Dédicace
A tout ceux qui souffrent et meurent dans le silence pour la
justice ,
A mes parents : Valentin DJIBU KABULU Nsensele
Veronika KALENGA MBAYO
A Emilie CARDON DE LICHTIB UER ,
A mon épouse Sylvie Rose NYEMB WE NGALULA ,
A mes cinq enfants : Benami DJIBU KABULU MFUMU Amane DJIBU
KALENGA BANDAILE
Wosia DJIB U KELA INA MIZO Faida DJIB U NGANDU MWANA Saeli
DJIBU AMI NYEMB WE
Je dédie ce travail.
Remerciements
« Ce n'est pas parce que c'est dur qu'on n'ose pas, mais
c'est parce que l'on n'ose pas que c'est dur »
Si nous pouvions percevoir clairement le miracle que
représentent ces roches, ces eaux de mer, ces montagnes, ces grottes,
ces arbres et fleurs..., notre vie tout entière changerait. Car la vie
et l'espérance se cachent dans ce silence. Nous vivons dans les
merveilles que nous cherchons en dehors de nous ! Les problèmes
d'environnement préoccupent tant de personnes scientifiques ou non
actuellement. Les recherches foisonnent, elles conduisent les uns sur des
chemins où l'intelligence et le coeur demandent des réponses
construites ; d'autres préfèrent donner la priorité
à la multidisciplinarité et aux sensations avec des approches sur
les terrains. Cette démarche en équipe est une réelle
croissance individuelle et intellectuelle. Ce désir d'approfondir, ce
goût de partager ses expériences, cette nécessité de
travailler en équipe..., montrent que les problèmes
environnementaux ne peuvent se réduire à une seule cause (moins
encore à une seule discipline). Cette formation a été
très instructive pour nous, non simplement du point de vue scientifique
mais aussi du point de vue humain et social. Quelle joie de partager son
auditoire, son sourire, ses pensées, pendant douze mois, avec tant de
personnes des nationalités différentes !
Nous adressons nos remerciements aux gouvernements congolais et
belge pour nous avoir donné cette occasion de continuer notre formation
doctorale.
Nous remercions le Professeur Michel Ngongo Luhembwe pour sa
confiance à notre devenir, son encadrement, et aussi son attention
particulière à notre égard. Grâce à lui nous
avons pu voir une autre porte s'ouvrir !
Nous remercions le Professeur Jan Bogaert pour nous avoir
acceptés dans le Laboratoire d'Ecologie du Paysage, pour avoir
accepté de diriger activement ce travail, et pour son dévouement
exceptionnel. Car de lui avons appris qu'il faut avancer sans cesse
malgré la grandeur d'une tâche démesurée. Et dans
cet univers nous y avons appris à refaire notre existence.
Nous adressons nos remerciements au Professeur Pierre Defourny
pour avoir accepter de mettre en notre disposition les données
cartographiques, au Docteur Frank Veroustraete pour avoir
accepter de nous recevoir dans le laboratoire de
Télédétection, et à Bamba Issouf pour sa
collaboration et sa disponibilité.
Nous exprimons notre gratitude à tous nos collègues
doctorants qui ont bien voulu partager ensemble cette riche
expérience.
A vous tous enfin, veuillent bien trouver ici notre
reconnaissance et notre gratitude.
Résumé
Cette étude est basée sur l'évaluation de
l'état de fragmentation au Katanga. C'est une étude
prélimaire aux recherches doctorales ultérieures, initié
dans le but de nous familiariser avec les techniques de l'écologie du
paysage et les logiciels de télédétection. Nous avons
utilisé un support des données au format TIFF
géoréférencée sur l'occupation du sol de la
République démocratique du Congo, datée de janvier 2006,
pour faire l'analyse spatiale. Nous avons mis in fine cinq classes de
l'occupation du sol afin de faciliter les calculs d'indices et
l'interprétation ultérieure de leurs résultats. Deux
approches méthodologiques ont concouru à proposer l'état
de fragmentation au Katanga : le système d'information
géographique (SIG) et l'analyse spatiale. Deux groupes d'indices se sont
avérés appropriés pour décrire objectivement
l'état de fragmentation : les indices de composition et les indices de
configuration spatiale. Ces indices descriptifs du point de vue spatial sont
alors croisés pour définir et évaluer le degré de
l'hétérogénéité spatiale et de
déforestation dans cette zone. Ainsi en comparant les résultats
obtenus, nous avons constaté que le paysage forestier est en pleine
fragmentation au Katanga. La fragmentation reste intense pour les classes des
forêts claire-savane boisée, forêt claire du type Miombo
humide et forêt secondaire. La classe dominante est celle de forêt
claire-savane boisée. Cet état de lieu, nous permet de
prévoir la poursuite de cette étude. Elle pourra se focaliser sur
l'évaluation et à la cartographie de la déforestation au
Katanga en tenant compte du système agricole. Et elle pourra se baser
sur les données diachroniques multisources (images satellitaires,
photographies aériennes, cartes et reconnaissance de terrain), afin de
caractériser le processus de transformation spatiale et la dynamique
spatio-temporelle de la zone.
Mots clé : Ecologie du paysage,
déforestation, télédétection, fragmentation,
Katanga, système d'information géographique, structure spatiale,
République Démocratique du Congo.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1. Superficies des forêts par pays en % total
régional 18
Tableau 2. Estimations préliminaires des superficies
des formations végétales pour la République
Démocratique
Congo...........................................................................
19
Tableau 3. Répartition de la couverture
forestière à travers les provinces......... 20
Tableau 4 . Utilisation des terres et des forêts au
Katanga 21
Tableau 5 . Superficie de principales unités de
formations végétales au Katanga...... 22
Tableau 6 . Principaux agents de la
déforestation................................................ 23
Tableau 7. Causes de la déforestation au Katanga
24
Tableau 8. Conséquences de la déforestation
24
Tableau 9. Taux d'érosion pluviale en fonction du type
de végétation à Lubumbashi 25
Tableau 10 . Données de base de la carte de
l'occupation du sol de la République Démocratique
duCongo.................................................................................
41
Tableau 11 . Nombre de taches par classe d'occupation du
sol.............................. 63
Tableau 12 . Indices se rapportant aux valeurs extrêmes
des aires des classes 64
Tableau 13 . Statistiques des mesures surfaciques 65
Tableau 14 . Indices se rapportant aux valeurs extrêmes
des périmètres des classes 65
Tableau 15 . Statistiques des mesures de
périmètres.............................................
66
Tableau 16 . Valeurs extrêmes des indices des formes
des classes 67
Tableau 17. Statistiques en rapport avec les formes des
classes.............................. 68
Tableau 18. Indices de comparaison en rapport avec les aires
des forêts et du paysage 71
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Evolution des superficies des forêts
tropicales 2
Figure 2: La croissance démographique
2
Figure 3: Représentation du modèle conceptuel
de la hiérarchie globale écologique 8
Figure 4 : Le paysage, niveau d'organisation des
systèmes écologiques 11
Figures 5 : Démarche scientifique en écologie
du paysage 12
Figure 6 : Eléments de base d'une structure
paysagère 12
Figure 7 : Eléments clés d'un système
écologique applicable à chaque échelle spatio-
temporelle 14
Figure 8: Illustration de la fragmentation 15
Figure 9: Illustration des composantes de
l'hétérogénéité spatiale 15
Figure 10 : Quatre éléments fondamentaux de la
configuration spatiale 17
Figure 11: République Démocratique du Congo:
localisation de la province du Katanga 25 Figure 12.Carte de classes
d'occupation du sol du Katanga 53 Figure 13: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des aires pour la
classe forêt
claire du type Miombo 55 Figure 14: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des aires pour la
classe forêt
claire-savane boisée 55 Figure 15: Courbe
des fréquences cumulées des taches en fonction des aires pour la
classe forêt
secondaire 56 Figure 1 6: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des aires pour la
classe
mosaïque forêt-savane 56 Figure 17:
Courbe des fréquences cumulées des taches en fonction des aires
pour la classe forêt
dense 57 Figure 18: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des
périmètres pour la classe
forêt claire du type Miombo 57 Figure 19:
Courbe des fréquences cumulées des taches en fonction des
périmètres pour la classe
forêt claire-savane boisée
58 Figure 20 : Courbe des fréquences cumulées des taches
en fonction des périmètres pour la classe
forêt secondaire 58 Figure 21: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des
périmètres pour la classe
forêt mosaïque forêt-savane 59
Figure 22. Courbe des fréquences cumulées
des taches en fonction des périmètres pour la classe forêt
dense 59 Figure 23 . Courbe de fréquences cumulées des
taches en fonction de l'indice de forme pour la classe forêt claire du
type Miombo 60 Figure 24 . Courbe de fréquences cumulées
des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe forêt claire
savane-boisée 60 Figure 25 . Courbe de fréquences
cumulées des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe
forêt secondaire 61 Figure 26 . Courbe de fréquences
cumulées des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe
mosaïque forêt-savane 61 Figure 27 . Courbe de
fréquences cumulées des taches en fonction de l'indice de forme
pour la classe forêt dense 62 Figure 28. Droite de
régression des logarithmes des périmètres en fonction des
logarithmes des aires des taches pour la classe forêt claire du type
Miombo 69 Figure 29. Droite de régression des logarithmes des
périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches pour
la classe forêt claire savane-boisée 69 Figure 30.
Droite de régression des logarithmes des périmètres en
fonction des logarithmes des aires des taches pour la classe forêt claire
secondaire 70 Figure 31. Droite de régression des logarithmes
des périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches
pour la classe mosaïque forêt-savane 70 Figure 32. Droite
de régression des logarithmes des périmètres en fonction
des logarithmes des
aires des taches pour la classe forêt dense 71
Figure 33 . comprendre le phénomène de la
déforestation 75
Figure 34 . Proposition d'un plan simple de gestion du
paysage 76
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Forêt dense sèche à
cryptosepalum exfoliatum.......................................... 30
Photo 2 : Forêt dense édaphique( Forêt
galérie)...................................................... 31
Forêt dense édaphique (Forêt
marécageuse)............................................................31
Photo 4 : Prairies aquatiques fixées oligotrophes à feuilles
flottantes...........................32 Photo 5 : Prairie aquatique
fixées mésotrophes à feuilles
flottantes..............................33 Photo 6 : Forêts
claires
Miombo...........................................................................
34 Photo 7 : Hautes termitières du Miombo
katangais................................................... 35 Photo
8: Savane arborée alluviale au
Katanga.........................................................36
Photo 9 : Savane du type « Dembo » (à gauche). Savanes
steppiques des Hauts Plateaux (au centreet à
droite).............................................................................................
37
TABLE DES MATIERES
|
|
|
CONTEXTE DU TRAVAIL ET PROBLEMATIQUE GENERALE
|
1
|
|
OBJECTIFS DU TRAVAIL
|
5
|
|
I INTRODUCTION GÉNÉRALE
|
6
|
|
I.1 PRINCIPES DE L'ECOLOGIE DU PAYSAGE
|
|
6
|
I.1.1 Historique de l'écologie du paysage
|
|
6
|
I.1.2 Paysage
|
|
8
|
I.1.3 Structure spatiale et processus écologiques
|
|
13
|
I.1.4 Indices de configuration et de composition
|
|
15
|
I.2 DEFORESTATION EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
|
|
17
|
I.2.1 Problématique générale
|
|
17
|
I.2.2 Déforestation au Katanga
|
|
20
|
I.3. PRESENTATION DU KATANGA
|
|
25
|
I.3.1 Localisation
|
|
25
|
I.3.2 Aspects climatologiques
|
|
26
|
I.3.3 Aspects géologies et géomorphologies
|
|
26
|
I.3.4 Aspects pédologiques
|
|
27
|
I.3.5 Végétation
|
|
28
|
I.3.6 Perturbations et actions anthropiques
|
|
37
|
II MATÉRIELS ET MÉTHODES
|
39
|
|
II.1 DONNEES CARTOGRAPHIQUES
|
|
39
|
II.2 TRAITEMENT DES DONNEES
|
|
40
|
II.3 ANALYSE DE LA STRUCTURE SPATIALE
|
|
42
|
III.3.1 Indices de configuration spatiale
|
|
42
|
II.3.2 Indices de composition
|
|
49
|
III RÉSULTATS ET DISCUSSION
|
52
|
|
III.1 RESULTATS
|
|
52
|
III.1.1 Traitement des données cartographiques
|
|
52
|
III.1.2 Analyse de la structure spatiale
|
|
52
|
III.2 DISCUSSIONS
|
|
72
|
III.2.1 Méthodologie du travail
|
|
72
|
III.2.2 Interprétation des résultats
|
|
76
|
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
|
79
|
|
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
|
81
|
|
ANNEXE : LISTE DES PUBLICATIONS
|
84
|
|
Contexte du travail et problématique
générale
La surexploitation des ressources naturelles par
l'humanité, suite à la forte croissance démographique
(Figure 1 et 2), a fait un bond ces quarante dernières années
entraînant d'énormes modifications des écosystèmes,
lesquelles ont aussi de répercussions sur le climat, la
biodiversité et l'occupation des sols. Ce rythme de consommation des
ressources naturelles excède leurs rythmes de renouvellement. Ainsi,
cette question préoccupe actuellement tant des scientifiques que des
hommes politiques, afin de parvenir à une gestion des ressources
naturelles qui soit porteuse d'avantages socio-économiques aussi bien
qu'écologiques (éco développement). En effet,
l'exploitation forestière, l'intensification de terres agricoles,
l'exploitation de bois, l'exploitation minière, le développement
des infrastructures et l'urbanisation croissante constituent les causes
principales de la fragmentation de la végétation naturelle dans
les régions tropicales. Mais ces transformations ont de
répercussions sur l'ensemble du système écologique
mondial, d'où l'intérêt de toute la communauté
internationale d'agir.
La Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et
le Développement (CNUED), qui s'est tenue à Rio de Janeiro, en
1992, a propulsé à l'avant-scène mondiale les questions
liées à la foresterie, en particulier la déforestation. Le
projet de Convention sur les forêts ne s'est pas concrétisé
mais la Conférence a donné lieu à une série
d'initiatives internationales visant la promotion d'une gestion durable des
forêts, le groupe intergouvernemental sur les forêts, le forum
intergouvernemental sur les forêts, la commission mondiale des
forêts et du développement durable et des initiatives portant sur
les critères et les indicateurs qui pourraient être
utilisés, ainsi que l'homologation du bois. La préservation de
l'environnement, et donc de la forêt, est un des huit objectifs du
Millénaire, lancé en 2000 par les Nations unies. Une course de
vitesse est engagée à l'échelle planétaire pour
préserver un bien commun universel: les millions de kilomètres
carrés de forêts qui contribuent à l'équilibre de la
nature et du climat. Au rythme actuel, et selon le rapport annuel de la FAO
(2005), plus de 140 x 3
10km2 de forêts sont détruits chaque
année, soit 28 hectares de coupes par minute. C'est dans cette
perspective de la nécessité d'une approche coordonnée dans
la préservation des forêts et la conservation de la
biodiversité que nous avons initié ces recherches.
Dans la zone intertropicale, précisent Bergonzini et
Lanly, (2000), les forêts occupent 36 % de surfaces
émergées, soit un peu plus de1 734 millions d'hectares. 30 %
à 40 % de la surface de terre
dans le monde (Figure 1). Elles abritent plus de 50 % de la
diversité spécifique terrestres, elles constituent des
réservoirs stables pour 46 % du carbone terrestre et absorbent le
dioxyde de carbone qui nourrit l'effet de serre et jouent un rôle
prépondérant dans le cycle de l'eau. La destruction des
forêts est responsable de la perte de 2 % à 5 % de la
biodiversité par décennie. On estime qu'environ 137
espèces disparaissent chaque jour dans le monde du fait de la
déforestation tropicale. Et pourtant 90 % de la population pauvre, soit
1,5 milliard de personnes, dépendent totalement ou partiellement des
forêts pour vivre.
2500
2000
1500
1000
500
0
3500
3000
1750 1800 1850 1900 1950 2000 2050
Année
Figure 1: Evolution des superficies des forêts
tropicales. Entre 1850 et 2000, plus de15 % des forêts du monde ont
été défrichées. Le territoire couvert par les
forêts à travers le monde est maintenant réduit à
3500 millions d'hectares principalement pendant la dernière
moitié du XXe siècle. Il y a 8000 ans, les
forêts recouvraient environ 40 % des terres, soit à peu
près 6000 millions d'hectares. Les forêts tropicales viennent de
perdre plus de 35 % de superficies (FAO, 1997).
9
0
1700 1800 1900 2000 2100
8
7
6
5
4
3
2
1
Année
Figure 2: La croissance démographique est
l'un des facteurs favorisant de la déforestation. La population mondiale
croît actuellement au rythme de 1000 millions de nouveaux individus par
décennie. Au cours de la dernière moitié du XXe
siècle, la population de notre planète va plus que doubler et
passer de 2500 millions à 6000 millions (FAO, 1997).
La République Démocratique du Congo, dont les
forêts revêtent plus de 172 millions d'hectares, abritant une faune
d'une grande richesse et une biodiversité unique en son genre,
constituant le deuxième plus grand massif des forêts tropicales
humides du monde après la forêt amazonienne, n'échappe pas
à ce phénomène de déforestation et
déboisement. Quelques efforts pour une gestion durable des forêts
sont réalisés par le gouvernement ainsi que certaines ONG et
institutions internationales uniquement pour le bassin du Congo. Cependant au
Katanga, l'exploitation minière, l'exploitation intempestive des
forêts et des bois et les incendies qui en résultent,
réduisent chaque jour ce qui reste de la forêt tropicale
sèche.
Et cela a provoqué toutes sortes de modifications du
milieu durant les trente dernières années : augmentation des
écarts de températures et la violence des vents ;
réduction de la pluviométrie ; accélération du
ruissellement, de l'érosion et augmentation des risques de crues ;
réduction des infiltrations et baisse de niveau de la nappe
phréatique ; destruction de la réserve d'eau contenue dans cette
biomasse forestière et réduction de l'évapotranspiration,
la formation des croûtes latéritiques et l'appauvrissement des
sols. L'espace rural constitue donc un système complexe dont
l'étude peut s'envisager à différents niveaux d'occupation
des sols, et selon différents points de vue. La maîtrise de la
complexité des systèmes nécessite une approche
renouvelée des dynamiques spatiales. La protection des ressources du
milieu, les conflits d'usage nés de la limitation des ressources, la non
optimisation de la production agricole, les problèmes de
développement de la République Démocratique du Congo
impliquent désormais une meilleure gestion de l'espace rural et urbain.
Ceci exige alors une quantification des dynamiques spatiales par l'analyse du
paysage, permettant de contribuer par la connaissance du milieu à une
meilleure gestion de l'espace, c'est-à- dire à une maîtrise
de transformations abusives des espaces ruraux, des modes d'utilisation des
territoires et leur mise en valeur. L'accroissement de la déforestation
qui résulte du développement de ces activités humaines
doit inciter la plupart des autorités congolaises à se pencher
sérieusement sur le problème et à élaborer une
législation suivie et une réglementation favorisant une gestion
durable des forêts et la conservation de la biodiversité. Et dans
le cadre de nos recherches sur la fragmentation, une contribution significative
à été faite à une publication à ce sujet
dont l'intitulé, les auteurs et le résumé se trouvent en
annexe.
Quelques travaux, avec toutefois les points de vue
différents, dans le domaine de gestion et conservation des ressources
naturelles ont déjà été réalisés au
Katanga. Nous pouvons citer notamment l'étude de Duvigneaud (1952) sur
la flore au Katanga et des sols métallifères, de Lebrun et
Gilbert (1954) sur la classification écologique des forêts du
Congo, de Delvaux (1958) sur les effets mesurés des feux de brousse sur
la forêt claire et les coupes à blanc dans la région
d'Elisabethville (actuellement Lubumbashi), de Symoens et Gathy (1959) sur
l'action humaine sur la végétation de la forêt katangaise,
de Malaisse et Leblanc (1978) sur l'écosystème urbain tropical de
Lubumbashi, de Bizangi (1983) sur la production du bois de feu et du charbon de
bois dans la région de Lubumbashi, de Malaisse et Kapinga (1987)
concernant l'influence de la déforestation sur le bilan hydrique de sols
à Lubumbashi, de Mbenza (1994) sur la déforestation dans le
degré carré de Lubumbashi, de Dikumbwa et Kisimba (2000)
concernant les incidences du déboisement sur l'approvisionnement de la
ville de Lubumbashi en produit de cueillette, de Frauman (2004) sur
l'agriculture et l'état de la déforestation périurbaine
à Lubumbashi.
Cependant, l'aspect eco-paysagère s'intéressant
particulièrement à l'échelle intégratrice du
paysage forestier et son évolution, c'est à dire au changement de
la structure spatiale qui influence le processus écologique, reste
encore jusqu'à présent, un vaste domaine de recherches
écologiques. Et c'est ainsi que nous avons initié un projet de
recherche sur l'évaluation de l'état de la fragmentation des
forêts au Katanga afin de calculer, à l'aide d'outils d'analyse
spatiale, un certain nombre d'indices spatiaux. Ces indices correspondent
à des indicateurs de l'état du changement de la structure spatial
du paysage.
On peut alors se demander quel est le changement de la
structure spatiale qui influence les processus écologiques dans cette
province ? Quel est le taux de fragmentation observé ? La
problématique tourne autour de cette question principale à la
quelle nous tenterons de répondre par analyse et traitement
numérique de la carte de l'occupation du sol du Congo. Les
méthodes à utiliser ont trait à la cartographie, à
la gestion de bases de données, au recueil de données de
terrain.
Objectifs du travail
L'objectif principal de cette étude est de pouvoir
quantifier l'état de la fragmentation au Katanga, en utilisant les
indices de structure spatiale et de composition issus du domaine de
l'écologie du paysage. Il se dégage ainsi deux objectifs
spécifiques à savoir :
- calculer les indices en rapport avec les aires, les
périmètres et les formes de taches
composant les différents types d'occupation du sol, et les
indices de composition ;
- interpréter la structure du paysage (taches, classes et
paysages), sa composition et son
hétérogénéité spatiale
à partir des informations quantitatives observées.
A travers cette étude nous croyons offrir aux
autorités congolaises, aux bureaux d'étude et aux forestiers, aux
agriculteurs et éleveurs, aux responsables des entreprises
minières et aux chercheurs un guide important de conception et un
document de travail permettant de mieux appréhender les risques de
déforestation, en l'inscrivant dans un plan global de projets
d'aménagement et de gestion d'espaces naturels.
Outre le contexte du travail et la conclusion
générale, ce travail a trois grandes parties :
- la première concerne les notions se
référant à l'écologie du paysage et à la
présentation du milieu d'étude ;
- la deuxième présente les données et la
méthodologie utilisée ;
- la troisième concerne les résultats et la
discussion.
I Introduction générale
Notre étude est contextualisée dans un domaine
de recherche beaucoup plus récent à savoir l'écologie du
paysage. Il est donc évident que nous précisions cette nouvelle
notion ainsi que les différents concepts généraux
indispensables dans le cadre de cette étude.
I.1 PRINCIPES DE L'ECOLOGIE DU PAYSAGE I.1.1 Historique
de l'écologie du paysage
L'écologie du paysage est une science récente et
en évolution. L'expression « écologie du paysage »
daterait de 1939. Elle faisait alors écho à une théorie
unifiante émergeante (Landscape Ecology pour les anglais,
Landschaftsökologie ou Geoökologie pour les allemands,
landschapecologie pour les néerlandais), proche de la
biogéographie, mais s'intéressant plus spécifiquement aux
échelles dites « paysagères » ou «
écopaysagères » précisent Burel et Baudry (2003).
Elle a commencé à être conceptualisée dans les
textes dans les années 1940-1950 et continue à se
développer. Wiens (1997) en distingue trois courants historiques
nés en Europe et en Amérique du Nord :
- une écologie synthétique et holistique, où
l'homme tient une place importante ;
- une écologie classique, où le niveau
d'organisation ou l'échelle d'étude deviennent plus large
(échelle du paysage) ;
- une écologie spatiale étudiant la structure et la
dynamique des paysages.
Il s'agit d'une écologie plutôt spatiale,
étudiant comment la structure et la dynamique des paysages
hétérogènes influent sur les phénomènes
écologiques, et réciproquement (Turner, 1989). L'écologie
du paysage cherche à identifier les facteurs humains, et
écologiques en retour, qui influencent l'organisation de l'espace, son
hétérogénéité à diverses
échelles, en combinant l'approche spatiale de la géographie et
l'approche fonctionnelle de l'écologie (Heinrich et Hergt, 2002).
L'écologie du paysage en tant que science décrit et cherche
à expliquer (Heinrich et Hergt, 2003) :
- la structure des paysages (leur composition et configuration)
;
- le fonctionnement des paysages (mécanisme et processus,
interactions entre les
écosystèmes du paysage, interactions entre les
paysages et leur environnement, le flux
d'énergie et de matière traversant les paysages,
les cycles biogéochimiques) ; - les qualités écologiques,
économiques et sociales du paysage ;
- les diverses fonctions que les paysages exercent au profit de
la société et;
- la dynamique des paysages (leur évolution dans le temps
et dans l'espace).
Et les méthodes scientifiques de cette nouvelle science
sont, la cartographie, la télédétection, les
systèmes d'informations géographiques, les techniques
d'échantillonnages, les méthodes statistiques et la
modélisation.
Si l'écologie s'intéresse à la dynamique
de la biodiversité, à toutes les échelles spatiales et
temporelles (Ramade, 2003), et comme le montre la Figure 3 dans Bamba (2006),
l'écologie du paysage s'intéresse particulièrement
à l'échelle intégratrice du paysage, des continents et de
la planète, et à l'évolution des paysages sous l'effet des
interactions complexes entre processus écologiques et l'organisation des
structures spatiales (Burel et Baudry, 2003). Pour décrire ces
structures, l'écologie du paysage a dû développer de
nouveaux concepts présentés ci-dessous. Il est possible que
l'imagerie aérienne qui a commencé à se diffuser, puis
l'imagerie satellitaire aient encouragé ces approches nouvelles, en
permettant une meilleure appréhension des structures
écopaysagères et en offrant un nouveau recul par rapport aux
paysages et à leur évolution.
Figure 3: Représentation du modèle
conceptuel de la hiérarchie globale écologique. Sur la droite, on
retrouve les principales disciplines de l'écologie. On peut remarquer
que l'écologie du paysage inclue l'humain comme une partie
intégrante de son environnement. Ce concept est présenté
en (A) comme une coupe horizontale et en (B) comme un emboîtement des
différentes disciplines (D'après Naveh et Lieberman,
1994).
I.1.2 Paysage I.1.2.1
Définitions
La notion de paysage s'est considérablement
développée ces dernières années et fait
désormais l'objet d'une discipline scientifique à part
entière, l'écologie du paysage. Elle est devenue centrale pour la
gestion de l'espace considéré comme un patrimoine commun à
préserver (Iorgulescu et Schlaepfer, 2002). Néanmoins cette
notion de paysage a souvent oscillé entre deux pôles selon qu'elle
soit définie par les sciences naturelles, les sciences humaines ou
encore les techniques artistiques :
- le paysage considéré comme la
réalité physique d'un espace ; c'est cette conception qui
prédomine en écologie du paysage, écologie dans l'espace,
étudiant les unités biogéographiques, leur agencement dans
l'espace, les communications, les barrières, les fragmentations;
- d'autres ont défini un paysage ce que l'on voit
lorsqu'on regarde son environnement à perte de vue, à l'exception
des points d'intérêts proches de l'observateur ; on s'est
référé également au paysage pour désigner sa
représentation dans une oeuvre.
Eu égard ce qui précède, plusieurs
définitions du « paysage » ont été
présentées par différents scientifiques. Il est
défini comme :
- « l'ensemble des éléments essentiellement
stables et permanents où se produisent les mécanismes cycliques
et finalisés de l'écosystème ; le paysage est la structure
de l'écosystème par opposition au fonctionnement de
l'écosystème » (UNESCO, 1971 dans Neuray, 1982) ;
- « une étendue de pays qui présente une
vue d'ensemble à son observateur » (Petit Larousse, 1974) ;
- « un ensemble unique et indissociable en
perpétuelle évolution dont le résultat, instable, de la
combinaison dynamique d'éléments physiques, biologiques et
anthropiques réagissent dialectiquement les uns sur les autres
(Bertrand, 1968) ;
- « un écocomplexe ou un assemblage
localisé d'écosystèmes interdépendants qui ont
été modelés par une histoire écologique et humaine
commune » (Fischesser et Dupuis, 1996) ;
- « un niveau d'organisation des systèmes
écologiques, supérieur à l'écosystème ; il
se caractérise essentiellement par son
hétérogénéité et par sa dynamique
gouvernée pour partie par les activités humaines ; il existe
indépendamment de la perception » (Burel et Baudry, 2003) ;
- « partie d'un pays que la nature présente à
un observateur » (Robert, 1992) ;
- « a portion of Land or expanse of natural scenery as seen
by the eye in a single view (Landscape, Oxford dictionary dans Mahy, 2006);
- « portion de territoire hétérogène
composée d'ensemble d'écosystèmes en interaction qui se
répètent de façon similaire dans l'espace » (Forman
et Godron, 1986).
Toutes ces définitions ne se contredisent pas par contre
elles sont complémentaires. Le paysage est donc un concept qui relie
l'homme à son milieu, utilisé dans de nombreuses disciplines. Il
est alors
le niveau d'organisation où les interactions entre
organismes vivants, espace et sociétés (Figure 4) prennent toute
leur signification. En tant que conséquence des interactions
passées, sa structure nous renseigne sur l'histoire des relations entre
les sociétés et leur environnement (paysage culturel). Comme
élément contraignant les interactions actuelles, elle est
déterminante pour les processus écologiques (écologie du
paysage). L'hétérogénéité spatio-temporelle
du paysage résulte des interactions entre facteurs naturels mais
également entre ces facteurs et les modes d'utilisation de l'espace par
les sociétés (Figure 5). La modélisation est un moyen pour
intégrer ces facteurs et tester des hypothèses sur la dynamique
des paysages et des habitats (Iorgulescu et Schlaepfer, 2002).
Quels que soient son degré de naturalité et
l'intensité et l'ancienneté des actions humaines, le paysage
conditionne de très nombreux processus naturels. Il contraint à
la fois la façon dont l'homme peut utiliser son environnement et les
conséquences de cette utilisation. Le paysage en tant que mosaïque
d'habitats est ainsi un niveau d'organisation pertinent pour traiter les enjeux
de biodiversité et de conservation des espèces. Son approche est
donc globale. Ainsi les définitions du paysage peuvent toutefois
être groupées en trois ensembles :
- une approche selon laquelle le paysage est
déterminé par les facteurs environnementaux majeurs (climat,
géologie, topographie) ainsi que par ceux résultant de leur
interaction (hydrologie et végétation) ; et à ces facteurs
naturels vient se rajouter l'impact, de plus en plus important, des
activités humaines ;
- une approche centrée sur la perception de
l'environnement par un organisme vivant quelconque, notamment la perception de
l'hétérogénéité de l'environnement du point
de vue de ses fonctions vitales ;
- une approche centrée sur la perception par l'homme ;
c'est-à-dire, dans ce point de vue anthropocentrique, le paysage est
formé par les entités fonctionnelles qui ont un sens pour la vie
de l'homme.
Nous tacherons donc dans le cadre de nos recherches de
considérer, comme l'affirme Burel et Baudry (2003), le paysage comme la
résultante de la dynamique du milieu et de la société qui
s'y est développée, dont la structure, l'organisation, la
dynamique sont en interaction constante avec les processus écologiques
qui s'y déroulent (Figure 4 et 5). Il est alors, d'une manière
générale, convenable de considérer le paysage à une
aire relativement large, de quelques hectares à quelques centaines de
km2 (Forman et Godron, 1986). Cependant on doit tenir compte en
écologie du paysage, de l'échelle de perception humaine, qui
exclut donc les échelles de l'ordre de la région et
du continent d'une part, et des échelles très
locales de l'ordre de m2 par exemple d'autre part (Burel et Baudry,
2003) (Figure 4). L'écologie du paysage considère donc l'effet de
l'échelle spatiale sur le fonctionnement des écosystèmes,
et met l'accent sur les vastes échelles d'espaces et les effets
écologiques du mode d'organisation spatiale des
écosystèmes (Ricklefs et Miller, 2005).
Figure 4 : Le paysage, niveau d'organisation des
systèmes écologiques situés au-dessus de
l'écosystème, mais en dessous de la région et du continent
(D'après Forman, 1995 dans Burel et Baudry, 2003)
Figures 5 : Démarche scientifique en
écologie du paysage: le paysage est la résultante de la dynamique
du milieu et de la société qui s'y est développée.
La structure, l'organisation, la dynamique du paysage sont en interaction
constante avec les processus écologiques qui s'y déroulent
(D'après Burel et Baudry, 2003).
I.1.2.2 Eléments du paysage
Une structure paysagère est caractérisée
par trois éléments essentiels (Figure 6) basés sur la
configuration spatiale des unités paysagères (Forman, 1997): les
taches, les corridors écologiques, la matrice.
Figure 6 : Eléments de base d'une structure
paysagère formant les paysages à savoir les taches, les corridors
et la matrice (D'après Burel et Baudry, 2003).
Les taches sont des mosaïques d'unités
fonctionnelles, des surfaces qui diffèrent, par leur apparence et leur
composition, de ce qui les entoure (la matrice). Ces unités, soulignent
Bogaert et Mahamane (2005), représentent des conditions
environnementales homogènes et leurs frontières se distinguent
par les discontinuités dans les variables d'état d'une magnitude
(amplitude) qui est significatif pour les processus écologique ou
l'organisme considéré. Elles peuvent donc largement
varier en taille, forme, type,
hétérogénéité et /ou en
caractéristiques des frontières. L'ensemble des unités
fonctionnelles ayant des caractéristiques similaires pour le processus
considéré forme un type ou une classe (Iorgulescu et Schlaepfer,
2002).
Les corridors écologiques sont des unités ayant
une forme linéaire caractéristique et remplissant des fonctions
écologiques de conduit (passage), filtre ou barrière. Ils sont
souvent présents dans un paysage en forme d'un réseau.
La matrice désigne généralement
l'élément dominant d'un paysage homogène, observé
à la fois en tant que support et que produit de la biodiversité.
Elle constitue donc l'élément englobant le plus extensif et le
plus connecté.
Parmi les types, la « matrice » est le type le plus
répandu et le moins fragmenté soulignent Iorgulescu et Schlaepfer
(2002) ainsi que Bogaert et Mahamane (2005). Ce type peut également
être considéré comme l'arrière plan du paysage, dans
lequel se situent les autres éléments. Ces différents
éléments d'une matrice écopaysagère
s'interconnectent de manière complexe. Notons que la subdivision du
paysages en ce trois éléments à savoir taches, corridors
et matrices est connu comme modèle « patch - corridor - matrix
» (Forman et Godron, 1981 ; Forman et Godron, 1986 ; Forman, 1997 dans
Bogaert et Mahamane, 2005). Et ce modèle sert souvent de base de
référence pour les mesures de configuration spatiale.
I.1.3 Structure spatiale et processus
écologiques
L'importance de la structure spatiale des
écosystèmes paysagers pour éclairer les processus
écologiques est reconnue par la communauté écologique
(Fortin, 2002 dans Bogaert et Mahamane, 2005). Chaque système
écologique (Figure 7) est caractérisé par une
interdépendance de trois éléments clés: sa
configuration, sa composition et son fonctionnement. Un changement d'un des
éléments aura des répercussions sur les deux autres. Et si
la structure spatiale d'une composante paysagère change, par exemple
suite à la fragmentation d'une zone forestière, les processus de
migration des populations qui utilisent cette forêt changeront
également. En plus, si l'écosystème
considéré est fragmenté, la composition du paysage
connaîtra une dynamique, car les zones initialement couvertes par la
forêt seront remplacées par une autre classe d'occupation du sol.
Ce principe justifie l'importance donnée en écologie du paysage
à l'étude des structures spatiales des paysages (Bogaert et
Mahamane, 2005).
Composition
Figure 7 : Eléments clés d'un système
écologique applicable à chaque échelle spatio-temporelle :
la structure du paysage, la composition et les fonctions présentes dans
le paysage (D'après Noon et Dale (2002) dans Bogaert et Mahamane,
2005).
En plus, les structures caractéristiques des paysages
sont vraisemblablement le résultat de l'action des processus
écologiques, c'est-à-dire, certains processus produisent des
configurations particulières (par exemple, les habitants spatialement
dispersés proviennent de la fragmentation). En analysant le structures
du paysage et leur dynamique, des déductions utiles au sujet des
processus (écologiques) fondamentaux peuvent être faites, et vice
versa (Coulson et al., 1999 ; Bogaert et al., 2004 ; dans Bogaert et Mahamane,
2005). Cette proposition est connue sous le terme« pattern/process
paradigm » et est une hypothèse centrale de l'écologie du
paysage, qui aussi souvent est définie pour cette raison comme «
une branche de la science développée pour étudier les
processus écologiques dans leur contexte spatial » (Antrop, 2001 ;
Stine et Hunsaker, 2001 dans Bogaert et Mahamane, 2005). Ainsi à la
structure spatiale du paysage, sont donc généralement liés
les concepts fragmentation, connectivité et
hétérogénéité.
La fragmentation, comme le montre la Figure 8, c'est un
processus responsable de la dynamique spatiale du paysage. Elle produit
beaucoup de changements quantifiables du paysage : une surface réduite
d'habitat, un accroissement des bords, une surface intérieure
réduite, un isolement des taches et une augmentation du nombre de taches
(Davidson, 1998 dans Bogaert et Mahamane, 2005) phénomène
caractérisée par une diminution de la surface totale d'un habitat
et son éclatement en fragments, ou plus simplement par une rupture de
continuité (Burel et Baudry, 2003).
La connectivité, c'est le fait que
deux taches de même type soient adjacentes, jointes, dans l'espace ;
c'est donc un processus essentiel de la dynamique des paysages après
perturbation ou abandon des terres agricoles (Burel et Baudry, 2003).
L'hétérogénéité, le paysage
est souvent défini comme une mosaïque spatialement (et
temporellement) hétérogène (Risser et al., 1983 dans Burel
et Baudry, 2003; Forman, 1995), d'où l'intérêt de
définir le concept de l'hétérogénéité
; l'hétérogénéité a deux composantes qui
sont la diversité des éléments (la composition qui est
fonction de la richesse et de l'équitabilité) du paysage et la
complexité de leurs relations spatiales (configuration).
L'hétérogénéité du paysage peut être
considérée comme « l'interprétation » de la
structure spatiale (Figure 9). Elle dépend donc de la nature des
éléments paysagers et de l'échelle à laquelle le
système étudié est représenté (Burel et
Baudry, 2000 dans Bogaert et Mahamane, 2005).
Figure 8: Illustration de la fragmentation: de (a)
à(c), on observe une augmentation du degré de fragmentation par
l'augmentation du nombre de taches, par la diminution de la taille des taches,
par la rupture de continuité et l'augmentation de l'isolation.
(D'après Burel et Baudry, 2003 ; Bogaert et Mahamane, 2005).
Figure 9: Illustration des composantes de
l'hétérogénéité spatiale: de (a) à
(b), l'hétérogénéité diminue parce que la
configuration du paysage est moins complexe en (b) qu'en (a) ; de (b) à
(c), l'hétérogénéité augmente par un
changement de la composition du paysage (nombre d'éléments et
leur proportion) (D'après Burel et Baury, 1999).
I.1.4 Indices de configuration et de composition
Afin d'étudier les rapports entre la configuration du
paysage et les processus écologiques, il est utile de décrire
les structures en termes quantifiables. Ceci explique le développement
d'une série d'indices « landscape metrics » (Hargis et
al. 1997 dans Bogaert et Mahamane, 2005). Ces
mesures sont souvent un indicateur de l'impact humain sur la
composition et la configuration du paysage.
La structure du paysage peut être mesurée soit en
utilisant les statistiques et s'exprimer en termes d'unités de paysage
(taille, forme, abondance, dispersion des taches) soit être traduite par
le rapport spatial entre les taches d'un paysage et la matrice de ce même
paysage (Ripple et al. 1991 dans Bogaert et Mahamane, 2005). D'autres
subdivisions séparent les mesures de configuration (mesurant la
géométrie des taches et leur répartition spatiale) des
mesures de la composition de paysage (proportion, richesse,
équitabilité, dominance) (McGarigal et Marks, 1995 ; Gustafson,
1998 dans Bogaert et Mahamane, 2005).
Néanmoins il est probable de se retrouver dans une
redondance des mesures de configurations en utilisant plusieurs indices. Car
beaucoup de mesures employées pour quantifier
l'hétérogénéité spatiale sont
corrélées (O'Neill et al, 1998 dans Bogaert et Mahamane, 2005).
Une solution proposée pour éviter le calcul (et
l'interprétation) de beaucoup d'indices est de décrire les
composantes fondamentales du modèle spatial qui sont
indépendantes et de développer une série de mesures (une
mesure par composante) pour les caractériser (Li et Reynolds, 1994;
Riiters et al, 1996 dans Bogaert et Mahamane, 2005).
L'hétérogénéité spatiale peut-être
défini par une approche caractérisée par quatre
éléments fondamentaux de la configuration, beaucoup plus simple
et plus pratique, proposée en Figure 10 :
- la taille des taches et leur distribution de fréquence
par type ;
- le périmètre des taches et leur distribution de
fréquence par type ; - le nombre de taches par type ; et
- la répartition spatiale des taches.
a b
c d
Figure 10 : Quatre éléments fondamentaux de
la configuration spatiale: la taille des taches et leur distribution de
fréquence (a), la forme des taches qui s'exprime par une distribution de
fréquence de leurs périmètres (b), le nombre de taches par
type (c) et la répartition spatiale des taches (d) (D'après
Bogaert et Mahamane, 2005).
I.2 LA DEFORESTATION EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
I.2.1 Problématique générale
La République Démocratique du Congo comprend la
majorité des forêts tropicales de l'Afrique centrale. Ce qui
correspond à un peu plus d'un million de km2 qui abritent de
nombreuses espèces végétales et animales avec un taux
d'endémisme très élevé (Defourny et al., 2006).
D'une importance capitale pour la protection du climat, les
forêts du Bassin du Congo revêtent plus de 172 millions d'hectares
et constituent le deuxième plus grand massif de forêts tropicales
humides du monde après la forêt amazonienne. Et la
République Démocratique du Congo à elle seule couvre 60 %
des forêts régionales (Tableau 1) Elles abritent une faune d'une
grande richesse et une biodiversité unique en son genre mais, si elles
sont essentielles à la survie d'espèces animales telles que le
gorille ou le bonobo, elles le sont plus encore pour la population de la
République démocratique du Congo: on estime que 40 millions de
Congolais dépendent exclusivement de ses ressources (Devers, 2007).
Cependant ces forêts sont soumises à une
surexploitation. La réduction dans le bassin du Congo
est de 1,3 % comparativement à 2000 et de 4,8 % par rapport à
1990. Il est donc à remarquer que la déforestation augmente
considérablement ces dernières années suite principalement
à une forte pression démographique (Bogaert et al, sous
presse).
Tableau 1: Superficies des forêts par pays en % total
régional (D'après Devers, 2007).
Pays Superficie des forêts × 3
10ha (%)
Cameroun 19.639 10,88
Guinée équatoriale 1.900 1,05
Gabon 22.070 12,22
République Centrafrique 6.250 3,46
République du Congo 22.263 12,33
République démocratique du Congo 108.339 60,03
La végétation congolaise en
général est en corrélation directe avec les facteurs
pédoclimatiques et le relief. Toute la zone climatique (selon la
classification de Köppen) Af, y compris celle située dans la partie
orientale de haute altitude constitue le domaine de la forêt
équatoriale ombrophile. Les provinces à climat Am, exception
faite de celles situées dans la région de Graben à l'Est,
sont également celles de la forêt ombrophile, y compris les
régions du Lac Mai - Ndombe et du Nord - Ouest se trouvant en
réalité dans la bande climatique Aw. Cette situation serait
plutôt liée au fort engorgement qui compenserait la faible
pluviométrie. Les provinces à climat Aw, comme celle du Katanga,
sont le domaine de la forêt claire ou de la savane plus ou moins
arborée en fonction de l'altitude et de la durée de la saison
sèche. Les zones climatiques Cf et Cw de haute altitude correspondent
aux forêts de montagne et aux formations de bambous; dans la
région Sud-Est moins élevée du Katanga, c'est le domaine
de la savane boisée. La classification dite de «Yangambi»,
adoptée par les phytogéographes sous l'égide de la
commission de la coopération technique en Afrique subsaharienne a
identifié sept faciès physionomiques de la
végétation au Congo (Devred, 1960) :
- savane arborée et savane herbeuse ;
- mosaïque de forêt claire et de savane ; -
forêt dense sèche dégradée ;
- forêt semi - décidue ;
- forêt sempervirente ;
- forêt sur sol hydromorphe ;
- végétation de montagne.
Le Tableau 2 donne les estimations préliminaires
récentes des superficies de formations végétales,
réalisées par le Service Permanent d'Inventaire et
d'Aménagement Forestier (SPIAF), à partir de
l'interprétation des images satellites.
Tableau 2: Estimations préliminaires des superficies
des formations végétales pour la République
Démocratique Congo (SPIAF, 2005).
Formation végétale
|
Superficie (km2)
|
% Forêt
|
% Territoire
|
Forêt dense humide
|
572.251,16
|
68,14
|
37,20
|
Forêt de montagne
|
|
|
|
Forêt dense de montagne
|
38.612,39
|
3,01
|
1,65
|
Forêt de bambous
|
1.666,72
|
0,13
|
0,07
|
Forêt dense sèche dégradée
|
|
|
|
Forêt dense tropophile
|
51946,17
|
4,06
|
2,22
|
Forêt claire (Miombo)
|
102.225,61
|
7,99
|
4,36
|
Forêt sur sol hydromorphe
|
88.614,05
|
6,92
|
3,78
|
Galeries forestières
|
2.500,08
|
0,19
|
0,11
|
Forêt de mangrove
|
555,57
|
0,04
|
0,02
|
Forêt secondaire
|
121.670,70
|
9,54
|
5,19
|
Total forêt
|
1.280.042,46
|
100,00
|
54,59
|
Mosaïque forêt-savane
|
165.536,83
|
|
7,07
|
Plantations
|
555,57
|
|
0,02
|
Savanes herbeuses et arbustives
|
768.358,82
|
|
32,77
|
Eau
|
62.502,07
|
|
2,67
|
Non interprétée (nuages)
|
67.502,24
|
|
2,88
|
Total
|
2.344.800,00
|
|
|
La République Démocratique du Congo compte
1.280.042 km2 de formations essentiellement forestières,
couvrant environ 54,6 % de sa superficie. La forêt dense humide vient au
premier rang et représente 68,14 % de cette couverture, suivie des
forêts dense sèche dégradée (12 %), des forêts
secondaires (9,5 %), des forêts sur sol hydromorphe (6,92 %), des
forêts de montagne (3,14 %). Les galeries forestières et la
forêt de mangrove sont moins représentées avec
respectivement 0,19 et 0,04 % de la superficie forestière (SPIAF, 2005).
La répartition de cette couverture à travers les provinces
administratives du pays accuse des inégalités frappantes (Tableau
3).
Tableau 3: Répartition de la couverture
forestière à travers les provinces (SPIAF, 2005).
Province
|
Superficie totale (km2)
|
Superficie forestière (km2)
|
Forêt %
|
Bandundu
|
295.658
|
120.000
|
40.6
|
Bas Congo
|
53.855
|
10.000
|
18.6
|
Équateur
|
403.292
|
402.000
|
99.7
|
Province Orientale
|
503.239
|
370.000
|
73.5
|
Kasaï Occidental
|
156.967
|
40.000
|
25.5
|
Kasaï Oriental
|
168.216
|
100.000
|
59.4
|
Kinshasa
|
9.965
|
-
|
-
|
Kivu
|
256.662
|
180.000
|
70.1
|
Katanga
|
496.865
|
10.000
|
2.0
|
Total
|
2.344.885
|
1.232.000
|
52.5
|
I.2.2 Déforestation au Katanga
En dépit de ses ressources naturelles, le Katanga
connaît une déforestation inquiétante durant ces
dernières années. Certaines zones de la Province, suite à
une forte pression démographique, connaissent de sérieux
problèmes de dégradation des terres résultant
principalement d'une polarisation inappropriée de l'occupation humaine
et des activités qui en résultent et des variations climatiques
.Les régions principalement affectées sont celles situées
au Nord - Est, dans les territoires de Kalemie, Pweto et Mitwaba ; au Nord -
Ouest, dans toute la région longitudinale allant de l'extrême Sud
- Ouest de la Province du Katanga ; au Sud, dans le District du Haut Katanga. A
ces manifestations provinciales de la dégradation des terres s'ajoutent
également celles des hinterlands de tous les grands centres urbains,
notamment Kolwezi, Kamina, Kipushi, Likasi,
Kalemie et Lubumbashi dont les forêts sont
décimées dans un rayon de plus 50 à 100 km (SPIAF, 2005).
Le cas de la déforestation autour de Lubumbashi constitue un cas unique.
Pour Delevoy, (1950), cette ville était constituée en 1900 d'au
moins 92% de forêts et de terres boisées.Et Schmitz (1950)
constate que la déforestation a significativement commencé en
1910 avec l'exploitation minière, la création des villes de
Lubumbashi et de Kipushi, la construction du chemin de fer, la création
des fermes et des centres ruraux autour des villes et l'apparition de
marchés de bois de feu et/ou charbon de bois. L'augmentation continue de
la population urbaine a entraîné une augmentation globale du bois
de feu, d'environ 6,5 % par an. Le développement socio-économique
de la province du Katanga repose donc sur l'exploitation de ses ressources
naturelles diversifiées et aux potentialités d'exploitation
élevée. De ces ressources, les terres et les forêts
occupent la plus grande partie du secteur socioéconomique puisque plus
de 90 % de la population active en milieu rural travaillent dans le secteur
agricole auquel sont associées les activités forestières
et connexes (Tableau 4).
Tableau 4 : Utilisation des terres et des forêts au
Katanga (FAO/IUCN, 2003).
Paramètres Valeurs
Superficie de la province 496.865 km2
Population 8 .928.000 habitants
Population paysanne ou agro-pastorale 70,9 %
Superficie de culture itinérante en forêt dense
sèche 0,55 ha/ familiale
Durée de culture 1 - 2 ans
Durée moyenne de jachère Moins de 2 ans
Densité 9.8 habitants/km2
Superficie forestière 10.000 km2
Taux de déforestation 0,4%/an
Superficie de déforestation nette annuelle en zone de
forêt 87.000 ha
dense et claire due à l'agriculture itinérante
Exploitation et exportation de grumes de bois d'oeuvre 72.000
m3
Bois de service (perches de construction) 800.000
m3
Consommations bois chauffe 18,7 millions de m3 (0,28
stère/personne/an
Avec la croissance démographique et la
précarité des conditions de vie au cours des
dernières décennies, on constate que l'affectation et
l'utilisation des terres et des forêts est faites de manière
aléatoire et en fonction des besoins immédiats,
sans tenir compte des normes de gestion de ces ressources naturelles.
La physiographie générale du territoire du
Katanga est constitué d'un complexe des faciès
géomorphologiques qui supportent chacun un type défini de
formation forestière. La classification de la FAO (1990) reconnaît
pour le Katanga les quatre principales unités de formations
végétales (Tableau 5).
Tableau 5 : Superficie de principales unités de
formations végétales au Katanga (FAO, 1990 ; SPIAF,
1995).
Type de végétation Superficie %
Forêts 0 ,8
Terres boisées 38,8
Savanes 52,3
Papyrus 95,2
Total 2.0
I.2.2.1 Agents de la déforestation
Il est important de faire la distinction entre les agents de
la déforestation et les causes. Les agents sont les acteurs
c'est-à-dire les particuliers, les entreprises, les organismes
gouvernementaux ou les responsables de projets de développement qui
défrichent les forêts, par opposition aux forces qui les motivent.
Les principaux agents au Katanga ont été identifiés en
fonction de leurs liens avec la déforestation et classés dans le
Tableau 6.
Tableau 6 : Principaux agents de la
déforestation.
Agents Liens avec la déforestation
Agriculteurs pratiquant la Destruction de la forêt pour
faire place à des cultures de subsistance
culture sur brûlis et marchandes
Agriculteurs commerciaux Destruction de la forêt pour
planter des cultures marchandes à
l'échelle commerciale
Eleveurs Destruction de la forêt pour créer des
pâturages
La multiplicité des troupeaux de bétail joue un
rôle important dans la déforestation.
Exploitants forestiers Récolte du bois d'oeuvre à
l'échelle commerciale, les pistes
d'exploitation sont des voies d'accès pour d'autres
utilisateurs des terres
Exploitants miniers Forte concentration des activités
industrielles
Déforestation liée à leurs
activités
Relocalisation des certains populations dans des régions
boisées
Les déplacés et réfugés
L'installation de la population dans des régions boisées
Forte concentration de la population couplée à une
agriculture intensive
Destruction de la forêt pour faire place à des
cultures de subsistance et marchandes
Les collecteurs de bois de Intensification de la collecte de bois
de chauffage
chauffages Fabrication de charbon de bois
I.2.2.2 Causes de la déforestation
La déforestation est le produit de l'interaction de
nombreuses forces environnementales, sociales, économiques, culturelles
et politiques agissant dans une région bien déterminée.
Dans ce travail, nous considérons trois aspects des causes de la
déforestation: les facteurs favorisants, les causes directes et les
causes indirectes classées dans le Tableau 7. Les facteurs favorisants
créent un environnement propice à la déforestation. Les
causes directes sont les plus visibles, celles qui peuvent être le plus
facilement mises en évidence et que l'on peut aisément lier aux
agents de la déforestation. Elles sont poussées par les autres
forces socioéconomiques moins visibles, les causes indirectes.
Tableau 7: Causes de la déforestation au Katanga
(SPIAF, 2003).
Facteurs favorisants Causes indirectes Causes directes
La croissance démographique Initiatives de nombreuses
entreprises minières motivées par l'appât du gain et la
recherche excessive du profit Manque d'accès des agriculteurs
aux technologies modernes pour accroître leur
productivité et leur sécurité économique
Politiques relatives à la fiscalité et au
développement
Accès aux terres et régime foncier
Pressions du marché Sous-évaluation des
forêts naturelles
Faiblesse des institutions gouvernementales
Facteurs sociaux
Cultures sur brûlis Agriculture commerciale Elevage
extensif et pâturage Exploration minière
Récolte de bois de chauffage et fabrication de charbon
de bois
Exploitation forestière Fabrication des briques
I.2.2.3 Répercussions de la
déforestation
La déforestation au Katanga a des répercussions
tant sur le plan climatique, social, pédologique, hydrologique que
biologique comme cela est indiqué dans les Tableaux 8 et 9.
Tableau 8: Conséquences de la déforestation
(SPIAF, 2003).
Type Conséquences
Sociales Destruction de style de vie traditionnel et
démantèlement des institutions
sociales pour les communautés locales
Biologiques Fragmentation de l'habitat et diminution de la
diversité biologique
Pédologiques Compaction du sol, augmentation de la
toxicité de son aluminium et en
fait une terre stérile, formation des cuirasses
latéritiques, augmentation de l'érosion du sol et
dégradation des terres.
Hydrométéorologiques Augmentation de la
température, les bassins versants perdent la capacité de
réguler l'écoulement fluvial, et le niveau d'eau et des
rivières fluctue rapidement entraînant souvent les inondations,
diminution des nappes d'eau souterraines.
Tableau 9: Taux d'érosion pluviale en fonction du type
de végétation à Lubumbashi (Soyer et al, 1982 ; Miti et
al, 1984).
Type de végétation
|
Taux d'érosion 3
[1 0kg/an/ha
|
Forêt dense sèche
|
3-5
|
Forêt claire
|
7
|
Savane à Loudetia
|
27-32
|
Sol nu
|
159-220
|
I.3. PRESENTATION DU KATANGA
I.3.1 Localisation
Notre secteur d'étude est la province du Katanga. Vaste de
497× 3
10 km2, elle est située au sud-est
de la République Démocratique du Congo et
limitée par les parallèles 5-13,5° S et les méridiens
22-29,8° E (Figure 11).
Figure 11: République Démocratique du Congo:
localisation de la province du Katanga située au Sud-Est.
I.3.2 Aspects climatologiques
Le climat régional est tropical du type soudanien
(Bultot, 1959). Il est caractérisé par une alternance des saisons
humides et sèches de différentes durées, dominées
respectivement par les vents du Nord-ouest et ceux du Sud-est. Il tombe en
moyenne 1300 mm de pluies de septembre à mai ; mais les
précipitations sont variables d'une année à l'autre. Son
éloignement à l'équateur (6 à1 3° de latitude
sud) est la cause de saisons nettement marquées appelées saisons
sèches et saisons de pluies. La température moyenne annuelle est
de 23,8°C, comprise entre une moyenne maximale de 30,0°C au mois
d'août, début de la saison de pluie, et une moyenne minimale de
17,6°C en juin. L'amplitude thermique est de 12,4°C, la
température maximum absolue est de 35°C tandis que le minimum
absolu est de 11,5°C. L'écart de la moyenne annuelle de la
température est de -0,3°C. Les précipitations sont de
l'ordre de 650 à 1500 mm. L'isohyète de 1550 mm affecte une
direction générale Est-Ouest (Bultot, 1959). Passant dans le nord
du territoire de Kabongo, il remonte vers le Nord-Est et délimite dans
l'Est du territoire de Kabongo et Kamina une vaste aire à
précipitations abondantes. Outre ces variations selon les sites, les
variations mensuelles jouent un rôle prépondérant dans le
rythme phénologique. C'est la sévérité de la saison
sèche qui marque la variabilité au sein du territoire. Elle est
plus longue et caractérisée par des périodes froides plus
intenses au Sud du Katanga. Cette alternance imprime à la
végétation un rythme saisonnier très marqué. La
majeure partie des précipitations est due à des courants
verticaux de convection, cela donne aux précipitations une certaine
régularité journalière, avec une forte intensité au
début de l'après-midi. En plus il y a un rythme saisonnier en
rapport avec la position zénithale du soleil Les vents les plus
fréquents sont du secteur Nord-Ouest en saison de pluie, du secteur
Sud-Est pendant la saison sèche.
I.3.3 Aspects géologies et
géomorphologies
La géologie du Katanga est caractérisée
par deux grands ensembles structuraux (Cahen, 1954). Les formations de
couvertures (terrains phanérozoïques), non
métamorphisé généralement fossilifères et
d'âge compris entre le carbonifère supérieur et
l'holocène. Elles caractérisent beaucoup plus le Katanga
septentrional. Région généralement recouverte par les
sables d'âge néogène est, d'après Lepersonne (1974),
constituée d'un soubassement précambrien sur lequel reposent des
terrains phanérozoïques. Il s'agit de deux types de formation :
- des granitoïdes d'âge Anté-kibarien et de
formation appartenant au super groupe de Bushimay (Protérozoïque
supérieur) ; série des sables ocre reposant sur la surface
d'érosion
mi-Tertiaire, remarquablement plane, et dont l'extension est plus
considérable que celle de la série des grès polymorphes
;
- les formations de soubassement (terrains précambrien)
plus métamorphiques et plissés, terrains subdivisés en
unités tectostratigraphiques comme la couverture du Précambrien
supérieur appelé le Katanguien dont les sédiments se sont
déposés sur les plates-formes épicontinentales et dans les
aires de subsidences du craton congolais (Katanga plissé et
tabulaire).
C'est le Groupe de Kibara qui constitue une des unités
les plus importantes du Katanga ; il affleure largement de part et d'autre du
Lualaba (Fleuve Congo). D'après Cahen, (1954), les grandes zones
anticlinoriales et synclinoriales s'étirent en bande quasi
parallèle ; et le déversement des plis se fait vers le
Nord-Ouest.
Le relief y est assez monotone ; néanmoins il est
possible de distinguer parfois les faciès de plaines, de plateaux, de
vallons ou encore de monts émergeant. Cinq Hauts-Plateaux, Kamina, de
Biano, de Marungu, Kundelungu, de Kibara, formés par la lente
érosion d'un socle en dépression créée par un
ancien lac, sont couverts du sable ocre néogène du type kalahari.
Le sous-sol est riche en cuivre, étain, fer charbon, cobalt,
manganèse, zinc, radium, or, diamant, etc. Ces gisements de minerais
sont dus à des accidents géologiques se concentrant dans une
fosse du sud et centre du Katanga.
Le Katanga possède un réseau hydrographique
très dense. Les plans d'eau, représentés par l'immense
réseau fluvial, les plaines inondées et les lacs couvrent environ
3,5 % de la superficie régionale et ont un potentiel halieutique
considérable. On y rencontre quelques grands lacs
périphériques de l'Est Tanganyika, et Moero. Le système
lacustre du Katanga comprend en outre deux importants lacs intérieurs,
Mwadingusha et Boya. On y inclut également les lacs de dépression
de Kamalondo, Tshangalele et N'zilo. Le système fluvial est
caractérisé par le Lualaba (fleuve Congo dont la source est au
Katanga méridional) dont les affluents principaux sont la Lomami,
Lualaba (Luvua) et Lubilashi.
I.3.4 Aspects pédologiques
Les formations géologiques décrites plus haut ont
donné naissance à des sols sablonneux, sablo argileux et argileux
à réserve minérale très faible et à teneur
en matière organique très réduite.
En effet, ils proviennent de roches granitoïdes à
amphiboles où les micas font systématiquement défaut.
Leurs teneurs en élément fins varie de 7 à 45 % avec une
moyenne de 15 à 20 %, et le pH,
souligne Renier (1957), varie de 4,8 à 5,4 .Il poursuit
également que les couleurs de l'horizon B sont presque toujours
situées dans la planche 5YR à l'état sec ou humide parfois
dans la planche 10YR. Certains sols, comme ceux de Samba, sont fonction du
massif tonalitique, ressemblent au groupe des sols rouges sombres à
rouge grenat de Kaniama. Ces sols sont argileux, quelques fois argilo
sablonneux et riches en bases échangeables (Sys, 1961). L'essentiel des
caractéristiques morphologiques des principaux profils
pédologiques étudiés par Djibu (1999),
révèlent un ensemble de sols où, à quelques
variantes près, on observe une couleur rouge ou brune, avec de rares
taches, une texture fine avec souvent l'absence de masses rocheuses. La
structure est grenue polyédrique émoussée, fortement
développée ; une consistance friable, une bonne porosité
(moyenne et parfois forte), un bon enracinement superficiel, un passage graduel
d'un horizon à l'autre, parfois diffus, et souvent difficile à
fixer sur le terrain.
En somme, le Katanga présente des affleurements rocheux
appartenant au soubassement cristallin précambrien (gneiss, granite et
schiste) et aux sédiments, surtout sableux, du
pliopléistocène. Les sols rencontrés dans cette
région sont ferralitiques, profonds, à horizons
généralement peu différenciés et présentent
des transitions diffuses ou graduelles. Les sols ferralitiques rouges et jaunes
sont les plus fréquents. Ils peuvent être associés à
des lithosols sur cuirasses ferrugineuses ou se développer sur des
sédiments meubles sableux. Après déforestation et mise en
culture, les sols rouges sablo argileux et sablonneux sont souvent
affectés par une évolution rapide marquée par des
modifications de la couleur qui se nuance de brun et de jaune et tend à
s'éclaircir, de la compacité (s'accroît) et de
l'individualisation des formes nodulaires de plus en plus distinctes et
contrastées. Toutes ces perturbations physiques
d'après, accroissent la vulnérabilité des agrégats
envers l'action de l'eau, conduisant à la dégradation de la
stabilité structurale des sols.
I.3.5 Végétation
Le Katanga est une région de savanes arbustives aux
clairières parsemées de termitières appartenant
généralement du point de vue phytogéographique (White,
1986), au centre régional d'endémisme zambézien.
Dans la province du Katanga , comme le souligne Lebrun et
Gilbert (1954), la végétation ligneuse naturelle appartient
généralement aux forêts semi-caducifoliées, à
distribution zambézienne qui constituent les noyaux de forêt
dense, au milieu des forêts claires et savanes boisées du Sud de
la province, appelées « Muhulu » et comportent une proportion
très élevée d'espèces arborescentes décidues
lui conférant, avec leur hauteur relativement basse (15 à 25 m),
un aspect de forêt dense
sèche ; quelques espèces caractéristiques
sont Baphia bangwelolensis, Brachystegia spiciformis var.schmitzii,
Entandrophragma delevoyi et Manilkara sp. Les forêts claires et
savanes boisées correspondent aux forêts « tropophiles »
selon Lebrun et Gilbert (1954), surtout à leurs formes
altérées ou dégradées provenant des
défrichements par l'homme et de l'action des feux courants. On y
rencontre également les « forêts édaphiques
liées aux sols hydromorphes » ainsi que les savanes steppiques
zambéziennes des hauts plateaux du Katanga à savoir le plateau de
Kamina, de Biano... Ainsi les principales unités de
végétation du Katanga (Duvigneaud, 1952,1958 ; Malaisse et al,
1977) :
- forêts denses sèches ;
- forêts denses édaphiques ;
- forêts claires ;
- végétation des milieux aquatiques ; - savanes.
I.3.5.1 Forêts denses sèches
Ce sont des formations végétales de peuplements
fermés, pluralistes, de stature moins élevée que la
forêt dense humide et dont le tapis graminéen est
généralement discontinu. On en distingue au Katanga deux
phytocénoses principales (Schimitz, 1971 ; Malaisse et al, 1977) :
forêt dense sèche à Cryptosepalum
exfoliatum et Forêt dense sèche à Entandrophragma
delevoyi.
I.3.5.1.a Forêt dense sèche à
Cryptosepalum exfoliatum (Caesalpiniaceae)
Localisée au Katanga occidental, présente un
faciès de « laurisylve », composée d'espèces
ligneuses émergentes d'une hauteur minimale de 10 m et dont la
canopée dominée par Cryptosepalum exfoliatum .Elle est
dense, semi-sempervirente et abrite de nombreuses espèces lianescentes.
Rencontrée sur sables de type Kalahari et sol couramment recouvert de
mousses.
I.3.5.1.b Forêt dense sèche à
Entandrophragma delevoyi (Meliaceae)
Regroupe les forêts climaciques du Katanga et des
régions zambéziennes à climat semblable appelées
« Muhulu » (Photo 1) et « Muteshi ».
Végétation semi - caducifoliée, elle est dense,
sempervirente, et abrite des nombreuses espèces arbustives notamment
Entandrophragma delevoyi (peut atteindre 35 m de haut), Diospyros
hoyleana, arbuste dominant en bordure des peuplements dépassant
rarement 7 m, et largement répandu, Rothmannia whitfieldii et
Ritchiea quarrei (espèces
endémiques à la région de Lubumbashi),
Combretum gossweileri. Rencontrée sur les sols ferralitiques
profonds et argileux du moyen plateau.
Photo 1 : Forêt dense sèche à
cryptosepalum exfoliatum sur sable (néogène) de type Kalahari au
Katanga (Photo Claire et Michel Schaijes).
I.3.5.2 Forêts denses édaphiques
Ces forêts denses sont établies le long des cours
d'eau (Photo 2), bénéficiant de conditions édaphiques
particulières qui favorisent et justifient leur présence dans un
territoire souvent soumis à une longue saison sèche. Malaisse et
Anastassiou (1977) les subdivise en deux unités de
végétation à savoir : forêt galerie et forêt
marécageuse.
I.3.5.2.a Forêt galerie
Elle se développe plus au voisinage direct des cours
d'eau, la strate herbacée y est clairsemée, les épiphytes
rares, contrairement aux champignons qui, en général, sont
nombreux et variés. La strate arbustive est souvent dominée par
Khaya nyasica par rapport aux Phoenix reclinata et
Newtonia buchananii. A proximité des chutes on observe
Platycerium elephantopis, des espèces lianescentes se
développent comme Mussaenda arcuata ou Vanilla polylepis.
La fluctuation du niveau d'eau, les crues périodiques et les sols
profonds impriment à ces formations un épanouissement
végétal important.
Photo 2 : Forêt dense édaphique (Forêt
galerie dans le cours inférieur de la Luanza) au Katanga (Photo Claire
et Michel Schaijes).
I.3.5.2.b Forêt marécageuse
Elle s'observe sur certains Hauts-Plateaux, Mots Marungu et le
Kundelungu (Photo 3). Mais rares dans le sud du Katanga. Elle est à
l'abri des incendies puisque le sol sur lequel elle se développe est
souvent gorgé d'eau .Parfois les périodes de froid peuvent
détruire de jeunes plantules ou gâcher les floraisons.
Photo 3 : Forêt dense édaphique (Forêt
marécageuse) au Katanga (Photo Claire et Michel Schaijes).
I.3.5.3 Végétation des milieux
aquatiques
Quelques biotopes particuliers relèvent des
différents stades de colonisation de milieux extrêmes (Photos 4 et
5). Ils possèdent des caractéristiques très
particulières souvent liées à leur superficie
réduite. On y distingue trois types de prairies : prairie aquatique
fixée oligotrophe à feuilles flottantes, prairie aquatique
fixée mésotrophe à feuilles flottantes et prairie
aquatique fixée émergée.
I.3.5.3.a Prairie aquatique fixée oligotrophe
à feuilles flottantes
Biotope principalement présent sur le plateau de
Kundelungu et domine dans les mares permanentes ou temporaires à
brève période de dessiccation observées dans les savanes
steppiques. Les eaux y sont peu profondes (20 à 80 cm) et le substrat
est boueux, sableux ou constitué d'une cuirasse ferralitique. Comme
espèces caractéristiques on a Bothriocline monocephala,
Rotala myriophylloides, Stenopszairensis et Limnophila
ceratophylloides. Hydrothauma manicatum se développent plutôt dans
les biotopes à substrat dur.
Photo 4 : Prairies aquatiques fixées oligotrophes
à feuilles flottantes au Katanga méridional (Photo Claire et
Michel Schaijes).
I.3.5.3.b Prairie aquatique fixée
mésotrophe à feuilles flottantes
Cet écosystème est caractérisé par
un enracinement de sa végétation, la présence de feuilles
flottantes et l'émergence des fleurs (Photo 5). La
végétation s'adapte aux eaux plus froides et plus rapides ; et
pourtant, c'est dans les eaux plus chaudes qu'elle trouve son milieu de
prédilection: lac de Mwadingusha, pièces d'eau de la Lufira et de
la plaine de Luapula-Moëro. Elle est caractérisée par les
espèces Nymphoea lotus, Potamogeton, souvent cosmopolites, et
mêlé aux Ceratophyllum, Nymphoides forbesiana et
Ottelia ulvaefolia.
Photo 5 : Prairie aquatique fixées mésotrophes
à feuilles flottantes (à gauche) et Prairie aquatique
fixée émergée (à droite) (Photo Claire et Michel
Schaijes).
I.3.5.3.c Prairie aquatique fixée
émergée
Au sein de ce milieu, la plupart de plantes fleurissent
pendant toute la saison des pluies, dès que la profondeur de l'eau
atteint 30 à 40 cm. Elle abrite, Leersia hexandra, formant des
véritables prairies flottantes (Photo 5) beaucoup moins tributaires d'un
enracinement ferme, Eleocharis dulcis, Cyperus et Ruppia maritima
observée dans les mares salines (comme à Mwashya), où
le niveau d'eau ne dépasse pas 10 cm.
I.3.5.4 Forêts claires
Comme le définit Duvigneaud (1958), la forêt
claire est une formation végétale mixte, avec une strate
herbacée peu dense sous un peuplement forestier de 15 à 20 m de
haut. Les arbres y sont les cimes jointives le plus souvent
étalées en parasol mais les feuillages sont légers, de
sorte que l'ensemble est clair voire lumineux. Le Katanga doit sa physionomie
propre à la dominance très large de la forêt claire. C'est
cette dernière qui remplace la forêt dense sèche climacique
lorsque le feu la détruit et entrave le rétablissement. Il
s'ensuit une parfaite adaptation des espèces à l'action du feu
(épaisseur des écorces et coriacités des bourgeons,
conservation souterraine comme pour les géophytes ou les
chaméphytes). Selon Malaisse (1977) il y a trois types des forêts
claires au Katanga : forêt claire du type Miombo, forêt claire
à dominance de marquesia macroura et hautes termitières de
forêt claire.
I.3.5.4.a Forêt claire du type Miombo
Sous strate dominante, la végétation arbustive
(Photo 6) est claire ou parfois inexistante (on y rencontre quelques
Baphia, Pterocarpus, Combretum), la strate herbacée, par
contre, est un tapis continu qui cache le sol dès la reprise des pluies
pour disparaître avec l'incendie. Caractérisée par les
espèces Brachystegia spiciformis var. latifoliolata, Costus
spectabilis, Julbernardia paniculata, Parinari curatellifolia subsp.
mobola, Hibiscus rodanthus, Thonningia sanguinea ,Sphenostylis.Dans
les environs de Lubumbashi, on peut observer Isoberlinia angolensis.
Cette espèce peut dépasser 15 m de hauteur et possède des
fûts rectilignes souvent appréciés comme bois d'oeuvre
(Duvigneaud et Dewit, 1950).
Photo 6 : Forêts claires Miombo en saisons de pluie et
sèche au Katanga méridional (Photo Claire et Michel
Schaijes)
I.3.5.4.b Forêt claire à dominance de
marquesia macroura
Forêt semi-caducifoliée très
caractéristique tant par l'allure des arbres que par leur
répartition en classes d'âges peu nombreux. Marquesia
macroura est caractérisé par de profondes cannelures sur le
tronc .Suivant le sens de l'évolution, le sous-bois est formé de
reliques ou d'éléments pionniers du « Muhulu ». Cette
phytocénose se développe aussitôt après la
destruction du peuplement dense. La vie normale de ce type de peuplements, en
cas d'évolution régressive favorisée par le passage annuel
du feu, n'est que de quelques générations (150 à 250 ans)
; l'abondance et l'envergure des Marquesia sont donc un indice
permettant de juger de l'ancienneté de la disparition du « Muhulu
».
I.3.5.4.c Hautes termitières de forêt
claire
Les hautes termitières (Photo 7) font partie du Miombo
katangais et présentent des conditions écologiques
spécifiques, raison pour laquelle leur composition floristique est, en
général, différente de celle de la forêt claire ou
de la savane environnante. Elles constituent donc des sous -
écosystèmes particuliers et peuvent être classées
selon les espèces de termites bâtisseurs. Elles peuvent atteindre
8 m de haut et 14-15 m de diamètre (Malaisse et Anastassiou, 1977).
Photo 7 : Hautes termitières du Miombo katangais
(Photo Claire et Michel Schaijes).
I.3.5.5 Savanes
Lorsque la strate arborée constitue moins de 60 % du
couvert, la formation végétale ne relève plus de la
forêt claire mais de la savane. Nous distinguons la savane boisée
où le recouvrement est compris entre 25 et 60 % de la savane
arborée où il est inférieur à 25 % (Malaisse et
al.1977). Les savanes boisées s'observent essentiellement sur des
terrains à brève période d'inondation ou à drainage
défectueux. Elles sont souvent présentes comme transition entre
la forêt claire et les « Dembo » (savanes périodiquement
inondées ou exondées) et témoignent de conditions
édaphiques défavorables (gley superficiel, horizon
latéritique proche de la surface du sol, etc.), précise Malaisse
et Anastassiou (1977). Au Katanga, on observe principalement des savanes
arborées, arbustives (élément ligneux de moins de 8 m de
hauteur) et steppiques. On en distingue donc cinq types (Malaisse, 1978) :
savane arborée alluviale, savane arborée du moyen plateau, savane
du type « Dembo », savane steppique enrochée cupricole et
savane steppique des Hauts- Plateaux sur sable de type Kalahari.
I.3.5.5.a Savane arborée alluviale
Ces formations végétales occupent une grande
partie de la vaste dépression de la Luanza, quelques surfaces aux
alentours du lac de retenue de la Lufira. Cette phytocénose
préfère les sols oligomésotrophes, frais en saison
sèche, et occupe parfois les têtes de sources latérales,
dans les vallées alluviales de quelque largeur, ou encore les
méandres abrités par un rideau de forêt édaphique.
Elle est épineuse et apprécie les alluvions argileux et limoneux
bruns. On y distingue deux strates: d'une part, les arbres en majorité
des Acacia et d'autre part la végétation herbacée souvent
piquetée d'arbustes, de buissons et de lianes (Dioscorea, Mucuna,
etc.), et la strate dominante est caractérisée par des
espèces du genre Acacia polyacantha subsp. campylacantha,
accessoirement des Combretum et Terminalia.
I.3.5.5.b Savane arborée du moyen plateau
C'est une formation végétale de transition entre la
savane arborée alluviale et celle du type « Dembo » (Photo
8).
Photo 8: Savane arborée alluviale au Katanga (Photo
Claire et Michel Schaijes)
I.3.5.5.c Savane du type « Dembo »
Les « Dembo » sont de larges vallées planes,
mal drainées, situées en tête des ruisseaux, sans canal
d'écoulement bien défini (Photo 10). Le sol est
généralement argileux, bien qu'on puisse y trouver un horizon
superficiel sablonneux ; dans ce cas il repose toujours sur un substrat
imperméable, parfois latérisé. La couche superficielle est
alternativement très sèche et inondée. L'alternance de
conditions écologiques contrastées (quatre mois d'inondation
d'une part, quatre mois de forte sécheresse d'autre part) explique
l'absence de développement du peuplement ligneux.
Ils sont fortement répandus dans la région de
Kabiashia, mais aux alentours de Lubumbashi s'observe d'autres « Dembo
» de superficie plus faible. On y rencontre le groupe de géophytes
(Hypoxis, Thesium, etc.), Rhynchospora triflora, Monadenium
herbaceum, Sphaeranthus chandleri.
Photo 9 : Savane. Savane du type « Dembo »
(à gauche). Savanes steppiques des Hauts Plateaux (au centre et à
droite) (Photo Claire et Michel Schaijes)
I.3.5.5.d Savane steppique enrochée
cupricole
Cette formation est présente sur l'arc cuprifère
du Katanga méridional. Elle est localisée sur et en
périphérie des gisements cupro-cobaltifères. Sa structure
et sa composition floristique contrastent nettement avec celles de la
forêt claire environnante. Elle possède notamment des
espèces métallicoles caractéristiques comme
Haumaniastrum robertii, Monadenium cupricola et Faroa
malaissei.
I.3.5.5.e Savane steppique des Hauts-Plateaux sur sable
de type Kalahari
Ecosystème qui se développe sur des sols
pauvres, formés sur des sables de type Kalahari ; il occupe les
Hauts-Plateaux de Kamina, de Marungu, de Muhila, de Kibara, de Kundelungu, de
Biano et de la Manika (Photo 9). Ces savanes sont à dominance de Poaceae
cespiteuses, accompagnées des sous-arbrisseaux ou suffrutex et de
géophytex (Acanthaceae, Myrtaceae, Rosaceae et surtout Fabaceae) et
diverses plantes à bulbe. La sécheresse, ainsi que le passage
quasi annuel du feu, impriment à ces formations une phénologie
marquée. Parmi les géofrutex, notons Syzygium guineense
subsp.huillense, Parinari capensis, Gnidia kraussiana var. Kraussiana.
I.3.6 Perturbations et actions anthropiques
La population du Katanga est de 8.167.240 en 2003, avec 49,7 %
d'hommes et 50,3 % de femmes, et un taux de croissance de 3,9 % par an. 61,5
% des habitants ont moins de 20 ans, et 52 % moins de 15 ans. Les
différentes ethnies de la province sont le plus souvent
mélangées, à cause des
différentes migrations au cours des derniers
siècles (conquêtes, industrialisation). Les groupes dominants sont
les Lubas, les Lundas, les Sangas et les Lambas. Les minorités ethniques
sont les Bambote, les Bayazi, les Ndembos et les Kalwenas. Les plateaux du
Katanga accueillent de nombreuses fermes d'élevage et d'agriculture Nord
-ouest (Kamina, Kabongo), le Nord-est (Moba, Kalemie, Nyunzu). L'est (Manono),
le sud (Lubumbashi, Kolwezi) de la province renferment de très riches
gisements de cobalt, cuivre, fer, radium, uranium, et diamant. C'est une
population majoritairement rurale accordant une grande importance à la
vie traditionnelle. Les techniques et les méthodes culturales
utilisées sont encore dans l'ensemble fort rudimentaires (l'agriculture
sur brûlis utilise la technique d'écobuage, un système
efficace de défrichement très répandu, etc.). Ces
techniques contribuent également à la réduction de la
stabilité structurale des sols et versants par la dégradation des
principales caractéristiques physico-chimiques et morphologiques telles
que la densité apparente, la porosité, la structure, la
consistance, la perméabilité, etc. (Djibu, 1999).
Il est donc important de souligner que, en cette région
zambézienne, le feu anthropique constitue, par son passage quasi-annuel,
un facteur écologique de très grande importance. Il
contrôle la dynamique des formations végétales. Au Katanga,
on distingue deux types de feu: le feu hâtif (début de la saison
sèche) et le feu tardif (du début juillet au début de la
saison des pluies). Le feu tardif est bien entendu plus intense que le feu
hâtif car il intervient à une période où la
dessiccation de la végétation est plus prononcée. Il
coïncide avec la reprise de la végétation et consume
pratiquement l'ensemble des organes aériens de la strate herbacée
ainsi que la partie épigée des plantes ligneuses de faible
diamètre. Cela signifie qu'en forêt claire, les pousses peu
âgées et les plantules sont systématiquement
détruites après le passage du feu tardif. La
périodicité de faible amplitude de ces feux provoque un
appauvrissement du couvert forestier et favorise une « savanisation du
milieu ». Par ailleurs, le feu de litière, parfois observé
en forêt dense sèche, progresse très rapidement et est
très destructif. D'autres activités anthropiques comme
l'exploitation minière, la coupe et la fabrication du charbon bois ou la
récolte de produits sauvages comestibles ou utilisés à des
fins curatives caractérisent le milieu katangais. L'homme joue donc un
rôle prépondérant dans les changements des paysages.
II Matériels et méthodes
II.1 DONNEES CARTOGRAPHIQUES
Sur base des collaborations multiples et d'acquis
scientifiques récents dans le domaine de la
télédétection spatiale, l'unité de recherche en
environnemétrie et géomatique de l'Université catholique
de Louvain a rassemblé l'ensemble des données cartographiques sur
le territoire de la République Démocratique du Congo. Les
données numériques existantes ont été
contrôlées, mises à jour, enrichies à partir des
sources disponibles (images satellitaires, photographies aériennes,
cartographie de terrain) et intégrées dans un Système
d'Information Géographique (SIG). Des informations originales ont
été produites combinant les techniques les plus récentes
d'observation de la terre par satellite et les connaissances de terrain. Ainsi
trois cartes de la République Démocratique du Congo ont
été publiées en 2006 sous format papier et
numérique aux échelles du 1:2.000.000 et du 1:3.000.000 à
savoir :
- une carte générale, éditée au
1:2.000.000, comprend toutes les informations cartographiques de base ;
- une carte de l'occupation du sol, éditée au
1:3.000.000, représente l'utilisation actuelle du
territoire ainsi que la diversité des formations
végétales existantes ;
- une carte de sites du patrimoine mondial et des aires
protégées, éditée au 1:2.000.000, représente
les parcs et réserves de la République Démocratique du
Congo sur fond de carte générale dans un but d'information et de
sensibilisation au patrimoine naturel du pays.
Dans le cadre de notre étude nous avons utilisé
la carte de l'occupation du sol au format TIFF
géoréférencé fournie par l'unité de
recherche en environnemétrie et géomatique de l'Université
Catholique de Louvain ainsi que les fichiers numériques correspondants
en téléchargeant la classification de l'occupation du sol sur le
site
www.enge.ucl.ac.be/cartes-RDC/.
Leurs caractéristiques sont regroupées dans le Tableau 10. Nous
avons alors préféré utiliser leur produit afin de nous
familiariser avec les outils de l'écologie du paysage et de logiciels de
Télédétection en analysant la transformation spatiale au
Katanga.
II.2 TRAITEMENT DES DONNEES
La classification de taches a été
générée par le logiciel ArcView 3.3, afin d'obtenir les
différents polygones à partir des quels plusieurs
paramètres ont été calculés (indices et
paramètres statistiques) avec Excel et Statistica. Dans la
classification nous avons tenu compte de la carte générale dont
les classes d'occupation du sol correspondent à une version
simplifiée dérivée d'une série temporelle d'images
satellites SPOT VEGETATION. Et étant donné que nous nous
intéressons à la fragmentation des forêts et non des
savanes, nous avons ainsi simplifié la classification en regroupant
certaines classes, mettant en évidence in fine cinq classes d'occupation
du sol pour le Katanga :
- forêt claire du type Miombo humide ; - forêt
claire-savane boisée ;
- forêt secondaire ;
- mosaïque forêt-savane ;
- forêt dense humide.
Nous avons enfin regroupé ces cinq classes obtenues en
une classe des forêts comparée à la classe de l'ensemble du
paysage pris en entier c'est-à-dire celle des forêts et des non
forêts. Le non forêt est constitué du reste du paysage (eau,
mosaïque agriculture-savane, savanes arbustive et herbeuse, sol nu,
bâti). L'objectif étant de détermine la classe qui domine
dans ce paysage.
Tableau 10 : Données de base de la carte de
l'occupation du sol de la République Démocratique du Congo
utilisée dans le cadre de notre étude.
Titre Carte de l'occupation du sol de la République
Démocratique du Congo
Auteurs J.-F.Pekel, C.Evrard, F.Malaisse et P.Defourny
Période d'acquisition 2000
Produit UCL-Geomatics (Louvain-la-Neuve, Belgique) 2006
Echelle 1 : 3.000.000
Type de fichier Format TIFF
géoréférencé
Localisation République Démocratique du Congo
Dates de publication 2006
Publication Presses Universitaires de Louvain, Unité de
recherches en Environnemétrie et
Géomatique, Université Catholique de Louvain
Classes 0. Eau
1. Prairie aquatique
2. Prairie marécageuse
3. Forêts denses sur sols hydromorphes
4. Forêts denses humides semi-décidue
5. Forêts secondaires vieille
6. Forêts secondaires jeunes
7. Complexe agricole en zone forestière
8. Agriculture permanente
9. Mosaïque foret-savane
10. Forêt Claire du type Miombo humide
11. Savane boisée
12. Savane arborée
13. Savane arbustive
14. Savane herbeuse
15. Mosaïque savane-agriculture
16. Forêt de transition
17. Forêt de montagne
Langue Français et Anglais
II.3 ANALYSE DE LA STRUCTURE SPATIALE
Les paysages sont distingués par les relations
spatiales entre leurs éléments. La structure du paysage est
caractérisée par sa composition et sa configuration. Ces
caractéristiques déterminent, indépendamment ou en
combinaison les processus écologiques à l'échelle du
paysage (Iorgulescu et Schlaepfer, 2002). Les éléments de
composition retenus dans le cas de la carte utilisée sont : les classes
(types de forêts) et les taches (ou polygones). Ainsi nous
étudions ce paysage à trois niveaux: le paysage, la classe et la
tâche. La composition spatiale se réfère aux
caractéristiques concernant la présence et l'abondance
d'unités ou de types d'unités dans le paysage. Elle est
importante pour beaucoup d'organismes ou processus écologiques. Par
exemple, des nombreuses espèces ont besoin d'un habitat
spécifique ou encore d'une taille minimale pour leurs fonctions
vitales.Tandis que la configuration se réfère à la
distribution et l'arrangement des unités dans l'espace (Iorgulescu et
Schlaepfer, 2002).
III.3.1 Indices de configuration spatiale
Les indices de configuration spatiale caractérisent
l'aire de la tache i pour la classe j, aij, le
périmètre de la tache i pour la classe j,
pij ainsi que l'indice de forme de la tache i pour la
classe j, IFij . Et ces mesures de configuration concernant
l'aire, le périmètre et la forme sont calculés au niveau
des taches et des classes.
III.3.1.1 Niveau des taches
Chaque classe du paysage est composée des taches dont
l'étude correspond au niveau le plus fin de l'analyse paysagère
(Burel et Baudry, 2003 dans Bamba 2006). Les mesures de configuration
concernant l'aire et le périmètre ont été obtenues
grâce à l'extension « patch analyst » du logiciel Arc
View 3.3. Tandis que celles des formes ont été obtenues par la
formule d'indice de forme définie par Iorgulescu et Schlaepfer (2002).
Le nombre plus élevé des taches et leurs tailles encore beaucoup
plus fines rendent difficile l'étude de chaque tache
indépendamment. Ainsi, compte tenu de l'objectif et de l'échelle
de notre étude, avons opté pour le niveau intégrateur de
classes dans le paysage.
II.3.1.2 Niveau des classes
Dans cette étude, chaque classe ou type est un ensemble
de taches d'un même identifiant composant un paysage. Le niveau de
classes caractérise la répartition de différents types
d'occupation du sol pour la province. Et pour caractériser l'état
de chaque type, un certain nombre d'indices de structure spatiale ont
été calculés : indices de composition et de configuration
spatiale.
II.3.1.2.1 Nombre de taches par
classe
Chaque classe est constituée d'un ensemble des taches
dont le nombre est un indicateur important de l'état de fragmentation:
si le nombre de tache est élevé, la fragmentation est maximale et
dans le cas contraire, elle est faible. Le nombre de taches a été
obtenu en regroupant les taches ayant le même identifiant à partir
de la table des attributs. Cette table des attributs a été obtenu
à l'aide de l'extension « patch analyst » du logiciel Arc View
3.3 ; et ensuite importée dans le logiciel Excel pour les calculs
d'autres indices en rapport avec l'aire et le périmètre. Le
nombre de taches de la classe j est noté
nj.
II.3.1.2.2 Indices en rapport avec l'aire des
taches
L'aire des classes est un indicateur de la fragmentation du
paysage : si l'aire est grande, fragmentation est faible, et si elle est
petite la fragmentation est importante. La mesure de l'aire présente
donc un aperçu global sur l'évolution de l'occupation du sol.
L'aire totale, a tj [km2] d'une
classe j, est obtenue par la formule :
nj
, (1)
a tj a ij
= ?=
i 1
où aij est l'aire de la
i-ème tache de la classe j et nj
est le nombre de taches de la classe j. L'aire atj
s'exprime en unité de surface, et dans le cadre de cette étude
elle est en km2.
Les valeurs extrêmes des aires de la classe j
sont caractérisées par l'aire de la plus petite tache
et l'aire de la plus grande tache. La première correspond à
l'aire minimale amin,j et la seconde à
l'aire
maximale amax,j. ?i: a ij =
amax, j et ?i: a ij = amin,
j.
L'étendue de l'aire des taches de la classe
ej (a) est obtenue par la formule :
a a
( ) 100
max, min, ×
j j
e a -
= . (2)
max, j
ja
L'étendue est un paramètre de dispersion d'une
distribution. Elle varie de 0 à 100 et indique la variabilité
entre les aires extrêmes de la classe j. Plus l'étendue
est proche de 100, plus elle est grande, plus les tailles ne sont pas
homogènes entres les taches. Les tailles entre les taches sont
homogènes quand l'étendue est faible.
La dominance Dj (a) est la
proportion d'aire occupée par la plus grande tache de la classe
j dans l'aire totale atj. Elle se calcule par la
formule :
D a max,
a j
j ( ) = . (3)
tj
a
La fragmentation est faible si la dominance est
élevée, et elle est intense si la dominance est faible. Elle
varie de0 = Dj(a) = 1, sans unité, mais
peut également s'exprimer en %.
La moyenne, la médiane et le mode sont les
paramètres caractérisant le centre d'une distribution. Leur
comparaison permet de rendre compte de la forme de la distribution des aires de
la classe j et les valeurs centrales qui présentent son
état de fragmentation.
La valeur moyenne de l'aire aj
[km2] de la classe j est calculée par la formule:
(4)
a
a = .
tj
j
j n
La médiane Xj (a) est la
valeur centrale obtenue après avoir classé toutes les valeurs des
aires de
la classe j par ordre croissant. Elle partage la
distribution en deux ensembles d'effectifs égaux : 50 % des valeurs lui
sont supérieures et 50 % lui sont inférieures. Si la distribution
des aires est un nombre impair, on trouve une valeur unique ; si elle a un
nombre pair, on prend la valeur du centre de deux valeurs qui
déterminent l'intervalle médian. Si la médiane est
élevée, on a des grandes taches et la fragmentation est faible ;
la fragmentation est maximale si la valeur de la médiane est faible et
dans ce cas on a beaucoup de petites taches.
Le mode est la valeur la plus fréquente de la
distribution des aires de la classe j obtenue à partir des
histogrammes de fréquences. Quand le mode est élevé on a
des taches de grandes tailles, et la fragmentation est faible.
La variance des aires ( )
ój 2 a[km2] des
aires des taches de la classe j, serait évidemment nulle si
toutes les aires sont identiques, et elle est d'autant plus
élevée que les valeurs des aires sont différentes les unes
des autres ; il y a donc une grande variabilité
(hétérogénéité) des aires des taches au sein
de la classe j. Elle est faible s'il y a présence des grandes
taches et d'une faible fragmentation. Elle a été calculée
par :
nj
1
ó a .
2 ( ) 2
j a a
ij j
( ) ?=
= -
n j i 1
|
(5)
|
Le coefficient de variation CVj
(a) est un indicateur de dispersion, il correspond à
l'écart type de la distribution ój
(a) exprimé en pourcentage de la moyenne de la distribution
aj . Ce rapport
permet de comparer la dispersion autour de la moyenne des aires
de taches de la classe j possédant des échelles de
valeurs différentes. Sa formule générale est :
CV a = j ( )
|
|
ó 2 a
j ( )
|
,
|
(6)
|
a j
sachant que l'écart type est donnée par la formule
:
(7)
ój(a)= ó j 2
(a) .
Plus le coefficient de variation est élevé, plus
la dispersion autour de la moyenne est grande, plus il y a une grande
variabilité des aires des taches c'est-à-dire la fragmentation
n'est pas maximale. Le coefficient de variation est très important, car
donne beaucoup plus d'informations que seule la moyenne des taches. Par exemple
si deux classes possèdent la même valeur moyenne mais avec valeurs
de coefficient de variation différentes, cela signifie que la classe
j dont le coefficient de variation est plus faible contient des taches
beaucoup plus homogènes tandis que la seconde a des taches à
tailles (aires) variables.
Le taux de fragmentation de la classe j a
été calculé par la formule :
n - 1
F , (8)
j
=
m j
j - 1
où nj représente le nombre
total des taches pour la classe j et mj est
généralement dans un fichier raster le nombre de pixels, mais
étant donné que nous avons travaillé avec un fichier
vecteur mj a été estimé par le
rapport:
m
a tj
j
j a
min,
, (9)
où mj est le rapport d'aire totale
atj de la classe j en fonction d'aire de la plus
petite tache aminj. Il varie de 0
=Fj = 1. La classe est moins fragmentée si
Fj est proche de 0 et fragmentée si
Fj est proche de 1.
II.3.1.2.3 Indices en rapport avec le
périmètre des classes
Les métriques concernant la frontière sont
également de mesures de la configuration du paysage. Et au niveau de
l'unité, cette frontière est égale à son
périmètre. En écologie du paysage une grande partie de
l'importance accordée à la structure du paysage est liée
à l'effet de frontière (l'effet de lisière en forêt)
(Chen and Franklin, 1990 dans Iorgulescu et Schlaepfer, 2002). Ainsi le
périmètre total ptj de la classe j
dans un paysage donné pourrait être l'information la plus
importante pour l'étude de la fragmentation et un bon
indicateur de l'hétérogénéité spatiale. Plus
le contour est grand, plus le paysage est hétérogène.
La somme totale des contours de chacune des taches de la classe j
représente le périmètre totale ptj
[km] de la classe j. Il s'obtient par la
formule :
nj
p tj p ij
= ?= (10)
i 1
où pij est le
périmètre de la tache i de la classe j. Les
valeurs extrêmes de la classe sont
représentées par
pmax,j et pmin,j ;
?i: p ij = pmax,j et ?i: p ij
= pmin,j .
L'étendue est calculée par la formule :
p p
-
( ) 100
max, min,
j j
e p = ×(11)
j
j pmax,
Le périmètre moyen pj [km] des
taches de la classe j est calculé par la formule :
p
p = (12)
tj
j
j n
Plus le périmètre moyen est petit, plus la classe
est suffisamment découpée (morcelée). La variance du
périmètre ( )
ój 2 pde la classe j
s'obtient par la formule :
ni
ó ( )
j p p
2 (
1
p = -
ij
?=
n j i 1
|
j
|
) 2 (13)
|
La médiane X(p) [km2] et le
coefficient de variation CV j (p) donnent des
informations sur la
manière dont les valeurs de périmètres de
taches sont dispersées dans une classe. Le coefficient de variation se
calcule à partir de la formule :
ó 2 ( )
p
j
CV p = (14)
j ( )
p j
II.3.1.2.4 Indices en rapport avec les formes des
classes
L'indice de forme IF j est un rapport de
l'aire de la classe j sur le carré du périmètre
ptj . Si l'indice de forme IFj est
élevé l'aire est grande relativement au périmètre,
la forme est alors circulaire. Par ailleurs la forme est allongée si
l'indice de forme IFj est petit. Il est donc à noter
que la relation
entre la taille et la forme des éléments
influence un certain nombre de processus écologiques, entre autre
l'intensité des flux biotiques et abiotiques à travers la
frontière. La forme est surtout importante pour comprendre l'effet de
lisière (Iorgulescu et Schlaepfer, 2002).
L'indice des formes permet de mesurer la compacité des
formes des deux objets bidimensionnels afin d'évaluer l'effet des
perturbations externes sur un habitat naturel (Bogaert et al, 2000).
Car deux taches de même taille par exemple, peuvent avoir des formes
différentes. Par conséquent la
superficie de chaque habitat devient une variable
déterminante pour la présence et l'abondance de certaines
espèces. L'indice de formes est aussi utile pour comprendre le
comportement de telles espèces dans un paysage.
Il est sans unité et s'obtient par la formule :
a
IF = (15)
tj
j p 2
tj
Les valeurs extrêmes de la classe j sont
représentées par les valeurs maximale
IFmax,j et minimale
IFmin, j ; ?i: IF ij =
IFmax, j et ?i: IF ij =
IFmin,j . IFij est la forme de la
i-ème tache de la classe j. L'étendue de la
forme ej (IF) informe sur la variabilité
des formes des taches de la classe j. Et s'obtient par la formule :
IF IF
e IF
( ) 100
max, min,
j j
-
= × (16)
j IF
max, j
La forme moyenne IFj de la classe j
est calculée par la formule :
IF
IF = (17)
j
j
j n
La variance de la forme ( )
ój 2 IFest donnée par
:
ni
1
ó
j IF IF
2 (
( )
IF = -
ij j
?=
n j i 1
) 2 (18)
La médiane X(IF) et le coefficient de
variation des formes CVj (IF) de la classe
j donnent l'information sur la dispersion. Le coefficient de variation
s'obtient par :
ó 2 j ( )
IF
CV IF
( ) = (19)
j IF
j
II.3.1.2.5 Dimension fractale de la classe
j
La dimension fractale D utilise essentiellement le
principe du ratio entre périmètre et la surface, et a
été proposée par Mandelbrot (1977) dans le but de
quantifier la forme d'objets complexes (Iorgulescu et Schlaepfer, 2002). Des
formes géométriques simples ou régulières telles le
cercle, le carré ou le rectangle a une dimension fractale proche de
l'unité, c'est-à-dire le paysage est anthropisé. Et
lorsque la complexité de la frontière croît, la valeur de
la dimension fractale D se rapproche de deux. Si l'objet
d'étude est constitué d'une mosaïque d'îlots ou
d'agrégats irréguliers, par exemple agrégats de
végétation, la dimension fractale des frontières de ces
agrégats peut être calculée à partir des estimations
de périmètre et d'aire, en partant de la relation (Imre et
Bogaert, 2004 dans Bamba, 2006) :
Di j /2
p
ij
ij = k a
.
(20)
qui donne après logarithmisation la formule :
logp ij =logk+(D
ij /2).loga ij (21)
où Dfij est la dimension fractale de
la classe j et k une constante.
Au niveau de la classe j la dimension fractale
s'obtient donc à partir de la régression
logpij par rapport à log aij.
Le graphique log-log donne la pente de la régression qui est
égale à Dij / 2. La
valeur de la dimension fractale est donc le double de la valeur
de la pente de la droite de régression obtenue. Elle varie de 1
à 2 ; 1 = Df j = 2. Lorsque Df j tend vers
2 on a des formes à géométrie
complexe, mais on a des formes simples ou linéaires
lorsque Dfj tend vers l'unité. Ces dernières
formes sont souvent dues à l'impact humain.
II.3.2 Indices de composition
Les indices de composition peuvent être aussi
calculés pour l'ensemble du paysage. Dans ce cas ils permettent
d'apprécier la dominance d'une classe sur l'occupation du sol. Ils
donnent donc un aperçu de la structure du paysage sans toutefois
définir les relations spatiales entre les différents indices.
Nous avons comparé les indices de composition des classes des
forêts et et ceux de l'ensemble du paysage, c'est-à-dire les cinq
classes des forêts et une sixième classe de non forêt qui
constitue le reste (eau, mosaïque agriculture-savane, savanes arbustive et
herbeuse, sol nu, bâti).
L'aire totale du paysage aL est la somme
totale des aires des classes du paysage donnée par la formule :
s
, (22)
aL a tj
= ?=
j 1
où atj est l'aire totale de la classe
j et s le nombre total de classes dans le paysage. La
proportion de l'aire de chaque classe dans son paysage respectif
Rj (a) s'obtient par:
a
R a . (23)
( )
= × 100
tj
ja L
La cohérence des aires des classes du paysage
C(a) est une mesure du degré de partition des aires
continues en plusieurs petites fractions (Jaeger, 2000 dans
Bamba, 2006).Elle se calcule par la formule :
s ?a ?
tj
?= ?
?
j L
1 ? a ?
2
C ( )
a=
. (24)
Elle varie de 0 = C(a) = 1. Elle est
élevée proche de l'unité s'il y a une classe qui domine.
Les aires
des classes dans le paysage sont donc très
disproportionnelles. Par contre, elle est faible ou tend vers zéro,
lorsqu'il y a plus de classes de petites tailles ou équitables.
L'indice de diversité de Shannon des aires entre les
classes du paysage H(a) se calcule par la formule:
. (25)
s ? a a ?
H a
( ) ln
tj tj
= - ?= ?
?
j L
a
1 ? a L ?
L'indice de diversité de Shannon traduit la
diversité du paysage, il définit le contenu d'un voisinage sans
en indiquer l'organisation spatiale (Lampin, 2004). Elle mesure la
diversité relative des aires de classes au niveau du paysage. Il est
probablement l'indice le plus utilisé, car il considère à
la fois l'abondance et la richesse (Gray et al. 1990 dans Bamba, 2006). Les
valeurs du H(a) varient en fonction du nombre de classes
présentes dans le paysage. La valeur de H(a) varie
de0 = H(a) = lns. Elle est faible
dominance d'une seule classe. Par contre lorsqu'elle est plus
élevée cela souligne les zones de contact entre
les différentes classes d'occupations du sol, d'où
présence de beaucoup de classes. Plus l'indice de Shannon est
élevé, plus il y a beaucoup de classes, plus
l'équitabilité est élevée, moins est la dominance.
Notons donc comme le souligne McGarigal (2002) que cet indice peut être
égale à zéro lorsque le paysage n'est constitué que
d'une seule classe et sa valeur croit avec le nombre et le type
différents de classes.
L'équitabilité de Pielou des aires des classes du
paysage E(a) se calcule par la formule :
H a
( )
E a
( ) =, (26)
ln s
où ln s est le logarithme
népérien s. L'indice d'équitabilité ou de
régularité est calculé à partir des valeurs
obtenues par le calcul de l'indice de diversité de
ShannonH(a). Selon Puerto et Rico
(1997) dans Bamba (2006), cet indice permet de comparer la
diversité mesurée à la
diversité théorique maximale. Il exprime donc le rapport de la
diversité atteinte Hj et la diversité
maximale
potentielle (Hmax équivaut
àlns qui est le logarithme du nombre total de classes dans le
paysage)
pouvant être obtenu avec le même nombre de classes
(Frontier et Pichod-Viale, 1991 dans Bamba, 2006). La valeur varie de 0 =
E(a) = 1. Elle est faible si le paysage comprend des
classes
dominantes, et elle est élevée s'il y a beaucoup
de classes de même taille équitable, un bon équilibre entre
les aires des classes, c'est-à-dire chaque classe est
caractérisée par la même superficie.
En somme on peut donc dire que la cohérence
C(a) est élevée s'il y a moins de classes,
et
dominance d'une seule classe ; l'indice de Shannon est
élevée s'il y a beaucoup de classes et la dominance est faible
; et l'indice d'équitabilité diminue au fur est à mesure
que les classes sont disproportionnelles. E(a) est
égale à l'unité si les classes ont toutes la même
taille peu importe leur
nombre.
III Résultats et discussion
Dans cette troisième partie, nous présentons les
résultats obtenus à partir des différentes techniques et
méthodes de l'écologie du paysage et de la
télédétection.
III.1 RESULTATS
III.1.1 Traitement des données
cartographiques
Par traitement numérique des données
cartographiques de la carte de l'occupation du sol de la République
Démocratique du Congo, nous avons généré la carte
du Katanga dont les résultats sont représentés dans la
Figure 12.
Nous avons constaté que la forêt claire et savane
boisée constituent la matrice sur la carte, alors que la forêt
dense n'est observée que sous forme des petites taches
éparpillées, comme la forêt secondaire et la mosaïque
forêt - savane, et généralement rencontrées au Nord
de la province.
La structure générale du paysage observée
sur la carte, et caractérisé par beaucoup de petites taches dont
la taille est généralement inférieure à 100
km2, dénote une forte fragmentation de la zone
d'étude.
III.1.2 Analyse de la structure spatiale
Les paysages sont distingués par les relations
spatiales entre leurs éléments. La structure du paysage est
caractérisée par sa composition et sa configuration. Ces
caractéristiques déterminent, indépendamment ou en
combinaison les processus écologiques à l'échelle du
paysage. La composition se réfère aux caractéristiques
concernant la présence et l'abondance d'unités ou de types
d'unités dans le paysage ; d'où une statistique de taille de
l'unité de type favorable est utile pour comprendre le comportement
d'une telle espèce dans un paysage. La configuration se
réfère à la distribution et l'arrangement des
unités dans l'espace (Schlaepfer, 2002). Notons donc l'importance de
cartographie des unités, de la télédétection et des
SIG comme méthodes appropriées dans la description de la
structure du paysage au Katanga.
Figure 12.Carte de classes d'occupation du sol du
Katanga.
III.1.2.1 Niveau des taches
Les résultats des métriques pour (mesures
concernant) les aires et les périmètres ont été
obtenus sous forme de distribution cumulative (l'échelle logarithmique
pour l'axe des abscisses) prenant en compte la totalité des taches de la
carte (Figure 13). Nous avons du utiliser les fréquences relatives
cumulées pour chaque tache afin de tracer les courbes de
fréquences cumulées. L'allure de courbes renseigne sur les types
de taches présentes dans une classe (combien d'éléments
sont supérieurs ou inférieurs au seuil de 100%) et servent de
repérer les zones de concentration et de dispersion des valeurs de la
distribution de types de taches. En effet, plus il y a de petites taches plus
la pente est forte et cela caractérise une zone de concentration des
valeurs. Par contre la zone de dispersion des valeurs est
caractérisée par une faible pente, alors que le replat
représente la discontinuité signalant une distribution
multimodale (la distribution comporte plusieurs modes, et le mode principal est
différent de la moyenne et de la médiane).
III.1.2.1.1 Distribution des aires des
taches
La distribution des aires des taches est
représentée par des courbes des fréquences cumulées
en fonction des aires de taches pour chaque classe (Figures 13, 14, 15, 16 et
17). Elles servent de repérer les zones de concentration et de
dispersion des valeurs de la distribution des aires de taches. Toutes les
courbes de classes ont presque la même convexité dont la pente
forte caractérise une zone de concentration des valeurs, soit plus de 85
% de taches ont des aires inférieures à 100
km2.
III.1.2.1.2 Distribution des périmètres
des taches
On constate que toutes les courbes de classes (Figures 18, 19,
20, 21 et 22) ont presque la même convexité dont la pente forte
caractérise une zone de concentration des valeurs, soit plus de 85 % de
taches ont un périmètre inférieur à 100 km. La
présence d'une forte pente caractérise la concentration de taches
de périmètres de petites tailles.
III.1.2.1.3 Distributions des formes des
taches
Toutes les classes ont presque la même forme de courbe,
en S (Figures 23, 24, 25, 26 et 27), dont la pente forte au milieu de la courbe
caractérise une zone de concentration de valeurs de forme de 0,04
à 0,063. Une zone de dispersion dont les valeurs de forme sont
inférieures à 0.04 est représentée par une pente
faible de peu de taches. Toute fois on observe également une
discontinuité des valeurs caractérisées par le replat pour
les forêts claires du type miombo et les forêts claires-savanes
boisées (valeurs supérieures à 0,063). Les valeurs
à droite à partir de 0,04 caractérisent les formes simples
isodiamétriques alors que celles d'à gauche les formes
allongées ou linéaires. Il s'agit des formes
généralement plus ou carrées car leur indice de forme est
proche de celui du carré, 0,0625. Quelques formes circulaires sont
également observées étant donné que leurs valeurs
sont proches à celle du cercle, 0,079.
120
100
80
60
40
20
0
1,0E-02 1,0E-01 1,0E+00 1,0E+01 1,0E+02 1,0E+03 1,0E+04
1,0E+05 log aij (km2)
Figure 13: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des aires pour la classe forêt claire du type Miombo.
La pente forte caractérise la concentration des valeurs de la
distribution des taches de petites tailles.
120
100
80
60
40
20
0
1,E-02 1,E-01 1,E+00 1,E+01 1,E+02 1,E+03 1,E+04 1,E+05
log aij (km2)
Figure 14: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des aires pour la classe forêt claire-savane
boisée. La pente forte caractérisant la concentration des valeurs
de la distribution des taches de petites tailles.
120 100 80 60 40 20
0
1,E-02 1,E-01 1,E+00 1,E+01 1,E+02
log aij (km2)
Figure 15: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des aires pour la classe forêt secondaire. La pente
forte caractérise la concentration des valeurs de la distribution des
taches de petites tailles.
120
100
80
60
40
20
0
1,E-03 1,E-02 1,E-01 1,E+00 1,E+01 1,E+02 1,E+03
log aij (km2)
Figure 16: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des aires pour la classe mosaïque forêt-savane.
La pente forte caractérise la concentration des valeurs de la
distribution des taches de petites tailles.
120
100
80
60
40
20
0
1,E-01 1,E+00 1,E+01 1,E+02 1,E+03
log aij (km2)
Figure 17: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des aires pour la classe forêt dense. La pente forte
caractérise la concentration des valeurs de la distribution des taches
de petites tailles.
120
100
80
60
40
20
0
1,E-01 1,E+00 1,E+01 1,E+02 1,E+03 1,E+04
log pij (km)
Figure 18: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des périmètres pour la classe forêt
claire du type Miombo. La pente forte caractérise la concentration des
valeurs de la distribution des taches de petits
périmètres.
1,E+00 1,E+01 1,E+02 1,E+03 1,E+04
log pij (km)
Figure 19: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des périmètres pour la classe forêt
claire-savane boisée. La pente forte caractérise la concentration
des valeurs de la distribution des taches de petits
périmètres.
120
100
80
60
40
20
0
1,E-01 1,E+00 1,E+01 1,E+02
log pij (km)
Figure 20 : Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des périmètres pour la classe forêt
secondaire. La pente forte caractérise la concentration des valeurs de
la distribution des taches de petits périmètres.
100
80
60
40
20
0
120
1,E-01 1,E+00 1,E+01 1,E+02
log pij (km)
Figure 21: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des périmètres pour la classe forêt
mosaïque forêt- savane. La pente forte caractérise la
concentration des valeurs de la distribution des taches de petits
périmètres.
120
100
80
60
40
20
0
1,E+00 1,E+01 1,E+02 1,E+03
log pij (km)
Figure 22: Courbe des fréquences cumulées des
taches en fonction des périmètres pour la classe forêt
dense. La pente forte caractérise la concentration des valeurs de la
distribution des taches de petits périmètres.
120
100
80
60
40
20
0
0 0.02 0.04 0.06 0.08
Formes des taches
Figure 23 : Courbe de fréquences cumulées
des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe forêt claire
du type Miombo. La distribution est caractérisée par une courbe
en forme de S, dont la pente forte caractérise une zone de concentration
des valeurs de 0.04 à 0.063. Une zone de dispersion dont les valeurs
sont inférieures 0.04 (pente faible). Les valeurs à droite
à partir de 0,04 caractérisent les formes simples plutôt
compactes, isodiamétriques alors que celles d 'à gauche les
formes complexes, allongées, caractérisées par des
périmètres larges.
120
100
40
80
60
20
0
0 0.02 0.04 0.06 0.08
Formes des taches
Figure 24 : Courbe de fréquences cumulées
des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe forêt claire
savane-boisée. La distribution est caractérisée par une
courbe en forme de S, dont la pente forte caractérise une zone de
concentration des valeurs de 0.04 à 0.063. Une zone de dispersion dont
les valeurs sont inférieures 0.04 (pente faible). Les valeurs à
droite à partir de 0,04 caractérisent les formes simples
plutôt compactes, isodiamétriques alors que celles d 'à
gauche les formes complexes, allongées, caractérisées par
des périmètres larges.
120
0 0.02 0.04 0.06 0.08
100
80
60
40
20
0
Formes de taches
Figure 25 : Courbe de fréquences cumulées
des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe forêt
secondaire. La distribution est caractérisée par une courbe en
forme de S, dont la pente forte caractérise une zone de concentration
des valeurs de 0.04 à 0.063. Une zone de dispersion dont les valeurs
sont inférieures 0.04 (pente faible). Les valeurs à droite
à partir de 0,04 caractérisent les formes simples plutôt
compactes, isodiamétriques alors que celles d'à gauche les formes
complexes, allongées, caractérisées par des
périmètres larges.
120
100
80
60
40
20
0
0 0.02 0.04 0.06 0.08
Formes des taches
Figure 26 : Courbe de fréquences cumulées
des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe mosaïque
forêt- savane. La distribution est caractérisée par une
courbe en forme de S, dont la pente forte caractérise une zone de
concentration des valeurs de 0.04 à 0.063. Une zone de dispersion dont
les valeurs sont inférieures 0.04 (pente faible). Les valeurs à
droite à partir de 0,04 caractérisent les formes simples
plutôt compactes, isodiamétriques alors que celles d'à
gauche les formes complexes, allongées, caractérisées par
des périmètres larges.
120
0 0.02 0.04 0.06 0.08
100
80
60
40
20
0
Formes des taches
Figure 27 : Courbe de fréquences cumulées
des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe forêt dense.
La distribution est caractérisée par une courbe en forme de S,
dont la pente forte caractérise une zone de concentration des valeurs de
0.04 à 0.063. Une zone de dispersion dont les valeurs sont
inférieures 0.04 (pente faible). Les valeurs à droite à
partir de 0,04 caractérisent les formes simples plutôt compactes,
isodiamétriques alors que celles d 'à gauche les formes
complexes, allongées, caractérisées par des
périmètres larges.
III.1.2.2 Niveau des classes
III.1.2.2.1 Nombre de taches
Les résultats de calcul de nombres de taches par classe
ont été regroupés dans le tableau 11. Deux groupes de
taches se dégagent : un groupe de petit nombre des taches variant de 100
à 204, et un autre groupe constitué de deux classes, la
forêt claire du type Miombo et la forêt claire- savane
boisée, dont le nombre de taches est ~ 20 fois plus supérieur que
celui du premier. Le plus petit nombre de taches, soit 100, s'observe pour la
forêt dense et le plus grand (2566) pour la forêt claire-savane
boisée. La fragmentation est plus intense pour les classes de
forêt claire du type Miombo et de forêt claire-savane boisée
dont le nombre de taches n. est respectivement de 2.127
et 2.566.
Tableau 11 : Nombre de taches par classe d'occupation du
sol
Forêt claire du Forêt claire- Forêt
Mosaïque Forêt dense
type Miombo savane boisée secondaire forêt-savane
n. 2.127 2.566 204 133 100
III.1.2.2.2 Indices en rapport avec l'aire des
classes
Nous calculons pour chaque classe, les valeurs extrêmes des
taches, l'étendue des taches maximales ainsi que la dominance. Les
résultats obtenus ont été regroupés dans le tableau
12.
On constate une grande variabilité entre les tailles de
taches extrêmes pour les deux groupes observés : un groupe dont la
tache la plus grande dépasse 30.000 km2 et un autre où
elle est inférieure à 600 km2. La plus grande valeur
de l'aire maximale est observée dans la classe de forêt
claire-savane boisée, 35.059, 64 km2, soit plus de 40 fois la
somme des aires maximales de trois classes (forêt secondaire,
mosaïque forêt-savane et forêt dense). Elle domine à
plus de 26 % l'aire totale de la classe. Les valeurs de cet indice variant de
47,95 km2 à 35.059,64 km2 ; l'aire maximale
amax,. de classes est donc très
variable.
Tableau 12 : Indices se rapportant aux valeurs extrêmes
des aires des classes.
|
Forêt claire du type Miombo
|
Forêt claire- savane boisée
|
Forêt secondaire
|
Mosaïque forêt-savane
|
Forêt dense
|
amax,j [km2]
|
30.198,37
|
35.059,64
|
47,95
|
169,17
|
561,41
|
amin,j [km2]
|
0,04
|
0,06
|
0,02
|
0,01
|
0,64
|
ej(%)
|
100,00
|
99,99
|
99,95
|
99,99
|
100,00
|
Dj (%)
|
20,47
|
26,41
|
6,10
|
16,47
|
25,38
|
En comparant les valeurs centrales (Tableau 13) dont le but
est de définir la forme des distributions des taches de classes, nous
avons constaté qu'elles sont différentes et qu'elles sont
unimodales dissymétriques à gauche
(mode<médiane<moyenne). C'est à dire qu'il y a une
concentration des valeurs faibles (petites taches) et dispersion pour les
valeurs fortes (grandes taches). Ce sont donc les valeurs centrales de la
classe de la forêt claire du type Miombo et celles de la forêt
cliaresavane boisée qui présentent les propriétés
les plus intéressantes en ce qui concerne les potentialités de
conservation (51,73 km2 et 69,36 km2). Les coefficients
de variation sont faibles pour l'ensemble de classes, variant de 0,39 à
0,63 ; ce qui explique la forte dispersion des aires autour de la moyenne.
On constate alors une fragmentation intense et la
présence de beaucoup de taches de petites tailles. La variance
étant élevée pour les classes de la forêt claire du
type Miombo et forêt claire-savane boisée, ce qui dénote
une grande variabilité au sein de ces classes et la présence de
grandes taches et petites taches. La fragmentation n'y est donc pas encore
maximale. Le taux de fragmentation Fj semble être
faible pour l'ensemble des classes. Ceci peut s'expliquer par la dominance
des
taches de grande taille présentes dans chacune de
classes.
Tableau 13 : Statistiques des mesures surfaciques
|
Forêt claire du type Miombo
|
Forêt claire- savane boisée
|
Forêt secondaire
|
Mosaïque forêt-savane
|
Forêt dense
|
[ 2 ]
atj km
[ 2
a j km ] Xj(a)
[km2]
( ) [ 2]
ój 2 a km
CVj (a)[-]
Fj
|
147.525,21 69,36 6,00 783,55
0,40
0,000
|
132.744,64 51,73 2,69 854,72
0,56
0,00 1
|
785,84 3,85 1,32 6,07
0,63
0,006
|
1.026,68 7,72 2,00 20,12
0,58
0,00 1
|
2211,60 22,12 2,55 73,39
0,39
0,030
|
III.1.2.2.3 Indices en rapport avec le
périmètre des classes
Le Tableau 14 regroupe les résultats de calculs pour les
valeurs extrêmes des périmètres des classes de
forêts.
Tableau 14 : Indices se rapportant aux valeurs extrêmes
des périmètres des classes.
Forêt claire du Forêt claire- Forêt
Mosaïque Forêt dense
type Miombo savane boisée
secondaire forêt-savane
pmax,j[km]
|
5.804,30
|
7.533,81
|
43,75
|
96,73
|
181,88
|
pmin,j[km]
|
0,99
|
2,30
|
0,75
|
0,52
|
3,75
|
ej(%)
|
100,00
|
99,99
|
98,28
|
99,46
|
98,00
|
Dj (%)
|
8,00
|
12,17
|
2,83
|
6,90
|
12,00
|
Les valeurs extrêmes des contours des taches sont
variables entre les classes. Les valeurs maximales sont observées
dans les classes de forêt claire du type Miombo et de forêt claire
savane-boisée. C'est cette dernière qui a le
pmax,j le plus élevé, soit 7.533,81 km avec une
dominance à plus de 12 % du périmètre
total. Dans l'ensemble les valeurs maximales du
périmètre des classes varient entre 43 km et 7533 km. Ce qui
dénote une grande variabilité des valeurs extrêmes des
périmètres des taches dans toutes les classes. L'étendue
du périmètre des taches est grande dans toutes les classes, car
supérieure à 98 %. Les résultats de calculs des
paramètres statistiques des périmètres ont
été regroupés dans le Tableau 15.
Tableau 15 : Statistiques des mesures de
périmètres
ptj [km ] p j [km
]
Xj(p)[km]
ój 2 p km
( ) [ 2]
CVj (p)[-]
Forêt claire du type Miombo
|
Forêt claire- savane boisée
|
Forêt secondaire
|
Mosaïque forêt-savane
|
Forêt dense
|
75.367,75
|
61.894,75
|
1.545,76
|
1.401,05
|
1.572,48
|
35,43
|
24,12
|
7,58
|
10,53
|
15,72
|
10,66
|
7,48
|
5,43
|
6,00
|
7,13
|
201,57
|
192,38
|
6,04
|
13,15
|
27,29
|
0,40
|
0,57
|
0,32
|
0,34
|
0,33
|
Les périmètres moyens sont différents
d'une classe à l'autre. Différents et supérieurs à
la médiane pour toutes les classes, cela démontre une
concentration des valeurs faibles (périmètres courts) et une
dispersion pour les valeurs fortes (périmètres longs). Le
coefficient de variation et faible, varie entre 0,33 et 0,57, et n'est pas du
tout très variable entre les classes. Ce qui explique la forte
dispersion des valeurs des périmètres autour de la moyenne. La
variance est plus grande dans les classes de forêt claire du type Miombo
et forêt claire-savane boisée. Cela dénote une grande
variabilité des périmètres au sein de ces classes.
III.1.2.2.4 Indices en rapport avec la forme des
classes
La forme est très importante pour comprendre le processus
d'effet de lisière. Les résultats de calculs des valeurs
extrêmes des indices des formes des taches sont regroupés dans le
Tableau 16.
Tableau 16 : Valeurs extrêmes des indices des formes
des classes
Forêt claire du Forêt claire- Forêt
Mosaïque Forêt dense
type Miombo savane boisée
secondaire forêt-savane
IFmax,j
|
0,0674
|
0,0672
|
0,0656
|
0,0643
|
0,0673
|
IFmin, j
|
0,0004
|
0,0006
|
0,0 163
|
0,0 145
|
0,0093
|
ej
|
0,9928
|
0,9908
|
0,75 17
|
0,7745
|
0,8609
|
L'indice des formes varie de 0 = IF j = 1
4ð. Si la valeur de cet indice est faible, la
forme est moins
compacte et moins isodiamétrique comme le cercle. Plus la
forme d'une tache est circulaire, plus l'aire de la tache est grande et plus sa
valeur tend vers 1 4ð. On constate que toutes les classes ont
des valeurs maximales des indices des formes IFmax,
j élevées proches de la forme isodiamétrique
c'est-à-dire d'un cercle. Les valeurs extrêmes la plus
élevée IFmax, j (0,0674) et la moins
élevée IFmin, j (0,0004) sont
rencontrées dans la classe de forêt claire du type Miombo. Mais
pour
l'ensemble des classes les valeurs extrêmes des formes
semblent plus ou moins identiques. Les formes ne sont pas homogènes car
l'étendue est grande et proche de 100, 75 % à 99 %. Ce qui
dénote une variabilité entre les formes extrêmes de la
classe j. Le Tableau 17 regroupe les résultats de calculs des
valeurs statistiques en rapport avec les formes des classes.
Tableau 17: Statistiques en rapport avec les formes des
classes
|
Forêt claire du type Miombo
|
Forêt claire- savane boisée
|
Forêt secondaire
|
Mosaïque forêt-savane
|
Forêt dense
|
IFj
|
0,00002
|
0,00003
|
0,00032
|
0,00052
|
0,00089
|
IFj
|
0,0453
|
0,0487
|
0,0535
|
0,0509
|
0,0500
|
Xj(IF)
|
0,0477
|
0,0480
|
0,0555
|
0,0545
|
0,0515
|
ój 2 IF
( )
|
0,0130
|
0,0123
|
0,0101
|
0,0118
|
0,0100
|
CVj (IF)
|
2,518
|
2,276
|
1,881
|
2,135
|
2,159
|
Les indices des formes IFj de classes
varient entre 0,00002 et 0,00089. Ils sont donc dans l'ensemble
généralement très faibles et ne
fournissent pas des renseignements précis sur les formes globales
des classes. Les formes moyennes des taches IF j des
classes sont presque identiques variant entre 0,0453 et
0,0535. Le coefficient de variation CV j
(IF) le plus élevé, 2,518, explique la
variabilité de fragmentation de la classe de forêt claire du type
Miombo. Et il est faible, 1,88 1, pour la classe de forêt secondaire. Les
valeurs de variance ( )
ój 2 IFsont
généralement faibles pour l'ensemble des classes, alors que
celles de la médiane Xj (IF) restent
généralement supérieures à la moyenne des formes
IFj des
classes. Ce qui dénote la présence des grandes
taches dominantes dans chaque classe, dont les formes régulières
sont des polygones quelconques. Ceci démontre également que la
fragmentation semble donc dans l'ensemble ne pas être maximale.
III.1.2.2.5 Dimension fractale des
classes
La dimension fractale Dfj utilise
essentiellement le principe du ratio entre périmètre et la
surface,
et a été proposée par Mandelbrot (1977)
dans le but de quantifier la forme d'objets complexes (Iorgulescu et
Schlaepfer, 2002). Au niveau de la classe j la dimension fractale
s'obtient donc à partir de la régression
logpij par rapport àlogaij. Les
graphiques log-log (Figures 28, 29, 30, 31 et
32) donnent la pente de la régression qui est
égale à Df j /2. La valeur de la dimension
fractale est
donc le double de la valeur de la pente de la droite de
régression obtenue. Elle est respectivement de 1,18 pour la
forêt claire type Miombo, de 1,17 pour la forêt claire-savane
boisée, de 1,09 pour la
forêt secondaire, de 1,12 pour la mosaïque
forêt-savane et de 1,13 pour la forêt dense. Ces valeurs sont
généralement dans l'ensemble plus proches de l'unité. Ce
qui dénote des formes géométriques simples, pas du tout
très irrégulières, mais plus ou moins carrées ou
circulaires. Il s'agit donc d'un paysage anthropisé.
4
10
8
6
y = 0.5914x + 1.4064 R2 = 0.9661
2
0
-6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12
-2
lnaij
Figure 28: Droite de régression des logarithmes des
périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches pour
la classe forêt claire du type Miombo. On observe une forte
corrélation entre les aires des taches et les périmètres.
Leurs périmètres sont d'autant plus importants que leurs surfaces
(aires) sont plus grandes. La forme de la relation est linéaire, y=
ax+b, car le nuage de points s'ajuste correctement à une droite. La
valeur de la dimension fractale est le double de la valeur de pente de cette
droite: elle est de 1,18 pour cette classe.
4
2
10
8
6
y = 0.5876x + 1.4225 R2 = 0.9762
0
-4 -2 0 2 4 6 8 10 12
-2
l naij
Figure 29: Droite de régression des logarithmes des
périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches pour
la classe forêt claire-savane boisée. On observe une forte
corrélation entre les aires des taches et les périmètres.
Leurs périmètres sont d'autant plus importants que leurs surfaces
(aires) sont plus grandes. La forme de la relation est linéaire, y=
ax+b, car le nuage de points s'ajuste correctement à une droite. La
valeur de la dimension fractale est le double de la valeur de pente de cette
droite: elle est de 1,17 pour cette.
4
3
2
y = 0.5494x + 1.4397 R2 = 0.9731
1
0
-2 -1 0 1 2 3 4 5
-1
lnaij
Figure 30: Droite de régression des logarithmes des
périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches pour
la classe forêt claire secondaire. On observe une forte
corrélation entre les aires des taches et les périmètres.
Leurs périmètres sont d'autant plus importants que leurs surfaces
(aires) sont plus grandes. La forme de la relation est linéaire, y=
ax+b, car le nuage de points s'ajuste correctement à une droite. La
valeur de la dimension fractale est le double de la valeur de pente de cette
droite: elle est de 1,09 pour cette classe.
2
5
4
3
y = 0.5613x + 1.4453 R2 = 0.9735
1
0
-2 -1 0 1 2 3 4 5 6
-1
lnaij
Figure 31: Droite de régression des logarithmes des
périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches pour
la classe mosaïque forêt-savane. On observe une forte
corrélation entre les aires des taches et les périmètres.
Leurs périmètres sont d'autant plus importants que leurs surfaces
(aires) sont plus grandes. La forme de la relation est linéaire, y=
ax+b, car le nuage de points s'ajuste correctement à une droite. La
valeur de la dimension fractale est le double de la valeur de pente de cette
droite: elle est de 1,12 pour cette classe.
6
5
4
3
y = 0.5655x + 1.4216 R2 = 0.9807
0
-1 0 1 2 3 4 5 6 7
2
1
lnaij
Figure 32: Droite de régression des logarithmes des
périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches pour
la classe forêt dense. On observe une forte corrélation entre les
aires des taches et les périmètres. Leurs
périmètres sont d'autant plus importants que leurs surfaces
(aires) sont plus grandes. La forme de la relation est linéaire, y=
ax+b, car le nuage de points s'ajuste correctement à une droite. La
valeur de la dimension fractale est le double de la valeur de pente de cette
droite: elle est de 1,3 pour cette classe.
III.1.2.3 Niveau du paysage
Les résultats de calcul des indices de comparaison des
aires des forêts et du paysage ont été regroupés
dans le Tableau 18.
Tableau 18: Indices de comparaison en rapport avec les aires
des forêts et du paysage
|
Forêts
|
Forêts et non-forêts
|
ntj
|
5.130
|
9.065
|
aL [km2]
|
284.294
|
496.865
|
C(a)
|
0,48
|
0,34
|
H(a)
|
0,77
|
1,12
|
E(a)
|
0,09
|
0,12
|
L'analyse de ce tableau nous permet de comparer les
caractéristiques globales des forêts à celles du paysage
pris dans son ensemble. On observe que les valeurs de la cohérence sont
plus élevées en forêt (0,48) qu'en ensemble du paysage
(0,34). Ce qui explique la présence d'une classe qui domine au niveau
des forêts. Les indices de Shannon et de d'équitabilité y
sont faibles, cela
dénote qu'il y a toujours moins de classe et une classe
qui domine. Il y a beaucoup de classes pour le paysage pris en entier
(forêts et non-forêts) car les deux indices de composition sont
élevés. Cela démontre également que les aires des
taches du paysage forêt et non-forêt présentent une
hétérogénéité beaucoup plus grande que dans
le premier groupe des forêts. La forêt claire savane boisée
reste la classe la plus dominante du paysage.
III.2 DISCUSSIONS
III.2.1 Méthodologie du travail
Notre secteur d'étude est la province du Katanga. Vaste
de 497.000 km2, et en dépit de ses ressources naturelles, le
Katanga connaît une déforestation inquiétante durant ces
dernières années. Certaines zones de la Province, suite à
une forte pression démographique et exploitation minière
connaissent de sérieux problèmes de dégradation des
terres, de violences des vents, de réduction de la pluviométrie,
des crues, etc. Les zones principalement affectées sont celles
situées au Nord - Est, dans les territoires de Kalemie, Pweto et Mitwaba
; au Nord - Ouest, dans toute la région longitudinale allant de
l'extrême Sud - Ouest de la Province du Katanga ; au Sud, dans le
District du Haut Katanga. A ces manifestations régionales de la
dégradation des terres s'ajoutent également celles des
hinterlands de tous les grands centres urbains, notamment Kolwezi, Kamina,
Kipushi, Likasi, Kalemie et Lubumbashi. Ces différents problèmes
qui résultent principalement d'une polarisation inappropriée de
l'occupation humaine et des activités qui en résultent ont
motivé cette étude.
Le support de données utilisé est la carte de
l'occupation du sol (Defourny et al. 2006) au format TIFF
géoréférencié à l'échelle de
1/3.000.000, datée du janvier 2006, ainsi que les fichiers
numériques correspondants. Cette carte nous a été fournie
par l'unité de recherche en environnemétrie et géomatique
de l'Université Catholique de Louvain. La classification des classes de
cette carte dérive d'une série temporelle d'images satellitaires,
SPOT VEGETATION dont la résolution est de 1 km2, des
photographies aériennes et des cartographies de terrain. Les
données numériques existantes ont été
contrôlées, mises à jour, enrichies à partir des
sources disponibles et intégrées dans un système
d'information géographique. Cette classification a été
fournie dans la projection Mercator sécante aux parallèles 5 N et
5 S, datum WGS 84 (format géoréférencée) permettant
son utilisation comme fond dans un système d'information
géographique. Il s'agit en fait d'une carte de haute valeur
cartographique sur la République Démocratique du Congo, produit
de collaborations multiples et d'acquisitions scientifiques
récentes dans le domaine de la
télédétection spatiale et de la cartographie
numérique. Certes, nous sommes confrontés à certaines
limitations liées aux données : effet de
généralisation et l'aspect temporel des données
(données acquises d'avant 2001 mais la carte publiée en 2006).
Néanmoins cette carte reste une source indispensable pour fournir les
informations sur l'occupation du sol au Katanga. Constituée d'une
méthodologie conforme, elle est la plus récente et disponible
pour la République Démocratique du Congo et
particulièrement pour le Katanga. Nous avons donc
préféré d'utiliser ce produit afin de nous familiariser
avec les outils de l'écologie du paysage et de logiciels de
télédétection en analysant la transformation spatiale du
paysage au Katanga.
Deux approches méthodologiques concourent à
proposer l'état de fragmentation des forêts au Katanga: le
système d'information géographique et l'analyse spatiale. Avec le
système d'information géographique (SIG) nous avons
utilisé le logiciel ArcView 3.3 pour le traitement classique
c'est-à-dire générer la classification des taches afin
d'obtenir les différents polygones à partir desquels plusieurs
paramètres ont été calculés (indices et
paramètres statistiques) ; on a donc extrait la carte de l'occupation du
sol du Katanga, support de l'analyse spatiale. L'analyse spatiale nous a permis
de calculer et d'interpréter les résultats du calcul des indices
paysagers (indices de composition et de configuration spatiale du Katanga) en
s'appuyant sur les logiciels Excel et Statistica.
Nous nous intéressons uniquement à l'état
de fragmentation du paysage forestier du Katanga et non de savanes. Ainsi, pour
faciliter le calcul des indices paysagers et l'interprétation
ultérieure de leurs résultats, la classification a
été simplifiée en regroupant certaines classes, mettant en
évidence in fine cinq classes d'occupation du sol au Katanga :
forêt claire du type Miombo humide, forêt claire-savane
boisée, forêt secondaire, mosaïque forêt-savane,
forêt dense. Elle constitue le support indispensable et fiable pour une
analyse spatiale. La carte utilisée n'a pas du tout subit d'effet
cartographique qui puisse influencer la forme des taches ou le
périmètre de taches. Nous estimons alors que les résultats
obtenus reflètent la réalité du terrain. Nous pensons que
l'approche méthodologique utilisée est aussi bien adaptée
pour un début du travail en écologie du paysage, car elle permet
d'appréhender le problème de fragmentation au Katanga. Cependant
elle doit être validée par des nombreuses reconnaissances sur le
terrain, ce qui confirme la poursuite de cette étude en projet de
recherche de thèse doctorale afin de faire une étude diachronique
combinant différentes couches des données de sources
différentes. Ceci permettra de mieux encore appréhender le
processus de transformation spatiale et la dynamique spatiotemporelle du
paysage forestier au Katanga. L'étude du phénomène de
déforestation exige la combinaison de plusieurs
sources d'informations (Figure 33). D'où l'utilité
de commencer cette étude et l'intérêt de la continue.
La croissance démographique a un impact important sur
la fragmentation des forêts au Katanga. L'exploitation minière,
l'exploitation intempestive des bois pour besoin de combustible et de
construction ainsi que la culture sur brûlis, restent les causes
principales de la déforestation dans cette province. Et cela n'est pas
sans conséquences comme l'indique la Figure 33 : augmentation des
écarts de températures et la violence des vents ;
réduction de la pluviométrie ; augmentation des ruissellements ;
érosion ; risques des crues ; réduction des infiltrations et
baisse de niveau des nappes phréatiques ; destruction de la
réserve d'eau contenue dans la biomasse forestière et
réduction de l'évapotranspiration. Il a été
également constaté dans cette même région tropicale,
que l'eau souterraine qui n'est plus aspirée par les racines des arbres,
remonte par capillarité, entraînant avec elle les oxydes de fer
qui s'accumulent et précipitent en surface, provoquant ainsi la
formation permanente des croûtes latéritiques infertiles autour
des grandes villes (Petit, 1990). L'espace rural du Katanga constitue donc un
système complexe dont l'étude peut s'envisager à
différents niveaux d'organisation, et selon différents points de
vue. La maîtrise de la complexité des systèmes
nécessitent une approche renouvelée des dynamiques spatiales
comme l'indique la Figure 34.
Facteurs
|
|
|
|
|
|
Volonté d'exploiter les ressources
économiques
|
|
|
|
|
|
|
l l
|
Déforestation
Besoin de combustible
Croissance démographique
Destruction des jeunes pousses
Surpâturage et défrichement
Extension des espaces de cultures vivrières
Défrichement de nouvelles terres
pour l'agriculture
Développement des cultures d'exportation
Développement des industries du bois d'oeuvre et
du papier
Ruissellement des eaux favorisées
Réduction de la biodiversité
Erosion des sols
Inondation
Réduction de la fertilité des sols
Glissement de terrain
|
|
Appauvrissement ou pertes de terres agricoles
|
Conséquences
|
|
|
|
Figure 33 : comprendre le phénomène de la
déforestation exige une approche méthodologique combinant
plusieurs sources d'informations en rapport avec les causes, les facteurs,
les agents et les conséquences. D 'où l'importance du
SIG et de la validation du modèle sur le
terrain.
|
Objet d'étude
|
Type de carte
|
Approches
|
Flore
|
Carte de la végétation
|
thématiques
|
Faune
|
Carte de répartition et flux de la vie animale
|
|
Ecosystème et
|
Carte écologique et Carte
|
|
activités
|
de l'occupation du sol
|
|
anthropiques
|
Carte pédologique, de
|
|
Risques
|
géorisques et des aléas
|
Approches
|
Aménagement
|
Cartes d'aménagement
|
synthétiques,
ouverture sur l'homme
|
forestier
|
(carte des stations, des types de peuplements réguliers
et irréguliers)
|
|
Paysage
|
Carte des sensibilités paysagères, de
transformation spatiale, d'interface habitat-forêt
|
Outils pour une approche globale
|
Géomatique environnementale (SIG,
Télédétection,
cartographie)
|
Figure 34 : Proposition d 'un plan simple de gestion du
paysage. Gérer des forêts oblige à croiser les objets
d'étude et les échelles de décision. Cela exige donc trois
approches : thématique, synthétique et globale.
III.2.2 Interprétation des
résultats
Avec le développement des photographies
aériennes et des images satellites à très haute
résolution, le paysage peut être perçu dans toute sa
globalité et sa variété, dans toutes ses dimensions
spatiales, verticale et horizontale. Vu dans sa dimension verticale, le paysage
est considéré comme une superposition de couches, chacune
étant la représentation cartographique d'une variable du paysage,
toute la variété du paysage apparaissant aux intersections de ces
couches. Dans sa dimension horizontale, en revanche, le paysage apparaît
comme un agencement dans certaines proportions de plusieurs affectations de sol
(Bruneau et al, 1985). C'est dans ce cadre que l'écologie du paysage
offre un grand nombre d'indices permettant de traduire alors la composition
mais aussi la structure de ce paysage (McGarigal, 2000). Ces indices
opèrent au niveau de l'ensemble du paysage comme au niveau de ses
unités spatiales élémentaires. Parmi ceux-ci deux
catégories d'indices se sont avérés appropriés pour
décrire objectivement l'état de la fragmentation
des forêts au Katanga : les indices de composition (la
cohérence, l'indice de diversité de Shannon et l'indice
d'équitabilité de Pielou) et les indices de configuration
spatiale (le nombre de taches, l'aire de taches, le périmètre de
taches et la forme de taches). Nous avons calculé certains
paramètres statistiques pour chaque tache (les valeurs extrêmes,
la moyenne, la médiane, la variance, le coefficient de variation,
l'étendue et la dominance) ainsi que la dimension fractale.
En comparant les résultats obtenus au niveau des aires
et périmètres de taches, nous avons constaté que la
médiane n'apporte pas d'information utile que la moyenne de la quelle
elle est plus éloignée. Ceci peut s'expliquer soit par
l'abondance de taches de petites tailles et la dominance des grandes taches sur
l'ensemble de l'occupation du sol soit par l'effet de transformation
cartographique. Le coefficient de variation et la dominance semblent mieux
fournir les informations sur la variabilité des taches que
l'étendue et la variance. Pour l'indice des forme de taches de grande
taille, les mesures sont proches les unes des autres et proches de la forme
isodiamétrique. D'une manière générale, l'indice de
forme semble apporter des informations utiles. Les mesures de la dimension
fractale semblent être proches les unes les autres et proche de
l'unité, ce qui expliquerait la dominance de formes moins complexe mais
plus ou moins régulière. Cette dominance de la forme
régulière dans toutes les cinq classes peut être due, soit
à la perte des informations lors des transformations cartographiques
(digitalisation) soit tout simplement à l'anthropisation du paysage
forestier.
Ces indices restent des indicateurs importants de
l'hétérogénéité spatiale. Mais le
problème que suscitent ces indices est la rédondance des mesures
(Bogaert et Mahamane, 2005) c'est-à-dire plusieurs indices peuvent
décrire la même information. L'important donc reste de savoir quel
indice utiliser et quelle mesure expriment le mieux tel phénomène
ou tel autre. Bien que ces mesures pour quantifier
l'hétérogénéité spatiale puissent être
corrélées, la nécessité d'en utiliser plusieurs
semble logique (Bogaert et Mahamane, 2005). Il y a donc beaucoup d'indices en
écologie du paysage, nous avons choisi ceux qui expliquent le mieux
l'hétérogénéité spatiale de cette zone. Ils
concernent l'aire, le périmètre et la forme.
On constate à coté des grandes taches
présentes dans toutes les classes, une grande variabilité des
taches de petite taille dont la forme est plus ou moins
régulière. Ces taches ne représentent que moins de 20 % de
la superficie totale et ont une aire qui varie entre 0,02 à 100
km2. La classe de forêt claire claire-savane boisée
compte plusieurs petites taches, soit 2566 dont deux occupent plus de 40 % de
l'aire total. La présence d'une grande tache qui domine justifierait une
cohérence
élevée et l'abondance des petites taches de
moins de 100 km2. Par rapport à l'ensemble des forêts,
la forêt claire savane-boisée possedent plus de 50 % des taches
contre 41 % pour la forêt claire du type Miombo humide. La forêt
dense, la forêt secondaire et la mosaïque forêt-savane ne
représentent ensemble que 9 % de nombre des taches. Le paysage pris en
entier, la forêt claire savane-boisée n'occupe que 28 % d'aire et
constitue la classe qui domine. Les forêt claire du type Miombo,
forêt claire savane-boisée et forêt secondaire sont les plus
fragmentée, suivie de trois autres, mosaïque forêt-savane,
forêt dense. Nous pouvons alors constater que le paysage forestier au
Katanga a beaucoup évolué ces dernières années,
mais reste à savoir avec quel rythme. On peut nuancer étant
donné qu'on observe encore une potentialité de fragmentation et
aussi une potentialité pour la conservation.
Conclusion et perspectives
L'objectif principal de cette étude est de pouvoir
quantifier l'état de la fragmentation de la forêt au Katanga, en
utilisant les indices de structure spatiale et de composition issus du domaine
de l'écologie du paysage. La présente étude s'inscrit donc
dans le cadre de l'application des techniques et méthodes de
l`écologie du paysage et de logiciels
télédétection.
Le support de données utilisé est la carte de
l'occupation du sol de Defourny au format TIFF
géoréférencié à l'échelle de
1/3.000.000, datée du janvier 2006, ainsi que les fichiers
numériques correspondants. Cette carte haute valeur cartographique nous
a été fournie par l'unité de recherche en
environnemétrie et géomatique de l'Université Catholique
de Louvain. Nous avons utilisé une méthodologie à deux
étapes : le système d'information géographique et
l'analyse spatiale.
La classification de taches a été
générée grâce au système d'information
géographique afin d'obtenir les différents polygones à
partir desquels plusieurs paramètres ont été
calculés (indices et paramètres statistiques). La classification
a été simplifiée in fine en cinq classes :
forêt claire du type Miombo humide, forêt claire-savane
boisée, forêt secondaire, mosaïque forêt-savane et
forêt dense humide. L'Analyse spatiale nous a permis de faire le calcul
d'indices de composition et de configuration spatiale à partir des
taches générés. Ceci dans le but de quantifier
l'état de la fragmentation des forêts au Katanga.
Eu égard ce qui précède, on constate que
les forêts du Katanga subissent progressivement une pression anthropique
assez forte. Ce qui expliquerait la plus part des formes isodiamétriques
observées. Cependant on y rencontre encore deux classes dont les taches
de plus grandes tailles dominent et dépassent plus de 40% d'aire totale.
Il s'agit de la forêt claire-savane boisée et de la forêt
claire du type Miombo humide. La tendance de la fragmentation des forêts
au Katanga est- elle inquiétante ? Il serait plus précoce de
tirer cette conclusion. L'utilisation de plusieurs sources d'informations, des
cartes, des images satellitaires, de photographies aériennes et la
reconnaissance de terrain permettront d'approfondir la question. Une
étude diachronique s'avère importante. D'où
l'intérêt que nous accordons à la poursuite de nos
recherches doctorales. Nous prévoyons donc :
- l'acquisition des données multisources pour
l'étude diachronique de la province ;
- approfondir l'étude de la structure spatiale par la
prise en compte d'autres phénomènes tels que le système
agricole et l'interface habitat-forêt ;
- évaluation de manière différenciée
les risques de déforestation et la vulnérabilité de chaque
type (ou classes) et en tirer les conséquences opérationnelles
;
- cartographier et caractériser les forêts du
Katanga.
Dans le contexte social, il est essentiel de développer
des outils d'aide à la décision publique concourant à une
gestion optimale et au développement durable de la province du Katanga
en tenant compte des aspects de déforestation mais aussi des dynamiques
spatiales du territoire. L'évaluation de la fragmentation peut
être utile d'une part aux services publics de l'état congolais
pour évaluer de manières différenciées les
processus de déforestation et la vulnérabilité de chaque
classe et d'en tirer les conséquences opérationnelles, d'autre
part aux services de recherches et de conservation pour prendre en
considération les facteurs de risque de la déforestation au
côté des autres (vent, pluie, érosion, crues,
ruissellement, etc.) afin d'établir des plans d'aménagement du
territoire prenant en compte de manière précise la
problématique spécifique des transformations spatiales.
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Visser. Fragmentation of forest landscapes in Central Africa:
causes, consequences and management. In: R. Lafortezza, J. Chen, G. Sanesi
& T.R.Crow (Eds.), Patterns and processes in forest landscapes: multiple
use and sustainable management. Springer-Verlag, New York, in press.
Abstract.
Forest fragmentation has a paramount impact on landscape
pattern and has therefore been a key focus of landscape ecology. Trends and
causes of deforestation are analysed for the Democratic Republic of the Congo,
Rwanda and Burundi, and are put in a regional, continental and global
perspective. In order to investigate the role of shifting cultivation as a
driver of fragmentation, the dynamics of a forest landscape between 1970 and
2005 for a study area in the Bas-Congo province of the Democratic Republic of
the Congo were analysed. Using a transition matrix and the identification of
the spatial land transformation processes involved, historical data are
compared with the current situation based upon field visits and remote sensing
imagery. As a consequence of non sustainable shifting agriculture, forest
fragmentation is observed, leading to an expansion of savannah, fallow lands
and fields which replace secondary forest vegetation and limit forest
succession towards primary forest. Since forest ecosystems are known to be the
habitat of indicator species only observed in one specific phytogeographic
territory, the potential impact of habitat preservation for these species is
investigated. A dataset of 310 Acanthaceae species containing 6362 herbarium
samples for the Democratic Republic of theCongo, Rwanda and Burundi is analysed
and species presence is compared with the phytogeographic theories of Robyns
(1948), White (1979, 1983) and Ndjele (1988). Study of the spatial distribution
and analyses of species habitats reveals the importance of forest preservation
to protect these indicator species. Conservation of these habitats should
therefore be given priority to avoid loss of genetic resources for future
generations. Implications for the management of forested landscapes are
discussed, regarding the role of local populations, the application of
ecological principles, the conservation of virgin forests, the potential role
of forest plantations, and the importance of landscape pattern analysis.
2. Boreux, J. J., J. - P. Kabulu Djibu, S. - R.
Nyembwe Ngalula. Variabilitépluviométrique au
Katanga méridional. Cas de la station agrométéorologique
de Mangombo. Application de la théorie de Bayes (sous
presse).
Résumé
Depuis quelques décennies, beaucoup de travaux
relatifs à l'évolution des phénomènes climatiques
dans plusieurs régions du globe confirment des
irrégularités pluviométriques. En effet ces variations
saisonnières, ont des répercussions assez importantes sur la vie
animale et végétale, et sur toutes les activités humaines
: l'agriculture, la construction des routes, ponts, barrages
hydroélectriques... Nous nous sommes proposé d'étudier la
variabilité des pluies dans une des stations
agrométéorologiques du Katanga, Mangombo, par la méthode
bayésienne, afin de tenter prévoir les périodes critiques
pour le rendement agricole da maïs (sécheresse et/ou
précipitations exceptionnelles). Nous constatons une corrélation
entre le rendement de maïs et le nombre de jours de pluie R = 0,608. On
peut donc prévoir le rendement à partir de nombre de Nt et H
(mm). Parce que celle-ci influence les cultures, il s'avère
nécessaire de prévoir les dates de cultures en fonction des
années des précipitations extrêmes afin d'éviter un
désastre agricole.
3. J. - P. Kabulu Djibu, 2001.
Drainage de nappes perchées dans la région
marécageuse de Fukuy. (Techniques d'aménagement tenant compte des
considérations économiques). Ann. De la Fac. Sc., Unilu,
Vol. 8 147-161.
Résumé
Cette étude précise un certain nombre de
directives concernant l'établissement d'un système de drainage
dans la région de Fukuy. Et notamment, la manière de calculer
l'écartement à prévoir entre les fils de drains
parallèles. Et cela en fonction d'une approche économique faisant
intervenir les paramètres liés au sol et au climat d'une part, le
rendement de trafic ferroviaire d'autre part.
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