivent sont rendues possibles par la dimension modeste du territoire
formé par la communauté de communes et ne sont pas
forcément envisageables à une échelle plus large108(*) tant il est que la
participation permet d'avoir plus de richesse et de diversité dans les
idées, et plus de moyens d'agir109(*).
Nous avons recueilli les « impressions »
des populations de Bertoua au sujet de la proximité qui existe entre
leur autorité municipale et elles. Le traitement de cette donnée
nous a permis de constater que le maire est perçu comme étant
très distant de sa base électorale. Nombreux sont ceux qui
estiment que le maire devrait toujours se référer à ceux
qui l'ont promu à ce poste pour prendre des décisions et
satisfaire aux engagements issus des promesses de la période de
campagne. La représentation graphique qui suit présente la
perception de la proximité du maire par les populations de la ville de
Bertoua.
Graphique 4: Perception de la proximité du
maire par les populations de la ville de Bertoua
Source : Notre enquête de mars
2010.
Si la communication est un facteur de participation citoyenne
alors que cette dernière est une condition importante à la
gouvernance au niveau local, on peut donc dire que la communication est un
véritable élément sans lequel le développement ne
saurait être réel. La Charte des
paysans élaborée lors de la Conférence Mondiale sur
la réforme agraire et le Développement qui s'est tenue à
Rome en 1979 précise notamment que la compréhension et la
prise en compte des problèmes et des potentialités du monde
rural, l'amélioration des interactions entre les agents de
développement et la population à travers un système de
communication performant, voilà les conditions préalables
à la réussite de toute stratégie de développement
rural110(*). En
outre, les objectifs de développement, les modalités et le rythme
de sa mise en oeuvre, ses chances de durabilité seront essentiellement
déterminés par le niveau d'engagement et de participation de la
population ainsi que sa capacité à acquérir et à
mettre en pratique des compétences ou des savoirs nouveaux.
Dès lors, les élus n'ont de cesse de
créer les conditions d'un sentiment d'appartenance, sentiment qui permet
à la population de se sentir solidaire vis-à-vis de l'action du
maire en ce qui concerne l'amélioration des conditions de vie.
« Ils ne s'emploient pas seulement à
répondre aux préoccupations quotidiennes des habitants mais aussi
à nouer des contacts avec eux et à
trouver un « liant » qui permette à la fois
d'exister entre soi et de manifester au-dehors que (qui) l'on est. C'est dans
la participation de ses habitants à des actions porteuses d'une
dimension symbolique (patrimoniales ou culturelles) que les élus
cherchent à enclencher un processus d'identification, une appropriation
de l'espace commun dont le capital symbolique originel est faible111(*). »
Devant l'imagination dont les élus font quelquefois
preuve pour oeuvrer à une transformation sociale, faut-il être
résolument optimiste, avec Alain FAURE, et penser que la structure
même de l'intercommunalité changera les manières de faire ?
Ou bien rester prudent, avec François POULLE et Yves GORGEU, les auteurs
de l'Essai sur l'urbanité rurale, et penser que les aspirations
à plus de démocratie au niveau local comme au niveau national
seront toujours le fait d'une minorité ?112(*)
Quoiqu'il en soit, la volonté de traiter l'usager comme
un partenaire apparaît comme le point d'aboutissement de la
professionnalisation de la relation à l'usager. On en attend pas moins
qu'il se comporte en partenaire, c'est-à-dire en consommateur
responsable, conformément d'ailleurs à l'éthique
défendue par le consumérisme. On
voit ainsi germer l'idée de remplacer ou de compléter la relation
réglementaire usager/service public par une relation de type
contractuel, c'est-à-dire une relation reposant sur un engagement
mutuel113(*).
En suggérant la contractualisation114(*) de la relation avec
l'usager, on convoque ce que Jean-Pierre GAUDIN115(*) appelle l'imaginaire
politique du contrat, reposant sur la croyance d'un accord fondé sur la
volonté et le libre engagement des parties. Le contrat aurait plus de
légitimité à fonder l'action publique qu'un principe
transcendant, car portant en lui la promesse d'un rapport plus juste. Selon
cette vision idéalisante et désincarnée, le glissement
vers une forme de relation contractuelle serait par ailleurs source de
liberté. C'est oublier la force contraignante du contrat. D'abord, parce
que l'usager est souvent invité à y adhérer sans avoir
participé à son écriture. Ensuite, et plus largement,
parce que l'objectif du contrat, qu'il ait une valeur juridique ou simplement
symbolique, est de créer un lien qui engage les partenaires pour
rétablir la confiance116(*).
Pareille situation pousse à penser à la mise sur
pied d'un nouveau modèle de participation qui serait plus
réaliste. L'usager se veut un partenaire d'une relation donnée
comme équilibrée. Mais, cet usager l'est également
simplement en vertu de son statut de citoyen. Parallèlement, la
relation partenariale établie avec l'usager semble prendre un tour plus
ouvert avec l'apparition d'une participation pragmatique, largement
suscitée et organisée par les responsables locaux. Les
élus ne peuvent plus faire passer leurs projets d'aménagement
tout seuls, il est essentiel que la population puisse se les
approprier117(*). On
attribue ainsi à la participation pragmatique la vertu de
désamorcer la critique publique.
*
* *
Ancrage des relations entre le maire et les populations, la
communication nécessite quelques prérequis pour s'installer. Il
semble cependant se profiler une persistance des schèmes
stato-centrés. En effet, les populations de Bertoua assimilent le maire
à une autorité déconcentrée aux attributs de
puissance publique et le confinent à un rôle essentiellement
« bureaucratique ». Pour elles, la dimension politique que
revêt la fonction de maire prend le pas sur sa vocation sociale voire
humaine. Ainsi, la proximité qui est censée être la
caractéristique principale du maire est mise à mal dans la mesure
où les populations considèrent que le maire « est
toujours dans ses bureaux à travailler, non pas pour le peuple, mais
pour l'Etat ».
Dans le même ordre d'idées, cette absence de
communication semble avoir des conséquences notables sur la
participation des populations. Ces dernières se plaignent notamment de
l'absence de plateformes d'expression et d'échange pouvant permettre
l'exposé des besoins et la concertation. Il convient de préciser
à cet égard que le maire est élu sur la base de sa
proximité et son sentiment d'appartenance, mais durant son mandat ces
éléments ne constituent plus forcement une ligne de conduite. Le
maire est, de ce fait, considéré comme une autorité
distante de sa base électorale, ce d'autant plus que plus de la
moitie118(*) des
personnes enquêtées ont affirmé que le maire à
Bertoua est distant de sa population. Cet état des choses jette le
discrédit sur la figure du maire dont la légitimité tend
à s'effriter. Au final, l'on se rend compte que la communication est un
aspect essentiel sur lequel il faudrait sans aucun doute que l'administration
municipale mette un accent particulier pour rassurer sa
légitimité. Mais cela suffit-il à enrayer la crise de
confiance qui se profile à l'horizon ?
CHAPITRE 4
FIGURE DU MAIRE ET « IMAGINAIRE »
POPULAIRE : VERS UNE NOUVELLE LEGITIMITE DU MAIRE A BERTOUA ?
La légitimité de la gouvernance [locale]
(...) renvoie au sentiment de la population que le pouvoir politique et
administratif est exercé par les bonnes personnes, (...). Cette
adhésion profonde de la population (...) à la manière dont
elle est gouvernée est une dimension essentielle de la gouvernance. Pour
durer celle-ci ne peut jamais, quelque soit l'autoritarisme d'un régime
et l'importance des moyens répressifs à sa disposition, s'imposer
par la contrainte ; elle doit rencontrer dans le coeur de la
société un minimum d'écho et d'adhésion.119(*)
La légitimité du maire se fonde dans la
reconnaissance des populations qui l'ont porté à cette fonction.
L'univers municipal, nous l'avons vu, s'est professionnalisé, l'action
publique se recompose et de nouveaux acteurs pénètrent la
scène municipale. Néanmoins, la méconnaissance du maire
par les populations de la ville de Bertoua et leurs plaintes au sujet de la
prise en compte de leurs points de vue conduisent à la naissance d'une
crise de la confiance. Dans un contexte relatif de désenchantement
à l'égard du personnel politique, le maire à Bertoua
apparaît comme un acteur local délégitimé (section
1). De ce fait, la place qu'il occupe et son importance dans
l' «imaginaire populaire» s'en trouvent
considérablement relativisées voire réduites (section
2).
Section 1 : La figure du maire à Bertoua :
un acteur local délégitimé
Bien que les attributions du maire soient définies par
une loi, il reste une autorité élue. Par conséquent, il
tient son autorité et sa légitimité d'action de la
reconnaissance et de l'acceptation des populations. Cela suppose donc
l'établissement d'une relation de confiance dans laquelle chacun donne
du sien. Chantal BELOMO120(*) ne dit pas le contraire en précisant
que « la non allégeance, l'indifférence, ou
la revanche citoyenne, à l'égard de l'Etat impriment sa
banalisation tandis que sa légitimité et sa souveraineté
tendent à s'effriter 121(*)». L'analyse des propos des
enquêtés laisse penser qu'il se profile une crise de la
participation et de la confiance des populations en la personne du maire
à Bertoua (paragraphe 1) entrainant de fait une compromission de la
légitimité du maire (paragraphe 2).
Paragraphe 1. De la crise de la participation des populations
à une crise de confiance
en la personne du maire
La gouvernance locale, entendue comme partage du pouvoir,
suppose une participation de tous à la prise de décisions. Dans
le cadre de l'action du maire pour promouvoir le développement de
« sa » cité, la participation des populations
revêt une importance capitale car elle permet de créer un climat
de dialogue et de négociation. Seulement, la courbe de la
« cote de popularité » du maire à Bertoua est
décroissante. Les populations se plaignent et revendiquent d'être
entendues.
Parce ce qu'elles se sentent exclues de toute initiative, les
populations font de moins en moins confiance au maire. « Je ne
vois pas à quoi sert le maire dans cette ville »,
« On ne reconnait pas le maire qu'on a élu. Nous votons mais
une fois élu, le maire travaille seul sans collaboration avec les
populations », nous confiaient des enquêtées. Cela
entraine un manque de participation des citoyens aux décisions sur
lesquelles ils ont l'impression de n'avoir aucune prise. La participation, et
l'impression de pouvoir exercer une influence quelconque, ne surviennent que
ponctuellement, principalement à l'occasion des élections
municipales. Entre les promesses alléchantes et l'état actuel des
choses, les désillusions sont notables et les populations sont
confuses.
Le maire est censé être élu de
manière libre et transparente. Cependant il en existe qui usent de voies
et moyens peu démocratiques voire frauduleuses soit pour accéder
à cette fonction soit pour s'y maintenir. Ce qui crée un certain
malaise au sein de la population. On pourrait dès lors analyser
l'ampleur des dysfonctionnements institutionnels en les replaçant dans
la crise globale de la légitimité du pouvoir. Dans le même
ordre d'idées, la crise de confiance en la personne du maire et la crise
de la participation des populations sont liées. La gouvernance locale
implique la participation active des citoyens qui peut prendre
différentes formes. Les citoyens participent au processus de
désignation des représentants élus durant les
périodes électorales. Même s'il n'est pas question que tout
le monde donne son point de vue par rapport à une question
donnée, il est tout de même souhaitable que les personnes
concernées par une politique soient associées à son
élaboration. La participation ne se confine pas uniquement aux processus
de désignation des dirigeants mais suppose également une certaine
adhésion.
Effectivement, Claude-Ernest KIAMBA122(*) montre que le
problème est celui des difficiles rapports entre la capacité de
l'élite dirigeante à pouvoir recourir à
l'ingénierie institutionnelle, c'est-à-dire la possibilité
qu'elle a de développer à de degrés divers toute une
série de technologies susceptibles de résoudre les conflits
nés de la complexité sociale et la manière dont ces
actions sont perçues par les populations. La légitimité
des élites politiques au pouvoir est fonction de leur capacité
à amener les populations civiles à adhérer à leurs
pratiques de gestion des affaires publiques ainsi que des initiatives en
matière de développement.
Ce qui épuise largement le contenu de la notion de
légalité comme l'indique le rapport dressé par la
Fondation Charles Léopold Mayer sur les principes de gouvernance au
21ème siècle123(*) car, si la légalité a un contenu
objectif, la légitimité, elle, relève plus de la
subjectivité en tant qu'elle connote un sentiment personnel
d'adhésion à quelque chose. Par ailleurs, Olivier LEBRAUD
affirme, en parlant des figures du maire, que :
Il convient de remarquer que l'attraction vers le
« métier » de maire - à tous égards si
particulier - ne se distribue pas aléatoirement mais selon les
caractéristiques sociales des individus. Bien que l'on puisse
reconnaître dans les faits une multitude de parcours, l'aspiration
à exercer ce type de fonctions n'est considérée comme
légitime que si l'intéressé dispose de ressources
mobilisables à cet effet (notoriété, implantation
familiale ou dans les affaires locales, etc.). Ainsi, l'analyse sociologique
permet de déconstruire l'image imposée par le droit d'une
possibilité d'égal accès de tous à la fonction de
maire, remettant par là même en question l'idéal de
démocratie locale qu'elle incarne124(*).
« On parle de lutte contre la pauvreté
mais je crois que les maires à Bertoua aggravent plutôt cette
pauvreté là ». Cette affirmation d'un jeune homme
que nous avons interrogé est porteuse d'un sens caché profond qui
traduit effectivement l'état d'esprit des populations de Bertoua
vis-à-vis de l'action du maire. Aussi, ces mêmes personnes
estiment que les maires dans cette ville se préoccupent plus de la
perception des impôts que des infrastructures. Mais en plus, si les
populations se sentent « abusées », c'est parce
qu'elles ont l'impression que l'autorité municipale s'enrichit sur leur
dos en s'accaparant, à titre personnel, les ressources qui sont
censées aller à destination des populations.
Nous avons posé aux enquêtés la question
de savoir s'ils aimaient leur maire, non pas forcement pour savoir quel type
d'affection sentimentale ils éprouvaient à son égard, mais
pour comprendre les logiques dans lesquelles ils se situent. Une personne qui
nous a dit qu'il n'aime pas son maire, nous a permis de comprendre, à
l'analyse de ses motivations, qu'elle se situait dans une logique de prudence
voire de méfiance vis-à-vis de l'autorité municipale. Le
recensement et le traitement des différentes réponses obtenues
pour cette question nous a permis de comprendre qu'en définitive, le
maire semble ne pas être, ou du moins, plus, accepté des
populations. Le graphique ci-dessous nous donne un aperçu
général des proportions de l'état d'esprit de la
population en ce qui concerne le maire et nous permet ainsi de comprendre
l'adhésion de la population à l'action locale à travers la
catégorie discursive « j'aime le maire/je n'aime pas le
maire »
Graphique 5: Répartition des populations en
fonction de leur « amour » du maire
Source : Notre enquête de mars 2010
La lecture de ce graphique fait ressortir un paradoxe. Compte
tenu des multiples plaintes enregistrées, l'on s'attendrait à ce
que la proportion de personnes qui « n'aiment pas » le
maire soit supérieure à celle qui dit
l'« aimer ». Mais, c'est le constat inverse qui est
frappant. Dans un contexte de pauvreté ambiante, les gens ont
finalement, non plus seulement envie, mais besoin de s'appuyer sur une
personnalité haute qui portera leurs revendications.
Il est vrai qu'en poussant la discussion avec ces mêmes
personnes, l'on se rend vite compte qu'elles « n'ont pas le
choix » parce qu'elles ont peur. Une gérante de call box
affirmait d'ailleurs : « Est-ce que le maire c'est mon
mari pour que je l'aime ou pas ? S'il fait bien son travail,
j'apprécierai sinon je n'apprécierai pas. Et puis même,
est-ce que j'ai vraiment le choix ? Si je manifeste, le maire peut me
faire chasser de cette place donc j'accepte aussi ». Cette
déclaration, à la tournure linguistique très
familière, nous renseigne pourtant à ce propos. Effectivement,
à la question posée de savoir pourquoi les populations
adhèrent-elles aux décisions et suivent-elles les recommandations
du maire, nous avons entendu des réponses telles que :
«parce que la loi c'est la loi. Tu obéis, tu es libre, tu
n'obéis pas tu es en prison » ou encore « tout
simplement parce que ses décisions et recommandations sont
obligatoires ». Il semblerait donc que le sentiment de
contrainte, d'obligation ait pris le pas sur l'adhésion volontaire.
Une indication est donnée à ce sujet par Chantal
BELOMO qui affirme que « les crises de légitimité
et de confiance du citoyen à l'égard de l'Etat découlent
de l'incapacité de celui-ci à assurer normalement ses fonctions
(...), ceci amène le citoyen à en avoir une certaine perception,
d'où la remise en cause de l'autorité établie125(*) ». En
établissant un parallèle avec l'échelon local, l'on se
doute bien que l'effritement de la légitimité du maire à
Bertoua provient d'une absence de réalisations ou d'un changement dans
la vie des citoyens qui, pourtant, ont « placé leurs espoirs
en lui » par l'acte de vote. Il faut dire que cette crise de
confiance qui s'installe entre le maire et ses administrés n'est pas
« innocente » et la légitimité du maire se trouve
souvent compromise à cause de ses propres agissements.
Paragraphe 2. La compromission de la légitimité
du maire
La légitimité du maire se trouve aujourd'hui
compromise alors même qu'il est un élu local et qu'en tant que
tel, il a besoin de se savoir reconnu et surtout accepté des
populations. De cette acceptation, découle le fondement même de
son action visant à promouvoir un développement sur le plan
local.
Cependant, la perte de légitimité est
liée à une incapacité à mettre en place de
véritables dispositifs susceptibles de contribuer à la bonne
gouvernance des affaires publiques126(*). Il est, désormais, requis qu'un pouvoir,
pour peu qu'il soit légitime, devrait d'abord justifier de sa
capacité à bien gérer les affaires publiques dans
l'intérêt général comme l'indique une fois de plus
le Rapport de la Fondation Mayer en ces termes :
L'efficacité de la gouvernance et sa
légitimité se renforcent ou se dégradent mutuellement.
(...), [l'autorité] n'est pas respectée si [elle] apparaît
inefficace ou corrompu[e]. Comment défendre l'idée d'une action
publique renforcée si celle qui existe est jugée inefficace,
conduite dans l'intérêt d'une minorité sans réel
souci du bien commun ou si l'État impose des réponses à
des questions qu'il n'a pas comprises. Comment plaider pour l'action publique
si l'administration est perçue comme peuplée de fonctionnaires au
mieux bornés, au pire paresseux, incompétents et
corrompus ?127(*)
La gouvernance, vue sous cet angle, aide à comprendre
la « perte » de légitimité des gouvernements
africains au début des années 90 qui a été mise
à mal à cause des pratiques de gestion conduisant à la
criminalisation de l'État ou à sa privatisation128(*). Il s'agit de pratiques de
gouvernement qui démontrent de la gestion scabreuse et hasardeuse des
affaires publiques notamment la corruption et le clientélisme qui leur
avait été reprochées par les populations civiles et les
bailleurs de fonds tant nationaux qu'étrangers. De même, à
Bertoua, ces pratiques jettent le discrédit sur la
« qualité » de l'action du maire au sein de la
« communauté ». Fait social avéré,
échange de bons procédés et de positions sociales,
promesses, offres et dons pour obtenir des faveurs ou avantages, la corruption
revêt un caractère particulier et complexe sur le plan local en
ceci qu'elle trouve, dans une certaine mesure, son fondement dans les pratiques
de dons et de remerciements qui avaient cours dans l'Afrique traditionnelle. Un
parallèle établi entre la notion de corruption et celle de
gestion de la chose publique permet de comprendre de quelle manière
cette pratique entache la légitimité du maire à
Bertoua.
Il faut également rappeler que « le
néo-patrimonialisme est un sous-produit d'une conjoncture historique
spécifique qui aboutit à une combinaison particulière de
normes bureaucratiques et patrimoniales contradictoires129(*) ». Selon Jean
François MEDARD130(*), l'absence de distinction entre les domaines public
et privé entraîne deux conséquences à savoir :
la personnalisation du pouvoir et un mode particulier d'accumulation des
ressources qui intéresse particulièrement notre analyse. Le maire
apparait comme une personnalité à la fois politique et
économique. De cette indifférenciation, il résulte que les
ressources économiques de la commune sont transformées en
ressources politiques, et les ressources politiques en ressources
économiques.
Par ailleurs, les pratiques de corruption ou encore de
« politique du ventre » au sens de Jean François
BAYART131(*) impliquent
une construction de réseaux se structurant dans
l'inégalité. Ainsi, les maires sont considérés
comme des personnalités qui s'enrichissent par le biais de
l'accumulation des richesses « sur le dos » de la commune.
Les populations de la ville de Bertoua vont jusqu'à préciser
qu'il vaudrait mieux que ce soient des riches hommes d'affaires qui soient
« promus » à la fonction de maire. La justification
de ce souhait est que ceux-ci ne seront pas tentés de puiser dans les
ressources de la commune mais pourraient, à l'inverse, se servir de
leurs ressources privées pour servir la commune.
Au delà, la question du favoritisme est très
marquante dans l'administration communale et dans les propos des populations de
la ville de Bertoua. En effet, il est reproché aux maires de recruter
leurs proches pour des postes clés dans l'administration communale. Il
en résulte un manque de professionnalisme voire une incompétence
de la part des agents. C'est, sans doute, ce constat qui a poussé FOUDA
ONGODO, CISSE et CAPIEZ à affirmer que « si les
autorités décentralisées n'incarnent pas, par leur
comportement, un pouvoir local crédible (légitime), si elles
n'adoptent pas des comportements éthiques à la base du
fonctionnement du service public, s'il n'y a pas transparence au niveau de la
gestion des collectivités locales, si l'accès reste limité
à l'information dans les communes, si la pratique de la corruption est
de règle dans les mairies urbaines et si les élus locaux sont
moins impliqués dans les activités locales et la recherche du
bien-être des populations, il y a de forts risques d'assister à
des blocages insurmontables pouvant conduire à l'échec de la
décentralisation132(*). ». Le débat sur la
décentralisation s'en trouve donc enrichi.
Certes, la décentralisation, concept historiquement
et géographiquement situé, peut rester un pur produit
d'importation, greffon rejeté par la société
réceptrice, mais on sait bien que les phénomènes
d'hybridation, d'appropriation de toute intervention exogène sont quasi
instantanément activés (...). Elle peut aussi n'être qu'une
technologie institutionnelle de bonne gouvernance, mais là encore, le
milieu d'accueil n'est pas inerte et la politique fait rapidement son chemin
(...). En résumé, le problème n'est pas tant de
décentraliser un État centralisé que de reconstruire sur
des bases démocratiques et décentralisées, un Etat
profondément affaibli par son héritage néopatrimonial et
l'entreprise de destruction néolibérale133(*).
En plus de la
« délégitimation » enclenchée et
progressive du maire dans la ville de Bertoua, de nouveaux acteurs entrent en
scène et questionnent, par ricochet, la place ou l'importance du maire
pour le développement local qui semble relativisée.
Section 2 : La place du maire dans l'imaginaire
populaire : une importance relativisée
Avec le processus de « rejet » du maire
par les populations, sa place se trouve rapidement mise en difficulté.
Dans le cadre de la mise en oeuvre de projets de développement
territoriaux, l'essentiel des interactions se base sur le partage du pouvoir.
Si d'un point de vue généraliste et abstrait, ce système
relationnel engage des acteurs vers une action formellement identique, celle du
développement socio-économique, cela ne signifie pas pour autant
que les possibilités d'action sont les mêmes pour tous, ni
même que les choix stratégiques et les actions effectives
seront identiques ou collectivement cohérentes134(*).
En plus du fait que les populations ne se reconnaissent plus
dans leur maire, elles ne voient également pas des réalisations
susceptibles de contenter leur satisfaction. Alors, elles remettent en question
la valeur même du maire pour le développement de la cité.
Aurélie SIERRA et Nathalie
LEWIS pensent, ainsi, qu'« il importe de revenir
à l'importance de la notion d'espace/temps dans la conception que l'on
doit avoir de tout système (la gouvernance en tant que système
politique, le territoire en tant que système d'action concret)135(*)». Le recours au
maire par les populations se veut donc, désormais, très ponctuel
(paragraphe 1) alors même que l'entreprise individuelle se trouve
dynamisée (paragraphe 2).
Paragraphe 1. Vers un recours ponctuel des populations au
maire
Nous avons vu comment se mettaient en oeuvre les relations
entre le maire et les populations et il a, ainsi, été
donné de constater qu'au milieu de ses multiples occupations, l'un des
moments où le citoyen ordinaire rencontre quasi aisément le
maire, c'est lors d'un besoin de signature rapide.
Il faut reconnaitre que :
« Les élus locaux doivent concilier des
rôles et des contraintes plus hétérogènes. [Mais]
doit-on dans ce cas admettre l'avènement de nouvelles figures
d'élus, comme semble en témoigner une succession d'expressions
utilisées depuis quelques années («l'élu
animateur», «l'élu entrepreneur», «l'élu
manager»)? Peut-on distinguer clairement des pratiques «
passées » et « récentes » ? Ne doit-on pas
imaginer une actualisation de registres d'action?136(*) ».
En réalité, les populations de la ville de
Bertoua évitent de plus en plus d'avoir à faire aux maires. Les
données que nous avons recueillies sur le terrain nous ont permis de
dresser le graphique suivant qui nous donne une lecture du niveau de
satisfaction des populations à l'endroit du travail du maire.
Graphique 6: Satisfaction des populations vis-à
-vis du travail du maire
Source : Notre enquête de mars 2010.
Les déclarations des populations jettent le
discrédit sur le rôle et la place, presque magnifiés, du
maire dans la gouvernance locale. Ce graphique présente l'état,
mieux, le degré de satisfaction des populations de Bertoua par rapport
au travail global du maire. Il permet de se rendre compte que la grande
majorité de ces populations est insatisfaite du travail du maire. Les
raisons évoquées sont presque identiques et la plus
récurrente est qu' « on ne voit pas ce que le maire fait.
Il sait seulement poursuivre les gens en route pour payer les taxes mais il
fait quoi avec ?137(*) ». C'est en ces termes que
s'exprimait un quadragénaire que nous avons interrogé. Ces
déclarations sont, à certains égards, semblables à
ce que les enquêtés de Chantal BELOMO lui ont rapporté et
qu'elle a retranscrit en écrivant « une paysanne nous répond
avec véhémence « ils sont là ils
construisent les gratte-ciels pendant que nous mangeons nos intestins138(*) ».
Le maire semble ne plus être à même de
jouer de façon pleine son rôle de rassembleur en tant
qu'élu de proximité. C'est sans doute la raison pour laquelle
Sylvie MALSAN affirme qu'« entre recherche de
rééquilibrage des politiques publiques et constitution de
territoires de proximité, (...) on pourrait dire que l'
élu
local
ne représente plus idéalement la totalité indivisible du
territoire national139(*)». Tout ceci traduit en quelque sorte
« l'injustice et l'inégalité qui ne peuvent fonder
la démocratie et la viabilité d'une société selon
la pensée de Rousseau140(*) ».
Mais, à coté de ces personnes qui sont
insatisfaites du maire à Bertoua, il en existe qui se disent
satisfaites, voire fières, du travail du maire dans la ville. Pour ces
personnes, rien ne peut être parfait et il importe de ne regarder que le
bon coté des choses. Un jeune commerçant ambulant déclare
« les gens bavardent et sabotent le maire ici dehors mais ils ne
voient pas qu'il n'a pas tous les moyens qu'il devrait avoir » et son
« collègue » d'ajouter « qu'est ce qui
prouve même qu'il a tout l'argent qu'il demande ? ».
Cela signifie que la population, du moins une partie de celle-ci, est capable
de mettre ses besoins entre parenthèses pour s'interroger un instant sur
les moyens dont dispose le maire. Cette question fait l'objet de nombreuses
polémiques et il serait impertinent d'arriver directement à la
conclusion d'après laquelle le maire n'est pas important à
Bertoua car la majorité de la population n'est pas satisfaite de son
travail.
Au sujet de l'importance du maire, nous avons posé la
question aux populations de Bertoua de savoir si elles pensaient pouvoir vivre
sans maire (voir annexe 1). Les réponses ont été, souvent,
surprenantes mais intéressantes à l'analyse. Nous avons
répertorié et classé les réponses dans deux
catégories, à savoir « important » et
« pas important » dont le graphique ci-dessous nous donne
lecture.
Graphique 7: Perception de l'importance du
maire
Source : Notre enquête de mars 2010.
La lecture de ce graphique sur l'importance du maire aide
à saisir la place véritable que les populations accordent au
final au maire à Bertoua. A la question posée de savoir s'il
était possible de vivre sans maire, plus de la moitie de la population,
soit 69% a répondu par la négative. Cet état des choses
semble pour le moins paradoxal dans la mesure où ces mêmes
populations continuent à se plaindre en disant, notamment, que le maire
ne faisait rien de visible, sinon que s'enrichir sur le dos des pauvres gens.
Les raisons évoquées pour justifier leurs réponses sont
nombreuses. A l'analyse, l'on se rend compte que, mêmes si elles se
plaignent, les populations de Bertoua savent reconnaitre que le maire a sa
partition à jouer. Il est vrai que certaines personnes nous ont
confié que « le chef de quartier est mieux que le
maire », mais par la suite ces mêmes personnes
reconnaissent que le maire incarne la loi et l'autorité dans la ville.
« On ne peut pas vivre sans ordre et il est à ce poste
parce que nous l'y avons porté » reconnaissait une
enquêtée en parlant du maire.
Toutefois, il importe de considérer que de nombreuses
personnes à Bertoua estiment que la gestion serait meilleure si le maire
travaillait en collaboration avec tous les autres acteurs émergeants
tout en favorisant et en encourageant l'entreprise individuelle.
Paragraphe 2. Le dynamisme de l'entreprise individuelle en
dehors de toute initiative du
maire ou « l'ouverture du jeu collectif141(*) »
La fonction de maire, nous l'avons vu, se trouve aux confins
de nombreuses exigences et sollicitations. De fait, le maire est une
personnalité qui gère des pressions venant de toute part et qui
doit, dans le même temps, promouvoir le développement de sa
commune. Mais il faut dire que la fonction de maire se complexifie et se
professionnalise de plus en plus. L'on parle même déjà du
« métier » de maire car il requiert de plus en plus
des compétences non plus uniquement de conciliateur, mais aussi de
gestionnaire, de manager. D'une façon plus générale, le
détachement progressif de l'intervention presque exclusive du maire dans
la gouvernance locale traduit une ouverture de l'Etat à d'autres
sphères d'action, ce qui lui permet, non seulement, de diversifier ses
champs d'intervention, mais aussi, d'innover dans la façon de penser
l'action publique locale. Patrice DURAN ne disait pas le contraire en affirmant
que « l'Etat n'est plus conçu comme une entité
homogène et monolithique mais apparaît constitué comme
« une pluralité d'agences et de niveaux d'action, (...) un
univers fragmenté en de multiples systèmes d'action dont les
modalités d'intégration partielles et locales rendent
difficilement pensable une quelconque régulation
centralisée142(*) ». Eu égard au contexte local
de la gestion des affaires publiques, l'on comprend que le maire doive partager
son pouvoir avec des acteurs autres.
Pour ce faire, il doit composer avec d'autres acteurs pour
satisfaire aux exigences de la gouvernance locale. Le maire représente
une instance d'écoute et de facilitation du dialogue avec toutes les
composantes de la commune. L'on comprend ainsi que les transformations de la
fonction de l'élu rencontrent un mouvement de fond qui traverse les
collectivités locales. Trois dimensions, en particulier, sont
significatives et susceptibles de façonner un autre visage des
politiques, plus encore un « médiateur » du vivre ensemble :
la création d'instances de concertation et de débat parmi les
habitants, l'inscription des communes dans un maillage local et
régional, l'élargissement des relations entre le politique et les
autres instances de la société civile143(*).
Le développement local n'est pas le monopole exclusif
du maire. Des initiatives privées permettent de poursuivre les
mêmes objectifs. Un enquêté nous a d'ailleurs
déclaré qu' «il existe d'autres structures telles que
les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui font très bien le
travail du maire ». Le maire se trouve à devoir, et souvent,
à vouloir, travailler avec les acteurs de la société
civile pour assurer un développement plus à même de
répondre aux besoins de la population. C'est la raison pour laquelle
Djribril DIOP écrit que :
Il est indispensable aujourd'hui, pour mieux cadrer avec
cette dynamique où personne ne se semble responsable de rien et pour
rendre la gestion des collectivités locales plus saine, de revoir le
statut de l'élu local en matière de responsabilisation. En effet,
au moment où l'on note de plus en plus d'intervenants et la
montée d'une certaine « société civile » locale,
il devient fondamental que cet acteur important dans le processus
décentralisation puisse jouir d'une reconnaissance et une
circonscription de ses responsabilités plus conforme à son
rôle et à sa mission.144(*)
En tenant compte de ces nouvelles exigences qui poussent le
maire à se réinventer chaque jour, il importe désormais de
repenser véritablement la figure du maire. A travers ces diverses
évolutions se dessine un nouveau visage de l'élu : bon
gestionnaire ou organisateur, il n'est plus tout puissant, il dialogue et
devient homme ou femme de relations : impliqué dans de multiples
instances et dossiers, il connaît les personnes, il suscite les
rencontres, il fédère les habitants, parvient à rendre
compte de l'avancée des projets et à communiquer. Sa figure se
détache ainsi de celle du « magistrat » pour se rapprocher de
celle du « médiateur »145(*). Ces différentes casquettes que porte le
maire dans la ville de Bertoua le poussent à reconsidérer l'image
qu'il reflète auprès, non seulement de ses électeurs, mais
aussi de ses collaborateurs.
La professionnalisation semble devenir une exigence qui pourra
servir à lutter contre le favoritisme décrié par les
populations. Les agents municipaux confrontés à
l'émergence de ces nouvelles contraintes développent un
modèle nouveau de gestion des affaires de la commune. L'acceptation du
partage de pouvoir avec d'autres entités est d'autant plus important
qu'a côté de la rigidité et de la fragmentation de la
construction étatique, la fonction publique territoriale a su construire
un modèle d'une plus grande souplesse. On voit ainsi apparaître
une fonction publique de métiers correspondant à une
professionnalisation renforcée et à une meilleure adaptation aux
missions de service public146(*).
Désormais, la viabilité et le réalisme
d'un projet municipal ne se mesurent plus seulement à l'échelle
de la commune. Ils impliquent la prise en compte des territoires voisins et une
vision plus globale, dont la région apparaît comme la bonne
mesure. La tâche n'en est pas simplifiée. L'option prise pour
l'intercommunalité (plutôt que la réduction du nombre des
communes) peut conduire à une superposition de structures, si ce n'est
à une opacité et une moindre participation des habitants. Ceci
implique de la part de l'élu un élargissement du regard, une
capacité à fédérer ou à relayer des
initiatives dont certaines ont pu trouver leur origine en dehors du territoire
de la commune147(*).
*
* *
A l'issue de ce chapitre, on peut comprendre que la
légitimité du maire à Bertoua est en pleine refondation.
De la crise de la participation des populations à une crise de confiance
en la personne de l'élu local, la légitimité du maire est
compromise. Bien que le maire soit une autorité élue, et partant,
issue de la volonté du peuple, les populations ne se reconnaissent plus
en lui. Sa place et son importance en prennent un coup car un minimum de 39% de
la population pense qu'on peut vivre sans maire car il n'est
« finalement pas si important que ça ».
Néanmoins, un paradoxe est à noter. Même si les populations
de Bertoua se disent insatisfaites du travail du maire et que quelques unes
d'entre elles n'en veuillent plus, la majorité d'entre ces populations
(61%) reconnaissent que le maire représente l'ordre et la loi dont a
besoin toute organisation sociale et que le maire ne peut ne pas être.
Les plus humbles réussissent d'ailleurs à avouer que
« c'est nous-mêmes qui l'avons
porté à ce poste », reconnaissant ainsi leur part
de responsabilité dans la gestion du maire. Un accent particulier est
cependant mis sur la nécessité, pour le maire, de collaborer avec
la population et d'encourager l'entreprise individuelle. Considérer
l'autre comme un partenaire et un atout plutôt que comme un ennemi
à détruire à tout prix semble donc être le mot
d'ordre des populations à l'endroit des maires.
CONCLUSION GENERALE
La présente étude ambitionnait la
compréhension de la problématique de la gouvernance locale dans
la Région de l'Est-Cameroun à travers l'analyse de la perception
du maire par les populations de la ville de Bertoua. Cette région est,
en effet, considérée comme l'une des plus
sous-développées, à cause de son enclavement et de la
mauvaise gestion des ressources qui la caractérisent. Dans le même
temps, le maire est considéré comme l'acteur central, voire
incontournable de la gouvernance locale compte tenu de sa proximité avec
la population. Cependant, au delà de la littérature sur la
participation de la population a la gestion des affaires locales, l'on ne s'est
pas beaucoup intéressé à ce que pense ladite population de
l'autorité locale qu'est le maire et de son action publique locale. La
question centrale était de voir, comment la perception du maire par les
populations de la ville de Bertoua favorise-t-elle leur adhésion
à l'action publique locale ?
Pour répondre à une telle interrogation, une
hypothèse principale et deux hypothèses secondaires nous ont paru
nécessaires. Ainsi, l'adhésion et la participation des
populations de la ville de Bertoua à l'action publique locale
dépendent fortement de la perception qu'elles ont du maire.
Subséquemment, plus le maire est un personnage proche des populations,
plus celles-ci adhèrent à son action en s'attachant, notamment,
à ses qualités personnelles, mais aussi, plus l'action de la
commune touche les réalités des populations, plus elles se
sentent poussées à s'y impliquer.
Ce travail, conçu sous l'estampille de
l'interactionnisme symbolique et de la théorie des
représentations sociales, a permis d'examiner la relation qui se
développe entre le maire et les populations pour comprendre, au final,
l'impact qu'elle pouvait avoir sur l'adhésion des populations à
l'action publique locale. L'étude a également permis de saisir
des éléments tels que le code de communication entre maires
et populations, la façon avec laquelle les populations de Bertoua
définissent ensemble les différents aspects d'un vécu
quotidien et, surtout, comment elles se positionnent dans leur environnement
afin de le maîtriser.
Pour ce faire, il a été démontré,
dans une partie première, que le maire est une autorité dont les
attributions sont définies par des textes juridiques. Cette
définition pré et post- décentralisation effective, a
dévoilé une reconfiguration juridique des attributions du maire.
Ainsi, il acquiert plus d'autonomie et se voit confier une mission de promotion
du développement dans sa circonscription. La première partie a,
de ce fait, permis de comprendre que la proximité du maire semble se
limiter à une proximité purement géographique puisque les
populations ne connaissent pas le maire et considèrent qu'il n'est pas
proche d'elles. Aussi, plus qu'un lien direct et logique entre
représentations et pratiques, l'appréciation de l'action du maire
est apparue comme un facteur déterminant de l'adhésion à
ses décisions. Cette appréciation, positive ou non, fait appel au
capital sympathie du maire et à sa capacité à mobiliser
les forces locales. Comprendre la dyade maire-population a donc supposé
de considérer la satisfaction des populations en ce qui concerne leur
implication, mieux, leur participation à la prise des décisions.
Cela suppose également de pouvoir prendre en considération les
contraintes qu'imposent les diverses facettes de la fonction de maire. En
effet, il n'est pas toujours aisé, pour un maire, de tenir compte de
toutes les revendications des populations. Le « choix
difficile148(*) » prend tout son sens lorsqu'il est,
désormais, question d'intérêt général et
c'est la raison pour laquelle penser et établir un cadre de
communication suffisamment intégratif entre l'administration municipale
et les populations se pose comme une nécessité.
A cet effet, la seconde partie de l'étude a permis de
saisir la communication et l'implication des citoyens à l'action
publique locale comme des données d'une légitimité
questionnée. L'analyse de la communication entre maire et population, a
laissé se profiler une persistance des schèmes
stato-centrés. En effet, le maire à Bertoua est assimilé
à une autorité déconcentrée aux attributs de
puissance publique et la dimension politique du maire enjoint une attitude de
« rejet » de l'autorité municipale par les
populations. Dans le même ordre d'idées, cet état des
choses entraine des effets sur l'adhésion voire la reconnaissance de
l'action publique locale. Les populations qui se plaignent principalement, de
l'absence de plateformes d'expression et de concertation, considèrent le
maire comme une autorité distante de « sa » base,
base qui l'a pourtant porté à cette fonction par l'expression de
son vote. Par ailleurs, cette partie de l'étude a permis d'envisager
les populations dans une situation, sinon de philosophie de la méfiance,
tout au moins de crise de la confiance en l'élu local qu'est le maire.
La légitimité de ce dernier s'est trouvée être en
pleine refondation. Bien que le maire soit une autorité élue et,
partant, issue de la volonté du peuple, les populations semblent ne plus
se reconnaitre en lui.
Cet état de fait aura permis de confirmer les
hypothèses de travail que nous avons émises au début de
cette recherche. On serait tenté dès à présent de
penser que la faute revient entièrement au maire qui n'associe pas
la population au processus de décision et d'opter illico pour
la conclusion selon laquelle le maire n'est pas important puisque les
populations ne font que s'en plaindre. Il reste, toutefois, comme le souligne
Chantal BELOMO en analysant la perception de l'Etat camerounais par le citoyen,
que « quelque soit la perception que le citoyen (fut-il vendeur
ou paysan) peut avoir à son [l'Etat] égard, elle ne peut
altérer en rien le fait qu'il demeure une constance irremplaçable
et irréductible de la société...149(*)». Ceci pour dire
que, malgré les reproches qui lui sont faits, le maire est une
autorité dont a besoin la population car elle est, ne serait-ce que de
façon supposée, la mieux placée pour entendre et
gérer les besoins des populations. Il reste qu'un accent particulier est
à mettre sur la nécessité, pour le maire, de collaborer
avec la population et d'encourager l'entreprise des autres acteurs du
développement.
Au terme de nos recherches nous ne saurions, toutefois,
prétendre avoir exploré toutes les questions que pose la
perception du maire par les populations de la ville de Bertoua. La place du
Délégué du Gouvernement, super-maire, le rôle des
autorités déconcentrées, les stratégies du maire en
tant qu'acteur politique ou même la psychologie de l'acteur municipal,
sont autant de questions qui n'intéressent, certes, pas notre objet
d'étude de façon directe, mais qui pourraient faire l'objet de
travaux futurs. Nous espérons que cette étude, malgré ses
imperfections ou à cause d'elles, inspirera à d'autres le
désir d'explorer ces pistes de recherche.
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participation est-elle toujours argumentée par un besoin de plus de
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V. WAECHTER-LARRONDO, « Quel modèle de relation
entre l'organisation municipale et l'usager-citoyen depuis la
décentralisation ? », Flux 2/2002, N° 48-49,
pp. 7-19.
Y. COLMOU, « Les collectivités locales : un
autre modèle », Pouvoirs 2/2006, N° 117, 10 pages.
IV.
Etudes et Rapports
B. TCHOUMBA, DSRP au Cameroun : état des lieux
et portes d'entrée pour la prise en compte des préoccupations des
Peuples indigènes et tribaux, Rapport final, Projet PRO 169, 2007,
60 pages.
Equipe du système des Nations Unies en RCA, Bilan
commun de pays (CCA), la République centrafricaine face aux défis
de la pauvreté, de la bonne gouvernance et de la démocratie,
BBA, Bangui, 2001, 80 pages.
P. BARDHAN, La gestion des affaires publiques au service
du développement. Une approche par l'économie politique,
Etudes du Centre de développement de l'OCDE, Paris, 1997, 106
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1998, Yaoundé, Cameroun, Janvier 1999, IX-100 pages.
PNUD, Rapport mondial sur le développement humain
2002, « Approfondir la démocratie dans un monde
fragmenté », De Boeck Université, Bruxelles, 2002, 277
pages.
T. AYEVA, B. JEAN (Sous la dir. de), « Gouvernance
locale et renforcement des capacités. Quelques pistes de
réflexion pour un développement territorial durable des
collectivités rurales », Rapport de recherche No 3, Centre de
recherche sur le développement territorial (CRDT), 2003, 49 pages.
V.
Thèses, mémoires et cours
C. BELOMO, cours de Corruption, Etat et
développement, Master 1 Gouvernance et Politiques publiques,
Université Catholique d'Afrique Centrale, 2008-2009, 18 pages.
C. E. KIAMBA, cours de Politique africaine, Master 1
Gouvernance et Politiques publiques, Université Catholique d'Afrique
Centrale, 2008-2009, 54 pages.
J. R.
KEUDJEU DE KEUDJEU, « La problématique du contrôle de
l'Etat sur les collectivités territoriales décentralisées
au regard de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 »,
mémoire de DEA, Université de Douala Cameroun, 2008, disponible
sur
http://www.memoireonline.com/08/09/2490/La-problematique-du-contrle-de-lEtat-sur-les-collectivites-territoriales-decentralisees-au-re.html.
S. ANGO MENGUE, L'Est-Cameroun : une
géographie de sous-peuplement et de marginalisation, thèse
de Doctorat 3e cycle en géographie, université de
Bordeaux III, 1982, 626 pages.
VI. Textes juridiques
§
Constitution de la République du Cameroun du 18 Janvier 1996.
§ Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant
orientation de la décentralisation au Cameroun
§ Loi n° 2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les
règles applicables aux régions
§ Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les
règles applicables aux communes
§ Loi No 62/2/COR du 1er mars 1967 portant
organisation communale du Cameroun
ANNEXES
Annexe no 1 : Guide d'entretien
des populations
Etude portant sur la perception de la fonction de maire
par les populations de la ville de Bertoua.
Identification
Age
Sexe
Profession
Ethnie
Niveau d'études
Parti politique
I. Connaissance du maire
1. Combien de mairies ya t-il a Bertoua ?
2. Connaissez-vous les maires de la ville de Bertoua ?
3. D'après vous, qu'est-ce qu'un maire doit
faire ?
II. Perception des actions menées par les
maires
4. Pensez vous qu'on peut facilement aborder les maires
de Bertoua?
5. Est-ce qu'ils entretiennent de bonnes relations avec les
populations ?
6. Si oui, quels types de relation ?
a. Amitié ?
b. Famille ?
c. Profession ?
d. Aucune ?
1. A votre avis, les maires de Bertoua font-ils bien leur
travail ? Pourquoi ?
2. Quels sont, d'après vous, les
aspects délaissés?
3. A votre avis, ont-ils le droit d'être à ces
postes ou doivent-ils être remplacés ? Pourquoi ?
4. Etes-vous toujours d'accord avec les décisions
prises par les maires ? Pourquoi ?
5. Pensez-vous que les maires de Bertoua connaissent les
réalités des populations ?
6. A votre avis, les populations sont-elles impliquées
dans la prise de décisions les concernant ?
7. Si oui, par quels moyens ?
8. A votre avis, comment doit être un maire ?
Gentil et à l'écoute des problèmes de tout le monde
ou alors ferme et autoritaire ?
9. Aimez-vous votre maire ?
10. Si vous n'aimez pas un maire, allez-vous mettre en
pratique ses décisions ?
11. Pourquoi suivez-vous les recommandations des
maires ?
12. Pensez vous qu'on pourrait vivre sans maire ?
Pourquoi ?
13. Êtes-vous satisfaits du travail que font les maires
de Bertoua ?
14. Quelles sont vos propositions et suggestions pou
améliorer le travail des maires ?
15. Si vous étiez à la place des maires de
Bertoua, que feriez-vous ? Pourquoi ?
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
I
REMERCIEMENTS
II
LISTE DES SIGLES
III
LISTE DES GRAPHIQUES
IV
SOMMAIRE
V
INTRODUCTION GENERALE
5
I. Contexte de l'étude
5
II. Délimitation de
l'étude
5
1. Délimitation
spatiale
5
2. Délimitation
temporelle
5
3. Délimitation
matérielle
5
III. Définition des concepts
5
IV. Intérêt de
l'étude
5
1. Intérêt social
5
2. Intérêt scientifique
5
V. Revue de littérature
5
VI. Problématique
5
VII. Hypothèses
5
VIII. Cadre méthodologique
5
1. Grilles d'analyse des données
5
2. Techniques de collecte de données
et échantillon
5
PREMIERE PARTIE :
PROXIMITE DU MAIRE ET ADHESION DES POPULATIONS A
L'ACTION LOCALE
5
CHAPITRE 1 :
CONNAISSANCE DU MAIRE ET DE SES ATTRIBUTIONS PAR
LES POPULATIONS
5
Section 1 : Des attributions consacrées
par les textes
5
Paragraphe 1. Consécration textuelle avant
la décentralisation
5
Paragraphe 2. Décentralisation et
reconfiguration juridique de l'autorité du maire
5
Section 2 : Le maire à Bertoua :
une autorité méconnue des populations
5
Paragraphe 1. Une personnalité publique
dépourvue de notoriété
5
Paragraphe 2. Une personnalité publique
à rôle diffus
5
CHAPITRE 2 :
IMAGE DU MAIRE ET GESTION PARTICIPATIVE DE
L'ACTION PUBLIQUE LOCALE
5
Section 1 : L'appréciation de l'action
du maire comme facteur d'adhésion à ses décisions
5
Paragraphe 1. Les déterminants de
l'appréciation de l'action du maire
5
Paragraphe 2. Du capital sympathie à la
mobilisation des forces locales
5
Section 2 : L'insatisfaction des
populations : résultat d'un sentiment de non-implication
5
Paragraphe 1. Des revendications des populations
à la prise en compte
5
de leur point de vue
5
Paragraphe 2. L'action du maire à
l'interface de l'affirmation de son autorité et des
5
aspirations des populations locales
5
SECONDE PARTIE :
COMMUNICATION ET PARTICIPATION DES POPULATIONS A
L'ACTION PUBLIQUE LOCALE: LES DONNEES D'UNE LEGITIMITE QUESTIONNEE
5
CHAPITRE 3 :
RELATIONS MAIRE-POPULATIONS A BERTOUA: LE PARADOXE
D'UNE EXPERIENCE FEDERATRICE
5
Section 1 : La
« communication » entre le maire et les populations :
une persistance des
5
schèmes stato-centrés
5
Paragraphe 1. Assimilation du maire à une
autorité déconcentrée aux attributs de
5
puissance publique
5
Paragraphe 2. Dimension politique de la mairie et
confinement du maire à un rôle
5
bureaucratique
5
Section 2 : Les implications des
stratégies « communicatives » sur la dimension
5
participative de l'action locale
5
Paragraphe 1. L'absence de plateformes d'expression
et d'échange avec les populations :
un frein à la participation
5
Paragraphe 2. Une autorité élue
distante de sa base électorale
5
CHAPITRE 4 :
FIGURE DU MAIRE ET
« IMAGINAIRE » POPULAIRE : VERS UNE NOUVELLE
LEGITIMITE DU MAIRE A BERTOUA ?
5
Section 1 : La figure du maire à
Bertoua : un acteur local délégitimé
5
Paragraphe 1. De la crise de la participation des
populations à une crise de confiance
en la personne du maire
5
Paragraphe 2. La compromission de la
légitimité du maire
5
Section 2 : La place du maire dans
l'imaginaire populaire : une importance relativisée
5
Paragraphe 1. Vers un recours ponctuel des
populations au maire
5
Paragraphe 2. Le dynamisme de l'entreprise
individuelle en dehors de toute initiative du
maire ou « l'ouverture du jeu
collectif »
5
CONCLUSION GENERALE
5
BIBLIOGRAPHIE
5
I. Recueils et dictionnaires
5
II. Ouvrages
5
III. Articles
5
IV. Etudes et Rapports
5
V. Thèses, mémoires et cours
5
VI. Textes juridiques
5
ANNEXES
E
* 1 A. KONARE,
Éditorial. Décentralisation, Journal d'information et de
réflexion sur la décentralisation, Bamako, 1994, p.1,
cité par B. BÉRIDOGO, « Processus de
décentralisation et pluralité de logiques des acteurs au
Mali », in Décentralisation et pouvoirs en Afrique,
ouvrage issu du colloque international Pouvoir et décentralisations
en Afrique et en Europe, Bamako, 11-13 novembre 2002, IRD éditions,
collection Colloques et séminaires, Paris, 2006, p.212.
* 2 P. LONCLE et A. ROUYER,
« La participation des usagers : un enjeu de l'action publique locale
», in Revue Française des Affaires sociales 4/2004,
N° 4, pp. 133-154.
* 3 T. AYEVA, B. JEAN (Sous
la dir. de), « Gouvernance locale et renforcement des
capacités. Quelques pistes de réflexion pour un
développement territorial durable des collectivités
rurales », Rapport de recherche No 3, Centre de recherche sur le
développement territorial (CRDT), 2003, p.18.
* 4 J. FELIX,
« L'élaboration de la politique de décentralisation au
Mali : des logiques plurielles », in Bulletin de l'APAD, No
11, 1998, p. 140.
* 5 C. CHEKA,
« Etat des lieux du processus de la Décentralisation au
Cameroun », disponible sur
http://www.dschangshuss.net/etat_des_lieux/lieu.htm,
consulté le 18 janvier 2010, à 11h15 min.
* 6 En remplacement du
Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
adopté en 2003, et qui tablait sur un taux de croissance annuel moyen de
5,5% sur la période 2003-2007 pour réduire la pauvreté
dans le pays, le DSCE définit le cadre global et sectoriel des actions
gouvernementales pour les dix prochaines années (2010-2020).
D'après le Ministre de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du territoire (MINEPAT), le DSCE se distingue du DSRP par
son intégration dans une perspective globale de développement.
* 7 S. ANGO MENGUE, sous la
dir. de François BART, La province de l'Est du Cameroun :
étude de géographie humaine, s.n., Bordeaux, 2004, p.23.
* 8 Ibid.
* 9 Il s'agit en effet de la
Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la
décentralisation.
* 10 G. HERMET (sous la dir.
de), et al., Dictionnaire de la science politique et des institutions
politiques, 6e édition, 2005, Armand Colin, pp. 138-139.
* 11 G. HERMET (sous la dir.
de) et al.,op. cit., p.139.
* 12 G. STOKER.,
« Cinq propositions pour une théorie de la
gouvernance », in Revue internationale des Sciences
Sociales, N°155, UNESCO/érès, Paris, 1998.
* 13 B. PECQUEUR, Le
développement local, Syros, 2e édition revue et
augmentée, 2000.
* 14 F. LELOUP et al.,
« La gouvernance territoriale comme nouveau mode de coordination
territoriale ? », in Géographie, économie,
société 4/2005 (Volume 7), pp. 321-332.
* 15 J. PIAGET, La
représentation du monde chez l'enfant, Quadrige, Presses
Universitaires de France, 2003, p. 14.
* 16 Dictionnaire de
l'Académie française, neuvième édition, version
informatisée, disponible sur
http://atilf.atilf.fr/academie9.htm,
consulté le 19 janvier 2010, à 20h.
* 17 Article 60,
alinéa 2 de la Loi No 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les
règles applicables aux communes.
* 18 Article 86,
alinéa 1 de la Loi No 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les
règles applicables aux communes.
* 19 Article 87 de la Loi No
2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux
communes.
* 20 De nombreux travaux,
traduits en ouvrages ont été consacrés à la
question de la gouvernance en Afrique de façon générale et
au Cameroun de façon spécifique. Nous avons notamment les travaux
de Pierre-Yves LEMEUR, Georges COURADE, Lucien AYISSI et les publications du
CODESRIA.
* 21 Au sens de Jean
François BAYART, Achille MBEMBE et Comi M. TOULABOR dans leur ouvrage
Le Politique par le bas en Afrique noire. Contributions à une
problématique de la démocratie, Paris, Karthala, Coll. Les
Afriques, 1992.
* 22 H. SCHNEIDER,
Gouvernance participative : le chaînon manquant dans la
lutte contre la pauvreté, Paris : OECD, Coll. Cahier de
politique économique, 1999, p.8.
* 23 COLLECTIF, Les
non-dits de la gouvernance : pour un débat politique sur la
pauvreté et la gouvernance, Paris, Karthala, Coll.
Coopération internationale, 2001, p.98.
* 24 P. BARDHAN, La
gestion des affaires publiques au service du développement. Une approche
par l'économie politique, Centre de développement de l'OCDE,
Paris, 1997, p.51.
* 25 PNUD, Cameroun,
Rapport sur le développement humain 1998, Yaoundé, Cameroun,
Janvier 1999, p.51
* 26 PNUD, op.
cit.,p.54.
* 27 G. BLUNDO,
« La gouvernance, entre technique de gouvernement et outil
d'exploration empirique », in La gouvernance au
quotidien en Afrique : les services publics et collectifs et leurs
usagers, Bulletin No 23-24, Juin-Décembre. 2002.
* 28 J.C THOMAS, Action
publique et participation des citoyens : pour une gestion
démocratique revitalisée, Paris, Nouveaux Horizons, 1995,
p.1.
* 29 P. BARDHAN,
op.cit, p.74.
* 30 P. BADIN, La
psychologie de la vie sociale. Aspects psychosociaux de la personnalité,
Socio guides, Ed. Le Centurion formation, 1977, p. 40.
* 31 G. BLUNDO, op.
cit., p. 74.
* 32 P. BADIN, op.
cit, p.41.
* 33 L'empowerment
est un terme anglais traduit par « autonomisation » ou
« capacitation » qui désigne la prise en charge de
l'individu par lui-même, de sa destinée économique,
professionnelle, familiale et sociale. C'est donc, comme son nom l'indique, le
processus d'acquisition d'un « pouvoir » (power), le
pouvoir de travailler, de gagner son pain, de décider de son destin de
vie sociale en respectant les besoins et termes de la société.
* 34
« Interactionnisme symbolique », disponible sur
http://fr.wikipedia.org/wiki/Interactionnisme,
consulté le 29 juin 2009.
* 35 E. GOFFMAN,
« Chapitre 1. Les représentations », in La mise
en scène de la vie quotidienne, 1. La présentation de soi,
Les éditions de Minuit, Paris 1973, pp. 25-49.
* 36 E. GOFFMAN,
« Perdre la face ou faire bonne figure », in Les rites
d'interaction, Les éditions de Minuit, Paris, 1974, pp.7-42.
* 37 D. JODELET,
« Représentations sociales : phénomènes,
concepts et théorie », in S. MOSCOVICI (sous la dir. de.),
Psychologie sociale. Paris, PUF, 1984, pp. 357-378.
* 38 M. GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1993, p. 578.
* 39 P. FABER,
« L'entretien approfondi comme technique qualitative de recueil de
données », in Protocole méthodologique : pour
une approche renouvelée de la motivation du dirigeant, 1999,
disponible sur
http://www.e-rh.eu/index.php/documents-rh/evaluation/217-Importation_148,
p.25, consulté le 13 décembre 2009, à 16h.
* 40 Christophe ANTHOINE,
«Pratiques et Perceptions d'un Appareil Étatique en Voie de
Décentralisation : le Cas du Bénin», in Le bulletin
de l'APAD, N° 16, Décentralisation, pouvoirs sociaux et
réseaux sociaux, disponible sur
http://apad.revues.org/document534.html,
consulté le 3 avril 2010, à 21h40 min.
* 41 O. LEBRAUD,
« Les figures multiples du maire », in Pouvoirs Locaux,
N°60, mars 2004, publié sur internet par la rédaction
d'EspacesTemps.net,
http://espacestemps.net/document616.html,
mis en ligne le jeudi 24 juin 2004, consulté le 10 mars 2010, à
10h.
* 42 V. ALAIN,
« L'organisation communale au Cameroun oriental »,
in Bulletin Officiel des Communes, 1967, (10-11), disponible sur
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_04-05/03878.pdf,
p.5, consulté le 4 mars 2010, à 16h 52 min.
* 43 V. ALAIN, op.
cit., pp.5-6.
* 44 Article 71,
alinéa 1.
* 45 Ibid.
* 46 Article 71,
alinéa 2.
* 47G. DOMINIQUE. Th.
BIERSCHENK, J.-P. Chauveau et J.-P. OLIVIER DE SARDAN (sous la dir. de),
« Courtiers en développement. Les villages africains en
quête de projet », in Tiers-Monde, 2002, vol. 43,
n° 172, pp. 945-948, disponible sur
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_172_1670_t1_0945_0000_2,
consulté le 11 mai 2010, à 18h.
* 48 Il faut préciser
qu'on ne parle pas ici des maires en tant que notables mais, on les
définit simplement comme courtiers dans ce contexte précis. On
définit leur légitimité, de manière
concrète, car il est important de faire une différenciation entre
le mode d'action de ces acteurs et leur fonction de courtage.
* 49 « Elu de
proximité », Entretien avec Jean-Pierre SUEUR, Ceras, in
Projet N° 265, mars 2001, disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 29 mai 2010, à 11h20 min.
* 50 P. MARTINOT-LAGARDE,
« Conclusions », Ceras, in Projet N° 265,
mars 2001, disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 29 mai 2010, à 11h40 min.
* 51 H. PORTELLI « La commune, une identité en
mutation », in Projet 1/2001, N° 265, pp. 35-42.
* 52 Il s'agit de
réponses données par certains enquêtés à la
question de savoir s'ils connaissent le maire.
* 53 Ibid.
* 54 P. BRAUD, « A
la recherche de notoriété », disponible sur
http://www.scienceshumaines.com/a-la-recherche-de-notoriete_fr_2664.html,
article publié le 1er octobre 2002, consulté le 22
avril 2010, à 18h 15 min.
* 55 P. BRAUD, disponible
sur
http://www.scienceshumaines.com/a-la-recherche-de-notoriete_fr_2664.html.
* 56 « Elu de
proximité », Entretien avec Jean-Pierre SUEUR, disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 29 mai 2010, à 11h20 min.
* 57 Ibid.
* 58 Ibid.
* 59 P. HAMEL,
« La gouvernance une perspective valable afin de repenser la
coopération et les conflits ? », in Cardinal L. et C.
Andrew sous la dir., La démocratie à l'épreuve de la
gouvernance, Ottawa, 2001, Les Presses de l'Université d'Ottawa,
p. 87-99.
* 60 S. MANSOUR TALL,
«La Décentralisation et le Destin des Délégués
de Quartier à Dakar (Sénégal)», in Le bulletin de
l'APAD, N° 15, Les dimensions sociales et économiques du
développement local et la décentralisation en Afrique au Sud du
Sahara, mis en ligne le 20 décembre 2006, disponible sur
http://apad.revues.org/document567.html,
consulté le 19 mai 2010 à 10h30 min.
* 61
J.-L PIERMAY, « Dynamismes
et pouvoirs locaux en Afrique centrale : une chance pour l'encadrement
urbain ? », in: Jaglin, S. & A Dubresson, 1993, p. 285.
* 62 F. ONGODO, B. CISSE A.
Et A. CAPIEZ, « Gouvernance urbaine en Afrique : une étude
comparative de la perception de la qualité du management urbain et de la
performance des collectivités locales maliennes et
camerounaises », communication pour la Revue francophone de
Gestion, 2006, disponible sur http:
www.cidegef.refer.org/douala/Fouda_capiez_cisse.doc,
consulté le 12 avril 2010, à 8h44 min.
* 63 P. MARTINOT-LAGARDE,
disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 29 mai 2010, à 16h.
* 64 Ibid.
* 65 Yves COLMOU, « Les
collectivités locales : un autre modèle », in
Pouvoirs 2/2006, N° 117, p. 27-37.
* 66 O. LEBRAUD, disponible
sur
http://espacestemps.net/document616.html.
* 67 F. ONGODO, et al.,
disponible sur http:www.cidegef.refer.org/douala/Fouda_capiez_cisse.doc,
consulté le 12 avril 2010, à 8h44 min.
* 68 H. PORTELLI, op.
cit., p. 40.
* 69 Ibid.
* 70 Selon les termes d'une
enquêtée.
* 71 A. FAURE,
« Les élus locaux changent-ils la politique ? Méthode,
controverses, énigmes », disponible sur
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/38/56/83/PDF/EElulocalAF.pdf,
consulté le 22 mars 2010, à 13h.
* 72 Ibid.
* 73 Ibid.
* 74 J.-P. OLIVIER DE
SARDAN, disponible sur
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_172_1670_t1_0945_0000_2,
consulté le 11 mai 2010, à 18h.
* 75 J. B. LEGAVRE,
« Des maires en représentation », in
Projet, 2001/1, N° 265, pp. 43-51.
* 76 B.
JOBERT, B .THERET, (sous la direction de), Le tournant
néo-libéral en Europe, L'Harmattan, Paris, 1994, cité
par Virginie WAECHTER-LARRONDO, « Quel modèle de relation entre
l'organisation municipale et l'usager-citoyen depuis la décentralisation
? », in Flux 2/2002, N° 48-49, pp. 7-19.
* 77 V. BRIANT, Y. PALAU,
La médiation. Définition, pratiques et perspectives,
Paris, Nathan, 1999, p. 108.
* 78 P. DURAN, J.C THOENIG,
« L'État et la gestion publique territoriale », in
Revue française de science politique, volume 46, No 4, 1996, p. 582.
* 79 J. B. LEGAVRE, op.
cit., p. 45.
* 80 C. ANTHOINE,
«Pratiques et Perceptions d'un Appareil Étatique en Voie de
Décentralisation : le Cas du Bénin», in Le bulletin
de l'APAD, n° 16, Décentralisation, pouvoirs sociaux et
réseaux sociaux, mis en ligne le 6 octobre 2006, disponible sur
http://apad.revues.org/document534.html,
consulté le 3 avril 2010, à 21h40 min.
* 81 Ibid.
* 82 A. FAURE, «
Politiques publiques et gouvernements urbains : le temps venu de la
démocratie différentielle ?», in Télescope -
Revue d'analyse comparée en administration publique, ENAP,
Université du Québec, N° 3, printemps 2007.
* 83 A. FAURE,
op.cit., disponible sur
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/38/56/83/PDF/EElulocalAF.pdf,
consulté le 22 mars 2010, à 13h.
* 84 B. CASSAIGNE,
« Introduction », Ceras - in Projet n°265,
Mars 2001, disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 22 mars 2010, à 14h.
* 85 Idem,
disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 22 mars 2010, à 14h.
* 86 H. PORTELLI,
op.cit., pp. 35-42
* 87 R. MERKOUCHE,
« L'indifférence, une caractéristique des relations
entre les élus et la population juvénile », Article mis
en ligne le 20 mars 2010, disponible sur
http://terredislam.bloguez.com/terredislam/1005012/L-indiff-rence-une-caract-ristique-des-relations-entre-les-lus-et-la-population-juv-nile-Le-foss-ne-cesse-d-tre-entretenu-par-les-autorit-s-locales,
consulté le 8 mai 2010, à 9h30.
* 88 Ibid.
* 89 « Elu de
proximité », disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 29 mai 2010, à 11h20 min.
* 90 S. MALSAN « La
nécessité de la participation est-elle toujours argumentée
par un besoin de plus de démocratie ? », in Revue du
MAUSS 2/2005 (no 26), pp. 231-248.
* 91 P. DURAN,
« Homère relu par Patrice Duran. Sociologue Ulysse et les
sirènes ou de l'intelligence d'un acteur », disponible sur
disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 13 mai 2010, à 19h.
* 92 Philippe GARRAUD,
« Le métier d'élu local : les contraintes d'un rôle
», in J. Fontaine et C. Le Bart (dir.), Le métier d'élu
local, L'Harmattan, coll. Logiques politiques, 1994, p. 40.
* 93
« Communication », disponible sur
http://fr.wikipedia.org/wiki/Communication#Communication_de_groupe,
consulté le 26 février 2010, à 13h.
* 94 P. FALZON,
« Dialogues fonctionnels et activité collective »,
in Le Travail Humain, 57 (4), 1994, p. 312.
* 95 M. PAOLETTI,
« Renouvellement de l'élu médiateur », Ceras,
in Projet n°265, Mars 2001, disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 29 mai 2010.
* 96 D. LORRAIN, « De
l'administration républicaine au gouvernement urbain », Sociologie
du travail, 4, 1991, cité par M. PAOLETTI, disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956,
consulté le 29 mai 2010.
* 97 Propos d'un
enquêté.
* 98 P.Y LE MEUR,
«Décentralisation et développement local - Espace public,
légitimité et contrôle des ressources», in Le
bulletin de l'APAD, N° 17, Anthropologie de la santé,
mis en ligne le 4 octobre 2006, disponible sur
http://apad.revues.org/document496.html,
consulté le 3 avril 2010, à 22h20.
* 99 La tutelle est une
appellation utilisée au Cameroun pour désigner l'ensemble des
contrôles exercés par les représentants de l'Etat sur les
organes et les actes des collectivités territoriales
décentralisées (CTD) en vue de faire respecter la
légalité, préserver l'intérêt de l'Etat face
aux intérêts particuliers ou locaux et d'éviter les abus de
toute sorte.
* 100 J.P OLIVIER DE
SARDAN, «Quelques réflexions autour de la décentralisation
comme objet de recherche», in Le bulletin de l'APAD, N° 16,
Décentralisation, pouvoirs sociaux et réseaux sociaux,
mis en ligne le : 15 novembre 2006, disponible sur
http://apad.revues.org/document547.html,
consulté le 3 avril 2010.
* 101 En
référence à la crucifixion d'André le saint sur une
croix transverse, les croix de Saint André désignent des symboles
en forme de X utilisés par les agents communaux pour signifier qu'un
bâtiment est situé à un mauvais emplacement.
* 102 N. BAKO-ARIFARI,
«Décentralisation et rapport global-local : formes du
politiques, intermédiation et mode de représentation locale
(Atelier 1)», in Le bulletin de l'APAD, N° 16,
Décentralisation, pouvoirs sociaux et réseaux sociaux,
mis en ligne le 15 novembre 2006, disponible sur
http://apad.revues.org/document541.html,
consulté le 27 mars 2010, à 23h.
* 103 M. PAOLETTI,
disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956.
* 104 N. BAKO-ARIFARI,
disponible sur
http://apad.revues.org/document541.html,
consulté le 27 mars 2010, à 23h.
* 105 C. ANTHOINE,
disponible sur
http://apad.revues.org/document534.html,
consulté le 3 avril 2010, à 21h40 min.
* 106 M. PAOLETTI,
disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956
* 107 Communication orale
de Rémi LEFEBVRE, chercheur au CNRS-CERAPS, lors d'une journée
d'étude sur la proximité à l'université de Lille le
18 septembre 2003, citée par Sylvie MALSAN « La
nécessité de la participation est-elle toujours argumentée
par un besoin de plus de démocratie ? », in Revue du
MAUSS 2/2005, No 26, p. 231-248.
* 108 S. MALSAN, op.
cit., pp. 231-248.
* 109 Ibid.
* 110 La charte des
paysans, Conférence mondiale sur la réforme agraire et le
développement rural (CMRADR), Déclaration de principes, FAO,
Rome, 1979, disponible sur
http://www.fao.org/docrep/t1815f/t1815f00.HTM,
consulté le 14 mai 2010.
* 111 M. ABELES, Jours
tranquilles en 1989, Paris, Odile Jacob. berTho Catherine, 1980,
« L'invention de la Bretagne », Actes de la recherche
en sciences sociales, n° 35, cité par Sylvie MALSAN
« La nécessité de la participation est-elle toujours
argumentée par un besoin de plus de démocratie ? », in
Revue du MAUSS 2/2005 (no 26), p. 231-248.
* 112 S. MALSAN, op.
cit., pp. 231-248
* 113 R. LEFEBVRE,
« Rapprocher l'élu et le citoyen. La « proximité
» dans le débat sur la limitation du cumul des mandats
(1998-2000) », in Mots. Les langages du politique,
n° 77, Proximité, mars 2005, mis en ligne le 31
janvier 2008. URL :
http://mots.revues.org/index127.html,
consulté le 18 mai 2010, à 22h30 min.
* 114 Cette notion est
définie, par Patrice DURAN, comme un mode institutionnel et gestionnaire
largement répandu dans la structuration des échanges entre
collectivités publiques. Elle constitue une des clés de
voûte de la gestion territoriale. Pour lui, les rapports de force plus ou
moins permanents et plus ou moins visibles entre les protagonistes de l'action
publique expliquent l'importance de la formalisation. Non seulement la pratique
contractuelle entérine l'existence de rapports de pouvoir plus
explicites, mais d'une certaine manière on ne peut plus dire que le
contrat mette en scène des acteurs abstraits. Il ne présuppose
pas l'égalité de fait des contractants. Il vise à
structurer de manière plus ou moins durable et spécifique des
modes d'échanges et à articuler ainsi des positions diverses dans
un contexte d'interdépendance entre des problèmes, des acteurs et
des intérêts.
* 115 J-P
GAUDIN., 1999, Gouverner par contrat : l'action
publique en question, Paris, PFNSP, cité par R. LEFEBVRE, op.
cit., disponible sur
http://mots.revues.org/index127.html.
* 116 R. LEFEBVRE,
disponible sur
http://mots.revues.org/index127.html,
consulté le 18 mai 2010, à 22h30 min.
* 117 Ibid.
* 118 Voir graphiques
présentés précédemment
* 119 Principes de la
gouvernance mondiale, p.27, Rapport de la Fondation Léopold Mayer,
p.27, cité par C.E.KIAMBA, Politique africaine, pp.23-24,
disponible sur
www.memoireonline.com/05/10/3464/m_Droits-de-lhomme-et-action-humanitaire0.html#toc0,
consulté le 22 mai 2010, à 15h.
* 120 C. BELOMO,
« La perception de l'Etat par le citoyen camerounais : le cas
des vendeurs à la sauvette de la poste centrale et les paysans de
Nkolbisson », in Cahier africain des droits de l'homme, No
8, juin 2002, p.200.
* 121 C. BELOMO analyse la
perception de l'Etat au travers de ses fonctions, par le biais de ses
attributions politiques et de ses attributions socio-économiques.
* 122 C.E.KIAMBA,
disponible sur
http://www.memoireonline.com/05/10/3464/m_Droits-de-lhomme-et-action-humanitaire0.html#toc0,
consulté le 22 mai 2010, à 15h.
* 123 Principes de la
gouvernance, Rapport de la Fondation Leopold Mayer, p.27, cité par
C.E.KIAMBA, op. cit., url :
http://www.memoireonline.com/05/10/3464/m_Droits-de-lhomme-et-action-humanitaire0.html#toc0,
consulté le 22 mai 2010, à 15h.
* 124O. LEBRAUD, op.
cit., disponible sur
http://espacestemps.net/document616.html,
consulté le 10 mars 2010.
* 125 C. BELOMO, op.
cit., p. 200.
* 126 P. QUANTIN,
« L'Afrique Centrale dans la guerre: Les Etats-Fantômes ne
meurent jamais », in African Journal of Political Science
Vol.4 (2) 1999: 106-125.
* 127 Principes de la
gouvernance, Rapport de la Fondation Leopold Mayer, p.27, cité par
C.E.KIAMBA, op. cit.,
http://www.memoireonline.com/05/10/3464/m_Droits-de-lhomme-et-action-humanitaire0.html#toc0,
consulté le 22 mai 2010, à 15h.
* 128 J. F. BAYART, S.
ELLIS, B. HIBOU, La criminalisation de l'Etat en Afrique, Paris,
Complexe, 1997.
* 129 C. BELOMO,
Corruption, Etat et développement, cours, Université
Catholique d'Afrique Centrale, 2008-2009, p.8.
* 130 J.F. MÉDARD,
« L'Etat néo patrimonial en Afrique noire », in
Jean-François MÉDARD (dir.) Etats d'Afrique noire :
formation, mécanismes et crise, Paris, Khartala, 1991, cité
par C. BELOMO, op. cit., p.8.
* 131 Jean-François
BAYART développe la « politique du ventre » dans son
ouvrage L'Etat en Afrique : La politique du ventre, publié
aux éditions Fayard en 2006. Pour lui, la politique du ventre
représente la manière dont ont évolué les
états d'Afrique nouvellement indépendants. La
caractéristique principale de cette « politique du
ventre » est que ceux qui exercent une fonction politique, exercent
cette fonction pour en retirer certains avantages personnels (en particulier,
ils veulent manger).
* 132 FOUDA ONGODO, et al.,
disponible sur http:
www.cidegef.refer.org/douala/Fouda_capiez_cisse.doc,
consulté le 12 avril 2010, à 8h44 min.
* 133 Pierre Yves LE MEUR,
op. cit., disponible sur
http://apad.revues.org/document496.html,
consulté le 3 avril 2010, à 22h20.
* 134
Aurélie SIERRA et Nathalie
LEWIS, « Gouvernance sur le territoire. Un regard attentif
à la configuration du pouvoir. », in VertigO - la revue
électronique en sciences de l'environnement, Hors série
6 | 2009, mis en ligne le 14 décembre 2009, disponible sur
http://vertigo.revues.org/9328,
consulté le 18 mai 2010, à 17h12 min.
* 135Ibid.
* 136
« Élu local : changements ou continuité ? »,
Actes de colloque, in Calenda, publié le jeudi 20
décembre 2007, disponible sur
http://calenda.revues.org/nouvelle9583.html,
consulté le 18 mai 2010, à 18h.
* 137 Il s'agit là
des propos d'un de nos enquêtés.
* 138 Propos d'une paysanne
rapportés par Chantal BELOMO, op. cit., p. 210
* 139 S. MALSAN, op.
cit., pp. 231-248
* 140 Chantal BELOMO,
op. cit., p. 210
* 141 Expression qui
explique comment le dispositif de pilotage centralisé par l'Etat perd
largement de sa prééminence sinon est en voie de disparition. Il
lui succède progressivement un autre mode de gouvernance et de pilotage,
pluraliste, ouvert et différencié, dont l'épicentre se
trouve autour du traitement territorialisé des problèmes. Nous
l'empruntons à Patrice DURAN et Jean-Claude THOENIG qui l'ont
développée dans « L'État et la gestion publique
territoriale », in Revue française de science
politique, volume 46, No 4, 1996, p. 590.
* 142 P. DURAN, Penser
l'action publique, Paris, LGDJ, coll. « Droit et
Société. Série politique », 1999, p. 13
* 143 P. MARTINOT-LAGARDE,
disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956
* 144D. DIOP, « Etre élu local au
Sénégal, c'est quoi ? », disponible sur http
://www.sendeveloppementlocal.com/Etre-elu-local-au-Senegal-c-est-quoi_a1077.html,
consulté 12 mai 2010, à 12h50 min.
* 145 P. MARTINOT-LAGARDE,
disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956
* 146 Y. COLMOU « Les
collectivités locales : un autre modèle », in
Pouvoirs 2/2006, N° 117, p. 27-37.
* 147 P. MARTINOT-LAGARDE,
disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956
* 148 P. DURAN, disponible
sur disponible sur
http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956.
* 149 C. BELOMO, op.
cit., p. 218.