Les associations
sénégalaises en France à l'épreuve du
Codéveloppement.
« Etude à partir de
l'expérience de l'ASEF (Association Solidarité Entre aide en
France)»
Introduction
Dans le livre de Charles Debbasch et Jacques
Bourdon1(*), les deux
auteurs soutiennent que depuis quelques années, « l'outil
associatif est devenu, pour des milliers de personnes, un moyen ordinaire et
pratique pour vivre leurs passions, exercer des activités dans des
domaines les plus divers, défendre des causes et des idées, ou
réaliser des projets collectivement, lieux irremplaçables
d'échanges, de dialogue, de solidarité et de convivialité,
les associations jouent désormais un rôle essentiel dans le
paysage social. »
La richesse de la vie associative fait partie de
l'évolution récente du tissu social. Les associations permettent,
en effet, à beaucoup de nos concitoyens de partager une passion commune,
de pratiquer des activités culturelles ou sportives, de s'investir dans
des causes de développement local, de s'engager dans des
activités sociales et éducatives. Les associations apparaissent
alors comme des réponses aux besoins d'une société de plus
en plus multiforme et diverse.
Elles s'intéressent à tout, au
sport (24,5%), à la culture, au tourisme et aux loisirs (23%),
à la santé et à l'action sociale (16,5%), à la vie
sociale, à la défense des intérêts des consommateurs
ou des victimes (9,5%), à l'habitat et à la protection de
l'environnement (9,5%), à l'éducation et à la formation
(8,5%), comme aux services, aux entreprises (8,5%) (Enquête CREDOC,
2001). Elles touchent tous les milieux sociaux et regroupent des hommes et des
femmes de tous âges et se rencontrent sur l'ensemble du territoire
national. Les associations apparaissent aujourd'hui, comme la forme d'action
collective la plus commode et la plus facile à mettre en oeuvre. Des
groupements plus ou moins contrôlés par les pouvoirs publics sont
constitués sous forme d'associations et occupent une place importante
dans cette sorte de mixité qui s'est constituée dans la
société moderne entre les personnes publiques et les personnes
privées.
Les associations constituent un espace de
liberté. Par la volonté des fondateurs, grâce la force de
ses adhérents, une institution se crée et se développe
pour promouvoir des objectifs d'une autre nature que ceux poursuivis par les
sociétés commerciales. Aujourd'hui, les associations sont une
illustration de la volonté des citoyens de ne pas laisser au pouvoir
public le monopole de la représentation des intérêts. Le
développement des associations s'est accéléré
depuis une vingtaine d'années. Assurant les préoccupations les
plus actuelles des citoyens, comme l'éducation et la formation, elles
manifestent une vitalité accrue, tantôt en réaction contre
la puissance de l'Etat, tantôt en se substituant à lui.
L'Etat et les collectivités territoriales
prennent en considération cette montée des associations selon
une stratégie qui évolue ; les associations sont
aujourd'hui l'objet, tantôt de l'indifférence des pouvoirs
publics, tantôt de tentatives de captation pour les faire participer
à leur action. La seconde attitude est actuellement
prépondérante en faisant des associations à la fois des
interlocuteurs officiels des pouvoirs publics et des instruments de l'action
publique.
L'autorisation à créer une association
fut délivrée par le ministère français de
l'intérieur et la loi n'a été reconnue qu'en 1901. A ce
sujet, le ministre de l'intérieur, Raymond Marcellin, proposa en 1971 de
soumettre toutes les associations à une autorisation préalable de
ses services ; la loi fut votée, mais le conseil constitutionnel,
saisi par le président du sénat, la rejeta et confirma de
façon spectaculaire la liberté d'association... pour les
français. Enfin, si l'abrogation de 1981 permet à un bon nombre
d'associations étrangères de se former librement tout en
favorisant ainsi le renouvellement et le rajeunissement de ses cadres, un petit
détail subsiste : la mention obligatoire de la nationalité
des responsables de l'association, tout au moins pour des associations
déclarées.
D'ailleurs, poursuivait le même chroniqueur,
«Les repas familiaux, les déjeuners dominicaux, les emplois du
temps du week-end, les programmes des vacances et même abomination
suprême A ce jour, la liberté de s'associer est
générale, quelle que soit la nationalité des membres.
Après cette longue période de discussions sur la formation des
associations des étrangers en France faisant suite à l'abrogation
de la loi de 1981 ayant alors permis aux étrangers de pouvoir former
librement des associations, nous avons ainsi assisté à un boom
des associations étrangères de tout ordre partout en France.
C'est à ce titre que l'association solidaire entraide en France (ASEF)
s'inscrit dans le cadre de l'éducation et de la formation en vue du
développement local dans la communauté rurale de Bambaly (la
communauté d'origine des membres de ladite association).
Il n'est sans doute pas besoin d'être chercheur en
sociologie de l'éducation pour savoir combien le souci de la
réussite scolaire des enfants peut prendre une place importante dans la
vie de nombreuses institutions telle que les familles et notamment les
associations. Comme le disait avec humour Liliane Delwasse, dans sa chronique
Votre enfant et l'école in Le monde de l'éducation, avril
1994) : « Allez donc demander à vos amis Allemands,
Italiens ou Américains comment vont leurs enfants. Ils vous parleront du
flirt de l'aînée, des prouesses en basket du second ou de l'otite
purulente du petit dernier. En France la réponse tournera autour d'un
seul et unique sujet : la scolarité ! Rien ne compte sauf les
notes, les classements et les résultats.... ».
e - dans certains foyers, les cadeaux de Noël et
d'anniversaires sont centrés autour de cette unique priorité, de
cet enjeu sacro-saint: l'école».
La question de l'éducation et de la
formation au Sénégal a été étudiée
par diverses disciplines comme l'histoire, l'anthropologie la psychologie et la
sociologie. Cependant, la plupart des travaux de recherche existants ont
plutôt porté sur l'aspect historique et moins sur le rôle
des acteurs (les institutions comme les familles et les associations) et leurs
rapports quotidiens. Les études ont montré que les taux de
fréquentation de l'école ont augmenté
considérablement grâce au phénomène d'urbanisation
et à la forte participation des associations qu'ont connu certains
grands centres urbains et communaux du Sénégal durant les
quarante dernières années. Le thème de l'éducation
et de la formation, lui a été étudié par des
sociologues et des historiens qui ont décrit son rapport à la
population et son mode de fonctionnement.
Ainsi, nous avons pensé que
l'éducation et la formation, coexistent depuis longtemps au
Sénégal, entretiennent à travers l'école et
l'élève des rapports qui méritent d'être
élucidés par la discipline sociologique. Si l'on sait que
l'accès à l'éducation et à la formation et les
conditions pour aller à l'école et se former dans certaines
localités du Sénégal sont majeures et complexes, on
s'aperçoit bien qu'il serait intéressant et opportun que les
acteurs sociaux notamment les associations de la diaspora et même des
familles interviennent à travers la pluralité des actions qui
seront certes diverses et multiples mais orientées.
La crise scolaire au Sénégal
s'est accentuée d'année en année jusqu'à atteindre
son apogée dans les années 1980. Entre 1970 et 1980,
l'école Sénégalaise s'est peu à peu plongée
dans ce que l'on pourrait appeler la perte de prestige. Les grands centres
d'intérêts qui sous-tendaient sa promotion ont été
affectés par la crise économique. A partir de 1980, la crise
s'est encore accentuée avec l'apparition d'une population importante de
déscolarisés à tous les niveaux de l'enseignement.
L'école, très tôt perçue comme
instrument de développement socio-économique, lieu
d'égalisation des chances, est au coeur de nombreux débats. C'est
au moment où l'école se démocratise au
Sénégal qu'on la découvre inégale. Les facteurs de
la crise scolaire Sénégalaise sont donc nombreux et complexes.
L'école Sénégalaise comme disait Souleymane Gomis
dans la relation famille-école au Sénégal
« subit aujourd'hui plusieurs types de difficultés
liées à la démographie galopante non
maîtrisée, aux mauvaises conditions de travail aggravées
par la réduction du budget de l'éducation nationale de 25
à 30% favorisant le développement de classes pléthoriques,
au manque de matériel de travail et au manque parfois de salles de
classes »2(*). Ces difficultés sont diverses et multiples
mais leurs natures sont différentes les unes des autres. A notre avis,
outre la réduction du budget de l'éducation, il y a aussi la
mauvaise gestion dudit budget car les investissements ne sont jamais
injectés dans les axes prioritaires de l'éducation. Comme
exemple, malgré les 43% du budget alloués à
l'éducation en 2006, l'école Sénégalaise a pourtant
vécu cette année-là, l'une des années scolaires les
plus sacrifiées et peine toujours a retrouver sa notoriété
d'antan au niveau de l'espace sous-régional et même continental.
Il s'y ajoute aussi que depuis les états généraux sur
l'éducation ayant été l'un des points fondamentaux des
ajustements structurels à la fin des années 80, l'Etat
sénégalais, sans le dire ouvertement, s'était pourtant
désengagé du secteur scolaire jugé par les institutions
financières internationales comme un secteur non productif.
Ce qui avait conduit à la suppression
des écoles régionales de formation des instituteurs (ER)
remplacées par les EFI (Ecoles de Formation des Instituteurs) et ce, en
ayant raccourci la formation des enseignements de 4 ans (dont 1 année
entière de stage pratique) à 1 an de formation. Mais quelques
années seulement après, la réforme scolaire et
universitaire de 1994 proposa encore de supprimer lesdites EFI pour donner lieu
à un simple système de recrutement des volontaires de
l'éducation qui, non seulement ne se soucie pas trop du niveau
académique des futurs enseignants mais aussi et surtout dont la
formation laisser à désirer (1 an de formation ramené
à trois mois de stage !). en outre, à la suite de la
réforme scolaire de 1986 ayant abouti à un concept du
système scolaire dénommé « école
nouvelle », la préoccupation de l'Etat
sénégalais était la massification de la scolarisation des
enfants mais paradoxalement, le pouvoir public se souciait peu de
l'efficacité de l'école qui, il faut le souligner, se devait de
former des citoyens capables de se comprendre et de comprendre le monde dans
lequel ils vivent mais aussi et surtout d'être de véritables
acteurs de développement et ce, grâce à des enseignements
de qualité pouvant répondre aux exigences du monde moderne et du
marché de travail tant national qu'international. Par conséquent,
ce manque de vision sur l'essentiel et sur le rôle à jouer de
l'école dans la vie publique a conduit à la situation
dégradante du système scolaire sénégalais qui, il
faut le reconnaître, perd de plus en plus sa notoriété
d'antan et ce, à cause de la baisse progressive du niveau des
élèves, la mauvaise formation des enseignants liée
à la suppression des écoles de formation jugées
très coûteuses par les instituions financières
internationales (BM et FMI), le manque notoire de crédibilité des
diplômes à cause des multiples grèves des étudiants,
des élèves mais aussi et surtout des enseignants ces
dernières années, etc.
C'est dans ce contexte que notre étude a
pour objet de démontrer le rôle du monde associatif- surtout de la
diaspora- dans la quête d'une alternative qui contribuerait à
renforcer l'efficacité de l'éducation, gage d'une meilleure
promotion des ressources humaines.
En nous appuyant sur le cas particulier de l'ASEF, notre
travail consistera aussi,- eu égard à la pluralité des
pratiques et des actions de ladite association en matière de
codéveloppement ou simplement de développement solidaire,
d'évaluer son impact dans l'éducation et de la formation des
populations locales et en particulier des enfants au niveau de la
communauté rurale de Bambaly située au sud du
Sénégal dans la nouvelle région de Sédhiou. Ce qui
nous amènera aussi dans la présente étude, à nous
intéresser aux enjeux des rapports Nord-Sud (via les organisations
associatives des immigrés), dans le Codéveloppement.
Nous aborderons ce travail sous trois parties :
Ø Dans la première partie, outre la
définition détaillée de la problématique nous
définirons dans un premier temps le cadre méthodologique et les
hypothèses de travail. Puis dans un second temps, l'étude portera
sur la sociologie de l'immigration en France et ce, en nous limitant
exclusivement à la diaspora Sénégalaise.
Ø Dans la seconde partie de l'étude, il sera
question d'une analyse des enjeux du Co-développement par le biais des
organisations associatives d'immigrés en France en direction des
localités d'origine (au Sénégal)
Ø Enfin dans la troisième et dernière
partie, nous nous appuierons sur l'exemple de l'ASEF pour mettre en exergue
l'impact et le rôle que joue ladite association en tant que vecteur de
Codéveloppement en matière d'éducation et de formation
dans la communauté rurale de Bambaly.
Première Partie
Cadre théorique et
méthodologique
I. Cadre méthodologique et hypothèses de
travail
I.1. Méthodologie
Pour mieux cerner la participation des
organisations associations de migrants pour le développement de leurs
localités d'origines en matière d'éducation et de la
formation notamment l'association solidarité entreaide en France (ASEF),
j'ai choisi d'analyser la participation de l'Asef dans l'éducation et la
formation des jeunes de la communauté rurale d'origine. J'examine les
différentes réalisations faites et le sens de ces derniers.
Ma recherche porte donc sur le rôle que joue les
associations Sénégalaise en France dans le développement
local en matière de l'éducation et de la formation dans leurs
localités d'origines en prenant comme l'expérience de l'ASEF,
association solidarité entreaide en France et dans ce sens, ma
problématique se pose de la façon suivante : comment
articuler les pratiques associatives en direction des pays d'origine des
migrants et le codéveloppement en matière de l'éducation
et de la formation ?
Et par conséquent l'objectif de cette étude
consiste à examiner la place des association es migrants notamment
l'ASEF dans le développement local et la nature de leurs
pratiques.
L'objectif e ce mémoire est dans un premier temps
l'analyse les différences réalisations effectuées, dans un
second temps, le sens de ces pratiques et en fin leurs place dans le
codéveloppement tel qu'il conçu aujourd'hui par les politiques.
Mais avant d'en arriver cela, je m'intéresse de l'immigration
Sénégalaise en France avec son impact sur le développement
économique au Sénégal et ses enjeux dans le
codéveloppement.
I.2. le choix de la méthode
Pour ce travail de recherche, j'ai combiné
deux méthodes, les entretiens et les observations parce qu'elles sont
complémentaires. Pour l'observation, J.Guibert et G. Jumel
écrivent que « l'observation est une méthode
d'investigation empruntée aux sciences physiques et naturelles,
transposées aux sciences humaines et sociales. Elle consiste à
recueillir les informations sur les agents sociaux en captant leurs
comportements et leurs propos au moment où ils se manifestent.
L'observation consiste en un contact direct, sans intermédiaire avec une
réalité sociale, elle repose d'abord dans une perspective
inductive, sur une sélection de faits singuliers, de
phénomènes restreints, le plus souvent perçus comme
évidents3(*) ».
cette définition donne à la technique
d'observation dans les sciences sociales et notamment en sociologie, toute sa
fonction et sa place dans l'élaboration d'un travail scientifique.
L'observation comme la description constitue une des premières
étapes d'une recherche.
J.Guibert et G. Jumel mentionnent par la même occasion
que « la finalité de l'observation est de porter un
diagnostic, c'est-à-dire sur un registre d'analyses possibles et
plausibles, de rendre les faits scientifiquement intelligibles et de
reconstruire les logiques liées aux
comportements ».l'objectif de cette méthode est de
« saisir des activités (dans le domaine du travail...),
des comportements (adaptation des règlements...), des relations (rapport
d'autorité...), des rites (salutations) en retenant un espace (un
quartier, un club de sport...) et en prévoyant des catégories
d'observation »4(*). les deux auteurs soulignent qu'il est
souhaitable d'envisager une grille d'observation.
Au cours de ma recherche, j'ai choisi pour des
raisons d'efficacité et de convenance la méthode d'observation
directe qui selon Henri Peretz, « consiste à être le
témoins des comportements sociaux d'individus ou de groupes dans les
lieux mêmes de leurs activités ou de leurs résidences sans
en modifier le déroulement ordinaire. Elle a pour objet le recueil et
l'enregistrement de toutes les composantes de la vie sociale s'offrant à
la perception de ce témoins particulier qu`est
l'observateur ».5(*)
S'agissant de la méthode d'entretien dans l'analyse
qualitative, Alain Blanchet et Anne Gotman mentionnent que
« l'entretien devient un élément obligatoire de
l'approche ethnographique d'un terrain. Il ne s'agit plus seulement de
questionner autrement pour obtenir le consentement d'une population soumise au
droit de savoir des autorités, mais d'appliquer une technique
conçue en ethnographie pour approcher les individus en contact entre eux
et avec les autres, dans la diversité réelle de leurs liens
effectifs, dans leur contexte social, et non pas comme individus
isolés ».6(*)
L'utilisation des deux méthodes d'observation et
d'entretien se justifie dans ma recherche parce qu'il s'agit de comprendre
l'expérience de l'Asef à travers les actions qu'elle
mène en matière de l'éducation et de la formation en
direction de leur localité d'origine et le sens qu'elle donnent
à ces actions. Il ya eu certains membres de l'association qui ont
accepté échanger avec moi sur des questions liées au sujet
notamment sur des réalisations faites et celles en cours et en plus sur
la nature c'est-à-dire le sens de ces derniers.
I.3. hypothèse de travail
Ce travail rend compte et tente d'analyser un
double mouvement : d'une part, celui de l'implication des migrants
Sénégalais originaires de la communauté rurale de Bambaly
située au Sud du Sénégal dans le développement de
la localité d'origine essentiellement axé sur l'éducation
et la formation et d'autre part la prise en compte par les autorités
locales de ces migrants dans les politiques de développement local. La
mise en relation de ces deux mouvements permet de comprendre la notion de
Codéveloppement, devenue un principe des politiques de
développement de la France, mais aussi plus largement de l'Europe, au
profit des pays d'émigration. En d'autres termes, cela permet de
questionner la place des thématiques migratoires dans les politiques de
développement. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient
de revenir sur l'histoire de l'immigration Sénégalaise en France,
sur ses spécificités et dynamiques particulières ainsi que
sur la notion de Codéveloppement.
Largement étudiée en sciences
sociales, l'immigration Sénégalaise est souvent pensée et
présentée, notamment par les migrants eux-mêmes, comme une
réponse économique aux mauvaises récoltes et à la
misère. S'il est vrai que les périodes de grandes
sécheresses se sont accompagnées de grandes vagues
migratoires, on ne constate pas d'arrêt de la migration lorsque les
récoltes sont bonnes7(*).
La zone de migration de la Casamance au
Sénégal, ou autrement dit la communauté rurale de Bambaly
(la moyenne Casamance), semble en fait être très dépendante
des rentes migratoires : « la migration permettrait alors un
appoint pour des postes déterminés, tels que l'impôt, les
obligations matrimoniales (la dot) et des biens de consommation (construction
de maisons en dur, habits, postes de radios, vélos, produits
alimentaires etc.) »8(*). On pourrait ajouter aujourd'hui à la liste
l'achat de panneaux solaires, de réfrigérateurs, de
télévisions, de magnétoscopes, et plus important les
interventions en direction de l'éducation et de la formation etc....
L'utilisation des rentes est donc passée d'un complément
alimentaire à l'achat de biens de consommation. Pourtant la
justification de la migration reste encore économique :
«c'est pas par volonté qu'on part à l'aventure, c'est
parce qu'ici il y a pas de travail, il y a pas d'argent. Et si la
récolte n'est pas bonne, comment on fait ?» (Entretien
Nicolas Tchabo, Missira Noumbato. 30/04/08). Le phénomène de
l'immigration au niveau de la communauté rurale de Bambaly semble non
seulement répondre à un besoin économique et
éducatif et de formation, mais apparaît aussi comme une
réponse au manque de perspectives d'emploi et de formation dans le
département de Sédhiou. Enfin, dans la mesure où l'apport
financier des migrants a changé, dans une certaine mesure, les habitudes
de consommation locales, l'immigration a créé ses propres
conditions de reproduction.
Les migrants et anciens migrants ont
très tôt commencé à mettre en place des
réalisations collectives comme des périmètres
irrigués des postes de santé, et l'équipement en
matériels scolaires et pédagogiques. Ces réalisations
collectives ont révélé le besoin de s'organiser en
association de ressortissants villageois. Les premières formes
d'associations de migrants prennent naissance en 19729(*). D'abord informelles, elles vont
devenir progressivement de plus en plus formelles, c'est-à-dire de plus
en plus structurées. Dans un même mouvement, la difficulté
croissante d'intégration des migrants dans les
sociétés d'accueil appelle ces derniers à s'organiser pour
faciliter leur intégration dans le pays d'accueil mais aussi à
s'organiser pour le développement de leur localité d'origine. En
effet, ils ont compris « que le développement des
zones d'origine des migrants est devenu une affaire de politique
intérieure française (...) »10(*)
Selon différentes études, on
estime qu'il existe environ 350 associations de migrants
Sénégalais en France. La majorité de celles-ci ont
été créées pendant la deuxième moitié
des années 1980. Ces associations de migrants en France sont
jumelées ou partenaires d'une association au village. Elles s'attachent
au « développement » du village ou de la
communauté rurale d'origine, ou depuis la décentralisation, de la
commune en construisant des centres de santé communautaires, des
écoles ; et pour certaines, des mosquées, des puits, des
barrages ou des systèmes d'adduction d'eau potable. Il faut aujourd'hui
ajouter à ces constructions « classiques » d'autres
réalisations plus « innovantes » entreprises avec
l'aide des migrants telles que l'électrification ou encore la mise en
place d'un service de ramassage des ordures. Cependant, il faut préciser
que « ces réalisations « innovantes »
sont rares et ne sont observables que dans certaines
localités »11(*) bénéficiant de ressources
financières diversifiées (telles que des taxes importantes, des
financements issus d'une coopération décentralisée, d'un
soutien d'une ONG ou d'organisations internationales (UNICEF)).
II. Approche sociologique de
l'immigration.
Depuis dix ans, le nombre de migrants12(*) dans le monde a
« augmenté de 21 millions de personnes passant ainsi de 154
millions à 175 millions en 2000 ».
En termes de composition, les flux contemporains de migrations
se caractérisent par un nombre croissant de femmes, d'immigrants
clandestins et de réfugiés demandeurs d'asile. Passant de 10,5
millions en 1985, à 14,5 millions en 1990 pour atteindre 16 millions en
2000, les réfugiés et demandeurs d'asile représentent
aujourd'hui 9% des flux de personnes au niveau mondial.
« L'accroissement de la migration internationale
serait lié à l'accroissement des écarts de richesses entre
les pays, à l'amélioration des télécommunications,
à l'augmentation de l'interdépendance des nations et à
l'augmentation des conflits politiques ».13(*)(Ernst Spaan). Ces migrants
jouent indéniablement un rôle important dans l'économie de
leur pays d'origine. Ainsi, le Fond Monétaire International (FMI) estime
le montant global des envois de fonds effectués par les migrants en
direction des pays en développement à « plus de 105
milliards de dollars pour la seule rentrée 1999 ».14(*) Ce chiffre est probablement
très en deçà puisqu'il ne tient compte ni des envois en
nature ni des transferts qui échappent aux circuits formels.
Selon le Rapport «Migration et
phénomènes migratoires » de novembre 2003, le Centre de
Développement de l'OCDE estime pour sa part que « ces
transferts représentent, en moyenne, 50% des sommes reçues par
les pays du Sud au titre de l'aide publique au
développement ».15(*)
Pour certain pays, ces transferts collectifs ou
individuels d'économies des travailleurs sont considérables.
L'Inde 11,1 milliards de dollars, le Mexique 6 ,6 et le Maroc 3,7, sont
les trois pays en développement à recevoir le plus de transfert
financier de la part de leurs migrants ».16(*) Au Sénégal par
exemple, les budgets des ménages seraient constitués à
raison de 30 à 80 % par ces versements de l'étranger.
La question de la migration est un phénomène
complexe, tant d'un point de vue démographique, social,
économique que politique et se retrouve du coup au coeur d'une
abondante littérature dont les analyses conduisent rarement à un
consensus.
III. L'impact des transferts de fonds par les
associations de migrants.
L'impact des transferts d'argent par les
associations de migrants dans leurs pays n'échappent pas à
certaines contradictions. Ils peuvent couvrir dans une proportion plus ou moins
grande les besoins de consommation des familles restées au pays dont les
revenus sont souvent faibles et instables, des besoins de l'éducation et
de la formation des populations au niveau local. En augmentant les revenus et
en diversifiant leurs sources, les apports des associations des immigrés
contribuent à améliorer une forme de protection, d'assurance face
aux incertitudes et à la précarité des populations
résidant dans ces zones.
Ces apports, peuvent également
faciliter l'accès des membres de la famille des acteurs associatifs et
des proches (amis, cousins,...) aux services essentiels de base comme
l'éducation et la formation et de santé pour d'autres. Les
pratiques des associations, servant de filet de sécurité et
compensant (en partie) l'absence de système de protection et
d'assurance, ces pratiques et actions associatives contribuent fortement
à la réduction de la pauvreté, à la
réduction de l'impossibilité d'accès à
l'éducation et à la formation des populations et au renforcement
des capacités des populations à participer au processus de
développement local.
La migration permet également
d'alléger la concurrence sur le « marché local du
travail » en résorbant les tensions liées à
l'étroitesse de ce marché. Les pratiques et apports des migrants
sont très souvent affectés à la réalisation des
investissements de projets précis dans les pays d'origine, dont
l'intérêt peut être strictement privé.
Pour le cas de cette étude qui porte sur l'Association
Solidarité Entre aide en France (ASEF), ses actions permettent
d'engager en priorité des investissements dans l'éducation et la
formation pour réduire le taux d'analphabétisme et
améliorer les conditions d'étude et les résultats des
jeunes dans leur communauté rurale d'origine.
Dans le Rapport sur le financement du
développement en 2003, la Banque Mondiale (B.M.) affirme que : les
pays en développement doivent moins compter sur les capitaux
extérieurs ».17(*) Comme on l'a vu, pour beaucoup de pays, cette forme
d'aide privée qui viendrait des associations supplante l'aide publique
et devient la principale source de financement des pays émergents.
Il semble alors que les pratiques
financières des immigrés notamment des associations de la
diaspora ont l'avantage indéniable d'être beaucoup plus stables
que les capitaux privés. Ces pratiques et réalisations
associatives exercent un « effet stabilisateur » car ils
augmentent dans les périodes de crise économique, au moment
où, à l'inverse, les capitaux spéculatifs
s'échappent.
Les réalisations effectuées par certains groupes
d'immigrés en faveur du développement local de leur zone
d'origine (écoles, centres de formation, santé pour d'autres,
...) ont-ils vraiment eu un impact non négligeable quant à
l'amélioration des conditions sociales, sanitaires, éducatives et
de formation des populations ?
Les comportements des associations de la
diaspora Sénégalaise en France en matière de transferts de
fonds et d'outils d'investissements en particulier pour l'éducation et
la formation à destination de leur pays d'origine témoignent de
l'attachement qu'elles portent à améliorer la situation
économique, sociale et éducative des populations locales. Cela
nous amène ainsi à faire une petite ébauche sur la
migration Sénégalaise en France.
A. L'émigration Sénégalaise en
France et ses spécificités: les causes du phénomène
migratoire.
Pour mieux saisir les causes de
l'émigration dans cette région de la planète
(Sénégal), il convient de replacer ce phénomène
dans son contexte historique qui l'a engendré. Les recherches
sociologiques et économiques sur le Sénégal, ont
naturellement abordé la question sous divers formes. Plusieurs
thèses ont été avancées, et semblent s'accorder sur
l'importance de la portée économique comme mobile majeur de ce
départ massif. Au-delà, plusieurs acteurs sont revenus sur cette
approche que l'on retrouve notamment dans les écrits de
Léricollais A. et de Delaunay D.18(*). leurs analyses reposent globalement sur les
conséquences du dépérissement économique du
Sénégal et l'impact des sollicitations nouvelles imposées
par l'administration coloniale. Une telle idée est soutenue par Diop A.
B., (1965).
Pour lui (Diop A.B.), les disettes, les famines et le
chômage constituent les principales causes de l'émigration. Cette
thèse de Diop A. B. rejoint celle développée par la
Mission Socio-économique du fleuve Sénégal (MIOSES) dans
les enquêtes de 1959 qui remarque les difficultés alimentaires
parmi les causes de départ de la population (exemple la vallée du
fleuve).
L'autre raison de l'émigration est qu'elle se
présente comme un facteur d'équilibre, puisqu'elle permet la
satisfaction des besoins nécessaires pour la famille. A la fin des
années 1960, au Sénégal, d'autres facteurs interviennent
comme mobile de départ avec au premier rang la sécheresse, le
chômage et le désir d'améliorer ses conditions d'existence
et celles de ses proches.
L'année 1975 marque l'entrée en
vigueur du contrôle de l'immigration du travail. L'entrée totale
des travailleurs sur le territoire français a chuté de 89%
passant de 132 055 à 15 759. Le profil de l'immigration a
changé consécutivement l'augmentation des entrées au titre
du regroupement familial et à la sélection de travailleurs
qualifiés dans les entrées de travailleurs permanents.19(*)
Dans les années 80, les procédures de
regroupement familial se sont accentuées au rythme de 42 000
entrées par an. Depuis 1990, on a constaté la baisse des
entrées matérialisée par 25 000 personnes par an
essentiellement d'origine Africaine.
Les recensements de l'INSEE dénombrent 53 859
immigrés sénégalais sur le territoire français en
1999 contre 30 136 en 1982. Cette augmentation due aux entrées sur
le territoire français au titre du regroupement familial, qui ont
concerné depuis 1982, 10 522 personnes. Les femmes
sénégalaises qui étaient 8 160 en 1982 sont
22 650 en 1999. Même si la population se féminise, les hommes
restent plus nombreux et représentent 58% de la population
immigrée Sénégalaise.
Dans les pays de l'OCDE, la France est le premier pays
d'accueil des immigrés sénégalais. L'Italie et l'Espagne,
qui enregistraient en 1985 une présence faible ou nulle
d'immigrés sénégalais, sont aujourd'hui de nouveaux pays
de destination.20(*)
Durant les 25 dernières
années, la migration Sénégalaise a été
fortement marquée par la succession de deux flux : d'abord les
hommes venus trouver un emploi, puis à partir de 1974, dans le cadre du
regroupement familial, (femmes et enfants).
Aujourd'hui, après les motifs économiques et de
regroupement familial, le désir d'étudier à
l'étranger est un nouveau motif d'émigration répandu chez
les jeunes Sénégalais. En 2002, on comptait 2 231
étudiants sénégalais qui ont obtenu un titre de
séjour temporaire. Ils représentaient 8% des entrées
d'étudiants africains et se placent les premiers en Afrique de
l'Ouest.
B. Les impacts de l'émigration
Sénégalaise et initiatives de développement.
Pour ce pays, les transferts d'argent sont
très importants et visent en priorité : à pallier la
faiblesse des ressources de la famille, notamment pour faire face aux
dépenses exceptionnelles en matière de santé,
d'éducation, de la formation et à contribuer au financement des
infrastructures et aménagements de base sur le territoire d'origine
(comme par exemple l'accès à l'eau potable, les
télécommunications etc.).
B.1. Sur le plan financier
Bien que l'émigration soit
« une hémorragie humaine » avec le départ
massif d'actifs, elle a permis d'assurer des revenus non négligeables
à la communauté locale. L'un des constat le plus visible est sans
doute l'apport d'argent qui contribue à l'amélioration des
conditions d'habitats, de santé d'éducation et de formation.
Cet apport financier des immigrés participent d'abord
à faire vivre des familles restées au pays mais aussi à la
construction des villas, de dispensaires et même pour d'autres à
la construction des cases des petits et des tout- petits centres de
santé. L'explosion des bureaux de postes depuis les années
1970-80 en est aussi un indicateur de l'impact de l'émigration dans
certaines localités.
B.2. Sur le plan national
Sur le plan national, chaque année les
immigrés envoient au Sénégal environ 350 milliards de FCFA
par voie bancaire ou postal.21(*) Il faut relever toutefois l'importance des sommes
drainées par les circuits informels. Par exemple en 2003, le fax des
jeunes immigrés de Bokidiawé au foyer Bourget a
transféré vers leur village environ 82 442 750 FCFA
pour 567 envoies soit une moyenne mensuelle de 7 494 795
FCFA22(*). A cela
s'ajoute les sommes transportées par les immigrés qui reviennent
en vacances au pays, ces sommes peuvent aller jusqu'en environ 40 à 50
milles euros.
En effet, ces deux moyens de transfert sont très
utilisés dans le milieu immigré aujourd'hui aussi bien en France
qu'aux Etats-Unis pour l'envoie de fonds vers le pays d'origine.
En revanche, la valorisation de l'épargne dans le pays
d'origine paraît limitée par la distance qui rend difficile ou
aléatoire le contrôle des emplois de l'épargne mais aussi
par le nombre restreint des opportunités économiques dans
lesquelles il est possible de placer des ressources en sécurité
et ce, à cause du manque d'incitations proposées par les banques
du Sénégal qui sont par ailleurs peu présentes dans les
zones d'origine de l'immigration.
Tout comme d'autres associations ou
organisations humaines, l'expérience de l'Association Solidarité
Entre aide en France (ASEF), est un cas intéressant pour l'étude
des pratiques et actions des associations de la diaspora
Sénégalaise en France. Au delà des apports individuels de
chacun des immigrés sénégalais en France pour combler le
déficit budgétaire des familles et améliorer les
conditions de vie des populations locales, les associations de la diaspora sont
aujourd'hui de grands investisseurs dans les régions, les villages et
même dans les communautés rurales d'origine.
Leurs investissements étant orientés, quelques
unes des associations, notamment l'ASEF, est sans doute
déterminée à l'éducation et à la formation
dans le territoire local.
Deuxième partie
Les enjeux du Codéveloppement via les
organisations associatives d'immigrés en France et les
localités.
La question de l'émigrations étant au coeur de
la relation entre les Etats européens et singulièrement la France
et les Etats africains notamment le Sénégal, et cette politique
étant en cours de refondation, nous amène à repenser la
question du Codéveloppement telle qu'aperçue aujourd'hui afin de
déterminer ce que recouvre exactement cette politique publique, de
mieux en identifier les objectifs, d'en considérer les effets tant sur
les politiques de gestion des flux migratoires que sur les politiques de
développement et d'examiner les conditions dans lesquelles cette
politique, encore largement embryonnaire, pourrait connaître un
changement d'échelle à la hauteur des enjeux et des attentes que
placent en elle les pays d'origine. Le traitement de la question des migrations
en rapport avec le Codéveloppement nous incite d'abord à tenter
de définir le concept de
« Codéveloppement ».
1. Qu'est-ce que le
Codéveloppement?
Traditionnellement, le Codéveloppement
désigne les actions des migrants au profit du développement de
leur pays d'origine. Il s'agit d'une réalité aussi ancienne que
l'émigration elle-même et ses vagues successives. Dès les
années 1960, période de développement des flux
migratoires vers l'Europe les migrants ont soutenus des projets au profit de
leurs familles, de leurs collectivités locales, de leurs villages et
même pour certains, de leurs régions d'origine. A la fin des
années 1990, l'appui à ce type d'action par les autorités
françaises a été formalisé par la création
de la mission interministérielle sur le Codéveloppement, avec la
volonté de renforcer ce levier du développement. Venue du
ministère de l'intérieur, avec le rapport de M. Sami Nair,
l'idée qui sous-tend l'appui public aux actions des migrants est aussi
celle de favoriser leur intégration.
Transformer le problème de
l'immigration en un véritable moyen de développement et de
solidarité avec les pays sous développés, est l'objectif
du Codéveloppement. L'immigration n'est rien d'autre que la traduction
humaine de déséquilibres planétaire entre pays pauvres et
pays riches et l'unique moyen de réduction reste de promouvoir des
actions permettant aux immigrés et leurs associations d'être des
vecteurs de développement local.
Le Co-développement veut être un moyen de
solidarité active avec les pays d'origine et de créer des
conditions sociales pour aider les populations à vivre dans leurs
propres pays.
L'idée de Codéveloppement définie
dès le début des années 80 par Jean-Pierre Cot, ministre
de la coopération de François Mitterrand,
« consiste à faire évoluer les rapports classiques
de coopération vers des relations visant un développement commun
et durable ». Dans le domaine de l'immigration, il convient de
mettre en valeur l'intérêt commun qu'ont les pays du Nord et du
sud à maîtrise les flux et à considérer les migrants
comme vecteurs de développement grâce aux compétences
qu'ils peuvent transférer vers leurs pays d'origine. La principale
originalité du Co-développement est de vouloir constituer les
immigrés eux-mêmes en « acteurs conscients du
développement».
2. Les différentes approches du
Codéveloppement
Les littératures sur le
concept du Codéveloppement sont nombreuses et diverses. Elles varient en
fonction des politiques selon des gouvernements autant en Europe qu'en
Afrique.
Selon le rapport d'information du Sénat n°417,
session Extraordinaire de 2006-2007, « le Co-développement
est une pratique ancienne dont la relation avec la maîtrise des flux
migratoires est en revanche plus récente. Il est un levier essentiel du
développement des pays source d'immigration, complémentaire
à la politique traditionnelle de coopération»23(*).
A l'origine, le terme Codéveloppement n'était
pas du tout connoté. De nos jours on parle même de plus en plus
ici en France de « développement
solidaire » pour associer en effet la dimension
généreuse à ce concept. Au départ, il s'agissait
pour les protagonistes du Co-développement d'améliorer les termes
de l'échange en achetant les produits des pays en développement
à leur juste prix afin de permettre à ces pays d'enclencher leur
développement grâce aux revenus substantiels
générés par cette équité dans les
échanges. A ce titre, l'idée était plutôt plus
proche du commerce équitable pourrait- on dire. C'est donc une
façon de promouvoir une certaine justice dans les échanges
internationaux qui permettra à terme aux Etats du monde de se
développer ensemble : d'où à juste titre la
signification de l'expression Codéveloppement.
Plus tard, la droite et même
l'extrême droite françaises se sont intéressées au
concept pour lui fixer en effet des objectifs politiques au-delà des
échanges en matière de développement. Lesdits objectifs
politiques consisteraient pour la France par exemple, d'aider les pays en
développement à se développer mais dans le but de retenir
chez eux les vagues d'immigrés potentiels et de parvenir à un
accord avec les migrants candidats au retour volontaire dans leur pays en leur
attribuant une sorte de prime de retour. C'est dans ce cadre d'ailleurs qu'a
été mis sur pied en France le Groupe d'appui à la micro
entreprise (Game), ainsi que le programme "migrations et initiatives
économiques" (Pmie).
Toutefois, l'approche du concept de
Codéveloppement par la commission des affaires étrangères,
de la défense et des forces armées suffit- elle pour
définir le Codéveloppement comme tel ? N'y a-t-il pas
d'autres conceptions en présence pouvant aider à mieux comprendre
le concept du Codéveloppement ?
Si le terme a connu une fortune récente,
singulièrement lors de la campagne présidentielle en France,
force est de constater qu'il ne désigne pas systématiquement la
même politique.
Le concept de Codéveloppement est tour à tour
entendu comme une forme de partenariat, de développement concerté
avec les pays bénéficiaires, comme le point de rencontre et
d'articulation entre les politiques de développement et les politiques
de gestion de flux migratoires, voir comme une forme plus humaine
d'accompagnement des retours des migrants dans leur pays d'origine.
Cette ambiguïté reflète dans certains
discours des migrants comme des gouvernements, différentes
interprétations significatives.
? Les autorités Marocaines par exemple retiennent une
définition plus large du Codéveloppement et le conçoivent
comme un partenariat macro-économique entre les deux rives de la
Méditerranée au bénéfice de la
compétitivité de l'ensemble dans la mondialisation.
Pour le gouvernement Marocain notamment son ministre de
finances, le Codéveloppement doit viser la construction d'un espace
d'échanges entre les pays partenaires qui doivent s'effectuer à
plusieurs niveaux24(*). A
cette conception du terme de Codéveloppement du ministre de finances du
gouvernement Marocain, s'ajoute la lecture du concept de Codéveloppement
des autorités Maliennes.
? Pour eux, le Codéveloppement doit s'appuyer sur du
concret25(*). Elles (les
autorités) ont une lecture plus proche des projets concrets
développés dans des pays d'origine. Au Mali comme au
Sénégal, le Codéveloppement est considéré
comme une réponse à l'immigration. Cette considération a
fait que dans ces deux pays voisins, des ministères des maliens et des
sénégalais de l'extérieur témoignent de l'attention
portée au potentiel de développement que représentent les
migrants et les associations d'immigrés.
Aujourd'hui cette notion de
Codéveloppement semble bénéficier d'une large
adhésion des politiques comme des instances internationales :
en témoigne la création du MIIICODEV mais aussi la reprise de ce
terme par l'Union Européenne26(*), l'ONU27(*) ou la Banque Mondiale. Cependant, la notion de
Codéveloppement revêt aujourd'hui des significations relativement
diverses, entre mise en valeur des initiatives migrantes et outil de gestion
des flux migratoires. En 2003, le ministre délégué
à la Coopération et la Francophonie, dans une communication en
Conseil des ministres, demande à ce qu'un « contenu
concret » soit donné à ce concept et propose que cela
devienne « un instrument de mobilisation des initiatives, des
compétences et des moyens des migrants installés en France
souhaitant contribuer au développement de leur pays
d'origine. » Le HCCI définit quant à lui le
Codéveloppement comme : « la libre participation des
populations migrantes à des projets de développement dans les
pays du Sud. Les migrants concernés peuvent tout aussi bien former un
projet de retour dans leur pays natal ou se mobiliser en étant
durablement établis en France. » Enfin, Nicolas Sarkozy,
dans son allocution à Dakar le 26 juillet 2007 défini le
Codéveloppement comme un « développement
partagé », c'est-à-dire un développement
mutuel, lequel est en partie orienté vers une gestion concertée
des flux migratoires :
« Ce que veut l'Afrique et ce que veut la
France, c'est la coopération, c'est l'association, c'est le partenariat
entre des nations égales en droits et en devoirs (...) Ce que la France
veut faire avec l'Afrique, c'est le Codéveloppement, c'est-à-dire
le développement partagé. La France veut avec l'Afrique des
projets communs, des pôles de compétitivité communs, des
universités communes, des laboratoires communs. Ce que la France
veut faire avec l'Afrique, c'est une politique d'immigration
négociée ensemble, décidée ensemble pour que la
jeunesse africaine puisse être accueillie en France et dans toute
l'Europe avec dignité et avec respect. »
La question que l'on pourrait se poser alors est de savoir ce
qui est Codéveloppement et ce qui ne l'est pas. Si le
Codéveloppement est « la libre participation des
populations migrantes à des projets de
développement », l'action des associations de migrants
envers leur localité d'origine, sans le recours à l'Etat
(français ou Sénégalais) est-elle du
Codéveloppement ? En d'autres termes, peut-il y avoir
Codéveloppement sans appui de l'Etat français? La mise en valeur
par le gouvernement sénégalais des initiatives de ses
ressortissants, sans recours à l'Etat français, est-elle du
Codéveloppement ? Le Codéveloppement est-il une pratique de
coopération incluant nécessairement la France ? Le
développement orienté vers la fixation de la population jeune
dans les pays d'émigration, est-il du Codéveloppement ?
Peut-il y avoir de Codéveloppement sans migrants ? Enfin, si le
Codéveloppement est un « développement
partagé », en quoi la France se développe avec le
Sénégal dans la mise en valeur des initiatives
migrantes ? En effet, nous considérerons ici le
Codéveloppement selon une définition large de
« coopération pour le développement » qui
intègre la population migrante et concerne les pays
d'émigration.
Cette lecture du Codéveloppement est
assortie d'attentes très fortes tant sur les questions de
développement que sur les questions migratoires. La question de
«migration circulaire» développée par le
commissaire européen Louis Michel est examinée avec beaucoup
d'intérêt. Le Codéveloppement y est
interprété comme un signe d'ouverture, un moyen de
«dédramatiser» la question des migrations et de
considérer sa contribution au développement. Dans la version
originelle du Codéveloppement, il s'appui sur le constat de la forte
mobilisation des migrants en faveur de leur pays ou région ou villages
d'origine. Développée dans les années 1960, cette
mobilisation s'est progressivement structurée dans les années
1970 et 1980 avec l'appui d'Organisations non Gouvernementales (ONG). A ce
propos, aujourd'hui, beaucoup d'initiatives sont faites et portées par
les organisations associatives. Ces initiatives contribuent très
largement pour le développement des conditions des populations locales.
Les initiatives des organisations associatives qui retiennent l'attention des
gouvernements des pays d'accueil des migrants et ceux de leur pays d'origine
rentrent-elles dans le cadre du Codéveloppement ?
Les associations d'immigrés sont
nées de la volonté du gouvernement de la république du
Sénégal et de celui de la Française avec la signature le
25 mai 2000 d'une convention de codéveloppement entre deux pays. Pour
consolider cette vision commune, deux réunions du Comité Mixte
Franco-Sénégalais sur le codéveloppement et les Migrations
(CMFSCODM) se sont tenues à Dakar, le 7 février 2001 et à
Paris, le 18 et 19 mai 2004.
Ensuite le 3 février 2005, une convention de
financement relative à la mise en oeuvre du projet
« Initiatives de Co développement » a
été signé par les deux gouvernements. Cette
dernière est basée principalement sur une conception du
codéveloppement comme outil de développement mutuel.sa mise en
oeuvre porte sur trois années pour un montant de
1 789 000 000 FCFA dont 1 640 000 000 FCFA pour
la partie française et 149 000 000 FCFA pour celle
sénégalaise au travers quatre composantes
· Participer à l'amélioration des
conditions de vie et d'insertion socio-économique des
populations ;
· Contribuer à créer des conditions plus
favorables à l'investissement productif dans les zones
concernées ;
· Privilégier des réalisations
concrètes portées par les collectivités locales, les
pouvoirs publics ou les acteurs privés ;
· Privilégier une maîtrise d'ouvrage
garantissant une forte implication des bénéficiaires et un
renforcement des capacités des acteurs locaux.
Le partenariat noué entre l'ASEF et la cellule
chargée du CODV basée à Dakar entre dans le cadre de la
composante 3 « Développement Local dans les
Régions ». A travers cette composante, il s'agit de mettre en
oeuvre des projets de développement à caractère collectif
initiés par les migrants en direction de leurs localités
d'origine et convenues avec les populations des zones concernées. Comme
critères retenus, les projets proposés à l'appui doivent
veiller à : privilégier une maîtrise d'ouvrage
garantissant une forte implication des bénéficiaires et un
renforcement des capacités des acteurs locaux, participer à
améliorer les conditions de vie, d'insertion socio-économique et
de l'éducation et de la formation des populations.
C'est dans ce cadre que l'ASEF a reçu un appui de
l'association « Lire en Afrique » et des subventions
financières de la part du Conseil Général de l'Essonne
d'une somme d'environ 360 euros pour la logistique des médicaments et en
2005 une somme de 4 700 euros pour le matériel informatique et des
outils scolaires.
Troisième partie
L'engagement associatif et développement
local : l'exemple de l'Association solidarité Entre aide en
France
(ASEF)
L'émigration a aussi été à
l'origine de toute une dynamique associative aussi bien au niveau des villages,
qu'au niveau des pays d'accueil. Ces regroupements reposent sur des femmes et
des hommes désireux de mettre en commun leurs forces et leurs potentiels
techniques, économiques ou bien encore leurs réseaux de relations
pour le développement de leur localité. C'est dans ce contexte
qu'on note l'impulsion de mouvements associatifs d'autopromotion sur le
territoire de la communauté rurale de Bambaly. En effet, l'importance et
la dynamique organisationnelle de la moyenne Casamance ne date pas
d'aujourd'hui.
A l'image des résidents, les
émigrés se sont regroupés en
« association de Ressortissants de » ou
« d'originaires de » pour entreprendre ensemble des actions
et comportements de développement local par, en partie d'autofinancement
à l'échelle de leur terroir d'origine. On les rencontre presque
partout où l'on note une diaspora d'une localité (ex :
diaspora Sénégalaise, la diaspora de la communauté rurale
de Bambaly en France etc. ..). Malgré l'essoufflement des
dynamiques migratoires et les contraintes que rencontrent les immigrés
dans leur pays d'accueil, leur mobilisation pour mener des actions de
développement local dans leur village, communauté et
région d'origine reste très important.
A ce titre, elles se présentent comme de
véritables acteurs ou même vecteurs du développement local
dans leur zones géographiquement définies ( communauté
rurale de Bambaly).
Ce mouvement associatif est aujourd'hui un
phénomène massif et joue un rôle de premier rang dans la
mouvance de développement local parfois national et; c'est le cas
aujourd'hui de l'Asef. Il est une réponse du corps social face à
la dégradation de son environnement économique, culturel et
social et de ses conditions d'existence. Ainsi, l'accroissement des contraintes
semble être, à bien des égards à l'origine de cette
prise de conscience. A travers cette dynamique organisationnelle, les
populations essaient d'apporter d'elles- mêmes des réponses aux
crises et aux changements qui affectent leur espace vital devant lesquels,
l'Etat semble resté le plus souvent passif.
I. Les associations de travailleurs migrants :
acteurs du développement local
En outre, ces associations
sont d'importants foyers de sociabilité car elles regroupent toutes les
couches de la société locale sans particularisme. On remarque en
effet, un mouvement unitaire de la population dans la construction d'un espace
de vie auquel chacun s'identifie sans distinction de statut social. En effet,
ces nouvelles organisations sont ouvertes à tous et tendent à
surmonter les clivages traditionnels des familles. Chacun fournit une
potentielle d'énergie à différent niveau pour la
consolidation de cet espace. Comme disait Granier A-M « le
« je » qui participe à cette construction
devient « nous », et c'est ce
« nous » qui va vers les autres
« nous » pour devenir le principal prometteur d'actions
collectives de développement local »28(*). A ce stade des choses,
le sentiment d'appartenance et d'attachement pour le terroir devient
élément intégrateur, ce que F. Auriac appelle
« le Holon »29(*), et qui augmente la capacité de mobilisation,
d'affirmation d'une identité commune.
Ainsi, à travers ce processus, la
société locale affirme son indépendance grandissante au
regard de la société dans sa totalité. Les personnes
d'origine de, se retrouvent autour d'une même idée
c'est-à-dire chercher à faire leur communauté d'origine
une entité sociale bien individualisée dans l'ensemble
micro-régional.
Cet aspect émet une question centrale à savoir,
si l'on peut mettre fin à ce «particularisme communal» qui est
le fondement de ces dynamiques organisationnels associatifs, pour un processus
plus intégré dans le cadre de la décentralisation en cours
pour le développement local ? Ceci est vrai pour le cas des
émigrés en France mais aussi pour ceux qui ont
émigré dans la sous-région ou encore en Afrique Centrale.
Dans la mesure où les structures associatives et les transformations des
rapports sociaux qu'elles ont induit au village ont été largement
étudiées30(*) il convient de passer assez rapidement sur ces points
afin de s'attacher plus particulièrement à leur impact sur le
développement des localités d'origine.
Les caisses étaient prévues pour
« organiser la solidarité entre les membres » mais
aussi pour « contrôler les membres du village-bis31(*) et notamment les
cadets »32(*).
L'organisation de ces caisses villageoises tient compte des hiérarchies
sociales villageoises et est, de ce fait, relativement lourde et coercitive. Il
est impensable pour un migrant de ne pas y participer. Progressivement ces
caisses vont devoir se détacher de la hiérarchie sociale
villageoise pour faire appel aux compétences et aux relations des plus
jeunes, jusqu'à se transformer en associations
« modernes », c'est-à-dire loi 1901, visant le
développement des localités d'origine. C'est à partir de
1981, date à laquelle la loi française restreignant le droit
d'association aux étrangers à été abrogée,
que l'on constate au Journal Officiel la création massive d'associations
de ressortissants Sénégalais notamment de la communauté
rurale de Bambaly. Ce mouvement associatif des années 1980 s'est
poursuivi et renforcé dans les années 1990. Ces associations sont
non seulement les vecteurs de modernisation et de développement des
régions d'origine mais aussi les vecteurs d'une transformation des
rapport sociaux et des statuts hiérarchiques dans les
sociétés d'origine33(*). L'implication des travailleurs migrants notamment de
la communauté rurale de Bambaly dans le développement de leur
communauté rurale ( CR) d'origine par le biais de l'ASEF (Association
Solidarité Entre aide en France) leur permet d'exister au village
malgré la distance et de bénéficier d'une certaine
légitimité et prestige lors du retour c'est ce que P. Bourdieu
appelle le « capital symbolique »34(*) qui par là va
s'acquérir
Le mouvement associatif de cette population est
un « lieu de déploiement d'un rapport étroit avec
le village ou la région d'origine, créant un mode
spécifique de rapport avec la société
d'installation »35(*).
Enfin, il est à noter qu'avec la
décentralisation, les associations villageoises se sont souvent
regroupées en une association communale. Cependant la dimension
communale avait déjà pris corps avant la décentralisation
par le biais d'associations inter villageoises. Lesquelles ont permis dans bien
des cas de définir les frontières communales au moment du
processus de décentralisation. Si le regroupement d'associations a
permis de mener des actions de plus grande ampleur, à l'échelle
communale, et parfois avec une plus grande cohérence, cela n'a pas pour
autant mis fin aux associations villageoises qui continuent à être
actives à l'échelle villageoise. Quels sont les résultats
de leurs investissements ?
L'investissement collectif orienté vers
des problématiques villageoises ou communales permet-il un
développement ? En effet, à la suite de C. Daum on peut se
poser la question de savoir s'il n'y a pas « une contradiction
apparente entre le fait d'intervenir par des actions collectives
centrées sur un seul village -portant sur des problèmes
précis vécus là-bas et le développement au sens
fort de ce mot (...), et en particulier avec ce que ce concept implique de
plans nécessairement régionaux quand ce n'est pas
nationaux » ? Comment et dans quels domaines les
associations de migrants à l'image de ceux de l'ASEF agissent pour le
développement de leur village ou commune d'origine notamment
l'ASEF? Dans quelle mesure la décentralisation a changé ou non la
donne ?
Pour tenter de répondre à ces questionnements,
nous allons tout d'abord présenter la communauté rurale de
Bambaly car nous estimons que la connaissance de cette partie
géographique de la moyenne Casamance pourra nous permettre de comprendre
certains déterminants des actions et réalisations des membres de
l'ASEF.
I a. Présentation de la communauté
rurale de Bambaly (CRB)
La communauté rurale de Bambaly fut
créée dans la foulée de la réforme de
l'administration territoriale et locale intervenue en Casamance en 1978. Elle
fait partir des cinq communautés rurales de l'arrondissement de
Djendé.
Située au sud de l'arrondissement, elle est
limitée au nord par la forêt classée de Boudhié,
à l'Est par le fleuve Casamance et la commune de Sédhiou qui
habite le chef lieu départemental, à l'Ouest par la
Communauté rurale (CR) de Djirédji et au Sud par seulement le
fleuve Casamance. Elle couvre une superficie de 437 km², soit 21.34% de la
superficie totale de l'arrondissement.
L'espace de la Communauté rurale de Bambaly a
été découpée en deux zones en fonction des
critères suivants :
ü Nature des activités (pêche, production
forestière)
ü La profondeur de la nappe phréatique
ü La salinité des terres
Au delà de ce découpage, nous identifions deux
zones à problématiques homogènes :
· La zone littorale ;
· La zone forestière.
Liste des villages par zone
Tableau 1 : zone littorale
Zone littorale
|
Villages
|
population
|
Villages
|
population
|
Badiary
|
999
|
Madina Bourama
|
154
|
Bambaly
|
1659
|
Maifara
|
370
|
Bouno
|
1285
|
Marancounda
|
932
|
Diambancounda
|
366
|
Massariah
|
929
|
Diobène
|
42
|
Missira
|
552
|
Kanico
|
120
|
Nguindir
|
1228
|
Kindakam
|
1022
|
Tambanaba
|
578
|
Kountoubou
|
188
|
Tambananding
|
231
|
Nombre de villages: 16
|
Population totale: 10 655
|
Source: DRDR/Kolda/2003
La zone littorale couvre toute la partie sud-ouest de la
communauté rurale. Elle est composée de 16 villages pour une
population de 10 655 habitants. Comme son nom l'indique, elle est
caractérisée par la présence d'un fleuve permanent offrant
d'importantes possibilités de pêche. L'agriculture et la
riziculture constituent dans cette partie de la communauté rurale les
premières activités. En outre, on note la présence de
trois périmètres bananiers qui constituent les principales
sources de revenus pour les populations locales.
La zone littorale est bien dotée en
équipements puisqu'elle dispose d'un poste de santé, de quatre
cases de santé, d'un forage, de neuf puits hydrauliques, d'un
raccordement au téléphone, d'un collège d'enseignement
moyen (CEM) et de onze écoles primaires.
Tableau 2 : zone forestière
Zone forestière
|
Villages
|
Population
|
Villages
|
Population
|
Badjimor
|
72
|
Kodji
|
128
|
Bagadadji
|
178
|
Kapol
|
82
|
Bamacounda
|
448
|
Kawarancounda
|
202
|
Boudhié Samine
|
1138
|
Némataba
|
127
|
Boudhiémar-Mandingue
|
584
|
Sicoundingna
|
52
|
Boudhiémar-Peuhl
|
245
|
Sonako
|
75
|
Bougoubo
|
159
|
Sorance
|
425
|
Bounkiling-Diola
|
24
|
Térénou
|
114
|
Diambancounda II
|
140
|
Yankacounda
|
110
|
Francounda
|
957
|
XXX
|
XXX
|
Nombre de villages: 19
|
Population totale: 5 360 habitants
|
Source: DRDR/Kolda/2003.
Comme nous indique le tableau 2, la zone forestière est
composée de dix neuf villages pour une population de 5 360
habitants. Elle est caractérisée par la présence d'une
importante surface boisée (forêt classée de Boudhié)
qui permet aux populations de tirer plusieurs produits (bois de chauffage ou
d'oeuvre, l'huile de palme, miel ...) ou de s'adonner à la chasse
(importance du gibier). La zone recèle d'un important cheptel qui en
fait une zone d'élevage par excellence. L'agriculture y est très
développée ; les principales productions agricoles sont le
mil et l'arachide.
I b. Milieu humain et historique et peuplement de la
communauté rurale de Bambaly (CRB)
Les premiers habitants de la communauté rurale de
Bambaly sont les Baïnoucks. Ils y vivaient en communauté
organisée avec un pouvoir centralisé. Le dernier roi contemporain
au début de la colonisation est Sounkarou Yéri Camara. Le royaume
s'étendait sur tout le Boudhié et le Yacine sud. Le roi habitait
à Bouno où on peut encore trouver ses descendants. En grand
conquérant, il élargit son royaume de Singhère dans le
Djirédji, jusque dans l'actuelle communauté rurale de Diana
Malari.
Peu à peu la zone se peuple et les habitants se
diversifient. Aujourd'hui, dans la communauté rurale, nous avons
noté une forte mixité sociale où on retrouve toutes les
ccouches sociales.
La richesse de la faune, la prolifération des produits
de cueillette ainsi que les potentialités agricoles des terroirs y
attirent d'autres peuples tels que le peuple Balante qui arrive du
Balantacounda en traversant le fleuve Casamance. Cette présence des
Balantes aujourd'hui dans la communauté rurale a inquiété
des Baïnoucks premiers habitants.
Ce peuple envahisseur de la communauté rurale
pour des raisons liées à la richesse de la faune et de la
prolifération des produits de cueillette et agricoles
précédemment démontré a progressivement
occupé du terrain et est implanté à Bambaly
particulièrement à Nguindir, à Francounda à
Kindakam et plus récemment à Boudhié Samine dont les
premiers habitants étaient originaires de Samine dans le
balantacounda.
Les mandingues constituent la seconde branche des
émigrés ayant peuplé la localité. Aujourd'hui, les
Baïnoucks se confondent dans ce groupe ethnique à cause du
phénomène d'assimilation. Une dernière vague
d'émigrés constituée de Balantes, Mandingues et d'autres
ethnies est d'arrivée pendant la guerre de libération de la
Guinée Bissau (ancienne colonie portugaise). Si certains sont repartis
en Guinée, d'autres par contre finirent par créer leurs propres
villages tels que : Kawarancounda, Diambancounda et Némataba.
Aujourd'hui, la communauté rurale de Bambaly n'est pas
seulement peuplée de ces quelques peuples. Il fau noter que Bambaly est
une communauté multiethnique, multiculturelle et multi religieuse. La
socialisation est assez importante ; nous constatons une forte
solidarité entre les différents peuples qui composent cette zone
géographique de la moyenne Casamance. Cette composition de la population
nous amène à nous intéresser à la structure et
à la répartition ethnique et religieuse de cette
communauté rurale de Bambaly.
I c. Structure et répartition ethnique et
religieuse de la population de la communauté rurale de Bambaly
(CRB)
La population de la communauté rurale de
Bambaly est, d'après des enquêtes réalisées
auprès des chefs de villages que compose la communauté, d'environ
« 16 015 habitants répartie sur une superficie de 437
km² soit une densité de 36.64 habitants au km2. La population
masculine est de 7 721 soit 48.21 % contre 8 294 femmes. Ce qui
représente un pourcentage de 51.79 %. »36(*)
La communauté rurale de Bambaly est un espace de vie
multiethniques. On y trouve trois religions pratiquées. Cette
composition ethnique et religieuse de la communauté rurale lui
confère le statut de communauté rurale
« multiculturelles » et « tri
religieuse ».
Sur le plan ethnique, la communauté rurale (CR) compte
huit ethnies différentes les unes des autres. Ces ethnies qui peuplent
Bambaly sont constituent comme suit : les Mandingues 42%, les Balantes
40%, les manjacques 9%, les Peuhls 5%, les Mancangnes 2%, et les autres
minorités (Diola, Sarakolés, Diakhankés...)
Sur le plan religieux, on y retrouve l'Islam, le Christianisme
et l'Animisme. Le groupe religieux le plus important est l'islam avec un
pourcentage de 80% de la population totale. Dans ce groupe, on retrouve toutes
les sectes religieuses qui composent le religieux national.
Le christianisme est le deuxième groupe religieux le
plus important derrière l'islam avec un pourcentage de 15%. Les
chrétiens de la communauté rurale de Bambaly sont en
général installés dans le village de Bambaly, Bamacounda,
Térénou, Kapote, kamaracounda...
L'évolution de cette religion est très lente et
risque même de stagner par la forte poussée de l'islam des
mandingues majoritaire du groupe islamique et plus nombreux dans la
communauté rurale. La forte reconversion des manjacques à
l'origine chrétiens se vérifie par l'installation progressive des
« maglisses » et des « dahiras » qui
sont des groupes humains appartenant à la religion musulmane. la
communauté rurale de Bambaly compte aujourd'hui trente cinq villages
officiellement reconnus, situés en grande partie le long du fleuve
Casamance et dans les vallées de l'Est, à l'Ouest et au Sud.
Cela pourrait avoir comme explication le développement de la riziculture
et la pêche qui sont les principales activités économiques
des populations locales. Le centre et le Nord de la communauté rurale
(CR) sont pratiquement vides, très faiblement habités.
Les gros villages de la communauté rurale (CR) sont
formés par les Mandingues et les Balantes tandis que le peuple
manjacques préfèrent les petits hameaux installés entre
deux villages mais du ôté de la forêt.
I d. Le contexte socio-économique local de la
communauté rurale de Bambaly (CRB)
Sur le plan sociodémographique, la
communauté rurale de Bambaly est constituée d'environ de dix
communautés distinctes qui vivent en parfaite harmonie. En 2003, la
population de la localité était estimée à
16 015 habitants au total dont 10 655 dans la zone littorale et
5 360 dans la zone forestière.
Malgré l'importance de l'émigration,
la population de la localité ne cesse de croître.
Aujourd'hui elle est estimée selon le président
de la communauté rurale à 20 000 d'habitants. Ainsi en cinq
ans, la population a doublé. Cette croissance a été
consolidée au-delà de l'apport naturel d'une part, par
l'affluence d'autres populations venues d'autres localités
d'environnantes et d'autre part, de l'apport de populations des communes
voisines suite aux conflits Casamançais qui ont entrainé le
déplacement des populations comme Kounayan, Assoumdou et même
Simbandi Balante qui y sont venus se refugier.
Compte tenu de tous ces facteurs, la population
de la communauté rurale de Bambaly connaît une croissance
exponetielle depuis ces cinq dernières années. Depuis, on assiste
à un développement fulgurant de la localité. Ce qui a
largement contribué à l'éclosion d'une économie
locale essentiellement basée sur des produits aquatiques (poisson,
crevettes..) et agro-alimentaires (céréales et bétail
entre autres) et des produits forestiers tels que l'huile de palme, du sucre
etc. En effet, l'offre en commerce divers et de l'agriculture diverse est un
des éléments le plus déterminant de cette dynamique. Tout
ceci ne manque d'avoir des percussions importantes sur les besoins en
éducation et en formation dans la communauté rurale.
I e. Situation de l'éducation et de la
formation dans la communauté rurale de Bambaly
La communauté rurale de Bambaly compte
seize écoles élémentaires dont quatre à cycles
complet (situées à bambaly, Badiary, Bouno et Kapote) avec un
effectif d'environ 3 068 élèves. Le tableau ci-après
résume la situation de 2006-2007 de la communauté rurale de
Bambaly.
Tableau 3 : effectif des classes par
école de village et la répartition des élèves dans
la communauté rurale de Bambaly par village et par sexe.
Ecoles
|
Nombre de classes
|
Effectifs
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
Abdou Konaré
|
06
|
215
|
101
|
316
|
Badiary
|
05
|
159
|
103
|
262
|
Bambaly
|
06
|
266
|
152
|
418
|
Boudhiémar
|
03
|
90
|
74
|
164
|
Boudhié Samine
|
04
|
128
|
76
|
204
|
Francounda
|
04
|
195
|
79
|
274
|
Kapote
|
06
|
160
|
130
|
290
|
Kindakam
|
03
|
85
|
49
|
134
|
Madina Bourama
|
02
|
20
|
20
|
40
|
Marancounda
|
02
|
71
|
40
|
111
|
Massariah
|
04
|
88
|
63
|
151
|
Missira Noumbato
|
03
|
83
|
49
|
132
|
Tambanaba
|
03
|
102
|
58
|
160
|
Malifara
|
02
|
62
|
36
|
98
|
Nguindir
|
03
|
127
|
47
|
174
|
Sorance
|
02
|
66
|
36
|
102
|
Total
|
58
|
1 917
|
1 113
|
3 030
|
Source : IDEN Sédhiou /année scolaire
2006/2007
Tableau 4 : répartition des
écoles et les nombre de classes par zone dans la communauté
rurale.
Zones
|
Nombre de Villages
|
Population totale
|
Nombre d'écoles
|
Nombre de classes
|
Classes construites
|
Abris provisoires
|
Littorale
|
16
|
10 655
|
11
|
41
|
31
|
10
|
Forestière
|
19
|
5 360
|
05
|
20
|
16
|
04
|
Total
|
35
|
16 015
|
16
|
61
|
47
|
14
|
Source : IDEN Sédhiou /année scolaire
2006/2007
Au regard du tableau 3, on remarque que le
nombre de garçons est supérieur à celui des filles dans
les écoles des villages sauf dans le village de Madina Bourama où
l'effectif des garçon est égal à celui des filles. Ce
tableau nous montre le taux faible de scolarisation des filles pour
l'année scolaire 2006-2007 dans la communauté rurale de Bambaly.
Aussi, le nombre d'élèves (garçons et filles confondus)
est fonction du nombre de classes par école du village. Plus
l'école du village a plus de classes, plus le nombre
d'élèves est important.
Le tableau 4, quant à lui, expose la situation des
infrastructures publiques en fonction des zones géographiques
(zones : littorale et forestière) que constitue la
communauté rurale de Bambaly.
A son regard, on note des disparités dans la couverture
scolaire et ce, en fonction des deux zones (littorale et
forestière).
Force est de constater que la zone littorale
concentre l'essentiel des écoles de la communauté rurale (11 sur
16 écoles de la communauté rurale de bambaly). En plus de ces
écoles primaires dans la zone littorale, il y a un collège
d'enseignement moyen (CEM) construit en 2002-2003 qui se situe dans le
chef-lieu de la communauté rurale : Bambaly.
La zone forestière quant à elle ne dispose que
de cinq écoles élémentaires dispersées dans les dix
neuf villages qui la composent. En outre, on note l'existence de plusieurs
constructions d'écoles à abris provisoires. Quatorze au total
pour les deux zones dont dix pour la zone littorale et quatre pour celle
forestière. Au delà de toutes ces disparités, il faut
aussi souligner la non existence de l'école maternelle dans toute la
communauté rurale de Bambaly.
I f. Cadre institutionnel et organisationnel de la
communauté rurale (CR)
Dans la communauté rurale de Bambaly, il
existe différents types d'acteurs qui cohabitent. Parmi, il y a le
conseil rural qui est composé de trente deux conseillers dont une femme
répartis en huit commissions techniques. (commission chargée du
domaine, commission chargée de l'environnement, celle chargée de
la santé, population et action sociale, la commission chargée de
la jeunesse sport et loisirs, la commission chargée de
l'éducation et de la formation, une chargée des finances et de la
planification). Ajouter à ces commissions citées ci-dessus, nous
avons trois autres qui sont : la commission chargée de
l'aménagement et de la santé animale, une commission
chargée de l'urbanisation de la communauté rurale (CR) et en fin
la dernières est celle chargée de la culture.
Toutes ces commissions que dispose Bambaly certifie que la
communauté rurale de Bambaly (CRB) est bien équipée en
infrastructures publiques pouvant permettre un bon fonctionnement dans la
gestion administrative de ladite communauté rurale (CR). Pour ce qui
touche directement notre objet d'étude, c'est la commission
chargée de l'éducation et de la formation qui nous
intéresse.
Force est de constater que le diagnostique du conseil rural
(CR) fait ressortir des faiblesses importantes au niveau de la commission
chargée de l'éducation et de la formation. Ces faiblesses sont
multiples et variées.
Ø L'analphabétisme des conseillers. Sur trente
deux, presque la moitié est analphabètes
Ø Le manque notoire de formation des élus qui
sont pour la plupart à leur première législature
Ø La méconnaissance des textes de la
décentralisation et des compétences transférées
Ø L'absence d'un lieu adéquat de rencontre, la
maison communautaire étant délabrée
Ø Le faible taux d'exécution du budget rendant
presque nulles les réalisations
Ø Le manque de registres rendant difficile le
fonctionnement du service communautaire
Ø Le manque de moyens de déplacement.
Face à toutes ces disparités, que
compte faire la direction de la communauté rurale pour un meilleur
fonctionnement des services communaux (SC) ?, la communauté rurale
(CR) a-t-elle des partenaires pour faire face à ces
disparités ?
En partenariat avec le Programme de Soutien aux Initiatives de
Développement Local (PSIDEL), la communauté rurale de Bambaly a
bénéficié une intervention qui porte un concours financier
par un appui budgétaire en vue de l'aider à répondre
efficacement aux besoins de sa population pour la formation des élus et
dans l'accompagnement des conseillers dans l'exécution des
compétences.
Ajouter à au PSIDEL, nous avons le Programme de Micro
Entreprises Rurales (PROMER) qui intervient dans la formation et l'encadrement
de groupements s'activant dans des secteurs porteurs et
générateurs de revenus comme par exemple: commerce de tomate, de
patate, la plantation de pommiers d'acajous etc.
En outre, on note un partenaire financier en
l'occurrence la Caisse d'Epargne et de Crédit (CAPEC) de Bambaly qui
octroi des crédits de montants relativement restreints sur une courte
durée n'excédant généralement pas neuf mois. Le
service de l'Etat qui y intervient est le Centre d'Expansion Rurale Polyvalent
(CERP) de Diendé qui apporte tant soit peu son concours technique dans
le développement de la communauté rurale (CR).
Face à ces disparités qu'a connu la
communauté rurale de Bambaly (CRB), quel est le concours de
l'association solidarité entre aide en France ASEF dans la
résolution de certaines de ces disparités ?, et quels sont
les domaines d'intervention de l'ASEF ? . La réponse de ces
questions nous amène sans doute à faire une présentation
de l'Association Solidarité Entre aide en France : ASEF.
II. Présentation de l'ASEF
En ses début, l'Asef comptait vingt membres
seulement des hommes ; aujourd'hui son effectif est d'environ 150 membres
et sympathisants dont la moitié environ, est constituée d'hommes
dont la moyenne d'âge est de 35 ans. Pour la plupart des membres adultes
de l'Asef, les métiers exercés sont ceux d'ouvriers non
qualifiés (ouvriers du bâtiment, ouvriers d'usines). Pour les
jeunes et les femmes, ils sont respectivement dans les études pour les
premiers et les second, dans les services. Dans sa composition ethnique et
religieuse, nous rencontrons toutes les ethnies que compose la
communauté rurale et du point de vue religieux, nous distinguons deux
communautés religieuses: musulmane et chrétienne qui sont
principalement représentées à la communauté rurale
de Bambaly. Les Manjacks sont beaucoup plus représentés au sein
de l'Asef mais ils le sont au niveau local. La forte
représentativité des Manjacks au sein de l'association s'explique
par le faite qu'ils sont les premiers émigrés en France de la
localité et sont donc les premiers membres fondateurs de l'association
Solidarité Entre aide en France. Ils ont étaient en même
temps les premiers à comprendre le rôle du mouvement associatif
dans la résolution de certaines des disparités.
L'Association Solidarité Entre aide en
France (ASEF) a vu officiellement, le jour 12 Avril 1993 sous le
n°2/0840037(*) d'une
initiative de ressortissants de la communauté rurale de Bambaly
émigrés en France. Mais de par ses réalisations (ex :
la construction de l'école du village Noumbato Missira en deux salles de
classes en 1984), elle existait bien avant le 1993. Son siège sociale
est chez l'ex-président Monsieur Tacky Chérif au 5, Impasse du
Haut Clos Renault 9154O Mennecy dans l'Essonne. A l'image de toutes les
Associations Communales de Développement (ADC) de la moyenne Casamance,
l'ASEF est structurée en trois cellules. Au niveau du village, on a une
section locale appelée : Association des Jeunes de la
Communauté Rurale de Bambaly (AJCB), mais aussi à Dakar avec
l'Association des Ressortissants de la Communauté Rurale de Bambaly
à Dakar (ARCRBD). Au Sénégal, l'Asef est reconnue par les
autorités sous le même n° 2/08400. Son siège sociale
au Sénégal est à chez Mr Gomis Souleymane BP
5005-Dakar-Fann Sénégal.
A ce jour, l'ASEF dispose, à son actif,
d'importantes réalisations dans deux domaines qui paraissent primordiaux
pour eux notamment l'éducation et la formation et la santé de la
localité. Dans le domaine de la santé, elle a été
à l'initiative d'envoi des médicaments dans les différents
hôpitaux de la localité.
Pour ce qui concerne notre objet d'étude
(éducation et la formation), des initiatives ont été mises
en place et des réalisations ont été également
faites.
Dans ce domaine, elle construit deux bibliothèques
communales et équipé trois établissements notamment le
Lycée Ibou Diallo de Sédhiou, le Collège de Bambaly et
l'école élémentaire de Noumbato Missira.
II. a. Domaines et moyens
d'intervention
Les associations de travailleurs migrants,
composées de ressortissants d'un même village, ou d'une même
communauté rurale comme c'est le cas de l'Asef, interviennent dans des
secteurs bien particuliers. Il leur a souvent été reproché
de n'investir que dans le secteur social et non dans le secteur productif. En
effet, la plupart des actions sont menées en faveur du
développement rural et en particulier en direction du secteur
éducatif et de la formation car celles-ci créent du
développement et de santé ou encore dans la mise en place d'un
système d'adduction d'eau potable pour certains. Une étude
réalisée en 2004 sur un échantillon de 38 associations
villageoises, issues de 26 communes réparties sur 5 cercles de la
région de Kayes, a permis d'évaluer la répartition des
projets par secteurs d'intervention. Ainsi, les projets réalisés
sur les secteurs hydraulique, éducatif et de santé
représentent respectivement 22%, 21% et 14% de l'ensemble des projets
réalisés par les associations de travailleurs migrants qui ont
fait l'objet d'une l'enquête dans cette étude. 38(*)
Pour l'Asef, le champ d'intervention concerne
essentiellement deux domaines: l'éducation/formation et la santé.
Mais au vu des possibilités qui sont offertes à l'Asef par les
partenaires, l'Association s'est plutôt appesantie sur l'éducation
et la formation qui pour la population locale et ses ressortissants constituent
la base même de tout développement.
Ainsi, les initiatives de développement sont
nées et elles sont concrétisées par des
réalisations. Pour tout projet de développement, il faut des
moyens matériels et financés pour sa réalisation. Les
moyens propres à l'Asef sont peu et ne suffisent pas pour couvrir les
besoins de financement. C'est ainsi que les membres de l'Asef se sont
lancés dans la recherche de partenaires pouvant les accompagnes dans la
réalisation du projet ou des projets.
II b. Les partenaires de l'Asef, qui
sont-ils ?
Dans le processus de recherche de partenaires
pouvant aider à l'accompagnement depuis le montage jusqu'à la
réalisation du projet éducatif, l'Asef, par le biais de la
rencontre des Associations de développement éducatif qui
interviennent en Afrique notamment au Sénégal organisée
par le consule général du Sénégal à Paris en
2004, a fait connaissance avec l'association « Lire en
Afrique » dont le siège social est au 37 avenue Pasteur
93 100 Montreuil dans la Seine Saint-Denis. Après plusieurs
échanges par courrier et tantôt par internet, le partenariat Asef/
Association « Lire en Afrique » est mis en place. Ce
partenariat a abouti à deux missions et un appui-conseil depuis le
montage jusqu'à la construction des deux bibliothèques
respectivement de bambaly (chef-lieu de la communauté rurale) et le
village de Simbandi Balante.
Outre ce partenariat Association Lire en Afrique
(ALA) et l'Asef, l'association solidarité entre aide en France a comme
vieux partenaire le Conseil Général de l'Essonne (CGE) qui est
une autorité administrative française avec lequel beaucoup de
réalisations ont été faites. Pour les deux partenaires
différents de par leur nature et statut, le type de partenariat avec
l'Asef est différent également et est fonction du statut de
chaque partenaire.
II c. Le partenariat avec le Conseil
Général de l'Essonne (CGE)
Le partenariat a toujours été au
coeur de la plupart des projets de développement tant au niveau local
qu'au niveau national. Le partenariat est un contrat bilatéral ou
multilatéral entre au moins deux personnes ou deux organisations
humaines. Selon Larousse dictionnaire de Français, le partenariat est un
« système associant des partenaires »39(*) ou au moins deux parties
distinctes l'une de l'autre.
La recherche de financement est une des
étapes les plus importantes dans le montage et la conduite du projet
quelqu'en soit sa nature et son type.
l'argent étant le nerf de la guerre, tout en comptant
d'abord sur nos propres moyens, il fallait donc aller vers la recherche
d'autres appuis financiers compte tenu de l'importance du projet et du manque
de moyens propres pour la réalisation. En effet, en ne disposant
d'autres moyens que ceux des cotisations des membres de l'association, la
réalisation d'un tel projet n'est pas évidente sans les
ressources complémentaires qui viendraient de l'extérieur. C'est
ainsi qu'Asef, a établi plusieurs dossiers de demande de ressources
additionnelles au près des bailleurs potentiels à savoir le
Conseil Général de l'Essonne (CGE). Le partenariat Conseil
Général de l'Essonne et l'Asef a abouti à l'accord par le
conseil général de deux subventions.
La première était de 360 euros pour
la logistique des médicaments (secteur santé) et la
deuxième était de 4700 euros pour le matériel informatique
et les outils solaires en 2005. Ce partenariat a aussi permis à l'Asef
de participer à la Session de Formation des Responsables d'Associations
du Département de l'Essonne (SFRADE) organisée par la Direction
Générale de la Vie Locale et de la Citoyenneté
(DGVLC) ; service des relations avec les associations le 20 Novembre 2004.
Dans cette démarche, le contact de
personnes sources et l'internet ont été également mis
à contribution. Cependant, malgré ces diverses initiatives,
l'association solidarité entre aide en France est restée
longtemps sans obtenir des résultats satisfaisants. Ainsi, tous les
investissements réalisés au premier abord ont été
entièrement ont été pris en charge par les
différentes sections notamment l'ASEF et ARCRBD. Dans la
deuxième et la troisième phase de projets (santé et
éducatif), l'Asef a pu obtenir des aides sous forme de subventions
respectivement de 460 euros pour la santé et de 4700 euros pour
l'éducation. L'obtention de ces aides n'était, sans doute pas
évident. Paul Quéta un des membres fondateur de l'association
âgé de 55 ans marié et père de sept enfants disait
que : « on ne donne pas comme ça de l'argent
surtout si sa destination est l'Afrique. Beaucoup d'associations ont
reçu des aides de cette nature mais l'aboutissement, rien n'a
été réalisé,....., des aides ont été
utilisées à des fins personnelles sans que la population
elle-même en bénéficie. Pour nous membres d'ASEF,
là-dessus, nous ne rigolons pas nous allons suivre le projet à la
lettre jusqu'à sa réalisation car nous savons et sommes convaincu
que l'argent ne s'obtient pas facilement et celui-là que nous avons
reçu, nous ne l'avons pas reçu des mains de n'importe qui, ni
pour n'importe quoi, alors pour ce qui est de notre part, c'est le
sérieux, la lucidité et la bonne tenue de ces fonds minimes
qu'ils soient. Pour nous nous l'important c'est, au-delà de satisfaire
les besoins que nous nous visons il faut que nos partenaires du projet soit
satisfait aussi et ait confiance en nous Asef. C'est comme ça que nous
parviendrons à établir une relation de confiance avec tous nos
partenaires sociaux ou économiques. On a rien sans rien.»
Entretien réalisé le 1ère Juin 2008.
II d. Les aboutissements du
partenariat CGE/ASEF
C'est un partenariat est très
bénéfique pour l'Asef et sa population locale. Le
bénéfice de ce partenariat se ressente au niveau local par les
réalisations qu'a fait l'Association Solidarité Entre aide en
France (ASEF). Ces réalisations axées sur le domaine
éducatif sont fruit d'un long dialogue entre les membres de l'Asef et la
population locale sur les besoins cruciaux et de première
nécessité.
Au début, il a fallu un travail de
sensibilisation et d'information sur les raisons et les objectifs du projet
éducatif et de formation qui sont au centre de tout développement
tant sur le plan national que local. Il a été noté
l'enthousiasme et l'espoir que ce projet éducatif représentait
pour la population, au vu de l'engouement que la première mission de
terrain sur la sensibilisation et l'information a suscité. Ensuite, tout
le long du processus, plusieurs réunions ont été
organisées par les différentes sections des associations de la
communauté rurale de Bambaly ; (ASEF, à Paris, ARCRBD,
à Dakar et AJCRB au niveau local). Toutes ces réunions
organisées à différents niveaux avaient pour but de
facilité l'implication de la population dans la conduite du projet
éducatif.
Ces échanges avaient été
ouverts à d'autres acteurs de la vie socio-économique de la
communauté rurale notamment les professeurs du collège de
bambaly, du lycée Ibou Diallo de Sédhiou et les maîtres des
écoles élémentaires de la communauté rurale, les
groupements de femmes (GPF), etc.
Depuis le début du projet, le dialogue avec les
autorités communales a été engagée et a connu
succès. Il était nécessaire pour l'Asef d'impliquer les
autorités locales dans les démarches pour la réalisation
du projet au niveau local. C'est ainsi qu'à différents niveaux,
par tous les moyens de communication (téléphone, internet,
courriers postaux), l'Asef a saisi les autorités locales pour la phase
de sensibilisation , d'information et d'implication de la population
jusqu'à la conception du projet éducatif qui est la
préoccupation numéro un des acteurs associatifs notamment l'Asef
et la population locale de la communauté rurale de Bambaly.
Au-delà de ce dialogue avec les
différents acteurs sociaux, une étude a été
réalisée pour diagnostiquer l'ensemble des besoins cruciaux de la
population de la communauté rurale. C'est à cet effet que deux
seulement ont retenu l'attention de différents acteurs. L'un sur le
Programme d'Action (PA) qui porte sur tous les secteurs de
développement et le second porte sur le Programme d'Investissement Local
de la Communauté Rurale de Bambaly (PILCRB).
Celui qui a marqué plus les acteurs, c'est celui de
l'éducation et de la formation et l'alphabétisation.
Un membre de l'Asef 45 ans mariée mère de deux
enfants disait : « on ne peut pas parler du
développement si l'on développe pas l'éducation. Vous
voyez, moi j'ai pas été à l'école mais aujourd'hui
ça m'a handicapé. Si j'étais à l'école comme
les autres, j'allai pouvoir au moins lire mes courriers et les répondre.
Je fais toujours appel à quelqu'un pour cette personne ne lise les
courriers et même me remplir des chèques. Mon mari aussi n'a pas
était à l'école, les enfants sont encore très
petits. L'aîné a juste que cinq ans. Voilà pourquoi il faut
que l'association fasse tout pour lutter contre ce
fléau. »
Pour ce projet éducatif de la
communauté rurale de Bambaly, l'Asef avec le concours des
autorités locales ont élaborer une feuille de route de travail
que nous allons présenter sous forme de tableau sous
l'intitulé : Programme d'Action Educatif (PAE).
Tableau 5 : Le programme d'action
éducatif prévu par l'Asef pour de la communauté rurale de
Bambaly (PAEPCRB).
Secteurs
|
Objectifs de développement
|
Actions
|
Localisation
|
Bénéficiaires
|
Responsables
|
Alphabétisation / Formation
|
Lutter contre l'oisiveté des jeunes
|
Création de centres polyvalents de formation
|
Bouno, Bambaly et Nguindir
|
Les jeunes
|
CR et Villages
|
Réduire le taux d'analphabétisme
|
Mise en place d'une classe d'alphabétisation par
village de la communauté rurale
|
Tous les villages
|
Population
|
Les acteurs socio-économique (partenaires)
|
- Formation de 16 auxiliaires d'éducation familiale
(teinture, couture , transformation de savon
|
Les jeunes filles qui viennent de n'importe quel village de
la zone
|
GIE des femmes
|
CR et Villages
|
Education
|
Améliorer la couverture scolaire et
préscolaire
|
Création de 3 nouvelles écoles Construction
d'une case des tous petits
|
Bamacounda, Diambancounda II et Yangacounda
|
Elèves
|
Etat, CR
|
Améliorer les conditions d'étude
|
Construction de latrines dans les écoles
|
Madina, Kindakam, Malifara, Massaria, Badiary et
Marancounda
|
Population
|
CR et Villages
|
Créer un CLAC
|
Bambaly
|
Elèves
|
Etat et CR
|
CR et Village
|
Construction de murs de clôtures des écoles
|
Bouno (400m)
Bambaly 600m)
|
Elèves
|
CR et Villages
|
Création de cantines scolaires
|
Bouno et Bambaly
|
Elèves
|
Etat
|
A la lecture de ce tableau 5, (annexe n°1)
nous voyons clairement afficher les réoccupations et ambitions que porte
ce projet éducatif de l'Asef pour sa population locale. Ce tableau, nous
permet de comprendre l'importance et l'attachement que l `Asef et les
collectivités locales accordent à l'éducation et à
la formation. Alors reste à savoir si tout cela a été
réalisé ?, pour ceux qui ne sont pas
réalisés, quelles sont les raisons ?
En effet, la réalisation d'un tel projet
ambitieux nécessitera des moyens financiers énormes et
impliquera tous de l'Asef jusqu'aux autorités locales en passant par la
population. Le manque de fonds propres à l'Asef font par moment
obstacle, dès lors, elle compte sur des subventions et des dons d'une
part et de l'autre sur les cotisations de ses membres. La non
réalisation de certains des projets inscrits dans le Programme d'Action
(PA) est dû au déficit des possibilités financières.
Mais néanmoins, l'association a pu réaliser quelques uns. Parmi
ceux, nous avons retenu l'équipement de trois écoles dont un
lycée, un collège et une école primaire manuels scolaires
et en ordinateurs et pour le Lycée en appareil de projection des cours
pour les classes de 1ère et de Terminale.
Avec le partenariat Conseil général de
l'Essonne (CGE) - Association Solidarité Entre aide en France (ASEF),
une étude sur les besoins d'équipement par niveau d'étude
des établissements des trois grandes localités de la
communauté rurale (Missira Noumbato, Bambaly et Sédhiou) a
été réalisée sous la conduite du
représentant de l'Asef au Sénégal Mr Gomis Souleymane
Maître-assistant à l'Université Cheick Anta Drop de Dakar
au Département de Sociologie et le Conseil Rural (CRB) de Bambaly pour
mieux diagnostiquer les vrais besoins dont la financiabilité est
possible. Ce travail de diagnostic des besoins en manuels scolaires par niveau
d'étude et par établissements a donné des résultats
que nous allons présentés dans les tableaux ci- après.
Hormis ces ambitions affichées, l'Asef avec le concours du conseil
général de l'Essonne, a acheté un appareil vidéo
projecteur LVS3 pour les cours dans les classes de Terminales. Cet appareil a
coûté 1.604.733 FCFA40(*) TTC il va service de faciliter le déroulement
des cours en classes de terminales et parfois dans les classes de
première.
Tableaux : relatifs aux
besoins en manuels scolaires de l'école élémentaire
publique de Missira Noumbato et les apports de l'Asef par niveau.
Tableau 1 : classe de CP
Matières
|
Effectifs des élèves
|
Ration
|
Nombres de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Français/lecture
|
67
|
1 pour 4
|
67
|
00
|
20
|
Mathématiques
|
67
|
¼
|
67
|
00
|
20
|
Cahiers d'activités
|
134
|
¼
|
134
|
00
|
34
|
Total
|
268
|
XX
|
268
|
00
|
74
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Pour le tableau n°1, on note que sur un
total nécessaire en manuels scolaire de 268, l'Asef avec le concours du
Conseil Général de l'Essonne a apporté un capital en
outils de travail scolaire de 74 ce qui représente la moitié de
ce qu'il fallait. Avec l'aide et l'intervention de l'Asef, l'école de
Missira Noumbato dont les premières deux classes ont été
construites par la solidarité de l'Asef et le concours du conseil
général de l'Essonne en France, a vu peu a peu son besoin en
manuels scolaires s'améliorer même s'il y a encore un grand
problème à résoudre. Le chiffre 00 de la colonne du
tableau intitulé « existants » signifie l'Etat,
après avoir envoyer le personnel enseignant, s'est lavé les mains
pour ce qui concerne les outils de travail scolaire en matière de
français/lecture, de mathématiques et de cahiers
d'activités.
Tableau 2 : classe de CE1
Matières
|
Effectifs des élèves
|
Ration
|
Nombres de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Français/lecture
|
67
|
1 pour 4
|
67
|
00
|
20
|
Mathématiques
|
67
|
¼
|
67
|
00
|
20
|
Cahiers d'activités
|
134
|
¼
|
134
|
00
|
35
|
Total
|
268
|
XX
|
268
|
00
|
75
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Le deuxième tableau de cette étude comme le
premier, montre que le besoin en outils de travail est important. On remarque
qu'en 2005/2006, l'école de Missira Noumbato, du CP au CE1, il n'y avait
de manuels de travail scolaire. Pour un effectif total de 268
élèves inscrits, aucun outil de travail n'était mis
à leur disposition pour toutes les matières ici
indiquées.
Face à ce fléau, l'Association Solidarité
Entre aide en France (ASEF) en partenariat avec le conseil
général de l'Essonne dans le cadre du développement
décentralisé, a apporté un total de 149 manuels dont 75
pour la classe de CE1.
Tableau 3 : classe de CE2
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
existants
|
Français
|
38
|
1 pour 4
|
38
|
17
|
10
|
Mathématiques
|
38
|
¼
|
38
|
17
|
10
|
Histoire /géographie
|
72
|
¼
|
72
|
30
|
12
|
Total
|
148
|
XX
|
148
|
64
|
32
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Le tableau ci-dessus montre le besoin qu'il ya
mais néanmoins, les efforts de la part du ministère de
l'éducation nationale sont remarquables. Ceci dit que pour chaque
niveau, il ya un plus de la des besoins. Au delà de ce qu'a
apporté le ministère, l'Asef, a apporté la moitié
de la part existante soit 32 / 64, ce qui est important pour une action
associative pour le développement éducatif de la localité
d'origine. 41(*)
Tableau 4 : classe de CM1
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Français
|
45
|
1 pour 4
|
45
|
20
|
10
|
Mathématiques
|
45
|
¼
|
45
|
20
|
10
|
Histoire/géographie
|
90
|
¼
|
90
|
40
|
15
|
Cahiers d'activités
|
180
|
¼
|
180
|
00
|
15
|
Total
|
360
|
XX
|
360
|
80
|
50
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Le tableau 4 se rapport à la classe de
CM1 qui est le premier haut niveau de l'élémentaire. Le niveau de
préparation de l'entrée en classe préparatoire pour
l'entrée en classe de 6ème collège au
Sénégal. A partir de cette classe de CM1,
l `élève doit être capable de résoudre certains
problèmes de mathématiques, répondre à certaines
questions de réaction, alors, c'est là où les moyens et
les possibilités de réussite doivent être importants. Dans
cette classe de CM1, il ya 360 élèves inscrits répartis
selon les disciplines. Le besoin en manuels scolaires est de 360 pour que
chaque apprenant ait un outil de travail. On constate que la part totale du
ministère est de 80 soit environ un quart du besoin. Pour réduire
ce déficit, l'Asef quant à elle a contribué à
hauteur de 50 livres et cahiers d'activités confondus, une part qui est
considérable car elle couvre un peu plus la moitié de celle du
ministère de l'éducation nationale du Sénégal.
Tableau 5 : classe de CM2
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
|
Français
|
48
|
1 pour 4
|
48
|
20
|
10
|
Mathématiques
|
48
|
¼
|
48
|
20
|
10
|
Histoire/géographie
|
96
|
¼
|
96
|
40
|
15
|
Cahiers d'activités
|
192
|
¼
|
192
|
00
|
15
|
Total
|
384
|
XX
|
384
|
80
|
50
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
La classe de CM2 es une classe
préparatoire à l'examen d'entrée en classe de
6ème au collège. A la fin de l'année de cette
classe, les examens d'entrée en au collège sont organisés
au niveau national pour sélectionner les meilleurs élèves.
Elle constitue une phase de transition entre l'élémentaire et le
collège. A tout prix, l'élève doit réussir cet
examen pour faire son accession à la classe de 6ème au
collège d'enseignement secondaire. Cette classe marque la fin du cycle
élémentaire et le début celui du collège. Les
élèves, à ce niveau ont besoin des conditions de travail
adéquates pour mieux réussir. Ainsi , sur 384
élèves inscrits à ce niveau, on remarque que le besoin en
matériels scolaires notamment en livres et cahiers d'activités
reste déficitaire. Nous constatons que le nombre de manuels existants
est quatre fois et demi inférieur au nombre d'élèves
inscrits c'est-à-dire au nombre de manuels nécessaires pour que
les élèves aient chacun un livre de chacune de ces disciplines
indiquées dans ce tableau 5. Pour réduire ce manque, l'Asef avec
son partenaire ont décidé de faire une action. Celle-ci se
caractérise par un apport de cinquante livres et cahiers
d'activités soit 62,5% de la part du ministère.
Les cinq tableaux relatifs à
l'école de Missira Noumbato illustrent le besoin en manuels scolaires et
le niveau d'intervention de l'Asef dans le domaine de l'éducation.
Ces tableaux montrent que la situation scolaire à
Missira Noumbato est très délicate car les conditions
d'étude liées au manque d'outils de travail scolaire restent
à améliorer. On note dans cet établissement scolaire, la
part du ministère est très insuffisante pour une école
meilleure car pour un besoin de 1428 outils scolaires pour 1428
élèves inscrits en 2005/2006, la part du ministère
était de 224 contre 281 pour l'Asef. Ceci montre que l'école de
Missira Noumbato en matière d'outils scolaires en français,
mathématique, histoire et géographie et en cahiers
d'activités est beaucoup plus aidée par l'association Asef que le
ministère de l'éducation nationale. Cela veut-il dire que le
ministère de l'éducation nationale s'est
désintéressé de l'éducation et de la formation dans
le village de Missira Noumbato ?
Une chose est à noter, l'effort consenti par l'Etat
à partir des classes de CE2, CM1 et CM2. Contrairement aux classes de CP
et CE1 où l'Etat n'a rien fait, les trois dernières niveaux de
l'élémentaire ont bénéficié de
l'intervention de l'Etat. 64 pour le CE2, 80 pour le CEM1 et 80 livres pour le
CEM2. Pourquoi pour cette école de Missira Noumbato, l'Etat a t-il
attendu jusqu'à partir de la classe de CE2 pour réaliser des
actions en fournitures et pour ces différentes enseignements
cités dans les trois tableaux ?
Pour vérifier cette hypothèse, nous allons nous
intéresser des autres établissements de la communauté
rurale de Bambaly (CRB) notamment le collège de Bambaly et le
lycée Ibou Diallo de Sédhiou.
Tableaux : relatifs aux
besoins en manuels scolaires du collège publique de Bambaly et les
apports de l'Asef par niveau.
Tableau 1 : classe de
6ème
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Français
|
230
|
1 pour 8
|
206
|
24
|
22
|
Anglais
|
230
|
1/8
|
206
|
04
|
22
|
Histoire/géographie
|
230
|
1/8
|
170
|
60
|
14
|
Mathématiques
|
230
|
1/8
|
206
|
24
|
22
|
Biologie
|
230
|
1/8
|
180
|
50
|
16
|
total
|
1150
|
XX
|
968
|
182
|
96
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Pour le collège de Bambaly, nous comptons
trois niveaux existants de l'enseignement (6ème,
5ème et 4ème). Nous remarquons que le
nombre d'élèves a augmenté par rapport l'école
élémentaire de Missira Noumbato. Cela s'explique par le fait que
c'est le seul collège de la communauté rurale et les
élèves qui fréquentent cet établissement viennent
en grande partie des villages voisins. L'effectif total était de 3480
élèves inscrit en 2005/2006. Le collège de Bambaly
étant le seul établissement de l'enseignement moyen secondaire de
la communauté rurale où on compte 35 villages et 16 écoles
primaires, le flux de nouveaux collégiens et d'anciens va être
nécessairement important. A partir de ces tableaux qui se rapportent aux
différentes classes du collège d'enseignement moyen, on constate
que le nombre d'élèves a augmenté et par conséquent
le besoin en conditions de travail scolaire aussi, devient important. Les
élèves ont besoin plus de matériels de travail et c'est la
phase pour les élèves d'aimer ou de pas aimer des études.
Au Sénégal, c'est le moment où le décrochage
commence pour certains et pour d'autres l'envie d'étude se renforce.
A la lecture tableau 1 relatif à la classe de
6ème, nous remarquons que le déficit en
matériels scolaire est important. Les efforts du gouvernement sont
insuffisants. Pour 1150 élèves inscrits en 6ème
seulement 182 outils de travail dans les différentes disciplines
indiquées dans tableau sont disponibles. Un nombre qui est très
insuffisant pour couvre le besoin.
Conscient de ce déficit, l'Association
Solidarité Entre aide en France (ASEF), a décidé de
s'investir pour aider à améliorer les conditions de travail des
élèves en matière de manuels scolaires. Pour leur part, 96
livres ont été envoyé pour différents enseignements
ici indiqués. Pour un besoin total nécessaire de 968, le ministre
a fourni 182 et l'Asef 96 pour toutes disciplines confondues. Cette effort de
l'Asef, contribue au développement de l'éducation et de la
formation de la communauté rurale de Bambaly.
Tableau 2 : classe de
5ème
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Français
|
250
|
1pour 8
|
238
|
12
|
28
|
Anglais
|
250
|
1/8
|
238
|
12
|
28
|
Histoire/géographie
|
250
|
1/8
|
250
|
00
|
31
|
Mathématiques
|
250
|
1/8
|
238
|
12
|
28
|
Biologie
|
250
|
1/8
|
200
|
50
|
18
|
total
|
1250
|
XX
|
1164
|
86
|
133
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Pour ce tableau 2, on note le efforts
apportés par l'Asef qui sont de 133 livres largement supérieur
à ceux du gouvernement en matière de manuels scolaires ici
indiqués. 86 livres pour le gouvernement contre 133 livres pour l'Asef
avec le concours du Conseil Général de l'Essonne en France.
Tableau 3 : classe de
4ème
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Français
|
180
|
1 pour 8
|
XX
|
00
|
22
|
Anglais
|
180
|
1/8
|
XX
|
00
|
22
|
Histoire/géographie
|
180
|
1/8
|
XX
|
00
|
22
|
Mathématiques
|
180
|
1/8
|
XX
|
00
|
22
|
Biologie
|
180
|
1/8
|
XX
|
00
|
22
|
Espagnol
|
180
|
1/8
|
XX
|
00
|
22
|
Total
|
1080
|
XX
|
XX
|
00
|
132
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Pour la classe 4ème
collège, nous constatons que l'Asef a apporté un total en livres
de 132 et pour le ministère, nous avons pas accès aux chiffres
à cet effet.
A ce niveau d'enseignement, la contribution de l'Asef reste
importante. Elle témoigne son attachement et son intéressement
à l'éducation et à la formation de sa population locale
d'origine.
Tableaux : relatifs aux
besoins en manuels scolaires du lycée publique Ibou Diallo de
Sédhiou et les apports de l'Asef par niveau.
Tableau 1 : classe de 2nd
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Français
|
264
|
1 pour 8
|
264
|
30
|
29
|
Anglais
|
264
|
1/8
|
264
|
38
|
28
|
Espagnol
|
264
|
1/8
|
264
|
03
|
32
|
Histoire/géographie
|
264
|
1/8
|
264
|
48
|
27
|
Ed. Civique
|
264
|
1/8
|
264
|
00
|
33
|
Mathématiques
|
264
|
1/8
|
264
|
79
|
23
|
Physiques/chimie
|
264
|
1/8
|
264
|
06
|
32
|
Biologie
|
264
|
1/8
|
264
|
17
|
30
|
Total
|
2112
|
XX
|
2112
|
221
|
234
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Ce tableau nous expose l'importance de la
population inscrite dans ce niveau d'étude. Il nous montre le rapport
qu'il y a entre l'effectif de la population et le nombre existant de manuels de
travail scolaire et besoin affiché. On constate que le nombre
d'élèves est largement supérieur à celui des outils
de travail. Cet écart a un impact important sur les conditions de
travail et par conséquent, reflète sur la réussite des
élèves. Pour ce niveau d'enseignement, la part d'apport de l'Asef
est relativement au-dessus de celle du ministère.
Malgré l'aide de l'Asef, le besoin en manuels
scolaire en niveau seconde, reste important et les efforts allant dans le sens
d'améliorer les conditions de travail des élèves dans
cette localité du pays restent à déployés. L'Etat
sénégalais doit encore doubler voir tripler les efforts pour
l'éducation et la formation de sa jeunesse dans la communauté
rurale de Bambaly.
Tableau 2 : classe de
1ère
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Français
|
179
|
1 pour 8
|
179
|
33
|
17
|
Anglais
|
179
|
1/8
|
179
|
29
|
18
|
Espagnol
|
179
|
1/8
|
179
|
04
|
21
|
Histoire/géographie
|
179
|
1/8
|
179
|
71
|
13
|
Ed. Civique
|
179
|
1/8
|
179
|
00
|
22
|
Mathématiques
|
179
|
1/8
|
235
|
235
|
00
|
Physiques/chimie
|
179
|
1/8
|
179
|
06
|
21
|
Biologie
|
179
|
1/8
|
179
|
43
|
17
|
Total
|
1432
|
XX
|
1487
|
421
|
129
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Comme nous l'avons constaté dans ce tableau 2
qui se rapport à la classe de 1ère, l'effectif total
des élèves en ces disciplines indiquées a diminué
de 680 élèves par rapport à celui du niveau de
2nd. Ce phénomène s'explique d'une part par des
conditions de travail très insatisfaisants et l'absence de l'Etat qui
aurait pu couvrir la totalité des besoins en manuels scolaires et
d'autre part, par le manque de moyens des parents pour subvenir au besoins de
leurs enfants en matériels scolaires. Il faut noter la mobilité
spatiale liée à la profession d'un des parents ou même des
deux parents, à la conquête de l'espace (cultivable et de la
forêt pour les bétails) et aux activités économiques
des parents.
Selon les mots du proviseur du lycée Ibou Diallo de
Sédhiou à la réponse de la question : pourquoi de la
2nd en 1ère, y a t-il une si importante baisse du
nombre d'élèves ?
« tout simplement, certains élèves
ont abandonné parce que leurs parents ne peuvent pas subvenir à
leur besoin scolaire. Ça n'est pas facile es études, c'est pas
évident surtout quand on a pas de soutien des parents et de l'Etat. Ceux
qui ont le courage sont restés et d'autres parce que leurs parents leur
aident beaucoup, c'est - à-dire ils les ont mis dans de bonnes
conditions de travail et par conséquent de réussite. Ceux qui
n'ont pas eu cette sont ma foi partis et je leur comprends. Il faut aussi noter
un phénomène qui es lié à la recherche d'espace
cultivable et la proximité de la forêt pour le bétail. Dans
la communauté rurale de Bambaly, il y bien de la forêt et quelques
espaces cultivables mais par rapport à la population totale, ces espaces
restent insuffisants. Au sein aussi de cette population, il y a beaucoup de
familles nombreuses. Ceux qui n'ont pas de terres partent la recherche des
terres alors la plupart ne reviennent pas, ils s'installent là où
ils ont trouver des terres soit en locatif soit en propriétaire.
Ça, peut aussi expliquer la baisse du nombre d'élèves. Une
autre est importante à souligner, c'est le comportement même des
jeunes. Certains sont tentés par la pêche. Il suffit qu'ils
aillent passer une ou deux nuits au fleuve et de retour, ils ont dans leur
poche une somme de 20 000 FCFA équivalent de 30 euros, ils ne vont
plus au lycée. D'autres c'est l'envie d'exiler en ville comme Ziguinchor
ou même dans la capitale en espérant trouver quelque de mieux.
Voilà en quelque sorte les raisons qui expliquent la baisse du nombre
d'élèves entre la classe de 2nd et celle de
1ère. Y a aussi d'autres raisons. » interview
réalisé Dimanche 06 juillet 2008.
Pour lutter contre cette démotivation vis à vis
des études à partir du niveau de 1ère , l'Asef
a accordé avec le concours du Conseil Général de l'Essonne
une aides en livres de 129 livres. Malgré cette action de l'Asef et le
CGE, le besoin en manuels de travail plane encore.
Tableau 3 : classe de Terminale
Matières
|
Effectif des élèves
|
Ratio
|
Nombre de manuels
|
Apport de l'Asef
|
Nécessaires
|
Existants
|
Philosophie
|
186
|
1 pour 8
|
186
|
25
|
20
|
Anglais
|
186
|
1/8
|
186
|
03
|
22
|
Espagnol
|
186
|
1/8
|
186
|
16
|
21
|
Histoire/géographie
|
186
|
1/8
|
186
|
61
|
15
|
Ed. Civique
|
186
|
1/8
|
186
|
00
|
23
|
Mathématiques
|
186
|
1/8
|
221
|
221
|
00
|
Physiques/chimie
|
186
|
1/8
|
186
|
24
|
20
|
Biologie
|
186
|
1/8
|
186
|
30
|
19
|
Total
|
1488
|
XX
|
1523
|
380
|
140
|
Source : archives de l'Asef et du Conseil Rural,
2005/2006
Dans tous les pays francophones, le niveau Terminale marque la
fin du lycée et prépare pour les études
supérieures. C'est le moment où les élèves passent
les examens du bac. Les élèves en classe de Terminale ont plus
besoin des meilleures conditions de travail à tout niveau.
Pour le lycée de Sédhiou qui constitue l'objet
de notre étude, nous constatons que les conditions de travail restent
insuffisants pour ces disciplines ci-dessus indiquées. Pour un total de
1488 d'élèves qui suivent des enseignements dans ces disciplines,
il y a seulement 520 livres pour toutes disciplines confondues disponibles dont
380 de l'Etat et 140 de l'Asef. La situation du lycée Ibou Diallo de
Sédhiou est alarmante en matière de matériels de travail
scolaire notamment les livres pour ces différents enseignements
cités dans le tableau ci-dessus.
Comme nous l'avons remarqué à travers ces
tableaux qui se rapportent aux différents établissements de la
communauté rurale de Bambaly dans lesquels intervient l'Asef, l'Etat
semble être absent en matière de fournitures scolaires. Il faut
aussi noter que les écoles dans la communauté rurale de Bambaly
sont en majorité des écoles
« saisonnières » car se sont des écoles qui
fonctionnent de façon aléatoire c'est - à -dire
tantôt elles fonctionnent, tantôt ne fonctionnent pas. L'essentiel
des élèves dans ces écoles sont issus des
catégories sociales assez défavorisées dont le niveau et
le cadre de vie sont à déplorés. L'école dans la
communauté rurale de Bambaly continue toujours de souffrir des maux
traditionnels. Le gouvernement engage les « volontaires de
l'éducation » mais ne recrute presque plus (ou de moins en
moins) de fonctionnaires, d'enseignants dans le cours primaire et
élémentaire.
Face à ces disparités relatives à
l'éducation au Sénégal notamment à la
communauté rurale de Bambaly, les maîtres et les parents
contestent tous ensemble sans cesse l'absence de l'Etat dans les écoles
de la communauté rurale de Bambaly et qualifient ce silence comme une
«trahison, une lâcheté». Les parents rejettent ce
comportement Etatique, mais leurs positons sociales ne leur permettent pas
de se faire entendre : ils n'arrivent pas à influencer la
décision des autorités.
Les voeux des parents et des enseignants est de pouvoir un
jour participer aux discussions et aux décisions sur l'écoles et
les conditions de travail.
Quant aux acteurs de la politique d'ajustement et structurel,
ils déclarent que le but de la nouvelle politique éducative est
de scolariser le plus grand nombre d'enfants en dépensant moins. Le
volet économique mérite d'être analysé, car c'est
lui qui permettra certainement de saisir les effets de la crise du
système éducatif Sénégalais. Il s'agit d'examiner
toutes les formes d'implication des parents dans la scolarisation de leurs
enfants. Cela peut aller de la présence régulière du
parent à l'école jusqu'à sa participation soit
individuelle ou collective au sein APE (association des parents
d'élèves) à la vie de l'école, en passant
évidemment par les différents investissements matériels et
financiers ou physiques .
Pour répondre à la question de savoir comment
impliquer les parents dans l'éducation de leurs enfants, à mon
point de vue le problème résidera plutôt dans comment
adapter l'école à son milieu. Si l'on parvient à obtenir
cela, c'est le moyen d'impliquer les parents d'une part et d'autre part d'avoir
une école issue de son milieu et donc pouvant servir son milieu. Sinon
on dira que l'école est inadaptée.
Par exemple de nos jours, un élève des
écoles de la communauté rurale de Bambaly et même du
lycée de Sédhiou, quel que soit le niveau à partir duquel
il quitte le système, ne peut pas être immédiatement utile
à la société.
Un élève qui va jusqu'à la classe du CM2
et qui quitte l'école ne peut pas être utile ni pour lui ni pour
la société. Un élève de la classe de
3ème secondaire ou du baccalauréat ne peut rien
régler non plus. Donc à mon sens, l'école n'est pas
adaptée aux réalités locales Sénégalaises.
Pourquoi continue t - on à préparer des élèves
à être des « administrateurs » ? pourquoi
ne pas les préparer ce qu'on attend d'eux au niveau de la
société locale ?
Comme disait Souleymane Gomis, « toute
société a ses problèmes ; lorsqu'on forme les jeunes
d'une société précise, il faut qu'ils puissent les
problèmes de cette société, à a fois sur le plan
individuel et sur le plan collectif. Telle est ma conception du
développement ».42(*)
Une école qui ne peut pas régler les
problèmes des citoyens n'est pas adaptée aux besoins ou aux
réalités de ce peuple.
A propos, selon un acteur B.S., « les parents
doivent coopérer avec les enseignants car il en va de
l'intérêt même du jeune. Chacun doit rester dans ses
domaines de compétences pour mieux se compléter avec l'autre dans
l'encadrement de l'enfant ». les parents sont
considérés comme des personnes sources, de repères. Dans
les écoles privées par exemple, ils jouent un rôle
très important parce qu'ils vérifient le travail de leurs
enfants. Ils sont informés du travail quotidien comme du travail mensuel
de leurs enfants. Chaque semaine, ils reçoivent les cahiers de
correspondance. Mais A.L., d'origine bourgeoise et enseignante dans le
privé, fait remarquer que « le parent malgré tout
ne peut se substituer à l'enseignant et celui-ci non plus ne peut le
remplacer dans son rôle.ils doivent tout simplement se compléter
dans leurs actions instructives et éducatives de l'enfants ou des
enfants. chacun doit bien étudier son domaine d'action pour ne pas le
confondre avec celui de l'autre ».
Conscient des problèmes liés à
l'éducation et à la formation dans la communauté rurale de
Bambaly, au manque de matériels scolaires suffisants pour des bonnes
conditions de travail et à l'absence quasi total de l'Etat, une autre
alternative est née pour tenter de lutter contre les difficultés
qui guettent les écoles de l'espace de la communauté rurale de
Bambaly. A cet effet, de nouveaux acteurs ont vu le jour et sont entrainent de
mener des actions d'opérations très intéressantes pour
l'éducation et la formation de la population locale. C'est ainsi que
nous pouvons ici citer le cas de association solidarité entre aide en
France (ASEF) qui à travers son programme d'activité très
ambitieux et chargé continue sans cesse à fournir en
matériels scolaires et informatiques les établissements scolaires
de la localité.
Cette association ne s'est pas seulement limitée aux
manuels scolaires et matériels informations mais en partenariat avec
l'association « Lire en Afrique » (ALA), elle a aussi mis
en place le projet de construction de bibliothèques communautaires.
II e. Le partenariat avec l'Association
« Lire en Afrique » (ALA)
« L'école pour tous d'ici
2012 » dans la communauté rurale de Bambaly, c'est le
slogan de l'Association Solidarité Entre aide en France (ASEF).
Selon cette association, c'est d'abord assurer l'accès
et la qualité de apprentissage à partir de la lecture chez les
enfants à l'âge d'aller à l'école et issus des
couches vulnérables pour la réussite scolaire. Pour cet effet, la
construction d'une bibliothèque communautaire à Bambaly s'impose
comme une priorité, et le livre, un goût chez l'enfant dans la
conquête du savoir. Ce projet est réalisé avec le concours
de l'Association Lire en Afrique loi 1901 piloté par Eliane Lallement
dont Le rôle principal est la construction des bibliothèques dans
les zones géographiques dont les besoins sont assez présents
notamment en Afrique. Ces bibliothèques de
« proximité » pourrais-je dire permettent de
familiariser les jeunes à la lecture, à l'usage d'une
bibliothèque et aussi la gestion et la prise en charge des biens
collectifs qui sont ici les livres, les lieux etc., leurs propres outils de
travail et de recherche du savoir et de connaissances pour les premiers et les
second, leur espace de travail.
L'association Lire en Afrique intervient sur le long terme et
donc présente à chaque étape du projet en se rendant sur
place une fois par année. Son mode de fonctionnement est essentiellement
basé sur quatre éléments :
- Discussions préalables pour définir le projet
c'est -à-dire le mode de fonctionnement de la bibliothèque,
- Recherche des ouvrages, acheminement, mise en place et appui
au fonctionnement du site,
- Formation adaptée des bénévoles et
- Accompagnement, contribution au développement des
projets locaux.
Ce type de partenariat est pour les membres de l'Asef, un
avantage pour la réalisation de leurs projets éducatifs et de
formation. A propos, Y. P. ouvrier du bâtiment âgé de 50
ans marié père de sept enfants affirme que :
«l'association Lire en Afrique est une très bonne association
de par ce qu'elle fait en Afrique et notamment au Sénégal. Nous
en Afrique, nos écoles sont très pauvres en outils de travail.
Les enfants n'ont pas des documents suffisants pour étudier et nous les
parents, on n'a pas beaucoup de moyens pour pallier à ce fléau.
La plupart de nos enfants se contentent seulement de ce que leur donne le
gouvernement et des cours du maître. En général, ceux-ci
sont très insuffisants. (...rires...), pas de bibliothèque.
L'Etat ne construit pas de bibliothèque pour les écoles du
village même pas de petites bibliothèques. Vraiment il y a un
besoin sérieux. Avec l'association de Eliane Lallement, je pense que
beaucoup de choses vont se régler. De tels partenaires, il faut pas les
rater. Ce que l'association Lire en Afrique a fait est inoubliable. Elle nous
équipé de 2000 livres de volume pour tous les niveaux
c'est-à-dire de la classe de 6ème à celle de la
4ème. Nous n'avons rien à dire, nous allons prendre
l'association d' Eliane Lallement avec deux mains. Ce travail est un
travail nouveau qui nous a beaucoup profité. A peine on commencé
le partenariat, les choses sont réalisées, c'est vraiment
très bien».
Dans ce partenariat Asef / ALA, les tâches se sont
réparties. L'Asef s'occupe de la construction du local
bibliothécaire et quant à l'ALA (Association Lire en Afrique),
l'équipement de ce local lui revient selon les termes du partenariat. A
l'issus de ce partenariat, deux bibliothèques ont vues le jour. La
première à Bambaly chef-lieu de la communauté rurale et
la deuxième au village de Simbandi Balante. (le village de Simbandi
Balante n'est un village de la communauté rurale de Bambaly).
Avec l'appui de l'ALA, la communauté rurale de Bambaly
a bénéficié en février 2007 une bibliothèque
communautaire de 2000 livres de volume.
II f. La prise de conscience - engagement
Mr. D.P. membre de l'association âgé de 47 ans
marié père 4 enfants habitant à Sainte-Geneviève de
Bois (91) répondait à la question, pourquoi réalisez-vous
en vrai ces actions ? que : « ...rires..., nous
réalisons ces actions pour aider nos enfants pour certains enfants et
pour d'autres parmi nous membres de l'Asef et ressortissants de la
communauté rurale de Bambaly ici en France des neveux ,des
nièces. Pour nous c'est une obligation morale. Il faut que nous le
fassions car nous sommes conscient des problèmes scolaires qu'il y a
dans notre pays alors il faut bien penser ceux-ci. On ne peut pas tout laisser
entre les mains de l'Etat. D'ailleurs l'Etat ne fait plus rien pour ces
écoles des campagnes il y a une inégale répartition des
biens et infrastructures publics. Conscient de ce phénomène qui
guète l'environnement scolaire dans notre communauté rurale, nous
nous sommes dis alors, il faut que prenions en main le sort de nos proches.
C'est ainsi qu'à travers l'Asef, nous menons des actions de ce genre.
Pour les jeunes, il faut bien s'en occuper d'eux car ils sont dès fois
dans l'incapacité de se prendre eux-mêmes en charge alors il faut
que les adultes fassent ce qu'ils doivent faire en direction de leurs filles,
fils pour certains et pour d'autres cousins, nièce et neveux.
Ce nous faisons, nous ne le font ni par rapport à
la religion, ni par rapport à la politique mais tout simple parce que
nous avons pris conscience qu'il faut bien participons à
l'éducation et à la formation de nos proches restés au
pays. Pour nous, la religion et la politique n'ont rien à voir avec ce
que nous faisons encore moins la politique. De toute façon les
politiques ne font rien pour les gens comme nous sauf s'il veulent un
électorat pour les élections. Nous ne sommes des objets
« bouche-trou ». de toute matière on ne fait pas
confiance aux politiques car ce qu'ils disent n'est pas très souvent ce
qu'ils font alors pourquoi avoir fait confiance en eux. Pour ce qui est de la
religion, c'est deux choses différentes. En France, il y a eu en 1905
une loi qui stipule la séparation l'Eglise et l'Etat donc pour nous, la
religion est une chose et l'école est une autre.
quand cette prise de conscience est- elle née en vous
qui fait que de nos jours vous réalisez des actions en direction de
l'éducation et de la formation pour les jeunes de notre
communauté rurale d'origine ? « vous savez, c'est
simple. Tout ça c'est l'immigration. Quand nous sommes arrivés en
France vers les années 70 pour les anciens et 80 pour ceux de ma
génération, nous nous somme rendu compte que l'école est
fondamental. La plupart de nous ne sont pas allés à
l'école auparavant. On était des illettrés, on
était obligé de faire des cours du soir pour avoir quelques
notions basiques. Quand nous sommes arrivés en France, nous avons
d'énormes difficultés du genre ; lire nos lettres qui
viennent du pays, écrire des notes, remplir des chèques pour
payer nos factures. A l'époque, il n'y avait pas de
téléphone comme maintenant. On était fatigué mais
vraiment très fatigué. et donc cela nous a permis de repenser les
choses et de se dire que ce qui nous est arrivé n'arrivera pas à
nos enfants donc il faut envoyer les enfants à l'école et surtout
les accompagner, les aider. Il faut noter que nos actions ne sont liées
ni à la religion, ni à la politique et encore mois l'ethnie.
Seulement, nous voulons sans doute une nouvelle société par
l'éducation et la formation de notre jeunesse car c'est le trésor
de notre terroir. Nous, nous voulons promouvoir des ressources humaines dans la
communauté rurale».
l'Asef et ses partenaires de développement local
à l'occurrence le Conseil Général de l'Essonne (CGE) et
l'Association Lire en Afrique (ALA) dans la communauté rurale de Bambaly
estiment que l'avenir d'un pays passe par l'éducation et la formation de
ses élites de demain. Aucun pays ne peut se développer si les
autorité compétentes négligent ou ignorent le sens de
l'éducation et de la formation. Pour les membres de l'Asef et la
population local de la communauté rurale de Bambaly, il ya deux urgences
majeures qu'il faut impérativement prendre en considération,
elles sont les suivantes :
- Développer la promotion les ressources humaines qui
constitue un des leviers de la croissance en matière de progrès
social et du développement local,
- Il y a urgence pour sauver l'école et donc l'avenir
des enfants et par-delà, la solution pour éduquer, former les
élites de demain de la communauté rurale et préserver la
notoriété de l'école Sénégalaise au niveau
de la communauté rurale.
Conscient des difficultés liées à
l'éducation et de la formation qui affectent les écoles de la
communauté, l'Asef décide de participer à
l'amélioration des conditions de travail scolaire des enfants des la
communauté sans compter et tendre la main à l'Etat
Sénégalais donc point de politique. Le principal moteur de ces
différentes de l'Asef depuis sa genèse jusqu'à nos jour,
sont fruit d'une énorme prise de conscience des ressortissants
installés en France et constitués en organisation association
donc l'association Solidarité entraide en France (ASEF). Il faut aussi
noter que cette prise de conscience est à son tour née du
contexte de l'immigration qui a favoriser la mise en place d'une organisation
et occasionné ainsi des rapprochements entre individus de la même
communauté d'origine pour ensemble bâtir une édifice qui
est aujourd'hui l'association ASEF. Dans leurs pratiques, on note la faible
présence des autorités politiques locales et celle religieuses
locales.
« ce que nous faisons, nous ne faisons pour une
ethnie, ni pour une religion et encore moins pour un parti politique.
L'école sénégalaise est laïque, elle n'est ethnique
et ni politique. Elle est pour tous. C'est espace de connaissances et
savoir-faire. La considérer comme un espace politique pour nous serait
idiot car l'école fait place à tous sans distinction d'ethnies,
de couleurs politique et de catégorie sociale professionnelle. Dans ce
que nous faisons, nous membres d'Asef, nous n'associons ni aspect politique, ni
aspect culturel, ni aspect ethnique encore l'aspect religieux. Pour nous, la
population de la communauté rurale de Bambaly est une et indivisible
alors tout ce que nous ferons nous le ferons pour tous et même les
étrangers qui viennent étudier dans des écoles de la
communauté rurale. Nous croyons en ce que nous faisons mais en
même temps, nous ne sommes fermés aux autres. Celui qui veut
travailler avec nous peut venir mais dans le travail, nous n'accepterons pas
que les gens tentent de nous politisés, de vouloir faire de cette
structure un « daïra », une plate-forme ethnique
». M.T. âgé de 45 ans marié père de trois
enfants technicien de surface à la Mairie de Paris.
Je ne saurai conclure ce travail sans parler de la relation
famille-école et la place de l'école dans l'éducation de
l'enfant dans la communauté rurale de Bambaly.
II f. La place des parents de la communauté
rurale de Bambaly dans la relation famille-école
Pour cela, il est important de voir comment les parents, en
fonction de statut social, se représentent l'école, son
fonctionnement. Les parents se prononcent sur le rôle et la place de
chacun dans l'éducation de l'enfant. C'est ainsi que j'ai pu saisir la
signification de leur discours et la portée de leur engagement dans la
scolarisation de leur enfant.
Dans la communauté rurale de Bambaly, la relation
famille-école est loin d'être similaire partout,
différentes logiques sociales rendent compte des représentations
et des pratiques des parents en matière de relations entre famille et
l'école. Nous notons, au plan des logiques de soutien à la
scolarité des parents, au moins trois logiques :
· Les parents mobilisés qui soutiennent activement
la scolarité des enfants. Ils considèrent l'éducation
comme un moyen de mobilité sociale et selon leurs moyens ils
interviennent directement ou par une ressource
spécialisée ;
· Les parents militants qui interviennent dans
l'école et dans les associations ;
· Les parents défaitistes qui considèrent
que l'école n'est pas faite pour eux et leurs enfants. Ils accordent
moins de soutien à leur enfant et participent peu aux activités
de l'école et se sentent mal à l'aise avec les enseignants.
II g. la place de l'école dans
l'éducation de l'enfant
Dans leur représentation du rôle de l'appareil
scolaire, les parents d'élèves de la communauté rurale de
Bambaly se différencient selon leur position sociale et leur niveau
d'étude. Cependant, ils considèrent tous que l'école doit
avoir un rôle éducatif car elle pour fonction d'éduquer,
mais aussi d'enseigner et d'orienter les élèves dans la
filière qu'ils souhaitent suivre. L'école instruit et
complète l'éducation de l'enfant-élève. C'est
d'autre complément de la famille. Elle éduque et aide à
insérer l'individu dans la vie active, dans la société.
L'école permet de parachever la formation de
l'enfant-élève dont l'éducation a commencé
auprès des parents dans la famille. Elle joue un rôle d'appui et
de médiation dans l'oeuvre éducative qui doit revenir aux parents
en priorité.
II h. Le rôle de l'éducation et de la
formation des enfants selon les parents à statut social
élevé
Selon les parents à statut social élevé,
le rôle de l'école est d'assurer aux élèves une
formation qui leur manque après celle reçue dans la famille. Son
rôle doit être aussi de prendre en charge tous les problèmes
que connaît la famille afin que l'élève puisse avoir une
vision nette et élucider de la société. L'éducation
scolaire, pour des parents de milieux sociaux aisés, doit être le
prolongement de l'éducation familiale. L'école comme institution
éducative doit veiller à l'éducation de l'enfant et
à sa réussite. Elle doit contribuer à donner à
l'enfant le sens de l'esprit civique et le goût de s'assumer
intégralement ; elle a pour vocation de rendre l'enfant utile pour
sa société par le biais de l'éducation.
Les parents à capital culturel élevé
estiment que le rôle de l'école est non seulement d'éduquer
les enfants et de leur transmettre le savoir et les connaissances mais
également de les former en collaboration avec la famille.
« L'école doit compléter l'enfant
dans sa quête de connaissances modernes », selon les
parents des milieux sociaux cultuellement lotis. Elle doit donner aux enfants
une formation pour une citoyenneté responsable. Elle a un rôle
très important pour développer le pays avec les cadres qu'elle
forme, elle prend le relais des parents en matière d'éducation
des enfants. Son rôle est sans doute avant tout social, éducatif
et familial.
L'école est un cadre de formation car elle
apparaît comme une seconde famille, d'où un rôle identique
à celui de la famille. Elle doit préparer les jeunes à la
vie en les dotant de connaissances, de civisme et de capacités d'analyse
des problèmes de société.
II i. le rôle de
l'éducation et de la formation des enfants selon les parents à
statut social faible ou moyen
Les parents à statut social faible ou moyen avec qui
j'ai entretenu estiment en majorité que l'éducation et la
scolarisation des enfants dépendent énormément de
l'équilibre psychologique de la famille. Donc une assurance des
éléments basiques pour l'existence, à savoir
l'autosuffisance alimentaire et le vêtir avant toute autre chose. A.K.,
54 ans, pêcheur traditionnel et père de 8 enfants, affirme que
« l'important pour moi est tout d'abord est de subvenir aux
besoins de ma famille et assurer par la suite l'éducation de es enfants.
L'éducation c'est bon mais l faut d'abord avoir quelque chose à
mettre sous la dent. Je me bats quand même pour maintenir ma famille dans
de bonnes conditions de vie et je tentes aussi de voir comment intégrer
mes enfants et de bien les intégrer dans la société en
leur garantissant une santé, une bonne éducation et une meilleure
réussite scolaire et sociale ; car pour moi, les trois vont
ensemble ».
La réussite, l'éducation et la formation,
l'entreaide, le respect réciproque, le civisme et
l'épanouissement de chacun notamment de l'enfant, constituent les
principaux points que soulèvent en permanence les parents des milieux
sociaux moyens et populaires avec qui j'ai réalisé un entrevue.
Tous s `accordent à dire à l'instar de
A.K., que « l'école est une organisation importante
indispensable à l'évolution de la société. Elle est
un creuset dans la prise en charge de l'enfant et a une importante marge de
progression de l'enfant. Elle remplace l'institution famille d'autant plus que
les parents n'ont plus le temps pour leurs enfants. l'école doit savoir
prendre le relais à temps mais cela n'est pas totalement le cas. Elle
est trop sensible de l'environnement politique et syndical
instable ».
Le résultat de l'analyse de ces entretiens est que
l'école au Sénégal notamment à Bambaly pourrait
bien remplir sa mission souhaitée par les parents, si elle
n'était pas confrontée aux problèmes liés au manque
de moyens, d'enseignants qualifiés, e matériels et de classes.
L'analyse montre que l'école est de nos jours en régression
comparée à son niveau de développement des années
1960 ; que la formation qu'elle offre est aujourd'hui au bas de
l'échelle et les sortants du système éprouvent
d'énormes difficultés à trouver un emploi.
Les résultats de cette recherche montrent que selon les
parents, l'école sénégalaise soufre de problèmes de
fonctionnement qui expliquent la fréquence de mouvements sociaux. C'est
une école en crise profonde qui s'explique par le manque de
volonté des autorités nationales comme locales, d'où sa
perte de vitesse et la baisse de niveau de ses enseignements. Pour tenter de
lutter contre cette crise de l'école, certaines organisations
associatives ont pris l'affaire dans leur main en menant des actions en
direction de leur localité d'origine pour aider les jeunes
scolarisés à réussir leur scolarité. C'est le cas
de l'Association Solidarité Entreaide en France (ASEF).
Conclusion
Si jusqu'à maintenant les émigrés ont
fait face à toutes les initiatives de développement de leur
localité d'origine, cette situation ne peut se prolonger graduellement
dans le temps, compte tenu des difficultés qu'ils rencontrent dans leur
pays d'accueil, des départs à la retraite des premières
générations d'immigrés et des difficultés de
renouvellement des mouvements, vu les restrictions des politiques migratoires.
Cette situation pose une nécessité de trouver des solutions, car
l'enjeu est de taille aujourd'hui au niveau de toutes les organisations
associatives d'immigrés.
La forte implication des émigrés dans la mise en
place d'actions de développement local a tendance à
évoluer de nos jours. L'objet fondamental de ce changement de
comportement est à situer à plusieurs niveaux. Pour ce qui est de
l'éducation et de la formation, point d'investissement prioritaire de
l'Association Solidarité Entreaide en France (ASEF), il y a d'abord les
soucis de responsabiliser la population locale qui était un travail de
longue à laine. L'Asef n'intervient que dans la collection du
matériel scolaire et la logistique de ces biens mais quant à la
réception et le suivi de ces biens scolaires, il revient à la
population d'en faire comme une affaire de soi même et par
conséquent d'en veiller à sa bonne gestion quotidienne. Sans
impliquer les politiques locales et même nationales, l'Asef, grâce
à son expertise est arrivée à la réalisation des
actions en direction de l'éducation et de la formation d'une telle
importance.
Par ailleurs, le modèle de déconcentration dans
lequel le Sénégal s'est engagé depuis
l'indépendance montre que l'administration centrale a toujours
détenu les pouvoirs en matière de définitions et
d'exécution des programmes tant sur le plan national que régional
ou local. Bien que de nombreuses organisations associatives se sont
constituées en structures communautaires, l'Etat reste toujours le
principal animateur, en particulier pour ce qui concerne la réalisation
des actions en direction de l'éducation et de la formation.
Aujourd'hui, à l'image des associations
d'émigrés, l'Asef constitue un véritable acteur de
développement local dans la communauté rurale de Bambaly. Elle
met au service de sa localité d'origine le savoir, l'expérience
et l'expertise acquis lors du séjour de ses membres à
l'étranger. Face au désengagement et au manque de volonté
par fois des pouvoirs publics sur les domaines les plus sensibles et importants
comme par exemple l'éducation et la formation et la santé, ces
organisations associations d'émigrés surgissent comme relais et
moteur de développement local. Comme plusieurs associations
d'émigrés, l'association solidarité entreaide en France
(ASEF) a prise des initiatives biens orientés principalement vers
l'éducation et la formations en disposant à son actif un
programme d'investissement en matériels scolaires pour les écoles
de la localité d'origine des intervenants. (voir l'annexe n°1)
Cependant, leur bonne volonté d'intervenir se traduit
par des projets qui répondent aux besoins locaux en matière
d'éducation et de la formation de la population locale notamment les
plus jeunes d'une part et d'autre part par le travail de sensibilisation et de
conscientisation de la population sur le retard existant et le danger qui
guette la jeunesse de la communauté rurale de Bambaly si les initiatives
éducatives ne sont prises en temps et en heure.
« L'éducation au développement
permet aux jeunes d'être informés sur les inégalités
dans le monde, d'éveiller leur esprit critique et d'agir en citoyen
responsable », explique Laurence Rigollet, chef de projet
à Educasol, la plate-forme française d'éducation au
développement et à la solidarité internationale43(*).
En ce qui concerne ma méthode de travail, elle a
consisté à réaliser des entretiens et des interviews avec
des acteurs associatifs notamment les membres de l'association Asef qui sont
la plupart des parents d'élèves et à mener des
observations pendant leurs différentes rencontres à chaque fois
que l'occasion se présent.
Tout compte fait, l'ASEF malgré les quelques
contraintes notées ça et là dans leurs interventions et la
faiblesse de leur expertise, peut se prévaloir des acquis sur trois
points essentiels : en premier, leurs interventions sont calquées
sur les vrais besoins touchant la population locale, ensuite chaque action
faite fait l'objet de justification publique et en fin toutes les actions
réalisées ont fait l'objet de bilan général annuel.
Condition qui peut faciliter l'intégration locale des
réalisations car pour la population, c'est sa prise de conscience, son
dévouement bref son investissement qui a permis sa réalisation.
Elle est donc plus enclin à le suivre et à demander des
comptes.
Enfin, dans le contexte de l'immigration et du
codéveloppement et l'affirmation de la communauté rurale comme
seule véritable référence territoriale pour les
populations, l'ASEF se présente aujourd'hui dans la communauté
rurale de Bambaly comme un maillon presque incontournable pour la mise en place
d'actions de développement local et comme un acteur exemplaire au
premier rang pour le développement local en matière de
l'éducation et de la formation .
La liste d'abréviation
CREDOC : Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation
des Conditions de vie
ASEF : Association Solidarité Entre aide en
France
BM : Banque Mondiale
FMI : Fonds Monétaire International
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfant
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique
MIOSES : Mission Socio-économique du Fleuve
Sénégal
INSEE : Institut Nationale de la Statistique et des
Etudes Economiques
MIIICODEV: Ministère de l'Immigration, de
l'Identité Nationale de l'Intégration et du
Codéveloppement
ONU : Organisation des Nations Unies
HCCI : Haut Conseil de la Coopération
Internationale
CMFSCODM : Comité Mixte
Franco-Sénégalais sur le Co développement et les
Migrations
CODEV : Codéveloppement
CR : Communauté Rurale
CRB : Communauté Rurale de Bambaly
CEM : Collège d'Enseignement Moyen
SC : Services Communaux
PSIDEL : Programme de Soutien aux Initiatives de
Développement Local
PROMER: Programme de Micro Entreprises Rurales
CAPEC : Caisse d'Epargne et de Crédit
CERP : Centre d'Expansion Rurale Polyvalent
ADC : Associations Communales de
Développement
AJCB : Association des Jeunes de la Communauté
Rurale de Bambaly
ARCRBD : Association de Ressortissants de la
Communauté Rurale de Bambaly à Dakar
ALA : Association Lire en Afrique
CGE : Conseil Général de
l'Essonne
DGVLC : Direction Générale de la Vie
Locale et de la Citoyenneté
SFRADE : Session de Formation des Responsables
d'Associations du Département de l'Essonne
GPF : Groupement de Femmes
PILCRB : Programme d'Investissement Local de la
Communauté Rurale de Bambaly
PA : Programme d'Action
PAEPCRB : Programme d'Action Educatif Prévu de la
Communauté Rurale de Bambaly
ER : Ecole Régionale
EFI : Ecole de Formation des Instituteurs
APE : Association des parents d'Elève
* 1 Charles Debbasch et Jacques
Bourdon, les associations, Que sais-je, n°2209, Puf, 1985.
* 2 Gomis S., « la
relation famille-école au Sénégal »,
L'Harmattan, 2003.
* 3 GUILBERT Joël et JUMEL
Guy, 1997, pp. 92-93
* 4GUILBERT Joël et JUMEL
Guy, 1997, p. 94
* 5 PERETZ H., 1998, p.14
* 6 BLANCHET A. et GOTMAN A.,
1992, p 15
* 7 C. QUIMINAL, Gens d'ici,
Gens d'ailleurs, Migrations Soninkés et transformations dans la
vallée du fleuve Sénégal, Paris, Christian Bourgeois,
1991
* 8 C. DAUM, Les
associations de migrants en France, op.cit p6
* 9 ibid., p6
* 10 ibid. p6
* 11 C'est le cas de la
commune urbaine de Koniakary, disposant d'un réseau de migrants
très entendu et bien organisé, d'un marché alimentant
plusieurs villages voisins, une population importante, et
bénéficiant d'une coopération décentralisée
avec une commune française.
* 12 Nous retenons la
définition des Nations Unies qui considère comme migrant toute
personne qui vit hors de son pays de naissance depuis plus d'un an.
Nations Unies, rapport sur les migrations internationales,
Division de la population, 2002.
* 13 Ernst Spaan, Revue des
Migrations Internationales, n°16, 2000
* 14 Cahier Français,
les migrations internationales, N°307, 2003.
* 15 OCDE, tendance des
migrations internationales, 2002.
* 16 FMI, statistiques
annuelles de la balance des paiements
* 17 Wets Johan, Migration et
Asile : plus question de fuir, rapport de synthèse d'un projet de
recherche en matière de politique d'immigration et d'asile en Belgique,
fondation Roi Baudouin, 2001.
* 18 Drop (A.B.), Lericollais
(A.), Mainville (J.-C.), NUTTALL (C.), BREDELOUP (S.)...
* 19 Jacques Barou CNRS, 2002,
Les flux migratoires vers la France à la charnière de deux
siècles, permanences et changements, Ville-Ecole-Intégration
Enjeux, n°131, décembre.
* INSEE
20 Frédéric Sandron, 2003,
« Migration et Développement », les études e
la documentation française, juillet.
* 21 Selon Amadou Ciré
Sall Député des Sénégalais de l'extérieur,
2003.
* 22 Selon Djibril DROP,
« l'engagement associatif à travers les associations
Villageoises de Développement : une alternative pour le
développement local », in L'Harmattan, 2007
* 23 Selon Sénat
n°417, session Extraordinaire de 2006-2007, au nom de la commission des
Affaires étrangères, de la défense et des forces
armées (1) sur le Co-développement et les relations entre
politiques de développement et politique de gestion des flux
migratoires, par Mme Catherine TASCA, MM. Jacques PELLETIER et Bernard
BARRAUX.
* 24 selon ministre de finances
du gouvernement Marocain
* 25 Selon les autorités
Maliennes
* 26 Centre Nord/Sud du
Conseil de l'Europe, « Migrations et Co développement,
Migrants acteurs et partenaires du développement ici et
là-bas », Lisbonne, 23-24 avril 2004.
Bulletin UE 10/1999. Une Politique Commune en
matière d'Asile et de Migrations. Ou encore
« Contribution française au débat lancé par
le livre vert de la commission sur une approche communautaire de la gestion de
la migration économique. », 11 octobre 2005
* 27 Dans le rapport du
Secrétaire Général à l'ONU, Migrations
Internationales et Développement, A/60/871, 18 mai 2006, le Co
développement est considéré comme un programme d'action
permettant « d'aller de l'avant ». Le Co
développement permettra selon le SG de « renforcer la
coopération internationale »... mais ce terme n'est jamais
défini.
* 28 Granier (A-.M.), cours
de DEA « ESSOR », février 1999.
* 29 Cité par
UWIZEYMANA (L), séminaire DEA « ESSOR », 1999.
* 30 C. DAUM, op cit
p6,
C. QUIMINAL op cit p6,
S.YATERA, « La Mauritanie. Immigration et
développement dans la vallée du fleuve
Sénégal », Paris,
L'Harmattan, 1996,
M. TIMERA, « Les Soninké en France, D'une
histoire à l'autre », Paris, Karthala, 1996
* 31 « Ce terme
est l'expression même des immigrés, qui, par là, indiquent
se reconnaître durant leur séjour en émigration comme
membre d'une communauté villageoise structurant chacun de leurs
actes. » C. DAUM Les Associations de Migrants en France,
op cit p6, p 113.
* 32 Ibid p6
* 33 L. DIOMBANA montre
ainsi que certains migrants ont bénéficié de leur
expérience migratoire et associative pour s'insérer dans
l'arène politique alors que leur statut social (descendant d'esclave) ne
leur permettait pas. L.DIOMBANA, « L'engagement transnational des
immigrés maliens. Du répertoire humanitaire à
l'arène politique », M2Recherche Etudes Africaines, sous la
direction de J. Siméant, Paris, La Sorbonne, 2005/2006.
* 34 Pierre Bourdieu
* 35 C. DAUM, op cit
p6
* 36 Document de planification
de la communauté rurale de bambaly, PLD, PIL, PIA, Novembre 2003
Ce document est réalisé avec l'appui-accompagnement
de l'ONG SAHEL 3000 et le concours financier
Du Programme de Soutien aux Initiatives de Développement
Local (PSIDEL)
* 37 J.O. du 12 Avril 1993,
loi 1ère juillet 1901
* 38
Mélanie CAMBREZY, Mémoire de Master2
Pro réalisé avec le concours du GEMDEV et du programme
« regards croisés France Mali »,
« L'Ecodéveloppement : de la pratique à
la politique. Une notion ambiguë, entre développement des
localités d'origines et gestion des flux migratoires, sous la direction
de Richard BANEGAS, 2006-2007.
* 39 Larousse, dictionnaire
Français Compact
* 40 FCFA : est la devise
locale. 1EURO = 655 FCFA
* 41 Les chiffres de la colonne
« effectif des élèves » correspondent au
nombre d'élèves dans les disciplines où les actions de
l'Asef sont orientées. Par contre, les ratios varient en fonction des
niveaux et des coûts des livres. Pour l'élémentaire, les
ratios sont de un livre pour quatre et du collège au lycée, ils
sont de un pour huit élèves.
* 42 Gomis S., « la
relation famille-école au Sénégal »,
L'Harmattan, 2003.
* 43 Laurence Rigollet, chef
de projet à Educasol, la plate-forme française d'éducation
au développement et à la solidarité internationale,
« alternatives Economiques », n°263
bis 2007
|