UNIVERSITE DE POITIERS
Sciences Humaines et Arts
Moyen terme aristotélicien et médiation dans
les organisations
Guillaume RIVET
Master2 professionnel médiation dans les
organisations
2008/2009
Sous la direction de Jean-Claude BOURDIN
Laurence CORNU
25 juin 2009
Introduction
Lorsque l'on cherche une définition ayant un sens
philosophique à « médiation » dans un
dictionnaire, nous pouvons trouver celle-ci : « Articulation
entre deux êtres ou deux termes au sein d'un processus dialectique ou
dans un raisonnement1(*) ». C'est sur l'ambivalence de ce mot que se
fonde la problématique de ce mémoire de recherche
médiation dans les organisations. Il ne s'agit pas là
d'une coïncidence qui tiendrait à un quiproquo, mais plutôt
d'une complémentarité de sens. La tâche incombe de montrer
que l'articulation entre les êtres et celle entre les termes reposent sur
des similitudes qui sont dignes d'intérêt. Le caractère
médian de la pratique de la médiation et du moyen terme tel qu'il
a été formalisé par Aristote est donc l'épicentre
de cette recherche. La problématique devient comment le moyen terme dans
le syllogisme d'Aristote éclaire la pratique de la médiation dans
les organisations.
Il sera question aussi bien des formes que peut revêtir
la médiation dans les organisations que des modalités du
syllogisme. Cependant, par commodité et par économie, il ne sera
vu dans ce mémoire que les figures exposées par Aristote et non
celle des logiciens du Moyen-âge et des logiciens modernes. En effet, le
but n'est pas d'exposer dans le détail les subtilités du
syllogisme, mais de s'en servir comme d'un motif permettant de mieux signifier
la pratique de la médiation dans les organisations. Le syllogisme
aristotélicien étant formel, seul comptant pour lui la
validité ou la non-validité du raisonnement et non son contenu,
il semble se prêter assez bien à une formalisation qui puisse
s'appliquer à des contenus divers. Il en est de même avec la
médiation, puisque son domaine est aussi étendu que celui du
conflit : « c'est en toute matière qu'un conflit peut
naître et opposer des personnes physiques ou morales et c'est donc en
tous domaines et entre toutes personnes qu'un accord peut apaiser ce conflit et
que l'intervention d'un tiers peut permettre de faciliter cet accord2(*) ». L'art du
syllogisme3(*) ne peut alors
qu'éclairer la pratique de la médiation. C'est la raison pour
laquelle la philosophie est tant utile à la médiation dans les
organisations, puisque si la pratique donne la connaissance par excellence des
choses singulières grâce aux sensations, seule la science de la
philosophie permet d'acquérir la connaissance en vue de laquelle chaque
chose doit être faite : « les gens d'expérience
savent le fait, mais ignorent le pourquoi, tandis que les autres
acquièrent la connaissance du pourquoi, c'est-à-dire de la cause.
Pour cette raison aussi, nous jugeons que ceux qui dirigent ont, en chaque
domaine, plus de valeur et plus de savoir que ceux qui exécutent et
qu'ils sont plus sages parce qu'ils savent les causes de ce qu'ils
produisent ; quant aux <exécutants>, ils produisent comme
certains êtres inanimés aussi produisent, sans savoir ce qu'ils
produisent, de même que le feu brûle »4(*). Autrement dit, l'aspect
théorique donne les règles qui permettent l'enseignement de l'art
de la médiation5(*).
En effet, l'expérience est la connaissance des singuliers, tandis que
l'art est celle des universels et des causes. Dès lors, le moyen terme
du syllogisme peut être conçu comme appartenant à
l'universel, la médiation dans les organisations étant la
connaissance des singuliers. Cette analogie admise, il faut préciser que
l'art doit diriger l'action, pour la raison que « ceux qui dirigent
ont, en chaque domaine, plus de valeur et plus de savoir que ceux qui
exécutent et qu'ils sont plus sages parce qu'ils savent les causes de ce
qu'ils produisent »6(*). Par contre, du point de vue de l'action, l'art n'est
pas supérieur à l'expérience puisque « les gens
d'expérience réussissent mieux que ceux qui possèdent une
définition sans l'expérience7(*) ». C'est sans doute pourquoi tous les
médiateurs ne sont pas philosophes. Nous retrouvons cette
problématique quand les chefs d'entreprises regrettent que le Master de
médiation dans les organisations ne s'intéresse pas davantage aux
entreprises. Les entreprises estiment pouvoir accueillir des étudiants
dans le cadre des stages si la formation universitaire fait la démarche
d'amener à repenser collectivement l'institution de l'entreprise. La
relation entre l'art et l'action reste donc pleinement d'actualité. Ce
point sera développé dans la dernière partie, mais du
point de vu de la vertu.
Il est important d'insister sur le fait que, tout comme la
médiation se différencie de l'arbitrage et de l'expertise, le
syllogisme se distingue à la division. C'est d'ailleurs par là
que commencera le raisonnement, afin de dégager le terrain de la
recherche. Ce travail accompli, nous mettrons à jour la structure
commune entre le syllogisme et la médiation. En effet, de la même
manière que le médiateur fait le lien entre les
médiés et disparaît lors de la résolution
du conflit, le moyen terme dans le syllogisme est présent dans les
prémisses et disparaît dans la conclusion. Nous verrons ensuite
que le syllogisme et la médiation reposent sur des conditions sans
lesquelles ils perdraient leurs validités ainsi que leurs
identités. Il restera à mettre en exergue le caractère
intrinsèquement vertueux du moyen terme et du médiateur avant de
pouvoir conclure cette étude. Nous emploierons parfois le
néologisme médié pour désigner les parties
en présence dans la médiation.
PARTIE I : le moyen terme et la médiation
sont plus que la division et l'arbitrage
a- critique de la division par Aristote
Il convient de montrer que le syllogisme et la médiation
dépassent les capacités de la division et de l'arbitrage. Pour ce
faire, nous allons développer ce que sont la division, l'arbitrage et
l'expertise, afin de mettre à jour leurs domaines de compétences,
mais surtout leurs limites. La solution aux impasses de la méthode de la
division et aux pratiques de l'arbitrage et de l'expertise se trouve dans
l'introduction d'un moyen terme et d'un tiers médiateur. C'est du moins
ce que cette partie a pour tâche de dévoiler. En premier lieu, il
va être fait état de la division et en second lieu, de l'arbitrage
et de l'expertise.
La méthode de la division « consiste, pour
Platon, à diviser les genres en espèces par leurs par leurs
différences opposées, de façon à expliquer les
relations entre les Idées et légitimer ainsi la
prédication. On partira d'une Idée envisagée comme
composée, et, par une division méthodique et exhaustive, on
reconstruira rationnellement le réel. Cette marche synthétique
s'opèrera à l'aide de dichotomies successives, et, par
éliminations renouvelées, aboutira à une définition
ou, plus exactement, à une classification8(*) ». Nous trouvons par exemple cette
méthode chez Antiphon dans les Tétralogies, chez Lysias
dans Sur l'invalide, chez Gorgias dans l'Éloge
d'Hélène, mais surtout chez Platon9(*).
Prenons un premier exemple se trouvant dans Le Sophiste de
l'utilisation de cette méthode pour arriver à découvrir le
vrai: « Les six premières définitions ont
été obtenues grâce à l'application de la
méthode de la "division", (diairesis), traitée d'abord
sur un sujet "mineur" : le pêcheur à la ligne (Le
Sophiste 218a-221c). [...] Dans chaque étape de la méthode,
un genre est séparé "du reste" (to loipon),
c'est-à-dire, de ce qu'il n'est pas10(*) ». Platon use de cette méthode sans
le dire explicitement, en la posant comme étant une démarche
assez évidente pour ne pas nécessiter plus ample
précision. Tout en étant un outil central dans la pensée,
la division est paradoxalement reléguée à un
arrière-plan, un dallage sur lequel on marche tout en discutant de la
meilleure manière d'arriver au bout du chemin. Un second exemple peut
être trouvé dans Le Politique11(*) ; je reprends la
schématisation faite par L. Brisson de la méthode par dichotomie
de Platon afin d'exposer cette dernière clairement :
La méthode de la division platonicienne n'est pas
infaillible : « Platon présente cette "poursuite" (le
verbe est méteimi : "poursuivre", "châtier") comme
une recherche qui progresse grâce à une division des genres et des
espèces. Les commentateurs hésitent beaucoup sur la valeur de
cette procédure, et la plupart d'entre eux ne croient pas qu'elle
représente une méthode rigoureuse [...]. Il est vrai que, comme
l'a remarqué Cornford (CORNFORD F. M., Plato's Theory of
Knowledge, Londres, 1935, p. 170), Platon met en place sa procédure
sans nous renseigner sur son mode d'emploi12(*) ». La scientificité de la
méthode par dichotomie ne peut pas être établie d'une
façon formalisée, il s'agit plutôt d'une classification
permettant d'avancer des arguments. Elle peut cependant suffire à la
démonstration de quelques problèmes, mais elle souffre
d'insuffisances.
Contrairement à Platon, Aristote s'attache à
exposer en détail sa méthode. Il connaît la méthode
de la division, mais lui accorde une valeur moindre, puisque sa
fiabilité est limitée : « Que la division par les
genres soit une faible partie de la méthode que nous avons
exposée, il est facile de le voir13(*) ». C'est pourquoi il lui
préfère celle du syllogisme, parce que la division ne permet pas
d'établir une liaison analytique entre les notions, ni de s'attacher
à la découverte du moyen terme. La conclusion de la
méthode dichotomique ne présente aucun caractère de
nécessité14(*). Aristote démontre que la division ne
permet pas non plus « d'obtenir une démonstration de la
substance et de l'essence15(*) ». Il réfute ainsi que Platon ait
pu, par la méthode de la division, arriver à des conclusions
viables sur la théorie des Idées. Pour Aristote, il n'est pas
nécessaire d'utiliser la théorie des Formes pour arriver à
une définition de l'essence. Le problème méthodologique
fondamental avec la division est « qu'elle prend l'universel pour
moyen terme16(*) ». Par ailleurs, le moyen terme n'est pas
plus universel que le médiateur, puisque le médiateur s'occupe
avant tout de cas particuliers, alors que l'universel s'applique à tous
les cas et n'est donc ni une chose, ni un moment déterminé. C'est
pourquoi le moyen terme et le médiateur diffèrent de la
conclusion, laquelle est universelle, alors qu'eux ne le sont pas.
Afin d'étayer ces affirmations, prenons un premier exemple
proposer par Aristote17(*) :
animal = A mortel = B immortel = G
homme (dont on cherche la définition, sachant que la
définition cherchée est : l'homme est un animal mortel,
pourvu de pieds et bipède) = ?
tout A est B ou
Tout animal est ou mortel ou immortel (1re prémisse)
? est A
L'homme est un animal (2nd prémisse)
donc tout ? est B ou G
donc tout homme est mortel ou immortel (conclusion)
Que l'homme soit un animal mortel (tout ? est AB) ne
résulte pas nécessairement de la méthode par division
alors que c'est ce qui devait être prouvé par syllogisme. Dans ce
dernier, le moyen est subordonné au majeur dans la majeure. Or dans la
division, le moyen est un genre ou un universel plus général que
le majeur. La conclusion dans la division donne donc un prédicat plus
général que celui cherché. La conclusion est alors
arbitraire et posée d'avance, comme l'exemple l'a montré.
Ce second exemple n'est en fait que la suite du premier :
animal mortel = A pourvu de pieds = B sans pieds = G homme = ?
tout A est ou B ou G
tout animal mortel est ou pourvu de pieds ou sans pieds (1re
prémisse)
? est A
l'homme est un animal mortel (2nd prémisse)
donc ? est soit B soit G
donc l'homme est soit ou un animal pourvu de pieds ou un animal
sans pieds (conclusion)
Il n'est alors pas nécessairement posé que l'homme
soit un animal pourvu de pieds. La conclusion est donc arbitraire.
« Ainsi donc, la division se poursuivant toujours de cette
façon, ces auteurs [les platoniciens] sont conduits à prendre
comme moyen terme l'universel, et comme extrêmes le sujet de la preuve
à faire et les différences. [...] Qu'il s'agisse d'établir
que telle chose est homme ou n'importe quel autre sujet de recherche, ils
n'apportent aucune clarté susceptible d'en assurer la
nécessité18(*) », car ils ignorent la méthode
syllogistique. La division est par conséquent une méthode
par laquelle la preuve n'est pas possible19(*) : « Il ne s'agit pas ici de condamner
la division comme inapte à faire connaître quoi que ce soit, mais
de prendre conscience qu'en elle-même elle n'est pas un syllogisme, elle
ne constitue pas un procédé rigoureux de médiation, elle
ordonne simplement des connaissances dont l'évidence doit venir
d'ailleurs, être présupposée20(*) ».
Nous voyons maintenant qu'il est nécessaire de
dépasser la méthode de la division si l'on veut sortir de
l'impasse à laquelle cette méthode mène. Le tiers
médiateur, c'est-à-dire le moyen terme, est une alternative bien
plus séduisante que la division. De la même manière, il
faudra utiliser une méthode qui puisse pallier les insuffisances de
l'arbitrage et de l'expertise. Cette méthode est bien sûr celle de
la médiation, comme nous allons le voir.
b- la médiation est plus que l'expertise et
l'arbitrage
De même que le syllogisme offre plus que la division pour
atteindre le vrai, la médiation peut être plus
bénéfique que d'autres formes d'arrangements. C'est pourquoi il
faut distinguer la médiation de notions et d'approches
différentes. Il est en effet commun que la
médiation soit confondue avec d'autres manières de gérer
les conflits. Or, il convient de rappeler ce que n'est pas la médiation
pour mieux comprendre ce qu'elle a de spécifique.
L'expertise consiste en des mesures d'instruction et
d'investigations pour l'établissement de la preuve technique
nécessaire pour assurer le règlement des dommages
consécutifs à un désordre, un sinistre ou un litige.
L'expert est un technicien qui donne un avis, une appréciation, pour
dégager une solution qui sera approuvée par les parties. Il peut
encore montrer à une partie que la fragilité technique de la
position choisie par cette dernière affaiblira son argumentation devant
le juge. Quoi qu'il en soi, l'expert ne fait pas oeuvre de médiation.
C'est un technicien qui possède la maîtrise de sa
spécialité pour assurer ses missions d'expertises dans son
domaine de compétence. Les intervenants en expertises peuvent aussi
être Magistrat à la Cour de Cassation, Président de chambre
à la Cour d'Appel de Paris, Conseiller à la Cour d'Appel de
Paris, Universitaires chargés de cours à Paris I, Sorbonne et
Paris II Assas, Experts internationaux pour les T.P, Docteurs en
sciences Ingénieurs de spécialités, Directeurs
techniques de sociétés industrielles majors dans leur branche
d'activité, Spécialistes des assurances, etc.21(*) Par exemple, l'expert peut se
voir confier un état des risques d'accessibilité au plomb qui est
obligatoire dans certains cas de vente de biens immobiliers ou à la
suite des dépistages de cas de saturnisme. Nous voyons donc bien que
l'activité d'expert diffère de celle du médiateur,
principalement par le fait que l'expertise vise à constater des faits
sans chercher le dépassement d'un conflit par la parole entre deux
parties.
Il n'y a pas médiation si le tiers qui s'entremet a
reçu des parties la mission de trancher leur différend. Si le
tiers impose sa solution, il s'agit d'un arbitrage, alors que dans la
médiation, le tiers ne fait que proposer une solution. L'arbitrage peut
être mise en oeuvre par des personnes de droit privé ou de droit
public. Il « est une procédure exceptionnelle par
laquelle des parties en litige conviennent de confier le jugement de leur
litige précisément non à des Tribunaux ordinaires donc
à ces magistrats de la magistrature étatique, mais à des
particuliers qu'ils ont choisis22(*) ». Il est alors commun à l'arbitrage
et à la médiation de se voir confier des parties en
conflit ; par contre, la posture de l'arbitre diffère de celle du
médiateur : « Quand on est arbitre, on est juge. On est
juge à part entière quand on est choisi par une partie ou pas,
par l'une ou l'autre peu importe23(*) ». L'arbitrage est donc la voie des moyens
structurés, restant sous le contrôle du juge. Il se déroule
dans un cadre contradictoire qui permet à chacune des parties de faire
valoir ses droits et qui apporte une solution définitive au
différend au moyen d'une sentence qui peut faire l'objet d'une
exécution forcée : « Il s'agit en effet, plus
encore que la médiation ou la conciliation, qui n'ont aucun
caractère obligatoire, d'un moyen particulièrement
efficace de prévenir et de résoudre les litiges24(*) ».
Il est possible d'arbitrer dans toutes sortes de domaines, tel le
domaine technique qui recouvre les litiges industriels, informatiques,
chimiques, textiles, etc. ; le domaine comptable et financier pour les
litiges à caractères financiers ; le domaine de la
franchise, du commerce et de l'industrie agro-alimentaire, le domaine juridique
ou encore le domaine des arbitres internationaux. Cependant, « il est
des litiges qui échappent et qui échapperont toujours, en tout
cas en vertu de nos principes juridiques, à la connaissance des
arbitres, c'est une question des personnes, d'état des personnes, on
voit mal un divorce se prononcer par un Tribunal arbitral par exemple25(*) ». Or, un divorce
peut être pris en charge par une médiation familiale. Cet exemple
suffit à montrer les limites de l'arbitrage et la capacité de la
médiation à pouvoir aborder ce genre de conflits.
Nous pouvons distinguer la médiation de la
négociation. D. Weiss définit la négociation comme
« une situation dans laquelle les parties en présence doivent
atteindre des buts contradictoire, voire incompatible, mais pas mutuellement
exclusive, en coopérant l'une avec l'autre en vue d'un accord dont
l'issue leur soit réciproquement avantageuse26(*) ». Les
caractéristiques principales de la négociation sont l'interaction
entre les deux parties et que ce soit un processus dynamique qui se
déroule dans le temps. Les parties peuvent être des personnes,
mais aussi des entités telles que des États. Par exemple, le 25
août 2008, le gouvernement du Canada a conclu ses négociations un
accord de libre-échange (ALE) avec la Jordanie, ainsi que des accords
auxiliaires sur la coopération en matière de main-d'oeuvre et sur
l'environnement. Le Canada a aussi conclu des ALE avec la Colombie et le
Pérou27(*).
Sachant que l'hors d'une négociation aucune des parties ne
peut imposer sa solution, mais que chaque partie à au début une
position arrêtée, il faut argumenter et faire des concessions pour
arriver à un compromis. Cependant, l'accord est rarement profitable aux
deux, car il se peut qu'il existe un gagnant, donc un aussi un perdant, et
parfois deux insatisfaits. En cela la négociation diffère de la
médiation dans le sens où la médiation doit
déboucher sur un accord mutuellement choisi qui puisse apaiser la
relation entre les parties. Il est dès lors visible que la
médiation se différencie de l'expertise, de l'arbitrage et de la
négociation par le fait qu'elle vise autre chose qu'une division entre
les êtres afin de trancher un désaccord.
Le règlement à l'amiable consiste à se
mettre d'accord sans intervention judiciaire, mais des concessions de part et
d'autre s'imposent. Le règlement à l'amiable doit en
matière administrative être obligatoirement
précédé d'une demande d'indemnisation à
l'administration responsable. En matière civile, une offre de
transaction préalable est facultative. Dans les deux cas, des
négociations peuvent avoir lieu lors de la procédure judiciaire.
En général, un règlement amiable se concrétise par
un protocole d'accord signé par les parties qui fait l'objet d'une
discussion sur le montant des dommages et des intérêts.
L'intérêt du règlement à l'amiable est sa
rapidité par rapport à la lenteur de la justice et la certitude
d'avoir la somme promise. Cependant, les montants des indemnisations à
l'amiable sont en général inférieurs à celles
accordées en justice. Nous pouvons rapprocher le règlement
à l'amiable de la transaction. Celle-ci résulte d'une
volonté de transiger des parties. Elle suppose au départ un
litige, auquel les parties souhaitent mettre un terme de façon amiable
sans passer devant une juridiction d'État. Les parties doivent de plus
faire des concessions réciproques à la transaction,
l'écrire et la signer. Bien que le règlement à l'amiable
et la transaction ressemblent à la conclusion de la médiation,
ils s'en différencient par l'absence du tiers neutre et impartial.
Plus concrètement, nous voyons depuis quelques
années déjà des métiers estampillés
« médiateurs » qui relèvent pourtant d'autres
domaines, de la prévention contre la violence et de la
sécurité par exemple, tels les
« médiateurs » scolaires, les
« médiateurs » de la RATP, « médiateur
» du cinéma au « médiateur » du CNRS en
passant par le « médiateur » de la SNCF. La polyphonie
autour du sens que l'on donne à la médiation jette un doute sur
elle, la faisant ressembler à un gadget social. Enfin, il faut la
distinguer d'une forme d'assistanat des individus. Le but n'est pas de
conserver les médiés dans leur position de personnes en
demande d'aide, mais simplement de suggérer une échappatoire
à leur conflictualité. La médiation a donc une fin, elle
ne soutient pas l'individu indéfiniment, elle a pour vocation d'amener
les parties à une conclusion dans laquelle le médiateur n'est
plus nécessaire.
Concluons cette première partie en affirmant que ce qui
différencie le syllogisme de la division et la médiation de
l'arbitrage est la présence d'un moyen terme ou d'un tiers. La
présence de ce troisième intercesseur change de façon
déterminante la nature de la relation entre les parties reliées.
Le tiers est le pivot qui permet d'accéder à une démarche
rationnelle ; il opère une symbiose pertinente entre ce qui
semblait détaché. Par là le syllogisme et la
médiation se distinguent d'autres formes de procédures et de
méthodes qui offrent moins de possibilités. Puisque la
médiation à une fin, nous pouvons qualifier sa rationalité
de rationalité en finalité, laquelle suppose d'adapter un
ensemble de moyens en vue d'atteindre un but déterminé. Elle a
aussi une vocation, c'est-à-dire un devoir moral à agir pour le
bien des médiés et de la société, ce qui
implique plutôt une rationalité en valeur. Les deux types de
rationalité peuvent coexister dans les stratégies
concrètes des agents sociaux. Il est en effet possible d'envisager une
démarche rationnelle en valeur quant au but défini et une
rationalité en finalité quant aux moyens d'y parvenir28(*), comme il semble que ce soit
le cas pour le médiateur.
PARTIE II : le syllogisme et la médiation
obéissent tous deux à des règles
a- « tout ce qui est nécessaire n'est
pas un syllogisme »29(*)
Nous avons vu ce qui distinguait le syllogisme de la division
et la médiation de l'arbitrage et autres formes de procédures.
Maintenant que le terrain est délimité, nous pouvons examiner
les règles selon lesquelles il fonctionne. Elles déterminent la
façon dont il est correct de procéder pour arriver à un
bon résultat et amènent à pouvoir définir l'objet
de notre recherche. Les règles, qu'elles soient logiques, juridiques ou
éthiques, forment l'architecture sur laquelle est bâti la
distinction du vrai et du faux dans le cas du syllogisme et la pratique du
médiateur dans le cas de la médiation dans les organisations. Que
ce soit pour l'art ou pour la pratique, le recours à une certaine
normativité est indispensable.
Le syllogisme peut être défini comme suit :
« Le syllogisme est un discours dans lequel, certaines choses
étant posées, quelque chose d'autre que ces données en
résulte nécessairement par le seul fait de ces données.
Par le seul fait de ces données: je veux dire que ces par elles que la
conséquence est obtenue; à son tour, l'expression c'est par elle
que la conséquence est obtenue signifie qu'aucun terme étranger
n'est en sus requis pour produire la conséquence
nécessaire30(*) ».
Il existe pour Aristote essentiellement trois figures. La
première figure est définie en fonction de la position du
moyen terme : « Si donc le moyen est affirmé d'un sujet
et si on affirme quelque chose de lui, ou s'il est lui-même
affirmé et qu'un autre terme soit nié de lui, on aura la
première figure31(*) ». De même, le moyen terme
détermine la deuxième figure : « s'il est à
la fois affirmé et nié de quelque chose, on aura la seconde
figure32(*) ».
« Si, enfin, d'autres choses sont affirmées de lui, ou si
l'une est niée et l'autre affirmée, on aura la dernière
figue »33(*).
Nous pouvons donc affirmer que c'est par la position du moyen terme que nous
reconnaîtrons la figure.
Cependant, des trois figures présentées, il est
suffisant de se contenter de la première pour exposer ce qu'est un
syllogisme. Aristote juge d'ailleurs la première figure
supérieure aux autres, car il estime qu'elle est par excellence la plus
scientifique, puisque c'est par elle que presque toutes les sciences qui font
du pourquoi l'objet de leur recherche mènent leurs
démonstrations34(*).
Nous savons que le moyen terme est indispensable au
syllogisme : « si, dans un argument, le même terme n'est
pas employé plus d'une fois, on n'obtient pas de syllogisme puisqu'on
n'a pas pris de moyen ». Dans toutes les figures, il est
nécessaire que le moyen soit présent dans les deux
prémisses. De plus, le moyen ne doit pas se trouver dans la conclusion.
Ceci vaut pour toutes les figures du syllogisme.
Puisqu'il est fréquent d'évoquer le moyen, il vaut
mieux visualiser sa place dans le syllogisme. Voici donc un exemple :
1- Prémisse [majeure] : « tout homme (homme
= moyen terme) est mortel » (ensemble des
mortels = grand terme)
2- Prémisse : « Socrate (Socrate = sujet -
petit terme) est un homme (moyen
terme)»
3- Conclusion [mineure] : « Socrate (sujet)
est mortel » (mortel = prédicat)
Le rôle du moyen terme est de réunir un sujet et un
prédicat, c'est-à-dire dans l'exemple donné,
respectivement « Socrate » et
« mortel ». La réunion du sujet et du
prédicat ne se fait que dans la conclusion. Or, si le moyen terme est
présent dans les deux prémisses, soit avec le grand terme dans la
première prémisse, soit avec le sujet dans la seconde, il est
absent dans la conclusion. Ainsi, alors que le moyen terme réunit le
sujet et le prédicat dans la conclusion, il est lui-même absent de
cette conclusion. Le médiateur s'évanouit lorsqu'il a accompli ce
pour quoi il était présent. De la même manière, le
médiateur dans les organisations réunit les
médiés tout en leur laissant le soin de trouver
eux-mêmes les modalités de la conclusion : « il
s'agit que les sujets de l'institution deviennent, grâce à la
médiation, les acteurs de leur pratique ; on pourrait tout aussi
bien dire que la médiation vise à devenir [évanescente],
ce qui serait l'indice de son succès35(*) ». Dans la conclusion du syllogisme et dans
celle de la médiation, le moyen terme et le médiateur
s'évanouissent tous deux au profit de la réunion du sujet et du
prédicat, ou au profit des parties consentantes. Il y a donc là
une similitude structurelle entre la forme syllogistique et la pratique de la
médiation. En voici la formalisation
générale :
1- Le médiateur (moyen terme)
cherche la résolution du conflit (grand terme)
2- Les individus ou les groupes en conflit (petit terme)
cherchent le secours du médiateur (moyen
terme)
3- Les individus ou les groupes en conflit (petit terme)
cherchent la résolution du conflit (prédicat)
De cette formalisation générale nous pouvons
développer des types de médiation, tout comme le syllogisme se
développe en trois figures principales, comme il a été dit
précédemment. Pour ce qui est des figures de la médiation,
nous pourrions en dégager principalement trois :
1- la médiation pénale
2- la médiation dans les organisations.
3- la médiation familiale
Elles diffèrent entre elles de part leurs domaines
d'activité, comme il est aisé de le constater ? le droit, les
organisations et les institutions, la famille. Il existe surtout des
différences entre elles qui tiennent à la fonction du
médiateur, tout comme la fonction du moyen terme dans les deux
prémisses détermine dans le type de figures. Ainsi la figure du
médiateur pénal se caractérise par l'attention
portée par le médiateur au droit et à la règle,
comme cela va être exprimé dans le point suivant. A
contrario, la figure du médiateur dans les organisations tend plus
à inventer une règle ad hoc et appropriée au
conflit en jeu qu'à faire appliquer le droit pénal. Il y a dans
la médiation dans les organisations une créativité et une
souplesse qui échappe à la médiation pénale ;
c'est pourquoi ces deux médiations sont bien à distinguer l'une
de l'autre, bien qu'elles cherchent toutes deux à faire respecter la
règle dans la communauté. Enfin, la médiation familiale ne
cherche pas tant à règlementer qu'à retisser les liens
familiaux et à rassembler le groupe de socialisation primaire de
l'individu. Les domaines de la médiation impliquent donc des
démarches spécifiques, qui conduisent à des pratiques et
des fins particulières, que nous pouvons classer en typologie, comme
nous venons de le faire. Ici encore, la logique syllogistique peut servir
d'étalon pour démêler les diverses pratiques de la
médiation, sans en trahir la réalité.
b- procédure de la médiation et
caractère du médiateur
Il faut rappeler que la médiation n'est pas une justice
informelle. Elle n'est pas au-dessus des lois, puisque le médiateur est
avant tout un citoyen. Ce dernier n'est donc au dessus des autres, et bien
qu'il puisse faire preuve d'autorité et de créativité en
tant que tierce personne, il n'est ni juge, ni roi. La médiation
participe aujourd'hui à la justice, comme son développement dans
ce secteur le prouve. C'est pourquoi nous pouvons distinguer une
médiation institutionnelle et une médiation citoyenne. Par
ailleurs, les distinctions entre les formes de médiation
caractérisées précédemment peuvent être utile
ici. Les médiations familiale et dans les organisations sont ici
rassemblées sous les caractéristiques qui leur sont à
toutes deux communes : la recherche d'un mise en commun, l'invention d'une
règle ad hoc et la créativité du
médiateur. Au regard de ces médiations inventives, la
médiation pénale est avant tout une application de la
règle. C'est donc dans la médiation dans les organisations en
particulier, mais aussi dans la médiation familiale, que le
caractère du médiateur acquière une véritable
importance. C'est pourquoi nous allons insister sur celui-ci. Dans ce sens,
nous allons donc développer les modalités de la médiation
pénale, puis le caractère du médiateur citoyen.
La médiation pénale est inscrite dans le Code de
procédure pénale : « S'il lui apparaît qu'une
telle mesure est susceptible d'assurer la réparation du dommage
causé à la victime, de mettre fin au trouble résultant de
l'infraction ou de contribuer au reclassement de l'auteur des faits, le
procureur de la République peut, préalablement à sa
décision sur l'action publique, directement ou par
l'intermédiaire d'un officier de police judiciaire, d'un
délégué ou d'un médiateur du procureur de la
République36(*) ». Dans beaucoup de cas, les
médiations pénales sont relatives à des contentieux
relationnels, c'est-à-dire à des violences conjugales ou
familiales. C'est une procédure alternative aux poursuites
pénales qui correspond à des infractions de dégradations,
violences légères, contentieux familiaux mineurs ou contentieux
de voisinage. De plus, elle est peu onéreuse et soulage les tribunaux.
Elle est donc une voie médiane entre la poursuite pénale et le
classement sans suite. Dans la médiation pénale, la pratique du
médiateur est encadrée juridiquement par le nouveau code de
procédure civile. Le premier pouvoir d'un médiateur est
d'accepter ou de refuser la mission proposée par le juge. Les motifs de
refus peuvent être dus à une indisponibilité ou encore
à une auto récusation ; quoi qu'il en soi, le
médiateur pressenti doit, par courtoisie, expliquer les raisons du
refus. Si la mission est acceptée, le médiateur doit informer le
juge sans de son choix37(*). De même si la mission est refusée, bien
que cela n'apparaisse pas les textes. Il existe des grands principes qui
régissent le domaine d'action du médiateur. Un de ces principes
est que les parties en conflit sont libres d'accepter ou de refuser la
médiation. Le médiateur reçoit donc individuellement
chacune des parties convoquées. Il présente le cadre et l'esprit
de la médiation et recueille leur consentement. Il s'assure
également que chaque partie comprend les informations transmises. La
médiation se doit d'être respectueuse des situations humaines et
doit rechercher une solution satisfaisante pour chaque partie. Le
médiateur est le garant du processus de médiation. Il est
souhaitable que le médiateur fasse signer aux parties un engagement de
principe de participation à la médiation et d'acceptation de ces
règles fondamentales. À la différence du juge et de
l'arbitre, le médiateur ne dispose pas de pouvoir d'instruction38(*), bien qu'il puisse, à
la condition que les parties en soient d'accord et que les tiers y consentent,
auditionner un tiers pour avoir un avis particulier afin d'éclairer une
solution. Le temps des entretiens initiaux permet aux parties d'exprimer
librement les éléments du conflit. L'entretien initial individuel
permet en outre au médiateur d'évaluer la pertinence à
mettre les parties en présence une fois les adhésions
recueillies. Chacune des parties au conflit reçoit au cours de ces
entretiens les mêmes informations telles que la présentation de
l'identité du médiateur, l'information relative au mandat de
médiation, la place de la mesure de médiation dans la
procédure, le rôle du médiateur, la possibilité
d'être assisté par un avocat, etc. L'étape suivante est la
délimitation des questions en litige et l'examen des
intérêts des parties. Ensuite la médiation a pour but
d'élaborer des possibilités de règlement et
d'évaluer des solutions possibles39(*).
Il cependant fréquent de rencontrer la
médiation ailleurs que dans sa forme juridictionnelle. Il est en effet
des faits conformes à la loi qui pourtant paraissent injuste, ce qui
rend les conflits d'autant plus virulents et difficiles à surmonter. La
médiation se propose alors de compléter l'oeuvre de la justice et
d'offrir aux individus la possibilité d'être actifs dans leur
demande de justice, d'être écoutés, afin de permettre la
pacification et le dépassement des conflits. Elle vient réduire
le sentiment d'injustice et le risque de vengeance qu'il peut entraîner.
Il existe donc des médiations dont la vocation tient plus de la
création de liens sociaux que de la justice pénale à
proprement parler. Ce n'est pas pour autant qu'elles se passent de
règles professionnelles. Un Centre National de la Médiation, une
Charte et un Code de déontologie ont d'ailleurs été
créés à cet effet par Jean-François Six. Le
rôle de la médiation y est défini comme un moyen
d'établir de permettre à des personnes et à des groupes de
se rejoindre afin de permettre à l'individu de trouver son chemin par
lui-même.
La médiation ne repose pas uniquement sur des
règles, elle repose aussi sur un savoir-faire, et surtout sur la
compétence du médiateur. Sans être omniscient, le
médiateur doit être une personne éclairée,
c'est-à-dire éduquée et instruite ; plus encore il
doit avoir un esprit qui sait s'adapter aux cas particuliers et qui sait
comment comprendre rapidement une situation conflictuelle. Une des
caractéristiques du médiateur est donc sa vivacité
d'esprit. Il est frappant de voir comment Aristote décrit cette vertu en
la reliant au moyen terme : « La vivacité d'esprit est le
don d'atteindre le moyen terme dans un temps imperceptible, par exemple si l'on
voit que la Lune a toujours son côté brillant tourné vers
le Soleil, on comprend vite la cause de cela, à savoir qu'elle
reçoit sa lumière du Soleil [...]. En effet, en voyant les
extrêmes, on prend connaissance de tous les moyens termes qui sont
causes. A : "le côté brillant de la Lune est tourné
vers le soleil", B : "recevoir sa lumière du Soleil", C : "la
Lune". B, "recevoir sa lumière du Soleil", appartient donc à "la
Lune" C.A, "le côté brillant est tourné vers ce qui
l'éclaire", appartient à B. De sorte que A appartient à C
à travers B40(*) ». Nous voyons donc que la vivacité
d'esprit indispensable au médiateur peut être comprise comme la
capacité d'atteindre le moyen terme d'une façon quasi
instinctive. Sans en avoir vraiment conscience, le médiateur pense de
manière syllogistique quand il est vif d'esprit et pertinent.
Il apparaît désormais que le médiateur est
comme doué d'un caractère qui lui est propre et qui lui
confère ses qualités particulières. Comment pourrait-on
qualifier le caractère du médiateur ? Il semble qu'Aristote
répond pour le mieux à cette question quand il parle du
caractère de l'homme d'âge mûr. On remarquera avec
intérêt que Jean-François Six suppose comme condition pour
être médiateur d'avoir plus de trente ans. Il n'y par contre pas
de limite d'âge pour les médiès, bien qu'il soit
préférable qu'ils aient le plus possible conscience de la
situation. Nous pouvons à ce propos relire avec profit la conception de
l'homme d'âge mûr d'Aristote, laquelle donne à mon sens une
bonne description de ce que doit être le caractère du
médiateur : « Il est évident que les hommes
mûrs se situeront, du point de vue du caractère, à
mi-chemin entre les deux classes d'âge précédentes,
échappant aux excès de l'une comme de l'autre, n'étant ni
audacieux à l'excès, ni excessivement peureux, mais à la
bonne distance entre les deux ; ne faisant pas confiance à
n'importe qui, mais ne se défiant pas non plus de tout le monde et
jugeant davantage d'après la réalité de chaque cas, ne
réglant leur vie ni sur le beau uniquement ni sur l'intérêt
seul, mais sur les deux, ne tombant ni dans le gaspillage, mais respectant un
juste équilibre. Même chose pour l'emportement et le désir.
[...] En résumé, toutes les qualités utiles qui sont
réparties entre les jeunes et les vieux, les hommes mûrs les ont
ensemble, et tout ce que jeunes et vieux ont en excès ou insuffisamment,
les hommes mûrs l'ont en proportion mesurée et dans un juste
équilibre. Le corps connaît sa maturité de trente à
trente-cinq ans, l'âme à quarante-neuf environ41(*) ». Au-delà du
principe que le médiateur doit être de caractère mature, il
doit surtout l'être quand il exerce son rôle de médiateur en
présence des médiés. Le médiateur doit
être vertueux dans son activité de médiateur, qu'il soit
vertueux en dehors est souhaitable, sans être nécessaire ?cela
serait demander beaucoup qu'il soit vertueux tout le temps et en toute
occasion.
Concluons cette deuxième partie en disant que la
prédominance de la règle qui détermine la validité
du syllogisme n'est pas étrangère à celle qui encadre la
médiation. La cause de la commune importance de la règle tient
leur caractère raisonnable. La recherche de la vérité dans
le syllogisme passe un certain type de relation entre les termes. La place du
moyen terme permet de composer différentes figures selon ce qu'il faut
démontrer comme le médiateur peut avec les parties tenter de
suggérer plusieurs types de solutions afin de trouver celle qui leur
correspondra le mieux. En effet, la législation n'empêche pas au
praticien de chercher à s'adapter aux médiés ni
de créer de nouveaux types de relations. Elle lui délimite un
espace de travail dans lequel il est libre d'agir, selon sa sensibilité.
C'est pourquoi la médiation n'est pas une simple technique, c'est avant
tout une est une pratique.
PARTIE III : Une pratique vertueuse
a- la parole
La pratique de la médiation a pour outil la parole.
Rappelons que le médiateur est là pour servir dans un premier
temps d'intervenant neutre grâce auquel la parole peut circuler sans que
la séance dégénère en violence. Le conflit a en
effet souvent réduit et détérioré la relation entre
les parties au point que leurs échanges se résument parfois
à une suite d'accusations mutuelles. La discussion entre les
médiés est alors essentiellement destructrice et
négative. En passant par la position neutre du médiateur, la
parole est déviée de sa connotation agressive, elle est
objectivée, reformulée, réorientée vers une
perspective positive. L'art du médiateur est donc avant tout l'art de la
formulation et du juste emploi des mots, sans lesquels la paix entre les
parties est impossible. Ce point étant souvent développé
ailleurs42(*), nous allons
plutôt évoquer ici le processus qui permet de faire de la parole
à la fois un moyen pour avoir un juste raisonnement dans le cas du
syllogisme et pour permettre de relier socialement les individus dans le cas de
la médiation. Il est donc important de faire le point sur la parole du
médiateur en nous appuyant sur la rhétorique d'Aristote, attendu
que le lien entre les deux est plus proche qu'il n'y paraît de prime
abord.
Au commencement de la médiation, il y a le verbe. Par
la reformulation des attentes et des reproches des
médiés sont discernés les situations et les
enjeux. La médiation est impossible sans la parole. De même, le
syllogisme est une logique fondée sur la signification des mots :
« Le syllogisme est un ëýãïò.
Où nous conduit précisément ce mot si riche de
signification et pour cela si délicat à interpréter ? Le
ëýãïò, c'est la parole , suivant les
contextes, toutes ses manifestations : c'est éventuellement tout ce
qu'on dit, motou phrase, discours conversation. 'est aussi la
faculté qui inspire la parole : la raison, et toutes ses
oeuvres, distribuées selon les trois grands genres des opérations
intellectuelles : concept,idée définition ;
énoncé, opinion proposition ;
explication,raisonnement discussion43(*) ». Le syllogisme n'est pas seulement un
ensemble de règles logiques entre des concepts, il est aussi
fondamentalement lié à la parole : « en
définissant le genre du raisonnement comme émission signifiante
par convention, c'est une oeuvre de raison qui est définie : la chose
connue, en ce que sa connaissance sollicite transmission moyennant la parole,
émission signifiante par convention, dont encore une fois elle devient
l'homonyme44(*) ». Le syllogisme est donc la parole
raisonnée par excellence.
Le médiateur dépasse grâce aux mots les
opinions particulières et égocentrées, en ayant pour
mission la détermination d'un bien commun. L'argumentation par laquelle
il procède n'est pas pour autant un moule qui fond les âmes des
individus. L'éloquence doit convaincre et non persuader, épanouir
le libre arbitre des médiés et non l'asservir. Le
médiateur doit pour cela avoir la volonté d'être
éthique ; il doit en plus avoir des notions de psychologie afin de
ne pas se méprendre sur ses propres intentions et sur celles des
médiés. Nous avons vu que le caractère du
médiateur l'aide considérablement dans cette tâche,
aidé qu'il est de la connaissance des règles de
déontologie. Il doit faire du cas par cas, en prenant compte du
caractère singulier des individus et de leur subjectivité afin
d'adopter le comportement le plus adapté aux personnes en conflit. La
pratique du médiateur se rapproche donc de la définition que
donne Aristote de la rhétorique, puisque cette dernière est
définie comme la capacité de discerner dans chaque cas ce qui est
potentiellement le plus persuasif45(*).
Syllogisme et éloquence sont d'ailleurs intimement
liés, puisque la maîtrise des moyens de persuasion « est
le fait de quelqu'un qui est capable de manier le syllogisme, de voir clair
(theôrein) dans le domaine des caractères et des vertus
ou [...] dans le domaine des passions, de voir quelle est chacune des passions,
quelle est sa nature, d'où elle naît et comment46(*) ». Le domaine
d'action du syllogisme s'étend donc au-delà de la
méthodologie, il est l'attitude de la pensée qui se veut droite.
La syllogistique est du reste une forme de rhétorique comme la
rhétorique est une sorte de rejeton (paraphues) de la
dialectique47(*). Il y a
une sorte de parenté, en ce qui concerne le langage, entre pensée
raisonnée et médiation : « L'intellect
général est inséparable du langage, de la capacité
de communication et de la façon dont chacun la met en oeuvre; et la
médiation tend précisément à organiser ou mettre en
scène l'usage du langage »48(*). La réorganisation du langage dans la pratique
de la médiation débouche sur une concordance des intentions,
grâce à un dépassement du clivage des opinions :
« Le médiateur représente l'impératif social
majeur de la dialectique entre le singulier et le collectif, et de sa
représentation dans les formes symboliques. La société ne
peut exister que si chacun de ses membres a conscience d'une relation
dialectique nécessaire entre sa propre existence et l'existence de la
communauté [...] La médiation fonde la dimension à la fois
singulière et collective de notre appartenance et, au-delà, de
notre citoyenneté49(*) ». Autrement-dit, la parole est pour la
médiation un moyen de mettre en commun, de recréer du lien
social. Comme le syllogisme, elle peut utiliser la technique de la parole pour
persuader, mais elle s'en sert plus rarement pour atteindre une
vérité. La recherche de la vérité est donc
facultative et non prioritaire pour la médiation, alors qu'elle est
l'objectif du syllogisme. Cela tient au fait que le syllogisme est un outil
scientifique, tandis que la médiation est une pratique, ou plutôt
une posture qui a vocation de rassembler les hommes.
De la liaison entre les termes nous pouvons donc passer, dans une
certaine mesure, à la liaison entre les êtres. Ce qui est dans le
syllogisme un rapport logique devient dans la médiation un rapprochement
social. Dans les deux cas, la liaison ne peut se faire sans la parole. Nous
allons donc pouvoir développer la nature de cet entre-deux
médian.
b- "medium"
Le médiateur est un acteur particulier, puisqu'il
règle des conflits sans juger, qu'il met en relation des parties sans
prendre partie, qu'il met à jour les problèmes sans imposer la
solution. D'où peut bien venir cette singularité qui le rend si
précieux ? Nous répondons que cette vertu tient à la
place même du médiateur, celle d'un juste milieu. Cet
équilibre n'est ni indifférence, ni vision condescendante envers
les médiés, mais justice et prudence. La vertu
elle-même est une forme de médiété, comme nous
allons le voir ; par ailleurs, la vertu du syllogisme, outre la recherche
de la vérité par le raisonnement qu'il permet, possède
dans sa forme même la présence d'un moyen terme qui ne peut que
rappeler la médiété de la vertu. Nous verrons qu'il est
possible de différencier la vertu du médiateur de celle du
syllogisme sans pour autant y voir une opposition.
La pratique du médiateur ne peut pas faire
l'économie d'une réflexion éthique. Cette dernière
débouche sur un système de valeurs. Un de ses principes
réside dans le refus de l'individualisme et de
l'immédiateté. Ce principe tient donc à la
responsabilité du médiateur. Pour respecter ces valeurs, il est
nécessaire d'avoir des qualités morales. Un certain courage est
exigé, puisqu'il est possible de considérer que l'individualisme
et l'immédiateté sont fleurissants de nos jours50(*). Rappelons à ce propos
que la critique de l'individualisme est basée sur les travaux
sociologiques de la fin des années soixante-dix et du début des
années quatre-vingt de Christopher Lasch et de Gilles Lipovetsky, ainsi
que sur une certaine philosophie des valeurs et du sens a fait de
l'individualisme un terme repoussoir et explicative des mouvements sociaux et
politiques depuis plus de trente ans. Il est accusé de déliter le
lien social et d'affaiblir la conscience citoyenne. En effet, chaque individu
considère aujourd'hui le respect de sa singularité et de son
identité comme une valeur non négociable. L'affirmation et la
confrontation des subjectivités peuvent être source de conflit,
car les individus tentent de plus en plus de judiciariser des
difficultés des luttes interpersonnelles ou inter groupales qui
pourraient être quelquefois résolues par un dialogue
pacifié. De là viennent le courage et l'utilité du
médiateur. La prudence est une autre qualité à
posséder lorsque l'on est médiateur, car il faut avancer par
tâtonnement et laisser les choses mûrir, afin de ne pas exacerber
les passions ou brusquer les parties. À cela s'ajoute une modestie,
puisque le médiateur ne tire ni gloire ni pouvoir de ses services.
Enfin, il lui faut de la justesse, son rôle n'étant pas de
substituer les volontés des médiés à la
sienne, mais plutôt de trouver la voie du compromis. À cela doit
s'ajouter une certaine maturité, déjà
évoquée51(*). Il est clair que le médiateur a des
qualités morales et une éthique. Il convient donc de dire que le
médiateur a le caractère de quelqu'un de prudent, et que
« la prudence est une disposition, accompagnée de raison de
raison juste, tournée vers l'action et concernant ce qui est bien et mal
pour l'homme52(*) ».
Nous pouvons alors aller plus loin en disant qu'il est
vertueux : il s'oppose à la destruction que la violence engendre,
il réunit ce qui était séparé ? Les membres d'une
famille dans la médiation familiale, les individus et les groupes dans
la médiation dans les institutions ? il évite la juridiction, les
amendes, le châtiment de la justice pénale pour le remplacer par
un apaisement des relations, il restructure les relations interpersonnelles et
la dynamique des groupes. Sa manière d'être est vertueuse, puisque
le médiateur est un homme prudent, comme nous l'avons vu
précédemment. Il use de la raison et de l'argumentation53(*) pour aider les individus
à sortir des impasses du conflit ; il correspond donc à la
définition de la vertu aristotélicienne :
« disposition à agir d'une façon
délibérée, consistant en une médiété
relative à nous, laquelle est rationnellement déterminée
et comme la déterminerait l'homme prudent54(*) ».
Le caractère médian de la vertu trouve un
écho dans l'étymologie même du mot médiateur. En
effet, le mot mediateur est apparu au début du XIV°
siècle sans accent et devient médiateur vers dix-sept
cent quarante pour désigner la personne qui se met au milieu55(*). La
médiété du médiateur est immanquablement
liée à la vertu, car d'une manière
générale, il n'existe ni médiété
d'excès et de défaut, ni excès et défaut de
médiété56(*). Cela ne veut pas dire que la position moyenne
(medius : intermédiaire entre deux partis ou entre deux
opinions, medium quoddam tuum consilium fuit) soit synonyme de
médiocrité (mediocris -medius, ocris- moyen, faible,
médiocre). Ce que veut dire Aristote est au contraire que dans
l'ordre de la substance et de la définition exprimant la
quiddité, la vertu est une médiété, tandis que dans
l'ordre de l'excellence et du parfait, c'est un sommet57(*). La posture médiane
prédispose donc une attitude vertueuse. De la juste moyenne
découle ce qui est juste : « Puisque l'injuste ne
respecte pas l'égalité et que l'injustice se confond avec
l'inégalité, il est évident qu'il y a une juste mesure
relativement à l'inégalité. Cette juste moyenne, c'est
l'égalité. Dans les actes qui comportent le plus et le moins, il
y a place pour une juste moyenne. Si donc l'injuste, c'est
l'inégalité, le juste est l'égal. [...] Or, puisque
l'égal consiste dans une juste moyenne, il pourra en être ainsi du
juste58(*) ».
Nous avons établi que le moyen est une juste moyenne, nous pouvons donc
dire que la justice est un juste milieu en deux termes extrêmes :
« Il nous faut maintenant étudier la justice et l'injustice,
chercher avec quelles actions elles ont rapport, définir quelle sorte de
moyenne constitue la justice, et trouver à quels extrêmes la
justice est bien le milieu59(*) ». Le médiateur est donc le plus
propre à pouvoir rendre justice, le médiateur et la justice
étant tout deux une juste moyenne : « Aussi, lorsque
quelque différent se produit entre les hommes, ils ont recours au juge.
Aller trouver celui-ci, c'est aller devant la justice, car le juge entend
être, pour ainsi dire, la justice incarnée. Dans la personne du
juge on un tiers impartial et quelques-uns appellent les juges des arbitres ou
des médiateurs, voulant signifier par là que, quand on aura
trouvé l'homme du juste milieu, on parviendra à obtenir justice.
La justice est donc un juste milieu, si du moins le juge en est un60(*) ». C'est là
une vertu non négligeable du médiateur. En un sens, le
médiateur peut être vu comme un juste milieu entre les
excès des médiés. Il dévoile aux
médiés la voie la plus juste vers laquelle il serait
préférable qu'ils tendent, pour le bien de tous. Pour arriver
à jouer le rôle vertueux du médiateur, le juste milieu
entre les intérêts et les passions de l'âme du
médiateur est sans nul doute un facteur facilitant. Autrement-dit, le
médiateur arrivera d'autant mieux à instaurer le juste milieu
entre les médiés qu'il éprouve cette attitude
vertueuse en lui-même et qu'elle fait partie de son caractère. Le
médiateur est donc à équidistance des excès, centre
d'un cercle sur lequel deux points s'affrontent. Le rôle du
médiateur est ?pour poursuivre cette métaphore de
géométrie euclidienne? de tracer la diagonale entre les points en
conflit en passant par son intermédiaire, montrant ainsi aux points en
conflit qu'ils sont sur le même cercle, qu'ils ont un
intérêt commun.
Il convient de discerner de quel type est cette vertu. Comme
l'action du médiateur est liée à la contingence du conflit
à résoudre, la pratique du médiateur n'est ni une science,
ni un art61(*) : elle
est une pratique vertueuse, capable de déterminer ce qui est avantageux.
C'est en ce sens que la pratique du médiateur se distingue de la science
du syllogisme : « ce qui est objet de science peut être
démontré, tandis que l'art et la prudence ont pour matière
ce qui est de l'ordre du possible62(*) ». En effet, la science obéit
à des règles qui sont formalisées et immuables, par
exemple les règles et les figures du syllogisme. En revanche, le
médiateur, bien qu'il soit encadré par les normes sociales et
parfois juridiques, est avant tous dans le domaine de la prudence et du cas
particulier, comme l'exprime l'exemple d'Aristote : « les jeunes
gens peuvent devenir géomètres et mathématiciens et
acquérir de l'habilité dans ces matières ; il n'en va
pas de même pour la prudence. La raison en est que la prudence porte sur
des cas particuliers, qui ne sont connus que par expérience, et le jeune
homme est inexpérimenté - il faut un long laps de temps pour
faire naître l'expérience. [...] Par conséquent, la
prudence s'oppose à la connaissance par l'esprit. L'esprit s'applique
aux principes premiers dont on ne peut donner la raison ; la prudence, au
contraire, aux termes inférieurs qui relèvent, non pas de la
science, mais de la sensation63(*) ». Cette remarque ne dévalorise pas
le caractère impératif et vertueux de la prudence et du
médiateur, elle permet de distinguer la vertu pratique du
médiateur de la vertu logique et scientifique du syllogisme. Ces deux
parties ne s'opposent pas, pas plus que pour Aristote la partie connaissante de
l'âme et sa partie raisonnante sont conflictuelles : elles
possèdent toutes deux leur vertu propre64(*).
Conclusion
Le syllogisme éclaire la pratique de la médiation
dans les organisations par plusieurs aspects. En premier lieu, il rappelle, de
par la nécessité du moyen terme, que le tiers est indispensable
à la médiation. Cette phase permet de distinguer ce qui est de ce
qui n'est pas médiation. Le formalisme du syllogisme affiche clairement
ce qui est habituellement dit dans un sens figuré pour la
médiation. Dès lors, la syllogistique l'éclaire d'un jour
nouveau, offrant la possibilité de mettre en place une typologie, un peu
à la manière des figures d'Aristote. Les règles et les
principes d'action éclairent sur ce qui n'est pas un vrai raisonnement
ou sur ce qui n'est qu'un semblant de médiation. Dans le cas de la
médiation, la manière de faire et l'intelligence, la
créativité du médiateur compte autant que le cadre
sociojuridique qui encadre sa pratique. La marge de créativité
dépend principalement du type de médiation : le but
détermine le moyen d'y parvenir. Ensuite, il apparaît que le
syllogisme et la médiation sont tous deux vertueux, bien que cela soit
pour des raisons différentes. La raison d'être et sa vertu
tiennent à la recherche du vrai ; la vertu de la médiation
réside dans la mise en commun de la parole, la vie sociale, que ce soit
dans une organisation, dans une famille, entre deux individus. Dans le
syllogisme, l'outil pour arriver à cette vertu est le moyen terme ;
dans la médiation, c'est le juste milieu qui rassemble les êtres
dans la justice. Le juste milieu est pour le médiateur à la fois
une manière d'arriver à ses fins et la fin. C'est pourquoi sa
pratique est vertueuse. Nous voyons finalement que l'art de l'un éclaire
la pratique de l'autre. En faisant un travail de mis en relation entre les
règles de l'argumentation et le métier de médiateur, nous
dépassons l'opposition entre l'abstraction apparente de l'une et
l'empirisme de l'autre. De ce point de vu, ce mémoire a une
démarche philosophique.
Bibliographie sélective
ADESSMO (Association des Diplômés d'Études
Supérieures Spécialisées en Médiation dans les
Organisations) Colloque Médiation dans les Organisations, Compte
rendu de la journée professionnelle, Poitiers,
Médiathèque François Mitterrand, 7 avril 2004.
Affaires étrangères et Commerce international
Canada international.gc.ca, Le Canada conclut ses négociations
d'accord de libre-échange avec la Jordanie, 26 août 2008, N°
183.
ARISTOTE, Éthique de Nicomaque, traduction,
préface et notes par Jean Voilquin, Paris, Garnier-Flamarion, 1965, 310
pages.
ARISTOTE, Métaphysique, traduction DUMINIL
Marie-Paule et JAULIN Annick Paris, Éditions GF Flammarion, 2008, 500
pages
ARISTOTE, Premiers Analytiques, Paris, Editions Vrin,
Jean Tricot, 2001.
ARISTOTE, Rhétorique, présentation et
traduction par Pierre CHIRON, Paris, GF Flammarion, 20.
ARISTOTE, Seconds Analytiques, Organon IV, Paris, GF
Flammarion, présentation par Pierre Pellegrin, 2005.
BOURDIN J.C., EON P., L'Idéal pratique de la
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BOURDIN Jean Claude, ADESSMO : Colloque
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BRISSON Luc, PRADEAU Jean-François, Platon Le
Politique, Paris, GF Flammarion, 2003.
CHIRAC Jacques, 94ème Congrès des
Notaires de France, Les Annonces de la Seine n° 37, 25 mai 1998.
CHIRON Pierre, Aristote Rhétorique,
Paris, GF Flammarion, 2007.
CORDERO Nestor-Luis, Platon Le Sophiste, Paris, GF
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LAMIZET Bernard, La médiation culturelle, Paris,
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NOUGEIN H.J., REINHARD Y., ANCEL P., RIVIER M. C., BOYER A.,
GENIN P., Guide pratique de l'arbitrage et de la médiation
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Québec, 2006.
POTDEVIN Jacques, Compte-rendu du colloque CAP-ACAREF
(Chambre Arbitrale de Paris. Association de Conciliation, médiation
et Arbitrage Régionale des Experts-comptables Franciliens) du 21
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SIX Jean François, Les médiateurs, Paris,
Editions Le Cavalier Bleu, 2003.
TRICOT Jean, Aristote Premiers Analytiques, Editions
Vrin, bibliothèque des textes philosophiques, 2001.
WEBER Max, L'éthique protestante et l'esprit du
capitalisme, Paris, Flammarion, 2008.
WEISS Dimitri, Les ressources humaines, Paris,
Édition Organisation, 1999.
Table des matières
Introduction 2
'
PARTIE I : le moyen terme et la médiation
sont plus que la division et l'arbitrage 5
a- critique de la division par Aristote 5
''
b- la médiation est plus que l'expertise et
l'arbitrage 10
PARTIE II : le syllogisme et la médiation
obéissent tous deux à des règles 14
'
a- « tout ce qui est nécessaire n'est
pas un syllogisme » 14
b- procédure de la médiation et
caractère du médiateur 17
PARTIE III : Une pratique vertueuse 21
a- la parole 21
Exemple : BRAULT Anne-Frédérique, La
parole comme outil de médiation et de prévention pour le C.P.E
dans les situations de violence scolaire, Mémoire professionnel :
Conseiller principal d'éducation, Institut Universitaire de Formation
des Maîtres de Poitiers, Année 2002-2003, Directeur de
mémoire : Fabrice DEVANNE.
http://pratiquesphilo.free.fr/contribu/contrib111.htm Consulté le 29
avril 2009. 21
b- "medium" 24
Conclusion 28
Bibliographie sélective 29
Table des matières 31
Contact Guillaume Rivet : pipinouils@hotmail.fr
* 1 Le Petit Larousse
illustré 2007, p. 676.
* 2 NOUGEIN H.J., REINHARD Y.,
ANCEL P., RIVIER M. C., BOYER A., GENIN P., Guide pratique de l'arbitrage
et de la médiation commerciale, Paris, Éditions du
Jurio-Classeur, 2004, p. 143.
* 3 Voir Partie II, a, p. 14.
* 4 ARISTOTE,
Métaphysique, traduction DUMINIL Marie-Paule et JAULIN Annick
Paris, Éditions GF Flammarion, 2008, p. 73 (Métaphysique,
Livre A, 981b).
* 5 Ibid., p. 72
(Métaphysique, Livre A, 981 a).
* 6 Ibid., p. 73
(Métaphysique, Livre A, 981 b).
* 7 Ibid., p. 73
(Métaphysique, Livre A, 981 b).
* 8 TRICOT Jean, Aristote
Premiers Analytiques, Editions Vrin, bibliothèque des textes
philosophiques, 2001, note 1, p. 159.
* 9 CHIRON Pierre,
Aristote Rhétorique, Paris, GF Flammarion, 2007, Livre
II, Chapitre 23, p. 386, note 44.
* 10 CORDERO Nestor-Luis,
Platon Le Sophiste, Paris, GF Flammarion, 1993, Introduction,
p. 33.
* 11 BRISSON Luc, PRADEAU
Jean-François, Platon Le Politique, Paris, GF Flammarion, 2003,
Annexes, p. 284.
* 12 Op. Cit.,
PLATON, Le Sophiste, note 26, p. 216.
* 13 ARISTOTE, Premiers
Analytiques, Paris, Editions Vrin, Jean Tricot,, 2001, p. 159, (.I,
31).
* 14 Ibid., note
1, p. 159.
* 15 Ibid., p. 160.
* 16 Ibid., p. 160.
* 17 Ibid., p. 160.
* 18 Ibid., p. 162.
* 19 Ibid., p. 162.
* 20 PELLETIER Yvan, Le
syllogisme hypothétique, sa conception aristotélicienne,
Société d'Études Aristotéliciennes,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2006, p. 137.
* 21 Institut de
l'Expertise, 42 Avenue Montaigne 75008 Paris.
http://www.formation-expertise.com/index-2.asp.htm
Consulté le 12 février 2009.
* 22 POTDEVIN Jacques,
Compte-rendu du colloque CAP-ACAREF (Chambre Arbitrale de Paris.
Association de Conciliation, médiation et Arbitrage Régionale des
Experts-comptables Franciliens) du 21 avril 1999, p.6.
http://www.arbitrage.org/fr/publications/cr_colloque_cap-acaref_19990421.pdf
Consulté le 24/02/2009.
* 23 Ibid., p.7.
* 24 CHIRAC Jacques,
94ème Congrès des Notaires de France, Les
Annonces de la Seine n° 37, 25 mai 1998
http://www.arbitrage.org/fr/publications/cr_discours_19990421.pdf
Consulté le 24/02/2009.
* 25 Ibid., p.
8.
* 26 WEISS Dimitri, Les
ressources humaines, Paris, Édition Organisation, 1999, p. 129.
* 27 Affaires
étrangères et Commerce international Canada
international.gc.ca, Le Canada conclut ses négociations d'accord de
libre-échange avec la Jordanie, 26 août 2008, N° 183,
http://w01.international.gc.ca/MinPub/Publication.aspx?isRedirect=True&Language=F&publication_id=386466&docnumber=183
Consulté le 15/02/2009.
* 28 WEBER Max,
L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Paris,
Flammarion, 2008.
* 29 Op. cit., p. 166,
(Aristote, Premiers Analytiques, I, 32, 33).
* 30 Ibid., p. 4
(Premiers Analytiques 24b, 18).
* 31 Ibid.,
p. 166 (Premiers Analytiques I, 47b).
* 32 Ibid.,
p. 166.
* 33 Ibid.,
p. 166.
* 34 ARISTOTE, Seconds
Analytiques, Organon IV, Paris, GF Flammarion, présentation par
Pierre Pellegrin, 2005, p. 139 (Seconds Analytiques, Chapitre 14,
20).
* 35 BOURDIN Jean Claude,
ADESSMO : Colloque médiation dans les organisations,
compte rendu de la journée professionnelle, 7 avril 2004, p. 13.
J'ai remplacé « évanouissante » par
« évanescente ».
* 36 Article 41-1 du Code de
procédure pénale.
* 37 Nouveau Code de
procédure civile, article 131-7, alinéa 2.
* 38 Nouveau Code de
procédure civile, article 131-8.
* 39 Op. cit., NOUGEIN
H.J., p. 172.
* 40 Op. Cit., p. 237
(Aristote, Organon IV).
* 41 Op. Cit.,
Rhétorique, Chap. 14, pp. 337-338, (1390 a 29).
* 42 Exemple : BRAULT
Anne-Frédérique, La parole comme outil de médiation et de
prévention pour le C.P.E dans les situations de violence scolaire,
Mémoire professionnel : Conseiller principal d'éducation,
Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Poitiers, Année
2002-2003, Directeur de mémoire : Fabrice DEVANNE.
http://pratiquesphilo.free.fr/contribu/contrib111.htm Consulté le 29
avril 2009.
* 43 Op. Cit.,
PELLETIER, p. 7.
* 44 Ibid., p.
11.
* 45 ARISTOTE,
Rhétorique, présentation et traduction par Pierre
CHIRON, Paris, GF Flammarion, 2007, Livre I, Chapitre, p. 124, (1355 b
26).
* 46 Ibid.,, p.
127, (1356 a 20).
* 47 Ibid., p. 127
(Livre 1, Chapitre.2, 25).
* 48 BOURDIN J.C., EON P.,
L'Idéal pratique de la médiation, p. 9
* 49 LAMIZET Bernard, La
médiation culturelle, Paris, Editions l'Harmattan, 1999, p. 9.
* 50 L. FERRY, Lettre
à tous ceux qui aiment l'école, Paris, Odile Jacob, 2003.
Évidemment, il serait possible de discuter de la pertinence de la
critique de l'individualisme, beaucoup l'ont fait, mais ce n'est pas l'objet
ici.
* 51 Voir II, b, p. 18.
* 52 ARISTOTE, Ethique de
Nicomaque, traduction préface et notes par J. Voilquin, Paris, GF,
1965, p. 158, (VI, Chapitre V).
* 53 Voir III a, p 21.
* 54 Op. cit., p.
53, (Ethique de Nicomaque, II, Chapitre VI).
* 55 SIX Jean François,
Les médiateurs, Paris, Editions Le Cavalier Bleu, 2003, p.
3.
* 56 Op. Cit. p. 54,
(Éthique de Nicomaque, II, VI).
* 57 Ibid.,
(Éthique à Nicomaque).
* 58 Ibid., p. 128,
(Chapitre III).
* 59 Ibid., p. 122,
(Livre V, Chapitre I).
* 60 Ibid., p. 130,
(Chapitre IV).
* 61 « Aussi,
puisque la science s'accompagne de démonstration et qu'il n'y a pas de
démonstration de ce dont les principes ne sont pas nécessaires -
car tout ici est successible de changement ; puisque, enfin, il n'est pas
possible de délibérer sur ce qui possède un
caractère de nécessité, il en résulte que la
prudence ne saurait relever ni de la science, ni de l'art. Elle ne saurait
être une science, parce que ce qui est de l'ordre de l'action est
susceptible de changement, non plus qu'un art, parce qu'action et
création sont différentes de nature ». Ibid.,
p. 158, (VI, Chapitre V).
* 62 Ibid., p. 159,
(VI, Chap. VI).
* 63 Ibid., pp.
162-163, (VI, Chap. VIII).
* 64 Ibid., p. 154,
(VI, Chap. I).
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