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Economie des systèmes de production intégrant la culture de l'igname en zone cotonnière : une analyse des contraintes par un modèle de programmation linéaire. Etude de cas du village Alawénonsa (commune de Glazoué)

( Télécharger le fichier original )
par Yao Antoine ADIDEHOU
Faculté des Sciences Agronomiques/ Université d'Abomey-Calavi - Ingénieur Agroéconomiste 2004
  

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UNIVERSITE D'ABOMEY - CALAVI

FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

DEPARTEMENT D 'ECONOMIE, DE SOCIO - ANTHROPOLOGIE
ET DE COMMUNICATION

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

ECONOMIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION INTEGRANT LA CULTURE DE L'IGNAME EN ZONE COTONNIERE : UNE ANALYSE DES CONTRAINTES PAR UN MODELE DE PROGRAMMATION LINEAIRE. Etude de cas du village Alawénonsa ( commune de Glazoué )

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

THESE
Pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome

OPTION : ECONOMIE, SOCIO - ANTHROPOLOGIE ET COMMUNICATION

Présentée et soutenue par
Yao Antoine ADIDEHOU

Sous la supervision du
Dr. Ir. Maximin K. KODJO

Composition du jury
Président : Prof. Egnonto M. KOFFI - TESSIO

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rapporteur : Dr. Ir. Maximin K. KODJO

1er Examinateur : Dr. Ir. Albert HONLONKOU

2ème Examinateur : Dr. Ir. Noël FONTON

Soutenue le 16 Décembre 2004
UNIVERSITE D'ABOMEY - CALAVI

FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

DEPARTEMENT D 'ECONOMIE DE SOCIO - ANTHROPOLOGIE
ET DE COMMUNICATION

YAM CROPPING SYSTEM ECONOMY IN COTTON REGION :
CONSTRAINTS ANALYSIS BY A MODEL OF LINEAR
PROGRAMMING. Case of Alawénonsa village ( Glazoué region )

THESIS
Submitted in partial fulfilment of the requirements of
the degree of «Ingénieur agronome»

OPTION : ECONOMIE, SOCIO - ANTHROPOLOGIE ET COMMUNICATION

Presented and defended by
ADIDEHOU Y. ANTOINE

Sous la supervision du
Dr. Ir. Maximin K. KODJO

Composition of the jury

Président : Prof. Egnonto M. KOFFI - TESSIO

Rapporteur : Dr. Ir. Maximin K. KODJO

1er Examinateur : Dr. Ir. Albert HONLONKOU

2ème Examinateur : Dr. Ir. Noël FONTON

December the 16th, 2004

i

CERTIFICATION

Je certifie que ce travail a été entièrement conduit et réalisé par ADIDEHOU Y. Antoine, étudiant à la Faculté des Sciences Agronomiques, au Département d'Economie, de Socio - Anthropologie et de Communication pour le développement rural, sous ma supervision.

Le superviseur

Dr. Ir. Maximin K. KODJO

Professeur - Assistant,

Enseignant à la Faculté des Sciences

Agronomiques, au Département d'Economie,

de Socio - Anthropologie et de Communication.

ii

DEDICACE

Je te rends grâce Seigneur Dieu pour ton intervention dans ma vie. Ce modeste travail, tu l'as voulu et je l'ai accompli. Que ta volonté soit toujours mienne.

Je dédie ce travail :

- A la mémoire de mon feu père Justin ADIDEHOU, tu as très tôt su que l'instruction apporte beaucoup au bien-être des hommes. Dommage que tu ne sois plus parmi nous pour contempler le fruit de tes efforts. J'espère que ce travail sera digne de toi. Que la terre te soit légère.

- A ma mère Justine ASSONGBA, tu m'as toujours soutenu. Maman, lorsque papa rejoignait sa dernière demeure, il t'a dit ceci : « Je te confie mes enfants, prends soin d'eux ». Reçois ici de ton fils, la preuve de l'accomplissement de cette mission que tu as réussie, avec dignité et beaucoup d'abnégation. Que le Seigneur Tout Puissant te bénisse.

- A tous mes frères et soeurs pour la convivialité et l'entente entre nous.

- A ma soeur Julie, que la réalisation de ce travail par ton frère aîné t'apporte plus de persévérance et de sérieux dans les études.

iii

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail a été possible grâce à la contribution et aux efforts de plusieurs personnes et institutions. C'est ici l'occasion pour nous de leur témoigner notre profonde gratitude. Nos remerciements s'adressent de façon particulière,

- A notre superviseur, le Dr Maximin K. KODJO, enseignant à la Faculté des Sciences Agronomiques, au Département d'Economie, de Socio - Anthropologie et de Communication, qui a su nous guider dans nos premiers pas dans la recherche. Dr KODJO, lorsque nous étions venus vous voir pour vous solliciter à nous encadrer, nous avions encore des idées vagues dans la tête. Nous avons été impressionnés par la manière dont vous nous avez reçus et nous avons immédiatement su que nous avons fait le bon choix. Durant tout le temps passé ensemble, vous étiez toujours disponible à travailler avec nous, même les jours de repos. Vous nous avez montré une rigueur scientifique et une clairvoyance dans vos idées, suggestions et conseils. Vous avez instauré entre vous et nous un excellent climat de travail. Pour tous ces efforts et toute cette attention à notre égard, recevez ici le témoignage d'un étudiant à qui vous avez donné une vision claire du travail bien fait.

- Au projet d'Appui à la Gestion de la Recherche Agronomique Nationale (AGRAN) qui a

bien voulu financer cette recherche. Que ce travail réponde à l'attente de ses responsables.
- A tous les enseignants de la Faculté des Sciences Agronomiques, vous nous avez donnés une

formation soutenue, riche d'enseignements, de savoir - faire et de savoir - être. Que ce

travail soit pour nous, l'élément propulseur qui nous permette de suivre vos traces.

- Aux autorités de la FSA qui n'ont ménagé aucun effort pour nous donner une formation de

qualité. Que ce travail puisse vous permettre de dire : " Les efforts consentis en valaient bien

la peine".

- Aux agents du CARDER qui nous ont aidés lors de cette étude.

- A toutes les institutions du pays auprès de qui nous avons pu trouver des documents ou des informations utiles à cette recherche.

- A tous les braves paysans du village Alawénonsa qui ont bien voulu contribuer à cette recherche en nous donnant des informations sur leurs unités de productions.

- A monsieur GANDEBAGNI Mathieu, producteur à Alawénonsa, pour nous avoir hébergé et convaincu les paysans à nous aider.

- A Monsieur Cossi DOGNON, pour vos conseils et tout votre soutien. Que le Seigneur vous libère de la maladie.

- A Monsieur TOSSOU ATADE, chef d'arrondissement d'Aklamkpa pour son soutien.

- A toute la famille DAGA, notamment à madame et monsieur DAGA Koffi Séraphin pour leur assistance matérielle. Sans votre aide nous nous demandons si ce travail pouvait être achevé à cette heure - ci. Que ce travail puisse montré que vos efforts n'ont pas été vains.

- A mon oncle Benjamin ADIDEHOU, vous avez joué pour nous, le rôle de père. Recevez nos sincères remerciements.

- A toute la famille ADIDEHOU-SEWANOUDE, que ce travail ouvre l'esprit de tous ses fils.

- A mon oncle Gustave ASSONGBA pour le rôle joué dans notre vie. Lorsque notre père rejoignit sa dernière demeure et que nous fûmes ramenés au Bénin, vous nous avez encadré avec rigueur et fermeté. Vous nous avez forcés à travailler et nous nous en plaignions. C'est maintenant l'occasion pour nous de vous remercier de tous vos efforts accomplis pour notre réussite. Trouvez ici la valorisation de ses efforts et sachez qu'ils n'ont pas été inutiles.

- A mon oncle Hervé ASSONGBA, pour son soutien matériel, ses conseils et les moments passés ensemble.

- A Charles ACAKPO, mon compagnon de lutte au collège et à l'université. Si je me suis inscrit à la FSA, c'est en partie à cause de toi. Mon niveau dans les études est aussi lié à l'émulation, que tu as créée en moi car tu as toujours voulu être le meilleur. Que ce travail puisse combler notre amitié.

- A Oscar DAGA, compagnon de lutte et ami de confiance. Tu as été à mes côtés du début jusqu'à la fin et ton soutien a été indéfectible. Ma reconnaissance la plus sincère t'est destinée. Que le Seigneur bénisse ta petite famille.

- A tous les étudiants de la 28ème promotion. Nous avons passé ensemble des moments inoubliables. La traversée n'a pas été facile mais nous avons pu voir le bout du tunnel. Que ce travail récompense nos efforts et que la chaîne d'amitié ne se rompe.

Nos remerciements s'adressent également à :

- Thierry Hessou, Désiré Akpo, Tonaly Hounton, Guy Zonon, Romulus Lima, Virgile Ahissin, Edmond Totin, Léonce Dossa, Marleine Abalo, Marina Allognon et tous les autres amis, sachez que nous formons une famille.

- Solange Kpodji, pour l'inspiration et la joie que tu m'as procurées ces derniers mois. Que ce travail te stimule à fournir des efforts pour réussir ton examen.

- Enfin à tous ceux qui une fois dans mon existence m'ont offert leur sourire. Je leur dis infiniment merci et que Dieu soit avec tous.

RESUME

L'agriculture occupe une place importante dans l'économie de la République du Bénin et dans la plupart des pays de la sous région. Bien que le secteur agricole mobilise plus de 50% de la population active, il a peu évolué. Les techniques de production sont restées rudimentaires, les intrants agricoles sont peu utilisés et la commercialisation des produits de récolte n'est pas organisée.

Dans ces conditions peu rassurantes, le secteur agricole connaît assez de problèmes, si bien qu'il est parfois difficile pour les producteurs d'assurer leur propre sécurité alimentaire et celle des autres. Face à cette situation, il est important de promouvoir certaines spéculations comme l'igname qui pourraient à la fois assurer la sécurité alimentaire et procurer des revenus non négligeables aux producteurs.

L'igname est en, effet, une culture originaire des zones de production africaine et de ce fait, elle occupe une place très importante dans les exploitations agricoles. L'attachement et la valeur que les populations accordent à cette culture sont si importants, que dans la plupart des zones de production, une fête lui est annuellement consacrée : la fête de l'igname.

L'ouverture des exploitations agricoles au marché a attribué un autre rôle à l'igname, celui d'être en mesure de procurer d'importants revenus aux exploitants.

La réalisation de ces deux objectifs par l'igname est limitée par des facteurs dont l'accès à la terre, la disponibilité en force de travail et les semences pour étendre la production. L'igname demande des terres très fertiles et les rendements baissent très vite avec une production successive sur la même parcelle. C'est également une culture exigeante qui demande assez si non beaucoup de main-d'oeuvre. Il en est de même des semences pour la reconduction de la culture. La demande en semence est si forte qu'elle représente parfois un goulot d'étranglement à la production.

En dehors de ces trois facteurs, d'autres éléments, en l'occurrence, la culture du coton limitent aussi la production de l'igname surtout par rapport à la ressource main-d'oeuvre.

Cette étude intitulée « Economie des systèmes de production intégrant la culture de l'igname en zone cotonnière, une analyse des contraintes par un modèle de programmation linéaire », vise à comprendre les conditions socio-économiques actuelles de production de l'igname dans la commune de Glazoué à travers l'allocation des facteurs de production (terre, main-d'oeuvre et capital).

vi

Cette commune a été choisie de part l'importance de sa production cotonnière et d'igname et surtout la possibilité offerte aux producteurs de vendre leur production par la présence du marché de Glazoué (qualifié de marché international des produits agricoles).

L'outil d'analyse utilisé lors de cette étude est celui de la programmation linéaire, une technique permettant d'optimiser la production sous les contraintes de disponibilité de ressources et de consommation alimentaire.

Pour mener à bien cette étude, quatre systèmes de cultures ont été retenus :

- les systèmes intégrant le coton et l'igname (A) ;

- les systèmes intégrant l'igname et non le coton (B) ;

- les systèmes intégrant le coton et non l'igname (C) ;

- les systèmes n'intégrant ni le coton ni l'igname (D).

L'estimation des marges de production a montré que les systèmes de cultures A et B sont ceux qui obtiennent les revenus les plus élevés. Aussi, l'igname s'est révélée comme la spéculation ayant la marge la plus élevée des exploitations agricoles rencontrées. Quant au coton, sa marge est très faible.

Le modèle d'optimisation construit a montré que dans l'état actuel des choses, l'allocation des facteurs de production par les paysans n'est pas encore optimale. Il est alors possible de faire une réallocation de ces facteurs de production pour optimiser le revenu agricole.

Des résultats du modèle pour l'exploitation moyenne et la réalité observée, les cultures telles que l'arachide, le niébé et le maïs, produits en seconde saison, le seront uniquement pour assurer la sécurité alimentaire du ménage alors qu'en première saison, le maïs et l'arachide ont une importance économique et le producteur doit pouvoir vendre une partie de ces spéculations produites.

Cependant, le modèle propose de ne pas cultiver le coton. Ce résultat cadre bien avec l'évolution actuelle que connaissent les exploitations agricoles. Actuellement, les superficies moyennes de coton tournent autour de 2 ha alors qu'il y a quelques années, elles se situaient entre 4 et 7 ha. De plus, le nombre d'exploitants qui s'adonne à la culture du coton a énormément régressé (43% contre près de 100% dans un passé récent).

En ce qui concerne l'igname, le modèle propose une solution peu différente de celle observée. Malgré sa rentabilité élevée, des raisons empêchent d'augmenter les superficies. Il s'agit de sa demande élevée en main-d'oeuvre et en capital.

Les simulations effectuées à partir du modèle permettent de retenir les conclusions suivantes :

- Le coton et l'igname sont deux cultures concurrentes dans l'exploitation par rapport à l'allocation de la ressource main-d'oeuvre.

vii - Le coton peut être retenu par le modèle comme culture intéressante si son rendement avoisine 1250 Kg/ha, ce qui nécessite une amélioration de la productivité et donc l'intervention de la recherche et le respect des itinéraires techniques par les producteurs.

- Lorsque les spéculations sont vendues à leurs prix planchers, seules les variétés d'igname à piler et en partie le maïs fertilisé conservent toute leur chance d'être produits suivant les mêmes superficies. Les autres cultures ne sont produites que pour servir à la consommation du ménage. - Dans toute hypothèse qui suppose que l'igname ne serait pas produite, le modèle donne une solution optimale avec un revenu inférieur au revenu du modèle dans lequel l'igname doit être produite.

Les résultats de la recherche permettent de retenir les conclusions :

- Il n'y a pas de concurrence entre le coton et l'igname quant à l'utilisation de la terre. Par contre, les deux cultures sont concurrentes par rapport à la main-d'oeuvre et dans une certaine mesure, par rapport au capital.

- L'igname est la spéculation la plus rentable de l'exploitation agricole et est capable de fournir le plus de revenus aux producteurs.

- L'allocation des facteurs de production par les paysans n'est pas encore optimale. Il est alors possible de réallouer les ressources (terre, main-d'oeuvre et capital) entre les différentes spéculations comme le propose le modèle élaboré afin d'avoir un meilleur résultat économique.

En définitive, cette étude a révélé qu'il est possible pour les exploitations agricoles produisant l'igname d'améliorer leur niveau de vie, par une réallocation des facteurs de production, ce qui leur permettra d'augmenter leurs revenus agricoles.

viii

ABSTRACT

Agricultural occupies an important place in Benin. Although agricultural sector mobilizes more than 50% of working population, it evolved little. The techniques of production remained rudimentary, the agricultural inputs are used little and the marketing of harvest is not organized.

Under these little reassuring conditions, the agricultural sector knows enough problems, so that, it is sometimes difficult for producers to ensure their own food secure and that of the others. In this situation, it is important to promote certain crops as yam which could at the same time to ensure food secure and get considerable incomes to producers. So, yam cultivation requires very fertile lands, a lot of seeds and labor. Apart from these factors, others elements limit also the production of yam especially the cotton cultivation.

This study entitled « Yam cropping system economic in cotton area, constraints analysis by a model of linear programming » aims to understand the current socio-economic conditions of yam production in Glazoué region, through the allowance of ressources (land, labor and capital).

This region was selected of share the importance of its cotton and yam production and especially the possibility offered to producers to sell their production in Glazoué market.

The tool for analysis used at the time of this study is the linear programming, a technique making it possible to optimize the production under the constraints of ressources.

The estimate of margins of production showed that the cropping systems A and B which integrate yam are those which obtain the highest incomes. Also, yam appeared like the crop having the most raised margin. As for cotton, its margin is very weak.

The model of optimization builds showed that in the curent state of thing, the allowance of ressources by peasants is not yet optimal. It is then possible to make another allowance of ressources to optimize agricultural income.

Results of the model for the average exploitation and reality observed, the cultures such as groundnut, cowpea and maize, produced in second season, will be only to ensure food secure whereas in first season, maize and groundnut have an economic importance and the producers must be able to sell a part of these produced.

However, the model proposes not to cultivate cotton. This result tailles well with the current evolution of farms. Currently, the average cotton surfaces turn around 2 ha whereas a few years ago, they ranged between 4 and 7 ha. Furthermore, the number of owners which is devoted to cotton cultivation enormously regressed (43% against nearly 100% in a recent past).

With regard to yam, the model proposes a solution which is not very different from that observed. In spite of its raised profitability, certain reasons as labor and capital prevent from increasing yam's surfaces.

The simulations carried out starting from the model make it possible to retain :

- Cotton and yam are two concurrent cultures in the exploitation compared to the labor allowance.

- Cotton can be retained by the model as interesting culture if its output borders 1250 kg/ha, which requires an improvement of productivity and thus the intervention of research and respect of the technical routes by producers.

- When the crops are sold at their bottom prices, only varieties of yam to be crushed and partly of fertilized maize preserves all their chance to be produced according the same surfaces. The other crops are produced only to be used for the household consumption.

- On any assumption which supposes that yam would not be produced, the model gives an optimal solution with an income lower than the income of the model in which yam must be produced.

The results of research make it possible to retain the conclusions :

- There is no competition between cotton and yam as for the use of the land. On the other hand, the two crops are concurrent compared the labor and to a certain extent, compared to the capital. - Yam is the most profitable crops of the farm and is able to provide the most incomes to producers.

- The allowance of the ressources by the peasants is not yet optimal. It is then possible to do another allowance of resources (land, labor and capital ) between the various crops as proposes it by the elaborate model in order to have a better economic result.

Ultimately this study revealed that it is possible for the farms producing yam to improve their standard of living, by allowance of ressources, which will enable them to increase their agricultural incomes.

i

ii

iii

TABLE DES MATIERES

Certification

Dédicace

Remerciements

Résumé .

Abstract

Table des matières

Liste des tableaux

Liste des figures

Liste des sigles et acronymes

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE

1

2

4

5

1.1 - Introduction ..

1.2- Problématique

1.3- Importance du sujet ..

1.4- Objectifs et hypothèses de recherche

CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE

6

6

7

8
8
8

10

11
13

2.1- Cadre conceptuel .

2.1.1 - Notion d'exploitation agricole et de système de production .

2.1.2- Les ressources productives

2.2- Connaissance de l'igname

2.2.1- Botanique et origines

2.2.2- Importance de l'igname

2.2.3- Exigences techniques

2.2.4- Relation avec le coton

2.2.5- Evolution de la production d'igname

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE

15

15

16
18
20

20

21

3.1 - Sélection de la zone de recherche

3.1.1- Choix de la commune et du village d'étude ..

3.1.2- Sélection des exploitations agricoles

3.1.3 - Description de l'échantillon

3.2- Techniques de collecte d'information et phases d'enquête ..

3.2.1 - Techniques de collectes d'information

3.2.2- Phases d'enquêtes

3.3- Méthodes d'analyse . 21

3.3.1- Contrôle des données, saisie et correction 21

3.3.2- Outils d'analyse 22

3.4.3- Limites des modèles d'analyse 28

CHAPITRE 4 : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

4.1 - Présentation de la commune de Glazoué et du village Alawénonsa 29

4.2- Historique du village 30

4.3 - Caractéristiques physiques 30

4.3.1- Le relief . 30

4.3.2- Le sol . 31

4.3.3- La végétation . 31

4.3.4- L'hydrographie .. 32

4.3.5- Le climat 32

4.4- Caractéristiques démographiques . 34

4.5- Infrastructures communautaires 34

4.6- Activités économiques .. 35

CHAPITRE 5 : CARACTERISTIQUES DES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLES

5.1 - Cultures pratiquées et superficies emblavées 36

5.2- Variétés des cultures pratiquées 39

5.3- Association et rotation culturales . 39

5.3.1- Association culturale . 39

5.3.2- Rotation culturale .. 40

5.4- Techniques de production agricole 41

5.4.1- Le défrichement 41

5.4.2- Le labour 41

5.4.3- Le semis 41

5.4.4- La fumure 43

5.4.5- Le sarclage 44

5.4.6- La protection phytosanitaire 45

5.4.7- La récolte . 46

5.5- Calendrier cultural des activités agricoles 48

5.6- Dynamique de la production agricole 51

5.7- Facteurs de production . 51

5.7.1- La terre . 52

5.7.2- Le travail 54

5.7.3- Le capital .. 56

5.9- Productions, rendements et consommation .. 56

5.9.1- Productions 56

5.9.2- Rendements .. 58

5.9.3- Consommation alimentaire

CHAPITRE 6 : ETUDE DE LA RENTABILITE DES SPECULATIONS

6.1 - Estimation des produits physiques totaux 59

6.2- Estimation des charges opérationnelles .. 60

6.2.1- Coûts des outils utilisables durant une seule année de production 60

6.2.2- Coûts des intrants . 61

6.2.3- Coûts de la main-d'oeuvre salariée variable . 62

6.3- Estimation des marges brutes 63

6.4- Estimation des paramètres d'efficacité 65

6.4.1 - Estimation des autres coûts liés à la production 65

6.4.2- Marge nette 66

6.4.3- Marge agricole par journée de travail . 70

6.4.4- Marge agricole par individu du ménage . 71

CHAPITRE 7 : MODELISATION DES EXPLOITATIONS AGRICOLES

7.1- Modélisation de l'exploitation agricole intégrant le coton et l'igname 72

7.1.1 - Identification des activités et des périodes d'activités du modèle 72

7.1.2- Détermination des disponibilités et estimation des contraintes 73

7.1.2.1 - Disponibilités et contraintes de terre 73

7.1.2.2- Disponibilités et contraintes de main-d'oeuvre 74

7.1.2.3- Disponibilités et contraintes de capital 75

7.1.2.4- Contraintes de consommation .. 76

7.1.3 - Détermination de la fonction objectif 77

7.1.4- Validation du modèle 77

7.1.5- Résultats de la modélisation du système de cultures intégrants le coton et

l'igname 78

7.1.5.1- Cas de l'exploitation moyenne 78

7.1.5.1.1- Revenus agricoles .. 78

7.1.5.1.2- Superficies cultivées .. 78

7.1.5.1.3- Travail familial salarié . 81

7.1.5.1.4- Utilisation du capital propre de l'exploitation 82

7.1.5.2- Cas des cinq plus grandes exploitations productrices d'igname .. 83

7.1.5.2.1 - Superficies cultivées .. 83

7.1.5.2.2- Travail familial et salarié 84

7.1.5.2.3- Utilisation du capital propre de l'exploitation 85

7.1.5.3- Cas des cinq plus petites exploitations productrices d'igname 86

7.1.5.3.1 - Superficies cultivées .. 82

7.1.5.3.2- Travail familial et salarié 87

7.1.5.3.3- utilisation du capital propre de l'exploitation 87

7.2- Analyses de sensibilité . 87

7.2.1 - Augmentation du rendement de coton . 87

7.2.2- Simulation sans la production de l' igname 89

7.2.3- Simulation de la baisse des prix des principales spéculations . 89

7.2.3.1- Cas de la baisse du prix du maïs 90

7.2.3.2- Cas de la baisse du prix de l'arachide .. 91

7.2.3.3- Cas de la baisse du prix de l'igname 91

7.2.4- Simulation de la vente à prix plafond 91

7.2.4.1 - Cas de la vente du maïs au prix plafond 92

7.2.4.2- Cas de la vente de l'arachide à prix plafond 92

7.2.4.3- Cas de la vente des ignames à prix plafond . 92

7.2.5- Simulation de la production de coton et d'igname 93

CHAPITRE 8 : CONCLUSION ET SUGGESTIONS

8.1 - Conclusion 95

8.2- Suggestions 96

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 98

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Evolution des superficies, de la production et des rendements d'igname au

Bénin de 1990 à 2004 13
Tableau 2 : Evolution de la production des principales cultures vivrières au Bénin de

1994 à 2004 . 14
Tableau 3 : Place du village Alawénonsa dans la commune de Glazoué en terme de

production cotonnière ... 16

Tableau 4 : Répartition des exploitations agricoles suivant les deux critères 17

Tableau 5 : Répartition des chefs de ménage suivant leur âge 18

Tableau 6 : Nombre De femmes par chef de ménage 18

Tableau 7 : Niveau d'instruction des chefs de ménage . 19

Tableau 8 : Répartition des exploitations en fonction du nombre de cultures pratiquées.. 36

Tableau 9 : Doses moyennes d'engrais appliquées par les producteurs 43

Tableau 10 : Doses moyennes d'insecticide appliquées 45

Tableau 11 : Calendrier cultural des activités agricoles 48

Tableau 12 : Superficies moyennes emblavées par catégorie d'exploitation en 2003 52

Tableau 13 : Répartition des actifs agricoles par catégorie de ménage .. 53

Tableau 14 : Coefficient de conversion de la force de travail . 54

Tableau 15 : Caractéristiques des crédits 55

Tableau 16 : Production moyenne des principales spéculations 57

Tableau 17 : Rendements des différentes cultures en 2003 57

Tableau 18 : Consommation alimentaire moyenne par ménage 58
Tableau 19 : Produits physiques totaux moyens estimés en 2003 pour chaque spéculation 59
Tableau 20 : Estimation des coûts des outils utilisables en une année de cultures 60

Tableau 21 : Coûts moyens par hectare des engrais et des insecticides .. 61 Tableau 22 : Coût total moyen des semences utilisées par système de cultures en 2003.... 62 Tableau 23 : Coûts moyens de la main-d'oeuvre salariée variable en 2003 . 62 Tableau 24 : Charges opérationnelles moyennes par hectare et par système de cultures.... 63

Tableau 25 : Marges brutes moyennes par spéculation en 2003 . 63

Tableau 26 : Présentation des coûts fixes moyens 66

Tableau 27 : Coûts de transport unitaire des produits agricoles en francs CFA par Kg... 66

Tableau 28 : Marge nette par système de cultures en 2003 . 67

Tableau 29 : Marge nette par spéculation 69

Tableau 30 : Contraintes techniques liées à la production des spéculations agricoles 70

Tableau 31 : Revenu agricole par journée de travail 70

Tableau 32 : Revenu agricole par individu .. 71

Tableau 33 : Choix des activités du modèle . 72

Tableau 34 : Disponibilité des exploitations en terre exprimée en hectare . . 73

Tableau 35 : Disponibilité en main-d'oeuvre des exploitations .. 75

Tableau 36 : Charges de la production 76

agricole

Tableau 37 : Besoins d'autoconsommation du ménage en Kg 76

Tableau 38 : Résultats du calibrage du modèle 77

Tableau 39 : Résultats de l'utilisation de la terre 78

Tableau 40 : Travail agricole en homme-jour . 81

Tableau 41 : Coûts d'opportunité de la main-d'oeuvre 81

Tableau 42 : Coûts d'opportunité du capital 82

Tableau 43 : Différentes utilisations du capital 83

Tableau 44 : Résultats de la modélisation des cinq meilleures exploitations productrices
d'igname 83

Tableau 45 : Travail agricole en homme-jour . 84

Tableau 46 : Coûts d'opportunité du capital 85

Tableau 47 : Résultats de la modélisation des cinq plus petites exploitations d'igname 86

Tableau 48 : Résultats de la simulation de l'augmentation du rendement du coton 88

Tableau 49 : Résultats des différentes simulations effectuées sur les baisses de prix 89

Tableau 50 : Comparaison des coûts d'opportunité et des taux de salaire de la main-

d'oeuvre salariée . 90

Tableau 51 : Résultats des différentes simulations effectuées sur les prix plafonds 91

Tableau 52 : Résultats de la simulation de la production de coton et d'igname 93

xvi

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Représentativité des différents systèmes de cultures

16

Figure 2 : Taille moyenne des ménages enquêtés

18

Figure 3 : Nombre moyen d'enfants par exploitation

..19

Figure 4 : Evolution des précipitations mensuelles de 2000 à 2003

.33

Figure 5 : Evolution des précipitations annuelles de 2000 à 2003

33

Figure 6 : Proportion relative des principales spéculations cultivées dans

36

l'échantillon

Figure 7 : Comparaison des superficies totales emblavées par spéculation

..37

Figure 8 : Superficies moyennes emblavées par exploitation en première

.37

saison de cultures

Figure 9 : Superficies emblavées par exploitation en seconde saison de cultures

38

Figure 10 : Importance des différents modes d'accès à la terre

.51

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES ASF : Association des services Financiers

CARDER : Centre d'Action Régionale pour le Développement Rural CAGIA : Caisse d'Amortissement et de Gestion des Intrants agricoles
CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuelle

CREP : Caisse Rurale d'Epargne et de Prêt

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation

INRAB : Institut Nationale de la Recherche Agricole du Bénin

INSAE : Institut National de la Statistique et d'Economie Appliquée

LARES : Laboratoires d'Analyse et de Recherche Scientifique

MAEP : Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche

OBEPAB : Organisation Béninoise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique ONASA : Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
SONAPRA : Société Nationale pour la Promotion Agricole

UCP : Union Communale des Producteurs

CHAPITRE 1 :

INTRODUCTION

GENERALE

1.1- INTRODUCTION

L'agriculture occupe une place primordiale dans l'économie de la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne. Elle y mobilise une grande partie de la population active et participe à une part importante du Produit Intérieur Brut (PIB). Le secteur agricole reste cependant confiné dans une situation qui ne présage pas des lendemains meilleurs. Pourtant, le développement socio-économique des régions intertropicales du monde est étroitement lié à la capacité des pays concernés à promouvoir le secteur agricole qui y représente le secteur le plus important, en raison de la part des populations nationales qu'il mobilise, de la part des ressources qu'il assure à l'économie nationale et du caractère renouvelable de celles-ci (Aho et Kossou, 1997).

Le Bénin n'échappe pas à cette situation. L'agriculture y représente le socle des activités économiques. Le secteur agricole assure l'emploi à près de 70% de la population active et participe pour 38% au PIB (Berkani, 2002). Toutefois, le secteur agricole est caractérisé par une faible productivité (Ministère du Plan, 2000). Cela s'explique par le fait que l'agriculture ne bénéficie pas encore de façon encourageante des techniques et méthodes les plus modernes pour son développement tant au niveau de la production que de la conservation, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles (Ministère du Plan, 2000).

Dans ce contexte déjà complexe, on note, encore, que les clefs de la politique de développement agricole qui passent par la formation des techniciens et cadres, la recherche agricole, l'encadrement des structures de production et l'aménagement du territoire, évoluent de manière balbutiante. On comprend, alors, que l'absence d'un vrai système de connaissance et d'information agricole n'est pas une chose surprenante.

Cette inorganisation du secteur agricole, ajoutée à l'absence d'une politique agricole claire sont à l'origine des poches d'insécurité alimentaire qui subsistent malgré l'autosuffisance globale constatée. En effet, selon une étude réalisée par le PNUD en 1997, certaines couches de la population sont en permanence dans la menace d'une insécurité alimentaire à cause des difficultés d'accès aux ressources, des aléas climatiques, de l'enclavement des zones de production et des pratiques culturales inappropriées qui entraînent l'appauvrissement des sols.

Face à cette situation, il serait important de mettre l'accent sur certaines spéculations telles que l'igname dont l'organisation des filières peut non seulement résoudre le problème d'insécurité alimentaire mais constituer aussi une source de devises pour le pays.

La présente étude est donc une contribution à une meilleure connaissance des systèmes de production de l'igname et aux améliorations qu'on peut apporter à sa production aux plans techniques et économiques.

Ce document qui présente les résultats de cette recherche est organisé en huit chapitres à

- Une introduction générale qui présente la problématique et situe l'importance du sujet ;

- Une revue de la littérature sur les travaux effectués sur l'igname et l'analyse de quelques

concepts ;

- Un cadre méthodologique où sont présentées les démarches qui ont permis de conduire les travaux ;

- Un chapitre sur la présentation du milieu ;

- Un chapitre sur les caractéristiques des systèmes de production ;

- Une analyse de la rentabilité des spéculations et performance des systèmes de cultures ; - Une modélisation des exploitations agricoles ;

- Et enfin, une conclusion générale qui fait le point du travail accompli.

1.2- PROBLEMATIQUE

L'humanité est confrontée de nos jours à une démographie sans cesse croissante dont l'essentiel s'observe dans les pays sous-développés notamment d'Afrique subsaharienne où sévissent déjà la famine et la malnutrition. En 2001, 17 à 34 % de la population des pays de l'Afrique subsaharienne était sous alimentée (FAO, 2001), une sous alimentation qui témoigne manifestement d'une pauvreté qui ne dit pas son nom et qui a pourtant des conséquences très néfastes. En effet, la pauvreté réduit la capacité de travailler et la résistance à la maladie, et affecte le développement mental et la réussite des enfants (FAO, 2001).

Pour résorber la famine, la plupart des pays concernés ainsi que les institutions internationales chargées de lutter contre la faim dans le monde ont élaboré des politiques de sécurité alimentaire. Les différentes mesures prises ont largement fait appel aux céréales qui de part l'importance de leur volume au niveau mondial étaient vues comme une solution toute faite. Mais une telle perception du problème ignorait les réalités nationales et restait en particulier peu adaptée dans les régions où les tubercules occupent une place importante dans la production agricole (Degras, 1986). C'est le cas notamment de l'igname dont Miège (1986) fait remarquer qu'elle représente dans l'alimentation de beaucoup de peuples des régions intertropicales, la plante nourricière par excellence au point que leur existence est centrée sur cette culture et que leur mode de vie, comme, cela a lieu en Afrique, est influencé si non modelé par cette production.

Au Bénin, on ne peut réellement parler de famine, malgré la présence de quelques poches d'insécurité alimentaire dans le Nord-Ouest du pays, structurellement déficitaire du point de vue alimentaire (Aho et al, 1997). Les politiques agricoles pour assurer la sécurité alimentaire sont axées sur le manioc et les céréales en particulier le maïs. Ces cultures ont longtemps et continuent de faire parties des préoccupations des institutions nationales de recherche ainsi que

3 des services de vulgarisation agricole. Mais l'igname n'a jamais figuré parmi les préoccupations réelles de l'Etat béninois aussi bien dans sa politique agricole que dans sa stratégie de sécurité alimentaire (Adanguidi, 2001).

L'igname constitue pourtant l'une des cultures vivrières les plus importantes du Bénin. Selon Adanguidi (2001), nul n'ignore le rôle traditionnel que joue l'igname dans l'alimentation notamment dans la sécurité alimentaire et sa forte insertion dans l'économie marchande.

Sur le plan économique, ces deux dernières décennies sont marquées par le développement du commerce de l'igname indépendamment de l'appui de l'Etat. Le développement de ce commerce fait suite à l'augmentation de la demande de ce produit par la création d'un marché intérieur principalement dans la ville de Cotonou qui offre un excellent débouché pour la production nationale (Adanguidi, 2001).

Par ailleurs, la plupart des régions où se cultive l'igname sont des régions productrices de coton, principale culture d'exportation du pays qui est donc source de devises étrangères. En effet, avec près de 400.000 tonnes dont l'essentielle est exportée, le coton représente près de 70 à 80% de la valeur des exportations, 35% des recettes fiscales et sa contribution en termes de valeur ajoutée est estimée à 13% du PIB (LARES, 2004 ; INSAE, 2002 ). Il constitue donc un enjeu socio-économique primordial et compte tenu de cette importance, le gouvernement béninois a pendant des décennies, concentré la plupart des ses efforts de développement sur la filière, ce qui fait qu'elle a enregistré une croissance beaucoup plus forte que les autres secteurs agricoles (Banque Mondiale, 2002). Le coton présente en effet plusieurs avantages qui incitent le producteur à s'adonner à cette culture. Tout d'abord, le prix de vente est connu en début de campagne et la commercialisation est garantie. De plus, par cette culture, le paysan a la possibilité d'accéder au crédit de production sous forme d'intrants (Biaou, 1998).

Outre ces facteurs extérieurs à la filière et qui limitent le développement de la culture d'igname, sa production est aussi handicapée par des contraintes endogènes. L'igname est en effet une culture très exigeante que ce soit en main-d'oeuvre, en terre fertile et en matériel de plantation pour la reconduction de la culture (INRAB, 2001).

Concernant la main-d'oeuvre, si la production de l'igname par unité de superficie est relativement élevée, le rendement du travail est en revanche minime (Knoth, 1993). Selon Orkwor et Adeniji (1998), il faut, dans les conditions actuelles de production entre 300 et 400 hommes jour de 8 heures de travail, pour espérer un rendement de 10T/ha, soit un temps de travail de 2400 à 3200 heures.

En dehors de l'exigence en main-d'oeuvre, la reconduction de la culture est une contrainte qui limite non seulement les superficies à emblaver mais aussi réduit le disponible alimentaire ou les marges bénéficiaires. Orkwor et Adeniji (1998) soulignent que les agriculteurs utilisent 1,5 à

4 2T d'igname pour planter un hectare de culture. Cela représente souvent plus de 25% de la production par hectare (INRAB, 1996)

Quant à la contrainte terre, il est à mentionner que l'igname est généralement placée en tête d'assolement sur des terres très fertiles riches en humus (INRAB, 1996 ; Knoth, 1993 ; Gbèdolo, 1991). Cependant, il est à souligner que ces terres fertiles deviennent de plus en plus rares de nos jours, obligeant à des migrations temporaires vers les zones à faible densité de population, elles aussi en constante diminution (Adanguidi, 2001).

Les contraintes ci-dessus évoquées sous-entendent plusieurs questions qui restent sans réponse :

- Face à l'engouement porté à la culture cotonnière ces dernières années, quelle est son incidence réelle sur la production de l'igname ?

- Quelle rationalité guide l'allocation des ressources par les producteurs dans sa production ?

- Les systèmes de production d'igname sont-ils efficaces sur les plans économiques et techniques ?

Les réponses à ces différentes questions seront données le long du présent travail intitulé : « Economie des systèmes de production intégrant la culture de l'igname en zone cotonnière : une analyse des contraintes par un modèle de programmation linéaire ». Ce travail sera conduit dans la commune de Glazoué plus précisément dans le village Alawénonsa.

1.3- IMPORTANCE DU SUJET

La présente recherche est utile pour plusieurs raisons :

Dans un contexte de promotion de la diversification agricole, elle permet de remédier au manque d'informations sur l'igname comparativement aux autres cultures telles que le riz, le maïs, et le manioc. Elle permettra donc de fournir sur les exploitations productrices d'igname des données d'analyse économique d'utilité capitale.

Bien que l'igname ait été pendant longtemps oubliée ou ignorée par les politiques agricoles, elle possède un héritage socio-culturel très riche et son importance économique a été démontrée par plusieurs auteurs (Bonneval, 1999 ; Houndékon, 1996 ; Avodagbé, 1982). Il importe donc de mener des recherches plus approfondies sur cette culture qui reste la culture vivrière la plus importante du Nord et du Centre Bénin.

Cette étude s'inscrit aussi dans la lettre de Politique de Développement Rural
signée par le gouvernement béninois en 1991. En effet, cette lettre stipule que les objectifs
principaux de la politique rurale viseront à élever le niveau de vie des populations rurales par le
biais d'une conquête des marchés et d'une amélioration de la compétitivité des paysans plutôt
que la recherche d'une simple autosuffisance alimentaire au niveau régional ou national

5 (INRAB, 1996 ; Adégbidi et al., 1999). C'est alors l'occasion de mener des recherches dans ce sens sur l'igname qui s'est fortement insérée dans l'économie marchande. Il s'agira donc de voir les conditions actuelles de production de cette culture, l'allocation des ressources productives et les solutions possibles pour améliorer le système de production. Signalons que quatre des objectifs énumérés dans cette lettre de politique agricole sont applicables à l'igname. Il s'agit de l'amélioration de la sécurité alimentaire, de l'augmentation des revenus ruraux, de l'amélioration de la balance des paiements à travers des exportations accrues et de la conservation puis de l'utilisation rationnelle des ressources naturelles (INRAB, 1996)

Cette recherche met également l'accent sur l'agriculture telle qu'elle est pratiquée dans la zone d'étude vis à vis de l'environnement et l'objectivité dans le choix des spéculations entre cultures vivrières et cultures de rente. Elle permettra donc de comprendre dans quelle dynamique évoluent les paysans concernant la gestion de leurs exploitations.

1.4- OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE

Cette étude vise principalement à identifier les contraintes auxquelles sont confrontées les exploitations agricoles productrices d'igname et de comprendre comment elles interfèrent concrètement sur les transformations des systèmes de production. Il s'agira alors de préciser les difficultés qu'éprouvent les agriculteurs pour satisfaire au mieux leurs intérêts avec les ressources dont ils disposent.

De façon spécifique, les objectifs poursuivis sont les suivants :

· Objectif spécifique n° 1: Etudier la relation de complémentarité ou de concurrence qui existe entre la production de l'igname et celle du coton ;

· Objectif spécifique n° 2 : Analyser les coûts et marges liés à la production des cultures en présence dans un système de production à base d'igname ;

· Objectif spécifique n° 3 : Elaborer un plan de production optimal qui tienne compte des contraintes des producteurs.

Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses de recherche suivantes sont formulées :

· Hypothèse n° 1 : La production de coton a une incidence positive sur celle de l'igname ;

· Hypothèse n° 2 : La production d'igname est plus rentable que celle des autres spéculations des exploitations agricoles ;

· Hypothèse n° 3 : L'allocation des facteurs de production par les producteurs n'est pas dans le contexte actuel optimale.

CHAPITRE 2 :

REVUE DE LITTERATURE

6

Ce chapitre aborde dans une première partie quelques concepts liés à l'exploitation agricole lesquels concepts nous situent dans le cadre de la production agricole. Dans une seconde partie, il met l'accent sur le point des études réalisées sur l'igname.

2.1- CADRE CONCEPTUEL

2.1.1- Notion d'exploitation agricole et de système de production

2.1.1.1 - Notion d'exploitation agricole

Selon Dufunier (1996), l'exploitation agricole peut être définie comme une unité de production au sein de laquelle l'exploitant agricole mobilise des ressources de natures diverses (terrains, main-d'oeuvre, cheptel, plantes, matériels, bâtiments,...) et les combine dans des proportions variables pour obtenir certaines productions végétales et ou animales et satisfaire ainsi ses besoins et intérêts. C'est donc une forme d'organisation technico-économique et sociale de la production agricole comme le souligne Adégbidi (1994).

Aho et Kossou (1997), donnent une définition beaucoup plus large de l'exploitation agricole. Pour ces deux auteurs, l'exploitation agricole est l'ensemble évolutif composé de l'agriculteur, du périmètre agricole, du personnel d'exploitation, des spéculations végétales, animales et forestières exploitées, des référentiels techniques mis en oeuvre, des stratégies de valorisation et de commercialisation des produits.

Le concept d'exploitation agricole a conduit à la notion d'entreprise. Cependant, dans les régions tropicales, l'entreprise agricole fonctionne toujours de manière traditionnelle et nul n'a le droit de s'approprier le bien collectif et d'en faire une source de richesses personnelles. L'esprit de l'entreprise n'admet pas le gestionnaire et les membres de sa famille comme étant des acteurs de production dont l'intervention a un prix. Ainsi, le responsable du domaine familial peut payer des charges de main-d'oeuvre agricole à des personnes sollicitées sur le domaine, mais il ne peut se payer lui-même ni rétribuer les membres de la famille pour les services rendus à l'exploitation (Aho et Kossou, 1997).

Dans le cadre de cette étude, le concept d'exploitation agricole ne sera pas différent de celui de ménage agricole qui est fondé sur les dispositions prises par les personnes individuellement ou d'une façon collective afin de pourvoir à leurs besoins.

2.1.1.2- Notion de système de production

Un système est un ensemble formé de plusieurs éléments qui s'influencent mutuellement ou qui sont inter-liés (Norman et al, cité par Kodjo, 2000). De ce point de vue, l'agriculture constitue un système : le système agricole (Kodjo, 2000). Le système de production est l'outil de base qui permet de décrire l'exploitation agricole et d'en comprendre le fonctionnement

7 (Adégbidi, 1994). A l'échelle de l'exploitation agricole, le système de production peut être défini comme la combinaison dans le temps et dans l'espace, des ressources disponibles et des productions elles-mêmes : végétales et animales (Dufumier, 1996). Adégbidi (1994) définit le système de production comme un ensemble organisé et combiné de sous-systèmes de cultures, d'élevage et des ressources en terre, en moyens de production et en force de travail permettant la mise en oeuvre de ces sous-systèmes.

Comme tout système, le système de production comprend un certain nombre de sous- systèmes dont le système de cultures, le système d'élevage et le système de premières transformations des produits.

Le système de culture qui intéresse dans le cadre de ce travail se définit par une surface de terrain traitée de manière homogène par des cultures avec leur ordre de succession et par les itinéraires techniques qui leur sont appliqués (Adégbidi, 1994 ; Dufumier, 1996).

2.1.2- Les ressources productives

2.1.2.1 - Types de ressources productives

Les principales ressources utilisées pour la production agricole sont : les ressources naturelles, le travail, le capital et le management.

Les ressources naturelles : La production dépend d'abord d'elles. Elles sont constituées de la terre (sol) et des éléments du climat. Selon Tournier (1986), si le climat ne peut faire l'objet d'appropriation et n'est pas considéré comme un bien, il n'en est pas de même pour le sol.

Le travail : Il s'agit essentiellement d'un travail physique sous forme de main-d'oeuvre. Il permet la mise en valeur du capital foncier (terre) et du capital d'exploitation. Tournier (1986) estime que l'organisation du travail permet d'augmenter sa productivité, de rechercher le plein emploi et d'améliorer les conditions de travail, en rendant le travail moins fatigant, moins long et moins astreignant.

Le capital : Selon Guerrien (1996), le capital est un ensemble de biens produits dans le passé et qui intervient dans la production actuelle ou future d'autres biens. Le capital (technique) comprend le capital foncier et le capital d'exploitation.

Le management : Il s'agit d'une discipline beaucoup plus pratique qui ne s'intéresse qu'à la rentabilité de l'exploitation agricole.

2.1.2.2- Efficacité des ressources

Elle est définie comme la possibilité d'un système de production à fournir des biens déterminés au coût minimum. Pour réaliser cet objectif, le système doit utiliser ses inputs de la manière la plus efficace possible (efficacité technique) et choisir une combinaison de facteurs qui

8 tienne compte des avantages des prix relatifs des inputs et de leurs productivité marginale (efficacité allocative).

On parle d'efficience économique lorsque, pour une combinaison donnée d'inputs, il n'est plus possible d'obtenir davantage d'output ou le même niveau, avec une recombinaison ou une réduction des quantités d'inputs utilisés (Mills, cité par Kodjo, 2000). L'efficience économique est subdivisée en deux composantes : l'efficacité technique et l'efficacité d'allocation. L'efficacité technique induit l'output maximal possible, alors que l'efficacité allocative induit des coûts minima d'input (Upton, cité par Kodjo, 2000).

Kodjo (2000) souligne que l'utilisation des ressources est rendue plus efficace par l'intensification qui induit un changement technique dans les techniques agricoles. Selon Milleville et Serpantié, cités par Kodjo (2000), l'intensification s'opère par une plus grande utilisation simultanée de chacune des ressources productives que sont la terre, la main-d'oeuvre et le capital.

2.2- CONNAISSANCE SUR L'IGNAME

2.2.1- Botanique et origines

Les ignames sont des plantes herbacées, volubiles à tubercules, plus rarement à rhizomes, produisant dans certains cas de petits tubercules aériens appelés bulbilles (Hamon, 1997). Ce sont des monocotylédones appartenant au genre Dioscorea, à la famille des Discoreacées, au sous-embranchement des Angiospermes et à l'embranchement des Phanérogames (Coursey, cité par Okry, 2000). Les espèces comestibles, domestiquées ont des origines diverses. Selon AtchaAhowé (1986), les espèces les plus importantes du point de vue alimentaire sont Dioscorea rotundata, D. cayenensis, D. dumetorum, toutes originaires d'Afrique ; D. alata originaire du Nord de la Birmanie en Asie et D. bulbifera, originaire de l'Asie du Sud-Est.

2.2.2- Importance

On distingue l'importance socio - culturelle, l'importance nutritionnelle et l'importance économique.

2.2.2.1- Importance socio - culturelle

Selon Bricas et Vernier (2000), dans les régions où l'igname est cultivée, elle représente beaucoup plus une plante alimentaire importante. C'est une plante indissociablement liée à l'histoire sociale et culturelle et c'est par conséquent l'un des symboles les plus forts de l'identité de ces populations. Ainsi, au contraire du manioc, du maïs ou du riz qui sont d'introduction relativement plus récente dans l'alimentation, l'igname est un produit natif de ces régions et est profondément ancré dans la culture de leur population (Bricas et Attaie, 1998). Selon ces

9 derniers, chez plusieurs groupes ethniques, sa consommation est fortement ritualisée, régie à chaque nouvelle récolte par des cérémonies entretenant la cohésion des groupes sociaux et activant leur identité : les fêtes de l'igname. De ce constat est motivé l'expression civilisation de l'igname, civilisation dans laquelle coutumes et rites sont marqués par son cycle (Igué, 1974).

2.2.2.1- Importance nutritionnelle et alimentaire

En plus de ses qualités organoleptiques dont principalement le goût, l'igname bénéficie d'une image de produits prestigieux à forte valeur nutritionnelle et diététique qui lui permet de supporter la concurrence des autres amylacés comme les céréales et le manioc (Bricas et Vernier, 2000). Elle possède également certains sels minéraux qui sont rares à trouver chez les céréales (Igué, 1974). Oké, cité par Okoli et Onwueme (1986), reconnaît qu'un repas d'igname satisfait 100% des besoins en énergie et en protéines, 130% des besoins en calcium et 80% de besoins en fer d'un homme adulte. Les analyse chimiques ont révélé les qualités nutritionnelles nettement supérieures de l'igname en quantité et qualité de la fraction protéique par rapport au manioc (Degras, 1986) ou au maïs et au riz (Okoli et Onwueme, 1991). Les études effectuées par l'INRAB (1996) ont révélé que l'igname fournit en moyenne 107 Kg de protéines par hectare contre 37 Kg pour le manioc, 82 Kg pour le maïs et 78 Kg pour le soja.

Sur le plan, alimentaire, l'igname contribue largement à la satisfaction des besoins alimentaires dans les zones de production. Selon l'INRAB (1996), la production calorifique de l'igname est de 7,5 millions de calories par hectare contre 8,2 millions pour le manioc, 3,3 millions pour le maïs et 0,8 million pour le soja. C'est la culture dont la récolte vient mettre fin à la période de soudure dans les zones de production. Ensuite, lorsqu'elle est bien conservée, elle contribue largement à assurer la sécurité alimentaire des ménages.

2.2.2.3- Importance économique

L'importance économique de l'igname est incontestable de nos jours. En effet, cette culture s'est fortement insérée dans l'économie marchande et est passée d'un statut de culture vivrière à celui de culture de rente, même exportable.

Les études réalisées par Avodagbé (1982) sur l'évaluation économique de la production d'igname ont montré que les producteurs obtenaient des profits allant de 70.665 francs CFA/ha à Djidja à 175.296 francs CFA à Glazoué dans le Zou et qu'ils en étaient satisfaits. Mieux, celles menées par le Programme d'Analyse de la Politique Agricole ont montré que la production d'igname dégage une valeur ajoutée de 289.560 francs CFA/ha avec une rémunération journalière de 1997 francs CFA (INRAB, 2001). Cette amélioration du profit résulte non pas d'une intensification ou d'une amélioration des systèmes de production mais plutôt d'une

10 conquête des grandes villes (Parakou et Cotonou notamment), car l'augmentation de la production se fait toujours aux dépens de l'extension des superficies.

Afin de générer plus de profit, certaines régions du pays se sont spécialisées dans la production de cossettes d'igname. Cette filière a engendré des revenus qui ont changé la physionomie des zones qui s'en occupent. C'est ce qu'illustre Bonneval (1999) dans son article : « L'igname, locomotive de Tchatchou » où il montre comment ce village jadis un faubourg de la Commune de Tchaourou fut métamorphosé grâce à la production de l'igname.

De nos jours, la consommation de ce produit reste importante ou augmente dans plusieurs pays traditionnellement producteurs et ce malgré des importations élevées de riz et de blé (Bricas et Vernier, 2000). Selon les mêmes auteurs, on constate aussi que ce tubercule tend à gagner des marchés moins traditionnels comme ceux des villes du Sahel, où il constitue un des aliments privilégiés de la diversification alimentaire.

2.2.3- Exigences techniques

La culture de l'igname est généralement considérée comme une production traditionnelle ne pouvant faire l'objet d'une culture moderne, encore moins mécanisée. Sur le continent, la production d'igname dépend de trois contraintes essentielles : le travail sous fourme de maind'oeuvre, le matériel de plantation et la terre.

2.2.3.1- La main-d'oeuvre

Les opérations culturales qui mobilisent la main-d'oeuvre sont : la préparation du sol, la plantation, le tuteurage, le sarclage et la récolte.

La préparation du sol est une opération qui en culture manuelle consomme beaucoup de main-d'oeuvre d'autant plus que la confection des buttes est généralement précédée d'un défrichement sur brûlis. Il faut environ 20 à 30 Hj/ha pour le défrichement et près du double pour le buttage manuel avec 5000 à 6000 buttes/ha.

La plantation manuelle est une opération qui prise isolément demande 10 jours de travail par hectare. Dans la pratique, un travailleur arrive à planter environ 200 à 250 buttes par jour au Nord-Bénin. Compte tenu du temps de transport et de préparation des plants, il faut 20 à 25 jours de travail par hectare (Vernier, 1998).

Les besoins en travail varient fortement pour le tuteurage. La quantité de journées de travail nécessaire à l'opération va de 56 à 95 suivant les pays et les zones agro-écoloqiques (Dumont, 1998). L'effet de cette technique a été mesuré avec succès dans certains pays comme la Côte d'Ivoire et le Cameroun. Son absence dans les pratiques culturales est généralement liée à ses exigences en main-d'oeuvre supplémentaire pour le paysan.

Quant au sarclage, sa régularité dépend du rythme de développement des adventices lui aussi lié à l'intensité d'utilisation des terres. Bonneval (1999), mentionne qu'à partir de la 5ème année d'utilisation de la terre, il faudrait sarcler tous les mois si l'on veut maintenir un bon rendement. Pour Vernier (1998), il faut entre 40 et 80 journées de travail par hectare.

Enfin, la récolte manuelle est aussi une opération très pénible. De toutes les opérations culturales, c'est elle qui consomme le plus de main-d'oeuvre, jusqu'à 70 Hj/ha, voir encore beaucoup plus avec les tubercules très longs (Vernier, 1998). L'igname est donc une culture exigeante en travail à tout point de vue de son cycle.

2.2.3.2- Matériel de plantation

La disponibilité semencière existant dans l'agriculture actuelle est souvent considérée comme un frein pour la production de l'igname tandis que la valeur monétaire élevée des semences est donnée comme un facteur pesant lourdement sur le coût de production (Dumont, 1998). En effet, l'igname se multiplie traditionnellement par voie végétative et exige de grandes quantités de tubercules pour assurer la reproduction (Degras, 1986). Il faut environ 10.000 semenceaux de 150 à 200g ou 60.000 mini-semenceaux de 25g pour planter un hectare de tubercules consommables (Orkwor et Adeniji, 1998). Dumont (1998), fait remarquer que dans l'ensemble, l'agriculture arrive à assurer ses besoins en semences mais qu'il est aussi certain que les exploitations peuvent difficilement changer leur échelle de production.

2.2.3.3- La terre

L'igname est très exigeante en fertilité du sol, surtout les variétés précoces (Bonneval, 1999). Elle est généralement placée en tête d'assolement dans des sols très riches en humus (Gbèdolo, 1991 ; Knoth, 1993 ; Adanguidi, 2001). De nos jours, les terres fertiles deviennent de plus en plus rares, obligeant à des migrations temporaires vers les zones à faible densité de population, elles aussi en constante diminution (Adanguidi, 2001). Du fait du système de culture qui ne compense pas le départ des nutriments, la terre est abandonnée pour de nouveaux défrichements après 2 ou 3 ans (Biaou et Tchégnon, 1995). Cela conduit à la destruction des terres et à une agriculture non respectueuse de l'environnement, donc non durable.

2.2.4- Relation avec le coton

La relation entre l'igname et le coton est différemment interprétée ou présentée par les auteurs. Selon Dumont (1995), la production cotonnière n'aurait pas un effet négatif sur celle de l'igname ; bien au contraire, la stratégie de production cotonnière des exploitations passerait par l'aménagement d'un stock vivrier faisant appel aux ignames. Selon Adanguidi (2001),

12 l'implication de cette thèse serait que le développement de la culture cotonnière entraînerait donc celui de l'igname. C'est cette thèse que défend Sidi (1987), lorsqu'il stipule qu'il existe une complémentarité entre le coton et les cultures vivrières.

Adégbidi (2003) pense que du point de vue de l'allocation de la main-d'oeuvre, les deux cultures seraient concurrentes. En effet, le coton exige la mobilisation d'une main-d'oeuvre aussi importante que la culture de l'igname. Cette situation conduit à une régression des superficies emblavées pour l'igname alors que celles du coton augmentent sans cesse. Ces résultats viennent corroborer ceux de Tossou (1985), quand il a indiqué l'existence d'un goulot d'étranglement entre les deux cultures du point de vue allocation de la main-d'oeuvre.

Cette concurrence entre le coton et les autres cultures a été signalée dans d'autres pays. Madi (2000), dans une étude menée au Cameroun a démontré que les producteurs mobilisaient les ressources tout d'abord pour la satisfaction des besoins minima vitaux d'autoconsommation et ensuite pour la production cotonnière. Schwartz (1985), au Togo a constaté qu'il était pratiquement impossible pour le paysan de combiner dans la même année, le cycle de l'igname avec celui du coton.

Cette concurrence entre les deux cultures qui se partagent des terres de plus en plus pauvres contraint les populations à la migration. C'est ce qui explique la création de nouvelles zones de colonisation à Savè et Ouessè où on note actuellement une forte production d'igname dans le département des Collines.

Ce débat sur la concurrence ou la complémentarité entre le coton et les cultures vivrières est bien résumé par Ton (2001). Selon cet auteur tout au long de la saison, les paysans doivent effectuer des arbitrages entre différentes cultures à propos du temps, de la main-d'oeuvre et des biens d'équipements qui pousse à supposer l'existence d'une concurrence entre les deux types de cultures. Il mentionne que, malgré la concurrence, il semblerait que les cultures soient complémentaires à l'examen des volumes de production car l'augmentation de la production de coton n'a pas conduit à une réduction des superficies cultivées en vivriers. Ses idées sont renchéries par LARES-APEIF (1996) qui a montré que les arrières effets des intrants utilisés pour la culture du coton permettent aujourd'hui d'accroître de plus de 30% les rendements de certaines cultures vivrières comme le maïs (cas du développement spectaculaire que le maïs a connu dans le Borgou au cours des 15 dernières années). Cet auteur présente aussi le coton comme un handicape au développement des cultures vivrières. Pour lui, bien que, les enquêtes ne confirment ou n'infirment aucune des deux thèses, on peut remarquer globalement que plus de 50% des gros producteurs de coton enquêtés s'adressent au marché à un moment ou à l'autre de l'année pour s'approvisionner en produits vivriers (leur propre production se révélant insuffisante).

2.2.5- Evolution de la production d'igname

L'appréciation de la production se fera à travers des paramètres quantitatifs concernant les superficies emblavées et les productions. Le tableau 1 présente l'évolution de la production d'igname de 1994 à 2004.

Ce tableau montre une augmentation de la production et des superficies emblavées. Les rendements ont été pratiquement constants jusqu'en 2000, année à partir de laquelle ils ont connu une augmentation, mais comme le souligne Adanguidi (2001), les chiffres de ces dernières années sont à prendre avec beaucoup de réserves. En général, l'augmentation de la production ne se fait pas en fonction de l'intensification ou de l'utilisation d'intrants extérieurs mais plutôt aux dépens de l'extension des superficies (INRAB, 1996).

Tableau 1 : Evolution de la production, de la superficie et des rendements de 1990 à 2004

Années Productions (tonnes)

Superficies

Rendements

1994 1.250.465

115.326

10.843

1995 1.287.741

117.255

10.982

1996 1.346.070

130.728

10.315

1997 1.407.677

130.448

10.788

1998 1.583.713

144.650

10.948

1999 1.647.009

145.368

11.055

2000 1.742.004

156.831

11.107

2001 1.700.982

115.733

14.697

2002 2.154.910

173.624

12.411

2003 2.010.699

166.921

12.045

2004* 2.408.582

183.837

13.101

 

*Estimation

Source : MAEP, 2003

Ces chiffres qui indiquent une augmentation de la production sont contestés par certains auteurs dont Adanguidi (2001), qui pense plutôt que la production a baissé du fait de la dégradation des terres et de la concurrence du coton.

L'évolution comparée de la production d'igname à celle des autres cultures vivrières est indiquée dans le tableau 2.

Les résultats du tableau montrent qu'en terme de production, l'igname vient en deuxième position après le manioc, loin devant le maïs, le sorgho et le riz. Ainsi, malgré une politique soutenue en direction des céréales, leur production reste inférieure à celle de l' igname. la dominance du manioc sur l'igname pourrait s'expliquer par plusieurs raisons qui datent d'après les années 1994. En effet, avant cette année, la production d'igname était supérieure à celle du manioc (MAEP, 2002).

Tableau 2 : Evolution de la production des principales cultures vivrières de 1994 à 2004

Années

Igname

Manioc

Maïs

Sorgho

Riz

1994

1.250.465

1.145.800

491.526

112.789

18.686

1995

1.287.741

1.328.634

563.203

119.199

17.976

1996

1.346.070

1.456.608

555.755

110.259

22.259

1997

1.407.677

1.918.436

701.046

120.173

26.891

1998

1.583.713

1.989.022

662.227

128.425

35.562

1999

1.647.009

2.112.965

782.974

126.440

34.040

2000

1.742.004

2.350.208

750.442

155.275

49.245

2001

1.700.982

2.703.456

685.902

165.902

54.901

2002

2.151.452

3.154.910

797.496

182.639

63.219

2003

2.010.699

3.054.781

788.320

163.276

54.183

2004

2.408.581

3.675.147

937.740

186.751

64.151

 

Source : MAEP, 2003

Au nombre des raisons qui ont provoqué l'engouement autour de la production de manioc, nous pouvons citer :

- Une recherche agronomique soutenue qui met des boutures de bonnes qualités à la disposition des producteurs. La recherche met également au point des procédés de lutte contre les ravageurs du manioc.

- Un système de vulgarisation de la culture sur toute l'étendue du territoire de notre pays, contrairement à l'igname qui ne fait pas l'objet d'une vulgarisation.

- De nombreux projets s'investissent dans la filière manioc pour la valorisation de ce produit par des procédés de transformation et la mise en place de ligne de crédits.

- Une moindre exigence du manioc par rapport à l' igname. il peut se développer et donner

de bons résultats sur les terres relativement pauvres, ce qui n'est pas le cas de l'igname en dehors de la variété kokoro.

CHAPITRE 3 :

CADRE

METHODOLOGIQUE

C'est la démarche scientifique sans laquelle, les résultats de cette recherche n'auraient aucune valeur. Il s'agit ici d'exposer la méthode de sélection de la zone d'étude, des villages et des ménages. Il sera aussi question de justifier ici, le choix des méthodes de collecte et d'analyse des données.

3.1- SELECTION DE LA ZONE DE RECHERCHE

3.1.1- Choix de la commune et du village

Les critères retenus sont la culture du coton, la culture de l'igname et la possibilité pour les paysans de vendre une bonne partie de leur production vivrière.

· La culture du coton : Ce critère est utilisé car l'un des objectifs de l'étude est de voir l'incidence de la culture cotonnière sur celle de l'igname, afin de faire le point sur la relation entre les deux cultures.

· La culture de l'igname : Elle ne peut être mise en marge de cette étude. La zone d'étude doit donc être une zone où l'on cultive fortement l'igname.

· La possibilité pour les paysans de vendre une bonne partie de leur production, tout au moins la quantité dont ils ont envie de vendre pour satisfaire leurs besoins financiers et qu'ils ne soient pas limités par des contraintes d'accès aux marchés ou de brader leurs productions à de vils courtiers : La pertinence de ce critère réside aussi dans le fait que l'objectif de l'étude est de proposer un plan de production optimal pour la maximisation du revenu ; plan de production qui puisse être mis en oeuvre par les producteurs.

La prise en compte des trois critères a permis de retenir la commune de Glazoué comme région d'étude.

En ce qui concerne le choix des villages, compte tenu de la recherche d'homogénéité, nous avons opté de conduire les recherches dans un seul village. La sélection de ce village a été faite durant la phase exploratoire de l'étude. Les statistiques agricoles ont été également mises à contribution lors du choix de ce village. Les critères déterminants pour cela ont été la production d'igname et de coton. A cet effet, les entretiens formels et informels que nous avons eu avec les autorités de la commune et les personnes ressources des localités visitées nous ont orientés dans l'arrondissent d'Aklampka plus précisément dans le village d'Alawénonsa.

Les raisons qui ont conduit au choix de ce village sont les suivantes :

- Tout d'abord, depuis 2000, la production cotonnière a connu une baisse dans la commune, si bien que peu de villages produisent encore effectivement le coton. Il s'agit des villages Alawénonsa, Lagbo, Affizoungo et Sowiandji dans l'arrondissement d'Aklamkpa et les villages Gbanlin, Assanté et Houin dans l'arrondissement d'Assanté. De ce point de vue, notre choix se limitait à deux arrondissements (Aklamkpa et Assanté).

16 - Les villages de l'arrondissement d'Assanté ne produisent pas assez d'igname pour être pris comme zone de recherche du présent travail. Par rapport à cette situation, il ne nous restait plus que l'arrondissement d'Aklamkpa.

- Les surfaces emblavées ces cinq dernières campagnes pour la production de coton ont

montré que le village d'Alawénonsa continue d'être un bon village producteur de coton dans la commune. Le tableau 3 ci-dessous montre la place de la production cotonnière de ce village dans l'arrondissement.

Tableau 3 : Place du village Alawénonsa dans l'arrondissement d'Aklamkpa en terme de production cotonnière (superficie en hectares).

Campagnes

Glazoué

Aklamkpa

Alawénonsa

1999 - 2000

13.000,0

2.730,0

1270,0 (46,52%)

2000 - 2001

4.207,9

960,2

544,2 (56,67%)

2001 - 2002

3.129,9

966,4

439,03 (45,32%)

2002 - 2003

1.077,9

538,9

206,4 (38,30%)

2003 - 2004

1.502,8

806,3

392,2 (48,64%)

 

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 3 montre que, par rapport à l'arrondissement le village choisi mérite bien d'être sélectionné pour accueillir une telle recherche car il produit au moins 38% de la production de l'arrondissement.

3.1.2- Sélection des exploitations

Après le choix du village d'étude, nous avons procédé à un recensement des exploitations agricoles. Au total, 258 exploitations on été recensées. Ces exploitations ont pu être catégorisées suivant le critère : production ou non du coton et de l'igname. Les 258 exploitations se répartissent alors comme indiqué sur la figure 1.

36

128

11

83

A

B

C

D

Figure 1 : Représentativité des différents systèmes de cultures

La figure 1 montre que les exploitations intégrant l'igname seule sont les plus nombreuses (A = 128), suivies de celles intégrant l'igname et le coton (B = 83), les exploitations

17 intégrant le coton seul (C = 36) et enfin, les exploitations n'intégrant ni l'igname ni le coton (D = 11). Nous avons ensuite procédé à un échantillonnage aléatoire stratifié pour pouvoir retenir les 50 exploitations devant constituer notre échantillon ; soit un taux d'échantillonnage de 0,1937. Les 50 exploitations se répartissent alors comme suit :

- A = 16 exploitations (32,17%) ;

- B = 25 exploitations (49,61%) ;

- C = 7 exploitations (13,91%) ;

- D = 2 exploitations (4,26%).

La catégorie D a été portée à 5 exploitations pour la rendre représentative, ce qui conduit finalement à un échantillon de 53 exploitations (ménages) agricoles à enquêter. Ces quatre catégories ont ensuite été assimilées à quatre systèmes de cultures différents.

Les sous échantillons montrent que le système de production intégrant la culture de l'igname seule est celle dominante avec près de 50% des exploitations. Il est suivi du système de production à base d'igname et de coton (32,17%). Le système de production n'intégrant ni le coton ni l'igname est moins représenté avec seulement 4,26% des exploitations.

Un second critère est utilisé pour voir la distribution des exploitations. Il s'agit de la taille totale de celles-ci. Trois groupes ont été constitués :

- Groupe 1 : les exploitations qui ont une taille inférieure à 9,39 ha ;

- Groupe 2 : les exploitations qui ont une taille comprise entre 9,39 et 15,65 ha ;

- Groupe 3 : les exploitations qui on,t une taille supérieure à 15,65 ha.

Les différents chiffres sont obtenus à partir de la superficie moyenne qui est de 12,52 ha (9,39 = 12,52*0,75 et 15,65 = 12,52* 1,25).

La combinaison de ce critère et du premier critère permet d'avoir une répartition des exploitations agricoles comme indiqué dans le tableau 4.

Tableau 4 : Répartition des exploitations agricoles suivant les deux critères

Tailles

Catégories

A

B

C

D

< 9,39 ha

6 ( 37,5 11 (44 ) 1 ( 14,28

3 ( 60 )

)

)

9,39 < T < 15,65 ha

6 ( 37,5 )
9 ( 36 )

4 ( 57,14 )
2 ( 40 )

> 15,65 ha

4 ( 25 )

5 ( 20 )
2 ( 28,57 )
0 ( 0,00 )

 

Les parenthèses contiennent les données en pourcentage Source : Enquêtes, 2004

La combinaison des deux critères montre qu'il existe des différences au niveau de la superficie totale des exploitations. Ces différences sont surtout perceptibles au niveau des systèmes A et B.

3.1.3- Description de l'échantillon

Taille des ménages

Dans le cadre de cette étude, un échantillon de 53 exploitations/ ménages a été choisi pour conduire la recherche.

La taille moyenne des ménages par catégorie de système de cultures est illustrée par la figure 2 ci-dessous.

8,57

5,8

12,6

11,125

A

B

C

D

Figure 2 : Taille moyenne des ménages enquêtés

Toutes les exploitations (ménages) enquêtées sont dirigées par des hommes avec une moyenne d'âge de 41,73 ans (#177;11,63). Le tableau 5 présente la répartition des chefs de ménage par catégorie d'âge.

Tableau 5 : Répartition des chefs de ménage suivant leur âge (les proportions sont entre parenthèses)

Tranches d'âge 25-30 31-35 36-40 41-45 46-50 51-55 56-60 > 60 Total

Effectif 12 9 6 9 6 4 3 4 53

(22,64) (16,98) (11,32) (16,98) (11,32) (7,55) (5,66) (7,55) -

 

Source : Enquêtes, 2004

Il ressort du tableau 5 que la majorité des chefs de ménage (près de 80%) ont un âge compris entre 25 et 50 ans, tranche d'âge au cours de laquelle ils sont très actifs au travail agricole.

Situation matrimoniale

Tous les chefs de ménage sont des hommes mariés vivant encore avec leurs femmes. Le tableau 6 présente le nombre de femmes par chef d'exploitation.

Tableau 6 : Nombre de femmes par chef de ménage

Nombre de femmes 1 2 3 4

Nombre d'exploitation 18 (33,96)* 24 (45,24) 6 (11,32) 5 (9,43)

*Les nombres entre parenthèses indiquent la proportion du nombre de chef de ménage pour un nombre d'épouses donné.

Source : Enquêtes, 2004

Nous pouvons retenir du tableau 6 que pratiquement les 2/3 (66,04%) des chefs de ménage ont plus d'une femme (au moins 2 épouses). Le résultat illustre bien que la polygamie est encore très présente dans ce village. Selon les paysans, tout homme qui se respecte doit avoir plus d'une femme. Cette situation entraîne beaucoup de conséquences. En effet, les ménages se composent de plusieurs enfants dont les parents n'arrivent plus à assurer l'éducation et la formation par manque de moyens. Ces enfants sont soit placés chez d'autres personnes ce qui pose le problème du trafic des enfants ou livrés à eux-mêmes et végètent dans le banditisme.

Niveau d'instruction des chefs de ménage

Le niveau d'instruction de ces chefs de ménage est en général bas (voir tableau ci- dessous).

Tableau 7 : Niveau d'instruction des chefs de ménage

Non scolarisés

Non alphabétisés Alphabétisés CI-CM2 6ème -3ème 2nde -Tle

18 (33,96) 5 (9,43)* 17 (32,08) 11 (20,75) 2 (3,77)

 

*Les nombres entre parenthèses indiquent le pourcentage de chef de ménage pour chaque niveau d'alphabétisation.

Source : Enquêtes (2004)

On remarque que 43,40% (23) des chefs de ménage sont non scolarisés et parmi eux seulement 21,74% sont alphabétisés (soit 9,45% de l'échantillon entier). De plus 24,5 3% (13) seulement des chefs de ménage ont au moins atteint le niveau de la classe de 6ème.

Nombre d'enfants par ménage

Le nombre moyen d'enfants varie d'une catégorie à une autre. La figure 3 fait le point du nombre moyen d'enfants par catégorie de ménage.

20

Nombre d'enfants dans le ménage Nombre d'enfants scolarisés

9

8

7

6

5

4

3

2

1

0

A B C D Ensemble

Figure 3 : Nombre moyen d'enfants par exploitation

Le figure 3 révèle que les ménages des catégories A et B ont en moyenne 8 enfants contre 6 et 3,8 respectivement par les catégories C et D. La survie des populations en milieu rural étant essentiellement liée à 2 stratégies : la production pour l'autoconsommation pour l'assurance d'une sécurité alimentaire (rôle que joue fondamentalement l'igname dans les systèmes de production) et la production pour la commercialisation afin d'engranger des revenus (rôle que joue le coton dans le système de production) ; on constate que ce sont les ménages de la catégorie D (catégorie qui ne pratique aucune de ces stratégies) qui ont le moins d'enfants. On pourrait conclure que ce sont les difficultés liées à la prise en charge de la famille qui obligent ces chefs de ménage à limiter le nombre d'enfants. Cette tendance se confirme aussi au niveau de la scolarisation des enfants. En effet, parmi les ménages ayant des enfants scolarisés ( 36 ), la proportion d'enfants scolarisés est respectivement de 31,05% ; 28,57 ; 24,18% pour les catégories A, C et B contre 15,79% pour la catégorie D. Ici, les ménages produisant au moins le coton (catégories A et C) sont ceux qui ont le plus d'enfants scolarisés. Le coton procure en effet un revenu aux producteurs dont une partie est utilisée pour assurer les charges liées à l'éducation et à la santé des enfants (du ménage).

Groupes socioculturels

Trois groupes socioculturels ont été recensés : les mahi, les fons et les adja. Les mahi sont majoritaires dans le village et représentent 83,02% de l'échantillon. Viennent ensuite les fon et les adja avec respectivement 15,09% et 1,89%. La dominance des mahi s'explique par le fait qu'ils sont les autochtones du village alors que les autres sont des étrangers immigrants.

Religions pratiquées

Cette population peu diversifiée socio-culturellement pratique 2 religions. D'abord la religion traditionnelle (le vodoun) avec 94,34% des ménages et le christianisme (5,66%).

3.2- TECHNIQUES DE COLLECTE D'INFORMATION ET PHASES D'EBQUETE

3.2.1- Techniques de collectes d'information

Les techniques utilisées sont l'analyse documentaire, l'observation et les entretiens.

L'analyse documentaire a permis de faire une analyse des informations qui sont déjà enregistrées pour un but autre que celui de la recherche (point des travaux antérieurs, formulation du thème d'étude et à sa justification, synthèse de données sur les différents aspects du thème et les différents concepts à aborder durant l'étude). Elle a aussi permis de présenter les différents outils d'analyse et les démarches à suivre pour aboutir à des résultats scientifiquement acceptables.

L'observation a conduit à la description des phénomènes et à la formulation d'explications aux phénomènes. Cette observation, qu'elle soit participante ou non, a permis de recueillir certaines informations clefs sans mettre les enquêtés dans l'embarras. Les observations ont portés sur les ménages et les exploitations agricoles.

Les entretiens ont été structurés pour la phase quantitative de la recherche et sont conduits à l'aide de questionnaires. Le questionnaire est identique pour tous les enquêtés. Pour la phase qualitative de la recherche, les entretiens ont été semi-structurés ou non structurés.

3.2.2- Phases d'enquête

La recherche sur le terrain a été menée en deux phases : une phase exploratoire et une phase de conduite des enquêtes.

La phase exploratoire a permis de parcourir différentes régions dans le but, d'une part, d'obtenir des informations utiles pour le choix de la zone de recherche et d'autre part de tester le pré-questionnaire. Au cours de cette phase, des contacts ont été pris avec les différentes autorités agricoles dont les responsables du CARDER, les représentants des projets, les ONG, les représentants de l'administration publique et les chefs de village. Quelques producteurs sont contactées pour mener des discussions afin de mieux relier la problématique avec la réalité de terrain. Pendant cette période, le questionnaire est testé et son dépouillement et son analyse ont permis de le réajuster et de l'adapter. Cette phase s'est terminée par la sélection des producteurs de l'échantillon après un recensement des producteurs.

La conduite de l'enquête a permis de collecter des informations sur les aspects aussi bien quantitatifs et qualitatifs des activités agricoles. Pour atteindre les résultats visés, des fiches de questionnaire sont conçues pour la collecte des informations concernant les aspects du système agricole retenu. Pendant cette phase de la recherche, des entretiens sont menés avec des groupes de paysans et des personnes ressources pour la collecte des informations qualitatives. Les thèmes

22 abordés sont pré-établis pour faciliter l'orientation de la discussion. Il s'agit des temps de travaux, la répartition des travaux, les périodes d'activités, la succession des opérations culturales, les besoins en main-d'oeuvre des différentes opérations, les techniques de production et d'exécution des différentes activités culturales, etc.

3.3- METHODES D'ANALYSE

3.3.1- Contrôle des données, saisie et correction

Avant la saisie des données, un premier contrôle préliminaire a été effectué pour corriger les erreurs d'enregistrement. La base de données est ensuite créée dans un classeur du logiciel Excel où les données sont saisies. Après la saisie, une seconde étape d'élimination des erreurs issues de la collecte des données et de la saisie à l'ordinateur a été effectuée. Cette base est ensuite utilisée pour le traitement des données.

3.3.2- Outils d'analyse

Plusieurs outils d'analyse sont utilisés dans le cadre de ce travail. Il s'agit des graphiques, de l'analyse des coûts et revenus et de la programmation linéaire.

3.3.2.1- Les graphiques et les tableaux

Ils sont utilisés pour montrer l'évolution de certaines grandeurs dans le temps ou pour mettre en relief la variation ou la représentativité des phénomènes observés. L'importance des graphiques et tableaux, c'est qu'ils permettent de vite capter l'attention du lecteur et de lui dire en peu de mots l'essentiel à retenir par rapport à une situation donnée.

3.3.2.2- Analyse des coûts et revenus

Le but de cette analyse est de comparer la rentabilité de l'igname à celle des autres spéculations, ce qui nécessite la détermination de la rentabilité économique de chacune des cultures des exploitations agricoles et des systèmes de production. Il s'est donc agit de déterminer le revenu agricole net des ménages. Pour y arriver, les recettes de production (c'est à dire le produit physique brut en valeur) et les charges de production (coûts de la main-d'oeuvre salariée temporaire, des engrais, des insecticides et des semences, puis le coût des équipements amortis au cours d'une saison de production ou une année de production) ont été successivement estimés. Ces deux grandeurs ont permis de calculer la marge brute pas spéculation et par systèmes de cultures. Ces marges brutes ont été ensuite utilisées pour estimer le revenu agricole net de l'exploitant et de sa famille. La détermination de ces revenus agricoles nets a pris en

23 compte les coûts de transport des produits de récolte vers le marché, le salaire de la maind'oeuvre salariée permanente, les intérêts sur les emprunts et les amortissements pour usage des équipements de plus d'une année d'utilisation. La formule d'amortissement appliquée est l'amortissement linéaire.

3.3.2.3- Modèles d'analyse de la production

Dans le cadre de la modélisation des exploitations agricoles, plusieurs modèles d'analyse sont utilisés. Au nombre de ces modèles il faut citer la fonction de production, la budgétisation et le programme planning puis la programmation mathématique.

3. 3.2. 3. 1- Fonction de production

La théorie de la production occupe une place importante dans l'analyse microéconomique et au coeur de cette théorie se trouve le concept de fonction de production.

La fonction de production est l'outil permettant d'analyser la rationalité économique de l'exploitant (Adégbidi, 1994). Elle se définit comme la liaison fonctionnelle existant entre les quantités de biens produits (output) et les quantités de facteur utilisés (input) dans le processus de production (Gauthier et Leroux, 1988). Elle peut être utilisée comme instrument de prédiction dans la recherche de la performance accrue des activités agricoles.

Selon Heady et Dillon (1961), bien que les relations représentées par la fonction de production soient des phénomènes physiques, des principes économiques s'imposent quand les recommandations aux paysans ou les décisions de ceux-ci, se rapportent à la quantité ou la combinaison de ressources et produits dont ils ont besoin et ceux obtenus sur l'exploitation.

De nombreuses équations algébriques ont été développées pour estimer la fonction de production dans le cadre des études sur le terrain par les chercheurs.

De nos jours, il existe plusieurs formes fonctionnelles dont quatre sont habituellement utilisées en économie rurale pour analyser la production. Il s'agit de la fonction linéaire, de la fonction exponentielle, de la fonction semi-logarithmique et de la fonction logarithmique ou Cobb-Douglas.

3. 3. 2. 3. 2- Budgétisation et programme planning


· Budgétisation

Le budget, c'est la contre partie financière d'un plan ; le plan étant la prévision des actions à réaliser dans un avenir proche. Le budget est à ce titre un état des recettes et dépenses présumées qu'une personne physique ou morale aura à encaisser et à effectuer pendant une

24 période donnée. Le budget est donc un outil d'analyse prévisionnel et par conséquent se trouve être l'élément central de la planification.

~ Programme planning

C'est une méthode qui procède par une démarche graduelle et qui rapproche du plan optimum. Il consiste d'abord en la détermination des activités possibles, des contraintes, des coefficients techniques de production et des marges brutes par activité. Le principe de déroulement de la méthode est le suivant :

- Pour faire le choix des activités, on identifie d'abord le facteur le plus limitant de la production ;

- On cherche ensuite la spéculation qui rémunère le mieux le facteur le plus limitant et on l'introduit dans le plan ;

- On détermine le facteur limitant suivant ;

- On introduit dans le plan une seconde activité qui fera un meilleur usage des ressources pour lever la seconde contrainte et ainsi de suite ;

- De proche en proche, on élimine les différentes contraintes et on se rapproche du plan optimal mais sans jamais l'atteindre.

La perfection du programme planning a conduit à la programmation linéaire qui permet d'avoir le plan optimal de production. C'est cette méthode d'analyse qui a été choisie pour mener cette étude. Les raisons fondamentales sont que la programmation linéaire permet de faire une analyse simultanée de tous les facteurs de production. L'utilisation du budget ne permet pas par exemple d'avoir de façon systématique la solution qui permet de maximiser le profit. De même, si la programmation linéaire a été préférée à la fonction de production , c'est parce que c'est une démarche qui permet de construire un modèle économique reflétant l'entièreté de l'exploitation, contrairement à la fonction de production qui serait consacrée uniquement à l'igname et ne permettrait pas de faire une analyse beaucoup plus complète. C'est aussi le modèle qui permet d'apprécier rapidement le comportement de l'exploitation agricole, suite au changement qui pourrait subvenir autour d'elle et d'en faire des applications pratiques

3.3.2.3.3- Analyse par Programmation linéaire

+ Pourquoi un modèle de programmation linéaire ?

Les raisons du choix d'un modèle de programmation linéaire plutôt qu'un modèle non linéaire sont celles énumérées par Onyeuwuekou, cité par Dissou (1986). En effet,

- Le modèle linéaire, en raison de sa simplicité est tout indiqué pour une analyse de simulation qui doit être la plus simple possible ;

25 - Dans un milieu où, aucune étude régionale précise n'a été effectuée dans ce sens, l'utilisation d'un modèle linéaire constitue une première démarche d'analyse ;

- Les données requises par le modèle linéaire sont plus simples à obtenir.

Ce modèle présente aussi l'avantage de permettre d'envisager un grand nombre d'alternatives et d'analyser correctement leurs conséquences en peu de temps.

Le modèle permet entre autre de comprendre l'incidence du prix de certains produits sur le comportement des producteurs (le coton par exemple dont le prix est fixé en début de campagne et ne change plus, les cultures vivrières dont les prix évoluent en fonction de la loi de l'offre et de la demande). Il s'agit aussi d'un excellent outil de décision dans la mesure où il révèle la situation des agriculteurs par rapport aux mesures concernant les prix, les valeurs duales étant associées aux contraintes d'équilibre global (Madi, 2000). Par un tel modèle, le centre de décision politique peut fixer les prix au niveau convenable déterminé dans la perspective de susciter des phénomènes dont il désire la réalisation. Le modèle une fois construit peut jouer un rôle de miroir renvoyant aux agriculteurs une image de leur exploitation et améliorant la connaissance qu'ils ont de leur situation.

+ Objectif de l'analyse

Cette analyse vise à élaborer un plan de production optimal pour chaque catégorie d'exploitation agricole à partir de la réalisation des différentes activités et sous les contraintes identifiées. Mais en réalité, elle se projette de comparer les résultats théoriques du modèle avec les niveaux actuels de production des différentes spéculations retenues. Elle permet alors de voir, dans l'objectif de maximisation du revenu, avec l'assurance d'une sécurité alimentaire, si les productions actuelles d'igname sont faibles ou non. C'est donc une analyse qui permettra de comprendre la rationalité de l'exploitant dans l'allocation de ses ressources pour telle ou telle spéculation. Dans le même temps, elle devrait confirmer ou infirmer si la production d'igname telle que pratiquée actuellement est rentable pour les paysans. Si non, quels sont les freins et quelles solutions sont envisageables.

+ Définition des concepts et présentation du modèle

La programmation linéaire : C'est une technique mathématique de résolution des problèmes de maximisation ou de minimisation où les contraintes et la fonction objectif à maximiser ou à minimiser sont linéaires et peuvent être représentées par des droites (Maddala, 1989). Selon Boussard (1988), cité par Ahoyo (1996), c'est un modèle qui permet d'apprécier la réalité économique d'un système productif.

La fonction objectif : C'est la fonction linéaire Z que l'on cherche à maximiser ou à minimiser et dans les modèles de production, elle correspond le plus souvent au revenu global ou

26 au coût global. Elle décrit le but de l'optimisation et mesure la condition dans laquelle une combinaison de variables de décision est bonne (Bakker et al., 1996).

Les contraintes : Ce sont l'ensemble des conditions qui ne permettent pas de réduire ou d'augmenter indéfiniment la fonction objectif. Selon Bakker et al.. (1996), les contraintes déterminent les combinaisons admissibles des variables de décision. Il existe deux types de contraintes : les contraintes de non-négativité (Xj = 0) et les contraintes spécifiques au problème en étude (AijXj = Bi). Dans les modèles de production, les contraintes spécifiques correspondent, d'une manière générale aux ressources disponibles.

Les variables de décision ou activités : Ce sont les variables parmi lesquelles les choix sont opérés pour maximiser ou minimiser la fonction objectif et satisfaire en même temps les contraintes. Dans les modèles économiques, les activités correspondent à des types de production (les différentes spéculations végétales) et le niveau des activités aux dimensions de ces productions (la superficie emblavée pour chaque spéculation).

Le programme linéaire se présente comme suit :

m n

MaxZ CjXj

= afin que AijXj Bi

=

j 1 i=1

Avec, Aij = Coefficient technique de la jème activité pour la ième contrainte

Xj = Niveau de la jème activité

Bi = Niveau de la ième contrainte

m = Nombre d'activités

n = Nombre de contraintes

Les éléments déterminants à introduire dans le modèle sont les contraintes dont la maind'oeuvre, la terre, le capital et l'autoconsommation.

+ Détermination de la fonction objectif

Selon Ahoyo (1996), l'analyse des systèmes de production et la détermination des rentabilités financières ont montré que, bien que certaines activités n'étaient pas des plus rentables, les paysans y accordent cependant, une plus grande importance ; ce qui complique la détermination de la fonction objectif. Cela s'explique par le nombre important des variables qui interagissent entre elles et qui sont liées par de multiples relations en économie (Boussard et Daudin 1988). La question est de savoir s'il faut écrire des modèles de dimensions relativement

27 faibles avec des termes aléatoires supposés refléter l'influence des variables non prises en compte ou des modèles très volumineux et difficiles à gérer (Boussard et Daudin, 1988).

Dans le cas d'espèce des systèmes de production agricole, la stratégie de production des paysans étant guidée, d'une part, par une sécurité alimentaire et sociale et d'autre part, par une aversion à l'égard du risque, la fonction objectif est définie par la maximisation de la marge brute de l'exploitation agricole sous la condition de la satisfaction des besoins alimentaires du ménages et la prise en compte des activités principales (Ahoyo, 1996).

Cette étude s'inscrit dans cette logique de détermination de la fonction objectif.

+ Choix des activités et contraintes

Lorsqu'il s'agit de modéliser les exploitations agricoles, dans les économies encore plus ou moins traditionnelles, les activités et contraintes paraissent bien nombreuses, compte tenu de la complexité de l'agriculture et des aspects sociaux (Ahoyo, 1996).

Pour ne pas traîner des modèles trop lourds, les activités sont choisies de façon à répondre aux objectifs de la recherche. Ainsi, certaines activités qui n'occupent pas une place importante dans l'exploitation ne sont pas prises en compte dans les modèles.

Pour ce qui concerne cette étude, compte tenu du temps disponible, seules les cultures principales sont prises en compte. Il s'agit du maïs, de l'arachide, de l'igname, du sésame, du niébé, du coton, du soja et du voandzou.

Quant aux contraintes, l'expérience a montré que c'est leur inventaire et leur traduction sous forme d'inéquations qui constituent les tâches les plus difficiles de la construction d'un programme linéaire en agriculture (Boussard, 1970). Les contraintes sont essentiellement celles de terres disponibles, de consommation, de travail et de capital. De ce qui est plus particulièrement de la contrainte de travail, elle s'exprime par plusieurs inéquations. Ceci s'explique par la saisonnalité des besoins des cultures. En effet, lorsqu'on fait le bilan des besoins en main-d'oeuvre de l'ensemble des activités, on trouve souvent que ceux-ci sont largement couverts par les ressources existantes. Cependant, il se trouve des périodes plus ou moins courtes au cours desquelles la disponibilité en main-d'oeuvre représente un goulot d'étranglement dramatique (Boussard, 1992). C'est pourquoi dans notre cas, nous avons fait la différence entre les travaux effectués uniquement par les hommes et les travaux effectués par l'ensemble des travailleurs.

Les différentes contraintes sont exprimées dans les inéquations ci-dessous.

La terre : Cette contrainte est définie par l'inéquation :

28

n

X i j T

, =

i= 1

où T désigne la superficie de terre disponible ou mise en valeur et Xi,j la superficie de l'activité i. La main-d'oeuvre : Elle est définie par l'inéquation :

n

X i j l i L

, × =

i=1

Cette inéquation indique les quantités de main-d'oeuvre L pendant une période. Le coefficient li mesure la quantité de main-d'oeuvre exigée pour l'activité i en période t par hectare.

Le plus grand problème ici est de parvenir à déterminer les périodes. Selon Boussard (1970), l'utilisation des systèmes de blocs est un moyen très efficace pour résoudre le problème. Or son adéquation n'est pas universelle et la définition des blocs présuppose en général un plan de production dont on connaisse au moins les grandes lignes. Dans le cadre de cette recherche, des simplifications ont été effectuées, ce qui a conduit à retenir les mois de l'année comme période délimitant les blocs.

Le capital : La disponibilité en capital est donnée par les montants dépensés par les producteurs au cours de la campagne 2003. Pour cette contrainte, les coûts d'acquisition des engrais, des semences, des insecticides et de la main-d'oeuvre sont identifiés. La somme des montants susceptibles d'être utilisés par le modèle doit être inférieur à ces disponibilités.

L'autoconsommation : Elle constitue une contrainte fondamentale dans l'agriculture de subsistance ouverte au marché, car le paysan produit tout d'abord pour la satisfaction de ses besoins alimentaire (Madi, 2000). On doit alors exiger du modèle une quantité minimale de chaque culture vivrière consommée par les producteurs. Cette contrainte s'exprime par l'inéquation : XiYi = Pi

Avec, Yi = rendement de l'activité i

Xi = Superficie de l'activité i

Pi = Production autoconsommée.

Cette contrainte de consommation est imposée pour chaque denrée alimentaire.

Il est à noter que la production minimale de la culture est basée sur une estimation du niveau de consommation. Une majoration de 20% a été faite pour tenir compte des pertes et des dons.

3.3.3- Limites des modèles d'analyse

Les modèles présentent des limites qu'il convient de relever afin que ceux qui voudront utiliser les résultats ne soient pas contrariés.

29 - Les modèles élaborés ici ont une dimension statique. Les données qui ont servi aux analyses sont des données recueillies sur une seule campagne agricole.

- Toutes les spéculations agricoles ne sont pas prises en compte dans ces modèles, or les spéculations non retenues de même que les activités non agricoles fournissent une part du revenu et mobilisent une partie de la main-d'oeuvre. Les cultures non retenues son le riz et le manioc.

- Le risque ne sera pas pris en compte à cause de la très courte période de la recherche et l'absence de données secondaires. Par ailleurs, des travaux sur le risque ne sont pas effectués dans la région pour fournir des coefficients d'aversion au risque.

Malgré ces limites intrinsèques, les modèles développés restent valables pour les analyses et les prises de décision par les développeurs.

CHAPITRE 4 :

PRESENTATION

DU MILIEU

4.1- PRESENTATION DE LA COMMUNE DE GLAZOUE ET DU VILLAGE ALAWENONSA

Située au centre du département des Collines, à mi-chemin entre les communes de Cotonou et Parakou, la commune de Glazoué couvre une superficie de 1764 km2, soit 1,54% du territoire national. Elle est limitée au Nord par les communes de Ouessè et de Bassila, au Sud par la commune de Dassa-Zoumè, à l'Est par les communes de Ouessè et de Savè et à l'Ouest par les communes de Bantè et de Savalou (voir carte ci-dessous).

Carte de la commune de Glazoué

Source : IGN, Cotonou 2004

Le chef lieu de la commune, Glazoué, est situé à 241 Km de la ville de Cotonou. Administrativement, la commune de Glazoué est composée de 43 villages et 5 quartiers de villes qui se répartissent dans 10 arrondissements (Glazoué, Aklamkpa, Assanté, Gomé, Kpakpaza, Magoumi, Ouèdèmè, Sokponta, Thio et Zafé).

Sur le plan écologique, Glazoué fait parti de la zone agro-écologique 5, nommée zone cotonnière du centre Bénin. Les systèmes de production rencontrés dans cette zone ont pour base les céréales (maïs, riz), les tubercules (igname, manioc) et les légumineuses (arachide, niébé, soja) (MAEP, 2002).

Le village d'Alawénonsa dont les producteurs ont bien voulu contribuer à nos recherches est administrativement rattaché à la commune de Glazoué et est situé dans l'arrondissement d'Aklamkpa. Cet arrondissement est formé de quatre villages dont originellement trois (Lagbo, Affizoungo et Alawénonsa) qui forment le centre de l'arrondissement et d'un quatrième, Sowiandji, une ancienne ferme qui s'est agrandie suite aux migrations des populations à la recherche de terres fertiles pour la production agricole.

4.2- HISTORIQUE DU VILLAGE

Selon l'histoire, la création du village d'Alawénonsa remonte très loin dans le temps, sous le règne du roi Gbesso. En effet, les habitants d'Aklamkpa seraient des Yoruba originaires de Kétou, voir du Nigéria. Sous le règne du roi Agossou-Djandjan, les populations fuyant la guerre contre les peuples voisins vinrent au Bénin et s'installèrent sur les collines d'Aklamkpa, d'où ils pouvaient lutter contre les ennemis en jetant des pierres sur ceux-ci. La population vivait plus ou moins paisiblement sur ces collines jusqu'au règne du roi Gbesso, quand une terrible maladie, la variole commença par décimer la population. Le roi décide alors que la population devrait migrer vers un autre endroit. Il envoie son éclaireur, un chasseur émérite nommé Affodété, rechercher une zone pour accueillir son peuple. Celui-ci partit et trouva un grand arbre à deux branches ( en fon, atin alawénon) et estima que la population pouvait s'y installer sans grandes difficultés. Il revint voir son roi et ce dernier décida que la population irait s'installer sous cet arbre. Ainsi fut créé le village Alawénonsa qui signifie en français : sous l'arbre à deux branches.

4.3- CARACTERISTIQUES PHYSIQUES

4.3.1- Le relief

Il s'agit d'une pénéplaine cristalline composée de collines. Il est peu accidenté, à talweg et formé de plateaux sur sol granitique de 200 à 300 m d'altitude en moyenne. Ces plateaux sont surmontés de quelques collines dont celles d'Aklamkpa, de Sokponta, de Ouèdèmè, de Thio et

31 de Madengbé. Les plateaux et collines représentent respectivement 85% et 1% de la superficie de la commune (Togbénou, 1990).

4.3.2- Le sol

Il constitue le support de la production agricole. On distingue deux types de sol :

· Les sols ferrugineux tropicaux formés de granitoïdes, courant dans les Collines. Ils sont caractérisés par une texture grossière, un drainage interne satisfaisant, une profondeur relative, une faible teneur en concrétions, une granulométrie sableuses, une texture en argile supérieure à 30% à un mètre de profondeur, un taux moyen de restauration du complexe absorbant de 50% environ et des réserves minérales en potassium satisfaisantes (Togbénou, 1990). Ces sols qui occupent la majeure partie du territoire sont de deux types :

- les sols ferrugineux lessivés à concrétions sur roche cristalline ;

- et les sols ferrugineux lessivés à pseudo gley et à concrétions.

· Les sols hydromorphes rencontrés dans les zones de bas-fonds (surtout les bas-fonds de Ouèdèmè, Hoco et Sokponta) sont de profondeur généralement très faible.

La mauvaise gestion de la plupart de ces sols (brûlis des résidus de récolte, feux de brousse, système de production extensif, utilisation anarchique des engrais minéraux dans la production cotonnière) est à l'origine de la baisse de leur fertilité, ce qui pousse les producteurs à s'aventurer très loin du village à la recherche de bonnes terres de culture ; d'où les nombreuses fermes présentes dans la zone. A l'origine de la création de ces fermes se trouve souvent la culture d'igname. En effet, confrontés à l'épuisement des terres les plus proches du village, les paysans sont obligés de s'éloigner pour trouver des terres fertiles propices à la culture de l'igname. Les temps de marche deviennent donc importants et diminuent les efforts physiques. Pour éviter cette situation, les producteurs sont contraints de construire des logis temporaires sur les champs et y demeurent pendant les périodes de pointe d'activité.

4.3.3- La végétation

La végétation naturelle a presque complètement disparu sous l'effet de l'action anthropique (défrichements répétés, prélèvement abusif du bois de chauffe, feux de brousse incontrôlés, agriculture itinérante sur brûlis, production du charbon de bois,...). Ainsi, la végétation, originellement une savane arbustive voir arborée, a progressivement évolué pour faire place à une savane à graminées parsemée de baobab (Adansonia digitata) et de nérés (Parkia biglobosa). On rencontre également des îlots de forêts sacrées un peu partout dans les villages, des forêts classées dont celle d'Aklamkpa et de rares forêts galeries.

Dans ces différentes forêts fétiches ou classées, on rencontre les espèces suivantes : Daniela oliverrii, Kaya senengalensis et Borassus aethiopium.

La végétation artificielle est composée de plantations de palmiers à huile (Elaeis guineesis), d'anacardier (Anacardium occidentalis) et de teck (Tectona grandis).

4.3.4- L'hydrographie

En matière d'hydrographie, la commune de Glazoué est pauvre en cours d'eau. En dehors du fleuve Ouémé qui sert de frontière naturelle entre cette commune et celles de Ouessè au Nord-Est et de Savè à l'Est, la commune ne compte que quelques rivières. Ce sont : Riffo (affluent de l'Ouémé), Agbanlin-Djetto, Kotobo, Ahokan, Trantran, Klou, Agbavi, Djelo, Femanou et Douga (Togbénou, 1990). Ces rivières alimentées essentiellement par les eaux de pluie rendent impraticables les pistes de desserte rurale en saison pluvieuse et tarissent totalement en saison sèche.

Les bas-fonds recueillent également de l'eau pendant la saison des pluies, ce qui permet de cultiver, sur les sols hydromorphes, le riz de bas-fond.

4.3.5- Le climat

La commune de Glazoué, en raison de sa situation géographique jouit d'un climat de transition entre le climat subéquatorial à deux saisons de pluie et le climat soudano-guinéen à une seule saison de pluie. Ainsi, d'une année à une autre, l'évolution des précipitations change radicalement passant tantôt d'une année à une saison de pluie tantôt à une année à deux saisons de pluie et vice versa. La grande difficulté pour les producteurs consiste à prévoir à l'avènement d'une année à deux ou une seule saison de pluie. Face à cette situation d'incertitude, ils sont contraints de développer des stratégies de production dont notamment la diversification des cultures.

Les figures 4 et 5 ci-dessous montrent l'évolution mensuelle des précipitations de ces quatre dernières années. D'une manière générale, jusqu'aux années 1990, les précipitations annuelles variaient entre 800 mm et 1300 mm. De nos jours, avec les aléas climatiques, les précipitations peuvent descendre en deçà de 800 mm ( cas de 2001 avec 717 mm) ou être au-delà de 1300 mm (cas de 2003 avec 1450 mm).

Pour l'année 2003 en particulier, la pluviométrie est unimodale, couvrant les mois d'avril à novembre (soit 7 à 8 mois de pluie), avec un pic de précipitations en août.

350

300

250

200

150

100

50

0

jan mar mai juil sep nov

Mois

2000 2001 2002 2003

Figure 4 : Evolution des précipitations mensuelles de 2000 à 2003

Ces figures montrent la très grande variation des précipitations mensuelles d'une année à l'autre. Dans de telles conditions le développement d'une agriculture complètement dépendante de la pluie se trouve compromis. Nos enquêtes sur le terrain ont coïncidé avec cette période d'incertitude car jusqu'au 03 juillet, les paysans attendaient toujours les premières pluies de la seconde saison pour pouvoir ensemencer les champs de coton, opération culturale prévue du 15 juin au 10 juillet. Ces aléas climatiques ont pour corollaire, la concentration des activités et donc des dépenses supplémentaires pour payer la main-d'oeuvre salariée. De plus, on assiste à des dégâts de cultures (pluies tardives détruisant les capsules de coton déjà ouvertes, plusieurs resemis, pourriture des récoltes).

350

300

250

200

150

100

50

0

2000 2001 2002 2003

Années

Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Aoû Sep Oct Nov

Figure 5 : Evolution des précipitations annuelles de 2000 à 2003

Cette situation fait que des activités prévues pour normalement s'étaler sur une période plus ou moins longues doivent désormais se dérouler en peu de temps entraînant ainsi des demandes supplémentaires de main-d'oeuvre si on veut rester dans les délais et atteindre ses objectifs de début de campagne.

4.4- CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES

La commune de Glazoué a une population qui s'élève à 90.475 habitants dont 46.917 femmes, soit 5 1,85% de la population de la commune (INSAE, 2003). Cette population est très jeune avec plus de 50% des moins de 15 ans. Cette situation traduit la dynamique d'une natalité très élevée. De ce fait, les ménages sont souvent de tailles élevées avec en moyenne 6 à 8 enfants par couple.

La majorité de la population vie en milieu rural et s'adonne aux activités agricoles et à l'artisanat. Ces activités mobilisent près de 85 à 90% de la population. Les 10 à 15% restant s'occupent du commerce.

La commune abrite plusieurs groupes socio - culturels dont les plus importants sont les idaatcha, les mahi, les fon, les nagot, les somba, les kotokoli, les adja, etc. Les ethnies majoritaires sont les idaatcha et les mahi qui sont les premiers autochtones de la région.

4.5- INFRASTRUCTURES COMMUNAUTAIRES

Le village Alawénonsa bénéficie de plusieurs infrastructures mises en place par diverses structures.

Sur le plan éducatif, le village dispose de 6 écoles primaires dont 2 de 6 modules chacune construite par la coopération japonaise. Les problèmes ici sont liés au manque d'enseignants si bien que les populations sont obligées de faire appel à des enseignants communautaires généralement peu qualifiés. Le village dispose également d'un collège d'enseignement général.

Sur le plan sanitaire, le village dispose d'un centre de santé public, d'une maternité, d'une unité villageoise de santé et de deux cliniques privées mises en place par des infirmiers. Tous ces centres sont peu fournis en matériels hospitaliers.

Sur le plan économique, on distingue :

- Un marché central qui s'anime tous les 5 jours et un marché de nuit où les bonnes dames vendent les condiments pour la cuisine.

- Un réseau téléphonique public avec 12 abonnés dans le village. La seule cabine publique

ne fonctionne plus. Pour téléphoner, les populations sont contraintes de faire recours à une cabine privée.

- Un réseau d'adduction d'eau construit par l'ONG Borne Fonderne auquel s'ajoute 2 puits publics à grands diamètres et des pompes manuelles assurent les besoins en eau des populations. On rencontre aussi dans certaines maisons des puits privés construits par les populations elles- mêmes.

- Le réseau routier est dans un état peu reluisant. En effet, le village est relié au centre ville

par une voie secondaire en terre qui subit une grande dégradation en saison pluvieuse. Cette situation ne facilite pas le déplacement des producteurs et des produits agricoles, ce qui fait augmenter les coûts de transport et un renchérissement des charges de post production. Outre cette voie, on note de nombreuses routes et pistes qui sont impraticables en saison de pluie.

- Le village ne bénéficie pas encore des installations du réseau électrique. Seuls quelques particuliers ont des groupes électrogènes pour assurer le fonctionnement de leur poste de télévision et des lampes électriques.

4.6- ACTIVITES ECONOMIQUES

La commune de Glazoué connaît un taux d'activité estimé en 2001 à 66,52% (Anonyme, 2001). Ce taux d'activité est le fait de deux secteurs : l'agriculture et le commerce.

Le secteur agricole (agriculture, élevage, pêche) occupe 48,2% (Anonyme, 2001) de la population active. Cette population produit notamment les spéculations telles que le maïs, l'arachide, le sésame, l'igname, le soja, le coton, l'anacarde, le riz et le manioc. L'élevage est peu développé dans la commune. Il s'agit souvent d'un élevage de case dont les résultats économiques ne sont pas perceptibles. Cependant, on note de plus en plus en engouement pour la cuniculture. Selon les éleveurs, cet élevage est prometteur car le lapin est très prolifique. L'activité halieutique est pratiquement inexistante à cause de l'absence de cours d'eau.

Les activités commerciales sont essentiellement soutenues par le marché de Glazoué, premier marché de collecte primaire de vivriers au Bénin. Ce marché est alimenté par une importante production agricole locale et régionale diversifiée. Ce marché à caractère international rassemble chaque mercredi environ 10.000 usagers venant du Zou-Nord, des autres régions du Bénin, mais aussi d'autres pays voisins en l'occurrence le Togo, le Burkina faso, le Niger, le Nigéria, voir la Côte d'Ivoire et le Gabon.

Le secteur secondaire est peu développé comme c'est la situation générale pour notre pays. Les importantes productions de coton dans le passé ont permis l'installation d'une usine d'égrenage par la Société Nationale pour la Promotion des Produits Agricoles (SONAPRA). Des industries manufacturières s'occupent de la transformation de noix d'anacarde.

On rencontre entre autres structures, un Centre d'Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER), la brigade de gendarmerie, les bureaux de l'office des postes et télécommunication, le centre de promotion sociale, la Caisse Locale de Crédit Agricole et Mutuel (CLCAM), les Caisses Rurales d'Epargne et de Prêt (CREP) et les Associations des Services Financiers (ASF).

CHAPITRE 5 :

CARACTERISTIQUES DES

SYSTEMES DE PRODUCTION

AGRICOLE

5.1- CULTURES ET SUPERFICIES EMBLAVEES

Pour l'ensemble de l'échantillon, le nombre de cultures pratiquées par exploitation varie entre 4 et 10 cultures. Aucun ménage ne produit moins de 4 cultures. La majorité des exploitations (88,68%) cultivent entre 5 et 8 cultures (tableau 8). Cette diversification agricole est liée dans une grande mesure aux aléas climatiques ; ce qui pousse les producteurs à diversifier leur production pour faire face au risque pluviométrique.

Tableau 8 : Répartition des exploitations en fonction du nombre de cultures pratiquées

Nombre de
cultures

A

Nbre1

Prop2 Nbre

B C D

Prop Nbre Prop Nbre

Prop

Ensemble Nbre Prop

4

0

0,00

1

4

0

0

0

0

1

1,89

5

2

12,50

2

8

1

14,28

2

40

7

13,21

6

5

31,25

10

40

1

14,28

2

40

18

33,96

7

4

25,00

6

24

4

57,14

1

20

15

28,30

8

3

18,75

3

12

1

14,28

0

0

7

13,21

9

1

6,25

2

8

0

0

0

0

3

5,66

10

1

6,25

1

4

0

0

0

0

2

3,77

 

Source : Enquêtes, 2004

64,15

52,83

77,36

43,4

22,64 2

2,64

100

81,13

84,91

92,45

Maïs Arachide Sésame Niébé Igname

Soja Manioc Coton Piment Voandzou

La figure 6 présente la proportion relative du nombre d'exploitations par culture. Elle montre la prépondérance des cultures que sont : le maïs, l'arachide, le sésame, le niébé, l'igname, le soja, le manioc et le coton. Notons ici que le coton est pratiqué par moins de la moitié des exploitations (43,40% des exploitations cultivent le coton).

Figure 6 : Proportion relative des principales spéculations cultivées dans l'échantillon

Lorsqu'on considère la superficie totale emblavée par culture (figure 7), on obtient pratiquement la même tendance. Les cultures telles que le manioc, le piment, le voandzou, le riz, la tomate apparaissent comme secondaires car elles représentent moins de 10% des superficies emblavées (9,12%) au cours de cette campagne. La figure 7 illustre cette situation générale.

49,5

158,8

54,5

59,27

30,521 ,510,36

108,94

81,73

90,16

Maïs Arachide Niébé Sésame Soja

Igname Coton Manioc Piment Voandzou

Figure 7 : Comparaison des superficies totales emblavées par spéculation

Les chiffres indiqués sur la figure sont les superficies totales emblavées par l'échantillon.

Nous constatons clairement que le maïs, l'arachide, le niébé, le sésame, le soja, l'igname et le coton sont les cultures qui occupent les plus grandes superficies. Il y'a cependant une dominance nette du maïs dont la superficie fait près de trois fois celle de l'igname et plus de trois fois celle du coton. Les figures 8 et 9 présentent les surfaces moyennes consacrées aux principales cultures en 2003. Elles confirment dans l'ensemble les résultats précédents.

Les spéculations les plus cultivées en première saison sont le maïs, le sésame, le niébé et l'igname. Le riz et l'arachide sont beaucoup moins cultivées au cours de cette saison. De plus, la superficie moyenne de chacune de ces spéculations varie d'un système de culture à un autre.

On peut retenir qu'en seconde saison, les spéculations les plus cultivées sont le coton, l'arachide d'abord, le maïs et le soja ensuite. Le riz n'est toujours pas cultivé en grande quantité.

Pour les exploitations produisant l'igname, les cultures importantes sont le maïs, le sésame et l'igname (plus de 75% des surfaces emblavées) en première saison.

Pour les exploitations produisant le coton, les cultures importantes sont le coton, le maïs et l'arachide (plus de 70% des surfaces emblavées) en deuxième saison.

Pour les ménages ne produisant pas le coton, les cultures importantes sont le maïs, l'arachide et le soja.

Pour les ménages ne produisant pas l'igname, les cultures importantes de la première saison sont le manioc, le maïs, l'arachide et le sésame. Ces quatre cultures occupent en moyenne plus de 94% des surfaces emblavées.

A B C D Ensemble

2,5

0,5

1,5

2

0

1

Ignam e Manioc Maïs Riz Arachide Niébé Sésam e

Figure 8 : Superficies moyennes emblavées par exploitation en première saison de cultures.

2,5
2
1,5
1
0,5
0

 
 
 

A B C D Ensemble

Figure 9 : Superficies emblavées par exploitation en seconde saison de cultures

Une analyse des superficies de coton et d'igname du système de cultures intégrant le coton et l'igname permet de conclure à une relation positive quant à l'allocation de la ressource terre. En effet, le coefficient de corrélation entre les superficies des deux cultures donne r = 0,50. Une augmentation de la superficie de coton s'accompagne aussi d'une augmentation de la superficie d'igname. Les deux spéculations ne se concurrencent donc pas au niveau de la contrainte terre. Ce résultat peut s'expliquer par deux raisons principales :

- Premièrement, la disponibilité de la terre fait que les producteurs peuvent emblaver les superficies dont ils sont capables d'ensemencer, si bien que la terre ne constitue pas véritablement une contrainte pour ces deux cultures.

- Deuxièmement, la période de récolte du coton nécessite assez de main-d'oeuvre salariée étrangère qui doit être nourrie. Or l'igname est le produit qui sert le plus souvent à cette alimentation. En prévision de cela, le producteur est obligé d'augmenter sa superficie d'igname lorsque sa superficie de coton doit augmenter. Ce constat est d'autant vrai que, pratiquement tous les producteurs font récolter leur coton par de la main-d'oeuvre salariée.

Cette analyse permet de confirmer en partie l'hypothèse n° 1 de la recherche qui stipule

qu'il existe une relation positive entre les deux spéculations.

5.2- VARIETES DES CULTURES PRATIQUEES

Le milieu paysan est un milieu ou foisonne un grand nombre de variétés pour des raisons diverses : durée du cycle de végétation, qualité organoleptique, résistance aux ravageurs, besoin en eau, productivité. Dans l'impossibilité pour le paysan de trouver pour chaque espèce une variété possédant toutes les qualités qu'il recherche, il s'adonne à la mise en place de plusieurs variétés possédant chacune au moins une de ces qualités. La plupart des variétés sont des variétés locales ou proviennent de croisement avec des variétés améliorées pratiquées il y a quelques années. De nos jours, les variétés améliorées concernent essentiellement le coton et dans une moindre mesure le manioc. Les paysans constituent leur stock de semences à partir des récoltes de la saison ou de l'année précédente. Les paysans confrontés au manque de semences en acquièrent par don ou par achat sur les marchés.

Parmi toutes les cultures, la plus grande diversité variétale se rencontre au niveau de l'igname. On note une dizaine de variétés (laboco, gnidou, kangni, ala, parakou, kokoro, florido, anago, mondji, djougou, tanguiéta, klatchi, gbaffo, léfé, etc). Certaines de ces variétés ont les mêmes origines mais ce sont beaucoup plus adaptées à d'autres régions (d'où les noms) et présentent donc actuellement des différences.

5.3- ASSOCIATION ET ROTATION CULTURALES

5.3.1- Association culturale

Bien que les associations de cultures soient encore présentes, les producteurs affirment que c'est une pratique qui est en recul actuellement. Sur le terrain, on note une grande dominance des cultures pures. Les associations rencontrées sont : Maïs - arachide, Maïs - soja, Maïs - sésame, Igname - gombo, Igname - mil.

De l'avis des producteurs, les trois premières associations permettent au maïs de bénéficier de la matière organique que produit la culture associée. L'association igname - mil se rencontre dans les campements peulh. Signalons ici que les peulhs vivent à l'écart et cultivent sur une même parcelle ces deux cultures qui rentrent dans leurs habitudes alimentaires.

Quant à l'association igname - gombo, il ne s'agit pas non plus d'une association en tant que tel car c'est généralement des champs d'igname avec des pieds de gombo épars.

D'une façon générale, on peut retenir que le système des associations culturales n'occupe pas une place importante dans les systèmes de production et est plutôt en déclin. LARES - APEIF (1996) avait déjà fait ce constat dans la commune de Glazoué où il a noté une dominance nette des cultures pures.

5.3.2- Rotation culturale

La rotation des cultures fait partie des stratégies qui permettent aux paysans de rationaliser l'utilisation de la terre. D'une façon générale les paysans utilisent la même terre pendant 5 à 7 ans avant de la laisser en jachère d'une durée variable entre 4 et 10 ans voir 15 ans. Mais cette durée de la jachère est aujourd'hui en nette diminution à cause de la culture du coton qui par l'utilisation des engrais permet de réduire le nombre d'années de jachère. De plus, avec le système de culture de l'anacardier, la pratique de la jachère est en disparition. En effet, une fois que la fertilité de la terre est supposée baissée et qu'il faut la laisser au repos, les producteurs y plantent l'anacardier, une plante pérenne.

Dans les anciens systèmes de production, l'igname était la principale culture placée en tête de rotation. De nos jours, avec le développement d'une agriculture de marché, on trouve en tête de rotation non seulement l'igname, maïs aussi souvent le coton et parfois, l'arachide et le niébé. Dans les exploitations qui n'ont pas assez de friches à mettre en valeur, seule l'igname est toujours placée en tête de rotation. L'igname continue d'occuper cette place pour plusieurs saisons : Tout d'abord, il s'agit d'une culture très exigeante en terres fertiles. Ensuite lorsqu'elle est cultivée après d'autres cultures, les rendements sont non seulement bas mais le désherbage demande assez de travail car les mauvaises herbes gênent beaucoup. Enfin, elle ne peut suivre une culture qui a bénéficié de l'engrais chimique (le coton par exemple) ; car ce faisant, on obtient un bon rendement mais des ignames de mauvaises qualités (accumulation d'eau et pourriture rapide).

Le système de rotation est pratiqué dans toutes les exploitations. Pour les paysans, en dehors de son effet sur les rendements, il évite le défrichement tous les ans pour toutes les cultures. Cela permet ainsi d'avoir des friches à disposition qui pourront être utilisées chaque année pour l'igname, qui elle ne supporte pas des années consécutives de culture.

5.4- LES TECHNIQUES DE PRODUCTION

5.4.1- Le défrichement

Il est évident que c'est la première opération culturale dans la mise en place des cultures. Il consiste à débarrasser le champ ou la parcelle de sa végétation. Il se fait toujours manuellement et est d'autant plus difficile qu'il y a assez d'arbustes sur le champ. C'est une activité essentiellement masculine généralement confiée à la main-d'oeuvre salariée. Cette opération culturale consomme entre 6 et 10 hommes-jour à l'hectare suivant la densité de la végétation présente. En moyenne, les paysans considèrent que cette opération culturale peut s'effectuer avec 7 ou 8 hommes-jour. Les outils utilisés au cours de cette activité sont : la machette (coupe-coupe), la hache et la pioche.

5.4.2- Le labour

Il intervient en début de saison des pluies après la première pluie significative. Il commence généralement vers la dernière semaine du mois de mars pour la grande saison et durant le mois de juin pour la petite saison des pluies.

A cause de sa pénibilité, c'est une activité essentiellement masculine le plus souvent confiée à la main-d'oeuvre salariée.

On distingue dans la région trois types de labour :

- Le labour en billon : le plus fréquent, il est réalisé sur les parcelles devant recevoir la plupart des cultures. Suivant la hauteur et le volume des billons, ce type de labour consomme entre 8 et 12 hommes-jour à l'hectare.

- Le buttage : ce type de labour est effectué pour l'igname et le manioc. Le buttage de l'igname nécessite 45 à 60 hommes-jour pour un hectare

- Le labour à plat : il est effectué uniquement pour le riz. Il consomme environ 15 à 20 hommes-jour par hectare.

Le labour se réalise à l'aide d'une daba (houe à grosse lame). La période de labour diffère selon les spéculations :

L'absence de la mécanisation fait que le labour représente toujours l'une des opérations culturales qui consomme assez de main-d'oeuvre dans le village.

5.4.3- Le semis

C'est une activité qui intervient juste après le labour durant la grande saison des pluies et de façon pratiquement simultanée durant la petite saison des pluies.

La manière de réaliser le semis diffère suivant les cultures :

42 - Il se réalise à l'aide du pied pour le coton. Une fois que le labour est réalisé, lors du semis, on enfonce la pointe du talon dans le sol pour creuser le poquet destiné à recevoir les semences. Après avoir déposé les semences, on referme le poquet toujours à l'aide du pied.

- Pour les céréales et les légumineuses, il se réalise également avec le pied et parfois à l'aide d'un bâton à bout pointu.

- Le semis du riz se réalise de trois façons :

· Semis en vrac : les graines sont éparpillées sur le lit de semence et recouvertes de terre.

· Semis en poquet : il se réalise à l'aide de la houe.

· Semis par repiquage : c'est le cas du riz de bas-fonds. Ici, on réalise d'abord une pépinière puis les plantules sont repiquées par la suite.

- La plantation de l'igname se fait à l'aide de la main. On creuse d'abord un trou dans la butte, on y dépose soigneusement le semenceau, on referme le trou puis on dépose un chapeau réalisé avec de la broussaille sur le sommet de la butte. Ce chapeau permet de conserver l'humidité dans la butte.

En dehors de la plantation de l'igname essentiellement réservée aux hommes, le semis des autres cultures est généralement confié aux femmes et aux enfants. Les femmes, à cause de leur aptitude à la procréation inciteraient le pouvoir germinatif des semences alors que les enfants sont les plus actifs dans cette activité du fait de leur rapidité dans les jambes.

Les semences pour le semis sont prélevées sur les récoltes de la saison antérieure. Afin de s'assurer un bon rendement, le producteur, à la fin de la saison, réserve les meilleures graines pour la saison suivante. Au début de la nouvelle saison, le stock de graines est soigneusement trié pour ne retenir que des semailles de bonnes qualités. Cette étape est très déterminante dans l'installation des céréales et légumineuses.

En ce qui concerne l'igname, le semenceau utilisé a plusieurs origines :

- Les tubercules de deuxième récolte pour les variétés à deux récoltes : Pour se

garantir un stock de semences, lors de la première récolte, le paysan ouvre la butte d'un côté, réalise une incision nette tout juste au-dessus de la tête du tubercule, enlève le tubercule et referme soigneusement le trou. Grâce à son aptitude à la multiplication végétative, la tête du tubercule laissée en place, développe de petits tubercules appelés semenceaux qui seront utilisés comme semence lors de la mise en place de la nouvelle plantation d'igname.

- La tête ou même le fragment de tubercules pour les variétés à une seule récolte : Pour ces variétés, déjà à la récolte, le paysan constitue le stock des tubercules qui serviront à la plantation prochaine. Il a été prouvé que pour ces variétés, les semenceaux limitent considérablement la production. Le paysan a le choix difficile entre étendre son exploitation en se privant de réaliser

43 des économies à court terme, ou réduire sa propre consommation et satisfaire ses besoins du moment et, dans cette situation, il doit maintenir constante la taille de son exploitation dans le meilleur des cas, sinon, réduire cette dernière.

En terme de main-d'oeuvre, les besoins varient suivant les cultures. Ils sont estimés à 2 voir 3 hommes-jour /ha pour le sésame et le niébé ; 4 hommes-jours pour le maïs et l'arachide. l'igname est la culture qui demande plus de main-d'oeuvre pour sa plantation, jusqu'à 25 hommes-jour.

5.4.4- La fumure

La fumure pratiquée à Alawénonsa est essentiellement minérale. Une seule exploitation de notre échantillon pratique la fumure organique (bouse de vache).

Les cultures qui bénéficient de la fumure sont le coton, le maïs, le riz, le piment et la tomate.

Si dans toutes les exploitations où il est présent, le coton bénéficie systématiquement de la fumure, il n'en est pas de même pour les autres spéculations. Les doses moyennes d'engrais appliquées sont présentées dans le tableau 9.

Tableau 9 : Doses moyennes d'engrais (Kg/ha) appliquées par les producteurs

NPK URRE

Moyenne Ecart type Mini Maxi Moyenn Ecart type Mini Maxi

e

Coton

131,95

25,35

85,7

150

49,65

5,35

33,35

66,65

Maïs

47,80

26,60

20,0

100

41,65

14,4

0,33

50,00

 

Mini = minimum et maxi = maximum

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 9 montre bien qu'en dehors du coton pour lequel les producteurs essaient de respecter les doses ( à savoir 150 Kg de NPK et 50 Kg d'Urée), il n'en est pas de même pour le maïs et le riz. Pour ces deux dernières cultures, on assiste à un sous dosage. Apparemment, aucune exploitation ne fait du surdosage. Pour le riz en particulier, seulement deux producteurs enquêtés utilisent des engrais chimiques, d'où il ne nous a pas paru important de mentionner cela dans le tableau. Cette situation s'explique par le fait que l'engrais coton est vendu à crédit, ce qui n'est pas le cas pour l'engrais utilisé pour le maïs et le riz pour lesquels les producteurs doivent payer au comptant. Or, il est de toute évidence que l'investissement dans l'agriculture de subsistance est très faible.

Le sous dosage des engrais est donc une pratique courante dans le village et cela n'est pas sans effets néfastes sur les rendements.

La période de fumure vient après le semis pour la fumure de fond (NPK) et durant la phase active de végétation pour l'urée.

Tout comme le dosage, la période d'épandage n'est pas respectée. La période de fumure du coton prévue du premier au quinzième jour après semis pour la fumure de fond se fait généralement plus tard. De plus, certains producteurs font une seule fumure en mélangeant l'Urée et le NPK pour réduire le nombre de journées de travail. Pour ces producteurs, les résultats seraient les mêmes que si on faisait deux fumures séparées. Alors, pourquoi utiliser plus de main-d'oeuvre pour un même résultat ?

La fumure nécessite en moyenne 2 hommes-jour pour un hectare.

5.4.5- Le sarclage

Le sarclage consiste à débarrasser le champ des plantes adventices afin de faciliter le développement des cultures. Le nombre de sarclage varie suivant les cultures et les saisons.

D'une façon générale, on réalise plus de sarclage en grande saison (deux ou trois sarclages) qu'en petite saison (un ou deux sarclages). En petite saison, la simultanéité du labour et du semis fait que les cultures prennent une sérieuse avancée sur les plantes adventices.

La demande en travail pour un sarclage est de 8 à 10 hommes-jours pour les céréales et les légumineuses, 10 hommes-jours pour le coton et 10 à 15 hommes-jours pour l'igname.

5.4.6- La protection phytosanitaire

Elle consiste à lutter contre les ravageurs des cultures. A Alawénonsa, seulement deux cultures : le coton et le niébé bénéficient de cette protection. Le programme de traitement en vigueur est basé sur six traitements tous les 14 jours à partir du 50ème jour après la levée des plants.

Les données recueillies montrent que d'une manière générale, les producteurs essaient de respecter les doses recommandées (tableau 10). Cependant, il y'a certains producteurs qui confrontés à des problèmes, vendent une partie de leurs insecticides à vil prix à des producteurs de niébé.

En ce qui concerne les dates des traitements, elles ne sont pas le plus souvent respectées. On note des retards, toute chose qui a des effets néfastes sur le rendement.

Le ravitaillement des producteurs en insecticides se faisait au niveau de la SDI (Société Distributrice d'Intrants) par le biais de leur GV (Groupement Villageois) et de l'UCP (Union Communale des Producteurs, ex USPP) jusqu'à la campagne 2003 - 2004. Mais actuellement, c'est la société DEFIS qui s'en charge.

Concernant le niébé, un insecticide : le kinikini a été conçu pour lutter contre les ravageurs. Les paysans ont jugé cet insecticide inefficace et utilisent les insecticides coton pour le traitement du niébé. Cependant, ces insecticides ayant été conçus pour lutter contre les ravageurs du coton, une culture non alimentaire, les utiliser pour le niébé ne pose t-il pas un danger certain pour les consommateurs ?

Pour se procurer les insecticides destinés au traitement du niébé, les paysans en achètent auprès des sociétés distributrices d'intrants qui laissent des intrants auprès de commerçants dans le centre ville de Glazoué ou alors, ils utilisent une partie de leur insecticide coton ou bien encore ils achètent les insecticides coton sur le marché parallèle auprès de producteurs qui ont demandé plus qu'il leur faut ou ceux confrontés à des problèmes d'argent.

Les doses moyennes d'insecticides (l/ha) sont présentées dans le tableau 10. Tableau 10 : Doses moyennes d'insecticide appliquées

Cultures

Moyenne

Ecart type

Minimum

Maximum

Coton

5,98

0,82

4

8

Niébé

3,41

2,64

1

18,18

 

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 10 montre très peu de différences au niveau des doses pour le coton. En ce qui concerne le niébé, il y'a une très grande variation des doses. En effet, le niébé ne bénéficie d'aucune stratégie de lutte contre les ravageurs. Chaque producteur traite son champ de niébé lorsqu'il estime que celui-ci est menacé par les ravageurs. De même, il tient grandement compte des moyens financiers dont il dispose.

Selon les paysans, le traitement n'est pas exigeant en main-d'oeuvre car il est possible de traiter un hectare de coton en une heure.

5.4.7- La récolte

Elle intervient en principe dès la maturité du fruit. Elle couronne les efforts et les investissements du producteur. Tous les membres de l'exploitation (hommes, femmes, enfants) y participent dans une ambiance conviviale. On note cependant une certaine spécialisation ; alors que les hommes s'occupent le plus souvent de la récolte des ignames, du manioc et du riz, les femmes et enfants s'appliquent pour la récolte du coton, du maïs, de l'arachide, du niébé, du soja et du sésame.

Bien qu'elle se déroule dans une ambiance conviviale, la récolte est une opération qui demande assez de main-d'oeuvre. Les producteurs ont donc recours à la main-d'oeuvre salariée. Celle-ci est constituée de femmes du village ou de manoeuvres immigrants venus du nord. En dehors du coton, du soja et de l'arachide dont les récoltes sont rémunérées en espèce, les aides et

46 la main-d'oeuvre salariée de la récolte des autres cultures sont gratifiées d'une partie de la récolte à laquelle elles ont participée, en plus des repas et des boissons partagés durant l'opération.

5.5- CALENDRIER AGRICOLE

C'est la succession des différentes activités agricoles dans le temps. Ces activités sont présentées par spéculation. Le tableau montre que la période qui concentre les activités est celle marquant la fin de la première saison et le début de la seconde saison. En effet, pendant cette période, il faut achever la récolte des cultures de la première saison et entamer les travaux de préparation du sol, de labour et de semis des cultures de la seconde saison.

Il faut noter que ce calendrier n'est pas figé dans le temps et connaît assez de variation pour des raisons déjà évoquées dans le chapitre 4 (voir paragraphe sur le climat).

De ce calendrier agricole, il n'est pas possible de faire une différence très nette entre les deux saisons de cultures à cause du rapprochement des deux saisons de pluies et le raccourcissement de la durée de la petite saison sèche. C'est d'ailleurs ce qui provoque la concentration les activités dans la période comprise entre les deux saisons.

D'une façon générale, nous pouvons retenir les points clés suivants, concernant les activités qui mobilisent le plus la main-d'oeuvre :

- Les activités de labour interviennent en mars, avril et mai pour la première saison puis en juin, juillet et août pour la seconde saison de cultures.

- Les sarclages couvrent les mois de mai, juin, et juillet pour la première saison puis juillet aoûts et septembre pour la seconde saison de production.

- Les activités de récoltes s'étalent respectivement sur les mois de juillet et août puis d'octobre et novembre pour la première et la seconde saison de cultures.

Tableau 11 : Calendrier cultural des activités agricoles

Cultures

Sep Oct Nov Déc Jan Fév Mars Avril Mai

Juin

Juil

Août

Sep

Oct

Nov

Déc

Igname

1 1+2 2 2+3

3

3

 

4

4

4

7

4+7

7

7

7

7

 
 
 
 
 
 
 
 

7

 
 
 
 
 

Maïs

 
 
 

1+2

2+3

4

4

1*+2*+3*

7

4*

 

7*

7*

 
 
 
 
 
 
 
 
 

7

 
 
 
 

Arachide

 
 
 

1+2

2+3

4

4

7

1*+2*+3*

4*

4*

7*

7*

 
 
 
 
 
 
 
 

6+7

7

 
 
 
 

Niébé

 
 
 

1+2

2+3

4+6

4+6

1*+2*+3*

2*+3*

4*+6*

4*+6*

6*+7*

 

Sésame

 
 
 

1

2+3

4

4

7

7

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4

4

 

7

7

 

Riz

 
 
 
 

1+2

2+3

4

1*+2*

2*+3*

4*

4*

4*

7*

Coton

 
 
 
 
 
 

1*+2*+3*

3*+4*+5*

4*+5*+6*

4*+5*+6*

4*+6*

7*

7*

Soja

 
 
 
 
 
 

1*+2*

2*+3*

3*

4*

4*

7*

7*

Voandzou

 
 
 
 
 
 
 

1*+2*+3*

2*+3*

4*

4*

7*

7*

 

Source : Enquêtes, 2004

Légende :

1 = Défrichement / Préparation du sol 5 = Fumure

2 = Labour / Buttage 6 = Protection phytosanitaire

3 = Semis / Plantation 7 = Récolte

4 = Sarclage * = Symbole indiquant les activités de la deuxième

saison

5.6- DYNAMIQUE DE LA PRODUCTION AGRICOLE

Ce sous chapitre concerne l'évolution historique dans le choix des spéculations par les paysans pour satisfaire leurs besoins et les opportunités économiques offertes par le marché. L'absence d'une base de données oblige à se contenter des propos recueillis auprès de personnes ressources. De nos entretiens, nous pouvons retenir que, non seulement la surface cultivée a beaucoup augmenté mais aussi, les cultures pratiquées ont connu assez d'évolution.

Historiquement, l'alimentation des populations d'Alawénonsa est basée sur l'igname, l'arachide, le sésame et le maïs. L'igname était souvent pilée et accompagnée de la sauce d'arachide alors que la patte de maïs était associée à la sauce de sésame enrichie de légumes feuilles. Ces habitudes alimentaires demeurent jusqu'à nos jours, ce qui fait que les quatre cultures occupent toujours une place importante dans les systèmes de production.

Avec le développement du marché des produits vivriers, suite à l'augmentation de la démographie dans les villes (surtout la ville de Cotonou), l'arachide et l'igname sont devenues pratiquement des cultures de rente. Cette situation a stimulé les paysans à produire davantage ces deux cultures.

· L'igname :

C'est la culture ancestrale par excellence qui occupent une place dans les traditions si bien qu'on lui associe même une fête : la fête de l'igname (le 15 août de chaque année). Elle est le premier produit alimentaire de la région. Sa culture a connu une progression des superficies puisqu'il fallait satisfaire des demandes de plus en plus élevées en contraste avec des rendements qui ne cessent de baisser. Deux types de variétés, les unes précoces et les autres tardives sont cultivées. Cette combinaison de variétés permet d'assurer l'alimentation durant une grande partie de l'année. Signalons qu'aux variétés traditionnelles est venue s'ajouter une variété d'origine ivoirienne, mise au point avec l'aide de le recherche : la variété Florido que les paysans appellent igname sauvage parce qu'elle donne de gros tubercules.

L'igname a dominé les systèmes de cultures jusqu'aux années 80. C'est elle qui occupait les plus grandes superficies et fournissait des tonnages élevés dans le régime alimentaire des populations. Bien qu'elle occupe toujours une place de choix, elle est aujourd'hui talonnée, si non devancée et même distancée par le maïs et l'arachide.

· L'arachide :

C'est une culture aussitôt adoptée après son introduction dans les premières années d'après guerre. Produit très tôt entré dans les habitudes alimentaires, car accompagnant souvent l'igname dans la consommation, l'arachide est aujourd'hui cultivée à la fois comme culture de rente et culture vivrière. Elle est commercialisée sous forme de grains ou après transformation.

50 Les produits issus de la transformation sont les beignets d'arachide « klui-klui » et l'huile d'arachide. Deux types de variétés sont cultivés : une à gros grains et à péricarpe tirant sur le rouge au vin et l'autre aux grains petits et à péricarpe plus rosé. La seconde variété est originaire de la localité alors que la première est une variété étrangère ou introduite qui s'est adaptée aux conditions du milieu.

· Le maïs :

C'est le second produit alimentaire du village. Sa production a surtout connu son essor avec le développement du coton. En effet, bien que le maïs soit cultivé depuis longtemps, il était pratiqué sur de petites superficies pour les besoins de subsistance. Son développement s'est vu ensuite confronté à la pauvreté des terres. L'adoption de la culture du coton qui permettait aux paysans de faire bénéficier les autres cultures des arrières effets de la culture cotonnière ou alors de détourner une partie des engrais coton pour les utiliser à d'autres cultures a permis de relancer la culture du maïs. C'est actuellement le produit vivier le plus cultivé dans la zone. D'ailleurs, c'est la seule culture qui soit pratiquée par tous les enquêtés. Le système de culture actuelle est essentiellement la culture pure. Si dans le passé, il y a eu des associations avec le manioc, l'arachide ou le niébé, aujourd'hui, ces associations se rencontrent peu.

· Le sésame :

C'est l'une des cultures traditionnelles des populations. Elle fait parti des habitudes alimentaires et sert à préparer la sauce. Les paysans en produisent pour leur propre consommation et la commercialisation. Cependant, ne bénéficiant d'aucun soutien, ni de la part de la recherche, ni de la part des décideurs politiques, sa production est restée localisée et elle n'a pas connu de promotions. De ce fait, les rendements sont restés stationnaires ( il n'y a pas de variétés sélectionnées et on n'utilise pas des engrais). Ainsi, la production connaît une croissance lente.

A ces quatre cultures traditionnelles s'ajoutent d'autres cultures telles que le soja, le coton, le riz, le niébé.

· Le coton :

Le coton s'est implanté en pays mahi dans la période postérieure à 1945. La première culture s'est vue associée dès ses débuts à l'igname, culture favorite des paysans. Le but poursuivi dans cette association est de créer un cadre favorable au décollage de cette culture. Plus précisément, il s'agissait de mettre le coton dans les conditions qui lui permettent de bénéficier des grâces dont jouit le tubercule en terme d'entretien des parcelles et d'importance de la superficie à lui consacrée. Bien que les débuts ait été très difficiles et jalonnés d'échec, le

51 coton occupe aujourd'hui une bonne place dans les systèmes de culture, si ce n'est pas que récemment des problèmes institutionnels soient en train de nuire à la filière.

Cultivé de façon intensive avec l'utilisation des engrais et pesticides, le coton s'est alors imposé comme la première culture de rente dans la région. Véritable source de revenus, dans un passé très récent, il a permis aux populations de faire d'importantes réalisations au niveau de leur exploitation et dans les villages qui en produisent. Dans la commune de Glazoué, les superficies emblavées ont connu une augmentation soutenue jusqu'à la campagne 1999-2000 avant de décroître brusquement, et depuis cette période, les superficies ne cessent de baisser. Plusieurs causes sont à l'origine de cet état de chose :

- Tout d'abord, les aléas climatiques avec les irrégularités des pluies constituent un casse-

tête pour les producteurs. Ces aléas climatiques sont à l'origine de baisses de rendements malgré les efforts de la recherche qui met des variétés hautement productives à la disposition des paysans.

- Ensuite, la qualité des intrants agricoles (engrais et insecticides) pose quelques problèmes.

De l'avis des paysans et de certains agents du CARDER, les intrants ne sont plus efficaces comme dans le passé. Loin d'être un problème de la recherche ; l'inefficacité est liée à la qualité douteuse des insecticides en particulier. Bien que les caractéristiques des intrants soient connues des sociétés distributrices d'intrants, celles-ci mues par leurs intérêts, fournissent aux producteurs des intrants dont nul ne contrôle la qualité. Enfin, la mauvaise gestion des groupements villageois et la malhonnêteté de certains

producteurs sont aussi des causes qui entraînent le recul de la production cotonnière dans le milieu. La malhonnêteté est l'oeuvre des producteurs qui prennent les intrants et au lieu de les utiliser pour la production de coton, les utilisent pour d'autres cultures ou au pire des cas, les vendent à d'autres. A ceux-là s'ajoutent aussi ceux qui pour une raison ou une autre n'arrivent pas à bien entretenir leurs champs et donc font faillite. Etant donné que les intrants sont achetés à crédits et les montants correspondants au crédit de tout le GV, récupéré par l'UCP/CAGIA, cette situation à des répercussions sur tous les membres du GV. Ainsi, des producteurs qui ont normalement honoré à leurs engagements se voient payer la dette d'autrui et se trouvent dans l'impossibilité de rentrer dans leurs fonds. Cette situation a amené certains producteurs à laisser tomber la production de coton.


· Le soja :

Il s'agit d'une culture qui prend de plus en plus de place dans les exploitations. Bien qu'il ne fasse pas parti des habitudes alimentaires et que les populations n'en consomment pratiquement pas, sa culture connaît une nette progression depuis son introduction dans la région.

52 Cette évolution est surtout liée au recul de la production cotonnière dans le village. Il s'est imposé comme une culture de rente. De plus, le système de culture actuel est tel que les producteurs n'utilisent pas d'intrants (engrais et insecticides). Sa culture exige donc moins de capitaux et le prix de vente acceptable font que les paysans lui accordent une grande importance.


· Le riz :

Bien que la commune de Glazoué soit l'une des communes produisant assez de riz au Bénin, le riz est très peu cultivé dans le village Alawénonsa. La raison fondamentale de cet état de chose est l'absence de bas-fonds. De plus le riz est une spéculation dont la culture exige assez de travaux de puis la préparation du sol jusqu'à la récolte. Pour ces deux raisons donc, le riz est très peu cultivé dans le village.

5.7- LES FACTEURS DE PRODUCTION

Nous discuterons ici des trois principaux facteurs de production que sont la terre, le travail et le capital.

5.7.1- La terre

Dans l'agriculture africaine, la terre représente un élément très important de la production car l'augmentation des productions agricoles n'est pas fonction des rendements mais plutôt de l'extension des superficies. A Alawénonsa, la terre ne semble pas encore limiter la production agricole. En effet, les friches sont encore disponibles et les producteurs, surtout les autochtones peuvent y accéder plus ou moins facilement.

Les modes d'accès à la terre rencontrés sont l'héritage et le don ; ce qui montre que la terre ne se vend pas encore dans le village ( figure 10 ).

17% 2 %

81%

Héritage Don Héritage + don

Figure 10 : Importance des différents modes d'accès à la terre

La figure 10 montre que le mode d'accès prépondérant est l'héritage. La terre est donc ici un bien patrilinéaire qui se transmet de père en fils, mais on peut également en faire don à d'autres personnes notamment les étrangers qui viennent s'installer dans la région.

Bien que la terre ne soit pas un facteur limitant de la production dans le village, les superficies emblavées sont limitées car elles dépendent de la main-d'oeuvre disponible et du stock de capital. La superficie moyenne emblavée pour les cultures sarclées varie d'une catégorie d'exploitation à une autre et au sein d'une même catégorie suivant que l'on se trouve en grande ou en petite saison de pluie (tableau 12 ).

Tableau 12 : Superficie moyenne emblavée (en hectare) par catégorie d'exploitation en 2003.

Saisons A B C D Ensemble

Grande saison de 6,983 (4,74) 6,130 (3,88) 6,040 (2,85) 5,120 6,180

pluie (2,42)

Petite saison de 6,333 (5,77) 5,925 (4,15) 7,130 (2,18) 4,300 6,277

pluie (1,74)

Ensemble de l'année 13,316 (10,27) 12,055 (7,39) 13,170 (4,82) 9,420 12,457

(3,86)

 

Source : Enquêtes, 2004

Il est à retenir du tableau 12 que les systèmes de cultures qui intègrent le coton ou l'igname ou les deux à la fois sont celles qui emblavent les plus grandes superficies. Les écarts types montrent qu'il existe des différences entre les différentes superficies notamment pour la catégorie A. C'est surtout pour cela que lors de la modélisation des exploitations de la catégorie A, il sera pris en compte non seulement l'exploitation moyenne mais aussi les plus grandes exploitations et les plus petites exploitations.

Les superficies réservées aux plantations d'acajou varient également suivant les exploitations. L'implantation de plantations dans le cas du don est possible avec l'accord du propriétaire terrien. La superficie moyenne d'anacarde est de 6,169 ha avec un écart type de 4,847 ha. Seules deux exploitations, soit 3,77% n'ont pas de plantations de noix d'anacarde.

5.7.2- Le travail

Contrairement à la terre, la main-d'oeuvre semble constituer un facteur limitant de la production. En effet, avec le développement de l'individualisme et la recherche de profits par les jeunes, les familles se nucléarisent tôt. Les jeunes hommes deviennent vite indépendants et installent leurs propres champs. Le nombre moyen d'actifs agricoles est par conséquent faible. En moyenne, on a 4 ou 5 actifs agricoles par ménages avec 50% de femmes. Ces actifs sont généralement composés du chef de ménage, de ses épouses, d'un ou de deux enfants ou parents actifs. Ces actifs sont aidés pendant les vacances et les jours de repos par les enfants en âge de travailler.

Pour faire face au surplus de travail, les exploitations sont contraintes de faire appel à la main-d'oeuvre salariée. On distingue à cet effet, deux types de salariat :

- La main-d'oeuvre salariée permanente : elle est recrutée pour une année de culture. Ces travailleurs sont logés, nourris et soignés par l'exploitant. A la fin de l'année, ils sont rémunérés en espèce. Cette main-d'oeuvre permanente a une moyenne d'âge de 21 ans avec une variation comprise entre 10 et 31 ans. La rémunération annuelle varie entre 50.000 et 120.000 francs CFA pour une moyenne de 89.000 francs CFA.

- La main-d'oeuvre temporaire : c'est une main-d'oeuvre payée à la tâche. Elle est en principe sollicitée lorsque le producteur est confronté à un surplus de travail en période de pointe. Les activités pour lesquelles elle est le plus demandée sont le défrichement, le labour, la récolte et parfois le sarclage. La rémunération de cette main-d'oeuvre est calculée en fonction du travail

Cette main-d'oeuvre a trois sources principales :

- Les immigrants venus du Nord du pays à qui l'on confie généralement le défrichement et le labour ;

- Les jeunes actifs du village ou des villages voisins ayant déjà terminés les travaux sur leurs exploitations ou à la recherche de capital pour effectuer des travaux sur leur champ, s'occupent le plus souvent du sarclage et quelque fois du labour et du défrichement ;

- Les femmes du village : elles sont utilisées pour la récolte des céréales et légumineuses. Elles sont plus habiles et offrent un rendement de travail plus élevé ici que celui des hommes.

La dotation des différents systèmes de cultures en actifs agricoles est présentée dans le tableau. L'activité principale des ménages étant l'agriculture (98,11% des ménages ont cette occupation comme activité principale), il est important de voir la disponibilité de ces ménages en actifs agricoles (tableau 13). Ces nombres sont des moyennes calculées à partir des actifs agricoles de chaque système de cultures.

Tableau 13 : Répartition des actifs agricoles par catégorie de ménage.

Catégories

Homme

Femme

Total

A

2,44

2,75

5,18

B

2,40

2,52

4,92

C

2,43

2,28

4,72

D

1,60

1,60

3,20

Ensemble

2,34

2,47

4,81

 

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 13 révèle qu'en moyenne, il y'a autant de femmes actives que d'hommes actifs dans les activités de production agricole quelle que soit la catégorie considérée. De plus, la dotation en actif est décroissante de la catégorie A à la catégorie D.

L'effort dans les activités agricoles étant lié au sexe et à l'âge des travailleurs, des coefficients de conversion de la force de travail ont été estimés. Ces coefficients seront notamment utilisés dans les modèles lors de la détermination des disponibilités en main-d'oeuvre. Les résultats obtenus sont indiqués dans le tableau 14. La référence est l'homme-jour dont le coefficient est égal à un pour chacune des activités culturales.

Tableau 14 : Coefficients de conversion de la force de travail

 
 
 

Enfants : 10 - 15 ans

Enfants : < de 10 ans

Activités

Homme

Femme

Garçons

Filles

Garçons

Filles

Défrichement

1

0

0

0

0

0

Labour

1

0

0,25

0

0

0

Buttage

1

0

0,125

0

0

0

Semis

0,83

0,8

1

1

0,5

0,25

Plantation

1

0

0

0

0

0

Démariage

0,75

0,5

1

0,75

0,5

0,33

Sarclage

1

0,5

0,25

0,125

0,125

0,10

Fumure

1

0

0,5

0

0

0

Protection

1

0

0

0

0

0

Récolte

1

1

0,5

0,5

0,25

0,25

 

Source : Enquêtes, 2004

5.7.3- Le capital

Il est certain de nos jours que le retard que connaît l'agriculture africaine est lié entre autre à l'insuffisance de capitaux à investir. Ce facteur de production représente donc un goulot d'étranglement dans les exploitations agricoles. Il sera ici question des capitaux propres et du crédit.

5.7.3.1- Les capitaux propres

Les capitaux propres investis par les producteurs proviennent en tout premier lieu de la production végétale. Les spéculations qui fournissent ces capitaux sont l'igname, le maïs, le soja, l'arachide et le sésame. En dehors de la production végétale, les producteurs obtiennent des capitaux à partir de la vente des animaux d'élevage de case et des activités extra agricoles (petit commerce, artisanat).

D'une manière générale, ces fonds propres sont insuffisants pour financer la production agricole. Les statistiques montrent que 90,56% des exploitations enquêtées veulent agrandir leurs exploitations mais ne disposent pas des moyens financiers pour le faire.

5.7.3.2- Le crédit

Le crédit rural est perçu aujourd'hui, comme un puissant moyen de sortir les pauvres ruraux de leur état de pauvreté. A Aklamkpa, les producteurs ne bénéficient pas encore de cet avantage du microcrédit. En effet, aucune structure de crédit n'est présente dans l'arrondissement. La seule CREP ne fonctionne plus depuis plusieurs années pour cause de mauvaise gestion. La CLCAM prête difficilement aux populations, faute de garantie de la part de cette dernière. Le crédit de campagne n'existe plus en dehors des intrants coton dont les coûts ne cessent d'augmenter et qui sont fournis par des sociétés privées de distribution. En effet, depuis que la filière coton connaît une privatisation de certaines de ses structures, le partenariat qui permettait à la CLCAM de passer de l'argent aux producteurs par le biais de leur GV n'existe plus. Les producteurs qui obtiennent actuellement des crédits de la CLCAM le font sur leur propres engagement, ce qui limite le nombre de bénéficiaires.

En dehors de la CLCAM, trois autres sources de crédits existent dans le village. Premièrement, nous avons les tontines entre producteurs. Ces tontines permettent aux producteurs de constituer une épargne qui est ensuite prêtée aux membres du groupe qui le désirent. Deuxièmement, nous avons les crédits par achat à l'avance. Ici, des commerçants donnent des avances aux producteurs, afin qu'ils puissent effectuer les activités agricoles. A la récolte des produits, ces commerçants viennent acheter auprès des producteurs en contre partie des montants dus. Bien que ces crédits soient sans intérêt, les paysans y perdent beaucoup car à la récolte, les commerçants leur achètent les produits à vil prix. On pourrait même dire qu'ils viennent pour ramasser la production des paysans. Troisièmement, nous avons l'usure qui représente un véritable système de ruine des paysans par les personnes ou d'autres paysans qui disposent d'un peu de moyens dans le village. Les caractéristiques de ces différents crédits sont présentées dans le tableau 15. On constate que 41,50% des enquêtés ont accès à une source de crédit mais que seulement 5,66% ont accès à une source de crédit formelle (CLCAM). Le tableau 16 montre aussi le véritable étau compresseur que représente le système d'usure qui pratique des taux d'intérêts exorbitants. Pire, lorsque à la fin de l'année, le paysan emprunteur ne parvenait pas à rembourser le crédit et les intérêts, l'usurier considère qu'il lui a emprunté une nouvelle somme constituée des arriérées et intérêts dus.

Tableau 15 : Caractéristiques des crédits

Source de Nombre Taux Avantages Inconvénients

crédits d'exploitation d'intérêt

 

CLCAM

Tontine

3
(5,66%)

3
(5,66%)

24 - Taux d'intérêt

relativement faible

- Taux d'intérêt 15 faible

- Remboursement non contraignant - Pas de garantie

Exige une garantie et donc non accessible à tous les paysans

Nécessite une privation antérieure du paysan souvent difficile à réaliser compte tenu des besoins et des disponibilités

 

Source de Nombre Taux Avantages Inconvénients

crédits d'exploitation d'intérêt

 

10

33 à 100,

Possibilité d'avoir le

- Taux d'intérêt trop élevé

Usure

(18,86%)

mais souvent

crédit sans trop d'exigences

- Système nuisible au paysan

 
 

100

 
 
 

4

0

Pas d'intérêt à payer

Les produits de la récolte

Commerçants

(7,5 5%)

 
 

sont bradés jusqu'à l'équivalent du crédit

 
 

0 pour

Pas d'intérêt à payer

Non accessible à tous

Autres (frère,

2

parent et

 
 

ONG)

(3,77%)

14 pour

 
 
 
 

ONG

 
 

Total

22

-

-

-

 

(41,50%)

 
 
 
 

Source : Enquêtes, 2004

5.9- PRODUCTIONS, RENDEMENTS ET CONSOMMATION

5.9.1- Les productions

Elles correspondent aux productions moyennes des exploitations pour chaque spéculation. Ces productions sont obtenues par les paysans après des récoltes progressives (cas de l'igname et du manioc) ou successives (cas du piment, de la tomate, du niébé) ou encore uniques (cas du maïs, du riz, de l'arachide, du sésame). Le tableau 16 présente les productions moyennes par spéculation. Le tableau 16 montre qu'il existe une très grande variation concernant la production de chaque spéculation. Les cultures les plus produites sont les ignames, le maïs, l'arachide et le soja.

5.9.2- Les rendements

Les rendements représentent un indicateur clef de performance et de l'efficacité des efforts et techniques de production. En dehors des aléas climatiques qui influencent énormément le rendement, celui-ci permet aux producteurs de prendre des décisions importantes. En effet, il permet d'avoir une idée sur la stratégie de production et de l'allocation des ressources dont on dispose.

Toutefois, l'agriculture Ouest africaine, caractérisée par une sous-utilisation d'intrants agricoles extérieurs à la production, est marquée par des rendements de plus en plus bas. De plus, ces rendements déjà faibles, sont perturbés par des précipitations irrégulières. Dans ce contexte, on se demande, si de tout temps, les producteurs concernés ne développent qu'une stratégie de diversification afin d'avoir une production minimale pour leur survie. Ainsi, la rationalité qui fonderait les paysans ne serait pas une rationalité économiquement objective mais plutôt subjective. Cependant, cette rationalité dans la production serait d'une grande objectivité si on la place dans le contexte social.

C'est l'une des raisons pour lesquelles, pour développer notre agriculture, nous ne devons plus compter sur la production des paysans. En effet, les paysans produisent d'abord pour leur consommation et c'est seulement près cela qu'ils regardent vers le marché. Il faudrait donc qu'un vrai processus de développement agricole soit mis en place pour susciter l'installation d'exploitants agricoles capables de satisfaire les besoins du marché.

Le tableau 17 présente les rendements estimés des différentes cultures rencontrées. Ces rendements sont calculés à partir des productions et des superficies emblavées, recueillies au niveau des producteurs.

Tableau 16 : Production moyenne (en Kg) des cultures principales par exploitation

A B C D Ensemble

Cultures Moy Ecart Moy Ecart Moy Ecart Moy Ecart Moy Ecart

type type type type type

Coton 1483, 684,0 - - 1377,1 1212,8 - - 1451,3 850,1

7

Igname Pilée 4118, 3608,5 3492,1 3362,7 - - - - 3722,8 4320,2

2

Igname 8629, 8488,1 6354,1 4733,3 - - - - 7242,1 6459,3

ordinaire 5

 

Maïs

4393,

5489,0

3497,3

3283,0

2737,1

1446,7

2798,0

2035,4

3601,3

3819,2

 

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Riz

623,3

375,2

816,2

673,3

360,0

-

-

-

730,0

578,8

Arachide

1235,

1217,6

1613,5

1576,5

2100,0

1429,6

505,0

473,1

1474,6

1418,0

 

7

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Niébé

708,5

669,6

688,3

491,6

1036,6

499,2

564,0

448,7

729,0

550,3

Soja

2244,

2792,7

2448,5

2319,8

1550,0

813,1

346,6

302,8

2153,4

2304,3

 

3

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Voandzou

0,0

0,0

202,0

94,7

540,0

284,6

425,0

459,6

365,4

274,3

Sésame

927,6

870,9

646,9

645,3

364,0

247,4

287,5

186,6

677,0

696,6

 

Source : Enquêtes, 2004

Tableau 17 : Rendements des différentes cultures en 2003

 

A

Moy

Ecart
type

B

Moy

Ecart
type

Moy

C

Ecart
type

D

Moy

Ecart
type

Ensemble Moy Ecart

type

Coton

707,70

248,12

-

-

654,28

127,52

-

-

691,44

216,89

Igname

6440,10

828,49

6553,57

013,47

-

-

-

-

6593,9

848,38

Pilée

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Igname ordinaire

9131,25

1120,9

9422,00

1561,2

-

-

-

-

9308,5

1397,9

Maïs

1195,25

434,49

1074,81

320,02

983,02

375,54

1289,2

987

1119,2

448,28

Riz

852,50

537,98

1417,08

424,60

900,00

-

-

-

1203,5

506,63

Arachide

602,40

161,80

587,11

255,83

671,06

163,97

382,95

65,87

585,19

215,77

Niébé

312,37

76,59

373,55

94,57

363,33

53,91

293,00

127,1

342,84

91,60

Soja

1080,68

281,07

1105,93

320,02

1018,7

61,87

917,40

675,6

1077,3

334,04

Voandzou

0,00

0,00

372,00

108,03

450,00

73,48

339,01

50,59

394,36

92,999

Sésame

382,03

72,89

356,83

57,26

286,21

53,02

242,50

35,70

347,22

69,66

 

Source : Enquêtes, 2004

Bien que ces rendements soient calculés essentiellement à partir des données recueillies auprès des paysans (on a ici fait appel à la mémoire des paysans), ils sont assez proches de ceux de la localité..

5.9.3- Consommation alimentaire

Il s'agissait ici d'estimer les quantités consommées pour chaque produit alimentaire. En principe, on devrait procéder à un relevé quotidien de ces quantités auprès des ménages. Cependant, la durée de la recherche et les moyens disponibles n'ont pas permis de procéder ainsi. On a donc eu recours à la mémoire des paysans pour avoir ces données ; ce qui représente un exercice très fastidieux pour le paysan. Le tableau 18 indique la consommation moyenne par ménage pour chaque produit agricole.

Tableau 18 : Consommation alimentaire moyenne par ménage

Produits

A

B

C

D

Ensemble

Maïs

870

968

375

385

804

Riz

32

83

22

0

52

Arachide

90

140

128

50

115

Niébé

162

134

228

156

157

Sésame

61

51

42

39

52

Voandzou

-

11

39

15

20

Igname

4780

5355

-

-

4250

 

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 19 montre que les produits les plus consommés par les populations sont l'igname, le maïs, le niébé et l'arachide.

CHAPITRE 6 :

ETUDE DE LA RENTABILITE DES

SPECULATIONS AGRICOLES

Ce chapitre vise à estimer la rentabilité des différentes spéculations et de chacun des systèmes de cultures. La marge brute des différentes cultures sera estimée ici. Pour cela, les charges opérationnelles (coûts variables), les dépenses intermédiaires (coûts de transport) et les recettes seront déterminés. Des paramètres d'efficacité seront ensuite calculés pour rendre compte de la performance de chaque culture ou de chaque système de cultures.

Ce chapitre permettra aussi de comprendre les raisons qui poussent le producteur à prendre ces décisions. De même, il aidera à tester la deuxième hypothèse de recherche.

6.1- ESTIMATION DES PRODUITS PHYSIQUES

Les produits bruts correspondent au produit physique total en valeur. Le produit brut par spéculation est égal au produit de la quantité totale produite et du prix unitaire. Quant à la recette totale, elle correspond à la somme de tous les produits bruts par spéculation. Les prix unitaires sont soit des prix marchés obtenus auprès de l'Office Nationale d'Appui à la Sécurité Alimentaire (ONASA) ou ceux estimés auprès de producteurs et des commerçants

Le tableau 19 ci-dessous résume les produits physiques bruts par spéculation et par catégorie.

Tableau 19 : Produits physiques totaux moyens estimés en 2003 pour chaque spéculation (en milliers de francs CFA).

Cultures

A B C D Ensemble

Produit Produit Produit Produit Produit Produit Produit Produit Produit Produit Total par ha total par ha total par ha total par ha total par ha

Coton

281,91

134,46

-

-

261,65

124,31

-

-

275,74

131,37

Igname

1033,80

702,60

863,05

708,18

-

-

-

-

929,68

706,00

Soja

224,43

108,06

244,85

110,59

155,00

101,87

34,66

91,74

215,34

107,73

Sésame

162,33

66,85

113,20

62,44

63,70

50,08

50,31

42,43

118,49

69,76

Maïs

435,03

118,36

346,32

106,43

271,05

97,34

277,07

127,66

356,63

110,83

Arachide

227,10

111,27

287,27

111,88

385,94

119,48

92,80

65,49

271,38

108,85

Niébé

179,68

79,21

174,55

94,72

262,88

92,13

143,02

74,30

186,29

86,94

Voandzou

0,00

0,00

66,46

122,40

177,67

148,06

139,84

111,54

120,24

129,76

Riz

101,60

150,50

133,04

230,98

53,67

146,69

-

-

118,98

203,84

 

Source : Enquêtes, 2004

Il apparaît une grande variation du produit brut d'une culture à une autre et d'une catégorie à une autre. D'une façon générale, les spéculations qui fournissent les produits bruts

60 moyens les plus élevés sont l'igname, le maïs, le coton, l'arachide et le soja (catégorie A) ; l'igname, le maïs, l'arachide et le soja (catégorie B) ; l'arachide, le maïs, le niébé et le coton, (catégorie C) ; le maïs, le voandzou et le niébé (catégorie D).

Par contre, en prenant les produits bruts par unité de production (ha), les cultures qui fournissent les produits unitaires les plus grands sont : le coton, le soja, le maïs, l'igname et l'arachide (catégorie A) ; le soja, le voandzou, l'arachide, l'igname et le maïs (catégorie B) ; le coton, le maïs et le voandzou le soja (catégorie C) ; le maïs, le niébé et le voandzou (catégorie D).

Il faut donc retenir ici que les cultures qui attirent le plus les producteurs par rapport produits bruts sont d'abord le maïs, le soja, l'igname, le coton et l'arachide et dans une moindre mesure le niébé et le voandzou.

6.2- ESTIMATION DES CHARGES OPERATIONNELLES

Les charges opérationnelles sont constituées des charges variables liées au matériel utilisable durant une seule saison c'est à dire les équipements renouvelables tous les ans (houe, daba et coupe-coupe), au coût des intrants (semences, engrais et insecticides) et à la rémunération de la main-d'oeuvre salariée variable..

6.2.1- Coûts des outils utilisables durant une seule année de production

Les outils sont constitués par le coupe-coupe, la daba et la houe (les producteurs renouvellent ces outils tous les ans, car à la fin de chaque année, ils sont usés). En principe, pour la détermination de ces coûts, on devrait tenir compte de la durée effective d'utilisation de chaque outil pour le temps consacré au travail de chaque spéculation ; ce qui n'est pas le cas ici car ne disposant pas de ces temps. Pour palier à cela, on a décidé de considérer les superficies emblavées comme référence servant à déterminer les coûts en question. Les coûts sont estimé pour la production d'un hectare de n'importe quelle culture, comme illustré dans le tableau 20.

Tableau 20 : Estimation des coûts des outils utilisables en une année de culture

Coûts

A

B

C

D

Ensemble

Coûts totaux

16368,750

22290,600

14792,857

13850,000

18716,321

Coûts / Ha

1382,995

1938,192

1156,638

1708,083

1645,653

 

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 20 montre peu de variation entre les coûts liés à l'utilisation de ces outils par unité de production. Pour déterminer les coûts liés à l'utilisation de ces outils dans le cas de la production d'une spéculation donnée, il suffit de prendre ces coûts unitaires et de les multiplier par la superficie ensemencée.

6.2.2- Coûts des intrants

Les coûts des intrants concernent les coûts des engrais, des insecticides et des semences. Bien que pour la plupart des spéculations, les semences ne soient pas souvent achetées, les stocks de semences utilisées seront estimés en valeur monétaire. Les coûts des engrais seront calculés pour le coton et le maïs qui sont les principales cultures bénéficiant de cet intrant alors que le coût des insecticides sera évalué pour le coton et le niébé qui sont les deux cultures à en jouir.

Tableau 21 : Coûts moyens par hectare des engrais et des insecticides

Intrants

Cultures

A

B

C

D

Ensemble

 

Coton

34077,381

-

34535,714

-

34216,874

Engrais

Maïs

2513,392

1718,400

6375,000

1200,000

2525,514

 

Coton

24874,554

-

29142,857

-

25912,733

Insecticides

Niébé

19971,429

14531,592

13791,667

12523,333

15933,339

 

Source : Enquêtes, 2004

Il est à retenir de ce tableau 21 que les charges liées à l'utilisation des engrais pour le coton varient très peu d'une catégorie à une autre. Ceci s'explique par le système d'approvisionnement en engrais coton sous forme de crédits. En ce qui concerne le maïs, il y a une grande variation des coûts moyens. Les catégories A, B et D investissement peu en cet intrant comparativement à la catégorie C. Les charges élevées d'engrais maïs pour la catégorie C peut être du soit à la taille faible du groupe ou à un effet de hasard car d'une manière générale, les paysans investissent peu pour acquérir de l'engrais. Ils préfèrent faire bénéficier le maïs des arrières effets de la culture cotonnière (pour ceux qui pratiquent cette culture) ou pratiquer des rotations de culture avec les légumineuses.

Quant au coût des insecticides, il présente une situation générale semblable à celle des engrais (les charges sont plus élevées pour le coton que pour le niébé).

En ce qui concerne le coût des semences, il est calculé par rapport au prix marché des produits, c'est à dire le prix des produits au moment où le producteur ensemence son champ. Il s'agit donc des coûts des semences en avril pour la première saison et en juillet et août pour la seconde saison de cultures. Pour ce faire, nous avons utilisé le prix moyen de vente de ces produits sur le marché aux périodes indiquées.

A partir de ces prix et des quantités moyennes de semences utilisées, sont calculés les coûts moyens rattachés à l'utilisation des semences. Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 22 ci-dessous.

Les coûts nuls des semences de coton sont dus au fait que dans tous les cas, les paysans n'achètent pas les semences de coton. Il s'agit d'un intrant qui leur est gratuitement fourni par les usines égreneuses de coton.

Tableau 22 : Coût total moyen des semences utilisées par systèmes de cultures en 2003.

Cultures

A

B

C

D

Ensemble

Igname

178.136,250

180.843,920

-

-

179.787,270

Soja

3100,000

4200,000

2500,000

1500,000

4327,273

Sésame

2727,619

2785,714

2009,091

2175,000

2625,772

Maïs

2431,901

3226,890

2676,964

3401,000

2930,687

Arachide

6939,783

5926,813

5485,462

7574,767

6296,717

Niébé

5722,984

6208,555

4110,941

3479,250

5440,410

Voandzou

-

8200,000

18450,000

12374,545

12686,281

Riz

2375,000

9546,980

11250,000

-

7895,903

 

Source : Enquêtes, 2004

Il est à noter que les semences d'igname coûtent beaucoupo plus chers que les autres. 6.2.3- Coûts de la main-d'oeuvre salariée variable

Il s'agit d'estimer pour chaque spéculation, les charges de main-d'oeuvre salariée. Ces charges salariales sont obtenues en additionnant toutes les charges liées à la production de chaque spéculation.

Pour les cultures telles que le maïs, le niébé et le sésame, la rémunération de la maind'oeuvre salariée pour les activités de récolte est faite en nature. Cette rémunération en nature a donc été convertie en rémunération monétaire. Concernant le soja et l'arachide, la rémunération est faite en espèce à raison de 6000 francs CFA/ha pour le soja et 250 francs CFA/20 Kg d'arachide récoltée. Les charges moyennes sont ensuite calculées par spéculation et par systèmes de cultures puis présentées dans le tableau 23.

Tableau 23 : Coûts moyens de la main-d'oeuvre variable en 2003

Cultures

Coût
total

A
Coût
par ha

Coût
total

B C

Coût Coût

par ha total

Coût
par ha

Coût
total

D

Coût
par ha

Ensemble

Coût Coût

total par ha

Coton

77.562

36.747

0,00

0,00

78.857

41.421

0,00

0,00

77.956

38.170

Igname

45.312

35.877

44.820

32.282

0,00

0,00

0,00

0,00

45.012

33.685

Soja

23.250

17.521

39.355

21.193

45.000,0

30.000

4.700,0

12.492

32.642

20.046

Sésame

6.997,6

2.985,1

11.987

9.467,2

5.156,2

2.750,0

4.265,6

5.906,2

8.344,3

6.243,6

Maïs

53.663

19.099

112.433

31.969

82.168,4

25.822

104.637

38.815

86.824

27.881

Arachide

25.821

13.642

4.5980

16.469

72.416,6

22.302

20.000

10.800

41.336

15.939

 

Niébé 48.711 15.464 66.869 34.621,4 101.296,9 28.633,6 44.509,3 22.796,8 63.161,6 28.173

Voandzou 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00

Riz 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 24 montre que les spéculations qui consomment assez de capitaux pour la main-d'oeuvre salariée à l'hectare sont l'igname, le coton, le niébé et le maïs.

Le riz et le voandzou ont des charges de main-d'oeuvre salariée quasiment nulles. En effet ces deux spéculations ne sont pas très cultivées et on comprend que le producteur n'en fasse pas un pole de dépenses. Il préfère y consacrer sa force de travail familiale eu lieu de payer des ouvriers.

A partir des différents coûts ci-dessus estimés, les charges opérationnelles totales moyennes par spéculation et par hectare sont déterminées et indiquées dans le tableau 24.

Les cultures qui bénéficient de plus d'investissements sont d'abord, l'igname et le coton, ensuite le niébé et le maïs et enfin le soja et l'arachide. Ce constat global présente quelques modifications suivant les catégories.

Tableau 24 : Charges opérationnelles moyennes par ha et par système de cultures de cultures.

Cultures

A

B

C

D

Ensemble

Coton

97.082,697

0,000

106.256,640

0,000

99874,766

Igname

215.396,660

215.060,210

0,000

0,000

215.191,510

Soja

21.631,850

28.506,631

33.697,818

15.757,065

25.995,584

Sésame

7.047,443

14.224,056

5.935,125

9.629,730

10.502,475

Maïs

24.233,972

35.948,3 87

36.031,585

29.598,593

31.823,911

Arachide

22.003,107

24.610,767

28.954,553

19.923,950

24.015,016

Niébé

42.543,445

57.256,519

47.658,229

40.373,205

49.163,744

Voandzou

0,000

9.150,743

19.601,235

13.257,878

13318,763

Riz

3.205,955

11.395,997

12.614,864

0,000

9450,058

 

Source : Enquêtes, 2004

Il faut noter que les coûts des semences représentent plus de 80% des des chrages opérationnelles des ignames et pèsent donc lourdement sur le producteur.

6.3- ESTIMATION DES MARGES BRUTES

La marge brute est définie comme la différence entre les recettes et les charges opérationnelles. Les marges brutes moyennes obtenues par spéculation et par ha sont présentées dans le tableau 25. L'examen du tableau montre que les marges brutes les plus élevées sont fournies par l'igname, le riz, l'arachide, le maïs et le soja. Ces cultures présentent une marge

64 deux fois plus élevée que celle du coton, principale culture de rente de la région et de notre pays et qui bénéficie de plusieurs avantages.

Tableau 25 : Marges brutes moyennes par spéculation en 2003

Cultures

A

B

C

D

Ensemble

Maïs

94.128,344

70.487,182

61.314,314

98.067,016

79.014,497

Riz

147.297,010

219.588,330

134.084,776

0,000

192.723,540

Coton

37.381,886

0,000

14.116,571

0,000

31.036,800

Cultures

A

B

C

D

Ensemble

Igname

487.207,850

493.124,720

0,000

0,000

490.815,700

Soja

86.436,246

82.086,523

54.677,182

75.983,286

80.924,990

Sésame

59.808,390

48.340,825

44.151,996

32.807,770

50.317,205

Arachide

89.272,518

87.277,815

90.534,597

45.573,298

84.842,070

Niébé

36.671,495

37.473,536

44.479,834

33.928,958

37.777,451

Voandzou

0,000

92.850,416

128.464,970

98.290,3 11

105.628,580

 

Source : Enquêtes, 2004

Il faut signaler que la faible marge brute du coton est liée entre autre à la baisse des rendements (les rendements ont baissé du plus du tiers voir même de la moitié) alors que les coûts de production continuent d'augmenter (surtout le coût des intrants). Cela explique dans une certaine mesure le désintérêt actuel des producteurs à l'égard de cette spéculation. Il est important de souligner ici les nombreux cas de faillite que connaissent les producteurs par rapport à la culture du coton. Ces cas de faillite entraînent assez de problèmes sur le terrain et remettent en cause l'existence des groupes solidaires ou marchés de commercialisation du coton. En effet, le système en vigueur oblige certains producteurs à payer la dette (crédits des intrants) d'autres producteurs si bien que cela entraîne des conflits. Cette situation décourage de plus en plus les producteurs qui obtiennent de bons résultats. Finalement, ils abandonnent aussi la culture du coton car fatigués de payer pour les autres alors qu'ils ont aussi de grands besoins d'argent.

En ce qui concerne le niébé, sa faible marge brute est due au coût élevé lié au traitement phytosanitaire. En effet, l'absence d'un traitement phytosanitaire adéquat pousse les paysans à utiliser assez d'insecticides pour protéger leur culture ; ce qui ne fait que multiplier les coûts de production alors que les rendements ne connaissent pas des augmentations significatives. Malgré une faible marge brute, le niébé occupe pourtant une place assez confortable dans les différents systèmes de production.

Une culture telle que le soja, introduite dans les systèmes de production il y'a peu de temps gagne beaucoup de terrain ; en témoigne sa marge brute qui fait partie des plus importantes. Le soja occupe cette position principalement à cause de son faible coût de

65 production (le producteur n'investit ni pour les engrais, ni pour les insecticides qui ne sont pas indispensables à l'obtention d'une bonne production) et l'existence d'un marché pratiquement garanti. Certains producteurs le considèrent comme la culture qui va remplacer le coton si les problèmes qui minent ce dernier se poursuivent.

En ce qui concerne l'igname, la marge élevée s'explique essentiellement par une grande productivité de la terre, bien que celle ci soit en dessous des potentialités.

Ces marges calculées au prix du marché ne prennent pas en compte tous les éléments qui amènent le producteur à faire son choix des cultures et des combinaisons. Par exemple, pour l'igname, bien que sa marge soit la plus élevée et que la terre pour sa production existe encore dans le village, sa production à grande échelle est handicapée par d'autres problèmes. Les terres fertiles sont éloignées des habitations si bien qu'il faut effectuer de grands déplacements ; ce qui explique la présence des nombreuses fermes rencontrées dans la région. Le marché de commercialisation, bien qu'il existe, le prix de vente n'est pas garanti. En effet, les commerçants mettent en place des stratégies pour acheter le produit au plus bas prix possible. Nous avons assisté dans le marché de Glazoué à l'une de ces stratégies qui est la suivante : Tout d'abord, les commerçants s'annoncent dès le Lundi soir pour un marché qui doit se tenir le Mercredi. Ils poussent ainsi les producteurs à amener assez d'igname dans le marché et petit à petit, ils commencent les achats. Le mercredi, le marché est inondé d'igname. Les achats continuent tout doucement jusqu'aux environs de midi. A partir de ce moment, les commerçants se retirent, tiennent une réunion et décident de casser les prix si non, ils n'achèteront plus. Ils viennent proposer ces prix aux producteurs qui le plus souvent sont obligés de céder. En effet, dans le cas où ils ne cèderaient pas, ils seraient contraints de repartir chez eux avec leur produit. Or vu le coût de transport de l'igname qui représente un des freins importants de la commercialisation de cette culture, ils ne peuvent se permettre de prendre une telle décision. Alors malgré eux, ils sont obligés de vendre.

De plus l'absence d'un arbitrage entre les producteurs et les acheteurs d'igname fera que les prix connaîtront de grandes baisses avec une augmentation de la production la conséquence sera la diminution des marges de production au niveau des paysans.

En définitive, pour la plupart des spéculations, les marges trouvées risqueraient d'être supérieures à celles que les paysans peuvent potentiellement obtenir.

6.4- ESTIMATION DES PARAMETRES D'EFFICACITE

Il s'agit de quelques paramètres qui rendent compte de l'effort de travail des producteurs. Ces paramètres sont : la marge nette de l'exploitant et de sa famille, le revenu agricole par actif agricole familial, le revenu agricole par journée de travail et le revenu agricole par membre de

66 ménage. Ces paramètres permettront de voir si les efforts consentis par les producteurs sont compensés par les gains obtenus

Pour y parvenir, les autres coûts non encore pris en compte ont été d'abord estimés avant de passer aux paramètres en question.

6.4.1- Estimation des autres coûts liés à la production

Il s'agit des amortissements, des coûts de transport, des intérêts sur crédit et du salaire des ouvriers permanents.

· Coûts fixes

Dans la production agricole, les exploitants utilisent certains outils de travail durant plusieurs cycles de production. Au nombre de ces outils, figurent ici : la hache, la pioche et le fer à limer. Ces différents matériels doivent être amortis au cours de chaque année de production. Un amortissement linéaire a été adopté conformément à la durée d'utilisation de chaque équipement.

Tableau 26 : Présentation des coûts fixes moyens

Systèmes de culture

A

B

C

D

Ensemble

Coûts fixes moyens annuels

1676,042

2036,8

1675

849,667

1768,113

Coûts fixes moyens / ha

148,024

170,542

106,591

134,983

151,943

 

Source : Enquêtes, 2004

De ce tableau 26, il faut retenir que les provisions pour amortissements sont peu différentes suivant les systèmes de cultures. Ces provisions sont si faibles qu'on pourrait même les négliger.

· Salaires de la main-d'oeuvre permanente et intérêt sur crédit

Ces coûts ont été estimés de la même manière que les coûts fixes ou encore les coûts des outils utilisables durant une seule année de production.

· Charges de transport

Les charges de transport correspondent au coût de déplacement des produits du village au marché de Glazoué. Bien que les paysans ne vendent pas uniquement sur ce seul marché, il s'agit du marché le plus éloigné du village, et en plus, ce sont les prix des produits sur ce marché qui ont été utilisés pour déterminer les marges de production. Les prix unitaires sont calculés à partir du rapport entre le prix du transport du sac de chaque produit et une estimation de la capacité du sac. Le tableau 27 présente les prix unitaires de transport des différents produits agricoles.

Tableau 27 : Coûts de transport unitaire des produits agricoles en francs CFA par Kg

67

Produits

Prix unitaires

Produits

Prix unitaires

Igname

10,000

Niébé

6,250

Maïs

7,142

Soja

6,250

Riz

8,333

Voandzou

7,810

Arachide

6,250

Sésame

8,333

 

Source : Enquêtes, 2004

6.4.2- La marge nette

Il s'agit du revenu agricole de l'exploitant après une année de production. C'est le revenu du ménage après déduction de toutes les charges. C'est le fruit du travail familial en une année. Il permet d'apprécier l'apport de chaque système de culture à la formation du revenu du ménage. Les tableaux 28 et 29 présentent respectivement les marges nettes par système de cultures et par spéculation.

Tableau 28 : Marge nette par système de cultures en 2003

Marge nette

A

B

C

D

Ensemble

Marge totale

1.325.193,00

1.118.972,30

630.566,36

356.224,33

1.044.763,80

Marge par Ha

88.498,26

87.459,12

48.286,37

42.347,10

78.343,21

 

Source : Enquêtes, 2004

Dans l'ensemble le producteur et sa famille pourraient gagner en moyenne 78.345 francs CFA sur un hectare de son exploitation par la production végétale (tableau 28). Toutefois, ce revenu net par hectare varie beaucoup d'un système de culture à un autre. En effet, les revenus agricoles nets à l'hectare des systèmes A et B font plus du double de ceux des systèmes C et D. Cette importance de ces marges est sans doute à imputer à la production de l'igname dans ces deux premières catégories, à l'opposé des deux autres catégories qui n'en produisent pas. Le tableau 30 montre les marges nettes par spéculation. On peut retenir de ce tableau :

- Les spéculations qui contribuent à placer la catégorie A en tête par rapport à la marge nette

sont d'abord l'igname et le maïs, ensuite l'arachide et le soja et enfin le sésame.

- Pour la catégorie B, l'obtention d'une marge nette élevée est le fait d'abord de l'igname et de

l'arachide, ensuite du maïs et du soja et enfin du riz. Cette catégorie a une marge nette très

proche de celle de la catégorie A, bien que les paysans présents ne cultivent pas le coton.
- Les catégories C et D qui ne produisent pas l'igname tirent une grande partie de leur marge

nette de la culture du voandzou et du maïs. Ces deux catégories ont des marges nettes non

négligeables pour le niébé (elles ont les meilleures marges nettes/ha pour cette spéculation).

La catégorie C présente la marge nette par arachide la plus élevée de toutes les catégories.

68 Cela signifie donc que cette catégorie s'investit beaucoup dans la production de cette spéculation.

- D'une manière générale, les spéculations qui ont les marges/ha les plus élevés sont dans l'ordre décroissant l'igname, le riz, le voandzou, l'arachide, le soja et le maïs. Mais, Le riz et le voandzou ne sont pas très représentatifs car cultivés par peu de producteurs. Ce qui permet de retenir l'igname, l'arachide, le soja et le maïs. Ces quatre cultures font aujourd'hui parti des principales cultures de la région auxquelles les producteurs accordent assez d'importance.

- Le coton et le niébé ont les marges les plus faibles et de ce fait contribuent peu au revenu.

Il est à retenir que l'igname est la spéculation la plus rentable de toutes les spéculations et celle qui contribue le plus au revenu agricole du ménage. En effet, l'igname contribue à plus de 37% de la marge nette totale. Sa participation au revenu dépasse de loin celle des autres spéculations. La marge nette par hectare de l'igname équivaut respectivement à 12,79 ; 11,17 ; 5,20 ; 4,95 ; 4,50 ; fois celle du coton, du niébé, du maïs, du soja et de l'arachide qui sont les autres cultures principales de l'exploitation agricole. L'igname est la spéculation la plus rentable de l'exploitation agricole. L'hypothèse H2 de la recherche se trouve donc confirmée et par conséquent, l'igname est la spéculation la plus rentable des systèmes de production.

Des résultats similaires sont obtenus par des études antérieures notamment celles effectuées par l'INRAB (1999) et Adégbidi (2003). En effet, dans une étude économique de la production de l'igname, menée en 1999, l'INRAB a montré que l'igname peut faire dégager des profits théoriques non négligeables à l'hectare. Suivant les localités, l'étude a révélé que le profit peut varier entre 350.500 et 542.500 francs CFA. L'étude réalisée par Adégbidi (2003), dans le village de Bagou révèle que l'igname est une culture très rentable dont la marge dépasse de loin celle du coton auquel les paysans attribuent plus de la moitié de la surface totale emblavée.

Selon la première étude, la réalité est tout autre car les superficies emblavées par exploitation sont petites et les rendements sont faibles (7 à 13 tonnes) par rapport aux potentiels (20 à 30 tonnes). Ainsi en dépit de ses performances sur le plan économique, la production de l'igname est tributaire d'un certain nombre de contraintes majeures, notamment le manque ou l'insuffisance de terres fertiles, l'insuffisance de semenceaux de bonnes qualités et l'action néfaste des nuisibles (INRAB, 2001).

Quant à la seconde étude, elle révèle qu'en se basant sur les prix de marché pour évaluer les marges de production, il n'est pas certain qu'on puise être en mesure de comprendre la logique qui guide le paysan dans ses choix et ses combinaisons (Adégbidi, 2003). Cette étude aboutit aussi à la conclusion suivant laquelle, il existe des contraintes qui limitent la production de l'igname. Au nombre de celles-ci, l'auteur a souligné la nécessité pour le paysan d'avoir accès

69 à des friches ou des jachères de longues durées pour pouvoir installer sa plantation d'igname ou encore, l'accès à la main-d'oeuvre pendant certaines périodes critiques.

La supériorité de la rentabilité de l'igname peut t-il amener à affirmer que les systèmes de production à base d'igname sont économiquement les plus efficaces ?

Les systèmes de cultures A ( igname et coton) et B (igname sans coton) présentent en effet, les marges nettes agricoles totales les plus élevées. Les marges nettes de ces deux systèmes de cultures font respectivement 2,10 et 3,72 puis 1,77 et 3,14 fois celles des systèmes de cultures C et D. Ce même constat est fait au niveau de la marge nette par hectare. En effet, les marges nettes par hectare des systèmes de cultures A et B font ici respectivement 1,83 et 1,81 puis 2,04 et 2,06 fois les marges nettes des systèmes de cultures C et D. Il est donc clair que les systèmes de cultures à base d'igname sont ceux qui obtiennent les marges de production les plus élevées.

Tableau 29 : Marge Nette (MN) par spéculation

A B C D Ensemble

MN totale

MN / Ha

MN totale

MN / Ha

MN totale

MN / Ha

MN totale

MN / Ha

MN totale

MN / Ha

68.335,46

32625,38

0,00

0,00

39.502,04

14281,97

0,00

0,00

59.560,07

27.042,60

513.351,17

229.675,72

431.582,91

349.983,19

0,00

0,00

0,00

0,00

463.492,48

345.960,72

167.013,79

73.769,40

169.286,67

70.805,47

77.557,22

46.216,54

25.729,29

68.643,20

150.125,64

69.837,19

127.075,61

52.777,82

82.098,39

40.418,18

49.321,05

36.500,57

38.375,39

29.569,97

89.562,38

43.138,49

305.550,34

80.8.35,34

183.331,51

59.398,40

136.487,73

50.517,88

154.742,46

84.194,68

211.343,77

66.564,61

170.418,83

82.911,11

211.117,76

79.060,28

270.992,04

82.889,15

57.443,44

42.128,84

194.276,20

76.953,61

79.226,96

29.296,04

53.830,13

30.945,59

87.615,69

37.810,80

60.147,60

27.432,84

67.547,72

30.958,00

0,00

0,00

52.325,67

95.446,78

165.218,16

140.225,58

136.447,07

108.800,87

103.976,74

112.598,73

92503,69

138.730,00

120.195,36

207.212,71

51.517,76

129.544,41

0,00

0,00

107.574,31

183.619,69

 

Cultures

Coton Igname Soja Sésame Maïs Arachide Niébé Voandzou Riz

Source : Enquêtes, 2004

6.4.3- Revenu agricole par journée de travail

Ce revenu est obtenu en faisant le rapport entre la marge nette à l'hectare et le nombre de journées de travail nécessaire pour réaliser cette marge. Le nombre de journées de travail est la somme de contraintes exigées par les différentes activités culturales ou par système de cultures. Les tableaux 30 et 31 indiquent respectivement les contraintes techniques de la production d'un hectare de chaque spéculation et les revenus pas spéculation et par système de cultures.

Il faut retenir du tableau 30 que l'igname est la spéculation qui exige le plus de travail. Elle est suivie par le coton et le riz. Par rapport à la contrainte de main-d'oeuvre, ces trois cultures pourraient alors êtres concurrentes dans l'exploitation agricole. Etant donné le manque de terre pour cultiver le riz, ce serait donc l'igname et le coton qui seraient concurrentes si nous prenons en compte la contrainte de travail.

Tableau 30 : Contraintes techniques liées à la production d'un hectare de cultures

Spéculations

Main-d'oeuvre/ha

Spéculations

Main-d'oeuvre/ha

Coton

112

Arachide

62

Igname

208

Niébé

53

Soja

68

Voandzou

70

Sésame

53

Riz

100

Maïs

62

-

-

 

Source : Enquêtes, 2004

L'examen du tableau 32 montre peu de différence entre le revenu agricole par journée de travail. Les cultures qui présentent les revenus les plus élevés sont l'igname, le riz, et le voandzou. Le coton, le niébé et le sésame ont un revenu par journée de travail inférieur à 1000 francs CFA.

Tableau 31 : Revenus agricoles par journées de travail

Cultures

A

B

C

D

Ensemble

Coton

291,30

0,00

127,52

0,00

241,45

Igname

1633,06

1682,45

0,00

0,00

1663,27

Soja

1084,84

1041,26

679,65

1009,46

1027,02

Sésame

995,80

762,60

688,69

557,92

813,93

Maïs

1303,79

957,93

814,88

1357,85

1073,62

Arachide

1295,48

1135,32

1295,14

658,26

1202,40

Niébé

552,75

583,88

713,41

517,60

584,11

Voandzou

0,00

1363,52

2003,22

1554,30

1608,55

 

Riz 1387,30 2072,15 1295,44 0,00 1836,20

Source : Enquêtes, 2004

En considérant que le revenu par journée de travail est celui qui exprime le mieux les efforts de production de l'exploitation, on peut constater qu'en dehors du coton et du niébé qui ont des revenus trop bas, les autres sont acceptables dans l'ensemble. Les résultats montrent aussi que, par rapport à ce paramètre, l'igname ne présente plus une nette supériorité comparativement aux autres cultures. Le paysan pourrait alors gagner le même revenu en emblavant une grande superficie des autres cultures si la terre ne constitue pas une contrainte pour lui.

6.4.4- Marge agricole par individu du ménage

Il s'agit de déterminer ici, le revenu agricole par actif familial et le revenu agricole par membre du ménage. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau 32.

Tableau 32 : Marges agricoles par individu

Marge agricoles

A

B

C

D

Ensemble

Marge agricole par actif

255.828,76

227.433,3

133.878,2

98951,20

217.206,6

 
 

4

1

 

1

Marge par membre du ménage

117.794,93

88.807,23

73.578,34

61.417,98

94.892,26

 

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 32 montre que les revenus par actif agricole des systèmes de cultures A et B sont supérieurs à ceux des deux autres systèmes. Le même résultat est noté au niveau du revenu par membre de ménage. Cela signifie que, d'une part, les actifs des systèmes de cultures A et B produisent mieux que ceux des autres systèmes mais aussi, ces actifs arrivent à produire pour mieux satisfaire les besoins des inactifs de leurs exploitations. En effet, les systèmes A et B sont ceux qui ont les rapports inactifs/actifs les plus élevés : respectivement 1,18 et 1,38 contre 0,78 et 1 pour les systèmes C et D. Dans ces deux derniers systèmes de cultures, bien que le nombre de personnes à charge de chaque actif agricole soit plus faible, les revenus par membre du ménage sont encore les plus faibles. Ces résultats démontrent une fois encore, l'importance de l'igname dans le système de cultures, qui non seulement constitue un aliment pour assurer la sécurité alimentaire du ménage mais aussi une importante source de revenus.

CHAPITRE 7 :

MODELISATION DES

EXPLOITATIONS AGRICOLES

Ce chapitre est consacré à l'élaboration de modèles de production alternatifs aux modèles actuellement en pratique. Le modèle utilisé est celui de la programmation linéaire. Ce modèle est appliqué à l'exploitation agricole représentative du système de cultures A ainsi qu'aux cinq plus grandes et cinq plus petites exploitations du même système de cultures.

7.1- MODELISATION DE L'EXPLOITATION AGRICOLE INTEGRANT LE COTON ET L'IGNAME

La démarche adoptée consiste à déterminer trois types d'exploitations représentatives à partir des superficies d'igname :

- l'exploitation agricole moyenne : elle est composée de six actifs agricoles dont deux hommes, trois femmes et un ouvrier agricole permanent.

- l'exploitation agricole représentative des cinq plus grandes exploitations d'igname : elle est composée de huit actifs agricoles dont deux hommes, deux épouses, un garçon de plus de 10 ans ; une fille de plus de 10 ans et deux ouvriers agricoles permanents.

- l'exploitation agricole représentative des cinq plus petites exploitations d'igname : elle est composée de cinq actifs agricoles dont un homme, deux épouses et deux enfants de plus de 10 ans.

7.1.1- Identification des activités et des périodes d'activités du modèle

7.1.1.1 - Identification des activités du modèle

Treize activités sont retenues dans le cadre de l'élaboration du modèle. Ces activités correspondent aux cultures susceptibles d'être mises en place par les paysans. Ces activités sont présentées dans le tableau 33 ci-dessous.

Tableau 33 : Choix des activités des modèles

Cultures en 1ère saison

Activités

Cultures en 2ème saison

Activités

Igname à piler

X1.1

Igname

-

Coton

-

Coton

X2.2

Maïs

X1.3

Maïs

X2.3

Arachide

X1.4

Arachide

X2.4

Niébé

X1.5

Niébé

X2.5

Soja

-

Soja

X2.6

Sésame

X1.7

Sésame

-

Voandzou

-

Voandzou

X2.8

Igname ordinaire

X1.9

Maïs avec engrais

X2.9

 

Source : Enquêtes, 2004

7.1.1.2- Identification des périodes d'activité du modèle

Conformément au calendrier agricole, huit périodes d'activité ont été retenues. Ce sont : - Janvier et février : Ces deux mois correspondent à la plantation de l'igname.

- Mars et avril : Les activités de nettoyage de terrains et de labour pour le maïs, l'arachide, le niébé et le sésame se déroulent durant cette période.

- Mai : Ce mois correspond au premier sarclage des cultures ci-dessus mentionnées, au défrichement du sol pour le coton et à la protection du niébé contre les ravageurs.

- Juin : On rencontre les activités de deuxième sarclage du maïs, de l'arachide du niébé et du sésame ; la préparation du sol pour, le soja et le maïs de seconde saison ; le labour et le semis du coton puis la protection du niébé.

- Juillet : On note le début de la récolte de l'igname, la suite du labour et du semis du coton, le labour et le semis du maïs, du soja, du niébé et du voandzou ; la protection et la fumure du coton, la protection du niébé, puis le début de la récolte des cultures de première saison.

- Août : Récolte des cultures de première saison, labour et semis des cultures de seconde saison, sarclage, fumure et protection du coton.

- Septembre et octobre: Sarclage des cultures de seconde saison, suite de la récolte des cultures de première saison, puis la protection du coton et du niébé.

- Novembre et décembre : Récolte des cultures de seconde saison, défrichement de l'igname.

7.1.2- Détermination des disponibilités en ressources et estimation des contraintes 7.1.2.1 - Disponibilités et contraintes de terre

Les disponibilités en terre sont représentées par les surfaces de terre emblavées par l'exploitation représentative en 2003. Ces disponibilités sont indiquées dans le tableau 34. Ces disponibilités correspondent aux surfaces de terre effectivement emblavées et non à toutes les surfaces dont l'exploitation a la possession.

Tableau 34 : Disponibilité des exploitations en terre exprimée en hectare

Exploitation Grande exploitation Petite

moyenne d'igname exploitation

d'igname

Première saison

6,56

10,63

4,62

Deuxième saison

7,20

10,80

5,62

 

Source : Enquête, 2004

Il est à retenir du tableau 34 que les plus grandes exploitations productrices d'igname sont également celles qui disposent des plus grandes superficies totales et vice versa.

7.1.2.2- Disponibilités et contraintes de main-d'oeuvre

Les hypothèses de base

Il s'agit des considérations à prendre en compte lors de l'estimation des disponibilités en main-d'oeuvre des membres de l'exploitation. Ces considérations sont les suivantes :

- Le Dimanche est un jour de repos pour tous les travailleurs ;

- Le chef de ménage dispose d'une journée toutes les deux semaines pour se rendre au marché. - Compte tenu des pratiques religieuses et des cérémonies funéraires, nous allons supposer

aussi que les hommes y consacrent deux jours par mois. Les femmes, pour les mêmes raisons

et également pour s'occuper de leurs enfants perdent deux jours de travail par mois.

- Les activités extra agricoles occupent deux jours par mois aussi bien chez les femmes que

chez les hommes.

- Le bilan des disponibilités par mois se présent alors comme suit :

· 20 jours le chef de ménage (22 en période de pointe d'activités) ;

· 22 jours pour les enfants actifs et autres membres de sexe masculin de la famille ;

· 4 jours pour les enfants scolarisés durant l'année scolaire et 24 jours par mois durant les trois mois de vacance de juillet à septembre ;

· 18 jours pour les femmes actives du ménage ;

· 26 jours pour l'ouvrier agricole permanent.

A partir de ces hypothèses, les disponibilités en force de travail familial sont : Janvier - Février :

25X1.9 = 136

Mars - Avril :

 
 

(

1 )

 

10X1.1 +12X1.3 + 12X1.4 + 12X1.5 + 12X1.7 =

136

 

(

2 )

 

10X1.1 +16X1.3 + 16X1.4 + 15X1.5 + 15X1.7 = 230

 
 

(

3 )

Mai :

 
 
 
 
 
 

8X2.2 + 10X1.9 + X1.5 = 68

 
 

(

4 )

 

8X2.2 + 10X1.9 + 8X1.3 + 8X1.4 + 9X1.5 + 8X1.7

=

72

 
 

( 5 )

 
 
 
 
 

Juin :

 
 
 
 
 
 

11X2.2 + 4X2.3 + 4X2.9 + X1.5 + 4X2.6 + 15X1.1 = 68

 

( 6 )

 
 
 

10X1.3 + 10X1.4 + 9X1.5 + 10X1.7 + 4X2.3 + 4X2.9 + 14X2.6 + 13X2.2+ 15X1.1 =

72

( 7 )

 
 

Juillet :

 
 
 

8X2.2 + 30X1.1+ 25X1.9 + X1.5 +4X2.3 + 8X2.9 + 8X2.4 + 8X2.5 + 4X2.8 = 68

 

( 8 )

 
 
 

16X2.2 +20X1.1 + 25X1.9 + 14X1.3 + 16X1.4 + 10X1.5 + 1 1X1.7 +10X2.3 + 12X2.4

+ 12X2.9

 

+ 9X2.5 + 4X2.6 + 12X2.8 = 136

( 9 )

Août :

 
 

( 10 )

+ 7X2.5

14X2.2

 

+ 30X1.1

+ 20X1.9

+ 4X2.3 + 5X2.4 + 5X2.5 + 12X2.8 = 68

14X2.2

+ 30X1.1

+ 20X1.9

+ 14X1.3 + 14X1.4 + 10X1.5 + 1 1X1.7 + +10X2.3 + 9X2.4

+ 8X2.6 + 14X2.8 = 133 ( 11

)

Septembre - Octobre :

4X2.2 + 58X1.1 + 78X1.9 + 2X2.5 + 3X2.9 = 136 ( 12

)

58X1.1 + 78X1.9 +1 6X2.2 + 1 6X2.5 +1 6X2.3 + 1 8X2.9 + 1 6X2.4 + 8X2.6 + 1 8X2.8 = 169

( 13 )

Novembre - Décembre :

65X1.1 + 50X1.9 + 5X2.9 +10X2.9 = 136 ( 14

)

65X1.1 +50X1.9 + 45X2.2 + 25X2.3 + 25X2.9 +25X2.4 + 20X2.5 + 30X2.6 +55X2.8 = 252

( 15 ) Total :

11 2X2.2+208X1.1+208X1 .9+62X1 .3+64X1 .4+53X1 .5+53X1 .7+62X2.3+64X2.4+53X2.5

+ 68X2.6 +70X2.8+65X2.9 = 1200 ( 16

)

En ce qui concerne la main-d'oeuvre salariée variable, le nombre de travailleurs ne constitue pas une contrainte. C'est plutôt le capital qui a servi à en acquérir qui constitue une contrainte.

Les disponibilités en main-d'oeuvre des deux autres types d'exploitations sont indiquées dans le tableau 35.

Tableau 35 : Disponibilité en main-d'oeuvre des exploitations en homme-jour

Périodes

Grande exploitation
d'igname

Homme Total

Petite exploitation d'igname

Homme Total

Janvier - février

144

-

92

-

Mars - avril

208

282

116

188

Mai

95

135

58

76

Juin

95

135

58

76

Juillet

102

168

63

103

Août

102

168

63

103

Septembre - octobre

208

298

116

188

Novembre - décembre

208

324

126

206

Total

-

1554

-

1032

Source : Enquête, 2004

7.1.2.3- Disponibilités et contraintes de capital

Les disponibilités en capital sont relatives aux capitaux utilisés par les producteurs pour rémunérer la main-d'oeuvre salariée variable, pour acheter des intrants (semences, engrais et insecticides). Ces disponibilités sont représentées par une partie des revenus de récolte. Le coton ne sera pas pris en compte pour l'achat des engrais et insecticides car cette culture bénéficie des intrants à crédit. Le paysan n'a donc pas de souci à se faire quand il prend la décision d'enrichir son champ de coton en engrais. Une partie du maïs en seconde saison pour les engrais et le niébé pour les insecticides sont donc les deux cultures concernées par ces intrants. Les différentes charges sont présentées dans le tableau 36 ci-dessous.

Tableau 36 : Charges de la production agricole

 

Exploitation

Grande exploitation

Petite exploitation

Pôles de dépenses

moyenne

d'igname

d'igname

Engrais

6.240

18000

4.000

Insecticides

19.224

39.000

22.050

Main-d'oeuvre

112.272

242.220

46.850

Semences

377.264

585.780

318.200

Total

515.000

885.000

391.100

Source : Enquêtes, 2004

7.1.2.4- Contraintes d'autoconsommation

Ces contraintes ont rapport aux quantités minimales de chaque denrée à produire pour satisfaire les besoins alimentaires du ménage. Pour identifier ces besoins, les parts de la production auto - consommée ont été considérées. Il n'a pas été question d'estimer les besoins énergétiques et protéiniques du ménage. Par rapport aux consommations déclarées, les ménages sont supposés autosuffisants. De plus, la détermination des besoins en énergie et en protéines rendrait le travail plus complexe et exigerait assez de temps.

Compte tenu de ces considérations, les besoins d'autoconsommation du ménage sont présentés dans le tableau 37.

Tableau 37 : Besoins d'autoconsommation du ménage en Kg.

 

Exploitation

Grande exploitation

Petite exploitation

Produits

moyenne

d'igname

d'igname

Igname à piler

2200

2050

1770

Igname ordinaire

2480

3500

3025

Maïs 1

458

544

470

Maïs 2

642

760

657

Arachide 1

65

78

68

Arachide 2

91

108

94

Sésame

72

87

75

Voandzou

15

18

16

Niébé 1

90

107

 

Niébé 2

126

150

 

Source : Nos enquêtes, 2004

Une majoration de 20% a été faite pour tous les produits et 30% pour l'igname à cause des pertes et des dons ainsi que l'alimentation des ouvriers agricoles occasionnels.

7.1.3- Détermination de la fonction objectif.

L'objectif visé, c'est de maximiser le revenu monétaire des cultures pratiquées dans l'exploitation agricole. Il s'agira de trouver parmi les spéculations pratiquées par le ménage, celles qui pourront permettre d'atteindre ce but sous les contraintes de main-d'oeuvre, de capital et de consommation alimentaire. La fonction objectif s'écrit alors :

Max Z = ( PiQi-XiCi ) = ( XiPiRi- XiCi ), avec

- Pi = Prix unitaire du produit i ;

- Qi = Quantité physique produite de la spéculation i ;

- Ci = Coûts relatifs à la production d'unhectare du produit i ; - Xi = Superficie emblavée pour la spéculation i ;

- Ri = Rendement de la culture i.

7.1.4- Validation du modèle

A partir du modèle théorique présenté ci-dessus, la structure générale du modèle a été construit dans le logiciel Excel. Ce modèle général obtenu a été validé. Cette validation a consisté à imposer au modèle de produire exactement les spéculations du système de cultures dans les conditions de terrain. Les résultats obtenus sont globalement satisfaisants (tableau 38).

Tableau 38 : Résultats du calibrage du modèle

Cultures Superficies observées Superficies pour la validation du modèle

Coton 2,20 1,80

Igname à piler 0,60 0,29

Igname ordinaire 0,94 0,90

Soja 0,92 0,92

Sésame 2,26 1,00

Maïs 1 1,37 1,37

Maïs 2 1,00 0,65

Maïs avec engrais 0,78 0,78

Arachide 1 0,45 0,45

Arachide 2 1,18 1,18

Niébé 1 0,89 0,56

Niébé 2 1,10 0,49

Voandzou 0,00 0,04

Source : Nos enquêtes, 2004

Dans l'ensemble, les résultats du calibrage sont proches de ceux de la réalité. Le modèle est alors valide et peut être utilisé dans la suite du travail.

7.1.5- Résultats de la modélisation du système de cultures intégrant le coton et l'igname

7.1.5.1 - Cas de l'exploitation moyenne

Aucune condition particulière n'a été posée pour ce modèle. Il s'agit du premier modèle exécuté avec les données collectées. Ce modèle constitue le modèle de base par rapport auquel les simulations seront faites.

7.1.5.1.1- Revenu agricole

Le revenu est passé de 1.325.193 francs à 1.709.308,6 francs, soit une augmentation de 29%. Cette augmentation du revenu est surtout le fait du soja, de l'arachide, du maïs fertilisé et de l'igname. Cette augmentation du revenu a lieu avec une indépendance intégrale vis-à-vis du marché des produits vivriers de base en ce qui concerne la consommation du ménage. On se pose alors la question de savoir pourquoi les exploitations ne choisissent-elles pas de moins travailler et de gagner plus d'argent ? La réponse à cette question, c'est que l'agriculteur qui connaît son métier sait bien qu'il peut gagner en faisant par exemple assez d'igname ou d'arachide en première saison, mais il craint le risque d'une mauvaise récolte, risque qui n'est pas pris en compte par le modèle. Dans ces conditions, le paysan veut quand même être assuré qu'en cas de mauvaise pluviométrie ou d'attaques dues aux insectes, il pourra survivre sans aller au marché. C'est ce qui justifie la forte diversification et la répartition des superficies dans son exploitation qui varie d'une année à une autre.

7.1.5.1.2- Superficies cultivées

Les résultats comparés du modèle à ceux observés sont indiqués dans le tableau 39. Tableau 39 : Résultats de l'utilisation de la terre

Cultures Résultats observés Résultats du modèle

Igname à piler 0,65 0,75

Igname ordinaire 0,94 0,90

Maïs 1 1,37 1,19

Arachide 1 0,45 2,52

Niébé 1 0,89 0,28

Cultures Résultats observés Résultats du modèle

Sésame 2,26 0,86

Superficie 1 6,56 6,50

Maïs 2 1,00 0,65

Maïs avec engrais 0,78 1,97

Arachide 2 1,18 0,15

Niébé 2 1,10 0,39

Soja 0,92 2,00

Voandzou 0,00 0,04

Coton 2,20 0,00

Superficie 2 7,20 5,20

Source : Nos enquêtes, 2004

Les résultats du modèle montrent quelques différences avec la réalité observée. En seconde saison, les cultures telles que l'arachide, le voandzou et le niébé seront produites uniquement pour satisfaire les besoins du ménage. Alors que dans la réalité observée, les paysans commercialisent une partie de ces produits, le modèle propose que seules les quantités nécessaires à la consommation soient produites. Ces cultures ne présentent donc pas une importance économique pour la région, du moins dans les conditions actuelles de leur production au cours de la seconde saison de cultures. Il en est de même pour le niébé durant la première saison de cultures. Par contre, le modèle propose de produire plus d'arachide en première saison dont une partie sera commercialisée. Des résultats analogues sont obtenus par Adégbidi (2003) qui a constaté que l'arachide et le niébé présentent de mauvais résultats économiques mais que les producteurs ne sont pas prêts à y renoncer. En revanche, le modèle propose de produire plus d'arachide en première saison de cultures dont la plus grande partie sera commercialisée. Il en est de même pour le sésame dont une partie sera commercialisée. Cependant, la quantité de sésame à produire, bien qu'elle soit supérieure à celle nécessaire pour la consommation (0,18 ha) est largement inférieure à celle observée (2,26 ha).

Le coton n'est pas retenu par le modèle. Ce résultat vient démontrer que dans l'état actuel des choses, le coton n'est pas une culture rentable pour les paysans. Cela confirme donc la forte régression que connaît de nos jours, cette spéculation dans les exploitations agricoles. Des études réalisées en 2002 par l'OBEPAB dans la commune de Glazoué ont montré que le coton présentait une marge brute négative, ce qui justifiait l'endettement des producteurs.

A l'opposé du coton, le soja qui fait office de cultures de rente susceptible de remplacer le coton dans la région est retenu par le modèle. Celui-ci propose de cultiver 2 ha de soja contre une superficie observée de 0,92 ha. Ce résultat montre également l'attachement que les paysans accordent actuellement à cette spéculation avec la chute du coton.

Concernant le maïs, la superficie à emblaver durant la première saison de cultures est légèrement inférieure à celle observée (1,19 contre 1,37 ha). Par contre, en seconde saison de cultures, le maïs non fertilisé sera produit uniquement pour la consommation (0,65 ha contre une superficie observée de 1 ha). Le modèle propose de produire plus de maïs fertilisé, soit 1,97 ha, ce qui représente plus du double de la superficie normalement fertilisée pour le maïs. Ce résultat montre l'importance de l'utilisation des intrants en agriculture.

Quant à l'igname, le modèle donne un résultat peu différent de celui observé. Le modèle propose respectivement 0,75 ha et 0,90 ha pour les variétés d'igname à piler et les variétés ordinaires contre respectivement 0,65 ha et 0,94 ha pour les superficies observées. Bien que la

81 superficie des variétés à piler aient augmenté de 0,10 ha, celle des variétés ordinaires a baissé de 0,04 ha. Cette situation s'explique par la rentabilité supérieure des variétés d'igname à piler comparativement aux variétés d'igname ordinaires. Globalement, le modèle indique de produire 1,65 ha d'igname contre 1,59 ha observés. Il y a donc peu de différences entre les deux résultats.

Toutefois, cette petite variation de superficie au niveau de l'igname n'est pas négligeable dans la mesure où elle correspond à une augmentation du revenu de 125.165 francs CFA, somme importante en milieu rural.

Il est à retenir du modèle que les ressources sont tout d'abord mobilisées pour la satisfaction des besoins d'autoconsommation, ensuite, les facteurs disponibles sont utilisés pour la production des cultures qui fournissent les plus grands revenus à l'exploitation bien entendu, en tenant compte des ressources disponibles et des exigences de chaque culture. C'est pourquoi le maïs fertilisé, l'arachide, le soja et l'igname sont les cultures dont les superficies proposées par le modèle sont supérieures à celles observées. Etant donné qu'elles présentent les meilleures marges, le modèle est tenu de les produire dans les limites des ressources disponibles.

Des résultats similaires sont obtenus par Madi (2000) dans une étude intitulée : Les prix des produits et le système productif dans la zone cotonnière de l'extrême nord du Cameroun. Ces résultats ont montré que dès lors que la production est suffisante pour la consommation, les cultures telles que le coton, le mouskwari et le niébé apparaissent dans le modèle car présentant les meilleures opportunités économiques.

Dans une étude intitulée : Modèle d'optimisation de la production d'une exploitation agricole avec un tracteur de faible puissance, Azon (1990) a trouvé des résultats en parti contraires aux nôtres. En effet, cette étude a révélé que la différence entre le modèle et la réalité se situe au niveau de l'importance plus grande accordée par la solution optimale à la production de coton. L'étude a aussi montré que l'augmentation des superficies de coton se faisait au détriment de celles des cultures vivrières, exception faite de l'igname. Cette dernière conclusion renforce davantage les résultats de notre modèle.

7.1.5.1.3- Travail familial et salarié

Le modèle montre qu'il existe effectivement des périodes de pointe d'activités au cours desquelles la main-d'oeuvre familiale constitue une contrainte majeure à la production. Les périodes concernées sont : juin, juillet, septembre - octobre et novembre - décembre. Les contraintes de main-d'oeuvre familiale relatives à ces périodes sont toutes effectives. Ce sont donc des périodes au cours desquelles le producteur a besoin de faire appel à la main-d'oeuvre salariée.

Tableau 40 : Travail agricole en homme-jour

Main-d'oeuvre Résultats observés Résultats du modèle Ecart

Familiale 1200 911,94 288,06

Salariée 128 63,88 64,12

Totale 1328 975,82 352,18

Source : Nos enquêtes, 2004

Les périodes au cours desquelles le paysan a le plus recours à cette main-d'oeuvre sont les mois de juin et de juillet. Ces deux mois correspondent au démarrage des activités de la seconde saison alors que celles de la première sont encore en cours.

Le tableau 41 montre que le modèle propose des quantités de main-d'oeuvre inférieures à celles observées. Ainsi, un total de 976 hommes-jour permettrait d'obtenir un revenu monétaire meilleur en gardant dans le même temps l'indépendance du producteur vis-à-vis du marché des produits vivriers. Le modèle, avec un meilleur choix des spéculations et de leur combinaison a permis de réduire la main-d'oeuvre salariée de 64,12 hommes-jour, ce qui contribue à diminuer les coûts de production. Le tableau 41 présente les coûts d'opportunité de la main-d'oeuvre durant les périodes critiques.

Tableau 41 : Coûts d'opportunité de la main-d'oeuvre

Périodes Coûts d'opportunité Coût de la main-d'oeuvre

Juin total 1657,53 1350

Juillet total 5002,89 1500

Septembre - octobre total 1280,51 1200

Novembre - décembre total 924,70 1000

Source : Nos enquêtes, 2004

Ces coûts d'opportunité montrent que les périodes les plus critiques dans la production sont juin, juillet et septembre - octobre pour la main-d'oeuvre totale. Le coût d'opportunité de la main-d'oeuvre du mois de juillet est particulièrement très élevé. En effet, ce mois correspond à une période très critique pour les activités agricoles. Le producteur y effectue la récolte des produits de la première saison et en même temps, il commence l'installation des cultures de la seconde saison. Cette simultanéité des activités des deux saisons fait que le mois de juillet demande assez de main-d'oeuvre, si bien que le producteur est prêt à payer cher pour en acquérir. Lee producteur a donc intérêt à louer de la main-d'oeuvre salariée durant ces périodes critiques car les coûts d'opportunité sont supérieur au taux de salaire.

7.1.5.1.4- Utilisation du capital propre de l'exploitation

L'utilisation du capital est pratiquement la même dans la situation observée et celle du modèle. Le modèle propose un capital de 507.096,07 francs CFA contre 512.000 francs CFA pour la réalité, soit une différence de 7.903,93 francs CFA. Bien que tout le capital ne soit pas utilisé, le capital a constitué une contrainte majeure à la production durant certaines périodes. Ces périodes sont : janvier - février, mars - avril, juin, juillet, septembre - octobre et novembre - décembre. Le tableau 42 indique les coûts d'opportunité du capital durant ces différentes périodes.

Tableau 42 : Coûts d'opportunité du capital

Périodes Coûts d'opportunité du capital

Janvier - février 0,23

Mars - avril 0,68

Juin 0,23

Juillet 2,33

Septembre - octobre 0,23

Novembre - décembre 1,40

Source : Enquêtes, 2004

Le tableau 42 montre des périodes telles que juillet et novembre - décembre au cours desquelles le capital limite véritablement la production. En effet, durant ces périodes, un capital de un franc investi rapporterait respectivement 2,33 francs et 1,4 francs. Un apport de capital sous forme de liquidité serait donc d'une grande importance durant ces périodes. Le producteur peut donc recourir au crédit pour financer son exploitation pendant ces périodes.

Il faut cependant noter que le travail salarié étant réduit de plusieurs jours, le modèle a affecté une plus grande partie du capital à l'achat des intrants particulièrement aux semences (402.076 francs au lieu de 377.264 francs) et aux engrais (15.760 au lieu de 6240). Le capital élevé des semences est dû aux semences d'igname qui reviennent chères. D'ailleurs les deux périodes au cours desquelles les semences d'igname sont achetées (janvier - février et novembre - décembre) sont des périodes où les contraintes d'utilisation du capital sont effectives. Les coûts de semences pèsent donc lourdement sur la production. En réalité, cette variation dans le coût de la main-d'oeuvre et des semences n'est que le réajustement du capital aux superficies et aux spéculations choisies par le modèle comme l'indique le tableau 43.

Tableau 43 : Différentes utilisations du capital

Sources de dépenses Résultats observés Résultats du modèle

Location de main-d'oeuvre salariée 112.272 82.763,77

Achat d'engrais 6.240 15.760

Achat d'insecticide 19.224 6.496,3

Achat de semences 377.264 402.076

Total 515.000 507.096,07

Source : Nos enquêtes, 2004

Les différents résultats fournis par le modèle sur l'utilisation de la terre, de la maind'oeuvre et du capital puis sur le revenu montrent que le modèle de base obtenu est optimal. Par conséquent, l'hypothèse n° 3 de la recherche à savoir que : « l'allocation des facteurs de production dans le contexte actuel n'est pas encore optimale » est confirmée. En effet, le modèle présente une meilleure utilisation des facteurs de production pour optimiser le revenu.

7.1.5.2- Cas des cinq plus grandes exploitations productrices d'igname

7.1.5.2.1- Superficies cultivées

Les résultats de la modélisation sont consignés dans le tableau 44. D'une façon générale, les superficies totales emblavées sont inférieures à celles disponibles. Il n'y a donc pas de contraintes de terre pour ces cinq meilleures exploitations productrices d'igname.

Tableau 44 : Résultats de la modélisation des cinq meilleures exploitations productrices d'igname

Cultures Résultats observés Résultats du modèle

Igname à piler 0,93 1,19

Igname ordinaire 1,70 1,59

Maïs 1 1,60 4,56

Arachide 1 1,10 0,11

Niébé 1 1,20 2,00

Sésame 3,80 0,24

Superficie 1 10,33 9,69

Maïs 2 1,40 0,62

Maïs avec engrais 1,50 2,50

Arachide 2 1,40 0,33

Cultures Résultats observés Résultats du modèle

Niébé 2 1,40 0,15

Soja 1,60 2,69

Voandzou 0,00 0,05

Coton 3,50 0,00

Superficie 2 10,80 6,34

Source : Enquêtes, 2004

Les résultats du modèle présentent assez de différences avec la réalité observée. Ces différences se situent surtout au niveau du maïs, de l'arachide et du sésame en première saison puis du coton du niébé et du maïs en seconde saison. Les cultures telles que le sésame et l'arachide en première saison, le maïs et l'arachide en seconde saison seront produites uniquement pour assurer la consommation alimentaire du ménage et satisfaire leur indépendance vis-à-vis du marché des produits agricoles. Par contre, les cultures comme le niébé et le maïs en première saison, puis le maïs fertilisé et le soja en seconde saison présentent un grand intérêt économique. En effet, les superficies à emblaver pour ces cultures, telles que proposées par le modèle sont supérieures à celles de la réalité observée sur le terrain.

En ce qui concerne particulièrement les ignames, les superficies emblavées sont sensiblement égales à celles observées. La principale différence, c'est que le producteur doit produire plus d'igname à piler et moins d'igname ordinaire par rapport à la réalité.

7.1.5.2.2- Travail familial et salarié

Les résultats relatifs à la main-d'oeuvre sont consignés dans le tableau 45. D'une façon générale, il y a une différence dans l'allocation de la main-d'oeuvre comme illustré dans le tableau 45.

Tableau 45 : Travail agricole en homme-jour

Main-d'oeuvre

Résultats observés

Résultats du modèle

Ecart

Familiale

1554

1304

250

Salariée

185

66

119

Totale

1739

1370

369

Source : Enquêtes, 2004

Il est à retenir du tableau 45 que le modèle utilise moins de main-d'oeuvre. Au total, respectivement 250 hommes-jour familiaux et 119 hommes-jour salariés ne sont pas utilisés. Ce surplus de main-d'oeuvre pourrait vaquer à d'autres occupations comme les activités extra agricoles. Malgré cette situation, l'analyse des coûts d'opportunité montre qu'il existe des périodes de pointe d'activités au cours desquelles la main-d'oeuvre est une contrainte majeure à

86 la production. Ces périodes sont juin, juillet, août et novembre - décembre. Juillet et novembre - décembre sont les périodes les plus critiques car le coût d'opportunité de la main-d'oeuvre au cours de ces périodes dépasse largement le coût de la main-d'oeuvre salariée. Il est respectivement de 6434 francs CFA pour juillet contre 1500 francs pour le taux de salaire et 2279 francs CFA pour novembre - décembre contre 1000 francs pour le taux de salaire. Cette situation montre l'importance de la main-d'oeuvre de ces périodes au cours du cycle de production agricole.

7.1.5.2.3 - Utilisation du capital propre de l'exploitation

Le capital total utilisé par le modèle (819.160 francs) est proche de celui de la réalité (885.000 francs). On note une différence de 65.0840 francs CFA. Signalons que tout le capital pouvait être utilisé s'il était possible de faire un transfert du capital d'une période à une autre. En effet, il existe plusieurs périodes de pointe d'activité au cours desquelles le capital disponible devient insuffisant pour compenser toutes les dépenses à effectuer. Ces périodes sont mai, juillet, septembre- octobre et novembre - décembre. Les contraintes de disponibilité de capital au cours de ces quatre périodes sont toutes effectives. Le tableau 46 indique le coût d'opportunité du capital durant ces périodes.

Tableau 46 : Coûts d'opportunité du capital

Périodes Coûts d'opportunité du capital

Mai 2,27

Juillet 3,29

Septembre - octobre 0,55

Novembre - décembre 1,28

Source : Enquêtes, 2004

Les données du tableau 46 montrent qu'un investissement supplémentaire pourrait rapporter des bénéfices à l'exploitation. Un apport de capitaux sous forme de crédits serait donc très apprécié. Ces capitaux seront surtout utilisés pour l'achat de semences des variétés d'igname à piler en novembre - décembre et à la location de la main-d'oeuvre salariée en juillet, période charnière de la production entre les deux saisons.

7.1.5.3- Cas des cinq plus petites exploitations productrices d'igname

7.1.5.3.1- Superficies cultivées

Les résultats obtenus à partir du modèle exécuté dont consignés dans le tableau 47. Tableau 47 : Résultats de la modélisation des cinq plus petites exploitations d'igname

Cultures

Résultats observés

Résultats du modèle

Igname à piler

0,21

0,32

Igname ordinaire

0,39

0,40

Maïs 1

1,08

3,21

Arachide 1

0,20

0,13

Niébé 1

0,60

0,35

Sésame

2,10

0,21

Superficie 1

4.62

4,62

Maïs 2

0,40

2,22

Maïs avec engrais

0,40

2,33

Arachide 2

1,12

0,19

Niébé 2

0,60

0,48

Soja

1,00

0,00

Voandzou

0,00

0,40

Coton

2,10

0,00

Superficie 2

5.62

5,62

Source : Enquêtes, 2004

En ce qui concerne les cinq plus petites exploitations agricoles productrices d'igname, il faut retenir qu'il y a quelques différences avec la réalité en ce qui concerne les superficies à emblaver. Ces différences se situent en première saison au niveau du sésame et du maïs. En effet la superficie du sésame passe de 2,10 ha à 0.21ha dans le modèle alors que celle du maïs, passe de 1,08 ha à 3,21ha dans le modèle. Le modèle incite donc à produire plus de maïs en première saison et moins de sésame. En seconde saison, seuls le niébé et le voandzou ne présentent pas de différences majeures avec la réalité. Le coton et le soja ne sont pas retenus par le modèle. Les cultures les plus à produire en seconde saison sont le maïs et le maïs fertilisé.

En ce qui concerne les ignames, les superficies sont peu différentes de celles observées. Les limites à la production des ignames sont surtout liées au capital nécessaire pour l'achat des semences d'ignames.

La terre semble constituer ici une contrainte à la production. En effet les superficies de terre sont effectives, ce qui signifie que les producteurs situés dans ce cas sont capables d'emblaver plus de superficies, même s'il devraient louer la terre. Les coûts d'opportunité de

88 l'unité de terre s'élèvent respectivement à 63.000 et 53.000 francs CFA en première et seconde saison de cultures.

7.1.5.3.2- Travail familial et salarié

L'analyse de la main-d'oeuvre familiale montre que sur un total de 1032 hommes-jour, seuls 714 sont utilisés au cours de l'année. Il reste donc plus de 318 hommes-jour supplémentaires qui pourraient effectuer des travaux extra agricoles et ainsi ramener d'autres ressources à l'exploitation. Malgré le surplus de mains d'oeuvre familiale, il y a des périodes au cours desquelles le chef de ménage est obligé de faire appel à la main-d'oeuvre salariée. Il s'agit des périodes juillet, août et novembre - décembre. Au total 63 hommes-jour serviront sur l'exploitation. Les coûts d'opportunité de la main-d'oeuvre familiale au cours de ces périodes sont faibles, ce qui traduit le surplus de travailleurs de la famille dans l'exploitation agricole.

Le surplus de main-d'oeuvre familiale serait probablement lié à l'étroitesse des superficies disponibles. Lorsque les contraintes de terre sont levées, 50 hommes-jour sont de nouveau alloués aux travaux sur l'exploitation.

7.1.5.3.3 - Utilisation du capital propre de l'exploitation

Il faut retenir ici que le capital total disponible n'est pas utilisé. Sur les 391.100 francs CFA dont dispose l'exploitation, 267.965 francs CFA sont utilisés, soit une différence de 123.135 francs CFA. Cette sous utilisation du capital est liée aux faibles superficies emblavées pour les ignames. En effet, la production des ignames est limitée par la disponibilité de capital au cours des périodes de plantations de cette spéculation. Les coûts d'opportunité du capital sont respectivement de 0,77 et 1,76 pour les périodes de janvier - février et de novembre - décembre. S'il était possible de faire un transfert de capital, l'exploitation pourrait produire plus d'igname, ce qui nécessiterait des dépenses supplémentaires pour acheter les semences. Dans ce cas, bien que le revenu total obtenu augmente, la terre ne constitue plus une contrainte en seconde saison.

7.2- ANALYSES DE SENSIBILITE

7.2.1- Augmentation du rendement de coton

Le but de cette simulation est de voir quels seront les résultats du modèle lorsque le rendement du coton augmenterait. Etant donné que le coton n'est pas retenu dans le modèle de base et que la principale raison de cet état de chose est son faible rendement, une simulation sur l'augmentation du rendement paraît nécessaire. Cette simulation correspond aussi aux données des périodes où le coton était abondamment produit dans le village.

Les résultats de la simulation montrent que le coton n'est retenu par le modèle que si son rendement est au minimum égal à 1250 Kg/ha. Avec ce rendement et les mêmes disponibilités de ressources, le modèle propose de produire dans les proportions indiquées dans le tableau 48.

Tableau 48 : Résultats de la simulation de l'augmentation du rendement du coton

 

Résultats

Résultats du modèle

Résultats de la

Cultures

observés

de base

simulation

Igname à piler

0,65

0,75

0,75

Igname ordinaire

0,94

0,90

0,62

Maïs 1

1,37

1,19

0,75

Arachide 1

0,45

2,52

2,52

Niébé 1

0,89

0,28

0,28

Sésame

2,26

0,86

1,24

Superficie 1

6,56

6,50

6,16

Maïs 2

1,00

0,65

0,65

Arachide 2

1,18

0,15

0,15

Niébé 2

1,10

0,39

0,39

Soja

0,92

2,00

1,02

Voandzou

0,00

0,04

0,04

Coton

2,20

0,00

1,18

Maïs avec engrais

0,78

1,97

1,69

Superficie 2

7,20

5,20

5,13

Source : Nos enquêtes, 2004

Du tableau 48, il faut retenir, la production de 1,18 ha de coton. Les cultures dont les superficies sont réduites sont l'igname ordinaire, le soja et le maïs fertilisé qui ne sont plus tellement rentables par rapport au coton. Avec l'introduction du coton dans le modèle, la surface du sésame a augmenté de 0,38 ha.

En terme de journées de travail, cette simulation paraît un peu plus avantageuse pour le producteur car il utilise moins de main-d'oeuvre, que cette main-d'oeuvre soit familiale ou salariée. Les quantités sont respectivement de 907,15 et 50,40 pour la simulation contre respectivement 911,94 et 63,88 hommes-jour, pour la main-d'oeuvre familiale et la maind'oeuvre salariée du modèle de base. De plus, le revenu est demeuré le même si non qu'il a connu une légère augmentation de 6.367 francs CFA.

Malgré les avantages qu'offre cette simulation, le problème ici, c'est que le rendement proposé par le modèle est trop élevé par rapport à ceux actuellement obtenus par les producteurs. En effet, ce rendement représente une augmentation de près de 76% des rendements actuels. Une telle augmentation du rendement est actuellement très difficile et serait plutôt utopique.

7.2.2- Simulation sans la production de l'igname

Les résultats de la simulation montrent que le coton n'est pas retenu dans le modèle si son rendement est inférieur à 1150 Kg à l'hectare. De plus, lorsque le rendement du coton est inférieur à 1150 Kg/ha, le maïs et le niébé produit en première saison serviront uniquement à la consommation. Il en est de même pour le niébé, l'arachide et le maïs non fertilisé en seconde saison de cultures. Par contre, une partie de l'arachide et surtout du sésame produit en première saison sera commercialisée, tout comme la quasi-totalité du voandzou et du maïs fertilisé de la seconde saison.

Les spéculations qui ont le plus bénéficié du retrait de l'igname sont le maïs fertilisé et le sésame dont les superficies sont respectivement passées à 4,37 ha et 3,52 ha.

Quant au soja, il n'est pas retenu par le modèle et la production d'un hectare de soja à ce stade de la production réduirait le revenu agricole total de 7.602,67 francs CFA.

Dans cette simulation, le revenu a beaucoup baissé. La solution optimale est atteinte avec un revenu de 1.286.711,75 francs CFA. Cette baisse très sensible du revenu de l'ordre de 422.597 francs CFA montre que les systèmes qui n'intègrent pas l'igname dans leurs exploitations gagnent un revenu inférieur aux systèmes qui en intègrent ; ce qui a été obtenu au niveau du calcul des marges de production.

Les périodes critiques à la production sont ici les mois de juin et juillet. Il s'agit en fait des mois au cours desquels commence le déroulement des activités culturales du coton.

Le capital constitue aussi une contrainte majeure à la production dans les mois de mars - avril, de juillet et de septembre - octobre, bien que tout le capital ne soit pas utilisé.

7.2.3- Simulations sur la baisse des prix des principales spéculations

L'objectif ici c'est de voir quelles sont les solutions que le modèle proposerait si les principaux produits agricoles (maïs, arachide et igname) devraient être commercialisés à leur prix plancher. Le tableau 49 montre les différents résultats obtenus.

Tableau 49 : Résultats des différentes simulations effectuées sur les baisses de prix

Cultures

Cas du maïs

Cas de l'arachide

Cas de l'igname

Coton

0,00

0,00

0,00

Igname à piler

0,75

0,75

0,75

Igname ordinaire 0,90 0,80 0,27

Maïs 1 0,47 4,44 0,45

Cultures Cas du maïs Cas de l'arachide Cas de l'igname

Arachide 1 2,45 0,11 2,57

Niébé 1 0,28 0,28 0,28

Cultures Cas du maïs Cas de l'arachide Cas de l'igname

Sésame 1,64 0,18 1,36

Maïs 2 0,65 0,65 0,65

Arachide 2 0,52 0,15 0,15

Niébé 2 0,39 0,39 0,39

Soja 2,10 1,79 0,72

Voandzou 0,04 0,04 0,04

Maïs fertilisé 1,61 2,28 3,96

Source : Enquêtes, 2004

7.2.3.1- Cas de la baisse du prix du maïs

Il s'agit ici de considérer que la totalité de maïs produit est vendu à son prix plancher au producteur qui est de 69,528 francs CFA par Kg, soit une baisse de 30% par rapport au prix moyen. Le tableau 49 montre que les cultures qui bénéficient le plus de cette situation sont le sésame dont la superficie double presque (de 0,86 ha dans le modèle de base, elle passe à 1,64 ha dans la simulation) et l'arachide de seconde saison dont le modèle propose de produire maintenant une quantité supérieure à celle correspondant à la consommation. Les quantités à produire pour le maïs sont réduites (0.47 au lieu de 1.19 en première saison). Durant la deuxième saison, le maïs fertilisé connaît aussi une baisse de 0,36 ha. Il est donc à retenir que si le maïs vendu au prix plancher, il ne présente plus un intérêt économique assez important et seul le maïs fertilisé pourrait résister à la concurrence des autres spéculations.

Cette simulation consomme pratiquement la même quantité de main-d'oeuvre que le modèle de base (973,88 hommes-jours dont 63 salariés). Les périodes de pointe d'activités sont juin, juillet, août, septembre - octobre et novembre - décembre. Les coûts d'opportunité de la main-d'oeuvre comparés au taux de salaire journalier sont indiqués dans le tableau 50.

Tableau 50 : Comparaison des coûts d'opportunité et des taux de salaire de la main-d'oeuvre salariée.

Périodes Coûts d'opportunité Taux de salaire

Juin total 1694,83 1350

Juillet homme 2054,00 1500

Juillet total 1500,00 1500

Août total 2859,77 1400

Septembre - octobre total 1200,00 1200

Source : Enquêtes, 2004

7.2.3.2- Cas de la baisse du prix de l'arachide

Une baisse du prix de l'arachide jusqu'au prix plancher c'est à dire 150,22 francs CFA/Kg enlève tout caractère économique à cette spéculation comme le révèle le tableau 49. En effet, dans ces conditions, l'arachide devrait être produite uniquement pour assurer la consommation du ménage. Le maïs est la spéculation qui bénéficie le plus de cette situation car en première saison, sa superficie passe de 1,19 ha à 4,44 ha soit une augmentation de plus du double. Les ignames et le soja sont cultivés dans des proportions un peu plus réduites.

7.2.3.3- Cas de la baisse du prix de l'igname

La vente des ignames aux prix planchers (112 francs CFA par Kg pour les variétés à piler et 34 francs CFA par kg pour les variétés ordinaires) conserve toute leur chance aux variétés d'igname à piler (voir tableau 49). Par contre les variétés d'igname ordinaire seront produites uniquement pour la consommation. Le maïs fertilisé et le sésame sont les cultures qui tirent le plus profit de cette baisse des prix des ignames. Tout comme les ignames ordinaires, le soja perd aussi sa valeur économique.

Les périodes critiques à la production sont juin, juillet et novembre - décembre au cours desquelles la main-d'oeuvre est effective.

Quant au capital, il constitue aussi une limite à la production pendant les périodes de juillet et novembre - décembre car un franc investi pendant chacune de ces deux périodes rapporterait respectivement 2,62 francs et 0,61 franc en plus.

Cette simulation entraîne une baisse du revenu obtenu au niveau du modèle de base de l'ordre de 288.661,92 soit une diminution de 17%.

7.2.4- Simulation de la production à prix plafond

L'objectif ici c'est de voir les cultures qui seront éliminées ou avantageuses si les principaux produits agricoles (maïs, arachide et igname) devraient être commercialisés à leur prix plafond. Le tableau 51 montre les différents résultats obtenus.

Tableau 51 : Résultats des différentes simulations effectuées sur les prix plafonds.

Cultures Cas du maïs Cas de l'arachide Cas de l'igname

Coton 0,00 0,00 0,00

Igname à piler 0.75 0.75 0.75

Igname ordinaire 0.81 0.53 0.90

Maïs 1 4.43 0.47 1.19

Arachide 1 0.11 3.08 2.52

Cultures Cas du maïs Cas de l'arachide Cas de l'igname

Niébé 1 0.28 0.28 0.28

Sésame 0.18 0.18 0.86

Maïs 2 0.69 0.65 0.65

Arachide 2 0.15 1.97 0.15

Niébé 2 0.39 0.39 0.39

Soja 1.79 2.32 2.00

Voandzou 0.04 0.04 0.04

Maïs fertilisé 2.24 0.92 1.97

Source : Enquêtes, 2004

7.2.4.1- Cas de la vente du maïs au prix plafond

Il s'agit ici de vendre le maïs au prix de 110 francs par Kg. Par rapport au modèle de base, les cultures qui bénéficient le plus de cette situation sont le maïs en première saison dont la superficie a plus que triplé et le maïs fertilisé en seconde saison. Les cultures qui sont éliminées par cette vente du maïs au prix plafond sont l'arachide et le sésame en première saison de cultures. Les superficies d'igname à piler n'ont pas changé alors que celles des variétés ordinaires ont un peu diminué passant de 0.90 ha à 0.81 ha (tableau 51).

Seul le mois de juillet constitue un période majeure à la production pour ce qui est de la main-d'oeuvre. Alors que pour le capital, les périodes critiques sont juillet et novembre - décembre. En ce qui concerne le revenu, il a très peu varié.

7.2.4.2- Cas de la vente de l'arachide au prix plafond

Les arachides doivent être vendues ici à leurs prix plafond qui est de 250 francs par Kg. Les cultures qui sont éliminées par la vente des arachides au prix plafond sont les variétés d'igname ordinaire, le maïs et le sésame en première saison puis, le maïs fertilisé en seconde saison. A l'opposé de ces cultures l'arachide et le soja connaissent une augmentation de leur superficie (tableau 51). La superficie des ignames à piler n'a pas varié, ce qui montre que les ignames à piler restent toujours concurrentes.

Le mois de juillet constitue toujours une période critique pour la main-d'oeuvre alors que pour le capital, il s'agit des périodes de juillet et novembre - décembre. Quant au revenu il a connu une augmentation sensible de près de 10% ,par rapport au modèle de base exécuté.

7.2.4.3- Cas de la vente des ignames au prix plafond

Dans cette simulation, l'igname à piler sera vendue à 250 francs par Kg et les ignames ordinaires à 80 francs par Kg. Aucune culture ne bénéficie de cette hausse des prix des ignames car les superficies proposées par le modèle sont identiques à celles du modèle de base (tableau 51). La main-d'oeuvre est une contrainte majeure à la production principalement dans les mois de juin et juillet surtout avec un coût d'opportunité de plus de 5.000 francs en juillet. En ce qui concerne le capital, les périodes critiques sont janvier - février, juillet et novembre - décembre. Bien que les superficies soient restées les mêmes, l'augmentation des prix des ignames a entraîné une amélioration du revenu global de 53% par rapport au modèle de base et de près de 98% par rapport à la réalité observée.

D'une façon générale, lorsqu'une spéculation doit être produite et vendue à son prix plafond, le modèle propose d'en produire plus, ce qui entraîne la réduction des superficies des cultures qui deviennent moins intéressantes économiquement. Il faut tout de même signaler que dans tous ces cas de figures, les superficies des variétés d'igname à piler n'ont pas varié, ce qui montre le haut niveau de concurrence qu'elles peuvent supporter dans le système de production.

7.2.5- Simulation de la production de coton et d'igname

Dans le modèle général, quoiqu'il en soit, le coton et l'igname subissent la concurrence des autres cultures. La simulation de modèles comportant seulement ces deux cultures ou l'une des deux permettra de voir ce qui se passe entre elles. Il s'agit ici de voir comment les deux cultures se concurrencent effectivement au niveau de la main-d'oeuvre. Le tableau 52 ci-dessous présente les résultats de quatre simulations réalisées dans ces conditions.

Le premier constat, c'est qu'une augmentation de la superficie d'igname entraîne une diminution de celle de coton et vice versa. Dans ces différentes simulations l'igname ordinaire est peu produite.

Tableau 52 : Résultats de la simulations de la production du coton et de l'igname

 

Superficies

Superficies igname

 

Simulations

 
 
 
 
 

coton

A piler

Ordinaire

Revenu optimal

Coton seul dans le modèle

4,86

0,00

0,00

368.890.60

Coton et igname autoconsommée

3,85

0,29

0,27

585.640,47

Coton et igname dans le modèle 0,37 2,09 0,00 1.553.486,13

Igname seule dans le modèle 0,00 0,00 2,09 1.525.109,93

Source : Nos enquêtes, 2004

L'examen des besoins en main-d'oeuvre a montré que chacune des deux cultures a une production limitée. La contrainte qui limite la production de coton est la main-d'oeuvre masculine en d'août. Le coût d'opportunité de la main-d'oeuvre durant cette période est de 5.424,86 francs, ce qui incite le producteur à s'offrir les services de la main-d'oeuvre salariée.

En ce qui concerne la production de l'igname seule, elle est limitée par la main-d'oeuvre masculine en novembre - décembre. Pendant cette période, le producteur est capable de payer la somme de 11.214 francs pour s'offrir les services de travailleurs salariés. En effet, durant ces deux mois non seulement se poursuivent les activités de récolte de l'igname de la campagne en cours mais aussi, a lieu le buttage et la plantation de l'igname de la campagne prochaine.

Lorsque le coton et l'igname sont les deux cultures introduites dans le modèle, celui-ci nous propose de produire 3,86 ha de coton et 2,09 ha d'igname dans les conditions actuelles de production. Dans ce modèle, les périodes d'août et de novembre - décembre se révèlent comme les périodes de pointe d'activité.

Les différents résultats montrent que de toute évidence, il existe une concurrence entre les deux cultures en ce qui concerne la main-d'oeuvre. En effet, les deux cultures sont exigeantes en main-d'oeuvre. Cette conclusion partielle infirme l'hypothèse n° 1 de recherche car la production de coton n'a pas une incidence positive sur celle de l'igname en ce qui concerne l'allocation de la main-d'oeuvre. Au contraire, les deux cultures se concurrencent négativement par rapport cette contrainte.

Le coton et l'igname sont donc deux cultures concurrentes concernant l'utilisation de la main-d'oeuvre. Dans les systèmes production où le coton est encore efficace, le producteur a le choix entre produire assez de coton pour avoir des revenus ou produire de l'igname en quantité pour assurer la sécurité alimentaire et avoir aussi des revenus. C'est là le dilemme que rencontre les producteurs au cours de leurs prise de décision concernant les spéculations à produire.

CHAPITRE 8 :

CONCLUSION ET

SUGGESTIONS

8.1- CONCLUSION

L'étude des caractéristiques des exploitations agricoles du village Alawénonsa a montré qu'il existe plusieurs systèmes de cultures. Par rapport à notre objectif de recherche, quatre systèmes de cultures ont été retenus :

- les systèmes de cultures intégrant la culture de coton et celle de l'igname ;

- les systèmes de cultures intégrant la culture de l'igname et non celle du coton ;
- les systèmes de cultures intégrant la culture du coton et non celle de l'igname ;
- les systèmes de cultures n'intégrant ni la culture du coton ni celle de l'igname.

L'analyse des différents systèmes de production a révélé que les principales cultures produites par les paysans sont le maïs, le sésame, l'arachide, l'igname, le niébé et le soja. L'étude a aussi montré que les superficies de coton, de même que le nombre de producteurs ont beaucoup régressé dans le village pour les raisons suivantes : les aléas climatiques, le coût élevé des intrants agricoles qui entraîne une diminution des marges de production, le détournement des intrants à d'autres fins par les producteurs, la qualité douteuse des intrants fournies par les sociétés distributrices et le mauvais entretien des champs de coton. Toutes ces raisons font que le coton ne présente plus un intérêt économique important pour le village.

Quant à l'igname, elle a toujours occupé une place de choix dans les exploitations à cause de son rôle dans la sécurité alimentaire des populations et les revenus qu'elle peut faire engranger aux producteurs.

La détermination des marges brutes a montré que l'igname est la spéculation la plus rentable de l'exploitation agricole. L'arachide, le maïs et le soja présentent des marges moyennes et sont moins exigeantes en main-d'oeuvre, ce qui pousse à les produire en quantité suffisante. Cela a aussi permis de trouver que les systèmes de cultures qui intègrent l'igname sont les plus performantes.

Les modèles d'optimisation exécutés pour l'exploitation moyenne et les cinq plus grandes exploitations productrices d'igname (superficie d'igname > 1,80 ha) ont permis de noter que parmi les cultures vivrières, il y en a qui sont rentables et qui peuvent fournir des revenus non négligeables à l'exploitation. Il s'agit surtout de l'arachide et en partie du maïs en première saison de cultures et du maïs fertilisé en seconde saison. Les ignames, surtout les variétés d'igname à piler constituent une spéculation très intéressante. Malgré cela, la solution optimale proposée par le modèle pour cette spéculation n'est que légèrement supérieure à celle observée. La production de l'igname est en effet limitée par le capital monétaire destiné à l'achat des semences. Outre la contrainte de main-d'oeuvre qui limite la production de l'igname, le capital constitue donc une contrainte majeure à la production de cette spéculation.

Au nombre des résultats obtenus, le modèle propose de ne pas produire le coton car il n'est plus en mesure de fournir assez de ressources financières aux exploitants.

Le modèle d'optimisation effectué pour les cinq plus petites exploitations productrices d'igname (superficie d'igname < 0,85 ha) a révélé que ces exploitations peuvent emblaver plus de superficies totales dans leurs exploitations. Ces exploitations sont également confrontées au manque de capital si bien que les investissements dans l'agriculture sont faibles. Le modèle montre aussi que ces exploitations présentent une mauvaise utilisation de la main-d'oeuvre familiale. Il s'agit en fait de systèmes de production dans lesquels, si la main-d'oeuvre familiale est bien utilisée, les exploitants n'auront plus besoin de faire recours à une importante quantité de main-d'oeuvre salariée.

Les résultats confirment aussi l'existence d'une concurrence entre le coton et l'igname, concernant la main-d'oeuvre et dans une certaine mesure le capital. Bien que cette concurrence ne se transpose pas encore à la ressource terre, il est clair que les résultats ne peuvent demeurer tels, si on sait que la population croît rapidement et que la superficie disponible par producteur évolue en diminuant.

8.2- SUGGESTIONS

Cette étude réalisée dans le village Alawénonsa a permis de déterminer les éléments qui empêchent le développement de la production d'igname. Pour y remédier les suggestions suivantes sont proposées :

> A l'endroit des producteurs,

- La formation d'un groupement des producteurs d'igname orientés vers le marché. Ce

groupement pourra être créé dans tous les villages producteurs de façon à former un consortium. Le rôle de ce consortium sera surtout d'intervenir lors de la négociation des prix de l'igname avec les commerçants.

- La démystification de la culture de l'igname par l'usage des intrants notamment la matière organique pour le moment, en attendant que des intrants chimiques adaptés soient mis au point.

- Les exploitants produisant moins de 0,85 ha d'igname doivent essayer d'étendre les superficies totales de leur exploitation car cela leur permettra un meilleur usage de la maind'oeuvre familiale.

> A l'endroit du PDRT,

- Mettre en place avec les paysans, des parcelles de production de semences comme cela se fait déjà au Nigéria. Les paysans produisant ces semences pourront s'y spécialiser et les vendre à moindre coût à d'autres producteurs qui devront les acheter pour étendre leur champ.

- Mettre en place un système de crédit pour encourager les producteur à investir davantage.

> A l'endroit des chercheurs,

- Sélectionner des variétés d'igname moins exigeantes en fertilité et aux rendements élevés ;

- Mettre au point une formulation d'engrais chimique qui puisse entraîner une augmentation des rendements tout en conservant à l'igname toutes ces qualités nutritionnelles et physico- chimiques.

- Trouver un herbicide sélectif vis-à-vis de l'igname qui puisse permettre de faire des cultures successives sur la même parcelle et ainsi de réduire la déforestation. En effet, cela permettra aux producteurs de ne plus défricher des terres tous les ans et ainsi, de sédentariser un peu la culture de l'igname.

- Mettre un accent particulier sur la composante commercialisation en aidant les producteurs à trouver des débouchés.

> A l'endroit de l'Etat,

- La mise en place d'une structure de régulation des prix des produits agricoles.

- L'organisation de la filière igname de manière à ce que le surplus de la production en période d'abondance soit stocké et conditionné puis mis sur le marché plus tard ou alors exporté vers d'autres pays.

- Encourager la mise en place des unités de transformation de l'igname en produits semi-finis afin d'augmenter encore plus la valeur ajoutée de ce produit.

Lorsque toutes ces suggestions seront mises en oeuvre, cela permettra :

- Aux producteurs d'augmenter les superficies des champs d'igname car les contraintes majeures à la production qui sont liées au capital (achat de semences), à la terre (utilisation des engrais), et à la main-d'oeuvre (utilisation des herbicides) auront été levées.

- De limiter la déforestation et ainsi de pratiquer une agriculture durable, donc respectueuse de l'environnement.

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ANNEXES

ANNEXE 1

Nombre moyen d'enfants par catégorie de ménage.

Systèmes de
cultures

Nombre
d'enfants

Nombre d'enfants
dans le ménage

Nombre d'enfant
hors ménage

Nombre d'enfants
scolarisés

Proportion
d'enfants scolarisés

A

8,06

7,31

2,00 (6)

3,08 (13)

31,05 %

B

8,76

7,04

3,82 (11)

3,53 (25)

24,18 %

C

6,00

5,00

2,33 (3)

2,00 (6)

28,57 %

D

3,80

3,80

1,00 (1)

1,50 (2)

15,79 %

Nombre d'exploitations par cultures

Cultures

Nombre d'exploitations

Pourcentage

Maïs

53

100,00

Arachide

49

92,45

Sésame

45

84,91

Niébé

43

81,13

Igname

41

77,36

Soja

34

64,15

Coton

23

43,40

Voandzou

12

22,64

Superficie totale emblavée par l'échantillon d'étude en 2003 par culture

Cultures

Superficie (ha)

Pourcentage

Maïs

158,80

23,94

Arachide

108,94

16,42

Niébé

90,16

13,59

Sésame

81,73

12,32

Soja

59,27

8,93

Igname

54,50

8,22

Coton

49,50

7,46

Voandzou

10,36

1,56

Riz

6,68

1,01

Total

666,39

100

Surface moyenne emblavée par catégorie d'exploitation en 2003

Cultures

Ensemble

A

B

C

D

Moy

Nbre

Moy

Nbre

Moy

Nbre

Moy

Nbre

Moy

Nbre

Igname

1,33

41

1,59

16

1,16

25

0

7

0

5

Coton

0,93

23

2,22

16

0

0

2

7

0

0

Manioc

0,58

28

0,36

7

0,59

11

1

7

1

3

Maïs 1

1,88

47

1,37

12

2,24

24

1,86

6

1,8

5

Maïs 2

1,11

36

1,78

14

0,82

14

1

5

1

3

Riz 1

0,04

5

0,063

2

0,05

3

0

0

0

0

Riz2

0,08

8

0,07

2

0,11

5

0,06

1

0

0

Arachide 1

0,28

14

0,45

5

0,2

5

0,33

3

0,1

1

Arachide 2

1,77

48

1,18

13

2,2

25

2,2

6

0,95

4

Niébé 1

0,83

26

0,89

7

0,48

9

2

6

1,32

4

Niébé 2

0,82

31

1,10

13

0,83

13

0,5

3

0,3

2

Soja

1,12

34

0,92

8

1,57

20

0,43

2

0,9

4

Sésame

1,54

45

2,26

15

1,41

21

0,55

5

0,9

4

Voandzou

0,20

12

0

0

0,125

6

0,7

4

0,47

2

Total

12,757

-

14,316

-

12,055

-

13,17

-

9,42

-

Prix moyen annuel des produits en 2003 (les prix sont exprimés en franc CFA par Kg de produit).

Produits

Prix

Produits

Prix

Maïs

99,027

Igname à piler

5 8,979

Riz

27 1,666

Igname ordinaire

145,65 1

Arachide

183,782

Voandzou

329,03 6

Niébé

253,591

Goussi

200,000

Soja

100

-

-

Prix unitaire des semences utilisées

Produits

 

Prix

Produits

 

Prix

 

Maïs

95

 

Sésame

200

Soja

 

100

Igname à piler

 

50

Arachide

 

187,58

Igname ordinaire

 

25

Niébé

 

267,62

Voandzou

 

333,33

NB : Pour l'igname, il s'agit du prix d'une unité de semence qui servira à ensemencer une butte. Pour les autres cultures, il s'agit du prix d'un Kg.

ANNEXE 2

FICHE DE RECENSEMENT DES EXPLOITATIONS (Phase exploratoire)

1- N° de l'enquêté :

2- Effectif du ménage : Hommes Femmes Enfants

3- Nombre d'actif agricole :

4- Superficie totale disponible : hectares ou cantins

5- Etes-vous producteurs d'igname ? 1/ oui 0 / non

Si non pourquoi ?

Les principales cultures ( Superficies ) :

Coton

Igname

Maïs

Riz

Arachide

Soja

Sésame

Cultures

2004

2003

Manioc

Niébé

Autres

6- Produit-on l'igname pour la commercialisation ? 1/ oui 0/ non ...

· Si non pourquoi ?

8- Fait-on appel à la main-d'oeuvre salariée ? 1/ oui 0/ non

· Si non pourquoi ?

9- Utilisez-vous la culture attelée ? 1/ oui 0/ non

GUIDE D'ENTRETIEN (Phase exploratoire)

1- Arrondissements et villages meilleurs producteurs d'igname et de coton de la commune

1- Quelle est la tendance de la production d'igname dans chacun de ces villages depuis environ 5 à 10 ans ?

3- Quels sont les villages producteurs d'igname où il existe encore des terres non défrichées ?

4- Quels sont les villages qui peuvent être intéressés par cette étude ? (Disponibilité des paysans à travailler et à collaborer avec l'étudiant).

5- Quels sont les villages où la commercialisation de l'igname est bien assurée par les producteurs ?

6- Quelles sont les principales variété d'igname cultivées par les paysans ? Lesquelles sont commercialisées ?

7- Quels sont les problèmes auxquels sont confrontés les paysans produisant :

- l'igname seule ;

- l'igname et le coton.

8- Quelle est l'influence de la culture du coton sur celle de l'igname et vice versa dans chaque village ?

9- Le coton étant une culture qui engendre des revenus groupés aux paysans, cela n'a t-il pas de répercussions sur le choix des cultures par le paysan ?

10- Quels sont les calendriers culturaux de l'igname et du coton de la région ?

11- Quels sont les villages où les paysans font appel à la main-d'oeuvre salariée ?

12- Existe t-il des groupements de producteurs d'igname dans certains villages ? Si oui lesquels et quel est leur

rôle ?

13- Quelles sont les autres cultures principales pratiquées par les paysans de chaque village ?

14- Degré d'intervention du CARDER et des ONG dans les villages par rapport à la culture de l'igname.

15- Quelles sont les structures qui interviennent dans la production agricole du village ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES PRODUCTEURS

1- Quels sont les types de sol propices à la culture de l'igname ?

Types de sol

Raison

2- Quels sont les problèmes que vous rencontrez par rapport à la gestion de la terre ?

3- Quelles sont les cultures principales que vous pratiquez dans le village ?

4- Les types d'association de cultures rencontrées

4.a- Indiquer pourquoi ces associations :

5- Les différentes rotations de cultures pratiquées :

5 .b- Indiquer pourquoi ces rotations :

6- Pourquoi cette place pour l'igname dans les rotations ?

6- Nombre d'années consécutives d'utilisation de la terre :

7- Nombre d'années consécutives de jachère (durée jachère) :

8- Quels sont les systèmes de cultures intégrant l'igname ?

Systèmes de culture

Avantages

Inconvénients

9- Quelles cultures ne sont pas associables à l'igname ?

Cultures

Raisons

 

10-

Division du travail entre hommes et femmes et classes d'âge

Activités

10 - 15 ans

15 - 65 ans

Plus de 65 ans

 

F

H

F

H

F

Défrichement

 
 
 
 
 
 

Labour

 
 
 
 
 
 

Semis / Plantation

 
 
 
 
 
 

Sarclage

 
 
 
 
 
 

Epandage d'engrais

 
 
 
 
 
 

Traitement phytosanitaire

 
 
 
 
 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 

11- Tranche d'âge de l'homme-jour :

12- Equivalence entre temps de travail, quantité de travail et l'homme-jour

Activités

Temps de travail

Quantité de travail

Défrichement

Labour

Semis / Plantation

Sarclage

Epandage d'engrais

Traitement phytosanitaire

Récolte

13- Normes de quantité de travail par classes d'âge, par sexe et par activité culturale (hectare ou cantin)

Activités

10 à 15 ans

15 à 65 ans

Plus de 65 ans

 

F

H

F

H

F

Défrichement

 
 
 
 
 
 

Labour

 
 
 
 
 
 

Semis / Plantation

 
 
 
 
 
 

Sarclage

 
 
 
 
 
 

Traitement phytosanitaire

 
 
 
 
 
 

Fertilisation

 
 
 
 
 
 

Démariage

 
 
 
 
 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 

14- Besoin en main-d'oeuvre par culture et par activité

 

Coton

Igname

Maïs

Manioc

Riz

Niébé

Soja

Séséme

 
 

Défrichement

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Labour

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Démariage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sarclage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Fertilisation

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Traitement

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

15- Problèmes rencontrés par rapport à main-d'oeuvre :

16- Comment essayez-vous de les résoudre ?-

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE 1- IDENTIFICATION DE L'EXPLOITATION

1.1- N° de l'enquêté :

1.2- Nom et prénom :

1.3- Age :

1.4- Sexe : 1/ Masculin 2/ Féminin

1.5- Niveau d'instruction (cocher la case)

Non instruit

CI - CM2

6ème - 3ème

2nde - Terminale

Université

1/

2/

3/

4/

5/

1.6- Alphabétisation : 1/ Oui 0/ Non

1.7- Profession du chef de ménage (activité principale) :

Mode d'accès

Utilisation actuelle

1.8- Situation matrimoniale (cocher la case)

Célibataire

Marié

Veuf

Divorcé

1/

2/

3/

4/

1.9- A quel groupe socioculturel (ethnie) appartenez-vous ? (cocher la case)

Mahi + Fon

Yoruba

Idatcha

Peuhl

Yom Lokpa

Adja

Autres

1/

2/

3/

4/

5/

6/

7/

1.10- Religion : 1/ Animiste 2/ Chrétien 3/ Islam 4/ Autres

1.11- Nombre de femmes :

1.12- Nombre d'enfants :

 

Moins de 10 ans

10 à 15 ans

Plus de 15 ans

Homme

Femme

Homme

Femme

Homme

Femme

Nombre d'enfants dans le ménage

 
 
 
 
 
 

Nombre d'enfants hors du ménage

 
 
 
 
 
 

Nombre d'enfants scolarisés

 
 
 
 
 
 

1.13- Nombre de personnes à charge outre les enfants et vivant dans le ménage

 

Moins de 10 ans

10 à 15 ans

Plus de 15 ans

Homme

Femme

Homme

Femme

Homme

Femme

Effectif

 
 
 
 
 
 

1.14- Nombre d'actifs agricoles permanents : Hommes : Femmes :

2- GESTION DE LA TERRE 2.1- Terres en possession

Champs

1-

2-

Superficie

2.2- Terres cultivées

Superficie

Mode d'accès

Rente ou frais de location

Durée d'utilisation

Durée de jachère

Champs

1-

2-
Les modalités possibles d'accès à la terre : 1/ Héritage - 2/ Achat - 3/ Don - 4/ Location - 5/ Prêt - 6/ Gage
- 7/ Métayage - 8/ Héritage partagé - 9/ Autres (à préciser)

2.3- Avez-vous la possibilité d'agrandir vos terres ? 1- oui 0- non

2.3.a- Si non, pourquoi ?

2.3.b- Si oui, comment ?

2.4- Nombre d'années consécutives d'utilisation de la terre pour la culture de l'igname :

3- GESTION DE LA MAIN-D'OEUVRE

3.1 - Nombre de personnes qui travaillent dans l'exploitation

Personnes de la famille Ouvriers salariés

3.2- Estimation du temps de travail au sein de l'exploitation (travail familial)

Temps

Activités

Jan

Fév

 
 
 
 

Total

Mar Avr

Mai Juin

Juil Aoû

Sept

Oct

Nov

Déc

Main-d'oeuvre

Age

3.3- Utilisation de la main-d'oeuvre salariée : 1- Oui 0- Non

3.3.1- Si oui, pour quelles activités ?

3.3.2- Si non pourquoi ?

Nombre de travailleurs et nombre de jours et d'heures de travail par mois de la main-d'oeuvre salariée

Main-d'oeuvre

Jan

Fév

Mar

Avr

Mai

Juin

Juil

Sept

Ocb

Nov

Déc

 

Temps

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Activités

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rémunération

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

T de travail

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Activités

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rémunération

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3.4- Rémunération de la main-d'oeuvre salariée par unité de travail à préciser

Activités

Igname

Coton

Maïs

Riz

Arachide

Niébé

Soja

Sésame

Autres

Défrichement

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Labour

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis / Plantation

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Démariage

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sarclage

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Epandage d'engrais

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Protection

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 
 
 

4- CAPITAL

4.1 - Quels sont les différents outils et matériels agricoles utilisés pour le travail agricole ?

Outils

Nbre

Prix unitaire

Mois d'achat

Nbre années d'utilisation

4.2- Avez-vous reçu de crédits pour financer vos activités agricoles en 20032 ?

1/ oui 0/ non

4.2.1- Si non pourquoi ?

Si oui, remplissez le tableau suivant

Montant

Sources

Intérêt

Durée

Utilisation (spéculation)

4.3- Dépenses mensuelles pour les différentes activités

 

Coton

Igname

Maïs

Manioc

Riz

Arachide

Niébé

Soja

Sésame

Janvier

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Février

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Mars

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Avril

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Mai

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Juin

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Juillet

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Août

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Septembre

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Octobre

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Novembre

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décembre

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

5- GESTION DES CULTURES

5.1 - Objectifs dans la production de l'igname :

Cultures

Coton

Niébé

Coût total

Prix unitaire

Quantité

Types

5.2- Evolution de la superficie d'igname ces 5 dernières années :

Année

Superficie

Hectares

Ou Buttes

Ou Tégba

Ou Parcelles

2004

 
 
 
 

2003

 
 
 
 

2002

 
 
 
 

2001

 
 
 
 

2000

 
 
 
 

5.3- Superficie emblavée pour chaque culture en 2003

Cultures

Première saison

Deuxième saison

Igname

Laboco

 
 

Gnidou

 
 

Kangni

 
 

Ala

 
 

Parakou

 
 

Kokoro

 
 

Autres variétés

 
 

Manioc

 
 

Coton

 
 

Maïs

Améliorée

 
 

Locale

 
 

Riz

 
 

Arachide

 
 

Niébé

 
 

Soja

 
 

Sésame

 
 

5.4- Utilisation d'intrants 5.4.1- Engrais

Cultures

Types

Quantité

Prix unitaire

Coût total

Coton

 
 
 
 

Maïs

1 ère saison

 
 
 
 

2ème saison

 
 
 
 

Riz

1 ère saison

 
 
 
 

2ème saison

 
 
 
 

5.4.2- Insecticides

10

6- GESTION DE LA PRODUCTION

6.1 - Marchés de commercialisation : 1 = Village ; 2 = Arrondissement et 3 = Régional 6.2- Répartition de la production

Cultures

Superficie

Production

Consommation

Semences

Coton

 
 
 
 
 

Igname

Laboco

 
 
 
 

Gnidou

 
 
 
 

Kangni

 
 
 
 

Parakou

 
 
 
 

Ala

 
 
 
 

Kokoro

 
 
 
 

Autres variétés

 
 
 
 

Maïs

Améliorée

 
 
 
 

Locale

 
 
 
 

Manioc

 
 
 
 
 

Riz

 
 
 
 
 

Arachide

 
 
 
 
 

Niébé

 
 
 
 
 

Soja

 
 
 
 
 

Sésame

 
 
 
 
 





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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe