2- APPROCHE METHODOLOGIQUE
2-1- Cadre sociogéographique de
l'étude
La présente étude s'est déroulée
dans la Commune de Lokossa. C'est une des six Communes du Département du
Mono. Elle est limitée au Nord par la Commune de Dogbo, au Sud par les
Communes d'Athiémé et de Houéyogbé, à l'Est
par celle de Bopa et à l'Ouest par le Togo. Elle est le Chef lieu des
Départements du Mono et du Couffo. Elle couvre une superficie de 260
km2 pour une population de 77 065 habitants (RGPH 3, 2002).
La population de la Commune de Lokossa est majoritairement de
l'ethnie Kotafon (70%). De par sa situation géographique et sa fonction
de Chef lieu de Département, elle est constituée d'un brassage de
populations venues de plusieurs régions. Ce qui justifie la
diversité de sa population. Elle a aussi le privilège d'abriter
tous les services départementaux et régionaux du Mono et du
Couffo. En effet, sur le plan territorial, elle compte cinq Arrondissements
à savoir Agamè, Houin, Koudo, Lokossa et
Ouèdèmè-Adja avec un total de 37 villages et huit
quartiers de ville (Marie Lokossa, 2009). Pour avoir une idée de la
population actuelle de Lokossa par Arrondissement, une estimation a
été faite en tenant compte des données du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2002. Les
résultats sont consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau n°1 : estimation de la population de la
Commune de Lokossa par arrondissement et par sexe de 2003 à 2009
Arrondissements
Année/Sexe
|
Agamè
|
Houin
|
Koudo
|
Ouèdèmè-Adja
|
Lokossa
|
Commune de Lokossa
|
1992
|
Masculin
|
4300
|
2434
|
4947
|
3452
|
11639
|
26772
|
Féminin
|
4651
|
2468
|
5216
|
3583
|
11570
|
27488
|
Total
|
8951
|
4902
|
10163
|
7035
|
23209
|
54260
|
2002
|
Masculin
|
5488
|
3124
|
6037
|
4795
|
18680
|
38124
|
Féminin
|
5977
|
3238
|
6390
|
5062
|
18274
|
38941
|
Total
|
11465
|
6362
|
12427
|
9857
|
36954
|
77065
|
2003
|
Masculin
|
5684
|
3236
|
6253
|
4966
|
19347
|
39485
|
Féminin
|
6190
|
3354
|
6618
|
5243
|
18926
|
40331
|
Total
|
11874
|
6589
|
12871
|
10209
|
38273
|
79816
|
2004
|
Masculin
|
5887
|
3351
|
6476
|
5143
|
20038
|
40895
|
Féminin
|
6411
|
3473
|
6854
|
5430
|
19602
|
41771
|
Total
|
12298
|
6824
|
13330
|
10573
|
39640
|
82666
|
2005
|
Masculin
|
6097
|
3471
|
6707
|
5327
|
20753
|
42355
|
Féminin
|
6640
|
3597
|
7099
|
5624
|
20302
|
43262
|
Total
|
12737
|
7068
|
13806
|
10951
|
41055
|
85617
|
2006
|
Masculin
|
6315
|
3595
|
6946
|
5517
|
21494
|
43867
|
Féminin
|
6877
|
3726
|
7353
|
5824
|
21027
|
44807
|
Total
|
13192
|
7320
|
14299
|
11342
|
42520
|
88673
|
2007
|
Masculin
|
6540
|
3723
|
7194
|
5714
|
22261
|
45433
|
Féminin
|
7123
|
3859
|
7615
|
6032
|
21777
|
46406
|
Total
|
13663
|
7582
|
14809
|
11747
|
44038
|
91839
|
2008
|
Masculin
|
6774
|
3856
|
7451
|
5918
|
23056
|
47055
|
Féminin
|
7377
|
3997
|
7887
|
6248
|
22555
|
48063
|
Total
|
14151
|
7852
|
15338
|
12166
|
45611
|
95118
|
2009
|
Masculin
|
7015
|
3993
|
7717
|
6130
|
23879
|
48734
|
Féminin
|
7640
|
4139
|
8168
|
6471
|
23360
|
49779
|
Total
|
14656
|
8133
|
15886
|
12600
|
47239
|
98513
|
Source : Direction Départementale de la
Prospective et du Développement du Mono-Couffo (DDPD/MC, 2009)
La population de la Commune de Lokossa qui était de 54
260 habitants au RGPH de 1992 est passée à 77 065 habitants au
RGPH de 2002, soit un taux d'accroissement annuel moyen de 3,57%. C'est ce taux
qui a été utilisé pour l'estimation de la population de
2003 à 2009. Ces données qui sont estimées pour
l'année 2009 permettent de réaliser la figure n°1.
Figure n°1 : estimation de la population par
sexe des cinq Arrondissements de Lokossa en 2009
2-2- Population cible
La collecte des données a été une
étape importante dans la réalisation de l'étude. Elle
s'est déroulée auprès :
· des personnes ressources des institutions qui financent
les groupes cibles du champ de l'étude ;
· des jeunes qui résident dans la Commune de
Lokossa et qui ont bénéficié de financement de la part des
institutions de microfinance ;
· des jeunes qui résident dans la Commune de
Lokossa et qui n'ont bénéficié d'aucun financement.
Les données ont été recueillies au cours
des enquêtes sur le terrain. Ainsi, les lieux suivants ont
été investis. Il s'agit :
· des sièges des institutions de
financement ;
· des sites d'intervention des jeunes ayant
bénéficié de financement ;
· des sites de mise en oeuvre des idées
d'entreprise de promoteurs opérant sur fonds propres.
Les investigations sur le terrain ont permis de collecter des
données relatives :
· aux spécificités liées à
chaque institution de financement ;
· aux divers profils des jeunes interrogés ;
· à la nature des besoins exprimés en
financement par les jeunes ;
· aux difficultés rencontrées par les
jeunes dans le processus de financement de leurs différentes
idées d'entreprise ;
· aux souhaits que les groupes-cibles formulent pour
l'amélioration de la situation du financement des initiatives
entrepreneuriales.
2-3- Techniques et outils
d'investigation
Les techniques d'investigation sont « l'ensemble
des moyens nécessaires mis en oeuvre de façon systématique
par l'enquêteur » (Ghiglione et Matalon, 1999, p.80) pour
effectuer la collecte des données. Dans la présente étude,
l'observation, l'entretien et le questionnaire constituent les principales
techniques utilisées. Puisque « tout recueil
d'information nécessite l'élaboration d'un ou de plusieurs outils
de travail : une grille d'observation, un questionnaire, un guide
d'interview, une grille d'évaluation... » (De Ketele
& Roegiers, 1996, p.183), les différentes techniques ont
été conduites à l'aide d'outils dont les contenus sont
présentés en annexes. Ces outils ont été
appliqués avec de différentes techniques d'administration.
2-3-1- Observation directe méthodique
La première technique d'investigation utilisée
dans le cadre de notre recherche a été l'observation directe
méthodique. Elle a été menée à l'aide d'une
grille d'observation. Elle nous a permis de nous familiariser avec le milieu du
financement des microprojets de jeunes pour en extraire les informations
pertinentes à la recherche.
Cette observation a été passive car nous avons
observé à distance, dans la période de l'enquête, le
comportement de certains jeunes qui ont reçu le financement. Nous nous
sommes surtout intéressé aux différents changements
externes qui sont apparus après la mise en place du crédit afin
d'analyser leur caractère opportun par rapport à la nature du
projet et aux objectifs de notre recherche. Il s'agit, par exemple, de voir si
un promoteur qui veut faire de la production végétale et qui
s'achète un véhicule a fait un choix judicieux et
pertinent : s'il s'agit d'une bâchée, peut-être
considérera-t-on que c'est pour le transport des spéculations qui
seront produites. Mais s'il s'agit d'une Mercédès, on
justifierait difficilement son opportunité et on pourrait déduire
que ce jeune a d'autres velléités.
Ainsi, l'observation directe méthodique nous a permis
de cibler une dizaine de promoteurs et d'observer la mise en oeuvre de leur
projet, à leur insu pendant une période d'un mois. Pour ce
faire, nous avons posé quelques questions aux personnes qui les
connaissent et nous nous sommes fait passer parfois pour des clients.
Cependant, il n'a pas été facile de disposer de ces
données observables parce qu'elles étaient dissoutes dans la
réalité.
2-3-2- Entretien semi-directif
Après l'observation directe méthodique,
l'entretien semi directif a permis de produire des données à
partir du discours des enquêtés. Ces derniers sont des
intermédiaires entre les informations recherchées et les
informations obtenues.
Les entretiens semi-directifs ont été conduits
avec des guides d'entretien. Ces guides ont été
administrés aux divers groupes cibles de notre étude.
ü Le premier groupe est celui des personnes ressources
des institutions de financement qui se sont montrées disponibles
à répondre à nos préoccupations. L'entretien a eu
lieu dans leur institution après des prises de rendez-vous. Mais aux
moments convenus, ces responsables d'institution n'ont pas toujours
été disponibles pour l'entretien. Certains nous ont confié
à leurs collaborateurs qui, au cours de l'entretien, ont donné
des réponses du genre « c'est le patron seul qui pourra
répondre à cette question ». Cette situation nous
a amené à retourner voir les responsables pour des
compléments d'information. Nous avons ainsi constaté que
c'étaient des occasions pour ces derniers de revoir toutes les
réponses que leurs collaborateurs avaient données.
ü Le deuxième et le troisième groupes sont
constitués respectivement des jeunes ayant obtenu un financement et de
ceux qui exercent à leur propre compte. Les entretiens ont eu lieu avec
eux, la plupart du temps, sur leurs lieux de travail. L'avantage de cette
procédure est qu'il nous a permis d'observer en même temps comment
les activités sont menées, comment les ressources sont
gérées et comment les hommes sont managés. Cependant, les
conditions n'ont pas toujours été remplies pour mener des
entretiens semi-directifs qui respectent les normes en matière de
durée. Les sollicitations téléphoniques des promoteurs
pendant la discussion, les interruptions des clients, les emplois du temps
chargés ont parfois allongé, à notre corps
défendant, la durée des entretiens. Mais nous avons
géré au mieux le temps afin d'extirper le maximum d'informations
aux promoteurs enquêtés. D'autres promoteurs ont
préféré discuter avec nous en dehors de leurs heures de
travail dans un cadre plus relaxe. Là, les discussions ont
été très fructueuses. Seulement, nous avons
été obligé de nous déplacer parfois à des
heures tardives pour nous conformer aux périodes de disponibilité
des enquêtés.
Tous les entretiens ont été menés
à l'aide de guides qui contiennent les différents termes ayant
rapport aux sujets à aborder. Ces guides et leur contenu sont
présentés dans les annexes.
2-3-3- Questionnaire
Le questionnaire a été fondamentalement
utilisé à l'endroit des enquêtés qui ne se sont pas
rendus disponibles pour nous accorder des entretiens. Après plusieurs
tentatives de prise de rendez-vous pour mener l'entretien, nous avons parfois
été amené à leur déposer un questionnaire
que nous reprenons déjà rempli. Mais il a été
constaté qu'à notre retour, souvent les jours indiqués,
soit le questionnaire n'est pas encore rempli, soit il l'est à
moitié. Nous avons relancé les enquêtés chaque fois
que la situation l'exigeait. Cette difficulté a permis de constater que
les questionnaires auto-administrés et les questionnaires par
correspondance « ont un très faible taux de
réponses...ils peuvent descendre jusqu'à 10% »
(Ghiglione & Matalon, 1999, p144). Cependant, les relances ont permis
d'atteindre le taux de 80% de réponse. Les différents
questionnaires qui ont été auto-administrés aux diverses
catégories d'enquêtés sont présentés dans les
annexes.
2-4- Technique
d'échantillonnage
La présente étude s'est déroulée
à Lokossa. Les enquêtes ont concerné tous les cinq
Arrondissements et la technique d'échantillonnage a consisté
à considérer chaque Arrondissement comme une grappe. La
population de la Commune de Lokossa a été donc subdivisée
en cinq grappes. Les groupes cibles ont été identifiés
dans chacune des grappes. (Barro Kabre, 2008). En effet, il s'agit des
personnes qui remplissent les critères d'appartenance à
l'échantillon.
Pour rendre l'échantillon représentatif, les
critères utilisés sont simples aussi bien pour les jeunes que
pour les personnes ressources. L'aspect genre a été pris en
compte dans l'étude. Mais manifestement, un déséquilibre a
été observé dans l'identification des groupes cibles
remplissant les critères, mettant à mal la parité du genre
dans ce domaine. Ces critères qui sont aussi bien d'inclusion que
d'exclusion se résument comme suit :
pour les micro-entrepreneurs
· être jeune de 18 à 40 ans ;
· être originaire ou résider dans l'un des
Arrondissements de Lokossa depuis au moins cinq ans ;
· mettre en oeuvre une idée de projet avec ou sans
financement extérieur ;
· mener une activité qui crée de la valeur
ajoutée ;
· employer au moins une personne à temps partiel
ou à plein temps ;
pour les personnes ressources
· être agent d'une institution de
financement ;
· avoir une expérience professionnelle d'au moins
cinq ans dans l'institution ;
· être capable de donner des informations
concernant les financements réalisés par l'institution les cinq
dernières années.
Ainsi, la synthèse des personnes interviewées se
présente dans le tableau ci-dessous.
Tableau n°2 : échantillon de
l'étude
Catégories d'enquêtés
|
Agamè
|
Houin
|
Koudo
|
Ouèdèmè
|
Lokossa
|
TOTAL
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
Cumul
|
Personnes ressources des institutions
|
01
|
01
|
00
|
00
|
00
|
00
|
01
|
01
|
10
|
05
|
12
|
07
|
19
|
Les jeunes qui ont bénéficié de
financement
|
15
|
07
|
10
|
05
|
10
|
05
|
10
|
05
|
20
|
08
|
65
|
30
|
95
|
Les jeunes qui n'ont pas bénéficié de
financement
|
08
|
03
|
05
|
02
|
05
|
02
|
05
|
02
|
10
|
04
|
33
|
13
|
46
|
TOTAL
|
24
|
11
|
15
|
07
|
15
|
07
|
16
|
08
|
40
|
17
|
110
|
50
|
160
|
35
|
22
|
22
|
24
|
57
|
160
|
|
2-5- Techniques de dépouillement et de
traitement des données
Les techniques de dépouillement et traitement ont
été adoptées en fonction des outils de collecte de
données utilisés. Pour les guides d'entretien, le
dépouillement a été manuel et les informations recueillies
ont été dépouillées en fonction des divers
thèmes abordés dans les guides.
En ce qui concerne les questionnaires, le dépouillement
a été informatisé. Les données collectées
ont été saisies dans une base de données
créée en Microsoft Excel et intégrée ensuite dans
le logiciel SPSS pour être analysées.
|