Etude des facteurs limitant l'adhesion des femmes enceintes au conseil dépistage volontaire dans le district sanitaire de Koupela( Télécharger le fichier original )par Jean Dieudonné DAMIBA Centre International de Formation en Recherche Action (CIFRA) - Certificat en recherche action dans le domaine du VIH/SIDA 1998 |
VI.4 De la perception des conjoints sur le processus de dépistageRésultats · Des connaissances sur le mode de transmission Il s'agit des modes de transmission du VIH, des moyens de prévention disponibles et de la prise en charge. Les proportions en fonction des réponses données sont résumées dans le tableau ci-dessous. Tableau N°8 : Appréciation du niveau de connaissance des conjoints sur le mode de transmission (N : 18)
Le mode de transmission le plus connu est le rapport sexuel et dans une moindre mesure l'utilisation d'objets souillés et la transfusion. · Des connaissances sur le sida, la TME, la PTME et les ARV Figure N°2 : Appréciation du niveau de connaissance des conjoints sur le sida, la TME, la PTME et les ARV Au total, 17 des 18 conjoints (94,44%) reconnaissent la possibilité de transmission de la mère à l'enfant, mais seulement 10 d'entre eux soit (58,82%) connaissent l'existence d'un programme de réduction de cette transmission. · Des connaissances du moment de la transmission Tableau N°9 : Appréciation du niveau de connaissance des conjoints sur le moment de la transmission (N :18)
Plus de 94,44% des conjoints savent que la TME est possible depuis le début de la grossesse jusqu'à l'allaitement. · Des canaux de réception des informations sur la PTME La majorité des personnes interrogées ont cité par ordre les canaux suivants comme étant le moyen par lequel elles ont accédé à l'information sur la PTME: la radio, les causeries éducatives, les séances de sensibilisation dans les villages. · Des connaissances des moyens de prévention ou de réduction de la TME selon les conjoints Tableau N°10 : Appréciation du niveau de connaissance des conjoints sur les moyens de prévention ou de réduction de la TME (N : 18)
Seulement 5 conjoints sur les 18 interrogés (27%) citent le dépistage précoce comme moyen de prévention ou de réduction de la TME. · De la perception /appréciation des conjoints selon le niveau de connaissance de la PTME Tableau N°11 : Appréciation / perception de la PTME par les conjoints (N :18)
La majorité des conjoints interrogés (16/18 soit 88%) estiment que la PTME-VIH/SIDA est une bonne chose à promouvoir (sur les 18 personnes interrogées, 16 ont répondu que la PTME est une bonne chose à promouvoir mais 5 d'entre elles doutent de l'efficacité réelle de la PTME). La proportion de réponses favorables chez les conjoints qui connaissent la PTME est de 50% (5/10) alors qu'elle est de 75% (6/8) chez ceux qui affirment ne pas connaître la PTME. · De l'appréciation de l'adhésion des conjoints au test de dépistage Tous les conjoints (18/18) ont affirmé répondre favorablement à leur femme si elle leur manifestait le désir de se soumettre au test de dépistage. · De l'appréciation du rôle/influence de l'entourage sur les décisions à se soumettre au test La plupart des conjoints estiment qu'ils seraient eux-mêmes victimes de stigmatisation, si leur entourage immédiat apprenait que leur femme était séropositive (12/18 et six abstentions). Parmi les 12 conjoints, 10 affirment qu'ils influenceraient négativement leurs femmes par peur de connaître leur propre statut et /ou de mourir. Deux conjoints ont tenu à peu près ce propos : « Tout le village ne parlera que de vous tous les jours ; certains même utiliseront des détours chaque fois pour parler de vous aux autres ». · Des suggestions pour améliorer l'adhésion au conseil dépistage VIH Tableau N°12 : Suggestions des conjoints pour améliorer le CDV (N : 18)
Les activités de sensibilisation et de renforcement du conseil individuel paraissent être les plus adaptées pour améliorer l'adhésion des femmes enceintes au conseil dépistage volontaire. Le test systématique et la délocalisation des sites pourraient être perçus comme un moyen d'échapper à la stigmatisation dont sont l'objet les femmes qui choisissent délibérément d'effectuer le test. L'un des conjoints a même dit que si toutes les femmes font le même test, il n'y a pas de raison que l'on critique l'autre. Discussion Une adhésion au processus de CDV suppose un environnement social soutenu par une meilleure connaissance de la TME (mode de transmission, moyens de prévention disponibles et des perspectives de PEC). · Du niveau de connaissance des conjoints sur la TME, PTME et les ARV. On note une connaissance satisfaisante sur la TME; 17 conjoints sur 18 (94,44%) connaissent la possibilité de transmission mère-enfant ; cependant, seulement 10 d'entre eux soit (58,82%) connaissent l'existence d'un programme de prévention/ réduction de la transmission. Cette proportion non négligeable n'a donc pas toute l'information nécessaire pour constituer un environnement favorable pour le recours au CDV. · Des Connaissances du moment de la transmission Elle est satisfaisante car plus de 96% des conjoints ont donné des réponses exactes quant au moment possible pour le passage du virus de la mère à l'enfant; cette connaissance est nécessaire pour soutenir les actions en faveur du suivi des conseils de réduction du risque (Prise d'ARV, Type d'allaitement...). · De la Source d'information La plupart des conjoints citent la radio comme étant le canal par lequel ils ont reçu des informations sur la PTME ; il s'agit donc d'un moyen de communication privilégié pour améliorer les connaissances de l'entourage sur la PTME. Ce canal pourrait être exploité dans le cadre d'un plan intégré de communication. · Des connaissances des moyens de prévention ou de réduction de la TME par les conjoints Pour une bonne prise en charge du couple mère-enfant, le dépistage précoce est recommandé afin d'entreprendre des actions pendant la grossesse, l'accouchement et l'allaitement ; l'étude a révélé que seulement 5 conjoints sur 18 soit (27,78%) citent le dépistage précoce comme moyen de prévention ou de réduction de la TME alors qu'il constitue la porte d'entrée dans la PTME ; une bonne partie des conjoints n'aurait donc recours au CDV que de façon accidentelle ou à la faveur d'une maladie (test à visé diagnostic). · De la perception /appréciation des conjoints selon le niveau de connaissance sur la PTME La majorité (88%) des personnes interrogées estiment que la PTME-VIH/SIDA est une bonne chose à promouvoir (sur les 18 personnes interrogées, 16 ont répondu favorablement mais 5 d'entre elles doutent de l'efficacité de la PTME). La proportion de réponses favorables chez les conjoints qui connaissent la PTME est de 5/10 (50%) alors qu'elle est de 6/8 (75%) chez les conjoints qui affirment ne pas connaître la PTME. Ce qui nous amène à croire que le niveau de connaissance sur la PTME n'a pas une influence sur l'appréciation des conjoints; cependant, le fait que 5 conjoints doutent de l'efficacité de la PTME nécessite des actions en faveur de l'amélioration des connaissances sur les avantages de la PTME. · De l'appréciation du rôle/influence de l'entourage sur les décisions à se soumettre au test Un peu plus de la moitié des conjoints accepteraient que leurs femmes se soumettent au test de dépistage mais certains estiment qu'ils seraient victimes de stigmatisation si leur entourage immédiat apprenait que leurs femmes ont été testées positives (12/18 et six abstentions). Parmi eux, 10 conjoints influenceraient négativement leurs femmes par peur de connaître leur statut sérologique et /ou de mourir. Cette situation est préoccupante au regard de l'ampleur de l'épidémie et de l'autorité morale des conjoints dans les familles. Ces derniers jouent souvent le rôle de rempart contre les critiques de l'entourage, en particulier celles de la grand-mère paternelle. A propos de l'attitude des conjoints, une étude10(*) similaire conduite dans 4 villes africaines dont 2 du BF, après une analyse typologique a conclu à 5 « modèles » possibles d'attitudes et rôles masculins :
· Des suggestions pour améliorer l'adhésion au conseil dépistage VIH On peut retenir que l'offre systématique du conseil dépistage, l'implication des hommes (accompagner les FE pour les CPN?) et la délocalisation des sites de CDV hors des formations sanitaires sont des innovations majeures proposées par les conjoints ; Et cela sans doute pour réduire ou supprimer les barrières et faire du VIH une affection comme les autres. A propos de l'offre systématique de CDV, Dr William Jimbo11(*) considère la chute du taux de TME en dessous de 4% au Bostwana comme ``le résultat d'un mélange efficace d'engagement politique et de décisions stratégiques et courageuses (dépistage systématique du VIH)''. Une étude dans des centres de santé du Botswana12(*) qui compare en termes de population séropositive identifiée par le dépistage de routine sans pré-test pratiqué de 2004 à 2005 et le dépistage volontaire avec counseling pratiqué de 2002 à 2003 a révélé des résultats significatifs : le dépistage de routine permet de dépister en un an près de 24% de la population infectée contre 3% pour le dépistage volontaire. Les auteurs en concluent que 4 ans seront nécessaires pour dépister l'ensemble des personnes infectées dans le second cas, et 29 ans dans le premier. Cependant, cette étude compare deux situations différentes dans le temps en termes d'accès aux soins et d'information du public. D'autre part, il est peu probable que l'ensemble de la population infectée consulte dans les centres de santé offrant un dépistage systématique. Également au Ghana voisin une autre étude13(*) a apprécié l'effet de l'introduction du dépistage de routine sur la réalisation des tests dans une population de femmes enceintes venues en consultation entre 2002 et 2005. Le nombre de tests réalisés est passé de près de 24% et 25% des femmes venues consulter dans deux centres, à respectivement 56% et 86%. Tout comme les conjoints et toujours s'agissant du dépistage systématique certains agents de santé insistent sur l'effet barrière que le counseling pré-test pourrait avoir sur le dépistage (risque de dissuasion pour certaines personnes de réaliser un test)14(*). La mise à disposition de tests rapides et simples parait donc susceptible d'atteindre les zones enclavées et des familles entières, de façon à mieux circonscrire l'épidémie. Quant à l'implication des hommes pendant le CDV que proposent les conjoints, la même étude du Ghana citée plus haut a conclue que les résultats sont loin de ce que l'on pourrait s'attendre. Là où l'implication a été effective, le pourcentage d'homme qui a effectivement recours au dépistage est assez faible. Ce qui nous nous fait croire que les hommes perçoivent la santé comme une question purement individuelle et non familiale comme le considère le programme PTME. De cette analyse, nous pouvons retenir que l'offre systématique de CDV (dans la mesure où le patient demeure libre de refuser) et la décentralisation des sites (Test rapide?) paraissent donc constituer une solution à la stigmatisation dont sont l'objet ceux qui choisissent délibérément de faire le test. VII. QUE POUVONS NOUS RETENIR DE CETTE ÉTUDE ï De la qualité du processus de dépistage au cours de la PTME
ï De la perception des prestataires sur ce processus de dépistage
ï De la perception des FE sur le processus de dépistage
ï De la perception des conjoints sur le processus de dépistage
VIII. QUE POUVONS-NOUS FAIRE POUR AMELIORER L'ADHESION DES FEMMES ENCEINTES AU DEPISTAGE DU VIH DANS LES FORMATIONS SANITAIRES ï Intégrer (intensifier) le CDV dans le PMA (Proposer le test lors du conseil individuel à toute femme lors des CPN) ï Mettre en oeuvre un plan de communication : Sensibiliser la population à grande échelle en insistant sur les avantages d'un dépistage précoce (possibilité de prise en charge) "afin que ceux qui sont positifs soient traités et que ceux qui sont négatifs le restent" ï Décentraliser le test ou réorganiser la collecte, la transmission des prélèvements au laboratoire et le retrait des résultats, ï Nommer un répondant principal (point focal?) au CMA pour faciliter la centralisation des prélèvements et le retrait des résultats ï Organiser des sorties de suivi mensuel sur les sites de préférence par le point focal. IX. BIBLIOGRAPHIE VIH-SIDA et développement au Burkina Faso UN Integraed Regional Information Networks du 24 septembre 2007 publié sur le Net Programme national de prévention mère enfant du VIH 2006-2010 Odette KI ZERBO participante à la 2 ème Colloque de la fondation GlaxoSmithKlineSK tenue à Paris du 07 au 28 mars 2007 Conférence trimestrielle de bioéthique et d'éthique de la recherche en santé Table ronde sur le thème: questionnements éthiques autour du dépistage du VIH/SIDA en 2006 Sidanet, 2006, 3(8) : 938 (c) Copyright 2006 Sidanet www.sidanet.info IRIN - Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires - PlusNews (ONU)Le 24-09-2007 (Publié sur internet le 24-09-2007 ) Dr Ida PENDA participante camerounaise à la 2 ème Colloque de la fondation GlaxoSmithKlineSK tenue à Paris du 07 au 28 mars 2007 Normes et directives nationales de CDV&A du VIH, Ministère de la santé, février 2003 P.18. Santos D.F., " HIV testing in pregnancy : the role of the anonymous testing center of Madureira, Rio de Janeiro ", ThPeC5297 Étude de la satisfaction des clients, des besoins des groupes spécifiques et les causes de la faible utilisation des services de SR dans la DRS-CE P.45. Revue critique de l'actualité scientifique sur le VIH et les hépatites N°87 oct-nov.07 Etude conjointe réalisée par le centre de recherche cultures, santé, sociétés de l'université Paul Cézanne, Aix en Provence/ Projet Kesho-bora Bobo dioulasso, Burkina Faso/ Projet DITRAME Plus NRS 1201/1202, Abidjan RCI. Dans « une recette de PTME au Bostwana peu suivi dans la région » P.3. Kabengele J.M.et al.,"Successfull introduction of routine counseling and testing in scaling up treatment, care and support to PLWH. Bobonong /Botswana experience", CDE0169 OMS:Traitement antiretroviraux, perspectives et réalité. bookorders@who.int. Etude de cas : Miriam Rabkin et Waffa M- El Sadr au nom de l'initiative PTME plus : Sauver des mères, sauver des familles. bookorders@who.int. Akai-Nettey R.I. et al., "Comparing two counseling and testing (CT) approaches for recruiting pregnant women into prevention of mother to child transmission of HIV (PMTCT) program in Ghana", CDB1176 Zavis A., "Botswana adopts new approach to HIV tests", courtesy South African Press Association, 2006 ONUSIDA /OMS. Le point sur l'épidémie de SIDA décembre 2005, Décembre 2005,104 pages ANNEXES MINISTERE DE LA SANTE BURKINA FASO *********** ******** REGION DU CENTRE-EST UNITE-PROGRES-JUSTICE *********** DISTRICT SANITAIRE DE KOUPELA *********** * 10 Etude conjointe réalisée par le centre de recherche cultures, santé, sociétés de l'université Paul Cézanne, Aix en Provence/ Projet Kesho-bora Bobo dioulasso, Burkina Faso/ Projet DITRAME Plus NRS 1201/1202, Abidjan RCI. * 11 Dans « une recette de PTME au Bostwana peu suivi dans la région » P.3. * 12 Kabengele J.M.et al.,"Successfull introduction of routine counseling and testing in scaling up treatment, care and support to PLWH. Bobonong /Botswana experience", CDE0169 * 13Akai-Nettey R.I. et al., "Comparing two counseling and testing (CT) approaches for recruiting pregnant women into prevention of mother to child transmission of HIV (PMTCT) program in Ghana", CDB1176 * 14Zavis A., "Botswana adopts new approach to HIV tests", courtesy South African Press Association, 2006 |
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