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Mr DIEKOUADIO K. Stéphane
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LE TRANSPORT INTERNATIONAL DE FRUITS SOUS
TEMPERATURE DIRIGEE
Cas du transport par voie maritime de la banane de Côte
d'Ivoire vers l'Europe
Dirigé par : Mr MEAUDRE Jean-Luc
Programme : Mastère Spécialisé en
Management de la Chaîne Logistique et Achats
SOMMAIRE
INTRODUCTION
PARTIE I : DE LA PRODUCTION A L'ACCES AU MARCHE
MONDIAL
TITRE I : LA PRODUCTION DE LA BANANE
CHAPITRE I : LA PRODUCTION MONDIALE
SECTION I : UNE PRODUCTION EN FORTE CROISSANCE SECTION II : LES
COMPAGNIES TRANSNATIONALES
CHAPITRE II : ORGANISATION DE LA FILIERE EN COTE D'IVOIRE
SECTION I : LA PRODUCTION : Association entre nationaux et
multinationales SECTION II : ORGANISATION DU TRANSPORT
TITRE II : LE COMMERCE DE LA BANANE
CHAPITRE I : LE MARCHE MONDIAL
SECTION I : GENERALITES
SECTION II : LES DIVERSES PROVENANCES DE LA BANANE
CHAPITRE II : LE MARCHE EUROPEEN
SECTION I : LESIMPORTATIONS EUROPEENNES DE BANANES DESSERTS
SECTION II : LA COTE D'IVOIRE ET LE MARCHE COMMUNAUTAIRE SECTION II : LA
LIBERALISATION TOTALE DU MARCHE EUROPEEN
PARTIE II : L'ACHEMINEMENT PAR VOIE MARITIME DE LA
BANANE
TITRE I : LES ASPECTS TECHNIQUES DU TRANSPORT
CHAPITRE I : LA SPECIFICITE DE LA MARCHANDISE SECTION I :
PREALABLE AU TRANSPORT DES BANANES SECTION II : PREPARATION DU TRANSPORT DES
BANANES
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES TECHNIQUES DES NAVIRES
BANANIERS SECTION I : LES DIFFERNTS TYPES DE NAVIRES
SECTION II : LE MECANISME DE TEMPERATURE DIRIGEE
TITRE II : LES ASPECTS JURIDIQUES DU TRANSPORT
CHAPITRE I : LES DIFFERENTS CONTRATS ET DOCUMENTS DE
TRANSPORT MARITIME
SECTION I : LA CHARTE-PARTIE OU CONTRAT D'AFFRETEMENT SECTION II
: LE CONNAISSEMENT
CHAPITRE II : LES AVARIES ET RESPONSABILITES
SECTION PRELIMINAIRE : DETERMINATION DE LA LOI
SECTION I : MISE EN JEU DE LA RESPONSABILITE DU TRANSPORTEUR
SECTION II : LE ROLE DE L'ASSURANCE
CHAPITRE III : MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITE DU
TRANSPORTEUR
SECTION I : LE TRIBUNAL COMPETENT
SECTION II : PREUVE ET CAUSE DU DOMMAGE SECTION III : L'
INDEMNISATION DU PREJUDICE SUBIT SECTION IV : LA PRESCRIPTION
CONCLUSION
INTRODUCTION
La banane, fruit du bananier, constitue un
élément essentiel du régime alimentaire de certains pays
développés et constitue une nourriture de base pour des millions
de personnes sous les tropiques. Elle est originaire d'Asie du Sud-Est
(Chine).
Le mot banane provient du portugais "banana" qui lui même
est dérivé du Guinéen "banema".1
C'est un long fruit légèrement incurvé, qui
est regroupé sur le bananier en grappe nommée "régime". La
banane possède une peau de couleur jaune ou verte facile à
détacher.
La partie intérieure est une savoureuse pulpe
amylacée au goût sucré et à la consistance
généralement fondante.
Doc 1- Bananes de Côte d'Ivoire.
1 Cf Denham, T. (2005) : Les racines de
l'agriculture en Nouvelle Guinée. La Recherche, 389.
Aujourd'hui, elle se trouve pratiquement dans le monde entier.
Ce fruit a connu une évolution qui le place dans les premiers rangs
mondiaux du transport de fruits tropicaux, juste après les agrumes.
Il faut noter que le développement des plantations pour
l'exportation, se fait au début du XXème siècle, avec
l'essor des progrès techniques des transports terrestres, maritimes et
surtout de la thermodynamique qui permettent l'acheminement et la
réfrigération précise des caisses de bananes.
Les bananes sont cultivées dans la plupart des
régions tropicales, et jouent un rôle clef dans l'économie
de nombreux pays en développement. Notons qu'en termes de valeur brute
de production, les bananes représentent, par ordre d'importance, la
quatrième culture vivrière du monde après le riz, le
blé et le mais.
A l'exportation, la banane apporte une contribution capitale
aux économies de nombreux pays à faible revenu et à
déficit vivrier, dont les Philippines, le Guatemala, l'Equateur, le
Cameroun et la Côte d' Ivoire. En terme de valeur et de volume, les
bananes sont les fruits frais les plus exportés au monde.2
La banane est le seul fruit qui fait véritablement l'objet
d'une réglementation mondiale spécifique et précise; ce
qui est d'ailleurs source de conflit entre les Etats-Unis et l'Europe.
On parlera même de "guerre de la banane".
Il faut retenir qu'il existe plusieurs variétés
de bananes (plus de 1000 variétés divisées en 50 groupes),
cependant, la production pour l'exportation repose sur quelques
variétés sélectionnées pour leurs hauts rendements,
leurs résistances lors des transports de longues distances, leurs
qualités constantes et leurs fruits exempts de taches (par exemple la
banane Cavendish communément appelée "banane douce" ou "banane
dessert").
La banane est introduite par les européens sur la
côte Ouest de l'Afrique au XVIème siècle. Celle-ci
connaît plusieurs évolutions; au début du XXème
siècle, on cultivait la variété appelé "Gros
Michel" qui fut abandonnée face à la maladie de "Panama". A
partir de 1960 on
opta pour la variété Cavendish qui s'avère
plus résistante. La Côte d'Ivoire suit cette évolution pour
rester compétitive.
Avant l'étude du transport des bananes ivoiriennes, on
présentera ce pays d'Afrique de l'Ouest subsaharien,3 d'un
point de vue géographique, historique et économique.
Sur le plan géographique, la Côte d'Ivoire se
trouve en Afrique de l'Ouest, et s'inscrit dans un carré dont les
côtes sont situées d'une part entre 4°30 et 10°30 de
latitude Nord et d'autre part, entre 2°30 et 8°30 de longitude Ouest.
Le territoire est limité au Sud par l'océan Atlantique (environ
600 km de côte dans la partie occidentale du Golf de Guinée), au
Nord par le Mali et le Burkina Faso, à l'Est par le Ghana et à
l'Ouest par le Libéria et la Guinée.
Sa superficie est de l'ordre de 332 500 km2. La
capitale économique est Abidjan, et la seconde politique, est
Yamoussoukro.
Doc 2 -- La Côte d'Ivoire (cartes)
2 Cf ; Frison, E. and Sharrock, S. (2000) : The
Economic Social and Nutritional Importance of Banana in the word. In bananas
and food security, Aniane, Louma Productions France.
3 Cf. Cartes
Sur le plan historique, la Côte d'Ivoire a connu
plusieurs bouleversements dans la première partie du XXème
siècle, pour ensuite se stabiliser au niveau institutionnel et se
développer au plan commercial et industriel. Il faut noter que ce
territoire devient colonie française à partir de 1885. Au cours
des années 40 et 50, les revendications autonomistes sont
exprimées par Houphouët Boigny et son parti politique. En 1960, la
Côte d'Ivoire accède à l'indépendance, et celui-ci
en devient le président. Notons que dans la décennie qui suivi,
ce pays connu une croissance économique qui en fait un modèle
pour les jeunes nations d'Afrique. Malheureusement, les nombreuses
contestations de la population, des années 90, engendrent avec la mort
d'Houphouët en 1993, une période chaotique marquée par des
tensions sociales et une détérioration progressive de
l'économie.
Economiquement, ce pays est doté d'infrastructures
marquées par une volonté d'ouverture sur l'extérieur (deux
grands ports autonomes à Abidjan 13 millions de tonnes de marchandises
par an, d'où sont acheminées les cargaisons de bananes vers
l'Europe et à San Pedro qui accueille d'autres matières
premières agricoles d'exportation, telles le café, le cacao, le
bois, etc...). Avec l'ouverture du canal de Vridi, Abidjan devient un port de
mer, puis un pôle financier.
Doc 3 -- Canal de Vridi de nos jours (Abidjan'
Port-Bou)t Fig 1 et 2)
On peut retenir que malgré l'indépendance, la
Côte d'Ivoire conservera de bonnes relations avec la France qui restera
son principal partenaire commercial.
La Côte d'Ivoire est aussi la plaque tournante du trafic
aérien ouest-africain (trois aéroports internationaux), son
réseau routier s'étend sur 70 000 km. On notera que l'agriculture
reste le secteur clef de l'économie ivoirienne, occupant 60 % de la
population et représentant 34 % du PIB et 2/3 des ressources
d'exportation. A ce propos la banane constitue une part importante de
la production agricole, même si elle est classée en
4ème position derrière le cacao, le café et le coton.
Doc 4 -- Abidjan capitale économique (Fig 1 et
2)
La Côte d'Ivoire fait partie du groupe de pays producteurs
appelés "Pays ACP" c'est à dire
(Afrique-Caraïbes-Pacifique). La Côte d'Ivoire et le Cameroun sont
au premier rang des
producteurs ACP de bananes. L'Union européenne et
notamment la France ont accordé à ces pays des conditions
préférentielles d'importation et d'exportation au sein de la
Communauté européenne. Ce fait, est source de problèmes au
niveau mondial et entraîne de nombreux débats.
Cette analyse débutera par une vue d'ensemble sur
l'organisation de la production et l'accès au marché mondial
(Partie I ). En effet, de nombreux accords internationaux ont été
conclus; du coup, en Côte d'Ivoire, l'organisation économique du
transport des bananes a subi des modifications.
On étudiera en second lieu, la chaîne du
transport maritime de la banane ivoirienne (Partie II). En effet, de nombreuses
caractéristiques techniques, mais aussi juridiques en font un cas
particulier. Techniquement, la fragilité de la marchandise
transportée requiert des précautions particulières, et une
méthode spéciale d'acheminement. Juridiquement, il est
nécessaire de démontrer la spécificité de ce
transport, en analysant dérogations et aménagements qui sont fait
au droit commun des transports maritimes.
Doc 5 - Situation géographique de la Côte
d'Ivoire en Afrique
PARTIE I : DE LA PRODUCTION A L'ACCES AU MARCHE
MONDIAL
Les bananes sont cultivées dans l'ensemble des
régions tropicales et jouent un rôle majeur dans l'économie
de nombreux pays, tel que l'Inde avec 16 820 000 tonnes, l'Equateur 588 600
tonnes, le Mexique 2 026 613 tonnes4 . Elles constituent une source
d'emploi et de revenu pour les populations locales.
Notons qu'il est nécessaire de distinguer parmi la grande
variété de bananes, deux catégories:
· Les bananes à cuire, incluant les bananes
plantains et les autres sous-groupes de variétés tel que la
"Pisang Awak" en Asie.
· Les bananes desserts ou bananes sucrées, où
le sous groupe Cavendish est prépondérant.
Le transport de ce fruit tropical va alors représenter
de loin, le plus gros tonnage de fruits transporté sous
température dirigée, vers les marchés de zones
tempérées. En effet, les bananes sont exportées à
partir de nombreux territoires situées dans des zones tropicales et
subtropicales, mais les territoires les plus importants sont situés en
Amérique Centrale, du Sud et en Afrique.
Il est nécessaire de souligner que notre étude
ne concernera que la production et le transport des bananes desserts vers les
marchés européens, car les bananes à cuire sont en
général consommées sur place par les populations locales,
d'où celles-ci n'ont pas accès au commerce international.
Ce volet s'examinera en deux phases. D'abord par une vue
d'ensemble sur la production de la banane (Titre1), ensuite par l'étude
du commerce international de ce fruit ( Titre 2).
4 Cf. Données de Faostat (FAO), chiffres de
2003 - 2004. (
Doc. Wikipedia.org).
TITRE I : LA PRODUCTION DE LA BANANE
Dans notre analyse, il ne sera question que de la banane dessert,
car la banane à cuire n'est pratiquement pas exportée vers les
pays occidentaux.
On passera en revue, la production mondiale (Chap. 1) et
l'organisation de la filière banane en Côte d'Ivoire (Chap. 2).
CHAPITRE I : LA PRODUCTION MONDIALE
La banane est culture pérenne à croissance
rapide. Elle peut être récoltée tout au long de
l'année. La production pour l'exportation repose comme nous l'avons
indiqué plus haut, sur quelques variétés seulement qui ont
été choisi pour leur résistance et leur qualité.
Mais, on remarque depuis une dizaine d'années une
augmentation de la production mondiale (Section 1), due aux nouvelles
technologies, mais aussi aux investissements importants des puissantes firmes
multinationales (Section 2).
Section 1 : Une production en forte croissance
La banane connaît un essor considérable au
XXème siècle. En effet, la production mondiale de bananes
desserts a augmenté de 30 % au cours des quinze dernières
années.
Son volume annuel moyen a augmenté de 49 %, passant de
42.5 millions de tonnes entre 1985 et 1987 à 63.4 millions de tonnes de
1988 à 2000.5
§1 : Evolution de la
production
Il faut noter que cet essor est dû, avant tout à
un accroissement régulier de la superficie cultivée : (ex:
l'Equateur et les Philippines ont considérablement accru leurs
superficies cultivées). En terme de valeur de production, les bananes se
situent au 4ème rang mondial des plantes alimentaires. Les bananes
exportées sont placées au 4ème rang des produits de base
au niveau mondial et au 1 er rang en tant que fruit. Notons à ce propos
qu'en 1992, la production totale s'élevait à 66 millions de
tonnes et que 50 % de cette production était assurée par le seul
groupe de bananes Cavendish.
5 Sources FAOSTAT
En 2000 la culture de bananes concernait une superficie de
quelques 9 millions d'hectares; entre 1998 et 2000, la production mondiale
était en moyenne de 92 millions de tonnes par an, et en 2001 elle a
été estimée à 99 millions de tonnes. Il faut noter
cependant que ces chiffres demeurent approximatifs, car la plus grande partie
de la production mondiale 85 % environ, provient de parcelles relativement
petites ou de potagers pour lesquels les statistiques font défaut.
L'Amérique latine est la première région
productive de bananes de type Cavendish, devant l'Asie. Paradoxalement, le
premier pays producteur mondial de Cavendish est l'Inde, suivi de l'Equateur,
la Chine, la Colombie et le Costa Rica. Ensemble ces cinq pays assurent plus de
la moitié de la production globale de Cavendish.6
On note alors que la culture de la banane connaît un
essor considérable au XXème siècle. Après la
conférence de la FAO* en Australie en 1999 sur les fruits tropicaux ; il
en ressort que relativement à l'offre et à la demande, la
production de bananes devrait s'accroître. La demande mondiale
d'importation nette de banane devrait augmenter d'environ 1.9% par an. Pour ce
qui est des exportations, elles devraient augmentées de 2.2 % par
an.7
Les exportations ivoiriennes, ainsi que celles du Cameroun
(autre pays d'Afrique Noir), devraient augmenter de plus de 4 % par an. On
retient que la différence entre le chiffre total de production et les
"import-export" s'explique par le fait de la forte consommation au sein des
pays producteurs. Par contre, cette étude ne s'orientera que vers les
pays producteurs et exportateurs de bananes desserts, car les autres
variétés de bananes ne sont pas intégrées au
marché mondial, d'où n'utilisent pas les moyens logistiques
maritimes pour l'acheminement et la distribution des bananes. A titre
d'exemple, on prend le cas de l'Inde qui ne représente aucun
intérêt, car ses 7.9 millions de tonnes de bananes sont
consommées sur place, donc ne font pas l'objet d'échanges
commerciaux dans le monde.
6 Sources CIRAD-FLHOR.
7 Cf.
www.fao.org.
§2 : Les pays producteurs de
bananes
Notons que dans les contrées tropicales, les bananes
figurent au nombre des denrées de base primordiales et leur production
pour la vente sur les marché locaux constitue l'une des rares
activités qui procurent un revenu annuel régulier aux
ménages. La plupart des bananes sont cultivées pour les
marchés locaux ou pour l'autoconsommation. Seule une fraction de la
production totale est destinée à la vente sur le marché
mondial. (Ex : seules environ 10 millions de tonnes de bananes Cavendish et
Gros Michel sont exportées et commercialisées sur le
marché mondial, exceptions faites pour quelques
spécialités commercialisées en petites quantités et
bien sûr pour les bananes BIO8. Concernant la production
destinée à la consommation domestiques ou aux marchés
locaux ; on a une production à petite échelle, qui utilise peu
d'intrants agricoles et nécessite beaucoup de main d'oeuvre, de ce fait
les coûts de production sont bas. Cependant, la production tournée
vers l'exportation s'appuie sur une utilisation intensive d'intrants agricoles
et des technologies modernes.
Les trois régions principales d'importation de la
banane se situent en Amérique latine et aux Caraïbes, en Afrique et
en Asie. On prendra comme références, le cas de certains pays
représentatifs de l'activité en question.
1- l'Equateur
Ce pays est le principal exportateur de bananes dans le monde,
et sa part du commerce mondial des bananes est en progression. Ces exportations
ont augmenté d'un million de tonnes en 1985, elles sont passées
à 3.6 millions de tonnes en 2000. La production est effectuée par
des sociétés nationales, et les sociétés
étrangères (soit transnationales) ne maîtrisent qu'une
petite part de la production, moins de 1 %. Nous comprenons donc que 90% de 150
000 ha de cultures bananières enregistrées appartiennent à
des petites et moyennes exploitations.
Au cours des vingt dernières années, ce pays a
augmenté ses volumes d'exportation vers tous ses marchés. La part
des exportations vers les acheteurs traditionnels comme les Etats-Unis et
l'Europe s'est contractée, au détriment des économies en
transition d'Europe de l'Est et d'Asie.
8 Cf. Agriculture biologique.
Le régime d'importation sous licence de la
Communauté européenne instauré en 1993 a joué un
rôle dans ce déplacement des échanges ; ceci sera
expliqué dans le détaille dans le (Titre2). En dépit de
ces changements, l'Amérique du Nord et l'Europe demeurent les principaux
marchés d'exportation.
2- La Colombie
Les bananes sont en termes d'importance, le 3ème
produit agricole d'exportation après le café et les fleurs. En
2000, la Colombie a exporté plus de 90 % de sa production de bananes
Cavendish, estimé à 1.9 millions de tonnes.
La culture de bananes occupe environ 60 000 ha, soit 7 % de
la totalité de la superficie cultivée consacrée à
la culture fruitière. En 2000, les recettes d'exportations
bananières avoisinent les 450 millions de dollars US, soit 4 % de la
valeur totale des exportations du pays. Ces fruits sont destinés pour 62
% à l'UE et 32 % aux USA le principal partenaire du pays. Comme pour la
plupart des pays exportateurs de bananes d'Amérique latine, les pays
d'Europe de l'Est représentent une part croissante des exportations
depuis les années 90.
3- Les Antilles françaises
Les bananes jouent également un rôle important
dans l'économie, notamment dans les départements de la Martinique
et de la Guadeloupe, mais leurs productions ne concernent pas les
échanges internationaux car destinées exclusivement à la
France.
4- La Jamaïque et la République
Dominicaine
La production bananière est plutôt à
petite échelle. Elle repose en grande partie sur la main d'oeuvre
familiale. Les coûts de production y sont supérieurs à ceux
des régions bananières d'Amérique latine. Du coup, leurs
prix à l'exportation sont eux aussi plus élevés en raison
de la préférence commerciale octroyée par l'UE qui absorbe
plus de 90 % des exportations de bananes de ces îles.
5- Les Philippines
Les bananes se placent au 1er rang des récoltes
fruitières. En 2000, cette culture concernait 400 000 ha ; ce pays est
le principal exportateur de chips de bananes dont la
demande mondiale est en progression. Ces chips sont
exportées vers 30 pays et les deux plus gros importateurs sont les USA
et l'UE.
Dans les 20 dernières années la production et
l'exportation de bananes ont progressé à un des taux les plus
rapides parmi les exportateurs mondiaux de bananes. En 2000, il y a 1.4
millions de tonnes de bananes exportées pour 300 millions de dollars US.
Notons que la proximité avec la Chine laisse entrevoir des perspectives
favorables cependant, la Chine dont la production s'accroît pourrait
devenir un exportateur potentiel.
6- Le Côte d'Ivoire et le
Cameroun
Ce sont les deux principaux producteurs et exportateurs de
bananes du continent africain. La plupart des exploitations sont à
petite échelle, elles utilisent peu d'intrants agricoles. Cependant, les
sociétés transnationales bénéficient d'une forte
implantation par le biais de grandes exploitations dotées de
technologies sophistiquées et tournées vers une production
à l'exportation. Leur marché est principalement l'Europe. Leurs
exportations cumulées représentaient 98 % de l'ensemble des
exportations de bananes africaines et elles ont augmenté de 10 % par an
de 1987 à 2000.
Doc 6 -- Principaux pays producteurs et exportateurs de
bananes - 2001 (source FAO)
En outre, il faut souligner qu'on note plusieurs
systèmes de production : le système de cueillette, le
système artisanal et le système industriel qui est
essentiellement destiné aux exportations. A ce propos nous remarquons la
forte implantation des firmes transnationales, ce que nous verrons dans la
(Section 2).
Section 2 : Les compagnies transnationales et le
commerce de la bananes
Le marché est dominé par les grandes firmes
multinationales en majorité américaines, qui font des
investissements importants dans la production de bananes. Ces
sociétés sont implantées en Amérique du Sud et en
Afrique.
On analysera dans les deux volets qui suivront, la
modernisation de la culture de la banane, ensuite l'impact de ces grandes
entreprises sur la production et l'économie des pays producteurs.
§1 : L'influence des compagnies
multinationales sur la production de bananes
L'exportation de la banane, comme fruit frais est une
activité délicate compte tenu de la nature périssable du
produit. Comme on l'a déjà souligné l'exportation de la
banane à grande échelle n'est possible qu'au début du
XXème siècle, avec le développement des transports
maritimes, terrestres, aériens et notamment des techniques de
réfrigération. De façon historique, c'est le
développement du chemin de fer et du transport maritime qui ont
favorisé l'essor de l'exportation de la banane.
L'activité devenant rentable, il n'est donc pas
surprenant que depuis le début du XXème siècle le commerce
de la banane soit dominé par des compagnies verticalement
intégrées, qui contrôlent généralement la
production, l'emballage, l'expédition, l'importation et le
mûrissage; soit de la production à la vente de détail. Ces
grandes firmes se sont implantées dans les différentes zones de
production de bananes et y ont consacré d'importants investissements
afin d'augmenter et améliorer leur production ; cela dans le but de
faire le maximum de profit.
Ces entreprises développent une production intensive
(plusieurs grandes plantations modernes de plus de 1000 ha), l'utilisation
massive d'intrants agricoles afin de minimiser les risques de maladies (le
bananier est une plante particulièrement vulnérable et le climat
tropical favorise la prolifération des ravageurs). Toujours dans
l'optique de faire du profit et de minimiser les risques climatiques, naturels
ou d'instabilité politique, ces compagnies ont diversifié leurs
sources d'approvisionnement (dès les années 1880, la Boston Fruit
Company s'approvisionnait en bananes en Jamaïque et achetait des terres
à Cuba et dans la République Dominicaine).
Produire et commercialiser en grande quantité, permet
aux multinationales de générer des économies
d'échelles à tous les stades de la commercialisation. La
production intensive se fait sur de très grandes surfaces ce qui
entraîne l'utilisation d'une main-d'oeuvre importante (les coûts de
la main-d'oeuvre sont rationalisés). Une production de grande envergure
permet de charger des cargos entiers, et de réduire le coût
unitaire du transport.
Ces grands groupes ont acquis des navires
réfrigérés afin de maîtriser la disponibilité
du fret maritime, ils ont aussi investi dans plusieurs innovations
technologiques en ce qui
concerne les installations portuaires, les installations de
stockage, de mûrissage, et de distribution dans la plupart des pays
exportateurs.
L'importance des multinationales bananières, telles que
DOLE, DEL MONTE, FYFFES et CHIQUITA dans la production des bananes, varie d'un
pays à un autre.
Dans les régions Sud-américaines, leur
implication directe dans la production est très forte; elles sont le
plus souvent propriétaires des plantations. En Afrique et en Asie, elles
exercent un certain contrôle sur la production,
généralement par le biais de co-entreprises. DEL MONTE est
présent au Cameroun, et CASTEL & COOK (Standard Fruit Commerce)
connu sous le nom DOLE FOOD Company Inc. au Cameroun et en Côte d'Ivoire
(par le biais d'une participation de 40 % dans une entreprise française
"La Compagnie Fruitière").
Il est estimé que près de la moitié des
bananes commercialisées par DOLE et DEL MONTE proviennent de leurs
propres plantations.
On peut souligner que l'implication des multinationales dans
la production bananière s'est modifiée au fil du temps. Elle
s'est renforcée à la fin des années 80, lorsqu'elles se
préparaient à l'ouverture de marché des bananes de la
Communauté européenne, mais celle-ci s'est affaiblie en 1993
(situation découlant de plusieurs problèmes au stade de la
production et de l'accès au marché devenant difficile). A ce
propos, FYFFES propriétaire de plantations en Jamaïque et au Belize
s'est à présent retiré. Aujourd'hui cette entreprise ne
possède plus de plantations mais achète des bananes à des
producteurs sous contrat. United Brands (United Fruit Commerce) connu sous le
nom CHIQUITA et DOLE ont réduit le nombre de leurs plantations en
Amérique du Sud.
Il faut retenir que le désengagement de ces firmes de
la production des bananes montre en partie qu'un changement de rapport de force
dans la filière s'est opéré; cela veut dire qu'il est
devenu plus important de maîtriser l'extrémité de la
filière en aval, que la production.
Cela se démontre bien avec le succès de
FYFFES.9
Doc 7 -- Logos de certaines multinationales
bananières installées en CI.
Abordons maintenant la question même de l'influence que ces
entreprises ont sur les exportations et les importations mondiales.
§ 2 : L'impact des multinationales sur les
importations et les exportations mondiales
Concernant les exportations, on peut remarquer que 43 % de la
production mondiale appartient à la variété Cavendish
(variété plus résistante, donc plus adéquate pour
le voyage de longue distance); 26 % de la totalité de Cavendish sont
exportés, ce qui signifie que seul 11% de la récolte mondiale de
bananes entrent dans les échanges internationaux. Selon les
spécialistes trois compagnies principales ont réalisé 56 %
des exportations mondiales de bananes.
On comprend alors que les multinationales contrôlent une
plus large part de la production à l'exportation du pays que leur part
de production pourrait le suggérer.
Elles établissent avec les planteurs indépendants
des contrats à long terme en plus de leurs propres productions.
Au Nicaragua par exemple, elles ne possèdent aucune
plantation, mais CHIQUITA commercialise près de l'ensemble de la
production du pays avec le concours de la société "Bananic". En
moyenne, les multinationales réalisent 80 % de la totalité des
exportations sud- américaines.
Les multinationales bananières bien que présente en
Afrique, en Côte d'Ivoire et au Cameroun notamment, représentent
moins d' 1/3 des exportations de ces pays, car des
9 Cette compagnie irlandaise a gagné des
parts de marchés dans la Communauté Européenne en
développant son réseau de commercialisation et distribution,
à la suite de la vigueur de la réglementation des importations
communautaires de bananes de 1993
entreprises de l'UE y sont déjà établies, il
en est de même pour les exportations des îles
caraïbéennes où elles ont une faible part à cause de
la position dominante de FYFFES.
On retiendra que la contribution des trois principales
multinationales bananières aux exportations mondiales a baissé
dans les années 90. Ces entreprises représentaient plus de 65%
des exportations en 1980, mais de nos jours, elles oscillent entre 56 et
59%.
Les importations mondiales de bananes de ces firmes sont
supérieures à leurs exportations. En effet, cela vient du fait
qu'en plus de leurs propres exportations, elles achètent des fruits
à d'autres exportateurs indépendants. Ces firmes dominent
l'Amérique du Nord (environ 90 % du marché), mais leurs parts de
marché en Asie et en Europe sont moindres. (DOLE est n°1 du
marché aux USA et au Japon, alors que CHIQUITA occupe la 1ère
place dans l'UE, DEL MONTE la 3ème aux USA, la 4ème dans
l'UE).
En somme, on dira que seules les trois premières
compagnies bananières ont importé des bananes entre 1970 et 1984,
et que ces importations ont augmenté avec régularité (47%
en 1972 à 65 % en 1980). Mais à partir de 1985, deux autres
compagnies bananières arrivent (NABOA et FYFFES) à la fin des
années 90. Néanmoins, en les combinant, leurs parts du
marché mondial s'élèvent environ à 85 %.
Multinationales (sièges)
|
Production/exportations
|
|
|
Chiquita Brand International (USA)
|
Costa Rica, Honduras, Guatemala, Panama,
Colombie, Indonésie, Côte-d'Ivoire, Cameroun, Equateur,
Martinique, Belize, Surinam, Jamaïque, Philippines, Rep.
Dominicaine, Iles Canaries
|
Dole Food Company Inc. (USA)
|
Costa Rica, Honduras, Cameroun, Côte-d'Ivoire,
Philippines, Indonésie, Colombie, Equateur, Nicaragua,
Venezuela, Jamaïque, Somalie, Iles Canaries
|
Del Monte Fresh Product (UAE, Mexique)
|
Costa Rica, Guatemala, Brésil, Mexique, Cameroun,
Philippines, Indonésie
|
Fyffes (Irlande)
|
Belize, Rep. Dominicaine, Iles du Vent, Costa Rica, Honduras,
Guatemala, Equateur, Colombie, Jamaïque, Surinam, Iles Canaries
|
Pomona (France)
|
Côte-d'Ivoire, Martinique, Guadeloupe, Equateur,
Colombie, Costa Rica
|
Geest (Royaume-Uni)
|
Iles du Vent, Costa Rica
|
Doc 8 -- Principales compagnies internationales actives sur
le marché de la banane dans l'UE. (Sources FAO)
Doc 9 - Répartition des parts de
marchés
CHAPITRE II : ORGANISATION DE LA FILIERE BANANE EN
COTE D'IVOIRE
Il faut souligner que le PIB de la Côte d'Ivoire
était estimé en 1992 à 8.73 milliards de dollars US. En
1994, le montant de ses exportations s'élevait à 2 804 millions
USD. L'UE absorbe 52 % de son commerce extérieur. Au sein de l'UE, la
France se confirme être son premier client avec 19 % de ses exportations
totales en 2003.
Les Pays-Bas suivent, essentiellement en raison de leurs achats
de cacao. Les USA arrivent en 3ème position, avec une part près
de trois fois inférieure à la France.
L'agriculture reste le secteur clé de
l'économie, occupant 60 % de la population ; elle représente 34 %
du PIB et 2/3 des ressources d'exportation. Les produits traditionnels
d'exportation sont le café et le cacao, qui occupent toujours la
première place des cultures de rente.
La Côte d'Ivoire est placée au 1 er rang mondial
pour la production du cacao, au 4ème rang pour le café. En dehors
de ces principaux produits, les cultures du binôme ananas et bananes
occupent une place non négligeable dans l'agriculture ivoirienne et
ceux-ci sont dans leur grande majorité destinés à
l'exportation. Le secteur seul de la banane représente environ 5 % du
PIB.
Concernant notre étude, on va se limiter à la
filière banane, notamment à l'organisation du transport du
produit. On note que jusqu'à la fin des années 1980, le transport
des bananes en Côte d'Ivoire, faisait l'objet du monopole de l'Etat
ivoirien sur les relations économiques extérieures. Cependant, la
politique ivoirienne sur le plan du commerce extérieur a connu une
réorientation. C'est ainsi que dans les années 90 elle fut
axée vers une ouverture du marché du transport, des bananes aux
sociétés étrangères.
On examinera ce chapitre en deux étapes ; d'abord la
production, avec l'association entre les nationaux et les firmes
multinationales, ensuite l'organisation même du transport des bananes.
Superficie 322 463
km2
Population (2000) 16 millions
d'hbts
Croissance démographique
(1994-2000) 2.8 par an
PIB (2000) 10 milliards C
PIB/ hbt 625 C
Taux de change (2002) 1 C= 655.96 F
CFA
Contribution au PIB (2000)
|
|
|
agriculture
|
29.2
|
%
|
industrie et mines
|
22.4
|
%
|
services
|
48.4
|
%
|
|
1999
|
2000
|
2001
|
Croissance du PIB
|
+ 1.6
|
%
|
-- 2.3
|
%
|
-- 0.9
|
%
|
Taux d'inflation
|
-- 0.7
|
%
|
-- 0.1
|
%
|
+ 4.8
|
%
|
Commerce Extérieur
(2000)
exportations FOB 4.0 milliards
C
importations CAF 3.3 milliards
C
Doc 10 - Chi22res clés de l'économie de CI
(sources BIRD)
Section 1: La production : Association entre nationaux
et multinationales
Pour pouvoir rester concurrentiels, les petits planteurs
africains ont dû adopter les méthodes des grandes exploitations
bananières sud-américaines. Ainsi, ils se sont associés
avec de grandes firmes précédemment citées.
§1 Le producteur
ivoirien
Les producteurs ivoiriens se sont regroupés au sein
d'associations telles l'Association Nationale des Organisations
Professionnelles Agricoles de Côte d'Ivoire (ANOPACI)10,
crée le 19 mai 1998, et de l'Organisation Centrale des producteurs
exportateurs d'Ananas et de Bananes (OCAB), crée en 1991. Ces
organisations et leurs plantations sont beaucoup plus modestes que leurs
homologues sud-américaines.
La profession fruitière est née en Côte
d'Ivoire avant la seconde guerre mondiale, elle a véritablement pris son
essor à partir des années 50, avec la production de bananes
suivie
10 F. réseau des organisations paysannes et des
producteurs agricoles de l'Afrique de l'
Ouest.
www.roppa.info. anopaci@yahoo.fr.
plus tard par celle des ananas. Les producteurs d'ananas,
constamment liés à ceux de la banane, ont toujours
éprouvé la nécessité de mettre en place une
organisation commune en raison de l'affinité des deux produits en
matière de débouchés, de transport et de réseau
commercial.
C'est ainsi qu'après la Fédération des
Associations Bananières de Côte d'Ivoire qui en 1949, constituait
le premier pas vers une organisation de la profession, six structures se sont
succédé jusqu'à 1991. L'OCAB est régie par les
dispositions de la loi ivoirienne n°60-315 du 15 septembre 1960 avec des
statuts et règlements intérieurs lui donnant une
personnalité juridique. Sa vocation est d'organiser les exportations et
la mise en marché des ananas et bananes vertes. L'OCAB regroupe à
ce jour de petits, des moyens et des gros planteurs répartis dans 24
structures d'exportation.
Constituant une source de diversification intéressante
des exportations agricoles, le gouvernement ivoirien a donné une
impulsion à cette culture à travers divers plans d'aide au cours
des années 70. La Côte d'Ivoire dispose néanmoins de
certains atouts; réputation et couleur des fruits, proximité des
marchés, liens culturels et économiques anciens avec l'Europe.
1- Structure de la production bananière
ivoirienne
Le secteur de la culture bananière se caractérise
par une grande diversité des opérations à tous les niveaux
:
En production, on trouve un très grand nombre de petits
planteurs (un million environ). Les opérations sont assez
hétérogènes, allant du petit planteur (5-20 ha) à
l'itinéraire technique sommaire, à l'exploitation la plus moderne
appliquant les techniques de production et de gestion des multinationales
latino-américaines, en passant par l'exploitation de taille moyenne
(environ 100 ha) plus ou moins modernisée.
Des conditions agronomiques ou spécialement
topographiques, ainsi que le niveau de modernisation des entreprises sont
d'autres facteurs d'hétérogénéité.
Il existe certaines difficultés du régime foncier
ivoirien qui limitent le remembrement des plantations en unités de plus
grandes tailles pour réaliser des économies d'échelles.
La nécessité vitale à des rendements
similaires à ceux des plantations d'Amérique du Sud, a
forcé l'abandon de certaines plantations ne représentent pas le
potentiel agronomique nécessaire (pédologique, topographique,
disponibilité en eau, etc...). Néanmoins, du fait des efforts
considérables de la filière et leur maîtrise technique
pointue, les producteurs obtiennent un rendement net moyen exporté par
hectare de 35 tonnes (25 à 55 tonnes), ce qui place la Côte
d'Ivoire parmi les pays performants dans le domaine. La qualité a
également été l'objet d'efforts tenaces et les
importateurs européens s'accordent maintenant à dire que la
banane ivoirienne a atteint le meilleur niveau.
La Côte d'Ivoire comme d'autres pays fournisseurs de
bananes sur le marché européen, a bénéficié
d'appuis spécifiques de la Commission européenne depuis les
années 90.
Ces appuis ont permis à la filière banane de
bénéficier à ce jour de 55 millions d'euros d'aide. Cette
aide vise à améliorer la compétitivité des bananes
sur le marché européen par les actions suivantes :
Des investissements communs d'amélioration des
infrastructures (électrification des sites de production'
réhabilitation des pistes d'accès aux plantations'
reconstruction du terminal fruitier); la formation et l'appui aux
producteurs ; mise à niveau des outils de production par appui direct
aux plantations, irrigation, matériel roulant...; développement
d'un système de traçabilité pour la gestion des palettes
bananes exportées ; étude de faisabilité pour
l'amélioration du cadre de vie des ouvriers et leurs familles.
A titre d'illustration, citons le nouveau quai fruitier
d'Abidjan qui a été inauguré en 2004, ce qui offre
à ce pays la plus importante facilité en Afrique de l'Ouest et du
Centre, pour l'exportation de fruits frais vers l'Europe.
Les exportations de bananes s'établissent autour de 218
000 tonnes. La filière banane est composée de 65 plantations
regroupées en 10 structures d'exportations. Celles-ci emploient en
pleine production environ 20 000 salariés. La superficie de la
bananeraie ivoirienne en production est de 5 500 ha. L a Société
de Culture Bananière (SCB) réalise
environ 60 % des exportations en volume de bananes. Elle
s'occupe du transport des bananes pour ses producteurs. Notons aussi que cette
société s'occupe aussi des exportations d'ananas. Le principal
débouché de la Côte d'Ivoire est l'UE, soit 80 % des
volumes exportés. Elle occupe 5 % des parts de marché de l'UE,
loin derrière les pays d'Amérique latine.
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Superficie en (ha)
|
5 000
|
5 000
|
5 000
|
5 000
|
5 000
|
Production en (tonnes)
|
200 941
|
233 997
|
257 000
|
241 017
|
2500 00
|
Doc 11 - Statistiques de production des bananes. (Source
OCAB) Rapports d'activité de l'OCAB et études TECSULT
2001
2- Place de la filière banane dans
l'économie nationale
Les efforts d'investissements entrepris par les producteurs,
les différents appuis accordés par l'UE de 1993 à ce jour
et les concours de l'Etat ont permis d'atteindre des résultats non
négligeables.
On note près de 120 rotations de navires par an (soit 2
départs par semaines pour l'acheminement des bananes) ; environ 300 000
personnes salariées interviennent directement dans le processus de
production uniquement ; 145 milliards de francs CFA soit 221.040 millions
d'euros de chiffre d'affaire "wagon-départ" et de participation à
la balance commerciale ; 5 milliards de FCFA au titre de fiscalité
directe et indirecte.
Par ailleurs, ce secteur représente 5 % du PIB ivoirien,
le binôme banane-ananas représente en volume le second produit
d'exportation après le café et le cacao.
Les grandes productions de bananes sont comme nous l'avons
déjà énoncé, sont de gros consommateurs d'intrants
agricoles comme nous l'avons déjà souligné. En effet, cela
a permis la création et le développement de plusieurs industries
chimiques et entreprises spécialisées dans l'emballage.
Ces résultats positifs proviennent d'une politique
d'investissement très élaborée depuis 1989. Elle a permis
à la Côte d'Ivoire d'avoir un potentiel de production largement
au-dessus
du quota qui lui est alloué (155 000 tonnes de quota
traditionnel et 7 500 tonnes de quota contingentaire, soit 16 500 tonnes) mais
cela ne peut malheureusement être exporté compte tenu des
restrictions que lui impose le nouveau régime sur les bananes (
suppression des licences d'exportation).
Nous pouvons aussi souligner que la pression des prix
défavorables aux petits planteurs risque dans un avenir proche, de
contribuer à une forte diminution de la population agricole ainsi que
des activités parallèles de cette filière.
Exportation (T)
|
1991
|
1997
|
1998
|
1999
|
Bananes
|
118.374
|
186.749
|
189.453
|
217.574
|
Doc 12 -- Statistique des exportations de bananes de CI.
(source OCAB)
§ 2 Les exportateurs
étrangers
Le marché du transport a subi une évolution en
Côte d'Ivoire. On est passé du monopole d'Etat à une
libéralisation. Nous verrons de façon plus explicite la fin de ce
monopole et la libéralisation du marché du transport.
1- La fin du monopole d'Etat
Dans le soucis de favoriser le développement du
transport dans les pays africains, les conférences Maritimes ont
établi la règle des 40/40/20. Cette règle va permettre aux
Etats de détenir leur propre flotte.
Cette disposition donne 40 % du trafic à
l'Etat-armateur, 40 % à un Etat européen et 20 % à la
concurrence. En Côte d'Ivoire, cela va se traduire par la
détention de 50 % du transport maritime par l'armateur national et 50 %
par DELMAS qui est un armateur français, donc européen. Il faut
remarquer que les tiers n'ont pas le droit de conclure un quelconque contrat de
transport directement avec les producteurs.
A la fin des années 80, la situation de ce pays sur le
marché de la banane est mauvaise. Un besoin profond de
restructuration et de modernisation se fait alors sentir. DOLE par le biais
de la Société de Culture Bananière (SCB) et la
Compagnie Fruitière, le groupe BANADOR, la
Compagnie Des Bananes de Côte d'Ivoire (CDBCI), filiales de
CHIQUITA font leur apparition.
2- La libéralisation du marché du
transport maritime
Comme nous l'avons énoncé
précédemment, la Côte d'Ivoire a connu une période
de crise économique dans les années 80 à 90. Il s'en
suivra alors une volonté de changement de stratégie et
d'orientation appuyée par le Fond Monétaire International
(FMI).
Cela visait directement, l'assainissement des Finances
Publiques et l'engagement des réformes structurelles. A ce propos, l'on
assistera à un vaste programme de désengagement de l'Etat, entre
1998 et 2000 dans les secteurs productifs. La poursuite des réformes
structurelles, visera à libéraliser certains secteurs
économiques comme le transport maritime.
En effet, la Côte d'Ivoire s'engage à
libéraliser son transport maritime et à ne pas augmenter le
niveau des taxes d'exploitation pendant un certains nombres d'années, et
en contre-partie, celle-ci reçoit un fond alloué par l'UE pour
l'aide au développement.
Les armateurs étrangers étaient autorisés
à transporter librement les bananes ivoiriennes vers l'occident. Ces
dispositions sont justifiées par l'intérêt
économique que représente la libéralisation du transport
maritime : une réduction considérable des coûts. De plus,
en raison de la fragilité de certaines denrées, le transport doit
obéir à des règles de souplesse et flexibilité. Par
conséquent, le gouvernement autorisera les producteurs de bananes
à conclure en toute liberté des contrats avec les transporteurs
de leurs choix. En outre, il faut souligner que la filière fruit a
été aussi libéralisée et l'Etat n'intervient que
pour jouer son rôle de contrôle, sur le plan sanitaire, notamment
à l'exportation.
Le contrôle qualité est assumé par
l'organisation des producteurs qui l'a logiquement sous-traité à
un opérateur spécialisé VERITAS.
La filière banane est intégrée avec quelques
gros opérateurs qui interviennent à la fois aux niveaux des
plantations, du conditionnement, du transport, du fret et de la vente en
gros.
Il en ressort que la situation actuelle du transport de la banane
a quelque peu changé pour ce qui est des acteurs. Nous expliquerons ce
fait dans le prochain volet.
Section 2 : Organisation du transport
La situation actuelle du transport maritime de la banane en
Côte d'Ivoire a changé pour ce qui est des acteurs. On montrera ce
changement en schématisant la nouvelle organisation (producteur /
transporteur / réceptionnaire / vendeur), pour ensuite analyser la
situation sous un aspect concurrentiel.
§1 Les différents acteurs du transport
maritime de la banane
L'organisation du transport de la banane ivoirienne est tout
à fait particulière. La coopération entre les concurrents
est le mot d'ordre de ce trafic. Elle est nécessaire à la survie
des bananes. (voir le schéma suivant)
CDBCI / CHIQUITA 27%
PETITS PLANTEURS (reste 117%
CDBCI / BANADOR
Compagnie Fruitière /DOLE 56%
GREAT WHITE FLEET
DOLE EXPRESS LINE
Affrètement au voyage des navires Groupement de
marchandises
SCB
SIMBA France ou VADO
|
|
Compagnie Frontière Marseille
|
Doc 13 -- Schéma du transport maritime de la banane
ivoirienne
Ce schéma nous montre bien l'organisation actuelle du
transport partant du producteur au vendeur européen. Deux filiales de
multinationales se partagent l'essentiel de la production bananière : La
SCB (Société de Culture Bananière, filiale de DOLE) qui
contrôle 56 % des exportations de bananes ; la CDBCI, qui est la filiale
de CHIQUITA contrôle 27 % ; et le reste, soit 17 % sont produit par les
petits planteurs.
La culture de la banane est très coûteuse en
terme d'investissements et techniquement très exigeante, ce qui explique
en grande partie la concentration de la filière autour
d'opérateurs importants et intégrés jusqu'au stade de la
distribution des produits.
Le poids du transport dans la compétitivité des
bananes africaines sur le marché européen a été
évalué depuis les plantations jusqu'à la sortie au port
européen.
En Côte d'Ivoire, comme au Cameroun, les différents
exportateurs de bananes se regroupent pour organiser la logistique de leurs
exportations.
SCB
|
60
|
%
|
BANADOR
|
27
|
%
|
SCAB
|
5
|
%
|
SOCOFRUIT
|
4
|
%
|
CFA
|
4
|
%
|
FDL
|
1
|
%
|
Doc 14 - Principaux exportateurs de bananes en CI.
§2 Nécessité d'un groupage de
marchandises
Notons que les producteurs de bananes sont regroupé au
sein de l'OCAB (Organisation Centrale des producteurs exportateurs d'Ananas et
de Bananes) crée en 1992, qui a vocation de promouvoir ces produits par
l'organisation de la production de la production, du transport et de la mise
sur le marché. Cette organisation apparaît comme très
active pour représenter ses adhérents et pour organiser l'inter
profession et défendre les intérêts des producteurs et
exportateurs. Elle organise notamment le fret fruitier vers l'Europe et
recherche de nouveaux débouchés vers Maghreb, la Libye...
Les petits producteurs sont généralement
organisés en coopératives pour assurer le groupage, l'emballage
et le transport de leur production en vue de l'exportation. Les organismes
d'appui à la filière sont principalement le Projet de Promotion
pour le Développement des Exportations Agricoles (PPDEA), qui a conduit
à la création d'une association pour la promotion des
exportations agricoles non traditionnelles (PROMEXA).
L'exportation des bananes en Côte d'Ivoire est
partagée entre plusieurs producteurs comme nous venons de
l'énoncer. Cela est dû au fait que ces producteurs
individuellement, n'ont pas la quantité suffisante de marchandises pour
remplir un navire.
Ces différents exportateurs ont donc passé des
accords entre eux pour affréter au voyage des navires. Ceux-ci ont
recours aux principaux marchés du transport
réfrigéré. Le groupage du fret maritime, en
l'espèce les cargaisons de bananes, est effectué par le groupeur,
qui n'est autre qu'un commissionnaire de transport maritime (souvent agent de
fret maritime). Ce groupage permet d'obtenir des taux dégressifs, il
permet effectivement une réduction importante des coûts. Le
groupage s'effectue le plus souvent par conteneur.
Il existe deux façons pour un chargeur de conteneuriser
ses envois. Il peut opérer par conteneurs complets (on parle de
"Full Container Load" -- FCL) ou recourir à un
service de groupage ( "Less than Container Load" --
LCL) lorsque la cargaison est insuffisante pour justifier l'usage d'un
conteneur complet.
Le service de groupage consiste à rassembler des
cargaisons de plusieurs chargeurs pour remplir un conteneur ou pour remplir les
cales d'un navire. Ces services de groupage peuvent être proposés
par les armateurs eux-mêmes ou par des opérateurs
spécialisés : ce sont les "Non Vess el Operating Common
Carrier".
Les navires frigorifiques sont affrétés à
l'année pour un nombre de voyage bien déterminé.
A titre d'exemple, la holding SCB qui est en fait une
succursale de la société française la Compagnie
Fruitière qui affrète plusieurs navires qui disposent de trois
lignes au départ du port d'Abidjan :
Abidjan (Côte d'Ivoire) ? Dakar
(Sénégal) ? Douvres (Angleterre) Abidjan (Côte d'Ivoire) ?
Port Vendres (France) ?Marseille (France) Abidjan (Côte d'Ivoire) ?
Dieppes (France) ? Anvers (Belgique)
Aussi elle dispose d'une ligne au départ de :
Douala (Cameroun) ? Tema (Ghana) ? Port Vendres
(France) ? Vado (Italie).
Concrètement, il y a deux navires affrétés
pour le transport de la banane par semaine; soit deux départs pour
l'Europe par semaine; on note 120 rotations de navires par année.
Doc 15 -- Shipping de la banane ivoirienne §3
Les ports de destinations
Certains de ces navires vont vers la
Méditerranée, et les autres vont vers le Nord de l'Europe. En
Méditerranée, ces cargos déchargent leur cargaison
à Port Vendres en France, et au port de Vado en Italie.
Il faut remarquer que le port de Marseille tend à
être abandonné pour cause de grèves trop fréquentes,
car les bananes sont des denrées trop fragiles pour supporter les
retards.
Concernant les navires en direction de l'Europe du Nord, ils
déchargent généralement au port de Douvre en Angleterre,
ou au port d'Anvers en Belgique.
A l'arrivée, les marchandises sont
réceptionnées conjointement par la Compagnie Fruitière de
Marseille et par Dole.
RUBRIQUES
|
2001
|
2002
|
2003
|
Var%
|
BANANES
|
257 438
|
296 325
|
273 504
|
- 7.7
|
Doc 16 - Trafic de marchandises : exportation de la banane
ivoirienne (en Tonnes)
(Source PAA)
§4 La convention de "groupement
Ouest-africain"
La convention de groupement "Ouest-africain" est une convention,
ou des accords qui ont été officialisé par un document
appelé le "West Africa Pool Agreement".
Il se charge de l'organisation du transport des bananes de
l'Afrique de l'Ouest vers l'Europe.
Il s'agit plus précisément des marchandises en
provenance de la Côte d'Ivoire et du Cameroun un autre pays producteur de
bananes.
En Côte d'Ivoire, la Compagnie Fruitière exporte les
3/4 des exportations des bananes pour le compte de la SCB.
Pour ce qui est des transports effectués uniquement vers
la méditerranée, les navires sont ; soit entièrement
remplis de bananes ivoiriennes, soit de bananes camerounaises.
On peut remarquer qu'il n'y a pas en principe de transport
commun, sauf en cas de manque de marchandises. Ce n'est pas le cas pour les
navires à destination du Nord de l'Europe, plus
précisément de l'Angleterre. La plupart du temps, 1/3 des
marchandises vont vers la Méditerranée et les 2/3 vont vers le
Nord. CHIQUITA remplira pour 1/4 le navire à destination du
Nord et la Compagnie Fruitière remplira le reste avec 1/3 de bananes
camerounaises pour la Méditerranée et 1/3 de bananes ivoiriennes
pour le Nord. On peut
affirmer que la situation en présence, donne une position
de force dans les négociations à la Compagnie
Fruitière.
Les parties à cette convention seront Dole Express Line
et Great White Fleet sont les affréteurs des navires ; ils agissent
comme propriétaires disposant des navires (as disponent owner), en fait,
ils managent simplement les navires. Les transporteurs sont Southeast, Dole
Fresh Fruit International (DFFI) et SCB qui sont des compagnies holding de
transporteurs.
Notons que Southeast et DFFI s'occupent de transporter les fruits
d'origine ouest-africaine
vendus FOB.11
1- Les dispositions de la
convention
Ce document contractuel établie les conditions des
opérations et de l'organisation du transport maritime nécessaire
pour les bananes entre l'Afrique de l'Ouest et l'Europe.
Il réparti les gains et les pertes entre les
différentes parties. Il stipule que tout contrat de transport
(charte-partie ou connaissement) commun ou individuel, gouvernant les
voyages ou les navires actuellement utilisés doivent avoir
été conclu dans le respect et dans l'esprit de la convention. En
cas de rupture du contrat par l'une des parties, les autres sont libres de
rompre toutes relations commerciales avec celle-ci. Il y est prévu aussi
les quantités et la nature des ressources transportées (il
répartit les quantités de marchandises entre les parties et fixe
une base quantitative dont le paiement sera garanti à chaque
transport). Il contient les accords taux du fret.
Néanmoins il faut retenir que sur le plan
économique, cette organisation va alors poser la question de la
concurrence.
2- L'aspect concurrentiel dans l'organisation du
transport
Lorsque l'on regarde les résultats économiques
depuis la mise en place de cette organisation, celle-ci se justifie, mais elle
ne laisse pas de place aux concurrents potentiels.
Les coûts de transports ont été
réduits à cause de l'augmentation des volumes, et de la
régularité des voyages. La SCB par exemple, a augmenté ses
volumes en ce qui concerne ses
11 Cf. FOB - Free On Board, incoterm par lequel le
vendeur livre la marchandise à bord du bateau au port du départ
après l'avoir dédouanée àl'export.
exportations vers l'Europe (Transit Fruit l'une de ses
entreprises de transit a atteint 189 200 palettes de bananes en
2004' ensemble du groupe Côte d'Ivoire et
Cameroun).12
Elle favorise l'embauche ; la Compagnie Fruitière
embauche environ 10 000 personnes en Côte d'Ivoire, et les taxes
d'exportation importantes sont des dividendes non négligeables pour le
gouvernement.
Cette organisation est cependant contestée par les tiers
étrangers aux accords.
En effet, ces regroupements entre les différentes
compagnies engendrent une domination monopolistique des membres. Certains
auteurs parlent même de "bananes à deux vitesses" ; les petits
producteurs qui se partagent le reste de la production, sont obligés de
passer par les grands producteurs pour faire transporter leurs bananes , car
ils ne peuvent se permettre de passer par les services des lignes
régulières à cause des coûts élevés et
la lenteur du transport. Ces petits producteurs n'ont pas eu droit aux
négociations entre-temps. Ils dénoncent donc l'exploitation de
leurs compatriotes et l'envol des capitaux aux profits de l'Europe et de ses
quotas.
Néanmoins, nous pensons qu'il faut relativiser ces propos
au regard de la concurrence des bananes dollars, et celle des autres pays
africains comme le Cameroun.
La concurrence pure et parfaite est impossible au regard de la
conjoncture actuelle. Au niveau des transporteurs, il n'y a pas de place pour
une libre concurrence du fait de la spécificité de la marchandise
transportée, du nombre réduit de producteurs et de la
quantité transportée.
Retenons bien que cette situation mécontente plus d'un,
notamment les producteurs nationaux, elle est pour l'instant un gage relatif de
compétitivité pour la banane ivoirienne. L'équilibre
actuel doit se maintenir si la banane africaine veut rester présente sur
la scène européenne.
Le transport et la vente sont distincts mais fortement
liés, il en découle un type de vente très particulier.
12
www.fruitière.fr
§5 La vente de la cargaison et ses
modalités
Pour qu'il y ait transport de marchandises, il faut qu'il y
ait eu au préalable un accord de vente. Nous sommes bien d'accord que la
marchandise ne saurait être transportée sans but. Cette vente a
différentes formes. Il s'agit de déterminer quel est le type de
vente utilisé pour les bananes ivoiriennes.
1- Les éléments composants du prix du
fruit
Il faut prendre en compte tous les frais depuis le départ
des plantations, jusqu'à l'arrivée sur le marché
européen.13
Le camionnage des plantations au port d'Abidjan, se paie
généralement en devises.
La manutention et le passage portuaire sont le second aspect
à prendre en compte. Le coût de la manutention est directement
dépendant du mode d'emballage choisi pour le transport des bananes.
Le choix de la palettisation en Côte d'Ivoire est
récent. Il a été pratiquement imposé par le
changement de destination des navires en partance pour la
Méditerranée. En effet, du fait des grèves à
répétition à Marseille, les bananes sont convoyées
à Port-Vendres, cependant le nombre de dockers n'est pas suffisant pour
assurer une manutention efficace lorsque les bananes sont en vrac, la
palettisation devient alors nécessaire.
A Abidjan, un quai est réservé en permanence pour
le chargement des bananes, avec un poste pour le navire. Quatre étapes
sont nécessaires pour le chargement de ces fruits :
a- Les bananes sont déchargées du camion
déjà palettisées, celles-ci s'effectuent dans les
plantations et sont conduites dans des entrepôts à l'aide de
chariots élévateurs encore appelés transpalettes.
b- D'autres transpalettes saisissent à la leur tour ces
palettes et les amènent sous palan le long du navire.
c- Les grues du navire les saisissent et les déposent
dans les cales du navire.
13 Article de M. C. Rizet « Politique de
transport maritime et compétitivité de la banane africaine
», Revue Fruit, Vol. 52, 1997, p. 218.
d- Des manutentionnaires vont à l'aide de
transpalettes spécialement montées à bord, les disposer
à leur place définitive pour l'acheminement.
Il faut que la manutention soit de qualité pour
éviter les dommages à la marchandise.
La plupart des compagnies bananières possèdent
leurs propres sociétés qui s'occupent du transit.
A ce propos, la Compagnie Fruitière a sa filiale
"Transit Fruit" qui s'occupe de cette phase du transport en Côte
d'Ivoire. Selon les données de M. C. Rizet, le côut de la
manutention était entre 1993-1994, de 3800 F CFA / Tonne, soit 5€70
centimes /Tonne.
Le coût du transport maritime est évidemment
essentiel dans la détermination du prix de la banane. Le marché
du "reefer" (navire frigorifique) est assez bas en ce moment, ce qui
influence directement le prix final de la marchandise transportée.
Cependant, le prix du baril du pétrole augmentant sans cesse,
entraîne une hausse des prix des carburants ; ce qui ne permet pas une
baisse significative du prix du fret maritime.
Il faut également prendre en compte le coût des
intrants agricoles (engrais, pesticides...) nécessaires à la
production. Selon Rizet, le coût de la chaîne de transport
s'élevait à 29 % du prix de vente de la banane en 1994.
Enfin, une fois arrivées en Europe, les bananes sont
entreposées dans un terminal frigorifique, puis transportées par
camions jusqu'aux Marchés d'Intérêts Nationaux (MIN), tel
que celui de Rungis, près de Paris, où elles sont vendues et
dispatchées vers les grandes surfaces ou autres points de vente.
Selon une étude de l'UE et de la CEDEAO du secteur
agro-industriel de la Côte d'Ivoire de juin 2002, le coût de
production de la banane ivoirienne est relativement élevé.
Les prix moyens observés à l'exportation (prix
FOB Abidjan) sont : 200 à 600 F CFA / kg ; très fluctuant. La
moyenne dans les années 1997-1999 était voisine de 385 F CFA /
kg. Sur le marché local les prix moyens observés varient entre 30
et 40 F CFA / kg ; il s'agit d'écart de triage encore peu
valorisés sur place.
Il faut retenir que le prix de vente de la marchandise est
différent si l'acheteur se charge personnellement d'organiser et de
payer le transport maritime. Il est alors intéressant de connaître
les Incoterms utilisés et de déterminer quand se réalise
le transfert de propriété.
2- Les Incoterms utilisés
Les risques et les coûts du transport sont à la
charge du destinataire ou du chargeur selon les termes de vente
utilisés. Les incoterms (International Commercial Terms) sont les
mentions les plus fréquemment utilisées dans les ventes de types
internationales. Ils sont inscrits sur le contrat de vente mais en aucun cas
sur le contrat de transport. Il faut néanmoins indiquer que la
distinction entre le contrat de vente et le contrat de transport est par moment
malaisée. C'est dire que l'un influence l'autre et vice versa. Il est
nécessaire de garder à l'esprit les rôles de ces deux
contrats et les termes et modalités qui s'y rattachent.
Les incoterms règlent plusieurs problèmes
résultants de la vente ou de l'achat international de marchandises. Le
Lamy Transport Tome14 en nomme six. Il s'agit des conditions de
livraison de la marchandise, du moment de transfert des risques entre le
vendeur et l'acheteur, de la répartition des frais entre le vendeur et
l'acheteur, des obligations tenant aux marchandises, des documents dus et des
informations mutuelles à fournir.
Concernant notre cas d'étude, deux incoterms sont
utilisés dans le trafic.
Il s'agit du terme FOB (Free On Board) dit "Franco bord" en
français, et du terme CIF (Cost Insurance and Freight) ou CAF traduit en
français "Coût, Assurance et Fret".
Ces deux incoterms utilisés pour la vente des bananes
ivoiriennes sont classés comme incoterms à l'expédition.
Le vendeur (ici le producteur ou le planteur) remplit son obligation principale
lorsque les bananes sont chargées à bord du navire. Dans les deux
cas, le transfert des risques intervient au passage par la marchandise du
bastingage du navire au port d'embarquement. Le fret est dû par
l'acheteur en vente FOB. En vente CAF c'est l'acheteur qui paie le fret,
l'assurance et les coûts.
14 Lamy Transport, éd. 2005.
Selon les documents de transports (connaissement)
utilisés pour ce trafic, le fret est payable à destination. On
peut retenir qu'en cas de vente FOB, le prix de vente des bananes ne tiendra
pas compte du fret. Ce sera l'inverse en cas de vente CAF15.
Quand est ce que la vente se réalise effectivement,
sachant que les incoterms ne déterminent pas le transfert de
propriété.
3- Le transfert de propriété de la
marchandise
Comme nous l'avons déjà exprimé, la vente
et le paiement du prix de la marchandise sont distincts du paiement du prix du
transport. Mais les incoterms influencent indirectement le transfert de
propriété des marchandises. Ce transfert est souvent
déterminé par la livraison et le moment cette livraison est
régi par les incoterms; par conséquent ceux-ci influencent le
transfert de propriété des bananes. En tant que vente au
départ, la livraison s'effectue en principe au moment du chargement de
la cargaison au port d'Abidjan.
Le transfert de propriété s'effectue rapidement
dans la chaîne du transport. On remarque que la forme de la vente est
spécifique, les acteurs de ce transport sont en nombre réduit et
généralement les réceptionnaires font parti du même
groupe que le chargeur.
Les ventes entre planteurs, acheteurs, exportateurs, agents,
restant dans le même cadre, les véritables tiers interviendront
lors de la vente des bananes en Europe.
Après l'étude faite de la production mondiale
des bananes et de l'organisation in concreto de la filière en Côte
d'Ivoire, il est intéressant d'avoir une vue d'ensemble sur le
marché mondial et particulièrement le marché
européen.
* * *
15 CAF : Traduction française de CIF cout,
assurance et fret. Le vendeur prend en charge le transport principal, le
dédouanement export et la souscription de la police d'assurance en FAP
sauf (contrairement à CFR). Le transfert des risques se fait au passage
du bastingage au port de départ.
TITRE II : LE COMMERCE DE LA BANANE
Mondialement connue, la banane fait l'objet d'un commerce
international important. Il est nécessaire d'étudier le commerce
de la banane, car le transport maritime fluctue et de la demande des
différents marchés.
Deux marchés sont dominants, le marché
européen et le marché américain. Les autres marchés
sont le Japon, la Chine et la Russie.
Les lieux de production se trouvent dans les quatre coins du
monde, par conséquent des masses considérables de capitaux sont
engagées dans le trafic. Il en résulte une certaine "guerre de la
banane" qui a pris des propositions considérables au niveau
économique mais aussi politique. Le commerce de la banane a
été au coeur des discussions dans de nombreuses
conférences et réunions internationales.
En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, celle-ci est
directement intéressée par de conflit économique
orchestré par les Etats Unis et l'Europe.
Avant d'étudier l'évolution de ce bras de fer entre
ces deux acteurs économiques, il faut présenter les
différents marchés en présence.
CHAPITRE I : LE MARCHE MONDIAL
La production mondiale de bananes se chiffre à 50
millions de tonnes par an. La culture de ce fruit est essentiellement
concentrée en Afrique, en Asie et en Amérique latine à
cause des conditions climatiques de ces régions.
Section 1 : Généralités
La banane, deuxième fruit exotique exporté
à travers le monde après le café, est un fruit très
convoité. Au quatrième rang des produits alimentaires les plus
consommés pour les besoins locaux ou pour l'exportation, le
marché de la banane constitue un enjeu énorme pour toutes les
parties impliquées. C'est aussi un marché très
complexe.
En 1994, la banane était placée au premier rang
mondial de la production fruitière. En ce qui concerne la
variété qui nous intéresse, la banane dessert, elle occupe
aujourd'hui le deuxième rang mondial dans les exportations mondiales
fruitières, derrière les agrumes.16
A ce titre, elle joue un rôle essentiel : dans les
échanges Nord-Sud, dans la part de revenu des pays en voie de
développement et surtout dans la sécurité alimentaire de
ces pays.
Le marché de la banane est l'objet d'un large commerce
international. Ce fruit se cultive dans environ 120 pays. La production
mondiale est estimée à 90 millions de tonnes, dont 44 % de
Cavendish (CIRAD). Sur ce volume, 98 % des bananes et la totalité des
plantains proviennent des pays en développement. Les nations les plus
pauvres fournissent 42 % de la production totale de bananes.
On note que ces 20 dernières années ont vu un
changement significatif des volumes produits par chaque continent. En 1992, la
part de l'Amérique latine était seulement de 43%, tandis qu'en
Asie elle s'élevait à 40 %. La production africaine est
restée stable avec 10 %. Les six principaux pays producteurs pays
producteurs (Inde, Brésil, Equateur, Philippines, Chines,
Indonésie) réalisent 55 % de la production mondiale.
16 « Le Marché Mondial de la banane, entre
globalisation et fragmentation. », Rastoin, Loeillet, Revue Economie
rurale, n° 234 - 235, Juillet à Octobre 1996.
Les deux principaux producteurs (Brésil et Inde)
comptent très peu dans son commerce internationale. Avec une production
mondiale de 95 millions de tonnes en 2001; 40millions sont des bananes
légumes à cuire, surtout consommées dans les pays
producteurs et 55 millions sont des bananes desserts, celles qui sont
exportées en Europe. Sur ces 55 millions seulement 13 millions de tonnes
(13 % au total) sont soumises aux échanges internationaux qui sont
contrôlés à 70 % par les grandes firmes américaines
(Chiquita, Dole, Del Monte) et une européenne, notamment anglaise
(Fyffes).
Les exportations mondiales totalisent 13 millions de tonnes,
dont 95 % sont des Cavendish. Les différences en termes de
systèmes et coûts de production, donc de
compétitivité sur les marché mondiaux sont très
importantes d'un exportateur à un autre. Un grand contraste existe entre
la production sur une plantation d'Amérique latine et la production de
petits fermiers en Côte d'Ivoire par exemple. Les petites fermes comptent
généralement pas plus de deux hectares et la production demande
une importante maind'oeuvre ; à l'opposé les grandes plantations
sud américaines s'étendent sur 5000 ha et demandent des
investissements massifs en capital.
Sur les grandes plantations les coûts de production sont
bas ; cependant l'on remarque des atteintes aux droits des travailleurs
(conditions de travail déplorables), des atteintes à
l'environnement (emploi massif de pesticides...), il s'en résulte par
conséquent un important malaise social.
Les exportations de bananes sud américaines sont
dominées par les trois grandes multinationales
précédemment citées qui sont Chiquita, Dole et Del Monte.
Elles dominent environ 70 % de la totalité du commerce mondial de ce
fruit, ce qui leur permet évidemment de contrôler le marché
et jusqu'à un certain point, d'en dicter les règle de jeu.
Beaucoup de pays producteurs ont une économie qui ne pèse pas
lourd devant les chiffres d'affaires des "trois géants" et la force
financière qu'ils impliquent.
L'ensemble des revenus à l'exportation des pays ACP
atteint à peine 10% des ventes totales de Chiquita, et seulement 4 % des
ventes de toutes les multinationales.
Les Etats-Unis, l'Europe et le Japon sont les principaux
importateurs de bananes.(90% des bananes sont destinées aux
marchés des pays industrialisés du Nord. On en distingue trois
comme le graphique (Fig. 13) à la page suivante le montre: l'UE 28 %'
les Etats-Unis 29%' le Japon 9 %. Ensembles ils achètent
environ 80 % de la totalité des bananes exportées les 80% des
exportations proviennent d'Amérique latine' 6 % des
territoires européens'11% de l'Asie du Sud-Est et 3 % de
l'Afrique).
En 1995, le commerce mondial de la banane était
évalué à 8 milliards de dollars US. L'UE à elle
seule consomme 35 % des bananes commercialisées (c'est une des
raisons pour lesquelles la politique de l'UE concernant le commerce de la
banane a eu un impact important sur le commerce international). Les 350
millions de citoyens vivant en Europe consomment en moyenne 10 kg de bananes
par an et par tête.
Les Etats-Unis importent les bananes d'Amérique du Sud
et des Philippines; le Japon lui importe des Philippines, de la Chine et
d'Afrique. L'Europe produit 20 % de ses besoins et importe le reste de
différentes régions; les anciennes colonies (on les appelle les
bananes ACP) et l'Amérique latine (bananes dollars).
Historiquement des liens spéciaux se sont crées
entre certains pays producteurs et consommateurs, souvent en fonction du
contexte de leur histoire coloniale commune.
La diversité de règles commerciales n'a
posé aucun problème jusqu'en 1993, lorsque le Marché
Unique européen a été effectif. Il s'agit dès lors
d'harmoniser cette variété de relations, d'intérêts,
et de règles. Une harmonisation rendue encore plus complexe par deux
contraintes supplémentaires: remplir les exigences du GATT et garantir
un accès privilégié des bananes ACP sur le marché
européen.
Comme on peut le remarquer, les marchés dominants n'ont
pas tous la même conception du commerce bananier. Les Etats-Unis
prônent la libéralisation totale du marché et la
mondialisation, tandis que l'UE reste très protectionniste en
privilégiant certaines origines, notamment celles de ses anciennes
colonies (Côte d'Ivoire et France).
Le Japon fait aussi partie des pays protectionnistes.
Doc 17 -- Principaux pays importateurs de bananes dans le
monde 2001 (source FAO)
Le marché américain n'intéresse pas les
producteurs de bananes d'Afrique de l'Ouest, car celui-ci est
déjà dominé par les bananes sud américaines. Les
bananes ivoiriennes sont donc exportées vers l'UE. C'est donc ce
marché qui retiendra notre attention.
Section 2 : Les diverses provenances de la bananes
Trois catégories de bananes sont exportées vers
l'UE :
· les bananes communautaires
· les bananes ACP
· les bananes dollars
Les bananes ivoiriennes font partie de la catégorie ACP.
Il est donc nécessaire de définir ces catégories pour
comprendre l'organisation du marché européen.
§1 : Les bananes
communautaires
Ce sont les bananes les plus protégées du
marché européen. Elles sont produites par les membres de l'UE qui
sont :
la Grèce (Crête et Laconie), de l'Espagne (Iles
Canaries), du Portugal (Madère et Açores) et de la France
(Guadeloupe et Martinique). En 1996, cela représentait environ 685
milles tonnes17 de bananes exportées. Il faut retenir que ces
bananes sont insuffisantes pour approvisionner le marché
européen. De ce fait cette production se retrouve en concurrence avec
des bananes d'autres origines. Il a donc fallu les protéger. Elles ne
sont soumises à aucune taxe pour ce qui est du marché
européen. Aussi de nombreuses aides étatiques sont
distribuées pour entretenir ces bananes sur le marché. Il en
résulte cependant un manque de compétitivité au niveau des
coûts de productions et du prix de vente. On peut en plus remarquer que
cette production entraîne chez les producteurs une baisse d'attention
quant à la qualité des bananes, ce qui les rend moins
attractives.
§2 Les bananes Afrique - Caraïbes -
Pacifique (ACP)
Elles ont une place privilégiée sur ce
marché protectionniste. Elles bénéficient en effet de
certains avantages qui ont donnés lieu à un conflit
économique mondial. Cette banane est produite dans quelques uns des 69
Etats de l'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique qui ont signés la
convention de Lomé IV avec l'UE.
Distinguons les bananes traditionnelles ACP et les autres non
traditionnelles ACP.
Les premières sont produites et exportées vers
l'UE par un des 12 fournisseurs traditionnels ACP : Côte d'Ivoire,
Sainte-Lucie, Jamaïque, Cameroun, Saint-Vincent et les Grenadines,
Dominique, Somalie, Belize, Surinam, Grenade, Madagascar et enfin le
Cap-Vert.
Au total, ces exportations représentent en 1996
environ 800 milles tonnes. Pour ce qui est des bananes ACP non traditionnelles,
il s'agit soit de bananes exportées vers l'UE par un fournisseur ACP au
delà de la quantité annexée au règlement
communautaire n° 404/93 pour ce même pays, soit de bananes
exportées vers l'UE par un pays ACP non habituellement fournisseur du
marché européen (comme la Somalie et les Philippines).
17 Cf. Loeillet : « Banane - FAO », 1997 :
Le diable c'est l'OCM bananes, Revue FRUITROP, Mai 1997, p 11 à 13.
Plus compétitives que les bananes communautaires, ces
bananes sont en concurrence avec celles provenant d'Amérique latine
dites bananes dollars.
§3 Les bananes dollars
Ce sont des bananes produites e n Amérique Centrale et
du Sud. Elles sont sous une forte influence des Etats-Unis. Les plantations
immenses sont exploitées par les grandes firmes bananières
américaines telles Chiquita, Dole et Del Monte, d'où leur nom de
bananes dollars.
Cette origine domine le marché mondial et
représente 55 % du marché européen.
Leur production intensive est rendue possible grâce aux
importants capitaux que possèdent ces firmes, par l'exploitation d'une
main-d'oeuvre bon marché, et des techniques de cultures fortement
industrialisées (ce qui n'est pas toujours bénéfique pour
l'environnement avec l'emploi excessif des produits chimiques).
Les pays producteurs de bananes dollars militent avec l'appui
des Etats-Unis pour une globalisation et une libéralisation du
marché mondial. Cela se comprend de par leur compétitivité
inégalable à cause de leurs prix très faible.
Leur accès au marché de l'UE est limité par
des quotas et des taxes dissuasives, mais cette production de bananes gagne du
terrain par rapport aux bananes ACP.
C'est ce conflit économique et politique que certains
journalistes, et spécialistes en la matière ont appelé "la
Guerre des Bananes".
CHAPITRE II :
LE MARCHE EUROPEEN
Section 1 : Les importations européennes de
bananes desserts
L'UE couvre un tiers du commerce mondial et son marché
représente environ 4 millions de tonnes se répartit comme suit :
63 % provient de la zone dollar, 19 % de la production européenne et 18
% des ACP.
Les îles Canaries représentent 53 % du
marché UE, les Antilles françaises 44% et Madère 3%. En ce
qui concerne les bananes dollars, l'Equateur représente actuellement 30
% du marché, la Colombie 26 %, le Costa Rica 26%, le Panama 13%, le
Honduras 3%, et le Brésil 1 %.
Pour les pays ACP, la Côte d'Ivoire représente 31 %
et le Cameroun 29 %, les îles sous le Vent et la Jamaïque 18%, la
République Dominicaine 13 %, Belize et Surinam 9 %. En ce qui concerne
les flux commerciaux, les Pays Bas et la France reçoivent trois quart de
tous les arrivages de bananes.(CIRAD)
La carte suivante montre les principaux flux d'exportation et
les différentes zones de production dans le monde:
Doc 18 - Carte des flux mondiaux de la production et de
l'exportation de bananes dessert (Mars 2003).
Les prix du marché pour les bananes dollar dans l'UE
sont nettement plus élevés que sur le marché
américain. En 2000, les prix étaient de 84 % plus
élevés, en 2001 : + 45 %, en 2002 : + 63 %, et en 2003 : + 59
%.
Néanmoins, sur le marché français, au cours
des dix dernières années, les prix ont diminués de 0.8
euro/kg en 1992 à 0.6 euro/kg en 2002.
Les 80 % des exportations proviennent d'Amérique latine,
6 % des territoires européens, 11 % de l'Asie du Sud-Est et 3 % de
l'Afrique.
Analyse de la consommation
Concernant la consommation européenne, elle est en
moyenne de 10.5 kg, à l'exception du marché britannique, qui
augmenté sa consommation à 12.5 kg. (CIRAD)
A ce propos, présentons les résultats d'une
enquête hollandaise faite par "Produktschap
Tuinbouw" sur la consommation des ménages. Cette
enquête a été réalisée en comparant le
top 10 des fruits et légumes frais par volume, prix,
débouchés, démographie, et substitutions. Le panel
comprend 4 400 ménages hollandais.
Le top 10 des achats par ménage en fruits et
légumes frais est le suivant :
Doc 19 -- Consommation en kg par ménage hollandais en
fruits et légumes frais
Doc 20 -- Dépense en euro/kg par ménages
hollandais pour l'achat des fruits et légumes frais
En comparant les changements d'habitudes en matière
d'achat des ménages sur les trois dernières années
(1999-2002), les kiwis et les nectarines sont les seuls produits qui ont
augmenté, alors que la consommation des autres produits a
diminué.
En moyenne, la consommation de fruits a diminué de 8
%, les bananes en particuliers de 3 %. Cependant, en termes de dépenses
pendant ces trois dernières années, la catégorie
entière a augmenté, sauf les poires.
En moyenne, les prix des fruits ont grimpé de 11 %,
les prix des bananes notamment ont augmenté de 10 %. En 2001 et 2002, la
consommation de bananes s'élevait à environ 14.5/kg, alors que
les prix moyens ont augmenté de 1.2 euro/kg à 1.5 euro/kg. Les
supermarchés couvrent 85 % des ventes des bananes, les
détaillants 5.5 % et les marchés 6.7%. Les prix moyens dans les
supermarchés sont d'environ 1.45 euro/kg.
En outre, l'Organisation Commune du Marché de la
Banane (OCMB) de l'UE ne s'est faite sans mal. Elle a entraîné un
véritable bras de fer inter-étatique qui donnera lieu à
des réunions au sein des institutions internationales.
La Côte d'Ivoire, directement impliquée dans cette
"Guerre des Bananes", n'en est pas ressortit indemne. Il est opportun de
commencer par une présentation des relations entre l'UE
et la Côte d'Ivoire, notamment entre la France et la
Côte d'Ivoire, ensuite analyser les différents entre l'UE et les
Etats-Unis.
Section 2 : La Côte d'Ivoire et le Marché
Communautaire (UE) : des rapports privilégiés
§ 1 : Les relations France - Côte
d'Ivoire
Ancienne colonie française, la Côte d'Ivoire a
su tirer profit de son histoire commune avec l'hexagone. Le marché
européen, depuis sa création, en 1957, et jusqu'en 1993, date de
la mise en place du marché commun de la banane, faisait l'objet d'un
mode de réglementation complexe et original qui juxtaposait les
différentes réglementations nationales.
Le marché français avait déjà une
forte réglementation. En effet, depuis 1931, la quasi totalité
des importations de bananes étaient contingentées.
En 1962, lors de la mise en place de la Politique Agricole
Commune (PAC), le général De Gaulle et le premier ministre de
l'époque Michel Débré, ont négocié la
création d'un système de quotas à droits nuls pour le seul
marché français.
Il privilégiait les départements d'Outre-Mer
(Martinique et Guadeloupe pour les 2/3 de l'approvisionnement de ce
marché) et les ACP africains francophones (Côte d'Ivoire,
Madagascar et Cameroun pour le 1/3 restant).
L'origine dollars n'étant utilisée
qu'exceptionnellement lorsque la demande ne pouvait être satisfaite. Les
bananes dollars devaient supporter un tarif extérieur commun de
20%18, car provenant de pays tiers. En 1998, la France a recours
à l'article 15 du Traité de Rome pour limiter les exportations
des pays tiers. Cet article donne droit de réduire les droits de douanes
des produits d'autres Etats membres, ce qui les rend plus compétitifs et
sert à réduire indirectement les importations des bananes de pays
considérés comme tiers.
18 Reith V. Chagneau, M. « La guerre des bananes
» ; Périodique Alternatives Economiques. 04/1996, n° 136.
Selon l'étude du Ministère de la
Coopération et du Développement,19 les
caractéristiques du marché français, d'avant 1993 se
résume en cinq point :
· C'est un marché très protégé
par la réglementation nationale en vigueur, mais dont la gestion revient
à la profession.
· C'est un comité semi-privé, le
Comité Interprofessionnel Bananier (CIB), regroupant
l'intégralité des représentants de la filière, qui
détermine le volume des approvisionnements pour chaque origine admise,
il fait appel au Groupement d'Intérêt Economique Bananier (GIEB),
organisme public qui est chargé d'effectuer les achats
complémentaires nécessaires à l'approvisionnement du
marché par l'importation de pays tiers.
· C'est un marché qui stagne en volume et dont la
consommation par habitants est en deçà du niveau atteint de 1977
à 1982. Cependant ces données sont à réajuster
aujourd'hui car la consommation par an et par habitant en France pour
l'année 1997 était de 8 kg.20
· C'est un marché qui fait naturellement appel
à l'article 15 du Traité de Rome.
· Le CIB représente l'intégralité des
opérateurs intervenant dans la filière banane; producteurs
mûris seurs, commissionnaires-importateurs, détaillants ainsi
qu'en qualité de membre associés les transporteurs maritimes et
les transitaires.
Pour sa part la Côte d'Ivoire prenait une place de plus
en plus importante en ce qui con- cerne les importations de bananes de la
France. En tant que pays ACP, celle-ci va bénéficier d'une
seconde protection accordée par la convention de Lomé IV (
04/11/95).
19 « Le marché de la banane », Ed. du
Ministère de la Coopération et du Développement, 1992, p.
60.
§ 2 : Relation Europe - Côte
d'Ivoire
Notons que la première convention de Lomé fut
conclue en 1975. Le protocole n° 5 annexé à la convention de
Lomé IV, lors des accords signés à Maurice le 04/11/94,
donne un statut privilégié aux pays ACP. Il souligne qu'aucun
Etat ACP n'est placé, en ce qui concerne l'accès à ses
marchés traditionnels (communautaires) et ses avantages sur ces
marchés, dans une situation moins favorable que celle qu'il connaissait
antérieurement ou qu'il connaît actuellement.
L'estimation de cette "situation moins favorable" qui
était la limite inférieure des droits d'exportation ouverts aux
ACP traditionnels a donné lieu à de vives contestations par
certains pays de la zone ACP. En effet, la Côte d'Ivoire et le Cameroun
pour ne citer que ceux là se sont sentis lésés par les
calculs de la commission qui n'a pas tenu compte, d'après eux , des
investissements récents à la production.
Cependant nous pensons qu'il faut minimiser ces propos car
l'accord donna une garantie supplémentaire aux pays ACP. En effet,
celui-ci fait obligation aux Etats membres, de prendre des mesures opportunes
permettant aux ACP de devenir plus compétitifs sur les marchés de
la communauté.
La Côte d'Ivoire entre temps bénéficiera
alors du Système de Stabilisation des recettes d'Exploitation
(STABEX)21. La banane figure dans la liste des produits
éligibles.
Cette confortable situation des pays ACP sera très
tôt contestée par les pays exclus de ce partage du marché
français, mais aussi par certains pays membre de l'Union
Européenne, comme l'Allemagne. Cette contestation grandissante et
l'accomplissement du marché unique européen, pousse la commission
européenne à adopter un règlement en 1993, qui va
entraîner une nouvelle répartition du marché. Les pays
tiers ne cesseront alors d'essayer de libéraliser totalement le
marché européen, souhait ultime des Etats-Unis.
20 Rizet « Politique de transport maritime et
compétitivité de la banane africaine », Revue Fruits, Vol.
52, 4 juillet-Août 1997, CIRAD.
21 Cf. : Créé par la convention de
Lomé I pour amortir le choc subi par les pays ACP. Lors de la baisse
importante de leurs recettes d'exploitation.
Il faut remarquer plusieurs étapes ont
été gagnées par les opposant à l'OCMB, qui sont les
pays exportateurs de bananes dollars. L'OCMB régie par le
règlement 404/9 3 du 13 février 1993 et le règlement
d'application 1442/93 du 10 juin 1993 institue sur l'ensemble de la
communauté un marché unique; immédiatement contesté
auprès de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) par les Etats-Unis
et plusieurs pays producteurs d'Amérique latine.
Ces contestations amèneront de nombreuses modifications
du règlement initial. L'importance du marché européen pour
ce produit et les intérêts en jeu expliquent la "guerre" que se
livre l'UE soutenue par les pays ACP d'une part, et les Etats-Unis et certains
pays d'Amérique latine avec l'appui des multinationales d'autre part.
Il faut retenir que ce conflit est le symbole de l'opposition
de deux approches en matière de régulation des échanges
internationaux. La première soutenue par les USA et les pays
d'Amérique latine, est celle d'une libéralisation totale du
marché. La seconde, soutenue par l'UE et les pays ACP, est celle d'un
marché régulé qui permet une meilleure prise en compte de
considérations autres qu'économiques.
De façon concrète, étant donné la
compétitivité des bananes dollars, l'ouverture totale du
marché européen sonnerait le glas de la production de la plupart
des pays ACP (et de la production communautaire). Or, pour beaucoup de ces pays
le secteur de la banane est essentiel tant en termes économiques qu'en
termes d'emploi, comme on a pu le voir précédemment. Il en va de
la survie de ces économies mais aussi d'une certaines vision du commerce
international.
§ 3 - La libéralisation totale du
marché européen
L'OCMB, bien que souvent décrié, a montré
une certaine efficacité. Certains regrettent qu'elle n'ait pas su
résister ou s'adapter à la déferlante de la
déréglementation.
Les grandes manoeuvres politico-économiques ont conduit
la Commission Européenne à signer avec les USA, en avril 2001, un
plan de démantèlement de l'OCMB en deux phases.
La dernière a conduit à l'objectif final de la
réforme, c'est à dire la libéralisation quasi-totale du
marché européen au 1er janvier 2006, par la mise en place d'un
système de tarification simple ou tar~ffonly.
On peut retenir que la politique de
déréglementation du marché bananier européen a un
effet dramatique sur les producteurs ACP les moins compétitifs. Plus
qu'un choix économique c'est un véritable choix politique qui
s'offre aux européens : quelles alternatives proposées aux pays
qui ne seront jamais compétitifs et qui tirent une très grande
partie de leurs ressources de l'activité bananière?
La dernière mesure en faveur des ACP a
été le transfert de 100 000 tonnes du contingent C dit ACP au
contingent A/B préférentiellement dollar. Une analyse de flux ACP
en 2000 montre que cette mesure peut provoquer une forte concurrence entre pays
ACP pour l'obtention de certificats d'importation. Cette situation critique ne
s'est pas produite en 2003.
Il est vrai que l'UE reste le principal destinataire des
bananes ivoiriennes, avec une part des exportations égales à 80
%. Toutefois, à l'intérieur de l'UE certains pays comme la
Belgique, les Pays Bas, l'Allemagne, sont dorénavant des destinations
habituelles de la banane ivoirienne à côté de la France et
du Royaume Unis.
Une part du reliquat est exportée dans la
sous-région Ouest-africaine, et des tentatives sont faites en direction
du marché Nord-africain (Libye, Tunisie, etc...).
La Côte d'Ivoire consciente des difficultés que
rencontre la filière banane, a décidé de mettre l'accent
sur la compétitivité.
*
* *
PARTIE II : L'ACHEMINEMENT DES BANANES PAR VOIE
MARITIME
De prime abord, on définie le transport maritime comme le
mode de transport le plus important pour l'acheminement des marchandises
(marine marchande).
Le transport de personne par voie maritime a beaucoup perdu
de son importance du fait de l'essor de l'aviation commerciale, il subsiste
seulement pour les traversées courtes et pour les croisières. Le
transport maritime est par nature international, sauf parfois dans des
fonctions de cabotage le long des côtes d'un pays.
Le transport maritime de marchandises consiste à
déplacer ces marchandises par voie maritime, même si,
occasionnellement le transporteur maritime peut prendre en charge le
pré- acheminement ou le post-acheminement (ex: positionnement d'un
conteneur chez le chargeur et son acheminement au port). Un tel
déplacement est couvert par des documents administratifs ; tel le
connaissement dans le cadre d'une ligne régulière ou d'un contrat
d'affrètement dans le cadre d'un service de tramping (ex: lorsque les
tonnages sont importants).
Plus de 6 milliards de tonnes de marchandises empruntent ainsi
la mer (en 2005), en assurant près des trois quarts du trafic mondial.
Ce mode de transport couvre l'essentiel des matières premières
(produits pétroliers, minerais, céréales, etc...). A
coté de ce transport en vrac, il couvre aussi le transport de produits
préalablement conditionnés se présentant sous forme de
cartons, caisses, palettes, fûts, ce qu'on a coutume d'appeler de la
marchandise diverse ou "divers" (general cargo en anglais).
La marchandise remise au transporteur doit être munie
d'un étiquetage ou d'un marquage adéquat. Par conséquent,
chaque colis doit porter un étiquetage complet. Le marquage doit
être indiqué en caractère lisibles et visibles sur l'un des
côtés de l'emballage, soit par impression directe
indélébile, soit au moyen d'une étiquette
intégrée ou solidement fixée au colis. La nature des
marques que doivent porter les colis n'est pas précisée par les
textes. En général, les compagnies exigent que les colis portent
sur deux ou trois de leurs faces, dans un encadrement couleur sobre.
Les étiquettes apposées par l'expéditeur
sur l'emballage, portent des mentions spéciales et obligatoires, ce qui
permet la traçabilité des fruits.
L'exportation de la banane ivoirienne vers l'Europe ce fait
essentiellement par voie maritime, c'est à dire par qu'elle est
transportée par des navires spécialement affrétés
à cet effet. Pour comprendre les différents problèmes qui
peuvent éventuellement survenir durant le voyage, on commencera par
étudier l'aspect technique de ce transport, sachant que la banane est un
fruit délicat et fragile (Titre I), ensuite on abordera le volet
juridique, en ce qui concerne les formalités administratives et la
répartition des responsabilités en cas de dommage (Titre II).
TITRE I : ASPECTS TECHNIQUES DU
TRANSPORT
La banane est un fruit fragile et délicat à
transporter, de ce fait des techniques spécifiques ont été
élaborées au fil du temps pour réduire les risques
d'avaries et par là même les coûts du transport. En effet
depuis le premier stade du transport qui commence par la culture du fruit
jusqu'à s vente en Europe, des précautions sont à
prendre.
Les navires ont aussi beaucoup évolués et doivent
répondre à des critères techniques de qualité.
Nous allons d'abord étudier la spécificité
de la marchandise à transporter, et en second lieu nous pencher sur les
critères techniques des navires dits bananiers.
CHAPITRE I : LA SPECIFICITE DE LA
MARCHANDISE
De part leur nature fragile, les bananes requièrent
une attention particulière durant le transport. En effet, nous pouvons
constater que la banane continue à "vivre" pendant son transport, on dit
familièrement qu'elle "respire". Bien qu'étant
séparée du bananier, elle continue, son mûrissage. Il faut
donc la transporter en contrôlant la température de l'air qui
l'entoure.
De plus, destinée à la consommation alimentaire,
les bananes doivent garder leur qualité malgré le transport
maritime qui peut se révéler éprouvant pour la
marchandise.
Plusieurs facteurs peuvent influencer l'état du fruit.
Ainsi, le dioxyde de carbone (CO2) peut entraîner une maturation
précoce de ce fruit, se qui cause par conséquent des avaries.
La banane peut être aussi exposée à des
micro-organismes naturellement présents dans l'environnement, ce qui
peut très bien entraîner sa fermentation. Les agents les plus
fréquents sont les champignons forment la moisissure et les
bactéries.
Alors le stockage des fruits dans un endroit où la
température est dirigée et la composition de l'air
contrôlée, s'avère nécessaire. Les processus
chimiques sont retardés et la banane est ainsi
protégée.
Néanmoins, il faut noter que d'autres dommages peuvent
arriver, si la température est réglée de façon
inappropriée. Elle doit être suffisamment basse pour éviter
la maturation prématurée du fruit, sans pour autant être
trop basse pour éviter la congélation. Ce compromis
délicat se réalise pour la banane Cavendish ivoirienne entre
+12.5°ñ et +13.3°ñ.
Chaque type de bananes requiert son propre réglage de
température.
La vitesse de mise sous température dirigée est
aussi déterminante. Elle retarde le développement des
micro-organismes. La perte d'eau est aussi un aspect à prendre en compte
durant le transport.
La quantité totale de perte de liquide dépend de
plusieurs facteurs :
· de la température du produit, de l'air ambiant, de
l'humidité, de la vitesse de la ventilation et
· de la circulation de l'air dans les cales. La perte de
liquide entraîne naturellement une perte de poids, une diminution de la
résistance aux micro-organismes, ce qui donne évidemment une
apparence impropre au fruit lors de la vente.
Au regard de tous ces risques, on peut énoncer une
règle de base qui est fondamentale pour transporter ce fruit de
façon optimale : c'est la maîtrise totale de la température
du début (atteinte de la température optimale dans les
délais les plus brefpossible)' à la fin du voyage
(contrôle constant durant tout le transport). Cela
prévient toute perte excessive d'eau et un retardement des divers
processus cités plus hauts.
Ces précautions et cette minutie que requiert le
transport de ce fruit doivent commencer dès les premiers instants. En
effet c'est le chargeur ou le planteur qui donnera des instructions pour le
transport de son produit. Celui-ci remettra au capitaine du navire un document
sur lequel est expliqué la démarche à suivre pour
préparer l'arrivée des fruits dans les cales du navire mais aussi
la température et la ventilation à maintenir.
Fig 1
Fig 2
Doc 21 -- Conditionnement des bananes dans un terminal
fruitier réfrigéré (figl) et vue d'une cale
réfrigérée de navire "bananier" (fig2) port de Vridi
(Abidjan).
On peut dire que la banane constitue un exemple parfaitement
représentatif des difficultés auxquelles le transporteur peut
être confronté lors de l'acheminement de denrées
périssables.
A ce propos le transport maritime de la banane a d'ailleurs
fait l'objet de nombreux ouvrages techniques destinés aux transporteurs
(armateurs et leurs préposés). On peut citer en particulier le
document de la FAO intitulé "L'économie mondiale de la banane
1985 - 2002" dans lequel une partie est consacré au chargement et
conditionnement des bananes.
L'auteur énonce les procédures de conditionnement
idéales et les différents problèmes qui peuvent se poser
durant le chargement, le transport et le déchargement du fruit.
Il faut dire que les dommages sont de plusieurs natures selon
qu'ils arrivent lors de la production, de la récolte ou du transport
maritime.
Présentons, maintenant les moyens utilisés lors de
ces différentes étapes.
Section 1 : Préalable au transport des
banane
L'avant transport commence avec la culture de la banane. On
peut remarquer que cette culture nécessite abondamment d'eau et de
produits de lutte contre les agressions naturelles, notamment les
pesticides.
Doc 22 - Utilisation d'intrants agricoles
Prenons le cas de la banane Cavendish qui est le type
d'exportation en Côte d'Ivoire; la récolte se fait stade de 10
à 16 semaines. En fait, tout dépend du lieu de destination de la
marchandise. En ce qui concerne l'Europe, il faut 10 jours pour effectuer le
transport.
De façon générale, c'est au producteur de
s'occuper de la récolte, du nettoyage des fruits et de leurs emballages.
Le producteur reçoit l'ordre de coupe de l'exportateur.
On note que tout doit être synchronisé sur
l'heure d'arrivée du navire au port de chargement (Expected Time of
Arrival) ETA à Abidjan. C'est donc en fonction de la date et de
l'heure d'arrivée du navire que l'ordre de coupe des bananes sera
donné.
Il est important de savoir que la règle est de ne pas
couper les bananes plus de 36 heures avant leur chargement. L'idéal est
de les couper le matin et de les embarquer le soir.
61
Le facteur temps est déterminant pour le bon
déroulement du transport, car le climat de la Côte d'Ivoire qui
est chaud et humide, est propice au mûrissement précoce des
bananes récoltées.
La Côte d'Ivoire vient de bénéficier il y
a peu de temps, en 2004 plus exactement, d'un nouveau quai fruitier à
Abidjan où il existe déjà un important terminal fruitier
réfrigéré, ce qui offre à ce pays la plus
importante facilité en Afrique subsaharienne de l'Ouest et du Centre,
pour l'exportation de fruits frais vers l'Europe. Ce n'est pas le cas de son
concurrent direct le Cameroun où il n'existe pas encore de terminal
fruitier réfrigéré.
Doc 23 - Plantations modernes de bananes de plusieurs
hectares du groupe Chiquita' dans les régions de Dabou et
d'Azaguié (situées à quelques kilomètres
d'Abidjan)
Les bananes doivent être récoltées
à un stade de maturité tel qu'elles puissent, avec des conditions
de transport normales, arriver à destination (c'est à dire
à la mûrisserie) avant que la maturation ne soit commencée.
Leur stade de maturité sera d'autant plus élevé que la
durée du transport sera plus courte.
Le soleil est un facteur bénéfique et
déterminant dans la culture de la banane (27°c) environ. Mais trop
de soleil peut entraîner un mûrissement trop rapide qui pourrait
intervenir lors du transport, ou du stockage. Aussi, l'eau en abondance, peut
avoir des effets néfastes, à savoir; rendre le fruit spongieux et
mou, ce qui le rend intransportable. En outre, le manque d'eau fait ralentir la
pousse.
Les pressions entre les fruits lors de la récolte
peuvent marquer irrémédiablement la peau des bananes, sachant que
le consommateur est de plus en plus exigeant sur l'aspect extérieur du
fruit. La pulpe aussi est quelques fois endommagée, mollesse et
coloration normale. Ces dommages sont irréversibles, c'est pourquoi les
bananes requièrent une grande attention lors de la récolte et
pendant le transport.
Les bananes à leur arrivée au port de destination,
sont aussi sujettes à des avaries supplémentaires, notamment
à la moisissure due au plastique qui se trouve dans les cartons.
Cependant, c'est un mal qui s'avère nécessaire car
paradoxalement, ce plastique permet de conserver la fraîcheur du
fruit.
Il faut souligner que les bananes sont emballées avant
embarquement; une étiquette dite "normalisée" est fixée
sur l'emballage avec des mentions obligatoires :
· Identification de l'expéditeur ou de
l'emballeur
· Nature du produit, nom de la variété
· Origine du produit
· Catégorie, calibre, nombre de pièces (sauf
pour les produits en vrac)
La défectuosité de l'étiquetage
constitue au regard de la loi de 1966 et de la Convention de Bruxelles une
faute du chargeur, susceptible d'exonérer le transporteur de sa
responsabilité. La répétition des crises alimentaires
(vache folle, dioxine, grippe aviaire,...) impose à tous les
professionnels du secteur alimentaire de mettre en place des
mesures propres à rassurer le consommateur.
Les professionnels des fruits ont à leur disposition
une panoplie de démarches qualitatives. Certaines sont obligatoires,
comme le respect de la réglementation sur l'hygiène et la
sécurité alimentaire (directive CEE 93/43 et les
arrêtés du 9 mai 95, 25 mai 97, 6 juillet 98, et 20 juillet 98),
d'autres sont d'applications volontaires, tels les signes de qualité, la
certification d'organisation. Toutes mènent à l'instauration d'un
système de traçabilité.
Ainsi on assiste à l'heure actuelle, à la mise en
place, dès l'origine du conditionnement, d'un étiquetage code
barre, pour tous les fruits en provenance de Côte d'Ivoire.
On va se demander alors, à quoi sert la
traçabilité ?
Selon la norme ISO 8402, la traçabilité est
"l'aptitude à retrouver l'historique, l'utilisation ou la localisation
d'un article ou d'une activité, ou d'articles au d'activités
semblables, au moyen d'identifications enregistrées". La
traçabilité doit figurer au référentiel des
produits sous qualité (AOC, AOP, labels, produits biologiques...). C'est
une des exigences de la démarche d'organisation AGRICONFIANCE. Elle est
recommandée par QUALIPOM'FEL et la norme ISO 9002. Qui dit
traçabilité, dit système d'identification et
d'enregistrement.
Selon les objectifs recherchés et les moyens mis à
disposition, il doit permettre :
· La traçabilité montante
A tous les stades du produit depuis le conditionnement
jusqu'à l'entrepôt frigorifique ou jusqu'aux cales du navire, il
est possible de retrouver l'historique, l'origine du lot et
éventuellement, la cause d'une défaillance.
· La traçabilité descendante
A tout moment, il est possible de connaître la destination
d'un lot (expédition en plate-forme, entrepôt de distribution,
livraison sur lieu de vente...) et d'en stopper la commercialisation.
· La traçabilité totale (montante et
descendante)
Elle permet de retrouver de façon précise
l'origine et la destination de quelques lots que se soit. Elle doit être
apte à permettre de retrouver les informations pertinentes, propres
à
rassurer le professionnel et surtout le consommateur. Il faut
dire que l'information tracée coûte chère, il convient donc
d'en limiter le nombre à celles qui sont strictement nécessaires
à la connaissance des risques attachés au produit.
La seconde phase du transport des bananes se déroule
à l'intérieur du navire où il faut préparer les
cales avant de les charger.
Section 2 : Préparation au transport des
bananes
La seconde phase du transport des bananes se déroulera
à l'intérieur du navire. Il faut dans un premier temps
préparer ces cales avant le chargement de la marchandise (§1), se
qui requiert des techniques spécifiques (§2) et une maîtrise
de la température ambiante (§3).
§1 Préparation des cales du navire
avant le chargement des bananes
Le transport est une "finalité" qui englobe une multitude
d'opérations, toutes aussi importantes les unes que les autres.
La préparation des cales se fait en plusieurs phases :
· Il faut d'abord nettoyer les cales et les caillebotis
pour ensuite pré-réfrigérer. Le nettoyage consiste en un
dépoussiérage efficace, car la poussière qui s'humidifie
durant le transport se transforme en moisissure, ce qui est un facteur de
contamination du chargement. Les cales sont ensuite lavées à
l'aide de puissants appareils d'eau sous pression.
· L'étape suivante est la désinfection et
l'élimination des odeurs dans les cales. En effet, les bananes absorbent
facilement les odeurs persistantes restant dans les cales. Le sol des navires
bananiers en général est recouvert d'un plancher en bois
parsemé de petits trous; cela pour mieux répartir la ventilation.
Ce système est appelé caillebotis (grating deck). Le
nettoyage est encore plus minutieux dans les navires avec des caillebotis en
aluminium.
Il faut pré-réfrigérer les cales
lorsqu'elles sont sèches. Cela pour s'assurer du bon fonctionnement des
installations frigorifiques et surtout pour accueillir les fruits à la
bonne température.
Généralement, les instructions données
par le chargeur prévoient la période pré
réfrigérée; au cas où elles ne prévoient
rien, certains armateurs conseillent de tester les installations avant tout
chargement au moins 24 heures à l'avance. Il faut vérifier que la
température dans la cale avant le chargement ne soit pas
inférieure à +8°c, sinon le fruit pourrait être
endommagé par le phénomène de "chilling", qui est le
givrage ou le gel de la pulpe du fruit, ce qui rend certainement les fruits
impropres à la commercialisation. Il faut aussi que la
température de pré-réfrigération soit
inférieure à celle qui sera de rigueur lors du transport, car
lors de l'ouverture des cales à Abidjan, la température
extérieure reste très élevée.
· La troisième phase consiste au chargement des
fruits dans les cales du navire.
Il est important de se pencher sur le problème du
conditionnement des bananes. Plusieurs techniques sont actuellement
utilisées avec chacune leurs avantages et leurs inconvénients. La
technique d'arrimage du chargement est déterminante du bon état
général de ce dernier à l'arrivée au port de
débarquement.
§2 Le chargement et l'arrimage des
bananes
De prime abord, il est nécessaire d'effectuer un
contrôle minutieux de la cargaison à quai, afin d'éliminer
tout régime de bananes ayant une maturation trop avancée, car
celui-ci pourrait contaminer toute la marchandise au cours du voyage.
Les bananes en général peuvent être
transportées de trois façons différentes :
En effet, elles peuvent être transportées soit
en vrac avec néanmoins leurs emballages cartons, elles peuvent
être palettisées (la palette est un accessoire destiné
à rationaliser la manutention' le stockage et le transport
des marchandises. Sa forme permet d'utiliser un chariot transpalette lors des
manipulations) ou conteneurisées (sachant que le conteneur ou
container en anglais est une caisse métallique en forme de
parallélépipède' conçue pour le
transport de marchandises).
En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, depuis peu, les
bananes sont palettisées.
Les palettes ont les dimensions aux normes
européennes. Elles sont initialement construites en bois, mais
aujourd'hui on en trouve en matières plastiques ou avec des
matériaux de récupération (copeaux de bois
compressé...).
Le type de palette utilisé dans le transport de la
banane ivoirienne est la "palette Europe ou EUR PAL", c'est par ailleurs le
type de palette le plus utilisé dans les échanges commerciaux
avec l'Europe. Celles-ci peuvent contenir 48 cartons de bananes qui
pèsent environ 18.5 kg net.
La manutention est plus aisée avec ce type de
conditionnement, cela évite le maniement intempestif des cartons.
Lorsque les bananes étaient transportées en vrac, celles-ci
étaient directement exposées aux "coups", ce qui occasionnait
évidemment des pertes considérables.
Les palettes sont améliorées, et actuellement des
renforts latéraux facilitent l'empilement des cartons.
Doc 24 - Palettes de fruits en cales d'un navire polytherme
(1) et un exemple de palette (2)
Les opérations de chargement et d'arrimage à quai
incombent au transporteur qui doit les exécuter de façon
"appropriée et soignée"(art 38 Décret du 31décembre
1966). L'obligation est impérative et les opérations sont
effectuées sous sa responsabilité exclusive.
Le capitaine du navire doit veiller à l'état de
navigabilité de son bâtiment, au chargement, au bon arrimage et
à la préservation de la marchandise. Il élabore le plan de
chargement et s'assure de sa bonne réalisation.
Le chargement est l'opération qui consiste à
mettre la marchandise à bord du navire.
La mauvaise conception du chargement constitue alors une faute
commerciale de l'armateur ou de son représentant qui est le
capitaine.
L'arrimage est l'opération de répartition des
marchandises à bord du navire en fonction de leurs poids, de leurs
destinations; cet acte fait partie des obligations du transporteur.
Le transporteur doit porter une attention particulière
aux marchandises, doit apporter des soins ordinaires conformément
à la convention des parties. Pour le transport conteneurisé des
bananes, le transporteur doit s'assurer que la température, le
renouvellement d'air dans le conteneur sont conformes aux instructions
données par le chargeur.
D'autre par, si le transporteur ne s'estime pas à
même de remplir ses obligations, il doit refuser le transport. Par
exemple, il commet une faute s'il s'abstient de mettre en bon état de
marche les cales frigorifiques de son navire (Cour Appel d'Aix-en-Provence, 31
oct. 1978, Fabre/Cie des Bananes).
Il appartient au transporteur et non à
l'expéditeur, de fournir des câbles électriques afin
d'assurer le branchement sur le circuit électrique, des conteneurs
frigorifiques montés à bord du navire.
En transport maritime et comme dans tous les autres modes de
transport, l'emballage et le conditionnement incombent à
l'expéditeur (chargeur).
La défectuosité de l'emballage et du
conditionnement constitue au regard de la loi française et de la
Convention de Bruxelles une faute du chargeur susceptible d'exonérer le
transporteur de sa responsabilité. Le problème est qu'il n'existe
pas, sauf pour le transport de marchandises dangereuses, de
réglementation particulière précisant les
caractéristiques des emballages maritimes et du conditionnement
intérieur.
Pour le transport des bananes, les cartons et palettes
doivent être suffisamment robustes afin de supporter l'effet
d'écrasement lors des manutentions portuaires et des mouvements du
navire, etc...
"Les usages commerciaux constituent un critère
essentiel pour l'appréciation de l'adéquation de l'emballage. Par
conséquent, le transporteur ne peut invoquer une insuffisance
d'emballage lorsqu'il est établi que celui-ci est conforme aux usages du
commerce", selon le Lamy Transport (édit. 2006), c'est dire que
le transporteur peut invoquer l'insuffisance d'emballage, mais doit prouver que
les avaries par exemple sont liées au défaut d'emballage, par
conséquent il y a une relation de cause à effet.
1- La présentation et la prise en charge de
la marchandise
Les marchandises doivent être correctement
emballées, marquées, arrimées, avant d'être remises
par le chargeur, en temps et lieux fixés par les parties. (ex: à
quai, le long du navire X, un jour avant le début des opérations
de chargement).
En cas de non-respect de cette obligation, le chargeur devra
payer une indemnité correspondant au montant du fret convenu. Cependant,
il faut veiller à ne pas confondre contrat de transport et prise en
charge de la marchandise. (Rodière R. Affrètement et
transport, tome II, n°504). Le contrat de transport, de nature
consensuelle, se forme dès que les parties sont d'accord sur les
modalités de l'opération. Mais le transporteur n'est pas
responsable des marchandises puisqu'elles ne sont pas encore en sa possession.
La prise en charge est l'acte par lequel le transporteur devient responsable de
la marchandise, aussi bien sur le plan physique que juridique.
En pratique, le transporteur retarde au maximum le moment de
la prise en charge des marchandises. C'est là qu'interviennent les
"liner terms" qui définissent le moment de la prise en charge.
Le plus fréquemment utilisé est le "sous palan", qui a comme
conséquence que toute la phase "ante palan" est exclue du contrat de
transport, à savoir, les dommages subis par la marchandise pendant leur
séjour à terre.
La prise en charge des marchandises est attestée par un
document qui est écrit, c'est le "mate's receipt" ou le
"board receipt" qui fait office de reçu de celles-ci.
2- Les opérations de chargement de la
marchandise
Après avoir choisi le mode de conditionnement le plus
approprié au navire utilisé, il faut charger la cargaison de
façon à ce que la réfrigération soit optimale ;
c'est à dire qu'il faut favoriser la circulation de l'air
insufflé dans les cales. Il faut alors éviter les espaces
superflus entre les palettes afin que l'air se propage de façon
équitable dans toute la cale et ventile tous les cartons.
L'utilisation de sacs gonflables appelés "air-bag" permet
de combler ces passages et en même temps évite à la
marchandise d'être endommagée durant le transport en la maintenant
en place.
Aux termes de l'article 38 du décret de 1966, les
différentes opérations de chargement et de d'arrimage à
bord du navire incombent au transporteur, qui doit les exécuter de
façon "appropriée et soignée". L'obligation est
impérative et les opérations de manutention sont
effectuées sous sa responsabilité exclusive.
Les bananes sont de plus en plus stockées dans des
conteneurs réfrigérés pour le voyage vers l'Europe. Le
conteneur présente l'avantage de protéger efficacement la
marchandise.
Cependant, lors de l'empotage, les marchandises doivent
être correctement arrimées et le conteneur bien
équilibré, afin d'éviter tout mouvement de la marchandise
pendant les différents efforts subis par le conteneur, lors de la
manutention ou même du transport
principal. Les soins apportés lors de l'empotage du
conteneur tant au niveau du calage que de la disposition interne des
marchandises sont d'une grande importance. Le défaut d'arrimage
constitue une faute du chargeur, dans le cas où cette opération
lui incombe. Le transporteur peut être responsable des dommages à
la marchandise, s'ils sont liés à la défectuosité
du conteneur, lui-même fourni par ses soins.
En outre, il faut noter que le transporteur maritime doit
apporter lors du déchargement des marchandises au port d'arrivée,
les mêmes soins dispensés pendant son chargement.
Il répond également des dommages
occasionnés pendant le déchargement.
Une fois l'arrimage terminé, le navire est fin prêt
pour le départ. Cependant, il faut que la température ambiante au
niveau des cales soit maîtrisée pendant le voyage.
Doc 25 -- Chargement de navires au port d'Abidjan
§3 Maîtrise de la
température
Le plus difficile durant le trajet, est de ne pas laisser
mûrir le fruit avant son arrivée au port de destination. Une fois
déchargées, les bananes sont transportées dans des
mûrisseries spécialisées (ex: la mûrisserie Cavaillon
pour les bananes déchargées à Port Vendres).
Des instructions sont données par le chargeur ou par
le producteur au transporteur comme on l'a déjà expliqué.
Chaque chargeur donne les instructions qui lui sont propres au transporteur,
par conséquent, les techniques de ventilation peuvent varier selon les
expériences de chacun. Néanmoins toutes les instructions des
différents chargeurs en Côte d'Ivoire sont pratiquement
identiques, car la plupart des plantations produisent la même
variété de bananes.
Ces diverses instructions sont appelées "instruction
of carriage" en anglais.
Les instructions de la SCB22 et de la CDBCI en
Côte d'Ivoire, prévoient un refroidissement préalable des
cales à environ +8°c, et une température de transport de
+13.3°c. Elles précisent qu'après le chargement de chaque
cale la ventilation doit être poussée à son maximum pour
atteindre la température de transport souhaitée le plus
rapidement possible (24 à 36 heures).
Il faut que les ouvertures d'air frais restent fermées
pendant les 24 premières heures après le chargement, ensuite que
celles-ci soient grandement ouvertes tout en prenant garde que cela n'affecte
pas la température établie dans les cales. Cette manipulation est
effectuée pour faire baisser la température élevée
des fruits, du fait de la chaleur du milieu tropical qui oscille en
général, entre 28 et 32°c. Cette température est
appelée le "fieldheat".
Au cas où un mûrissement précoce est
remarqué dans le carton ou à un endroit précis du
chargement, il faut immédiatement retirer les fruits en question de la
cale si cela est possible, car à ce niveau les bananes ne sont pas
toujours accessibles.
Les fruits mûrissant produisent de
l'éthylène*qui va contaminer le reste de la marchandise, l'on
risque alors la perte totale de la cargaison à l'arrivée.
Techniquement, il ne faut pas que la concentration d'éthylène
dépasse 0.8 parts par million (concentration normale : 0.5 ppm).
La mesure de ce gaz pose en pratique de nombreuses
difficultés car aucun moyen de contrôle efficace n'est disponible
aujourd'hui.
Le dioxyde de carbone CO2 est aussi un gaz présent lors
du transport des bananes. Il est dû à la "transpiration des
fruits". Il produit les mêmes effets sur les fruits que
l'éthylène. Pour contrôler sa concentration, on augmente la
quantité d'air frais dans les cales en élevant la vitesse de
ventilation.
22 Société de Culture Bananière
(filiale de la Cie Fruitière, dont la multinationale DOLE possède
des parts).
Lorsque la température est mal maîtrisée
et baisse de façon excessive, il peut y avoir le phénomène
de givrage. Il faut donc une attention particulière parce que dès
les +12.8°c, ce processus peut intervenir. On remarque que lorsque la
banane est gelée, sa peau se teinte d'un voile gris qui ne
disparaît plus malgré un réajustement de la
température (under peel decoloration). Aussi cette avarie peut
provenir de l'arrosage trop abondant lors de la culture de la banane. Il y a de
ce fait des preuves qui peuvent être établies lorsque la
responsabilité du transporteur est engagée, sauf en cas de pluies
abondantes pendant la période de mûrissement du fruit sur le
bananier. Dans le cas d'espèce, une enquête doit être
diligentée.
Les prises de températures sont à effectuer
régulièrement pendant le transport (environ toutes les 4 heures).
Il faut vérifier la température de l'air à la source
(air delivery) et à la sortie (return air). Pour se
faire des thermomètres sondeurs sont installés dans les cales
à plusieurs endroits stratégiques. Ceux-ci sont fixés sur
les fruits pour prendre la température de la pulpe, ce qui facilite et
précise les contrôles. Malheureusement tous les navires ne
disposent pas d'une telle technologie.
Doc 26 -- Machine principale d'un système de
réfrigération d'un navire "bananier"
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|
2001
|
2002
|
2003
|
Var%
|
PORT DE COMMERCE
|
5 424
|
5 954
|
5 489
|
-7,8
|
Nbre d'entrées
|
2 707
|
2 947
|
2 746
|
- 6,8
|
Nbre de sorties
|
2 717
|
3 007
|
2 743
|
- 8,8
|
PORT DE PECHE
|
1 327
|
1 243
|
1 247
|
+ 0,3
|
Nbre d'entrées
|
680
|
628
|
633
|
+ 0,6
|
Nbre de sorties
|
647
|
614
|
614
|
0
|
TOTAL TRAFIC PAA
|
6 751
|
7 197
|
6 736
|
- 6,4
|
Nbre d'entrées
|
3 387
|
3 576
|
3 379
|
- 5,5
|
Nbre de sorties
|
3 364
|
3 621
|
3 357
|
- 7,3
|
|
Doc 27 -- Trafic des navires du Port d'Abidjan (en nombre)
(Source PAA)
En somme, on dira que le transporteur doit avoir à sa
disposition les moyens nécessaires et appropriés pour un
transport de qualité des bananes ; cela veut dire que ce dernier doit
avoir un navire bien équipé et construit dans le but de
transporter des bananes uniquement (navire bananier polytherme), c'est un
navire frigorifique qui est aussi appelé "reefer", contraction de
l'anglais "refrigerated ships".
CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES TECHNIQUES DES
NAVIRES BANANIERS
Analysons maintenant les principales caractéristiques de
ces cargos dits "bananiers". Spécialement conçus pour recevoir
des fruits dont la température doit être régulée,
ces navires se distinguent des navires conventionnels ou porte-conteneurs.
Premièrement on présentera les
différents types de navires affectés au transport des bananes,
ainsi que leur classification qui fait justement l'objet d'une
réglementation spécifique et en second lieu on parlera du
mécanisme de température dirigée.
Section 1 : Les différents types de navires
Il existe quatre grands types de navires
réfrigérés ou polythermes (destiné au transport de
marchandises périssables), affectés au transport de la banane :
ce sont les navires ou cargos conventionnels, les navires destinés au
transport des palettes, les navires destinés aux transports des palettes
pouvant prendre des conteneurs en pontée, et les navires porte-
conteneurs.
Les cargos conventionnels ne peuvent pas transporter de
palettes ni de conteneurs ; ils sont actuellement dépassés, ils
sont tombés en désuétude en ce qui concerne le trafic
entre la Côte d'Ivoire et l'Europe. En effet, étant
inadaptés dans ce type de transport et de conception ancienne, ces
navires sont trop lents et consomment beaucoup trop d'énergie
(carburant), ce qui est une donnée très importante au vue de la
hausse actuelle des prix du baril de pétrole.
Les navires destinés au transport des palettes et
pouvant en plus transporter des conteneurs en pontée sont apparus dans
les années 80. Certaines évolutions techniques ont permis
d'améliorer considérablement la capacité de chargement de
ces navires.
En général, ils sont équipés de
quatre cales avec plusieurs ponts. Depuis les années 90, les cales des
navires sont construites avec des parois verticales (box-shaped). Cela
permet un stockage plus aisé de la marchandise palettisée, en
outre on obtient un gain de temps
considérable et un meilleur maintient de la marchandise
(les anciennes cales étaient munies de parois épousant la forme
du navire, il fallait alors étayer les palettes).
Il faut noter que le conteneur maritime se développe
dans le milieu des années 60, c'est une grande boîte au format
standardisé : 20 pieds ou 40 pieds. Ces boîtes
révolutionnent le transport mais aussi toute chaîne logistique
depuis le fournisseur jusqu'au client final.
La marchandise une fois empotée en conteneur, ne subit
plus aucune manutention jusqu'à son destinataire final. Ce qui est
manutentionné est le contenant et non le contenu; il n'y a plus de
rupture de charge.
Les avantages que présente le conteneur sont qu'il y a
moins d'avaries et de casse, moins de pertes et de vols, on note une
réduction des coûts par une amélioration de la
productivité u chargement : les navires chargent et déchargent
plus vite, donc passent moins de temps aux ports (un navire à quai est
un centre de coûts, et à la mer, un centre de recette). Le
transport maritime de conteneurs se fait de plus en plus, au moyen de
porte-conteneurs intégraux, spécialisés.
Les porte-conteneurs sont de deux types. Le plus
répandu est celui qui est équipé individuellement d'un
groupe de conteneurs réfrigérés. Le navire fournit
l'électricité qui est nécessaire pour les faire
fonctionner. Ces conteneurs se retrouvent aussi sur des navires dits mixtes ou
polyvalents (palettes / conteneurs).
L'autre type de porte-conteneurs utilise la technique du
conteneur dite "conair". Ils ne sont pas équipés de
groupes de réfrigération autonomes et le navire doit être
apte à produire la réfrigération nécessaire
à la conservation des fruits. Ces navires sont très souvent
utilisés pour le trafic "Antilles-France" par la Compagnie
Générale Maritime. Ces navires ont leurs propres grues pour
assurer leur autonomie dans les ports non équipés.
Les armements fournissent des conteneurs aux clients qui n'en
possèdent pas en propre, ceux-ci les louent.
Le remplissage du conteneur s'appelle l'empotage et le
dépotage son vidage. Le client peut positionner le conteneur chez lui et
procéder lui même à l'empotage, il sera acheminé au
port soit par le client (on parle alors de "merchant haulage") soit
par l'armateur (on parle alors de "carrier haulage"). L'empotage peut
également être réalisé dans l'enceinte portuaire par
le transporteur ou par ses substitués.
En Côte d'Ivoire, les navires les plus utilisés
sont les navires mixtes. Cependant la tendance actuelle est au porte-conteneur
uniquement. En effet, ce type de transport fait gagner du temps au chargement
et au déchargement, et permet aussi une multimodularité plus
efficace.
Il permet un commencement avancé dans le temps de la
chaîne du froid. Néanmoins, la flotte de navires "reefer"
est encore pour la majeure partie constituée de navires mixtes, le
conteneur étant bien plus pratique mais plus coûteux que le
traditionnel transport de palettes.
De par leur nécessité à être
équipé de machines puissantes pour la réfrigération
des fruits, ces navires quel que soit leur type, font l'objet d'une
réglementation spécifique et d'une classification
particulière.
Doc 28 -- Coupe d'un "reefer" prévu pour palette
(2.20m) sous barrot
Section 2 : Classification spéciale
On rencontre dans les contrats de transport ou dans les
chartes-parties relatives au transport des bananes qu'elles soient au voyage ou
à temps, des exigences spécifiques quant aux navires.
Ces précisions concernent le nombre de renouvellements
d'air par heure dans les cales (minimum 80 air changes / hour basis empty
holds), les équipements requis pour le contrôle de la
température (equipped with remote control / automatic temperature
recording per each cargo compartment for registration in writting of delivery /
return-air and pulp temperatures every 4 hours), les aménagements
des cales (fully gratings fitted throughout all cargo
decks)' mais aussi la classification requise (certified
highest class Lloyds "incl. R.M.C" or equivalent classification
society).
Il faut retenir que le Bureau VERITAS (l'équivalent
français de Lloyds) a consacré un chapitre spécifique de
son règlement pour la classification des navires frigorifiques, mais
aussi des conteneurs frigorifiques. Il prévoit également un type
de visite spéciale pour le contrôle des installations
frigorifiques.
Les installations frigorifiques peuvent être de
différents types. Plusieurs mentions sont prévues pour leurs
classifications. Il existe trois marques distinctes:
· "RMC pour les installations frigorifiques
destinées au transport de fret réfrigéré, si le
nombre des unités frigorifiques est tel que , compte tenu de la
puissance frigorifique nécessaire en service continu, une des
unités au moins puisse être maintenue en réserve".
· "RMC-C pour les installations frigorifiques
destinées à fournir de l'air réfrigéré
à des conteneurs isolés placés dans les cales des navires
porte-conteneurs, et qui satisfont notamment aux prescriptions applicables de
la section 21-06, partie III, ou à des prescriptions jugées
équivalentes".
· "RMC-S pour les installations frigorifiques
destinées au transport de fret réfrigéré, si le
nombre des unités frigorifiques est tel que, compte tenu de la puissance
frigorifique
nécessaire en service continu, aucune unité ne
puisse être maintenue en réserve de façon permanente"
Des détails nécessaires à la
procédure de contrôle (documents, tests et essais), aux
spécifications techniques, aux réglages des installations sont
expliqués dans le chapitre 21 du règlement. Il contient 7
sections qui traitent respectivement des dispositions générales,
des machines frigorifiques, des locaux réfrigérés, des
épreuves et des essaies, des pièces de rechange, des navires
porte-conteneurs réfrigérés et du contrôle des
commandes des installations frigorifiques.
Techniquement, malgré le bon fonctionnement d'une
installation frigorifique, il faut néanmoins un certain savoir faire
pour anticiper les problèmes rencontrés.
Section 3 : Le mécanisme de la
température dirigée
Une fois la cargaison stockée dans les cales des
navires, celle-ci n'est plus accessible le plus souvent. L'air doit cependant y
accéder pour refroidir les fruits. A ce propos, toute une technique pour
permettre la réfrigération homogène et efficace des
bananes.
On remarque que l'emballage des bananes est
spécialement prévu à cet effet. La surface du carton
d'emballage est perforée. Chaque pont de cale est aussi
aménagé en conséquence avec le plancher en bois comme on
l'a déjà expliqué. L'air est donc insufflé dans la
cale par en dessous et va être extrait du même côté
mais par le haut de la cale. De ce fait, la ventilation est totale. Il faut en
plus que cette cargaison soit chargée de façon
homogène.
Lorsque la cale n'est pas remplie, il faut placer les cartons
de manière à recouvrir totalement le plancher pour éviter
que l'air ne s'échappe par l'espace laissé vide. Une autre
technique, consiste à recouvrir ces espaces avec des bâches
plastiques.
Lorsque la cargaison n'est pas palettisée, un espace
compris entre 7.5 et 10 cm doit être laissé entre le haut du
chargement et le plafond de la cale pour que l'air puisse être
extrait.
Lorsqu'il s'agit de palette il faut toujours commencer à
changer du côté de la soufflerie. Il n'y aura pas de
problème de hauteur, les palettes faisant 2.10 m et les cales 2.20 m.
Chaque pont de cale possède sa propre installation. L'air
ne circule pas entre les cales, on parle de "cooling sector". Il y a
des ouvertures qui permettent de renouveler l'air vicié.
Les bananes requièrent un renouvellement d'air
fréquent ; entre 2 et 4 fois par heure.
Toutes ces précautions et ces techniques ne sont pas
faillibles et les dommages aux cargaisons de bananes sont fréquents et
de diverses natures.
On comprend alors que les responsabilités vont
être recherchées. Dans ces moments litigieux, chaque partie
cherche généralement à se disculper ; le contrat de
transport jouera alors un rôle très important.
Le transport de la banane ivoirienne, on l'a vu , fait l'objet
d'accords et d'une organisation précise. C'est dans ce cadre qu'on va
maintenant s'orienter, exposer et analyser les différents litiges.
*
* *
TITRE II : ASPECTS JURIDIQUES DU
TRANSPORT
Sachons que l'expérience montre que le transport des
bananes ne se passe jamais sans incident. Parfois minime, il peut cependant en
résulter une perte totale de la marchandise.
Les documents contractuels conclus pour l'acheminement sont
d'une importance capitale.
En effet, leur contenu sera déterminant des
responsabilités de part et d'autre dans la plupart des cas. On verra
qu'ils ont plus ou moins été adaptés au de transport de la
banane.
On remarquera alors que des clauses spécifiques sont
incluses dans ces documents.
Dans la suite de cette étude, on analysera le contenu
de ces différents documents, avant de passer en revue certains litiges
qui peuvent avoir lieu lors de ce transport, on déterminera les
responsabilités et le rôle de chacun.
Il faut souligner qu'on verra intervenir un nouvel acteur dans
la chaîne du transport ; il s'agira de l'assureur, qui se chargera
d'assister ou de prendre en charge les éventuels dommages.
CHAPITRE I :
LES DIFFERENTS CONTRATS ET DOCUMENTS DE TRANSPORT
MARITIME
On dira pour commencer que les contrats qui régissent le
transport maritime sont de deux types :
Le contrat d'affrètement et le connaissement.
Ces deux contrats principaux sont les plus utilisés dans
le transport maritime. Mais ceux-ci sont adaptés au transport de la
banane et plus spécifiquement au cas ivoirien.
Section 1 : La charte-partie ou contrat
d'affrètement
On déterminera de quel type d'affrètement il est
question, ensuite on verra les clauses relatives au transport de la banane.
§1 : Les types
d'affrètement
Les navires partant de la Côte d'Ivoire en direction de
l'Europe, sont sujet à une cascade d'affrètement au voyage.
Dans le contrat d'affrètement, l'armateur
(fréteur dans ce cas) met à la disposition d'un opérateur
économique (marchand) ou d'un autre armateur (affréteur) un
navire pour accomplir un voyage dans les conditions fixées par la
charte-partie, ou pour un temps déterminé (affrètement
à temps). Le contrat d'affrètement est appelé
charte-partie. C'est donc un contrat de louage des choses entre le
fréteur (le propriétaire) et l'affréteur (le locataire).
L'affréteur paie un fret (rémunération) au
fréteur.
On distingue l'affrètement au voyage ( le
fréteur met à disposition de l'affréteur tout ou partie du
navire en vue d'accomplir un ou plusieurs voyages déterminés),
l'affrètement à temps ( le fréteur met à la
disposition de l'affréteur un navire armé pour un temps
déterminé) et l'affrètement coque-nue ( le fréteur
met à la disposition de l'affréteur un navire sans armement ni
équipage pour un temps déterminé).
En l'espèce, les armateurs de navires donnent ceux-ci en
affrètement au voyage à Great White Great pour le compte de
Chiquita et à Dole Express Line pour le compte de Dole. Ceux-ci vont
donner ces navires en affrètement aux planteurs. En fait, ce
schéma s'explique car les planteurs n'ont pas en général,
de connaissances professionnelles dans le secteur maritime, de la
nécessité du groupage des marchandises notamment des bananes
issues des différentes plantations.
Il en résulte plusieurs charte-parties pour le
même voyage. Cependant, il faut préciser que depuis trois ans
environ, l'affrètement à temps est aussi utilisé dans la
première relation entre l'armateur et l'affréteur principal, mais
on n'en parlera pas car cette situation est assez récente pour avoir les
illustrations juridiques appropriées. Cela ne change rien aux choses,
les recours étant effectués par les chargeurs contre l'armateur
sur la base du connaissement ou contre l'affréteur principal sur la base
de la charte partie au voyage qui les lie.
L'armateur et l'affréteur principal vont devoir
collaborer pour tenter de résoudre le litige. Les charte-parties
utilisées sont des contrats types. Elles sont élaborées
par un organisme appelé BIMCO (Baltic International Maritime
Conference), pour les affrètements au voyage. Ce document à
été annexé pour son adoption au transport des bananes.
Propriétaire du navire ou amateur
Connaissements
Doc 29 - Schéma de la chaîne de
contrats
DOLE
SOUTHEAST
(V/C) ou (COA)
DEL MONTE
SCB
Le premier affrètement au voyage est conclu entre le
propriétaire disposant du cargo et les deux affréteurs Great
White Fleet et Dole Express Line travaillant respectivement pour le compte de
Chiquita et de Dole. Les sous-affréteurs sont la SCB et la CDBCI.
Le second affrètement peut se faire sous le couvert
d'une charte-partie au voyage, mais également sur la base d'un simple
contrat d'affrètement (COA) qui est un document plus simple. Il est
utilisé lors de relations commerciales fréquentes.
§2 Clauses spécifiques au transport
des bananes ivoiriennes
De part sa fragilité et sa spécificité,
la banane doit faire l'objet d'une attention particulière, au cours de
son transport. En plus de la conjoncture économique, il a fallu
organiser la rotation des navires pour remplir les quotas annuels
autorisés sans toutefois les dépasser.
On retrouvera dans ces chartes-parties des clauses
spécifiques pour le transport technique des bananes et des clauses
relatives à la programmation des navires. Il faut également
évoquer les clauses qui règlent les modalités concernant
le fret.
On prendra pour exemple la première charte-partie
conclue entre l'armateur et l'affréteur principal. On mettra l'accent
sur les voyages effectués vers la Méditerranée, la
quantité transportée étant plus importante que vers le
Nord.
1- Clauses relatives à la technique de
transport des bananes
Ces différentes clauses spécifient le type de
navire et désignent la température à respecter au cours du
transport.
a- Exigences relatives au
navire
Le navire peut être de trois tailles différentes :
Taille A, B, ou C.
Cela peut aller du navire de 300.000 CFT (cubic feet)
à un navire d'environ 400.000 CFT. Le choix est fait en fonction de la
qualité de marchandises à charger.
Le navire désigné ne doit pas avoir plus de dix
ans et doit être un navire bananier de première classe. Cependant,
le navire peut être plus vieux si l'affréteur donne son
agrément. L'affréteur ne doit pas refuser le navire sans motif
valable, même si le navire à plus de dix ans mais satisfait aux
critères de qualités requis.
Il doit y avoir au minimum 80 changements d'air (à ne
pas confondre avec le renouvellement total d'air qui doit avoir lieu deux
à quatre fois par heure quand les cales sont vides). Le navire doit
être équipé d'un système de contrôle de
température automatique dans chaque compartiment. Il doit être
certifié et classé par la Lloyds ou une société
équivalente. La classe du navire doit être la meilleure et les
installations frigorifiques au plus haut niveau (RMC).
Tous les ponts doivent être équipés de
caillebotis et le navire doit pouvoir transporter un chargement complet de
palettes ou de cartons. Les ponts doivent avoir au minimum 2.2m de hauteur et
le navire doit pouvoir atteindre la vitesse de 18 noeuds pour effectuer le
voyage en 10 jours.
Toutes ces particularités techniques auront
véritablement leur importance en cas de litige et évidemment en
cas de problème pendant le transport (défaillance du
système de réfrigération et autres).
b- Exigences relatives aux
fruits
En première page de la charte-partie, une case est
réservée à la description de la marchandise à
transporter. Il est expressément spécifié qu'il s'agit de
bananes palettisées ou en cartons.
Les cales du navire doivent être nettoyées et
sans odeurs. Elles doivent être réfrigérées à
+7.8° C, 48 heures avant le début du chargement. Les documents
récapitulatifs de la température des cales et de la pulpe doivent
être envoyés régulièrement à
l'affréteur pendant la traversée ainsi que la vitesse du navire
et de son ETA* au prochain port.
Il est prévu que les marchandises soient
transportées en palettisées, en cartons, ou en conteneurs
chargés en ponté. Les clauses prévoient que le chargeur ou
l'affréteur donne par
écrit les instructions relatives à la
température avant tout chargement, mais également toutes
précautions ou tous conseils concernant la nature de la marchandise et
des équipements adaptés au transport en question.
2- Clauses relatives à la programmation des
navires
Comme on l'a précédemment expliqué, les
marchandises sont regroupées dans le port et les chargeurs s'accordent
pour expédier les bananes avec le même navire, afin de baisser les
coût du transport ; par conséquent il a fallu programmer la
rotation des navires afin d'avoir constamment un navire par semaine au moins au
port de chargement.
En Côte d'Ivoire des efforts d'investissements ont
été entrepris par l'Etat, par les producteurs et par l'UE de 1993
à nos jours, ce qui a permis une augmentation de la production des
bananes, la création du nouveau terminal fruitier et autres. Alors le
trafic maritime s'est intensifié dans le domaine : on est passé
d'un à deux départ par semaine vers l'Europe, soit 120 rotations
de navires bananiers par an.
Tous les lundis, l'armateur du navire adresse la position de
celui-ci. Les huit navires prévus sont programmés de façon
à effectuer une rotation continue.
S'agissant d'un affrètement au voyage, le contrat doit
prévoir le nombre de voyage. La charte-partie est conclue pour un an. Il
faut que 52 voyages soient effectués au minimum.
Le contrat prend effet la première semaine de
l'année. En l'espèce, il est prévu deux voyages par
semaine. Chaque voyage commence le mardi matin au premier "shift",
c'est à dire dès la reprise du travail par la première
équipe du matin.
L'affréteur doit informer 28 jours à l'avance du
choix de la taille de son navire. Ce choix est fait en fonction de la
quantité de marchandises prévue par les différents
chargeurs. L'ETA est donné 48 heures avant le début du chargement
et la coupe des bananes est organisée en fonction de celui-ci. Le
chargement commence le mardi à 7H00 environ, si la NOR (Notice of
Readiness), ce qui signifie le moment où le navire est prêt
à charger est donnée aux chargeurs un jour avant, pendant les
heures de bureau. Le chargement dure
généralement jusqu'à la nuit du jeudi et
le navire quitte le port d'Abidjan le lendemain au matin. Le rituel est le
même pour le second navire.
Il est prévu dans le contrat d'affrètement que le
navire peut transporter lors de son retour d'Europe, du matériel
nécessaire à la culture ou au transport de la banane.
3- Clauses relatives au fret
Le fret, son paiement et son calcul sont réglés
par la charte-partie mais aussi par le connaissement qui concerne le voyage. Le
montant du fret y est expressément prévu.
Il varie selon la taille du navire, la quantité de la
marchandise et le port de déchargement.
On ne pourra en dire plus, ces informations devant rester
confidentielles en raison de la concurrence.
Pour ce qui est du moment, des modalités de paiement,
la charte-partie une fois encore le précise. Le transporteur
désigne une banque auprès de laquelle l'affréteur effectue
le paiement. Cette désignation doit être faite avant la
répartition de la marchandise au premier port de déchargement
(before breaking bulk at lst discharge port).
La créance du fret nait de la signature des
connaissements. Elle est immuable et non remboursable et elle est due
même si la marchandise est perdue lors du voyage (freight to be
deamed earned on signing B/L discountless and non-returnable ship and /or cargo
lost or not lost).
La charte-partie fait aussi référence au
paiement des coûts de chargements et déchargements. Dans ces
contrats, on retrouve un terme fréquemment utilisé par les
transporteurs maritimes; il s'agit de la clause FIOS (Free In and Out
Stowed)' ce qui signifie que la prise en charge des
marchandises par le transporteur maritime débute au moment où les
marchandises sont à bord et se termine lors du déchargement.
Il faut retenir que cette fameuse clause est
interprétée différemment selon que l'on se place sur le
plan du Droit français ou du Droit anglais. En effet, pour le juriste
anglais, cette clause détermine la cessation des risques et de la
responsabilité du transporteur; pour les
anglo-saxons, la responsabilité s'arrête
dès l'ouverture des panneaux de cales, c'est à dire bien avant le
déchargement. Alors l'arrimage ne sera plus sous la
responsabilité du transporteur. Cependant dans la législation
française, la jurisprudence dissocie la cessation des risques, de la
prise en charge financière du chargement et du déchargement.
Dans la charte-partie habituellement utilisée en
Côte d'Ivoire, la clause FIOS est suivie des termes
"dunnaged' lashed and secured" , ce qui veut dire que le
transporteur ne supporte la prise en charge financière des marchandises
qu'après qu'elles soient arrimées correctement et
définitivement pour le voyage. Son rôle au chargement et au
déchargement est donc réduit à son minimum. Mais celui-ci,
est responsable jusqu'à la livraison des marchandises.
Les connaissements émis vont aussi porter sur les
caractéristiques propres au transport de la banane entre la Côte
d'Ivoire et l'Europe.
Section 2 : Le connaissement
Le connaissement est un document de transport émis par
le transporteur à l'attention du chargeur ou du destinataire. C'est un
titre représentatif des marchandises, il est la preuve écrite de
leur existence. Il est négociable, et permet à celui qui le
détient de prendre livraison de la marchandise au port de
déchargement, ou de revendre la marchandise en endossant ce titre pour
le transmettre à une partie tiers aux relations initiales entre
transporteur et chargeur.
Il existe différent type de connaissements. Les
connaissements, utilisés pour les bananes de Côte d'Ivoire
contiennent des informations spécifiques à ce transport.
§1 Les types de connaissements
utilisés pour le transport des bananes ivoiriennes
Tout comme la charte-partie, le connaissement utilisé
est édité par la BIMCO. Il est prévu de façon
expresse que ce document soit utilisé sous couvert d'une charte-partie.
Il s'agit en l'espèce du type de charte-partie étudié plus
haut. Il faut se référer à la charte-partie pour ce qui
est du fret, des conditions de transport et des questions de
responsabilité.
Le connaissement est généralement "à
ordre", c'est à dire que le destinataire ou le réceptionnaire des
marchandises n'est pas connu lors de l'émission du document. En effet,
plusieurs personnes sont intéressées au connaissement : le
chargeur "the shipper", le destinataire ou celui qui
réceptionne "the consignee", la personne à notifier lors
de l'arrivée des marchandises est le "noti2y", et enfin le
transporteur. Ce dernier dans la plupart des cas n'est pas mentionné sur
le connaissement (sauf lorsqu'il s'agit du connaissement émis
directement par le transporteur).
Il est identifiable grâce au nom du navire
marqué sur le document. Il s'agit pour l'armateur du navire de faire un
recours contre le responsable réel, qui souvent se trouve dans la
personne de l'affréteur. Dans le cas ivoirien, cette situation est
fréquente.
Mais les parties étant toujours les mêmes, les
relations entre elles sont plus aisées. Par conséquent,
même si le connaissement est à ordre, le "noti2y" est
identifié et il suffit de regarder le nom du chargeur pour se douter du
nom du réceptionnaire. Le nom du propriétaire du navire est
également connu des parties.
Il est émis un connaissement par type de chargement.
Les bananes provenant des différentes plantations doivent être
identifiées pour être dispatchées au déchargement
pour une juste répartition des frais, mais aussi pour faciliter la
procédure en cas de dommage à la marchandise.
Le connaissement va à cet effet comprendre de nombreuses
indications qui permettent cette identification. Les connaissements
utilisés généralement sont :
· Le connaissement Port/Port (ocean B/L), qui ne
couvre que le trajet maritime principal du port de départ au port
d'arrivée.
· Le connaissement de charte-partie (charter party
B/L) qui est le contrat par lequel l'armateur (le fréteur) met tout
ou une partie du navire à la disposition du chargeur (affréteur)
pour le transport de la marchandise.
§2 Les mentions
spéciales
Seuls les chargeurs et la personne à notifier figurent
sur le connaissement.
Les chargeurs sont en l'espèce, les planteurs (SCB,
CDBCI, etc...). Les personnes à notifier sont des sociétés
qui se chargent de vendre les bananes aux grands distributeurs ou aux
revendeurs locaux.
Ils sont au courant de la destination finale des bananes et
modalités de vente de la cargaison. Il y a un connaissement par
planteur. A chaque voyage ces documents sont émis et se
réfèrent tous à la charte-partie applicable durant cette
période d'une année, les affrètements étant conclus
pour un an.
Le type de banane (espèce, variété) est
également précisé pour pouvoir les différencier au
milieu de toute la marchandise. Le poids et le conditionnement sont aussi
indiqués avec précision comme il faut le faire sur tout
connaissement.
Pour les conditions de fret, il est expressément
indiqué que la charte-partie est applicable. La charte-partie entre ce
dernier et le transporteur maritime n'interviendra qu'en second lieu. La seule
indication au sujet du fret fréquemment portée au connaissement
est celle qui indique que celui-ci est payable à destination. Cependant,
il peut aussi y être indiqué que le fret est payé selon
agrément (donc selon la charte-partie).
Les ports de déchargement sont souvent multiples. Ils
sont laissés au choix de l'affréteur qui est également
lié directement aux planteurs, il désignera le ou les ports selon
les termes de la charte-partie.
Les connaissements sont faits en deux exemplaires, ce qui n'est
pas la règle générale. En principe, trois exemplaires sont
édités. On peut penser que vu l'implication des acteurs dans les
différents contrats (connaissement, charte-partie, et West African
Pool Agreement), il n'est pas nécessaire d'éditer un
3ème exemplaire. Les véritables tiers ne rentrant dans le circuit
qu'une fois les bananes stockées dans les terminaux fruitiers en
Europe.
Section 3 : La prise en charge
§1 : Définition et effet de la prise
en charge
Le contrat de transport qui est un contrat consensuel qui se
traduit par un accord entre les parties au contrat, une fois que celles-ci sont
tombées d'accord sur les modalités de l'opération.
La prise en charge des marchandises est à la foi un
acte matériel et juridique par lequel le transporteur devient garant de
la marchandise. Cependant, ce n'est pas une fois le contrat signé que le
transporteur devient responsable des marchandises.
Le transporteur se voit appliquer une présomption de
responsabilité, découlant de l'article 27 de la loi de 1966 et
des articles 3 et 4 de la Convention de Bruxelles de 1924, au moment où
il délivre le connaissement maritime.
1- Début de la prise en charge (pour la loi
française)
Les conditions générales ou
particulières du B/L déterminent le moment de la prise en charge.
Celle-ci se fait au plus tard au moment de l'embarquement des marchandises
à bord du navire, conformément à l'article 38 du
décret du 31 décembre 1966.
En pratique, le transporteur à intérêt
à retarder au maximum le moment de la prise en charge de la marchandise.
Le liner ternis "sous palan"se retrouve sur la quasi-totalité
des connaissements. Par cette clause le transporteur stipule qu'il ne prendra
pas la marchandise en charge avant qu'elle ne soit à quai, le long du
navire, prête à être chargée.
De ce fait, toute phase "ante palan" est exclue du transport
maritime et demeure donc sous la responsabilité du chargeur. En
revanche, le transporteur sera responsable des pertes et des avaries subies par
la marchandise, à partir du moment où celle-ci est sous sa garde
ou celle d'un intermédiaire, qu'il a mandaté, tel un aconier.
2- Début de la prise en charge (pour la
Convention de Bruxelles)
A la différence de la loi française, la
Convention de Bruxelles de 1924 couvre le transport maritime, pas de la prise
en charge de la marchandise mais depuis son chargement à bord du navire
(art 1 de la Convention de Bruxelles soit depuis le moment où la
marchandise est hissée à bord du navire.
A juste titre, le transporteur peut valablement stipuler que sa
responsabilité commence à l'embarquement sous palan et
s'achève au débarquement sous palan.
Il est cependant important de stipuler que pour que ces
règles soient efficaces, il faut qu'elles soient précisées
clairement au connaissement et acceptées par les cocontractants.
Pour les fruits qui voyagent par conteneurs, le moment de la
prise en charge et de la livraison est déterminé de la même
manière. Au détail près que le transporteur ne peut pas
vérifier l'état général de la marchandise. En
effet, les conteneurs sont systématiquement plombés à la
sortie des entrepôts d'empotage.
La prise en charge est attestée par un document
écrit qui fait office de reçu de la marchandise et est
généralement délivré avant le connaissement.
En revanche, la prise en charge peut intervenir avant la
délivrance des documents, c'est le cas notamment lors de "posit"
le client par le transporteur maritime.
En somme, ces contrats ou documents de transport maritime
étudiés sont les bases essentielles pour la résolution des
litiges. Comme on vient, de le voir, ceux-ci comportent tous les renseignements
nécessaires sur les droits et obligations de chaque partie.
On constatera maintenant les cas fréquents de litiges
dus à des avaries de marchandises. Ces avaries peuvent avoir
différentes causes, et c'est au regard de ces causes que les
responsabilités seront déterminées.
CHAPITRE II : AVARIES ET
RESPONSABILITES
Au cours du transport des bananes certains problèmes
peuvent survenir.
Cela peut arriver au chargement de la marchandise, durant le
voyage maritime et au déchargement.
A ce propos, il sera nécessaire de déterminer loi
applicable dans ce transport, afin de proposer les solutions
appropriées.
Section préliminaire : Détermination de
la loi applicable
Comme dans toute relation contractuelle, les parties sont
gouvernées par la loi du contrat. Dans notre étude, il est
question de deux types de contrats applicables.
Les connaissements font référence dans leur
clause "Paramount" (clause suprême de juridiction) aux règles de
la Haye contenue dans la Convention Internationale pour l'unification de
certaines règles en matière de connaissement datée du 25
août 1924 à Bruxelles. La règle applicable peut être
aussi la même convention modifiée par le protocole de Visby de
1968. Cela dépendra du pays où le transport a été
conclu.
Cependant les connaissements font tous
références aux chartes parties. Celles-ci auront alors de force
de loi envers les parties aux connaissements, si toutefois ces dernières
sont informées de l'existence d'un tel contrat et si elles ont pu en
prendre connaissance.
Cette solution est donne par le droit français. Le
droit anglo-saxon est beaucoup plus souple et admet l'opposabilité de la
charte-partie à une partie au connaissement dès lors qu'il en est
fait référence sur celui-ci.
En l'espèce, les recours seront simplement faits sur la
base des chartes-parties. On peut remarquer que le problème ne se pose
que très rarement.
Dans les affrètements conclus pour le transport des
bananes ivoiriennes, la loi applicable désignée par le contrat
est la loi française. Par conséquent, la question de
l'opposabilité de la charte-partie au tiers réceptionnaire sera
réglée par la loi française.
Mais n'oublions pas que les sous-affréteurs sont les
mêmes personnes que les parties au connaissement. Il peut donc y avoir un
problème de correspondance entre les deux types de chartes-parties. On
peut se demander si la charte-partie entre armateur et affréteur
principal est opposable aux différents sous-affréteurs?
En principe, la réponse est négative. Mais les
relations étroites entre l'affréteur et le sous-affréteur
vont fausser les solutions classiques.
Il faut donc étudier les litiges naissant du transport
des bananes ivoiriennes vers L'Europe au regard de la législation
française, sans oublier que la loi du contrat prévaut dans la
plupart des cas selon l'article 1134 du code civil "les conventions
légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites".
Section 1 : Mise en leu des responsabilités
Dans cette section, on verra les litiges plus ou moins
fréquent pour le transport des bananes, notamment qui sont survenus sur
la ligne Abidjan-Europe.
A ce propos, distinguons deux catégories de litiges; les
avaries dues au transport et celles dues au fruit lui même.
§1 Avaries dues au transport
maritime
Ces avaries peuvent se produire au port d'Abidjan avant le
chargement, pendant le voyage maritime, et au déchargement en Europe.
Dans chaque cas, il faut déterminer la part de
responsabilité de chaque acteur.
1- Au port de chargement (Abidjan)
Il faut distinguer le cas où le navire accuse un retard
et le cas où celui-ci a débuté les opérations de
chargement.
a- Retard du navire au
chargement
Comme on l'a déjà souligné, l'heure
probable d'arrivée du navire à Abidjan (ETA) donne le point de
départ de la chaîne du transport qui débute avec la coupe
des bananes.
Si le navire donne une ETA erronée, ou s'il n'est plus
opérationnel pour le chargement des bananes après avoir
donnée son ETA, cela peut avoir des conséquences catastrophiques.
De plus, si le navire arrive avec du retard au port, les bananes non
coupées continueront à mûrir sur pied, ce qui causera le
même effet.
Cela nous emmène à nous demander si le
fréteur a t-il une obligation de résultat ou de moyen pour ce qui
est de son heure d'arrivée à Abidjan? Notons qu'en droit commun
des transports, le retard n'est pas un cas d'engagement de la
responsabilité du fréteur, surtout lorsqu'il a été
causé par les aléas de la navigation maritime. Les seules
indications que l'on peut trouver sont uniquement celles concernant un retard
à la livraison.
Rien n'est prévu en cas de retard au chargement. Cela
n'a que peu d'importance lorsqu'il s'agit de marchandises conventionnelles non
périssables. Pour ce qui est des bananes, cela prend une toute autre
dimension.
Il faut alors chercher s'il existe une clause contractuelle
contenant des dispositions spécifiques quant à l'ETA. Cela doit
être recherché dans la charte-partie car le connaissement n'est
émis que lors du chargement.
La charte-partie entre le planteur et l'affréteur ne
prévoit rien de spécial .Il est en de même dans la
charte-partie initiale qui précise uniquement que le capitaine doit
communiquer à l'opérateur de l'affréteur la prochaine
ETA.
Rien n'est prévu ni par la loi, ni dans les contrats,
on peut en déduire que l'ETA n'a aucune force contraignante et qu'il
s'agit d'une simple information. Mais vu son importance, on peut quand
même affirmer que le transporteur doit tout mettre en oeuvre pour arriver
dans les temps au port de chargement et que cette information doit être
communiquée avec grande précaution. Le transporteur doit donc
faire preuve de professionnalisme.
Néanmoins ces arguments peuvent engager la
responsabilité du transporteur si celui-ci commet une faute ou est
négligent. Par contre s'il n'a pu respecter l'ETA pour des raisons de
faits extérieurs (faits du Prince) et si toutes précautions ont
été prises, il ne sera pas responsable.
Une fois l'ETA donnée, le navire va accoster et
communiquer sa NOR "Notice of Readiness", c'est à dire
informer les parties intéressés que le navire est prêt
à charger.
Le navire étant à quai, le chargeur transporte les
marchandises dans les cales réfrigérées. On remarque alors
que des dommages à la marchandise peuvent survenir lors du
chargement.
b- Survenance d'une avarie lors
du chargement
Prenons le cas où le navire est déjà
à quai au port d'Abidjan, et en cours de chargement; un incendie se
déclare dans la salle des machines, entraînant une panne de la
ventilation, ce qui rend impossible la poursuite du chargement des bananes.
Les dommages sont importants, il faut décharger les
bananes déjà en cales pour effectuer des réparations. Les
bananes déchargées sont placées en attente sur le quai,
car la Côte d'ivoire ne dispose pas à l'époque d'un
terminal fruitier réfrigéré, l'autre partie des bananes
est entrain d'arriver des plantations par camion.
La température extérieure élevée
fait mûrir les fruits rapidement. Les réparations durent trois
jours, la plus grande partie des bananes est en état de maturation
beaucoup trop avancé pour supporter un transport de plusieurs jours par
voie maritime. De plus, charger des bananes dans ces conditions risque
d'endommager les autres bananes encore saines, par la contamination de
l'éthylène dégagé par les fruits
endommagés.
Des mesures d'urgence sont donc prises. La meilleure solution
est de revendre la cargaison sur le marché local et les marchés
des pays voisins. Cependant, cela n'est pas aisé. En effet, à
l'époque le cours de la banane en Cote d'ivoire est faible et le
marché se retrouve vite saturé par cet afflux massif de
bananes.
Les marchés voisins ont à peu près la
même conjoncture, de plus, le transport par camions jusqu'à ces
marchés n'est pas évident, car les véhicules ne sont pas
réfrigérés et il faut plusieurs jours pour effectuer le
transport.
L'arrivée d'un autre navire à la rescousse serait
trop longue. Une grande quantité de bananes est alors perdue. Des
réclamations sont formées contre le transporteur.
Les parties intéressées au litige sont
évidemment les propriétaires des bananes, qui sont
(chargeurs/planteurs) et les affréteurs.
Ensuite les planteurs font une réclamation (se
retournent) contre les intermédiaires, affréteurs du navire.
L'armateur qui est le propriétaire du bateau est impliqué. Les
liens entre les belligérants amènent la discussion sur le recours
possible des chargeurs (sous-affréteurs) contre le fréteur
initial, c'est à dire l'armateur. Celui-ci affirme qu'il ne peut y avoir
de recours contre lui car les connaissements ne sont pas encore émis,
d'où aucun liens contractuel n'existe entre les deux parties. Selon lui,
les chargeurs ne sont pas en droit de faire arrêter de façon
conservatoire le navire car rien ne les lie.
Il est vrai qu'aucun connaissement n'est émis lors de
l'incident, mais les chargeurs sont en relation contractuelle avec les
affréteurs. Ces derniers en effectuant un sous-affrètement au
voyage sont devenus les propriétaires en quelque sorte du navire. Les
chargeurs peuvent de ce fait évoquer ce contrat pour procéder
à une saisie conservatoire du navire, le débiteur est alors
l'affréteur.
Pour ce qui est de l'absence d'émission de
connaissement, certes il n'existe pas de lien contractuel pour les marchandises
encore à quai ou dans les plantations, mais pour celles
débarquées du navire, les connaissements devraient être
émis lors du chargement et non après comme il est fait en
pratique. Le transporteur est bel et bien lié pour cette partie du
chargement. Il est de toute façon lié par la
charte-partie pour toutes les quantités de bananes prévues.
Le tribunal de commerce de Marseille statue en
référé sur la demande de levée de la saisie
conservatoire, celui-ci déclare que "l'accident met en cause la
responsabilité de l'armateur qui se répercute non seulement sur
la marchandise embarquée, mais aussi sur la marchandise en cours
d'embarquement."
Le même tribunal souligne que "le créancier ne
peut accepter la main levée de la saisie qu'en échange d'une
garantie donnée par l'affréteur, la garantie donnée par le
seul fréteur n'a aucune valeur."
Les planteurs sous-affréteur au voyage, se retournent
contre l'affréteur sur le plan de l'état de navigabilité
du navire. En effet, le fréteur doit mettre à disposition de
l'affréteur un navire apte à transporter sans danger la
marchandise prévu au contrat.
Plusieurs rapports d'expertise démontrent que
l'incendie en question n'est pas dû à une faute de
l'équipage, et que les mesures d'extinction ont été mises
en oeuvres. Le navire est en bon état de navigabilité;
(après la réparation de fortune il a d'ailleurs été
capable d'effectuer le transport sans autre incident).
On peut alors se poser la question de l'exonération du
transporteur en cas d'incendie. En effet, la convention de 1924 (qui est
applicable en l'espèce), prévoit qu'en cas d'incendie, la
responsabilité du transporteur ne peut être engagée sauf si
une faute est commise par lui ou par l'un de ses préposés. En
l'espèce, la faute n'a pas été démontrée.
Les réparations effectuées à Abidjan,
peuvent faire l'objet d'une déclaration d'avaries commune, mais cela
n'ai pas le cas pour des raisons purement commerciales.
Enfin cette affaire, est portée devant la chambre
arbitrale de Paris, mais celle-ci se règle à l'amiable
finalement, la procédure n'est pas allée jusqu'à son
terme. Des protocoles d'accords confidentiels sont conclus entre les
différentes parties.
Néanmoins il faut souligner, qu'une fois les
marchandises à bord, d'autres incidents peuvent encore arriver pendant
le voyage.
2- Pendant le voyage
Outre les causes classiques de dommage aux marchandises
pouvant intervenir pendant le transport (mauvais arrimage, mauvaises conditions
météorologiques...), la cause spécifique d'avarie, pendant
le transport des bananes est liée au contrôle de la
température.
Il faut distinguer s'il s'agit de la température des
cales, ou s'agit de la température à l'intérieur d'un
conteneur frigorifique.
Le transporteur a une obligation de plus ou moins grande de
contrôle, de vérification et de maîtrise de la
température selon les cas. Il a une obligation minimale de soins
à la marchandise. Le Lamy Transport23 considère
"qu'il s'agit de soins d'usages et non de soins extraordinaires (...) à
moins que le chargeur n'ait stipulé une obligation spéciale en ce
sens".
a- Le contrôle de la
température des marchandises en cales
Le chargeur donne des instructions de transport pour les
bananes (les températures à respecter). Ces instructions sont
prévues dans les chartes-parties, ce qui leurs donne une force
(juridique) non négligeable. On peut considérer alors que le
transporteur est lié contractuellement par ces instructions.
On peut remarquer que certains problèmes peuvent
découler de ces instructions elles- mêmes. Elles peuvent ne pas
être très claires ou ne pas être réalisables.
Le capitaine, préposé du transporteur a qui
l'on remet les instructions de transport se doit de demander des explications
détaillées, des éclaircissements, s'il lui semble que les
informations sont erronées ou irréalisables. Il doit en garder
une preuve écrite qui sera utile en cas de conflit éventuel.
23 Edition 2005, n° 415 « Soins
à la marchandise ».
Si le chargeur ne corrige pas ces instructions et qu'elles
s'avèrent impossible à réaliser la jurisprudence
française considère que le transporteur n'est pas responsable en
cas de dommage. Selon elle, "les instructions doivent être pertinentes et
non équivoques".24
Les chartes-parties contiennent souvent une clause qui rend
responsable l'affréteur ou le chargeur, de la perte causée
à la cargaison, si elle est due à de mauvaises instructions.
Il y a eu plusieurs cas d'espèce de dommages dus au
non respect des instructions du chargeur. La faute peut être celle de
l'équipage, (omission de vérification d'usage, de régler
la température, etc...). Il peut y avoir une mauvaise
pré-réfrigération des cales avant chargement.
La cause du dommage peut être simplement un manque
d'enregistrement automatique de la température, obligeant à
recourir au contrôle manuel. Ce contrôle ne pouvant s'effectuer
qu'en deux endroits précis (arrivée et sortie d'air par es
trappes) il est alors impossible de donner avec exactitude la
température réelle de la marchandise. Ce cas de figure est
déjà arrivé en pratique.
En l'espèce, des bananes sont arrivées
endommagées au port de déchargement.
Les différentes parties ont recherché la cause
des dommages. On a trouvé que le relevé des températures a
indiqué une panne de l'impression pendant 56 heures; le
propriétaire de la cargaison a donc pris en considération cette
défaillance pour engager la responsabilité du transporteur. Cette
affaire a été négociée et réglée
à l'amiable, parce que le transporteur a reconnu que sa
responsabilité serait difficilement écartée.
Le transporteur se doit de transporter la marchandise dans
les meilleures conditions possibles et les navires doivent avoir les
équipements adéquats et nécessaires. On dit que le
transporteur a la garde des marchandises et est présumé
responsable en cas de dommage.
Les chartes-parties renforcent généralement ces
obligations en spécifiant la classe du navire et les équipements
requis. Elles précisent que les marchandises sont sous la
responsabilité du transporteur durant le voyage.
24 CA Rouen, 23 mai 1991, navigation et transport c/
Franco Belgian Services, Cf. Lamy Transport, 2000, p.274., n° 415.
Une des clauses spécifie souvent que le capitaine en
personne est responsable du transport de la marchandise et du maintien de la
température qui est indiquée expressément par le
chargeur.
Que la marchandise mûrisse prématurément
ou qu'elle gèle, c'est toujours au transporteur de prouver qu'il n'a
commis aucune faute durant le voyage. De plus, en cas d'absence de faute, si le
dommage est dû à la défaillance des machines, il est
toujours responsable.
Le seul moyen pour lui de s'exonérer est d'utiliser
à son avantage un des cas exceptés de la convention de Bruxelles
de 1924 modifiées.
b- Contrôle de la
température des marchandises en conteneur
Le problème principal du conteneur est la quasi
impossibilité pour le transporteur de vérifier l'état de
la marchandise visuellement. C'est encore plus vrai lorsque le conteneur est
déjà empoté lors de sa remise au transporteur.
Les conteneurs frigorifiques (sauf les conairs) ont
chacun leurs groupes frigorifiques qui fournissent la ventilation et le froid
nécessaire aux bananes qu'ils contiennent. Celui qui fournit le
conteneur doit le fournir en bon état de fonctionnement.
On peut se demander, qui est responsable des dommages en cas de
panne de la machinerie du conteneur.
Il faut distinguer plusieurs cas :
· S'il s'agit du conteneur du propriétaire de la
marchandise ; le transporteur n'est pas tenu pour responsable de la cargaison
endommagée alors que ce dernier a tout mis en oeuvre pour tenter de
réparer les machines du conteneur défectueux.
· Si le conteneur est fourni par la compagnie maritime, la
responsabilité de tout dommage causé par le conteneur lui est
imputée.
La jurisprudence commerciale en 199025
décide que le transporteur qui n'a pas empoté lui-même le
conteneur n'assume pas l'obligation de contrôler et de modifier en cours
de transport la température affichée. Il n'a pas obligation de
vérification.
On peut trouver que cette décision est excessivement
favorable au transporteur, mais elle a été nuancée en
199626 par une autre décision selon laquelle le transporteur
doit effectuer un contrôle externe de la température en
vérifiant le bon fonctionnement de l'appareil de
réfrigération.
Il peut arriver que la température indiquée sur
le panneau soit bonne, mais en réalité elle diffère de la
température réelle à l'intérieur du conteneur. Dans
ce cas, le transporteur est exonéré, s'il prouve qu'aucun signe
extérieur n'a permis de douter de la fiabilité de l'information
donnée par le conteneur. Le transporteur fournit
l'électricité nécessaire au fonctionnement des
conteneurs.
L'acheminement maritime réalisé, il faut
décharger les marchandises au port d'arrivée. Cette phase ultime
du transport maritime n'est pas sans risque.
3- Le port de déchargement
Les dommages qui surviennent au déchargement sont
principalement ceux causés par les aconiers27, par les
stevedores.28
Il faut se poser la question de savoir de quelle partie les
manutentionnaires sont-ils les préposés. On peut dire simplement
que c'est la partie qui paie la manutention qui est responsable des actes
posés par les manutentionnaires. La clause FIOS contenue dans les
chartes-parties exclue la manutention des prestations du transporteur. C'est
donc l'affréteur qui paie cette prestation de service. Il est par
conséquent le responsable des actes de ses préposés.
25
Cass. Com. 13/11/90, n° 88 - 20.044.
BTL 91, p. 240.
26 C.A. Rouen, 2ème chambre, 5 septembre 1996,
CMB transport c/ SONATRAM, Lamy transport, éd. 2005.
27 Entrepreneur préposé à la
manutention des marchandises ; chargement et arrimage à bord d'un navire
de commerce.
28 Synonyme d'aconier.
Il peut par la suite se retourner contre eux, mais leur
responsabilité est limitée contractuellement.
Après avoir passé en revue un certains nombre
de dommages causés aux bananes, lors de leur acheminement vers l'Europe,
on se penchera à présent sur les avaries issues d'une cause
extérieure au navire.
§2 Les avaries dues aux fruits
Ces avaries proviennent des fruits ou des marchandises
avoisinantes.
1- Le vice propre à la
banane
Le vice propre est une tare qui affecte la marchandise. On
peut le définir comme la "propension à se
détériorer sous l'effet du transport maritime effectué
dans des conditions normales"(
cass. com. 09/07/96).29
Le vice propre est un élément de la marchandise
qui s'analyse comme étant soit une imperfection qui affecte la
marchandise, soit la nature même de la marchandise, qui a pour
conséquence la détérioration de la marchandise sous
l'effet du transport maritime effectué dans des conditions normales.
Dans le Droit français, le vice propre de la
marchandise est régi par l'article 27-F de la loi du 18 juin 1966. Si la
marchandise a un vice propre, le transporteur est alors exonéré
de sa responsabilité.
Le vice propre se caractérise dans le cas de la
banane, par des champignons, par des parasites, maladies, etc... Ces tares sont
difficilement décelables; une fois que l'on s'en aperçoit il est
souvent trop tard pour pouvoir sauver les fruits. Les maladies des bananes sont
nombreuses. Il y a notamment "l'anthracnose", qui est très
fréquente; le "crown rot", maladie complexe causée par
des champignons; la "Sigakota" fréquente avec des
conséquences
irrémédiables. Cette maladie est la plus grave,
apparue dans les années 90, elle est présente actuellement dans
les productions Sud-américaines. Elle a sévit aussi il y a
quelques années en Côte d'Ivoire et au Cameroun.
Généralement en cas de vice propre de la
banane, la pulpe du fruit devient gelé, mais la peau reste verte, ce qui
rend plus difficile le diagnostique. Ces différentes maladies posent des
cas des plus intéressants au niveau de la responsabilité, car le
dommage ne se déclare souvent qu'après le chargement et a sa
cause avant le chargement. Alors on peut se demander quand déterminer le
changement de responsabilité : à la découverte du dommage,
lors de sa survenance, lors de la contamination.
Dans les deux premiers cas le transporteur peut être
inquiété. Cependant, la règle du vice propre peut
sûrement le protéger. La seule difficulté est de prouver
que l'avarie résulte de ce vice et non d'un incident au cours du
transport au niveau de la réfrigération.
Il faut prouver que la maladie est présente au
chargement, mais du fait de son incubation, personne n'a pu mettre en garde le
transporteur.
La jurisprudence fait alors la différence entre le
vice apparent et le vice caché30. Pour se qui est de la
Sigatoka, on peut parler de vice caché lors de son incubation.
Lorsque le transporteur se rend compte de l'importance de la maladie, il doit
en informer le chargeur ou le réceptionnaire par écrit (fax,
télex...). Cela lui facilite la preuve de l'avarie. Ensuite, celui-ci
doit tout mettre en oeuvre pour circonscrire la maladie et ralentir son
évolution, par exemple en augmentant la ventilation.
Si la maladie entraîne néanmoins la perte totale
de la marchandise, il ne peut lui être reproché un manque de
diligence raisonnable et sa responsabilité ne peut être
engagée, sauf en cas de vice propre de la marchandise.
En outre, une autre avarie peut résulter des marchandises
; il s'agit de la contamination d'une marchandise avariée à une
autre encore saine.
29 Idem.
30 Défaut ou imperfection dissimulé
dans le but de tromper l'autre partie ( juridique ).
2- Influence entre les différentes
marchandises
Il faut retenir que les différentes cargaisons que le
navire transporte compatibles entre elles. Dans le cas précis, les
différentes cargaisons doivent être compatibles aux bananes.
Le transporteur doit refuser de prendre en charge des fruits
trop murs au risque de perdre toute la marchandise. Il peut aussi prendre une
réserve au connaissement.
Le cas de contamination entre différentes marchandises
s'est déjà produit lors d'un voyage Abidjan-Port Vendres. En
effet, les bananes ont mûri prématurément à cause de
l'éthylène dégagé en excès par une cargaison
d'ananas. Les ananas sont spécialement traités avec le gaz
"étrel" pour leur donner un aspect propice à la vente. Bien
qu'étant dans des cales différentes, les ananas ont
contaminé les bananes.
Les experts affirment à l'époque qu'il n'existe
pas de navire frigorifique totalement étanche entre les
différents ponts de cales, à cause des conduits d'aération
et de ventilation, bien que chaque pont possède sa propre machinerie.
Juridiquement, c'est vrai que le navire doit être sur,
mais la technologie actuelle a ses limites de fiabilités. Malgré
les aléas de la technique, le transporteur voit peser sur lui une
obligation de résultat.31
On note qu'en général, les bonnes relations
commerciales qu'entretiennent les différentes parties, les
empêchent le plus souvent d'aller devant les tribunaux lors des litiges.
Ceux-ci sont alors réglés à l'amiable. Toutes ces affaires
coûtent beaucoup au niveau financier mais aussi en temps aux
protagonistes. Ils ont alors recoure à une autre personne qui fait son
apparition au litige; il s'agit de l'assureur.
31 Engagement contractuel visant à obtenir un
objectif précis.
Section 2 : Le rôle de l'assurance
Les bananes constituent comme on l'a déjà
souligné, une marchandise particulière.
A ce propos, les assureurs ont recours à des conditions
spécifiques pour garantir un risque tout aussi spécifique.
Après l'étude des conditions spéciales,
on verra le rôle que tient l'assureur dans ce transport. Il faut dire que
le transport entre la Côte d'Ivoire et la France est régi par les
chartes-parties qui désignent l'application du Droit français,
par conséquent les assurances sont elles aussi régi par ce
Droit.
§1 La particularité de la police
d'assurance
En général, les dommages subi par les marchandises
trouvent leur cause dans le mauvais fonctionnement de la
réfrigération sont exclus de la police d'assurance tout
risque.
Il faut que l'assuré souscrive une assurance
particulière (cas du réceptionnaire, car la vente est CAF ou
FOB). E n effet, l'article L 174 - 4 du code des assurances
énonce que "l'assurance sur faculté garantit les pertes et les
dommages matériels causés aux marchandises par tous accidents de
navigation ou événements de force majeure sauf exclusions
formelles et limitées prévue au contrat d'assurance".
Comme l'explique clairement Mr Rémery dans son
rapport (
cass. com.27/06/95)32
pour compléter cette réglementation, les diverses compagnies
d'assurances qui interviennent sur le marché français de
l'assurance maritime, ont mis au point des conditions générales
imprimées que tout le monde utilise désormais, ainsi que les
clauses additionnelles types pour résoudre les cas les plus courants.
Elles sont simplement insérées aux conditions
particulières par mention de leur numéro de
référence. Plus précisément, il existe deux types
de polices de base il s'agit de la police "tous risques" et de la police "FAP
sauf".
32 DMF 1995, p 727.
Il précise également que la clause
particulière attachée au transport des denrées
périssables dans la police tous risques est la clause de type
additionnelle n°48 intitulée "facultés transportées
sous température dirigée (garantie étendue)".
L'exclusion de garantie de la police tous risques qui nous
intéresse dans le transport des bananes est celle excluant l'influence
de la température atmosphérique. Cette température doit
être distinguée de la température qui règne dans les
cales des navires réfrigérés. Cette température
sera régie par la clause n°48.
Cette clause garantit les dommages et les pertes
matériels subis par les facultés voyageant sous
température dirigée lorsqu'elles sont la conséquence des
variations de température. Mais sont exclus la garantie les dommages et
pertes matériels résultant d'une mauvaise préparation des
facultés.
On peut citer comme exemple des cartons non adaptés au
transport (sans trous d'aération) ou des cartons trop remplis comme cela
est parfois le cas pour fausser les quotas d'importation européens, les
bananes sont alors écrasées.
Il faut que la partie intéressée aux
marchandises soit attentive lors de la conclusion de la police d'assurance
qu'elle souscrit et doit bien spécifier le type de marchandise qu'elle
va faire transporter.
La portée de la clause n°48 a donné lieu
à des discussions sur son interprétation : Est-ce une extension
de la garantie, ou modifie-t-elle la portée de l'exclusion de garantie
du contrat de base?
Pour la jurisprudence, la seconde interprétation est
à retenir; c'est à l'assureur de prouver que le dommage n'est pas
consécutif à une variation de la température, pour se
prévaloir de l'exclusion de la garantie.33
33 Obs de Monsieur REMERY dans son rapport sur
l'arrêt de la Cour de Cass. Du 27/06/95. DMF, p. 734 - 735.
Le transporteur peut lui aussi souscrire une assurance pour
se protéger contre le risque de défaillance de la
réfrigération du navire. Cette assurance spécifique ne
pose pas de grandes difficultés quant à son
interprétation.
L'assureur du transporteur va jouer en règle
générale un rôle de conseiller et celui des marchandises va
prendre en charge la gestion du litige lorsque l'assuré n'est pas un
professionnel. Pour le cas des bananes ivoiriennes, les réceptionnaires
sont des professionnels. Ils vont travailler conjointement avec leurs
assureurs.
§2 L'action de l'assureur
Une fois que l'assuré prouve à l'assureur
l'existence du litige, objet du contrat, c'est à l'assureur de
dédommager la victime et de prendre en charge le litige. S'il
évoque une exclusion de la garantie, ce sera à lui de prouver
l'existence de cette exclusion.
Outre la représentation de son assuré devant
les tribunaux ou devant les chambres arbitrales, l'assureur agit souvent
à un stade préliminaire lors de la découverte du dommage
et même avant. Qu'il soit assureur de la marchandise ou assureur du
transporteur, il donne toujours des recommandations précises sur la
façon d'éviter les litiges; les assurés peuvent lui
demander conseil. Il est débiteur d'une obligation de conseil et
d'information envers son client.
Lors de la découverte d'avaries et plus
particulièrement lorsqu'il s'agit de dommages conséquents,
l'assuré doit avertir son assureur pour préserver ses droits et
pour que l'assureur puisse prendre toutes mesures nécessaires le plus
rapidement possible.
L'assureur peut envoyer un expert sur place afin d'engager
une procédure de saisie conservatoire ou encore pour former une plainte
contre le responsable potentiel (généralement le
transporteur/armateur du navire est le premier visé, parce que le plus
facilement identifiable et c'est la partie la plus solvable). Cela lui permet
de déceler s'il y a une faute de la part de son assuré, ou si une
exclusion prévue dans la police s'applique en espèce.
Il aide son client dans certaines démarches
procédurales, ou il les effectue lui-même par l'effet de la
subrogation des droits de l'assuré en sa faveur après le paiement
de l'indemnité d'assurance. En effet, la mise en oeuvre de la
responsabilité obéit à des règles
spécifiques au droit maritime que des professionnels se doivent de
maîtriser afin d'exercer correctement leur travail.
CHAPITRE III : LA MISE EN OEUVRE DE LA
RESPONSABILITE
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il faut d'abord
déterminer le tribunal compétent, pour ensuite se pencher sur la
preuve du dommage et sur les modalités de prescription de l'action.
Section 1 : Le tribunal compétent
Comme on l'a souligné lors de la détermination
de la loi applicable au transport des bananes entre la Côte d'Ivoire et
l'Europe, la loi déterminant le choix de la juridiction
compétente est faite par les différentes parties gouvernant le
transport.
Elles désignent la chambre arbitrale de Paris comme
tribunal compétent. Cette référence joue pour les litiges
nés sous les chartes-parties, mais aussi sous les connaissements, car
ceux-ci se réfèrent aux chartes-parties.
Cependant il faut tenir compte de la jurisprudence
"~agasaki34" en cas de conflit sur la détermination
du tribunal compétent et d'application de la clause de juridiction aux
parties au connaissement. Il n'en sera pas question en pratique pour le
transport des bananes ivoiriennes, car les parties au connaissement sont les
mêmes que celles présentes dans les chartes-parties.
Pour les relations extra-contractuelles, ce sera le droit commun
qui s'appliquera.
Là aussi, il n'en sera pratiquement jamais question dans
ce transport, parce que toutes les parties sont liées
contractuellement.
Le problème de juridiction résolu
(problème qui se pose rarement dans ce transport, la plupart des litiges
se règlent à l'amiable), il faut se pencher sur l'un des points
les plus importants dans la détermination des responsabilités :
il s'agit de la preuve du dommage et par là même la
détermination de sa cause.
34
Cass. Com. 29/11/94. Revue Scapel 95, P
39
Section 2 : La preuve et la cause du dommage
Il faut déterminer la partie sur laquelle repose la
charge de la preuve en cas d'avarie à la cargaison, et démontrer
l'instant de la survenance du dommage.
§1: La charge de la
preuve
Selon le droit commun des transports, la victime des dommages
(le chargeur ou le réceptionnaire des bananes) doit émettre des
réserves lors de la découverte du dommage; soit
immédiatement si les avaries sont visibles, soit dans les trois jours si
ces avaries ne sont pas apparentes (ex: bananes transportées en
conteneurs).
Lorsque ces réserves sont faites dans les temps, c'est au
transporteur (mis au cause dans tous les cas pratiquement) de prouver que sa
responsabilité n'est pas engagée.
Il peut prouver cela par tous moyens. Le plus important pour lui
sera de déterminer la cause de l'avarie et de prouver que celle-ci n'est
pas survenue lors du transport maritime.
§2 : La détermination du moment de la
survenance du dommage
Le dommage ne peut être imputable au transporteur s'il est
dû à un vice propre à la marchandise ou s'il est dû
au fait d'une autre marchandise (fait d'un tiers).
Le transporteur est exonéré si l'un des cas
d'exonération de responsabilité de la convention de Bruxelles
s'applique (incendie, grève, force majeure...) ou encore si le dommage
est dû à la faute du réceptionnaire ou du chargeur (ex:
mauvais emballage).
Si aucun de ces cas ne s'appliquent, il reste au transporteur
la possibilité de prouver que le dommage est survenu lorsque les
marchandises n'étaient plus sous sa garde. Il peut s'agir de
marchandises endommagées ou du moins d'émettre des
réserves au connaissement pour protéger sa
responsabilité.
En l'absence de réserves, il lui est évidemment
plus difficile de prouver que la température de la pulpe était
déjà trop élevée avant le chargement par
exemple.
Dans ce cas précis, seule la détermination d'un
vice propre peut disculper le transporteur. Ce dernier peut prouver que
l'avarie existait déjà avant le transport maritime, afin
d'être exonéré.
Section 3 : La prescription
Il faut remarquer que le temps de recours de la partie victime
du préjudice est limité dans le temps par la loi.
La découverte des avaries par le réceptionnaire au
moment de la livraison donne le point de départ de la prescription.
La prescription en droit maritime est d'un an. Très
courte, elle laisse peu de temps aux plaignants. En pratique, des extensions de
prescription sont souvent accordées par la partie mise en cause, pour
laisser le temps aux autres de préparer et d'élaborer leurs
argumentations.
On peut voir des affaires durer plus de trois ans, sans
qu'aucune action en justice ne soit mise en oeuvre. Cela a été le
cas dans l'affaire des bananes contaminées par l'éthylène,
affaire déjà citée plus haut.*
La prescription de droit commun de 10 ans s'applique dans
certains cas et notamment en cas de mise en cause de la responsabilité
quasi-délictuelle du transporteur par une tierce partie. Cela
été le cas, lors de l'incendie du navire bananier au port
d'Abidjan; affaire déjà citée.
Un des affréteurs B n'a pas été
inquiété par le recours du réclamant (marchandise1) envers
le transporteur A. L'affréteur B n'a pas transporté les bananes
de la même compagnie. Mais, ayant appris le règlement à
l'amiable entre les parties au premier litige, les parties
intéressées à la (marchandise2), les
sous-affréteurs du navire n'ayant pas encore formé de
réclamation ont à leur tour mis en cause leur cocontractant
responsable du transport B.
L'affréteur B a alors engagé une
procédure en "tort" (responsabilité délictuelle en droit
anglo-saxon) envers le transporteur/propriétaire du navire pour lui
avoir donné de mauvais conseils lors du litige, et lui avoir fait perdre
toute possibilité de recours.
Dans ce cas, la prescription d'un an ne s'applique plus, le
cadre n'est plus celui de la charte-partie. Cela laisse donc une porte de
sortie aux personnes victimes de la courte durée de la prescription
s'appliquant au transport maritime.
Si le recours est effectué dans les temps et que la
preuve de la responsabilité du transporteur est apportée, la
question de l'indemnisation va se poser.
Section 4 : L'indemnisation
Il faut noter que selon la loi, la victime du dommage a droit en
principe à réparation de la part la partie responsable.
L'indemnisation du préjudice est la réparation
de l'avarie en question par la partie responsable. Celle-ci est calculée
selon les dispositions légales et conventionnelles si l'affaire est
portée devant les tribunaux ou les arbitres.
La limitation du montant de l'indemnisation s'applique
normalement comme dans tout autre mode de transport.
Aucune spécificité n'est à remarquer de
ce sens, en ce qui concerne le transport des bananes ivoiriennes vers
l'occident; la seule observation à faire porte sur le règlement
à l'amiable des conflits. Dans ce cas, les montants des indemnisations
sont calculés selon les usages par rapport au total des pertes et des
prix de vente du marché européen.
Chaque litige est spécifique, alors ce mode de calcul
est discuté à chaque fois entre les négociateurs qui se
mettent d'accord sur un prix souvent inférieur à celui qui aurait
pu être obtenu devant un tribunal ou un arbitre, mais cela évite
les complications procédurales et
commerciales entre les parties. On évite ainsi une perte
de temps et les parties viennent à économiser des frais non
négligeables inhérents à un tel recours.
*
* *
CONCLUSION
Le transport des bananes ivoiriennes vers l'Europe montre de
nombreuses particularités quant à son organisation commerciale et
juridique, mais aussi quant aux différents litiges qu'il engendre.
En effet, les causes des avaries ne se retrouvent que dans
les transports similaires de denrées périssables et cela explique
la nécessité de recourir à des assurances
spécifiques, mais aussi à un mode particulier de règlement
des litiges, qui est le règlement à l'amiable lié à
l'organisation économique et contractuelle de ce transport. La question
qu'il faut se poser en dernier lieu, est l'avenir de ce transport et les
évolutions possibles dans son organisation.
Sur le plan commercial et économique, on constate qu'un
avenir incertain se dessine pour les bananes ivoiriennes. En effet, la
concurrence des bananes dollars avec la pression constante des Etats-Unis, la
libéralisation totale du marché européen et la baisse des
prix, ne donnent pas beaucoup d'espoir aux bananes ACP et surtout
ivoiriennes.
Il est vrai que de nombreux efforts ont été
entrepris pour améliorer la compétitivité des bananes en
Côte d'Ivoire (réorganisation de la production,
libéralisation du transport, association avec les grandes
multinationales...). Il ne faut pas éluder les résultats
encourageants résultant de ces aménagements. Le problème
est que cette amélioration ne suffit pas à concurrencer
efficacement les bananes dollars.
D'un point de vue technique, le transport des bananes
bénéficie de progrès technologiques et d'un savoir-faire,
ce qui évite un grand nombre de litiges et de pertes. Ils existent
cependant, et chaque grosse perte met en difficulté les producteurs
ivoiriens.
Si l'Europe résiste à la pression des
Etats-Unis, le transport des bananes ivoiriennes pourrait avoir un bel avenir.
La véritable solution ne serait-elle pas l'amélioration de la
qualité des bananes, en une recherche de techniques de cultures
favorisant l'environnement et en une promotion nationale et internationale?
Quoiqu'il en soit, la logistique et le transport maritime, le
droit maritime et les litiges ont eux aussi un bel avenir devant eux, pour ce
qui est de ce type de transport; les quantités augmentant et les avaries
étant pratiquement inévitables malgré les recherches
effectuées pour réduire les risques inhérents au transport
et au fruit.
De plus, les accords passés entre les
différentes parties sont en permanente évolution
(négociation tous les ans) et les types de contrats utilisés sont
également modifiés (l'utilisation de l'affrètement
à temps au lieu de l'affrètement au voyage).
Il sera intéressant de refaire le point sur ces
différents agréments dans quelques temps pour pouvoir
apprécier les changements et les améliorations du transport des
bananes entre la Côte d'Ivoire et l'Europe.
*
* *
Abstract
The Banana Maritime Transportation between
Côte d'Ivoire and European Union
Bananas are world's several largest fruit commodity exported.
This fruit is well known for require high standards for transportation, which
made all the interest of the subject. Historically, a banana comes from the
Asia where it was cultivated more than 3000 years ago. It was introduced in the
XVI century in Côte d'Ivoire.
It exist more than 1000 variety of bananas regrouped in 50
groups. One as to make the difference between the dessert banana and the
plantain banana, which had to be bake.
The plantain banana is normally not exported because it is often
consumed directly in the country of origin. Côte d'Ivoire exported the
Cavendish type, which is a dessert sort.
Côte d'Ivoire is situated in West Africa. It was in the
past a French colony. As a result, contact with Europe and especially France
still strong. Bilateral agreements were concluded between France and Côte
d'Ivoire for the banana exportation. Besides it is also one of the ACP
countries, which are bound with EU with the Lomé IV convention.
The banana in Côte d'Ivoire is one of the most important
export activities. But, the competition of South and Central America production
makes live hard for this country banana. A lot of commercial conflicts exist in
the matter and the maritime transportation of the Côte d'Ivoire bananas
is influenced by the so-called "banana war".
Therefore it seems impossible to speak about banana explaining
the commercial issue of this transport.
The first part of this thesis willexplain the relation between
banana market and the transport of this product. It will also speak about the
special organisation of this trade in Côte d'Ivoire. The European union
is a protected area of the importation of bananas. Côte d'Ivoire because
of is relation with France and because he is an ACP country is privileged
country.
The taxes are non-existent for those countries and the quotas
allocated to them are bigger than the quantities allowed for the non-ACP
country (dollar bananas). The Latina American
production is in the hands of the USA companies and the USA
obtained of complete liberalisation of this market. The European Union is
actually in a big figth with the USA and ACP banana product country. The matter
is in front of the WTO and the EU has already been forced to made concession.
It is not good for Côte d'Ivoire, which must be more and more cost
effective to be abble to complete with the very low price of the so-called
dollar banana.
Therefore, the organisation of the banana transport had been
changed to be more efficient. The government had liberalised the transport
matter and the chain of transport is organised in detail by an agreement
between grower, shippers, carriers and receivers. Companies as Del Monte and
Dole arrived in Côte d'Ivoire in the late eighties and they introduced a
more industrial way of cultivation and exportation of bananas.
The sale of the fruit has also a specific form. It's generally a
FOB or CIF basis but the sale could be also a consignement commission basis.
The second part will explain more specifically the technical
aspect of this transport and the several legal problems bound to the fragile
product.
The banana is indeed the most difficult fruit to transport
and therefore, damages to bananas are frequent. The techniques of transport are
always in evolution. The fruit require lots of attention and the vessels are
mre and more specific and by this way the risks are minimised. The
responsability has to be determined.
The contracts (Bills of Lading and Charter Parties) are
especially created for this kind of transport. A special schedule is planned
for the transport of Côte d'Ivoire's bananas. The temperature
instructions are also planned in those contracts. After a study of these
documents, the liabilities of each party in different situations will have to
be determined.
The damages cold happen before loading (if the bananas wait a
too long time on the pier before loading they will begin to ripe and once
bananas begin to ripe there is nothing to stop the process), during transport
(problems with temperature control for example), during discharge (bad
handling).
The damages could also be caused by fruit itslef. Some
illness can seriously affect bananas. For example, black Sigatoka is often
occures disease. The question of the proper vice will asked.
Once the cause of damage has been determined, the legal
procedurehas to be started. Then, a third party arrives on the scene: the
insurer. He is playing an important role to chase or to defend cargo
underwriter an /or the liability underwriters of the parties in the transport
chain. The proof of the damage has to be done and it's generally not easy to be
totally discharged of any liability, the damages having generally not only one
cause.
All those problems and technical issues made all the
particularity of the banana maritime transportation and Côte d'Ivoire
case is a really good example, perfectly illustratingthe difficulties and the
comlexities of subject.
To conclude this brief presentation of the matter, we can say
that the future of Côte d'Ivoire to bananas is not settled for the
moment. The issue of the fight between USA and EU will be determinant. We can
suggest that a new way of the conception of the banana transportation and
cultivation have to be developed if Côte d'Ivoire still wants to be
competitive in this trade. A label of quality as a BIO label could boost the
sales on the European market because of the attraction of the consumer to the
environmentally "correct" products.
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www.francophonie.org
www.europa.eu.int
www.wikipedia.org
www.monde-diplomatique.fr
www.abidjan.net
www.paa-ci.org
www.bnetd.ci
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier de prime abord Monsieur Jean Luc
Meaudre, mon directeur de thèse, Président de l'ANCT (Association
Nationale des Consultants de transports), pour m'avoir fait confiance, et
guidé dans mes travaux de recherches.
Je remercie mon père, ma mère et tous mes membres
de ma famille qui m'ont toujours soutenu dans les épreuves que j 'ai pu
rencontrer.
Je fais un clin d'oeil à ma femme Evelyne, qui a su me
réconforter, dans les périodes de doutes et de stress.
Je remercie enfin le Seigneur pour m'avoir permis de terminer
cette formation.
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