CONCLUSION
La reprise de la coopération entre la République
Démocratique du Congo et ses partenaires bilatéraux et
multilatéraux a été vivement attendue par tous les acteurs
au regard de la détérioration très alarmante de la
situation socio-économique du pays à la suite de la mauvaise
gouvernance et des conflits armés de cette dernière
décennie.
Selon certaines estimations, une enveloppe de trois milliards
de dollars était nécessaire pour obtenir des résultats
significatifs dans un meilleur délai. Les regards étaient donc
tournés du côté de la Communauté Internationale qui
est intervenue dans une marge relativement limitée par rapport aux
multiples besoins de l'économie congolaise.
Dans le cadre de notre travail, nous nous sommes
particulièrement intéressés à l'apport de la Banque
Mondiale. Celle-ci a effectivement participé dans le financement de
plusieurs programmes entre 2001 et 2006. Tel est le cas :
- du programme d'urgence de stabilisation et relance
économique,
- du programme d'urgence pour la reprise rapide,
- du programme des projets prioritaires à impact
visible et immédiat sur la population,
- Du programme multisectoriel d'urgence de reconstruction et
de réhabilitation.
Les objectifs visés à travers ces
différents axes consistaient notamment à contribuer à la
réduction de la pauvreté et à initier le processus de
réhabilitation et reconstruction économique à long
terme.
C'est dans cette optique qu'on a assisté de 2001
à 2005 à la réalisation d'une série de projets
portant une réhabilitation des infrastructures socio-économiques
telles que les routes, les ponts, écoles, universités, instituts
supérieurs, hôpitaux, centres de santé, pistes rurales,
hydraulique rurale, centres professionnels, etc.
Au cours de cette période, un progrès
remarquable a été réalisé non seulement en terme de
remise en bon état des infrastructures ciblées, mais aussi
d'amélioration des indicateurs macro-économiques.
L'hyperinflation a été finalement cassée et
l'économie s'est retrouvée à nouveau dans une phase de
croissance de 2002 à 2006.
De toute évidence, l'intervention de la Banque Mondiale
a été d'une importance capitale pour le redressement de la
situation. Cependant, nous avions relevé le fait que la viabilité
des infrastructures fraîchement reconstruite n'était pas
suffisamment garantie dans la mesure où le volet entretien n'a pas
été suffisamment pris en compte. En prenant tout simplement le
cas de la ville de Kinshasa, les routes telles que université, Force
Publique et Bongolo se retrouvent aujourd'hui dans leur état initial de
délabrement alors qu'elles n'ont pas encore totalisé la
moitié de leur temps d'amortissement.
De la part du Gouvernement, la responsabilité est bien
engagée. Dans le même registre, on doit reconnaître
également le fait que les actions entreprises ont accusé
très tôt des signes d'essoufflement lorsqu'on sait que le pays
s'était engagé pour un programme à long terme.
En effet, dès la fin de l'année 2003, la
situation de l'économie congolaise est redevenue à nouveau
préoccupante. Des nouvelles hypothèques sont apparues à la
suite de la détérioration de la Position Nette du gouvernement
(PNG). Son stock est passé de 114,8 milliards de CDF en novembre 2006
à 131,8 milliards à fin décembre 2006.
Au cours de cette dernière année 2006, nous
avons relevé la non conclusion de la 6ème revue du
programme formel financé par la Facilité pour la Réduction
de la Pauvreté et la Croissance. La suspension de ce programme a eu
comme conséquences le gel des appuis budgétaires et des aides
à la balance de paiements.
Comme il fallait s'y attendre, les maladresses
constatées de la part du Gouvernement dans la négociation du
dernier virage a pesé très lourd dans la suite des
événements : le pays ne vas pas accéder au point
d'achèvement de l'initiative PPTE pour obtenir l'annulation d'au moins
80 % de sa dette extérieure qui, dans les circonstances actuelles,
représente un fardeau.
Aujourd'hui, les données de la Banque Centrale du Congo
indiquent un accroissement de l'endettement net de l'Etat qui se situe à
12,1 milliards de dollars américains. Ce qui correspond à peu
près à la situation remontant à fin décembre 2000,
avec un stock de la dette extérieure du pays qui s'est chiffré
à 12,8 milliards de USD.
Nous revenons ainsi à l'épineuse question de
l'aide au développement qui est à la base de deux courants de
pensées antinomiques. A la lumière de l'expérience
vécue de l'indépendance à ce jour, il convient de
reconnaître que le développement économique n'est pas
seulement un problème de l'aide ou, en tout cas, il ne s'enclenche pas
à coups d'aide ou parce qu'il y a « toujours plus
d'aide ». Pour l'essentiel, tout repose sur la bonne gouvernance qui
ne peut avoir lieu sans un changement de mentalité des hommes au pouvoir
et de la population.
|