INTRODUCTION GENERALE
Le système financier international a connu au cours de
ces trois dernières décennies, d'importantes mutations
accélérées notamment par l'essor des technologies de
l'information et de la communication, qui ont profondément
modifiés les modalités de formulation et de mise en oeuvre des
politiques économiques. Ces mutations désignent la profonde
évolution des systèmes financiers amorcée dès les
années 1970 dans les pays anglo-saxons, les années 1980 pour les
pays européens et les années 1990 dans beaucoup de pays
émergents (Romey,2004). Il s'agit d'une évolution relative
à la conjoncture actuelle qui trouve son explication dans le
rétablissement des équilibres macroéconomiques et
l'ajustement financier. A cet effet, le passage aux changes flottants à
partir de 1973, le changement de contexte macro-économique (chocs et
contre chocs énergétiques, ralentissement de la croissance,
creusement des déficits publics),ont conduit à partir du
début des années 1980, les pouvoirs publics à modifier le
cadre institutionnel mis en place au lendemain de la seconde guerre mondiale.
C'est ainsi que les missions des banques centrales, des banques de second rang,
mais aussi des institutions financières internationales se sont
modifiées progressivement. Aussi, on est passé dans de nombreux
pays, d'un système financier centralisé à un
système financier décentralisé. Cette dernière
évolution s'est traduite par l'apparition des marchés
émergents dans de nombreuses économies en développement
.Les pays développés se sont orientés vers
l'économie de marché en s'engageant dans la
désintermédiation, tandis que les pays en développement
parachèvent la libéralisation financière.
Dès lors, il s'est observé dans la sphère
financière internationale, deux faits majeurs qui ont
particulièrement marqué son évolution.
Il y a, d'une part, la globalisation financière qui
s'est accompagnée d'une libéralisation des systèmes
financiers nationaux. Cette libéralisation se caractérise par ce
qu'il est convenu d'appeler le phénomène des trois
« D » : décloisonnement,
désintermédiation, dérèglement.
Il y a, d'autre part, l'accélération des
innovations financières dont, le développement ne s'est pas
effectué partout au même rythme. Les pays anglo-saxons
(Etats-Unis, Canada, Angleterre) ont été leaders en la
matière avec notamment la création du Nasdaq en 1971, celle des
marchés organisés d'options à Chicago en 1973 et à
Londres en 1978 (Romey, 2004).Les pays européens ont suivi dans les
années 1980, puis les pays émergents dans les années
1990.A l'origine de cette transformation, deux types d'initiatives,
l'initiative privée, surtout dans le cas des pays anglo-saxons, avec une
accélération sans précédent d'innovations
financières introduites le plus souvent par les institutions
financières (Silber, 1983)1(*). L'initiative publique a dominé notamment dans
les pays européens soucieux de rattraper le retard de leur place
financière par rapport aux pays en avance. Progressivement, les
marchés financiers se sont développés, les banques ont
suivi le même mouvement en formant des conglomérats2(*) financiers
multispécialisés. La banque est devenue une industrie et se
préoccupe non seulement de sa fonction d'intermédiation, mais
aussi de la tenue de ses marges et de son taux de profitabilité Bekolo
Ebé (1998). Elle est passée de la banque universelle
à la banque éclatée incluant à cet effet la sous
traitance.
Aussi, le Cameroun n'a pas été
épargné par cette évolution de la structure
financière. L'intérêt porté par les autorités
de ce pays à modifier le cadre institutionnel mis en place au lendemain
des indépendances est apparu clairement au début des
années 1990, et motivé par la crise économique qui a
frappé les pays de la CEMAC3(*) en général, et le Cameroun en
particulier. A cet effet, le système financier camerounais, dont les
défaillances ont été révélées en 1987
par la crise économique, a subi de profondes mutations au cours des
années récentes. Les marchés financiers étant
inexistants, ces mutations ont porté essentiellement sur le
système d'intermédiation bancaire. Les autorités publiques
ont joué par là un rôle essentiel dans ces changements et
cela pour un certain nombre de raisons : la crise économique qui a
frappé les pays de la CEMAC en général et le Cameroun en
particulier a eu pour conséquence la faillite outre des banques
commerciales, mais des institutions financières
spécialisées dans le financement à long terme. Il s'en est
suivit une détérioration des termes de l'échange
provoquant la chute des recettes d'exportations, un important
déséquilibre des finances publiques qui augmentaient
d'années en année, une dégradation du solde
budgétaire primaire en rapport au PIB jusqu'en 1995 tel que l'ont
montré (Avom et Gbetnkom, 2003). Ce ratio est passé de -0,4% en
1985 à -6,7% en 1993. Il a été également
observé une élévation du ratio dette publique
extérieure/ PIB allant de 33,9 en 1985 à 108,0 en 1994, une
baisse de la croissance allant de 20,5% en 1985 à -6,7% en 1990 (Banque
de France, 1991-1996-1997-1998). Ainsi, pour juguler cette crise, les pouvoirs
publics ont mis en place un certain nombre de reformes financières
visant à stabiliser et à assainir l'environnement
macroéconomique. Ces reformes ont consisté en une
redéfinition de la politique monétaire, en une restructuration du
système bancaire par le biais des liquidations, de fusions, ou de
recapitalisation de certaines banques. Une autre politique
générale et non la moindre mise sur pied au début des
années 1990, a consacré à n'en point douter la
création de la COBAC4(*) dont l'objectif est de contribuer à
l'assainissement du système bancaire par un contrôle
régulier et une supervision des établissements de
crédit.
En effet, les banques camerounaises ne
bénéficiant plus des situations de rente, et soumises à
une réglementation, ont encore en mémoire la situation de
détresse à laquelle leurs actifs ont fait face durant la crise.
Ce qui les a poussé à opter pour le rationnement du crédit
limitant ainsi les ressources des agents qui en exprimaient le besoin. C'est
dans cette optique que le système financier camerounais a connu une
mutation importante. Cette mutation s'est traduite par un développement
remarquable des institutions de micro-finance, une émergence de nouveaux
établissements financiers, une innovation financière quoique
faible, une libéralisation du secteur financier et des reformes
financières adoptées par les pouvoirs publics.
Bien plus, les besoins de financement se sont
révélés de plus en plus importants. L'alternative des
banques de développement écartée, celle qui a reçu
une grande adhésion a été la mise sur pied d'une bourse de
valeur mobilière, dont les activités tardent à
démarrer jusqu'ici. C'est ainsi aussi que, sous l'angle
monétaire, le marché monétaire a été
créé et rendu opérationnel à partir du
1er Juillet 1994. Ces changements se sont opérés dans
le cadre de la stabilisation macroéconomique et de l'ajustement
financier.
Dès lors, le problème consiste à se
demander si au Cameroun les mutations financières ont favorisé
une allocation efficiente des ressources au secteur productif. Autrement dit
ont-elles dans une certaine mesure contribué à rendre le
fonctionnement du système financier efficient quant à la
mobilisation de l'épargne nécessaire au financement de
l'économie ?
Au demeurant, le problème se ramène aux
conséquences des récentes mutations financières sur les
circuits de financement de l'économie. De manière subsidiaire,
quelles ont été leurs implications en terme de politique
économique quant à l'orientation du financement de
l'économie ?
Ainsi, l'objectif général de ce travail est
d'évaluer la contribution des mutations financières au
financement de l'économie camerounaise. Plus spécifiquement, il
s'agira de savoir si les mutations financières se sont
accompagnées d'une allocation efficiente des ressources
financières dans l'économie. C'est en répondant à
cette question que nous pouvons poser de nouvelles hypothèses de
départ permettant une orientation des futures changements opéres
pour stabiliser l'environnement macroéconomique.
Ce travail est d'autant plus digne d'intérêt
qu'il apporte une contribution au débat dont fait l'objet actuellement
le concept de mondialisation financière.
Dans la littérature existante, l'influence des
mutations financières sur les circuits de financement a donné
lieu à de nombreux travaux.
Les analyses théoriques sur l'innovation
financière ont été faites par Silber (1975). Pour cet
auteur, l'innovation financière est à l'origine des
transformations du système financier, et deux types d'initiatives
peuvent être associées en l'occurrence l'initiative privée
et l'initiative publique. Cette innovation financière est comprise comme
le produit d'une contrainte exogène qu'il s'agit de contourner.
L'idée était déjà présente chez Gurlez et
Shaw (1960) pour qui : « Dans toute économie, la
structure financière est continuellement remodelée par les
efforts des agents économiques pour échapper aux contraintes
déjà existantes ». Les analyses de Silber (1975,1983)
et Kane (1983,1988) confèrent d'intéressants fondements
théoriques aux innovations de contournements, notamment celles
introduites par les institutions financières afin de relâcher la
contrainte de la réglementation. Kane (1988) va élaborer un
schéma de la dynamique innovation réglementation
réductible à deux enchaînements :
1) Réglementation ? contournement par l'innovation ?
adaptation de la réglementation.
2) Innovation ? adaptation de la réglementation ?
contournement par l'innovation.
Cette innovation se développe pour attirer la
clientèle en mettant à sa disposition des instruments
supposés correspondre à ses besoins. Pour Bourguinat (1992), ce
développement constitue une conséquence de la mondialisation des
marchés et de la globalisation financière. Il va analyser la
finance internationale en insistant sur le fait qu'il existe de nos jours un
vaste marché financier international dont, les parties sont
étroitement solidaires et interdépendantes. Dans la même
optique, Bekolo-Ebe (1998) estime que les économies contemporaines
s'engagent au renforcement des interconnexions et à une unification du
marché qui s'homogénéise par de-là les
Etats-nations.
Par la suite, les études de Sandretto et Tiani (1993),
Tamba et Tchamanbe Dine (1995), Bekolo-Ebe (1996), relèvent les
changements de la sphère financière sur le plan global en
s'interrogeant sur l'origine de la crise et sur l'efficacité des mesures
correctives. Pour Bekolo-Ebe (2001) et Joseph (2001), les reformes ont
consisté en une redéfinition de la politique monétaire,
avec l'adoption de la programmation monétaire, mais aussi en la mise en
place d'un cadre prudentiel et en une restructuration du système
bancaire, et en la création du marché monétaire. Ce qui
permet aux banques secondaires de recourir à la technique de l'open
Market pour se refinancer.
Aussi, Hugon (1996) va analyser les innovations
financières de la part des institutions officielles. Ces innovations
concernent les nouveaux produits, les nouveaux circuits, les nouvelles
organisations mais également les nouvelles réglementations, et
les changements de politique économique.
Les travaux de Joseph.A (2000) montrent à travers le
test de Granger que la sphère financière n'a pas d'influence sur
la sphère productive. Les canaux de transmission entre ces deux
sphères étant la part de l'épargne collectée par
les banques et effectivement allouée aux investissements. Les banques
vont donc rationnées. Mais ces travaux ne tiennent pas compte de la
finance informelle dont l'influence sur la sphère réelle est
indéniable au Cameroun. A cet effet, certaines études ont
montré que 49% des activités sont financées par le
système informel. Aussi, Eboué (1996) estime que c'est le
rationnement bancaire de la demande privée de crédit qui explique
le dynamisme de la finance informelle.
De même que le concept de finance informelle a
émergé pendant les années 1980, le concept de
micro-finance a émergé pendant la décennie suivante.
Lelart (2002) élabore les facteurs à la base de l'essor de la
micro-finance et pense que l'émergence de la micro-finance est une
manifestation de la vitalité de la finance informelle. Dès lors,
la finance informelle contribue certes au financement de l'activité
économique, en particulier au sein des familles et de micro-entreprises,
et elle le fait efficacement. Mais elle n' y contribue que faiblement, pour des
montants limités et pour des durées courtes. De nombreuses
études Nzemen (1988), Lelart (1989) montrent que les mécanismes
informels sont de puissants instruments de mobilisation de l'épargne et
de financement d'activité tant formelle qu'informelle. Il n'en demeure
pas moins vrai qu'ils font face à des contraintes qui en limitent
l'incidence positive. Aussi, le partitionnement des circuits financiers
relève du dualisme financier dans les pays en développement,
composés d'une part, d'un système informel plus adapté aux
structures et aux besoins des populations. D'autre part, d'un système
financier formel déconnecté des structures économiques
internes.
C'est ainsi aussi que, Lelart (2002) va analyser les
conséquences de l'évolution de la finance informelle sur
l'évolution des systèmes financiers et trouve qu'il est possible
que le système financier ne comporte plus qu'une seule catégorie
d'institutions. On serait en présence d'un système unifié.
Romey (2004) définit les grands traits de la mutation financière
et pense que la globalisation financière et l'accélération
des innovations financières en constituent les deux principaux
piliers. Demartini (2004) va quant à lui analyser les
conséquences de la mutation financière et trouve qu'en favorisant
une allocation des capitaux, la mutation financière a sans doute
contribué à rendre le fonctionnement des systèmes
bancaires plus efficient. Seulement, ce gain d'efficience s'est
opéré au prix d'une instabilité accrue.
Il faut tout de même noter que, depuis les travaux de
Goldsmith (1969), il est reconnu qu'il existe un lien entre le taux de
croissance à long terme de l'économie et le niveau
d'évolution du secteur financier. Seulement, cette hypothèse est
galvaudée dans les économies en développement lorsqu'on
tient compte des restrictions réglementaires introduites par les
politiques gouvernementales. Aussi Guillaumont et Kpodar (2004) relèvent
que l'instabilité du développement financier croit avec celui-ci,
tout en montrant l'effet favorable du développement financier sur la
croissance économique et l'effet défavorable des crises
financières.
Les approches théoriques des origines des mutations
financières nous permettrons de poser le cadre théorique. Par la
suite, nous analyserons les conséquences des mutations
financières sur les circuits de financement dans une démarche
empirique. Il s'agira d'abord d'évaluer la solidité
financière du système bancaire, laquelle s'appréciera
à travers le respect des normes prudentielles édictées par
la COBAC, les indicateurs de rentabilité et les autres indices de
performance. A cet effet, il sera calculé les ratios de
solvabilité, de liquidité et les indicateurs de
rentabilité. Ensuite, il sera évalué la politique de
crédit entre 1972 et 1990 (année qui marque le début des
réformes). Les résultats seront donnés sous formes de
graphiques et de tableaux explicatifs des évolutions observées.
Enfin, il sera évalué la politique de crédit
élaborée entre 1990 et 2003. A cet effet, il sera
décelé l'évolution des tendances. Or, la connaissance des
tendances est essentielle à la politique dès lors que celle-ci
tend à s'appuyer sur des prévisions. L'objectif de la politique
économique sera dans cette optique d'encourager ou de contrarier les
tendances spontanément observées dans l'économie. C'est
pourquoi nous tenterons, d'interpréter les évolutions
observées et d'en dégager quelques implications.
Par ailleurs, notre étude utilise les données
relevées depuis 1972, mais s'étend beaucoup plus sur la
période comprise entre 1990 à 2002. Période concentrant
à notre avis les récents bouleversements observés sur la
sphère financière Camerounaise.
C'est ainsi que ce travail sera organisé en deux
parties. Dans la première partie, il sera présenté les
fondements théoriques des origines des mutations financières. A
ce niveau, nous présenterons au chapitre 1 les origines internationales
des mutations financières et, au chapitre 2 les origines internes des
mutations financières. Dans la deuxième partie, nous analyserons
les conséquences des mutations financières sur les circuits de
financement au Cameroun. Ici, le chapitre 1 présentera
l'évaluation de l'impact des mutations financières sur le
financement de l'économie au Cameroun et, au chapitre 2 il sera
analysé les implications de l'évolution des circuits de
financement.
PREMIERE PARTIE
LES FONDEMENTS THEORIQUES DES ORIGINES DES MUTATIONS
FINANCIERES
L'essor des nouvelles technologies de l'information et de la
communication a contribué à accélérer le
phénomène de mutation observé dans la sphère
financière internationale. Il s'agit d'une évolution relative au
processus de mondialisation des marchés et de globalisation
financière, dont le rythme tend à s'accélérer et
à se propager à l'ensemble des économies. Cette
évolution résulte de plusieurs faits majeurs qui ont
particulièrement affecté le fonctionnement des systèmes
bancaires et financiers nationaux et internationaux, dont deux nous paraissent
pertinents pour notre propos.
Il y a, d'une part, le passage aux changes flottants à
partir de 1973. En effet, à partir du moment où les banques
centrales non Américaines ont été conduites en
février-mars 1971 à ne plus intervenir aux marges de fluctuation
du dollar Américain telles qu'elles avaient été
fixées (#177; 4,5%) par l'accord de l'Institut Smithonian de
décembre 1971, le mouvement était engagé (Bourguinat,
1992). On s'orientait vers l'abandon du gold exchange standard au profit d'un
système de cours de change déterminé au jour le jour, par
le marché.
Il y a, d'autre part, le changement du contexte
macroéconomique. Il s'est agit ici des chocs et contre chocs
énergétiques en l'occurrence, de l'avènement du premier et
du second choc pétrolier ; du ralentissement de la
croissance ; et du creusement des déficits publics.
En effet, les innovations financières ne se sont pas
développées partout au même rythme et, à la
même manière . Elles ont initialement été
amorcées par le secteur privé surtout dans les pays anglo-saxons,
avec une accélération sans précédent d'innovations
financières, introduites le plus souvent par les institutions
financières (Silber, 1975)5(*). Elles ont également été
initiées par le secteur public notamment dans les pays européens
soucieux de rattraper le retard de leur place financière par rapport aux
autres pays en avance. Aussi, d'importantes réformes financières
ont dès lors été entreprises par les pouvoirs publics,
visant à décloisonner les marchés nationaux de capitaux,
à les étendre et à en faciliter l'accès, ainsi
qu'à libéraliser l'activité des banques et à
favoriser l'essor de nouveaux intermédiaires financiers.
Progressivement, à l'échelle internationale, les
marchés des capitaux se sont standardisés (mêmes produits,
mêmes segments de marchés, mêmes procédés,
mêmes intervenants), et interconnectés jusqu'à créer
un vaste marché mondial des capitaux (Romey, 2004).
Le rôle des marchés des capitaux s'est ainsi
considérablement accru, aussi bien au niveau des modalités du
financement des entreprises, qu'au niveau des possibilités de placements
des ménages.
A cet effet, à partir du début des années
1980, les pouvoirs publics ont modifié le cadre institutionnel mis en
place au lendemain de la seconde guerre mondiale. Les conséquences de
cette modification sont allées au delà du cadre national et, se
sont répercutées même dans les pays ayant connu un retard
dans leur décollage.
Ainsi, le système financier camerounais dont, les
défaillances ont été observées au milieu des
années quatre-vingt a subi de nombreuses mutations traduites par une
émergence de nouveaux établissements financiers, un essor
remarquable de la micro-finance, un passage de l'illiquidité à la
surliquidité des banques et l'adoption des réformes
financières. Les mutations du système financier camerounais ont
été initiées par les pouvoirs publics avec l'appui des
institutions financières internationales, BEAC, FMI, Banque Mondiale qui
ont mis en place un ensemble de mesures sur le plan financier, monétaire
et juridico institutionnel en vue de rétablir l'équilibre
financier des banques et permettre une meilleure allocation des ressources
à l'économie.
L'objectif de cette partie est d'apporter des
éclaircissements sur les fondements théoriques des origines des
mutations financières. Pour cela, il sera présenté au
premier chapitre les origines internationales des mutations financières
et le deuxième chapitre analysera les origines internes des mutations
financières.
CHAPITRE I
LES ORIGINES INTERNATIONALES DES MUTATIONS
FINANCIERES
Au cours de ces trois dernières décennies, le
système financier international a subi des mutations profondes.
Ces mutations ont été accélérées par l'essor
de nouvelles techniques (progrès technique en matière
d'information et de communication) et de nouvelles pratiques
financières, mais aussi par des développements théoriques
qui ont permis de mieux saisir la relation existant entre les
phénomènes réels et les phénomènes
financiers.
Les mutations du système financier international ont
porté autant sur la structure de celui-ci que sur le rôle des
principaux acteurs. En ce qui concerne la structure, il convient de souligner
que l'on est passé depuis 1973 d'un système de change fixe
à un système de change flottant. De même, on est
passé dans de nombreux pays, d'un système financier
centralisé à un système financier
décentralisé. Cette dernière évolution est
consacrée par l'apparition de marchés émergents dans de
nombreuses économies en développement ou en transition.
En ce qui concerne le rôle des acteurs, les missions des
banques centrales, des banques de second rang, mais aussi des institutions
financières internationales se sont modifiées progressivement.
Ces différentes évolutions ont contribué à
définir peu à peu le champ de la macroéconomie
financière internationale.
Suite à l'apparition des besoins de plus en plus
importants des capitaux, les marchés financiers vont se
développer avec une diffusion internationale. Les économies
contemporaines vont s'engager dans un processus de mondialisation des
marchés et de globalisation financière dont, le rythme tend
à s'accélérer (Bekolo-Ebé, 1998). Aussi, les
banques vont suivre ce mouvement en diversifiant les services financiers
à la disposition des agents économiques. Ces évolutions
ont affecté tous les pays industrialisés et vont toutes dans le
sens d'un accroissement de la part des marchés dans le financement des
économies.
L'analyse des origines internationales des mutations
financières nécessite la compréhension du processus de
globalisation financière (section 1) et celui de
l'accélération des innovations financières (section 2).
SECTION I : LA GLOBALISATION FINANCIERE
La globalisation financière est un concept
associé à la mutation financière, et apparaît comme
le dénominateur commun à l'ensemble des transformations qui ont
affecté le fonctionnement des systèmes financiers (Romey, 2004).
Depuis les années 1980, on assiste à ce qu'on appelle le "big
bang financier" qui donne naissance à une explosion des marchés
dont l'ampleur, le volume et la nature des transactions sont aujourd'hui
caractéristiques de la mondialisation financière. La
globalisation financière résulte des progrès techniques en
matière de communication, mais elle procède aussi des
décisions politiques (Romey, 2004). Elle s'est ainsi accompagnée
d'une libéralisation des systèmes financiers nationaux.
Cette section vise à montrer que la globalisation
financière est à l'origine des mutations financières. Pour
cela, il convient de présenter d'une part, les composantes de la
globalisation financière (I), et d'autre part, la règle des trois
D (II).
I. LES COMPOSANTES DE LA GLOBALISATION FINANCIERE
Les économies contemporaines sont aujourd'hui
engagées dans un processus de mondialisation dont le rythme tend
à s'accélérer. Cette mondialisation s'analyse en une
globalisation dans laquelle les diverses économies tendent à
s'intégrer et à former une totalité marquée par un
renforcement des interconnexions et à une unification du marché
qui s'homogénéise par delà les Etats-nations (Bekolo-Ebe,
1998). Les firmes et organisations appréhendent ainsi le marché
comme une totalité de moins en moins contrainte par les
réglementations nationales et déterminent leurs implantations et
leurs placements par rapport au marché mondial traité comme un
tout ,parce que celui-ci est de plus en plus unifié et
intégré (Bourguinat, 1997). Telle est la condition
préalable de la globalisation.
Plus précisément, du point de vue des firmes, on
admet aujourd'hui qu'il existe trois conditions, préalables à
cette évolution (Bekole-Ebé, 1998).
- Que le produit ait un caractère global,
c'est-à-dire universel, à même d'être
identifié et demandé à l'échelle du monde entier
par le consommateur. Ce caractère global n'empêche pas des
spécificités qui peuvent prendre place dans un processus de
segmentation où dans un produit-système, les
éléments secondaires sont alors, déglobalisés,
permettant de donner aux produits génériques une touche finale
locale.
- L'activité du groupe pour être dite globale
doit impliquer, ainsi que le relève Porter (1996) que la "position de
concurrence stratégique des concurrents dans les zones
géographiques ou sur les marchés nationaux, soit fondamentalement
affectée par leur position globale". En matière bancaire par
exemple, la crédibilité, sur le plan de la solvabilité
dans un pays est fortement tributaire de la structure de son bilan
consolidé.
- L'équitraitement des moyens impliquant une absence de
préférence opérationnelle pour le pays ou la zone
géographique originelle. En d'autres termes, la firme ne se
détermine que par rapport aux conditions de coûts et de
rendements, lesquels déterminent la localisation du moment, mais aussi
les décisions éventuelles de délocalisation d'un espace
à un autre.
Le phénomène touche aussi bien la sphère
réelle de production de biens et services que la sphère
financière, et au regard des évolutions actuelles et de l'ampleur
du phénomène, on est tenté de penser que la finance est le
lieu par excellence de cette globalisation des transactions (Bekolo-Ebe,
1998).
Le produit financier tend en effet à prendre rapidement
un caractère mobile, ubiquiste, parce qu'à même de se
déplacer avec des coûts de transferts extrêmement faibles,
d'autant qu'il prend rapidement un caractère standardisé, et du
fait que les risques y attachés tendent à s'atténuer ou
sont susceptibles d'être assurés par des procédures de plus
en plus diversifiés (Bourguinat 1997 ; Aglietta, 1990). Ces
conditions se trouvent aujourd'hui de plus en plus souvent réunies car
les interconnexions entre économies obligent les gouvernements à
adopter des mesures de convergences juridiques et fiscales et à
s'engager toujours plus avant dans un processus d'unification des
procédures et de banalisation des techniques monétaires et
financières entre les pays dont les systèmes économiques
voient leur interdépendance accrue (Bekolo-Ebé, 1998).
Au total, si la finance se globalise dès lors qu'elle
est unifiée à l'échelle du monde entier, il convient
encore d'invoquer à son propos la règle des trois
« D » qui définit les caractéristiques de
cette évolution, décloisonnement, déréglementation,
désintermédiation.
II. LA REGLE DES TROIS D
Les cycles de négociation de l'Uruguay-round
(négociations multilatérale au sein du GATT6(*) de 1986 à 1994 en vue
d'achever la libéralisation du commerce international et qui ont
débouché sur l'institution de l'OMC à la suite du
traité de Marrakech en avril 1994) sur les services financiers ont
contribué à polariser l'attention sur le fonctionnement du
marché, sur la différence entre libre mobilité des
capitaux et non discrimination sur les marchés, sur l'avantage de la
libre concurrence entre institutions financières nationales et
étrangères, aussi bien dans les pays industrialisés que
dans les pays en développement (Bekolo-Ebe, 2002). L'évolution
des marchés et le processus de mondialisation financière se sont
accompagnés d'une libéralisation des systèmes financiers
(Romey, 2004). Cette libéralisation se caractérise par ce qu'il
est convenu d'appeler le phénomène des "3 D" :
décloisonnement, désintermédiation et
déréglementation que nous analyserons.
II.1 Le décloisonnement des marchés
Les conditions nécessaires de la globalisation
financière sont non seulement l'ouverture des marchés nationaux,
mais aussi, à l'intérieur de ceux-ci, l'éclatement des
compartiments préexistants (Bourguinat, 1992). La fin des compartiments
signifie que les marchés se déspécialisent, les
intermédiaires exerçant tous types d'activités. Ainsi, des
distinctions traditionnelles séparant aux Etats-Unis banques
commerciales et, investments banks spécialisées dans le placement
des valeurs mobilières s'estompent. Ce décompartimentage a
été consacré par le "big bang" d'octobre 1986 qui a
conduit à la confusion des fonctions de contre partistes et courtiers.
De même s'installe une sorte de continuum qui fait passer sans
distinction de la finance indirecte à la finance directe, avec une
prédominance de plus en plus forte de cette dernière (Bekolo-Ebe,
1998).
Les dispositions mises en place dans la plupart des pays au
début des années 1970, notamment en France, se
caractérisaient par de fortes limitations du jeu des forces du
marché, au moyen notamment de contrôles des prix ou du volume des
opérations des institutions à l'accès au marché. En
France, par exemple, le décloisonnement a consisté à
réduire le nombre de marchés spécifiques (circuit bancaire
et du trésor, réseaux mutualistes ou caisses d'épargne)
afin de constituer un vaste marché des capitaux permettant une
régulation monétaire plus efficace et plus conforme aux
règles de la concurrence. L'ouverture du marché monétaire
en 1985 va donc marquer la première étape du processus de
décloisonnement.
L'introduction des titres de créances
négociables (TCN) et des bons du trésor négociables
participe à la mise en place du chaînon manquant entre le
marché interbancaire et le marché obligataire. La seconde
étape du processus de décloisonnement a été
réalisée par la levée progressive de l'encadrement du
crédit entre 1985 et 1987, complété par une plus grande
égalité dans les conditions de collecte des ressources et
d'octroi de financement.
La décennie des années 1980 est aussi celle de
la réhabilitation des marchés boursiers dans le financement de
l'économie. Cette réhabilitation s'est accompagnée, en
France, d'une modernisation des structures institutionnelles et d'une
transformation des techniques de marché avec l'information des
échanges. Le décloisonnement s'est aussi accompagné d'une
internationalisation des marchés.
II.2 La déréglementation
Le mouvement de déréglementation entrepris dans
l'ensemble des pays industrialisés, dès la fin des années
1970, a comporté principalement deux volets : une
"déréglementation des volumes" (suppression du contrôle des
changes levée des mesures d'encadrement du crédit). Et une
"déréglementation des prix (libéralisation des tarifs
bancaires, des taux créditeurs et débiteurs) (Romey, 2004).
L'évènement le plus emblématique a été le
big bang imposé par l'Angleterre à son système financier
en Octobre 1986. Celui-ci conduisit non seulement à la confusion des
fonctions de contre partistes et des courtiers, mais aussi permit aux
non-résidents d'être co-chefs de file dans les émissions
étrangères.
Ce mouvement de déréglementation a
accentué la concurrence entre les banques sur tous les segments du
marché du crédit. Il s'est agit d'une adaptation de la
réglementation existante conduisant à éliminer certaines
réglementations et à les remplacer par d'autres jugées
plus efficaces. Il ne s'agit donc pas de laisser le marché à
lui-même ; le mouvement va de paire avec la libéralisation.
Il s'agit de laisser plus de liberté aux différents acteurs,
d'autoriser un vaste menu de transactions avec des contrôles moins
impulsifs. C'est aux Etats unis que le mouvement s'est amorcé avec un
ensemble de mesures destinées à encourager la concurrence sur
les marchés financiers. En l'occurrence la poursuite de
l'élimination des plafonds de taux engagée au milieu des
années 1970, l'élimination en 1984 de la retenue à la
source de 30% sur les intérêts des obligations souscrites aux
Etats-Unis par des étrangers.
La reforme bouleverse les conditions de concurrence sur les
places financières et pousse les autres places financières
à engager des reformes et à s'inscrire dans le mouvement de
déréglementation. Ce mouvement a été
amplifié par l'Union Européenne avec la création du
marché unique qui portait notamment sur la libéralisation des
mouvements de capitaux, la suppression du contrôle de change, le libre
échange, des services financiers. Il s'observe à cet effet des
marchés émergents dans nombre de pays en développement qui
ont libéralisé leur marché pour attirer les
investissements étrangers.
On retrouve là une des conséquences de
développement de l'analyse théorique qui, surtout dans les
années 1980 et 1990 s'est intéressé au rôle du
développement de la finance dans le processus de croissance, prolongeant
les travaux des théoriciens de la répression financière.
Bien plus, les restrictions concernant certaines opérations, ou le
fonctionnement des comptes ont progressivement disparu, ainsi qu'on a pu voir
aux Etats-Unis, où l'apparition des comptes NOW7(*), Super Now, ATS8(*) a levé la distinction
compte à vue, compte à terme. Ce qui donnait l'exemple d'une
volonté poussée de déréglementation par les
autorités Américaines.
La déréglementation se traduit aussi par
l'allégement de la tutelle de l'Etat avec la disparition des diverses
contraintes pesant sur ces marchés, par une ouverture des marchés
aux intervenants étrangers et un élargissement du jeu de la
concurrence qui favorise le développement des innovations
financières destinées notamment à couvrir contre les
nouveaux risques (Bekolo-Ebe, 1998). Au système compartimenté et
spécialisé, s'est substitué un modèle de "Banque
Universelle". Le mouvement similaire s'observe aux Etats-Unis avec la remise en
question de la distinction traditionnelle séparant banques commerciales
et "Investment Banks" spécialisées dans le placement des valeurs
mobilières (Romey, 2004).
II.3 La
désintermédiation
La désintermédiation a été l'une
des premières conséquences visibles du décloisonnement des
marchés (Romey, 2004). Elle traduit schématiquement le passage
d'une situation qualifiée de "finance indirecte ou
intermédiée", dans laquelle les entreprises sont essentiellement
financées par les banques au moyen de crédits bancaires
classiques, à une situation de "finance directe", dans laquelle les
entreprises se financent davantage par apport de fonds propres, ou par
émission de titres de créances négociables sur les
marchés financiers. En fait, la notion de
désintermédiation qu'on associe à l'expansion des
marchés financiers ne signifie donc pas disparition des
intermédiaires financiers, mais mutation de leur rôle,
l'intermédiation financière naît des imperfections sur les
marchés des titres primaires (Leland et Pyle, 1977). Cette
désintermédiation rend compte de ce que la finance directe
devient prépondérante au détriment de la finance indirecte
par monnaie de crédit. Les institutions financières jouent
désormais un rôle d'agence, mettant en place un système
d'information, permettant de réduire les effets d'asymétrie
informationnelle générateurs d'aléa moral (Diamond et
Dybvig, 1983). Ceci explique les transformations que connaît la fonction
d'intermédiation des banques. S'il est vrai depuis les travaux de Gurley
et Shaw (1960) et la distinction faîte par Hicks (1974) que la finance
directe est opposée à la finance indirecte, il reste que les
préférences des portefeuilles des échangistes sont en
règle différente que même dans la finance directe, il y a
toujours place pour les intermédiaires financiers. Bien que les
financements de marché tendent à supplanter les financements
bancaires traditionnels, on constate dans le même temps, que les banques
ne se désintéressent pas, loin s'en faut, du développement
du marché des capitaux. Au contraire, elles ont tendance à
accentuer leurs interventions sur ces marchés, en émettant
elles-mêmes des titres ou en souscrivant à des actifs émis
sur les marchés monétaires et financiers. C'est cette
présence accrue des banques sur le marché des capitaux qui a
entraîné une "marchéisation" des conditions bancaires des
opérations traditionnelles (Romey, 2004).
La désintermédiation apparaît dès
lors comme une conséquence de cette évolution et la situation
s'analyse en une tendance à la modification et à la mutation du
rôle des intermédiaires, en particulier les banques, et ce, du
fait du développement de la finance directe. Les banques ont pu par ce
biais soustraire de leur bilan, le maximum de créances douteuses et sans
grand avenir, en se faisant alors intermédiaires pour les placer
auprès d'emprunteurs finals, sous forme d'effets renouvelables et de ce
fait, à taux variables.
La globalisation financière, en favorisant le
développement des marchés financiers a permis aux banques de
faire valoir leur expertise financière et proposer à leurs
clients une vaste gamme de services financiers. Dès lors, le
développement des innovations financières trouve là leur
explication.
SECTION II : L'ACCELERATION DES INNOVATIONS
FINANCIERES
La mondialisation des marchés et la globalisation
financière, ont pour conséquence le prodigieux
développement de l'innovation financière. Libres et
mondialisés, les marchés sont en effet devenus
particulièrement concurrentiels, ce qui les a engagés dans une
course constante à l'innovation. Ces innovations ne se sont pas
développées partout au même rythme. Les pays anglo-saxons
(Etats-Unis, Canada, Angleterre) ont d'abord été leaders en la
matière avec notamment la création du Nasdaq en 1971, celle des
marchés organisés d'option à Chicago en 1973 et à
Londres en 1978. Ensuite ont suivi les pays Européens dans les
années 1980, puis enfin les pays émergents dans les années
1990. A mesure que les innovations se développent, leur diffusion
s'accélère. Les pays suiveurs ont de ce fait pu facilement
rattraper leur retard (Romey, 2004).
L'objet de cette section est triple. D'abord donner une
justification des innovations financières (I), ensuite faire leur
typologie (II), enfin présenter les théories explicatives de
l'innovation financière (III).
I. DEFINITION ET JUSTIFICATION DES INNOVATIONS
FINANCIERES
L'innovation financière désigne la
nouveauté dans la production sous forme de produit nouveau, de
procédé de fabrication nouveau, de l'usage de nouveaux produits
financiers (Lexique d'économique, 2002).
Depuis les années 1980, l'innovation financière
connaît un développement fulgurant, élargissant
considérablement le menu des instruments financiers à la
disposition des acteurs, investisseurs, spéculateurs ou
trésoriers d'entreprises. Parallèlement au mouvement de
libéralisation et aux mutations des régimes de change, le
progrès des technologies de l'information et de la communication
facilite de plus en plus les montages et les transferts financiers
internationaux. La finance est en effet liée au traitement et à
la collecte de l'information.
L'innovation financière se développe d'abord
pour attirer la clientèle en mettant à sa disposition des
instruments supposés correspondre au plus près à ses
besoins. Ainsi sont apparus une panoplie d'instruments qui d'ailleurs ont
accéléré le décompartimentage des marchés.
La sophistication de ces instruments et produits offerts est en effet telle que
le même instrument peut revêtir des caractéristiques aussi
bien du compartiment court, que du compartiment long du marché
(Bekolo-Ebé, 1998).
L'innovation se développe ensuite pour permettre aux
clients de faire face aux risques attachés à l'incertitude
grandissante, liées à la levée des contrôles et
règlements. Il en est particulièrement ainsi de tous ces
instruments destinés à couvrir les intervenants des risques
liés à la mobilité des taux et à la
possibilité désormais offerte d'opérer dans une optique
multidevise.
Les nouveaux produits, dont la plupart doivent d'ailleurs leur
existence à des mutations souvent faites in fine, ont ainsi une triple
vocation :
- Gérer l'instabilité des taux et des changes
- Permettre le passage facile et rapide d'un compartiment
à l'autre du marché (taux variables, taux fixes, comptant,
terme)
- Permettre facilement et rapidement le passage d'une devise
à l'autre (Bourguinat, 1992)
L'innovation financière facilite ainsi
l'activité économique et l'allocation des ressources.
Si l'innovation financière joue un rôle central
dans l'analyse de la mutation financière, sa description est rendue
malaisée par les nombreuses formes qu'elle peut prendre. La typologie
généralement adoptée est basée sur celle
utilisée par J.A. Schumpeter pour les innovations industrielles.
II. TYPOLOGIE DES INNOVATIONS
FINANCIERES
La description de l'innovation financière peut
être faite par analogie avec la théorie de l'innovation
industrielle de Schumpeter. A cet effet, on peut établir une typologie
des innovations financières en distinguant :
- Les innovations de procédé qui comportent une
dimension technologique : introduction de la télématique
dans les services bancaires et financièrs, monnaie électronique,
dématérialisation des titres financiers.
- Les innovations de produits qui se caractérisent soit
par l'apparition de nouveaux produits, soient par la modification des
caractéristiques de produits déjà existants. On peut citer
le titre de créances négociables (introduits en France en 1985
avec la reforme du marché monétaire), les produits
dérivés de type contrats à terme fermes ou option, ou
encore les SICAV (Sociétés d'Investissement à Capital
Variable).
- Les innovations de marché qui se traduisent par
l'ouverture d'un marché ou l'exploitation d'un nouveau segment de
marché pour le cas français, on peut citer l'ouverture du second
marché en 1983, à destination des entreprises de taille moyenne,
le MATIF (Marché à terme d'instruments financiers) en 1986 et le
MONEP (Marché des Options Négociables de Paris) en 1987, ainsi
que les compartiments Next Tract, dédiés aux trackers (fonds
indiciels cotés), et Next Warrants consacré aux bons d'options
(Warrants) en 2001.
- Les innovations provenant de l'émergence de nouvelles
organisations. Citons les multilatéral trading facilities, nouveaux
types de bourses entièrement automatisées qui concurrencent les
places de marché traditionnelles, ou encore la bancassurance qui
réunit les activités bancaires et d'assurance.
Toutefois, l'analogie entre innovations financières et
innovations industrielles est imparfaite en raison des
spécificités inhérentes aux premières. Tout
d'abord, une innovation financière n'est jamais pure, et se
révèle le plus souvent de nature hybride. La plupart des nouveaux
produits financiers résultent, au moins partiellement d'innovations de
processus. Les innovations de marché induisent les innovations de
produits. Par exemple, les trackers constituent à la fois une innovation
de produits, de processus (nouvelles technologies de la communication qui
permettent l'achat ou la vente de titres en temps réel), et de
marché (création du segment Next Tract d'Euronex).
A la différence des innovations industrielles, la
création de nouveaux produits financiers vient étendre la gamme
des produits existants sans forcément rendre ces derniers
obsolètes. Aussi, même si ses déterminants initiaux ne sont
plus d'actualité, l'innovation financière ne disparaît pas
(cela rend d'ailleurs le cycle de vie des produits financiers assez
particulier, ces derniers se caractérisent par une très longue
phase de maturité). Il existe des effets de cliquet tels que la plupart
des produits financiers, une fois entrés dans la pratique
financière n'en sortent plus. Par exemple, alors que les Money Market
Mutual Funds (MMMF) ou les SICAV monétaires sont nés en
période d'inflation élevée pour diminuer le coût de
détention des encaisses monétaires, ces dispositifs associant
rendement et liquidité n'ont pas disparu avec la désinflation.
Enfin, l'innovation financière ne peut pas être
protégée par un brevet, la carte à puce étant l'une
des rares exceptions. En règle générale, une modification
marginale des caractéristiques du produit (taux d'intérêt,
échéance, etc.) suffit à se différencier du produit
initial. Facilement copiable, l'innovation financière ne procure
à l'entreprise innovante qu'un avantage compétitif de courte
durée. Par ailleurs, alors que l'innovation industrielle est
inhérente au changement technique et se produit quelles que soient les
conditions économiques générales, l'innovation
financière est liée à des changements contingents aux
conditions macroéconomiques qui provoquent une adaptation des
méthodes de financement, avec un retour ultérieur possible aux
instruments précédents. L'innovation financière ne
présente donc pas de trajectoire technologique (Aglietta, 1991).
Les innovations financières, à travers le
développement des nouvelles technologies de l'information et de la
communication (NTIC) se sont internationalisées. Elles permettent une
interconnexion des places boursières (GLOBEX)9(*), une diffusion plus rapide et
moins coûteuse de l'information (systèmes Reuters, Telerate,
Fininfo) et l'automatisation des processus de traitement de cette
dernière. C'est ainsi qu'en Europe, l'Union Economique et
Monétaire et la création de l'Euro ont conduit à
l'émergence d'un vaste marché unifié des capitaux.
En définitive, les innovations financières
revêtent un caractère spécifique, qu'il convient maintenant
de présenter les théories explicatives de leur existence.
III. LES THEORIES EXPLICATIVES DES INNOVATIONS
FINANCIERES
La spécificité des innovations
financières nécessite le développement des théories
appropriées (Geoffron, 1992). Selon une approche empruntée
à la théorie des cycles, le processus d'innovation
financière se compose de phases successives
d'"accélération" et de "digestion". Si ces phases sont largement
tributaires des changements dans les conditions économiques et
financières, il n'existe pas de théorie expliquant formellement
l'incidence de la conjoncture sur l'incitation à innover. L'histoire
financière nous renseigne peu sur les raisons du passage d'une phase
à une autre. En revanche, les théories dédiées plus
spécifiquement aux innovations financières ont permis
d'appréhender certains facteurs généralement reconnus
comme ayant encouragé le processus de l'innovation financière.
Les analyses de Silber (1975, 1983) et Kane (1983, 1988)
confèrent d'intéressants fondements théoriques aux
innovations de contournement, notamment celles introduites par les institutions
financières afin de relâcher la contrainte de la
réglementation. A côté de ces analyses orientées du
côté de l'offre, d'autres analyses comme celle de Desai et Low
(1987) mettent davantage en avant le rôle de la demande, expliquant bien
la recherche d'instruments de placement et de financement destinés
à satisfaire une demande de combinaisons nouvelles des
caractéristiques existantes en termes de rendement, risque et
liquidité (Romey, 2004).
III.1. La théorie de la contrainte et de la
dialectique réglementaire
Innovation financière et réglementation
entretiennent une dynamique et des relations complexes. Leur dialectique
apparaît ainsi comme une conséquence de l'évolution des
marchés et, rend difficile de savoir si les mouvements observés
sont dus aux décisions des gouvernements ou à la dynamique des
marchés. Silber (1975) est le premier à avoir
élaboré un schéma interprétatif original, en
mettant l'accent sur trois types de contraintes qui ont joué un
rôle central dans l'accélération de l'innovation
financière. Il s'agit :
- Des contraintes réglementaires.
- De l'intensification de la concurrence.
- De la montée des risques liés à la
volonté accrue des taux d'intérêts et des taux de change
depuis les années 1970.
Ce modèle convient plus particulièrement
à l'étude des stratégies des intermédiaires
bancaires. Les contraintes subies par les institutions engendrent des
innovations destinées à gagner des degrés de
liberté. L'innovation financière est donc
considérée comme le produit d'une contrainte exogène qu'il
s'agit de contourner (Romey, 2004).
Cette idée était déjà
présentée chez Gurley et Shaw (1960). « Dans toute
économie, la structure financière est continuellement
remodelée par les efforts des agents économiques pour
échapper aux contraintes déjà existantes ». Mais
la paternité de la dynamique innovation-réglementation revient
véritablement à Kane. Autour de cette dynamique, il
élabore le concept de dialectique réglementaire réductible
à deux enchaînements :
1) Réglementation ? contournement par
l'innovation ? adaptation de la réglementation
2) Innovation ? adaptation de la réglementation
? contournement par l'innovation
Selon ce schéma, les agents sont incités
à contourner la réglementation dès lors que le solde
coût/avantage de l'adhésion de l'agent à la contrainte
réglementaire devient négatif. (Romey, 2004). Cette dialectique
met en lumière l'interaction entre deux types d'agents : les agents
privés assujettis à la réglementation et les pouvoirs
publics qui la mettent en oeuvre. Chacun modifiant son comportement en fonction
des actions constatées ou anticipées de la part de l'autre. Les
rapports de force sont toutefois inégaux. D'une part, il faut moins de
temps pour contourner la réglementation qu'il n'en faut pour
réglementer. Et d'autre part, plus la réglementation est
efficace, moins vite elle sera contournée.
Ce type d'analyse est particulièrement bien
adapté au cas des pays anglo-saxons où l'initiative des
innovations financières a surtout appartenu aux agents privés de
la sphère financière, lesquels ont trouvé par l'innovation
les moyens de desserrer certaines contraintes pesant sur eux. Des contraintes
d'ordre réglementaire ont amené les banques à
développer des formules leur permettant de contourner par exemple les
interdictions ou les plafonnements de taux créditeurs ou bien encore de
créer de nouveaux produits échappant à l'assiette des
réserves obligatoires. Dans le cas des Etats-unis par exemple,
l'écart croissant entre les taux d'intérêt
administrés (réglementation Q ) et le taux de marché a
été le principal déterminant de l'innovation
financière au début des années 1970. La titrisation est
une autre illustration du contournement de la réglementation. Elle
consiste à transformer des actifs ou des créances peu ou pas
négociables (crédits bancaires) en titre aisément
négociable sur des marchés secondaires. Par
l'intermédiaire d'une entité juridique (ou véhicule) ad
hoc (Romey 2004) les établissements de crédit peuvent alors
améliorer la liquidité de leur bilan et réduire leurs
besoins en capitaux propres.
La concurrence entre institutions constitue un autre type de
contrainte. Même si on ne peut breveter un produit financier,
l'innovation assure à son créateur un bénéfice en
termes d'image de marque. Eventuellement, le temps d'adaptation des concurrents
peut procurer à l'entreprise innovante un monopole de courte
durée et stimuler l'investissement en recherche et développement
(RD). Cette concurrence amène également les établissements
bancaires à compresser au maximum les coûts subis par leurs
clients, notamment grâce au retour à Internet, donnant lieu au
développement de la banque directe. Cette dernière permet
d'effectuer toutes les opérations bancaires courantes (gestion de moyens
de paiement, crédits, épargne) en remplaçant la relation
bancaire en agence par une relation avec une plate-forme
téléphonique associée à un système
d'information performant.
Un troisième type de contrainte, est la montée
des risques et la nécessité d'y parer. Ceux-ci explique par
ailleurs le développement par les banques de produits
dérivés (contrats à termes fermes, optionnels SWAPS)
négociés dans un premier temps de gré à gré
sur des marchés organisés.
L'initiative de l'innovation n'appartient pas toujours
à la sphère privée (Artus et de Boissieu, 1995 ; de
Boissieu, 1998). Ainsi dans les pays Européens, en situation de
rattrapage par rapport aux pays anglo-saxons, l'initiative a plutôt
appartenu aux pouvoirs publics qui, aux moyens d'importantes réformes
financières, ont d'eux-mêmes créé de nouveaux
marchés ou introduit de nouveaux produits. Les contraintes à
l'origine de ces innovations d'origine publique étaient essentiellement
de deux ordres : le financement des déficits aux entreprises
nationales ; la compétitivité externe des places
financières.
L'innovation financière française par exemple, a
ainsi été conduite par l'initiative des pouvoirs publics,
soucieux de moderniser la gestion des déficits publics et de rattraper
le retard notable du pays en matière de développement
financier.
On peut également retenir dans le cas français
l'importance de l'incitation fiscale comme déclencheur d'innovations
financières au cours des années 1980. les produits issus de ces
innovations ont permis de répondre aux contraintes de financement
spécifiques des entreprises françaises, encore largement
dominées dans les années 1980 par de nombreuses PME à
caractère familiale et par de grandes entreprises nationalisées,
et à qui, il fallait donner un accès aux capitaux tout en
garantissant le maintien de la structure du pouvoir dans l'entreprise.
En définitive, l'innovation financière n'est pas
seulement orientée du côté de l'offre. Elle peut
également être appréhendé vers la recherche
d'instruments de placement et de financement destinés à
satisfaire une demande de combinaisons nouvelles des caractéristiques
existantes en termes de rendement, risque et liquidité, qu'il convient
maintenant d'analyser.
III.2 La demande de nouvelles combinaisons de
caractéristique
Contrairement aux analyses de Silber et de Kane qui
caractérisent l'innovation comme une réponse de l'organisation
(essentiellement les institutions financières) aux contraintes qui
pèsent sur elle, et dont les coûts deviennent exorbitants,
l'approche par la demande (Desai et Low, 1987), inspirée par les travaux
de Lancaster (1966, 1971) portant sur la demande de caractéristiques,
met en avant la volonté de la part de l'agent qui innove de
répondre à une demande latente des consommateurs.
Pour Lancaster (1971)10(*), les biens sont dotés de
caractéristiques dans les proportions fixes et, c'est sur ces
caractéristiques, et non sur les biens eux-mêmes, que le
consommateur exerce ses préférences. Le consommateur a une
variété idéale et choisit sur le marché le produit
qui s'en rapproche le plus. Plus la distance est grande entre la
variété de marché qui est proposée et la
variété idéale du consommateur, plus le potentiel
d'innovation est grand, car il existe une demande latente non "assouvie". Desai
et Low (1987)11(*) ont
transposé ce schéma à l'innovation financière. Plus
les consommateurs seront nombreux à souhaiter des titres
présentant des caractéristiques intermédiaires en terme
par exemple de rendement et de liquidité, qui puissent maximiser leur
utilité, plus l'innovation sera profitable. Autoriser des transferts
d'un compte à vue vers un compte d'épargne (et inversement) sans
délai ni coût, permet aux clients d'optimiser la gestion de leur
trésorerie et répond ainsi à leur demande latente de
solidarisation des comptes. Les banques Américaines ont donc
rivalisé d'imagination pour offrir à leurs clients ce type de
service. Complémentaire de celle développée par Silber,
cette théorie se révèle néanmoins plus
étroite. Elle s'applique en effet facilement aux innovations de
produits, mais reste difficilement transposable aux innovations de
processus.
Le présent chapitre avait pour objet d'analyser les
origines internationales des mutations financières. Pour ce faire, il a
fallu non seulement présenter les faits précurseurs de ces
changements, mais aussi, étudier les origines proprement dites des
mutations financières à l'échelle international. Au terme
de ce chapitre, il apparaît que les mutations financières trouvent
leurs origines internationales dans la prise en compte de deux
processus qui constituent les deux piliers majeurs.
Il y a, d'une part, La globalisation financière qui
apparaît comme le dénominateur commun à l'ensemble des
transformations qui ont affecté le fonctionnement des systèmes
financiers. Cette globalisation a résulté non seulement des
progrès techniques en matière de communication, mais aussi des
décisions politiques. Elle s'est accompagnée de la
libéralisation des systèmes financiers nationaux se
caractérisant par la règle des trois
« D ».
Il y a, d'autre part, l'accélération des
innovations financières, dont, l'initiative relève aussi bien du
secteur privé surtout dans les pays anglo-saxons, que des pouvoirs
publics, en particulier dans les pays européens. La mondialisation des
marchés a aussi favorisé l'accélération des
innovations financières.
Aussi, les caractéristiques structurelles des
systèmes financiers vont continuer de varier selon les pays de
façon notables, particulièrement en ce qui concerne l'importance
relative des marchés de titres, des banques et des autres institutions
financières comme source de financement. Toutefois, avec
l'assouplissement des contraintes imposées aux différentes formes
de financement, les structures financières semblent se rapprocher.
Ces mutations ont eu une diffusion internationale et ont par
là même affecté le système financier camerounais. Il
convient à ce niveau d'étudier les origines des mutations
financières au Cameroun.
CHAPITRE II
LES ORIGINES INTERNES DES MUTATIONS FINANCIERES AU
CAMEROUN
Le système financier Camerounais dont les
défaillances ont été observées au milieu des
années quatre-vingt est sujet à de nombreuses mutations. Ces
mutations désignent les changements observables sur la sphère
financière, et se sont traduites par une émergence de nouveaux
établissements financiers, un essor remarquable de la micro-finance, un
passage de l'illiquidité à la surliquidité des banques et
la mise en place des mesures d'ajustement financier. L'explication de ces
changements réside dans un certain nombre de faits criants, dont deux
paraissent pertinents pour être évoqués pour notre propos.
Il s'agit d'abord de la crise économique qui a profondément
affecté les banques, limitant ainsi leur rôle
d'intermédiation financière. Ensuite le rétablissement des
équilibres macroéconomiques, et enfin, l'apparition des besoins
de plus en plus importants des ressources pour le financement des
activités de production. Contrairement aux évolutions
observées dans les systèmes financiers anglo-saxons, pour
lesquelles l'initiative relevait du secteur privé, celles du
système financier Camerounais se sont réalisées par
l'initiative des pouvoirs publics, qui étaient soucieux de
rétablir l'équilibre financier détérioré par
la crise. Ils ont ainsi mis en place d'importantes réformes. L'objectif
de ces réformes était de donner au système bancaire une
solidité financière et une capacité à mobiliser les
ressources financières, et à les affecter dans les secteurs
productifs de l'économie.
A cet effet, à partir de la fin des
années 1980 et le début des années 1990, les pouvoirs
publics camerounais, avec l'appui des bailleurs de fonds internationaux :
Banque Mondial, Fonds Monétaire International et Banque des Etats de
l'Afrique Centrale ; vont dans le cadre des plans d'ajustement structurel
enrichir leur thérapie habituelle par des restructurations bancaires.
Ainsi, une nouvelle organisation va être donnée au système
bancaire sur le plan technique se traduisant par le désengagement de
l'Etat du capital des banques au profit des intérêts
privés.
L'objet de ce chapitre est double. Il apporte une
explication aux origines internes des mutations financières via d'une
part, la crise de l'intermédiation financière et, d'autre part,
les mesures d'ajustement financier. Il importe dès lors de revenir sur
la crise de l'intermédiation financière (section1), avant
d'aborder les mesures d'ajustement financier au Cameroun (section2).
SECTION I : LA CRISE DE L'INTERMEDIATION
FINANCIERE
La crise économique du milieu des années
quatre-vingt a révélé les difficultés de
l'intermédiation financière au Cameroun. Ces difficultés
étaient liées aux causes multiples : notamment
l'omniprésence de l'Etat qui permit aux entreprises publiques de
bénéficier des concours bancaires pour assurer leurs
équilibres (Pelletier, 1993), les erreurs de gestion (Mathis, 1992), les
difficultés conjoncturelles, le faible degré d'approfondissement
financier, l'inadéquation des structures bancaires aux habitudes des
populations, et à l'orientation des financements vers les secteurs
d'exploitation. Il s'agit d'une carence quasi congénitale que
l'évolution n'a pu malheureusement lever (Bekolo-Ebe, 1996)
Dans cette situation asphyxiante, les banques ne
pouvaient plus assurer leur rôle d'intermédiation
financière, compromettant ainsi le processus de croissance et
développement économique. L'objet de cette section est de montrer
en quoi est-ce que la crise de l'intermédiation a contribué aux
mutations financières. Pour cela, il sera présenté dans un
premier temps les explications théoriques des causes de la crise (I), et
dans un second temps ,les caractéristiques de la crise de
l'intermédiation financière (II).
I. LES EXPLICATIONS THEORIQUES DES CAUSES DE LA CRISE
DE L'INTERMEDIATION FINANCIERE
Les causes12(*) de la crise de l'intermédiation
financière peuvent être distinguées en deux
catégories : les causes nées de l'absence de relations
structurelles entre la banque et l'économie et, des causes introduites
par les politiques économiques. Ces causes seront successivement
présentées à la suite de ce travail.
I-1 LA FAIBLESSE DES RELATIONS STRUCTURELLES ENTRE LA
BANQUE ET L'ECONOMIE.
La faiblesse des relations structurelles entre la
banque et l'économie peut s'apprécier à travers deux
critères principaux. Il y a d'une part, la logique de l'implantation
bancaire au Cameroun et, d'autre part, l'existence d'asymétries
d'information.
I-1-1)-La logique de l'implantation bancaire au
Cameroun
L'appréciation de l'influence des intermédiaires
bancaires sur l'évolution de l'économie camerounaise, ne peut se
faire sans une analyse historique des origines et des motivations qui ont
sous-tendu leur mise en place.
L'installation des banques au Cameroun est
très ancienne et, obéit à une logique coloniale. Toutes
les relations seront dès l'origine dominées par la
prééminence de la métropole sur les colonies. Ainsi, les
banques sont apparues largement tributaires de celles de la métropole
qui avaient déjà des structures bien organisées. Ces
institutions apparaissent en conséquence en avance par rapport aux
structures économiques et, ont été imposées sans
tenir compte des réalités économiques culturelles et
sociales. Leur rôle était de prendre en main le
développement des échanges commerciaux au profit de la
métropole. Et c'est du développement de ces échanges que
dépendra le rythme d'installation des guichets de banque.
Au moment où le Cameroun accède
à la reconnaissance internationale, on s'attendait à ce que cette
logique soit infléchie ou alors totalement inversée. Mais il n'en
ait rien été parce que, la structure de l'économie des
colonies n'avait pas elle même fondamentalement changé. Elle est
restée pour l'essentielle basée sur la production et
l'exportation des matières premières.
Dans la période d'euphorie qui a suivie les
indépendances, les banques se sont développées de
façon désordonnée et imprudente avec l'aide des banques
étrangères dont elles étaient généralement
des filiales. N'ayant pas l'expertise nécessaire et n'ayant pas
été incitées à l'acquérir, les banques ont
préféré prospérer dans les activités peu
risquées de financement de l'import-export, et des entreprises publiques
détenant les monopoles dans l'exploitation des produits primaires.
L `environnement a continué à
être caractérisé par de fortes asymétries
d'information.
I-1-2) Les asymétries d'information et
l'environnement juridico- institutionnel
Les développements de la théorie de
l'intermédiation financière appuyés par ceux de la
théorie des contrats et de la théorie de l'agence, ont
montré l'importance de la maîtrise de l'information par les
banques.
En effet, Gurley et Shaw (1960), définissent
les intermédiaires financiers comme des agents transmettant les
excédents des agents à capacité de financement vers les
agents à déficit de financement. Ceci serait vrai si
l'information était disponible pour tous dans la réalité.
Or, sur les marchés en général (Akerlof, 1970), et sur le
marché du crédit en particulier, les emprunteurs ont une
meilleure appréciation de leur capacité de risque que les
prêteurs. D'où deux types d'asymétries d'information. La
sélection adverse ou type caché, lorsque le marché pur
aboutit à consentir des prêts aux mauvais emprunteurs et, le
hasard moral ou comportement caché lorsqu'il est impossible pour le
prêteur de vérifier les conditions d'utilisation du crédit.
Ainsi, (Leland et Pyle, 1987) aboutissent à
la conclusion que, la banque comme intermédiaire financier, gère
mieux les asymétries d'information en réduisant de façon
institutionnelle les coûts d'acquisition et de gestion de l'information.
Dans le même sens, Diamond et Dybvig (1983) perçoivent la banque
comme « l'institution déléguée » qui
gère les risques liés aux relations de crédit avec
l'entreprise.
Cependant, après l'indépendance,
l'Etat a participé au capital des principales banques, et a
cherché à orienter les ressources vers les activités qu'il
jugeait prioritaires, tout en rendant le crédit bon marché par un
contrôle administratif des taux d'intérêt. Dans un
environnement juridique peu porteur et un contrôle bancaire peu strict,
les crédits improductifs aux secteurs désignés par le
gouvernement étaient reconduits puisqu'en cas de défaut, les
banques avaient en principe le recours de la garantie de l'Etat. Garantie dont,
la couverture n'était d'ailleurs pas clairement définie. Cette
situation a contribué à dégager les banques de toute
préoccupation quant au contrôle de la bonne utilisation des
crédits et à la bonne connaissance de leurs contreparties dans la
relation de crédit.
De la même manière, fournies en
abondance de l'épargne publique, les banques ne se sont pas
préoccupées de la collecte de l'épargne et notamment de
l'épargne longue. Ces erreurs de gestion ont rendu les banques
incapables de faire face au retournement de tendance qui a
entraîné les retraits massifs des dépôts
étatiques.
Après les indépendances, la
gestion des banques qui avait été pour la plupart
nationalisées, a éloigné les banques plutôt que de
les rapprocher des structures économiques nationales.
En définitive, les relations entre les
banques et l'économie sont restées très
superficielles ; les banques se contentant de fournir les financements
sans se soucier de leur utilisation et, ne s'intéressant pas aux
informations comptables et financières sur l'activité
passée et future de l'entreprise.
Cette habitude a entraîné la
défaillance dans la mesure du risque du côté de la banque,
tandis que du côté des emprunteurs, s'est installé une
habitude de falsification des documents comptables favorisée par la
faiblesse de l'appareil judiciaire.
La politique monétaire pour sa part, a
introduit d'autres distorsions.
I-2) LES DISTORSIONS INTRODUITES PAR LA POLITIQUE
GOUVERNEMENTALE.
Selon cette catégorie de
justification, la politique gouvernementale a un effet sur le comportement
bancaire, dans la fonction d'intermédiation financière. Cette
politique, bien que menant pour des raisons politiques à une gestion
hasardeuse des établissements bancaires, peut aussi introduire une
répression financière, ou introduire un dualisme financier.
I-2-1) -La théorie de la
répression financière
La répression financière
désigne les obstructions réglementaires de toute nature qui
contrarient les activités des intermédiaires financiers et
entravent le développement de l'épargne (Mc Kinnon, 1970 ;
Shaw, 1973). Elle consiste à fixer des taux d'intérêt en
dessous de leur valeur d'équilibre, à orienter administrativement
le crédit, à fixer les réserves obligatoires à un
niveau élevé, et à limiter la concurrence au sein du
système bancaire.
Cette théorie découle de
l'approche néo-classique du financement du développement qui
suppose l'épargne préalable à l'investissement. Celle-ci
est une fonction croissante au taux d'intérêt réel. Selon
les conclusions de Mc Kinnon, la répression financière
empêche l'économie d'atteindre son taux de croissance optimal.
A la suite de Mc Kinnon, des travaux plus
récents, réalisés par Eboué C (1990)
intègrent le taux d'intérêt informel comme variable
déterminante de la répartition du portefeuille des agents
économiques en économie réprimée. Dans un tel
contexte, la politique monétaire a un effet sur le comportement des
banques en les obligeant à revoir leur fonction d'intermédiation
financière.
Ainsi, pour stimuler l'investissement, il faut
décourager la détention de la monnaie. De cette mécanique,
découle une politique monétaire qui conduit à un certain
nombre de restrictions que Mc Kinnon (1991)13(*) appelle « instruments de répression
financière ».Ces instruments sont :
- La rétention importante des réserves
obligatoire sur les dépôts pour lutter contre l'inflation.
- Les restrictions sur les taux d'intérêt :
administration des taux (plafonnement, pratique des taux
préférentiels ou de faveur pour certains secteurs).
Pour des taux fixés à des niveaux
faibles, le plafonnement a conduit à des taux d'intérêts
réels négatifs sur les dépôts, si l'on tient compte
du niveau du taux d'inflation et des taux d'intérêt
rémunérateurs sur les crédits14(*).
En définitive, l'utilisation des
instruments de la répression financière conduit à
réduire l'attraction de détenir des créances sur le
système bancaire.
Par ailleurs, les institutions financières
sont obligées de pratiquer une politique de rationnement de
crédit, ce qui prive l'accès d'une bonne partie de la population
au marché des fonds prêtables et se traduit par la segmentation
des marchés des capitaux domestiques. Ainsi, il résulte de la
répression financière, une réduction du flux des fonds
prêtables dans le système financier, obligeant d'une part, les
banques à rationner le crédit et d'autre part, !les
emprunteurs potentiels à s'appuyer davantage sur l'autofinancement ou
sur les circuits financiers parallèles.
En cela la répression financière
génère un dualisme financier dans l'économie.
I-2-2) -Le dualisme
financier
Les économies Africaines
sont caractérisées par l'existence d'un dualisme financier qui
constitue théoriquement un obstacle au développement financier
(Hugon, 2001). Dans l'optique néoclassique, le développement
financier est préalable à l'investissement, puisque le dualisme
financier contribue à évincer le système financier formel
des circuits de collecte d'épargne. Dans l'optique de Shaw (1973), le
circuit formel de financement est le meilleur. Les intermédiaires
financiers permettent en effet de mieux orienter l'épargne car, recevant
plusieurs demandes de financement, ils peuvent opérer un choix sur une
gamme de projets assez large. Cette possibilité est réduite pour
« l'épargnant investisseur »qui n'a
généralement qu'une opération unique et propre à
financer.
Deux théories s'opposent sur l'origine
du dualisme financier. La première considère que la
présence du dualisme financier s'explique par les carences du
système financier formel, lesquelles résulte de la
répression financière. A ce propos, Eboue C (1990) recense trois
propositions permettant de formuler la répression financière
comme cause du dualisme financier.
- Insuffisante intermédiation du côté des
marchés de capitaux officiels et inexistence des marchés de fonds
prêtables. Désarticulation et segmentation du processus de
collecte de l'épargne du côté des «
marchés souterrains ».
- Bas niveau des taux d'intérêt sur le
marché officiel qui entraîne la baisse de l'incitation au
placement bancaire en causant le renforcement du rationnement de l'offre de
crédit.
- Niveau élevé des taux d'intérêt
sur le plan informel.
En définitive, les agents dont le niveau
d'accumulation est contraint sur le plan formel se reportent sur le
marché informel.
La seconde thèse considère que
le dualisme financier s'explique par
l'hétérogénéité intrinsèque des
structures économiques et sociales des pays en développement et
par l'attachement des individus à leurs valeurs et coutumes
traditionnelles. Cette approche structurelle intègre des normes sociales
et complémentaires justifiant par exemple l'existence du financement
informel au sein des groupes immigrés dans les pays
développés. Il peut dès lors être
présenté les caractéristiques de la crise de
l'intermédiation financière.
II. LES CARACTERISTIQUES DE LA CRISE DE
L'INTERMEDIATION FINANCIERE
La crise de l'intermédiation financière
présente un certain nombre de caractéristiques. D'abord, une
dégradation des dépôts, ensuite un rationnement bancaire du
crédit, et enfin une mutation de la carte bancaire se traduisant
par une concentration géographique des guichets dans les zones urbaines.
II-1)- LA DEGRADATION DES DEPOTS
Les dépôts ont progressé
régulièrement jusqu'en 1985.Cette progression des
dépôts jusqu'au milieu des années quatre-vingt n'est pas
liée au taux d'intérêt réel négatifs15(*) durant toute cette
période, elle s'explique par des effets d'offre avec la multiplication
des agences bancaires dans un climat de croissance économique.
Entre 1985 et 1987, les dépôts
à terme et les dépôts à vue ont chuté de plus
de 32%(soit 45% en volume) et 22% (soit 36%en volume) ; cette baisse
aurait été beaucoup plus importante si les banques n'avaient pas
limité le montant des retraits (Joseph A, 2000).
La chute des dépôts s'explique par
le déclenchement de la crise économique. Le manque de confiance
dans le système bancaire pourrait être à l'origine de ce
phénomène. C'est ainsi que Joseph A. (2000), a montré en
effectuant le test de Chow qu'il existe une rupture de tendance dans la
relation entre les dépôts et le PIB avant et après 1986.
à partir de cette année, les dépôts observés
évoluent plus irrégulièrement que les dépôts
prévus, et sont inférieurs à ceux-ci. Ce retrait des
dépôts illustre un phénomène de
désintermédiation bancaire et de fuite des capitaux. Les banques
quant à elles ont adopté le rationnement du crédit.
II-2)-LE RATIONNEMENT DU CREDIT
La relation entre banque et emprunteur est
empreinte d'asymétries d'information. En raison de ces
asymétries, et de l'univers incertain dans lequel s'exerce son
activité, la banque est soumise à un risque de retrait et de
non-remboursement des crédits. L'asymétrie d'information
supportée par la banque dans son activité d'octroi de
crédits explique le phénomène de rationnement de
crédit de cette dernière. Le rationnement du crédit se
définit comme le refus par une banque de prêter aux conditions de
quantité et de taux demandées (Joseph. A, 2000).
Le fait stylisé à expliquer est
le suivant : Lorsque le niveau de risque du débiteur augmente, les
banques n'augmentent pas le taux d'intérêt qu'elles exigent, mais
préfèrent rationner le crédit, c'est-à-dire refuser
le prêt (Stiglitz et Weiss, 1981). Ce concept de rationnement de
crédit est en contradiction avec la théorie néoclassique
d'équilibre des marchés des prix.
Certains auteurs, en l'occurrence Cukierman
(1978), Keeton (1979), Jaffee et Modigliani (1969) ont élaboré
des modèles de rationnement de crédit en tenant également
compte des imperfections du marché. Aussi, la carte bancaire a connu une
profonde mutation.
II-3)- MUTATION DE LA
CARTE BANCAIRE.
La mutation de la carte bancaire se rapporte
à l'ensemble des changements survenus dans la répartition
géographique des établissements bancaires sur le territoire
national. Cette mutation s'est traduite au Cameroun par deux mouvements. En
premier lieu, une mutation de la structure des établissements bancaires,
marquée par le retrait de certains établissements bancaires et la
restructuration d'autres. En second lieu, une concentration géographique
des banques dans les agglomérations urbaines telles que Yaoundé,
Douala, Bafoussam.
II-3-1)- Mutation de la structure des
établissements bancaires
Suite aux difficultés
économiques du pays, certaines banques ont été
retirées du paysage bancaire. C'est ainsi que les banques telles que la
Banque Camerounaise de développement (BCD), la Cameroon Bank, la Banque
Paribas Cameroun, la Bank of America, la Boston Bank, ont été
fermées.
Sous un autre aspect, les banques viables ont
subi des restructurations et des privatisations. A cet effet, le Crédit
Agricole du Cameroun (CAC) a connu une restructuration qui a abouti à la
privatisation après assainissement de son bilan.
C'est ainsi que la Société
Camerounaise de Banque (SCB) est devenue Société Commerciale de
Banque -Crédit Lyonnais Cameroun (SCB-CLC) après scission,
dissolution et acquisition des actifs saints par le Crédit Lyonnais
(1989).La BICIC est devenue la BICEC le 14 mars 1997 à la suite d'une
restructuration interne. La Commercial Bank of Cameroon (CBC), a pris les
intérêts du Crédit Agricole du Cameroun et de la BMBC.
Ces changements constituent les résultats des mesures
financières adoptées dans le cadre du programme d'ajustement
financier. Aux disparitions de certaines banques émergent d'autres
nouvelles banques dont leur structure sera évoquée plus tard.
II-3-2)- Modification géographique
des guichets bancaires
La crise bancaire avait été attribuée en
partie aux erreurs de gestion des banques liées aux effectifs
pléthoriques et aux charges excessives. Leur retour à
l'exploitation bénéficiaire impliquait dans la quasi
totalité des banques, une forte réduction des charges qui passait
notamment par la fermeture des points de vente déficitaires. Il
s'agissait beaucoup plus des guichets de campagne qui subissaient les effets de
la baisse des prix des produits de base.
Aussi a t-on assisté à un
redimentionnement du réseau bancaire en faveur de la réduction du
nombre de guichets permanents d'une part, et de la concentration des guichets
dans les zones urbaines d'autre part. A cet effet, la plupart des banques sont
installées dans les grandes villes, notamment Douala, Yaoundé, et
Bafoussam, et quelques chefs lieux de province. C'est ainsi que, des 186
guichets16(*) que comptait
le système bancaire en 1987, 96 se trouvaient dans les seules villes de
Douala, Yaoundé et Bafoussam et 90 seulement pour l'ensemble des autres
villes.
Cette situation a affecté les marges
bénéficiaires dans les grandes villes, et a également
conduit à soulever le débat sur la surbancarisation au Cameroun.
Cette surbancarisation se traduit par la concentration des guichets dans les
zones urbaines.
Pareil débat met en lumière,
l'incapacité des banques à recevoir de bonnes informations sur
l'état de l'économie nationale.
Il faut tout de même noter que la
disparition des guichets des zones rurales soulève des interrogations
sur le lien entre l'efficacité des banques et leur éloignement de
leurs champs d'activité. Ce qui a nécessité la mise en
place des mesures d'ajustement financier.
SECTION II : LES MESURES D'AJUSTEMENT FINANCIER AU
CAMEROUN
La crise financière ayant
considérablement endommagé la situation des banques, il est
apparut important pour les autorités de remettre en cause l'orientation
donnée jusque là, à l'activité bancaire. Cette
intervention des autorités se justifie théoriquement par le fait
que le marché seul ne pouvait parvenir à corriger les
déséquilibres constatés.
Pour ces raisons, des autorités ont
été obligées d'intervenir dans le cadre de l'ajustement
financier pour restructurer les établissements en détresse.
L'ajustement financier ne peut être défini uniquement comme un
ensemble de changements dans la politique financière.
Toutefois, les objectifs fondamentaux d'un
programme d'ajustement sont claires : augmenter l'efficacité avec
laquelle le système financier doit assurer ses fonctions essentielles de
mobilisation et d'allocation des ressources, permettre aux institutions de
réagir avec davantage de souplesse et par là même,
promouvoir la stabilité du secteur financier.
Généralement,
l'augmentation de l'efficacité de l'intermédiation s'effectue par
des mesures de décentralisation, de libéralisation et de
levée des contrôles. La politique mise en place consiste par
exemple à ouvrir le système à une grande concurrence
grâce à la réduction des barrières à
l'entrée, à la suppression des contrôles sur les taux
d'intérêt ou à l'élimination progressive des
restrictions de crédit.
Pour le cas du Cameroun,
l'amélioration des performances du système financier au niveau de
l'allocation des ressources a été particulièrement
importante et difficile puisqu'il était entrepris en même temps
d'autres ajustements visant à rendre le système plus sensible aux
signaux donnés par les prix et aux forces du marché .
Dans le cadre du programme de
stabilisation, un ensemble de mesures monétaires et fiscales
étaient destinées à réduire la demande globale afin
de lutter contre l'inflation ou contre le déséquilibre de la
balance des paiements. Certains de ces changements touchent aux instruments et
à leur utilisation, d'autres concernent les mécanismes et
règles de contrôles, une troisième catégorie
concerne la détermination de la masse monétaire et donc la
définition des agrégats (Bekolo-Ebé, 2001)
Le programme de stabilisation
lancé devait s'attaquer aux déséquilibre budgétaire
par la réduction de la taille du domaine public ou par
l'élimination des distorsions de prix qui constituent des obstacles au
commerce international en particulier et à une répartition
efficace des ressources en général. Ces mesures devaient parvenir
à obliger le système financier à redistribuer les
ressources de manière efficace et souple, en fonction des signaux
toujours fluctuant que renvoie le marché.
Cependant, l'ajustement financier a
impliqué également en contre partie des mesures de
décentralisation et de déréglementation : La mise en
place d'une nouvelle réglementation et l'amélioration du
dispositif de surveillance des institutions. Des politiques
d'ajustement17(*) ont
été mises en place à partir de 1987.Elles ont
été adoptées de manière autonome par le
gouvernement, puis par l'appui des institutions internationales à partir
de 1988. De ces mesures découlent les reformes qui ont comporté
en leur sein des restructurations bancaires, des réformes juridico -
institutionnelles, et les changement de politique monétaires.
L'objectif de cette section est double. Il présente
les objectifs des mesures mises en place au Cameroun, puis les
différentes réformes engagées à partir de la fin
des années quatre-vingt.
I. LES OBJECTIFS DES MESURES D'AJUSTEMENT MISES EN
OEUVRE AU CAMEROUN.
Au lendemain de la crise, le
Cameroun se trouvait dans une impasse financière, économique, et
budgétaire. Cette situation a été aggravée par
l'apparition d'importants déséquilibres des finances publiques,
qui augmentaient d'année en année, une dégradation
consécutive des taux de croissance, et par un tarissement des flux des
bailleurs de fonds et par une moindre compétitivité des produits
en raison de leur surévaluation. Les mesures d'ajustement à
travers la mise en place des réformes, sont clairement apparues comme
l'une des meilleures thérapie du système bancaire visant à
créer un environnement macro-économique sain, nécessaire
pour un fonctionnement efficient du système financier.
Ainsi, les mesures mises en oeuvre par le
programme d'ajustement financier peuvent être regroupées en deux
principaux groupes d'objectifs : Un objectif sectoriel et un objectif
global.
I-1) - L'OBJECTIF SECTORIEL
Il était question à ce niveau d'assainir le
système bancaire de manière à le rendre plus performant.
Il s'agissait de rendre le système plus souple dans l'allocation des
ressources, de donner au système bancaire une nouvelle organisation sur
le plan technique se traduisant par le désengagement des pouvoirs
publics du capital des banques au profit des intérêts
privés, de permettre une adéquation du système bancaire au
financement de l'économie.
En effet, la politique monétaire
deviendra un instrument central de régulation et d'ajustement,
contraignant d'ailleurs l'utilisation des autres instruments tels que la
politique budgétaire et de répartition dont l'utilisation
désormais est fortement tributaire de leur capacité à
faciliter la manipulation de la variable monétaire. Il sera donc
assigné à la politique monétaire un objectif d'ajustement
interne, avant qu'elle ne soit utilisée pour l'ajustement externe, avec
le changement de la parité intervenu en 1994.
La mise en place effective du marché
monétaire à partir de juillet 1994, a achevé de
compléter le processus de refonte de la politique monétaire. Un
des objectifs visés par la création du marché
monétaire, est de modifier les conditions de refinancement, en mettant
la banque centrale plus en retrait.
C'est dans ce dessein que toute la caravane
des réformes aussi bien sur le plan monétaire, financier et
institutionnel a été mise sur pied. Il a également
été entrepris des politiques de libéralisation
financière et de réglementation. Cette dernière
s'inscrivant dans l'optique de ce qu'il est convenu d'appeler « filet
de sécurité ».
D'autre part, le redressement du système
bancaire doit aider à renverser la tendance régressive de
l'économie nationale : c'est la préoccupation de l'objectif
global.
I -2) -L'OBJECTIF GLOBAL
De manière explicite, l'objectif global
vise le rétablissement à moyen terme d'un taux de croissance
positif de l'économie nationale. Les perspectives de
développement interne ayant été hypothéquées
par la crise économique du milieu des années quatre vingt. Sur
cet objectif, les mesures entreprises rentrent dans le cadre plus global des
programmes d'ajustement structurels adoptés depuis l'exercice
budgétaire 1988-1989.
En conséquence, l'effet recherché sur le secteur
bancaire par les mesures d'assainissement, est la remise en meilleur
état des capacités d'intermédiation du système
bancaire, afin de lui permettre de répondre de façon optimale aux
multiples besoins engendrés par la mise en oeuvre du processus de
transformation économique.
Aussi, les programmes d'ajustement financier
adoptés comportaient un ensemble de réformes, qu'il convient
maintenant d'évoquer.
II- LES REFORMES
FINANCIERES AU CAMEROUN.
Les banques de la sous région en
général, et celles du Cameroun en particulier ont
été profondément touchées par la crise
économique qui a frappé les états au milieu des
années quatre-vingt. A cet effet, même les banques de
développement créées pour assurer la gestion des fonds
venant de l'extérieur destinés au financement des projets
nécessaires au développement économique n'ont pas
résisté au désastre et se sont trouvées dans une
situation de totale illiquidité (A le Noir,1989).
Dans cette situation asphyxiante, les banques ne
pouvaient plus assurer leur rôle d'intermédiation
financière, compromettant ainsi le processus de croissance et de
développement économique. Pour éradiquer cette crise
financière, les pouvoirs publics en collaboration avec les bailleurs de
fonds internationaux ; Banque Mondiale (BM), Fonds monétaire
international (FMI) et la Banque des Etats de l'Afrique Centrale
(BEAC) ont mis en place des réformes financières. Elles
peuvent être regroupées en trois catégories. D'abord la
restructuration du système bancaire, ensuite la mise en oeuvre des
mesures monétaires, et enfin les mesures juridico-institutionnelles.
II -1)- LA
RESTRUCTURATION BANCAIRE.
Afin d'éviter l'effondrement du
système bancaire Camerounais, un plan de restructuration fut
élaboré en 1989.Théoriquement, l'objectif de ces mesures
financières était de résoudre les problèmes
d'illiquidité et d'insolvabilité. La première tâche
des experts fut de réécrire les bilans bancaires. Les
créances douteuses égales à 253 milliards de FCFA au 30
juin 1988, selon les documents comptables produits par les banques, ont
été réévaluées à 489 milliards. Par
conséquent les 104 milliards de provision pour
dépréciation ont dû être multipliés par trois.
De ce fait, les créances saines à l'économie furent
réduites de 823 à 588 milliards. La totalité des actifs
bancaires diminua passant de 1400à 1150 milliards de FCFA.18(*) Quant aux capitaux propres
égaux à -26 milliards de FCFA selon les états fournis par
les banques, ils représentaient en fait -282 milliards de FCFA. Le
résultat net, déjà négatif selon les
résultats fournis par les banques (-150 milliards de FCFA), a
été revu à la baisse (-14.5 milliards de FCFA). Car les
provisions ont augmenté et les intérêts fictifs n'ont plus
été comptabilisés. En fonction de leur situation, les
banques ont été recapitalisées, liquidées ou
fusionnées. Pour récupérer les créances, le
gouvernement créa en août 1989 la Société de
Recouvrement des Créances (SRC) dont l'objet principal est la reprise de
l'actif et du passif de la partie obérée de la
Société Camerounaise de Banque19(*).Elle a également en charge le recouvrement des
créances douteuses des banques liquidées et d'une partie des
créances des banques restant en activité. Elle est aussi
chargée d'indemniser les déposants. Pour ce, la SRC
bénéficie du privilège du trésor. La nouvelle
composition du bilan doit permettre d'assurer la stabilité
financière de la banque. Pour cet objectif, les actions ont
porté sur le passif et sur l'actif du bilan des banques ;
toutefois, ces actions diffèrent selon que les banques sont dissoutes ou
liquidées, ou que les banques sont à réhabiliter.
Tableau 1 : Créances
transférées à la SRC en millions de FCFA
Banques
|
Montants
|
Dates
|
SCB
|
164 000
|
( juin 1990)
|
CAMBANK
|
31 030
|
(juin 1992)
|
BCD
|
40300
|
( juin 1992)
|
PARIBAS
|
18 000
|
(juin 1992)
|
BCCC
|
8145
|
(juin 1992)
|
BIAOC
|
88400
|
(avril 1991)
|
FONADER
|
16400
|
(décembre 1992)
|
Transfert d'actifs compromis des banques en activité
(SGBC, BICIC)
|
76900
|
(date non précisée)
|
Total
|
443 195
|
(date non précisée)
|
Source : Rapport d'activité 1993/1994 de la
COBAC
II-1-1)-Action sur le passif
Dans le cas des banques dissoutes, il
était question d'apurer les engagements desdites institutions par
l'indemnisation progressive des déposants. Cette indemnisation a
été financée par trois mécanismes :
- L'abandon des dépôts et des créances du
gouvernement et de certaines entreprises publiques20(*).
- De nouveaux prêts à l'image du
prêt-relais du Crédit Lyonnais au gouvernement : 16 milliards
de FCFA.
- Le rééchelonnement de tous les engagements des
banques dissoutes vis-à-vis de l'institut d'émission et des
prêts garantis par l'Etat en faveur de la Société
Camerounaise de Banque (SCB) et de la Banque de Paris et des Pays-bas
(Paribas).
Dans le cas des banques à
réhabiliter, il a été question d'accroître des fonds
propres, de stimuler les dépôts et de refinancer les dettes
existantes.
L'augmentation des fonds propres s'effectue
suivant trois modalités :
- La capitalisation des bénéfices normaux
pendant une période donnée (cas de la BICIC en 1988).
- L'accroissement du capital par souscription à
l'émission obligatoire des nouvelles actions.
- L'abandon des fonds propres et des créances publiques
dont le montant est aujourd'hui estimé à 186 milliards de FCFA.
Pour stimuler les dépôts, les
autorités monétaires ont opté pour une
libéralisation des taux d'intérêt créditeurs
à partir d'un certain seuil de 3 millions de FCFA. Il fallait
également éviter les retraits massifs. L'Etat a contraint
certains organismes parapublics à stabiliser leurs dépôts
dans les établissements de crédit (Joseph.A, 2000).
Concernant le refinancement des dettes
existantes, il a été conseillé de procéder à
leur allègement au moyen des concessions sur le taux
d'intérêt ou de l'allongement des échéances. C'est
en ce sens que la BEAC a rééchelonné ses créances
sur une période de quinze ans avec un différé de trois ans
au taux de 3%. De même les créances en souffrance essentiellement
des crédits de campagne de la BEAC ont été
consolidées sur l'Etat à 3% sur quinze ans.
II-1-2)- Action sur l'actif
Une banque en difficulté peut améliorer son
portefeuille d'actif soit directement en échangeant ou en passant par
pertes et profits des créances douteuses ou recouvrables, soit
indirectement en aidant par exemple les entreprises débitrices à
restructurer. Au Cameroun, l'amélioration du portefeuille d'actifs n'a
pas été laissée à la seule initiative de la banque.
En fait, l'Etat à travers la Société de Recouvrement des
Créances (SRC) a repris le portefeuille non productif des banques
sinistrées.
Les créances douteuses contentieuses et impayées
(CDCI), reprises ainsi par la SRC sur l'ensemble des établissements
financiers ont été importantes à tel point qu'en
Décembre 1996, la SRC était devenue le premier
établissement de crédit du pays avec 700 milliards de
créances douteuses à recouvrir.
Vu l'ampleur de la crise financière observée au
Cameroun, la restructuration des banques n'a été qu'un des
éléments du programme de redressement qui devait comprendre
également des mesures visant une mobilisation et une allocation efficace
des ressources ; d'où les mesures sur les plans monétaire et
juridico-institutionnel.
II-2 -LE CHANGEMENT DE POLITIQUE
MONETAIRE
Les restructurations bancaires de la fin des
années quatre-vingt ont été accompagnées d'une
modification de la politique monétaire régionale. Les mesures
monétaires entreprises devaient permettre de combattre les distorsions
structurelles de l'économie. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre
d'une libéralisation financière, aspect fondamental des
programmes d'ajustement structurel du FMI. La politique monétaire
d'inspiration Keynésienne appliquée avant 1990 a
été remplacée par une politique fondée sur les
théories de Mc Kinnon et Shaw (1973). Il ne s'agit plus d'impulser la
collecte de l'épargne, étape préalable à
l'investissement.
Ces mesures constituent l'ossature de la nouvelle politique
monétaire de la BEAC et peuvent être regroupées en trois
groupes. D'abord la programmation monétaire, ensuite la
libéralisation des taux d'intérêt et, enfin la mise en
place du marché monétaire.
II-2-1)- Adoption de la programmation monétaire
et suppression du plafond de refinancement des crédits
L'adoption de la programmation
monétaire aligne en effet la nouvelle politique sur la politique des
normes de progression de la monnaie en fonction du taux de croissance de
l'économie (Bekolo-Ebé, 2001, P16). Depuis Septembre 1991, la
détermination des plafonds de réescompte n'est plus uniquement
fondée sur les besoins prévisionnels des banques : elle
procède de la programmation monétaire. Lors de la première
phase de cette programmation, les autorités monétaires
prévoient l'évolution du PIB, des finances publiques et de la
balance des paiements. Dans une deuxième phase, elles établissent
en fonction des agrégats précédents, les objectifs
monétaires : masse monétaire, avoirs extérieurs,
crédit intérieur et refinancement de la Banque Centrale. Les
plafonds de réescompte des banques auprès de la BEAC ont
été maintenus jusqu'à la création du marché
monétaire en juillet 1994. Cependant, leurs seuils ont été
abaissés pour qu'ils puissent jouer véritablement leur
rôle. Le plafond de réescompte à court terme est
passé de 258 milliards de FCFA en 1990 à 276 en 1991. Il a
ensuite été abaissé à 71 milliards de FCFA en 1992
et 1993. Depuis 1994,le plafond de réescompte maximum a
été remplacé par un objectif de refinancement . Ce dernier
ne devient impératif que lorsque le taux de couverture extérieur
des engagements à vue de la Banque Centrale est inférieur au
minimum statutaire de 20%. Par ailleurs, un nouveau système d'accord de
classement a été mis en place. Il ne fait plus l'objet de limites
individuelles et permet à la BEAC de sélectionner les signatures
sur la base d'un système de cotation.
II-2-2)- La
libéralisation des taux
Depuis 1990, la politique des taux bas et
différentiés a été abandonnée au profit
d'une gestion plus souple et plus rationnelle. Le niveau des taux
d'intérêt est désormais fixé de manière
à maintenir un différentiel de taux favorable avec la France,
afin d'éviter les sorties de capitaux. Le taux d'escompte
préférentiel a été supprimé et le taux des
avances au trésor a été relevé progressivement pour
égaliser le TEN en 1993. Le gouverneur de la BEAC a désormais les
compétences pour modifier les taux d'escompte. De ce fait, il n'y a pas
unicité des taux d'intérêt dans la zone BEAC.
Au niveau des banques, les taux ont
été libéralisés, seuls restent fixés un
taux débiteur maximum et un taux créditeur minimum. Le taux
créditeur minimum ne concerne que les petits épargnants : il
s'applique uniquement aux dépôts d'épargne ou aux livrets
dont le montant est inférieur à 5 millions de FCFA. Quant au taux
débiteur maximum, depuis novembre 1995, il est égal au taux de
pénalité des banques majoré d'une marge de 7%.
II-2-3)- La mise en place du
marché monétaire.
L'instauration du marché monétaire
en juillet 1994 constitue l'aboutissement des réformes de la politique
monétaire. Les opérations sur ce marché sont les demandes
de refinancement des crédits à court et à moyen terme. Ce
marché est composé de deux compartiments ; le premier est un
marché interbancaire, le second permet à la BEAC de ponctionner
ou d'injecter les liquidités.
Les banques interviennent sur le premier
compartiment pour échanger des liquidités à des conditions
de montant, de taux et de durée librement définies. A partir des
interventions sur le marché monétaire, la BEAC calcule
quotidiennement le taux d'intervention moyen pondéré (TIMP). En
raison du manque de confiance entre les banques, en1997, les montants
échangés sur ce marché sont pratiquement nuls. Les banques
possédant des liquidités excédentaires
préfèrent les placer à la BEAC (en 1997, les
dépôts spéciaux représentent en moyenne 45 milliards
de FCFA par mois).
Le guichet A est le canal principal du
deuxième compartiment du marché monétaire. Il est
constitué d'appels d'offres à l'instigation de la BEAC et de
prise en pension à la demande des banques. Pour les appels d'offres, la
BEAC sert à la limite du volume de monnaie centrale tout une partie des
demandes à un taux unique. Celui-ci est arrêté par le
gouverneur de la Banque Centrale en fonction de la conjoncture interne et
externe. Les prises en pension à l'instigation des banques concernent
une période de deux à sept jours. Le taux d'intérêt
des prises en pension (TIPP) est égal au TIAO majoré de 1.5
à 2 points. Le TIMP fluctue entre le TIAO et le TIPP. Aux appels
d'offres et aux prises en pension, il convient d'ajouter les interventions
ponctuelles de la BEAC. Celle-ci peut effectuer des avances lorsque les
montants injectés sur le guichet A excédent l'objectif de
refinancement maximum de ce guichet. Si une banque a des difficultés
à rembourser les échéances sur le guichet A, si elle a
enfreint la législation, la BEAC lui consent des avances au taux de
pénalité.
Le guichet B se situe hors marché. Il a
été maintenu pour le refinancement des anciens crédits
à moyen terme (dits irrévocables), et pour les nouveaux
crédits d'investissement du secteur productif, suivant la
procédure de mobilisation en compte courant.
Afin de ponctionner la liquidité
excédentaire des banques, des dépôts spéciaux
avaient été instaurés en 1994. Ils étaient
rémunérés et ouverts à la demande des banques. Ils
ont été supprimés le 08/02/01996 et remplacés par
les appels d'offres négatifs prenant la forme de placement à
7 ; 28 et 84 jours. Les trésors nationaux sont autorisés
à soumissionner aux appels d'offres négatifs. Tout comme les
établissements de crédit, ils, ne peuvent soumissionner que s'ils
sont au préalable désendettés vis-à-vis de la
BEAC. Les placements sont effectués sous la forme d'acquisition de
certificats de placements qui sont négociables librement sur le
marché interbancaire, mais uniquement entre les banques titulaires d'un
compte à la BEAC. Le taux servi cherche à fixer les
liquidités dans la zone BEAC sans gêner les placements sur le
marché interbancaire.
Cependant, même dans le cas où les
deux premières mesures parvenaient au redressement du système
bancaire, il convient de se demander pourquoi les organismes de contrôle
bancaire n'ont pas détecté les signes de détresse plus
tôt. D'où les mesures juridico-institutionnelles qu'il convient
d'étudier maintenant.
II-3 - LES MESURES JURIDICO-INSTITUTIONNELLES
Une fonction essentielle des banques est de contrôler le
comportement des emprunteurs. Mais qui contrôle le
contrôleur ? Les déposants n'en ont pas la compétence.
C'est pourquoi la fonction de contrôle doit être
déléguée à un organisme supra national.
La réglementation et la supervision des banques sont
considérées comme les deux instruments fondamentaux pour
prévenir ou tout au moins limiter les dommages qu'entraîne une
mauvaise gestion de ces instruments. La réglementation bancaire
définit les « règles du jeu » tandis que la
supervision permet de s'assurer du respect de ces règles.
Ces réformes ont à ce niveau,
consisté à faire le toilettage des texte de base, en particulier,
les divers textes qui, dans les pays de la CEMAC, fixent les conditions
d'exercice de la profession bancaire et le fonctionnement des
établissements de crédits (Bekolo-Ebé, 2001, P12). De
nouveaux seuils minima ont été fixés, s'agissant du
capital minimum requis pour la création d'une banque. Dans la
réglementation bancaire, le capital social des banques au Cameroun a
été relevé à un minimum de 1 milliard contre 300
millions par le passé, pour permettre aux banques de posséder un
niveau de fonds propres appréciables.
Concernant la supervision bancaire, sa nécessité
tient au fait qu'elle commande l'efficacité de la réglementation
bancaire. La supervision des banques a pour objectif de faire en sorte que les
institutions financières gèrent leurs prêts et leurs bilans
de manière prudente. Cette volonté de supervision a
consacré la création le 16 Octobre 1990 de la Commission bancaire
d'Afrique Centrale (COBAC) dont les attributions sont de quatre
sortes :
- Attribution administrative : elle délivre les
agréments aux établissements de crédit.
- Attribution normative : elle définit les
procédures comptables et les règles prudentielles.
- Attribution de contrôle : elle contrôle les
établissements assujettis.
- Attributions juridictionnelle : elle peut retirer les
agréments aux établissements de crédit et prendre des
sanctions contre les dirigeants des banques et les commissaires aux comptes.
La COBAC est opérationnelle depuis 1992,
et elle s'est dotée en Mars 1993 de deux instruments ; des normes
de solvabilité et des normes de liquidité21(*). La solvabilité
s'entendant comme l'aptitude d'un établissement de crédit
à faire face en toutes circonstances à ses engagements au moyen
de ses ressources propres. Tandis que la liquidité d'un
établissement de crédit est sa capacité à honorer
ses engagements à vue ou à très court terme. Ainsi une
banque doit être en mesure de restituer à la première
demande les dépôts de la clientèle (rapport
d'activité 1992/1993 de la COBAC).
L'objet de ce chapitre était
d'étudier les origines internes des mutations financière au
Cameroun. L'issue de cette analyse conduit à révéler que
les origines internes des mutations financières trouvent leur
explication à travers deux éléments majeurs. D'une part,
la crise de l'intermédiation financière et, d'autre part, les
mesures d'ajustement financier. La crise de l'intermédiation
financière a été marquée par la dégradation
des dépôts, le rationnement bancaire du crédit et, la
mutation de la carte bancaire. Ses causes peuvent être approchées
théoriquement en distinguant pour ce qui est de leurs effets sur la
sphère Camerounaise, les causes nées de l'absence de relations
structurelles entre banques et l'économie, des causes introduites par la
politique économique. Les mesures d'ajustement financier ont
été mises en place par les pouvoirs publics, à la suite
des problèmes causés par la crise financière sur
l'économie et, à cause de l'inefficacité du marché
à résorber les déséquilibres constatés. Le
gouvernement a été obligé d'intervenir avec l'aide des
bailleurs de fonds pour mettre en place un programme d'ajustement financier. De
ce programme, a résulté des mesures monétaires, des
mesures financières et des mesures juridico-institutionnelles.
Cet ensemble de mesures a probablement eu un
impact sur les circuits de financement qu'il convient d'évaluer dans la
seconde partie de cette étude.
DEUXIEME PARTIE
LES CONSEQUENCES DES MUTATIONS FINANCIERES SUR LE
FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU CAMEROUN
Concept étroitement associé aux processus de
globalisation financière et, d'accélération d'innovations
financières, les mutations financières sont à l'origine
des profondes transformations qu'ont connues les systèmes bancaires et
financiers depuis les années 1970. L'abaissement de barrières
réglementaires et techniques a en particulier favorisé
l'émergence de nouveaux acteurs et, durci les conditions de la
concurrence au sein de la sphère bancaire et financière.
Parallèlement, l'accélération du processus d'innovations
financières a largement contribué à améliorer la
complétude des marchés et l'adéquation entre les besoins
et capacités de financement des agents économiques (Demartini,
2004). Ainsi, la mutation financière a dans une certaine mesure
contribuée à rendre le fonctionnement des systèmes
bancaires et financiers plus efficient. Pour autant, l'analyse du
phénomène par Demartini (2004) révèle très
rapidement que ses conséquences sur la sphère financières
sont loin d'être univoques, les gains d'efficience ainsi obtenus ayant eu
pour contre partie une instabilité accrue. Demartini (2004) va
élaborer des éléments susceptibles d'étayer cette
thèse. En particulier, si de nombreuses innovations financières
ont répondu à une demande latente de couverture des agents
économiques contre les risques, force est de constater qu'en pratique,
loin d'avoir disparu, ces derniers se sont simplement
déplacés.
Par ailleurs, dans un contexte de mobilité croissante
des capitaux, l'augmentation du degré de concurrence entre les
institutions financières au niveau international, induite par le
mouvement de libéralisation et de déréglementation, a
parfois pu conduire à des prises de risques excessives, notamment de la
part des banques, alimentant l'instabilité financières
(Demartini, 2004). Ainsi, les changements intervenus dans la sphère
financière camerounaise à la suite de la crise économique
ont un certain nombre de composantes principales : un essor de la micro
finance, une crise de l'intermédiation bancaire et une tendance à
l'innovation financière quoi que peu diversifiée et de
qualité médiocre. Ces principales composantes traduisent
globalement un recul de la banque dans son rôle d'intermédiaire
financier et une émergence d'adaptations inspirées des habitudes
sociales des populations. Les mutations ayant dès lors affectées
le fonctionnement du système financier camerounais, il sera question
dans cette partie de savoir si le financement de l'économie s'est
amélioré. Pour cela, avant d'analyser l'évolution du
financement de l'économie ainsi que les implications de politique
économique (chapitre IV), il sera évalué l'impact des
mutations financières sur le financement de l'économie (chapitre
III).
CHAPITRE III
EVALUATION DE L'IMPACT
DES MUTATIONS FINANCIERES SUR LE FINANCEMENT DE
L'ECONOMIE AU CAMEROUN
L'étude de la croissance des pays industriels a permis
de prendre conscience de la relation étroite, on pourrait dire du lien
causal fort existant entre le trend ascendant de l'économie et, le
développement de l'intermédiation financière. Comme le
relève Bekolo-Ebe (2002), tout au long du XXè siècle,
l'expansion des entreprises s'accompagne d'une forte expansion des
marchés financiers et d'un développement particulièrement
rapide des institutions financières, notamment s'agissant de la
multinationalisation des entreprises, l'internationalisation du capital
productif et marchant allant de paire avec l'internationalisation du capital
financier. Ainsi, en favorisant une allocation plus efficace des capitaux, les
mutations financières ont sans conteste contribué à rendre
le fonctionnement des systèmes bancaires et financiers internationaux
plus efficients (Demartini, 2004). Comme un "effet de caillou dans l'eau", les
mutations financières internationales ont affecté les circuits de
financement de l'économie camerounaise, à l'initiative des
pouvoirs publics soucieux de rendre leur économie plus dynamique.
L'ensemble des mesures ainsi adoptées par les autorités, a eu une
incidence sur le système financier. Il convient dès lors de
mesurer cet impact par une évaluation de la solidité
financière du système bancaire (section 1), ainsi que celle de la
politique de crédit entre 1972 et 1990 (section 2) puis de 1990 à
2003 (section 3).
SECTION I : EVALUATION DE LA SOLIDITE
FINANCIERE DU SYSTEME BANCAIRE
La solidité du système bancaire camerounais
s'apprécie à travers le respect des normes prudentielles
édictées par la COBAC (I) et, les indicateurs de
rentabilité (II).
I. REFORMES FINANCIERES ET RESPECT DES NORMES
PRUDENTIELLES
Le dispositif prudentiel mis en place par la COBAC depuis
1993, sert d'instrument privilégié de la surveillance des banques
de l'ensemble de la sous-région Afrique Centrale, en matière des
garanties de solvabilité et de liquidité. L'objectif visé
étant de sécuriser les dépôts et de veiller à
une gestion optimale des crédits. Les banques sur lesquelles portera
cette évaluation sont celles qui ont été en
activité au Cameroun entre l'exercice 1995/1996 (période de mise
en place de la deuxième génération des réformes) et
l'exercice 1998/199922(*).
Elles seront appréciées d'une part par rapport au respect des
normes de solvabilité et d'autre part par rapport au respect des normes
de liquidité.
I.1 Le respect des normes de
solvabilité
Deux principaux ratios retiendront notre attention : le
ratio de couverture des risques et le ratio de couverture des
immobilisations
I.1.1 Le ratio de couverture des risques
A travers ce ratio encore appelé ratio de
solvabilité minimum, la COBAC oblige les établissements de
crédit à justifier en permanence que leurs fonds propres nets
couvrent au moins 5% de leurs concours financiers, y compris ceux
accordés à l'Etat. L'intérêt de ce ratio est
d'obliger les banques à disposer d'un volume des fonds propres assez
important par rapport à leurs concours et engagements. Les
données du tableau 2 permettent de relever qu'au 30 juin 1995, seules la
CCEI Bank et Amity Bank disposaient des ratios satisfaisants de 8.63% et de
7.65% respectivement. Toutes les autres banques affichaient des ratios
inférieurs aux normes. Cette contre performance est
particulièrement imputable à l'accumulation des besoins en fonds
propres. Les banques qui présentent des situations plus critiques sont
la BICEC et la SCB-CL avec des besoins en fonds propres de 24.8 milliards et de
15.11 milliards respectivement.
Tableau 2 : Evolution du ratio de
solvabilité minimum des banques camerounaises (en %)
|
30/06/95
|
30/12/95
|
30/06/96
|
31/12/96
|
30/06/97
|
31/12/97
|
30/06/98
|
31/12/98
|
30/06/99
|
Std bank
|
4.4
|
13.6
|
10.5
|
-5.8
|
-5.3
|
-0.73
|
4.26
|
7.26
|
-10
|
Amity bank
|
7.65
|
-1.3
|
-7.31
|
-11.31
|
-6.34
|
-6.01
|
-0.44
|
-5.01
|
-4.11
|
Sgbc
|
2.63
|
2.74
|
-3.56%
|
8.32
|
7.33
|
12.06
|
10
|
18.48
|
13.92
|
Ccei
|
8.63
|
5.57
|
4.39
|
5.71
|
5.76
|
4.04
|
4.74
|
8.18
|
5.66
|
Bicec
|
-15.14
|
-18.13
|
-18.94
|
-6.05
|
-5.4
|
5.2
|
6.04
|
7.45
|
7.17
|
Scb-cl
|
-15.43
|
-25.86
|
-34.9
|
-45.9
|
7.3
|
10.72
|
10.43
|
6.44
|
7.28
|
Source : Commission Bancaire de l'Afrique centrale :
Secrétariat Général
L'évolution de ce ratio sur la période
d'étude permet de noter au 30 juin 1999, que la Standard Charttered Bank
et Amity Bank qui disposaient de meilleurs ratios au 31 décembre 1995
ont enregistré d'importants besoins en capitaux permanents qui se
chiffrent respectivement à 2.26 milliards et à 4 milliards. Ce
qui justifie des ratios respectifs de -10% et de -4.11%. En revanche, le
comportement de la BICEC et de la SCB-CL reste satisfaisant. Ces deux banques
ont pu, au regard des réformes, améliorer leurs ratios qui sont
respectivement de 7.17% et de 7.28%. En ce qui concerne la SGBC et la BICEC,
elles ont maintenu une certaine stabilité tout au long de la
période d'analyse avec des ratios oscillant autour de 5%.
I.1.2 Le ratio de couverture des
immobilisations
L'intérêt de ce ratio est de contraindre les
établissements de crédits à n'utiliser que les capitaux
permanents pour le financement de l'actif immobilisé. C'est pourquoi la
COBAC exige que celui-ci soit financé au moins à 100% par les
fonds permanents. Les données du tableau 3 qui donnent
l'évolution de ce ratio pour les six banques de notre échantillon
permettent de noter que la CCEI et la BICEC sont les seules à avoir
respecté ce ratio au cours de la période d'analyse. Les ratios de
la Standard et Amity se sont dégradés considérablement du
30 juin 1996 au 30 juin 1999. Ils sont passés respectivement de 88%
à -188% et de 75.71% à -46.65%. Cette évolution est
liée à l'accumulation des besoins en capitaux permanents. Ceux de
la Standard qui étaient de 30 millions au 30 juin 1995 sont
chiffrés à 2.3 milliards au 30 juin 1999, et ceux de Amity sont
passés de 818 millions à 4.6 milliards au cours de la même
période.
En revanche, on note un redressement impressionnant du ratio
de la BICEC et de la SCB-CL. Ils sont respectivement à 132.23% et
à 67% au 30 juin 1999, au lieu de -215.23% pour la BICEC et -90.9% pour
la SCB-CL quatre ans plus tôt. Les besoins en ressources permanentes qui
se chiffraient à 27.3 milliards pour la BICEC et à 15.88
milliards pour la SCB-CL se sont progressivement comblés.
Tableau 3 : Evolution du ratio des couvertures
des immobilisations (en %)
|
30/06/95
|
30/12/95
|
30/06/96
|
31/12/96
|
30/06/97
|
31/12/97
|
30/06/98
|
31/12/98
|
30/06/99
|
STD BK
|
88
|
241
|
311.56
|
-209.6
|
-122.8
|
-22.36
|
-5.18
|
108
|
-188.6
|
AMITY BK
|
75.71
|
23.12
|
-60
|
-66.5
|
-26.82
|
-35.14
|
14.57
|
-49.25
|
-46.66
|
SGBC
|
635.32
|
811.67
|
240
|
12.96
|
871.15
|
347
|
349.26
|
342.22
|
256.24
|
CCEI
|
161.6
|
109.29
|
82.57
|
9.18
|
69
|
92.77
|
212
|
140.52
|
128.56
|
BICEC
|
-215.2
|
-304
|
-282.5
|
-16.88
|
-13.9
|
133
|
166.5
|
136.82
|
132.25
|
SCB-CL
|
-90.9
|
-189.9
|
-274.7
|
-47.56
|
39.82
|
66.6
|
73.68
|
53.5
|
67
|
Source : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale :
Secrétariat Général.
I-2 Appréciation des Banques par rapport au
respect des normes de liquidité
Dans le souci de protéger les dépôts de la
clientèle et de favoriser une saine gestion des ressources
financières, la COBAC a contraint les établissements de
crédit au respect des ratios visant à limiter à des
proportions raisonnables, l'affectation des ressources à court terme
à des emplois à long terme. Ces deux normes sont les ratios de
liquidité générale et le ratio de transformation à
long terme.
I.2.1 Le ratio de liquidité
générale
A travers ce ratio encore appelé rapport de
liquidité, la COBAC oblige les banques au respect permanent d'une
couverture minimum de 100% de leurs dettes à échoir dans un
délai d'un mois au plus par les ressources immédiatement
disponibles. A travers le tableau 4, nous pouvons noter que toutes les banques
de l'échantillon présentent des ratios satisfaisants au 30 juin
1999. On peut remarquer que la SCB-CL et la BICEC qui éprouvaient de
sérieuses difficultés au 31 décembre 199523(*), ont réalisé des
progrès remarquables dans la stabilité de leur
trésorerie.
Tableau 4 : Evolution du ratio des
liquidités minimum ( en %)
|
30/06/95
|
30/12/95
|
30/06/96
|
31/12/96
|
30/06/97
|
31/12/97
|
30/06/98
|
31/12/98
|
30/06/99
|
Std bank
|
239.56
|
257.6
|
272.83
|
264.46
|
319.35
|
220.23
|
166.6
|
150.6
|
118.5
|
Amity bank
|
214.8
|
358.53
|
298.35
|
200.7
|
332.7
|
290.17
|
271.48
|
199.63
|
160.6
|
Sgbc
|
162.85
|
137.8
|
100.74
|
225.5
|
381.87
|
280.14
|
155.35
|
99.84
|
137.7
|
Ccei
|
223.44
|
152.25
|
217
|
105.66
|
196.32
|
157.78
|
141.34
|
110.11
|
173.6
|
Bicec
|
27.83
|
26.02
|
54.27
|
62.17
|
89.14
|
87.27
|
105
|
84
|
144
|
Scb-cl
|
85
|
45.9
|
86.9
|
77.43
|
109.48
|
55.36
|
84.55
|
40.4
|
104.75
|
Source : Commission bancaire de l'Afrique Centrale :
Secrétariat Général
I.2.2 Le ratio de transformation à long
terme
Ce ratio qui se détermine par le rapport entre les
ressources de plus de 5 ans et les emplois et engagements de même terme a
pour but de dissuader les établissements de crédit d'utiliser
trop de ressources de court terme pour des emplois longs. La COBAC exige pour
ce ratio un minimum de 50%.
Tableau 5 : Evolution du ratio de
transformation à long terme (en %)
|
30/06/95
|
30/12/95
|
30/06/96
|
31/12/96
|
30/06/97
|
31/12/97
|
30/06/98
|
31/12/98
|
30/06/99
|
STD BanK
|
189.57
|
224.48
|
142.48
|
-69.5
|
-45.9
|
-7.72
|
-001
|
37.78
|
-83.76
|
AMITY BanK
|
78.85
|
-9.6
|
-20.46
|
-39
|
-59.56
|
-13.18
|
-1.58
|
6.7
|
20.32
|
SGBC
|
7.13%
|
17.78
|
2.56
|
151.47
|
12.18
|
185.8
|
178.26
|
21.17
|
196.26
|
CCEI
|
31.28
|
20.85
|
17
|
8.57
|
9
|
12.6
|
11.6
|
20.74
|
19
|
BICEC
|
-50.36
|
-24.75
|
-50.32
|
-9
|
-2
|
18.03
|
22.32
|
25.3
|
27.98
|
SCB-CL
|
-21.5
|
-62.5
|
-71.7
|
-115
|
13.76
|
27.28
|
28.6
|
30
|
8.26
|
Source : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale :
Secrétariat Général
Il peut être relevé à partir du tableau 5
que seule la SGBC parvient à respecter ce ratio au 30 juin 1999. Pour
les autres banques, d'importantes proportions de ressources courtes sont
utilisées pour des placements longs. Pour la SCB-CL par exemple, 8.26%
seulement des emplois et engagements à plus de 5 ans sont
constitués des ressources de même terme. Ce qui signifie que
près de 92% sont puisés des ressources de moins de 5 ans. Cette
proportion est de 81% pour la CCEI et de 80% pour Amity Bank. Cette utilisation
d'importantes proportions des ressources courtes pour des emplois longs expose
les banques camerounaises à un risque permanent d'illiquidité.
II. REFORMES FINANCIERES ET ANALYSE DE LA RENTABILITE
DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS
Les différents soldes de gestion qui s'en
déduisent permettent de déterminer les principaux coefficients
d'exploitation et de rentabilité. Toutes ces données sont
récapitulées par le tableau 6. Il peut donc être
relevé que les produits et charges d'exploitation ont enregistré
un repli entre juin 1995 et juin 1997. Les produits d'exploitation sont
passés de 75.4 milliards à 56.7 milliards et les charges
d'exploitation de 36.6 milliards à 14.9 milliards. Ce repli se justifie
par la liquidation de la BIAO MERIDIEN BANK et le Crédit Agricole au
cours de l'exercice 1996/1997. Au cours de deux derniers exercices de la
période d'analyse, on note un accroissement sensible de ces deux encours
qui ont augmenté de 30 milliards pour les produits d'exploitation et de
8 milliards pour les charges d'exploitation. Cela peut s'expliquer par la
création de nouvelles banques telles que la C.B.C. et la CITY BANK. Les
frais généraux ont connu la même évolution en
passant de 37.7 milliards à 21.4 milliards entre juin 1995 et juin 1997
avant de se porter à 40.4 milliards en juin 1999. En revanche, les
produits accessoires ont enregistré une évolution en dents de
scie, avec un niveau impressionnant de 14.5 milliards en juin 1997 contre 4.6
milliards seulement un an plus tôt24(*).
L'évolution de tous ces encours influence celle des
différents soldes de gestion. C'est ainsi que le Produit Net Bancaire
(P.N.B)25(*) qu'on
assimile à la valeur ajoutée, a enregistré un repli entre
juin 1996 et juin 1997 en passant de 46 à 41 milliards avant de se
porter à 73.6 milliards deux ans plus tard. Il est important de
souligner que la CCEI Bank, LA BICEC et la SCB-CL ont plus contribué
à sa formation avec des proportions respectives de 22.222%, 30.24% et
18.8% au 30 juin 1999.
L'analyse du PNB par rapport aux différents types
d'opérations permet de noter que la marge sur opérations avec la
clientèle contribue pour plus de 60% à sa formation. Cela
signifie que les activités des banques camerounaises sont plus
concentrées sur les opérations de mobilisation de
l'épargne et de distribution des crédits à la
clientèle. La BICEC et la CCEI présentent les marges les plus
impressionnantes avec des proportions respectives de 37.8% et de 33.25% par
rapport à celle de l'ensemble du système bancaire.
Quant à la marge sur opérations diverses, elle
représente environ 30% du PNB au cours de toute la période
d'analyse. La SGBC a réalisé la marge la plus importante au cours
des trois derniers exercices avec une proportion de 29.66% au 30 juin 1999 par
rapport à celle de l'ensemble du système bancaire.
La marge sur opérations financières s'est
considérablement améliorée ces dernières
années. Elle est passée de 918 millions en juin 1996 à
5.17 milliards 3 ans après. Cette embellie est tributaire à la
hausse des intérêts et dividendes produits par les placements
financiers des banques. Cependant, sa proportion dans la formation du PNB reste
encore très faible. Elle est de 6.8% au 30 juin 1999. Il en est de
même de la marge sur opérations de trésorerie qui contribue
pour environ 3% seulement à la formation du P.N.B.
L'amélioration du P.N.B. se fait simultanément
avec la maîtrise de frais généraux. C'est ainsi que le
coefficient net d'exploitation est passé de 97.4% à 54.8% entre
juin 1995 et juin 1999. La BICEC dont le coefficient est passé de
122.53% à 29.67% est plus concernée par cette
amélioration. Alors que pour la CCEI et la SGBC dont, les coefficients
respectifs sont de 73% et de 65.2%, de nombreux efforts restent encore à
faire.
Le résultat net qui était déficitaire de
50 milliards au 30 juin 1995 s'est considérablement
amélioré en se portant à 17.5 milliards au 30 juin 1999.
Cela est imputable non seulement à la maîtrise des frais
généraux mais aussi à la faible dotation aux comptes de
prévoyance26(*).
C'est ainsi que le ratio comptes de prévoyance / résultat brut
d'exploitation est passé de 810.17% à 50% entre juin 1995 et juin
1999. La Standard et Amity Bank disposent encore des ratios très
élevés qui sont respectivement de 106.8% et de 143.15% au 30 juin
1999. Ce qui signifierait que les concours et engagements de ces institutions
sont orientés vers les secteurs les plus risqués.
Tableau 6 : Synthèse du compte de
résultat et des coefficients de rentabilité du système
bancaire camerounais, (montants en millions de FCFA).
|
30/06/95
|
30/06/96
|
30/06/97
|
30/06/98
|
30/06/99
|
A- Produits d'exploitation
|
75.458
|
70.930
|
56.779
|
82.151
|
96.668
|
B- Charges d'exploitation
|
36.681
|
24.744
|
14.991
|
17.829
|
22.998
|
C- Frais Généraux
|
37.785
|
30.506
|
21.411
|
32.779
|
40.432
|
D- Produits accessoires
|
5.716
|
4.642
|
14.501
|
686
|
1.811
|
E- Dotations comptes de prévoyance
|
55.508
|
19.600
|
20.845
|
17.228
|
17.535
|
F- Impôts sur les sociétés
|
910
|
1.870
|
1.828
|
347
|
846
|
G- Fonds propres nets (F.P.N.)
|
24.295
|
-501
|
28.139
|
48.830
|
55.841
|
H- Total du bilan
|
809.708
|
751.530
|
516.635
|
778.020
|
880.740
|
I- Frais et pertes nets
|
-1322
|
-1191
|
233
|
5514
|
-773
|
1- PNB = A-B
|
38777
|
46186
|
41788
|
64322
|
73670
|
2- RBE = PNB + D - C
|
6728
|
20322
|
34878
|
32229
|
35049
|
3- RNE = RBE - E
|
-47780
|
3422
|
14033
|
15001
|
17514
|
4- R, Net = RNE+I-F
|
50012
|
361
|
12436
|
17368
|
15891
|
5- Coefficient brut = B + C
d'exploitation A + D
|
91.70%
|
73.1%
|
51%
|
61%
|
64.4%
|
6- Coefficient = C
d'exploitation P, N, B
|
91.39%
|
66.0%
|
51.2%
|
50.9%
|
54.8%
|
7- Comptes de prévoyance / RBE
|
810.17%
|
83.1%
|
59.7%
|
53.4%
|
50.0%
|
8- Coefficient de R, N
rentabilité F, P, N
|
-205.85%
|
-72.0%
|
44.2%
|
35.5%
|
28.4%
|
9- Coefficient de = RN
rendement Total bilan
|
-6.18%
|
0.05%
|
1.74%
|
2.23%
|
1.80%
|
Source : Commission Bancaire d'Afrique Centrale :
Secrétariat Générale
En ce qui concerne le coefficient de rentabilité, il
est autant influencé par les fonds propres nets que par le
résultat net de fin d'exercice. Son niveau le plus élevé
de 44.2% au 30 juin 1997 correspond à un résultat net de 12.4
milliards pour 28 milliards des fonds propres nets. Le meilleur ratio est celui
de la BICEC. Il est de 168.4%, correspondant à un résultat net de
5 milliards. Ce qui représente un motif de satisfaction et de motivation
pour les actionnaires de cette banque.Au 30 juin 1998, ce coefficient
enregistre un repli en se portant à 35.5%. il est essentiellement
imputable à un accroissement de 20 milliards des fonds propres. Puisque
le résultat net s'est accru de 4 milliards, suite au bon comportement de
la SGBC, la BICEC, la CCEI et la SCB-CL qui ont enregistré un
résultat net de 5.193 milliards, 5.081 milliards, 4.4477 milliards et
3.16 milliards27(*)
respectivement. Au 30 juin 1999, le coefficient de rentabilité
enregistre un repli en se portant à 28,46% à la suite d'une
contraction du résultat net. Ce repli est particulièrement
imputable à la SGBC dont le résultat net a chuté de 2
milliards et à Amity Bank qui a enregistré un déficit de
1.228 milliards28(*).
SECTION II : EVALUATION DE LA POLITIQUE DE CREDIT
DE 1972 A 1990
L'objectif déclaré de la politique camerounaise
de crédit de 1972 à 1990 était le financement du
développement Touna Mama (2002). En effet, l'un des quatre objectifs des
conventions de coopération monétaire signées à
Brazzaville les 22 et 23 Novembre 1972 respectivement entre les Etats membres
de la BEAC et entre ces états et la république Française,
était précisément de renforcer le rôle de la Banque
Centrale dans le financement du développement. Pour chercher à
atteindre cet objectif, les pouvoirs publics camerounais s'étaient
donné un ensemble de moyens (I) que nous allons d'abord rappeler avant
de présenter les résultats (II).
I. LES MOYENS DE LA POLITIQUE DE CREDIT APPLIQUEE DE 1972 A
1990
Il sera présenté ici les moyens dans le cadre
institutionnel, les acteurs et les instruments de cette politique.
I-1 - Le cadre institutionnel.
Le cadre institutionnel est constitué d'organes ayant
chacun des compétences spécifiques dans la définition et
la mise en oeuvre de la politique monétaire en général et
de la politique du crédit en particulier. Ces organes sont :
- Le comité d'administration de la BEAC,
- Le comité Monétaire National.
- Le conseil national de crédit
- Le ministère chargé de la monnaie et du
crédit.
Le conseil d'administration de la BEAC arrête les
plafonds globaux de réescompte, des avances et autres facilités
à court terme pouvant être accordé par la BEAC à
l'économie de chaque Etat membre.
Le comité Monétaire National procède,
selon les directives du conseil d'administration de la BEAC, à l'examen
des besoins généraux de financement de l'économie
nationale et détermine les moyens propres à les satisfaire
(plafond de réescompte, avances et autres facilités susceptibles
d'être octroyées aux entreprises).
Le conseil National du crédit participe, à titre
consultatif, à l'élaboration des conditions de banques qui
doivent être arrêtées par le Ministre chargé de la
monnaie et du crédit, qui en est du reste le président.
Le Ministre des finances, puisqu'il s'agit de lui, est
l'autorité qui est en charge de l'élaboration et de la conduite
de la politique monétaire et du crédit.
I-2 - Les acteurs.
Le système financier Camerounais jusqu'en 1990
était composé selon la BEAC de :
Ø Douze banques commerciales : Cameroun Bank,
Paribas, BCCC, BIAOC, BICIC, CCEI, IBAC, SCB, Standard et Chartered Bank, SGBC,
Chase MANATHAN Bank, BOSTON BANK ;
Ø Deux banques de développement : la banque
Camerounaise de développement (BCD) et le fond national de
développement rural (FONADER) ;
Ø Trois établissements publics à
caractère bancaire :
§ Le crédit foncier du Cameroun (CFC), le centre
des chèques postaux (CCP) et la caisse d'épargne postale, le fond
de garantie aux petites et moyennes entreprises (FOGAPE) ;
Ø Quatre établissements financiers
spécialisés (SOCCA, SCCA Bail, SCE, National Financial
Crédit) ;
Ø Une société d'Etat, chargée du
financement du haut de bilan : la Société Nationale
d'investissement (SNI).
L'ensemble du système comptait alors 180 guichets. L'un
des traits caractéristiques du système bancaire en cette
période était la très forte présence de l'Etat dans
les multiples aspects de son organisation. En effet, l'Etat était
omniprésent à tous les niveaux (l'Hériteau, 1991).
Une ordonnance de 1973 fixait sa participation à 35%
dans le capital des banques. Lors des premières restructurations en
1989, il possédait au moins 60% du capital des quatre banques
liquidées. (JOSEPH. A, 2000). L'Etat assumait à la fois les
rôles d'acteur, de régulateur et de contrôleur de tout le
système (Touna Mama, 2002).
I-3 - Les instruments de la politique de
crédit
Les instruments proprement dits de cette politique
étaient de deux ordres ; les instruments d'ordre quantitatif qui
devaient influencer le volume des crédits et les instruments d'ordre
qualitatif qui devaient influencer l'orientation des crédits.
I.3.1 Les instruments quantitatifs.
Ils sont pour simplement les nommer :
- Les taux d'intérêt (différenciés
et sélectifs)
- Les avances au trésor public (limitées
à 20% des recettes budgétaires de l'exercice
précédent).
- Les plafonds globaux de réescompte aux
banques ;
- Le système de réserve obligatoire certaines
rémunération, d'autre nom)
I.3.2 Les instruments qualitatifs.
Quant aux instruments qualitatifs, ils devaient jouer pour
favoriser les secteurs ou les opérations jugés prioritaires pour
le développement par les pouvoirs publics (P.M.E), agriculture, habitat
social, coopératives). Ainsi, les taux d'intérêt
préférentiel devaient leur être appliqués, ainsi que
des plafonds de compte flexibles.
II. LES RESULTATS DE LA POLITIQUE DE
CREDIT
Il convient de présenter d'abord les résultats
de cette politique de crédit avant d'en donner une
appréciation.
II-1- PRESENTATION DES RESULTATS
Compte tenu de l'objectif de cette politique de crédit
qui était le financement du développement, les résultats
doivent concerner :
- L'évolution des crédits à
l'économie
- L'évolution des prix
- La croissance
II-1-1 Evolution des crédits à
l'économie
Ils sont passés de 333 milliards de francs CFA en 1973
à 1297 milliards en 1983, soit un taux de croissance moyen de 15% l'an,
en francs constants. Les crédits s'élevaient à 1100
milliards de francs CFA au 31 Décembre 1988. Alors que les
dépôts bancaires étaient de 790 milliards, la
différence étant financée par la BEAC.
Mais plus de la moitié de ces crédits ont
été distribués aux secteurs de transport, transit,
commerce et services, les activités agricoles et assimilées ayant
eu autours de 5% seulement (Touna Mama, 2002)
Ces crédits constituent l'une des opérations au
cours desquelles le système bancaire et la banque centrale créent
la monnaie. A la lecture du graphique 1 ci-dessous, les crédits
intérieurs ont crû jusqu'en 1990 année de la reforme de la
politique monétaire, en raison de l'objectif du développement
économique.
Les crédits intérieurs ont connu une
augmentation relativement faible jusqu'en 1987 où ils atteignent environ
400 milliards de francs CFA. En suite du fait de la crise économique,
ces crédits vont décroître
Source : Confert annexe n° 2
II-1-2 Evolution des prix.
Le taux d'inflation moyen a été environ de
l'ordre de 10%. Le graphique ci- dessous permet d'observer une hausse plus
importante de l'indice des prix entre 1973- 1975 et 1880- 1985 à cause
respectivement du renchérissement des produits pétroliers et
l'entrée du Cameroun dans la crise économique.
Source : Voir annexe 1.
Il faut noter globalement que le taux d'inflation va
connaître une évolution en dents de scie tout au long de la
période.
II-1-3 La croissance
Le taux de croissance moyen a été de 9.6% en
francs constants jusqu'en 1988 (Touna Mama, 2002). Après avoir connu une
croissance de 20,4% en 1985, le Cameroun va entrer dans un cycle
d'évolution à la baisse du taux de croissance, jusqu'à
atteindre son plus bas niveau de 2.2% en 1987.Le tableau ci-dessous permet de
visualiser ces évolutions de croissance au Cameroun.
Tableau 7 :
Evolution du taux de croissance au Cameroun
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1990
|
1991
|
1992
|
20,4
|
6,8
|
2,2
|
7,9
|
6,7
|
3,9
|
3,0
|
Source : BEAC (1997,2000), Etudes et statistiques, N°
233 et 256. Commission Economique d'Afrique (2003, P. 198)
Aussi, l'investissement privé pour sa part a
évolué en dents de scie . Tandis que l'investissement public a
connu un accroissement régulier, passant de 105 à 351 milliards
de FCFA entre 1973 et 1983 (Touna Mama, 2002). Mais l'investissement
privé et l'investissement public n'ont été financés
qu'à 30% par le crédit bancaire malgré son important
accroissement dans la période. Le taux d'investissement intérieur
brut moyen a été de 1973 à 1987 de 26.50%.
SECTION III : EVALUATION DE LA POLITIQUE DE
CREDIT DE 1990 A 2003
A partir de 1998 déjà, la politique de
crédit du Cameroun va connaître un changement radical. Avec la
crise économique qui est officiellement déclarée en
198729(*), et la signature
en 1988 d'un programme d'ajustement structurel avec le FMI, la politique
camerounaise de crédit aura désormais comme objectif explicite la
stabilisation des finances publiques et de façon générale
la recherche des grands équilibres macroéconomiques et macro
financiers, et comme objectif implicite la défense de la position
extérieure de la monnaie.
Il convient dès lors de présenter les
caractéristiques du système bancaire dans cette période
(I) avant de présenter les résultats (II).
I. LES CARACTERISTIQUES DU SYSTEME BANCAIRE
Après la restructuration bancaire, le système
bancaire camerounais comptait au 31 décembre 2002 (10 banques
commerciales contre 12 précédemment) et huit
établissements de crédit. Comme le relève (Avom, 2004), le
système bancaire et financier camerounais présente trois
caractéristiques importantes. Il s'agit d'abord de la très forte
présence du capital privé dans le capital social des banques dont
une part importante est d'origine étrangère, ensuite de l'absence
de profondeur et d'innovations financières, enfin sa trop forte
concentration.
Les données du tableau 8 ci-après permettent
d'apprécier l'important recul de l'Etat dans le capital social des
banques et, la forte présence du capital privé national et
étranger. Tous ces établissements obéissent
dorénavant à des stratégies et à des logiques
d'opérateurs privés, et se doivent de respecter les règles
de l'orthodoxie bancaire, c'est-à-dire faire des crédits sains,
des crédits bancaires en principe basés sur des critères
objectifs de rentabilité et non des critères politiques ou
sociaux. Il apparaît donc que l'Etat présente désormais en
moyenne 20.31% contre 31.20% pour les privés nationaux et 46.49% pour
les privés étrangers.
Tableau 8: Répartition du capital social des banques en
activité au Cameroun en %
Banques
|
Amity
|
Bicec
|
Cbc
|
Citi B
|
Cl
|
Eco B
|
Sgbc
|
Hcb
|
Std bk
|
Afb
|
Etat
|
0
|
80
|
0
|
0
|
35
|
0
|
25.6
|
0
|
0
|
0
|
Privé N*
|
53.28
|
20
|
100
|
0
|
0
|
0
|
16.3
|
100
|
0
|
75
|
Privé E*
|
46.8
|
0
|
0
|
100
|
65
|
100
|
58.3
|
0
|
100
|
25
|
Source : Rapport d'activité COBAC,
1998/1999, P. 73
* N = Nationaux, E = Etrangers
Le système financier au cours de cette période
présente un autre visage avec notamment le mouvement de restructuration
qui a été engagé.
II. PRESENTATION DES RESULTATS
Les résultats de cette politique peuvent
s'apprécier par rapport aux objectifs recherchés. Il s'agissait
de rechercher le retour aux grands équilibres macroéconomiques et
si possible, de permettre la relance de l'économie nationale. Pour cela,
on devrait procéder à la défense de la position
extérieure de la monnaie et à la maîtrise de
l'inflation.
S'agissant de la défense de la position
extérieure de la monnaie qui s'apprécie à travers le taux
de couverture de l'émission monétaire, il faut dire que ce taux
s'est dégradé et resté largement en deçà de
la norme de 20% exigée par les statuts de la BEAC. Cela traduit
l'inefficacité de cette politique à améliorer les avoirs
extérieurs nets du pays qui ont évolué de la façon
suivante.
Graphique 3 : Evolution des avoirs
extérieurs nets (1990-2002)
Le graphique 3 ci-dessus permet d'observer une
évolution nette à partir de fin 1999. Cette évolution
positive traduit les progrès réalisés dans la
maîtrise des grands équilibres macroéconomiques dans le
cadre du programme d'ajustement, appuyé par les institutions de Bretton
Woods, le rapatriement plus important des recettes d'exportation
pétrolière, ainsi que la mobilisation d'un volume croissant de
ressources extérieures tant publiques que privées. Mais il faut
tout de même remarquer que la période d'avant 1999
révèle une évolution relativement faible, avec une baisse
entre 1994 et 1996, suite à la dévaluation intervenue le 12
Janvier 1994.
II.1 Evolution des prix
La lutte contre l'inflation est plus que jamais
considérée comme un objectif de politique des autorités
monétaires. En effet, la maîtrise des tensions inflationniste
permet de relancer l'investissement et donc de favoriser la croissance
économique. A cet effet, après le taux record de 33% de
l'immédiat post dévaluation en 1994, le taux d'inflation a
progressivement diminué. Contrairement à la période
1972-1990, où le taux d'inflation se situait autour de 10%, cette
période correspond à un taux moyen qui tourne autour de 4%, ce
qui traduit une maîtrise du phénomène au Cameroun.
Le graphique 4 ci-dessous permet de visualiser
l'évolution des taux d'inflation mesuré par la variation de
l'indice des prix à la consommation.
II.2 Evolution des crédits à
l'économie de 1990 à 2003
La liquidation des banques et le transfert des créances
douteuses des banques en activité à la SRC, ont
entraîné une chute des crédits jusqu'en 1997, comme le
montre le graphique ci-après.
Il s'observe dans le graphique 5 ci-dessus que les crédits d'une
part diminuent progressivement jusqu'en 1994, d'autre part évoluent en
dents de scie au-delà, mais se situent dans tous les cas loin du niveau
de 1100 milliards de francs CFA atteint en 1988. Quoi qu'il en soit,
malgré les reformes et la dévaluation, les banques s'engagent peu
dans le financement de l'économie. Le ratio dépôts totaux /
crédits à l'économie et à l'Etat atteint 103% en
1997 contre 84% en 1984, avant le déclenchement de la crise
économique. La dévaluation n'a pas eu les effets
escomptés, les crédits à l'économie ayant
diminué de 43% en terme réels entre le 31 décembre 1993 et
le 31 décembre 199730(*) (Joseph A., 2000).
Cette baisse des crédits illustre aussi le fait que
suite à la dévaluation, l'Etat a apuré une bonne partie de
ses arriérés de paiement auprès des entreprises qui ont
donc moins sollicité les banques. Alors que les crédits à
l'économie représentaient 32% du PIB en 1990, ce pourcentage
n'est que de 8,2% en 1997. si une partie de cette diminution s'explique par
l'apurement des bilans bancaires entre 1990 et 1992 (en 1992, les
crédits à l'économie représentaient 15% du PIB),
elle illustre également le manque de dynamisme du secteur bancaire dans
le financement de l'économie.
Aussi, durant cette période, les banques s'engagent
essentiellement à court terme pour financer des activités de
commerce et de service. De 1997, période d'exploitation du
pétrole à 1986 celle de la crise économique, la part des
crédits à moyen et long terme était supérieure
à 20% et elle a même atteint plus de 30% en 1980 et 1981 (Joseph
A., 2000). Au contraire, à partir du déclenchement de la crise,
la part des crédits à moyen et long terme est devenue
inférieure à 20%. Devant l'augmentation des difficultés
économiques, les banques sont sollicitées pour les besoins de
liquidité à court terme. En revanche, elles sont plus "frileuses"
pour prendre des positions sur le long terme. En raison de
l'insolvabilité des banques de développement, leur suppression
était nécessaire. Cependant, désormais, le financement du
long terme pose problème, car ce rôle n'est pas dévolu aux
banques commerciales. Jusqu'à ce jour, le Cameroun manque d'institutions
spécialisées dans le financement du long terme.
Le tableau 9 ci-après permet de visualiser la
répartition des crédits selon la durée. Il ressort de
cette répartition que ces crédits sont en moyenne de 80,25%,
19,15%, 0,6% respectivement pour le court, le moyen et le long terme. Il peut
être entendu que le système financier est loin de se
préoccuper du financement des opérations de développement
qui sont davantage de long ou tout au moins de moyen terme. Ni les
restructurations qui ne sont pas achevées, ni le changement de politique
monétaire, ni la dévaluation n'auront permis d'accroître de
manière significative la part des crédits à long terme.
Tableau 9 : Répartition du
crédit selon la durée au Cameroun en (%)
Année
|
Court terme
|
Moyen terme
|
Long terme
|
1990
|
86.86
|
13.0
|
0.14
|
1991
|
81.66
|
16.96
|
1.38
|
1992
|
79.65
|
20.29
|
0.06
|
1993
|
80.52
|
19.41
|
0.07
|
1994
|
93.13
|
16.64
|
0.23
|
1995
|
85.55
|
14.25
|
0.20
|
1996
|
77.00
|
22.80
|
0.20
|
1997
|
74.53
|
25.30
|
0.17
|
1998
|
71.33
|
23.69
|
4.98
|
1999
|
73.59
|
21.28
|
5.13
|
2000
|
75.36
|
19.63
|
5.01
|
2001
|
76.72
|
19.32
|
3.96
|
2002
|
74.39
|
21.95
|
3.66
|
Source : Calculs effectués à partir
des statistiques, in BEAC études et statistiques, n° 253,
novembre - décembre 1999, p. 307 et N° 267 janvier 2003.
II.3 Evolution des taux d'intérêt
La politique des taux d'intérêt devrait permettre
d'après les statuts de la BEAC, de soutenir financièrement la
relance économique, plus particulièrement les initiatives du
trésor, des entrepreneurs et des particuliers nationaux.
La politique des taux d'intérêt fondée sur
la conception Keynésienne, relance par les investissements, à
savoir qu'un taux faible ou élevé les stimule ou les
décourage. L'on comprend dès lors que la Banque Centrale ait
opté pendant cette période pour une stratégie des taux
d'intérêts bas et stables avec quelques aménagements pour
tenir compte de l'environnement financier international. Aussi, l'écart
entre les taux débiteurs et créditeurs au Cameroun a tendance
à s'accroître, ce qui montre que malgré les mesures de
libéralisation financière, la concurrence entre les
établissements bancaires est limitée. Pour (Joseph A., 2000)
entre 1989 dernière année avant la mise en place de la nouvelle
politique monétaire et 1997, la différence entre le taux
débiteur maximum pour les opérations à moyen terme de la
clientèle ordinaire et le taux créditeur minimum sur les
dépôts de 12 à 24 mois est passé de 8,9% à
17%. Alors, d'un point de vue théorique, la libéralisation
financière est sensée accroître la concurrence entre les
banques, et entraîner une diminution des marges d'intermédiation,
tel n'a pas été le cas.
Graphique 6 : Taux débiteur et
créditeurs
Le graphique ci-dessus montre que le taux débiteur et
le taux créditeur évoluent au même rythme ce qui est
contraire au résultat attendu compte tenu de la libéralisation
financière.
L'objet de ce chapitre était d'apprécier
l'impact des mutations financières sur le financement de
l'économie. Pour cela, il a fallu d'abord mesurer la solidité du
système bancaire, ensuite évaluer la politique de crédit
mise en oeuvre avant et après les reformes.
Au terme de notre analyse, il apparaît un paradoxe.
Celui d'un système bancaire liquide et d'une économie non
financée. En effet, les réformes financières au Cameroun
ont permis au système bancaire de présenter un degré de
solidité financière satisfaisant. Les normes de
solvabilité et de liquidité sont de plus en plus
respectées. Les banques parviennent à maîtriser leurs
charges d'exploitation, leurs frais généraux et à
présenter de meilleurs soldes de gestion et des coefficients de
rentabilité plus encourageants. Seulement les banques ne se sont pas
impliquées activement dans le financement de l'économie. Elles se
caractérisent à ce niveau, par une défaillance et, ne
s'adaptent pas au besoin des investisseurs et des populations. Cette
défaillance se traduit par une réticence des banques en
matière d'octroi des crédits et s'explique entre autre par la
volatilité de l'épargne, mais aussi par l'aversion aux risques
des banques.
Cette situation permet de vérifier l'importance
relative des mutations financières sur l'évolution des circuits
de financements.
CHAPITRE IV
IMPLICATIONS ANALYTIQUES DE L'EVOLUTION DES CIRCUITS DE
FINANCEMENT
L'appréciation de l'influence de l'évolution des
intermédiaires financiers sur les économies camerounaises, a
conduit à un paradoxe au chapitre précédent. Celui d'un
système bancaire liquide et quasi assaini et l'absence de financement de
l'économie. Il est à noter que, le système financier
camerounais, à la suite des mesures d'ajustements financiers, s'est
révélé assaini. Mais cet assainissement ne permet
cependant pas de conclure à la capacité des banques à
relever les défis de la mondialisation et de la globalisation
financière, et des problèmes auxquels elles restent
confrontées. La diversité d'évolution ainsi
observée n'a pas entraîné une déconnexion des
banques de leurs activités traditionnelles et, à l'aptitude
à soutenir une véritable concurrence. Il s'agit d'une
inadéquation du système financier aux impératifs de
développement.
La période précédent la crise se
caractérise par des institutions bancaires et, financières
tributaires de celles de la métropole qui, avaient des structures
déjà bien organisées. Ces institutions sont donc apparues
en avance par rapport aux structures économiques et à leur niveau
de développement ; et ont été imposées sans
tenir compte des réalités culturelles et sociales. En effet,
l'objectif déclaré de la politique de crédit en cette
période était le financement du développement. C'est
pourquoi, des niveaux plus élevés de crédits ont
été observés. Seulement, ces crédits étaient
octroyés par « clientélisme 31(*)» et parfois même
sans garanties et, destinés plus aux secteurs de transport, transit,
commerce et services, activités agricoles. La crise ayant
profondément touché les banques, l'objectif prioritaire pour les
autorités est devenu l'assainissement de l'environnement financier. Il
s'est donc développé à côté du système
financier formel, d'autres circuits de financement plus adaptés aux
besoins des populations analphabètes et faisant concurrence aux banques,
les incitant même à diversifier les instruments financiers. Aussi,
la création de la bourse de valeurs dont les activités tardent
encore à démarrer a reçu une grande adhésion,
l'alternative des banques de développement ayant été
écartée. Le système financier camerounais, malgré
les mutations ne s'est pas adopté aux grands défis de la
mondialisation. Il est resté peu dynamique et en déphase avec les
besoins de l'économie.
Après avoir présenté les
caractéristiques actuelles du système bancaire (section 1), une
analyse des institutions concurrentes aux banques sera faite (section 2).
Ensuite, il sera donné des recommandations de politique
économique (section 3).
SECTION I : LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES DE
L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU
CAMEROUN
A la suite des réformes, il devait s'opérer des
regroupements, des fusions et alliances stratégiques importants,
permettant non seulement de renforcer la fonction d'intermédiation, mais
aussi d'accroître les marges et taux de profitabilité. Aussi le
nombre de banques du système bancaire est passé à 10 au 31
décembre 2003 contre 12 dans les années précédent
immédiatement la dévaluation. Ainsi que le relève Avom
(2004), le système bancaire compte également huit
établissements de crédit auxquels il convient d'ajouter les
sociétés d'assurance dont le rôle dans le financement de
l'économie va considérablement se développer dans les
prochaines années, car elles se présenteront comme des
concurrentes sérieuses des établissements de crédit,
notamment dans la collecte de l'épargne. A côté de ce
secteur officiel, il se développe la microfinance, dont la progression a
été remarquable au cours de la dernière décennie
malgré sa disparité (Lelart.M, 2002).
A cet effet, le système bancaire et financier
camerounais présente actuellement plusieurs caractéristiques
dont, trois paraissent pertinentes pour qu'elles soient évoquées
pour notre propos. Il s'agit d'abord de sa trop forte concentration (I),ensuite
de la très forte présence du capital privé dans le capital
social des banques, dont une part importante est d'origine
étrangère (internationalisation) (II), et enfin de la faiblesse
de profondeur et d'innovations financières (III).
I. UN SYSTEME BANCAIRE CONCENTRE
L'analyse de la concentration dans l'industrie bancaire permet
de mettre en évidence les inégalités de taille entre
établissements de crédit, mais également les tendances
oligopolistiques qui se manifestent au sein de ce secteur. Au Cameroun, la
concentration s'est traduite par deux mesures :
- Une concentration géographique ; celle-ci se
caractérise par la réduction du nombre de banques (fusion et
acquisition et fermeture)
- Une concentration économique ; il s'agit
à ce niveau d'une concentration de l'activité bancaire en termes
de dépôts / crédits et de part de marché.
I.1 Evaluation de la concentration
économique
La diversité des produits ne permettant pas la
définition d'une incidence composite de concentration dans le cas des
banques, la concentration sera évaluée d'une part par les parts
de marché, puis par le nombre de banques et d'agences.
I.1.1 La concentration par les parts de
marché
Il sera évalué ici la concentration des
dépôts et la concentration des crédits. A chaque fois, il
sera dressé un tableau des parts de marché pour faire le calcul
du taux de concentration pour l'année 2004. Il existe de nombreux
indicateurs de concentration. Pour notre étude, il sera utilisé,
l'indice de Hirchman-Herfindhal. Il est égal à la somme des
carrés des parts de marché de toutes les firmes de la branche ou
de l'industrie. Formellement, cet indice s'écrit comme suit :H=i/Q)²=i² Où qi représente
la production de la firme i et Q la production totale de l'industrie. Il peut
dès lors être évalué ces différentes
concentrations.
I.1.1.1 La concentration des dépôts
bancaires
Tableau 10 : Part de marché des dépôts
2004
Banques
|
Montant en millions de FCFA
|
Part en % simple
|
Part en % cumulé
|
SGBC
|
250780
|
22.92
|
22.92
|
BICEC
|
220301
|
20.14
|
43.06
|
SCBCL
|
161757
|
14.80
|
57.85
|
AFB
|
136257
|
12.46
|
70.31
|
SCBK
|
107814
|
9.86
|
80.16
|
CBC
|
95390
|
8.72
|
88.88
|
CITI BANK
|
45270
|
4.14
|
93.02
|
AMITY BK
|
25440
|
2.33
|
95.35
|
ECO BANK
|
36221
|
3.31
|
98.66
|
UNION BK
|
14674
|
1.34
|
100
|
TOTAL
|
1093301
|
100
|
/
|
(Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2004)
Le tableau souligne une forte concentration des
dépôts. En effet, sur les dix banques en activité, deux
à savoir, la SGBC et la BICEC contrôlent 43.06% des
dépôts, alors que La moitié du système bancaire,
constituée des cinq premières banques à savoir, la SGBC,
la SCB-CL, la BICEC, la CCEI et la Standard, contrôle à elle seule
80.16% des dépôts. A partir de ces résultats, il peut
être calculé l'indice H de concentration. Soit :
H = (0.2292² + 0.2014² + 0.1480² +
0.1246² + 0.0986² + 0.0872² + 0.0414² + 0.0233² +
0.0331² + 0.0134²) = 0.15.
En comparant cet indice à celui qui traduit
l'égalité de tailles, qui est égal ici à, soit 0.1, il est claire que ces deux indices sont
différents ; ce qui traduit alors les inégalités de
tailles dans cette industrie. Puisque lorsque les firmes sont de tailles
identiques, ces deux indices devraient être égaux. Cette
inégalité de tailles traduit bien la concentration de cette
industrie. Le graphique ci-après illustre cette situation.
I.1.1.2 La concentration des crédits
La concentration des établissements des crédits
peut être également évalué à partir de
l'activité de prêt. Le tableau ci-après permet de calculer
le degré de concentration en 2004.
Tableau 11 : Part de marché de crédit
2004
Banques
|
Montant en millions de FCFA
|
Part en % simple
|
Part en % cumulé
|
SGBC
|
186575
|
22.00
|
22.00
|
BICEC
|
175177
|
20.67
|
42.67
|
SCBCL
|
116007
|
13.68
|
56.35
|
SCBK
|
102093
|
12.04
|
68.39
|
CBC
|
87265
|
10.29
|
78.68
|
AFB
|
79788
|
9.4
|
88.08
|
CITI
|
34042
|
4.01
|
92.09
|
ECO BANK
|
30698
|
3.62
|
95.71
|
AMITY
|
25998
|
3.07
|
98.78
|
UNION BANK
|
10244
|
1.21
|
100
|
TOTAL
|
847887
|
100
|
/
|
(Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2004)
Ce tableau souligne une forte concentration des
établissements de crédit. Les deux premières banques
à savoir la SGBC et la BICEC, contrôlent à elles seules
42.67%. Bien plus, en ajoutant la SCB-CL, la Standard Charttered Bank et, la
CBC, la moitié du système bancaire distribue 78.68% de
crédit. Il convient de remarquer que la Société
Générale et la BICEC contrôlent le marché du
crédit à hauteur de 42.67%. Il peut donc être
calculé l'indice H.
H = (0.22² + 0.2067² + 0.1368² +
0.1204² + 0.1029² + 0.094² + 0.0401² + 0.0362²
+0.0307²+0.0121²) = 0.14.
En comparant cet indice à celui qui traduit
l'égalité de tailles, qui est égal ici à soit 0.1; il y a bien inégalité de tailles, puisque ces
deux indices sont différents.
Le graphique ci-après permet également
d'illustrer ce phénomène.
I.1.2 La concentration par le nombre de
banques et d'agences
Le degré de concentration bancaire
peut également être mesuré par le nombre de banques et
d'agences. Plus ce nombre sera réduit, plus la concentration sera
élevée. Cet aspect peut être apprécié
à partir du tableau ci-après.
Tableau 12 : Evolution du nombre de banques et
d'agences
Années
|
Nombre de banques
|
Nombres d'agences
|
1975
|
4
|
88
|
1980
|
11
|
143
|
1987
|
7
|
186
|
1992
|
11
|
84
|
1996
|
8
|
74
|
1999
|
8
|
74
|
2002
|
10
|
85
|
Source : Rapport annuel du Conseil National du
Crédit
La lecture de ce tableau montre bien la concentration du
système bancaire.
En effet, sur l'ensemble de la période
étudiée, on observe non seulement qu'il y a un petit nombre de
banques en activité, ce nombre qui tourne autour de 8 banques avec une
augmentation plus importante en 1980, mais également, de période
en période, on constate aussi une réduction des agences ; la
réduction ainsi constatée commence après 1987, à
cause peut être de la crise économique qui a affecté le
système bancaire. Une reprise sera observée après 1999
avec l'entrée de deux nouvelles banques à savoir ECOBANK et Union
Bank dans le système bancaire.
I.2 Evaluation de la concentration
géographique
Les pays en développement sont
caractérisés par un dualisme économique qui ne cesse
d `influencer les niveaux de structure tant industrielles que sociale. Au
Cameroun, à côté d'un secteur moderne qui, regorge les
activités commerciales et industrielles modernes, il existe un vaste
secteur traditionnel. Ces deux secteurs d'activité sont localisés
dans les zones bien spécifiques. Alors que le secteur moderne se
localise dans les agglomérations urbaines, telles que Yaoundé,
Douala, Bafoussam, le secteur traditionnel, pour sa part, se situe dans des
zones rurales. Cette structuration de l'économie camerounaise,
expliquerait alors la concentration géographique du réseau
bancaire. En effet, le secteur traditionnel manifeste une certaine aversion
vis-à-vis des structures bancaires, et la structure des
dépôts en subit donc les effets. Seul le secteur moderne influence
de façon significative l'importance des dépôts et la
structure des banques. Ce différentiel d'aversion de ces
différents secteurs vis à vis des banques influence
l'implantation des banque qui choisissent les grandes agglomérations au
détriment des campagnes. Ainsi, la plupart des banques sont
installées dans les grandes villes, notamment Douala, Yaoundé,
Bafoussam, et quelques chefs lieux de province. Ce phénomène peut
être visualisé à travers le tableau ci-après qui
retrace le réseau bancaire camerounais.
Tableaux13 : évolution du réseau bancaire
camerounais
Ville
|
1975
|
1983
|
1987
|
1994
|
1999
|
2002
|
Douala
|
17
|
27
|
47
|
9
|
8
|
16
|
Yaoundé
|
13
|
20
|
39
|
7
|
6
|
12
|
Bafoussam
|
5
|
7
|
10
|
6
|
5
|
9
|
Total
|
35
|
54
|
96
|
22
|
19
|
37
|
Autres
|
42
|
113
|
90
|
56
|
40
|
48
|
Total
|
87
|
167
|
186
|
78
|
59
|
85
|
(Source : rapports annuels du conseil national du
crédit)
La lecture de ce tableau souligne bien l'importance du
phénomène de concentration géographique du réseau
bancaire autour des grandes agglomérations urbaines au Cameroun. En
effet, il est à remarquer que sur l'ensemble de la période, les
trois métropoles que sont Douala, Yaoundé et Bafoussam, ont la
plus grande part des agences par rapport aux autres régions. Sur
l'ensemble de le période étudiée, ces trois villes ont
à elles seules, d'année en année, en moyenne 35% du nombre
total d'agences. Ce phénomène s'est surtout accentué en
1987 où ces trois villes ont à elles seules plus de 51% des
agences existantes. Il peut être attribué à cette situation
la multiplication des guichets périodiques du milieu des années
1980.
Cette concentration géographique se traduit par le
développement des comportements d'épargne informelle dans les
zones rurales.
Aussi, des 85 agences bancaire que compte le système
bancaire en 2002, un peu plus 80% sont regroupées dans les villes de
Douala et Yaoundé. Ainsi, des 16 agences que compte la
société générale de Banques au Cameroun (SGBC), dix
sont situées dans les villes de Yaoundé (trois) et Douala (sept),
et 6 dans le reste du Cameroun.
En somme, l'industrie bancaire est fortement
concentrée, sur l'ensemble de la période. Sur le plan
géographique, les agences des banques sont plus installées dans
trois villes. Sur le plan économique, l'activité bancaire est
contrôlée par cinq banques à raison de 85% pour les
dépôts et 72% pour les crédits.
II . Un système bancaire
internationalisé
Une des conséquences de la globalisation des
marchés est l'intégration financière. Cette globalisation
a entraîné un vaste marché financier mondial dont les
parties sont solidaires et interdépendantes. La finance s'étant
globalisée, le mouvement va se répercuter dans les
systèmes bancaires. C'est dans cette optique que le système
bancaire camerounais s'est également internationalisé. Cette
internationalisation peut s'apprécier à travers deux
critères principaux. Il y a, d'une part, l'implantation bancaire
étrangères au Cameroun, et d'autre part, le développement
de l'activité bancaire à l'étranger.
II.1 L'implantation bancaire étrangère
au Cameroun
La présence des banques étrangères au
Cameroun est très ancienne et remonte à la période
coloniale. Les premières banques à s'installer étaient la
Banque d'Afrique Occidentale (BAO) et la Banque Commerciale Africaine (BCA).
Les banques étaient pour la plupart françaises, et leur
rôle était de prendre en main le développement des
échanges commerciaux avec la métropole. C'est du
développement de ces échanges que dépendra le rythme
d'installation des banques qui n'étaient que des filiales des banques
étrangères. Au moment où le Cameroun accède
à la reconnaissance internationale, on s'attendait à ce que cette
logique soit infléchie ou alors totalement renversée ; mais
il n'en ait rien été parce que, la structure de l'économie
des colonies n'avait pas elle-même changé. Dans la période
d'euphorie qui a suivie les indépendances, notamment à partir du
milieu des années 1970, avec le boom des prix des matières
premières (pétrole, cacao, café), les banques
américaines, italiennes, espagnoles, vont également s'implanter.
Une majorité se retirera progressivement par la suite au moment
où, le Cameroun rentre dans une phase de récession à
partir du milieu des années 1980.
Aujourd'hui, après les restructurations et les
mutations qu'il a connu depuis le début des années 1990 et le
retour à la croissance qui a suivi, on observe un léger mouvement
de retour des banques étrangères vers le Cameroun à
travers une prise de participation dans le capital social de plusieurs banques
en activités.
II.2 L'implantation des banques camerounaises à
l'étranger
Pour ce qui concerne l'implantation des banques camerounaises
à l'étranger, deux banques en effet sont concernées par ce
mouvement. Il s'agit d'Afriland First Bank32(*) et de la Commercial Bank of Cameroon. La
première est la plus dynamique dans cette stratégie. Elle a en
effet ouvert à la fin des années 1990 deux agences bancaires en
Guinée-équatoriale et en France, puis en 2002, une succursale
dans le port Congolais de Pointe Noire, ainsi qu'à Sao Tomé et
Principe. Cette stratégie s'est poursuivie en 2003, par une prise de
participation dans le capital de la banque omnifinance en Côte d'Ivoire.
Bien plus, des nouveaux partenariats ont été mis en place dans
trois pays d'Afrique. Il s'agit de la Banque de Développement du Tchad,
de la Société Marocaine de Dépôts et de
Crédit et enfin de la First Bank of South Africa. Ainsi, après la
France, puis la Chine plusieurs autres partenariats lui assurent une
représentation en Amérique et en Europe Occidentale (Avom,
2004).
La deuxième est beaucoup plus timide, et n'est
présente qu'en République Centrafricaine à travers
l'ouverture d'une agence.
Au total, l'internationalisation se traduit par une
présence moins importante de l'Etat dans le capital social des banques
(contrairement à la période précédant la crise
où sa participation excédait 35%).
Dans l'ensemble du système bancaire, l'Etat n'est
présent que dans trois banques, dont la BICEC où l'Etat est
représenté à hauteur de 80% dans le capital ; c'est
la participation la plus importante.
Les données du tableau 14 ci-après
amènent deux observations importantes. Elles permettent
d'apprécier l'important recul de l'Etat dans le capital social des
banques et la forte présence du capital privé national et
étranger. Il apparaît que l'Etat33(*) représente désormais en moyenne 20.31%
contre 31.20% pour les privés nationaux et 46.49% pour les privés
étrangers.
Tableau 14: Répartition du capital social des banques
en activité au Cameroun en %
Banques
|
Amity B
|
bicec
|
cbc
|
citi ba
|
cl
|
ecobk
|
sgbc
|
hcb
|
stdbk
|
afbk
|
État
|
0
|
80
|
0
|
0
|
35
|
0
|
25.6
|
0
|
0
|
0
|
Privé N*
|
53.28
|
20
|
100
|
0
|
0
|
0
|
16.3
|
100
|
0
|
75
|
Privé N*
|
46.8
|
0
|
0
|
10
|
65
|
100
|
58.3
|
0
|
100
|
25
|
Source : Rapport d'activité COBAC, 1998/1999, P.
73
* N = Nationaux, E =
Etrangers.
III . INSUFFISANCE DE PROFONDEUR ET D'INNOVATIONS
FINANCIÈRES
III.1 La faible profondeur financière
Le terme profondeur financière renvoie
généralement à la taille du secteur financier. Ainsi,
l'appréciation de la taille du secteur bancaire dans une économie
se fait à travers le ratio M2 / PIB en raison de sa simplicité,
et sans qu'il soit l'indicateur le plus approprié34(*). Ce ratio mesure le
pourcentage de la masse monétaire dans la richesse totale dans
l'économie. L'interprétation de ce ratio est cependant
biaisée par l'importance de la thésaurisation. En effet, dans la
plupart des pays sous développés, une partie non
négligeable de la quantité de monnaie en circulation
échappe au circuit bancaire.
Le système bancaire camerounais malgré la
restructuration est demeuré « frileux » et
très peu développé du fait notamment de la
répression financière, et du renforcement du dualisme financier.
Cette faiblesse de la taille, peut être appréciée en
observant l'évolution du ratio M2/PIB dans le graphique
ci-après.
Ce graphique montre que le ratio M2/PIB est resté
relativement stable et faible entre 1970 et 1975. Il a ensuite connu une
évolution progressive jusqu'en 1985, consécutive au rythme de
croissance de l'économie qui s'emballait pour atteindre les 24%, avant
de connaître une baisse progressive, accélérée par
la crise économique pour se situer en dessous de 20% en 1987
année officielle d'entrée du Cameroun dans la crise. Il y a,
cependant, une reprise entre 1987 et 1989 portant le ratio au dessus de
20%,suite à un léger choc d'une hausse défavorable des
prix des matières premières qui est resté très peu
perceptible, à cause de l'ampleur de la crise dans laquelle se trouvait
l'économie camerounaise. Après cette période, le ratio va
connaître une évolution en dents de scie et relativement faible
jusqu'en 1996. Une reprise relativement plus importante s'observera
l'année d'après, pour atteindre le niveau jamais
égalé en 2002. Cela peut s'expliquer par l'émergence de la
microfinance qui s'est institutionnalisée et réduisant par
là même la thésaurisation.
Mais paradoxalement le Cameroun reste encore un peu en marge
de l'évolution des systèmes financiers internationaux, car
l'intermédiation financière donne l'impression au Cameroun de
ramer à contre courant, pour rechercher la petite taille et limiter le
développement des opérations (Bekolo-Ebe, 1998).
III.2 Le manque des innovations
financières
Une autre caractéristique actuelle du système
bancaire camerounais est le manque d'innovations financières.
Il se traduit par une quasi-absence des services financiers.
Alors que partout ailleurs et notamment dans les pays occidentaux et
Européens, se développe l'innovation financière, dont le
rythme tend à s'accélérer avec comme corollaire,
l'expansion et la densification des marchés et pour conséquence,
une plus grande capacité à répondre aux besoins et
à offrir des opportunités d'investissement, (Bekolo-Ebé,
2002). L'intermédiation financière au Cameroun se
caractérise par une pauvreté des instruments, souvent d'ailleurs
inadaptés aux besoins, tant pour l'épargnant que pour
l'emprunteur. Et lorsque ces instruments existent, ils sont très peu
diversifiés et de qualité médiocre. Les conditions pour y
accéder sont extrêmement malthusiennes et l'assurance de
financement du fait de la fidélité des relations est pratiquement
nulle (Bekolo-Ebé, 1998). La faiblesse de l'innovation explique ainsi
pour une large part les difficultés des entreprises à trouver les
financements adaptés au cycle de production, et la tendance des agents
à agir en marge du système. C'est pourquoi les marchés y
sont aussi peu développés, et l'intermédiation informelle
y prend une telle ampleur, posant ainsi à l'intermédiation
financière un problème d'adaptation.
Le système bancaire demeure fragmenté et
élitiste, avec une exclusion du financement bancaire, d'une frange
importante de la population, qui, pour résoudre ses besoins, recourt
à la microfinance. En plus, il manque de souplesse, les démarches
administratives sont toujours longues et fastidieuses pour l'ouverture des
comptes, la réalisation des opérations de dépôts et
de demandes de crédits (compte tenu des conditions exigées)
(Avom, 2004). Bien plus, les rares services disponibles ne sont pas accessibles
à tous les clients. Par exemple, l'existence des cartes bancaires et des
guichets de distribution automatique de billet devenu depuis de nombreuses
années des services ordinaires dans les pays développés et
certains pays au Sud du Sahara comme l'Afrique du Sud et les pays d'Afrique du
Nord demeure paradoxalement un grand luxe. Ainsi que l'a relevé Avom
(2004), la SGBC et la BICEC ont été les premières à
expérimenter le service de paiement par carte bancaire. Plus
récemment, Afriland First Bank vient de mettre à la disposition
du public un porte monnaie électronique (i-card) qui permet de
réaliser les paiements sur l'ensemble du territoire, dans les surfaces
disposant d'un terminal agréé. Elles ont mis à la
disposition de leurs clients des cartes de retrait. Cependant, les
distributeurs associés à ce service n'ont pas un fonctionnement
permanent. Ils sont régulièrement en panne et de nombreux
désagréments sont régulièrement signalés La
monnaie demeure le seul actif financier le plus utilisé. Le
chèque dont l'obtention nécessite une procédure longue
(plus d'un mois) n'est pas totalement accepté comme moyen de
mobilisation de la monnaie et de paiement. Au total, la banque apparaît
depuis plusieurs décennies après l'indépendance et ce
malgré les nombreuses restructurations et mutations, culturellement en
déphase avec les réalités économiques et sociales.
Les taux d'intermédiation bancaire c'est-à-dire le rapport entre
le nombre de population pour un guichet de banque reste faible et se situe
à environ un guichet pour 200000 habitants (COBAC, 2000) c'est ce qui
explique par ailleurs sa très forte concentration. Aussi
l'émergence de la micro finance qui est plus adaptée aux besoins
des populations en majorité pauvre, trouve là son explication.
SECTION II : EMERGENCE DE LA MICROFINANCE
Le système financier formel du Cameroun présente
dans les années 1990 des limites dans son fonctionnement. Ces limites
sont dues au fait qu'il s'est développé culturellement en
déphase avec les réalités économiques et sociales
et ce, malgré les nombreuses restructurations et mutations. Certaines de
ses caractéristiques actuelles, analysées dans les sections
précédentes en l'occurrence, le manque de profondeur et
d'innovations financières, sa trop forte concentration ont
contribué à le rendre moins dynamique et inadapté aux
besoins des populations. Aussi, à ces dysfonctionnements, se sont
accompagnés les développements des circuits de financement
parallèles, moins contraignants et, plus adaptés aux besoins des
populations analphabètes. Il s'est agit de la finance informelle qui en
se développant s'est institutionnalisée et a favorisé
l'essor de ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui la microfinance.
De nombreux facteurs se trouvent à l'origine de l'essor
de la micro finance, et des innovations qui en résultent relèvent
de sa capacité d'adaptation. Il convient dès lors de revenir sur
les facteurs de développement, avant d'analyser les institutions de
micro finance dans le paysage financier camerounais.
I. LES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT DE LA
MICROFINANCE
La microfinance constitue depuis la dernière
décennie une composante importante du système financier
camerounais. Son rôle dans la collecte de l'épargne, la
distribution des crédits aux populations urbaines et rurales à
faible et à hauts revenus, est indéniable. La micro finance s'est
développée à la suite de la finance informelle, et ses
pratiques se sont diversifiées. Ces pratiques, quoique parfois
différentes de celles dont nous avons l'habitude, caractérisent
néanmoins une forme originale et parfois sophistiquée de la
finance. On peut donc considérer qu'il s'agit d'une véritable
intermédiation financière, dans laquelle les coûts de
transaction sont réduits, les risques moins grands, l'information plus
symétrique. Contrairement au système bancaire qui est très
concentré notamment sur le plan géographique, la micro finance
quant à elle, est quasi présente sur l'étendue du
territoire national. C'est ainsi qu'un rapport de la Banque Mondiale de 2003
dénombre plus de 650 agences de micro finance dans le territoire
camerounais. Certains facteurs sont à l'origine de ce
développement. Il s'agit des facteurs induits d'une part, et les
facteurs autonomes d'autre part.
I.1 Les facteurs structurels
Ces facteurs résultent non seulement de l'inadaptation
du système bancaire formel aux réalités sociales,
culturelles et économiques, mais aussi de la faiblesse de celui-ci.
Cette faiblesse se caractérise par : le manque d'innovations
financières, la faible diversification spatiale et la faible profondeur
financière. De plus, après les restructurations, les banques sont
apparues encore plus fragiles. Elles sont restées de petite taille,
alors que la globalisation financière conduit à la formation des
conglomérats financiers multispécialisés. Cette recherche
de la petite dimension les amène d'ailleurs à restreindre la
nature de leurs opérations qui sont faiblement diversifiées.
Les produits offerts sont pratiquement toujours les
mêmes que ceux d'il y a vingt ans comme si aucune évolution ne
s'était produite, et comme si la fonction d'intermédiation
était restée immuable (Bebolo-Ebé, 1998). Les banques sont
restées étrangères à leur clientèle, et ont
adopté des comportements de rationnement de crédit, expliquant
ainsi le paradoxe d'une forte liquidité bancaire et, une croissante
lente voire une diminution régulière du volume de crédits.
Ce qui a entraîné l'exclusion du financement, d'une frange
importante de la population qui, pour résoudre ses besoins recourt
à la micro finance.
Dès lors, l'expansion de la microfinance trouve
là son explication. D'autres facteurs peuvent également justifier
leur émergence.
I.2 Les facteurs autonomes
Les facteurs autonomes sont liés aux
caractéristiques intrinsèques des micro finances, qui
intègrent l'individu dans une dynamique sociale, mais également
présentent des caractéristiques techniques répondant aux
habitudes des populations et à leurs besoins spécifiques.
La microfinance est considérée comme un moyen de
lutter contre la pauvreté c'est pourquoi elle intéresse les
bailleurs de fonds internationaux, en l'occurrence, la Banque Mondiale, le
Fonds Monétaire International et les banques régionales de
développement. Elle repose sur des relations de proximité,
l'allocation des ressources l'est toujours à court terme. Au total la
microfinance contribue au financement de l'activité économique
pour des durées et des montants courts. D'où son expansion.
II. LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE DANS LE PAYSAGE
FINANCIER CAMEROUNAIS
L'émergence de la microfinance est une manifestation de
la vitalité et du développement de la finance informelle, et elle
s'est enracinée dans trois évolutions. Le financement local, le
secteur privé, et le crédit (Lelart, 2002). Même si la
microfinance fait très souvent référence au micro
crédit, sa contribution au financement des petites activités
économiques est indéniable. C'est ainsi qu'un certain nombre de
caractéristiques peuvent être admises, dont, l'une d'elle est une
question de taille comme son nom l'indique.
Il s'agit d'un petit crédit, d'un montant peu
élevé, sensiblement inférieur au crédit qu'une
entreprise ou un ménage peut solliciter d'une banque. La Banque Mondiale
retient un plafond de 30% du PNB par habitant, ce qui représente pour le
cas du Cameroun à près de 100.000 FCFA ou 150 euros. Ce
crédit est donc sollicité par des personnes dont le revenu est
sinon moyen du moins bas. Ce sont souvent les fonctionnaires, des associations
de personnes. Les chiffres ci-dessus étant déterminés par
rapport à un PIB moyen au niveau du pays, le montant peut être
inférieur au niveau d'un débiteur donné. C'est bien
pourquoi le micro-crédit est considéré comme un
crédit pour les pauvres. Ce micro-crédit peut être
demandé pour plusieurs mobiles ; mais il l'est principalement pour
développer une activité génératrice de revenu,
qu'il s'agit d'une ancienne ou d'une nouvelle activité. C'est pourquoi
le micro-crédit est souvent considéré comme un moyen de
lutter contre la pauvreté et qu'il intéresse la banque mondiale
et les banques régionales de développement. Enfin, les
emprunteurs n'ont guère de garantie personnelle à offrir. Mais
comme les candidats sont nombreux dans chaque quartier ou chaque ville, ils se
connaissent et la solidarité africaine agissant, ils se constituent en
groupes restreints au sein desquels chacun s'engage pour les autres. C'est
ainsi que les taux de remboursement sont prohibitifs.
Cependant, la différence reste grande entre les
banques, et les institutions de microfinance. Les banques accordent des
crédits en créditant des comptes, elles créent la monnaie
qu'elles prêtent, elles n'ont pas besoin d'en disposer au
préalable, elles ne « perdent » rien jusqu'à
ce qu'il y ait retrait et qu'elles soient obligées de rembourser le
dépôt en billets. Les flux monétaires sont
déconnectés de leur activité de crédit. Ils
dépendent de l'usage que font leurs clients du crédit
accordé, en chèque ou en billet, et le rythme de leurs
dépenses et de leurs recettes. Au niveau d'une grande banque, et plus
encore au niveau d'un pays de l'ensemble des banques. Ces flux sont
relativement stables. Il en est tout autrement pour les institutions de
microfinance. D'une part, elles accordent du crédit en donnant de
l'argent, en billets ou en chèque, elles ne créent pas de la
monnaie, elles doivent en avoir avant d'en prêter. D'autre part, elles
doivent être remboursées si elles ne veulent pas être
contraintes de cesser leurs opérations rapidement.
Ces flux monétaires sont donc pour elles directement
liés à leurs opérations de crédit, ils
dépendent du rythme des nouveaux crédits qu'elles accordent et
des anciens qui leur sont remboursés. Leur encaisse soit toujours
susceptible de fluctuer fortement, que ce soit l'ensemble des institutions ou
pour chacune (Lelart, 2002).
SECTION III : LES RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
Depuis les travaux de Gurley et Shaw (1960), il est reconnu
que le niveau d'évolution du secteur financier influence positivement le
taux de croissance à long terme de l'économie. A cet effet, afin
que le système financier camerounais puisse jouer son rôle dans le
processus de financement de l'économie via une allocation efficiente des
crédits, cette étude suscite un certain nombre de
recommandations. Celles-ci vont du parachèvement de la restructuration
du système financier, à l'assainissement complet de
l'environnement macroéconomique.
I. L'ACHEVEMENT DE LA RESTRUCTURATION DU SYSTEME
FINANCIER
La restructuration bancaire comme le relève Touna Mama
(2002) doit déboucher sur une politique plus agressive de collecte de
l'épargne et une politique plus audacieuse de distribution de
crédit. Il ne saurait y avoir de politique de crédit fiable sans
système bancaire sain et jouissant de la confiance du public. Or, il est
étonnant que les banques restructurées comme la BMBC soient peu
après, obligées de fermer malgré la surveillance de la
COBAC. Si les banques commerciales persistent dans la politique de distribution
des crédits qui consiste à privilégier essentiellement le
court terme au détriment des moyen et long terme, alors, il faut
absolument créer les banques spécialisées dans le
financement du développement.
En fait, le système financier actuel doit
être réorganisé et élargi afin de couvrir un certain
nombre de secteurs que les banques commerciales ne veulent assumer. Il s'agit
notamment du financement de l'agriculture, des PME et des financements longs.
L'impulsion devra alors venir de l'autorité
monétaire pour donner à la politique de crédit des
orientations plus conformes à "l'esprit de développement". La
forme à donner au système financier devrait alors s'inscrire dans
cette logique pour qu'enfin les techniques et les instruments à donner
à ce système contribuent à remodeler le canal du
crédit bancaire. Aussi, les banques commerciales classiques sont encore
réticentes à intervenir dans les secteurs précités,
puisqu'elles travaillent avec des capitaux à courts termes
déposés par leurs clients sur lesquels, elles ne veulent prendre
des risques inconsidérés. Il faut donc imaginer de nouveaux
mécanismes, notamment des mécanismes d'atténuation du
risque qui permettront aux banques commerciales de s'engager davantage. Le
développement du crédit-bail, la création de fonds de
garanties, la création des sociétés de cautions mutuelles
professionnelles et de sociétés de capital-risque, pourraient en
plus d'une banque spécialisée dans le financement des PME
permettre de résoudre le problème. Il doit également
être envisagé, la création d'autres institutions plus
spécialisées.
I.1 La création d'institutions
financières spécialisées
L'architecture actuelle du système bancaire camerounais
suite à la liquidation d'institutions spécialisées telles
que la Banque Camerounaise de Développement (BCD) en 1989,
révèle un vide de financement qui se doit d'être
comblé.
Il s'agit donc de créer des banques de
développement dont, la gestion serait plus rigoureuse et qui
utiliseraient outre l'épargne nationale, les fonds alloués par
les institutions financières internationales pour le financement du
développement. Elles devraient, en outre, à travers plusieurs
guichets, créer de la monnaie destinée exclusivement au
financement du développement. A côté de ces banques, on
peut envisager d'autres institutions telles que des crédits
d'équipement aux PME, les banques de développement
régionales au niveau provincial ou départemental, et les fonds de
garantie des investissements. La nécessité
d'accélérer le processus de la mise en place des premières
cotations au niveau de la bourse des valeurs mobilières de Douala
demeure pressante. Du reste, il est essentiel, dans les structures
financières à recréer au Cameroun, de se rappeler que la
priorité est le développement. Aussi, la Banque Centrale devra
recentrer ses objectifs vers les besoins de financement de l'économie
réelle. Car, au-delà des objectifs traditionnels de
stabilité des prix, d'équilibre extérieur, de croissance
du PIB et de réduction du chômage, le développement
économique est bien l'objectif ultime de la politique monétaire.
Il est également nécessaire que le système financier
camerounais s'intègre véritablement dans le mouvement actuel de
globalisation financière.
I.2. Adapter le système financier à la
mondialisation
L'une des conséquences de la mondialisation constitue
en n'en point douter la formation des banques de grande taille via des
fusions, absorption, acquisition, alliance stratégique ; afin de
bénéficier des économies d'échelles et de
dimension. En même temps se développe dans les banques le
comportement de firme bancaire, où la banque est
préoccupée non seulement par sa fonction d'intermédiation,
mais encore par la tenue de ses marges et son taux de profitabilité. Il
s'agira donc de favoriser le regroupement des institutions bancaires, afin de
leur donner une taille critique pour le financement des grands projets de
développement. Dans cette optique, des syndications bancaires ou des
fusions seraient souhaitables.
Il faudrait par ailleurs inciter les banques à innover,
à diversifier leurs produits à la lumière de ceux qui
circulent dans les marchés de capitaux internationaux, et à
prendre des risques sur les projets de développement sous réserve
de la création par l'autorité publique, des organismes de
garantie du risque. L'adaptation à la mondialisation suppose aussi que
les politiques monétaires régionales soient mieux
coordonnées par exemple au sein de la BEAC.
Une autre alternative peut être la mise sur pied
effectif d'un marché boursier qui pourra palier au déficit de
financement. Il importe de savoir quelles seront les parts respectives du
financement bancaire et du financement de marché au sein de
l'économie camerounaise. Il s'agit de parvenir à ce que nous
avons appelé une architecture optimale du système financier. La
création d'une bourse des valeurs pourrait néanmoins
élargir le canal du crédit au Cameroun, en diversifiant les
sources de financement des agents.
Ce faisant, il faudrait se rendre compte de ce que les PME et
PMI, qui constituent l'essentiel du tissu économique du pays,
éprouvent très souvent des difficultés à
accéder à une bourse de valeurs pour leur financement externe. Ce
qui n'est pas le cas des grandes entreprises dont la surface financière
est assez large. L'épargne nationale risque encore d'être
drainée vers les firmes multinationales dont les actions seraient
cotées dans la bourse en création dans la sous-région.
Il serait alors judicieux d'intégrer le secteur
informel au circuit formel de financement des entreprises, son rôle dans
la mobilisation de l'épargne étant non négligeable au
Cameroun comme dans la plupart des économies en développement.
Aussi, la promotion de la micro-finance doit être à envisager
comme moyen de lutte contre la pauvreté.
La nouvelle politique de crédit à mettre en
oeuvre devrait se faire dans deux directions :
D'une part, dans la restructuration des crédits :
un renversement de la tendance devrait se faire en faveur des crédits de
moyen et long terme ;
D'autre part, dans l'orientation même de ces
crédits : les crédits de campagne et d'import-export qui se
taillent la part du lion devraient voir cette part diminuée au
bénéfice des secteurs moteurs du développement que sont
l'agriculture(à moderniser) et les PME (à redynamiser).
C'est à ce prix que le système financier
pourrait financer véritablement l'économie au Cameroun comme dans
les autres pays de la CEMAC. Il doit également être
envisagé la poursuite de l'assainissement de l'environnement
financier.
II- L'ASSAINISSEMENT DE L'ENVIRONNEMENT
MACRO-ECONOMIQUE
L'assainissement de l'environnement
macroéconomique revient en dernière analyse à purifier non
seulement l'environnement institutionnel, en réglant le problème
des lenteurs judiciaires, du chèque sans provision, du secret bancaire,
de la corruption ; mais aussi l'environnement socio-politique. C'est ainsi
que l'Etat doit orienter son action vers l'amélioration du cadre
juridique en rendant plus efficace les recours en justice. D'autre part, la
reconnaissance légale des structures informelles non encore
institutionnalisées pourrait permettre leur développement
harmonieux, avec la mise en place des moyens de réalisations qui
s'imposent avec l'accroissement des asymétries d'information
causées par un accroissement du nombre de membres. Ces mesures devraient
permettre le glissement des réseaux informels en établissements
formels à l'image de la CCEI Bank, structure tontinale
transformée en banque de dépôts.
En outre, les missions de la COBAC, à savoir assurer
la supervision et le contrôle des banques et des établissements de
crédits doivent être renforcées. Aussi, la COBAC devrait
jouire d'un pouvoir coercitif de manière à ne plus se
référer en dernier ressort aux autorités nationales pour
exercer son pouvoir disciplinaire.
Le présent chapitre avait pour objet
d'appréhender les implications analytiques de l'évolution des
circuits de financement. Pour ce faire, il a fallu d'abord donner les
caractéristiques actuelles de l'intermédiation bancaire au
Cameroun, ensuite l'évolution de la micro finance et enfin donner les
implications en terme de recommandations de politique économique. Au
terme de l'analyse, deux aspects sont à relever.
D'une part, les mutations financières ont
entraîné une évolution paradoxale de
l'intermédiation financière au point où, malgré les
restructurations, le système financier est resté très peu
compétitif, et incompatible aux besoins des agents économiques.
Car il n'a pas été très innovant, manque de profondeur
financière et est resté très concentré. Cette
concentration s'est observée aussi bien au niveau de la
répartition des guichets de banques sur le territoire national, qu'au
niveau des crédits et des dépôts. Il a été
établi que les crédits et les dépôts sont
contrôlés par une minorité des banques (moins de la
moitié )de l'ensemble du système bancaire.
D'autre part, l'évolution observée dans la
sphère financière Camerounaise révèle une
émergence de nouvelles institutions financières faisant
concurrence aux banques, les obligeant à diversifier les services
financiers à la disposition de la clientèle. Il s'est agit de la
microfinance dont, la contribution au financement des projets de petite taille
est indéniable.
CONCLUSION GENERALE
En définitive, cette étude avait pour objectif
général d'évaluer la contribution des mutations
financières dans le financement de l'économie camerounaise. Plus
spécifiquement il s'agissait de savoir si les mutations
financières se sont accompagnées d'une meilleure allocation des
ressources financières dans l'économie. Pour cela, il a fallu
dans un premier temps analyser les fondements théoriques des origines
des mutations financières. Ces fondements ont trouvé leur
explication en distinguant les origines internationales des origines internes
des mutations financières. Dans un second temps, il a été
évaluées les conséquences des mutations financières
sur les circuits de financement.
Les analyses effectuées ont montré que les
mutations financières sont à l'origine des profondes
transformations des systèmes bancaires, des gains d'efficience, mais aux
prix d'une instabilité accrue, comme semble le suggérer la
multiplication des crises bancaires et financières de grande ampleur
observées dans le monde depuis les années 1970, concomitamment au
phénomène de mutations financières.
La vérification dans le cas du Cameroun a conduit
à évaluer dans un premier temps la solidité
financière du système bancaire. Celle-ci s'est
appréciée à travers le respect des normes prudentielles
édictées par la COBAC, les indicateurs de rentabilité et
les autres indices de performance. A cet effet, il a été
calculé les ratios de solvabilité, de liquidité et les
indicateurs de rentabilité. Dans un second temps, il a été
évalué la politique de crédit entre 1972 et 1990
(année qui marque le début des réformes) ; puis celle
élaborée entre 1990 et 2003. A ce niveau, l'évolution des
tendances a été décelée. C'est pourquoi nous
tenterons, d'interpréter les évolutions observées et d'en
dégager quelques implications.
Par ailleurs, notre étude a utilisé les
données relevées depuis 1972, mais s'étendant beaucoup
plus sur la période comprise entre 1990 à 2002. Période
concentrant à notre avis les récents bouleversements
observés sur la sphère financière Camerounaise.
Les résultats de cette étude ont conduit
à un paradoxe. Car les mutations financières ont permis au
système bancaire camerounais de présenter une solidité
financière, et cela à travers le respect des normes
édictées par la COBAC. Le système bancaire est devenu plus
liquide. Cette surliquidité bancaire survenue après la
dévaluation du 12 Janvier 1994 ne s'est pas traduite par une
augmentation de l'offre de crédit, les banques ayant
préféré conserver leurs excédents sous forme de
réserves auprès de la banque centrale. Le système bancaire
ne s'implique donc pas activement dans le financement de l'économie.
Aussi l'émergence de la micro finance n'a toujours pas permis de palier
à ce déficit de financement, d'autant plus que les crédits
accordés par ces institutions sont de montants limités et pour
des durées courtes et donc ne permettent pas une expansion du secteur
productif.
A cet effet, pour que le système financier puisse jouer
activement son rôle dans le financement de l'économie, il faudrait
lui donner une nouvelle organisation marquée par l'achèvement de
la restructuration bancaire et l'assainissement complet de l'environnement
macroéconomique. Ainsi, il faut impérativement créer les
banques de développement spécialisées dans le financement
de l'économie, tout en élargissant le système financier
actuel, afin qu'il couvre désormais un grand nombre de secteurs, en
l'occurrence, l'agriculture, les PME, et des financements longs. Il faudrait
également accorder un poids plus important à la finance de
marché. Aussi, le démarrage effectif de la Douala Stock Exchange
dont les activités continuent de retarder, constitue une voie salutaire
pour palier au déficit de financement dont l'économie
camerounaise est confrontée. Ces chantiers si ils sont
exécutés permettront au Cameroun de passer progressivement d'un
système d' «économie d'endettement », vers
une «économie de marchés financiers», plus efficace
économiquement mais aussi plus fragile, car plus vulnérable aux
chocs financiers.
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zone francs face au défit de la mondialisation", in la
mondialisation et l'économie camerounaise, (sous dir. Touna Mama),
Friedrich Ebert Stiftung, pp 215-237.
8. Bekolo Ebe B., (2001-a), "La nouvelle
politique monétaire de la zone franc depuis 1990 :
Evolution, caractéristiques et fondements théoriques depuis la
fin des années 80", Communication au colloque
internationale Georges Walter Ngango, Yaoundé, février.
9. Bekolo-Ebe B., (2002), "Les défis de
l'intermédiation financière en Afrique", in
intermédiation financière et financement du développement
en Afrique (sous dir. Bekolo-Ebe B.), Presse Universitaire de Yaoundé,
pp 13-25.
10. Commission Bancaire de l'Afrique Centrale, Rapport
d'activité, exercices 1992-1993 et 1999-2000.
11. Bourguinat H., (1997), Finance Internationale,
Paris, PUF, 3ème édition
12. De Boissieu C., (1992), "Développement des
marchés et instruments financiers en Afrique de l'Ouest",
Document de travail, division finance industrie et énergie,
institut de développement économique, Banque Mondiale,
Washington.
13. Demartini A., (2004), "Les conséquences
de la mutation financière", in, Les systèmes
financiers : mutations, crises et régulation, (Sous dir. De
Boissieu), pp 17-29, Economica, Paris.
14. Diamond W.D. et Dybvig P. H., (1983), "Bank runs deposit
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n°31, pp 401-419.
15. Eboue C., (1996), "Finance, déclin et
conditions de relance des économies africaines"
1ère et 2ème partie, in Etudes et
statistiques BEAC, n° 229 et 230.
16. Guillaumont S.J., (1998), Monnaie et Finances,
PUF
17. Guillaumont S.J., Kpodar K.R. (2004),
"Développement financier, instabilité
financière et croissance", CERDI, Etudes et Documents, E
2004,13.
18. Hugon P., (1996), "Les innovations dans les
sphères financières informelles et semi-formelles en Afrique
Subsaharienne", Mondes en développement, tome 24, n° 94,
pp 17-28.
19. Joseph A., (2000), Le rationnement du crédit
dans les pays en développement : Le cas du Cameroun
et de Madagascar, Harmattan, Paris.
20. Joseph A., (2001), "La réforme du secteur
bancaire en Afrique", Revue Technique Financière et
Développement, n° 62-63, pp 45-59.
21. Kane E. J., (1988), "Interaction of Financial and
regulatory innovation", American Economic Review, Papers and
Proceedings, mai.
22. Lelart M., (2002), "L'évolution de la finance
informelle et ses conséquences sur l'évolution des
systèmes financiers", Mondes en développement, tome 30,
n° 119, pp 9-19.
23. Leland H. et Pyle D., (1987), "informational asymmetries,
Financial structure and financial intermediation", in Journal of
Finance, vol 32, mai.
24. Lenoir A., (1989), "La restructuration
nécessaire des systèmes bancaires africains, Epargne sans
frontière", n° 16.
25. Mathis J., (1992), Monnaie et Banque en Afrique
francophone, Edicef- Aupelf
26. Mc Kinnon R., (1973), "Money and capital in Economic
Development", The Brookings Institution, Washington.
27. Romey C., (2004), "Les grands traits de la mutation
financière", in les systèmes financiers : mutations,
crises et régulation, (sous dir. De Boissieu C.), pp 3-16, Economica,
Paris.
28. Sandretto R., Tiani Keou F., (1993), "La
faillite du système bancaire africain. Autopsie et implication
d'un désastre : L'exemple camerounais", in Informations et
commentaires, n° 83.
29. Scialom L., (1999), Economie bancaire, collection
repère, éd. La découverte, Paris.
30. Shaw E.,(1973), "Financial deepening in economic
development", Oxford University Press, New York.
31. Silber W., (1975), "Financial innovation", (ed.)
Lexington Books.
32. Stiglitz J., Weiss A., (1981), "Credit rationing in
Markets with Imperfect Information", American Economics Review, juin,
vol 71, n° 3, pp393-410.
33. Tamba I., Tchamanbé Djine, (1995), "De la
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l'expérience du Cameroun", in Revue tiers monde, tome 36,
n° 144, Octobre-Decembre.
34. Touna Mama, (2002), "La politique du crédit et
le financement du développement au Cameroun", in
intermédiation financière et financement du développement
en Afrique (sous dir. Bekolo-Ebe), Presse Universitaire de Yaoundé, pp
85-104.
LISTE DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX
GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution des crédits
intérieurs 1972-1990
Graphique 2 : Evolution des avoirs extérieurs
Graphique 3 : Evolution du taux d'inflation 1972-1990
Graphique 4 : Evolution des crédits à
l'économie
Graphique 5 : Evolution du taux d'inflation 1990-2002
Graphique 6 : Taux débiteur et créditeur
Graphique 7 : Courbe de concentration des
dépôts
Graphique 8 : Courbe de concentration des
crédits
Graphique 9 : Profondeur financière mesurée
par le rapport M2 / PIB
TABLEAUX
Tableau 1 : Créance transférée
à la SRC (en million de Francs CFA)
Tableau 2 : Evolution du ratio de solvabilité
minimum
Tableau 3 : Evolution du ratio des couvertures des
immobilisations
Tableau 4 : Evolution du ratio des liquidités
minimum
Tableau 5 : Evolution du ratio de transformation à
long terme
Tableau 6 : Synthèse du compte de résultat
et des coefficients de rentabilité du système bancaire
camerounais (montants en millions de FCFA)
Tableau 7 : Evolution du taux de croissance au Cameroun
(1985-2002)
Tableau 8 : Répartition du capital social des
banques en activité au Cameroun en %
Tableau 9 : Répartition des crédits selon
la durée au Cameroun en %
Tableau 10 : Part de marché des
dépôts
Tableau 11 : Part de marché de crédit
Tableau 12 : Evolution du nombre de banque et
d'agence.
Tableau13 : Evolution du réseau bancaire
ANNEXES 1
Années
|
CPI
|
|
M1
|
M2
|
PIB
|
M2/PIB
|
Crédits int
|
1970
|
18,6
|
|
39476
|
46570
|
7,502E+11
|
0,06207665
|
31900
|
1971
|
18,6
|
0
|
44144
|
52489
|
7,7631E+11
|
0,06761376
|
41000
|
1972
|
18,9
|
0,3
|
47348
|
57699
|
7,9706E+11
|
0,07238945
|
57200
|
1973
|
20,8
|
1,9
|
55571
|
70699
|
8,3975E+11
|
0,08419035
|
64800
|
1974
|
24,4
|
3,6
|
73660
|
95300
|
9,2989E+11
|
0,10248491
|
93200
|
1975
|
27,7
|
3,3
|
77190
|
107200
|
1,0345E+12
|
0,10362895
|
126000
|
1976
|
30,5
|
2,8
|
96189
|
134200
|
9,7761E+11
|
0,13727285
|
147999
|
1977
|
35
|
4,5
|
140100
|
156000
|
1,1119E+12
|
0,14029559
|
202000
|
1978
|
39,9
|
4,9
|
146949
|
212314
|
1,3566E+12
|
0,15650475
|
259000
|
1979
|
41,9
|
2
|
184252
|
260088
|
1,4385E+12
|
0,18080876
|
297000
|
1980
|
45,9
|
4
|
208234
|
315416
|
1,4102E+12
|
0,22366757
|
379000
|
1981
|
51,38
|
|
258923
|
405609
|
1,6511E+12
|
0,24565987
|
444000
|
1982
|
58,19
|
6,81
|
298481
|
483405
|
1,7752E+12
|
0,27231017
|
579000
|
1983
|
67
|
8,81
|
377065
|
612419
|
1,8971E+12
|
0,32281852
|
718000
|
1984
|
75,58
|
8,58
|
4107
|
736228
|
2,0389E+12
|
0,36109077
|
753000
|
1985
|
82,01
|
6,43
|
426684
|
864522
|
2,2033E+12
|
0,392376
|
854000
|
1986
|
88,39
|
6,38
|
447711
|
830780
|
2,3525E+12
|
0,35314773
|
996670
|
1987
|
100
|
11,61
|
387014
|
677720
|
2,302E+12
|
0,29440487
|
938944
|
1988
|
101,6
|
1,6
|
388101
|
696391
|
2,1219E+12
|
0,32819219
|
872168
|
1989
|
99,99
|
-1,61
|
455837
|
772817
|
2,0833E+12
|
0,37095809
|
1061696
|
1990
|
101,9
|
1,91
|
388665
|
640863
|
1,9561E+12
|
0,32762281
|
816209
|
1991
|
101,1
|
-0,8
|
348363
|
642347
|
1,8816E+12
|
0,34138339
|
870804
|
1992
|
101,3
|
|
31176
|
592727
|
1,8233E+12
|
0,32509002
|
831908
|
1993
|
97,89
|
-3,41
|
266855
|
535905
|
1,7649E+12
|
0,30364167
|
805190
|
1994
|
132,4
|
34,51
|
361016
|
679708
|
1,7208E+12
|
0,39499475
|
797824
|
1995
|
150,5
|
18,1
|
186220
|
637244
|
1,7776E+12
|
0,35848781
|
797711
|
1996
|
157,9
|
7,4
|
313456
|
576138
|
1,8665E+12
|
0,30867812
|
844621
|
1997
|
162,8
|
4,9
|
422902
|
682638
|
1,9617E+12
|
0,34799025
|
806060
|
1998
|
105,9
|
-56,9
|
4852
|
742798
|
2,0605E+12
|
0,36049207
|
966350
|
1999
|
111,5
|
5,6
|
53773
|
840050
|
2,151E+12
|
0,39053088
|
1039983
|
2000
|
109,8
|
-1,7
|
63106
|
997476
|
2,2414E+12
|
0,4450256
|
1032511
|
2001
|
149,379384
|
39,57938424
|
|
1126355
|
2,3804E+12
|
0,47317992
|
1108892
|
2002
|
153,953803
|
4,574418719
|
|
1324983
|
2,4262E+12
|
0,54610557
|
1160103
|
Source : Calculs effectués à
partir des Statistiques, in BEAC, Etudes et Statistiques ,n° , 220,
Octobre1995 P 619, n°278, Décembre2003 et statistiques
financières et internationale.
ANNEXES 2
Années
|
Crédits
|
Avoirs ext
|
1990
|
753819
|
-152317
|
1991
|
588911
|
-137800
|
1992
|
480145
|
-170227
|
1993
|
424537
|
-223702
|
1994
|
413423
|
-293777
|
1995
|
422433
|
-326602
|
1996
|
432560
|
-278505
|
1997
|
400807
|
-181965
|
1998
|
564823
|
-172622
|
1999
|
603891
|
-154839
|
2000
|
700515
|
48442
|
2001
|
761702
|
126109
|
2002
|
834441
|
298325
|
Source : Statistiques In BEAC, Etudes et
Statistiques, n° 253 Novembre - Décembre 1999, P. 307 &
n° 278, Décembre 2003.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
LISTE DES ABREVIATIONS iii
SOMMAIRE iv
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : LES FONDEMENTS THEORIQUES DES
ORIGINES DES
MUTATIONS
FINANCIERES 7
CHAPITRE I : LES ORIGINES INTERNATIONALES DES
MUTATIONS
FINANCIERES 10
SECTION I : LA GLOBALISATION
FINANCIERE 11
I. LES COMPOSANTS DE LA GLOBALISATION
FINANCIERE 12
II. LA REGLE DES TROIS D 13
II.1 Le décloisonnement des marchés 14
II.2 La déréglementation 15
II.3 La désintermédiation 16
SECTION II : L'ACCELERATION DES
INNOVATIONS FINANCIERES 17
I. DEFINITIONS ET JUSTIFICATIONS DES INNOVATIONS
FINANCIERES 18
II. TYPOLOGIE DES INNOVATIONS FINANCIERES
19
III. LES THEORIES EXPLICATIVES DES INNOVATIONS
FINANCIERE 21
III.1 La théorie de la contrainte et la dialectique
réglementaire 22
III.2 La demande de nouvelles combinaisons de
caractéristiques 24
CHAPITRE II : LES ORIGINES INTERNES DES MUTATIONS
FINANCIERES AU
CAMEROUN 27
SECTION I : LA CRISE DE L'INTERMEDIATION
FINANCIERE 29
I. EXPLICATIONS THEORIQUES DES CAUSES DE LA CRISE DE
L'INTERMEDIATION FINANCIERE 29
I.1 La faiblesse des relations structurelles entre les banques
et l'économie 30
I.1.1 La logique de l'implantation bancaire au Cameroun 30
I.1.2 Les asymétries d'information et l'environnement
juridico-institutionnel 31
I.2 Les distorsions introduites par les politiques
gouvernementales 32
I.2.1 La théorie de la répression
financière 32
I.2.2 Le dualisme financier 34
II. LES CARACTERISTIQUES DE LA CRISE DE
L'INTERMEDIATION FINANCIERE 35
II.1 La dégradation des dépôts 35
II.2 Le rationnement de crédit 35
II.3 Mutation de la carte bancaire 36
II.3.1 Mutation de la structure des établissements
bancaires 36
II.3.2 Modification géographique des guichets bancaires
37
SECTION II : LES MESURES D'AJUSTEMENT
FINANCIER AU CAMEROUN 38
I. OBJECTIF DES MESURES D'AJUSTEMENT MISES EN OEUVRE
AU CAMEROUN 39
I.1 Objectif sectoriel 40
I.2 Objectif global 40
II. LES REFORMES FINANCIERES AU CAMEROUN
41
II.1 La restructuration bancaire 41
II.1.1 Action sur le passif 43
II.1.2 Action sur l'actif 44
II.2 Le changement de politique monétaire 44
II.2.1 Adoption de la programmation monétaire et
suppression du plafond de refinancement des crédits 44
II.2.2 La libéralisation des taux 45
II.2.3 La mise en place du marché monétaire
45
II.3 Les mesures juridico-institutionnelles 47
DEUXIEME PARTIE : LES CONSEQUENCES DES
MUTATIONS FINANCIERES
SUR LE
FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU
CAMEROUN 50
CHAPITRE III : EVALUATION DE L'IMPACT DES
MUTATIONS FINANCIERES
SUR LE FINANCEMENT DE
L'ECONOMIE 52
SECTION I : EVALUATION DE LA SOLIDITE FINANCIERE
DU SYSTEME BANCAIRE 53
I. REFORMES FINANCIERES ET RESPECT DES NORMES
PRUDENTIELLES 53
I.1 Respect des normes de solvabilité 54
I.1.1 Le ratio des couvertures de risques 54
I.1.2 Le ratio des couvertures des immobilisations 55
I.2 Appréciation des banques par rapport aux respects
des normes de liquidité 56
I.2.1 Le ratio de liquidité général 56
I.2.2 Le ratio de transformation à long terme 57
II. REFORMES FINANCIERES ET ANALYSE DE LA RENTABILITE
DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS 58
SECTION II : EVALUATION DE LA POLITIQUE DE CREDIT
DE 1972 A 1990 61
I. LES MOYENS DE LA POLITIQUE DE CREDIT APPLIQUE DE
1972 A 1990 61
I.1 Le cadre institutionnel 62
I.2 Les acteurs 62
I.3 Les instruments de la politique de crédit 63
I.3.1 Les instruments quantitatifs 63
I.3.2 Les instruments qualitatifs 64
II. LES RESULTATS DE LA POLITIQUE DE CREDIT
64
II.1. Présentation des résultats 64
II.1.1 Evolution des crédits à l'économie
64
II.1.2 Evolution des prix 65
II.1.3 La croissance 66
SECTION III : EVALUATION DE LA POLITIQUE DE
CREDITS DE 1990 A 2003 66
I. LES CARACTERISTIQUES DU SYSTEME BANCAIRE
67
II. PRESENTATION DES RESULTATS 68
II.1 Evolution des prix 69
II.2 Evolution des crédits à l'économie
70
II.3 Evolution des taux d'intérêt 72
CHAPITRE IV : IMPLICATION ANALYTIQUE DE
L'EVOLUTION DES
CIRCUITS DE
FINANCEMENT 74
SECTION I : LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES DE
L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU CAMEROUN 76
I. UN SYSTEME BANCAIRE CONCENTRE 76
I.1. Evaluation de la concentration économique 77
I.1.1 La concentration par les parts des marchés 77
I.1.1.1 La concentration des dépôts bancaires
77
I.1.1.2 La concentration des crédits 78
I.1.2 La concentration par le nombre de banques et d'agences
80
I.2 Evaluation de la concentration géographique 81
II. Un système bancaire internationalisé 82
II.1 L'implantation bancaire étrangère au
Cameroun 82
II.2. L'implantation des banques camerounaises à
l'étranger 83
III. Insuffisance de profondeur et d'innovations financiers
84
III.1 La faible profondeur financière 84
III.2 Le manque d'innovation financière 86
SECTION II : EMERGENCE DE LA MICRO
FINANCE 87
I. LES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT DE LA
MICROFINANCE 87
I.1 Les facteurs induits 88
I.2 Les facteurs autonomes 89
II. LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE DANS LE PAYSAGE
FINANCIER CAMEROUNAIS 89
SECTION III : LES RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE 90
I. L'ACHEVEMENT DE LA RESTRUCTURATION DU SYSTEME
FINANCIER 91
I.1 La création d'institutions financières
spécialisées 92
I.2 Adapter le système financier à la
mondialisation 92
II. L'ASSAINISSEMENT DE L'ENVIRONNEMENT
MACRO-ECONOMIQUE 94
CONCLUSION GENERALE 96
BIBLIOGRAPHIE 98
LISTE DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX 101
ANNEXES 102
* 1 Silber W (1983),
« The process of Financial innovation », American Economic
Review, mai.
* 2 Le terme conglomérat
financier désigne « Tout groupe de sociétés
ayant un actionnariat commun et dont les activités exclusives ou
prédominantes consistent à fournir des services significatifs
dans au moins deux secteurs financiers différents(banques, titres,
assurances) »(Scialom,1999,pp40).
* 3 CEMAC :
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale est
née en 1994 sous les cendres de l'Union Douanière et Economique
de l'Afrique Centrale (UDEAC). Elle est composée de six (06) pays :
Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad et République
Centrafricaine
* 4 COBAC : Commission
Bancaire de l'Afrique Centrale, créée le 16 octobre 1990
* 5 Silberg W., 1975, Financial
innovation, (éd.) Lexington Books
* 6 Gatt :general agrement
of tarif and trade ; a été remplacé par
l'organisation mondiale du commerce(OMC) en 1994 à Marrakech.
* 7 Les comptes NOW (negociable
order withdrawal) permirent aux titulaires de compte à terme de retirer
des fonds à condition de laisser un solde minimum.
* 8 Les comptes Super NOW
autoriseront sous certaines conditions, à faire des chèques
à partir des comptes à terme. Les ATS : virement automatique
de compte à vue au compte à terme.
* 9 Globex est un système
électronique international et automatisé pour l'entrée et
l'exécution centralisée d'ordres sur produits
dérivés dont le fonctionnement effectif a débuté en
1992. Simple accord de coopération au départ entre le Chicago
Mercantile exchange (CME) et l'agence Reuters, il permet aujourd'hui de relier
le CME, Euronext. Liffe, les marchés de produits dérivés
de Montréal, Sao Paolo, Madrid et Singapour
* 10 Lancaster
(1971), « Consumer demand : A new approach »,
Columbia University Press.
* 11 Desai M. et Low W,
(1987), « Measuring the opportunity for product innovation»,
dans Changing Money: Financial Innovation in developed countries, de Cecco
(ed.), Basil Blackwell.
* 12 Les analyses sur les
causes de la crise financière recensent trois séries de causes
explicatives de l'occurrence des crises : l'absence d'information
pertinente ainsi que le caractère asymétrique de leur
répartition entre les différents acteurs ;L'existence
d'influences extérieures pouvant entraîner des conséquences
indésirables et involontaires sur les marchés. La
difficulté de trouver une infrastructure appropriée. D'autres
analyses distinguent : Les causes macroéconomiques, les causes
sectorielles, et les causes institutionnelles.
* 13 Mc Kinnon(1991)
cité par Isaac Tamba et al(1994).
* 14 Déjà en
1985,(BEAC, Etudes et statistiques n° 122 Avril 1985 p122) Andely
relève parmi les contraintes s'opposant à l'exercice de
l'activité bancaire, le bas niveau des taux d'intérêt
servis aux banques à la souscription des bons d'équipement(4.5%)
alors que le coût moyen des ressources des banques était de
9.5%.
* 15 Malgré le fait que
l'inflation soit passée de 16% en 1983à 8% en 1985.
* 16 Rapport annuel du Conseil
National du Crédit, 1999
* 17 De manière
générale, les objectifs des politiques d'ajustement structurel
sont la stabilisation macro-économique, la correction des prix relatifs
et l'amélioration de la productivité. Les instruments sont la
réduction de la demande intérieure, le rétablissement des
équilibres, budgétaires et de la
compétitivité-prix.
* 18 Ces chiffres, issus des
réévaluations des bilans, diffèrent des chiffres de la
BEAC présentés en annexe
* 19 Cette banque a
été scindée en deux et la partie saine a été
reprise par le Crédit Lyonnais.
* 20 Selon Tamba et al.
Art .cit P825, 76 milliards de FCFA de dépôts divers aux
banques liquides ont été abandonnés par la
Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) et la
Société Nationale de Raffinage (SONARA).
* 21 Ces normes remplacent les
ratios suivants :
-le coefficient de liquidité, c'est-à-dire le
rapport des actifs mobilisables aux exigibilités à court terme
(fixé à un minimum de 70%)
-le ratio des fonds propres c'est-à-dire le rapport entre
le montant minimum des fonds propres et l'encours des crédits
réescomptables (tous les deux fixés à 5%).
Le coefficient d'emploi des dépôts en crédits
non mobilisables(ne devant pas dépasser 25% pour les dépôts
à vue et 50% pour les dépôts à terme), a
été supprimé en 1990 car il n'était pas
respecté.
* 22 En raison de la
disponibilité des données au cous de cette période.
* 23 A cette date, les deux
banques éprouvaient un besoin de liquidité respectif de 2.2
milliards et de 24.3 milliards.
* 24 Ce relèvement est
particulièrement imputable à la SGBC dont les produits
accessoires se sont portés à 14 milliards contre 3.6 milliards un
an plus tôt.
* 25 Le PNB est la
différence entre les produits d'exploitation et les charges
d'exploitation. Il peut encore se déterminer par la somme des marges de
différents types d'opérations réalisées par les
banques réalisées par les banques : opérations de
trésorerie, opérations avec la clientèle,
opérations financières, opérations diverses, etc.
* 26 Au 30 juin 1995, la
dotation aux comptes de prévoyance se portait à 54.5 milliards
compte tenu de la forte dégradation des créances de la BMBC et du
CAC. Au 30 Juin 1999, l'assainissement de l'ensemble du système bancaire
s'est traduit par une réduction à 1/3 de ces dotations qui se
chiffrent à 17.5 milliards.
* 27 La situation de la SCB-CL
reste la plus impressionnante. Elle est partie d'un déficit de 25
milliards au 30 juin 1995 pour un excédent de 66 millions au 30 juin
1997 et de 3.16 milliards un an après. Avec un coefficient de
rentabilité de 99.25%. le principal objectif de la restructuration de
cette banque se trouve ainsi atteint.
* 28 Ce déficit qui
reste le plus important de cette banque depuis sa création est imputable
à l'importance des frais généraux et des dotations aux
comptes de prévoyance qui ont subi une hausse de 413 millions et de 1.59
milliards respectivement par rapport à la situation de juin 1998.
* 29 Le président de la
République, Paul Biya, au cours d'un discours historique à
l'Assemblée Nationale, a annoncé l'entrée du Cameroun dans
la crise économique, ainsi qu'une série de mesures allant dans le
sens de la réduction du train de vie de l'Etat, pour conclure
solennellement « nous n'irons pas au FMI ».
* 30 en 1998, la tendance s'est
inversée : les banques ont connu les tensions de liquidité
suite à une stagnation des dépôts et à une
augmentation de la demande de crédit, ce double mouvement s'explique par
la crainte d'une nouvelle dévaluation du FCFA lors du passage à
l'Euro en janvier 1999 et par un rattrapage de la demande de crédit,
renforcée par l'amélioration des performances économiques
depuis1995.
* 31 Se sont des crédits
de faveur octroyés sans garanties et dont on sait que le remboursement
ne sera pas effectué.
* 32 Ancienne caisse commune
d'épargne et d'investissement (CCEI) qui devient Afriland First Bank en
2002.
* 33 Il important de signaler
que cette présence demeure importante dans les autres pays de la CEMAC
en raison du retard, pris dans le processus de libéralisation et de
privatisation. Par exemple, au Congo, l'Etat est présent dan trois
banques sur quatre en activité, avec une part moyenne de 84.30% (COBAC,
1999)
* 34 D'autres indicateurs sont
aussi utilisés pour mesurer la profondeur financière. On peut
citer M1 / PIB, (M2 - M1) / PIB, M3 / / PIB.
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