Paragraphe 2: Le manque de volonté des acteurs
politiques
La responsabilité de la protection des populations
civiles touchées par les conflits armés incombe, en premier, au
chef, de l'Etat du pays en guerre. Cependant, on note un décalage criant
entre les promesses et l'action, la rhétorique des dirigeants et la
réalité. Les dispositifs mis en place pour la protection des
enfants affectés par les conflits armés internes en Afrique se
heurtent à des difficultés tenant d'une part, à l'absence
de volonté politique se traduisant par l'échec des processus de
désarmement et d'autre part à l'absence de consensus dans la
résolution des conflits.
L'observation de la situation conflictuelle en Afrique et en
RCI en particulier, permet de dire qu'on est bien loin des signatures des
traités et des accords de paix. C'est plutôt, la remise en cause
systématique ou plus concrètement l'inexécution ou la
mauvaise exécution des obligations découlant de ces engagements
qui est la règle.
En effet, la volonté apparente de parvenir à la
paix qui caractérise chaque partie à un conflit tient au fait
qu'elle veut échapper aux accusations de la communauté
internationale. Et pour cela, elle se presse de signer voir de ratifier les
textes sachant pertinemment qu'ils ne seront
pas ou seront mal appliqués. Cette situation est
caractéristique à l'ensemble des parties aux conflits en Afrique.
Ce qui nous a été donné de constater en Côte
d'Ivoire est que chacune des parties donne au texte de référence
l'interprétation qui l'intéresse sans en mesurer la
portée. A titre illustratif, nous pouvons citer les accords de
Linas-Marcoussis du 25 janvier 2005. En plus, il a été
prévu un comité des droits des enfants qui est chargé du
suivi dans chaque pays du respect des obligations conventionnelles en vue
d'assurer la sauvegarde des droits des enfants. Mais combien de pays, à
l'instar de la RCI, exécutent cette obligation en rendant compte des
dispositions prises? Tout comme la Charte africaine des Droits de l'Homme et
des Peuples, la charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant
apparaît tout simplement aux yeux des chefs de guerre comme une norme de
trop dont il faut balayer les dispositions d'un revers de main.
Dans beaucoup de cas, les parties au conflit le font à
la mesure de leur intention malveillante. A cet égard il faut affirmer,
en parodiant un responsable de l'UNICEF à Monrovia, que dans le contexte
de conflit armé « il y a un prix à payer pour la
paix ». Cela signifie, à l'inverse, que si les
différents acteurs et surtout les leaders politiques et les factions
combattantes ne veulent pas le payer, toute bonne volonté sera vaine. Et
ce sont les enfants qui verront leurs droits s'envoler. Cette absence de
volonté politique justifie en grande partie les échecs
enregistrés dans la conduite des processus de désarmement,
démobilisation et réinsertion des enfants soldats.
Par ailleurs, le recrutement d'enfants devient courant lorsque
des forces associées au gouvernement prennent elles-mêmes part au
recrutement ou quand l'Etat est absent ou incapable de protéger
convenablement les enfants. C'est le cas par exemple en Sierra Léone
où nombre d'enfants ce sont engagés du fait de la
pauvreté, de l'absence d'opportunités en matière de
travail ou d'éducation. Il en est de même pour l'exposition
prolongée à la violence qui rend les enfants plus susceptibles
d'intégrer les forces armées.
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